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COURS D’INTRODUCTION AU DROIT

DR COULIBALY MAMADOU KOUNVOLO


MAÎTRE-ASSISTANT EN DROIT PRIVÉ
FINALITE DU COURS

 DECOUVRIR LE CONCEPT DE DROIT


 CONNAITRE LES ORIGINES DU DROIT
 CONNAITRE LES SOURCES DU DROIT
 SAVOIIR LA DISTINCTION ENTRE LE DROIT ET LES AUTRES REGLES
SOCIALES QUE SONT LA MORALE, LES REGLES TRADITIONNELLES ET
RELIGIEUSES
 SAVOIR COMMENT COMPRENDRE ET APPLIQUER LA REGLE DE DROIT
 ENFIN SAVOIR COMMENT BIEN ABORDER DES ETUDES DE DROIT
ECUE 1: LA NOTION DE DROIT

 ICI L’ETUDIANT DECOUVRE LE CONCEPT DE DROIT

 ON LUI APPREND LES SOURCES DU DROIT: D’OÙ VIENT LE DROIT?

 ON LUI APPREND AUSSI A CONNAITRE LES ORIGINES DU DROIT: QUI A CREE LE DROIT ?

 L’ETUDIANT DOIT SAVOIIR DISTINGUER DROIT DES AUTRES REGLES SOCIALES QUE
SONT LA MORALE, LES REGLES TRADITIONNELLES ET RELIGIEUSES
CHAPITRE I: LE DROIT: DEFINITION ET CARACTERISTIQUES

I-QU’EST-CE QUE LE DROIT?


REPONSE: LE DROIT EST UNE NOTION POLYSEMIQUE ET DONC AYANT PLUSIEURS DEFINITIONS,
 ON A LA DEFINITION OBJECTIVE (ou droit objectif) :
 C’est un ensemble de préceptes, de «règles» élaborés dans une société déterminée en vue d’atteindre un certain but
(régir au mieux les rapports entre les hommes) et sanctionnés par la puissance publique. En d’autres termes, le droit
est un ensemble de règles destinées à organiser la vie en société et à s’appliquer à toutes les personnes qui forment le
corps social.
 On dit alors du droit objectif qu’il est l’ensemble des règles générales et abstraites indiquant ce qui doit être fait dans
un cas donné. Édictées ou reconnues par un organe officiel, régissant l’organisation et le déroulement des relations
sociales et dont le respect est en principe assuré par des moyens de contrainte organisés.
Citations

 Tout seul, pas de droit.

 Mais à plusieurs, le droit s’impose.


Droit objectif (suite)
 Ensemble des règles de droit :
 Abstrait, parce qu’il s’applique à un nombre indéterminé de situations concrètes en indiquant ce qui “devrait
être”, et non ce qui “est”.
 Général, parce qu’il régit un nombre indéterminé de personnes, sanctionne pour inciter le respect. La
sanction est la conséquence attachée à la violation par une personne de l’obligation que l’ordre juridique lui
impose.
 La sanction est dite « sanction directe » lorsqu’elle vise à rétablir le droit violé. Par contre, elle est dite
« sanction indirecte » lorsqu’elle s’applique dans les cas où il est impossible de rétablir le droit violé
 En somme, «le droit objectif est l’ensemble des règles obligatoires qui organisent la vie des hommes en
société».
 On peut citer l’exemple du droit ivoirien qui est l’ensemble des règles applicables en Côte d’Ivoire et dont la
violation est soumise à l’appréciation du juge ivoirien.
ON A LA DEFINITION SUBJECTIVE (ou droit subjectif) :

 Le droit subjectif est généralement défini comme la faculté appartenant à un sujet de droit de
faire ou d’exiger quelque chose en vertu d’une règle de droit.
 On dit aussi que ce sont des prérogatives que le «droit» ou droit objectif reconnaît à un individu
et dont il peut se prévaloir dans ses relations avec les autres, en invoquant s’il y a lieu, la
protection et l’aide des pouvoirs publics.
 En d’autres termes, « les droits subjectifs sont les prérogatives reconnues aux personnes »
appelées « les sujets de droit ».
 On peut citer les exemples de droits subjectifs suivants : le droit de vote, le droit de propriété, le
droit à la vie, le droit d’aller et de venir, etc.
Finalement, qu’est-ce que le droit?

 On retient que le droit n’a pas une seule définition. Il fait appel à une définition objective et aussi une
définition subjective.
 Selon la définition objective, le droit est un « ensemble de règles de conduite socialement édictées et
sanctionnées, qui s’imposent aux membres de la société ».
 La définition subjective dit du droit qu’il ‘’est la faculté appartenant à un sujet de droit, c’est-à-dire une
personne physique ou une personne morale de faire ou d’exiger quelque chose (sujet actif) ou d’être obligée
à quelque chose (sujet passif) en vertu d’une règle de droit objectif, de la mise en œuvre du droit objectif’’.
 Exemple : “Voici ma voiture” : droit de propriété (sujet actif), “il faut que je paie mes factures” obligation
(sujet passif).
 Le droit en vigueur dans un pays à un moment donné est appelé droit positif qui renvoie prioritairement au
droit objectif.
I- Les caractères de la règle de droit

 La règle de droit a un caractère général et abstrait, un caractère obligatoire, un caractère


coercitif et un caractère permanent.
 A- Le caractère général et abstrait
 Selon ce caractère, la règle juridique s’applique de la même façon à tous les individus,
ce qui permet d’assurer l’égalité entre les citoyens.
 Toutefois, cela n’exclut pas que le droit lui-même impose des discriminations.
 Ainsi, la loi peut privilégier un usager de l’administration publique à cause de sa part
contributive.
Les caractères du droit (suite)
 B- Le caractère obligatoire et coercitif
 D’abord, le caractère obligatoire du droit signifie que la règle de droit s’impose à tous. En effet, sans ce caractère, les
règles de droit risqueraient de n’être pas respectées. Ensuite, la règle de droit a un caractère coercitif car toute règle de
droit comporte une sanction juridique qui est prononcée par les tribunaux et cours et mise en œuvre par la force publique
(la gendarmerie, la police). La sanction juridique peut être civile ou pénale ou les deux à la fois:
 • La sanction civile: Ce sont le versement de dommages et intérêts (somme d’argent versé à la victime d’un préjudice) et
la nullité de l’acte accompli (c’est-à-dire la disparition rétroactive de l’acte juridique qui ne remplit pas les conditions
requises pour sa formation).
 • La sanction pénale: Ce sont la peine d’emprisonnement (c’est le châtiment corporel contre le délinquant pénalement
responsable) et la peine d’amende (peine pécuniaire infligée au délinquant).
 C- Le caractère permanent
 Cela signifie que la règle de droit existe et s’applique tant qu’elle n’a pas été abolie, abrogée par l’autorité qui l’a édictée,
faite. Aussi, le non usage, la non-application, en fait, de la règle de droit c’est-à-dire la désuétude n’est pas une cause
d’abrogation de la loi.
CHAPITRE II: LA DISTINCTION ENTRE LA REGLE DE
DROIT ET LES REGLES VOISINES

 L’on opposera au fur et à mesure le droit aux différentes règles de vie que sont la morale, la religion, la justice et l’équité.
 Paragraphe 1 : Droit et Morale
 Entre celles-ci, les relations sont plus nettes. En effet, de nombreuses règles de droit sont empruntées à la morale. Toutefois, la
distinction entre elles peut être faite au niveau de la source, du but et de la sanction.
 A- La source du droit et de la morale
 Les préceptes de la morale résultent de la révélation divine, de la conscience (individuelle ou collective) tandis que les règles de
droit sont issues de la volonté de certaines autorités légalement investies.
 B- Le but du droit et de la morale
 La morale se préoccupe des devoirs de l’homme aussi bien à son propre égard qu’à l’égard des autres alors que le droit vise à établir
l’ordre et la paix sociale; il ne recherche pas la perfection.
 C- La sanction du droit et de la morale
 Tandis que les violations de la morale seraient sanctionnées au niveau interne, celui de la conscience, les sanctions des violations du
droit auraient une origine externe et se relieraient à l’autorité contraignante des pouvoirs publics.
CE QU’IL FAUT RETENIR

 En somme, le droit et la morale peuvent souvent traduire la même réalité bien qu’ayant leurs particularités respectives. A titre
d’exemple, le droit et la morale interdisent : le vol, le viol, l’adultère, la diffamation (calomnie), la violence, etc.
 Mais si la morale interdit la prostitution, l’homosexualité et le mensonge gratuit, ce n’est pas le cas du droit qui reste parfois
silencieux à ce sujet. Par contre si, le droit interdit la mendicité, le vagabondage et n’accorde pas une grande importance au
pardon en matière pénale, la morale s’accommode bien avec ces réalités.
 Cette différence se justifie par le fait que la morale se base sur les notions de ‘’bon : c’est bien’’ et ‘’mauvais : ce n’est pas
bien’’ pour fonder ses prescriptions.
 Quant au droit, il repose sur la notion de ‘’liberté’’ et de ‘’respect de l’ordre public et des bonnes mœurs’’. Autrement dit, on
est libre de faire ce qu’on veut (selon le droit) pourvu que cela ne dérange pas les autres (l’ordre public) ou ne viole pas la
sensibilité des autres (bonnes mœurs). De ce qui précède, on pourrait dire que la morale n’a pas un caractère général aussi
large que celui du droit.
 Ce qui fait qu’on laisse la personne qui a violé la règle morale avec sa conscience. La sanction devra venir de son for
intérieur : le regret, la souffrance morale. La morale se tourne plus vers les droits subjectifs alors que le droit fait la distinction
entre ce qui est objectif et ce qui est subjectif. Ce qui justifie que celui qui viole la loi soit punit par la puissance publique
(justice) et non par sa conscience (morale).
Paragraphe 2 : Droit et religion

 La religion est un ensemble de croyances ou de dogmes et de pratiques culturelles qui constituent les rapports de l’homme
avec la puissance divine. En tant que telle, elle et se différencie du droit au niveau de son contenu et de sa sanction.
 A- Le contenu du droit et de la religion
 La religion concerne la relation de l’être avec son Dieu alors que le droit est relatif à l’organisation de la vie en société. A
titre d’exemple, voici une prescription religieuse : Les dix commandements de Dieu ( exemple: ne pas tuer son
prochain, ne pas voler, etc,).
 De ce qui précède, l’on note que le droit et la religion ont parfois des interdictions communes, même si les sanctions
sont différentes ainsi que les finalités recherchées.
 B - La sanction du droit et de la religion
 Relativement à la sanction, la règle religieuse est fonction de la nature des relations de l’être avec la divinité, tandis que
les règles de droit apportent dans leur sillage la sanction du groupe social c’est-à-dire la sanction infligée par l’autorité
publique investie.
Les autres règles sociales
 Paragraphe 3 : Droit et justice
 La puissance du droit et son respect par les justiciables dépendent grandement des relations étroites qu’il entretient avec la justice.
C’est d’ailleurs, ce qui expli4ue qu’un groupe de juristes définit le droit comme la science du juste. Cependant, à l’évidence le droit
se distingue de la justice par sa finalité et sa sanction.
 A- La finalité du droit et de la justice
 La justice recherche l’égalité alors que le droit se préoccupe de l’ordre, de la sécurité et de la paix sociale. Ainsi, si une vente est
passée à un prix trop bas, la justice milite soit en faveur de la nullité de la vente, soit dans le sens du paiement d’un supplément de
prix alors que le droit pour des motifs de sécurité des transactions incline pour le maintien de la vente.
 B- La sanction du droit et de la justice
 La sanction d’une violation d’une règle de droit est automatique et réalisée par les autorités publiques par contre l’injustice n’est
pas sanctionnée si ce n’est la réprobation sociale qui s’enclenche (il est méchant, il est mauvais).
 Paragraphe 4 : Droit et équité
 La frontière entre le droit et l’équité n’est pas facile à matérialiser tant il est vrai que la finalité de l’intervention du droit est de
combattre l’iniquité, l’instabilité juridique. Néanmoins, il faut le souligner, le juge ne juge pas en équité sinon il viendrait à faire du
sentiment; il doit dire uniquement le droit.
CHAPITRE III: LES DIVISIONS DU DROIT

Le domaine d’application du droit est très vaste, aussi deux distinctions combinées forment le cadre le plus général : celle du droit
international et du droit national, celle du droit public et du privé.
Paragraphe 1 : Droit international et droit national ou interne
 Elle procède de la division du monde en Etats. Le droit national ou interne est ainsi appelé parce que c’est le droit en vigueur
dans un Etat déterminé, ayant des sources, des organes et des sanctions propres à cet Etat, réglementant les rapports sociaux
qui se produisent à l’intérieur de cet Etat, sans qu’un élément relevant d’un autre Etat intervienne dans ces relations.
 Mais il y a aussi des relations sociales internationales soit entre les Etats, soit entre les individus : elles font l’objet du droit
international.
 A- Le droit international public
 Ce sont les règles définissant les rapports entre les Etats, le fonctionnement des institutions internationales, les relations des
Etats avec ces institutions.
 B- Le droit international privé
 Ce sont les règles définissant les relations des personnes privées impliquées dans des relations juridiques internationales.
Paragraphe 2 : Droit public et droit privé

 De façon classique, le droit interne se divise en deux branches, le droit public et le droit privé; chacun comportant ses matières
propres.
 A- Le droit public et ses divisions
 Le droit public comprend l’ensemble des règles qui, dans un Etat donné, ont pour objet l’organisation même de cet Etat et des
collectivités publiques et qui gouvernent leurs rapports avec les particuliers. Le droit public se subdivise en plusieurs branches :
 Le droit constitutionnel: C’est l’ensemble des règles relatives à l’organisation et au fonctionnement des institutions politiques
de l’Etat.
 Le droit administratif : C’est l’ensemble des règles précisant l’organisation et le fonctionnement des administrations et leurs
relations avec les particuliers.
 Le droit financier : C’est l’ensemble des règles relatives aux finances publiques.
 Le droit pénal : C’est l’ensemble des règles définissant les infractions et leurs sanctions. Mais la pratique constante laisse
finalement croire que le droit pénal fait partie du droit privé. Cette pratique se justifie par le fait que la procédure pénale qui
permet de mettre en œuvre les règles de droit pénal est considérée comme des règles de droit privé. C’est donc une discipline
transversale.
Les subdivisions du droit (suite)

 B- Le droit privé et ses divisions


 Le droit privé est l’ensemble des règles qui gouvernent les rapports des particuliers entre eux ou avec les collectivités privées, telles que les
sociétés, les associations. Ce droit comprend plusieurs branches qui sont:
 Le droit civil : C’est l’ensemble des règles relatives aux rapports de droit privé c’est-à-dire des droits que les particuliers peuvent exercer dans
leurs rapports entre eux et des obligations réciproques pesant sur eux.
 Le droit civil est le droit commun c’est-à-dire que c’est de lui que partent toutes les autres branches du droit.
 Le droit commercial : C’est l’ensemble des règles juridiques applicables aux commerçants dans l’exercice de leur activité professionnelle et
régissant aussi l’activité commerciale, voire les actes de commerce.
 Le droit du travail : C’est l’ensemble des règles précisant les relations entre les employeurs et leurs salariés.
 C- Les disciplines mi
 xtes
 En réalité, soutiennent certains auteurs, certaines branches combinent des règles de droit public et de droit privé. Ce qui amène à parler de
disciplines mixtes.
 Ainsi, citent-ils la procédure civile qui contient des dispositions relatives à l’organisation et au fonctionnement des tribunaux et relèveraient du
droit public. Les dispositions qui intéressent l’action en justice, se rattacheraient manifestement au droit privé.
CHAPITRE IV: LES SOURCES ET FONDEMENTS DU
DROIT
 Les sources de la règle de droit méritent d’être déclinées avant d’aborder ses fondements.
 Section I : Les sources de la règle de droit
 Les sources du droit sont de deux ordres. Il y a les sources directes et les sources indirectes.
 Sous-Section I: Les sources directes du droit
 Comme sources directes du droit l’on note les sources supra-législatives, les lois et les règlements administratifs. Elles
seront étudiées successivement.
 Paragraphe 1 : Les sources supra-législatives
 Les organes qui établissent les règles sont divers et hiérarchisés. Cette hiérarchisation est ordonnée en conformité avec la
constitution qui forme avec les traités et accords internationaux les sources supra-législatives.
LA CONSTITUTION ET LES TRAITES

A- La constitution
C’est l’ensemble des règles écrites ou coutumières qui déterminent la forme de l’Etat, la dévolution, et
l’exercice du pouvoir. La constitution ou loi fondamentale apparaît comme la norme suprême à laquelle
doivent se référer toutes les autres règles juridiques.
En côte d’Ivoire, depuis les indépendances, il y a eu trois constitutions: celle du 03 novembre 1960,
celle du 1er Août 2000 adoptée après l’organisation d’un référendum et enfin la Constitution de la 3 ème
République de novembre 2016.
B- Les traités et accords internationaux
Ce sont des accords conclus entre Etats ou autres sujets de la société internationale (comme le Saint-Siège
ou les Organisations internationales) en vue de produire des effets de droit dans leurs relations mutuelles.
Quand ces traités modifient des dispositions de nature législative, ils ne peuvent être ratifiés (la ratification
est l’approbation d’un traité par les organes internes compétents pour engager internationalement l’Etat) qu’à la
suite d’une loi. Toutefois, lorsqu’ils comportent des clauses contraires à la constitution, l’autorisation de ratification
ne peut intervenir qu’après la révision de la constitution. Enfin, dès sa publication, les traités régulièrement ratifiés
ont une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, de leur application par l’autre partie.
LA LOI, UNE SOURCE ESSENTIELLE DU
DROIT
C - Les lois
L’on distingue à ce niveau la loi organique de la loi ordinaire.
Concernant la loi organique, c’est une catégorie juridique bien définie. Elle a pour objectif de fixer les modalités
d’organisation et de fonctionnement des pouvoirs publics. C’est une loi qui réglemente les différentes institutions et structures
prévues ou qualifiées comme telles par la constitution. Quant à la loi ordinaire, c’est l’acte voté par le parlement selon la
procédure législative et dans l’une des matières que la constitution lui réserve expressément. C’est la source essentielle du
droit. Par ailleurs, la règle écrite votée par l’assemblée nationale pour être reçue dans l’ordre juridique obéit à une procédure
spéciale tout comme pour en sortir. Plusieurs étapes sont à distinguer depuis le moment où une loi est soumise à l’assemblée
nationale jusqu’au jour où elle devient une règle de droit obligatoire.
1° L’initiative des lois : Elle appartient aux termes de la constitution à l’assemblée nationale (on parle de proposition de
loi) et au Président de la République (on parle de projet de loi).
2° L’étude en commission spécialisée : Le projet ou la proposition de loi est déposé(e) par son initiateur sur le bureau de
l’assemblée nationale. Il ou elle est acheminé(e) auprès de la commission spécialisée compétente pour étude. Par suite, soit la
commission rejette ou adopte le projet ou la proposition de loi. En cas d’adoption, le président de l’assemblée nationale est
saisi aux fins de convoquer une assemblée plénière pour le vote de la loi.
3° Le vote de la loi : Cela se passe devant l’ensemble des députés qui disposent du pouvoir d’amendement
après une seconde lecture. Quand le texte est voté par ceux-ci, on parle d’adoption.
4° La promulgation de la loi : La loi votée n’a pas encore tous les caractères des règles juridiques, il lui
manque celui d’être obligatoire. Ce caractère obligatoire résulte de la promulgation de la loi par le Président de la
République. On dit encore que la promulgation donne force exécutoire à la loi.
5° La publication de la loi : Pour être appliquée, la loi doit être portée à la connaissance de tous. Cela se
réalise par le biais du journal officiel de la république de côte d’Ivoire. Passée la publication, il est fait application
de l’adage « nul n’est censé ignorer la loi ».
4- L’abolition de la loi : Elle survient à la suite d’une abrogation de la loi c’est-à-dire son retrait pour l’avenir
sans remettre en cause les situations antérieures à l’abolition. Ce qui fait intervenir la notion de la non-rétroactivité
de la loi (principe en vertu duquel une norme juridique nouvelle ne peut remettre en cause les situations anciennes
nées de l’application de la règle antérieure).
D- Les règlements administratifs

Le pouvoir réglementaire qui s’exerce par la voie des décrets est du ressort du Président de la République selon la
constitution ivoirienne. A lui, il faut adjoindre les autres autorités administratives.
Les règlements se subdivisent en deux groupes. Il y a les règlements pris pour l’exécution des lois et les règlements
autonomes
qui s’exercent à titre propre.
1- Les décrets
C’est une décision exécutoire à portée générale ou individuelle signée par le Président de République en Côte d’Ivoire.
2- Les ordonnances
Ce sont des actes juridiques pris par le Président de la république avec l’accord de l’assemblée nationale dans un
domaine qui appartient en propre à la loi. Le pouvoir de faire les ordonnances est limité dans sa durée et dans son objet.
3- Les arrêtés
Ce sont des décisions exécutoires à portée générale ou individuelle émanant d’un ministre (arrêté ministériel) ou de
plusieurs ministres (arrêté interministériel) ou d’autres autorités administratives (arrêté préfectoral, arrêté municipal...).
4- Les circulaires
Ce sont des instructions de service écrites adressées par une autorité supérieure à des agents subordonnés en vertu de son
pouvoir hiérarchique.
Sous - Section II: Les sources indirectes du droit

 Par sources indirectes du droit, l’on vise la coutume, la jurisprudence et la doctrine.


 Paragraphe 1 : La coutume
 L’expression coutume désigne l’ensemble des règles qui se dégagent des faits et des pratiques dans un milieu social
en dehors de toute intervention du législateur. La coutume est donc une règle de droit non écrite qui comprend deux
éléments:
 Un élément matériel : C’est une pratique, un usage prolongé et répété. D’où l’adage « une fois n’est pas coutume ».
 Un élément psychologique : C’est la croyance au caractère obligatoire de ce comportement. C’est la conviction que
la pratique doit être suivie.
 La "Coutume" est donc un ensemble de règles qui ont été spontanément adoptées par des groupes de personnes qui
se prévalent d'un usage constant. Il existe aussi de nombreuses coutumes qui se rattachent à l'exercice d'une
profession, à celui d'un type de commerce ou encore à l'exercice d'un sport. Les coutures du très ancien Droit qui
ont précédé les codes napoléoniens ont été réunis dans des "coutumiers".
Paragraphe 2 : La jurisprudence

 La jurisprudence est une notion technique à la définition complexe et aux influences multiples sur la règle de droit jusqu’au point
de poser des problèmes en matière d’interprétation de celle-ci.
 La notion de jurisprudence
 On appelle jurisprudence l’ensemble des décisions de justice rendues pendant une certaine période soit dans une matière, soit dans
une branche du droit, soit dans l’ensemble du droit.
 Rappelons que le rôle du juge consiste essentiellement en l’application de la loi. Mais dans l’hypothèse où la loi est obscure,
incomplète ou muette que va faire le juge?
 Puisque la loi fait obligation au juge de se prononcer dans chaque litige qui lui est soumis sous peine d’être poursuivi pour déni de
justice (c’est un délit pénal qui consiste à manquer à son devoir de dire le droit par le juge), ce dernier va se référer aux décisions
rendues antérieurement dans des cas identiques. En le faisant on dit que le juge fait œuvre de jurisprudence. . .
 En définitive, la jurisprudence est citée comme une source du droit car de manière indirecte, le juge contribue à la création du
droit grâce à son pouvoir d’interprétation, d’adaptation et de suppléance de la loi.
 La jurisprudence est donc l’ensemble des antécédents judiciaires portant sur un cas déterminé. Donc, plusieurs décisions
juridictionnelles.
B- les influences de la jurisprudence sur la règle de droit

 Ce qui est évident, c’est que le mot "Jurisprudence" a deux sens. Pris dans un sens large, il désigne "l'ensemble des
décisions rendues par les juges" ; pris dans un sens étroit, il correspond au phénomène créateur de droit, c'est-à-dire,
"l'interprétation d'une règle de droit définie, telle qu'elle est admise par les juges".
 Le pouvoir judiciaire a pour mission d'appliquer la loi.
 Mais, la loi n'a pas toujours précisément prévu le cas soumis au juge. Soit parce qu'il n'y avait pas pensé, soit parce qu'il
s'agit d'un problème nouveau que personne n'avait envisagé.
 On peut alors estimer que le juge a pour rôle de faire évoluer le droit résultant d’un texte écrit, figé.
 De plus, le contenu de la loi n'est pas toujours clair. Donc, dans le cas, le juge doit interpréter la loi.
 NB: les méthodes d’interprètation du droit sont étudiées dans le cours de raisonnement juridique
 En somme, le juge a l’obligation d’appliquer la loi mais il n’a pas le droit de créer de nouvelles règles de droit
(c’est la séparation entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif)
Paragraphe 3 : La doctrine

 Traditionnellement, on entend par doctrine les opinions émises sur le droit par des personnes qui ont pour fonction de
l’étudier (Professeurs, magistrats, avocats...). C’est aussi les opinions communément professées par ceux qui enseignent le
droit, ou même ceux qui, sans enseigner, écrivent sur le droit.

 La doctrine se manifeste de multiples manières par des traités, des manuels, des précis, des chroniques, des commentaires
d’arrêt, qui lui permettent de présenter ses systèmes et ses théories, ses approbations, ses critiques, ses propositions, ses
opinions.

 La doctrine contribue, en outre, puissamment à la formation du droit dans la mesure où, par ses réflexions et ses
constructions, elle dégage des principes consacrés par le législateur.
 En somme, Il s’agit des travaux des Auteurs (jurisconsultes) ayant écrit sur le droit. En droit romain, elle était appelée
la «Jurisprudence».
 Elle trouve son fondement dans le fait que le juriste ne doit pas considérer la loi comme la Ratio Scripta.
 Il a le devoir d’en rechercher les défauts, de montrer au législateur la faille
susceptible de la séparer de la morale ou des besoins sociaux et
économiques de la société.
 C’est dans le texte que doit en principe être trouvée la ratio legis (sens de la loi), lorsqu’il s’agit, soit de déterminer
la signification des termes utilisés, soit d’en restreindre ou d’en étendre la portée.
 C’est la ratio scripta (sens de la loi obtenu en l’interprétant), énoncée expressément ou découverte par comparaison
avec d’autres lois.
Section II : Les fondements de la règle de droit
 Notons que le Droit, dans une définition stricte mais usuelle, admise par tous au départ, est « un ensemble de règles ».
Quant au fondement, il renvoie à «une valeur, une référence de base sur laquelle repose une règle, c’est-à-dire, un système
juridique».
 En effet, le droit n’existe que pour les hommes. Le contenu des valeurs fondamentales en résulte alors inéluctablement et se
révèle dans la confrontation du droit aux exigences du progrès scientifique. Il s’ensuit alors une affirmation de la primauté
des valeurs attachées à l’homme. Par voie de conséquence, il est nécessaire d’affirmer que l’homme est au centre du droit
qui doit assurer sa protection et permettre le respect de sa vie et de sa dignité.
 Dans ses revendications, la science biomédicale oblige le droit à se poser, de façon plus aiguë, la question de l’homme et de
sa protection. Par suite, elle oblige également le droit à se questionner sur la place qu’occupe l’homme dans le système
juridique.
 Les conceptions modernes du droit ont créé l’illusion que le droit avait pour seul but d’organiser la société en nouant des
relations entre les hommes. Le développement de la biomédecine oblige le droit à rendre compte de son incapacité à
protéger l’homme en partant d’une telle définition du droit.
Les fondements du droit

 Le droit doit donc se recentrer sur la protection de l’homme, ce qui oblige à remettre en cause la définition du droit en
renforçant sa dimension personnaliste, qui affirme que l’homme est le fondement de toute la structure sociale : il est
l’homme-fin ou l’homme-valeur. Pour y parvenir, le droit a fait l’objet de nombreuses réflexions ayant abouti à des
théories justifiant son origine et le sens dans lequel il se déploie.
 Lorsque les juristes parlent de droit, ils parlent généralement de « droit positif », c’est-à-dire d’un droit construit par
l’homme, par opposition à un « droit naturel », qui existerait à l’état de nature.
 C’est un débat philosophique qui appelle souvent deux remarques : les humains érigent des règles pour chaque
société, et chaque société a ses propres règles (qui peuvent être très différentes d’une société à l’autre) et
indépendamment des considérations humaines, la nature impose des règles communes à tous les individus (et il est
difficile, voire impossible, de s’y soustraire).
I- Les Théories du droit naturel

 Le droit naturel s’entend comme un comportement rationnel qu’adopte tout être humain à la recherche du
bonheur. Il présente comme un caractère universel dans la mesure où l’homme est capable de le découvrir par
l’usage de sa raison, en cherchant à établir ce qui est juste.
 De nombreux philosophes se sont penchés sur cette notion depuis l’Antiquité : Aristote, Thomas d’Aquin,
Hugo Grotius, Thomas Hobbes, John Locke, Jean-Jacques Rousseau, etc. L’idée commune est qu’un ensemble
de droits naturels existe pour chaque être humain dès sa naissance (comme le droit à la dignité ou le droit à la
sécurité), et que ces droits ne peuvent être remis en cause par le droit positif. Le droit naturel est ainsi
considéré comme inné et inaltérable, valable partout et tout le temps, même lorsqu’il n’existe aucun moyen
concret de le faire respecter.
 Les droits naturels figurent tant dans le préambule de la Constitution française et dans les fondements des
règles européennes que dans le préambule et le Titre I de la Constitution ivoirienne de 2016.
 On peut ainsi lire dans le préambule de la Constitution ivoirienne que la Côte d’Ivoire affirme son « attachement
au respect des valeurs culturelles, spirituelles et morales », réaffirme sa « détermination à bâtir un Etat de droit
dans lequel les droits de l’Homme, les libertés publiques, la dignité de la personne humaine, la justice et la
bonne gouvernance (…) ».
 On note ainsi que la théorie du droit naturel évoque des principes juridiques fondamentaux qui constituent un réel
socle du droit.
 Néanmoins, les sociétés ne peuvent être régies que par du droit naturel dont le contenu et la portée sont fragilisés
par une certaine incertitude qui les caractérisent essentiellement. Une théorie plus vivante dite celle du droit
positif lui vient ainsi en complément.
2) Les Théories du droit positif

 Le droit positif désigne l’ensemble des règles en vigueur dans un État (ou plusieurs États) à un moment donné ; c’est un
droit élaboré par les humains. En toute logique, le droit positif n’est donc pas figé ; il évolue en fonction des mutations
de la société, des idéologies dominantes et des éventuelles contraintes du moment (la guerre, le climat, la technologie,
etc.). Parce qu’il est élaboré par les humains pour les humains, le droit positif est écrit et publié (codes juridiques,
bulletins officiels, circulaires, etc.).
 En droit interne, le droit positif est constitué de l’ensemble des documents juridiques officiels : bloc de
constitutionnalité, lois, décrets, règlements administratifs, règles de procédure et jugements (jurisprudence). Le Titre IV
de la Constitution ivoirienne, par exemple, porte sur le pouvoir législatif, organe essentiel d’élaboration du droit positif
ivoirien.
 En droit international, le droit positif est constitué de l’ensemble des accords et des traités en vigueur, ainsi que de la
jurisprudence des tribunaux internationaux.
 En somme, le droit doit son existence à des visions, théories ou positions qui justifient son contenu. Le droit, dans son
contenu, varie d’un Etat à l’autre en fonction de la vision que le peuple de par ses dirigeants essaie de promouvoir.
Citations

 Ubis societas ibi jus


 Dura lex, sed lex
 Nemo censitur ignorare legem
REMARQUONS BIEN

 LE DERNIER CHAPITRE DE CETTE PARTIE PORTE SUR L’ORGANISATION


JUDICIAIRE IVOIRIENNE

 MAIS ELLE EST ETUDIEE EN LICENCE II ET EN LICENCE III A TRAVERS


LES COURS DE DROIT PROCESSUEL ET DROIT JUDICIAIRE PRIVE
ECUE 2: LA REALISATION DU DROIT

 SAVOIR COMMENT COMPRENDRE ET APPLIQUER LA REGLE DE DROIT


 ENFIN SAVOIR COMMENT BIEN ABORDER DES ETUDES DE DROIT
I- L’APPLICATION DU DROIT: LA PREUVE EN DROIT

 L’étude la preuve permet de répondre aux questions suivantes : Qu’est-ce que la preuve ? Quel est le domaine
juridique de la preuve ? Qui la produit ?
 En générale, une preuve est un élément ou un document qui établit la réalité d'un fait ou d'un acte juridique. Tous les
modes de preuve (écrit, témoignage oral, aveu, examen scientifique...) sont admis devant le juge.
 Cependant, toutes doivent être recherchées et produites dans le respect des règles de droit. En droit civil, la preuve
est la démonstration de la réalité d'un fait, d'un état, d'une circonstance ou d'une obligation, dans le but de faire
valoir une prétention, c'est-à-dire l'objet d'une demande à laquelle une partie engagée dans une procédure judiciaire
sollicite qu'il lui soit fait droit.
 On entend dire aussi qu’au sens large, la preuve serait l’établissement de la réalité d’un fait ou de l’existence d’un
acte juridique. Dans un sens plus restreint, procédé utilisé à cette fin.
POUR PLUS DE PRECISONS

 Concernant les différents types de preuve, on parle de « preuve légale » lorsque le mode de preuve est imposé par la
loi. Par contre, on parle de « preuve libre », lorsque le mode de preuve est laissé à l’appréciation du juge. La preuve
peut être dite « parfaite » ou « imparfaite », elle peut être dite « littérale » ou « électronique. ».
 Relativement au domaine de la preuve, il faut dire que la preuve se fait en distinguant le domaine des faits juridiques
de celui des actes juridiques. En effet, un fait juridique est un événement involontaire qui produit des effets juridiques.
C’est l’exemple du passage à la majorité ou d’un accident de la circulation. Ce sont des choses prévues par le droit
sans prendre en compte la volonté des personnes concernées. L'acte juridique est, en revanche, un événement
volontaire qui produit des effets juridiques. C’est l’exemple du mariage, de la conclusion d’un contrat de travail.
 Au sujet de l'objet de la preuve, il faut dire que celle-ci est ce sur quoi doit porter la preuve. Or, la détermination de
l'objet de la preuve est commandée par la distinction du fait et du droit. En effet, tous les droits subjectifs dont une
personne est titulaire ont été acquis à la suite d'un acte ou d'un fait juridique. Tout réside finalement dans la charge de
la production de la preuve.
Les principes généraux du droit de la preuve

 Cela pose la question de la charge de la preuve à titre principal avant que l’on ne se penche sur l’objet de la production de la preuve.
 La charge de la preuve
 Lors d'un procès se rencontrent trois personnages, le demandeur, le défendeur et le juge. Il s'agit de savoir sur qui va peser la charge de
la preuve. On distingue deux procédures. On a, d’une part, la procédure inquisitoire, le juge va chercher des preuves et l'initiative du
procès émane du juge. On a, d’autre part, la procédure accusatoire, l'initiative appartient au partie et la charge de la preuve pèsera tantôt
sur le demandeur, tantôt sur le défendeur.
 a. Le rôle du juge
 En procédure accusatoire, le juge a un rôle neutre, passif : il écoute les parties et reçoit leurs preuves. L'évolution contemporaine fait
que la procédure est de plus en plus souvent inquisitoire. Ainsi, l'instruction préalable est obligatoire en matière criminelle, facultative
en matière délictuelle et très rare en matière contraventionnelle. Le juge d'instruction a alors un rôle actif en ce sens où c'est lui qui va
chercher les preuves. Mais en matière civile, le juge assis peut demander des expertises.
 b. Le rôle des parties
 Selon l'article 1315 du Code civil napoléonien en vigueur en Côte d’Ivoire, celui qui réclame l'exécution d'une obligation doit la
prouver. Dès lors, la charge de la preuve va peser d'abord sur le demandeur et puis s'il arrive à prouver qu'il a raison alors la charge de
la preuve va peser sur le défendeur et ainsi de suite pendant tout le procès.
L’objet de la preuve

 2° L'objet de la preuve
 Les prétentions des parties se fondent tantôt sur des faits juridiques, tantôt sur des actes juridiques. Dès lors, l'objet de la
preuve va porter sur un fait ou sur un acte. Parfois, il est difficile d'apporter cette preuve, dès lors la loi vient au secours
du plaideur par le biais de présomptions légales.
 a. Les présomptions légales
 Il s'agit là de déduire d'un fait connu un fait inconnu. Ainsi l'article 312 du Code civil français précise que l'enfant conçu
pendant le mariage est présumé être du mari. Cette affirmation est reprise par le code civil ivoirien.
 b. La force probante des présomptions légales
 Il faut distinguer selon la nature de la présomption, en effet il existe deux sortes de présomption : la présomption simple
ou relative qui supporte la preuve contraire (ex : la paternité) et la présomption irréfragable qui ne supporte pas la
preuve contraire (ex : l'autorité de la chose jugée en matière civile même si le jugement est erroné).
Les divers modes de preuves

 Notre système de procédure civile repose sur la légalité des modes de preuve, le juge ne peut accepter un
mode de preuve qui ne serait pas prévu par la loi. Cependant, ce principe tend à se restreindre au profit de la
liberté de la preuve. Ainsi, en matière commerciale la preuve est totalement libre. En matière civile, en
revanche, l'écrit est exigé pour tout acte juridique supérieur ou égal à 5000 francs.
 1° La preuve par écrit ou preuve littérale
 a. Les formes de l'écrit
 Il existe deux formes.
 L'acte authentique, selon l'article 1317 du Code civil napoléonien, est celui qui a été reçu par un officier
public ayant le droit d'instrumenter dans le lieu où l'acte a été rédigé et avec les solennités requises (ex : un
notaire est habilité à faire des actes authentiques) ;
 L'acte sous seing privé, en la matière c'est la quasi-liberté, il y a seulement quelques exigences ; l'acte doit
être rempli en autant d'originaux qu'il y a de parties et l'acte doit être signé par les parties. La signature est
l'acte qui manifeste la volonté de s'engager, elle est soit manuscrite, soit c'est un paraphe (les initiales).
La force probante de l’écrit

 L'empreinte digitale n'est pas une signature authentique. De même, la griffe (ex : le tampon) n'est pas reconnue.
 Un problème s'est posé avec la signature électronique, mais le législateur depuis le 19 mars 2000 a adapté la
preuve aux nouvelles technologies, dorénavant l'écrit informatique à la même valeur probante que l'écrit
manuscrit.
 Pour cela il doit répondre à deux conditions, d'une part elle doit permettre l'identification de la personne dont
l'écrit émane et d'autre part il faut que cet écrit soit établi dans des conditions de nature à en conserver l'intégrité.
 De même, la signature électronique vaut la signature manuscrite (ex : chiffres de la carte bancaire) si elle
remplit les mêmes conditions.
 b. La force probante de l'écrit
 L'acte authentique fait pleine foi de la convention, le juge ne peut donc contester cet acte. La partie doit alors
inscrire l'acte en faux et donc prouver que cet acte est un faux.
L'acte sous seing privé a une valeur inférieure à l'acte authentique car il ne fait pas foi de son origine (un crime).
Dès lors, le plaideur qui conteste l'acte doit alors démontrer qu'il s'agit d'un faux en écriture privé (un délit).
La preuve par témoin et par aveu

 2° La preuve par témoin et présomption


 a. Les règles de principe
 Un écrit, en matière civile, est exigé pour tout acte de valeur supérieure ou égale à 5000 francs. Il est possible de prouver
outre ou contre l'écrit (de prouver que ce qui est écrit est vrai ou faux).
 b. Les exceptions au principe
 Parfois, il y a une impossibilité de fournir l'écrit. Cette impossibilité peut être soit matérielle (perdue, brûlée), soit elle peut
être morale (liens d'amitiés, famille). Dans ce cas, le juge admet le commencement de preuve par écrit (lettre, embauche d'un
privé, facture) qui devra être complété par un autre mode de preuve (des témoins).
 3° Les modes de preuve secondaires
 a. L'aveu
 L'aveu est considéré comme reine des preuves en matière pénale. Il existe deux types d'aveu en matière civile : l' aveu
judiciaire réalisé dans le tribunal devant le juge et l'aveu extrajudiciaire réalisé hors du tribunal.
A propos du serment

 b. Le serment
 Le serment consiste à jurer que ce que l'on allègue est vrai. C'est un mode de preuve de moins en moins pratiqué. On
distingue deux types de serment : le serment décisoire à l'initiative du plaideur et le serment déféré d'office à
l'initiative du juge.
 En fait, le "serment" est une déclaration solennelle faite devant un juge. Les arbitres ne sont pas admis à recevoir un
serment.
 Le serment est prêté lors de la prise de leurs fonctions par les professionnels de justice (magistrats, avocats, huissiers,
notaires et par certains fonctionnaires) au cours d'une cérémonie publique destinée à officialiser leur installation.
 La formule du serment est fixée par la Loi ou par un décret, elle varie selon les professions.
II- Le domaine de l’application de la règle de droit

 Cela pose le problème de l’application de la règle de droit tant dans l’espace que dans le temps. Il en résulte parfois des
cas de conflits de lois.
 Paragraphe 1. : L’application de la loi dans l’espace
 Dans l’espace, la loi a pour domaine d’application soit le territoire, dans ce cas on parle de territorialité de loi ; une
personne, il s’agit de la personnalité de la loi ; ou encore un objet (Navire ou aéronef), dans ce cas on évoque la
nationalité.
 Il existe la territorialité objective et celle subjective. Il existe aussi la personnalité passive et celle active. Il est aussi fait
recours au principe des compétences réelles ou de la réalité. L’universalité du droit de punir n’est pas à oublier.
 Dans ce cadre, il peut arriver qu’à une même situation on applique plusieurs lois suivant les territoires ; plusieurs lois
suivant les personnes et plusieurs lois se rapportant aux objets.
Suite sur le domaine d’application du droit
 Pour plus de précision sur l’application de la loi ivoirienne dans l’espace, nous pouvons nous inspirer des dispositions
du code pénal ivoirien à ce sujet.
 On lit ainsi à l’article 19 du code pénal ivoirien que : « La loi pénale s'applique à toute infraction commise sur le
territoire de la République lequel comprend : 1°) l'espace terrestre délimité par les frontières de la République ; 2°) ses
eaux territoriales ; 3°) l'espace aérien au-dessus du territoire terrestre et des eaux territoriales ; 4°) les navires et
aéronefs immatriculés en Côte d'Ivoire.
 Aucun membre de l'équipage ou passager d'un navire ou aéronef, étranger auteur d'une infraction commise à bord au
préjudice d'un autre membre de l'équipage ou passager à l'intérieur des eaux territoriales ou de l'espace aérien ivoirien
ne peut être jugé par les juridictions ivoiriennes sauf dans les cas suivants :1°) l'intervention des autorités ivoiriennes a
été réclamée ; 2°) l'infraction a troublé l'ordre public ; 3°) l'auteur ou la victime de l'infraction est ivoirien ».
 En matière civile, on note à cet effet avec l’article 1 er précité du code civil napoléonien que « les lois sont exécutoires,
dans tout le territoire ivoirien, de la promulgation qui en est faite par le Président de la République. Elles seront
exécutées dans chaque partie de la République, du moment où la promulgation en pourra être connue ».
Paragraphe 2 : L’application de la loi dans le temps

 L’étude de la mise en vigueur de la loi a permis de connaitre la date à laquelle une loi devient obligatoire. Mais, elle
laisse entier le problème du conflit dans le temps qui est susceptible de se produire entre la loi abrogée et la loi nouvelle.
 Les individus règlent leurs activités, accomplissent les actes juridiques en tenant compte de la législation en vigueur, à
l’époque où ils agissent. Il faut que chacun connaissent les conditions qu’il devra respectées, les règles qu’il devra
suivre, pour que l’acte engagé soit régulier. C’est ainsi qu’il a été établi le principe de la non rétroactivité de la loi. Cela
signifie que la loi ne dispose que pour l’avenir. Elle n’a pas d’effet rétroactif (ne rentre pas dans le passé).
 La législation ivoirienne consacre cette règle comme un principe fondamental d’origine constitutionnelle. On lit ainsi à
l’article 7 de la Constitution ivoirienne de novembre 2016 qui prévoit que «nul ne peut être poursuivi, arrêté, gardé à
vue ou inculpé, qu’en vertu d’une loi promulguée antérieurement aux faits qui lui sont reprochés ».
 Autrement dit, le texte doit exister d’abord avant le comportement pour lequel la personne sera sanctionné ne soit
réalisé par celle-ci. Cela est repris en matière pénale par l’article 14 du nouveau Code pénal ivoirien. En matière civile,
on note ainsi avec l’article 2 du code civil napoléonien que « la loi ne dispose que pour l’avenir, elle n’a point d’effet
rétroactif ».
CONCLUSION

 En somme, le droit est complexe. C’est pourquoi il faut l’introduire à


travers les notions ci-dessus présentées avant de s’intéresser à son
contenu qui, dans le domaine civil, concerne le droit des personnes et
celui de la famille.
 NB: Ce cours peut être approfondi à partir de plusieurs ouvrages
de l’Introduction à l’étude du droit vendus en librairie ou
disponibles à la bibliothèque.

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