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Organisation judiciaire
Dahir 1-22-38 du 30 juin 2022 fixant l’organisation judicaire du Royaume
tel qu’il a été modifié et complété par la loi 38.15

Présentation animée par Professeur


LEGDALI TARIK
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Introduction

Selon la doctrine, la justice est un service public dont la mission est de trancher les litiges
entre les personnes conformément au droit positif.
 Si nul ne peut se faire justice soi même, toute personne a le droit de recourir à la justice
pour faire reconnaître son droit.
Ce recours est fait devant les juridiction et conformément à des procédures:
 LES JURIDICTIONS : Une juridiction peut se définir comme un organe dont l'objectif
est de trancher les contestations nées de l'application des règles juridiques.
 LES PROCÉDURES :Le déroulement d'une action en justice obéit à un certain nombre
de règles de procédure qui correspond à l’ensemble des modalités de l’introduction de
l’action en justice et du déroulement du procès : procédure civile et procédure pénale
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Introduction

 la justice est un sentiment d’équité. elle est une notion empreinte de subjectivité selon
l’éthique personnelle de chacun.
 Au sens technique, la justice est la fonction qui consiste à juger, à dire le droit à l’occasion
d’une contestation, litige. C’est ainsi que l’on dit que le juge« rend la justice ». Prise dans ce
sens, la justice est une prérogative souveraine qui appartient à l’Etat.
 la justice stricto sensu désigne l’ensemble des institutions qui concourent à l’exercice de la
fonction de juger : les juridictions, les juges, les auxiliaires et les administrations de la justice
(ministère de la justice, administration pénitentiaire). Dans ce sens, la justice est un service
public.
Chapitre I : Les principes fondamentaux de l’organisation judiciaire 4
I -La justice et ses rapports avec les autres pouvoirs

 Conformément au principe de la séparation des pouvoirs, la justice constitue l’un des trois pouvoirs à côté du pouvoir
législatif ayant pour fonction d’édicter les règles et le pouvoir exécutif qui doit en assurer l’application.
 La séparation des pouvoirs est devenue une sorte de mythologie politique, un symbole de respect des libertés.
 La réalité est que les différentes fonctions législative, exécutive et judiciaire se sont disséminées à travers les différents
pouvoirs
 la fonction législative est assurée par le Parlement, (texte législatif) mais aussi par le Gouvernement via certains décrets,
décrets lois,,… par contre, la fonction de juger n’est plus du ressort exclusif du corps judiciaire.
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I-La justice et ses rapports avec les autres pouvoirs

 La Constitution de 2011 dispose dans son article premier que « le Régime Constitutionnel du
Royaume est fondé sur la séparation, l’équilibre et la collaboration des pouvoirs… ». De
même l’article 107 de la Constitution affirme que le pouvoir judiciaire est indépendant du
pouvoir législatif et du pouvoir exécutif et que le Roi est le garant de l’indépendance du
pouvoir judiciaire.
 L’indépendance de la justice est un moyen d'atteindre un objectif majeur, à savoir conserver la
confiance du public à l'égard du système judiciaire
 L’indépendance C’est la liberté de juger à l’abri de toute pression.
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I-La justice et ses rapports avec les autres pouvoirs

 L’indépendance figure à la tête des principes régissant tout système judiciaire normal. Cette indépendance annoncée par
l’article 107 C. précité, s’exprime à travers un certain nombre de dispositions constitutionnelles, notamment :
 La présidence du Conseil Supérieur du pouvoir judiciaire par le Roi, la présidence déléguée étant confiée au Premier
président de la Cour de cassation (art. 115 C.);
 La garantie de l'inamovibilité des magistrats du siège (art. 108 C.);
 La proscription de toute intervention dans les affaires soumises à la justice, le juge ne pouvant recevoir d’injonction ou
d’instruction ni être soumis à une quelconque pression.
 Le juge n’est astreint qu’à la seule application du droit (art. 110 C.).
 Le juge peut en outre saisir le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire chaque fois qu’il estime que son indépendance est
menacée,
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I-La justice et ses rapports avec les autres pouvoirs
A- Le rapport entre les pouvoirs législatif et judiciaire

 En théorie, la règle est que le législateur édicte la norme qui, comme nous l’avons vu en cours d’introduction à l’étude de
droit, est une règle générale et abstraite, alors que le juge est chargé d’appliquer la règle de droit aux litiges qui se
présentent à lui afin de dégager la solution appropriée (syllogisme juridique). Dans la pratique, la situation mériterait
d’être nuancée.
1. Interdiction faite au juge de s’immiscer dans la fonction législative : portée et limites
En principe, les tribunaux ne peuvent prendre directement part à l’exercice du pouvoir législatif ni empêcher ou suspendre
l’exécution des lois à peine de forfaiture, même lorsqu’un texte leur parait inopportun, néfaste ou mal fait. Les juges peuvent,
en leur qualité de citoyen, œuvrent pour en obtenir la modification, mais ils ne peuvent en tant que juges en écarter
l’application.
Ceci étant, se pose les cas d’illégalité des textes, des arrêts de règlement et de l’interprétation des textes.
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I-La justice et ses rapports avec les autres pouvoirs
A- Le rapport entre les pouvoirs législatif et judiciaire

a. Le contrôle de la légalité des textes


Le principe de soumission du juge à la loi peut soulever quelques difficultés lorsque le texte que le juge est appelé à appliquer
est entaché d’illégalité. A ce titre, il convient de distinguer le cas des textes législatifs de celui des textes réglementaires.
 Cas des textes législatifs
Lorsqu’une loi est contraire à la norme supérieure (la Constitution), elle est dite « inconstitutionnelle ». Le juge doit-il s’y
soumettre pour autant ? La réponse est affirmative et pour cause, seule la cour constitutionnelle est habilitée à déclarer une loi
ou une disposition à caractère législatif comme étant non conforme à la Constitution. A ce titre deux cas de figure se présentent
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I-La justice et ses rapports avec les autres pouvoirs
A- Le rapport entre les pouvoirs législatif et judiciaire

 Le contrôle à priori : de la Constitutionnalité de la loi avant sa promulgation. La Cour peut à ce titre être saisie par le Roi, le
Chef du Gouvernement, les Présidents des deux chambres du Parlement ou par le cinquième des membres de la chambre des
représentants ou par quarante membres de la chambre des conseillers. Il est à signaler que les lois organiques sont
systématiquement soumises, avant leur promulgation à la Cour Constitutionnelle qui se prononce sur leur conformité à la
Constitution. Cela veut dire que dès qu’une loi est promulguée (et publiée au Bulletin Officiel), le juge se doit de l’appliquer,
sauf lorsqu’elle fait l’objet d’un recours pour exception d’inconstitutionnalité.
 Le contrôle à postériori : pour la première fois, la Constitution de 2011 a prévu la possibilité, pour une partie au litige, de
soulever l’exception d’inconstitutionnalité au cours du procès, lorsqu’il est soutenu par cette partie que la loi dont dépend
l’issue du litige porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution. Une disposition déclarée inconstitutionnelle
suite à un tel recours est abrogée à compter de la date fixée par la Cour Constitutionnelle Il est à rapporter que le projet de loi
organique fixant les conditions et les modalités ,de mise en œuvre du recours pour exception d’inconstitutionnalité est en
examen à la Chambre des Représentants.
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I-La justice et ses rapports avec les autres pouvoirs
A- Le rapport entre les pouvoirs législatif et judiciaire

 Cas des textes réglementaires:


 La situation est différente lorsqu’un texte à caractère réglementaire parait contraire à la loi, dans ce cas, la loi a prévenu
un recours particulier appelé « recours en annulation pour excès de pouvoir ».
 Ce recours est porté devant les juridictions administratives. Ainsi, lorsqu’il s’agit d’un acte réglementaire du Chef du
Gouvernement, l’examen de sa régularité est du ressort de la Chambre Administrative de la Cour de Cassation (art. 9 de
la loi 41.90).
 Pour les autres actes réglementaires, l’examen des recours pour excès de pouvoir y afférent revient au tribunal
administratif territorialement compétant.
 Si la question de l’illégalité d’un décret est soulevée devant une juridiction de l’ordre judiciaire, le tribunal sursoit à
statuer et diffère cette exception devant la chambre administrative de la Cour de Cassation pour statuer, avant que le
tribunal initialement saisi poursuive l’examen de l’affaire (art. 44, loi 41.90).
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I-La justice et ses rapports avec les autres pouvoirs
A- Le rapport entre les pouvoirs législatif et judiciaire

b. La prohibition des arrêts de règlement .


 Les arrêts de règlement sont des décisions de justice par lesquelles le juge pose, à l’occasion de l’examen d’une
affaire qui lui a été soumise, une règle générale qu’il compte appliquer à l’avenir. C’est-à-dire qu’il édicte une sorte
de règlement qui dépasse le cas et espère qu’il est appelé à trancher et revêt une portée générale.
 La pratique des arrêts de règlement assez répandue dans les pays du Commun Law, et à l’époque des Cours
parlementaires en France, n’est pas admise en droit marocain.
 A ce titre, il est défendu aux juges de se prononcer par voie de disposition générale et réglementaire sur les causes
qui leur sont soumises.
 En d’autres termes, le juge ne peut fixer des règles en dehors des causes qui lui sont soumises, ni imposer pour
l'avenir la règle retenue au fondement de sa décision ou encore poser une règle inutile à la résolution du cas. La
raison de cette prohibition est qu’en procédant de la sorte, le juge déborderait le cas d’espèce et s’érige en
législateur en édictant une règle générale, ce qui est contraire au principe de séparation des pouvoirs.
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I-La justice et ses rapports avec les autres pouvoirs
A- Le rapport entre les pouvoirs législatif et judiciaire

c. L’interprétation de la loi
 Si les arrêts de règlement sont interdits, le juge est habilité à interpréter la loi lorsqu’elle est obscure ou que l’on hésite
sur son application au cas d’espèce.
 Le pouvoir d’interprétation, qui est le terrain de prédilection du juge, permet à celui-ci de combler les lacunes de la loi,
voire même de l’adapter aux besoins du moment, compte tenu de l’évolution de la société.
 L’évolution des méthodes d’interprétation, de la méthode exégétique à celle sociologique, a renforcé la marge de
manœuvre du juge en la matière. Cependant, il faut rappeler que l’interprétation a des limites.
 Le juge peut certes interpréter les textes, mais il ne peut pas pour autant les dénaturer ou les ignorer. Ceci-dit, la
jurisprudence constitue une source non négligeable du droit et peut inspirer le législateur à l’occasion de l’élaboration ou
de la révision des textes.
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I-La justice et ses rapports avec les autres pouvoirs
A- Le rapport entre les pouvoirs législatif et judiciaire

2. L’intervention du législateur dans la fonction du juge


 En vertu du principe de séparation des pouvoirs, le législateur ne peut s’immiscer dans le jugement des affaires portées
devant la justice.
 Même le pouvoir reconnu au parlement de recueillir, via des commissions d’enquête, des informations sur des faits
déterminés ou sur la gestion des services, entreprises et établissements publics, et soumettre leurs conclusions à la
chambre concernée, est soumise à la condition que ces faits n’aient pas donné lieu à des poursuites judiciaires.
 En effet, il ne peut être créé de commission d’enquête lorsque les faits ont donné lieu à des poursuites judiciaires et aussi
longtemps que ces poursuites sont en cours. Bien plus, si une commission a déjà été créée, sa mission prend fin dès
l’ouverture d’une information judiciaire relative aux faits ayant motivé sa création (article 67 de la Constitution).
 Ceci étant, on peut relever certaines limites à la portée de ce principe, qui demeurent somme toute, exceptionnelles. C’est
le cas notamment des lois à effet rétroactif, des lois interprétatives et des lois dites de validation.
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I-La justice et ses rapports avec les autres pouvoirs
A- Le rapport entre les pouvoirs législatif et judiciaire

a. Les lois à effet rétroactif


 l’article 6 de la constitution, dernier alinéa, la loi ne peut avoir d’effet rétroactif.
 Cependant, Dans la mesure où une loi rétroactive a pour conséquence de faire naitre des droits qui n’existaient pas à
l’origine, elles risquent dans certains cas de constituer une immixtion intempestive du législateur dans le jugement de
certaines affaires, dans la mesure où elles auraient été jugées autrement si la loi n’était pas intervenue, notamment
lorsque ladite loi crée des droits nouveaux qui remettent en cause ce qui est déjà jugé.
 Rappelons tout de même qu’aux termes de e principe admet de rares exceptions, notamment en matière pénale, lorsque
les nouvelles dispositions sont plus bénéfiques.
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I-La justice et ses rapports avec les autres pouvoirs
A- Le rapport entre les pouvoirs législatif et judiciaire

b. Les lois interprétatives


 La loi interprétative a pour vocation d’interpréter une loi antérieure en vue d’en préciser le sens et/ou la portée. Elle
produit, par sa nature même, un effet rétroactif dans la mesure où elle s’intègre à la loi interprétée et prend effet à la date
de celle-ci.
 Le législateur peut recourir à une telle loi, lorsqu’il constate que l’interprétation d’une loi, adoptée par les tribunaux, est
très différente de celle qui a été voulue par lui, pour mieux préciser son intention.
 Si cette pratique est légitime en temps normal, elle peut susciter des interrogations dans le cas où il est fait recours à une
loi interprétative au milieu d’un procès pour obliger le juge à statuer dans un sens donné.
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I-La justice et ses rapports avec les autres pouvoirs
A- Le rapport entre les pouvoirs législatif et judiciaire

c. Les lois de validation


 Une loi de validation est une loi tendant à rendre valable un acte qui ne l’était pas initialement. Cette méthode peut être
utilisée dans des hypothèses où un acte illégal accompli par l’administration est différé à une juridiction pour en obtenir
l’annulation.
 Le législateur intervient ainsi pour valider rétroactivement l’acte contesté qui deviendra ainsi conforme à la loi. Cette pratique
a pour effet direct, soit de supprimer tout objet à la demande dont le juge a été saisi, si la loi intervient en cours d’instance, ou
de dispenser l’administration d’exécuter le jugement, lorsqu’elle intervient après le jugement ayant déclaré l’acte nul.
 En règle générale, les lois de validation ont pour objet d’éviter des situations inextricables. A titre d’illustration, il serait
parfois injuste d’annuler un concours et obliger tous les candidats à subir de nouvelles épreuves, simplement parce que le jury
a commis une erreur.
 Cependant, il y a un risque que ce genre de loi donne lieu à des abus dans la mesure où l’administration, par le vote d’une loi
de circonstance, obtient du législateur ce que le juge lui a refusé.
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I-La justice et ses rapports avec les autres pouvoirs
B- Le rapport entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire.

 Les rapports entre le pouvoir exécutif (l’Administration) et la justice posent des questions aussi importantes
que complexes. Cependant, le principe de séparation des pouvoir impose deux règles principales, à savoir :
 Le juge ne peut s’immiscer dans les affaires de l’exécutif : c’est la règle de la séparation des fonctions
administratives et judiciaires ;
 Le pouvoir exécutif ne peut pas intervenir dans la fonction judiciaire.
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I-La justice et ses rapports avec les autres pouvoirs
B- Le rapport entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire.

Dans la pratique, cette séparation est loin d’être absolue par :


1. L’interdiction au juge de s’immiscer dans les affaires de l’administration
 En principe, les fonctions judiciaires sont distinctes des fonctions administratives. Il s’ensuit que les juges ne
peuvent en aucun cas, à peine de forfaiture, troubler l’action de l’administration. Cette règle, jadis traduite par
l’article 8 du dahir sur l’organisation judiciaire interdisant aux juridictions civiles d'ordonner accessoirement ou
principalement « toutes mesures dont l'effet serait d'entraver l'action des administrations publiques », était censée
traduire en pratique le principe de la séparation des pouvoirs.
 Ladite règle emporte deux conséquences, la première pose le problème du contrôle juridictionnel des actes de
l’Administration. La seconde, moins importante, soulève la question de l’interdiction classique faite au juge de
délivrer une injonction à une autorité administrative.
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I-La justice et ses rapports avec les autres pouvoirs
B- Le rapport entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire.

 la première conséquence
 la règle énoncée par cet article a commencé à perdre de son aura, d’abord avec l’institution du recours pour excès de
pouvoir depuis l’institution des tribunaux administratif par la loi n° 41/90 en 1993.
 L’administration qui échappait à tout contrôle juridictionnelle s’est vue se soumettre à celui-ci, notamment via le
mécanisme du recours en annulation pour excès de pouvoir. avant la reconnaissance légale de ce mécanisme, l’administré
insatisfait d’un acte administratif ne pouvait que former un recours gracieux devant l’autorité ayant pris l’acte ou
s’adresser à sa hiérarchie moyennant un recours hiérarchique. L’autre solution consistait à s’adresser au juge civile pour
demander des dommages-intérêt en réparation du dommage causé par l’acte jugé irrégulier.
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I-La justice et ses rapports avec les autres pouvoirs
B- Le rapport entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire.

 la seconde conséquence
 Il a été considéré pendant longtemps qu’il n’entre pas dans les pouvoirs du juge, y compris celui des juridictions
administratives, d’adresser une injonction à une autorité administrative. Ainsi, le juge ne peut prescrire à une administration
de modifier une réglementation illégale ou même de l’inviter à revoir sa décision.
 Sur le plan du principe, cette règle subsiste toujours, mais, elle est contournée par la jurisprudence qui trouve le moyen
d’enjoindre à l’administration une conduite à tenir. Parmi les moyens utilisé, la suggestion de la solution dans la motivation
de la décision judiciaire en utilisant le conditionnel (par exemple le juge utilise l’expression « l’Administration aurait dû
procéder de la sorte … »). Une autre solution est de déclaré la nullité de l’acte avec toutes les conséquences de droit,
assortie d’une astreinte en cas de non-exécution.
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I-La justice et ses rapports avec les autres pouvoirs
B- Le rapport entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire.

2. Indépendance de la justice à l’égard de l’exécutif


 L’indépendance de la fonction judiciaire à l’égard du gouvernement veut que ni le gouvernement, et à plus forte raison, les
autorités administratives qui lui sont subordonnées, ne puissent donner un ordre ou exercer une quelconque pression sur
un juge pour l’inciter à statuer dans un sens ou dans un autre.
 La Constitution de 2011 n’a pas manqué de confirmer cette règle en évoquant l’indépendance de la justice (article 109).
 Les constitutions antérieures évoquaient l’indépendance de la justice, mais la réalité institutionnelle ne permettait pas de
garantir ce principe, en raison notamment des prérogatives assez large que conserve l’exécutif en matière de gestion de la
carrière des magistrats. Faut-il rappeler à ce titre que le Président délégué du Conseil supérieur de la magistrature n’est
autre que le Ministre de la justice.
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II. La justice en tant que service public

 Cette situation est appelée à évoluer avec l’installation en avril 2017 du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire dont le
poste de Président délégué est confié par la nouvelle Constitution au Premier Président de la Cour de cassation. L’absence
du représentant de l’exécutif parmi les membres dudit Conseil est un facteur à même de rendre plus effective cette
indépendance des juges. Cependant, ce n’est qu’un levier parmi d’autres.
 Notons enfin que le texte portant statut particulier des magistrats a été revu aussi bien sur la forme que sur le fond. Sur le
plan de la forme, ce statut est désormais érigé en loi organique par la Constitution de 2011. Sur le fond, le nouveau statut
offre plus de garanties en termes de gestion de carrière, ce qui ne manquerait pas de consolidé l’indépendance des juges
vis-vis de l’exécutif,
 La justice est un grand service public de l’Etat, d’abord de par sa place comme l’un des trois pouvoirs sur lesquels repose
l’Etat, mais aussi en raison des moyens humains et matériels qu’il mobilise (A).
 Il hérite donc des principes classiques du service public auxquels s’ajoutent des principes propres au service public de la
justice (B).
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II. La justice en tant que service public
A. Le service public de la justice

1. La justice : un grand service public


La justice a toujours été considérée comme un attribut essentiel de la souveraineté. Historiquement, « toute
justice émane du Roi ». De nos jours, et aux termes de l’article 124 de la Constitution, les jugements sont
rendus et exécutés « au nom du Roi et conformément à la Constitution ». On peut donc concevoir mal que la
justice ne soit pas monopôle de l’Etat. Cela implique que « nul ne peut se faire justice pour soi-même ».
la justice ne se réduit pas à « dire le droit » (la juridictio), mais implique aussi un pouvoir de
commandement appelé l’imperium en vertu duquel le juge ordonne que tout soit mis en œuvre pour que son
jugement soit exécuté, y compris le concours de la force public pour assurer l’exécution forcée le cas
échéant, Et comme l’Etat est le seul détenteur de la force publique, un tel pouvoir de commandement ne
peut être exercé que par personne investie par l’Etat lui-même du pouvoir de juger.

Le principe de la justice comme monopôle de l’Etat n’est pas absolu, il admet une dérogation qui prend de
plus en plus d’ampleur, à savoir l’arbitrage.
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II. La justice en tant que service public
A. Le service public de la justice

 L’arbitrage est un mode alternatif de règlement des différends. C’est « un mode de juridiction à base conventionnelle par lequel les
parties choisissent une ou plusieurs personnes privées, au moyen d’un acte appelé compromis (ou clause compromissoire) pour leur
demander de juger, au besoin en équité, le différend qui les oppose »
 L’arbitrage est régit au Maroc par la loi n° 95.17 relative à l’arbitrage et à la médiation conventionnelle.

2. La responsabilité du service public de la justice


 Les dysfonctionnements de la justice, comme tout service public, peut entraîner de graves préjudices pour les plaideurs qu’il
convient de réparer. En général, il est possible de distinguer trois régimes spéciaux de responsabilité :
 l’erreur judiciaire : c’est le cas lorsqu’un accusé est condamné par erreur à une peine de prison ;
 la faute personnelle du juge : lorsqu’un juge par exemple aurait perdu des pièces importantes d’un dossier ;
 La Constitution de 2011 reconnait pour la première fois l’erreur judiciaire et prévoit que « les dommages causés par une erreur
judiciaire ouvrent droit à réparation à la charge de l’Etat » (art. 122)..
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II. La justice en tant que service public
B. Les principes généraux du service public de la justice

 L’organisation et le fonctionnement de la justice obéissent à un certain nombre de principes qui ne découlent pas
forcément du caractère de service public que revêtent une importance particulière au vu de la mission particulière du
service public de la justice,.
 Dans ce qui suit, nous passons en revue notamment les principes de l’égalité devant la justice (1), la permanence ou la
continuité de la justice (2), le double degré ou la hiérarchie de juridiction (3), la gratuité de la justice (4), et le caractère
contradictoire de la procédure (5).
En revanche, nous n’allons pas revenir sur le principe de l’indépendance de la justice que nous avons déjà évoqué en traitant
du rapport entre le pouvoir judiciaire et les pouvoirs législatif et exécutif.
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II. La justice en tant que service public
B. Les principes généraux du service public de la justice

1. Le principe de l’égalité devant la justice


 Le principe de l'égalité devant la justice signifie que toute personne a une égale vocation à être jugée par les mêmes
juridictions et selon les mêmes règles de procédure sans discriminations. Cela implique aussi que tout justiciable est en
droit de soumettre librement sa prétention à la juridiction compétente pour en connaître et que celui-ci doit, à peine de déni
de justice, statuer sur la demande dont il est saisi.
 Ce principe s’applique aussi bien aux nationaux qu’aux étrangers, sous réserve des dispositions du droit international en
matière de la compétence judiciaire.
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II. La justice en tant que service public
B. Les principes généraux du service public de la justice

2. Le principe de la permanence ou la continuité de la justice


 Ce principe veut dire que la justice est rendue au Maroc sans interruption, sans intervalle entre des sessions périodique
éventuelle. Dans d’autres pays tels la Grande Bretagne ou le Canada, les juridictions siègent à certaines périodes de l’année,
par sessions. Au Maroc, elles siègent en permanence toute l’année.
 Cette règle admet deux dérogations, à savoir les jours fériés et les vacances judiciaires. Toutefois, des aménagements sont
prévus pour assurer la continuité de la justice, notamment en cas d’urgence dans la mesure où il est possible de saisir le juge
des référés, même le dimanche, au besoin à son domicile. De même, les juges d’instruction assurent une permanence les
dimanches et les jours fériés.
 S’agissant de ce qui est jadis appelé les vacances judiciaire, et malgré le fait que les tribunaux connaissent un ralentissement de
l’activité pendant le mois d’août, les audiences sont quand-même tenues pour juger les affaires urgentes.
 Le projet de la nouvelle loi sur l’organisation judiciaire confirme le principe de permanence de la justice dans son article 7 que
l’année judiciaire commence le premier janvier et s’achève le 31 décembre de l’année et que les tribunaux tiennent leur
audiences sans interruption et s’organise de manière à éviter toute suspension ou report d’audience.
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II. La justice en tant que service public
B. Les principes généraux du service public de la justice

3. Le principe du double degré de juridiction


 Ce principe signifie que les plaideurs ont le droit de soumettre leur procès pour un second examen à une juridiction de second
degrés (la cour d’appel quand l’affaire est jugé en premier ressort par le tribunal de première instance).
 Ce principe a pour objet de garantir les droits de la défense en permettant un nouvel examen par une juridiction supérieure,
d’autant plus que celle-ci est censée comprendre des magistrats plus expérimentés et qualifiés et que la juridiction du second
degré tire profit du travail effectué par les juges du premier ressort pour se concentrer sur le nœud du problème.
 Il y a lieu de rappeler que l’appel est une voie de recours ordinaire.
Toutefois, force est de constater que ce principe admet des exceptions, notamment dans les cas suivants :
 Certaines affaires sont jugées en premier et dernier ressort (sans appel) : l’appel n’est pas possible contre les jugements rendus par
les TPI dans les affaires dont la valeur ne dépasse pas 5000 dirhams
 Un tiers peut intervenir directement (pour la première fois) en appel ;
 Il est possible de formuler des demandes nouvelles en appel;
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II. La justice en tant que service public
B. Les principes généraux du service public de la justice

4. Le principe de la gratuité de la justice


 Ce principe signifie que les plaideurs ne paient pas leurs juges. ces derniers sont des fonctionnaires payés par l'Etat. Ce
principe n’est inhérent à la notion de service public.
 IL existe en effet des services publics dont le coût est pris en charge entièrement ou partiellement par les usagers. C’est
le cas du service postal par exemple. Dans le cas de la justice, c’est toute la communauté qui contribue à la prise en
charge des frais de la justice, fiscalement.
 Cependant, la justice n’est pas à proprement parler gratuite. En effet, le plaideur qui saisit le tribunal doit avancer une
partie contributive aux frais appelée taxe judiciaire (1% des intérêts en jeu) auxquels s’ajoute les frais de représentation
(honoraires d’avocat) et les frais éventuels des autres auxiliaires tels les frais d’experts, des huissiers, etc.
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II. La justice en tant que service public
B. Les principes généraux du service public de la justice

 Un système d’assistance judiciaire est mis en œuvre pour éviter que les personnes sans ressources ne soient empêchées de
faire valoir leurs prétentions devant la justice. L’article premier du décret royal portant loi n° 514-65 du 1er novembre 1966
sur l'assistance judiciaire dispose que « Outre le cas où, conformément aux traités, les étrangers seront admis à son
bénéfice, l'assistance judiciaire peut être accordée devant toutes les juridictions du Royaume, en tout état de cause,
aux personnes, aux établissements publics ou d'utilité publique, aux associations privées poursuivant une œuvre
d'assistance et dotées de la personnalité civile, de nationalité marocaine, que l'insuffisance de leurs ressources met
dans l'impossibilité d'exercer ou de défendre leurs droits en justice ».
 L’assistance judiciaire est applicable à tout litige, aux constitutions de parties civiles devant les juridictions d'instruction et de
jugement et, en dehors de tout litige, aux actes de juridiction gracieuse et aux actes conservatoires.
 Cependant, la décision accordant l'assistance judiciaire n'a d’effet qu'en ce qui concerne les actes et opérations accomplis
postérieurement à la date à laquelle elle a été prononcée, à moins qu'une décision provisoire n'ait été accordée auparavant.
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II. La justice en tant que service public
B. Les principes généraux du service public de la justice

5. Principe du caractère contradictoire de la procédure


 Ce principe exige que le justiciable doit avoir été mis en mesure de se défendre et d’être entendu par le juge. Il suppose le
respect d’un délai irréductible pour permettre aux parties de comparaître. Ce principe est renforcé par le principe de la
publicité des audiences.
 Les personnes jugées par défaut dispose d’une voie de recours, en l’occurrence l’opposition.
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III. Evolution historique de la justice au Maroc

Il est d’usage de scinder l’évolution de l’organisation judiciaire au Maroc en trois phases :


 Avant le protectorat (A),
 Pendant le protectorat (B)
 Après le recouvrement de l’indépendance (C).
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II. La justice en tant que service public
A. La période antérieure au protectorat

Avant le protectorat, la justice marocaine était composée de la justice du chrâa, exercée par le qadi, et la justice laïque, rendue
par les pachas dans les villes et les caïds dans les tribus, au nom du Sultan.
1. La justice du chrâa
 Juge de droit commun, le qadi rend la justice en appliquant le droit musulman issu du Saint Coran (la loi du chrâa).
 Sa compétence au civil était universelle. Les parties pouvaient se défendre seules ou assistée d’un mandataire (Oukil).
Elles pouvaient produire, pour leur défense, des fétouas ou consultations rédigées par un Mufti ou interprète de la loi.
 L’affaire est instruite à l’audience et la sentence est ensuite rédigée et enregistrée. Cependant, le juge ne s’occupe pas de
l’exécution, les voies d’exécution sur les biens n’étant pas connues en droit musulman coutumier
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II. La justice en tant que service public
A. La période antérieure au protectorat

2. Les juridictions laïques


On peut distinguer à cet égard les juridictions du makhzen (a) et celles coutumières amazighes (b).
a. Les juridictions makhzen
 A l’origine, les pachas et caïds n’assuraient que les fonctions administratives. Cependant, ceux-ci se sont vus plus tard attribuer
des fonctions judiciaires, exclusivement en matière pénale, empiétant ainsi progressivement sur les domaines de compétence du
qadi. L'intervention de ce dernier s’est limitée au final aux questions d’état des personnes, aux successions et aux affaires
immobilières régies exclusivement à l’époque par le droit musulman.
 Ceci étant, le plaideur pouvait demander à être jugé par le tribunal du chrâa. Mais dans la pratique, les justiciables préférait les
juridictions des pachas et caïds, plus expéditives, simples et moins formalistes.
b. La justice coutumière amazighe
 Les tribus amazighes avaient conservé leur organisation indépendante en matière de règlement des conflits.
 Leurs litiges étaient résolus par voie arbitrale sur la base du droit coutumier amazigh en dehors de l’autorité du makhzen
35
III. Evolution historique de la justice au Maroc
A. La période antérieure au protectorat

3. Les tribunaux rabbiniques


 Les affaires concernant les marocains de confession juive sont traitées par des tribunaux rabbiniques. Même si la
compétence de ces tribunaux confessionnels devait être limitée, en principe, aux affaires relevant du statut personnel et
des successions, elle s’étendait dans la pratique à tout type de litige.
4. Les privilèges de juridiction
Les Européens, qui en toute logique ne pouvaient être soumis à la justice du chrâa, n’étant pas musulmans, ne se
soumettaient quasiment pas, non plus, aux juridictions makhzen. Ils bénéficiaient d’un privilège de juridiction régi par un
régime de capitulation qui fonctionnait comme suit :
 Lorsque le litige opposait deux personnes de même nationalité, l’affaire est du ressort du consul du pays en question ;
 Lorsque le litige opposait deux personnes de nationalités différentes, chaque consul applique à son concitoyen la
législation de son pays. Dans la pratique, on composait souvent une juridiction comprenant les consuls des différentes
parties et on appliquait au litige une législation convenue entre lesdits consuls ;
36
III. Evolution historique de la justice au Maroc
A. La période antérieure au protectorat

 Lorsque le litige opposait un marocain musulman à un étranger, la juridiction compétente est celle de la partie défenderesse,
tout en privilégiant les étrangers :
 Si l’étranger était demandeur, il devait saisir la juridiction marocaine, mais le juge marocain était assisté du consul
étranger ;
 Si le marocain était demandeur, il devait s’adresser au consul du pays dont le défendeur porte la nationalité. Le ressortissant
marocain était alors assisté d’un juge marocain ou de son représentant.
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III. Evolution historique de la justice au Maroc
B. La phase du protectorat

Le Maroc était divisé pendant la période du protectorat en trois zones :


 la zone du Sud où la France exerçait, en vertu du traité signé le 30 mars 2012, son protectorat ;
 la zone Nord et du Sahara dominée par l’Espagne ;
 la zone de Tanger soumise à une administration internationale.
A ces trois zones correspondaient trois types d’organisations judiciaires différentes. Et dans chaque zone, les tribunaux
makhzen coexistaient avec les juridictions française, espagnole ou internationale.
38
III. Evolution historique de la justice au Maroc
B. La phase du protectorat

1. L’organisation judiciaire dans la zone sous protectorat français


Dans cette zone, qui est la plus importante, on retrouvait les tribunaux anciens (a) et les tribunaux français dits aussi
modernes (b).
a. Les tribunaux anciens
 Il s’agit des juridictions qui existaient bien avant le protectorat, à savoir les tribunaux chrâa ou du qadi, les
tribunaux des pachas et caïds et les tribunaux confessionnels rabbiniques. Ces différents tribunaux, compétents en
matières civile, pénale et commerciale quand il s’agit des litiges opposant des marocains, étaient chapeautés par le
haut tribunal chérifien.
 L’administration exerçait son autorité sur ces tribunaux via les pachas et caïds qui représentaient le pouvoir central.
 Il est à signaler aussi que des tribunaux coutumiers avaient été créés en 1930 avec pour vocation de traiter les litiges
sur la base de la coutume en zones amazighes. Cependant, ces juridictions étaient contestées par le mouvement
national qui reprochait au protectorat de vouloir soustraire une frange de la population à la loi musulmane et semer
ainsi la division parmi les marocains (le fameux dahir berbère).
39
III. Evolution historique de la justice au Maroc
B. La phase du protectorat

b. Les tribunaux français


 Les tribunaux français se composaient des tribunaux de paix, des tribunaux de première instance et d’une cour d’appel sise
à Rabat. Ils connaissaient des matières civiles, pénales, commerciales et administratives. Les pourvois en cassation étaient
portés devant la Cour de cassation de Paris.
 Ces tribunaux étaient saisis par tous les plaideurs, quelle que soit leur nationalité, lorsqu’il s’agit d’appliquer le droit
moderne (droit des affaires, droit de la propriété intellectuelle et industrielle, etc.). Ils appliquaient ainsi les textes du
protectorat, dont une partie est publiée en 1913, notamment le DOC, les codes de procédure civile et pénale, le dahir
formant code de commerce, etc.
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III. Evolution historique de la justice au Maroc
B. La phase du protectorat

2. L’organisation judiciaire dans la zone sous occupation espagnole


 A côté des tribunaux préexistant, les espagnoles avaient mis en place dans la zone nord des tribunaux dits « khalifiens » qui
comprenaient, à l’instar de la zone du sud, les tribunaux de paix, les TPI et une cour d’appel installée à Tétouan.
 Ces juridictions organisées sur le modèle espagnol appliquaient des lois inspirées du droit espagnole (procédures civile et
pénale, code des obligations et contrats, code de commerce, etc.). Ces textes datent pour la plupart de 1914.
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III. Evolution historique de la justice au Maroc
B. La phase du protectorat

3. L’organisation judiciaire dans la zone internationale de Tanger


 Cette zone était soumise au régime international fixé par la convention de Tanger du 18 décembre 1923 qui avait été
signée entre la France, l’Espagne et le Royaume-Uni.
 La justice était rendue dans cette zone par une juridiction appelée « tribunal mixte » de Tanger où siégeaient des juges
Français, Espagnoles et Anglais, chargés de traiter les litiges impliquant les ressortissants des puissances étrangères. Cette
juridiction appliquait des textes spéciaux tels que le code sur la condition civile des étrangers dans la zone.
 Cette juridiction a été réformée en 1953 en lui substituant une juridiction qui comprenait un tribunal de paix, un tribunal
criminel et une cour d’appel. Au total, 12 magistrats y siégeaient : 2 français, 2 espagnoles, un britannique, un marocain,
un belge, un italien, un néerlandais, un suédois, un américain et un portugais. Ces juges sont nommés par dahir du Sultan,
sur proposition de leurs gouvernements respectifs.
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III. Evolution historique de la justice au Maroc
C. La phase de l’indépendance

Il est d’usage de scinder cette phase en deux périodes : la première s’étale du recouvrement de l’indépendance à la loi du 26
janvier 1965 relative à l’unification et à l’arabisation des juridictions (1) alors que la deuxième couvre la période postérieure à
ladite loi (2).
1-De l’indépendance à la loi d’unification et d’arabisation
 Le recouvrement de l'indépendance le 3 mars 1956 a eu pour conséquence l’abolition du traité du protectorat français et de
la domination espagnole ainsi que la fin du régime international régissant la zone de Tanger, sans pour autant éliminer la
diversité des juridictions citée ci-dessus. Pour gérer cette situation complexe, le législateur a instauré dans un premier
temps la régionalisation des tribunaux.
 les tribunaux makhzen sont érigés en tribunaux de droit commun composés des tribunaux régionaux et des tribunaux du
sadad. L’ordre administratif (représenté par l’autorité exercée par les Caïds et Pachas) est séparée de l’ordre judiciaire. De
même, les tribunaux coutumiers sont supprimés. Enfin, le haut tribunal chérifien est remplacé en 1957 par la Cour
suprême. Les tribunaux de type français sont devenus des tribunaux modernes.
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III. Evolution historique de la justice au Maroc
C. La phase de l’indépendance

 A Tanger, l’ex-juridiction internationale a fusionné avec le tribunal de droit commun (dahir du 1er avril 1957). De même,
une cour d’appel y est créée. De même, dans la zone du Nord sous domination espagnole, la compétence des tribunaux
khalifiens fut transférée aux juridictions de droit commun (dahir du 12 août 1958). En guise de cour d’appel, le ressort
territorial de la Cour d’appel de Tanger a été étendu pour couvrir tous les tribunaux régionaux du Nord (Tétouan et Nador,
en plus de Tanger) en plus des 12 tribunaux du sadad de la même zone. L’ancienne cour d’appel de Tétouan a été
supprimée.
 Malgré l’importance de cet effort de réaménagement du système judiciaire, la dualité de celui-ci (coexistence des
juridictions de droit commun avec celles dites modernes) n’a pu être évitée. Il a fallu ainsi attendre l’avènement de la
réforme de 1965 pour se lancer dans l’œuvre d’unification et d’arabisation de la justice.
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III. Evolution historique de la justice au Maroc
C. La phase de l’indépendance

 La loi du 26 janvier 1965 fut la première loi d’envergure votée par le Parlement marocain. Son article premier dispose que
« sont unifiés, en vertu de la présente loi, sur l’ensemble du territoire du Royaume, toutes les juridictions
marocaines, à l’exception du tribunal militaire et de la haute cour de justice mentionnée au titre VII de la
Constitution ».
 Le système judiciaire ainsi unifié comprend désormais : les tribunaux du sadad, les tribunaux régionaux, les cours d’appel
et la cour suprême (article 2 de la loi susmentionnée).
 Les affaires rabbiniques sont en premier ressort de la compétence des tribunaux du sadad et en second ressort des tribunaux
régionaux. Ainsi les tribunaux modernes, les tribunaux du chrâa et les tribunaux rabbiniques ont été définitivement intégrés
dans les tribunaux de droit commun (sadad et régionaux).
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III. Evolution historique de la justice au Maroc
C. La phase de l’indépendance

 Les tribunaux du sadad ont remplacé les tribunaux de paix (l’équivalent des juridictions de proximité dans la configuration
actuelle). Ils connaissaient des statuts personnels (musulmans et israélites en plus des affaires civiles. Les tribunaux
régionaux, qui ont absorbé les anciens tribunaux de première instance, constituent les véritables tribunaux de droit
commun.
 Cette organisation judiciaire a été complétée par le décret royal du 3 juillet 1967 qui a instauré les tribunaux sociaux pour
se substituer aux tribunaux du travail qui furent institués par un dahir du 30 décembre 1957 en remplacement des Conseils
de prud’homme dont l’institution remontait à 1929.
 En plus de l’œuvre d’unification, la loi du 26 janvier 1965 a institué la marocanisation et l’arabisation de la justice. A ce
titre, l’article 4 de ladite loi disposait que « nul ne peut exercer les fonctions de magistrat auprès des juridictions
marocaines s’il n’est de nationalité marocaine ». De même, l’article 5 ajoutait que « seule la langue arabe est admise
devant les tribunaux marocains, tant pour les débat et les plaidoiries que pour la rédaction des jugements ».
46
III. Evolution historique de la justice au Maroc
C. La phase de l’indépendance

2. La réforme de juillet 1974 et les réformes postérieures


Le système judiciaire a subi en 1974 une réforme d’envergure avec la publication de nouveaux textes relatifs à l’organisation
judiciaire, à la procédure civile, ainsi que des dispositions transitoires en matière de procédure pénale.
Les principaux apports de cette réforme majeure et néanmoins inattendue, sont :
 la substitution des juridictions communales et d’arrondissement (voir chapitre II) aux tribunaux du sadad ;
 le retour de l’ancienne appellation « tribunaux de première instance » qui remplace désormais la dénomination «
tribunaux régionaux » et leur nombre a été augmenté passant de 16 à 54 ;
 la généralisation du principe du juge unique au niveau des tribunaux de première instance.
47
III. Evolution historique de la justice au Maroc
C. La phase de l’indépendance

 Il a fallu attendre 1993 pour assister à une autre réforme de taille, à savoir la création des tribunaux administratifs institués
par la loi n° 41.90. La chambre administrative de la Cour suprême statuait en appel des jugements de ces tribunaux,
jusqu’à la création des Cour d’appel administrative en 2008, régis par la loi n° 80.03. Dans le même mouvement, des
juridictions de commerce ont été instituées en 1998 par la loi n° 53.95.
 Une autre réforme importante est intervenue avec la suppression de la Cour spéciale de justice, qui était spécialisée dans
les affaires de corruption, détournement et dilapidation des fonds publics et la concussion. Les attributions de cette
juridiction d’exception ont été transférées aux sections financières instituées au sein de quatre cours d’appel.
 En août 2012, la loi n° 42.10 est venue changer la donne en remplaçant les juridictions communales et d’arrondissements
par les juridictions de proximité. Celles-ci ont la particularité d’être confiée à des juges de carrière au lieu des juges non
professionnels qui siégeaient dans les juridictions communales et d’arrondissement. Par la même réforme, des chambres
d’appel sont créées au sein des TPI pour statuer en appel sur les jugements des TPI dont le montant ne dépasse pas 20.000
dirhams
48
III. Evolution historique de la justice au Maroc
C. La phase de l’indépendance

Signalons enfin qu’un projet de loi régissant l’organisation judiciaire est en cours d’examen au Parlement. Ledit projet
constitue une véritable refonte de la loi en vigueur. Il apporte des aménagements substantiels à l’organisation judiciaire,
notamment :
 la suppression des chambres d’appel créées au sein des TPI ;
 la création de sections spécialisées en matière administrative et de commerce au sein des TPI, ayant les mêmes
compétences que celles reconnues aux tribunaux administratifs et des tribunaux de commerce, pour davantage de proximité
;
 unification du parquet au niveau des juridictions de premier degré, sous la supervision du TPI ;
 extension du périmètre des affaires soumises au juge unique en matière de la famille ;
 Le projet rationalise également l’exercice des recours pour exception d’incompétence matérielle (le tribunal y statue par
jugement séparé non susceptible de recours) et précise un certain nombre de droits des justiciables ainsi que les règles
d’organisation et de fonctionnement en interne des tribunaux.
49
Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence

 L’organisation judiciaire du pays est régie par le dahir portant loi n° 1-22-38 du 30 juin 2022. Ce texte a subi une dizaine
d’amendements dont le dernier est apporté par la loi n° 38.15.
 Le système juridictionnel marocain repose sur le principe de l’unité de juridiction, dans la mesure où il est chapeauté par la
Cour de Cassation. Il comprend des juridictions de droit commun et d’autres spécialisées (les juridictions administratives et
celles de commerce).
 Certains auteurs le qualifient de semi-dualiste puisque l’ordre juridictionnel administratif (composé des tribunaux
administratifs et des cours d’appel administratifs) n’est pas parachevé par le Conseil d’Etat à l’instar des systèmes dualistes
où il existe deux ordres juridictionnels (l’ordre judiciaire et l’ordre administratif) avec un tribunal des conflits qui traite des
conflits de compétence entre ces derniers.
50
Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence

 Au terme du dahir précité, l’organisation judiciaire du pays comprend ce qui suit:


 Les tribunaux de première instance (au nombre de 84; nouveau TPI à Boujdour) ;
 Les Cours d’Appel (au nombre de 23 ; nouvelle CA à Guelmim);
 Les tribunaux administratifs (au nombre de 9, situés à Rabat, Casablanca, Fès, Marrakech, Meknès, Agadir, Oujda,
Laayoune, Dakhla ) ;
 Les tribunaux de commerce (10 tribunaux, situés à Rabat, Casablanca, Tanger, Fès, Marrakech, Meknès, Agadir, Oujda,
Laayoune, Dakhla); Les cours d'appel administratives 2 (situées respectivement à Rabat et Marrakech) ;
 Les cours d'appel de commerce 3 (situées à Casablanca, Fès et Marrakech);
 La Cour de Cassation (dénommée auparavant Cour Suprême).
 Le siège, le ressort et les effectifs de ces juridictions sont fixés par décret.
 Le dahir régissant l’organisation judiciaire n’intègre ni la cour constitutionnelle ni le tribunal des forces armées
royale ni les juridictions financières.
51
Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

Nous traiterons sous cette section les TPI et les Cours d’Appel
I- Les Tribunaux de Première Instance (TPI)
1. Organisation
 Chaque tribunal de première instance comprend :
 Un président, des juges dont certains peuvent assurer des fonctions de vice-président et des juges suppléants ;
 Un ministère public composé d’un procureur du Roi et d’un ou plusieurs substituts ;
 Un greffe ;
 Un secrétariat du parquet.
52
Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

 Ces tribunaux peuvent être divisés suivant la nature des affaires qu'ils connaissent en « sections des affaires de la famille
, sections des juridictions administratives et commerciales », « chambre des juridictions de proximité » et en
chambres : civile, commerciale, immobilière, sociale et pénale. Chacune des chambres peut comprendre un ou plusieurs
magistrats. Toutefois, toute chambre peut valablement instruire et juger, quelle qu’en soit la nature, les affaires soumises
au tribunal.
 Le Ministre de la justice peut détacher, dans des localités situées dans le ressort des TPI, un ou plusieurs magistrats pour
exercer à titre permanent et ce, pour une meilleure administration de la justice. Ces magistrats sont appelés juges
résidents.
 Les centres de juges résidents ne sont pas des juridictions autonomes mais font partie intégrante des TPI.
 Les tribunaux de première instance peuvent être qualifiés selon le type d’affaires dont ils connaissent en « TPI civils », «
TPI sociaux » et « TPI pénaux ». Cette solution est mise en place à Casablanca pour une meilleure gestion du service de
la justice.
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

- Mise en place d’un bureau d’assistance sociale :


 Conciliation et médiation conventionnelle pour plus de rapidité, efficacité et efficience (art 13)
 Enquêtes sociales
 Suivi d’application des peines
 Suivi de l’état des victimes de crimes
 Suivi de l’état des femmes victimes de violences
 Accueil, suivi et direction des groupes spéciaux
 Visite des établissements pénitentiaires
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

- Mise en place d’un bureau du TPI chargé de programmer l’organisation de travail des juridictions durant l’année judiciaire :
Composition :
 Ministère Public et ses substitués
 Substitués du Président du TPI
 Président de la chambre de famille et des autres chambres
 Juge le plus ancien
 Juge le plus jeune
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

 Les TPI civils sont divisées en chambres de justice de proximité, chambres civiles, chambres commerciales et chambres
immobilières et des sections des juridictions administratives et commerciales .
 Les TPI sociaux comprennent des sections des affaires de la famille, des chambres des accidents de travail et maladies
professionnelles et des chambres des litiges de travail.
 Quant aux TPI pénaux, ils sont structurés en chambres des juridictions de proximité, chambres correctionnelles,
chambres des accidents de circulation et chambres des mineurs.
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Modernisation du système judiciaire
 Accès à la justice :
 Amélioration des conditions d’accueil des justiciables, communication avec une langue comprises par l’ensemble de ces
derniers
 Facilité d’accès aux informations juridiques par des plateformes mises à jour (adala justice, mahakim, justice gov…)
 Suivi des procédures judiciaires à distance en informatisant les procédures et les formalités judiciaires
 Adopter l’administration électronique des affaires en vue d’accélérer les formalités et les procédures judiciaires ;
 Adopter les moyens de communication à distance pour exécuter les commissions rogatoires et entendre les témoins en
prévoyant les dispositions juridiques nécessaires pour conférer la force probante aux formalités accomplies moyennant la
communication à distance.
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 Mise en place d’une approche participative comprenant deux comités :


 Comité de recherche des difficultés du déroulement de travail des juridictions composé de responsables
judiciaires et administratifs et du bâtonnier de barreau de la ville concernée;
 Comité de coordination composé de responsables judiciaires et administratifs et de représentants des
intérêts décentralisés du pouvoir judiciaire (art 24)
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 Mise en œuvre du rôle des bureaux d’assistance sociale (art 50)


 Organisations des décisions contraires (art 16)
 Mise en place de l’Assemblée Générale des TPI et CA qui se réunit en mi-décembre de chaque année et se
compose de : tous les juges de jugement, du Ministère Public et présidée par le Président de chaque
juridiction, sauf pour les juridictions administratives dont l’Assemblée est présidée par un Commissaire
judiciaire.
 Une demande est envoyée à tous les membres 8 jours au moins avant la réunion de l’Assemblée réunissant
au moins la moitié des membre sous peine de nullité
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

2. Compétence des TPI: les TPI ont une compétence générale :


 C’est une compétence générale qui s’étend à toutes les affaires civiles, immobilières, pénales et sociales. Toutes les questions
relatives au statut personnel, familial et successoral relèvent également de la compétence du tribunal de première instance, que ces
questions mettent en cause des nationaux musulmans ou israélites ou des étrangers.
 Les TPI sont compétents soit en premier et dernier ressort, soit à charge d’appel, dans les conditions déterminées par les codes de
procédure civile et pénale, et, le cas échéant, par des textes particuliers.
 En matière civile, ces tribunaux statuent en premier et dernier ressorts lorsque le montant du litige est égal ou inférieur à 5000
dirhams. Dans ce cas l’appel est exclu, mais la décision peut toujours faire l’objet d’un pourvoi en cassation. Si la valeur du litige
est supérieure à ce montant ou si elle est indéterminée, le tribunal statue uniquement en premier ressort, à charge d’appel.
 En matière pénale, les tribunaux de première instance sont compétents pour juger les contraventions et les délits. En revanche, les
crimes relèvent de la compétence de la Cour d’Appel.
 Création des sections des juridictions administratives et des juridictions commerciales.
60
Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

3. Fonctionnement des TPI:


Le TPI peut siéger en formation collégiale ou en juge unique, selon les cas. La présence du représentant du ministère public est
obligatoire dans certains cas.
a. Formation des audiences
En règle générale, les TPI siègent à juge unique avec l'assistance d'un greffier dans les affaires suivantes:
 Demandes personnelles
 Responsabilité délictuelle
 Paiements
 Litiges, accidents de travail et maladies professionnelles ;
 Divorce consensuel
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 Pension alimentaire
 Pension de la garde
 Visite de la personne gardée
 Retour au foyer conjugal
 Etat civil
 Affaires délictuelles dont les condamnés sont en état de liberté
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Néanmoins, les TPI siègent en présence de trois juges dont un président, avec l'assistance d'un greffier, sous réserve
des compétences dévolues au président du tribunal en vertu de textes particuliers, dans les actions suivantes :
 actions de statut personnel et de successions à l'exception de la pension alimentaire, du divorce consensuel;
 actions immobilières de droits réels et mixtes ;
 actions de conflits de travail ;
 délits sanctionnés par une peine d'emprisonnement supérieure à deux ans et dont la compétence est dévolue par
le code de procédure pénale au TPI.
 Affaires commerciales ;
 Affaires administratives ;
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

 Lorsqu'il apparaît au juge unique que l'une des demandes principale, reconventionnelle ou en compensation relève de la
compétence de la formation collégiale ou se rapporte à une action ayant un lien de connexité avec une action en cours
devant cette formation, il se dessaisit de l'ensemble de l'affaire par décision gracieuse.
 Le président du TPI est chargé de la transmission du dossier de l'affaire à la formation collégiale.
 Lorsqu'il statue en matière de conflit du travail, le tribunal est assisté par quatre assesseurs dont le mode de désignation
est fixé par décret.
b. Présence du représentant du Ministère Public
 La présence du représentant du ministère public est obligatoire à l'audience pénale, à peine de nullité de la procédure et
du jugement.
 En toute autre matière, cette présence est facultative, sauf dans les cas prévus par le code de procédure civile, notamment
lorsque le ministère public est partie principale et dans toutes autres hypothèses prévues par un texte particulier
 Le Ministère Public ne participe pas aux délibérations durant le jugement
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

2. Les sections des affaires de la famille :

 Après la publication du code de la famille, des sections des affaires de la famille ont été créées au sein des TPI pour
connaître, exclusivement, des affaires de la famille.
 Ces sections connaissent des affaires de statut personnel, des successions, de l’état civil, des affaires d’homologation et des
mineurs, de la kafala et de tout ce qui a trait à la sauvegarde et la protection de la famille.
 Les affaires relatives au statut personnel des marocains de confession juive sont soumis aux règles du statut personnel
hébraïque marocain, un Magistrat rabbinique statue sur ces affaires..
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

3. Les juridictions de proximité :


Les juridictions de proximité sont instituées dans le ressort des tribunaux de première instance et leur compétence territoriale se
répartit comme suit :
 les chambres des juridictions de proximité instituées au sein des TPI et dont la compétence territoriale englobe les
collectivités locales situées dans le ressort de ces tribunaux ;
 les chambres des juridictions de proximité créées au sein des centres du juge résident (ou siégeant) et dont la compétence
territoriale englobe les collectivités locales situées dans le ressort du centre du juge résident.
 Lesdites chambres se composent d'un ou plusieurs juges et d'agents de greffe ou de secrétariat.
 Elles siègent par un juge unique assisté d'un greffier, hors la présence du ministère public.
 Pour davantage de proximité, des audiences foraines peuvent être tenues dans l'une des collectivités situées dans le ressort
territorial de la section des juridictions de proximité en vue de connaître des affaires relevant de leur compétence.
 Possibilité de tenir des audiences mobiles dans le ressort territorial de de la juridiction compétente (art 52)
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

 L'assemblée générale désigne des magistrats qui exercent dans les tribunaux de première instance et dans les centres du juge
résident, chargés de statuer sur les affaires relevant de la compétence des juridictions de proximité.
 En cas d’absence du juge de proximité ou d'un empêchement juridique lui interdisant de statuer sur la demande, le président du
tribunal de première instance ou son dévolutaire charge un magistrat de suppléer audit juge.
a. Compétences des juridictions de proximité et procédure applicable
 Les règles de compétence et de procédure tant civiles que pénales devant les chambres des juridictions de proximité sont celles
fixées par la loi n° 42.10 régissant celles-ci, sauf lorsqu’une loi spéciale en dispose autrement. Sont également applicables, les
dispositions du code de procédure civile et du code de procédure pénale à moins qu'elles ne soient contraires aux dispositions de
la loi susmentionnée.
 Pour faciliter l’accès à ces juridictions, la procédure devant elles est orale, gratuite et exempte de toutes taxes judiciaires. Les
audiences sont publiques. Les jugements sont consignés sur un registre spécial et revêtus de la formule exécutoire. Ils doivent être
rédigés avant leur prononcé et une copie est délivrée aux intéressés, dans un délai de 10 jours à compter de la date du prononcé.
Lorsqu'un jugement est rendu en présence des parties, mention en est faite dans le procès-verbal de l'audience.
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

 Le juge informe les parties de leur droit à un recours en annulation du jugement devant le président du tribunal de première
instance dans un délai de 8 jours à compter de la date de notification du jugement, et ce, dans les cas suivants :
 si le juge de proximité n'a pas respecté sa compétence rationae personae ;
 s'il n'a pas effectué la tentative de conciliation prévue à l'article 12 de la loi 42.10 ;
 s'il a été statué sur chose non demandée ou adjugé plus qu'il n'a été demandé ou s'il a été omis de statuer sur un chef de demande ;
 s'il a statué alors que l'une des parties l'avait récusé à bon droit ;
 s'il a statué sans s'être assuré au préalable de l'identité des parties ;
 s'il a condamné le défendeur sans avoir la preuve qu'il avait été touché de la notification ou de la convocation ;
 si, dans une même décision, il y a des dispositions contraires ;
 si, dans le cours de l'instruction de l'affaire, il y a eu dol.
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

 Le président statue sur la demande dans un délai de quinze jours suivant la date de son dépôt, hors la présence des parties, sauf s'il
juge nécessaire la convocation de l'une des parties pour présenter des éclaircissements ; dans tous les cas, il statue dans le délai
d'un mois.
 Ce jugement n'est susceptible d'aucune voie de recours.
b. Compétence et procédure des juridictions de proximité en matière civile
 Le juge de proximité connaît de toutes les actions personnelles et mobilières dont la valeur n'excède pas cinq mille dirhams, à
l’exception des litiges relatifs au statut personnel, à l'immobilier, aux affaires sociales et aux expulsions.
 Si le demandeur procède à un fractionnement des droits qui lui sont dus afin de bénéficier de ce que lui confère la présente loi, il
ne sera accédé qu'à ses demandes initiales.
 Si la partie défenderesse formule une demande reconventionnelle, celle-ci ne s'ajoute pas à la demande principale pour le calcul de
la valeur du litige et le juge demeure compétent pour le tout.
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

 Dans le cas où la demande reconventionnelle excède la valeur de compétence des juridictions de proximité, le demandeur
reconventionnel est invité à se mieux pourvoir.
 Le juge de proximité est saisi par une requête écrite ou par une déclaration orale reçue par le greffier qu'il consigne dans un procès-
verbal qui prévoit l'objet de la demande et les motifs invoqués, conformément à un modèle établi à cet effet qu'il signe avec le
demandeur.
 Si le défendeur est présent, le juge lui expose le contenu de la demande. S'il n'est pas présent, la requête du demandeur ou une
copie du procès-verbal lui est notifiée immédiatement sur ordre du juge. Cette notification comporte convocation à l'audience qui
ne devrait pas être éloignée de plus de huit jours.
 Le juge de proximité procède, obligatoirement, avant l'examen de l'action, à une tentative de conciliation. Si elle a lieu, il est
procédé à l'établissement d'un procès-verbal par lequel le juge constate cette conciliation.
 Si la tentative de conciliation échoue, il statue, sur le fonds, dans un délai de 30 jours, par un jugement non susceptible d'aucune
voie de recours ordinaire ou extraordinaire, sous réserve des cas de recours en annulation susmentionnés
70
Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

c. Compétence et procédure des juridictions de proximité en matière des contravention s


 Le juge de proximité est compétent pour connaître des contraventions, prévues dans la loi n° 42.10 ; commises par des personnes
majeures, sauf à avoir une qualification plus sévère lorsqu'elles sont commises dans la circonscription sur laquelle le juge exerce
sa juridiction ou lorsque l'auteur y est domicilié.
 L'action publique est mise en mouvement par le ministère public qui transmet au juge de proximité les procès-verbaux dressés par
la police judiciaire ou par les agents chargés à cet effet.
 Les juridictions de proximité peuvent statuer sur les demandes civiles en réparation de préjudice, dans le cadre des actions
publiques accessoires, et ce, dans la limite de la compétence rationae personae susvisée.
 Lorsque le juge de proximité se déclare incompétent pour statuer sur l'action publique, il renvoie immédiatement l'affaire devant
le ministère public.
 Quant à la notification et à l'exécution des sentences, elles sont assurées par l'autorité administrative locale. Toutefois, des
huissiers de justice peuvent être chargés, à la demande du bénéficiaire, de la notification et de l'exécution de ces jugements.
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

3. Sections des juridictions Commerciales :


 Les JC ont compétence pour juger de l’ensemble des litiges commerciaux. La compétence territoriale appartient au tribunal
de cette résidence. Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître : :
 des actions relatives aux contrats commerciaux ;
 des actions entre commerçants à l’occasion de leurs activités commerciales ;
 des actions relatives aux effets de commerce ;
 des différends entre associés d’une société commerciale ;
 des différends relatifs aux fonds de commerce.
 Plus généralement, les TC sont compétents pour connaître des litiges portant sur les actes accomplis par les commerçants à
l’occasion de leur commerce et de l’ensemble des litiges commerciaux qui comportent un objet civil.
Les TC sont compétents pour connaître des demandes dont le principal excède la valeur de vingt mille dirhams (20.000 DH).
 Entre également dans la compétence des présidents des TC la surveillance des formalités du registre du commerce. A cet
effet, ils peuvent chaque année désigner un juge responsable du registre de commerce.
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

4. Sections des juridictions Administratives :

les recours en annulation pour excès de pouvoir formés contre les décisions des autorités administratives ;
les litiges relatifs aux contrats administratifs ;
 les actions en réparation de dommages causés par les actes ou les activités des personnes publiques les litiges nés à
l’occasion de l’application de pensions et du capital décès des agents de l’Etat, des collectivités locales, des établissements
publics et du personnel de l’administration de la Chambre des Représentants et de la Chambre des Conseillers ;
 les contentieux fiscaux ;
les litiges électoraux ;
 la légalité des actes administratifs.
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

4. Sections des juridictions Administratives :

Par dérogation aux règles de la compétence territoriale, le tribunal administratif de Rabat statue sur deux sortes de litiges, quel
que soit le domicile du défendeur. Est porté devant lui :
 le contentieux relatif à la situation individuelle des plus hauts responsables administratifs, ceux qui sont nommés par dahir
ou par décret ;
 le contentieux qui a pris naissance à l’étranger ou en haute mer et plus généralement en tout lieu qui n’est pas inclus dans
le ressort d’un tribunal administratif.
 Les jugements des tribunaux administratifs sont portés en appel devant les cours d’appel administratives. Avant la création
de celles-ci, c’était la chambre administrative de la Cour Suprême qui assure cette fonction.
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

II. Les cours d’appel :


 La loi n° 1-22-38 du 30 juin 2022 relative à l’organisation judiciaire du Royaume fixe l’organisation et la composition des Cours
d’appel (CA).
 Les CA comprennent, sous l’autorité du Premier Président et suivant leur importance, un certain nombre de chambres spécialisées
dont une chambre de statut personnel et successoral et une chambre criminelle. Toutefois, toute chambre peut valablement instruire
et juger, quelle qu’en soit la nature, les affaires soumises à ces cours.
 Elles comportent également un ministère public composé d’un Procureur Général du Roi et de substituts généraux, un ou plusieurs
magistrats chargés de l’instruction, un ou plusieurs magistrats chargés des mineurs, un greffe et un secrétariat du parquet général.
 En toute matière, l’audience est tenue et les arrêts rendus par un collège de trois Conseillers assistés d’un greffier, sauf si la loi en
dispose autrement.
 Création des sections d’appel des juridictions administratives et des juridictions commerciales.
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun
 La chambre criminelle siège, en raison de la gravité des affaires qui lui sont confiées, avec cinq Conseillers, un président de
chambre et quatre conseillers.
 Les CA, juridictions du second degré, examinent une seconde fois les affaires déjà jugées en premier ressort par les TPI. Elles
connaissent donc des appels des jugements rendus par ces tribunaux ainsi que des appels des ordonnances rendues par leurs
présidents.
 Les chambres criminelles des CA constituent des formations particulières, compétentes pour juger des crimes en premier et dernier
ressort.
 Mise en place d’un bureau d’assistance sociale :
 Conciliation et médiation conventionnelle
 Enquêtes sociales
 Suivi d’application des peines
 Suivi de l’état des victimes de crimes
 Suivi de l’état des femmes victimes de violences
 Accueil, suivi et direction des groupes spéciaux
 Visite des établissements pénitentiaires
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 Mise en place d’un bureau de la CA chargé de programmer l’organisation du travail des


juridictions d’appel durant l’année judiciaire
 Composition :
 PGR et ses substitués
 Substitués du Président de la CA
 Présidents des chambres
 Ancien conseiller
 Conseiller le plus jeune
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III. La Cour de cassation :


 La Cour de cassation (CC) a été créée au lendemain de l’indépendance par le dahir n° 157-223 (2 Rabia I 1377)
du 27 septembre 1957.
 Elle est placée au sommet de la hiérarchie judiciaire et coiffe toutes les juridictions de fond du Royaume. Son
organisation et sa compétence sont déterminées par la loi 38.15 (Dahir 1-22-38 du 30 juin 2022) fixant
l’organisation judiciaire du Royaume, le Code de procédure civile, certaines dispositions du Code de procédure
pénale et du Code de la justice militaire.
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

 La CC est présidée par un Premier Président. Le ministère public y est représenté par le Procureur Général du Roi assisté
d’Avocats généraux.
 Elle comprend des présidents de chambre et des conseillers, ainsi qu’un greffe et un secrétariat du parquet général.
 La CC comprend sept chambres : une chambre civile (dite première chambre), une chambre de statut personnel et successoral,
une chambre commerciale, une chambre administrative, une chambre sociale, une chambre immobilière (art 86) et une
chambre pénale. Chaque chambre est présidée par un président de chambre et ne peut être divisée en sections car ces dernières
ont été remplacées par les chambres. Toute chambre peut valablement instruire et juger, quelle qu’en soit la nature, les affaires
soumises à la Cour.
 La CC est une juridiction collégiale. a ce titre, les audiences sont tenues et les arrêts rendus par cinq magistrats. Dans certains cas,
cette collégialité est renforcée et les arrêts sont rendus par deux chambres réunies et dans certaines affaires, par toutes les chambres
réunies en assemblée plénière.
 Les attributions de la CC sont nombreuses et diversifiées. La loi a cependant limité son rôle à l’examen des seules questions de
droit : elle contrôle la légalité des décisions rendues par les juridictions de fond et assure ainsi l’unité d’interprétation
jurisprudentielle.
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section 1. Les juridictions de droit commun

 La Cour de cassation statue sur :


 les pourvois en cassation formés contre les décisions rendues en dernier ressort par toutes les juridictions du Royaume ;
 les recours formés contre les décisions par lesquelles les juges excèdent leurs pouvoirs ;
 les règlements de juges entre juridictions n’ayant au-dessus d’elles aucune juridiction supérieure commune autre que la Cour
Suprême ;
 les prises à partie contre les magistrats et les juridictions autres que la Cour Suprême ;
 les instances en suspicion légitime ;
 les dessaisissements pour cause de sûreté publique ou de bonne administration de la justice ;
 les appels contre les décisions des tribunaux administratifs comme juridiction du second degré (avant l’institution des cours
d’appels administratives en septembre 2006);
 en premier et dernier ressort, sur les recours en annulation pour excès de pouvoir, dirigés contre les actes réglementaires ou
individuels du Chef du gouvernement, et les recours contre les décisions des autorités administratives, dont le champ d’application
s’étend au-delà du ressort territorial d’un tribunal administratif.
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Mise en place d’un bureau de la CA chargé de programmer l’organisation du travail des juridictions d’appel durant l’année
judiciaire
Composition :
 PGR et ses substitués
 Substitués du Président de la CC
 Présidents des chambres
 Ancien conseiller
 Conseiller le plus jeune
 1er avocat général
 Le plus ancien avocat général
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section II. Les juridictions spécialisées :

Les juridictions spécialisées comprennent les tribunaux administratifs et ceux de commerce :


I. Tribunaux administratifs
 Les tribunaux administratifs (TA) sont régis par la loi 41-90 promulguée par le dahir n° 1-91-225 (22 rabia I 1414) du 10
septembre 1993. Elles sont au nombre de 7 et installés dans les principales régions du Royaume.
 Leurs magistrats relèvent du statut de la magistrature mais font l’objet d’un recrutement et d’une formation adaptés à leur fonction.
Leurs assemblées générales définissent leur mode de fonctionnement interne.
 La juridiction est collégiale. Les audiences sont tenues et les jugements rendus par trois magistrats. Lorsque le volume des affaires
le rend nécessaire, le tribunal peut être divisé en sections spécialisées dans certains types d’affaires.
 Le Président du TA désigne parmi les magistrats du tribunal et sur proposition de l’assemblée générale du tribunal, pour une
période de deux ans, un ou plusieurs commissaires royaux de la loi et du droit.
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section II. Les juridictions spécialisées :

 Ces commissaires doivent présenter, en toute indépendance, à l’audience, des conclusions sur chaque affaire. Ils contribuent à
éclairer le tribunal sur le droit applicable et proposent des solutions. Ils ne prennent pas part au jugement. Ils ne sont pas chargés de
défendre l’administration, mais doivent présenter une analyse objective et équilibrée de l’ensemble des éléments de l’affaire et
guider le tribunal vers une décision équitable et juridiquement correcte.
Les TA sont compétents pour juger en premier ressort :
 les recours en annulation pour excès de pouvoir formés contre les décisions des autorités administratives ;
 les litiges relatifs aux contrats administratifs ;
 les actions en réparation de dommages causés par les actes ou les activités des personnes publiques les litiges nés à l’occasion de
l’application de pensions et du capital décès des agents de l’Etat, des collectivités locales, des établissements publics et du
personnel de l’administration de la Chambre des Représentants et de la Chambre des Conseillers ;
 les contentieux fiscaux ;
 les litiges électoraux ;
 la légalité des actes administratifs.
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section II. Les juridictions spécialisées :

Par dérogation aux règles de la compétence territoriale, le tribunal administratif de Rabat statue sur deux sortes de litiges, quel
que soit le domicile du défendeur. Est porté devant lui :
 le contentieux relatif à la situation individuelle des plus hauts responsables administratifs, ceux qui sont nommés par dahir
ou par décret ;
 le contentieux qui a pris naissance à l’étranger ou en haute mer et plus généralement en tout lieu qui n’est pas inclus dans
le ressort d’un tribunal administratif.
 Les jugements des tribunaux administratifs sont portés en appel devant les cours d’appel administratives. Avant la création
de celles-ci, c’était la chambre administrative de la Cour Suprême qui assure cette fonction.
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section II. Les juridictions spécialisées :

II. Les juridictions de commerce :


 Les juridictions de commerce (JC) ont été créées par la loi n° 53-95 du 6 janvier 1997, promulguée par le dahir n° 1.97.65
du 12 février 1997. Ces juridictions fonctionnent depuis mai 1998.
 Les juridictions commerciales comprennent d’une part les tribunaux de commerce (TC) et d’autre part, les cours d’appel
de commerce (CAC).
 Les TC sont actuellement au nombre de dix (Rabat, Casablanca, Fès, Tanger, Marrakech, Agadir, Oujda et Meknès) et les
CAC au nombre de trois (Casablanca, Fès et Marrakech).
 Les magistrats du siège et du parquet des JC sont tous des magistrats professionnels intégrés au « corps unique de la
magistrature ».
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section II. Les juridictions spécialisées :

Chaque TC comprend :
 un président, des vices présidents et des magistrats ;
 un ministère public composé du procureur du Roi et de un ou plusieurs substituts ;
 un greffe et un secrétariat du ministère public.
 Les audiences des TC sont tenues et les jugements rendus par trois magistrats, dont un président, assistés d’un greffier.
Les CA comprennent :
 un Premier Président, des Présidents de chambre et des conseillers ;
 un ministère public composé d’un Procureur général du Roi et de substituts ;
 un greffe et un secrétariat du ministère public.
 Comme les TC, les CAC peuvent être divisées en chambres et chacune d’entre elles peut instruire et juger les affaires soumises à la
Cour.
 Les audiences des CAC sont tenues et les arrêts rendus par trois Conseillers, dont un Président, assistés d’un greffier.
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section II. Les juridictions spécialisées :

 Les JC ont compétence pour juger de l’ensemble des litiges commerciaux. La compétence territoriale appartient au tribunal de
cette résidence. Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître : :
 des actions relatives aux contrats commerciaux ;
 des actions entre commerçants à l’occasion de leurs activités commerciales ;
 des actions relatives aux effets de commerce ;
 des différends entre associés d’une société commerciale ;
 des différends relatifs aux fonds de commerce.
 Plus généralement, les TC sont compétents pour connaître des litiges portant sur les actes accomplis par les commerçants à
l’occasion de leur commerce et de l’ensemble des litiges commerciaux qui comportent un objet civil.
 Les TC sont compétents pour connaître des demandes dont le principal excède la valeur de vingt mille dirhams (20.000 DH).
 Entre également dans la compétence des présidents des TC la surveillance des formalités du registre du commerce. A cet effet, ils
peuvent chaque année désigner un juge responsable du registre de commerce.
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section II. Les juridictions spécialisées :

Le registre de commerce :
 Le registre de commerce du Royaume est régi par la loi n° 15-95, promulguée par dahir n°1-96-83 du 15 Rabii 1417 (1 août 1996)
formant Code de commerce.
 Les textes essentiels pris en application de la loi n° 15-95 sont les suivants :
 le décret n° 2-96-906 du 18 janvier 1997 pris pour l’application du chapitre II relatif au registre de commerce du titre IV du livre
premier de la loi n° 15-95 formant Code de commerce ;
 l’arrêté du Ministre de la Justice n° 106-97 du 18 janvier 1997 définissant les formulaires de la déclaration d’inscription au
registre de commerce et fixant la liste des actes et pièces justificatifs devant accompagner ladite déclaration.
 Les registres locaux de commerce reçoivent les demandes d’immatriculation et inscrivent toutes les personnes physiques et
morales, marocaines ou étrangères, exerçant une activité commerciale au Royaume du Maroc.
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section II. Les juridictions spécialisées :

En outre, sont également soumis à l’obligation d’immatriculation :


 toute succursale ou agence d’entreprise marocaine ou étrangère ;
 toute représentation commerciale ou agence commerciale des Etats, collectivités ou établissements publics étrangers ;
 les établissements publics marocains à caractère industriel ou commercial, soumis par leur statut à l’immatriculation au registre du
commerce ;
 tout groupement d’intérêt économique.
 Le registre central de commerce a pour rôle de :
 centraliser les renseignements mentionnés dans les divers registres locaux ;
 protéger les noms commerciaux par la tenue d’un registre recensant les noms commerciaux et enseignes. Un certificat négatif
constatant l’absence d’antériorité de la dénomination commerciale proposée est exigé lors des immatriculations ;
 communiquer l’ensemble des informations sur les noms des commerçants, les dénominations sociales et les enseignes .
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Chapitre II. Les juridictions : organisation et compétence
Section II. Les juridictions spécialisées :

 Le registre central de commerce a l’obligation de transcrire sans délai les mentions qui lui sont transmises par les secrétaires
greffiers des registres locaux, avec une référence au registre local du commerce où le commerçant ou la société commerciale est
immatriculé.
 Le registre central de commerce est habilité à délivrer à toute personne intéressée des copies, extraits ou certificats des documents
déposés auprès de ce registre. Le registre central de commerce est tenu par l'Office Marocain de la Propriété Industrielle,
établissement public crée par la loi 13-99, promulguée par dahir 1-00-71 du 9 octobre 1420 (15 février 2000).
 Un comité de coordination institué auprès du Ministère de la Justice est chargé de veiller à l’harmonisation de l’application des
dispositions législatives et réglementaires applicables en matière de registre du commerce .
90

MERCI POUR VOTRE ATTENTION

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