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DROIT DE LA FAMILLE

 COURS 1 : LES DROITS DES ENFANTS À L’OCCASION D’UN LITIGE


FAMILIAL

 Tous les enfants ont droit à la protection et à l’attention que leurs parents peuvent leur
donner et les décisions qui les concernent doivent être prises dans leur intérêt et dans le
respect de leurs droits.

SECTION 1 – LE RESPECT DES DROITS DES ENFANTS

 Les enfants sont des sujets de droits dans notre système juridique et bénéficient donc
d’une protection juridique.

 Le respect des droits des enfants : art. 32, 33, 34 et 604 C.c.Q; art. 290 et 291 C.p.c.
o Tout enfant a droit à la protection, à la sécurité et à l’attention que ses parents ou
les personnes qui en tiennent lieu peuvent lui donner (art. 32 C.c.Q.).
 L’art. 32 C.c.Q. est souvent utilisé pour restreindre ou annuler les accès
d’un parent et pour éviter des risques de violence, d’aliénation mentale
ou tout autre préjudice à l’égard de l’enfant.
o Toutes décisions concernant l’enfant doivent être prises dans son intérêt et dans
le respect de ses droits (art. 33 al. 1 C.c.Q.).
 Sont pris en considération, outre les besoins moraux, intellectuels,
affectifs et physiques de l’enfant, son âge, sa santé, son caractère, son
milieu familial et les autres aspects de sa situation (art. 33 al. 2 C.c.Q.).
 L’art. 33 C.c.Q. est l’article pilier en matière de droits des enfants sur leur
meilleur intérêt.
 Donc, dans toute décision qui concernera les enfants, qu’on parle de
filiation, d’adoption, de garde, d’accès, l’élément fondamental qui nous
guidera ce sera le meilleur intérêt de l’enfant.
 Voir aussi l’art. 604 C.c.Q. sur l’autorité parentale.
o Le meilleur intérêt de l’enfant commande aussi que, lorsqu’il souhaite être
entendu par la tribunal, le tribunal devra le faire (art. 34 C.c.Q.).
 Le tribunal doit donner à l’enfant la possibilité d’être entendu si son âge
et son discernement le permettent.
 Voir aussi l’art. 290 et 291 C.p.c. qui prévoient aussi un droit
d’être entendu pour l’enfant. D’ailleurs, l’enfant pourrait même se
voir assigner un avocat pour le représenter dans le cadre d’un
litige qui le concerne.

SECTION 2 – LA FILIATION

 La filiation peut prendre plusieurs formes. Elle ne se définit plus uniquement par les liens
de sang. Cependant, peu importe la source de la filiation, les parents ont les mêmes
obligations envers leur enfant.

 La preuve de filiation :
o La meilleure preuve de filiation  : Selon l’art. 523 al. 1 C.c.Q., la filiation tant
maternelle que paternelle se prouve par l’acte de naissance.

 Les principes généraux de la filiation : art. 33, 522 à 529 et 538.1 C.c.Q.
o La filiation ne reflètera pas toujours la réalité biologique d’un enfant.

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 Les règles du Code civil du Québec sont très strictes relativement à la
filiation.
 L’idée étant de revenir à la base de l’art. 33 C.c.Q. et du meilleur intérêt
de l’enfant.
 Le critère de la stabilité pour un enfant sera également très important.
o Nous avons deux types de filiation :
 1. Filiation par le sang (ou filiation par présomption en tenant lieu ou par
procréation assistée) 
 2. Filiation adoptive
 Peu importe leur filiation et peu importe les
circonstances de leur naissance, tous les
enfants auront les mêmes droits et les
obligations (art. 522 C.c.Q.).
 Quand on parle des « circonstances de leur
naissance », cela voudrait pouvoir dire s’ils sont
nés durant un mariage, s’ils sont nés par des
parents qui sont conjoints de fait ou par des
parents qui sont unis civilement. Peu importe
ces circonstances, on a les mêmes droits et
obligations pour tous les enfants.
o La reconnaissance de la filiation :
 1. Par un acte de naissance (art. 523 C.c.Q.)
 2. À défaut de titre :
 La possession constante d’état (art. 523 al. 2 C.c.Q.)
 La présomption de paternité (art. 525 C.c.Q.)
 La reconnaissance volontaire (art. 526 à 529 C.c.Q.)
 La présomption de parentalité (art. 538.3 C.c.Q.)

 La possession constante d’état : art. 523 al. 2 et 530 C.c.Q.


 L.(P.) c. C.(G.), sub nom. Droit de la famille – 11394
 O.(M.) c. C.(F.), sub nom. Droit de la famille - 113130
o L’art. 530 C.c.Q. édicte que, lorsque l’acte de naissance et la possession d’état
sont conformes, la filiation de l’enfant est inattaquable.
 Lorsque ces conditions sont remplies (i.e. une possession d’état
conforme à l’acte de naissance), on ne peut pas venir en désaveu, en
contestation ou en réclamation de paternité.
 Cela pourrait faire en sorte que cela aille à l’encontre de la réalité
biologique de la filiation de l’enfant.
 Cependant, on a voulu ici protéger la stabilité d’un enfant, toujours dans
le cadre de son meilleur intérêt.
o La possession d’état conforme (art. 523 al. 2 C.c.Q.) comporte trois éléments :
 1. Le nom de famille de l’enfant (nomen (lat.)) : l’enfant devant porter le
nom de celui à l’égard de qui la possession d’état est invoqué.
 De nos jours, ce critère est un peu moins important car, un
enfant peut porter tant le nom de famille de son père que de sa
mère.
 2. Le traitement (tractatus (lat.)) : c’est-à-dire que l’enfant devrait être
traité par son prétendu parent comme s’il s’agissait du sien.
 Le prétendu parent doit se comporter, agir comme s’il s’agissait
de son enfant.
 3. La réputation ou la renommée (fama (lat.)) : c’est-à-dire que
l’entourage de l’enfant considère l’enfant comme celui du prétendu
parent.
 Ex. si l’entourage sait que le père n’a connu la mère qu’en toute
fin de grossesse et qu’il est impossible qu’il soit le père de cet

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enfant. À ce moment-là, le critère de fama ne serait pas rempli et
il n’y aurait pas possession d’état.
 Si les deux derniers critères, à savoir le
traitement et la renommée, ne sont pas remplis,
la présomption de l’art. 530 C.c.Q. ne pourra
pas s’appliquer et la possession constante d’état
ne sera pas présente.
o La possession d’état doit être constante.
 D’ailleurs, la Cour d’appel nous rappelle à cet effet qu’il faut que ce soit
dans une durée interrompue entre 16 et 24 mois environ.
 Il n’est pas nécessaire que les parents habitent ensemble mais, la durée
doit être interrompue et débuter au moment de la naissance de l’enfant.
 Cette constance pourra être établie et prouvée de différentes façons :
 Ex. La situation d’une personne qui a traité l’enfant comme étant
le sien de manière constante, en étant présente pour des accès,
des visites, en subvenant à ces besoins et que l’entourage croit
que cette personne est vraiment le parent de l’enfant et ce,
même si son nom n’apparaît pas sur l’acte de naissance. Dans
une situation comme celle-ci, le parent ou la personne pourrait
réclamer des droits parentaux en fonction de la loi.
o Si l’acte de naissance et la possession d’état sont conformes, la filiation de
l’enfant devient inattaquable au niveau juridique. Cette filiation va s’imposer à
tous, y compris à un juge et ce, même si un juge pouvait penser que le meilleur
intérêt de l’enfant commandait autre chose.

 La présomption de paternité ou de parentalité : art. 114, 525, 531 et 538 C.c.Q.


o Le cas des époux (mariage ou union civile)  : Un époux peut déclarer le lien de
filiation de l’autre époux à l’égard de l’enfant lorsqu’on est dans une situation de
mariage ou d’union civile. Dans ce cas, la présomption de paternité ou de
parentalité va s’appliquer (art. 114 et 525 C.c.Q.).
o Le cas des conjoints de fait  : Les conjoints de fait ne peuvent pas bénéficier de
cette présomption. Par conséquent, les deux parents devront signer la
déclaration de naissance et qui sera transmise ensuite au Directeur de l’état de
civil dans le but d’établir la filiation de l’enfant.
 Si un parent ou un conjoint de fait ne signe pas cette déclaration de
naissance : dans un tel cas, il n’y a pas de filiation qui est établie.
 Délai de prescription très court pour demander la filiation soit 1 an à
partir de la naissance de l’enfant (art. 531 al. 2 C.c.Q.). ***délai de
rigueur***
 Il faut donc faire la demande rapidement ou « se taire à jamais ».
 Si le parent n’avait pas connaissance de la naissance  : le délai
de prescription sera de 1 an à partir de la connaissance.
o La présomption de paternité prévue à l’art. 525 C.c.Q. s’applique uniquement
aux enfants nés pendant le mariage ou l’union civile de personnes de sexe
différent ou dans les 300 jours après sa dissolution ou annulation. Cela n’a
aucun rapport avec le lieu de naissance de l’enfant et donc, s’applique
également aux enfants nés hors Québec.

 Les recours en réclamation ou en contestation de paternité  : art. 530 à 536 C.c.Q.


o Tel que mentionné précédemment, l’art. 530 C.c.Q. a pour but de privilégier la
stabilité de la filiation d’un enfant. Mais, que se passe-t-il lorsque l’acte de
naissance et la possession d’état ne sont pas conformes?
 Ex1. Si le nom du parent n’est pas inscrit sur l’acte de naissance. À ce
moment-là, un recours en réclamation de paternité pourra être fait.

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 Ex2. Si le nom sur l’acte de naissance apparaît, l’homme agit comme
père mais, apprend quelques semaines après la naissance de l’enfant
qu’il ne serait pas le père. Il décide de quitter la mère, ne s’occupe plus
de l’enfant et n’apporte aucune attention ni aucun support financier. À ce
moment-là, le recours qui pourrait être entrepris est une demande en
contestation d’état.
 Dans les deux cas, il y a un délai de prescription qui est prévu à
l’art. 536 C.c.Q.
 Ce délai de prescription est habituellement de 30 ans.
 D’ailleurs, l’enfant lui-même, une fois majeur, pourrait exercer
ces recours.
 L’enfant mineur pourrait également le faire seul s’il a la capacité
de discernement; auquel cas, il devra cependant obtenir
l’autorisation au préalable du tribunal (art. 159 al. 2 C.c.Q.).
 I l’enfant est mineur et qu’il n’a pas la capacité de discernement,
il faudra se référer à l’art. 159 al. 1 C.c.Q. Ce sera le tuteur de
l’enfant qui pourra agir en son nom et ce, toujours dans le délai
de prescription de 30 ans.

 L’imposition d’un test d’ADN : art. 530 à 535.1 C.c.Q.


o Principe fondamental de l’art. 530 C.c.Q.  : Lorsque l’acte de naissance et la
possession d’état sont conformes, la filiation de l’enfant est inattaquable. En
aucun cas, on ne pourra la contester et ce, même si un test d’ADN pouvait
contredire l’acte de naissance.
 S.(J.) c. C.(Je.), Droit de la famille – 123909 : Un couple qui étaient
parents de quatre enfants et ils sont mariés. Trois des quatre enfants ont
un acte de naissance et une possession d’état qui sont conformes. Un
test d’ADN viendra confirmer que les trois enfants ne sont pas les
enfants du père. Cependant, en vertu de l’art. 530 C.c.Q., le père sera
condamné à payer une pension alimentaire pour tous les enfants.
o Est-il possible d’imposer un test d’ADN? La réponse est oui, si la demande
introductive d’instance vise à établir la filiation et une ordonnance à cet effet
pourra être rendu s’il y a commencement de preuve de la filiation (art. 535.1
C.c.Q.).
 Pour ce qui est du commencement de preuve, il faut se référer à l’art.
534 C.c.Q. Le commencement de preuve résulte des titres de famille,
des registres et papiers domestiques, ainsi que de tous autres écrits
publics ou privés émanant d’une partie engagée dans la contestation.
 Tous les moyens de preuve sont admissibles pour s’opposer à une
action relative à la filiation (art. 535 C.c.Q.)
o Lorsqu’à l’art. 535.1 al. 2 C.c.Q. on parle de « présomption ou indices assez
graves » pour justifier l’ordonnance pour un test d’ADN, en voici quelques
exemples :
 L’existence de relations sexuelles entre les parties à l’époque de la
conception
 Le fait que les parties aient fait vie commune durant la période de la
conception et par la suite également
 La ressemblance de l’enfant avec le père présumé, par des
photographies par exemple
 Le comportement du défendeur envers l’enfant
o Le tribunal peut tirer une présomption négative du refus injustifié de se soumettre
à l’analyse visée par l’ordonnance (art. 535.1 al. 4 C.c.Q.).
 Ex. Il y aurait une ordonnance qui ordonne à une personne de subir un
test d’ADN et cette personne n’y va pas et donc, ne se soumets pas à
l’ordonnance.

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 Cela est différent de la situation où on demande à une personne
de se soumettre à un test d’ADN et qu’il n’y va pas. Ici, le
tribunal ne pourra pas tirer une présomption/inférence négative.
 La grande différence c’est qu’il y a une ordonnance dans l’autre
situation.

 La filiation par l’adoption : art. 522, 549, 550 et 555 C.c.Q.


o Fiction juridique : L’adoption, suite à un jugement d’adoption crée une fiction
juridique où il y aura filiation avec le parent. Suite à un jugement d’adoption,
l’enfant aura les mêmes droits et les mêmes obligations que s’il était né
biologiquement de ses parents (art. 522 C.c.Q.).
 Par ailleurs, il y aura rupture de tout lien de filiation précédent avec
d’autres parents ou une autre famille.
o L’âge de l’enfant : Le Code civil du Québec prend en compte l’âge de l’enfant
avant de rendre une ordonnance d’adoption. Les tranches d’âge qui sont
prévues au Code civil du Québec sont les suivants (et son prévues aux art. 549
et s. C.c.Q.) :
 1. Les enfants de 10 ans et plus  : Pour un enfant de 10 ans et plus, son
consentement sera nécessaire pour procéder à l’adoption (art. 549 al. 1
C.c.Q.).
 2. Les enfants de 14 ans et plus : Le refus de l’enfant sera un obstacle
absolu à l’adoption. Donc, si un enfant de 14 ans et plus refuse, on ne
pourra pas procéder à l’adoption (art. 550 C.c.Q.).
 3. Les enfants de 10 à 13 ans : Si un enfant de 10 à 13 ans refuse
l’adoption, le tribunal, au nom de son meilleur intérêt, pourrait passer
outre son refus.
o L’adoption est possible en vertu de l’art. 555 C.c.Q., autant entre les conjoints de
même sexe qu’entre les conjoints de sexe différent.

SECTION 3 – L’AUTORITÉ PARENTALE

 Les parents ont des obligations et des responsabilités envers leurs enfants. Ils ont envers
eux le droit et le devoir de garde, de surveillance et d’éducation et de plus, ils doivent les
nourrir et les entretenir.

 Les attributs de l’autorité parentale : art. 159 al. 2, 539.1, 578.1 et 597 à 605 C.c.Q.
o L’autorité parentale est un effet juridique de la filiation. Les articles qui
concernent l’autorité parentale se retrouvent aux art. 597 et s. C.c.Q.
o L’autorité parentale sera exercée par les deux parents jusqu’à la majorité (18
ans) ou jusqu’à l’émancipation de l’enfant (art. 598 C.c.Q.).
o Les père et mère ont à l’égard de leur enfant le devoir de garde, de surveillance
et d’éducation. Ils doivent nourrir et entretenir leur enfant (art. 599 C.c.Q.).
 De cela va découler notamment, la garde de l’enfant, le droit d’accès et
la pension alimentaire.
o L’art. 600 C.c.Q. prévoit que les parents exercent ensemble l’autorité parentale.
 Si l’un des parents décède, est déchu de l’autorité parentale ou n’est pas
en mesure de manifester sa volonté, l’autorité est exercé par l’autre.
 Il faut comprendre que, même dans un cas de séparation
advenant que l’un des parents exerce la garde et que l’autre ait
des droits de visite ou des droits d’accès, évidemment, les deux
parents vont continuer d’exercer ensemble l’autorité parentale et
vont prendre ensemble toutes les décisions importantes relatives
à l’enfant.

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 Ex. des questions relatives à la santé, à l’éducation, à la religion,
aux activités sportives que l’enfant va faire, etc.
o L’art. 604 C.c.Q. prévoit qu’en cas de difficultés relative à l’exercice de l’autorité
parentale, le titulaire de l’autorité parentale peut saisir le tribunal.
 Le tribunal devra statuer dans l’intérêt de l’enfant et après avoir favoriser
la conciliation des parties.
 C’est l’article qui permettra au tribunal de se prononcer dans toute
problématique relative à un enfant. Par exemple, concernent la garde, le
droit de visite, le choix d’une école, etc.
o La garde de l’enfant : Que la garde de l’enfant ait été confiée à l’un des parents
ou à une tierce personne, quelles qu’en soient les raisons, les père et mère
conservent le droit de surveiller son entretien et son éducation et sont tenus d’y
contribuer à proportion de leurs facultés (art. 605 C.c.Q.).
 Même si l’enfant est chez l’un ou l’autre, ils ont encore chacun la
responsabilité de subvenir à ses besoins (i.e. pension alimentaire, frais
particuliers ou autres).
 Ils peuvent également toujours se prononcer et avoir leur mot à dire
relativement à l’autorité parentale et aux décisions importantes qui
concernant l’enfant.
o Est-il possible pour un enfant lui-même d’intenter un recours advenant qu’il ne
serait pas d’accord avec une décision de ses parents qui relèverait de l’autorité
parentale? La réponse est prévue à l’art. 159 al. 2 C.c.Q. Avant d’intenter un
recours comme cela, il faut qu’il aille des motifs sérieux et que l’enfant aile des
intérêts opposés à ceux de son parent.
 Exemple concret provenant de la jurisprudence : C’est un enfant qui
voulait effectuer un voyage organisé par son école. L’un ou les deux
parents refusaient que l’enfant fasse ce voyage. L’enfant avait lui-même
intenter le recours pour demander la permission au tribunal de pouvoir
effectuer le voyage.
o Précision : L’art. 599 C.c.Q. parle précisément de « père et mère » mais, le
législateur a supplée à cette mention pour prévoir aussi les conjoints de même
sexe, pour s’assurer que les conjoints de même sexe partageront aussi l’autorité
parentale. Ce sont les art. 539.1 et 578.1 C.c.Q. qui le prévoit.

 La déchéance de l’autorité parentale : art. 197, 552,585, 606 et 610 C.c.Q.


o La déchéance de l’autorité parentale est prévue à l’art. 606 C.c.Q.
 C’est une mesure vraiment exceptionnelle qui devra être prononcée par
le tribunal mais, sous réserve d’une preuve de motifs graves.
 Les motifs graves dont la jurisprudence fait état sont notamment :
 Des situations de violence envers l’enfant
 Des sévices sexuels
 Absence de très longue durée soit, entre 7 et 8 ans d’absence
auprès de l’enfant sans aucune nouvelle (aucun appel
téléphonique, aucune carte, aucun courriel)
 Il y a deux conditions avant de prononcer la déchéance de l’autorité
parentale :
 1. La preuve des motifs graves
 2. Le meilleur intérêt de l’enfant
o Effets de la déchéance de l’autorité parentale  : Le parent déchu ne pourra plus
prendre de décision ni se prononcer sur quoi que ce soit qui concerne son
enfant.
 Par ailleurs, cela ne rompt pas le lien de filiation; il reste le parent de
l’enfant.
 Le parent déchu devra tout de même subvenir aux besoins de l’enfant
(i.e. besoins alimentaires, financiers, etc).

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 L’enfant perdra son obligation envers son parent de lui devoir des
aliments en vertu de l’art. 585 C.c.Q. (i.e. article général de l’obligation
alimentaire).
o Déchéance partielle : Il serait également possible de se faire retirer certains
attributs de l’autorité parentale (art. 606 C.c.Q.). Donc, si le tribunal jugeait que
de retirer toute l’autorité parentale n’est pas dans le meilleur intérêt de l’enfant, il
pourrait retirer seulement certains attributs.
 Ex. Sur une question de santé de l’enfant et que le parent n’agirait pas
dans le meilleur intérêt de l’enfant et que cela deviendrait dangereux
pour la vie de l’enfant. Le tribunal pourrait lui retirer le droit de consentir
ou de refuser les soins pour l’enfant. Donc, on lui retirerait un des
attributs de l’autorité parentale.
o Restitution de l’autorité parentale : L’art. 610 C.c.Q. prévoit qu’un parent qui a
été déchu de son autorité ou à qui on a retiré certains attributs de l’autorité
parentale pourrait, advenant des circonstances nouvelles, revenir à la Cour et
demander qu’on lui redonne son autorité parentale ou les attributs qu’on lui a
retiré.
 Exception : Sous réserve des dispositions relatives à l’adoption. Si
l’enfant a été adopté après la déchéance de l’autorité parentale, le parent
ne pourra pas demander la restitution de l’autorité parentale.
o Qui peut exercer un recours en déchéance de l’autorité parentale? Tout
intéressé peut demander la déchéance à l’égard du père ou de la mère (art. 606
C.c.Q.).
 « tout intéressé » = un des parents, les grands-parents ou tout autre
personne
o Conséquence de la déchéance de l’autorité parentale  : Une des conséquences
de la déchéance de l’autorité parentale est la perte de la tutelle légale sur son
enfant (art. 197 C.c.Q.).
 Le retrait de certains attributs de l’autorité parentale ou de leur exercice
n’entrainera pas nécessairement la perte de la tutelle légale. Il faudra
que le tribunal le décide pour que cela entraîne la perte de la tutelle
légale.

 La tutelle légale : art. 192 à 197 C.c.Q. (voir notes de cours «  Droits de la personne  »)
o La tutelle légale s’ajoute aux droits et devoirs liés à l’autorité parentale (art. 192
C.c.Q.).
 La tutelle légale est sur la protection des droits de la personne et
comprend la représentation et l’administration des biens.
o La tutelle légale est exercée conjointement par les deux parents (art. 193
C.c.Q.).
 Si la garde de l’enfant est attribuée à l’un des parents ou à un tiers, cela
n’aura pas d’impact sur la tutelle légale, à moins que le tribunal en décide
autrement (art. 195 C.c.Q.).
 Extrait de Droit de la famille – 09746  : « Sous le Code
civil, l’autorité parentale comme la tutelle légale
appartient d’office aux deux parents. Ces responsabilités
sont conjointes et ni l’un ni l’autre des parents ne
dispose d’une autorité plus grande ou d’un droit de veto,
qu’ils soient mariés ou non, qu’ils habitent ensemble ou
non. Le seul fait qu’un jugement accorde la garde de
l’enfant à un parent ne l’investit pas de toute l’autorité
parentale ni ne lui donne une tutelle prépondérante. Les
responsabilités parentales continuent d’être conjointes. »

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SECTION 4 - LES DROITS DE GARDE ET D’ACCÈS

 Le droit de garde est un démembrement de l’autorité parentale. Lors d’un divorce ou


d’une séparation, les parents ou les tribunaux doivent décider du sort de la garde des
enfants.

 La garde et les droits d’accès  : les critères d’attribution et les modalités d’exercice  : art.
33 C.c.Q.
o Définition de la « garde » : C’est d’avoir la responsabilité au quotidien de son
enfant.
 Définition de « droits d’accès » : Ce sont les droits de visite.
o Quand un tribunal doit décider d’une question de garde ou de droit d’accès d’un
enfant, il n’a qu’un seul critère et c’est le critère le plus important soit le meilleur
intérêt de l’enfant.
 Le premier critère à considérer dans toutes les décisions concernant
l’enfant est son intérêt et le respect de ses droits (art. 33 al. 1 C.c.Q.).
o Comment le tribunal va-t-il analyser la question relative à la garde de l’enfant?
C’est essentiellement une question de faits; c’est du cas par cas, famille par
famille mais, surtout enfant par enfant. Il faut comprendre que les besoins d’un
enfant dans une famille sont peut-être différents de ceux de son frère ou de sa
sœur et le tribunal pourrait convenir d’un type de garde différent, le cas échéant.
o Les critères d’attribution : voici les motifs ou aspects que le tribunal va analyser
dans une question de garde d’enfants.
 1. Les besoins de l’enfant : Quels sont ces besoins spécifiques à lui?
Cela peut être relié à son âge, à son état de santé, à sa scolarité, etc.
Donc, vraiment les besoins de l’enfant lui-même.
 2. La capacité parentale des parents : Est-ce que le parent ou les
parents sont en mesure de répondre aux besoins spécifiques de leur
enfant? Est-ce qu’ils ont la capacité parentale adéquate pour prendre
soin de leur enfant, compte tenu de son âge et de ses besoins?
 3. La relation affective qui existe entre le parent et l’enfant : On peut
parler de parent qui a été là dès la naissance de l’enfant, qui a été très
présent pour lui, qui s’en est occupé au quotidien et qui est une figure
parentale dominante pour cet enfant.
 4. La famille élargie : Les frères, les sœurs, la fratrie, les grands-
parents, etc. C’est également un aspect important que le tribunal va
examiner.
 5. La stabilité : La stabilité sera également un élément très important
dans la détermination de la garde d’un enfant. Un enfant qui aurait été
avec un parent de façon prolongée et que la relation va bien, un juge
pourrait peut-être hésiter à prononcer une garde partagée.
 6. L’environnement psychosocial de l’enfant : On va prendre en
compte la santé mentale et la santé physique de l’enfant mais aussi, la
santé mentale et la santé physique du parent qui en demande la garde
(i.e. compte tenu de l‘influence que cela pourrait avoir sur l’intérêt de
l’enfant). Ex. un parent qui serait malade ne serait pas nécessairement
en mesure de s’occuper de son enfant au quotidien ou de voir à lui
donner tous les soins par sa situation – cela pourrait constituer une
situation problématique pour un juge qui le prendrait en compte pour
déterminer la garde d’un enfant.
 7. La disponibilité réelle des parents : On va regarder les horaires des
parents. Ex. Les parents qui ont des horaires de travail variables, de nuit
ou de soir, qui ne sont pas en mesure de prendre soin de leur enfant et
qui doivent le confier à un tiers (ex. une gardienne, un conjoint).

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 8. Les habitudes de vie des parents : On peut penser notamment à la
consommation d’alcool, de drogues. Certaines choses qui peuvent avoir
un impact direct sur sa capacité parentale et sur l’enfant par conséquent.
 9. Le désir de l’enfant : Plus l’enfant vieillira, plus son désir deviendra
déterminant pour le tribunal. Alors, un enfant qui voudrait à l’âge de 15
ans vivre en garde partagée entre ces parents, il y a fort à parier que le
tribunal va respecter ce que l’enfant souhaite, compte tenu de son âge.
*Évidemment, dans l’ensemble de l’analyse des circonstances et de sa
situation.
 10. La prédisposition d’un parent à favoriser la relation avec l’autre
parent : Il est très important de maintenir une relation avec les deux
parents de façon à ce que l’enfant puisse bénéficier de tout ce qu’ils
peuvent lui apporter.
o Discrétion du tribunal : En matière de garde d’enfants, le juge de première
instance a une très grande discrétion. Cette discrétion fait en sorte que la Cour
d’appel sera réticente à intervenir sur les décisions de première instance en ce
qui concerne la garde et les accès.
 Appel : Pour pouvoir intervenir en appel, il faudra pouvoir démontrer une
erreur de droit dans le jugement de première instance OU une erreur qui
sera significative dans l’interprétation des faits.
 Mais, il faut se rappeler que la prépondérance est donnée au juge de
première instance.
o Les modalités d’exercice du droit de garde  : L’objectif est toujours de favoriser le
plus de contact possible avec chacun des parents. Les types de garde sont les
suivants :
 1. La garde exclusive :
 La garde à l’un des parents fait en sorte que l’un des parents a
l’enfant ou les enfants autour de 80% du temps.
 Donc, on parle de 80% et plus dans une année, en nombre de
jours; on va regarder combien de journées dans une année ce
parent a la responsabilité de son enfant.
 Si c’est 80% et plus, la garde est confiée à ce parent en question
et l’autre parent aura des droits de visite ou d’accès.
o Les droits de visite ou d’accès = environ 20% du temps
soit, une fin de semaine sur deux, une semaine pendant
la période des fêtes et deux semaines durant les
vacances estivales.
 2. La garde avec accès ou visites prolongées :
 On s’est rendu compte qu’un enfant qui ne voit son parent que
20% du temps peut parfois avoir un peu de difficulté à créer un
lien qui soit soutenu avec son parent.
 À ce moment-là, les parents décident, ou le tribunal rendra une
ordonne à cet effet, que le parent non gardien aura son enfant
entre 20 et 40% du temps, en nombre de jours sur une année. Il
a plus de temps de garde, ex. deux fins de semaine sur trois,
trois fins de semaine sur quatre, une garde partagée 50-50
pendant l’été. Essentiellement, ce parent à plus de temps de
garde que celui qui est en garde exclusive.
 3. La garde partagée :
 Encore une fois, en nombre de jours dans une année, on calcule
le temps qu’un enfant passe avec chacun de ses parents. Dès
qu’on atteint 40% du temps de garde, on bascule dans la section
garde partagée.
 C’est donc dire qu’un enfant qui passe 40% de son temps avec
un parent et 60% avec l’autre parent sera en garde partagée.

9
o Évidemment, la garde partagée dont on entend le plus
souvent parler est celle à 50-50. Mais, le 60-40 est aussi
une garde partagée tout à fait conforme au régime
juridique applicable.
 Quand on parle de garde partagée, le tribunal devra analyser les
cinq critères suivants :
 (1) L’intérêt et la stabilité de l’enfant : On va se
demander qu’est-ce qui s’est passé avant?
Qu’est-ce que l’enfant a vécu avant cette
demande de garde partagée? Avec quel parent
était-il? Vivait-il déjà dans une espèce de forme
de partage de garde?
 (2) La capacité parentale de chaque parent :
Est-ce que les deux parents ont des capacités
parentales adéquates pour s’occuper de leur
enfant?
 (3) La capacité des parents de communiquer
entre eux : Cela rejoint la communication et la
collaboration entre les parents pour tout ce qui a
trait aux besoins de l’enfant ou des enfants.
Sont-ils capables, minimalement, d’avoir une
communication fonctionnelle pour prendre des
décisions relatives au quotidien de l’enfant ou à
son autorité parentale? Une mauvaise
communication ou une communication qui serait
déficiente n’est pas nécessairement un obstacle
absolu à l’exercice d’une garde partagée mais, il
faudrait peut-être que les parents trouvent
d’autres moyens pour améliorer la
communication (ex. cahiers de communication,
échanges de courriels, coaching parental, etc).
 (4) L’absence de conflit entre les parents : Le
conflit nuit beaucoup aux enfants, nuit à leur
meilleur intérêt. Le fait qu’il n’y a pas de conflit
serait un bon élément pour penser à exercer
une garde partagée.
 (5) La proximité des résidences des parents :
Est-ce que les parents ne vivent pas trop loin
l’un de l’autre? Parfois quand le même quartier,
parfois dans la même ville. Est-ce que c’est
praticable? Est-ce que, géographiquement, cela
fera en sorte que l’enfant devra être dans le
transport tout le temps ou est-ce que c’est
possible étant donné la proximité des
résidences des deux parents?
 Ces critères nous viennent de la
décision L.(C.) c. W.(K.), sub nom. Droit
de la famille - 14576
 Malgré qu’il ne s’agisse pas d’un critère déterminé par la Cour,
l’âge de l’enfant sera très important et fera partie de l’analyse
complète du tribunal de première instance. Plus l’enfant vieillit,
plus son désir sera important.
 Un enfant en plus bas âge (deux ans et moins)
sera peut-être plus fréquemment avec sa mère
que son père.

10
 Les effets d’un jugement de garde et sa révision  : art. 604, 605, 612 C.c.Q.; art. 16 et 17
Loi sur le divorce
 Goertz c. Gordon
o Rappel : Au niveau de la source du droit, il y aura une distinction advenant que
l’enfant soit né lors d’une mariage, d’une union civile ou d’une union de fait.
 La source du droit sera tirée de l’art. 604 C.c.Q. advenant que l’on soit
dans une situation de conjoints de fait, d’union civile ou de séparation de
corps. Dans ces trois cas, c’est l’art. 604 C.c.Q. qui s’appliquera.
 Si on est dans une situation de divorce, c’est l’art. 16 de la Loi sur le
divorce qui nous parlera des questions de garde et d’accès des enfants.
o Changement de la garde des enfants : Est-il possible de modifier une garde? La
réponse est oui, plus précisément à l’art. 17 Loi sur le divorce et à l’art. 612
C.c.Q. Évidemment, il y a des critères d’analyse pour cela.
 1. Un changement de situation significatif : La première question que le
tribunal va devoir se poser est la suivante  Est-ce qu’il y a un
changement de situation? Ce changement est-il significatif et donc,
suffisamment important pour donner ouverture à une nouvelle
procédure et à un changement dans la garde? Si la réponse est oui, on
va passer au second critère d’analyse.
 2. Le meilleur intérêt de l’enfant : Est-ce que le meilleur intérêt
commande qu’il y aille une changement dans la garde de l’enfant?
 Exemples de changements significatifs qui ont été interprétés
comme tel par la jurisprudence :
 Un enfant qui aurait vécu une bonne partie de
sa vie avec sa mère, qui en a la garde, et dont le
père des accès autour de 20% du temps. Cet
enfant en vieillissant pourrait primer le désir de
voir son père plus souvent, de vouloir vivre dans
une garde partagée, de passer plus de temps
chez son père. À ce moment-là, ce pourrait être
un changement significatif  on aurait l’enfant
qui a vieillit et son désir qui aurait changé.
 On pourrait penser aussi à des changements
dans les horaires de travail des parents et qui a
un impact sur la disponibilité des parents.
 Le déménagement de l’un des parents qui a un
impact direct sur la garde des enfants. Le
tribunal n’aura pas à se prononcer à savoir si le
déménagement était nécessaire ou non.
Cependant, il devra analyser ce déménagement
sous la loupe de l’intérêt de l’enfant (Goertz c.
Gordon).

 Goertz c. Gordon : Dans cet arrêt, la Cour


suprême analyse différents éléments pour savoir
s’il faut procéder ou non à un changement de
garde :

1. L’entente préalable de garde qui existait avant


le déménagement

2. La relation actuelle entre l’enfant et son


parent non gardien

3. L’intérêt de maximiser les contacts entre


l’enfant et les deux parents

11
4. L’opinion de l’enfant (le désir de l’enfant)

5. La perturbation qu’un changement de garde


pourrait entraîner chez l’enfant versus la
perturbation causé par l’éloignement de sa
famille

 La représentation des enfants par avocat : art. 90 C.p.c.


o En vertu de l’art 90 C.p.c., la représentation par avocat de l’enfant mineur peut
être ordonnée par le tribunal s’il considère cela nécessaire afin de sauvegarder
les droits et intérêts de l’enfant, même mineur.
 Cette nomination se fera soit d’office (à la demande du tribunal) ou à la
demande d’un parent ou des deux parents.
o Âge de l’enfant : Un enfant qui sera représenté doit quand même avoir un certain
degré de maturité pour être en mesure de formuler son désir de façon claire.
 Il doit pouvoir exprimer de façon claire à l’avocat ce qu’il souhaite.
 Généralement, l’âge moyen se situe autour de 10 ans.
o Devoir de l’avocat : Un avocat qui représente un enfant a le même devoir de
conseil qu’il a envers un adulte. Il doit écouter de l’enfant mais aussi le conseiller
sur ce que l’avocat considère être dans son meilleur intérêt.
 Ex. un enfant qui voudrait aller vivre chez un parent qui est toujours
absent, il se pourrait que le juge décide que ce n’est pas dans son
intérêt. L’avocat devra expliquer cela à son jeune client.
 Si l’enfant persiste à vouloir quelque chose que l’avocat ne considère
vraiment être dans son meilleur intérêt alors, l’avocat n’aura pas d’autre
choix que de mettre fin au mandat et ne plus représenter son jeune
client.
 Attention : Un avocat qui représente un enfant doit toujours faire
attention à l’ingérence d’un parent qui voudrait tenter d’influencer
l’avocat. Il doit rester le plus neutre possible à l’égard des
parents car, son client est l’enfant et que c’est pour cela qu’il a
été nommé.

 La médiation familiale et l’expertise psychosociale : art. 417 à 424 et 425 à 429 C.p.c.
o La médiation : Dans tous les dossiers mettant en cause l’intérêt d’un enfant, les
parents doivent participer à une séance d’information à la médiation et à la
parentalité après la rupture (art. 417 C.p.c.).
 Également, ils sont admissibles à participer à des sessions de médiation
familiale selon un certain nombre d’heures qui est déterminé par un
programme gouvernemental.
 Dans l’esprit du Code de procédure actuel, la médiation est vraiment une
façon appropriée de régler les litiges entre les parents, surtout lorsque
cela concerne l’intérêt d’un enfant.
 La médiation est prévue à aux art. 417 à 424 C.p.c.
o L’expertise psychosociale : Advenant que la garde d’un enfant soit contestée et
que les parents ne s’entendent pas, notamment sur leur capacité parentale
respective ou sur le meilleur intérêt de leur enfant, ils pourraient demander que
soit ordonnée une expertise psychosociale.
 L’expertise psychosociale sera ordonnée par le tribunal et desservi par le
service d’expertise psychosociale de la Cour supérieure (i.e. qui est un
service public) ou encore dans le privé avec des psychologues ou
travailleurs sociaux qui seront mandatés spécifiquement pour préparer
l’expertise psychosociale.

12
 Cette expertise psychosociale permettra d’analyser l’ensemble de la
situation de l’enfant et de faire des recommandations quant à son
meilleur intérêt et à sa garde.
 Rôle de l’expert :
 L’expert va donc rencontrer l’enfant, chacun des parents, la
fratrie, les nouveaux conjoints/conjointes.
 Il va se rendre au domicile des parents.
 Il va parler aux professeurs de l’enfant et à toute personne
importante qui gravite autour de l’enfant.
 Il va même faire passer des tests psychosociaux.
 Tout cela dans le but de faire des recommandations sur les
modalités de garde qui serait le plus approprié à la situation de
l’enfant.
 Le rapport d’expertise psychosociale (art. 425 à 429 C.p.c.) : Ce rapport
sera déposé au dossier de la Cour et le juge de première instance en
tiendra compte. Le juge lira le rapport et pourra, à certaines occasions,
entendre le témoignage de l’expert et se prononcera sur la garde de
l’enfant.
 Ce rapport d’expertise et les recommandations de l’expert ne lie
aucunement le tribunal.
 C’est le tribunal qui devra décider dans le meilleur intérêt de
l’enfant mais, le rapport pourra l’aider dans sa décision.

 Le non-respect des ordonnances de garde et d’accès :


o Ce non-respect peut arriver dans divers contextes et sous diverses formes. Par
exemple :
 le retard dans les heures de visite
 le fait de ne pas être présent lorsque l’autre parent vient chercher l’enfant
pour sa visite de la fin de semaine
 un parent qui ne voudrait pas que l’autre exerce ses vacances et il
disparaît ou n’est pas présent la journée où le parent vient chercher les
enfants pour les vacances d’été
 ne pas respecter une activité de l’enfant
 un parent qui ne consulterait pas l’autre parent sur l’autorité parentale
concernant des décisions importantes. Ex. celui qui inscrirait l’enfant à
une activité sans en parler à l’autre, changerait l’enfant d’école sans en
parler à l’autre.
 L’enlèvement d’enfant pour empêcher l’autre parent de voir les enfants
o Dans des cas comme cela, les agissements du parent fautif vont habituellement
avoir une certaine gradation.
 1. Dans ces cas comme cela, la première chose à faire sera d’envoyer
une lettre de remise en demeure pour aviser le parent de cesser ces
agissements ou de les corriger (i.e. toujours dans le respect de
l’ordonnance et du meilleur intérêt de l’enfant).
 2. Une demande en changement de garde ou en suspension des droits
d’accès ou en annulation des droits d’accès. C’est souvent la mesure la
plus approprié dans la mesure à respecter le meilleur intérêt de l’enfant.
 3. L’outrage au tribunal : c’est une mesure rare et exceptionnelle pour
des cas exceptionnels et graves. Pour aller vers un outrage au tribunal, il
faudrait que l’ordonnance initiale qu’un parent ne respecte pas soit claire
et précise et également que la citation à comparaître précise les
éléments qui sont reprochés à ce parent.

13
QUESTIONS/RÉPONSES :

À quoi fait référence la présomption négative prévue à l’article 535.1 (4) C.c.Q.?

Une personne peut faire une demande à la cour afin d’obtenir une ordonnance obligeant un
parent ou l’enfant à se soumettre à une analyse, par prélèvement d’une substance corporelle,
afin d’établir l’empreinte génétique de l’enfant.
Une fois cette ordonnance rendue par le tribunal, si la partie visée ou son tuteur refuse toujours
de se soumettre au test, le tribunal pourra tirer une présomption négative du refus de cette partie,
soit que la partie concernée par l’ordonnance serait le parent biologique de l’enfant ou que le
refus du tuteur de l’enfant soulève une présomption voulant que le demandeur soit le parent
biologique.

Quel serait un exemple de circonstance où le tribunal pourrait accepter de ne pas


soumettre une personne à une ordonnance pour analyse d’empreinte génétique?

Dans le cadre d’une demande d’ordonnance pour forcer un individu à se soumettre à un


prélèvement d’une substance corporelle, le tribunal pourrait accepter le refus de la partie
concernée, s’il en venait à la conclusion que le prélèvement porterait atteinte à l’intégrité
corporelle de l’individu.

 COURS 2 : LES PRINCIPAUX RECOURS EN CAS DE LITIGE ENTRE


LES ÉPOUX OU ENTRE LES CONJOINTS DE FAIT

 À l’occasion de sa rupture, le couple est placé dans une situation où il doit procéder au
règlement de la garde de ses enfants, à l’établissement de la pension alimentaire à être
versée au profit des enfants ou du conjoint mais aussi au partage des intérêts financiers.
Les recours offerts diffèrent selon la situation matrimoniale, dépendamment s’il s’agit de
conjoints mariés, unis civilement ou de conjoints de fait.

SECTION 1 – LA PROCÉDURE APPLICABLE AUX PRINCIPAUX RECOURS EN DROIT DE


LA FAMILLE

 Lors de conflits parentaux, différents mécanismes judiciaires sont prévus. La source de la


procédure est déterminée par les liens juridiques qui unissent les parents.

 Les fondements juridiques : Loi sur le divorce; art. 493 à 515, 521.1 à 521.19 et 604
C.c.Q.; art. 412 C.p.c.
o La source du droit va dépendre du type d’union des parties qui se séparent.

 Si les parties sont mariées : deux possibilités soit (1) le divorce ou (2) la
séparation de corps.
 S’il s’agit d’un divorce  c’est la Loi sur le divorce va
s’appliquer.
 S’il s’agit d’une séparation de corps  ce sont les art. 493 à 515
C.c.Q. qui vont s’appliquer

 Si les parties sont unis civilement :


 Ce sont les art. 521.1 à 521.19 C.c.Q. qui vont s’appliquer en
cas de dissolution de l’union civile

 Si les parties sont des conjoints de fait :

14
 Advenant le cas qu’on ne traite que de garde et de pension
alimentaire  ce sera l’art. 604 C.c.Q. qui s’applique
 Si on ajoute à la garde et à la pension alimentaire une question
relative aux droits patrimoniaux des conjoints  ce sera l’art.
412 C.p.c. qui s’appliquera

 Trois types de procédure en matière familiale : voir les tableaux

o 1. La demande introductive d’instance en divorce : art. 49, 100, 141, 143, 145,
409 à 414 et 453 C.p.c.; art. 15.1, 15.2 et 16 Loi sur le divorce
 Dans un cas où la demande est contestée, il peut y avoir jusqu’à trois
étapes possibles à la demande introductive d’instance en divorce :
 1) L’ordonnance de sauvegarde :
o La particularité de l’ordonnance de sauvegarde c’est
qu’il faut qu’il y ait une urgence. Ex. Deux parties étaient
mariées mais se sont séparées il y a déjà quelques
mois. De façon générale, dans les derniers mois, tout
allait bien et les parties s’entendaient sur tout. Mais,
survient un litige et, soudainement, un des parents
décide qu’il ne paie plus pour les enfants ni pour la
maison. C’est une notion d’urgence qui justifie
l’ordonnance de sauvegarde.
o L’ordonnance de sauvegarde s’appelle aussi
« ordonnance intérimaire » (i.e. dans l’intérim d’un
jugement final).
o Cette ordonnance de sauvegarde sera temporaire,
généralement pour une durée de 30 jours, et il est
possible aussi qu’elle soit renouvelée par le tribunal
selon les circonstances.
o Cette demande d’ordonnance de sauvegarde ne se fera
devant le tribunal que sur déclaration assermentée. À
moins d’exception, les parties ne témoigneront pas pour
l’ordonnance.
o Ce ne sera pas dans tous les cas – seulement quand il y
a une notion d’urgence.
o Qu’est-ce qui peut être demandé dans une ordonnance
de sauvegarde?
 Pension alimentaire pour les enfants
 Paiement des frais relatifs à la résidence
familiale
 Paiement des frais relatifs à la garde, aux accès
des enfants
 Pension alimentaire entre les ex-époux
 Usage de la résidence familiale pendant
l’instance
o On pourrait même demander une provision pour frais
(i.e. frais d’avocats).
 Pour la provision pour frais, le critère est de
nature alimentaire, une analyse des besoins de
chacune des parties, etc..
 2) Les mesures provisoires :
o S’il n’y a pas d’urgence justifiant l’ordonnance de
sauvegarde, on sautera à l’étape des mesures
provisoires.

15
o La demande pour mesures provisoires sera une
demande où les parties seront entendue par le tribunal.
Donc, ce sera un vrai procès où il y aura des témoins
aussi.
 Il est toujours possible de s’entendre, de
conclure une entente sur les mesures
provisoires.
o Qu’est-ce qui peut être abordé en terme de mesures
provisoires?
 Garde des enfants
 Pension alimentaire pour les enfants
 Paiement des frais particuliers
 Pension alimentaires envers ex-époux
 Paiement des frais relatifs à la maison, à la
voiture durant l’instance
o On pourrait même demander une provision pour frais
(i.e. frais d’avocats).
 Pour la provision pour frais, le critère est de
nature alimentaire, une analyse des besoins de
chacune des parties, etc.
o Tout ce qui a trait au partage du patrimoine familial ne
sera pas traitée lors des mesures provisoires, mais ce le
sera plutôt à la dernière étape soit aux mesures
accessoires.
 3) Les mesures accessoires ou l’audition au fond :
o On reprend tout à cette étape soit, la garde des enfants,
pension alimentaire, pension alimentaire entre ex-époux,
partage du patrimoine familial, partage du régime
matrimonial, etc.
 À moins bien sûr qu’il y aille une entente entre
les parties. S’il y a entente, on fera une
convention sur les mesures accessoires.
o Advenant que les parties se soient entendues sur tout,
dès le départ (ex. dans le cadre d’une médiation) : on
sautera toutes les étapes et on conclura tout de suite
une convention sur les mesures accessoires qui prévoira
tous les aspects de leur divorce et qui sera entériné pour
devenir par la suite un jugement de divorce.
o On pourrait même à demander une provision pour frais
(i.e. frais d’avocats). Pour la provision pour frais, le
critère est de nature alimentaire, une analyse des
besoins de chacune des parties, etc.

o 2. Les demandes en vertu du Code civil du Québec  : art. 49, 100, 141, 143, 145,
409 à 414 et 453 C.p.c.; art. 499 à 502, 511, 514, 521.6, 521.17, 585 et 587.1et
s. C.c.Q.
 On parle toujours ici de demande introductive d’instance et cela couvre
les demandes en séparation de corps ou de biens, les demandes de
dissolution d’union civile, les demandes de nullité ou d’annulation de
mariage, les demandes relatives à la filiation* et les demandes de
prestation compensatoire du conjoint survivant*.
 Attention* : Dans les demandes relatives à la filiation et les
demandes de prestation compensatoire du conjoint survivant, la
demande sur mesures provisoires ne s’appliquent pas.
 Il y a trois étapes aussi pour les demandes en vertu du C.c.Q. :

16
 1. L’ordonnance de sauvegarde :
o Cette ordonnance de sauvegarde sera temporaire,
généralement pour une durée de 30 jours, et il est
possible aussi qu’elle soit renouvelée par le tribunal
selon les circonstances.
o Cette demande d’ordonnance de sauvegarde ne se fera
devant le tribunal que sur déclaration assermentée. À
moins d’exception, les parties ne témoigneront pas pour
l’ordonnance.
o Ce ne sera pas dans tous les cas – seulement s’il y a
une notion d’urgence.
o Les mêmes choses que nous avons vues peuvent être
demandées au tribunal.
 Pension alimentaire pour les enfants
 Paiement des frais relatifs à la résidence
familiale
 Paiement des frais relatifs à la garde, aux accès
des enfants
 Pension alimentaire entre les ex-époux
 Usage de la résidence familiale pendant
l’instance
o On pourrait même demander une provision pour frais
(i.e. frais d’avocats).
 Pour la provision pour frais, le critère est de
nature alimentaire, une analyse des besoins de
chacune des parties, etc.
o Attention, le critère demeure le même, s’il n’y a pas
d’urgence, aucune ordonnance de sauvegarde ne
pourra être rendue.

 2. Les mesures provisoires :


o Si on n’a pas d’urgence, on doit sauter l’étape de
l’ordonnance de sauvegarde, pour passer directement
aux mesures provisoires.
o Les mêmes choses que nous avons vues peuvent être
demandées au tribunal.
 Pension alimentaire pour les enfants
 Paiement des frais relatifs à la résidence
familiale
 Paiement des frais relatifs à la garde, aux accès
des enfants
 Pension alimentaire entre les ex-époux
 Usage de la résidence familiale pendant
l’instance
o On pourrait même demander une provision pour frais
(i.e. frais d’avocats).
 Pour la provision pour frais, le critère est de
nature alimentaire, une analyse des besoins de
chacune des parties, etc.
 3. Les mesures accessoires ou l’audition au fond :
o Ce sera un jugement final où il y aura prononcé final.
o On pourrait même demander une provision pour frais
(i.e. frais d’avocats).

17
 Pour la provision pour frais, le critère est de
nature alimentaire, une analyse des besoins de
chacune des parties, etc.

o 3. La demande introductive d’instance entre conjoints de fait ou en modification


des mesures accessoires : art. 49, 100, 141, 143, 171 al. 2 et 409 à 414 C.p.c.;
art. 17 Loi sur le divorce; art. 594, 604 et 612 C.c.Q.
 Cela concerne les demandes entre conjoints de fait et les demandes en
modifications des mesures accessoires.
 Ici, ce sont des procédures en deux étapes seulement.
 1. L’ordonnance de sauvegarde :
o Peut concerner les demandes entre conjoints de fait
relativement à la garde et à la pension alimentaire de
leurs enfants, les demandes relatives à leurs droits
patrimoniaux.
o Concerne également les modifications de jugement de
garde ou d’accès ou modification des mesures
accessoires.
 Le critère pour obtenir une modification
est un changement significatif. Ex. un
changement important dans les revenus
des parents, un déménagement.
 C’est la même chose pour les conjoints
de fait pour une demande de
modification.
o Cette ordonnance de sauvegarde sera temporaire,
généralement pour une durée de 30 jours, et il est
possible aussi qu’elle soit renouvelée par le tribunal
selon les circonstances.
o Cette demande d’ordonnance de sauvegarde ne se fera
devant le tribunal que sur déclaration assermentée. À
moins d’exception, les parties ne témoigneront pas pour
l’ordonnance.
o Ce ne sera pas dans tous les cas – seulement s’il y a
une notion d’urgence.
 2. L’audition au fond :
o Le vrai procès, témoignages des parties et de tout autre
témoin et jugement du tribunal.

 L’attribution des meubles : Selon l’art. 410 al. 1 C.c.Q., le tribunal peut, en cas de
séparation de corps, de divorce ou de nullité de mariage, attribuer à l’un des époux ou au
survivant la propriété des meubles qui servent à l’usage du ménage. Le tribunal peut
également en attribuer l’usage seulement.

SECTION 2 – LA PRESTATION COMPENSATOIRE

 Le mariage ou l’union civile crée des obligations financières entre les conjoints. Le
tribunal a le pouvoir d’octroyer une compensation financière afin de pallier à
l’enrichissement d’un conjoint marié ou uni civilement au détriment de l’autre.

 La prestation compensatoire : art. 388, 391, 427, 493 et s., 521.6, 809, 1525, 2811 et
2928 C.c.Q.

18
o Ordre public : La prestation compensatoire est un effet obligatoire du mariage,
duquel les parties ne peuvent pas renoncer ou déroger à l’avance et ce, quel que
soit le régime matrimonial (art. 391 C.c.Q.).
o Définition : La prestation compensatoire est prévue à l’art. 427 C.c.Q.
 La prestation compensatoire est une prestation qui sert à compenser un
époux qui se serait enrichi au détriment de l’autre. Donc, on cherche à
compenser l’appauvrissement de l’autre.
 Cet apport que l’une des parties pourrait faire dans le cadre du mariage
serait soit en biens ou en services et preuve devra être fait à cet effet.
 On cherche donc à indemniser l’un des époux.
 Ex. Un mari qui est propriétaire d’une entreprise au sens de l’art.
1525 C.c.Q. et Madame fait de l’entrée de données pour lui.
Madame n’est pas payé durant tout le mariage. Le divorce
survient et Madame pourrait demander d’être compenser, de
recevoir une prestation compensatoire, pour cet apport dans la
mesure où elle peut prouver qu’elle s’est appauvri et que
Monsieur s’est enrichi suite au travail qu’elle a apporté à son
entreprise.
o Demande de la prestation compensatoire  : À quel moment peut-on présenter
une demande de prestation compensatoire? On peut le faire à plusieurs
moments) :
 Au moment du divorce (art. 427 al. 1 C.c.Q.)
 Au moment d’une séparation de corps (art. 427 al. 1 et 493 et s.
C.c.Q.)
 Au moment de la nullité du mariage (art. 427 al. 1 et 388 C.c.Q.)
 Au moment de la dissolution d’union civile (art. 427 et 521.6 al. 4
C.c.Q.)
o Le tribunal n’aura pas compétence pour accorder une
prestation APRÈS le divorce ou APRÈS la séparation de
corps. Donc, c’est vraiment au moment où il prononce la
séparation de corps, le divorce ou la nullité que la
prestation pourra être ordonnée.
 Lors de la vente ou de la dissolution d’une entreprise (i.e. si la
prestation est basée sur l’apport à une entreprise)(art. 427 al. 2
C.c.Q.)
o L’art. 427 al. 2 C.c.Q. prévoit que dans le cas de l’époux
collaborateur. Celui qui a collaboré à l’entreprise de son
conjoint pourra demander la prestation compensatoire
dès la fin de la collaboration si celle-ci est causée par
l’aliénation, la dissolution ou la liquidation volontaire ou
forcée de l’entreprise.
 Lors du décès (art. 427 al. 1 in fine et 809 C.c.Q.)
o Il y a un délai de prescription relatif à une demande de
prestation compensatoire lors d’un décès = 1 an à
compter du décès (art. 2928 C.c.Q.).
o Lors d’un décès, seul le conjoint survivant peut réclamer
une prestation compensatoire car, c’est un droit
personnel (intuitu personae) qui n’est pas transmissible
aux héritiers.
o Trois précisions relatives à la prestation compensatoire :
 1. La prestation compensatoire n’est disponible ou payable qu’à l’égard
des biens en dehors du patrimoine familial.
 C’est-à-dire que, si une partie ne possédait que des biens du
patrimoine familial, la prestation compensatoire ne pourrait pas
être remise à l’autre partie.

19
 Si on compensait par le patrimoine familial, on serait en train de
faire un partage inégal, ce qui n’est pas permis par la loi.
 2. Dans tous les cas où le tribunal se penchera sur une demande de
prestation compensatoire, le tribunal devra tenir compte, dans
l’évaluation du montant de la prestation payable, des avantages procurés
à la partie qui la réclame par le régime matrimonial et le contrat de
mariage.
 3. L’enrichissement de l’un des époux devra subsister au jour du procès.
 Si, au moment du procès, l’enrichissement de la partie n’existe
plus, il n’y aura pas de droit à la prestation compensatoire.
 Ex. Si l’entreprise était en faillite
o Les éléments qui donnent ouverture à la demande de prestation compensatoire  :
art. 427 C.c.Q.
 Un apport en biens ou en services. Ex. en argent ou en temps.
 Un enrichissement de l’autre des parties
 Un lien entre cet apport et cet enrichissement
 Une certaine proportion entre cet apport et cet enrichissement
 Un appauvrissement qui sera concomitant
 Tous les éléments de l’art. 427 C.c.Q. seront donc analyser par
le tribunal et devront être mis en preuve.
o La preuve : La preuve de ces éléments se fera par tous les moyens (art. 2811
C.c.Q.).
 Le tribunal fera une interprétation très souple, très large de la demande
de prestation compensatoire et des faits qui la sous-tendent.

Attention de ne pas mélanger la prestation compensatoire (art. 427 C.c.Q.) et le


paiement compensatoire (art. 421 C.c.Q.).

SECTION 3 – LES DONATIONS PRÉVUES AU CONTRAT DE MARIAGE

 Les donations prévues au contrat de mariage  : art. 438, 510, 512, 519, 520, 521.8,
521.19, 1839 et 1840 C.c.Q.
o Il faut savoir que le contrat de mariage peut être modifié, à tout moment, pendant
le mariage ou pendant l’union civile (art. 438 et 521.8 al. 3 C.c.Q.).
o Il y a deux types de donations :
 1. Donation entre vifs :
 Lorsque l’on analysera une donation dans un contrat de
mariage, on devra vraiment regarder plusieurs aspects pour
s’assurer qu’il s’agit bien d’une donation entre vifs.
 D’abord, il faudra clairement que la personne qui fait la donation
se dessaisisse du bien. Il faut clairement que le bien soit donné
dans les termes utilisés au contrat de mariage.
 Également, il y a la notion d’irrévocabilité. On ne peut pas
reprendre ce qui a été donné, ce qui fait que les termes
employés dans le contrat de mariage sont extrêmement
importants.

20
 Le praticien qui analyse une clause de donation
doit bien s’assurer que les termes employés
sont clairs et qu’ils ne laissent pas place à
interprétation entre les deux types de donations
et que vraiment c’est une donation entre vifs.
 Autrement dit, même si le titre de la clause
prévoyait que c’était une donation entre vifs et
même si on parlait de donation entre vifs, si les
autres termes de la clause laissent croire qu’il
pourrait être pour cause de mort, il se pourrait
bien que ce soit une donation pour cause de
mort.
 L’intention des parties sera vraiment importante et les faits, en
terme de preuve, seront déterminants. Qu’est-ce que la
personne essayait de prévoir ou de régler par cette donation?
 En mettant tous ses éléments ensemble, il sera possible de
qualifier la donation d’entre vifs.
 2. Donation à cause de mort :
 Si la donation à cause de mort est qualifiée comme telle dans le
contrat de mariage, ce sera automatiquement une donation à
cause de mort OU si on n’est pas capable de déterminer
clairement et spécifiquement d’une donation entre vifs, la
donation sera à cause de mort tout simplement.
o Pourquoi est-il important de qualifier les donations entre vifs ou à cause de mort?
 Plusieurs éléments entrent en jeu. Par exemple :
 Dans un cas de faillite : Si un des époux faisait faillite, il serait
très important de pouvoir identifier spécifiquement son
patrimoine. Alors, s’il a fait une donation entre vifs et qu’il s’est
dessaisi d’un bien, ce bien ne ferait plus partie de son patrimoine
et ne pourrait pas être mis dans la faillite.
 Dans un cas de saisie : La qualification des donations nous
permettra de déterminer ce qui fait partie du patrimoine et
déterminer ce qui pourra être saisi ou non.
 Dans un cas de décès : Le donataire, celui qui reçoit la donation,
n’aura pas le même statut selon que cette donation sera entre
vifs ou à cause de mort.
o Le donataire qui reçoit une donation entre vifs : Il sera
un créancier de la succession.
o Le donataire qui reçoit une donation à cause de mort  : Il
sera considéré comme un héritier et pourrait donc être
tenu au paiement des dettes de la succession.
 Dans un cas de séparation de corps  : L’art. 510 C.c.Q. prévoit
que le jugement de séparation de corps ne rendra pas les
donations caduques mais le tribunal pourra décider que ces
donations sont caduques.
 Dans un cas de divorce : voir les art. 519 et 520 C.c.Q.
o L’art. 519 C.c.Q. nous parle de donation à cause de
mort. Par le jugement de divorce, les donations à cause
de mort seront automatiquement caduques et ce, dès le
prononcé du jugement.
o L’art. 520 C.c.Q. nous parle des autres donations à
cause de mort (ex. donation faite à un enfant) et de
celles entre vifs. Ces dernières ne seront pas
automatiquement caduques mais, le tribunal, sur
demande, pourra les déclarer caduques.

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 Lors de la dissolution de l’union civile : Les mêmes règles que
sur le divorce vont s’appliquer mais, ce sera en vertu de l’art.
521.19 C.c.Q.
o Les conjoints ou futurs conjoints ne peuvent utiliser les donations par contrat de
mariage ou d’union civile pour contourner les règles de partage du patrimoine
familial. Celles-ci sont impératives (art. 391 C.c.Q.).

SECTION 4 – LA SURVIE DE L’OBLIGATION ALIMENTAIRE

 L’obligation alimentaire ne s’arrête pas, nécessairement, au décès du débiteur


alimentaire.

 La survie de l’obligation alimentaire : art. 585, 666 et 684 à 695 C.c.Q.


o Évidemment, ce droit va s’appliquer lors d’un décès. Lors d’une décès, toute
obligation alimentaire s’éteint par le décès. Cependant, le législateur a prévu un
certain mécanisme aux art. 684 et s. C.c.Q. et pour que dans certains cas il y ait
survie de l’obligation alimentaire.
o L’art. 684 C.c.Q. prévoit que tout créancier peut, dans les 6 mois qui suivent le
décès, réclamer de la succession une contribution financière à titre d’aliments.
 « tout créancier d’aliment » fait référence au créancier de l’art. 585
C.c.Q., soit :
 Un enfant
 Un conjoint
 Un ex-conjoint (divorcé)
 Délai de prescription prévu = dans les 6 mois du décès.
 L’art. 684 al. 2 C.c.Q. prévoit que ce droit existe encore que le créancier
soit héritier ou légataire particulier ou que le droit aux aliments n’a pas
été exercé avant le décès. Mais, ce droit n’existe pas au profit de celui
qui est indigne de succéder au défunt.
o L’art. 685 C.c.Q. prévoit que la contribution est attribuée sous forme d’une
somme forfaitaire, payable au comptant, ou par versement. Ici, on parle vraiment
d’un paiement à titre d’aliments.
 Exception : celle qui est attribué à l’ex-conjoint du défunt qui percevait
effectivement une pension alimentaire au moment du décès. La
contribution attribuée au créancier d’aliment est fixée en accord avec le
liquidateur de la succession (art. 685 al. 2 C.c.Q.).
 Donc, le créancier d’aliments doit d’abord s’adresser au liquidateur de la
succession, discuter avec lui, pour tenter d’obtenir une entente sur le
montant qui sera versé au créancier. S’il n’y a pas d’entente entre le
liquidateur et le créancier d’aliment, ce dernier pourra à ce moment-là
soumettre sa demande au tribunal pour qu’il tranche le litige.
o L’art. 686 C.c.Q. nous explique les critères pour établir le montant ou la somme
forfaitaire qui sera remise au créancier d’aliment soit :
 Les besoins et facultés du créancier
 Des circonstances dans lesquelles il se trouve
 Du temps nécessaire pour acquérir une autonomie suffisante
 Du montant du versement déjà fixé par le tribunal à titre de contribution
alimentaire de son vivant
 De l’actif de la succession et des avantages qu’elle procure au créance
 Des besoins et facultés des héritiers et des légataires particuliers
 Du droit aux aliments que d’autres personnes peuvent faire valoir

o Calcul à faire relativement à la survie de l’obligation alimentaire  : art. 688 C.c.Q.


voir document téléchargé «  Le calcul de la contribution maximale  ».

22
 Précisions :
 Dans cet article, on parle du conjoint marié ou du descendant
(un enfant) seulement.
 La « valeur des libéralités » réfère à l’art. 687 C.c.Q.
 L’ex-conjoint auquel on fait référence à l’art. 688 al. 2 C.c.Q. est
vraiment l’ex-conjoint divorcé seulement.
 Pour établir la valeur de la contribution maximale, il est important
d’établir la valeur totale de cette succession. Certaines libéralités
seront prises en compte mais, il y a aussi certaines
présomptions (art. 690 et 691 C.c.Q.).
o Finalement, toutes ces règles sur la survie de l’obligation alimentaire vont
s’appliquer mais, il faut que le créancier soit en mesure d’établir qu’il a un besoin
alimentaire et qu’on respecte tous les autres critères qui sont prévus à l’art. 686
C.c.Q.
 Il ne s’agit pas juste de le demander; si le créancier n’a pas de réel
besoin alimentaire ou si la succession n’est pas en mesure de verser un
tel montant parce qu’elle est déficitaire, la question de la survie de
l’obligation alimentaire ne pourra pas s’appliquer.

SECTION 5 – LES RECOURS ENTRE LES CONJOINTS DE FAIT

 Dans un contexte de litiges familiaux, les conjoints de fait n’ont pas les mêmes droits et
les mêmes obligations que ceux prévus pour les conjoints mariés ou unis civilement.

 Les recours entre les conjoints de fait : art. 412 C.p.c.; art. 61.1 Loi d’interprétation
o Certains droits pour les conjoints de fait sont prévus dans certaines lois
particulières mais, pas au Code civil du Québec.
 Cependant, lorsque des conjoints de fait ont des enfants, ils auront les
mêmes droits et obligations à l’égard de leurs enfants.
 Mais, au niveau des conjoints entre eux, il y aura de grandes différences
par rapport aux conjoints qui sont mariés.
o Contrat entre conjoints de fait  : Il est toujours possible pour les conjoints de fait
de conclure des contrats, des conventions que l’on appellera « contrat de vie
commune » ou « contrat de cohabitation ».
 Dans ces contrats, les conjoints de fait pourraient décider de se
soumettre aux dispositions du patrimoine familial ou même de prévoir
qu’il pourrait y avoir pension alimentaire entre les conjoints advenant une
rupture.
 Ces contrats sont valides et ont été reconnus à maintes reprises par les
tribunaux. Par contre, ils sont soumis aux règles générales des contrats
et doivent aussi respecter l’ordre public.
o En l’absence d’un contrat de vie commune  : Dans ce cas, les conjoints de fait
peuvent tout de même exercer certains recours. Ex. une procédure relative à la
garde ou à la pension alimentaire pour les enfants. Ex. une procédure eu égard à
leurs droits patrimoniaux en vertu de l’art. 412 C.p.c.
o Éric c. Lola : voir Notes du cours Régimes matrimoniaux avec Alain Roy
 La Cour suprême rend sa décision en 2013 et n’est pas unanime. Elle en
vient à la conclusion que le fait que les conjoints de fait soient exclus de
l’application des dispositions du C.c.Q. sur le patrimoine familial et de
l’obligation alimentaire est une limite raisonnable qui est prescrite par
une règle de droit justifiée dans une société libre et démocratique et
donc, que cela respecte le droit à l’égalité en vertu de l’art. 1 de la
Charte canadienne des droits et libertés.

23
o Comité consultatif du droit de la famille  : Mis sur pied par le gouvernement du
Québec en 2013, suite à cette décision et présidé par Alain Roy. Le comité avait
un mandat à deux volets :
 1. Savoir s’il était opportun de revoir ou non l’ensemble des règles du
droit de la famille au Québec
 2. S’ils en venaient à la conclusion que le droit de la famille devait être
revu, ils devaient proposer des éléments qui pourraient être revus.

 La société tacite et l’enrichissement injustifié :


o Puisque les conjoints de fait n’ont pas de droits spécifiques relativement à leur
patrimoine, ils sont quand même soumis à toutes les règles générales du Code
civil du Québec. Ex. les règles relatives à la société tacite.
o Les règles relatives à la société tacite :
 Ex. Des conjoints de fait qui ont ensemble une entreprise, ex. une ferme.
Ils ont donc la possibilité de travailler sur cette ferme, d’engager du
personnel tous les deux, d’acheter et revendre du matériel, etc. lls ont
autant de droits dans cette organisation l’un que l’autre. Ils partagent les
pertes et les bénéfices. À ce moment-là, on pourrait considérer qu’ils ont
créé une société tacite entre eux.
 Affaire Beaudoin-Daigneault c. Richard (Cour suprême, 1984) : énumère
les trois conditions essentielles à l’existence d’une société tacite et sont
les suivants :
 1. Un apport de chaque associé au fond commun en biens, en
argent ou en travail. L’apport de chacun des associés ne doit
pas être hors de proportion par rapport à celle de l’autre. Donc, à
peu près égale.
 2. Que le vécu des associés révèle qu’il y a un partage de pertes
et de bénéfices entre eux.
 3. Que le comportement des deux associés démontrent leur
intention de créer une société.
 Si on a ces trois conditions essentielles, la Cour pourrait conclure à une
société tacite et donc, à un partage entre les deux conjoints de fait.
o Les règles relatives à l’enrichissement injustifié : art. 1493 à 1495 C.c.Q.
 On retrouve l’enrichissement injustifié dans le chapitre des obligations.
 L’art. 1493 C.c.Q. énumère très clairement les critères relatifs à un
recours en enrichissement injustifié. Ce recours est basé sur six
conditions essentielles :
 1. Un enrichissement
 2. Un appauvrissement
 3. Une corrélation entre l’enrichissement et l’appauvrissement
 4. Absence de justification à l’enrichissement ou à
l’appauvrissement (voir art. 1494 C.c.Q. pour savoir ce qui serait
une justification)
 5. Absence de fraude à la loi
 6. Il ne doit pas y avoir aucun autre recours possible. Donc,
l’enrichissement injustifié doit être le seul recours qui est ouvert.
 L’art. 1495 C.c.Q. prévoit que l’indemnité n’est dû que si
l’enrichissement subsiste au jour de la demande. Tant l’enrichissement
que l’appauvrissement s’apprécie au jour de la demande. Toutefois, si
les circonstances indiquent la mauvaise foi de l’enrichi, l’enrichissement
peut s’apprécier au temps où il en a bénéficier.
 Présomptions applicables dans le cadre de ce recours en enrichissement
injustifié :
 1. La prestation de service domestique est reconnu par la
jurisprudence. On parle d’une dame qui a laissé son emploi pour

24
s’occuper des enfants et de la maison et pour aider son conjoint
qui a fondé une entreprise. C’est un apport en temps et la
jurisprudence en fait une interprétation large et libérale.
 2. L’union de fait qui devient la justification à la corrélation et à
l’absence de motifs à l’enrichissement.
 Évaluation de la valeur = méthode de la valeur
accumulée. On va évaluer en déterminant une
contribution proportionnelle du conjoint qui
réclame l’enrichissement injustifié par rapport à
l’enrichissement de l’autre conjoint.
 Ce sera seulement une indemnité pécuniaire.
Ce ne pourrait pas être une créance (ex. un droit
dans la résidence).

QUESTIONS/RÉPONSES :

Quels sont les critères à considérer lors d’une demande de prestation compensatoire et comment le
travail de nature domestique doit-il être considéré?

La prestation compensatoire est une mesure qui vise à indemniser un conjoint qui, par son apport en biens
ou en services, a contribué à l’enrichissement du patrimoine de son conjoint.
La prestation compensatoire n’est ouverte qu’à l’égard des biens accumulés en dehors du patrimoine
familial.
Dans l’affaire Droit de la famille-161944, 2016 QCCA 1285, la Cour d’appel fait un résumé des six
conditions donnant ouverture à l’octroi de la prestation compensatoire ainsi que la méthode que les
tribunaux doivent adopter pour évaluer tous les éléments nécessaires pour l’établir.
Il faut prendre en compte tous les apports y compris ceux que l’on qualifie de domestiques ou conjugaux.

Quels sont les critères à considérer lors d’une demande d’enrichissement injustifié par des
conjoints de fait et comment le travail de nature domestique doit-il être considéré?

Pour réussir à obtenir une indemnité compensatoire basée sur l’enrichissement injustifié, un conjoint doit
démontrer les éléments suivants :
1- Un enrichissement du patrimoine de son conjoint;
2- Un appauvrissement de son propre patrimoine;
3- Une corrélation entre l’enrichissement et l’appauvrissement;
4- L’absence de justification;
5- L’absence de fraude à la loi;
6- L’absence d’autre recours.
De ces six conditions essentielles, soulignons que la Cour d’appel a retenu dans l’arrêt B. (M.) c. L. (L.),
REJB 2003-44742, « que deux présomptions peuvent découler d’une union de fait de longue durée, à savoir
corrélation entre enrichissement et appauvrissement et absence de motifs à l’enrichissement ».
Pour ce qui est de la considération à donner aux activités de nature domestique d’un conjoint, nous vous
référons à l’affaire Droit de la famille-132495, 2013 QCCA 1586.
 COURS 3 : L’OBLIGATION ALIMENTAIRE

 L’obligation de subvenir aux besoins de la famille va de soi lorsqu’elle est uni et vit sous
une même tôt. Qu’arrive-t-il par ailleurs lors d’une séparation ou d’un divorce? Comment
assurer la subsistance des enfants et du conjoint?

SECTION 1 – L’OBLIGATION ALIMENTAIRE À L’ÉGARD DES ENFANTS

 Introduction :
o L’obligation alimentaire existe en vertu de plusieurs sources juridiques,
notamment la Loi sur le divorce et le Code civil du Québec. Il est important de
déterminer rapidement le cadre juridique d’un dossier afin de connaître
précisément la loi qui s’applique.

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 L’obligation alimentaire découle évidemment des dispositions sur la
filiation, le mariage et l’union civile.
 Les parents doivent contribuer aux besoins de leur enfant et ce, qu’ils
soient mariés, unis civilement ou conjoints de fait.
o Les dispositions en matière de pension alimentaire pour les enfants sont des
dispositions d’ordre public et qui existent depuis 1997.
 Lorsque l’État a créé ses dispositions d’ordre public, il a été décidé aussi
que ces pensions alimentaires seraient non-déductibles et non-
imposables pour la personne qui les reçoit.

 Le contexte juridique des règles provinciales de fixation des pensions alimentaires pour
enfants : art. 585, 586, 587.1, 587.2 et 587.3 C.c.Q.
o Source juridique : Le droit tire sa source de l‘art. 585 C.c.Q. qui prévoit que les
époux, conjoints unis civilement et les parents en ligne directe au premier degré
se doivent des aliments.
 L’art. 586 C.c.Q. qui compléter en prévoyant que le recours de l’enfant
mineur peut être exercé par le titulaire de l’autorité parentale , par son
tuteur ou par tout autre personne qui en a la garde.
o L’art. 587.1 C.c.Q. explique plus amplement le calcul de la pension alimentaire.
 Cet article réfère au Règlement sur la fixation des pensions alimentaires
pour enfants, lequel s’accompagne d’une table de contribution parentale
de base qui nous permettra de calculer la pension alimentaire de base
pour les enfants.
 Par ailleurs, le tribunal a discrétion pour augmenter ou réduire le montant
des aliments qui est prévu par la table de fixation, selon les
circonstances.
o Frais particuliers : La table de fixation prévoit également l’ajout de frais
particuliers ou encore des frais de garde ou des frais d’études post-secondaires.
 Pour ces trois types de frais, on parle de « frais net » donc, réduit de
toute subvention ou montant reçu d’une assurance ou quelque montant
de cette nature.
 Exemples de frais particuliers : frais relatifs à un sport d’élite, frais
d’orthodontie, frais d’école privée, de tutorat. Bref, tout ce qui est relié à
un besoin particulier de l’enfant.
 Cette notion de frais particulier est prévu à l’art. 587.2 C.c.Q. et la
question d’augmenter ou de réduire le montant de pension alimentaire
est prévu à l’art. 587.3 C.c.Q.

 Le Règlement de fixation des pensions alimentaires pour enfants  : art. 1, 3 à 7 du


règlement sur la fixation des pensions alimentaires pour enfants (R.f.p.a.) (dans le
C.p.c.); art. 493 et s., 521.1 et s. et 590 C.c.Q.
o C’est à partir du Règlement sur la fixation des pensions alimentaires pour
enfants que le législateur a créer le formulaire de fixation des pensions
alimentaires pour enfants.
 C’est ce formulaire qui va nous aider à calculer le montant de pension
alimentaire de base, auquel on ajoutera un pourcentage des frais
particuliers et qui nous donnera le montant payable mensuellement.
 Pension alimentaire = paiements échelonnés mensuellement
o Qu’est-ce que cette pension alimentaire de base va couvrir?
 La contribution parentale de base va couvrir 9 besoins de base :
 1) Le logement
 2) La nourriture
 3) Les vêtements

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 4) Le transport
 5) Les communications (téléphone, internet)
 6) Les soins personnels (ex. tout ce qu’on achète à la
pharmacie)
 7) Les loisirs
 8) L’entretien ménager
 9) L’ameublement
 Ces 9 besoins de base se retrouvent dans la table de fixation.
o Indexation : Le montant de pension alimentaire de base sera aussi indexé, une
fois par année (art. 590 C.c.Q.).
o Application des règles provinciales : Les règles provinciales ne s’appliquent pas
dans tous les cas. L’enfant doit demeurer chez son parent. Elles s’appliqueront
dans 5 cas seulement (i.e. les cas où la table s’appliquera):
 1. Aux parents d’enfants, majeur ou mineur, qui sont mariés et
qui sont en instance de divorce ou qui sont divorcés et qui
résident tous les deux au Québec.
 2. Aux parents d’enfants, majeur ou mineur, qui sont en instance
de séparation de corps (art. 493 et s. C.c.Q.).
 3. Aux parents d’enfants, majeur ou mineur, qui sont toujours
mariés et qui sont seulement séparés de fait mais, qui veulent
requérir des aliments pour leur enfant en vertu du C.c.Q.
 4. Aux parents d’enfants, majeur ou mineur, qui ne sont pas
mariés mais, qui revendiquent ou contestent des demandes
alimentaires pour leurs enfants.
 5. Aux parents d’enfants, majeur ou mineur, qui sont unis
civilement (art. 521.1 et s. C.c.Q.) et qui sont séparés ou en
instance de dissolution de leur union civile.
 Attention : Quand on parle d’un enfant majeur, il
est important que cet enfant demeure chez son
parent.
 C’est donc dire que les règles provinciales ne
s’appliquent pas aux enfants majeurs qui
réclament pour eux-mêmes des aliments de
leurs parents. ex. un enfant qui habite en
appartement en raison de ses études – la table
ne s’appliquerait pas.
 La table ne s’appliquera pas non plus dans le
cas des parents qui sont mariés et qui sont en
instance de divorce ou qui sont divorcés mais,
dont l’un d’eux ne réside pas au Québec. si l’un
des parents ne réside pas au Québec, on
appliquera les règles fédérales.

Les règles ne s’appliquent pas aux enfants majeurs qui réclament pour eux-mêmes des aliments
de leurs parents. Non plus aux enfants majeurs ou mineurs qui sont mariés en instance de
divorce, mais lorsqu’un des parents ne réside pas au Québec. Si ne réside pas au Québec, on
appliquera les règles fédérales.

o Pour établir le montant de la pension alimentaire pour un enfant, les règles


provinciales prévoient aux art. 3 à 7 du Règlement sur la fixation des pensions
alimentaires pour enfants qu’il faut tenir compte de 4 éléments pour calculer le
montant de la pension :

 1) Le revenu des parents


 2) Le nombre d’enfants qui sont concernés par la demande

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 3) Les autres frais (ex. frais de garde net, frais d’études post-secondaires
net et autres frais particuliers nets)
 4) Le type de garde exercée
 Ces quatre éléments combinés vont nous
donner le montant payable par le débiteur.

 L’établissement des revenus annuels : art. 9(2) R.f.p.a. et art. 446 C.p.c.
o Annexe I – Formulaire de fixation des pensions alimentaires pour enfants (se
trouve à la page 744 du C.p.c.) :
 On doit joindre au formulaire les preuves de revenu. Ainsi, les
déclarations fiscales provinciales pour l’année qui précède ainsi que trois
bulletins de paie récents devront être brochés avec le formulaire pour
faire état des revenus des parents.
 On tiendra compte des revenus des deux parents pour les
enfants concernés par la demande.
 Attention : partout dans le formulaire, en petits
caractères, on retrouve des explications entre
parenthèses, en dessous des lignes prévues
dans le formulaire, il faut en tenir compte car,
elles nous aideront à calculer la pension.
 Partie 2 – État des revenus des parents : *très important, il faut mettre
des montants annuels dans ce formulaire.
 « salaire brut » : Le salaire brut d’un parent devra être indiqué à
la ligne 200.
 Si cette personne est un travailleur à commission ou à
pourboires, on devra les ajouter aussi à la ligne 201.
 Pour les revenus d’entreprise ou de travail autonome, on parle
plutôt de revenu net à la ligne 202.
o Important de joindre les états financiers de cette
entreprise ou du travailleur autonome.
 Si l’un des parents est prestataire d’assurance-emploi ou
d’assurance parentale, on indiquera le montant à la ligne 203.
 Si l’un des parents reçoit une pension alimentaire versé par un
tiers et qu’il la reçoit à titre personnel, cela fait également partie
de ses revenus et on devra l’indiquer à la ligne 204.
 Les loyers nets (ex. un parent qui serait propriétaire d’un
immeuble à revenus et qui tire des revenus de loyer nets devra
l’indiquer car il s’agit de revenus), ligne 207
 On comprend que l’interprétation du revenu ici
est très large. Les tribunaux ont vraiment
interprété largement l’art. 9 R.f.p.a.
 Cette interprétation large vise l’intérêt des
enfants car, la pension alimentaire est pour
subvenir à leurs besoins. C’est pour cette raison
que les tribunaux vont entrer beaucoup
d’éléments dans le calcul du revenu.

Cependant, il y a des exceptions qui n’entrent pas dans les revenus.  : voir la parenthèse en
dessous de la ligne 208 « autres revenus »
o Les transferts gouvernementaux reliés à la famille (i.e.
les allocations familiales ou prestations fiscales pour
enfants)
 Ce n’est pas du revenu au sens de la fixation et
cela n’entre pas dans le calcul.

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o Les prestations d’aide financière de dernier recours (i.e.
les montants d’aide sociale)
 Les montants d’aide sociale n’entrent pas dans
les revenus. C’est comme si la personne n’avait
pas de revenu au fin de la fixation de la pension,
si c’était son seul revenu évidemment.
o Les montants reçus dans le cadre des programmes
d’aide financière aux études accordés par le ministère
de l’Éducation, du Loisir et du Sport (i.e. ce sont des
montants de bourses et prêts pour l’aide financière aux
études).
 Le tribunal a une discrétion. Bien que quelqu’un déclare dans
son formulaire certains revenus, le tribunal a une discrétion pour
établir des revenus différents, pour établir un revenu fictif (art.
446 C.p.c.).
o Donc, le tribunal a une marge de manœuvre.
 Par exemple, dans la ligne 202 pour les revenus
d’entreprise ou de travail autonome. Un
travailleur autonome peut réduire plusieurs
dépenses de ses revenus (ex. sa voiture, son
téléphone cellulaire, des frais de représentation,
restaurants, etc) et qui sont tout à fait légitimes
et légales au niveau fiscal. Cependant, aux fins
de la fixation de la pension alimentaire, le
tribunal pourrait décider d’attribuer à ce
travailleur autonome un autre revenu que le
revenu qu’il se déclare réellement.
 Pourquoi le tribunal a-t-il cette discrétion? Parce
que les enfants ont le droit de bénéficier de
toutes les sources de revenus de leurs parents
et qu’on ne veut pas les pénaliser. On veut
vraiment que tous leurs besoins soient comblés.
 Évidemment, on va regarder les actifs et passifs
de cette personne et c’est ce que le juge va
utiliser pour déterminer son revenu, il va
regarder son train de vie et de ses actifs. Ex.
travailleur autonome qui a un train de vie plus
important que celui qu’il déclare.

 Calcul de la pension alimentaire :


o L’art. 9(2) du Règlement sur la fixation des pensions alimentaires pour
enfants prévoit que les revenus de toute provenance devront être pris en
compte au moment du calcul de la pension alimentaire pour enfants.

 La contribution alimentaire de base, les frais de garde, les frais d’études postsecondaires
et les frais particuliers : art. 587.1 C.c.Q. et art. 9(1) R.f.p.a.
o Annexe I – Formulaire de fixation des pensions alimentaires pour enfants (se
trouve à la page 744 du C.p.c.) :
 Partie 3 – Calcul du revenu disponible des parents aux fins du
calcul de la contribution :
 On doit reprendre le revenu total obtenu à la ligne 209 et on le
répète à la ligne 300 pour chacun des parents.

29
 On va ensuite faire certaines déductions dont, une déduction de
base (i.e. qui se retrouve à la toute fin de la table de fixation).
 Ce montant varie d’une année à une autre. Il est
important de ne pas oublier cette déduction
sinon on arrivera pas au bon montant.
 Après les déductions, on va calculer le revenu disponible de
chaque parent. On va faire un calcul de proportion en
pourcentage pour établir le pro rata de chacun des parents dans
le total des revenus disponibles des deux parents.

 Partie 4 – Calcul de la contribution alimentaire annuelle des


parents :
 On doit indiquer le nombre d’enfants communs des parents
concernés par la demande.
 Il faut également indiquer la contribution alimentaire parentale de
base de chacun des parents que nous serons allés chercher
dans la table de fixation de pension alimentaire selon le revenu
disponible des parents et selon le nombre d’enfants.
 On va répartir cela selon le pro rata (i.e. pro rata que l’on aura
trouvé en haut) et auquel on ajoutera les frais de garde nets, les
frais d’études post-secondaires nets et les frais particuliers nets.
o Définition de « frais particuliers nets » : Les frais
particuliers nets sont prévus aux art. 587.1 al. 2 C.c.Q.
et art. 9(1) R.f.p.a.
 Un frais particulier est lié à un besoin particulier
de cet enfant. Ex. un enfant qui porte des
lunettes ou qui a besoin d’un traitement
d’orthodontie.
 Ce doit être un frais qui est raisonnable eu
égard aux besoins et facultés, aux moyens des
parents, et qui est en lien avec un besoin que
dicte la situation particulière de cet enfant.
 Il faut que ce soit dicté par un besoin réel de
l’enfant.
 Frais d’école privée : Que ce soit le transport,
les livres ou les frais de scolarité eux-mêmes
peuvent être considérés comme des frais
particuliers MAIS, en autant que cela rencontre
tous les critères soit que ce soit raisonnable et
que ce soit un besoin particulier propre à sa
situation à lui. On devra en faire la preuve au
tribunal.
 Sport d’élite, de compétition (ex. hockey) : Le
besoin qui dicte la situation particulière de
l’enfant relative au hockey pourrait être que cet
enfant joue au hockey depuis très longtemps et
que c’était une décision que ces parents avaient
prise en commun avec l’enfant pendant qu’ils
étaient ensemble. Parce que c’est important
pour l’enfant et que c’est bon pour sa santé
mentale et physique, il se pourrait que le tribunal
décide que les parents doivent continuer de
payer. Attention  toujours dans le respect des
besoins et facultés des deux parents.

30
 Le calcul de la pension alimentaire selon le temps de garde  : art. 4, 5, 6, 7 et 9 R.f.p.a.
o Partie 5 – Calcul de la pension alimentaire annuelle selon le temps de
garde :
 Les types de garde sont décrits aux art. 4 à 7 R.f.p.a.
 Il faut déterminer dans quel type de garde on se trouve afin de remplir la
bonne section et effectuer le calcul de cette section.
 On a essentiellement trois types de garde :
 1. La garde exclusive (section 1) :
 C’est lorsqu’un enfant est avec son parent non
gardien, lors d’un droit de visite ou de sortie,
pendant 20% et moins du temps sur une
année.
 Soit entre 0 et 73 jours par année (ex. une fin de
semaine sur deux, une semaine à noël et deux
semaines l’été).
 À ce moment-là, il est considéré en garde
exclusive par son parent gardien.
 2. Le droit de visite et de sortie prolongée (section 1.1) :
 L’enfant est avec son parent non gardien entre
20 et 40% du temps de garde.
 Soit entre 74 à 145 jours de visite par année
avec son parent non gardien (ex. trois fins de
semaine sur quatre, deux semaines pendant la
période des fêtes et en garde partagée l’été).
 Ce parent gardien paiera un peu moins de
pension alimentaire mensuellement pour son
enfant parce qu’il l’a plus souvent avec lui et que
cela nécessairement lui crée des dépenses.
o Garde exclusive attribuée à chacun des parents
(section 2) :
 La situation où on a deux enfants et que la
garde exclusive est attribuée à chacun des
parents.
 On a deux enfants qui sont à temps plein avec
chacun des parents. Ex. l’aîné est avec la mère
et le plus jeune avec le père.
 3. La garde partagée (section 3) :
 C’est au moins 40% du temps de garde. Donc,
c’est entre 40% et 60% du temps de garde.
 On parle ici d’entre 146 et 219 jours de garde
par année.
 Garde à 50-50 : 50% équivaut à 182.5
jours
o Garde exclusive et/ou garde avec droit de visite et de
sortie prolongé et/ou garde partagée simultanées
(section 4) :
 On parle ici minimalement de deux enfants et
qui n’effectuent pas le même type de garde.
 Dès qu’on a deux situations, minimalement,
combinées alors on sera dans la section 4 et on
effectuera le calcul avec cette section.

Lorsqu’on se retrouve en matière de divorce ou de modification des matières accessoires et


qu’on doit calculer une pension alimentaire pour enfant, on s’y prend de la même façon. On parle

31
de temps parental, mais le principe est le même. On prend le nombre de jours. Et ce, même si
16.1 (1) et 2(1) de la Loi sur le divorce, même si l’enfant n’est pas en tout temps, ex. garderie, va
compter quand même comme un temps de garde.

Lorsque les parents sont mariés et sont en instance de divorce, on se réfère à la Loi sur le
divorce.

 La Loi sur le divorce : art. 2(1), 2(2), 2(5), 3, 15.1 et 15.3 Loi sur le divorce
o Définitions et notions de base :
 L’art. 2(1) Loi sur le divorce prévoit des définitions dont, notamment,
celle d’ « enfant à charge ».
 On retrouve également à son art. 2(2) la notion de « in loco parentis »
(i.e. d’avoir agi à titre de parent).
 Cette notion de « in loco parentis » n’existe pas au Code civil du
Québec.
 L’art. 2(5) prévoit qu’une province du Canada peut établir ses propres
règles de fixation de pension alimentaire pour enfant (i.e. ce que le
Québec a fait avec le formulaire et la table de fixation).
 L’art. 3 prévoit quel tribunal est compétent pour entente une demande de
divorce et donc, une demande de fixation de pension alimentaire. C’est
le tribunal de la province où l’un des époux a résidé pendant au moins
l’année précédant l’introduction de l’instance.
o L’art. 15.3(1) prévoit qu’il y a une priorité qui est accordée aux aliments pour les
enfants. Ex. dans un cas où il y aura une demande de pension alimentaire pour
enfants et pour ex-époux, c’est la pension alimentaire pour les enfants qui aura
priorité.
 Il est important de comprendre que la pension alimentaire pour les
enfants pourra être établi non seulement au fond du divorce mais,
également lors des mesures provisoires (art. 15.1).

 Lignes directrices fédérales sur les pensions alimentaires pour enfants  : art. 3(3), 7, 15 à
20 Lignes directrices fédérales sur les pensions alimentaires pour enfants
o Les lignes directrices fédérales vont s’appliquer dans un cas de divorce ou dans
un cas de modification des mesures accessoires suite à un divorce lorsque les
parents n’habitent pas dans la même province ou lorsqu’un des parents est à
l’extérieur du pays.
 Dans ces cas-là, l’art. 2(1) nous dit que l’on doit utiliser les lignes
directrices fédérales.
 Les lignes directrices découlent de la Loi sur le divorce et sont établies
en fonction du revenu du débiteur alimentaire et du nombre d’enfants.
 L’art. 3(3) prévoit que l’on doit prendre la table de la province de
résidence du débiteur pour établir le montant de la pension alimentaire.
 Si le débiteur réside à l’extérieur du Canada, on utilisera la table
de la province du créancier.
o À la suite des lignes directrices, on a des tableaux par province et par nombre
d’enfants.
o On parle ici d’une pension alimentaire de base.
 Donc, calculée mensuellement en fonction du revenu brut du débiteur.
 À ce revenu, on pourra soustraire certaines choses pour ajuster le
revenu du débiteur en application des tables fédérales (art. 15 à 20).

 De plus, on pourrait également ajouter à cette pension alimentaire de


base certains frais ou dépenses spéciales ou extraordinaires liées aux
besoins de l’enfant (art. 7).

32
 Ces dépenses doivent également être nécessaires par rapport à
l’intérêt de l’enfant, avoir un caractère raisonnable par rapport
aux ressources des époux ou de l’enfant ainsi qu’aux habitudes
de la famille.
 Ces dépenses seront payables au pro rata (en proportion) des
revenus des deux parents.
o Contrairement aux règles provinciales, les lignes directrices fédérales n’ont pas
établis de formulaire pour calculer la pension alimentaire.
 Donc, il faudra vraiment se baser sur les tables et calculer manuellement
le montant de la pension alimentaire.
o En résumé :
o L’article 2 (1) de la Loi sur le divorce établit le cadre d’application
des Lignes directrices, en précisant que dans le cas d’un divorce où les
deux parents résident dans la même province et que cette province a
adopté ses propres règles de fixation (comme c’est le cas pour la
province de Québec), ce sont alors les règles provinciales qui
s’appliquent. Ainsi, les Lignes directrices s’appliquent « dans les autres
cas », soit entre parents en instance de divorce ou divorcés résidant
dans des provinces ou pays différents (art. 2 (1) b) de la loi).
o L’article 3 (3) des Lignes directrices traite de la table applicable soit celle
du lieu de résidence du débiteur, et de celle applicable lorsqu’il réside à
l’extérieur du Canada, soit celle du lieu de résidence du créancier.

SECTION 2 – L’OBLIGATION ALIMENTAIRE ENTRE ÉPOUX ET CONJOINTS UNIS


CIVILEMENT

 Lorsque mariés ou unis civilement, les conjoints sont soumis à une obligation alimentaire
entre eux. Cette obligation alimentaire vise à répondre à leurs besoins essentiels (ex. se
loger, se nourrir, se soigner, etc).
 Seuls les conjoints mariés ou unis civilement se doivent des aliments .
Les critères d’attribution des aliments se trouvent au Code civil du
Québec (art. 587, 588, 589 et 512 C.c.Q.) et à la Loi sur le divorce (art.
15.2(4) L.d.).
 Cette obligation ne s’applique pas aux ex-conjoints de fait.

 Cette obligation subsiste tant que dure le mariage ou l’union civile. À la suite d’une
rupture, elle peut être prolongée par le tribunal de façon à permettre à un conjoint de
demander une pension alimentaire. Cependant, elle n’est pas accordée
systématiquement.

 L’obligation alimentaire entre époux et conjoints unis civilement  : art. 517, 585, 587, 588
et 589 C.c.Q.; art. 15.2 L.d.
o Le fondement du droit aux aliments se trouve à l’art. 585 C.c.Q.

o En situation de séparation de corps ou de dissolution d’union civile  :


 L’art. 587 C.c.Q. établit les éléments à prendre en compte pour
déterminer le montant de la pension alimentaire entre ex-époux. On doit
donc tenir en compte :
 1. Les besoins et les facultés des parties
 2. Des circonstances dans lesquelles elles se trouvent. Par
exemple :
o La durée du mariage
o L’âge des parties
o Leur état de santé

33
o Leur formation scolaire
o Leur expérience de travail
 3. Du temps nécessaire au créancier pour acquérir une
autonomie suffisante. Ainsi, une pension alimentaire pourra ou
non avoir un terme (i.e. soit un terme pour y mettre fin ou pour la
réviser) fixée par le tribunal.
 L’art. 588 C.c.Q. précise qu’on n’est pas obligé d’attendre au fond de la
procédure en séparation de corps ou en dissolution d’union civile pour
demander une pension alimentaire et en obtenir une.
 C’est-à-dire qu’on pourrait l’obtenir tant au stade des mesures
provisoires qu’aux mesures accessoires.
 Forme de la pension alimentaire  : L’art. 589 C.c.Q. prévoit que les
aliments sont payables sous forme de pension mensuelle.
 Le tribunal pourra, exceptionnellement, remplacer ou compléter
cette pension alimentaire par une somme forfaitaire payable au
comptant ou par versement.
 Cette somme forfaitaire pourrait, notamment, servir à payer une
voiture. Ex. si la créancière alimentaire avait un besoin d’une
voiture pour aller travailler ou pour aller à l’université. Elle
pourrait aussi demander une somme forfaitaire pour ses frais de
scolarité, si elle est encore aux études.
o En situation de divorce :
 On utilise l’art. 517 C.c.Q. qui va nous amener vers la Loi sur le divorce
(i.e. loi canadienne car, c’est le fédéral qui a compétence en matière de
divorce).
 L’art. 15.2(4) L.d. explique, qu’en rendant une ordonnance ou une
ordonnance provisoire en vertu de cet article, le tribunal doit tenir compte
des sources, des besoins et, d’une façon générale, de la situation de
chaque époux, y compris :
o La durée de la cohabitation des époux
 Plus le mariage est long, plus il est possible que
l’état de dépendance économique soit important.
o Les fonctions qu’elles ont accomplies au cours de cette
cohabitation
 Ex. d’avoir quitté un emploi, de s’être occupé
des enfants, etc.
o Toute ordonnance ou entente ou arrangement
alimentaire au profit de l’un ou l’autre des époux.
 L’intention du législateur fédéral est sensiblement la même que celle du
législateur provincial. C’est-à-dire qu’on devra tenir compte des
ressources et moyens du débiteur, des besoins du créancier et de la
situation de chaque époux.
 Encore une fois, on n’a pas à entendre un jugement sur le fond pour
accorder la pension alimentaire. Cela peut se faire lors des mesures
provisoires.
 Selon l’art. 15.2(6) L.d., il y a d’autres éléments que l’on vise soit :
 À prendre en compte les avantages ou les inconvénients
économiques qui découlent pour les époux du mariage ou de
son échec
 À répartir entre eux les conséquences économiques qui
découlent du soin de tout enfant à charge en sus de toute autre
obligation alimentaire relative à tout autre enfant à charge : un
enfant malade, conjoint a dû quitter son emploi pour y remédier.
 À remédier à toute difficulté économique que l’échec du mariage
leur cause

34
 À favoriser, dans la mesure du possible, l’indépendance
économique de chacun des époux dans un délai raisonnable
 Ici, on veut que le créancier ou la créancier de
l’obligation alimentaire tente d’avoir une
autonomie économique, par exemple, en
trouvant un emploi ou en faisant une formation.
Il faut qu’elle cherche à faire des revenus pour
subvenir en partie à ses besoins et ne pas
laisser à l’autre toute la charge économique.
 Modalité de paiement de la pension alimentaire  : L’art. 15.2(1) L.d.
prévoit que ce sera sous forme de capital (montent forfaitaire), de
pension (paiements échelonnés mensuels) ou les deux.

 Impact fiscal de la pension alimentaire :


o La pension alimentaire est déductible d’impôt pour le débiteur et imposable pour
le créancier, ce qui la distingue de celle des enfants qui n’est pas soumise à la
fiscalité.

 Modalités de fixation des pensions alimentaires entre époux et conjoints unis civilement  :
art. 413 al. 2 C.p.c., art. 26 Règlement de la Cour supérieure en matière familiale
(R.C.s.fam.) et art. 590 C.c.Q.
o Contrairement à ce qu’on a vu pour les pensions alimentaires pour enfants, il n’y
a ici aucune table de fixation de pensions alimentaires entre ex-époux.
 Pension alimentaire = paiements échelonnés mensuellement
o Donc, la pension est établit en fonction des besoins du créancier et des moyens
du débiteur.
 Pour ce faire, il faudra que les deux parties complètent un formulaire (i.e.
le formulaire III), qui est état des revenus et dépenses et bilan. C’est une
forme de budget que les parties vont établir.
 Ce formulaire devra être complété et est prévu à l’art. 413 al. 2 C.p.c.
Cet article réfère au Règlement de la Cour supérieure en matière
familiale (R.C.s.fam) et le formulaire est en annexe au Règlement.
o Formulaire III :
 À la première page de formulaire, on retrouve les revenus de la
personne qui le complète. *Chacune des parties devra le compléter.
 On va ensuite retrouver les dépenses de la personne (i.e. primes
d’assurance, cotisations à un régime de retraite, cotisations syndicales,
loyer, épicerie, soins de santé, repas à l’extérieur pour le travail, le loisir,
dépenses relatives aux enfants, etc).
 Par la suite, à la fin du formulaire, il y a un sommaire. Ce sommaire
totalise les dépenses et regarde ce qu’il y a à compenser avec le revenu
que gagne la personne (i.e. donc, le manque à gagner).
 Le manque à gagner pour la créancière sera la pension
alimentaire qui sera généralement réclamée.
o Impact fiscal – très important*  : La pension alimentaire entre ex-époux est
déductible pour le débiteur ET imposable pour la créancière. Donc, c’est comme
un revenu et c’est une grande différence avec les pensions pour enfants qui elles
sont défiscalisées.
 Attention* : Il est possible de payer une somme forfaitaire ou de recevoir
une somme forfaitaire, soit une somme en capital. Cette somme
forfaitaire ne sera pas déductible ou imposable.

o Au même titre que les pensions alimentaires pour enfants, les pensions
alimentaires entre ex-époux sont indexées annuellement en vertu de l’art. 590

35
C.c.Q. et ce, que la pension soit octroyé en vertu de la Loi sur le divorce ou en
vertu du Code civil du Québec.

Question : si les deux parents habitent dans la même province lors du divorce, on utilise
le formulaire de fixation des pensions alimentaires ?

 Les Lignes directrices facultatives en matière de pensions alimentaires pour époux   :


o Ces lignes directrices ont été mises en place en 2005 et sont beaucoup plus
utilisés dans les autres provinces.
o Ces lignes directrices sont un guide, une référence mais, ne dispensent
aucunement les parties de remplir le Formulaire III ni de prouver les éléments qui
sont prévus par la loi.
o Ces lignes directrices sont FACULTATIVES. Il s’agir essentiellement d’un calcul
mathématique qui tient compte de trois éléments :
 1. Les revenus des parties
 2. L’âge des parties
 3. La durée de leur cohabitation
o Le juge peut également se servir des lignes directrices comme un guide de
référence pour établir une fourchette de montant de pension alimentaire et
également une fourchette de durée pendant laquelle la pension alimentaire sera
payable.
 Mais, le juge n’est aucunement lié par ces lignes directrices. Elles ne
sont que facultatives et ne peuvent que l’aider à prendre sa décision
mais, ne dispensent pas les parties des autres critères de la loi.

SECTION 3 – LA MISE À JOUR DES PENSIONS ALIMENTAIRES

 Des changements importants peuvent survenir et entraîner la modification du montant de


la pension alimentaire ou encore son annulation.

 La mise à jour des pensions alimentaires : art. 594, 595, 596.1 C.c.Q. ; art. 17 L.d. et
Loi favorisant l’accès à la justice en instituant le Service administratif de
rajustement des pensions alimentaires pour enfants
o Une fois que la pension alimentaire pour enfant ou entre ex-époux est établie, il
peut évidemment subvenir des changements à leur situation (i.e. à la situation de
l’enfant ou à la situation des ex-époux eux-mêmes).
 Que l’on soit en situation de séparation de corps, de dissolution d’union
civile ou de divorce, les articles que nous devrons aller rechercher pour
la modification ou la mise à jour de la pension alimentaire se retrouveront
au C.c.Q. (art. 594, 595 et 596.1 C.c.Q.).
o L’art. 596.1 C.c.Q. indique que pour maintenir à jour les aliments dûs à leur
enfants, les parents doivent, à la demande de l’un d’eux et au plus une fois l’an,
se tenir mutuellement informés de l’état de leurs revenus respectifs et fournir les
documents prescrits par les règles de fixation des pensions alimentaires.
 Essentiellement, ce que cela veut dire c’est que, sur demande de l’un
des parents, on devra fournir à l’autre une preuve de revenus (i.e.
bulletins et relevés de paie récents) afin de réviser le montant de la
pension alimentaire.
 Qu’est-ce qui permet la révision de la pension alimentaire?
 C’est un changement de situation pour l’enfant (ex. relativement
à sa garde), pour les parents (ex. changement de situation
d’emploi, déménagement, hausse ou baisse de revenus, dans
l’état de santé, etc).

36
o L’art. 594 C.c.Q. prévoit que jugement qui accorde des aliments peut être suet à
révision chaque fois que les circonstances le justifient.
 Les circonstances qui le justifient sont un changement important, un
changement significatif.
 Attention : S’il s’agit du paiement d’une somme forfaitaire, cette somme
ne pourra pas être révisée SAUF si elle n’a pas été exécutée.
o L’art. 595 C.c.Q. prévoit qu’on peut réclamer pour un enfant des aliments pour
des besoins qui existaient avant la demande mais, on ne peut pas les exiger
pour plus de trois ans avant SAUF si le parent a eu un comportement
répréhensible (i.e. répréhensible au niveau économique).
 On peut réclamer pour un ex-conjoint ou un ex-époux des aliments pour
des besoins qui existaient avant la demande mais, cela ne peut pas aller
au-delà de l’année écoulée. Celui qui fait la réclamation doit prouver qu’il
était dans l’impossibilité d’agir plus tôt.
o L’art. 17 Loi sur le divorce prévoit que, avant de rendre une ordonnance
modificative de l’ordonnance alimentaire au profit d’un enfant, le tribunal s’assure
qu’il est survenu un changement de situation.
 L’art. 17(4) L.d. explique ce qu’est le « changement de situation ».
Encore une fois, c’est un changement important ou un changement
significatif qui doit avoir eu lieu. Ex1. un déménagement à plusieurs km
du lieu de domicile initial qui fera en sorte que la garde partagée ne
serait plus possible. Ex2. Un changement au niveau de revenus, on parle
d’une différence d’au moins 5000$.
o Révision ou mise à jour de la pension alimentaire  : Il faudra le faire par une
demande en modification ou en modification des mesures accessoires, selon le
cas. Afin de diminuer les coûts, on a adopté la Loi favorisant l’accès à la justice
en instituant le Service administratif de rajustement des pensions alimentaires
pour enfants en 2012.
 Cette loi prévoit deux façons de faire réviser administrativement des
pensions alimentaires. Elle s’adresse notamment aux parents d’enfants
mineurs pour ce qui est le SARPA (Service administratif de rajustement
des pensions alimentaires pour enfants) et le SAH (Service d’aide à
l’homologation).
 On parle d’une montant fixe qui est payable par les parties pour faire
réviser la pension alimentaire.

SECTION 4 - LA PERCEPTION DES PENSIONS ALIMENTAIRES

 La perception des pensions alimentaires est d’application automatique et universelle, elle


s’applique à toutes les ordonnances alimentaires rendues au Québec.

 La perception des pensions alimentaires pour enfants et pour ex-époux ou ex-conjoints


unis civilement : art. 1, 3 et 4 Loi facilitant le paiement des pensions alimentaires
(L.f.p.p.a)
o La L.f.p.p.a. est une loi à caractère d’ordre public, qui est d’application
automatique et universelle.
 Essentiellement, la L.f.p.p.a. s’applique à toutes les ordonnances
alimentaires mais, seulement sur les pensions qui sont accordés sous
forme de pension (i.e. paiements échelonnés) (art. 1 L.f.p.p.a.).
 Cela exclut donc les paiements sous forme de somme forfaitaire.
 Cette loi prévoit que le paiement des pensions alimentaires sera payable
au Ministre du Revenu (c-à-d. qu’on parle d’une perception automatique
sur le paie, par l’employeur du débiteur, versée au Ministre du Revenu).

37
 Ensuite, le Ministre du Revenu remettra, deux fois par mois, au créancier
ou à la créancière alimentaire le montant de la pension alimentaire.
o Peut-on être exemptée de la Loi facilitant le paiement des pensions alimentaires
(L.f.p.p.a.)?
 La réponse est OUI mais, à certaines conditions.
 Voici les cas d’exemptions : art. 3 L.f.p.p.a
 1. Lorsque le débiteur constituera une fiducie qui garantira le
paiement de la pension alimentaire (voir art. 591 C.c.Q.).
 2. Lorsque les parties en font conjointement la demande. Deux
conditions sont requises soit que :

o (1) le créancier alimentaire doit être d’accord avec cette


exemption;
o (2) le débiteur fournisse une sûreté suffisante pour
garantir le paiement de la pension alimentaire. 1 mois de
revenu d’emploi ou 3 mois pour travailleur autonome. Le
tout doit toujours être approuvé par le tribunal qui
s’assurera du caractère libre et éclairé du consentement.

 L’exemption de la perception n’est pas accordée « pour toujours »


nécessairement. Alors, une personne qui ferait défaut de payer sa
pension alimentaire et pourrait perdre son bénéfice d’exemption et donc,
on pourra percevoir le montant sur sa paie. C’est également le cas
lorsque les parties ne sont plus d’accord sur le fait de bénéficier de cette
exemption.

QUESTIONS/RÉPONSES :

L’obligation alimentaire à l’égard des enfants

Pourquoi n'y a-t-il pas d'ajustement du montant de la pension alimentaire en faveur du


père à la ligne 512.1 dans l’annexe 1 du dossier Morrison, plus précisément la question 2,
étant donné que le père paie déjà les 4 800 $ pour les frais de garde? 

Nous vous référons à la note 2 du formulaire de fixation des pensions alimentaires pour enfants :
«La pension alimentaire à payer calculée conformément à la présente partie présume que le total
des frais (ligne 406) est payé par le parent qui reçoit la pension». Ainsi, le montant de la pension
alimentaire que versera la mère au père au bénéfice des enfants, tient compte du fait que le père
a la garde et qu’il paie les frais particuliers pour les deux enfants.
Conséquemment, aucun ajustement n’est requis en vertu de la ligne 512.1.

Dans l’éventualité où l'enfant majeur , qui ne réside pas avec ses parents, réclame une
pension alimentaire de ses parents divorcés, qui paiera cette pension alimentaire? 

Un formulaire III devra être rempli par l’enfant majeur et la pension payable sera établie
notamment en tenant compte de la capacité financière des deux parents, au prorata.

Dans un jugement en divorce, qu'est-ce qui détermine le régime applicable concernant les
aliments? 

Il s’agit essentiellement du lieu de résidence du parent. En effet, l’article 2 de la Loi sur le divorce
prévoit que, dans le cas où les époux résident habituellement dans une province qui a adopté ses

38
propres lignes directrices complètes, les Lignes directrices fédérales sur les pensions
alimentaires pour enfants ne peuvent s’appliquer

La perception des pensions alimentaires

En ce qui concerne l’exemption à l’application de la Loi facilitant le paiement de la pension


alimentaire, si les parents (ou ex-époux) souhaitent plus tard s’y assujettir, est-il
nécessaire de faire une demande au tribunal ou bien il est possible d’informer simplement
Revenu Québec de cette volonté?

L’exemption à l’application de la Loi facilitant le paiement des pensions alimentaires n’est pas
accordée de façon définitive. 
Selon l’article 5 de cette loi, l’exemption cesse d’avoir effet dans trois (3) circonstances à savoir:
– lorsqu’il y a défaut par le débiteur de constituer une fiducie ou fournir la sureté;
– lorsqu’il y a défaut par le débiteur de payer un versement de pension alimentaire; ou
– lorsque les parties en font conjointement la demande au ministre. 
L’alinéa 2 de l’article 5 L.f.p.p.a. indique que la demande est transmise au ministre du Revenu
par poste recommandée, et elle est accompagnée des renseignements et des documents prévus
au règlement.

Quel est l'article de loi qui indique que si le débiteur est salarié, une sûreté suffisante sera
constituée d’un mois de pension alimentaire remis à l'avance au ministère? 

Il s’agit de l’article 3(2) de la Loi facilitant le paiement des pensions alimentaires

 COURS 4 : LE PATRIMOINE FAMILIAL

 Le mariage ou l’union civile engendre la création d’un patrimoine familial. Ainsi, la loi
prévoit la mise en commun de la valeur de certains biens acquis dans la vie commune,
sans égard au conjoint qui en est propriétaire. Quel que soit le régime matrimonial, que le
couple est des enfants ou non, chacun des conjoints a droit à la moitié de la valeur du
patrimoine lors d’une séparation, d’un divorce ou d’un décès.

 Nous aborderons la qualification des biens et, plus précisément, leurs inclusions ou leurs
exclusions au patrimoine familial. Par la suite, nous présenterons les différents calculs
nécessaires à l’établissement de la valeur partageable du patrimoine familial et qui
serviront à établir la créance d’un conjoint envers l’autre conjoint.

SECTION 1 – SURVOL DES RÈGLES DU PATRIMOINE FAMILIAL

 Le patrimoine familial étant d’ordre public, la connaissance des règles applicables est
d’une utilité incontournable afin de bien comprendre les liens financiers qui unissent les
conjoints.

 Survol des règles du patrimoine familial : art. 391, 423 et 521.6 C.c.Q.
o La patrimoine familial est un effet du mariage.
 Les dispositions relatives au patrimoine familial sont des dispositions
d’ordre public (art. 391 C.c.Q.).
o Les effets de l’entrée en vigueur : Les règles relatives au patrimoine familial
s’appliquent depuis le 1er juillet 1989.
 Les conjoints mariés avant le 1er juillet 1989 sont assujettis aux règles du
patrimoine familial à moins qu’ils aient signé, avant le 30 décembre
1990, une convention d’exclusion qui leur permettait de se soustraire

39
entièrement à l’application des mesures portant sur le patrimoine familial.
Une telle convention n’est plus disponible depuis le 1er janvier 1991.
 Les dispositions du patrimoine familial s’appliquent donc même
aux couples qui étaient mariés même avant le 1er juillet 1989.
 Il est impossible de renoncer aux dispositions du patrimoine familial, peu
importe le régime matrimonial qu’on adopte (art. 423 et 521.6 C.c.Q.).
 L’union civile a les mêmes effets que le mariage relativement au
patrimoine familial (art. 521.6 al. 4 C.c.Q.).

SECTION 2 – LA COMPOSITION DU PATRIMOINE FAMILIAL ET LA QUALIFICATION DES


BIENS LE COMPOSANT

 Le patrimoine familial vise la protection des biens spécifiquement nommés à l’art. 415
C.c.Q.

 Le partage du patrimoine familiale peut s’effectuer à trois moments :


 1. Lors du divorce
 2. Lors de la séparation de corps
 3. Lors d’un décès

 Catégorisation des biens : art. 415 C.c.Q.


o Le patrimoine familial est constitué de certains biens spécifiquement mentionnés
à l’art. 415 C.c.Q et dont l’un ou l’autre des époux est propriétaire.
 C’est-à-dire que l’une des parties est propriétaire du bien ou bien les
deux parties la détiennent ensemble en copropriété.
 Il y a deux catégories de biens qui composent le patrimoine familial.
 La Cour d’appel nous a bien enseigné qu’il fallait bien distinguer
les deux catégories de biens.
 La différence entre les deux est l’impact fiscal sur le bien.
 Les biens de la catégorie 1, soit les maisons,
meubles et véhicules, sont des biens sans
impact fiscal.
 Les biens de la catégorie 2, soit les régimes de
retraite et fonds de pension, ont un impact fiscal.

 Catégorie 1 :
 1. Les résidences de la famille  résidence principale,
résidence secondaire, un chalet.
 2. Les droits qui en confèrent l’usage  une maison utilisée
par la famille ou par le couple mais, dont Monsieur ou Madame
ne sera pas propriétaire. Par exemple, cette maison sera la
propriété d’une fiducie ou d’une entreprise (i.e. souvent dans les
cas où la famille opère une ferme). Dans ce cas, on attribuera
une valeur aux droits qui en confèrent l’usage et cette valeur
sera incluse et calculée au patrimoine familial.
 3. Les meubles qui garnissent ou ornent les résidences de
la famille  la valeur de ces meubles sera incluse également
au patrimoine familial.
 4. Les véhicules automobiles utilisés pour les déplacements
de la famille  la valeur de tout véhicule automobile dont l’une
ou l’autre des parties est propriétaire sera incluse au patrimoine
familial pour que le partage soit effectué. Attention, une voiture
qui serait en location ne fait pas partie du patrimoine familial car,
elle n’est pas la propriété de l’un des époux.

40
 Catégorie 2 :
 1. Les régimes de retraite accumulés durant le mariage  il
faut que les gains ou les droits accumulés à titre de régime de
retraite aient été PENDANT le mariage. Les droits ou gains à
titre de régime de retraite accumulés avant le mariage ne feront
pas partie du patrimoine familial. Cela inclut :
 Les régimes de retraite avec un employeur (un
fond de pension)
 2. Les régimes enregistrés d’épargne-retraite (REER)  ex.
un époux qui aurait accumulé des REER avant le mariage et
que, durant le mariage, il continue d’accumuler des intérêts sur
ce REER. Ces intérêts ne seront pas partageables dans le cadre
du patrimoine familiale (i.e. c’est la théorie de l’accessoire qui
suit le principal).
 3. Les gains inscrits durant le mariage au nom de chaque
époux en application de la Loi sur le régime de rentes du
Québec (RRQ)  chaque travailleur cotise à la Régie des
rentes du Québec sur sa paie. Ses gains seront partageables
dans le cadre du patrimoine familial.
 « programmes équivalents » = Retraite Canada
(régime de pensions du Canada qui est un
régime public)

 Les biens spécifiquement exclus :


o Exclusion qui s’applique si la dissolution du mariage résulte du décès : art. 415
al. 3 C.c.Q.
 1. Les gains inscrits en application de la Loi sur le régime des
rentes du Québec seront spécifiquement exclus du partage du
patrimoine familial :
 Pourquoi? Parce que la Loi sur le régime des rentres du Québec
prévoit déjà une rente au conjoint survivant. L’intention du
législateur était de privilégier le conjoint survivant plutôt que les
héritiers.
 2. Les droits accumulés au titre d’une régime de retraite  :
 Si la dissolution résulte d’un décès et qu’il y a eu accumulation
de droits dans un régime de retraite ET que la loi qui régit ce
régime de retraite établit ou accorde une rente au conjoint
survivant, les gains inscrits auprès du régime de retraite ne
seront pas partageables et seront exclus spécifiquement du
patrimoine familial.
o Autre exception : art. 415 al. 4 C.c.Q. :
 3. Tout bien reçu par héritage ou donation, avant ou pendant le
mariage :
 Il doit absolument s’agir d’un bien. Ex. avoir hérité physiquement
d’un chalet, d’une maison, d’une voiture pour que ce bien soit
spécifiquement exclus.
 Important : Un bien du patrimoine familial acheté
avant ou pendant le mariage avec une somme
d’argent provenant d’un héritage n’est pas exclu
du patrimoine familial.
 En effet, le législateur a décidé d’exclure les
biens physiques acquis avant ou pendant le

41
mariage ou l’union civile lorsque le conjoint en
est devenu propriétaire par succession ou
donation. Seulement le bien physique reçu est
exclu du patrimoine familial, et non pas le bien
acquis grâce à une somme d’argent donnée ou
léguée pour acquérir un bien (art. 415 al. 4
C.c.Q.).
 Cependant, le bien du patrimoine familial acquis
pendant le mariage avec une somme d’argent
reçue d’une donation ou d’un héritage donnera
ouverture à une déduction selon l’art. 418 al. 2
C.c.Q.

SECTION 3 – L’ÉTABLISSEMENT DE LA VALEUR BRUTE

 Afin de procéder au partage du patrimoine familial, il faut être en mesure de déterminer la


valeur des biens détenus par chacun des conjoints à l’ouverture du régime.

 L’évaluation des biens : L’évaluation doit se faire à la valeur marchande, ce qui


correspond à la valeur réelle du bien, c’est-à-dire le prix qu’un acheteur devrait
probablement payer pour acquérir ce bien à ce moment précis.

 L’établissement de la valeur brute : art. 417 C.c.Q.


o L’art. 417 C.c.Q. prévoit que : la valeur nette du patrimoine familial est établie
selon la valeur des biens qui constituent le patrimoine familial et des dettes
contractées pour l’acquisition, l’amélioration, l’entretien ou la conservation des
biens qui le constituent à la date du décès de l’époux ou à la date d’introduction
de l’instance.
 Les biens sont évalués à leur valeur marchande, que ce soit par une
entente entre les parties sur la valeur d’un bien ou suite à l’obtention
d’une évaluation agrée.
 Soit la valeur marchande des biens au moment du décès ou au moment
de l’introduction de l’instance.
 Il y a aussi une autre possibilité  ce pourrait être au moment
de la fin de la vie commune des parties (art 417 al. 2 C.c.Q.). Il
s’agit d’une régime exceptionnel à 417 pour lequel la tribunal a
une très grande discrétion.
o Précision relative à l’union civile : art. 521.19 C.c.Q.
 À quel moment lors de la dissolution de l’union civile ouvrira-t-on le
patrimoine familial et calculera-t-on sa valeur marchande et sa valeur
nette par la suite?
 L’art. 521.19 C.c.Q. nous explique que, lors de la fin de l’union
civile, le patrimoine familial se partagera soit :
 Au moment du décès
 Au moment de l’introduction de l’instance si, par
exemple, c’est une décision qui est contestée
 Au moment qui sera convenu par les parties
dans l’acte notarié qui dissout l’union civile (i.e.
on peut dissoudre une union civile par acte
notarié  c’est une particularité de l’union civile)

SECTION 4 – L’ÉTABLISSEMENT DE LA VALEUR NETTE

42
 Afin d’établir la valeur nette du patrimoine familial, il faut être en mesure d’identifier les
dettes qui peuvent être déduites pour le calcul de l’établissement de la valeur nette des
biens du patrimoine familial.

 L’établissement de la valeur nette : art. 417 C.c.Q.


o Définition : La valeur nette du patrimoine familial est établie selon la valeur des
biens qui constituent le patrimoine et des dettes contractées pour l’acquisition,
l’amélioration, l’entretien ou la conservation des biens qui le constituent à la date
du décès de l’époux ou à la date de l’introduction de l’instance.

 Calcul : Valeur marchande du bien – (moins) les dettes = valeur nette

oLes dettes : L’important c’est que ce n’est pas n’importe quelle dette. Ce seront
des dettes liées à l’acquisition, l’amélioration, l’entretien ou la conservation d’un
bien du patrimoine familial seulement. Ex. une hypothèque contractée pour faire
des rénovations sur la maison de la famille, une dette pour l’achat de meubles,
etc. Ces dettes pourront être soustraites de la valeur nette du patrimoine familial.
 Il existe aussi des dettes pour les biens de catégorie 2. Ex. un prêt pour
pouvoir cotiser à un REER. Cette dette sera aussi soustraite de la valeur
nette du patrimoine familial.
 Habituellement, ce sont des raisons fiscales qui vont guidées les parties
dans une situation comme celle-là.
 Attention : On continue avec les deux catégories de biens du
patrimoine familial. On ne va pas mélanger ces deux catégories.
 *Pour les biens de catégorie 2, on ira « bien par bien ». Donc, la
dette sur le REER, la dette sur le régime d’épargne-retraite, etc.
Toujours bien par bien pour les soustraire sur les biens que l’une
ou l’autre partie possède.
SECTION 5 – L’ÉTABLISSEMENT DE LA VALEUR PARTAGEABLE

 Dans un souci d’équité entre les conjoints, le législateur a prévu certaines déductions qui
peuvent être prises en compte quand vient le temps de déterminer la valeur détenue par
chacun d’eux.

 On va apprendre à identifier les cas d’ouverture aux déductions prévues à l’art. 41 C.c.q.
et calculer la valeur partageable des biens du patrimoine familial.

 L’établissement de la valeur partageable : art. 418 C.c.Q.


o Dans l’établissement de la valeur partageable, il faudra tenir compte du régime
des déductions (art. 418 C.c.Q.).

 Trois cas de déductions précis sont prévus à l’art. 418 C.c.Q. :

 1. La déduction de la valeur nette d’un bien du patrimoine


familial possédé au moment du mariage ou de l’union civile et de
sa plus-value (ou de sa moins-value) (art. 418 al. 1 C.c.Q.) :
 Ex. Je me marie et je possédais déjà une
maison que j’ai acheté avant le mariage. Au jour
de mon mariage, on décide, mon épouse et moi,
d’habiter cette maison. Donc, automatiquement
au jour du mariage, la maison devient un bien
du patrimoine familial. Cependant, puisque je la
possédais avant, la valeur nette de cette maison
me donnera droit à une déduction.

43
 2. La déduction d’un apport fait pendant le mariage, à même un
bien échu par succession ou par donation, et de sa plus-value
(ou de sa moins-value) (art. 418 al. 2 C.c.Q.) :
 Il doit s’agir d’un apport, fait par l’un des époux,
pendant le mariage, d’un bien échu par
succession ou par donation. Il faut que cela soit
pour l’acquisition ou l’amélioration d’un bien de
ce patrimoine.
 Ex. Je me marie et, pendant mon mariage,
j’investi dans le patrimoine familial ou dans un
bien du patrimoine familial de l’argent que j’ai
reçu en succession ou donation. Que j’aille reçu
cet argent avant ou pendant le mariage n’est
pas important. Ce qui est important c’est que je
fasse l’investissement pendant le mariage pour
que 418 puisse s’appliquer.

 3. Le remploi (art. 418 al. 3 C.c.Q.) :


 Il faut absolument que j’ai l’une des deux
situations précédentes qui s’applique donc, soit
un bien possédé au jour du mariage ou soit qu’i,
y a eu apport pendant le mariage.
 Premier cas : C’est lorsque ce bien que je
possédais au jour du mariage, qui est entré au
patrimoine familial, est vendu et que l’équité est
réutilisé dans un autre bien du patrimoine
familial. Il faut donc que l’argent du premier bien
que l’on vend soit réinvesti dans un deuxième
bien du patrimoine familial. Donc, le remploi
s’effectue et j’aurai aussi droit à une déduction.
 Second cas : C’est lorsque j’avais un apport
pendant le mariage et que j’investi cet apport
pendant le mariage. Je revends ce bien et je
réutilise cet argent dans un second bien du
patrimoine familial. J’aurai alors droit à un
remploi.
 Évidemment, ce sera toujours une question de
preuve. Il faudra suivre l’argent et être très
précis quant à l’utilisation qui en sera faite. Mais,
quand on est en mesure d’en faire la preuve, on
aura droit à une déduction en vertu de 418.

 Ce ne sont pas seulement l’argent ou les sommes qui sont investies


dans le patrimoine familial qui donneront droit à une déduction. Il y aura
également la plus-value proportionnelle que cela aura apporté au bien
(art. 418 al. 2 C.c.Q.).
 L’art. 418 al. 2 C.c.Q. nous explique en fait un calcul
mathématique.
 Quand on parle du « premier cas », on parle du
bien possédé au jour du mariage.
 Quand on parle du « second cas », on parle
d’un apport à même un bien échue par
succession ou par donation.

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 La déduction de la valeur nette d’un bien du patrimoine familial possédé lors du mariage
ou de l’union civile et de sa plus-value (ou de sa moins-value)  : art. 418 C.c.Q. voir les
deux schémas, mes notes de Régimes matrimoniaux et documents Alain Roy

Exemple 1. Situation de plus-value :


o Première étape – les données : Quelles données devons-nous aller chercher
pour calculer la déduction en vertu de 418?
 1) la valeur brute du bien
[moins]
les dettes contractées pour l’acquisition, l’amélioration, l’entretien ou la
conservation de ce bien (art. 418 al. 1 C.c.Q.)
= valeur nette du bien au moment du mariage

 2) la valeur brute du bien à la dissolution du mariage


[moins]
la valeur brute du bien lors du mariage (art. 418 al. 2 C.c.Q.)
= plus-value acquise pendant le mariage

o Deuxième étape – calcul de la déduction :


 1) la plus-value acquise pendant le mariage
[multiplier par]
la valeur nette au moment du mariage
[diviser par]
la valeur brute au moment du mariage
= plus-value proportionnelle

 2) la valeur nette du bien au moment du mariage


[plus]
la plus-value proportionnelle
= déduction totale
Exemple 2. Situation de moins-value : ex. le cas du véhicule automobile
o Première étape – les données : Quelles données devons-nous aller chercher
pour calculer la déduction en vertu de 418?
 1) la valeur brute du bien - les dettes contractées pour l’acquisition,
l’amélioration, l’entretien ou la conservation de ce bien (art. 418 al. 1
C.c.Q.) = la valeur nette du bien au moment du mariage

 2) la valeur brute du bien à la dissolution du mariage - la valeur brute du


bien lors du mariage (art. 418 al. 2 C.c.Q.) = la plus-value acquise
pendant le mariage

o Deuxième étape – calcul de la déduction : *même calcul mais avec des valeurs
négatives
 1) la plus-value acquise pendant le mariage X la valeur nette au moment
du mariage / la valeur brute au moment du mariage = moins-value
proportionnelle

 2) la valeur nette du bien au moment du mariage - la moins-value


proportionnelle = déduction totale

 La déduction d’un apport et de sa plus-value (ou de sa moins-value)  : art. 418 C.c.Q.


o Trois conditions pour qu’un apport permette une déduction en vertu de 418 :
 1. Il faut que cet apport ait été effectué pendant le mariage.
 2. Il faut que ce soit pour l’acquisition ou l’amélioration d’un bien du
patrimoine.

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 3. Il faut que ce soit fait à même des biens échus par succession ou
donation.

Exemple 1. Situation de plus-value :


o Première étape :
 1) la valeur brute d’un bien au moment du mariage + le montant de
l’apport = valeur brute du bien une fois amélioré

 2) la valeur brute du bien au moment de la dissolution - la valeur brute du


bien une fois amélioré = plus-value acquise pendant le mariage

o Deuxième étape – calcul de la déduction :


 1) la plus-value acquise pendant le mariage X l’apport / la valeur du bien
au moment de l’apport = plus-value proportionnelle

 2) l‘apport + la plus-value proportionnelle = déduction totale

 Le remploi : art. 418 C.c.Q. voir mes notes de Régimes matrimoniaux et documents
Alain Roy
o L’art. 418 C.c.Q. prévoit qu’il faut absolument que l’on soit dans une des deux
autres situations de 418 pour avoir droit à un remploi. Donc, il y a deux types de
remploi :
 1. Remploi d’un bien possédé avant le mariage
 2. Remploi d’un bien acquis pendant le mariage à même des biens
échus par donation ou par succession
o C’est une question de faire deux calculs. On devra donc se positionner et voir la
valeur des biens à deux moments lors du mariage pour arriver au calcul du
remploi.
 1er calcul  au moment où le 1er bien est vendu (i.e. ici, c’est le même
calcul que l’on va vu plus haut selon le cas)
 2ième calcul  au moment de la dissolution. On calcule la déduction sur le
2ième bien. On va additionner la déduction calculée pour le 1 er bien à la
déduction du 2ième bien afin de trouver la déduction totale.

 La renonciation à son droit à la déduction :


o Est-il possible de renoncer à cette déduction?
 Il est effectivement possible de renoncer à cette déduction et, par
ailleurs, la Cour d’appel nous l’a confirmer en 1993 dans plusieurs
affaires.
 Par contre, la renonciation à une déduction doit être claire et non
équivoque.
 La preuve devra donc vraiment démontrer que la renonciation
est claire et sans équivoque.
 La question relative au mode d’acquisition d’un bien : Le mode
d’acquisition d’un bien n’aura pas d’importance quant à la renonciation à
la déduction.
 Ex. Le cas d’un bien acquis en copropriété par les parties. Ce
n’est pas parce qu’on acquiert un bien en copropriété que l’on
renonce à une déduction. Encore une fois, la renonciation à la
déduction devra être claire et sans équivoque.

 Le calcul de la valeur partageable : art. 415, 417 et 418 C.c.Q.


o Il s’agit ici de l’avant-dernière étape avant l’établissement de la créance du
patrimoine familial.

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 Exemple : La valeur brute d’une résidence de la famille qui est de
300 000$ au moment de la dissolution. Il y aura une dette (ex. un solde
d’hypothèque) de 50 000$. De ma valeur marchande, je vais soustraire
l’hypothèque pour obtenir une valeur nette de 250 000$. De cette valeur
nette, je dois soustraire les déductions, qui sont de 120 000$ par
exemple. Cela nous laissera donc une valeur partageable pour ce bien
de 130 000$. Cette valeur partageable nous amènera finalement à
l’établissement de la créance qui sera notre dernière étape.

SECTION 6 – L’ÉTABLISSEMENT DE LA CRÉANCE

 Une fois établie la valeur des biens familial détenus par chacun des époux, il convient de
déterminer s’il y a des sommes dues d’un conjoint à l’autre.

 L’établissement de la créance :
o Il s’agit de la dernière étape. Dans notre document « Résumé des 4 méthodes
pour l’établissement de la créance », on a les quatre méthodes les plus utilisées
pour l’établissement de la créance.
o On va seulement analyser en détails dans le vidéo les deux premières
méthodes.

 Première méthode : La créance est égale à la moitié de la différence


entre les valeurs partageables des époux.
 Ex. On a deux époux; un qui aurait 285 000$ dans son
patrimoine familial et l’autre 175 000$. Pour établir la créance,
on va faire l’opération suivante : 285 000 - 175 000$ / par 2 =
55 000$
 Le but étant de rééquilibrer les patrimoines, celui qui a 285 000$
va devoir donner à l’autre 55 000$. De cette façon, les deux
seront égaux.

 Deuxième méthode : La plus petite créance s’éteint par compensation et


la créance est égale à la différence entre les créances respectives des
conjoints.
 Ex. L’épouse a droit à la moitié de 285 000$ soit à 142 500$. Et
l’époux a droit à la moitié de 175 000$ soit à 87 500$. La
compensation entre les créances donnera une différence de
55 000$ (i.e. montant dû à l’épouse).

SECTION 7 – LE PARTAGE

Récapitulatif des étapes à suivre :


1. La qualification des biens (selon l’art. 415 C.c.Q.)
2. L’établissement de la valeur marchande des biens
3. L’établissement des dettes à soustraire (selon l’art. 417 C.c.Q.)
4. L’établissement des déductions (selon l’art. 418 C.c.Q.)
5. L’établissement de la valeur partageable
6. L’établissement de la créance

 Une fois la créance établie, il déterminer et proposer les modalités du partage effectif du
patrimoine familial.

 Le partage : art. 419 et 420 C.c.Q.

47
o Le partage du patrimoine familial se fait en valeur et non pas en biens.
o Les art. 419 et 420 C.c.Q. prévoient trois modalités d’exécution du partage :
 1. Le partage en numéraire
 2. Le partage par transfert de biens (i.e. dation en paiement)
 3. Le partage par versement
o Le partage va s’effectuer par catégorie de biens (catégorie 1 ou catégorie 2).
Lors du partage, il devient très important de ne pas mélanger les catégories.

SECTION 8 – LES CAS PARTICULIERS

 Les règles du patrimoine familial prévoient certaines exceptions et règles particulières


que nous devons prendre en considération. Autrement dit, il faut être en mesure de
reconnaître les situations où l’on peut déroger au principe du partage égal du patrimoine
familial.

 Deux exceptions s’appliquent au patrimoine familial :

o 1. Le paiement compensatoire : art. 421 C.c.Q.


 Si un bien faisait partie du patrimoine familial mais qu’il a été sorti (i.e.
donc, diverti ou aliéné du patrimoine) dans l’année qui précède la
dissolution du mariage, il est possible de demander en compensation un
paiement compensatoire pour la valeur de ce bien qui ne fait plus partie
du patrimoine au moment de la dissolution (art. 421 al. 1 C.c.Q.).
 Dans le cas du premier alinéa, puisque c’est dans l’année qui
précède la dissolution, il n’y aura pas de preuve d’intention
malicieuse qui sera requise par rapport à celui qui a diverti ou
aliéné le bien.
 Par ailleurs, si cela s’est fait plus d’un an avant la dissolution, la preuve
d’intention malicieuse sera requise (art. 421 al. 2 C.c.Q.).
 Quant à la valeur ou au montant du paiement compensatoire, c’est
discrétionnaire. Le tribunal pourra lui-même déterminer un montant; il
s’agira de la preuve qui sera faite (ex. preuve de la valeur du bien qui a
été aliéné).
o 2. Le partage inégal : art. 422 C.c.Q.
 Le principe du patrimoine familial, les dispositions d’ordre public sont à
l’effet que le principe est le partage égal. Mais, de façon exceptionnelle,
avec des circonstances particulières, il est possible avec l’art. 422 C.c.Q.
d’obtenir un partage inégal.
 Motifs mentionnés à l’art. 422 C.c.Q. :
 1. La brève durée du mariage
 2. La dilapidation de certains biens par l’un des époux
 3. La mauvaise foi de l’un des époux
 L’injustice qui est mentionnée à l’art. 422 C.c.Q. est de nature
économique seulement. Ce n’est pas une injustice émotive. C’est
l’injustice économique qui devra être prouvée devant le tribunal.
 Ex1. Un des époux qui a des problèmes de jeux très importants
et qui perd énormément d’argent, faisant en sorte qu’il deviendra
injuste pour l’autre de partager certains de ces actifs.
 Ex2. Des investissements qu’une partie sait être hautement
risqué et qu’elle les fait tout de même. Qu’elle perd énormément
d’argent, énormément d’actifs. Il sera ensuite injuste de
demander le partage des autres actifs de son conjoint.
 Important de se souvenir que c’est un régime d’exception seulement.

48
 Outre les trois motifs mentionnés, il n’y a pas d’autres cas qui permettent
l’ouverture du partage inégal. Par exemple, le fait qu’un époux soit
capable de prouver qu’il a acquis et payé l’ensemble des biens du
patrimoine familial ne pourrait pas servir à obtenir un partage inégal.

QUESTIONS/RÉPONSES :

La composition du patrimoine familial et la qualification des biens le composant

Les biens exclus selon l’article 415 (4) C.c.Q. sont-ils exclus du partage du patrimoine
familial uniquement suivant le décès d’un des époux?

Le législateur a décidé de ne pas inclure au patrimoine familial les biens acquis avant ou pendant
le mariage ou l’union civile lorsque l’époux en est devenu propriétaire par succession ou
donation. Cette exclusion s’applique, peu importe la raison donnant ouverture au partage du
patrimoine familial.

La voiture de compagnie, qui sert aussi aux déplacements de la famille, est-elle incluse
dans le patrimoine familial si l'époux(épouse) est le(la) seul(e) actionnaire de la compagnie
et/ou administrateur(trice)/dirigeant(e)?

Si la voiture est immatriculée au nom de la compagnie, elle ne fera pas partie du patrimoine
familial de Madame. L’actif et le passif de la compagnie sont indépendants de l’actif et le passif
de ses actionnaires. 

Je veux m'assurer de comprendre la portée de 415 al. 4. C.c.Q. Dans l’hypothèse où je suis
mariée et que mes parents me lèguent leur maison alors que mon mari et moi décidons
d'en faire notre résidence principale, cette résidence principale sera exclue du patrimoine
familial?

Oui. Dans l’hypothèse formulée la résidence principale sera bien exclue du patrimoine familial.

L’établissement de la valeur nette

Quelle valeur nette doit-on utiliser dans le calcul des déductions lorsqu'il existe plusieurs
évaluations du bien durant le mariage ? Exemple: la résidence familiale vaut 120 000 $ au
jour du mariage, puis 150 000 $ deux ans plus tard, 200 000 $ cinq ans plus tard.

Selon l’article 417 C.c.Q., ce sera la valeur de la résidence familiale au jour de la demande
introductive d’instance ou au jour de la séparation.

L’établissement de la valeur partageable

Lors du calcul d’une déduction de remploi prévu à 418 C.c.Q., qu’arrive-t-il si l’époux ne
réinvestit pas la totalité du prix de vente dans le deuxième bien?

Lors du calcul de la déduction de remploi, il faut examiner quelle est la proportion du prix de
vente qui a été investi dans le deuxième bien acquis. Dans l’hypothèse où une partie seulement
des sommes obtenues lors de la vente du premier bien est réinvestie dans l’acquisition ou
l’amélioration d’un deuxième bien du patrimoine familial, le remploi sera calculé dans la même
proportion que la somme réutilisée. 

49
Quel serait un exemple de remploi d’apports faits durant le mariage à même des biens
échus par donation ou succession?

Prenons l’exemple suivant :


Les époux sont copropriétaires d’une résidence familiale acquise pendant le mariage. 
L’épouse hérite d’une somme de 100 000$. Elle rembourse le solde hypothécaire avec son
héritage. 
Suivant l’apport, la résidence familiale a une valeur de 300 000$. 
Quelques années plus tard, les époux vendent la résidence pour 500 000$. Ils achètent une
nouvelle résidence familiale et ils réinvestissent la totalité du prix de vente de la première
résidence. 
Au moment du divorce, de la dissolution de l’union civile ou du décès, l’épouse aura droit à une
déduction pour le remploi d’un apport fait pendant le mariage à même une somme d’argent
échue par succession.

Est-ce que les déductions prévues à l’article 418 C.c.Q. sont applicables aux biens de
catégorie 2?

Oui, tous les biens inclus à l’article 415 C.c.Q. peuvent donner ouverture à un calcul de déduction
selon l’article 418 C.c.Q.

Lors de l'établissement de la valeur partageable (une fois les déductions déterminées),


doit-on utiliser la valeur nette du bien au jour du mariage ou la valeur nette du bien au jour
de la dissolution du mariage (décès ou date d'introduction de l'instance) ?

Selon l’article 417 C.c.Q., ce sera la valeur au jour de la demande introductive d’instance ou au
jour de la séparation.

 COURS 5 : LA SOCIÉTÉ D’ACQUÊTS

 La société d’acquêts est le régime légal applicable à tous les conjoints mariés sans
contrat de mariage. Il est également le régime applicable aux conjoints en union civile qui
n’ont pas, avant la célébration de leur union, déterminé contractuellement leur régime. La
société d’acquêts peut aussi être choisie de façon conventionnelle par les conjoints à titre
de régime matrimonial.

 Les avocats exerçant en droit de la famille sont régulièrement appelés à régler le partage
des biens de la société d’acquêts au moment de la dissolution du régime. Tout comme
les biens du patrimoine familial, les biens et les dettes composant la société d’acquêts se
doivent d’être partagés afin de régler définitivement les intérêts financiers des conjoints.

 Cette formation présente le régime de la société d’acquêts et plus spécifiquement la


qualification des biens qui en font partie ou qui en sont exclus afin de partager les
acquêts de chaque conjoint. Elle aborde un élément important du partage de la société,
soit le calcul des récompenses.

50
SECTION 1 – LES RÉGIMES MATRIMONIAUX

 Au moment du mariage ou de l’union civile, les époux doivent choisir le régime


matrimonial qui leur sera applicable. Que ce soit par contrat de mariage ou selon
l’assujettissement au régime légal de la société d’acquêts, ce choix aura un impact sur le
partage de leurs biens au moment du divorce, dissolution de l’union civile ou le décès.

 En vertu de l’art. 432 C.c.Q., la société d’acquêts est le régime applicable à tous les
conjoints mariés depuis le 1 er juillet 1970 (ou unis civilement depuis le 24 juin 2002) sans
contrat de mariage. Ce régime matrimonial peut également être adopté par contrat de
mariage avant ou pendant le mariage (art. 431 et 438 C.c.Q.).

 Les régimes matrimoniaux : art, 432, 438, 485 à 487 C.c.Q.


o Les époux doivent choisir leur régime matrimonial par contrat de mariage ou, à
défaut de choisir, ils seront soumis au régime légal de la société d’acquêts (art.
432 C.c.Q.).
 Il est prévu à l’art. 438 C.c.Q. que l’on peut modifier le régime
matrimonial durant le mariage ou durant l’union civile.
o Deux principaux types de régime matrimonial :
 1. La séparation de biens :
 Prévu aux art. 485 à 497 C.c.Q.
 Essentiellement, lorsque les époux choisissent la séparation de
biens et que l’union se termine ou que le mariage se dissout,
chacun conservera les biens qui lui appartiennent et ce, sans
qu’il n’y ait de partage à effectuer.
 2. La société d’acquêts :
 C’est le régime légal.
 Ce régime prévoit qu’un partage sera effectué.

SECTION 2 – LA SOCIÉTÉ D’ACQUÊTS

 La société d’acquêts est le régime légal applicable à tous les conjoints mariés (ou unis
civilement) sans contrat de mariage ou qui ont opté pour ce régime par contrat de
mariage. La société d’acquêts répond à des règles spécifiques que nous tenterons
d’éclaircir.
 À la fin de cette section, il faudra être en mesure de déterminer le cadre d’application de
la société d’acquêts, d’identifier le droit international privé applicable et arrimer les règles
de la société d’acquêts et celles du patrimoine familial.

 Le cadre d’application et le droit international privé  : art. 391, 432, 448 à 484, 2809 et
3123 C.c.Q.
o La société d’acquêts est le régime légal applicable au Québec à tous les couples
qui se marient ou qui s’unissent civilement.
 Ce régime existe et est applicable depuis le 1er juillet 1970.
 Tous les couples, depuis cette date, qui se sont mariés sans avoir choisi
de régime matrimonial sont automatiquement assujettis à la société
d’acquêts en vertu de l’art. 432 C.c.Q.
 Pour ceux qui sont en union civile, ce régime existe depuis le 24 juin
2002. À tous les couples qui sont en union civile depuis cette date et qui
n’ont pas choisi de régime matrimonial, ce sera la société d’acquêts qui
s’appliquera.
o Les couples peuvent également choisir par contrat de mariage le régime de la
société d’acquêts.

51
 Donc, devant notaire, ils vont aller signer un contrat de mariage à cet
effet.
 Cela peut se faire avant ou pendant le mariage. Donc, ils peuvent choisir
un régime et le modifier par la suite durant leur union.
o Les couples mariés à l’extérieur du Québec ou du Canada  : Les couples qui ont
un régime matrimonial étranger devront faire la preuve de ce régime matrimonial.
 À défaut de preuve, l’art. 2809 C.c.Q. prévoit que ce sera le régime de la
société d’acquêts qui s’appliquera.
o Qualification des biens :
 Lorsqu’on aura un problème de partage de biens à traiter, il faut d’abord
qualifier les biens.
 S’il y a des biens faisant partie du patrimoine familial, il faudra
d’abord les qualifier en fonction des règles du patrimoine familial.
 S’il reste d’autres biens, ce sera le régime matrimonial qui
s’appliquera.
o Dispositions applicables : Les dispositions qui concernent plus particulièrement
la société d’acquêts sont les art. 448 à 484 C.c.Q.
 Ces dispositions sont divisées par sections. Plus particulièrement, il y a
trois sections pour les articles traitant de la société d’acquêts :
 1. Les art. 448 à 460 C.c.Q.  ces articles vont nous aider à
qualifier les biens, c’est-à-dire pour savoir s’il s’agit d’un bien
propre ou d’un bien acquêt.
 2. Les art. 461 à 464 C.c.Q.  ces articles traitent de la gestion
ou de l’administration des biens pendant le régime (i.e. pendant
l’union ou le mariage)
 3. Les art. 465 à 484 C.c.Q.  ces articles traitent de la
dissolution (i.e. à la fin de la vie commune ou de l’introduction de
l’instance) et de la liquidation du régime (i.e. au moment du
prononcé du jugement).

o Le droit international privé : Le régime applicable sera celui du domicile des


parties au moment de leur union (art. 3123 C.c.Q.)
 Il peut donc arriver que certains clients qu’on aura se sont mariés à
l’extérieur du Québec ou du Canada, dans un autre pays.
 À ce moment-là, un autre régime matrimonial pourrait être applicable.
 Si c’est le cas, il faudra l’alléguer dans les procédures et le
prouver lors de l’audition devant le tribunal.
 Si cela n’est pas fait, ce sera par défaut que le régime de la
société d’acquêts s’appliquera (art. 2809 al. 1 et al. 2 C.c.Q.).
 C’est une différence avec le régime du patrimoine familial qui lui
s’impose à tous les couples mariés comme étant un effet du mariage. De
plus, puisque les dispositions du patrimoine familial sont d’ordre public,
peu importe que les parties se sont mariés au Québec ou non, les
dispositions du patrimoine familial s’appliqueront tout de même (art. 391
C.c.Q.).

 Biens exclus du patrimoine familial  : Un bien exclu du patrimoine familial fera partie du
régime matrimonial et en conséquence, devra être partagé selon les règles de liquidation
du régime matrimonial.
 Prenons l’exemple d’une résidence secondaire, utilisée par la famille,
reçue par donation pendant le mariage. En vertu de l’art. 415 al. 4
C.c.Q., ce bien est spécifiquement exclu du patrimoine familial. La
résidence devra, cependant, être considérée dans le cadre du régime
matrimonial applicable.

52
 La priorité des règles du patrimoine familial :
o Dans toute situation de couples mariés ou unis civilement, on devra faire
l’exercice suivant :
 1) Lister les biens que les parties possèdent
 2) Classer ces biens selon qu’ils font partie du patrimoine familial ou du
régime matrimonial
 3) On applique le patrimoine familial en premier (i.e. car, c’est une règle
d’ordre public). On va donc d’abord partager les biens relatifs au
patrimoine familial
 4) Ensuite, on va partager les autres biens relatifs au régime
matrimonial, ici la société d’acquêts.
o Il se peut donc qu’un bien qui a d’abord été exclu du patrimoine familial en vertu
de l’art. 415 C.c.Q., se retrouvera dans la société d’acquêts et sera partageable
ou non (ex. si c’est un acquêt).

 Attention : Il faut aussi penser aux parties qui se sont exclues du


patrimoine familial en vertu d’une convention d’exclusion ou de non-
assujettissement chez le notaire jusqu’à la date qu’ils pouvaient le faire.
Advenant que les parties ne sont pas soumis aux règles du patrimoine
familial alors, tous leurs biens se partageront en vertu des règles du
régime matrimonial qui s’applique à eux.

SECTION 3 – LE CALCUL DES MASSES DE LA SOCIÉTÉ D’ACQUÊTS

 C’est généralement au moment de la dissolution de la société d’acquêts qu’il convient de


distinguer les biens propres des biens acquêts d’un époux. Ceci permettra d’établir la
masse d’acquêts partageable à chaque époux.

 À la fin de cette section, il faudra être en mesure de reconnaître les règles applicables à
la qualification des biens acquêts et des biens propres, d’établir la valeur de ces biens et
d’identifier les cas particuliers pouvant donner ouverture à récompense et/ou à une
modification de leur qualification.

 La qualification des biens : art. 448 à 460, 462, 482, 2445 à 2452 C.c.Q.
o C’est la première étape à faire dans un dossier en matière de société d’acquêts.
Deux types de biens :
1. Les biens propres :
 La partie qui se réclame d’un bien propre devra en faire la
preuve.
 L’art. 450 C.c.Q. prévoit les biens qui sont propres :
 1. Les biens dont il a la propriété ou la
possession au début du régime;
 Ex. un immeuble à revenu qui ne fait
pas partie du patrimoine familial
 2. Les biens qui lui échoient au cours du régime,
par succession ou donation et, si le testateur ou
le donateur l’a stipulé, les fruits et revenus qui
en proviennent;

53
 Tous bien dont une partie aura hérité ou
aura reçu en donation pendant le
régime sera qualifié de propre.
 Normalement les fruits et revenus, en
vertu de l’art. 449(2) C.c.Q. sont
acquêts mais, si le testateur ou le
donateur la stipulé ces fruits et revenus
seront des propres également.
 3. Les biens qu’il acquiert en remplacement d’un
propre de même que les indemnités
d’assurance qui s’y rattachent;
 Donc, une partie qui posséderait un bien
propre et qui aura à le remplacer alors,
ce bien en remplacement sera
également un propre.
 4. Les droits ou avantages qui lui échoient à titre
de titulaire subrogé ou à titre de bénéficiaire
déterminé d’un contrat ou d’un régime de
retraite, d’une autre rente ou d’une assurances
de personnes;
 Définitions de titulaire subrogé et de
bénéficiaire déterminé  voir art. 2445
à 2452 C.c.Q.
 5. Les vêtements et ses papiers personnels, ses
alliances, ses décorations et ses diplômes;
 Attention : pour ce qui est des alliances,
on parle vraiment des bagues ou des
joncs de mariage qui seront un propre.
Tous les autres types de bijoux seront
des acquêts.
 6. Les instruments de travail nécessaires à sa
profession, sauf récompense s’il y a lieu.
 Ex. un électricien, un plombier, un
dentiste dont les instruments de travail
sont nécessaires à sa profession. Ces
instruments de travail seront qualifiés de
propres mais, ils pourraient donner droit
à des récompenses.

2. Les biens acquêts :


 L’art. 449 C.c.Q. établit une présomption d’acquêts
spécifiquement.
 L’art. 459 C.c.Q. nous parle aussi de la présomption de
qualification d’acquêts.

o Présomption d’indivision : L’art. 460 C.c.Q. nous dit que le bien qu’un époux ne
peut prouver lui être exclusivement propre ou acquêt est présumé appartenir aux
deux indivisément, à chacun pour moitié.

o Pourquoi est-il utile de qualifier un bien de propre ou acquêt?


 Tout d’abord, pour le partage. Pour savoir ce qui est partageable car, on
ne partage que les biens propres.
 Ensuite, ce sera également utile pour la gestion ou l’administration des
biens pendant le régime (art. 462 al. 1 C.c.Q.).

54
 Les pouvoirs de gestion sur un bien propre seront plus grands.
 Par ailleurs, advenant que le mariage soit dissous par le décès, le
conjoint peut exiger qu’on lui donne en paiement moyennant, s’il y a lieu
une soulte au comptant ou par versement, la résidence familial et les
meubles servant à l’usage familial ou tout autre bien à caractère
familial(art. 482 al. 1 C.c.Q.).
 Le conjoint survivant peut donc demander de faire placer dans
son lot des biens qui sont acquêts et non pas les biens propres.

 Qualification d’un bien acquis avec des propres et des acquêts  :


 Le bien acquis en partie avec des propres et en partie avec des acquêts
sera propre, à charge de récompense aux acquêts, seulement si la
valeur des propres employés à l’achat est supérieure à la moitié du coût
total d’acquisition de ce bien (art. 451 C.c.Q.). Autrement, il est acquêt à
charge de récompense.

 Les cas particuliers : art. 451 à 458, 475 al. 3 et 1525 al. 3 C.c.Q.

 Art. 451 C.c.Q. :


 Al. 1 : Cet alinéa s’applique aux biens acquis pendant le mariage
seulement. Donc, un bien acquis avec des propres et des
acquêts est propre si la valeur des propres employés est
supérieure à la moitié du coût total d’acquisition de ce bien.
 Définition de « récompense » (art. 475 al. 3
C.c.Q.) : La récompense est égale à
l’enrichissement dont une masse a bénéficié au
détriment de l’autre. Ex. La masse des propres
qui bénéficient de 50 000$ d’acquêts au
détriment des acquêts et il faudra donc calculer
une récompense.
 Al. 2 : l’assurance sur la vie, les pensions de retraite et autres
rentes. Ex. l’assurance sur la vie dans ce cas-ci est une
assurance dont l’époux est à la fois titulaire et bénéficiaire.

 Art. 452 C.c.Q. : Cet article traite de l’acquisition de la partie indivise


d’un bien lorsque l’on est déjà propriétaire de l’autre partie indivise.
 Ex. Dominique est propriétaire d’une partie indivise d’une maison
et la totalité de la valeur de la maison est de 90 000$. Dominique
est propriétaire avec son frère de la moitié de cette maison.
Donc, Dominique est propriétaire de 45 000$ et son frère de
45 000$. Dominique a acquis ce bien avec des biens propres et
donc, la valeur de 45 000$ est propre. Elle va acquérir l’autre
moitié indivise avec des acquêts (soit 45 000$ d’acquêts). L’art.
452 fait basculer le bien de la masse des propres à la masse des
acquêts de Dominique à charge de récompense aux propres.

 Art. 453 C.c.Q. : Cet article traite des droits à toute pension alimentaire,
pension d’invalidité ou à quel qu’autre avantage de même nature reste
propre.
 Donc, le droit de réclamer ces sommes est propre. Mais, les
sommes qu’on va percevoir sont acquêts.
 Ex. Antoine a un accident d’automobile et reçoit des prestations
périodiques de la SAAQ. Il pourrait ne plus être en mesure de
travailler et n’aurait plus de revenus mais, ces prestations

55
pourraient remplacer le revenu. Son droit de réclamer reste
propre mais, les sommes qu’il reçoit sont acquêts.

 Art. 454 C.c.Q. : Cet article traite du droit de réclamer des dommages et
intérêts et l’indemnité reçue en réparation d’un préjudice moral ou
corporel.
 Le droit de réclamer une indemnité en réparation d’un préjudice
moral ou corporel est propre.
 Le montant qu’on recevra sera propre également. C’est la
différence avec l’art. 453 C.c.Q.

 Art. 455 C.c.Q. : Cet article traite du bien acquis à titre d’accessoire ou


d’annexe d’un bien propre et les constructions, ouvrages et plantations.
 Donc, l’art. 455 traite d’un bien qu’une partie posséderait mais
où il ajoute un accessoire, une construction ou une annexe sur
ce bien-là.
 Ex. Maxime possède une maison qui a une valeur initiale de
250 000$. Cette maison est un propre de Maxime. Il décide de
construire un garage (i.e. une annexe) d’une valeur de 30 000$ à
côté de la maison. Il va payer la construction du garage avec des
acquêts. Donc, on se retrouve maintenant avec un bien qui vaut
280 000$, avec une partie en propres et une partie d’acquêts. En
vertu de 455, puisque 30 000$ est plus petit que 250 000$, le
bien va donc demeurer propre mais, il y aura une récompense
aux acquêts puisque Maxime a pénalisé la masse des acquêts
du montant de 30 000$ qu’il a investi dans son bien propre.

 Art. 456 C.c.Q. : Cet article prévoit une particularité pour les valeurs
mobilières.
 Essentiellement, on vise lorsqu’un époux possède déjà des
actions (un bloc d’actions) et qu’il en acquiert d’autres. Ces
nouvelles actions qui joignent le bloc d’actions seront propres
également de façon à ce qu’il y aille un seul et même bloc
d’actions. Évidemment, par le jeu des récompenses, on pourra
aussi aller compenser si des acquêts ont été pénalisés.

 Art. 457 C.c.Q. : Cet article traite des revenus d’entreprise.


 La définition d’ « entreprise » dont il est fait mention à 457 est
une entreprise non-incorporée (i.e. puisque celle qui sont
incorporée ont un patrimoine distinct) et répond à la définition de
l’art. 1525 al. 3 C.c.Q.
 Normalement, les fruits et revenus sont des acquêts en vertu de
l’art. 449(2) C.c.Q. mais, l’art. 457 C.c.Q. prévoit une petite
spécificité  donc, sont propres, à charge de récompense, les
revenus provenant de l’exploitation d’une entreprise propre à l’un
des époux S’ILS SONT INVESTIS DANS L’ENTREPRISE.
 Par contre, aucune récompense n’est due si
l’investissement était nécessaire pour maintenir
les revenus de cette entreprise (art. 457 al. 2
C.c.Q.).
 Ex. un dépanneur dans lequel il y a des
réfrigérateurs et qu’un d’eux brise. Le
remplacement ou la réparation du réfrigérateur
est nécessaire et donc, aucune récompense.

56
 Art. 458 C.c.Q. : Cet article traite du droit de propriété intellectuelle et
industrielle.
 Cet article prévoit que ces droits sont propres mais, que tous les
fruits et revenus qui en découlent sont des acquêts.

 L’établissement de la valeur du bien :


o Une fois que nous avons procédé à la qualification des biens propres ou
acquêts, il s’agit maintenant d’établir leur valeur.
o La valeur qui sera retenue aux fins de l’évaluation des biens composant la
société d’acquêts est la valeur marchande.
 L’évaluation doit donc se faire à la valeur marchande, ce qui correspond
à la valeur réelle du bien, c’est-à-dire le prix qu’un acheteur devrait
probablement payer pour acquérir ce bien à ce moment précis.
 Les parties devront faire la preuve de cette valeur marchande. Par
exemple, par des évaluations agréées ou autre expertise.
 Cette valeur marchande pourra être débattue; elle pourra être contestée
par l’autre partie et, dans ce cas, ce sera alors au tribunal de fixer la
valeur marchande du bien lors de la liquidation.
o Par ailleurs, ce qui est important pour les fins de la société d’acquêts, c’est la
valeur nette des acquêts car, c’est cette valeur qui sera partageable entre les
parties.
 Chaque partie va conserver ces biens propres.

SECTION 4 – LE CALCUL DES RÉCOMPENSES

 Comme chaque conjoint a pendant le régime la libre disposition de ses biens tant
propres qu’acquêts, le législateur a prévu un système permettant de rembourse, à une
masse, ce qu’elle a utilisé au détriment de l’autre. Il s’agit des récompenses.

 La dissolution de la société d’acquêts  : Les circonstances qui donnent ouverture à la


dissolution de la société d’acquêts, tel que prévu à l’art. 465 C.c.Q., sont les suivantes :
 Lors du décès de l’un des époux
 Lors de la nullité du mariage si celui-ci produit néanmoins des effets
 À la date e signature d’un changement conventionnel de régime pendant
le mariage
 Lors du jugement qui prononce le divorce, la séparation de corps ou la
séparation de biens
 Par l’absence de l’un des époux dans les cas prévus par la loi

 Le calcul des récompenses : art. 455, 475 à 477 C.c.Q.


o Tout au long du régime, du mariage ou de l’union civile, chacun des époux a la
libre disposition de ses biens. Par ailleurs, il fallait établir un régime de
compensation pour compenser ce dont une masse bénéficie au détriment de
l’autre. Cela s’appelle les récompenses.
 Les récompenses sont prévues à l’art. 475 al. 3 C.c.Q. La récompense
est également à l’enrichissement dont une masse a bénéficié au
détriment de l’autre.
 Très important : Il n’y a pas de récompense de la masse d’un conjoint à
la masse de l’autre conjoint. C’est impossible.
 La récompense s’effectue vraiment entre la masse des propres du
premier conjoint et la masse des acquêts de ce même conjoint ET entre

57
la masse des propres du deuxième conjoint et la masse des acquêts de
ce même conjoint.
o Exemple 1 : voir document «  Le calcul des récompenses  ».
Maxime a ajouté une construction d’un garage (30 000$) à une maison
(250 000$) qu’il tenait en propre. Une fois la construction ajoutée, ce bien vaut
280 000$. La maison est un propre mais le 30 000$ investi est en acquêt.
 Alors, comment vas-t-on calculer la récompense?  De façon à ce
qu’elle soit proportionnelle.
 Donc : 30 000$ / 280 000$(valeur du bien suivant la construction) X la
valeur actuelle du bien, soit :

30 000$ X 300 000$ = 32 142, 86$ de récompense due


280 000$ aux acquêts par les propres

Masse des propres de Maxime :


Terrain et garage 300 000$ -
[moins] récompense due aux acquêts 32 142, 86$
= ce qui reste dans la masse des propres 267 857, 14$

Masse des acquêts de Maxime :


La récompense qui lui est due par la masse des propres est de
32 142, 86$.

o Exemple 2 : voir document «  Le calcul des récompenses  ».

 Note : Dans les deux exemples, on ne connaissait pas la valeur de


l’enrichissement dont a bénéficié une masse par rapport à l’autre et c’est
pour cette raison que nous avons dû faire un calcul de proportionnalité.
 Lorsqu’on connaît l’enrichissement, par exemple avec une évaluation
agrée du bien ou une expertise et qu’on connaît la valeur de
l’enrichissement, on n’a pas besoin de faire le calcul de proportionnalité.

o Précisions :
 Art. 476 C.c.Q. prévoit le moment où on va évaluer la récompense. Les
biens susceptibles de récompense s’estiment d’après leur état au jour de
la dissolution du régime et d’après leur valeur au temps de la liquidation.
 L’enrichissement est évalué au jour de la dissolution du
régime.
 Si, à la fin du régime, le bien a été vendu, l’enrichissement sera
évalué lors de sa vente, le jour de son aliénation.

 Art. 477 C.c.Q. prévoit qu’aucune récompense n’est due en raison des


impenses nécessaires ou utiles à l’entretien ou à la conservation des
biens. Pourquoi? Parce que, normalement, une impense utile ou
nécessaire à l’entretien ou la conservation du bien n’apportera pas
d’enrichissement. Ex. une maison dont la toiture est complètement finie
et que cette toiture s’effondre. On va faire des travaux mais, cela
n’apporte pas d’enrichissement et donc, pas de récompense.

SECTION 5 – LES DETTES

 Toutes les dettes doivent être prises en compte au moment du partage.

58
 À la fin de cette section, il faut être en mesure d’identifier et de qualifier les dettes et
d’établi une provision pour les dettes contractées au profit des propres en vertu de l’art.
478 C.c.Q.

 Les dettes : art. 478 et 484 C.c.Q.


o Dettes rattachées à un bien : Ce qu’on fait c’est qu’on regarde les dettes dont les
parties sont responsables et on essaie de les rattacher à un bien (ex. une marge
de crédit hypothécaire sur une hypothèque, un prêt sur un véhicule, un prêt sur
des meubles). On pourra ainsi les soustraire de la valeur des acquêts et donc, on
aura la valeur nette des acquêts que l’on partagera.
o Dettes qu’on ne peut pas rattacher à un bien  : À certains moments, il ne sera pas
possible de rattacher une dette à un bien (ex. une carte de crédit ou une marge
de crédit sur laquelle plusieurs dépenses pourraient être admises). Ces dettes se
qualifieront à titre d’acquêts et on devra en effectuer le partage également.
o Dettes relatives à un bien propre : Il y a régime particulier qui s’applique
relativement aux dettes rattachées à un bien propre (voir art. 478 et 484 C.c.Q.).
 Il faut comprendre que l’art. 478 C.c.Q. instaure une espèce de fiction
juridique. Même si la dette est rattachée à un bien propre, on va faire
comme si elle était payé par les acquêts de façon à éviter l’impact de
l’art. 484 C.c.Q.
 On va donc faire semblant, on va mettre cette dette dans la masse des
acquêts et faire comme si elle avait été payé par les acquêts.
 Si on ne faisait pas cette « fiction », l’art. 484 C.c.Q. permettrait aux
créanciers antérieurs de se retourner contre les deux époux. C’est ce
qu’on veut éviter.
 Ex. voir le document «  Les dettes aux propres – art. 478 C.c.Q. »

SECTION 6 – LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE LA SOCIÉTÉ D’ACQUÊTS

 Pour nous permettre de déterminer quels seront les biens inclus dans chacune des
masses de chaque époux, il nous faut d’abord déterminer la date de dissolution du
régime et éventuellement la date de liquidation.

 À la fin de cette section, on pourra distinguer la dissolution de la liquidation et identifier


les modalités du partage.

 La dissolution de la société d’acquêts : art. 465 à 467 et 473 C.c.Q.


o Le régime de la société d’acquêts se dissout en vertu de l’art. 465 C.c.Q. par :
 le décès
 le changement conventionnel de régime pendant le mariage
 le jugement qui prononce le divorce, la séparation de corps ou la
séparation de biens
 l’absence de l’un des époux dans les cas prévus par la loi
 la nullité du mariage si celui-ci produit néanmoins des effets
o Il faut comprendre qu’il y aura un effet rétroactif à la fin de la vie commune ou
encore à la date de l’introduction de l’instance (art. 466 C.c.Q.).
o Les effets de la dissolution se produisent immédiatement SAUF dans les cas du
jugement prononçant le divorce, la séparation de corps ou la séparation de biens
ET lors de la nullité du mariage. Dans ces deux derniers cas, les effets de la
dissolution remontent au jour de la demande.
o L’art. 467 C.c.Q. prévoit, qu’après la dissolution du régime, chaque époux
conserve ses biens propres et qu’il a la faculté d’accepter le partage des acquêts
de son conjoint ou d’y renoncer.

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 La faculté de pouvoir renoncer au partage des acquêts est importante
lorsque, notamment, les acquêts ont une valeur négative. À ce moment-
là, un époux a plus davantage à renoncer aux acquêts que de les
accepter car, s’il accepte, il devra payer une partie des dettes.
o Exception relativement au conjoint survivant (art. 473 C.c.Q.) : Advenant que la
société d’acquêts soit dissoute suite à un décès, le premier choix (i.e. le choix
d’accepter ou renoncer au partage des acquêts) revient au conjoint survivant et
non pas aux héritiers.
 Dans ce cas, le législateur a voulu privilégier le conjoint survivant plutôt
que les héritiers.
 C’est une exception à l’art. 467 C.c.Q.

 La liquidation de la société d’acquêts : art. 465 à 467 et 473 C.c.Q.


o La liquidation est en fait le moment du partage.
o Le tribunal va avoir :
 établi les masses des propres et acquêts de chacune des parties;
 identifier les dettes;
 établi la masse des acquêts nette;
 quantifier les sommes qui sont dues par une partie à l’autre partie et
inversement.
o C’est à ce moment-là que l‘option d’accepter ou renoncer au partage va
s’exercer car, c’est à ce moment exactement que l’on connaît les chiffres.

SECTION 7 – LE PARTAGE

 C’est à cette étape qu’intervient la véritable liquidation du régime. Nous déterminerons la


créance de chaque époux dans le cadre du partage de la société d’acquêts. Nous
examinerons également le calcul à effectuer afin de déterminer la créance due d’un
époux à l’autre.

 Le partage : art. 473, 481 et 482 C.c.Q.


o Conseil de la prof : à cette étape, il peut être plus simple de mettre tous les
chiffes dans un tableau pour schématiser tout ça. Voir le document « Le partage
de la société d’acquêts ». * les chiffres dans le document font référence aux
exemples des autres documents.
o Comment procède-t-on au partage?  On établit la créance et la créance va être
égale à la moitié de la différence entre les valeurs partageables de deux.

* Lorsque la dissolution résulte du décès, l’art. 482 C.c.Q. prévoit que le


conjoint survivant peut demander en paiement de sa créance dans la
société d’acquêts qu’on lui remette dans son lot certains biens à
caractère familial. Encore une fois, le législateur a voulu favoriser le
conjoint survivant sur les héritiers.

SECTION 8 – L’IMPACT FISCAL

 La liquidation et le partage de la société d’acquêts entraînent des incidences fiscales qui


doivent être prises en compte par l’avocat.

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 Cette section traite de l’importance de tenir compte de l’impact fiscal dans le cadre du
partage et du transfert de certains biens au moment de la dissolution de la société
d’acquêts.

 L’impact fiscal :
o La question de l’impact fiscal nous est mentionné ici vraiment pour une question
de prudence et de responsabilité professionnelle.
 Ce qu’il faut savoir c’est que lors du partage de la société d’acquêts ou
surtout lors de l’établissement de la créance ou lorsqu’on pense à
transférer certains biens d’un époux à un autre époux, il faut tenir compte
absolument des conséquences fiscales que cela peut avoir.
 On nous conseille vraiment dans ces cas de faire appel à des
spécialistes, comme un fiscaliste ou un comptable, pour faire les calculs
et les mise en garde appropriées de sorte à ne pas engager notre
responsabilité professionnelle.

QUESTIONS/RÉPONSES :

Comment un bien exclu du patrimoine familial peut-il faire partie du régime matrimonial?
Je croyais que le régime matrimonial était la loi qui gère le mariage et sa fin, alors que le
patrimoine familial gère le contenu en biens de ce mariage. Donc comment un bien peut-il
être l'un et non l'autre?

Le bien étant exclu du patrimoine il doit être considéré et qualifié, s’il y a lieu, dans le cadre du
régime matrimonial applicable entre les parties.

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