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CHAPITRE.

II : L’INDIVIDUALISATION DES

PERSONNES PHYSIQUES
Les personnes physiques ont besoin d'être individualisées dans la société, dans
leur famille, afin d'être distinguées de leurs semblables. A cet effet, il existe des
signes distinctifs qui permettent de distinguer chaque homme de ses semblables:

- le nom qui désigne la personne ;

- le rattachement à un lieu : le domicile ou la résidence qui, la situe dans


l'espace ;

- les actes de l'état civil qui en enregistrant son existence et son état de
famille le situent dans le temps (et sur un arbre généalogique)

Le droit administratif condense ces signes dans des papiers portatifs : c'est ainsi
que le nom, la date et le lieu de naissance se retrouvent dans la carte Nationale
d'identité. Et c'est par la présentation de ces papiers que se font les contrôles
d'identité.

Section I : LE NOM
Le nom1 est un moyen d'individualisation consistant dans l'usage d'une suite de
mots pour désigner une personne. En fait, il s'agit d'une appellation pour
désigner une personne dans la vie sociale et juridique. Il est composé d'un
certain nombre d'éléments que sont le patronyme ou nom de famille, le ou les
prénoms les accessoires, qu'il convient d'examiner avant de nous interroger sur
sa nature juridique, ses caractères et ses effets.

P. 1- Le nom patronymique

Le nom patronymique ou nom de famille est le nom de famille dont est issue
une personne. Il est choisi parmi les noms figurant dans les différents calendriers
ou ceux consacrés par les usages et la tradition, car il est interdit à l’officier de
l’état civil de donner des noms autres que ceux là (art 6 ; en droit burkinabé, les

1
Le nom est régi par la loi N° 64-373 du 7 octobre 1964, modifiée par la loi N° 83.799 du 2 août 1983.
noms peuvent être choisis parmi ceux consacrés par la religion ; art 35 Code des
personnes et de la famille).

En droit français, le prénom précède le nom, qui est écrit en majuscules. En droit
ivoirien, c'est le nom qui vient avant le prénom. (Quel sens donné alors au
prénom ?)

Exemple : KONAN Koffi Pascal.

Nom : KONAN

Prénoms : Koffi Pascal

C'est un nom commun à tous les membres d'une famille. Ce qui explique l'article
1er de la loi qui fait obligation à toute personne d'avoir un patronyme, et partant
à tous les membres d'une même famille de porter le même nom patronymique. Il
est donc unique. Ce n’est que dans des cas exceptionnels qu’on portera un nom
double ou composé. (il en est ainsi : en droit burkinabé- art 31- C P F ;
sénégalais- art 2 C F ; en droit congolais l’article 92 du Code de la famille
précise qu’il peut être simple, composé ou associé à un autre patronyme).

Cependant cette reforme introduite en droit ivoirien en 1964 n'a pas été évidente,
du fait de nos coutumes. Mais depuis, les choses ont évolué, et de plus en plus,
on essaie de remonter à un nom de famille, malgré les homonymies.

Comment acquiert-on le nom patronymique ?

Peut-on le changer ? Telles sont les questions qui méritent d'être examinées.

A- L'attribution du nom patronymique


Le nom patronymique d'une personne étant en principe celui de la famille à
laquelle elle est attachée, son acquisition ne peut résulter que de la filiation.
Mais de façon exceptionnelle, le nom peut s'acquérir par intervention de
l'autorité publique.

1- La filiation
C'est le mode normal d'attribution du nom. Elle peut être définie comme le lien
de sang entre parent et enfant. C'est donc le lien unissant une personne à son
père ou à sa mère. Mais il y a lieu de distinguer selon le type de filiation, car elle
peut être légitime ou naturelle.

a- La filiation légitime
Le nom de l'enfant légitime, c'est à dire l'enfant né dans le mariage, résulte de
l'article 2 de la loi relative au nom qui précise que cet enfant "prend le nom de
son père". En effet aux termes de cet article "l'enfant né dans le mariage porte
le nom de son père", c'est à dire le mari de sa mère. Il convient de préciser que
celui-ci peut demander qu'il y soit ajouté le nom de la mère. Dans ce dernier cas,
l’enfant portera un nom double (nom du père auquel on ajoute celui de la mère.
Mais comment identifier désormais la famille dans ces conditions ?) (dans
l’avant projet de code, c’est la mère qui demande si elle le désire et non plus
le mari comme actuellement)
L'enfant légitime porte donc le nom du père, c'est à dire le mari de sa mère.

Exemple : KOFFI Kouassi et Awa Diallo, mariés depuis 2 ans, ont un enfant
prénommé Kouadio Pascal. Il s’appellera KOFFI Kouadio Pascal.

b- La filiation naturelle
L'enfant naturel est celui qui naît de parents non mariés. Mais il faut distinguer
selon que l’on est en présence d’un enfant naturel simple ou d’un enfant naturel
adultérin.

α - L’enfant naturel simple


Il s’agit de l’enfant né de parents ne se trouvant pas dans un lien de mariage
(concubinage, union coutumière).

Trois hypothèses sont envisagées part l’article 3 de la loi :

* si l'enfant n'a été reconnu que par l'un de ses parents, il ne portera que le nom
de ce dernier. En d'autres termes, l'enfant naturel porte le nom du parent à
l'égard duquel sa filiation est établie. Il en est ainsi lorsque l’acte de
naissance a été établi sur la déclaration de la mère seule avec aucune
indication du nom du père. Si le nom de la mère ne figure pas sur l’acte de
naissance, il pourra y être ajouté par voie judiciaire2;

* La filiation de l’enfant a été simultanément établie à l’égard des deux


parents. Dans ce cas, le nom de l’enfant est celui du père. C’est le cas
lorsque les parents ont conjointement procédé à la déclaration de
naissance ;

* La filiation a été établie en second lieu à l’égard du père. Avant la reforme


de 1983, l’enfant devait porter le nom du père.

Mais depuis 1983, il ya un principe et des exceptions :

Le principe est qu’en pareille hypothèse, l’enfant porte le nom de sa mère auquel
il est ajouté celui du père. (nom double)

Exemple : Mademoiselle Kouamé reconnaît son enfant Jean Paul, il s'appellera


KOUAME Jean Paul.

Si par la suite, le père Karamoko vient à le reconnaître, on aura KOUAME


KARAMOKO Jean Paul.

Cependant, exceptionnellement, la mère peut consentir à ce que l'enfant porte,


par substitution, le seul nom du père ( on aura alors KARAMOKO Jean Paul)
.,ou que les noms soient inversés, avec le nom du père en premier(on aura alors
KARAMOKO KOUAME jean paul)

Aux termes de l'article 23 de la loi relative à la paternité et la filiation, le


consentement de la mère peut être donné oralement lors de la déclaration de
reconnaissance faite par le père, ou reçu séparément par un officier de l'état civil
ou un notaire qui dresse acte. L'acte de reconnaissance doit à peine de nullité
contenir la mention du consentement de la mère et les circonstances dans
lesquelles il a été donné.

Pour y parvenir, le père, après avoir établi la filiation paternelle, au moyen de


l’acte de reconnaissance, doit présenter une requête aux fins de rectification du
nom de l’enfant auprès du président du tribunal du lieu de naissance de l’enfant.
L’ordonnance est transmise à l’officier de l’état civil du lieu de naissance pour
effectuer une mention en marge dans le registre.
2
(dans ce sens, TPI Gagnoa, jugt n°130 du 27/07/2005, inédit)
β- L’enfant naturel adultérin
Lorsqu’il s’agit d’un enfant adultérin par le père, le nom de l’enfant est en
principe celui du père si celui-ci a obtenu le consentement de son époux, à
défaut, la reconnaissance est nulle (arts 21 et 22 loi sur la filiation). Le mari
n’est dispensé qu’en cas de demande en divorce ou de séparation de corps (art
22).

Lorsqu’il s’agit d’un enfant adultérin par la mère, il porte le nom du mari de sa
mère, sauf jugement de désaveu (art 2 al 2 loi sur le nom).

2- L'attribution du nom par intervention de l'autorité administrative


Aux termes de l'article 5 de la loi relative au nom, "l'enfant à l'égard duquel
aucune filiation n'est régulièrement établie, prend le nom qui lui est attribué par
l'officier de l'état civil à qui sa naissance ou sa découverte a été déclarée". Les
hypothèses en cause sont celles des enfants trouvés de parents inconnus3. Dans
ce cas, il revient à l'officier de l'état civil d'attribuer un nom dont le choix lui
incombe. Il en va d'ailleurs de même pour les prénoms.

Toutefois, il est interdit à l'officier de donner des noms autres que ceux figurant
dans les différents calendriers ou ceux consacrés par les usages et la tradition
(article 6).

L'attribution, aux termes de l'article 5, est provisoire en ce sens qu'une filiation


régulière peut être établie après l'intervention de l'officier de l'état civil. Dès lors
qu'adviendra-t-il du nom donné par l'officier ? Y-a-t-il substitution ou adjonction
de nom ?

Un début de solution est donné par l'article 3, qui précise que l'enfant né hors
mariage porte le nom de celui de ses parents à l'égard duquel sa filiation est
établie. Mais la question des deux noms demeure. Or, l'article 1er de la loi est
formel : on ne peut avoir qu'un nom patronymique.

C'est pour éviter toutes ces difficultés, qu'en droit français, il est prévu que
l'officier de l'état civil, dans pareilles hypothèses, attribue à l'enfant nouveau né
une suite de trois prénoms dont le dernier est le nom patronymique, qui est
destiné à redevenir un simple prénom si la filiation est ultérieurement établie.
3
( ces enfants abandonnés trouvés sont la une des journaux : « un nouveau né jété dans la broussaille à
Anyama » in Soir info du 23 /08/06, p 25 ; « Abengourou « un nouveau né abandonné » in l’Intelligent du
31/07/06 ; Divo découverte macbre, « un nouveau né abandonné sur un tas d’ immondices » in le Nouveau
réveil du 14 /02/06)
Sinon, le nom d'une personne est unique et en principe immuable. Ce qui pose
le problème de son changement.

B- Le changement de nom
En principe, le nom patronymique ou nom de famille est immuable. Ce qui
signifie que les changements purement volontaires de ce nom sont interdits4

Mais on ne peut changer de nom sans avoir eu recours à une décision judiciaire5

L'immutabilité du nom patronymique procède de l'article 11 alinéa 1 de la loi


relative au nom, aux termes duquel "nul ne peut porter de nom ni de prénoms
autres que ceux exprimés dans son acte de naissance". Le changement volontaire
de patronyme n'est pas directement punissable en soi. Il ne le devient que s'il
s'accompagne de circonstances le faisant tomber sous le coup d'incriminations
plus générales6.

Toutefois, des changements de nom sont possibles d'une part en cas de


changement d'état, et d'autre part à titre principal.

1- Changement de nom résultant d'un changement d'état


Exprimant une appartenance à une famille, le nom peut changer, suite à un
changement dans le statut familial. En effet, le nom traduisant l'état civil d'une
personne, un changement dans cet état peut entraîner un changement de nom.

* Le changement de nom est lié à une modification pure et simple de la


filiation ou de sa destruction. Ainsi : l'établissement de la filiation peut
provoquer un changement de nom Exemple : reconnaissance d'un enfant
naturel. Dans cette hypothèse, il y a substitution du nom qui résulte de
l'établissement de la filiation à celui que portait l'enfant7. Le changement de
nature de la filiation peut de même avoir un effet sur le nom. En effet, par
exemple en cas de désaveu, l'enfant ne peut plus porter le nom du mari de sa

4
. ( sur la question, voy Henri TEMPLE, « Peut-on changer de nom ? », in R.I.D. 1982- 1983 n° 1-2-3-4 p 4 ; ASSI
Assepo Eugène, « Le changement de nom en droit positif ivoirien », R.I.D. n°37/2006, p 30)
5
(dans ce sens jugt n-422 du 28/08/2003, in Rec Catbx -3/2004 p 64)
6
(voir articles 284 Code pénal réprimant le faux commis dans certains documents administratifs. En droit
français, l'article 261. Code pénal vise toute personne, qui dans l'établissement des actes publics et documents
administratifs, n'aura pas pris le nom patronymique qui est légalement le sien)
7
( cas de reconnaissance judiciaire de l’enfant, TPI Abidjan, jugt n° 393 du 12 avril 1986 : inédit)
mère. Le désaveu lui confère désormais le nom de sa mère. Il en est
également ainsi en cas d'adoption notamment plénière.

* il faut également préciser que la destruction du lien, par exemple l'annulation


d'une reconnaissance, entraîne un changement de nom. L'enfant
préalablement reconnu par le père perd le nom de celui-ci en cas
d'annulation8.

2- Changement de nom à titre principal


Il convient de préciser que ce changement de nom est indépendant de toute
modification dans la situation familiale.

Deux hypothèses sont prévues par la législateur ivoirien, d'une part à travers les
dispositions transitoires de la loi n° 64.381 du 7 octobre 1964, et d'autre part à
travers les dispositions permanentes de la loi relative au nom.

a- Changement de nom conformément aux dispositions transitoires


Les dispositions transitoires sont par définition des dispositions qui s'appliquent
à une situation donnée pendant une période donnée. C'est pourquoi l'article 7 de
la loi 64.381 précise que les articles 4 et 5 réglant le changement de nom ne
seront applicables que pendant une période à laquelle il sera mis fin par décret.

Avant de préciser les règles de changement de nom, la loi, en son article 3, a


rappelé que toute personne conservait son nom et ses prénoms sous lesquels elle
était connue au moment de son entrée en vigueur, c'est à dire le 1er janvier
19659. Le nom conservé devenait son patronyme et celui de ses enfants.

Exemple : Au moment de l'entrée en vigueur de la loi sur le nom

Père : KOUAKOU Yao

Enfant : - Kouamé - Cet enfant s'appelle KOUAKOU Kouamé

Si l'enfant se prénomme Kouadio, il s'appellera KOUAKOU Kouadio

ou Père : KOUAKOU Yao

Enfant : Kouamé - YAO Kouamé

8
(Cf. : CAA, 6-02-1970: RID. 1971. n° 1 p 42; CAA, 21-12-1970: RID 1971 n° 3 p. 76 . Pour une annulation pour
fausse déclaration, CAA, 2 juillet 1974 : RID 1975 n° 3/4. P 66. Sur les menaces juridiques pesant sur la
reconnaissance, voir SARASSORO, l'enfant naturel en droit positif ivoirien : RID. 1981 n° 1/2 P. 21)
9
(voir décret n° 64.478 du 8 décembre 1964 fixant la date de prise d'effet de la loi relative au nom)
Kouadio - YAO Kouadio.10

En application de ce texte, toutes ces personnes, et notamment YAO Kouadio et


YAO Kouamé devaient conserver comme patronyme YAO, alors que le nom de
leur père est KOUAKOU, et non YAO, qui est le prénom ; et c'est certainement
la situation de KOUAKOU père dont on ne connaît pas le nom du père.

Devant la non maîtrise de l'attribution du patronyme selon la loi, et l'attribution


coutumière du nom, force est de constater que des personnes issues d'un même
auteur n'ont pas le même nom, ce qui est contraire à la définition du patronyme.

C- Nature juridique, caractères et effets du nom

1- La nature juridique du nom


La nature juridique du nom fait l'objet d'une controverse du fait de l'absence de
précision de la plupart des législations (ivoirienne notamment), non seulement
sur la question mais également à propos des actions civiles relatives à la
protection des personnes contre l'usurpation de nom. Or, les conditions de mise
en œuvre de ces actions dépendent de la nature reconnue au nom. D'où l'intérêt
de la détermination de cette nature.

Il faut faire remarquer que doctrine et jurisprudence françaises s'entendent sur la


nécessité pour une personne de pouvoir agir en justice afin de défendre son nom
ou pour le revendiquer. Il s'agit de l'action en réclamation de nom, lorsque la
personne revendique un nom dont elle avait perdu l'usage, ou beaucoup plus
souvent d'action en contestation du nom, lorsque l'intéressé défend son
patronyme contre l'utilisation qui en est faite par un tiers.

Mais doit-il pour cela invoquer un préjudice ou non ? La réponse dépend de la


conception que l'on se fait de ce droit au nom.

Plusieurs théories sont en présence :

a- Le nom est une institution de police


Un courant doctrinal a vu dans le nom une institution de police à l'instar du
numéro matricule décerné à chacun à la fonction publique ou à la C.N.P.S.

10
(sur la question, voir Section de tribunal de Dimbokro, jugt n°15 du 05/02/1997 : cndj/Rec CATBX,1998 n°2 p
239 ; Pour le refus d’un changement de nom en vue de recouvrer sa vraie identité après avoir utilisé un acte de
naissance appartenant à autrui , et donc après avoir commis un usage de faux : Section de trib de Bouaflé jugt
n°102 du 30/07/1997 : Rec CATBX du 30 juillet 1997 n°2 p 186)
L'attribution du nom dans ce cas se justifie par la nécessité pour l'Etat de
distinguer les individus. D'où l'obligation pesant sur chacun de porter son nom

dans la vie juridique et l'impossibilité de le changer en dehors des voies légales.

C'est ce qui explique l'intervention du ministère public pour la rectification des


actes de l'état civil, et les sanctions prévues par le législateur en cas d'utilisation
de faux nom, etc.

Pour ce courant, il n'y a pas de droit au nom et la personne qui se plaint d'une
usurpation doit apporter la preuve du préjudice.

b- Le droit au nom, droit de propriété


Contrairement à la première, un autre courant doctrinal a vu dans le droit au
nom un droit de propriété. Pour ce courant, un individu a la propriété de son
nom patronymique. Ainsi comme tout propriétaire, il peut interdire à quiconque
d'user de sa chose, même s'il ne subit aucun préjudice. Il peut par conséquent
s'opposer à l'usurpation que tout autre individu fait de ce nom.

Il apparaît que cette théorie permet la défense du nom sans avoir à justifier d'un
préjudice, du moins lorsqu'il s'agit d'une usurpation du nom par une autre
personne. Cette théorie a été souvent consacrée par la jurisprudence11. Mais il
faut préciser qu'en fait, la jurisprudence dans les réclamations contre un
usurpateur fait généralement ressortir l'existence d'un préjudice au moins moral
subi par le réclamant12.

Cette protection est également valable pour le prénom dans des circonstances
exceptionnelles, notamment lorsque la personne est connue du public,
principalement sous son prénom, et que ledit prénom par son originalité et sa
rareté ne peut être considéré comme d'un usage courant13.

En revanche, la jurisprudence exige la preuve de l'existence d'un préjudice et


d'une faute lorsqu'on défend son nom contre son emploi dans une œuvre
littéraire pour désigner une personne de roman, de théâtre ou de cinéma. Les
tribunaux vérifient si l'auteur de l'œuvre a commis une faute volontaire ou

11
(Cf. Civ, 25 octobre 1911 S. 1912, 1. 95. Bordeaux, 22 avril 1963, D. 1963; 482. Civ, 11 juin 1963. D. 1964. 186)
12
(Rep. 14 avril 1934, D. H. 1934, 265)
13
(T.G.I Seine, 9 octobre 1963. Gaz. Pal 1964, 1. 73)
d'imprudence (la confusion dommageable est due le plus souvent à une simple
négligence, et plus particulièrement à une insuffisance de précaution14
Il a été également décidé que celui qui s'est illustré pendant de nombreuses
années sous un pseudonyme peut le protéger même à l'égard des tiers dont il
constitue le patronyme.

c- Le droit au nom, droit de la personnalité

La tendance actuelle d'une partie de la doctrine consiste à considérer le droit au


nom comme un droit de la personnalité, au même titre que le droit à l'image, au
secret, ou le droit moral de l'auteur sur les œuvres de son esprit. Il est à la fois
un aspect de l'état de la famille (donc un droit de la famille) et un attribut de la
personnalité, donc un droit de la personnalité. Il y a un rapport étroit entre le
nom et la personnalité qu'il individualise. Le nom est un des droits
indispensables à la personne pour affirmer et développer sa personnalité dans
le milieu social.

Au total, il convient de faire remarquer que si le droit au nom est bien un droit
de la personnalité, il est à la fois individuel et familial. Cette dualité de nature
influe nécessairement sur les caractères et les effets du nom

2- Les caractères du nom

Le nom, vu sous l'angle d'une institution de police, est obligatoire, et également


immuable.

En outre, en tant que droit de la personnalité, et donc attaché à la personne, le


nom est non seulement inaliénable ou indisponible, mais également
imprescriptible.

a- L'Obligation de porter le nom


Servant à individualiser les personnes, le nom est indispensable à chacune
d'elles. Ce caractère obligatoire résulte de l'article 1er qui précise que "toute
personne doit avoir un nom patronymique et un ou plusieurs prénoms".

D'où l'intervention du législateur pour tirer les conséquences à titre de contrôle


ou de sanction15.
14
Tribunal civil Seine, 10 décembre 1958, Gaz Pal 1959 1. 249, T.G.I Paris, 26 octobre 1967. D. 1968 S. 42) et si
le titulaire du nom a subi un préjudice, tel celui résultant de la possibilité d'une confusion entre la personne et le
personnage ridicule ou odieux (Tribunal civil Seine, 18 juillet 1941, D.A 1942. 30. voir également civ 2 juillet
1969. RTD civ 1970. 161).
b- L'Immutabilité du nom
De même qu'on ne peut pas, en principe, changer d'état, on ne peut, en principe
changer de nom. Ce principe est rappelé par l'article 11 de la loi relative au
nom qui précise que "Nul ne peut porter de nom ni de prénoms autres que
ceux exprimés dans son acte de naissance".

Des sanctions pénales sont prévues, notamment en cas d'utilisation de faux


noms dans des actes authentiques ou documents administratifs. Il faut admettre
que sur le plan civil, le ministère public peut d'office agir en rectification pour
faire substituer le nom véritable (Cf. article 78 et 88 loi relative à l'état civil).

Il en résulte que sous resserve des voies légales de changement de nom prévues
par le législateur, tout changement purement volontaire de nom est interdit.

c- Le nom est inaliénable ou indisponible


Comme l'état, le nom ne peut en principe être donné ou vendu, ni transmis par
testament. Ce qui signifie qu'il est hors du commerce, et donc incessible. En
conséquence, le titulaire d'un patronyme, fut-il glorieux, ne peut le vendre, ni le
léguer. Toutefois, une exception demeure pour le patronyme sous lequel un
commerçant exerce sa profession. En effet, par son attrait sur la clientèle, le
nom commercial qui représente une valeur patrimoniale, peut être cédé avec le
fonds de commerce, dont il est un des éléments.

Dans la pratique, le nouvel acquéreur doit ajouter des mentions dans


l'utilisation du nom.

Exemple : "KOFFI Successeur" ou "ancienne maison KOFFI"

d- Le nom est imprescriptible


On peut être en présence soit d'une prescription extinctive, soit d'une
prescription acquisitive.

Dans le 1er cas, il est de jurisprudence qu'un nom patronymique ne se perd pas
par le nom usage, même fort prolongé.

15
(voir les articles 284 et 285 du Code pénal réprimant le faux commis dans certains documents administratifs,
notamment l'utilisation d'un faux nom)
Ainsi un nom de famille peut être réclamé par les membres d'une famille,
quelque soit le laps de temps pendant lequel il n'a pas été porté16.

Il en va de même du droit de rectification des actes probatoires qui les


constatent17. C'est cette imprescriptibilité qui permet, sur la base de preuves
généalogiques, de relever des noms, particules tombés en jachère depuis. .

2- Les effets juridiques du nom


Les effets peuvent être envisagés sous un double aspect :

- le port du nom

- le droit au nom.

a- Le port du nom
Toute personne a le droit d'user du nom qui lui est légalement attribué pour se
désigner. Pour cette personne donc, le port du nom apparaît à la fois comme un
droit et une obligation.

- Le port du nom est un droit


L'individu peut porter le nom qui lui a été légalement attribué, pour se désigner
et se faire désigner dans toutes les occasions de la vie, à condition qu'il n'en
abuse pas : Exemple : profiter d'une homonymie pour faire de la concurrence
déloyale.

L'individu peut surtout utiliser son nom, pour figurer dans les actes juridiques et
pour les signer. La signature, par définition, est le nom écrit de la main de
l'intéressé.

Ainsi le nom apparaît comme un moyen mis par le droit à la disposition d'une
personne pour imprimer sa personnalité et sa volonté à un écrit et pour faire de
cet écrit matériel un acte juridique.

- Le port du nom est une obligation


L'individu est obligé de répondre au nom qui lui a été donné. Il est obligé de
porter ce nom. Cette obligation de se présenter sous son nom tel que légalement

16
(Req. 21 juillet 1926. S. 1926. 1. 310. Req. 14 avril 1934, D. H. 1934, 265 ; tribunal civil Amiens, 22 février
1957. Gaz Pal 1957. 1. 445)
17
(-Caen, 23 février 1965. D. 1966, 271.)
attribué est absolue à l'égard de l'Etat, pour la raison qu'il apparaît comme une
institution de police permettant de distinguer les individus. D'où les pouvoirs
reconnus au ministère public dans la rectification des actes, et les sanctions
pénales prévues dans l'utilisation de faux nom, les usurpations et les faux dans
les actes et documents publics.

En revanche, la force de l'obligation est atténuée dans les rapports et les actes
privés, bien entendu sous réserve des droits d'autrui, en ce sens qu'il faut tenir
compte de deux libertés fondamentales

* La liberté du pseudonyme
Il est licite d'user d'un faux nom, non seulement pour signer une œuvre littéraire
ou artistique, mais aussi pour signer un acte juridique, pourvu que les tiers ne
puissent en subir de préjudice. L'usage du faux nom ne doit pas tendre à
réaliser, par exemple, une escroquerie.

* La liberté de l'anonymat
Il est licite non seulement de publier une œuvre sans la signer, mais de faire des
actes juridiques, de passer des contrats sans faire connaître son nom, encore
que les tiers ne puissent en subir de préjudice. Il n'en est autrement que dans les
actes notariés (vérification de l'identité des parties dans la rédaction des actes).

Dans la pratique des affaires, l'anonymat de l'acheteur est la coutume, même s'il
existe beaucoup de restrictions de nos jours.

b- Le droit au nom
Le droit au nom est un droit subjectif, quelle que soit la conception que l'on se
fait de la nature du nom. Il s'agit d'un droit que l'on peut défendre contre toute
usurpation par un tiers ou contre un emploi abusif dans le domaine littéraire ou
commercial.

Dans ce sens, une action en usurpation de nom est ouverte par l'article 13 de la
loi relative au nom au porteur d'un nom contre un tiers qui l'utiliserait à titre de
nom, surnom ou de pseudonyme.

En effet, aux termes de cet article "le porteur d'un nom ou ses descendants,
même s'ils ne portent pas eux mêmes ce nom, peuvent s'opposer, sans préjudice
de dommages-intérêts, à ce qu'il soit usurpé ou utilisé par un tiers, à titre de
nom, surnom ou pseudonyme".
Il s'agit d'une action en contestation de nom, de sorte que le porteur légitime du
nom va contester à un tiers le droit de porter le même nom patronymique. Pour
ce faire, il suffit de demander au juge d'interdire au tiers de continuer à porter
le nom.

L'action est ouverte aux descendants, peu importe qu'ils portent le nom ou pas.
(filles mariées).

L’article 13 n’exige pas la preuve d’une faute, ni d’un préjudice, car il n’est pas
question d’une action en responsabilité ,la preuve de l’usurpation suffit.

Toutefois, l'action est exclue en cas d'homonymie. Ce qui explique sa rareté en


Afrique, et notamment en Côte d'Ivoire, où il y a beaucoup d'homonymes.

P.II- Le prénom et les accessoires du nom

A- Le prénom
Le prénom permet de distinguer l'individu dans la famille dont il porte le nom
avec les autres membres. Son attribution est obligatoire, mais le nombre est
facultatif18. Comme le nom patronymique, il y a lieu de se demander si on peut
changer de prénom, avant de nous interroger sur les effets juridiques des
prénoms.

1- L'attribution du prénom

Aux termes de l'article 1er de la loi relative au nom, "toute personne doit avoir
un nom patronymique et un ou plusieurs prénoms". Mais comment se fait le
choix ?

Le prénom s'attribue à la naissance de l'enfant et le choix est laissé aux parents.

Toutefois, ils ne peuvent donner n'importe quel prénom. En effet, aux termes de
l'article 6, "il est interdit aux officiers de l'état civil de donner des noms ou
prénoms et de recevoir des prénoms autres que ceux figurant dans les différents
calendriers ou ceux consacrés par les usages et la tradition".

C'est dire que la liberté reconnue aux parents dans le choix du prénom connaît
une limite. Le nombre de prénoms n'étant pas par ailleurs limité, on assiste, en

18
( tel est également le cas en droit burkinabé- art 31 CPF préc- et sénégalais- art 2 CF préc- ; au contraire, les
prénoms sont facultatifs en droit congolais et sont choisis parmi ceux consacrés par les usages et la tradition –
art 92 CF)
pratique, à une variété de prénoms à la naissance des enfants, avec une
association de prénoms issus de la tradition et des calendriers.

2- Le changement de prénoms

La question du changement de prénoms se pose dans les mêmes termes que le


nom, l'article 11 alinéa 1 précisant que « Nul ne peut porter de nom ni de
prénoms autres que ceux exprimés dans son acte de naissance ». C'est dire que
comme le nom, le prénom est immuable. Toutefois, le changement de prénoms
est possible.

 D'abord, en cas d'adoption, l'enfant adopté peut changer de prénoms,


conformément aux articles 4 et 4 bis. En cas d'adoption simple, à la demande
des adoptants, le tribunal peut modifier les prénoms de l'adopté âgé de moins
de 16 ans. Il en va de même en cas d'adoption plénière, mais sans condition
d'âge.

 Ensuite, une exception est apportée au principe de l'immutabilité du prénom


par l'article 11 alinéa 2 qui prévoit la possibilité de modification de prénoms
ou d'adjonction de nouveaux prénoms ; encore faut-il justifier d'un intérêt
légitime qui peut être le fait d'un prénom ridicule19. L'intérêt légitime doit
exister au moment de la demande)20. L’intérêt peut résider dans le port d’un
prénom qui est l’appellation d’un fétiche anciennement adoré et qui constitue
un véritable frein à l’épanouissement de celui –ci21 ou le prénom d’un ami
du père22

3- Les effets du prénom


Pris individuellement et isolés du nom patronymique, les prénoms sont, en
principe, sans conséquence juridique, en ce sens qu'ils n'individualisent pas
suffisamment la personne. Dans ces conditions, ils ne peuvent à eux seuls
constituer sa signature, sauf si le contexte ou les circonstances permettaient de

19
(Ex : foto ; une adjonction pour marquer une différence entre le père et le fils qui portent les mêmes noms et
prénoms : TPI Gagnoa,jugt n° 12 du 20/042005, inédit ;Pour une adjonction de prénom sous lequel la personne
était notoirement connue, Sect Trib Dabou, jugt n°97/ du 23/07/2000, inédit )
20
( Rec jp Catbx CNDJn 4/2001 p 104 ; TPI Bouaflé jugt n 75 du 24/08/2000, p104
21
(TPI Bouaflé,jugtn°107 du 14/07/ 2005,inédit)
22
( section de Bouaflé, jugt n 111 du 11/12/1996 , Rec jp Catbx/CNDJ n 1- 2000, p 127)
compléter l'indication qui en résulte. Exemple d'un testament auquel le testateur
n'avait apposé que son prénom.

C'est plutôt en combinaison avec le nom de famille que le prénom produit ses
effets qui sont des effets de complémentarité. La personne a le droit de faire
usage des prénoms à lui attribués sur son acte de naissance. L'article 12 alinéa 1
ne fait-il pas obligation à "tout fonctionnaire ou officier public ou ministériel de
désigner les personnes, dans les actes, expéditions ou extraits qu'il rédige, par
leurs noms et prénoms réguliers" ?

La personne a également le droit d'empêcher qu'un homonyme ne les lui


emprunte, en vue de rendre la confusion plus complète. Parallèlement, la
personne à l'obligation de faire usage de ses prénoms, notamment si l'emploi de
son seul nom patronymique pouvait être préjudiciable à un tiers.

B- Les accessoires du nom


Les éléments accessoires peuvent s'ajouter au nom patronymique et aux
prénoms. Ce sont: le surnom, le pseudonyme, la particule et les titres de
noblesse

1- Surnom et pseudonyme
Le surnom et le pseudonyme sont usités couramment dans les relations sociales.
Mais que recouvrent-ils et quel est leur régime juridique ?

a- Définitions
Le surnom (ou sobriquet) est une appellation employée par le public pour
désigner une personne. Hormis le sobriquet ridicule ou déplaisant attribué par
les tiers à un individu dans un cercle restreint, le surnom est généralement donné
par les tiers sans intention maligne et malveillante. Il est souvent précédé de
"dit".

Exemples : KOUADIO yao jean dit « Tchegbè yao » ; DROH Dapa Kouakou dit
« Kouakou tailleur » ; KOUADIO kouakou dit « Caro kouakou »

Quant au pseudonyme, il peut être présenté comme un faux nom que la personne
se donne à elle même, contrairement au surnom qui est donné par le public. La
pratique en est courante chez les écrivains et les artistes. C'est un nom
d'emprunt, choisi par celui qui le porte afin de dissimuler son nom véritable.
Exemple de pseudonymes célèbres : Molière, Voltaire, Anatole France, André
Maurois. Egalement Alpha Blondy, Johnny Hallyday (Jean Philippe Smet),
Mohamed Ali.

Il apparaît que le pseudonyme peut être pris dans divers secteurs d'activité : nom
de scène, nom d'artiste, nom d'auteur, de journaliste, de sport, de politique.

b- Régime juridique
L'article 11 alinéa 1 de la loi relative au nom interdit en principe le recours
officiel aux surnoms et pseudonymes. Ce qui explique que toute personne doit
se faire désigner par son nom régulier dans les actes juridiques et officiels
(article 12 alinéa 1).

Toutefois, la règle n'est pas absolue et le législateur ivoirien a prévu une


exception, en autorisant qu'il soit ajouté, dans ces actes, le surnom ou le
pseudonyme. En effet, l'alinéa 2 de l'article 12 précise que l'interdiction faite à
l'alinéa 1, "ne fait pas obstacle à ce qu' un surnom ou pseudonyme, connu du
rédacteur de l'acte soit ajouté aux noms et prénoms réguliers".

Le surnom est protégé au même titre que le nom réel. Quant au pseudonyme, il
est purement personnel. Celui qui, par un usage prolongé et la renommée, a
acquis un droit sur le pseudonyme, peut le défendre contre des tiers qui
prétendraient se servir d'un pseudonyme semblable, ou même l'appliquer comme
marque à un produit.

En tout état de cause, il ne peut être utilisé par la descendance23. Même si le


pseudonyme est devenu célèbre à tel point que la descendance souhaite le
reprendre, il faudrait recourir dans le mesure du possible à la procédure de
changement de nom, mais laquelle ?

2- Particules et titres nobiliaires

Les particules comme de-du-dela-des-.sy- yah- bi. ....qui précèdent le nom


patronymique sont des éléments constitutifs de ce nom. Elles doivent par
conséquent être protégées comme lui. La particule ne constitue pas forcément un
signe de noblesse. La particule est héréditaire, et en cas d'oubli, elle peut être

23
(Cf. T.G.I Paris, 2 mars 1973, D. 1973. 320, affaire Verchureu, dans laquelle le fils cherchait à recueillir sans
peine la gloire paternelle).
reprise par voie de rectification des actes de l'état civil, s'il est démontré que les
ancêtres du demandeur ont eu la possession prolongée de la forme de particule24.

Le nom patronymique peut être accompagné d'un titre de noblesse (prince-duc-


marquis-conte-viconte-baron-chevalier) qui n'est pas un élément du nom. Ils
s'y adjoignent seulement. De nos jours, la noblesse n'est plus qu'une distinction

honorifique, attachée au nom. Il ne transmet pas comme le nom mais


généralement par les mâles, par ordre de progéniture. Toutefois, le titre peut être
défendu contre toute usurpation25. Le titre étant un accessoire honorifique du
nom de famille, toute contestation relative à sa possession relève de la
compétence des tribunaux de l'ordre judiciaire.

Section II- LE DOMICILE DES PERSONNES PHYSIQUES.

Le domicile est un autre élément important d'identification des personnes


physiques (ou morales) car il ne suffit pas de donner un nom à une personne,
encore faut-il pouvoir la situer dans l'espace, c'est à dire géographiquement. Le
domicile est régi par les articles 102 et suivants du code civil qui sont les
dispositions originaires du code civil napoléonien de 1804. (voir articles 102 à
11 code civil).

Le domicile présente un intérêt certain dans la vie d'une personne. D'où la


détermination de ce domicile avec présentation de ses caractères. Mais il
importe de définir préalablement le domicile, et de faire ressortir les intérêts
qu'il présente.

P. 1- Définitions et intérêts du domicile


Avant d'examiner le rôle, les fonctions et les intérêts (ou utilités) du domicile, il
y a lieu de cerner la notion de domicile.

A- La notion de domicile
Le domicile, qui est déterminé par le lieu du principal établissement, doit être
distingué de certaines notions comme la résidence et l'habitation eu égard à
certains effets particuliers, même si dans bien de cas, il y a coïncidence
notamment entre domicile et résidence.

1- Domicile, principal établissement


Aux termes de l'article 102 du code civil "le domicile est le lieu où une personne
a son principal établissement". Le domicile est donc le siège légal de la
personne, c'est à dire le lieu auquel la loi la rattache, que cette personne soit
présente ou qu'elle s'en éloigne.

Ainsi le domicile est unique, fixe et permanent, et se présente comme le lieu où


une personne a son centre d'intérêt.

Il faut préciser que la notion de domicile est essentiellement juridique et fictive,


en ce sens qu'il n'est pas affecté par les déplacements de la personne intéressée.
C'est sous cette forme que le Code civil napoléonien a envisagé le rattachement
de la personne à un lieu, c'est à dire une forme abstraite et rigide.

2- Le domicile et les notions voisines


D'autres notions, qui supposent un rattachement plus concret et plus souple sont
apparues de nos jours, notions qui rendent donc compte de la réalité, en ce sens
qu'elles correspondent à l'endroit où une personne se trouve effectivement
pendant un certain temps.

Ce lieu est une résidence lorsque la personne y vit de façon normale. C'est le lieu
en effet, où la personne demeure effectivement, pourvu que ce soit d'une
manière assez stable et habituelle.

Ce lieu est une habitation ou une demeure lorsque la personne y séjourne pour
un temps très bref. Exemple : l'hôtel.

Si nous prenons l'exemple de Adama âgé de 18 ans, nouvel étudiant inscrit à la


faculté de droit d'Abidjan, qui vient d'être admis à la Cité universitaire de
Yopougon. Comment qualifier ces différentes localisations ?

* Aux termes de l'article 108 du code civil, Adama, mineur, a son domicile
chez ses parents ou tuteur ;

* Si ses parents sont à Abengourou, le domicile de Adama est à Abengourou ;


la résidence est à la cité de Yopougon ;

* Si pendant les vacances de Noël ou de pâques, il se rend du côté de San-


Pedro, passer quelques jours au bord de la mer ; l'hôtel, qui l'accueille, sera
son habitation.

3- Coïncidence entre domicile et résidence


La résidence coïncide souvent avec le domicile. C'est le cas de l'étudiant mineur
vivant avec ses parents. Mais elle peut en être distincte. C'est l'exemple des
résidences secondaires. En fait, un établissement qui n'est pas le principal ne
saurait, par définition, constituer un domicile, mais il vaut comme résidence.
Ainsi rien n'empêche une personne d'avoir plusieurs résidences, en plus de son
domicile.

La résidence produit des effets qui tendent même à se développer au détriment


du rôle du domicile. Toutefois, elle est encore loin d'avoir l'importance juridique
du domicile.

B- Intérêts pratiques de la détermination du domicile


Malgré la montée de la notion de résidence, le domicile demeure le rattachement
territorial de principe dont le droit fait dépendre des intérêts pratiques aussi bien
en droit public qu'en droit privé. Nous n'envisagerons ces intérêts que dans le
cadre du droit privé, l'article 102 n'étant examiné qu'en droit civil, c'est à dire
dans le cadre de l'exercice des droits civils. Mais on peut relever rapidement que
pour l'exercice des droits publics, notamment les droits politiques (exemple-
électorat), le domicile joue également un rôle, mais sa détermination peut être
infléchie par des règles propres aux matières en cause. l'article 9 du code
électoral en donne une illustration lorsqu'il précise que :

"Peuvent être inscrits sur la liste électoral d'une circonscription ou d'une


commune déterminée, les électeurs remplissant l'une des conditions ci-après :

- avoir son domicile réel dans la commune ou dans la sous-préfecture.


Les fonctionnaires publics, civils et militaires sont domiciliés au lieu de
leur affectation;

- avoir sa résidence depuis six mois au moins dans la commune ou dans la


sous préfecture à la date de clôture de la liste électorale ;

- figurer pour la cinquième fois sans interruption au rôle d'une des


contributions directes dans la commune ou dans la sous préfecture".

Ceci étant, il y a lieu de souligner que les intérêts attachés à la détermination du


domicile sont nombreux. Les principaux sont d'ordre procédural. En outre le
domicile est le lieu d'exercice de droits ou de conclusion de certains actes.

1- Les intérêts d'ordre procédural


Le plus souvent, c'est à l'occasion d'une action en justice que l'on a besoin de
savoir où une personne est domiciliée. Par ailleurs, c'est le bon ordre même des
procès qui exige dans la détermination du domicile, une certaine rigidité, pour la
raison essentielle qu'il faut éviter que l'homme trouve dans sa mobilité un moyen
de s'évader du système judiciaire.

Le domicile a aussi pour fonction de rattacher la personne au ressort


géographique de l'autorité judiciaire. Ce sont ces raisons qui justifient :

a) qu'en cas de procès, la juridiction territorialement compétente soit, sauf


disposition contraire, celle du lieu ou demeure le défendeur (- article 11 code
procédure civile), c'est à dire son domicile réel ou élu, ou à défaut, sa résidence.

b) qu'en cas de signification d'un acte de procédure c'est à dire notification d'un
tel acte par huissier de justice, l'acte peut, si la signification à personne est
impossible, être délivré soit à domicile, soit à résidence à défaut de domicile
connu (voir article 247 et S. code procédure civile). Tout ceci s'explique par le
fait que les actes de procédure faits par une partie doivent être portés à la
connaissance de la partie adverse, et donc lui être notifiés.

Il faut préciser qu'en droit ivoirien du divorce ou de séparation de corps, le


tribunal territorialement compétent est conformément à l'article 2 de la loi 64.
376 du 7 octobre 1964 :

- soit le tribunal du lieu où se trouve la résidence de la famille ;

- soit le tribunal du lieu de résidence de l'époux avec lequel habitent les


enfants mineurs ;

- soit le tribunal du lieu où réside l'époux qui n'a pas pris l'initiative de la
demande dans les autres cas.

2- Le domicile est le lieu d'exercice de certains droits et de conclusion de


certains actes
Le domicile étant le lieu du principal établissement c'est à dire le lieu où une
personne a son centre d'intérêt, il présente des intérêts en matière civile, et
partout en droit privé où il constitue le "port d'attache de la personne". Ainsi :

a) certains actes relatifs au droit de la famille doivent ou peuvent être


accomplis au domicile : Exemple "le mariage est célébré publiquement au
siège de la circonscription ou du centre d'état civil du domicile ou de la
résidence de l'un ou l'autre des époux (- article 24. loi relative au
mariage).
Toujours en droit de la famille, et particulièrement en matière d'adoption, la
requête est présentée au tribunal de 1ère instance ou à la section de tribunal du
domicile de la personne qui se propose d'adopter (Art. 10 de la loi relative à
l'adoption).

b) la succession et la tutelle s'ouvrent au domicile du défunt (article 4 loi


relative à la minorité)
c) des actes comme le paiement d'une dette se fait en principe au domicile du
débiteur (Article 1247 alinéa 2.C. civ ). Ce qui veut dire que la dette est
quérable.
La loi attache aussi des effets à la résidence. Sur le plan procédural, la résidence
peut remplacer le domicile lorsque celui-ci est inconnu. (Article 11 code
procédure civile).

Dans certains cas, la résidence peut produire des effets concurremment avec le
domicile, il en va ainsi pour le mariage qui peut être célébré par l'officier de
l'état civil du domicile d'un époux ou par celui de sa résidence, si celle-ci a duré
au moins un mois1. En ce qui concerne l'habitation, il faut noter que les effets
sont réduits. Par exemple, l'habitation ne sera considérée comme domicile que
lorsqu'on réprime la violation de domicile2.

Il convient de noter qu'en droit sénégalais, les effets de la résidence et de


l'habitation ont été clairement posés lorsque le domicile ne peut être déterminé.
Le principe résulte de l'article 14 du code de la famille (Loi n° 72.41 du 1er
juin 1972) aux termes duquel "si le domicile ne peut être déterminé, la
résidence actuelle en produira les effets. A défaut de résidence, l'habitation
en tiendra lieu".

Mais comment se détermine le domicile ?

P. 2- La détermination du domicile
Etant le lieu du principal établissement, il est déterminé par la volonté de
l'intéressé. C'est dire qu'en principe, chaque personne a la liberté de fixer le lieu
de son principal établissement.

Mais la détermination du domicile peut dépendre également de l'intervention du


législateur.

D'où l'examen du domicile volontaire et du domicile légal.

A- Le domicile volontaire
Tout individu est libre de choisir son domicile. Mais la question se pose des
critères de détermination.

1
(Voir article 24 alinéa 2 loi relative au mariage - sur l'importance grandissante de la résidence, cf A. Martin.
Serf, du domicile à la résidence, R.T.D civ 1978 P 535).
2
(Art. 384 C. Pénal voir également crim, 28 janvier 1958, Bull-civ, n° 94, P. 161 qui décide qu'une chambre
d'hôtel constitue un domicile au sens de l'article 184 code pénal français alors qu'elle n'est qu'une habitation
très précaire)
1- La liberté de choisir son domicile
L'individu a le droit de se choisir un domicile dès lors qu'il ne se trouve pas dans
un des cas où la loi lui en attribue un d'office. C'est le cas le plus courant, et c'est
celui qui répond à la définition de l'article 102 du code civil. En réalité, la liberté
du choix doit être entendue plutôt comme le droit de changer de domicile,
puisque par définition, l'individu en avait déjà un, celui où il est né, c'est à dire le
domicile d'origine. Il en résulte que toute personne capable est libre de rompre
son attache territoriale et de s'en choisir une nouvelle.

Mais le régime institué par le code civil n'est pas simple, lorsqu'il prévoit que "le
domicile de tout ivoirien quant à l'exercice de ses droits civils, est au lieu où il a
son principal établissement", pour la raison essentielle qu'une personne peut
avoir plusieurs établissements, ayant des intérêts d'ordre divers dans plusieurs
lieux. Exemple : une personne peut habiter Bingerville, exercer sa profession à
Abidjan-Plateau, être propriétaire de biens immobiliers à Aboisso. Dès lors quel
est son point d'attache pouvant constituer son domicile afin de le rattacher à un
lieu unique, selon l'article 102 du code civil ? D’où l’importance de critères de
détermination du domicile.

2- Les critères de détermination du domicile


Le centre d'intérêt pour un individu peut être soit la résidence, soit le lieu
d'exercice des fonctions, soit l'établissement exploité ou le lieu où la personne
exerce certains droits (vote) ou tout simplement le lieu où il remplit certaines
obligations, tel le paiement des impôts. A partir de quels éléments peut-on
déterminer le point d'attache ? L'intérêt de la question apparaît en cas de litige,
car les différents lieux précités ne constituent que des indices qui sont laissés à
l'appréciation souveraine du juge, qui en cas de contestation, choisira celui du
domicile qui lui semble le mieux répondre à la définition de l'article 102 du code
civil3. Selon la jurisprudence, le juge tranche d'après les circonstances de la
cause et l'intention de l'individu. C'est ainsi que le critère de l'habitation auquel
les juridictions attachent une grande importance, peut être complété par d'autres
indices tels :

- le lieu d'exercice de la profession4

3
(il s'agit d'une question de fait : Civ, 18 février 1971 Bull. N° 121).
4
Req. 11 avril 1932, D. H.1932. 249. Civ 5 novembre 1958, Bull. 474 ; Cour Suprême, 16.02.1968. RID.1969. n°1
P. 22 , où le problème était relatif à la determination des élements qualificatifs du domicile, lieu du principal
établissement. Il s’agissait de savoir quel était le tribunal compétent pour connaître du divorce entre un
- la situation des principales propriétés5

- la commune où sont payés certains impôts ;

- l'endroit où se trouvent les principales relations de famille ;

- la commune d'exercice des droits politiques.

Mais il faut préciser que lorsque l'un des indices existe seul, il est insuffisant
pour emporter la conviction du juge qui refuse dans ce cas d'en tenir compte
pour y attacher le domicile.

En tout cas, l'on constate que la détermination du domicile est fondée sur deux
éléments : le fait matériel que constitue le principal établissement et l'élément
intentionnel qui apparaît nettement en cas de changement de domicile.

3- Le changement de domicile
Il y a lieu de rappeler que le domicile est fixe, c'est à dire qu'il est immuable.
C'est le caractère qui le distingue de la résidence ou de l'habitation.

En effet, alors qu'une personne peut se déplacer comme elle le désire, son
domicile reste en principe immuable.

Cependant, et de façon exceptionnelle, on peut changer de domicile, si les


conditions posées par l'article 103 du code civil sont remplies, en ce sens qu'aux
termes de cet article "le changement de domicile s'opère par le fait d'une
habitation réelle dans un autre lieu, joint à l'intention d'y fixer son principal
établissement". Il en résulte que le changement de domicile suppose que soient
réunies des conditions ; encore faut-il faire la preuve de ces conditions.

a- Les conditions du changement de domicile


Le changement de domicile suppose aux termes de l'article 103, la modification
des éléments constitutifs du domicile qui sont au nombre de deux : - un élément
matériel et un élément intentionnel.

français se trouvant en Côte d’ivoire au titre d’un contrat de travail et son épouse restée en France . La haute
Cour a retenu la ville française comme le lieu du principal établissement, car l’époux y avait ses intérêts
matériels et moraux, alors qu’Abidjan ne constituait qu’une residence temporaire, l’epoux pouvant faire à tout
moment l’objet d’une mutation D’où le rejet du pourvoi formé par l’époux contre l’arrêt d’appel et qui
soutenait que le lieu d’exercice de sa profession était le lieu de son principal établissement)
5
(Civ, 26 juin 1925. S. 1925. 158.) ;
- L'élément matériel est le changement d'habitation réelle. C'est le transfert de
la résidence ou du principal établissement d'un lieu dans un autre.

L'élément intentionnel, c'est la volonté de fixer dans le lieu nouvellement choisi


le principal établissement. L’importance de cette volonté a amené la cour
suprême à refuser un changement de domicile, la personne s’étant retrouvée
dans une autre localité pour des raisons de santé et donc pour des soins6

Si ces deux éléments ne sont pas réunis, l'intéressé est présumé avoir conservé
son domicile d'origine, car lorsque l'élément matériel intervient seul, il ne vaut
que comme changement de résidence. Quant au second, il est inopérant à lui
seul.

Mais même lorsqu'ils sont tous les deux réunis, il faut encore faire la preuve de
leur existence.

b- La preuve de l’existence des conditions de changement de domicile


La preuve de l'intention de modifier le domicile étant difficile à établir, l'article
104 du code civil exige pour ce faire l'accomplissement de certaines formalités.

C'est ainsi qu'une double déclaration doit être faite tant à la mairie de l'ancien
domicile qu'à celle du nouveau domicile, du transfert du domicile en un autre
lieu.

Mais cette formalité est souvent négligée surtout qu'elle n'est pas pénalement
sanctionnée, même si elle permet d'informer sur le déplacement des individus.

C'est ce qui justifie l'article 105 qui prévoit qu'à défaut de déclaration, la preuve
de l'intention dépendra des circonstances, et si la preuve ne peut être rapportée,
l'intéressé sera réputé n'avoir pas changé de domicile7. En tout état de cause, on
ne peut changer de domicile qu'en cas de domicile volontaire. Ce qui n'est pas le
cas pour le domicile légal.

B- Le domicile légal

6
( Cour suprême, ch jud form civ et com, arrêt n°070 du 05 février 2004 :in cndj/ Rec jp C S ch jud form civ et
com n°1/2005, p46, dans lequel le problème se posait de savoir si le defunt, qui était parti se faire soigner à
Bamako, au MALI, avait changé de domicile. De la reponse dépendait la détermination du tribunal compétent
pour l’ouverture de la succession)

7
(Civ. 25 mai 1951, D. 1951. 509 ; 26 février 1965, Bull civ. II. N° 208 P. 145)
Dans certains cas, il revient au législateur de déterminer le domicile de telle ou
telle personne, ce qui constitue une exception au principe de liberté de choix du
domicile. C'est ainsi que le législateur impose le domicile à certaines personnes,
soit en raison de leur profession, soit en raison de leur dépendance vis à vis
d'une autre personne.

1- Le domicile légal de dépendance


Il y a des personnes qui se trouvent sous la dépendance d'autrui et ont de ce fait
leur domicile fixé par la loi là où est exercée l'autorité. Plusieurs cas de figure
entrent dans cette hypothèse où le domicile de dépendance est un domicile de
rattachement : les mineurs non émancipés, la femme mariée et les domestiques
et gens de maison.

a- Le mineur non émancipé (article 108)


Le mineur non émancipé a pour domicile, le domicile de ses père et mère. En
cas de décès de ceux-ci, il est domicilié chez son tuteur. Ce qui signifie que si
les parents sont domiciliés à Tiassalé, l'étudiant mineur en Abidjan, est domicilié
à Tiassalé.

En cas de divorce ou de séparation de corps, le mineur est domicilié chez le


parent auquel le tribunal a confié la garde.

b- La femme mariée
Toujours aux termes de l'article 108 du code civil, la femme mariée a pour
domicile celui de son mari, dans la mesure où elle n'a d'autre domicile que celui
de son mari8. En France, cette disposition, qu'on a qualifiée de discriminatoire, a
été supprimée en 1975, de sorte qu'aujourd'hui, le mari et la femme peuvent
avoir un domicile distinct sans qu'il soit porté atteinte aux règles relatives à la
communauté de vie9

Lorsqu'elle est séparée de corps, elle cesse d'avoir pour domicile légal le
domicile du mari. Mais pour éviter des situations paradoxales aux époux séparés
de corps, l'article précise que toute notification faite à l'un doit également être
adressée à l'autre sous peine de nullité.

8
( voir dans ce sens, CAA arrêt n°234 du 23/051969 : RID 1970 n° 2 p 41 qui a décidé que la résidence légale
de la femme est au domicile du mari).
9
(voir F. Gisserot, le nouveau domicile de la femme mariée, R.T.D Civ. 1979, 724).
c- Les domestiques et gens de maison (article 109 code civil)
Il s'agit des personnes qui servent ou travaillent habituellement chez
autrui. Ces personnes ont le même domicile que leur maître, lorsqu'elles
demeurent bien entendu dans la même maison que le maître. Il doit s'agir de
personnes majeures et non de mineures qui continuent à avoir leur domicile
légal chez leurs parents ou leur tuteur, sauf s'ils sont émancipés.

2- Le domicile professionnel ou de fonction (article 107)


Des fonctionnaires sont légalement domiciliés au lieu où ils exercent leur
fonction. Ce sont des fonctionnaires nommés à vie, et donc des personnes
publiques perpétuelles et irrévocables10. Ces personnes sont domiciliées dans le
lieu où elles doivent exercer leurs fonctions dès lors qu'elles les ont acceptées ;
c'est le cas des magistrats du siège à partir de la prestation de serment11. En
revanche, l'acceptation de fonction temporaire et révocable n'emporte pas de
domicile légal12.

Mais il faut souligner que de nos jours, il est difficile de faire la distinction entre
fonctions publiques perpétuelles et temporaires, qui d'ailleurs ne correspond plus
à la réalité. Par exemple, les magistrats du siège sont admis à faire valoir leur
droit à la retraite à l'âge de 65 ans pour les magistrats hors hiérarchie et peuvent
être révoqués pour faute grave.

Ceux qui sont révocables, par ailleurs, bénéficient de statut qui rend la
révocation très difficile.

A tous ces domiciles, on pourrait ajouter le domicile par erreur des tiers, qui est
une pure création jurisprudentielle à partir de la théorie de l'apparence pour faire
produire à la résidence les mêmes effets qu'un domicile.

Exemple : un étudiant mineur, domicilié chez ses parents, peut avoir un domicile
apparent au lieu de sa résidence, si elle est distincte de celle de ses parents,
notamment s'il est logé en cité universitaire13.

10
(Poitiers,11 janv 1967,Gaz pal 1967 .1 .71)
11
(article 18 loi 78. 662 du 4 août 1978 portant statut de la magistrature. "les magistrats sont astreints à
résider au siège de la juridiction à laquelle ils appartiennent" article 9 "les magistrats sont installés dans leurs
fonctions en audience solennelle de la juridiction à laquelle ils sont nommés").
12
(pour un enseignant du supérieur, T.G.I Caen, 31 octobre 1962 somm juridique 1963 IV éd. A, 4192 ; civ 13
mars 1885, D.P 1885. 1. 313)
13
V. Req. 7 juin 1885, S. 1886, 1, 152 ; D. 1887, 1. 12. civ 31 janvier 1968, Bull n° 41).
Cette théorie permet de ne pas nuire aux tiers qui ont cru de bonne foi qu'ils
s'adressaient au domicile de leur cocontractant, en application de l'adage "error
communis facit jus" (l'erreur commune, créée, remplace le droit)

P.III- Les caractères du domicile


Le domicile doit présenter certaines garanties. D'où les caractères qu'il présente.

Il est obligatoire, unique et inviolable.

A- Le domicile est obligatoire et inviolable


Toute personne a nécessairement un domicile et ce domicile est inviolable.

1- Le domicile est obligatoire


Le domicile servant à rattacher une personne à un lieu, il en résulte que toute
personne a en principe un domicile qui est son siège, même s'il est difficile à
déterminer. Si elle n'en a pas, on tentera de lui en trouver un. En cas de
difficulté, on peut admettre qu'elle a conservé son domicile d'origine, c'est à dire
celui qu'elle avait à sa naissance tant qu'elle n'a pas manifesté l'intention de le
changer.

Il faut souligner que si une personne est sans établissement fixe et qu'on ignore
son domicile d'origine, la résidence peut tenir lieu de domicile.

2- Le domicile est inviolable


Comme la résidence ou l'habitation, le domicile est inviolable (art. 4 const).
Autre attribut de la personnalité, le domicile est protégé à travers des règles
internes ou internationales. Il en va ainsi de la réglementation des constats,
perquisitions ou visites domiciliaires au domicile. Tous ces actes sont entourés
de garanties particulières imposées soit par le droit interne, soit par des
conventions internationales.

Dans l'ordre interne, indépendamment de la répression de la violation du


domicile sur le plan pénal (article 384 code pénal), ces actes, notamment les
constats, en matière de divorce ne sont pas pris en compte dans les débats s'il y a
eu violation du domicile ou atteinte illicite à l'intimité de la vie privée, et ne
peuvent se dérouler que dans des conditions bien précises (V. article 57, 59, 75,
95 et 96 code procédure pénale -loi relative à la perquisition).
Sur le plan international, les garanties particulières devant entourer le domicile
sont contenues dans la déclaration universelle des droits de l'homme (article 12),
le pacte des Nations Unies sur les droits civils, civiques et politiques (article
17).

La jurisprudence a consolidé ces garanties en réagissant contre le comportement


de certaines autorités administratives, fiscales, financières et douanières14.

B- Le domicile est unique


Au principe de l'unité du domicile, existent des exceptions

1- Le principe de l'unité du domicile


Une personne ne peut avoir qu'un domicile.

Le principe de l'unité du domicile se justifie par la définition même du


domicile qui se veut le lieu du principal établissement.

Comme la personnalité, le domicile, autre attribut de la personnalité, est un. Il en


résulte qu'une même personne ne peut avoir plusieurs établissements étant
chacun le principal.

En pratique, l'unité du domicile permet de localiser facilement une personne


chaque fois que cela est nécessaire.

Mais exceptionnellement, une même personne peut avoir des activités


d'importance similaire à des endroits différents.

2- Exceptions à l'unité du domicile


Le domicile ne présentant plus que des intérêts pratiques de nos jours, ne doit-on
pas admettre qu'un individu puisse avoir un domicile à un certain endroit pour
l'exercice d'autres droits ? C'est pour prendre en compte toutes ces réalités, qu'il
est fait appel au domicile élu ou domicile conventionnel.

Le domicile élu est un domicile purement fictif choisi par une personne pour
attribuer compétence à un tribunal ou pour donner des pouvoirs à un mandataire
: on dit qu'elle a fait "élection de domicile".

14
(voir Cass-ch –mixte, 15 décembre 1988, Bull civil N° 3-4 et 5 ; D-1989, 189. D. 1990 som, 109 ; J.C.P 1989, II
21263 ; Com, 27 novembre 1991. D. 1992. 122. C. Pettiti, le droit des fouilles dans les entreprises et les locaux
commerciaux, J.C.P 1989. I. 3373)
L'élection de domicile peut se rencontrer dans les contrats lorsque les deux
parties au contrat n'habitent pas la même ville. Elle résulte en pratique d'une
clause du contrat qui permet à une partie d'élire son domicile dans un lieu autre
que son domicile réel.

Elle peut aussi avoir lieu dans un lieu donné ou chez une personne déterminée.

Exemple : "élection de domicile chez Maître X avocat ..........

L'attribution de compétence entraîne une modification des règles de compétence


territoriale, car le tribunal compétent sera le tribunal dans le ressort duquel se
trouve la personne chez qui domicile est élu.

Dans ce cas, la clause emporte mandat pour exécuter par exemple le contrat ou
pour recevoir les actes de procédure que l'intéressé aura à signifier à l'autre
partie.

Une autre exception a été créée par la jurisprudence avec le domicile apparent
(voir paragraphe 2 in fine, relatif au domicile légal) et la jurisprudence des
gares principales, appliquée aux Compagnies de chemin de fer, et qui permet
d'assigner une entreprise devant le tribunal du lieu quelconque où elle a un
établissement avec un agent, ayant pouvoir pour le représenter en justice. C'est
le cas des personnes morales15.

Section. III : L’ETAT CIVIL DES PERSONNES PHYSIQUES.


Par opposition à l'état politique constitué par la nationalité et par les droits ou
l'absence de droits du citoyen, l'état est la situation de la personne en droit privé
entre la naissance et la mort.

Etant un autre moyen d'individualisation des personnes physiques, l'état se


présente comme l'ensemble des traits caractéristiques qui déterminent le statut
juridique de la personne. Ce qui signifie que l'état d'une personne est son statut
juridique sur le plan national, sur le plan familial et sur le plan social.

L'Etat civil est par conséquent une institution dont le but est d'enregistrer les
actes et faits juridiques qui constituent ou modifient l'état des personnes, entre la
naissance et la mort.

Il en résulte que les sources de l'état sont de deux ordres : - soit de simples faits
(naissance) soit des actes juridiques (mariage).
15
(Req. 7 mars 1911. D. P. 1916. 1. 224 5 nov 1928. D. H. 1928. 609 ; Rouen 26 janv 1968. D. 1968 som, 80)
Ces différents éléments sont constatés à travers les actes de l'état civil qui
permettent de faire la preuve de l'état des personnes.

Avant l'examen des différents actes de l'état civil, il y a lieu d'exposer les règles
générales relatives à l'état civil.

P.I- Règles générales relatives à l'état civil

L'acte de l'état civil pouvant être défini comme un écrit par lequel les autorités
publiques constatent, de façon authentique, les principaux faits ou actes
juridiques relatifs à l'état civil d'une personne, on peut se demander comment est
attribué cet état. Par ailleurs, il y a lieu de s'interroger sur sa protection. D'où
l'étude des modes d'attribution de l'état d'une part et des moyens de protection
d'autre part.

A- Des modes d'attribution de l'état civil


Il existe plusieurs modes d'attribution de l'état d'une personne, en ce sens qu'il
peut résulter de faits juridiques, de la possession d'état ou des actes juridiques.

1- Faits et actes juridiques


Ils constituent tous des sources de l'état d'une personne, mais des précisions
s'imposent. Le fait juridique peut être défini comme tout événement indépendant
de la volonté susceptible de produire des effets de droit.

Exemple : décès- naissance-arrivée d'un certain âge -minorité.

Quant à l'acte juridique, à l'opposé du fait, il se présente comme une


manifestation de volonté destinée à produire des effets de droit.

Exemple : acte de mariage qui donne la qualité d'époux - acte de reconnaissance


d'enfant naturel - adoption.

2- La possession d'état
La possession, qui est l'exercice de fait des prérogatives d'un droit
indépendamment de la question de savoir si l'on est ou non titulaire de ce droit,
connaît également une application en matière d'état des personnes. En effet, les
conséquences de la possession sont bien connues dans le domaine des biens où
la possession fait présumer le droit en la personne du possesseur, en ce sens que
normalement la possession fait acquérir le droit par le jeu de la prescription
acquisitive au profit du possesseur16.

Appliquée à l'état, elle consiste dans l'exercice de fait des prérogatives d'un état,
indépendamment de la question de savoir si l'on est vraiment titulaire de ce
droit. Elle devient, dès lors, un mode exceptionnel d'acquisition d'un état.

C'est ainsi qu'un enfant adultérin a la possession d'état d'enfant légitime, s'il est
encore dans la famille du couple.

La possession d'état comporte trois éléments, rappelés par les mots :

- nomen

- tractatus

- fama

a- Nomen

C'est le fait de porter le nom qui correspond à l'état que l'on prétend avoir

Exemple : l'enfant adultérin qui porte le nom du mari de sa mère.

b- Tractatus
C'est le fait d'avoir été traité par les proches comme étant celui dont on prétend
avoir l'état

c- Famas
C'est la renommée. C'est le fait d'avoir été considéré par la famille et par le
public comme ayant l'état dont on se prévaut. L'article 10 de la loi relative à la
paternité et à la filiation rappelle ces conditions, sinon ces éléments pour la
constitution de la possession d'état.

Il faut ajouter en ce qui concerne les modes d'attribution de l'état, les décisions
judiciaires, c'est-à-dire les jugements ou arrêts.

Exemple : Le divorce - le jugement prononçant le divorce donne la qualité de


divorcé.

16
(Cf. cours de licence : droit civil - possession mobilière-)
Comment protéger cet état à compter de son acquisition ?

B- La protection de l'état
Comme toute situation juridique, l'état est protégé par des actions en
justice. Ce sont les actions d'état. Mais avant d'analyser ces actions, il convient
de rappeler un certain nombre de règles justifiant la protection de l'état.

1- Les caractères de l'état


Les règles concernant l'état des personnes ont un caractère impératif dans la
mesure où elles assignent à chacun sa place dans la société. Leur importance est
donc essentielle. C'est ce qui explique l'intervention du législateur dans leurs
modes de constitution et d'extinction. Il en va de même de la fixation des droits
et devoirs résultant de cet état.

Il faut également préciser que l'état est attaché à la personne. Ce qui explique
qu'il soit indisponible, imprescriptible, indivisible et insaisissable.

C'est dire que toute convention, cession entre vifs ou à cause de mort,
transaction, renonciation contraire à l'état légalement imposé, est nulle de nullité
absolue (exemple pour une renonciation à l'exercice de l'action en désaveu de
paternité17.
Ensuite, on ne peut pas perdre son état par l'expiration d'un délai plus ou moins
prolongé : on ne peut acquérir un état par l'écoulement d'un laps de temps (mais
nuancée avec la possession d'état). Une personne ne peut avoir simultanément
deux états différents et ne saurait, en opérant une sorte de ventilation se
réclamer de certains des attributs de son état pour en répudier d'autres.

Enfin, l'état et les droits qui le composent échappent au droit de gage général
des créanciers, car hors du patrimoine.

2- Les actions d'état

Il s'agit de façon générale de toute action en justice ayant pour objet une
question d'état

- action en recherche de paternité

17
: T.G.I. Nice, 30 juin 1976. Sem jur 1977, II, 18597 ; nullité de la renonciation du droit de visite : T.G.I, 27
sept 1967. D. 1967, 743
- action en demande de divorce.

Ainsi comme toute situation juridique, l'état est protégé par des actions en
justice, qu'on appelle les actions d'état. Certaines tendent à faire reconnaître
l'existence d'un état antérieur, d'autres au contraire tendent à la modification de
cet état antérieur.

Quels sont les différents types d'action ?

a- Les différents types d'action d'Etat

Il existe deux types d'action :

- les actions déclaratives d'état

- les actions constitutives d'état

α- Les actions déclaratives d'état


Les jugements rendus sur ces actions sont dits déclaratifs en ce qu'ils déclarent
un état antérieur. Ils tendent donc à faire reconnaître l'existence d'un état
antérieur. Il en est ainsi des actions ayant pour objet de réclamer un état qu'on
paraît ne pas avoir. Il s'agit dans cette hypothèse des actions en réclamation
d'état.

Exemple : action en recherche de paternité naturelle

Il en est de même des actions tendant à contester l'état qu'on paraît avoir. Il
s'agit des actions en contestation d'état

Exemple : action en contestation d'une reconnaissance d'enfant naturel.

β- Les actions constitutives d'état


Ces actions s'opposent aux premières en ce sens qu'elles doivent aboutir à un
jugement constitutif d'état, pour la raison que leur but n'est pas de constater un
état existant, mais de le modifier, et donc l'attribution d'un état nouveau.

Exemple : jugement de divorce. Jugement d'adoption (les particularités des


actions seront étudiées à propos du mariage du divorce et de la filiation).

b- Les caractères des actions d'état


Les caractères de l'état se répercutent sur les actions qui les sanctionnent. Ainsi
comme l'état, les actions sont incessibles ou indisponibles, imprescriptibles et
surtout personnelles.

α- Les actions sont personnelles


Les actions d'état ne peuvent être exercées que par la personne de l'état de
laquelle il s'agit. C'est dire que l'action est attachée uniquement à la personne
intéressée.

Exemple : seuls la mère et l'enfant peuvent exercer l'action en recherche de


paternité ; de même seuls les époux peuvent demander le divorce.

En principe, les actions ne sont pas transmissibles, c'est dire que les héritiers ne
peuvent pas, en cette qualité, exercer les actions d'état appartenant à leur
auteur. Mais les articles 17 et 18 de la loi relative à la filiation prévoient deux
exceptions à l'intransmissibilité.

D'abord, l'article 17 reconnaît la possibilité pour les héritiers d'intenter une


action relative à la filiation d'un individu s'il est décédé mineur ou dans les cinq
années après sa majorité.

Quant à l'article 18, il reconnaît la possibilité aux héritiers de poursuivre


l'action déjà engagée par leur auteur, sauf désistement.

β- Les actions sont indisponibles ou incessibles


Les actions d'état ne peuvent faire l'objet ni d'une cession, ni d'une transaction
ni d'une renonciation

Exemple : le tribunal annule une convention par laquelle un enfant s'interdit de


rechercher son père

Ω- Les actions d'état sont imprescriptibles


Les actions ne sont pas enfermées dans un délai. Ainsi on ne peut pas perdre son
état par l'expiration d'un délai plus ou moins prolongé. De même, on ne peut
acquérir un état par l'écoulement d'un laps de temps.

Dans ce sens, l'action en réclamation d'état est imprescriptible à l'égard de


l'enfant (Art. 16. loi relative à la filiation).
Mais est-ce à dire que l'action est prescriptible à l'égard des autres ? -
(discussion avec cette rédaction).

Cependant il faut souligner que le principe d'imprescriptibilité ne correspond


plus à ce qu'il était à la mise en place du code civil en 1804. Il suffit de se
référer au rôle probatoire de la possession dans notre législation, notamment en
matière de filiation18.

3- Les jugements d'état


Aux termes de l'article 15 de la loi relative à la filiation, les tribunaux civils de
première instance et leurs sections détachées sont seuls compétents pour statuer
sur les réclamations d'état. Cela s'explique par le fait que les jugements d'état
constituent l'aboutissement des actions d'état. Il existe des jugements constitutifs
et des jugements déclaratifs d'état.

a- Jugements constitutifs d'état


Les jugements constitutifs d'état ont l'autorité absolue de la chose jugée. Ce qui
signifie qu'en la matière, ce qui a été jugé ne peut plus être remis en discussion
à partir du moment où il est devenu définitif, et ce par tous (parties au procès et
autres).

Exemple : jugements de divorce, d'adoption, ou de séparation de corps.

L'état nouveau créé par ces jugements est opposable à tous.

Ce qui est différent du jugement déclaratif

P.II- Les actes de l'état civil


L'acte de l'état civil peut être défini comme un écrit rédigé par l'autorité
publique et qui a pour objet de constater les événements importants, c'est à dire,
les principaux faits ou actes juridiques ayant une incidence sur l'état d'une
personne : Naissance - mariage - décès - reconnaissance d'un enfant naturel.
etc.

Il apparaît comme le mode idéal de preuve de ces faits ou actes.

18
(Cf. art 9 et sur la question, voir R. Savatier, Parenté et prescription civile. R.T.D Civ 1975. 1.)
Le service public de l'état civil est un service public judiciaire, rattaché au
service public de justice. En effet, l'état des personnes est placé sous la
sauvegarde de l'ordre judiciaire. Il résulte de ce caractère de ce service que les
sous-préfets, les maires, et autres officiers de l'état civil, dépendent en tant que
tels du ministère de la justice par l'intermédiaire des parquets, tandis que dans
leur rôle d'administrateurs, ils dépendent du ministère de l'intérieur. L'état civil
se présente donc comme un service public qui est confié à la fois aux autorités
administratives et judiciaires.

Il est régi par la loi n°64. 374 du 7 octobre 1964, modifiée par les lois n°s 83.
799 du 2 août 1983 et 99-691 du 14/12/1999.

Trois points seront examinés à travers cette loi :

- l'établissement des actes de l'état civil

- les sanctions de l'inobservation des règles édictées

- la fonction des actes de l'état civil.

A- L'établissement des actes de l'état civil


Deux catégories de règles apparaissent à la lecture de la loi. A côté des règles
normales existent des règles de suppléance.

1- Les règles normales d'établissement des actes de l'état civil


Deux séries de règles sont à distinguer en ce sens que le législateur prévoit, d'un
côté, des règles qui sont communes à tous les actes de l'état civil, et de l'autre
des règles propres à chaque acte de l'état civil.

a- Les règles communes aux actes de l'état civil


Les problèmes relatifs aux règles communes à tous les actes sont de deux
ordres:

D'abord il y a lieu de déterminer les personnes qui participent à l'établissement


des actes de l'état civil.

Ensuite, il faut s'interroger sur les documents constatant l'existence des actes.

α- Les personnes chargées de l'établissement des actes


Il faut souligner que plusieurs personnes participent à la rédaction de l'acte de
l'état civil, en ce sens qu'il est le résultat d'une collaboration entre les autorités
publiques et les particuliers qui se présentent dans les différents services de
l'état civil.

L'autorité publique chargée de l'établissement de l'acte est l'officier ou l'agent


de l'état civil. Dans les communes, l'officier est le maire ou son adjoint. Dans les
sous-préfectures, c'est le sous-préfet.

Outre les communes, existent des circonscriptions d'état civil dans le territoire
de chaque sous-préfecture. Chaque circonscription peut comporter, en raison de
l'importance de la population, des centres secondaires d'état civil tenus par des
agents de l'état civil.

A l'étranger, les fonctions d'officier de l'état civil sont exercées par les agents
diplomatiques.

Ainsi si un enfant est né à l'étranger, il est non seulement déclaré dans le pays
où il est né, mais en outre il doit être déclaré au consulat.

Les officiers de l'état civil sont compétents pour recevoir les déclarations
concernant tous les actes de l'état civil. Quant aux agents, ils ne peuvent
recevoir que les déclarations de naissance et de décès dresser les actes
correspondants et effectuer sur les registres de l'année en cours, les
transcriptions et mentions s'y référant.

β- Les documents constatant les actes de l'état civil


Ces documents constituent le matériel du service public de l'état civil. Il s'agit
des registres de l'état civil et du livret de famille.

* Les registres de l'état civil


Ce sont les principaux documents destinés à recevoir et à conserver les actes de
l'état civil. Ils sont régis par les articles 15 à 23 de la loi. Aux termes de l'article
15 des registres distincts sont tenus en double exemplaire dans chaque
circonscription et dans chaque centre secondaire d'état civil. Il en est de même
dans les communes.
Ces registres sont au nombre de 419 :

- les naissances

- les décès

- les déclarations autres que celles de naissance et de décès

- les mariages

Ils sont ouverts au 1er janvier et clos au 31 décembre de chaque année.

Les deux exemplaires sont côtés et paraphés, sur chaque feuille, par le
Président du Tribunal.

Un exemplaire de chacun des registres, y compris de ceux tenus dans les centres
secondaires, est réservé au chef de la circonscription de l'état civil.

L'autre est transmis au greffe de la section de Tribunal ou du tribunal dans le


ressort duquel est située la circonscription ou la commune.

Les actes sont inscrits sur les registres, de suite, sans aucun blanc. Les ratures
et les renvois sont approuvés et signés de la même manière que le corps de
l'acte.

* Le livret de famille
Il est remis aux époux lors de la célébration du mariage. Le livret de famille
regroupe les mentions de l'acte du mariage, des actes de naissance des enfants
des actes de décès des parents et des enfants et du divorce des époux.

Le livret de famille est constitué par la réunion des extraits des actes de l’état
civil suivants : - mariage des époux- décès des époux- naissance des enfants nés
du mariage et des enfants reconnus par le mari en application de l’article 22 de
la loi relative à la paternité et à la filiation ; dans ce cas , l’extrait de naissance

19
( Pour les modalités pratiques, voir annexe au décret n°64-454 du 20 novembre 1964 fixant les modalités
d’application de la loi n°64-374 du 7 octobre 1964, relative au nom, modifié en 2006 pour prendre en compte les
modilités pratiques de la loi n°99 – 691 du 14 décembre 1999 , modifiant la loi relative à l’état civil et qui a
introduit les mentions de la nationalité sur l’acte de naissance. Pour plus de détails, voir Code de la
Famille/CNDJ, éd 2011, p 39)
est complété par l’indication du nom de la mère et de la reconnaissance « ayant
pour mère … » et pour « père … » décès des enfants20

En cas de rectification d’un acte inscrit dans le livret, celle ci doit également y
être mentionnée (Art. 90 loi sur l’état civil). Le livret de famille, rempli
conformément aux exigences légales (Art. 91), fait foi de sa conformité avec les
registres de l’état civil.

Il faut ajouter en ce qui concerne tous les actes de l’état civil,


qu’indépendamment des mentions obligatoires prévues par l'article 24 (année,
mois, jour et heure d'établissement des actes, prénoms, nom, professions, etc),
d'autres mentions peuvent venir s'ajouter, par voie de transcription ou de
mention en marge.

La transcription consiste dans la reproduction ou la copie sur les registres de


l'état civil de certains actes ou jugements dont l'original se trouve ailleurs.

Exemple : les actes de l'état civil des ivoiriens dressés en pays étranger doivent
être transcrits sur les registres tenus par les agents diplomatiques ou les consuls
ivoiriens territorialement compétents (voir article 32. loi relative à l'état civil)

L'acte de décès, dressé hors du lieu de domicile du défunt, doit être transcrit sur
le registre du domicile (voir notamment l'article 62 pour les décès pendant leur
voyage maritime).

La mention en marge permet à l'officier de l'état civil de rajouter des mentions


sur un acte de l'état civil déjà dressé. En effet, lorsqu'un acte de l'état civil ou un
jugement vient modifier l'état d'une personne visée par un acte antérieur de
l'état civil, il y a lieu de faire mention du nouveau document en marge du
premier.

Exemple : mention du mariage sur l'acte de naissance.

b- Les règles propres à chaque acte de l'état civil


Ces règles sont prévues par les articles 41 à 74 de la loi relative à l'état civil.

- Les actes de naissance (articles 41 à 52)

20
( sur les éléments du livret ,voir annexes au décret n°64- 477 du 08 /12/1964, fixant les modèles du certificat
de célébration civile et des livrets de famille, Code de la Famille /CNDJ , éd 2011, p 158)
Les règles spéciales prévues par le législateur ivoirien concernent tant la
déclaration de naissance que des situations spécifiques.

* Déclaration de naissance
Il est fait obligation aux intéressés de déclarer les naissances à l'officier de l'état
civil dans le délai de trois mois suivant l'accouchement (Art. 41 loi 99-691 ; il
était de 15 jours).

La déclaration est faite par le père ou la mère ou des parents proches, et ce afin
d'éviter de recourir à la voie judiciaire. Il faut préciser que les personnes citées
par l'article 43 sont tenues concurremment et sans aucun ordre. L'acte doit
contenir un certain nombre de mentions (année - mois - jour - heure et lieu de
naissance- prénoms- nationalité des parents etc). Aucune demande de
changement d’identité ne saurait prospérée tant qu’un jugement n’a pas établi
l’inexactitude d’un acte de naissance régulièrement établi et enregistré à l’état
civil21

* Situations spéciales
enfants trouvés - article 46 ; il est fait obligation à une personne qui trouve un
enfant nouveau-né de le déclarer à l'officier ou à l'agent de l'état civil du lieu de
la découverte.

- Acte de décès (art 53 à 69)


Les décès doivent être déclarés dans les 15 jours de leur survenance.

La déclaration se fait par un parent du défunt ou par une personne possédant


sur le défunt les renseignements nécessaires sur son état civil.

Après la déclaration du décès, l'officier de l'état civil rédige l'acte de


décès et délivre le permis d'inhumer. L'acte contient un certain nombre de
mention (art 54).

Le permis d'inhumer apparaît comme une autorisation délivrée par l'officier de


l'état civil afin d'inhumer le corps ; il faut préciser que lorsqu'il y a des indices
de mort violente, ou d'autres circonstances qui donnent lieu de le soupçonner,
l'officier de l'état civil ne doit pas délivrer le permis avant qu'un officier de
police, assisté d'un médecin, ait dressé P.V de l'état du cadavre (art 57).

21
(dans ce sens TPI Bouaflé, jugt civil n-96 du 30 mai 2002, in REC jp Catbx 1- 2003, p 41)
D'autres situations spéciales sont envisagées par le législateur ivoirien :

- exécution, suite à la peine de mort (art 59)

- décès dans un établissement pénitentiaire (art 60)

- décès pendant un voyage maritime (art 62)

Aux termes de l'article 63, lorsque le corps d'une personne décédée est retrouvé
et peut être identifié, un acte de décès doit être dressé par l'officier du lieu
présumé du décès, quel que soit le temps écoulé entre le décès et la découverte
du corps.

Si le défunt ne peut être identifié, l'acte de décès doit comporter son signalement
le plus complet. En cas d'identification ultérieure, l'acte est rectifié. (cas de
disparition - art 64 et suivants. Voir développement sur la disparition).

- Acte de mariage (articles 70 - 73)


L'acte de mariage est dressé lors de la célébration du mariage. La loi énumère
avec précision les énonciations qu'il doit contenir. L'acte permet aux époux
d'établir leur mariage et aux tiers d'être renseignés. Il doit faire état de l'option
faite par les époux quant au régime de séparation des biens. Lorsque la
transcription a été omise sur le registre des mariages de l’année, réparation
peut être obtenue, de même que la rectification dudit acte22

- Acte de reconnaissance volontaire


Il s’agit d’un acte de reconnaissance volontaire d’enfants naturels, établi soit
par un officier d’état civil, soit par un notaire, sur déclaration des père et mère
déclarant être l’auteur de l’enfant. Il n’y a pas de ressort territorial exclusif. De
même, il n’y a pas de contenu déterminé ; cependant, il doit y avoir identité de
l’enfant, des père et mère et le consentement exigé par la loi.

2- Les règles de suppléance


Le législateur a prévu des règles dites de suppléance dans deux hypothèses bien
déterminées.

- cas de perte ou de disparition des registres (articles 85 à 88)

- défaut d'actes de l'état civil


25
CHAPITRE III : LES INCAPACITES
Tout être humain est certes apte a être titulaire de droit et à les exercer.
Mais certaines personnes, en raison de leur âge ou de leur état mental, ne
pourront jouir de ces droits ou les exercer pleinement. On dit alors qu'elles
sont frappées d'incapacité. D'où l'intervention du législateur pour protéger
ces personnes : mineurs ou aliénés.
La capacité fait partie des éléments essentiels d'identification des
individus, au même titre que le nom, le domicile et l'état civil.
Elle se présente comme l'aptitude qu'a une personne à être sujet de droits
et d'obligation à acquérir des droits à en jouir et à les exercer : c'est la
règle normale.
Mais exceptionnellement certaines personnes peuvent perdre tout ou
partie de ces aptitudes : ce sont les incapables : Mineurs-aliénés. etc
Des classifications doivent être opérées au niveau de ces incapacités.
La minorité se définit par rapport à la majorité. Aux termes de l'article 1er
de la loi n° 70.483 du 3 août 1970 sur la minorité, "le mineur est
l'individu de l'un ou l'autre sexe qui n'a pas encore atteint l'âge de
vingt et un ans accomplis". Il en va de même au Sénégal ( où l'article
276 du code de la famille définit la minorité par rapport à la majorité qui

26
est de 21ans), au Congo( art 318 CF où la majorité est de 18 ans) et au
burkina Faso ( art 554 CPF où la majorité est de 20 ans). Au Benin, la
majorité est de 18 ans accomplis( art 459 du Code des personnes et de la
Famille)
En france, la majorité a été ramenée à 18 ans depuis 1974, par la loi n°
74-631 du 5 juillet 1974 (pour des commentaires sur cette loi, voir
Couchez, la fixation à dix-huit ans de l'âge de la majorité, sem-jurid-
1975, I, 2684 ; E. Poisson, l'abaissement de l'âge de la majorité, D.
1976, chron. 21).
Ainsi tous ceux, qui n'ont pas 21 ans accomplis en côte d'Ivoire, sont dits
mineurs. L'incapacité qui les frappe entraîne deux conséquences
importantes :
- En ce qui concerne sa personne, le mineur doit être sous une autorité
chargée non seulement de le guider, mais de l'élever et de l'éduquer ;
- En ce qui concerne l'exercice de ses droits, le mineur sera incapable.
Ainsi pour l'exercice principalement de ses droits patrimoniaux, le
mineur sera frappé d'une incapacité d'exercice, à caractère général.
Mais la protection dont bénéficie le mineur varie selon qu'il est émancipé
ou non.
Section 1- Le mineur non émancipé
L'émancipation est une cessation anticipée de la puissance paternelle, en
même temps que l'octroi d'une entière capacité au mineur. Il devient
capable comme un majeur (Cf. art 113 loi sur minorité).
Quant au mineur non émancipé, il est frappé d'une incapacité générale
d'exercice. Il est en effet titulaire de droits, mais ne peut malheureusement
les exercer lui-même. D'où l'examen de cette incapacité avant de préciser
le régime de protection du mineur non émancipé.
Section 2- Le mineur émancipé
Définition (art 113). "L'émancipation est l'acte par lequel un mineur est
affranchi de la puissance paternelle ou de la tutelle, et devient capable,
comme un majeur, d'accomplir tous les actes de la vie civile, et de faire le
commerce." C'est donc l'acte qui confère au mineur une pleine capacité.

- Les cas d'émancipation


Il existe 2 sortes d'émancipation : l'émancipation légale et l'émancipation
volontaire

27
- L'émancipation légale (ou émancipation de plein droit)
L'émancipation légale est celle que l'article 116 fait résulter de plein droit
du mariage du mineur, la puissance paternelle étant incompatible avec
l'indépendance dont a besoin le nouveau foyer. Il convient de noter que le
mariage du mineur n'est possible que si l'âge matrimonial est atteint, c'est
à dire 20 ans pour l'homme et 18 ans pour la fille. Il faut aussi souligner
que les effets de l'émancipation subsistent en cas de dissolution du
mariage avant la majorité de l'époux émancipé.

- L'émancipation volontaire (art 117)


L'émancipation volontaire résulte d'une volonté expresse, directe des père
et mère. Mais encore faut-il respecter des conditions. (Section de
Tribunal de Sassandra, ordonnance n°72 du 08/05/1996 : Rec jp/CNDJ
n 1-2000, p 125 )
Le mineur ne peut faire l'objet d'une émancipation volontaire que s'il a
atteint 18 ans révolus.
L'émancipation peut résulter d'une déclaration expresse des parents, reçue
par le juge des tutelles, déclaration qui doit être faite conjointement par
les parents (père et mère ; section de tribunal de sasandra prec).
A défaut d'accord, le juge des tutelles peut prononcer l'émancipation, à la
requête de l'un des parents ou du mineur, s'il y a de justes motifs,
notamment la poursuite des études à l’étranger)
Il faut noter qu'au cas où l'un des parents est dans l'impossibilité physique
ou légale de manifester sa volonté, la déclaration de l'autre suffit, s'il a lui
même conservé l'exercice de la puissance paternelle.
SOUS-TITRE II : LES PERSONNES MORALES
Autres sujets de droit les personnes morales sont à la différence des
personnes physiques moins faciles à définir, en raison de la nature même
de la personnalité morale qui a un aspect essentiellement fictif.
Il s'agit en général de groupements de biens ou de personnes physiques
qui sont assimilés par le droit à des personnes. En effet le droit considère
ces groupements comme formant chacun une unité, une entité, dont
l'existence est distincte des parties composantes.
Le droit les assimile aux individus et, puisque ceux-ci, ayant un corps,
sont des personnes physiques, les groupements eux seront des personnes
morales, ou encore des personnes juridiques : on dit qu'ils ont la

28
personnalité morale, la personnalité civile, qu'ils se comportent comme
des êtres, des êtres intellectuels, des êtres moraux. A l'instar des êtres, des
hommes, ces être moraux peuvent acquérir, contracter, être titulaires de
droits, débiteurs d'obligation. Ce sont donc des sujets de droit.
Alors que les personnes physiques posent essentiellement des problèmes
de durée ou d'existence, les personnes morales, en raison même, de leur
différence de nature, vont poser des problèmes très différents qui
s'expliquent par leur histoire, leur variété et les différents régimes qui leur
sont applicables.
D'où l'examen de leur nature juridique, de leur classification et de leur
régime.
Section I : Classification des personnes morales
Il existe des personnes morales de droit public, de droit privé et de droit
intermédiaire, c'est à dire mixte.
P.1 - Personnes morales de droit public et de droit mixte
A- Les personnes morales de droit public
Il s'agit notamment :
- des circonscriptions territoriales : départements, communes, régions
- des établissements publics qui sont des services publics autonomes avec
- patrimoine et budget propres. (universités.).
- des ordres professionnels : ordre de médecins, d'avocats etc.
B - Personnes morales de droit mixte
Service ou régie - offices - sociétés d'économie mixte
- Personnes morales de droit public soumises aux règles de droit privé
- Egalement personnes morales privées soumises aux règles de droit public
- Ordre professionnel.
P. 2- Personnes morales de droit privé
Elles peuvent être :
- soit un groupement d'individus,
- soit un groupement de biens
A- Groupements d'individus
1- Les sociétés
Ce sont des personnes morales dont les membres, les associés, ont
convenu d'affecter des biens ou leur industrie à une entreprise commune,
en vue de partager le bénéfice ou de profiter de l'économie qui pourra en
résulter.

29
- société de commerce, si elle a pour objet une activité ou commerciale ou
si elle revêt une des formes prévues par la loi : sociétés des personnes,
de capitaux (personnalité à compter de l’immatriculation au registre du
commerce et du crédit mobilier)
- sociétés civiles (agrément- autorisation)
2- Les associations
L'association est un groupement dont les membres, les sociétaires,
poursuivent en commun un but autre que celui de partager le bénéfice :
- association non déclarée, quoique licite, n'a pas de personnalité morale
- association déclarée avec un patrimoine différent de celui des membres.
- association d'utilité publique, à capacité plus étendue que celle
simplement déclarée

2- Syndicats professionnels, association ayant pour objet la défense des


intérêts professionnels
Ce sont des groupements d’individus ayant pour objet l’étude et la
défense des droits et intérêts matériels et moraux des membres
Le dépôt des statuts se fait à la mairie ou à la circonscription
administrative
B- Les groupements de biens
Ce sont les fondations.
La fondation est l'acte par lequel une masse de biens est affectée à
perpétuité à une œuvre d'intérêt général ex : fondation tendant à créer un
hôpital.
Elle peut être aussi l'ensemble des biens affectés à l’œuvre. (- Fondation
Houphouët Boigny pour la recherche de la paix – Fondation Friedich
Ebert – Fondation Rockefeller, etc.).
On peut être en présence d'une fondation directe, c'est à dire la création
d'un établissement doté dès l'origine de la personnalité morale, du seul fait
que le fondateur affecte certains biens à l'œuvre qu'il se propose de créer.
On peut également recourir à d'autres procédés :
- par voie de création d'un établissement sans personnalité morale, qui par la
suite sera reconnu d'utilité politique ;
- par voie de libéralité faite à une personne morale déjà existante ;
- par voie de libéralité avec charge faite à un particulier
Section II : LE REGIME JURIDIQUE DES PERSONNES
MORALES

30
Comme les personnes physiques naissent, vivent et meurent, les
personnes morales se constituent, fonctionnent et disparaissent.
P. 1- Constitution et fonctionnement des personnes morales
A- Constitution des personnes morales
- elle exige un certain nombre de formalité et nécessite un certain temps
- généralement, il y aura par la suite une intervention de l'Etat. Par
agrément, approbation, ou autorisation administrative, etc.
- Ensuite des mesures de publicité, surtout pour les sociétés et aussi pour
les associations.
Comme les personnes physiques, les personnes morales doivent être
identifiables. Elles le sont au moyen d'un nom, d'un domicile, d'une
nationalité, etc.
B- Fonctionnement
Les personnes morales ont un patrimoine distinct de celui de leurs
membres - ce qui permet l'examen de leur capacité et de savoir comment
sont exercés leurs droits.
1- Capacité des personnes morales
Les personnes morales n'ont jamais une totale capacité de jouissance,
d'après leur nature même. C’est ainsi qu’en droit ivoirien, pour avoir la
capacité juridique, toute association déclarée faire l’objet d’une insertion
au JORCI A défaut son action en justice doit être déclarée irrecevable1
Elles ne peuvent jouir de certains droits (mariage, adoption, etc). Ensuite,
elles sont limitées par la règle de la spécialité qui ne leur permet de jouir
que de certains droits et de n'accomplir que les actes correspondant
directement à leur objet.
- elles ont en revanche la possibilité d'ester en justice
- elles peuvent engager leur responsabilité civile
- elles disposent d'un pouvoir disciplinaire sur leurs membres.
2 - Exercice des droits
Les personnes morales ne peuvent agir que par l'intermédiaire de
personnes physiques. Toutefois, on ne parle pas de représentant légal mais
d'organe représentatif (directeurs, administrateurs, etc). C'est une
émanation de la personne morale.
L'activité des personnes morales est également soumise à un contrôle des
pouvoirs publics.

1
( Cour Suprême, ch jud, form civ et com, arret n 330 du 08§06/2006, in Rec jp CS/CNDJ 2008 p 95)

31
P. 2- Fin de la personnalité morale
Il y a différentes manières pour une personne morale de cesser d'exister.
- de plein droit : par la mort, la faillite ou l'incapacité d'un associé dans les
sociétés de personnes, ou par l'arrivée du terme s'il a été fixé.
- par la volonté des associés.
- par décision judiciaire, si son fonctionnement normal n'est plus possible ou
s'il est irrégulier.
- par la volonté du gouvernement, si la personne morale est liée à une
autorisation administrative qui est retirée.
- par la volonté du législateur, lorsqu'il estime que l'ordre public est menacé.
Il convient de noter cependant que la personnalité juridique est maintenue
pendant la période de liquidation de la personne morale.

TITRE II : LE DROIT DES CONTRATS OU


DROIT DES OBLIGATIONS

Les obligations ont pour source les actes juridiques (contrats) et les faits
juridiques (événement volontaire ou involontaire dont résultent les
obligations à la charge de son auteur)
A l’instar des personnes physiques, les personnes morales exercent
également des activités commerciales. La personne morale n’est rien
d’autre qu’un groupement de personnes déclarés qui mettent en commun

32
un certain nombre de moyen pour profiter du résultat financier. C’est ce
groupement qui est appelé l’entreprise exploitée sous la forme de société
commerciale. Dans le cadre de ses activités, l’entreprise est assujettie à un
certain nombre d’obligations. Lesquelles obligations ont pour sources les
contrats ou actes juridiques et les faits juridiques.

SECTION I : LE DROIT DES CONTRATS ET DES


RESPONSABILITES CIVILES
L’étude des contrats est importante en droit car les contrats constituent
une source des obligations. En outre, les contrats s’inscrivent dans le
domaine du droit des obligations. C'est-à-dire le lien de droit entre deux
personnes en vertu duquel l’une est appelée créancier réclame à l’autre
appelée débiteur l’exécution d’une prestation ou une abstention
Exemple : dans le contrat de vente, le vendeur réclame le prix de la chose
à l’acheteur et l’acheteur réclame le transfert de la chose.
Du point de vue pratique, le droit des obligations constitue la base de la vie
juridique et la mise en œuvre des rapports économiques entre les hommes.
Selon l’article 1101 du code civil, le contrat est une convention pour
laquelle une ou plusieurs personnes s’obligent envers une ou plusieurs
autres à donner, à faire ou ne pas faire quelque chose.
Dans l’étude du droit des contrats, nous analyserons tour à tour les
caractéristiques et classification des contrats, les conditions de validité du
contrat et les effets du contrat.

33
24
(pour le rétablissement, voir C.A Abidjan 18-02-1977 : RID 1978. n° ¾ P. 5. Affaire SY Savané, dans laquelle
Savané Ousmane a obtenu le port de son véritable nom patronymique SY Savané).
25
(voir H. Blin, la survie des titres de noblesse dans le droit moderne, RTD Civ 1969. p. 369)

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