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Droit Des Affaires 9
Droit Des Affaires 9
II : L’INDIVIDUALISATION DES
PERSONNES PHYSIQUES
Les personnes physiques ont besoin d'être individualisées dans la société, dans
leur famille, afin d'être distinguées de leurs semblables. A cet effet, il existe des
signes distinctifs qui permettent de distinguer chaque homme de ses semblables:
- les actes de l'état civil qui en enregistrant son existence et son état de
famille le situent dans le temps (et sur un arbre généalogique)
Le droit administratif condense ces signes dans des papiers portatifs : c'est ainsi
que le nom, la date et le lieu de naissance se retrouvent dans la carte Nationale
d'identité. Et c'est par la présentation de ces papiers que se font les contrôles
d'identité.
Section I : LE NOM
Le nom1 est un moyen d'individualisation consistant dans l'usage d'une suite de
mots pour désigner une personne. En fait, il s'agit d'une appellation pour
désigner une personne dans la vie sociale et juridique. Il est composé d'un
certain nombre d'éléments que sont le patronyme ou nom de famille, le ou les
prénoms les accessoires, qu'il convient d'examiner avant de nous interroger sur
sa nature juridique, ses caractères et ses effets.
P. 1- Le nom patronymique
Le nom patronymique ou nom de famille est le nom de famille dont est issue
une personne. Il est choisi parmi les noms figurant dans les différents calendriers
ou ceux consacrés par les usages et la tradition, car il est interdit à l’officier de
l’état civil de donner des noms autres que ceux là (art 6 ; en droit burkinabé, les
1
Le nom est régi par la loi N° 64-373 du 7 octobre 1964, modifiée par la loi N° 83.799 du 2 août 1983.
noms peuvent être choisis parmi ceux consacrés par la religion ; art 35 Code des
personnes et de la famille).
En droit français, le prénom précède le nom, qui est écrit en majuscules. En droit
ivoirien, c'est le nom qui vient avant le prénom. (Quel sens donné alors au
prénom ?)
Nom : KONAN
C'est un nom commun à tous les membres d'une famille. Ce qui explique l'article
1er de la loi qui fait obligation à toute personne d'avoir un patronyme, et partant
à tous les membres d'une même famille de porter le même nom patronymique. Il
est donc unique. Ce n’est que dans des cas exceptionnels qu’on portera un nom
double ou composé. (il en est ainsi : en droit burkinabé- art 31- C P F ;
sénégalais- art 2 C F ; en droit congolais l’article 92 du Code de la famille
précise qu’il peut être simple, composé ou associé à un autre patronyme).
Cependant cette reforme introduite en droit ivoirien en 1964 n'a pas été évidente,
du fait de nos coutumes. Mais depuis, les choses ont évolué, et de plus en plus,
on essaie de remonter à un nom de famille, malgré les homonymies.
Peut-on le changer ? Telles sont les questions qui méritent d'être examinées.
1- La filiation
C'est le mode normal d'attribution du nom. Elle peut être définie comme le lien
de sang entre parent et enfant. C'est donc le lien unissant une personne à son
père ou à sa mère. Mais il y a lieu de distinguer selon le type de filiation, car elle
peut être légitime ou naturelle.
a- La filiation légitime
Le nom de l'enfant légitime, c'est à dire l'enfant né dans le mariage, résulte de
l'article 2 de la loi relative au nom qui précise que cet enfant "prend le nom de
son père". En effet aux termes de cet article "l'enfant né dans le mariage porte
le nom de son père", c'est à dire le mari de sa mère. Il convient de préciser que
celui-ci peut demander qu'il y soit ajouté le nom de la mère. Dans ce dernier cas,
l’enfant portera un nom double (nom du père auquel on ajoute celui de la mère.
Mais comment identifier désormais la famille dans ces conditions ?) (dans
l’avant projet de code, c’est la mère qui demande si elle le désire et non plus
le mari comme actuellement)
L'enfant légitime porte donc le nom du père, c'est à dire le mari de sa mère.
Exemple : KOFFI Kouassi et Awa Diallo, mariés depuis 2 ans, ont un enfant
prénommé Kouadio Pascal. Il s’appellera KOFFI Kouadio Pascal.
b- La filiation naturelle
L'enfant naturel est celui qui naît de parents non mariés. Mais il faut distinguer
selon que l’on est en présence d’un enfant naturel simple ou d’un enfant naturel
adultérin.
* si l'enfant n'a été reconnu que par l'un de ses parents, il ne portera que le nom
de ce dernier. En d'autres termes, l'enfant naturel porte le nom du parent à
l'égard duquel sa filiation est établie. Il en est ainsi lorsque l’acte de
naissance a été établi sur la déclaration de la mère seule avec aucune
indication du nom du père. Si le nom de la mère ne figure pas sur l’acte de
naissance, il pourra y être ajouté par voie judiciaire2;
Le principe est qu’en pareille hypothèse, l’enfant porte le nom de sa mère auquel
il est ajouté celui du père. (nom double)
Lorsqu’il s’agit d’un enfant adultérin par la mère, il porte le nom du mari de sa
mère, sauf jugement de désaveu (art 2 al 2 loi sur le nom).
Toutefois, il est interdit à l'officier de donner des noms autres que ceux figurant
dans les différents calendriers ou ceux consacrés par les usages et la tradition
(article 6).
Un début de solution est donné par l'article 3, qui précise que l'enfant né hors
mariage porte le nom de celui de ses parents à l'égard duquel sa filiation est
établie. Mais la question des deux noms demeure. Or, l'article 1er de la loi est
formel : on ne peut avoir qu'un nom patronymique.
C'est pour éviter toutes ces difficultés, qu'en droit français, il est prévu que
l'officier de l'état civil, dans pareilles hypothèses, attribue à l'enfant nouveau né
une suite de trois prénoms dont le dernier est le nom patronymique, qui est
destiné à redevenir un simple prénom si la filiation est ultérieurement établie.
3
( ces enfants abandonnés trouvés sont la une des journaux : « un nouveau né jété dans la broussaille à
Anyama » in Soir info du 23 /08/06, p 25 ; « Abengourou « un nouveau né abandonné » in l’Intelligent du
31/07/06 ; Divo découverte macbre, « un nouveau né abandonné sur un tas d’ immondices » in le Nouveau
réveil du 14 /02/06)
Sinon, le nom d'une personne est unique et en principe immuable. Ce qui pose
le problème de son changement.
B- Le changement de nom
En principe, le nom patronymique ou nom de famille est immuable. Ce qui
signifie que les changements purement volontaires de ce nom sont interdits4
Mais on ne peut changer de nom sans avoir eu recours à une décision judiciaire5
4
. ( sur la question, voy Henri TEMPLE, « Peut-on changer de nom ? », in R.I.D. 1982- 1983 n° 1-2-3-4 p 4 ; ASSI
Assepo Eugène, « Le changement de nom en droit positif ivoirien », R.I.D. n°37/2006, p 30)
5
(dans ce sens jugt n-422 du 28/08/2003, in Rec Catbx -3/2004 p 64)
6
(voir articles 284 Code pénal réprimant le faux commis dans certains documents administratifs. En droit
français, l'article 261. Code pénal vise toute personne, qui dans l'établissement des actes publics et documents
administratifs, n'aura pas pris le nom patronymique qui est légalement le sien)
7
( cas de reconnaissance judiciaire de l’enfant, TPI Abidjan, jugt n° 393 du 12 avril 1986 : inédit)
mère. Le désaveu lui confère désormais le nom de sa mère. Il en est
également ainsi en cas d'adoption notamment plénière.
Deux hypothèses sont prévues par la législateur ivoirien, d'une part à travers les
dispositions transitoires de la loi n° 64.381 du 7 octobre 1964, et d'autre part à
travers les dispositions permanentes de la loi relative au nom.
8
(Cf. : CAA, 6-02-1970: RID. 1971. n° 1 p 42; CAA, 21-12-1970: RID 1971 n° 3 p. 76 . Pour une annulation pour
fausse déclaration, CAA, 2 juillet 1974 : RID 1975 n° 3/4. P 66. Sur les menaces juridiques pesant sur la
reconnaissance, voir SARASSORO, l'enfant naturel en droit positif ivoirien : RID. 1981 n° 1/2 P. 21)
9
(voir décret n° 64.478 du 8 décembre 1964 fixant la date de prise d'effet de la loi relative au nom)
Kouadio - YAO Kouadio.10
10
(sur la question, voir Section de tribunal de Dimbokro, jugt n°15 du 05/02/1997 : cndj/Rec CATBX,1998 n°2 p
239 ; Pour le refus d’un changement de nom en vue de recouvrer sa vraie identité après avoir utilisé un acte de
naissance appartenant à autrui , et donc après avoir commis un usage de faux : Section de trib de Bouaflé jugt
n°102 du 30/07/1997 : Rec CATBX du 30 juillet 1997 n°2 p 186)
L'attribution du nom dans ce cas se justifie par la nécessité pour l'Etat de
distinguer les individus. D'où l'obligation pesant sur chacun de porter son nom
Pour ce courant, il n'y a pas de droit au nom et la personne qui se plaint d'une
usurpation doit apporter la preuve du préjudice.
Il apparaît que cette théorie permet la défense du nom sans avoir à justifier d'un
préjudice, du moins lorsqu'il s'agit d'une usurpation du nom par une autre
personne. Cette théorie a été souvent consacrée par la jurisprudence11. Mais il
faut préciser qu'en fait, la jurisprudence dans les réclamations contre un
usurpateur fait généralement ressortir l'existence d'un préjudice au moins moral
subi par le réclamant12.
Cette protection est également valable pour le prénom dans des circonstances
exceptionnelles, notamment lorsque la personne est connue du public,
principalement sous son prénom, et que ledit prénom par son originalité et sa
rareté ne peut être considéré comme d'un usage courant13.
11
(Cf. Civ, 25 octobre 1911 S. 1912, 1. 95. Bordeaux, 22 avril 1963, D. 1963; 482. Civ, 11 juin 1963. D. 1964. 186)
12
(Rep. 14 avril 1934, D. H. 1934, 265)
13
(T.G.I Seine, 9 octobre 1963. Gaz. Pal 1964, 1. 73)
d'imprudence (la confusion dommageable est due le plus souvent à une simple
négligence, et plus particulièrement à une insuffisance de précaution14
Il a été également décidé que celui qui s'est illustré pendant de nombreuses
années sous un pseudonyme peut le protéger même à l'égard des tiers dont il
constitue le patronyme.
Au total, il convient de faire remarquer que si le droit au nom est bien un droit
de la personnalité, il est à la fois individuel et familial. Cette dualité de nature
influe nécessairement sur les caractères et les effets du nom
Il en résulte que sous resserve des voies légales de changement de nom prévues
par le législateur, tout changement purement volontaire de nom est interdit.
Dans le 1er cas, il est de jurisprudence qu'un nom patronymique ne se perd pas
par le nom usage, même fort prolongé.
15
(voir les articles 284 et 285 du Code pénal réprimant le faux commis dans certains documents administratifs,
notamment l'utilisation d'un faux nom)
Ainsi un nom de famille peut être réclamé par les membres d'une famille,
quelque soit le laps de temps pendant lequel il n'a pas été porté16.
- le port du nom
- le droit au nom.
a- Le port du nom
Toute personne a le droit d'user du nom qui lui est légalement attribué pour se
désigner. Pour cette personne donc, le port du nom apparaît à la fois comme un
droit et une obligation.
L'individu peut surtout utiliser son nom, pour figurer dans les actes juridiques et
pour les signer. La signature, par définition, est le nom écrit de la main de
l'intéressé.
Ainsi le nom apparaît comme un moyen mis par le droit à la disposition d'une
personne pour imprimer sa personnalité et sa volonté à un écrit et pour faire de
cet écrit matériel un acte juridique.
16
(Req. 21 juillet 1926. S. 1926. 1. 310. Req. 14 avril 1934, D. H. 1934, 265 ; tribunal civil Amiens, 22 février
1957. Gaz Pal 1957. 1. 445)
17
(-Caen, 23 février 1965. D. 1966, 271.)
attribué est absolue à l'égard de l'Etat, pour la raison qu'il apparaît comme une
institution de police permettant de distinguer les individus. D'où les pouvoirs
reconnus au ministère public dans la rectification des actes, et les sanctions
pénales prévues dans l'utilisation de faux nom, les usurpations et les faux dans
les actes et documents publics.
En revanche, la force de l'obligation est atténuée dans les rapports et les actes
privés, bien entendu sous réserve des droits d'autrui, en ce sens qu'il faut tenir
compte de deux libertés fondamentales
* La liberté du pseudonyme
Il est licite d'user d'un faux nom, non seulement pour signer une œuvre littéraire
ou artistique, mais aussi pour signer un acte juridique, pourvu que les tiers ne
puissent en subir de préjudice. L'usage du faux nom ne doit pas tendre à
réaliser, par exemple, une escroquerie.
* La liberté de l'anonymat
Il est licite non seulement de publier une œuvre sans la signer, mais de faire des
actes juridiques, de passer des contrats sans faire connaître son nom, encore
que les tiers ne puissent en subir de préjudice. Il n'en est autrement que dans les
actes notariés (vérification de l'identité des parties dans la rédaction des actes).
Dans la pratique des affaires, l'anonymat de l'acheteur est la coutume, même s'il
existe beaucoup de restrictions de nos jours.
b- Le droit au nom
Le droit au nom est un droit subjectif, quelle que soit la conception que l'on se
fait de la nature du nom. Il s'agit d'un droit que l'on peut défendre contre toute
usurpation par un tiers ou contre un emploi abusif dans le domaine littéraire ou
commercial.
Dans ce sens, une action en usurpation de nom est ouverte par l'article 13 de la
loi relative au nom au porteur d'un nom contre un tiers qui l'utiliserait à titre de
nom, surnom ou de pseudonyme.
En effet, aux termes de cet article "le porteur d'un nom ou ses descendants,
même s'ils ne portent pas eux mêmes ce nom, peuvent s'opposer, sans préjudice
de dommages-intérêts, à ce qu'il soit usurpé ou utilisé par un tiers, à titre de
nom, surnom ou pseudonyme".
Il s'agit d'une action en contestation de nom, de sorte que le porteur légitime du
nom va contester à un tiers le droit de porter le même nom patronymique. Pour
ce faire, il suffit de demander au juge d'interdire au tiers de continuer à porter
le nom.
L'action est ouverte aux descendants, peu importe qu'ils portent le nom ou pas.
(filles mariées).
L’article 13 n’exige pas la preuve d’une faute, ni d’un préjudice, car il n’est pas
question d’une action en responsabilité ,la preuve de l’usurpation suffit.
A- Le prénom
Le prénom permet de distinguer l'individu dans la famille dont il porte le nom
avec les autres membres. Son attribution est obligatoire, mais le nombre est
facultatif18. Comme le nom patronymique, il y a lieu de se demander si on peut
changer de prénom, avant de nous interroger sur les effets juridiques des
prénoms.
1- L'attribution du prénom
Aux termes de l'article 1er de la loi relative au nom, "toute personne doit avoir
un nom patronymique et un ou plusieurs prénoms". Mais comment se fait le
choix ?
Toutefois, ils ne peuvent donner n'importe quel prénom. En effet, aux termes de
l'article 6, "il est interdit aux officiers de l'état civil de donner des noms ou
prénoms et de recevoir des prénoms autres que ceux figurant dans les différents
calendriers ou ceux consacrés par les usages et la tradition".
C'est dire que la liberté reconnue aux parents dans le choix du prénom connaît
une limite. Le nombre de prénoms n'étant pas par ailleurs limité, on assiste, en
18
( tel est également le cas en droit burkinabé- art 31 CPF préc- et sénégalais- art 2 CF préc- ; au contraire, les
prénoms sont facultatifs en droit congolais et sont choisis parmi ceux consacrés par les usages et la tradition –
art 92 CF)
pratique, à une variété de prénoms à la naissance des enfants, avec une
association de prénoms issus de la tradition et des calendriers.
2- Le changement de prénoms
19
(Ex : foto ; une adjonction pour marquer une différence entre le père et le fils qui portent les mêmes noms et
prénoms : TPI Gagnoa,jugt n° 12 du 20/042005, inédit ;Pour une adjonction de prénom sous lequel la personne
était notoirement connue, Sect Trib Dabou, jugt n°97/ du 23/07/2000, inédit )
20
( Rec jp Catbx CNDJn 4/2001 p 104 ; TPI Bouaflé jugt n 75 du 24/08/2000, p104
21
(TPI Bouaflé,jugtn°107 du 14/07/ 2005,inédit)
22
( section de Bouaflé, jugt n 111 du 11/12/1996 , Rec jp Catbx/CNDJ n 1- 2000, p 127)
compléter l'indication qui en résulte. Exemple d'un testament auquel le testateur
n'avait apposé que son prénom.
C'est plutôt en combinaison avec le nom de famille que le prénom produit ses
effets qui sont des effets de complémentarité. La personne a le droit de faire
usage des prénoms à lui attribués sur son acte de naissance. L'article 12 alinéa 1
ne fait-il pas obligation à "tout fonctionnaire ou officier public ou ministériel de
désigner les personnes, dans les actes, expéditions ou extraits qu'il rédige, par
leurs noms et prénoms réguliers" ?
1- Surnom et pseudonyme
Le surnom et le pseudonyme sont usités couramment dans les relations sociales.
Mais que recouvrent-ils et quel est leur régime juridique ?
a- Définitions
Le surnom (ou sobriquet) est une appellation employée par le public pour
désigner une personne. Hormis le sobriquet ridicule ou déplaisant attribué par
les tiers à un individu dans un cercle restreint, le surnom est généralement donné
par les tiers sans intention maligne et malveillante. Il est souvent précédé de
"dit".
Exemples : KOUADIO yao jean dit « Tchegbè yao » ; DROH Dapa Kouakou dit
« Kouakou tailleur » ; KOUADIO kouakou dit « Caro kouakou »
Quant au pseudonyme, il peut être présenté comme un faux nom que la personne
se donne à elle même, contrairement au surnom qui est donné par le public. La
pratique en est courante chez les écrivains et les artistes. C'est un nom
d'emprunt, choisi par celui qui le porte afin de dissimuler son nom véritable.
Exemple de pseudonymes célèbres : Molière, Voltaire, Anatole France, André
Maurois. Egalement Alpha Blondy, Johnny Hallyday (Jean Philippe Smet),
Mohamed Ali.
Il apparaît que le pseudonyme peut être pris dans divers secteurs d'activité : nom
de scène, nom d'artiste, nom d'auteur, de journaliste, de sport, de politique.
b- Régime juridique
L'article 11 alinéa 1 de la loi relative au nom interdit en principe le recours
officiel aux surnoms et pseudonymes. Ce qui explique que toute personne doit
se faire désigner par son nom régulier dans les actes juridiques et officiels
(article 12 alinéa 1).
Le surnom est protégé au même titre que le nom réel. Quant au pseudonyme, il
est purement personnel. Celui qui, par un usage prolongé et la renommée, a
acquis un droit sur le pseudonyme, peut le défendre contre des tiers qui
prétendraient se servir d'un pseudonyme semblable, ou même l'appliquer comme
marque à un produit.
23
(Cf. T.G.I Paris, 2 mars 1973, D. 1973. 320, affaire Verchureu, dans laquelle le fils cherchait à recueillir sans
peine la gloire paternelle).
reprise par voie de rectification des actes de l'état civil, s'il est démontré que les
ancêtres du demandeur ont eu la possession prolongée de la forme de particule24.
A- La notion de domicile
Le domicile, qui est déterminé par le lieu du principal établissement, doit être
distingué de certaines notions comme la résidence et l'habitation eu égard à
certains effets particuliers, même si dans bien de cas, il y a coïncidence
notamment entre domicile et résidence.
Ce lieu est une résidence lorsque la personne y vit de façon normale. C'est le lieu
en effet, où la personne demeure effectivement, pourvu que ce soit d'une
manière assez stable et habituelle.
Ce lieu est une habitation ou une demeure lorsque la personne y séjourne pour
un temps très bref. Exemple : l'hôtel.
* Aux termes de l'article 108 du code civil, Adama, mineur, a son domicile
chez ses parents ou tuteur ;
b) qu'en cas de signification d'un acte de procédure c'est à dire notification d'un
tel acte par huissier de justice, l'acte peut, si la signification à personne est
impossible, être délivré soit à domicile, soit à résidence à défaut de domicile
connu (voir article 247 et S. code procédure civile). Tout ceci s'explique par le
fait que les actes de procédure faits par une partie doivent être portés à la
connaissance de la partie adverse, et donc lui être notifiés.
- soit le tribunal du lieu où réside l'époux qui n'a pas pris l'initiative de la
demande dans les autres cas.
Dans certains cas, la résidence peut produire des effets concurremment avec le
domicile, il en va ainsi pour le mariage qui peut être célébré par l'officier de
l'état civil du domicile d'un époux ou par celui de sa résidence, si celle-ci a duré
au moins un mois1. En ce qui concerne l'habitation, il faut noter que les effets
sont réduits. Par exemple, l'habitation ne sera considérée comme domicile que
lorsqu'on réprime la violation de domicile2.
P. 2- La détermination du domicile
Etant le lieu du principal établissement, il est déterminé par la volonté de
l'intéressé. C'est dire qu'en principe, chaque personne a la liberté de fixer le lieu
de son principal établissement.
A- Le domicile volontaire
Tout individu est libre de choisir son domicile. Mais la question se pose des
critères de détermination.
1
(Voir article 24 alinéa 2 loi relative au mariage - sur l'importance grandissante de la résidence, cf A. Martin.
Serf, du domicile à la résidence, R.T.D civ 1978 P 535).
2
(Art. 384 C. Pénal voir également crim, 28 janvier 1958, Bull-civ, n° 94, P. 161 qui décide qu'une chambre
d'hôtel constitue un domicile au sens de l'article 184 code pénal français alors qu'elle n'est qu'une habitation
très précaire)
1- La liberté de choisir son domicile
L'individu a le droit de se choisir un domicile dès lors qu'il ne se trouve pas dans
un des cas où la loi lui en attribue un d'office. C'est le cas le plus courant, et c'est
celui qui répond à la définition de l'article 102 du code civil. En réalité, la liberté
du choix doit être entendue plutôt comme le droit de changer de domicile,
puisque par définition, l'individu en avait déjà un, celui où il est né, c'est à dire le
domicile d'origine. Il en résulte que toute personne capable est libre de rompre
son attache territoriale et de s'en choisir une nouvelle.
Mais le régime institué par le code civil n'est pas simple, lorsqu'il prévoit que "le
domicile de tout ivoirien quant à l'exercice de ses droits civils, est au lieu où il a
son principal établissement", pour la raison essentielle qu'une personne peut
avoir plusieurs établissements, ayant des intérêts d'ordre divers dans plusieurs
lieux. Exemple : une personne peut habiter Bingerville, exercer sa profession à
Abidjan-Plateau, être propriétaire de biens immobiliers à Aboisso. Dès lors quel
est son point d'attache pouvant constituer son domicile afin de le rattacher à un
lieu unique, selon l'article 102 du code civil ? D’où l’importance de critères de
détermination du domicile.
3
(il s'agit d'une question de fait : Civ, 18 février 1971 Bull. N° 121).
4
Req. 11 avril 1932, D. H.1932. 249. Civ 5 novembre 1958, Bull. 474 ; Cour Suprême, 16.02.1968. RID.1969. n°1
P. 22 , où le problème était relatif à la determination des élements qualificatifs du domicile, lieu du principal
établissement. Il s’agissait de savoir quel était le tribunal compétent pour connaître du divorce entre un
- la situation des principales propriétés5
Mais il faut préciser que lorsque l'un des indices existe seul, il est insuffisant
pour emporter la conviction du juge qui refuse dans ce cas d'en tenir compte
pour y attacher le domicile.
En tout cas, l'on constate que la détermination du domicile est fondée sur deux
éléments : le fait matériel que constitue le principal établissement et l'élément
intentionnel qui apparaît nettement en cas de changement de domicile.
3- Le changement de domicile
Il y a lieu de rappeler que le domicile est fixe, c'est à dire qu'il est immuable.
C'est le caractère qui le distingue de la résidence ou de l'habitation.
En effet, alors qu'une personne peut se déplacer comme elle le désire, son
domicile reste en principe immuable.
français se trouvant en Côte d’ivoire au titre d’un contrat de travail et son épouse restée en France . La haute
Cour a retenu la ville française comme le lieu du principal établissement, car l’époux y avait ses intérêts
matériels et moraux, alors qu’Abidjan ne constituait qu’une residence temporaire, l’epoux pouvant faire à tout
moment l’objet d’une mutation D’où le rejet du pourvoi formé par l’époux contre l’arrêt d’appel et qui
soutenait que le lieu d’exercice de sa profession était le lieu de son principal établissement)
5
(Civ, 26 juin 1925. S. 1925. 158.) ;
- L'élément matériel est le changement d'habitation réelle. C'est le transfert de
la résidence ou du principal établissement d'un lieu dans un autre.
Si ces deux éléments ne sont pas réunis, l'intéressé est présumé avoir conservé
son domicile d'origine, car lorsque l'élément matériel intervient seul, il ne vaut
que comme changement de résidence. Quant au second, il est inopérant à lui
seul.
Mais même lorsqu'ils sont tous les deux réunis, il faut encore faire la preuve de
leur existence.
C'est ainsi qu'une double déclaration doit être faite tant à la mairie de l'ancien
domicile qu'à celle du nouveau domicile, du transfert du domicile en un autre
lieu.
Mais cette formalité est souvent négligée surtout qu'elle n'est pas pénalement
sanctionnée, même si elle permet d'informer sur le déplacement des individus.
C'est ce qui justifie l'article 105 qui prévoit qu'à défaut de déclaration, la preuve
de l'intention dépendra des circonstances, et si la preuve ne peut être rapportée,
l'intéressé sera réputé n'avoir pas changé de domicile7. En tout état de cause, on
ne peut changer de domicile qu'en cas de domicile volontaire. Ce qui n'est pas le
cas pour le domicile légal.
B- Le domicile légal
6
( Cour suprême, ch jud form civ et com, arrêt n°070 du 05 février 2004 :in cndj/ Rec jp C S ch jud form civ et
com n°1/2005, p46, dans lequel le problème se posait de savoir si le defunt, qui était parti se faire soigner à
Bamako, au MALI, avait changé de domicile. De la reponse dépendait la détermination du tribunal compétent
pour l’ouverture de la succession)
7
(Civ. 25 mai 1951, D. 1951. 509 ; 26 février 1965, Bull civ. II. N° 208 P. 145)
Dans certains cas, il revient au législateur de déterminer le domicile de telle ou
telle personne, ce qui constitue une exception au principe de liberté de choix du
domicile. C'est ainsi que le législateur impose le domicile à certaines personnes,
soit en raison de leur profession, soit en raison de leur dépendance vis à vis
d'une autre personne.
b- La femme mariée
Toujours aux termes de l'article 108 du code civil, la femme mariée a pour
domicile celui de son mari, dans la mesure où elle n'a d'autre domicile que celui
de son mari8. En France, cette disposition, qu'on a qualifiée de discriminatoire, a
été supprimée en 1975, de sorte qu'aujourd'hui, le mari et la femme peuvent
avoir un domicile distinct sans qu'il soit porté atteinte aux règles relatives à la
communauté de vie9
Lorsqu'elle est séparée de corps, elle cesse d'avoir pour domicile légal le
domicile du mari. Mais pour éviter des situations paradoxales aux époux séparés
de corps, l'article précise que toute notification faite à l'un doit également être
adressée à l'autre sous peine de nullité.
8
( voir dans ce sens, CAA arrêt n°234 du 23/051969 : RID 1970 n° 2 p 41 qui a décidé que la résidence légale
de la femme est au domicile du mari).
9
(voir F. Gisserot, le nouveau domicile de la femme mariée, R.T.D Civ. 1979, 724).
c- Les domestiques et gens de maison (article 109 code civil)
Il s'agit des personnes qui servent ou travaillent habituellement chez
autrui. Ces personnes ont le même domicile que leur maître, lorsqu'elles
demeurent bien entendu dans la même maison que le maître. Il doit s'agir de
personnes majeures et non de mineures qui continuent à avoir leur domicile
légal chez leurs parents ou leur tuteur, sauf s'ils sont émancipés.
Mais il faut souligner que de nos jours, il est difficile de faire la distinction entre
fonctions publiques perpétuelles et temporaires, qui d'ailleurs ne correspond plus
à la réalité. Par exemple, les magistrats du siège sont admis à faire valoir leur
droit à la retraite à l'âge de 65 ans pour les magistrats hors hiérarchie et peuvent
être révoqués pour faute grave.
Ceux qui sont révocables, par ailleurs, bénéficient de statut qui rend la
révocation très difficile.
A tous ces domiciles, on pourrait ajouter le domicile par erreur des tiers, qui est
une pure création jurisprudentielle à partir de la théorie de l'apparence pour faire
produire à la résidence les mêmes effets qu'un domicile.
Exemple : un étudiant mineur, domicilié chez ses parents, peut avoir un domicile
apparent au lieu de sa résidence, si elle est distincte de celle de ses parents,
notamment s'il est logé en cité universitaire13.
10
(Poitiers,11 janv 1967,Gaz pal 1967 .1 .71)
11
(article 18 loi 78. 662 du 4 août 1978 portant statut de la magistrature. "les magistrats sont astreints à
résider au siège de la juridiction à laquelle ils appartiennent" article 9 "les magistrats sont installés dans leurs
fonctions en audience solennelle de la juridiction à laquelle ils sont nommés").
12
(pour un enseignant du supérieur, T.G.I Caen, 31 octobre 1962 somm juridique 1963 IV éd. A, 4192 ; civ 13
mars 1885, D.P 1885. 1. 313)
13
V. Req. 7 juin 1885, S. 1886, 1, 152 ; D. 1887, 1. 12. civ 31 janvier 1968, Bull n° 41).
Cette théorie permet de ne pas nuire aux tiers qui ont cru de bonne foi qu'ils
s'adressaient au domicile de leur cocontractant, en application de l'adage "error
communis facit jus" (l'erreur commune, créée, remplace le droit)
Il faut souligner que si une personne est sans établissement fixe et qu'on ignore
son domicile d'origine, la résidence peut tenir lieu de domicile.
Le domicile élu est un domicile purement fictif choisi par une personne pour
attribuer compétence à un tribunal ou pour donner des pouvoirs à un mandataire
: on dit qu'elle a fait "élection de domicile".
14
(voir Cass-ch –mixte, 15 décembre 1988, Bull civil N° 3-4 et 5 ; D-1989, 189. D. 1990 som, 109 ; J.C.P 1989, II
21263 ; Com, 27 novembre 1991. D. 1992. 122. C. Pettiti, le droit des fouilles dans les entreprises et les locaux
commerciaux, J.C.P 1989. I. 3373)
L'élection de domicile peut se rencontrer dans les contrats lorsque les deux
parties au contrat n'habitent pas la même ville. Elle résulte en pratique d'une
clause du contrat qui permet à une partie d'élire son domicile dans un lieu autre
que son domicile réel.
Elle peut aussi avoir lieu dans un lieu donné ou chez une personne déterminée.
Dans ce cas, la clause emporte mandat pour exécuter par exemple le contrat ou
pour recevoir les actes de procédure que l'intéressé aura à signifier à l'autre
partie.
Une autre exception a été créée par la jurisprudence avec le domicile apparent
(voir paragraphe 2 in fine, relatif au domicile légal) et la jurisprudence des
gares principales, appliquée aux Compagnies de chemin de fer, et qui permet
d'assigner une entreprise devant le tribunal du lieu quelconque où elle a un
établissement avec un agent, ayant pouvoir pour le représenter en justice. C'est
le cas des personnes morales15.
L'Etat civil est par conséquent une institution dont le but est d'enregistrer les
actes et faits juridiques qui constituent ou modifient l'état des personnes, entre la
naissance et la mort.
Il en résulte que les sources de l'état sont de deux ordres : - soit de simples faits
(naissance) soit des actes juridiques (mariage).
15
(Req. 7 mars 1911. D. P. 1916. 1. 224 5 nov 1928. D. H. 1928. 609 ; Rouen 26 janv 1968. D. 1968 som, 80)
Ces différents éléments sont constatés à travers les actes de l'état civil qui
permettent de faire la preuve de l'état des personnes.
Avant l'examen des différents actes de l'état civil, il y a lieu d'exposer les règles
générales relatives à l'état civil.
L'acte de l'état civil pouvant être défini comme un écrit par lequel les autorités
publiques constatent, de façon authentique, les principaux faits ou actes
juridiques relatifs à l'état civil d'une personne, on peut se demander comment est
attribué cet état. Par ailleurs, il y a lieu de s'interroger sur sa protection. D'où
l'étude des modes d'attribution de l'état d'une part et des moyens de protection
d'autre part.
2- La possession d'état
La possession, qui est l'exercice de fait des prérogatives d'un droit
indépendamment de la question de savoir si l'on est ou non titulaire de ce droit,
connaît également une application en matière d'état des personnes. En effet, les
conséquences de la possession sont bien connues dans le domaine des biens où
la possession fait présumer le droit en la personne du possesseur, en ce sens que
normalement la possession fait acquérir le droit par le jeu de la prescription
acquisitive au profit du possesseur16.
Appliquée à l'état, elle consiste dans l'exercice de fait des prérogatives d'un état,
indépendamment de la question de savoir si l'on est vraiment titulaire de ce
droit. Elle devient, dès lors, un mode exceptionnel d'acquisition d'un état.
C'est ainsi qu'un enfant adultérin a la possession d'état d'enfant légitime, s'il est
encore dans la famille du couple.
- nomen
- tractatus
- fama
a- Nomen
C'est le fait de porter le nom qui correspond à l'état que l'on prétend avoir
b- Tractatus
C'est le fait d'avoir été traité par les proches comme étant celui dont on prétend
avoir l'état
c- Famas
C'est la renommée. C'est le fait d'avoir été considéré par la famille et par le
public comme ayant l'état dont on se prévaut. L'article 10 de la loi relative à la
paternité et à la filiation rappelle ces conditions, sinon ces éléments pour la
constitution de la possession d'état.
Il faut ajouter en ce qui concerne les modes d'attribution de l'état, les décisions
judiciaires, c'est-à-dire les jugements ou arrêts.
16
(Cf. cours de licence : droit civil - possession mobilière-)
Comment protéger cet état à compter de son acquisition ?
B- La protection de l'état
Comme toute situation juridique, l'état est protégé par des actions en
justice. Ce sont les actions d'état. Mais avant d'analyser ces actions, il convient
de rappeler un certain nombre de règles justifiant la protection de l'état.
Il faut également préciser que l'état est attaché à la personne. Ce qui explique
qu'il soit indisponible, imprescriptible, indivisible et insaisissable.
C'est dire que toute convention, cession entre vifs ou à cause de mort,
transaction, renonciation contraire à l'état légalement imposé, est nulle de nullité
absolue (exemple pour une renonciation à l'exercice de l'action en désaveu de
paternité17.
Ensuite, on ne peut pas perdre son état par l'expiration d'un délai plus ou moins
prolongé : on ne peut acquérir un état par l'écoulement d'un laps de temps (mais
nuancée avec la possession d'état). Une personne ne peut avoir simultanément
deux états différents et ne saurait, en opérant une sorte de ventilation se
réclamer de certains des attributs de son état pour en répudier d'autres.
Enfin, l'état et les droits qui le composent échappent au droit de gage général
des créanciers, car hors du patrimoine.
Il s'agit de façon générale de toute action en justice ayant pour objet une
question d'état
17
: T.G.I. Nice, 30 juin 1976. Sem jur 1977, II, 18597 ; nullité de la renonciation du droit de visite : T.G.I, 27
sept 1967. D. 1967, 743
- action en demande de divorce.
Ainsi comme toute situation juridique, l'état est protégé par des actions en
justice, qu'on appelle les actions d'état. Certaines tendent à faire reconnaître
l'existence d'un état antérieur, d'autres au contraire tendent à la modification de
cet état antérieur.
Il en est de même des actions tendant à contester l'état qu'on paraît avoir. Il
s'agit des actions en contestation d'état
En principe, les actions ne sont pas transmissibles, c'est dire que les héritiers ne
peuvent pas, en cette qualité, exercer les actions d'état appartenant à leur
auteur. Mais les articles 17 et 18 de la loi relative à la filiation prévoient deux
exceptions à l'intransmissibilité.
18
(Cf. art 9 et sur la question, voir R. Savatier, Parenté et prescription civile. R.T.D Civ 1975. 1.)
Le service public de l'état civil est un service public judiciaire, rattaché au
service public de justice. En effet, l'état des personnes est placé sous la
sauvegarde de l'ordre judiciaire. Il résulte de ce caractère de ce service que les
sous-préfets, les maires, et autres officiers de l'état civil, dépendent en tant que
tels du ministère de la justice par l'intermédiaire des parquets, tandis que dans
leur rôle d'administrateurs, ils dépendent du ministère de l'intérieur. L'état civil
se présente donc comme un service public qui est confié à la fois aux autorités
administratives et judiciaires.
Il est régi par la loi n°64. 374 du 7 octobre 1964, modifiée par les lois n°s 83.
799 du 2 août 1983 et 99-691 du 14/12/1999.
Ensuite, il faut s'interroger sur les documents constatant l'existence des actes.
Outre les communes, existent des circonscriptions d'état civil dans le territoire
de chaque sous-préfecture. Chaque circonscription peut comporter, en raison de
l'importance de la population, des centres secondaires d'état civil tenus par des
agents de l'état civil.
A l'étranger, les fonctions d'officier de l'état civil sont exercées par les agents
diplomatiques.
Ainsi si un enfant est né à l'étranger, il est non seulement déclaré dans le pays
où il est né, mais en outre il doit être déclaré au consulat.
Les officiers de l'état civil sont compétents pour recevoir les déclarations
concernant tous les actes de l'état civil. Quant aux agents, ils ne peuvent
recevoir que les déclarations de naissance et de décès dresser les actes
correspondants et effectuer sur les registres de l'année en cours, les
transcriptions et mentions s'y référant.
- les naissances
- les décès
- les mariages
Les deux exemplaires sont côtés et paraphés, sur chaque feuille, par le
Président du Tribunal.
Un exemplaire de chacun des registres, y compris de ceux tenus dans les centres
secondaires, est réservé au chef de la circonscription de l'état civil.
Les actes sont inscrits sur les registres, de suite, sans aucun blanc. Les ratures
et les renvois sont approuvés et signés de la même manière que le corps de
l'acte.
* Le livret de famille
Il est remis aux époux lors de la célébration du mariage. Le livret de famille
regroupe les mentions de l'acte du mariage, des actes de naissance des enfants
des actes de décès des parents et des enfants et du divorce des époux.
Le livret de famille est constitué par la réunion des extraits des actes de l’état
civil suivants : - mariage des époux- décès des époux- naissance des enfants nés
du mariage et des enfants reconnus par le mari en application de l’article 22 de
la loi relative à la paternité et à la filiation ; dans ce cas , l’extrait de naissance
19
( Pour les modalités pratiques, voir annexe au décret n°64-454 du 20 novembre 1964 fixant les modalités
d’application de la loi n°64-374 du 7 octobre 1964, relative au nom, modifié en 2006 pour prendre en compte les
modilités pratiques de la loi n°99 – 691 du 14 décembre 1999 , modifiant la loi relative à l’état civil et qui a
introduit les mentions de la nationalité sur l’acte de naissance. Pour plus de détails, voir Code de la
Famille/CNDJ, éd 2011, p 39)
est complété par l’indication du nom de la mère et de la reconnaissance « ayant
pour mère … » et pour « père … » décès des enfants20
En cas de rectification d’un acte inscrit dans le livret, celle ci doit également y
être mentionnée (Art. 90 loi sur l’état civil). Le livret de famille, rempli
conformément aux exigences légales (Art. 91), fait foi de sa conformité avec les
registres de l’état civil.
Exemple : les actes de l'état civil des ivoiriens dressés en pays étranger doivent
être transcrits sur les registres tenus par les agents diplomatiques ou les consuls
ivoiriens territorialement compétents (voir article 32. loi relative à l'état civil)
L'acte de décès, dressé hors du lieu de domicile du défunt, doit être transcrit sur
le registre du domicile (voir notamment l'article 62 pour les décès pendant leur
voyage maritime).
20
( sur les éléments du livret ,voir annexes au décret n°64- 477 du 08 /12/1964, fixant les modèles du certificat
de célébration civile et des livrets de famille, Code de la Famille /CNDJ , éd 2011, p 158)
Les règles spéciales prévues par le législateur ivoirien concernent tant la
déclaration de naissance que des situations spécifiques.
* Déclaration de naissance
Il est fait obligation aux intéressés de déclarer les naissances à l'officier de l'état
civil dans le délai de trois mois suivant l'accouchement (Art. 41 loi 99-691 ; il
était de 15 jours).
La déclaration est faite par le père ou la mère ou des parents proches, et ce afin
d'éviter de recourir à la voie judiciaire. Il faut préciser que les personnes citées
par l'article 43 sont tenues concurremment et sans aucun ordre. L'acte doit
contenir un certain nombre de mentions (année - mois - jour - heure et lieu de
naissance- prénoms- nationalité des parents etc). Aucune demande de
changement d’identité ne saurait prospérée tant qu’un jugement n’a pas établi
l’inexactitude d’un acte de naissance régulièrement établi et enregistré à l’état
civil21
* Situations spéciales
enfants trouvés - article 46 ; il est fait obligation à une personne qui trouve un
enfant nouveau-né de le déclarer à l'officier ou à l'agent de l'état civil du lieu de
la découverte.
21
(dans ce sens TPI Bouaflé, jugt civil n-96 du 30 mai 2002, in REC jp Catbx 1- 2003, p 41)
D'autres situations spéciales sont envisagées par le législateur ivoirien :
Aux termes de l'article 63, lorsque le corps d'une personne décédée est retrouvé
et peut être identifié, un acte de décès doit être dressé par l'officier du lieu
présumé du décès, quel que soit le temps écoulé entre le décès et la découverte
du corps.
Si le défunt ne peut être identifié, l'acte de décès doit comporter son signalement
le plus complet. En cas d'identification ultérieure, l'acte est rectifié. (cas de
disparition - art 64 et suivants. Voir développement sur la disparition).
26
est de 21ans), au Congo( art 318 CF où la majorité est de 18 ans) et au
burkina Faso ( art 554 CPF où la majorité est de 20 ans). Au Benin, la
majorité est de 18 ans accomplis( art 459 du Code des personnes et de la
Famille)
En france, la majorité a été ramenée à 18 ans depuis 1974, par la loi n°
74-631 du 5 juillet 1974 (pour des commentaires sur cette loi, voir
Couchez, la fixation à dix-huit ans de l'âge de la majorité, sem-jurid-
1975, I, 2684 ; E. Poisson, l'abaissement de l'âge de la majorité, D.
1976, chron. 21).
Ainsi tous ceux, qui n'ont pas 21 ans accomplis en côte d'Ivoire, sont dits
mineurs. L'incapacité qui les frappe entraîne deux conséquences
importantes :
- En ce qui concerne sa personne, le mineur doit être sous une autorité
chargée non seulement de le guider, mais de l'élever et de l'éduquer ;
- En ce qui concerne l'exercice de ses droits, le mineur sera incapable.
Ainsi pour l'exercice principalement de ses droits patrimoniaux, le
mineur sera frappé d'une incapacité d'exercice, à caractère général.
Mais la protection dont bénéficie le mineur varie selon qu'il est émancipé
ou non.
Section 1- Le mineur non émancipé
L'émancipation est une cessation anticipée de la puissance paternelle, en
même temps que l'octroi d'une entière capacité au mineur. Il devient
capable comme un majeur (Cf. art 113 loi sur minorité).
Quant au mineur non émancipé, il est frappé d'une incapacité générale
d'exercice. Il est en effet titulaire de droits, mais ne peut malheureusement
les exercer lui-même. D'où l'examen de cette incapacité avant de préciser
le régime de protection du mineur non émancipé.
Section 2- Le mineur émancipé
Définition (art 113). "L'émancipation est l'acte par lequel un mineur est
affranchi de la puissance paternelle ou de la tutelle, et devient capable,
comme un majeur, d'accomplir tous les actes de la vie civile, et de faire le
commerce." C'est donc l'acte qui confère au mineur une pleine capacité.
27
- L'émancipation légale (ou émancipation de plein droit)
L'émancipation légale est celle que l'article 116 fait résulter de plein droit
du mariage du mineur, la puissance paternelle étant incompatible avec
l'indépendance dont a besoin le nouveau foyer. Il convient de noter que le
mariage du mineur n'est possible que si l'âge matrimonial est atteint, c'est
à dire 20 ans pour l'homme et 18 ans pour la fille. Il faut aussi souligner
que les effets de l'émancipation subsistent en cas de dissolution du
mariage avant la majorité de l'époux émancipé.
28
personnalité morale, la personnalité civile, qu'ils se comportent comme
des êtres, des êtres intellectuels, des êtres moraux. A l'instar des êtres, des
hommes, ces être moraux peuvent acquérir, contracter, être titulaires de
droits, débiteurs d'obligation. Ce sont donc des sujets de droit.
Alors que les personnes physiques posent essentiellement des problèmes
de durée ou d'existence, les personnes morales, en raison même, de leur
différence de nature, vont poser des problèmes très différents qui
s'expliquent par leur histoire, leur variété et les différents régimes qui leur
sont applicables.
D'où l'examen de leur nature juridique, de leur classification et de leur
régime.
Section I : Classification des personnes morales
Il existe des personnes morales de droit public, de droit privé et de droit
intermédiaire, c'est à dire mixte.
P.1 - Personnes morales de droit public et de droit mixte
A- Les personnes morales de droit public
Il s'agit notamment :
- des circonscriptions territoriales : départements, communes, régions
- des établissements publics qui sont des services publics autonomes avec
- patrimoine et budget propres. (universités.).
- des ordres professionnels : ordre de médecins, d'avocats etc.
B - Personnes morales de droit mixte
Service ou régie - offices - sociétés d'économie mixte
- Personnes morales de droit public soumises aux règles de droit privé
- Egalement personnes morales privées soumises aux règles de droit public
- Ordre professionnel.
P. 2- Personnes morales de droit privé
Elles peuvent être :
- soit un groupement d'individus,
- soit un groupement de biens
A- Groupements d'individus
1- Les sociétés
Ce sont des personnes morales dont les membres, les associés, ont
convenu d'affecter des biens ou leur industrie à une entreprise commune,
en vue de partager le bénéfice ou de profiter de l'économie qui pourra en
résulter.
29
- société de commerce, si elle a pour objet une activité ou commerciale ou
si elle revêt une des formes prévues par la loi : sociétés des personnes,
de capitaux (personnalité à compter de l’immatriculation au registre du
commerce et du crédit mobilier)
- sociétés civiles (agrément- autorisation)
2- Les associations
L'association est un groupement dont les membres, les sociétaires,
poursuivent en commun un but autre que celui de partager le bénéfice :
- association non déclarée, quoique licite, n'a pas de personnalité morale
- association déclarée avec un patrimoine différent de celui des membres.
- association d'utilité publique, à capacité plus étendue que celle
simplement déclarée
30
Comme les personnes physiques naissent, vivent et meurent, les
personnes morales se constituent, fonctionnent et disparaissent.
P. 1- Constitution et fonctionnement des personnes morales
A- Constitution des personnes morales
- elle exige un certain nombre de formalité et nécessite un certain temps
- généralement, il y aura par la suite une intervention de l'Etat. Par
agrément, approbation, ou autorisation administrative, etc.
- Ensuite des mesures de publicité, surtout pour les sociétés et aussi pour
les associations.
Comme les personnes physiques, les personnes morales doivent être
identifiables. Elles le sont au moyen d'un nom, d'un domicile, d'une
nationalité, etc.
B- Fonctionnement
Les personnes morales ont un patrimoine distinct de celui de leurs
membres - ce qui permet l'examen de leur capacité et de savoir comment
sont exercés leurs droits.
1- Capacité des personnes morales
Les personnes morales n'ont jamais une totale capacité de jouissance,
d'après leur nature même. C’est ainsi qu’en droit ivoirien, pour avoir la
capacité juridique, toute association déclarée faire l’objet d’une insertion
au JORCI A défaut son action en justice doit être déclarée irrecevable1
Elles ne peuvent jouir de certains droits (mariage, adoption, etc). Ensuite,
elles sont limitées par la règle de la spécialité qui ne leur permet de jouir
que de certains droits et de n'accomplir que les actes correspondant
directement à leur objet.
- elles ont en revanche la possibilité d'ester en justice
- elles peuvent engager leur responsabilité civile
- elles disposent d'un pouvoir disciplinaire sur leurs membres.
2 - Exercice des droits
Les personnes morales ne peuvent agir que par l'intermédiaire de
personnes physiques. Toutefois, on ne parle pas de représentant légal mais
d'organe représentatif (directeurs, administrateurs, etc). C'est une
émanation de la personne morale.
L'activité des personnes morales est également soumise à un contrôle des
pouvoirs publics.
1
( Cour Suprême, ch jud, form civ et com, arret n 330 du 08§06/2006, in Rec jp CS/CNDJ 2008 p 95)
31
P. 2- Fin de la personnalité morale
Il y a différentes manières pour une personne morale de cesser d'exister.
- de plein droit : par la mort, la faillite ou l'incapacité d'un associé dans les
sociétés de personnes, ou par l'arrivée du terme s'il a été fixé.
- par la volonté des associés.
- par décision judiciaire, si son fonctionnement normal n'est plus possible ou
s'il est irrégulier.
- par la volonté du gouvernement, si la personne morale est liée à une
autorisation administrative qui est retirée.
- par la volonté du législateur, lorsqu'il estime que l'ordre public est menacé.
Il convient de noter cependant que la personnalité juridique est maintenue
pendant la période de liquidation de la personne morale.
Les obligations ont pour source les actes juridiques (contrats) et les faits
juridiques (événement volontaire ou involontaire dont résultent les
obligations à la charge de son auteur)
A l’instar des personnes physiques, les personnes morales exercent
également des activités commerciales. La personne morale n’est rien
d’autre qu’un groupement de personnes déclarés qui mettent en commun
32
un certain nombre de moyen pour profiter du résultat financier. C’est ce
groupement qui est appelé l’entreprise exploitée sous la forme de société
commerciale. Dans le cadre de ses activités, l’entreprise est assujettie à un
certain nombre d’obligations. Lesquelles obligations ont pour sources les
contrats ou actes juridiques et les faits juridiques.
33
24
(pour le rétablissement, voir C.A Abidjan 18-02-1977 : RID 1978. n° ¾ P. 5. Affaire SY Savané, dans laquelle
Savané Ousmane a obtenu le port de son véritable nom patronymique SY Savané).
25
(voir H. Blin, la survie des titres de noblesse dans le droit moderne, RTD Civ 1969. p. 369)
34