L’article 39 du Dahir relatif à l’organisation du notariat dispose : « Les notaires ou leurs intérimaires sont personnellement et pécuniairement responsables des dommages causés par leurs fautes professionnelles ou celles de leurs clercs ou employés. Il est institué un fonds d’assurance destine à garantir, en cas d’insolvabilité d’un notaire ou de son intérimaire, le paiement des sommes auxquelles il sera condamné envers les parties lésées. Ce fonds d’assurance est alimenté par un prélèvement de 5% sur les sommes versées au Trésor, par les notaires. L’action en garantie est prescrite si elle n’a été engagée dans les cinq années. 1 – La nature de responsabilité civile du notaire : La fonction notariale présente à la fois un aspect contractuel et un aspect statutaire et légal, d’où l’existence de deux responsabilités : contractuelle et délictuelle. Le caractère contractuel de la responsabilité du notaire s’apprécie, mais dans une bien moindre mesure, a l’occasion des différents mandats, le plus souvent tacites, qui lui sont confiés par les parties (tels l’accomplissement de formalités non obligatoires). Aussi, est-ce l’aspect délictuel qui est, par un souci de prudence, le plus souvent retenu en la matière par les Tribunaux (du moins français), du fait qu’il est régi par des normes des plus restrictives. 2 – Les modes d’exonération : En matière contractuelle, les règles sont plus souples dans la mesure où la liberté est la règle ; les parties ayant la possibilité de limiter les conséquences de leur responsabilité. En revanche, en matière délictuelle, les conventions visant à exonérer une personne de son éventuelle responsabilité ou à limiter le droit à réparation de la victime sont purement illicite. Le notaire dispose de la possibilité d’établir qu’il les a bien établies, et ce, grâce à la reconnaissance de conseils donnes, improprement dénommée « décharge de responsabilité ». B - Responsabilité pénale du notaire La responsabilité pénale du notaire est retenue en cas d’infraction a certaines interdictions qui lui sont faites, eu égard au risque que de tels comportements font courir a la clientèle et a l’atteinte portée à l’ordre public d’une manière générale. 1 – Les infractions liées à la rédaction des actes juridiques : Le faux en écriture publique ou authentique : une altération frauduleuse de la vérité de nature à causer un préjudice, accomplie dans un écrit. L’altération de la vérité peut prendre plusieurs formes, Il peut s’agir de : -fausses signatures ; - modification d’écritures existantes ; -ajout de mentions après signature d’un acte ; substitution de personne. Ainsi, si le faux peut être « matériel » ou « intellectuel » - Le faux en écriture publique commis par une personne dépositaire de l’autorité publique est ainsi puni de la réclusion perpétuelle. L’usage de faux public est puni par l’article 356 d’une réclusion de 5 à 10 ans. - Le faux en écriture privée, de commerce ou de banque : le faux en écriture de commerce ou de banque est puni d’une sanction de 1 à 5 ans d’emprisonnement, en plus d’une amende de 250 à 20.000 dhs. L’interdiction peut être éventuellement prononcée a l’encontre du notaire condamne. Le faux en écriture privée est puni de 1 à 5 ans de prison et d’une amende de 250 à 2.000 dhs. L’usage de faux est puni des mêmes peines. 2– Les infractions liées à la conservation des actes : En cas de détournement volontaire et la destruction des titres, effets et actes contenus dans les archives (réclusion criminelle de 10 a 20 ans). En cas de négligence du notaire, il est puni de 3 mois a 1 an d’emprisonnement. 3 – Infractions diverses Tout notaire est amené dans l’exercice de ses fonctions en sa qualité de dépositaire de fonds à percevoir des sommes d’argent, qui lui sont remises par ses clients afin de leur permettre de payer toutes sortes de droits, taxes, contributions ou impôts. – L’abus de confiance : lorsqu’une personne porte atteinte à la fortune d’autrui en détournant ou détruisant tout bien susceptible d’être soustrait et qu’elle a reçu à charge de conserver, de rendre, ou d’en faire un usage déterminé. Est puni par d’un emprisonnement d’un a cinq ans et d’une amende de 200 a 5.000 dhs. – l’escroquerie : est un délit qui tend à l’appropriation frauduleuse de la chose d’autrui. Elle est punie d’un a cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 500 a 5.000 dhs. La concussion : La perception indu des fonds. Est coupable de concussion et puni d’un emprisonnement de deux à cinq ans et d’une amende de 5.000 à 100.000 dirhams Le détournement : c’est la rétention indue des fonds. Est puni de la réclusion de cinq ans à vingt ans et d’une amende de 5.000 à 100.000 La conservation des archives : 4 – La responsabilité pénale du personnel du notariat Les clercs et collaborateurs du notaire sont punis par le code pénal pour tous les faits précités. Cependant, n’ayant pas la qualité d’officiers publics, leur responsabilité pénale est moins grave.
C - La responsabilité disciplinaire du notaire :
La discipline comme étant le devoir général qui s’impose aux notaires de ne compromettre en aucun cas par leur conduite publique ou privée, la dignité de leur fonction et la confiance qu’ils doivent inspirer. 1 – Faits engageant la responsabilité disciplinaire du notaire : Les manquements aux règles, notamment les interdictions énumérées par l’article 30 relatives aux opérations de spéculation, de commerce ou de banque, ainsi qu’à la détention d’intérêts soit directs soit indirects dans les opérations auxquelles les notaires prêtent leur ministère à la complicité de fraude fiscale, et enfin aux prêts et à la détention de fonds au-delà d’un mois, pour le compte des clients. Tout manquement par le notaire à l’un quelconque des devoirs précités entraine l’application d’un certain nombre de sanctions qui varient en fonction de la gravité de l’infraction commise. 2-Les peines disciplinaires : Sont divisées en peines de premier degré, avec l’avertissement et le blâme avec inscription au dossier et en peines du deuxième degré, aux conséquences plus graves, avec la mise en disponibilité d’office et la révocation, en tant que solution extrême. a - Les peines du premier degré : Les peines disciplinaires du premier degré, dite d’intérieure qui sont les seules prononcées par le procurer général du Roi sont : -L’avertissement : cette peine, qui est la moins grave, doit être appliquée textuellement, il n’y a pas d’expressions équivalentes, le procureur général excéderait ses pouvoirs en prononçant une autre peine. -Le blâme avec inscription au dossier : est une peine purement morale, dont les termes ne peuvent être remplacés par d’autres, elle est infligée et consignée dans le dossier du notaire. La lecture de la décision donnée au notaire ne doit être accompagnée d’aucune observation. b – Les peines du deuxième degré Le tribunal a compétence pour infliger à l’encontre d’un notaire fautif, l’une des deux peines disciplinaires qui sont la mise en disponibilité d’office, la révocation. En effet, le notaire mis en disponibilité ou révoqué doit cesser ses fonctions dès que la décision prononçant l’une ou l’autre de ces peines, est passée en force de chose jugée. La mise en disponibilité (STRICTO SENSU) relève de la compétence exclusive du tribunal de première instance.
II : Les principales obligations du notaire
Notre étude sera consacrée aux obligations suivantes : Les obligations postérieures à la rédaction de l’acte et le respect du secret professionnel. A : Les obligations postérieures à l’acte Le notaire qui vient de recevoir un acte commence par conseiller les parties, procède au contrôle de routine et enfin instrumenter l'acte en question. En effet, le notaire est tenu d’effectuer postérieurement la réception de l’acte à un certain nombre d’obligations à savoir : 1) L’enregistrement de l’acte : cette obligation fait partie du rôle légal du notaire, elle est une obligation impérative qui finalise la mission d’authenticité. Elle est exigée dans un double but : permettre à l’administration de contrôler les actes notariés pour se prévenir de certains abus et de permettre la perception de l’impôt appelé droits d'enregistrement et droits de mutation. 2) La publication ou l’inscription de l’acte : tout acte portant constitution, transmission ou extinction d’un droit réel ou concernant un immeuble soumis par le notaire à la formalité de publication ou d’inscription à l’instar de l’enregistrement, cette obligation est primordiale et son omission constitue une faute professionnelle du notaire et il devra ainsi payer des dommages et intérêts non seulement à ses clients mais également aux tiers qui auraient pu subir un préjudice du à ce fait. Même une publication tardive peut être la source de la mise en œuvre de la responsabilité du notaire lorsqu’il s’agit d’un contrat solennel tel que la constitution d’hypothèque. 3) La conservation de l’acte : les notaires rédigent des conventions souhaitées par les parties. Ils sont donc « les gardiens de leurs écrits ». Les conserver fait partie de ses obligations car ils constituent les instruments de preuves de la volonté des parties et il faut les préserver. Il lui est interdit de s’en dessaisir si ce n’est dans certains cas ou en vertu d’un jugement, il est tenu également de garder tous les actes qu’il reçoit, seule la force majeure peut l’exonérer de la détérioration ou de la disparition des minutes contenues dans son étude. 4) La communication des actes : Il existe deux situations, la communication faite aux personnes concernées et celles faite aux personnes non concernées. Pour ce qui est de la première elle concerne essentiellement ceux qui sont liés directement par l’acte et le refus du notaire d’y procéder pourrait aboutir à l’engagement de sa responsabilité professionnelle quand à la seconde, elle vise les personnes qui ont indirectement un intérêt dans celui-ci, parmi ses tiers nous trouvant : les administrateurs judiciaires, les mandataires liquidateurs. L’enjeu de la communication des informations et documents est plus sensible lorsque le notaire se trouve confronté à l’administration fiscale et surtout dans la pratique marocaine car le notaire est soumis au double contrôle des agents de la direction des finances et des magistrats du parquet. Cette obligation se trouve souvent à la limite du secret professionnel
B : Le respect du secret professionnel par le notaire :
Le devoir du secret professionnel est inhérent à la fonction du notaire, il est doté d’une totale autonomie par rapport aux deux missions principales de ce dernier à savoir le conseil et l’authentification. C’est un devoir légal implicite qui conduit à la mise en cause quasi automatique de la responsabilité du notaire qui ne l’a pas respecté. L’article 7 du règlement national des notaires précise que « le secret professionnel notarial couvre tout ce qui est tenu à la connaissance du notaire dans l’exercice de sa profession ». Ainsi, sauf autorisation expresse du client, le secret professionnel reste imposé au notaire et protège tous les faits dont il peut avoir connaissance dans l’exercice de ses fonctions ou pour instrumenter un acte qui lui a été confié. Donc le notaire est tenu au silence et à la discrétion afin de protéger les intérêts des personnes qui font appel à lui.