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Plan

Introduction

Première partie : La notion de la responsabilité pénale des personnes morales

Chapitre 1 : Personnes concernées


Section 1 : Personnes privées
Section 2 : Les personnes publiques

Chapitre 2 : Les types d'infractions et les conditions de mise en oeuvres de la responsabilité


pénale des personnes morales

Section 1 : Les types d'infraction


Section 2 : les conditions de mise en oeuvres de la responsabilité pénale des personnes
morales

Deuxième partie : Le cadre juridique de la responsabilité pénale des personnes morales

Chapitre 1 : Les sanctions applicables


Section 1 : Les peines applicables
Section 2 : Les mesures de prévention

Chapitre 2 :

Section 1 : Les causes d'impunités des personnes morales


Section 2 : L 'impression résultant de l'article 127 du doc

Conclusion
Introduction
« Les personnes morales n’ont ni chair, ni sang pourtant elles ont des organes. Elles n’ont pas
de sentiments, pourtant, elles ont une volonté. Elles sont invisibles, pourtant, elles agissent et
peuvent même se voir reprocher leur inaction. Elles n’ont pas de domicile, pourtant, elles ont
un siège… ». Emmanuel Dreyer.

Historique
La responsabilité pénale des personnes morales au Maroc a connu une évolution significative
au fil du temps. Historiquement, le système juridique marocain reconnaissait uniquement la
responsabilité pénale des personnes physiques, considérant que seules les personnes
physiques étaient capables de commettre des infractions pénales.
Selon le droit pénal musulman et le droit coutumier, la personne morale ne peut pas être
responsable pénalement, la théorie de responsabilité pénale de la personne morale s’est
instaurée avec le droit pénal positif.
L’histoire de la jurisprudence marocaine dans la matière a été marquée par l’arrêt de la cour
suprême en 19601 qui était le premier à évoquer le terme de « responsabilité pénale de
personne morale » face à un vide juridique en matière répressive. Sauf qu’avant cet arrêt, le
dahir de 30 Aout 1949 relatif à la répression des infractions à la réglementation des changes a
touché, indirectement, cette responsabilité par son article 13 qui dispose que : « Lorsque les
infractions à la réglementation des changes sont commises par des administrateurs, gérants ou
directeurs d'une personne morale, ou par l'un d'entre eux agissant au nom et pour le compte
de la personne morale, indépendamment des poursuites intentées contre ceux-ci, la personne
morale elle-même pourra être poursuivie et frappée des peines pécuniaires prévues au présent
dahir.»2

D’une manière plus simplifiée, c’est le sens de l’irresponsabilité pénale des personnes
morales qui était fréquent pendant le protectorat, Il fallut donc attendre jusqu'à 1962, date de
promulgation du premier code pénal unifié, pour que ce type responsabilité pénale soit
réglementé concrètement par l’article 127 « Les personnes morales ne peuvent être
condamnées qu'à des peines pécuniaires et aux peines accessoires prévues sous les numéros
5, 6 et 7 de l'article 36. Elles peuvent également être soumises aux mesures de sûreté réelles
de l'article 62»3

Définition juridique

1 La responsabilité pénale des personnes morales ne peut être retenue que si elle est expressément prévue par la
loi. Arrêt de la cour suprême n°659, chambre criminelle, rendu le 2 Juin 1960.

2 Dahir du 5 kaada 1368 (30 août 1949) relatif à la répression des infractions à la réglementation des changes ,
tel qu’il à été modifié et complété par le dahir du 25 moharrem 1371 (27 octobre 1951) .

3 Article 127 du code pénal, version consolidée en date du 15 septembre 2011


La responsabilité pénale consiste à répondre en justice du dommage causé par la
contravention à une norme légale pénale censée protéger l'ordre public.
Une personne morale est un groupement doté de la personnalité juridique. On distingue :
Les personnes morales de droit public : l'État, les collectivités territoriales, les établissements
publics... ; les personnes morales de droit privé : les plus courantes étant les sociétés privées,
les sociétés civiles, les groupements d'intérêt économique, les associations.

Intérêt :
L'étude de notre sujet apportera sur le plan pédagogique une nouvelle connaissance sur la
responsabilité des personnes morales, en plus de parler des sanctions nous allons essayer de
mettre en lumière l'étendue et les limites des sanctions contre ces auteurs d'infraction. Une
étude qui va nous permettre d'analyser en profondeur la question de responsabilité des
personnes morales.

Problématique :
Malgré les sanctions imposées par le code pénal, il est de notre devoir de nous demander si
réellement ces sanctions arrivent à dissuader les personnes morales contre ces infractions ?
Est-ce que ces sanctions sont efficaces ?

Annonce du plan :
Dans les lignes qui vont suivre nous allons tenter de différencier d'abord les personnes
morales ensuite parler des sanctions et des conditions des infractions et enfin analyser la
question de sanction efficace.
Première partie : La notion de la
responsabilité pénale des personnes
morales

Chapitre 1 : Les personnes concernées


Est considérée comme délinquant, toute personne participant à la commission de l’infraction
par n’importe quel moyen et dans n’importe quelle phase, que ce soit au niveau de
l’élaboration du dessin criminel, au niveau de l’exécution de l’élément matériel, ou au après
la consommation de l’infraction. Ce délinquant peut être soit personne physique soit personne
morale.
Une personne morale est un groupement de personnes ou de biens auquel la loi attribue la
personnalité juridique. Il existe trois catégories de personnes morales : premièrement, Les
personnes morales de droit public, qui relèvent du droit public et administratif comme l'État
et les collectivités territoriales. Deuxièmement, les personnes morales de droit mixte qui se
présentent sous forme d’établissements publics industriels et commerciaux, exemple :
entreprises nationalisées, ordres professionnels, etc. Et enfin, les personnes morales de droit
privé, qui relèvent du droit privé civil ou commercial comme les associations et les sociétés
commerciales.

Section 1 : Les personnes morales de droit privé :

Ils peuvent être, à titre d’exemple, les sociétés, les associations, les syndicats ou encore les
groupements d’intérêt économique (G.I.E).
Les personnes morales de droit privé dont la responsabilité pénale est engagée :
S’agissant des personnes morales de droit privé, Il peut s’agir de toute société, commerciale
ou civile, d’associations à but non lucratif, de partis politiques, de syndicats, etc. Peu importe
la nationalité de la personne morale puisque la loi pénale marocaine s’applique pour les
infractions commises sur le territoire marocain. Ainsi, une personne morale peut être
poursuivie soit pour une infraction consommée ou pour une infraction intentée, soit comme
auteur ou complice.

Les personnes morales de droites privées dont la responsabilité pénale est exclue :
Les sociétés en formation ne peuvent être responsables pénalement a priori. Toutefois, si une
fois créée elle profite des infractions commises, la personne morale pourra être condamnée
pour blanchiment ou recel de ces infractions. Il arrive que ces actes soient repris au nom de la
personne morale et par elle. Si l’infraction est réitérée à cette occasion, la personne morale
sera responsable pénalement pour la deuxième infraction commise.

La société absorbante ne peut être poursuivie pour les infractions commises par la société
absorbée puisque ce n’est pas la même personne morale ; de même pour la société absorbée,
puisque celle-ci n’a plus d’existence juridique et donc plus de personnalité juridique
permettant l’engagement de la responsabilité pénale. La société absorbante ne peut être que
civilement responsable. C’est la même réponse pour une fusion, en cas de fusion de
personnes morales (A et B ayant commis une infraction fusionnent la société C) , la nouvelle
personne morale (C ) ne peut pas être responsable à l’infraction commise par ( A et B), Le
juge se réfère dans ce cas au critère du « temps » : la date de la commission de l’infraction
par rapport à la date de la fusion des sociétés.

En droit pénal des sociétés, il n ya pas de responsabilité pénale pour les sociétés créées de fait
et les sociétés en participation, seules les sociétés dotées de la personnalité morale peuvent
voir leur responsabilité pénale engagée.
De même, la disparition d’une personne morale empêche toute poursuite pénale à son
encontre.
Cependant, les sociétés en cours de dissolution peuvent être pénalement responsables : elles
peuvent être poursuivies pour des faits antérieurs à la dissolution, mais aussi pour des faits
commis pendant la période de liquidation4.
Et tout comme les personnes physiques, en cas de pluralité de sociétés ayant commis une
seule infraction, les principes de complicité et de coaction peuvent jouer leurs rôles en
s’adaptant à la mesure des personnes morales. On peut même considérer que la peine de

4 La responsabilité des personnes morales par Caroline Fevrier, Master droit des affaires ( Aix en provence ),
Master 2 droit européen comparé ( Paris II ) Master du CELSA, mise à jour 10-mars-2023
dissolution prononcée à l’encontre de la personne morale est équivalente à la peine de mort
prononcée à l’encontre des personnes physiques5.

Section 2 : Les personnes morales de droit public :


Il peut s’agir d’établissements publics ou de collectivités territoriales, les établissements
publics etc.
Les personnes morales de droit public exclues :
Il y a une seule exclusion qui est l’Etat en raison du principe de séparation des pouvoir car
l’autorité judiciaire n’a pas à connaître des actions ou omissions de l’Etat dans l’exercice de
ses autres fonctions ; il a le monopole de la force publique. Exclusion également en raison du
fait que les peines pécuniaires n’auraient eu aucune portée puisque cela reviendrait à ce que
l’Etat se paye lui-même, ou de même pour les peines restrictives de droit qui auraient été
difficiles à appliquer.

Les personnes morales de droit public concernées :


La loi stipule que « (...) les Collectivités Territoriales et leur groupement, ne sont
responsables pénalement que des infractions commises dans l’exercice d’activité susceptible
de faire l’objet de convention de délégation de Service Public ».
Donc une responsabilité limitée, car certaines entités publiques exercent des activités
susceptibles d’être exercées par des personnes morales de droit privé, il fallait donc aménager
des exceptions afin de rétablir un certain équilibre entre ces personnes morales et celles de
droit privé. Ainsi, le législateur a choisi d’engager la responsabilité pénale de ces entités
lorsque celles-ci pouvaient faire l’objet d’une convention de délégation de service public.

En outre, il est important de noter que certaines lois spécifiques prévoient des dispositions
particulières concernant la responsabilité pénale des personnes morales de droit public. Par
exemple, dans le domaine de la lutte contre la corruption, des réglementations spécifiques
permettent d'engager la responsabilité pénale des entités publiques en cas de pratiques de
corruption, le dahir n" 1-15-65 du 9 juin 2015 portant promulgation de la loi n" 113.12
relative à l'instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption

5 La politique de l’incrimination des personnes morales, Amine MOQRAN étudiant au cycle de master FSJES
OUJDA
Chapitre 2 : Les types d'infractions et les conditions de mise en
oeuvre de la responsabilité pénale

Section 1 : Les types d'infractions


La responsabilité pénale d’une personne morale peut être engagée pour tout type d’infraction,
qu’il s’agisse d’une contravention, d’un délit ou d’un crime. L’ensemble des modalités de
commission de l’infraction sont visées : ainsi, une personne morale peut être condamnée pour
complicité au même titre qu’une personne physique.
En pratique, les infractions pour lesquelles les personnes morales sont les plus susceptibles
d’être condamnées sont les infractions économiques (pratique commerciale trompeuse,
corruption, exercice illégal de certaines professions…), comptables (soumission de comptes
inexacts…), financières (blanchiment d’argent, infractions boursières) ou encore les
infractions au droit du travail (discrimination, harcèlement moral ou sexuel, travail illégal,
etc.).6
A- les infractions de droit commun pouvant s’appliquer au secteur financier et
d'affaires.

L’Abus de confiance :
L’abus de confiance est prévu dans l’article 547 du code pénal marocain c’est une infraction
pouvant être commise aussi bien par les personnes physiques que les personnes morales. Elle
peut être définit comme le fait de détourner, de détruire tout bien susceptible d’être soustrait
et qu’on a reçu à charge de le conserver, de le rendre, de le représenter ou d’en faire usage
déterminé, cette infraction fait apparaître de nombreux éléments qui se répartissent en
conditions préalables et en éléments constitutifs.

L'Émission du chèque sans provision :


Les personnes morales peuvent bénéficier de l’ouverture d’un compte aussi bien que les
avantages qui vont avec comme attribution du chèque. Partant de l’idée que la personne
morale est incapable d’exécuter des actes et activités sans l’intervention des personnes
physiques.

6 https://aideauxtd.com/la-responsabilite-penale-des-personnes-morales/
La doctrine estime que l’émission d’un chèque sans provision est une infraction
intentionnelle qui nécessite la volonté de l’auteur d’émettre le chèque en connaissance de
l’inexistence de la provision, la volonté et la connaissance sont donc des critères
caractéristiques appartenant à la personne physique qui est aussi capable de connaître si la
personne morales a suffisamment de provision. Cette position de la doctrine défend cette idée
de responsabiliser la personne physique seule, en s’appuyant sur le fait que le législateur avait
pour objectif en instaurant ces dispositions de réprimer les émetteurs du chèque sans
provision et réprimer les délinquants responsables de la création des sociétés fictives et
exerçant des activités contraires à la loi sous la couverture de la personne morale.
B- Les infractions spécifiques appliquées au secteur financier des affaires :

La banqueroute.
Pour les personnes visées par cette infraction, le code de commerce marocain (articles 702 et
721) vise toute personne physique ayant la qualité de commerçant, par contre en France ça
concerne la personne physique quel que soit son activité professionnelle indépendante y
compris les professions libérales. Sont concernées également les dirigeants de droit ou de fait
des personnes morales de droit privé et les représentants permanents des personnes morales.
En code pénal marocain dans ses articles 556 et suivant, le législateur n’a fait aucune
référence à la possibilité de retenir la responsabilité des personnes morales dès lors il est
apparent que ces dernières sont à l’abri d’être auteur du délit de la banqueroute. Tandis que le
législateur français a reconnu la possibilité de rendre une personne morale responsable d’une
telle infraction.7
La contrefaçon :
La contrefaçon consiste en la violation d’un droit de propriété intellectuelle protégé par la loi,
notamment par l’action de reproduire par copie ou imitation une création, une invention, une
arnaque ou un modèle protégé par un droit de propriété intellectuelle.
La contrefaçon figure parmi les infractions les plus commises par les personnes morales et
particulièrement les sociétés.

Section 2 : les conditions de mise en oeuvre de la responsabilité pénale

7https://www.village-justice.com/articles/responsabilite-penale-des-personnes-morales-
maroc,30722.html
Ayant la personnalité juridique et susceptibles d'être titulaires de droits et obligations, la
question est de savoir si une infraction matériellement commise par une personne physique
peut engager la responsabilité de la personne morale elle-même ?

Le Code pénal marocain ne détermine pas les conditions pour engager la responsabilité
pénale d’une personne morale. En se référant au droit comparé et plus précisément aux
législations qui admettent la responsabilité des personnes morales, on peut soulever la
particularité d’être à la fois indirecte et personnelle.

Cependant deux conditions doivent être réunies pour qu’une personne morale soit considérée
comme responsable pénalement :

● Les faits reprochés doivent avoir été commis par un organe ou par un représentant de
la personne morale ;
● L'infraction doit avoir été commise pour le compte de la personne morale.

1- Les faits reprochés doivent avoir été commis par un organe ou par un représentant
de la personne morale ;
L’infraction doit avoir été commise par un organe ou par un représentant de la personne
morale. Les organes sont les personnes désignées par la loi ou par les statuts de la personne
morale pour agir au nom de celle-ci. Par exemple, dans une SARL, l’organe est le ou les
gérants.
Les représentants, quant à eux, sont les personnes habilitées à agir pour le nom et pour le
compte de la personne morale, notamment à l’égard des tiers (administrateurs provisoires,
salariés ayant reçu une délégation de pouvoirs…)
Pour être déclaré pénalement responsable, l’organe ou le représentant auteur des faits doit
avoir été identifié précisément (Cass.crim, 6 sept. 2016). Cette condition est régulièrement
rappelée par la jurisprudence. Ainsi, une personne morale ne peut être condamnée sans que
l’organe ou le représentant ayant commis les faits reprochés ne soit connu.Si l'auteur de
l'infraction n'a pas pu être identifié, la Cour de cassation retient la responsabilité pénale de
l'entreprise si les faits peuvent être imputables à ses organes ou représentants (cass. Crim. Du
20 juin 2006, Sollac Lorraine : chute mortelle d'un salarié d'une passerelle métallique non
entretenue et non signalée dangereuse). Ne pas exiger l’identification d’une personne
physique serait indirectement admettre qu’une personne morale puisse directement
commettre une infraction sans l’intervention d’un organe ou d’un représentant, ce qui serait
une erreur8.
Ainsi, la responsabilité des personnes morales est une responsabilité par représentation, une
personne physique va agir matériellement pour la personne morale. Il existe donc toujours
une personne physique qui va agir pour la personne morale.
En d’autres termes, si la faute est commise par une personne qui n’est ni un organe, ni un
représentant, la responsabilité pénale de celle-ci ne peut pas être engagée.
Si la responsabilité du chef d'entreprise ne peut être mise en œuvre qu'en cas de faute
caractérisée, une faute simple suffit à engager la responsabilité de la personne morale.

On conclut donc que sa responsabilité est une responsabilité subséquente ou par ricochet dans
la mesure où elle ne peut être mise en cause que par les actes de ses dirigeants.
2- L'infraction doit avoir été commise pour le compte de la personne morale :
Cette condition s’entend de manière souple. Elle signifie que l’infraction commise doit avoir
été réalisée dans l’intérêt exclusif de la personne morale, et non pas celui de l’organe ou du
représentant auteur des faits.
L'organe ou le représentant a agi au nom de la personne morale. L'action pour le compte de
la personne morale se matérialise par un intérêt que la personne morale retire de cet acte : un
profit ou la réalisation d'une économie. Mais il semble qu'il puisse aussi simplement s'agir
d'un acte commis pour assurer l'organisation, le fonctionnement ou l'objet de la personne
morale. L'infraction commise au seul profit personnel de l'organe ou du dirigeant de la
personne morale n'engage pas cette dernière. Exemple :un gérant de société achète des
marchandises qu'il sait volées et les entrepose dans les locaux de son entreprise. S'il a acheté
les marchandises pour son compte personnel afin de les écouler à son seul profit, sa société
n'est pas pénalement responsable des faits. Par contre, si ces marchandises ont été achetées
pour le compte de la société afin qu'elle les commercialise à son profit, elle sera pénalement
responsable.

Deuxième partie : Le cadre juridique de la responsabilité pénales des


personnes morales
Chapitre 1 : Les sanctions applicables

8 www.juristudes.com la responsabilité pénale des personnes morales.


Section 1 : Les sanctions prévues par la loi.
Le devoir de punir représente avant tout l’obligation morale de l’Etat de s’ériger en arbitre
pour rendre une justice impartiale et rassurer les citoyens dans leur conviction que l’Etat est
en mesure d’appliquer un droit équitable et de faire respecter les lois.
Le régime actuel prévoit déjà, outre l’amende qui est la peine principale commune à toutes
les infractions commises par les personnes morales, d’autres peines appelées « peines
accessoires ».
Ces peines sont prévues par les alinéas 5, 6 et 7 de l’article 36 du code pénal à savoir :
La confiscation partielle des biens appartenant au condamné, indépendamment de la
confiscation prévue comme mesure de sûreté par l’article 89 ;
La dissolution d’une personne juridique prévue aussi par l’article 47 du CP entraîne la
cessation de l’activité sociale et la liquidation des biens sociaux.
La publication de la décision de la condamnation : la publication intégrale ou par extraits de
la décision de condamnation dans un ou plusieurs journaux ou bien son affichage de sorte
qu’il arrive à la connaissance du public, constitue une véritable menace pour l’avenir
professionnelle de la personne morale.
La fermeture d’établissement : cette mesure peut être prononcée que l’établissement soit
commercial, industriel ou qu’il soit affecté à une autre activité professionnelle. Lorsque la
fermeture du local est prononcée à titre temporaire, elle ne peut, sauf disposition contraire,
être inférieure à dix jours, ni supérieure à six mois. La fermeture, définitive ou temporaire
d’un établissement commercial ou industriel est prévue dans l’article 90 du code pénal.
D'autres règlements applicables :
Le dahir n" 1-15-65 du 9 juin 2015 portant promulgation de la loi n" 113.12 relative à
l'instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption : Cette loi
a été publiée 20.08.2015 et vise à prévenir et combattre la corruption sous toutes ses formes.
Elle établit des dispositions pénales et des sanctions pour les actes de corruption, ainsi que
des mécanismes de prévention et de contrôle.

_ La loi 43-05 relative à la lutte contre le blanchiment d’argent,

Section 2 : Les mesures préventives


Chapitre 2 :
Section 1 : Les causes de l 'impunité de la personne morale.
Ces causes d'impunité se retrouvent dans le cas où l'action publique est éteinte ou encore dans
le cas où la personne morale est irresponsable.
L’extinction de l’action publique : les articles 49 et 93 du code pénal font de la mort du
condamné, de l’amnistie, de l’abrogation de la loi pénale, de la transaction, de la prescription
et de la grâce des causes anticipées d’extinction des peines.
Les délais de prescription sont déterminés par les articles 5 et 649 et 651 du code de la
procédure pénale.
Les peines criminelles se prescrivent par l’écoulement d’un délai de 15 ans après la date de la
condamnation devenue irrévocable. La prescription des peines contraventionnelles intervient
un an après la date de la décision de condamnation ayant acquis autorité de la chose jugée.
Pour les peines délictuelles, le délai de prescription fixé à 4 ans peut être supérieur et
demander l’écoulement d’un délai égal à celui de la peine à laquelle, conformément à la loi,
l’auteur du délit a été définitivement condamné.
Enfin la prescription fait obstacle à l’exécution de la sanction concernée mais laisse subsister
la condamnation avec l’ensemble de ses conséquences juridiques (casier judiciaire, récidive,
sursis).
Les causes d’irresponsabilité de la personne morale :
On trouve tout d’abord le cas de l’infraction commise par un délégataire. La doctrine est très
divisée au sens du terme : est-ce une représentation au sens du droit civil, mais alors le
délégataire ne sera pas toujours un représentant car la délégation n’apporte pas
systématiquement mandat d’accomplir des actes juridiques pour autrui. Est-ce au contraire,
une représentation plus souple, auquel cas le délégataire sera un représentant et la
responsabilité pourrait remonter.
Il y a également le cas de la disparition d’une personne morale, et à cet égard il faut faire la
distinction entre les cas de la disparition normale de la société, pour les cas prévues par la loi,
et les cas de liquidation judiciaire. La situation est différente dans le cas d’une disparition par
fusion absorption ou l’une des deux sociétés disparaît et/ou son patrimoine est dévolu à la
société absorbante ou à une société nouvelle9.

Section 2 : L’impression résultant de l'article 127 du code pénal marocain


Sur le champ des peines, la panoplie pénologie consiste que la personne morale ne peut être
condamnée qu'à des sanctions pécuniaires et aux peines accessoires déterminées par l'article
36 du code pénal, ainsi qu'aux mesures de sûreté prévues par l'article 623. Sauf qu'au niveau
de la pratique juridique, l'article 127 marque son insuffisance dans la mesure où il ne répond
qu'à la question de punissable pénale de personnes morales tout en gardant silence devant les
questions de champ d'application, d'imputabilité, menant à poser plusieurs ambiguïtés pour
les praticiens de droit comme les avocats et le juge pénal. En d'autres termes, pour les grands

9https://www.village-justice.com/articles/responsabilite-penale-des-personnes-morales-
maroc,30722.html
pénalistes marocains, le législateur a admis le principe de cette responsabilité sans y trancher
les conséquences d'application.

D'autre part, l'imprécision résultant de l'article 127 réside au niveau de l'infraction elle-même.
Par la lecture du code pénal, on trouve que la plupart des infractions ne font l'objet qu'à des
incriminations privatives de liberté, ajoutons ainsi, que plusieurs autres infractions ne peuvent
se réaliser, matériellement, que par des personnes physiques ; le meurtre à titre d'exemple
nécessite un acte matériel se traduisant par des coups portés directement ou par
l'intermédiaire d'une arme quelconque sur une personne en vie. Le vol se matérialise par l'acte
de la soustraction.... Ces exemples nous conduisent vers l'impossibilité d'imaginer une telle
infraction concrète matériellement commise par une personne abstraite physiquement.

Au niveau de la technicité législative, la deuxième faute commise par le législateur se


manifeste par le manque d'innovations rattachées à l'élaboration de l'article 127, l'approbation
de la responsabilité pénale des personnes morales exige une vaste modification pour les
autres articles figurant au sein du code pénal, afin de comptabiliser les termes avec les
principes généraux du droit pénal. On peut donc dire que le législateur répressif a posé
l'article 127 sans modifier les autres articles, cet état de fait a donné comme résultat une
stigmatisation de la responsabilité pénale des personnes morales par les praticiens qui la
considèrent comme une simple exception10.

Dans le cadre du droit comparé, notamment en droit français, le législateur était plus
dynamique malgré son retard pour l'institutionnalisation de cette responsabilité. La situation
juridique n'était pas identique à la situation marocaine vu que la loi pénale française était plus
réglementée par l'instauration du << principe de spécialité >> qui n'existe pas en droit
marocain.

Conclusion
On pense que l'article 127 du code pénal marocain ne peut servir de base juridique à lui seul
et en même temps de référence unique au régime de la responsabilité. Il est nécessaire de
distinguer les personnes morales concernées par les dispositions, de clarifier la situation des
groupements sans personnalité juridique et de définir la nature de l'objet du crime.

Il est temps d’adopter clairement, par un texte de loi, le système de dualité des peines
(poursuivre en même temps les individus responsables et la personne morale).

10 La politique de l’incrimination des personnes morales, Amine MOQRAN étudiant au cycle de master FSJES
OUJDA

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