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UNIVERSITE MOHAMMED V -RABAT

Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et sociales


RABAT-Agdal

Master sciences juridiques 2023/2024

L’impact des doctrines pénales sur le droit pénal Marocain

Encadré Par : Pr. EL FERKLI Aida

Réalisé par :

EL BITTIOUI Khaoula, EL HAFEDI Meryem & DOUKKALI Mohammed Amine


Plan

I. Les principes essentiels de droit pénal au profit de l’Etat


de droit

A. Les principes fondamentaux du droit pénal

B. Les principes du droit pénal au cœur du code pénal actuel

II. Les principes essentiels de droit pénal en faveur du


citoyen

A. Les origines juridiques des principes en faveur du citoyen

B. la mise en œuvre des principes dans le droit pénal


Introduction
Toute société doit organiser un système de réaction face à la criminalité. Le droit pénal, ou
droit criminel, participe à cette réaction en sanctionnant les comportements qui portent
atteinte aux valeurs sociales qu’il protège. Le droit pénal général doit être doublement
appréhendé d’un point de vue statique, quant à son contenu, mais aussi d’un point de vue
dynamique, dans ses rapports avec les autres disciplines criminelles. Le droit pénal est la
branche du droit privé qui a pour objet d’étudier les comportements et les actes des individus
au sein d’une société par des règles impératifs qui s’impose sur toutes les personnes. Aussi,
c’est une discipline qui fait l’étude de l’ensemble des infractions et les sanctions pénales.
Dans l’univers criminel, il existe une multitude de valeurs qui se trouvent à la base des faits
juridiques en matière pénale. L’étude de ces derniers a pour but la recherche des causes à
l’origine des phénomènes. La philosophie pénale veut donc dépasser le légalisme du droit
pénal, son lien serré avec la loi. En conservant la rigueur des sciences juridiques, elle cherche
les vraies explications qui portent sur la nécessité de punir, elle cherche à élucider un des
piliers du droit formel. Le droit pénal punit l’auteur de l’infraction à travers les actes mis en
œuvre par ce dernier. La philosophie s’occupe d’approfondir la situation existentielle de
l’Homme comme créateur ou récepteur de ces valeurs qui se trouvent à la base de la
formation de l’univers pénal. La philosophie pénale cherche à expliquer les valeurs qui
donnent un sens à la légalité du droit et à la moralité de la communauté.et vouloir expliciter
les règles pénales fondatrices de la sanction. Elle s’adresse à l’art du juste, celle des jugements
de valeur, afin de qualifier les infractions et les sanctions à celles-ci attachées. Autrement dit,
par le biais de son raisonnement, on constate la légitimité ou l’illégitimité de la peine à un
niveau ultérieur à celui de la loi. La philosophie pénale a connu plusieurs philosophies qui ont
amélioré le champ pénal commençant par GAROFALO (Raffaele) - Magistrat et criminaliste
italien (1851 – 1934). Acquis aux idées lancées par Lombroso* et par Ferri*, il a donné sa
forme juridique au positivisme. C’est d’ailleurs lui qui, avec son œuvre principale intitulée «
La criminologie » (1885), a donné son nom à cette discipline nouvelle. Garofalo considère
que La société ne s’inquiète pas du crime autant qu’elle le devrait, ni à l’égard de la victime,
ni à l’égard de la prévention. Aussi estiment que la société a le devoir de se défendre contre le
crime (le criminel est un microbe qui menace la santé du corps social). Ainsi apparaît la
notion de défense sociale, qui donne la priorité à la protection de la société, mais qui doit être
recherchée suivant des voies nouvelles. Puis le pénaliste Marc Ancel (1902-1990) Marc
Ancel, magistrat de formation, s’était beaucoup intéressé au droit pénal comparé, mais surtout

1
s’est rendu célèbre par son ouvrage : la défense sociale nouvelle (un mouvement de politique
criminelle humaniste) publié en 1954 et traduit dans de nombreux pays. Ancel considérée la
peine comme instrument d’une politique criminelle réaliste et efficace au service du bien
commun, et qu’à ce titre, il convient de lui assigner pour fonction primordiale la réadaptation
sociale du délinquant mouvement de défense sociale considère qu’il faut se livrer à un
examen critique des institutions répressives et ensuite une réflexion sur la règle pénale elle-
même. Mais surtout, il estime que le domaine est beaucoup plus large que celui du droit pénal,
puisqu’il porte, non seulement sur le délit et sur la peine, mais aussi sur la prévention de la
délinquance, ainsi que sur l’application et sur les lendemains de la sanction. On trouve aussi,
le droit de punir chez Beccaria. Beccaria s’inscrit pleinement dans la philosophie politique des
Lumières qui fonde la légitimité du droit de punir sur le principe de nécessité. Ce lien entre
nécessité et droit de punir résulte du «contrat social » conceptualisé par Rousseau selon lequel
le droit de punir est fondé sur le «don», une portion de sa liberté individuelle par chaque
citoyen au souverain afin de garantir la sécurité collective des biens et des personnes et ainsi
de satisfaire le bien commun. C’est donc l’ensemble de ces portions de liberté qui forme le
droit de punir et non la force de l’État. A travers c’est la philosophie pénale qui décolle les
principes fondamentaux du droit pénal. Nous envisagerons successivement le principe
d’égalité, le principe de responsabilité personnelle, le principe de nécessité, le principe de
légalité et de clarté, le principe de non-rétroactivité et le principe de spécificité du droit pénal
des mineurs. Partant de là, quel est l’impact des doctrines pénales sur le Droit pénal
Marocain ?

Il serait judicieux d’étudier en premier lieu les principes essentiels de droit pénal au profit de
l’Etat de droit avant de mettre en exergue en deuxième lieu, les principes essentiels de droit
pénal en faveur du citoyen.

2
I. Les principes au profit de l’Etat de droit
Il existe des principes fondamentaux du droit pénal (A), des principes qui sont au cœur du
code pénal actuel (B)

A. Les principes fondamentaux du droit pénal


Principe de non nuisibilité : le principe d’absence de préjudice est un principe fondamental
du droit pénal. Il permet aux législateurs, principalement aux juges, d’enquêter sur les actes
qui portent préjudice à des tiers de manière indiscriminée (psychologique, physique ou
matérielle). Il s’agit d’un vaste cadre juridique qui permet de freiner et d’identifier la
survenance de crimes jusqu’alors inconnus, bien qu’ils ne soient pas définis par la loi. Le
principe de non-nuisibilité est là pour endiguer, par prévention ou par réaction, la dangerosité
des êtres humains, voire des animaux. Il est mis en exergue par un des rapporteurs du livre du
Code pénal de 1810 fustigeant la récidive qui « annonce des habitudes vicieuses et un fond de
perversité, ou au moins de faiblesse non moins dangereuse pour le corps social que la
perversité ». Il est institué pour empêcher le développement de comportements animés par le
vice, la perversité et la faiblesse. Il doit protéger l’individu contre toute atteinte à son intégrité
physique, psychologique et matérielle. 1

Principe de la légalité des délits et des peines : Aucune personne ne peut être poursuivie,
accusée et jugée pour des faits considérés comme malfaisants, s’il n’existe pas préalablement
une loi d’interdiction. Aucune personne ne peut être condamnée en l’absence de textes de
nature législative établis et légalement publiés avant la commission de l’action répréhensible.
Le principe de la sanction légale est un outil juridique d’ajustement social. Il avertit à l’avance
les délinquants ou criminels potentiels que leur comportement criminel sera qualifié de «
crime » et automatiquement puni par la loi. Il s’agit d’une ligne d’équilibre juridique, d’un jeu
à somme nulle entre l’espoir d’un bénéfice criminel et la question de la sanction judiciaire. Il
s’agit d’un moyen de dissuasion indéniable qui permet aux délinquants de prévenir à l’avance
de futurs malheurs criminels. Un rapporteur du projet en 1808 déclarait que la première tâche
du Code pénal était imposée certaines règles aux magistrats. Il faudrait alors élaborer des
sanctions justes pour « chaque type de crime ». Cela s’inscrit dans l’approche générale de la
légalité du crime et de la peine. Il dut entretenir des contacts étroits avec les juges, moins
stricts peut-être que le Code pénal de 1791, mais plus proches des dispositions de la loi de

1
Les 7 principes du droit pénal, Jeanclos-Yves, 1943

3
1791 concernant la police municipale et correctionnelle et la police rurale. Dans différents
cas, les législateurs ont joué un rôle utile en régulant correctement l’ordre social en déclarant
clairement divers crimes et sanctions pénales contre leurs auteurs.2

Le principe Non-rétroactivité : Le principe de non-rétroactivité (également appelé principe


de non-rétroactivité) stipule que la loi ne peut être appliquée aux crimes commis avant son
entrée en vigueur. De même, aucune peine ne peut être prononcée plus sévèrement que celle
prévue au moment où l’acte a été commis. Le principe juridique traditionnel selon lequel les
lois ne peuvent pas être appliquées aux faits avant d’être promulguées. Il découle du proverbe
que personne ne devrait ignorer la loi. Ce principe Représente une garantie judiciaire
fondamentale en matière pénale, et l’interdiction de la rétroactivité en droit pénal s’applique
aussi bien à la définition des crimes et délits qu’montant des peines et sanctions prononcées.
La non-rétroactivité du droit pénal et la répression des actes criminels constituent des
garanties juridiques fondamentales reconnues par le droit international (article 15 du Pacte
international relatif aux droits civils et politiques). La Convention de Genève comprend
également les principes suivants :

Nul ne peut être poursuivi pour tout acte ou omission qui ne constitue pas une infraction
pénale au sens du droit national ou international auquel il était soumis au moment où acte a
été commis (article 99 du GIII, article 65 du GIV). Et 67, articles GPI. 75 ; GPII-Kunst.6).

Principe non bis in idem : Elle réaffirme la nécessité de garantir la sécurité juridique en
interdisant de poursuivre en justice les personnes qui ont été condamnées, acquittées ou
libérées. Au nom de l’État de droit, la société civile évite que des personnes déjà condamnées
ou acquittées soient récusées en justice sur certains faits. Il est inacceptable que le système
judiciaire porte plainte à plusieurs reprises contre des personnes qui ont reconnu avoir commis
des crimes. La loi respecte la règle fondamentale du « non-bis-in-idem », selon laquelle une
personne ne peut jamais être inculpée ou condamnée deux fois pour le même crime. Quand
vas trouver dans droit de la procédure pénale marocaine articles 707 jusqu’à l’article 711.3

B. Les principes du droit pénal au cœur du code pénal actuel


Au Maroc, le code pénal est régit par plusieurs principes fondamentaux du droit pénal.

2
Ibid.
3
Le code de la procédure pénale Marocain

4
On trouve un lien direct entre ces principes et le code pénal actuel. Parmi ces principes on
cite :

Principe de la légalité des peines et délits : Aucun acte ne peut être puni s'il n'est pas
expressément prévu par la loi. Le principe de la légalité des peines et des délits est un concept
fondamental en droit pénal. Il est souvent formulé en latin comme "nullum crimen, nulla
poena sine lege", ce qui signifie "pas de crime, pas de peine sans loi". Il doit exister une loi
écrite qui énonce clairement ce qui constitue un crime. Les sanctions pénales doivent être
énoncées par la loi avant que l'infraction ne soit commise. Ce principe vise à assurer la
prévisibilité et la clarté dans le droit pénal Marocain. Il protège les individus en garantissant
qu'ils ne peuvent être punis que pour des actes spécifiquement énoncés et interdits par la loi,
et que les sanctions qui leur sont imposées sont également définies par la loi. Ce principe
contribue à prévenir l'arbitraire et à garantir l'équité dans le système de justice pénale.

Principe de non-rétroactivité des lois pénales: Une personne ne peut être jugée en vertu
d'une loi plus sévère qui a été promulguée après la commission de l'infraction. Un principe
juridique fondamental en droit pénal Marocain. Il stipule qu'une personne ne peut être jugée
ou condamnée en vertu d'une loi pénale plus sévère qui a été promulguée après la commission
de l'infraction. En d'autres termes, la personne doit être jugée en fonction de la loi en vigueur
au moment où l'infraction a été commise. Ce principe découle du principe général de légalité
des peines et des délits, qui exige que les lois pénales soient claires et prévisibles. Il vise à
protéger les individus contre des changements rétroactifs dans la loi qui pourraient rendre une
action autrefois légale rétroactivement illégale ou aggraver les peines pour des infractions
déjà commises. En effet, l’article 4 du code pénale dispose que : « nul ne peut être condamné
pour un fait qui selon la loi en vigueur au temps où il a été commis, ne constituait pas une
infraction».

Principe de non-bis in idem : Une personne ne peut pas être jugée deux fois pour la même
infraction. Le principe de non-bis in idem est un élément clé des droits fondamentaux en
matière pénale. Il contribue à assurer l'équité et la justice en évitant une double peine pour la
même infraction.

II. Les principes essentiels de droit pénal en faveur du


citoyen

5
Cette partie sera consacrée aux origines juridiques des principes en faveur du citoyen (A) et
la mise en œuvre de ces principes en droit pénal (B).

A. Les origines juridiques des principes en faveur du citoyen


 La présomption d’innocence
La présomption d’innocence couvre du voile de non-culpabilité celui qui pourrait être
soupçonné d’avoir réalisé une infraction ou d'avoir contribué à sa réalisation. Elle est une
marque de confiance vis-à-vis de toute personne mêlée nolens volens à une affaire délictuelle
ou criminelle. Elle est destinée à protéger toute personne contre la tâche d’impureté qui
pourrait lui être attribuée par malveillance ou par réalité, dès la connaissance d’un crime ou
d’un délit.
Selon Claude Battandier, auteur d’une Pratique des causes criminelles en 1567, l’innocence
est l’état initial de l’enfant qui vient de naître, qui est dans l’ignorance des choses de la vie et
dans l’inaction. L’innocence est à la fois un état d’esprit et une réalité. Elle illustre le
comportement de l’innocent, qui ne sait pas, qui ne connaît pas, qui ne cherche pas à nuire à
autrui, qui n’a rien à voir avec une action criminelle. L’innocence, selon l’avocat Cicéron,
n’est indicative d’aucune infraction, aussi minime soit-elle. L'innocence pour le juriste
Cravetta, dans ses Conseils et Réponses, consiste à ne causer à personne d’injures, d’actes
contraires au droit. L’innocence maintient l’être humain à distance d’une action criminelle. 4
Elle préside à la volonté de ne pas nuire à autrui et donc à ne pouvoir être ni poursuivi, ni
jugé, ni condamné pour une affaire à laquelle il reste étranger.
L’innocence est une position juridique d’équilibre intellectuel et matériel marquant la
frontière entre le permis et l’interdit.
Selon l’empereur romain Trajan Elle découle du refus impérial de voir condamner une
personne sur de simples soupçons. Elle s’énonce dans la formule impériale selon laquelle «il
est, en effet, préférable de laisser impuni le forfait d’un coupable, plutôt que de condamner un
innocent».
La Constitutio criminalis Carolina imposée en 1532 par Charles Quint à l’Empire romain
germanique. Qui recommande de suivre «les présomptions qui sont en faveur du prisonnier
pour établir son innocence». La présomption d’innocence, au 17e siècle, se renforce dans les
esprits, grâce aux analyses de Jacobus Mencius, auteur d’un Traité sur les présomptions. Sa
formulation se précise aussitôt: «l’accusé est présumé être Innocent».5

4
Pratique des causes criminelles, Claude Battandier, 1567
5
Les 7 principes du droit pénal, Jeanclos-Yves, 1943

6
 Le principe de proportionnalité et d’individualisation des peines
Tout criminel ou délinquant doit être saisi par la justice, jugé et condamné. Il doit l’être de
manière individuelle, en vertu du principe de la personnalité des peines. Il doit être condamné
de manière proportionnelle, c’est-à-dire que la sévérité de la peine doit correspondre à la
gravité des faits incriminés. Responsable de ses actes, le coupable doit être puni pour lui-
même, en lui-même.
Le père fondateur de l’individualisation de la peine. Raymond SALEILLES puisqu’il est le
premier à avoir théorisé ce principe il défend l’idée selon laquelle « l’application de la peine
n’est plus affaire de responsabilité, mais d’individualisation. C’est le crime que l’on punit,
mais c’est la considération de l’individu qui détermine le genre de mesure qui lui convient.
Cependant, il précise que l’individualisation légale est en réalité une « fausse individualisation
» étant donné que « la loi ne peut en effet prévoir que des espèces, elle ne connaît pas les
individus. Tout ce que l’on a pu prendre pour des cas d’individualisation légale sont des
causes d’atténuation ou d’aggravation de peine fondée sur le plus ou le moins de gravité du
crime, donc sur le degré de responsabilité ».
Le droit romain confirme le principe de personnalité de la peine, liée à la culpabilité, elle-
même déduite de la responsabilité de l’auteur de l’infraction. L’empereur Justinien, précise
que le crime ou la peine du père ne peut infliger au fils, aucune macule. Il démontre, selon les
peines infligées, qu’il vise nommément la personne responsable déclarée coupable et
sanctionnée de manière individualisée. Il condamné à la peine de métal ou des mines certains
criminels, d’autres à la déportation ultramarine, voire à la peine de mort. Il ne prend en
considération que les personnes individuelles et non pas leur famille.
 Le principe de la cohérence pénale :
Dissuader de la commission d’un crime par la sévérité de la sanction est une réponse sociale
rapide et facile. Dissuader par l’infliction d’une peine disproportionnée par rapport à la
gravité de l’infraction est un risque social. Dissuader par la certitude d’une peine
d’éradication physique l’auteur d’un crime l’incite à recommencer autant que cela est
possible, car il ne peut être mis à mort qu’une seule fois. Dissuader les criminels par
prévention est une bonne propédeutique sociale mais peu opérationnelle face à des malfaiteurs
Déterminés à faire le mal.

 La recherche d’un équilibre entre la gravité de l’infraction et la sévérité de la


peine
Le temps des peines symétriques
7
Selon les racines bibliques juifs «Les pères ne seront pas mis à mort pour les fils, ni les fils
pour leurs pères», proclame le Deutéronome. Les textes bibliques manifestent la volonté
d’infliger une sanction symétrique en intensité à la gravité de l’infraction. Il insiste sur
l’individualisation de la peine: «Chacun sera mis à mort pour Son propre crime ».
La Bible juive promeut la symétrie des peines face aux crimes et aux délits: «comme tu as
fait, on te fera»! Elle manifeste un progrès estimable dans les systèmes de répression, en
limitant la sévérité de la sanction à la hauteur de la gravité de l’infraction. Elle s’oppose aux
peines excessives, disproportionnées en sévérité par rapport à la gravité de l’infraction: par
exemple, la peine de mort pour un vol de nuit –loi des Douze Tables (VIII, 12), Elle fait
montre de modernité intellectuelle en instituant la loi dite «du talion», selon une terminologie
romaine postérieure, imposant la règle du talis/talis. Elle impose une sanction physique
symétrique au dommage infligé: œil pour œil, dent pour dent, pied pour pied, fracture pour
fracture.
Le temps des peines symétriques
En 1215, la Magna Carta instituée en Angleterre exige, pour les infractions mineures, que
«L’amende soit proportionnelle à la gravité de l’offense» (art.20).
La Constitution criminalisa Carolina, en 1532, prescrit aux juges de l’Empire germanique de
condamner à «des peines proportionnées à la nature du délit» (art.104). Elle demande aux
juges, face à des voleurs, d’appliquer une sanction «proportionnée aux circonstances et
distinctions» observées par les juges eux-mêmes (art.174).
En 1764, Cesare Beccaria, dans son ouvrage Des délits et des peines, affirme qu’«il doit y
avoir une proportion entre le crime et les peines», car la peine doit être «publique, prompte,
nécessaire» et surtout «proportionnée au délit».6
Il n’est pas démenti par son habituel détracteur Muyart de Vouglans, qui, dans son Mémoire
sur les peines infamantes (1780), semble accepter que, «pour être juste, la peine doit être
proportionnée à la qualité du crime». Le magistrat soutient même que la «juste proportion»
entre la sévérité de la peine et la gravité de l’infraction est, «sans contredit, la première et la
principale règle» suivie par les législateurs et les juges. 7

 Principe de transparence de la procédure pénale


Apparu en Europe au milieu du 20 siècle, le principe d’équitabilité se répand dans la pratique
judiciaire avant d’être inscrit dans les textes. Il enserre des éléments de procédure pénale au

6
Des délits et des peines, Cesare Beccaria, 1764
7
Magne carta, 1215

8
profit des parties au procès. Il exige que chaque plaideur soit traité de manière égale et juste
selon l’adage romain audiatur egaliter altera pars, «que chaque partie soit entendue de
manière égale»
Le principe d’équitabilité est promu en Europe en 1950 par la Convention de sauvegarde des
droits de l’homme et des libertés fondamentales. Il regroupe des pratiques favorisant un
procès équitable lors des différentes étapes de la procédure. Il permet à chacune des parties,
au procès, de bénéficier, par égalité et réciprocité, du même traitement judiciaire, avec les
nuances dues au différentiel de positionnement –victime ou accusé
 les fondements de l'équitabilité
Selon Aristote dans La Rhétorique, «l’équitable semble être le juste mais l’équitable c’est le
juste qui va au-delà de la loi écrite».
L’équitable est une technique très souple utilisée par le juge pour faciliter le déroulement du
procès, en accordant aux deux parties les mêmes droits –pour la défense ou pour la demande.
L’équitabilité est un ensemble de moyens mis à la disposition de la justice pour permettre
l’équilibre du procès dans le respect de droits égaux reconnus aux plaideurs. L’équitabilité est
douée d’applicabilité adaptée au procès et aux parties, dans un souci d’égalité de
considération humaine. Elle suppose que le droit et les facilités procédurales accordés à l’un
le demandant soient accordés de manière congruente à l’autre le défendeur.
L’équitabilité favorise le caractère juste de la justice qui reste à équidistance des deux parties
au procès, sans faveur pour l’une ou pour l’autre. L’équitabilité permet au juge d’être
distancié des deux adversaires au procès pénal, pour conduire à bien les débats débouchant sur
une absolution ou une condamnation.
L’équitabilité est un principe de bon déroulement du procès pénal, grâce à une organisation
processuelle triangulaire tenant les deux parties à distance entre elles et avec le juge.
L’équitabilité est un dispositif qui permet au juge de conduire les débats avec sérénité, dans
un même éloignement technique des parties en litige. À l’exemple de l’équité, l’équitabilité
est un concept méta- juridique animé par l’esprit du juste, de l’égal et de la raison.

B. la mise en œuvre des principes dans le droit pénal

Le Maroc est engagé dans un processus d’harmonisation de sa législation avec les normes
internationales relatives aux droits de l’Homme. Le code de procédure pénale (CPP) de 2002
constitue une réalisation essentielle présentée par ses auteurs comme étant un édifice juridique
novateur, inspiré du double souci « d’assurer les conditions d’un procès équitable et de
respecter les libertés et les droits individuels conformément aux normes internationales, d’une

9
part, et de préserver l’intérêt général et l’ordre public, d’autre part. Un arsenal juridique qui
représente plusieurs garanties en faveur du citoyen, on cite :

L’équitabilité : En réalité, la notion de procès équitable n’est plus seulement une question
juridique mais a été constitutionnalisée en vertu de l’article 23 de la Constitution de 2011 qui
prévoit expressément que « la présomption d’innocence et le droit à un procès équitable sont
garantis » et énumère les conditions les plus importantes du procès équitable, telles que
prévues par l’article 14 du Pacte international des droits civils et politiques. le Maroc possède
un arsenal juridique solide qui vise à garantir les droits de l’Homme dans les phases
procédurales. Les conditions d’un procès pénal équitable semblent réunies. Pour aller vers sa
protection effective, l’article 1er du Code de procédure pénale de 2002 stipule que « Toute
personne accusée ou suspectée d’avoir commis une infraction est présumée innocente jusqu’à
ce que sa culpabilité ait été juridiquement établie par une décision ayant acquis la force de la
chose jugée, à l’issue d’un procès équitable où toutes les garanties légales sont réunies. Le
doute profite à l’accusée ». Aussi, le droit de garder le silence, sa proclamation par la
Constitution du 1er juillet 2011 traduit une grande évolution pour ne pas dire une «révolution
» en matière de garanties de la défense qui répond assurément à l’une des exigences
internationales essentielles du procès équitable. Evolution d’autant plus notable que le
législateur n’a pas tardé (octobre 2011) de s’inscrire dans le sillage du constituant en adoptant
une loi modifiant et complétant l’article 66 du CPP qui, entre autres dispositions, énonce qu’ «
il incombe à l’officier de police judiciaire d’informer toute personne arrêté ou placée en garde
à vue, immédiatement et d’une façon qui lui soit compréhensible, des motifs de sa détention et
de ses droits dont celui de garder la silence». A noter aussi, le droit à l’assistance juridique :
est garantie, le droit de «toute personne détenue» de bénéficier «au plus tôt» d’une assistance
juridique est désormais, pour sa part, un droit à valeur constitutionnelle (art 23 al 3) qui
entend s’inscrire dans le sens des exigences internationales en matière de procès équitable8. A
mentionner que le droit de se défendre soi-même ou avec assistance d’un avocat de son choix
ou même le droit à un interprète est garanti.

La motivation de la décision de la justice est garantie, pour assurer la transparence de la


justice.

8
Le procès équitable : quelques réformes incontournables à l’aune de la nouvelle Constitution, professeur EL
HILA ABDELAZIZ

10
Le droit de la preuve : les preuves doivent être recueillies d’une manière propre à garantir un
procès équitable.

On ajoute aussi, le principe contradictoire du déroulement du procès, le procès doit se


dérouler en présence de toutes les parties concernées. le principe du contradictoire découle du
caractère équitable du procès et garantit, selon les termes de la Cour européenne, aux parties
« le droit de se voir communiquer et de discuter toute pièce ou observation présentée au juge,
fût-ce par un magistrat indépendant, en vue d’influencer sa décision » (CEDH 27 mars 1998,
J. J. c/ Pays-Bas). Le juge est le premier débiteur de cette obligation. Rappelons, que le
principe du contradictoire émaille toutes les matières et n’est pas propre au procès pénal.
Ainsi, en matière civile par exemple, la loi confie au juge le soin d’assurer le respect du
principe contradictoire.
En d'autres termes, le principe contradictoire exige que chaque partie ait la possibilité de
connaître et de répondre aux éléments soumis au tribunal. Cela contribue à assurer l'équité du
processus judiciaire en permettant aux parties de présenter leurs arguments, de présenter des
preuves et de contester celles de l'adversaire. Le non-respect du principe contradictoire peut
être considéré comme une violation des droits fondamentaux des parties et peut entraîner
l'annulation ou l'inopposabilité de la décision rendue.

La présomption d’innocence: inscrite au cœur de différents instruments juridiques


internationaux relatifs aux droits de l’Homme. En droit interne, la présomption d’innocence
qui figure déjà en tête (art 1er) du CPP de 2002, vient d’être élevée au rang de principe
constitutionnel par la nouvelle Constitution adoptée en juillet 2011 qui en fait même mention
à deux reprises, dans l’article 23 qui proclame que « la présomption d’innocence et le droit à
un procès équitable sont garantis » et dans l’article 119 qui précise que « tout prévenu ou
accusé est présumé innocent jusqu’à sa condamnation par décision de justice ayant acquis la
force de la chose jugée ». En d’autres termes, étant présumé innocent, le suspect ou l’inculpé
doit non seulement jouir de tous les droits qui lui permettent de défendre son innocence, à
commencer par le droit de garder le silence et le droit à une assistance juridique , mais aussi
être protégé contre toutes sortes d’abus ou d’atteintes et le cas échéant être admis à réclamer
une indemnisation pour tout préjudice injustifié résultant de l’atteinte à son droit d’être
présumé innocent.9

9
Ibid.

11
En somme, depuis son arrestation jusqu’à sa condamnation définitive, le mis en cause doit
être préservé contre tout comportement ou traitement attentatoire à sa présomption
d’innocence, y compris contre toute médiatisation infamante au moyen de prises de vues ou
de photographies sans son consentement, ainsi que contre toute couverture médiatique
abusive ou erronée des procédures judiciaires.

Principe de proportionnalité et l’individualisation des peines : Les peines doivent être


proportionnées à la gravité de l'infraction commise. Le principe de proportionnalité des peines
est un concept fondamental en droit pénal qui stipule que les sanctions imposées aux
personnes reconnues coupables d'une infraction doivent être proportionnées à la gravité de
l'infraction commise. Ce principe est basé sur des considérations éthiques et juridiques visant
à assurer que les sanctions pénales sont justes, équitables et adaptées à la culpabilité
individuelle de l'auteur de l'infraction. La proportionnalité des peines vise à éviter des
sanctions excessives qui pourraient être considérées comme cruelles, inhumaines ou
dégradantes, tout en assurant que les peines soient suffisamment sévères pour dissuader la
commission d'infractions. La responsabilité pénale incombe à la personne qui a commis
personnellement une infraction. En d'autres termes, pour qu'une personne soit tenue
pénalement responsable d'une infraction , C’est fondamental pour assurer une justice
équitable en évitant les punitions arbitraires et en garantissant que seules les personnes
responsables de leurs actes soient condamnées. Il va de pair avec d'autres principes du droit
pénal Marocain, tels que le principe de légalité des peines et des délits.

Le système pénal Marocain, se caractérise par des garanties et des conditions nécessaires pour
une bonne administration de la justice.

12

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