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s’est rendu célèbre par son ouvrage : la défense sociale nouvelle (un mouvement de politique
criminelle humaniste) publié en 1954 et traduit dans de nombreux pays. Ancel considérée la
peine comme instrument d’une politique criminelle réaliste et efficace au service du bien
commun, et qu’à ce titre, il convient de lui assigner pour fonction primordiale la réadaptation
sociale du délinquant mouvement de défense sociale considère qu’il faut se livrer à un
examen critique des institutions répressives et ensuite une réflexion sur la règle pénale elle-
même. Mais surtout, il estime que le domaine est beaucoup plus large que celui du droit pénal,
puisqu’il porte, non seulement sur le délit et sur la peine, mais aussi sur la prévention de la
délinquance, ainsi que sur l’application et sur les lendemains de la sanction. On trouve aussi,
le droit de punir chez Beccaria. Beccaria s’inscrit pleinement dans la philosophie politique des
Lumières qui fonde la légitimité du droit de punir sur le principe de nécessité. Ce lien entre
nécessité et droit de punir résulte du «contrat social » conceptualisé par Rousseau selon lequel
le droit de punir est fondé sur le «don», une portion de sa liberté individuelle par chaque
citoyen au souverain afin de garantir la sécurité collective des biens et des personnes et ainsi
de satisfaire le bien commun. C’est donc l’ensemble de ces portions de liberté qui forme le
droit de punir et non la force de l’État. A travers c’est la philosophie pénale qui décolle les
principes fondamentaux du droit pénal. Nous envisagerons successivement le principe
d’égalité, le principe de responsabilité personnelle, le principe de nécessité, le principe de
légalité et de clarté, le principe de non-rétroactivité et le principe de spécificité du droit pénal
des mineurs. Partant de là, quel est l’impact des doctrines pénales sur le Droit pénal
Marocain ?
Il serait judicieux d’étudier en premier lieu les principes essentiels de droit pénal au profit de
l’Etat de droit avant de mettre en exergue en deuxième lieu, les principes essentiels de droit
pénal en faveur du citoyen.
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I. Les principes au profit de l’Etat de droit
Il existe des principes fondamentaux du droit pénal (A), des principes qui sont au cœur du
code pénal actuel (B)
Principe de la légalité des délits et des peines : Aucune personne ne peut être poursuivie,
accusée et jugée pour des faits considérés comme malfaisants, s’il n’existe pas préalablement
une loi d’interdiction. Aucune personne ne peut être condamnée en l’absence de textes de
nature législative établis et légalement publiés avant la commission de l’action répréhensible.
Le principe de la sanction légale est un outil juridique d’ajustement social. Il avertit à l’avance
les délinquants ou criminels potentiels que leur comportement criminel sera qualifié de «
crime » et automatiquement puni par la loi. Il s’agit d’une ligne d’équilibre juridique, d’un jeu
à somme nulle entre l’espoir d’un bénéfice criminel et la question de la sanction judiciaire. Il
s’agit d’un moyen de dissuasion indéniable qui permet aux délinquants de prévenir à l’avance
de futurs malheurs criminels. Un rapporteur du projet en 1808 déclarait que la première tâche
du Code pénal était imposée certaines règles aux magistrats. Il faudrait alors élaborer des
sanctions justes pour « chaque type de crime ». Cela s’inscrit dans l’approche générale de la
légalité du crime et de la peine. Il dut entretenir des contacts étroits avec les juges, moins
stricts peut-être que le Code pénal de 1791, mais plus proches des dispositions de la loi de
1
Les 7 principes du droit pénal, Jeanclos-Yves, 1943
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1791 concernant la police municipale et correctionnelle et la police rurale. Dans différents
cas, les législateurs ont joué un rôle utile en régulant correctement l’ordre social en déclarant
clairement divers crimes et sanctions pénales contre leurs auteurs.2
Nul ne peut être poursuivi pour tout acte ou omission qui ne constitue pas une infraction
pénale au sens du droit national ou international auquel il était soumis au moment où acte a
été commis (article 99 du GIII, article 65 du GIV). Et 67, articles GPI. 75 ; GPII-Kunst.6).
Principe non bis in idem : Elle réaffirme la nécessité de garantir la sécurité juridique en
interdisant de poursuivre en justice les personnes qui ont été condamnées, acquittées ou
libérées. Au nom de l’État de droit, la société civile évite que des personnes déjà condamnées
ou acquittées soient récusées en justice sur certains faits. Il est inacceptable que le système
judiciaire porte plainte à plusieurs reprises contre des personnes qui ont reconnu avoir commis
des crimes. La loi respecte la règle fondamentale du « non-bis-in-idem », selon laquelle une
personne ne peut jamais être inculpée ou condamnée deux fois pour le même crime. Quand
vas trouver dans droit de la procédure pénale marocaine articles 707 jusqu’à l’article 711.3
2
Ibid.
3
Le code de la procédure pénale Marocain
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On trouve un lien direct entre ces principes et le code pénal actuel. Parmi ces principes on
cite :
Principe de la légalité des peines et délits : Aucun acte ne peut être puni s'il n'est pas
expressément prévu par la loi. Le principe de la légalité des peines et des délits est un concept
fondamental en droit pénal. Il est souvent formulé en latin comme "nullum crimen, nulla
poena sine lege", ce qui signifie "pas de crime, pas de peine sans loi". Il doit exister une loi
écrite qui énonce clairement ce qui constitue un crime. Les sanctions pénales doivent être
énoncées par la loi avant que l'infraction ne soit commise. Ce principe vise à assurer la
prévisibilité et la clarté dans le droit pénal Marocain. Il protège les individus en garantissant
qu'ils ne peuvent être punis que pour des actes spécifiquement énoncés et interdits par la loi,
et que les sanctions qui leur sont imposées sont également définies par la loi. Ce principe
contribue à prévenir l'arbitraire et à garantir l'équité dans le système de justice pénale.
Principe de non-rétroactivité des lois pénales: Une personne ne peut être jugée en vertu
d'une loi plus sévère qui a été promulguée après la commission de l'infraction. Un principe
juridique fondamental en droit pénal Marocain. Il stipule qu'une personne ne peut être jugée
ou condamnée en vertu d'une loi pénale plus sévère qui a été promulguée après la commission
de l'infraction. En d'autres termes, la personne doit être jugée en fonction de la loi en vigueur
au moment où l'infraction a été commise. Ce principe découle du principe général de légalité
des peines et des délits, qui exige que les lois pénales soient claires et prévisibles. Il vise à
protéger les individus contre des changements rétroactifs dans la loi qui pourraient rendre une
action autrefois légale rétroactivement illégale ou aggraver les peines pour des infractions
déjà commises. En effet, l’article 4 du code pénale dispose que : « nul ne peut être condamné
pour un fait qui selon la loi en vigueur au temps où il a été commis, ne constituait pas une
infraction».
Principe de non-bis in idem : Une personne ne peut pas être jugée deux fois pour la même
infraction. Le principe de non-bis in idem est un élément clé des droits fondamentaux en
matière pénale. Il contribue à assurer l'équité et la justice en évitant une double peine pour la
même infraction.
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Cette partie sera consacrée aux origines juridiques des principes en faveur du citoyen (A) et
la mise en œuvre de ces principes en droit pénal (B).
4
Pratique des causes criminelles, Claude Battandier, 1567
5
Les 7 principes du droit pénal, Jeanclos-Yves, 1943
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Le principe de proportionnalité et d’individualisation des peines
Tout criminel ou délinquant doit être saisi par la justice, jugé et condamné. Il doit l’être de
manière individuelle, en vertu du principe de la personnalité des peines. Il doit être condamné
de manière proportionnelle, c’est-à-dire que la sévérité de la peine doit correspondre à la
gravité des faits incriminés. Responsable de ses actes, le coupable doit être puni pour lui-
même, en lui-même.
Le père fondateur de l’individualisation de la peine. Raymond SALEILLES puisqu’il est le
premier à avoir théorisé ce principe il défend l’idée selon laquelle « l’application de la peine
n’est plus affaire de responsabilité, mais d’individualisation. C’est le crime que l’on punit,
mais c’est la considération de l’individu qui détermine le genre de mesure qui lui convient.
Cependant, il précise que l’individualisation légale est en réalité une « fausse individualisation
» étant donné que « la loi ne peut en effet prévoir que des espèces, elle ne connaît pas les
individus. Tout ce que l’on a pu prendre pour des cas d’individualisation légale sont des
causes d’atténuation ou d’aggravation de peine fondée sur le plus ou le moins de gravité du
crime, donc sur le degré de responsabilité ».
Le droit romain confirme le principe de personnalité de la peine, liée à la culpabilité, elle-
même déduite de la responsabilité de l’auteur de l’infraction. L’empereur Justinien, précise
que le crime ou la peine du père ne peut infliger au fils, aucune macule. Il démontre, selon les
peines infligées, qu’il vise nommément la personne responsable déclarée coupable et
sanctionnée de manière individualisée. Il condamné à la peine de métal ou des mines certains
criminels, d’autres à la déportation ultramarine, voire à la peine de mort. Il ne prend en
considération que les personnes individuelles et non pas leur famille.
Le principe de la cohérence pénale :
Dissuader de la commission d’un crime par la sévérité de la sanction est une réponse sociale
rapide et facile. Dissuader par l’infliction d’une peine disproportionnée par rapport à la
gravité de l’infraction est un risque social. Dissuader par la certitude d’une peine
d’éradication physique l’auteur d’un crime l’incite à recommencer autant que cela est
possible, car il ne peut être mis à mort qu’une seule fois. Dissuader les criminels par
prévention est une bonne propédeutique sociale mais peu opérationnelle face à des malfaiteurs
Déterminés à faire le mal.
6
Des délits et des peines, Cesare Beccaria, 1764
7
Magne carta, 1215
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profit des parties au procès. Il exige que chaque plaideur soit traité de manière égale et juste
selon l’adage romain audiatur egaliter altera pars, «que chaque partie soit entendue de
manière égale»
Le principe d’équitabilité est promu en Europe en 1950 par la Convention de sauvegarde des
droits de l’homme et des libertés fondamentales. Il regroupe des pratiques favorisant un
procès équitable lors des différentes étapes de la procédure. Il permet à chacune des parties,
au procès, de bénéficier, par égalité et réciprocité, du même traitement judiciaire, avec les
nuances dues au différentiel de positionnement –victime ou accusé
les fondements de l'équitabilité
Selon Aristote dans La Rhétorique, «l’équitable semble être le juste mais l’équitable c’est le
juste qui va au-delà de la loi écrite».
L’équitable est une technique très souple utilisée par le juge pour faciliter le déroulement du
procès, en accordant aux deux parties les mêmes droits –pour la défense ou pour la demande.
L’équitabilité est un ensemble de moyens mis à la disposition de la justice pour permettre
l’équilibre du procès dans le respect de droits égaux reconnus aux plaideurs. L’équitabilité est
douée d’applicabilité adaptée au procès et aux parties, dans un souci d’égalité de
considération humaine. Elle suppose que le droit et les facilités procédurales accordés à l’un
le demandant soient accordés de manière congruente à l’autre le défendeur.
L’équitabilité favorise le caractère juste de la justice qui reste à équidistance des deux parties
au procès, sans faveur pour l’une ou pour l’autre. L’équitabilité permet au juge d’être
distancié des deux adversaires au procès pénal, pour conduire à bien les débats débouchant sur
une absolution ou une condamnation.
L’équitabilité est un principe de bon déroulement du procès pénal, grâce à une organisation
processuelle triangulaire tenant les deux parties à distance entre elles et avec le juge.
L’équitabilité est un dispositif qui permet au juge de conduire les débats avec sérénité, dans
un même éloignement technique des parties en litige. À l’exemple de l’équité, l’équitabilité
est un concept méta- juridique animé par l’esprit du juste, de l’égal et de la raison.
Le Maroc est engagé dans un processus d’harmonisation de sa législation avec les normes
internationales relatives aux droits de l’Homme. Le code de procédure pénale (CPP) de 2002
constitue une réalisation essentielle présentée par ses auteurs comme étant un édifice juridique
novateur, inspiré du double souci « d’assurer les conditions d’un procès équitable et de
respecter les libertés et les droits individuels conformément aux normes internationales, d’une
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part, et de préserver l’intérêt général et l’ordre public, d’autre part. Un arsenal juridique qui
représente plusieurs garanties en faveur du citoyen, on cite :
L’équitabilité : En réalité, la notion de procès équitable n’est plus seulement une question
juridique mais a été constitutionnalisée en vertu de l’article 23 de la Constitution de 2011 qui
prévoit expressément que « la présomption d’innocence et le droit à un procès équitable sont
garantis » et énumère les conditions les plus importantes du procès équitable, telles que
prévues par l’article 14 du Pacte international des droits civils et politiques. le Maroc possède
un arsenal juridique solide qui vise à garantir les droits de l’Homme dans les phases
procédurales. Les conditions d’un procès pénal équitable semblent réunies. Pour aller vers sa
protection effective, l’article 1er du Code de procédure pénale de 2002 stipule que « Toute
personne accusée ou suspectée d’avoir commis une infraction est présumée innocente jusqu’à
ce que sa culpabilité ait été juridiquement établie par une décision ayant acquis la force de la
chose jugée, à l’issue d’un procès équitable où toutes les garanties légales sont réunies. Le
doute profite à l’accusée ». Aussi, le droit de garder le silence, sa proclamation par la
Constitution du 1er juillet 2011 traduit une grande évolution pour ne pas dire une «révolution
» en matière de garanties de la défense qui répond assurément à l’une des exigences
internationales essentielles du procès équitable. Evolution d’autant plus notable que le
législateur n’a pas tardé (octobre 2011) de s’inscrire dans le sillage du constituant en adoptant
une loi modifiant et complétant l’article 66 du CPP qui, entre autres dispositions, énonce qu’ «
il incombe à l’officier de police judiciaire d’informer toute personne arrêté ou placée en garde
à vue, immédiatement et d’une façon qui lui soit compréhensible, des motifs de sa détention et
de ses droits dont celui de garder la silence». A noter aussi, le droit à l’assistance juridique :
est garantie, le droit de «toute personne détenue» de bénéficier «au plus tôt» d’une assistance
juridique est désormais, pour sa part, un droit à valeur constitutionnelle (art 23 al 3) qui
entend s’inscrire dans le sens des exigences internationales en matière de procès équitable8. A
mentionner que le droit de se défendre soi-même ou avec assistance d’un avocat de son choix
ou même le droit à un interprète est garanti.
8
Le procès équitable : quelques réformes incontournables à l’aune de la nouvelle Constitution, professeur EL
HILA ABDELAZIZ
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Le droit de la preuve : les preuves doivent être recueillies d’une manière propre à garantir un
procès équitable.
9
Ibid.
11
En somme, depuis son arrestation jusqu’à sa condamnation définitive, le mis en cause doit
être préservé contre tout comportement ou traitement attentatoire à sa présomption
d’innocence, y compris contre toute médiatisation infamante au moyen de prises de vues ou
de photographies sans son consentement, ainsi que contre toute couverture médiatique
abusive ou erronée des procédures judiciaires.
Le système pénal Marocain, se caractérise par des garanties et des conditions nécessaires pour
une bonne administration de la justice.
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