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COURS DE DROIT PENAL GENERAL

ACADEMIE DE POLICE
Officiers de police

INTRODUCTION GENERALE

I. Le crime
1. La notion de crime
Le crime est un acte commis par un individu qui trouble l’ordre social et contre lequel
la société réagit par une sanction pénale. A cet effet, Emile Durkheim considère le
crime comme un acte « heurtant les étapes fortes de la conscience sociale ». En
somme le phénomène criminel peut être juridiquement défini comme celui se
rapportant à un fait qui trouble l’ordre social et qui est légalement sanctionné. L’acte
criminel même lorsqu’il touche les intérêts d’un individu atteint ceux de la société qui
se traduit par l’émotion, le choc moral. L’acte criminel qui viole les droits d’un
individu viole par la même occasion les règles établies par la société. Ces règles sont
créées par la société dans le but de faire respecter et de garantir les droits de ses
membres. Le phénomène criminel au sens légal permet de concevoir une protection
de l’individu contre l’arbitraire des pouvoirs publics et de garantir la défense de la
société. En effet, tout acte anti – social ne peut être puni que s’il est prévu par la loi.
Le législateur édicte donc les conditions du crime et fixe la sanction appropriée. La
sanction est la même pour tous ceux qui ont commis le même acte : c’est l’égalité de
la répression quel que soit le mobile et le danger encouru par la société.
Mais du point de vue réaliste, le crime est perçu comme un comportent anti social qui
porte atteinte à l’ordre social. L’individu s’écarte des règles du groupe social auquel il
appartient. Il transgresse les normes du groupe d’où la recherche des causes d’un tel
comportement de l’individu.
2. Les causes du phénomène criminel
Elles doivent être recherchées non seulement par rapport à l’individu lui-même, mais
aussi par rapport à son environnement. On peut donc conclure que les causes du
phénomène criminel sont liées à la réalité humaine et sociale. Les caractères de
naissance de l’individu c’est à dire ses caractères innés (sexes, le mental) et les
caractères acquis volontairement (drogue, alcool) ou involontairement (puberté,
vieillissent) constituent les causes intérieures du phénomène criminel. En revanche
les milieux géographique, social, économique, familial et culturel forment des
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facteurs extérieurs qui sont également source d’influence quant au comportement de
l’individu. Pour ce faire, la lutte contre ce phénomène par l’Etat passe par une
réaction organisée et réglementée par les pouvoirs publics.

II- Les principales branches du droit pénal


Le droit pénal peut être défini comme une branche des sciences juridiques dont
l’objet est l’étude de l’incrimination et de la répression par l’Etat des comportements
tendant à troubler l’ordre public et l’organisation sociale.
Quant au droit pénal général, il consacre l’étude des principes généraux des
diverses infractions, des responsabilités et des sanctions pénales. En somme, il
présente de façon synthétique les questions relatives aux infractions.
Le droit pénal spécial traite de l’application des principes généraux et des règles du
droit pénal général. Le droit pénal spécial analyse les infractions, les conditions de
leur constitution et les sanctions afférentes. Il précise au besoin les particularités de la
répression. Le droit pénal général est étroitement lié au droit pénal spécial qui reste
une application de celui–ci.

La procédure pénale quant à elle définie l’ensemble des formalités à suivre pour
résoudre un contentieux à caractère pénal.
Les sciences pénitentiaires ou pénologies traitent des questions relatives à
l’exécution des peines devenues définitives et des questions relatives à leur efficacité.

Le droit pénal international s’intéresse au conflit de loi entre juridictions, entre


Etats, aux effets internationaux des décisions rendues par le juge répressif et à la
coopération policière et judiciaire entre les Etats.
Le droit international pénal concerne la répression de certains actes criminels par
les juridictions pénales internationales telles que la cour pénale internationale (C.P.I),
le Tribunal Pénal International de la Haye.
Au côté du droit pénal, on note l’existence de sciences dites parfois sciences
auxiliaires.

III- Le droit Pénal et les autres sciences


Les sciences criminelles et autres sciences notamment les sciences de l’homme, les
sciences sociales permettent l’élaboration et l’application du droit pénal. Elles
s’intéressent à la société et à son évolution. Les sciences criminelles ont pour objet

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l’observation du phénomène criminel. Elles comprennent principalement deux (2)
branches : Les sciences criminalistiques et la criminologie.
La criminalistique est réservée à la recherche des infractions, des preuves et à
l’identification des auteurs. Elle étudie l’ensemble des procédés scientifiques relatifs
à la recherche des infractions et de leurs auteurs. A ce titre, le recours à des sciences
plus techniques telles que la médecine légale, la toxicologie, la chimie, la balistique
(quel type d’arme), l’anthropométrie (méthodes d’identification des criminels), la
dactyloscopie (empreintes).
La criminologie s’appuie sur d’autres sciences notamment les sciences médicales et
les sciences sociales. Les sciences médicales étudient les causes endogènes de la
criminalité. Ainsi, l’anthropologie criminelle œuvre de César Lombroso consistait à
rechercher les causes de la criminalité dans la constitution anatomique de l’individu.
Ses recherches ont été consignées dans un ouvrage publié en 1876 intitulé «
L’homme criminel ».
En revanche les sciences sociales sont orientées vers l’étude des causes exogènes de
la criminologie. A ce titre, on peut citer la sociologie criminelle, démembrement des
sciences sociales qui s’attache à l’environnement de l’individu. Enrico Ferri est l’un
des fondateurs de la sociologie criminelle. Toutes ces sciences concourant au
renforcement du droit pénal témoignent de l’évolution de celui-ci.

IV. Le droit pénal burkinabé


L’avènement des indépendances africaines n’a pas été d’une grande influnce sur les
droits pénaux africains. Il n’a pas non plus suscité de grands changements quant aux
législations. Les grands principes du droit africain sont restés des règles du système
africain. Ainsi le droit pénal burkinabé est pour l’essentiel une photocopie du droit
pénal français comme en atteste le nouveau code pénal.
D’autres régimes pénaux sont restés sans modification aucune malgré l’évolution du
droit pénal français. A quelques exceptions près, on peut dire que le droit pénal
positif burkinabé est une copie de celui de la France. Toutefois, il est important de
noter que quelques changements significatifs qui sont en train de s’opérer. Ainsi, le
nouveau code pénal de 1996 (loi 43/96 ADP du 13 novembre 1996 portant code pénal
promulgué par le décret 96/451 du 18/12/1996) comporte quelques aspects qui
tiennent compte de la réalité burkinabè. Il en va de même avec la loi 025 de 2018
portant code pénal. A titre d'exemple, on peut citer l'interdiction du mariage forcé, les
mutilations sexuelles féminines et de la dot, l’accusation de sorcellerie, etc.
En somme, l'infraction et le délinquant sont concernés par le droit pénal.

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L’infraction renvoie juridiquement à l'idée contraire à la loi pénale et le délinquant
renvoie à celle de l'auteur par rapport à cet acte. Des principes généraux permettent
de mieux cerner ces notions.

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Première Partie : L’INFRACTION ET LA RESPONSABILITE PENALE

L’infraction est tout fait contraire à la loi qui expose celui qui l’a commis à une peine
ou à une mesure de sûreté. Mais l’infraction doit être distinguée de l’incrimination
qui est l’action du législateur consistant à ériger un comportement en un acte
criminel. L’infraction et l’incrimination sont intimement liées car la société ne peut
imposer une mesure à un individu que si le législateur est intervenu pour prohiber
l’acte posé. Pour cela le législateur doit tenir compte des principes généraux qui
gouvernent la matière pénale car ce sont eux qui permettent d’analyser les éléments
constitutifs de l’infraction.

TITRE I : LES PRINCIPES DU DROIT PENAL

La sanction de l’auteur d’une infraction suppose que celle-ci est prévue et punie par
la loi. D’où le principe de la légalité pénale.

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Chapitre I : LA LEGALITE DES INFRACTIONS ET DES SANCTIONS

Il convient d’examiner les sources du droit pénal avant d’analyser les principes de la
légalité.

Section I : Les sources du droit pénal


Les lois, les actes de l’exécutif, les traités internationaux constituent les sources
essentielles du droit pénal.

§ I – Les lois formelles


La loi au sens strict est définie par M. Duverger comme : « tout acte accompli par le
parlement dans les formes législatives quel que soit son contenu ». Les lois au sens
strict constituent la principale source du droit pénal. Dans le cas du BF, il peut être
cité en exemple les lois contenues dans le code pénal (loi 2018-025/AN portant Code
Pénal modifié le 21 juin 2019) composé de dispositions générales (DPG) et de
disposition relatives aux délits et aux crimes (DPS). Selon l’article 101 de la
constitution Burkinabé : « la loi fixe les règles relatives à la détermination des crimes,
des délits, des peines applicables, de la procédure pénale. Les lois formelles ne
peuvent pas en principe être remises en cause devant le juge pénal. Leur conformité à
la constitution est contrôlée par le conseil constitutionnel. Une autre source du droit
pénal est constituée par les actes du pouvoir exécutif.

§ II – Les actes du pouvoir exécutif


Ce sont des actes qui émanent du pouvoir exécutif c’est-à-dire les règlements tels que
les ordonnances, les décrets, les arrêtés. Les règlements portent sur des prescriptions
générales et impersonnelles.
Leur légalité peut être contrôlée par le juge administratif. Ces actes constituent
également une source du droit pénal. La loi pénale peut dans certaines conditions
renvoyer aux règlements. Les contraventions sont définies et sanctionnées par voie
règlementaire et particulièrement par un décret (v. décret 97/84 du 28 février 1997
portant définition et sanction des contraventions). Les actes règlementaires sont
inférieurs aux lois. Ces actes à l’instar des lois sont également inférieurs aux traités et
accords internationaux sous certaines conditions.

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§ III – Les traités et accords internationaux
Ils ont une autorité supérieure aux normes légales internes. Ils sont assimilés dans
leur application à une loi. Toutefois dans les droits internes leur application est
souvent soumise à des règles internes.
L’article 151 de la constitution édicte la supériorité de ceux-ci dès leur publication à
condition que l’autre partie applique l’accord ou le traité.
Lorsqu’un traité international renvoie à la loi interne pour les conditions
d’incrimination ou pour la fixation des peines son application concernant les points
ne peut intervenir qu’après la promulgation des règles du droit pénal interne. Mais ces
règles peuvent déjà exister dans le système pénal interne et peuvent s’appliquer tant
qu’elles ne sont pas en contradiction avec le traité ou tant que leur application n’est
pas expressément écartée par celui-ci.
Le traité du 17 octobre 1993 relatif à l’OHADA en partie son article 5 peut illustrer
cette situation (v. E. KANGABEGA « observation sur les aspects pénaux de
l’OHADA » n° 834 septembre 2000, P. 304 et suivants.
Le droit pénal ne semble pas inclure la jurisprudence parmi ses sources à la différence
du droit civil. Dans certains cas l’imprécision de la loi pénale peut amener le juge
répressif à apprécier ou à préciser certains points. L’absence de la jurisprudence
parmi les sources du droit pénal peut s’expliquer par le fait que les infractions et les
peines sont soumises aux principes de la légalité.

Section II - Le principe de la légalité


Il n’y a ni infraction, ni sanction pénal sans texte légal. Lois et règlements doivent par
conséquent prévoir les infractions et les sanctions applicables.

§ I – Notion d’infraction
D’un point de vue sociologique commettre une infraction, c’est commettre un acte
qui reste contraire à l’ordre social du groupe auquel appartient son auteur.
D’un point de vue juridique, une infraction est un acte en contradiction avec la loi.
Elle porte atteinte à l’ordre social. C’est un comportement ou un fait prévu et puni par
la loi. C’est aussi que l’infraction pénale se distingue du délit civil pouvant être
définit comme un fait fautif ayant causé un dommage à autrui. Le délit civil n’est pas
formellement prédéterminé ni limité par la loi. L’existence de ce délit est
subordonnée à l’existence d’un dommage. Or une infraction pénale peut être
constituée et son auteur poursuivi sans qu’elle ait causé un dommage. La sanction du
délit civil qui est la réparation du préjudice causé bénéficie à la victime. Toutefois
faute civile et faute pénale peuvent se confondre. L’infraction pénale est aussi à
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différencier du délit disciplinaire. Le délit disciplinaire est interne à un groupe social
déterminé et vise à assurer l’ordre dans le groupe. Le groupe peut être constitué des
membres d’une profession, d’une école, d’une famille. Le délit disciplinaire est un
management portant atteinte aux intérêts du groupe. C’est la violation des règles
internes au groupe Le délit disciplinaire trouble un ordre juridique particulier or le
délit pénal trouble un ordre juridique général. A la différence des fautes pénales
disciplinaire cataloguées. La sanction du délit disciplinaire est moins sévère que celle
du délit pénal. L’exclusion du groupe est l’extrême sanction de la faute disciplinaire
alors que la privation de liberté d’elle et revenir à perpétuité ou dans certains cas la
peine capitale constitue la sanction exemple de la faute pénale.

§ II – La légalité
Le principe de la légalité constitue une garantie contre l’arbitraire. La légalité
nécessite l’existence de textes qui incriminent et sanctionnent un acte. L’infraction
doit être en conséquence juridiquement définie et la peine juridique déterminée.
L’article 111-1du code pénal dispose dans ce sens que « nulle infraction ne peut être
punie et nulle peine prononcée si elles ne sont légalement prévues ». Ce principe est
absolu et ne peut donc souffrir d’aucune exception. Aussi est-il de caractère général
car s’appliquant à toutes les catégories d’infractions.
Ainsi le juge pénal n’est pas autorisé à poursuivre encore moins à sanctionner un acte
non prohibé ni puni par la loi. Il n’a donc pas le droit de créer des normes. Le
caractère légal est rempli par une loi au sens strict, soit par un règlement, soit par un
traité, soit une convention internationale intégrée dans l’ordre interne. Le principe de
la légalité permet de défendre les intérêts de la société et les libertés individuelles. En
résumé, la légalité renvoi à la nécessité d’un texte qui définit de façon générale et
impersonnelle l’acte prohibé et ses limites.

Section III - Le champ d’application de la loi pénale


La question d’application de la loi pénale peut se poser en termes de temps et en
termes d’espace.

§ I – L’application dans le temps


Le principe de la légalité s’oppose à l’application d’une loi nouvelle à des faits
antérieurs à sa promulgation ou à sa date de promulgation.
L’application de la loi pénale dans le temps renvoi à la question de non rétroactivité.
Mais il faut distinguer selon que la loi pénale est de fond ou de forme.

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1 – Les lois pénales de fond
a) – Le principe : la non rétroactivité des lois pénales
En principe les lois pénales de fond ne rétroagissent pas. Il n’est donc pas possible de
punir une personne en se fondant sur un texte qui n’existait pas au moment des faits.
Les faits ne sont donc punissables que si au moment de leur commission, ils sont
constitutifs d’infractions. Les lois pénales de fond sont celles qui déterminent une
infraction ou une peine applicable à l’auteur de l’infraction. Le principe de la non
rétroactivité est consacré par le Code Pénal burkinabé en ces termes : « la loi qui
efface la nature punissable d’un fait qui allège une peine a un effet rétroactif ». La loi
qui rend un fait punissable ou qui aggrave une peine n’a pas d’effet rétroactif (cf.
112-1 de la loi 025/2018). Ce principe s’accorde avec celui de la légalité des
infractions et des peines dans la mesure où l’on ne peut être ni poursuivi, ni puni pour
un acte qui n’était pas prévu lors de sa commission. Ainsi les auteurs de mutilation
sexuelle féminine ne pouvaient voir leur responsabilité pénale engagée avant la
promulgation la loi 43 – 96 ADP du 13 novembre 96 portant Code Pénal. Il convient
que les lois étendant le domaine d’application d’une incrimination par une
redéfinition, celles modifiant les règles récidives, celle concernant le cumul des
peines, celles allongeant des peines complémentaires, celles supprimant les causes
d’atténuation de la peine, aggravant une peine déjà existante sont considérées comme
des lois pénales de fond. De façon générale, il est de principe que les lois pénales plus
sévères ne s’appliquent qu’aux faits postérieurs à l’entrés en vigueur de celles-ci.
b) – L’exception de rétroactivité des lois pénales
Certaines lois pénales de fond sont plus douces et sont favorables à la personne mise
en cause. Dans ce cas la loi pénale rétroagit (c’est la rétroactivité in mitius). La loi
nouvelle moins sévère s’applique à l’infraction commise avant son entrée en vigueur.
Dans ce cas l’infraction commise ne doit pas avoir fait l’objet d’une condamnation
passée en force de chose jugée. Ce principe est prévu aux alinéas 2 de l’article 112-1
du code pénal. Il est nécessaire de souligner que la loi nouvelle interprétative rétroagit
également dans la mesure où elle ne fait que préciser le sens de l’ancienne loi. Elle
s’incorpore à l’ancienne loi. Ainsi les lois supprimant une incrimination, celles
faisant disparaître une circonstance aggravante, celles créant un fait justificatif ou une
cause de non imputabilité ou encore une circonstance atténuante, celles modifiant les
gravités sont soumises au régime des lois nouvelles plus douces. Les lois allégeant les
sanctions relèvent aussi de ce régime.
2 – Les lois pénales de forme
Elles sont essentiellement consacrées à la procédure. Les lois nouvelles de forme sont
en principe applicables dès leur entrée en vigueur. Elles s’imposent de par le présent
et par l’avenir. Font partie de ces règles : les lois nouvelles relatives à la constatation
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aux poursuites, aux jugements d’infraction, celles portant sur l’interruption et la
protection des peines, celle concernant les voies de recours.
Toutefois la loi nouvelle ne s’applique aux situations des droits acquis.

§ II – L’application de la loi pénale dans l’espace


Pour cette application, une distinction est faite entre l’infraction commise sur le
territoire national et celle commise hors du territoire national.

1 – Les infractions commises à l’intérieur du territoire national


Le territoire national concerne aussi bien l’espace terrestre que les espaces aériens,
fluvial, maritime liés au territoire. Au terme de l’article 113-1 du Code Pénal « la loi
pénale s’applique à toute infraction commise sur le territoire national quel que soit la
nationalité de son auteur ». C’est le principe de territorialité de la loi pénale. Il en
résulte que la loi pénale nationale s’applique à toute personne ayant commis une
infraction sur le territoire national y compris ses extensions. Ce principe est le même
dans la plupart des systèmes généraux d’Afrique noire francophone et en droit
français.
L’infraction commise sur le territoire national signifie en principe que tous les actes
la constituant ont été complètement accomplis sur le territoire national.

2 – Les infractions commises hors du territoire national


Le principe est la compétence de la loi nationale. Ce qui explique qu’il peut y avoir
des dérogations à celui-ci. Dans certains systèmes comme ceux du Togo et la France,
l’infraction dont un des éléments constitutifs a été accompli est réputée commise sur
le territoire national concernant les espaces maritimes et aériens, des systèmes
soumettent à la loi nationale pénale les infractions commises à bord des navires et
aéronefs battant pavillon national ou à l’encontre de tel navire ou aéronef en quel que
lieu où il se situe. C’est le cas en droit français. Ce dernier droit accorde une
compétence nationale exclusive lorsqu’il s’agit d’un navire de la marine nationale et
cela en quelque lieu où il se trouve. La nationalité est un critère qui peut permettre de
déroger aux principes d’incompétence de la loi nationale. En effet, toute infraction
commise par un national ou à l’encontre de celui-ci hors du territoire national est
soumise à la loi pénale du BF (cf. 113-1, alinéa 2 du code pénal). Mais l’extension de
la compétence pénale de la loi nationale burkinabé n’est possible dans cette
hypothèse qu’à deux conditions :
- Les faits doivent être punis par la loi du pays dans lequel l’infraction a été
commise ;

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- Les poursuites sont subordonnées à une plainte préalable de la victime ou à une
dénonciation officielle du pays de commission de l’infraction.
Aussi la loi pénale du BF peut-elle s’appliquer à des personnes de nationalité
étrangères ayant commis des infractions hors du territoire national en application des
conventions internationales le permettant. En tout état de cause les critères
d’application de la loi pénale dans l’espace varient d’une législation à une autre à
l’instar de ceux concernant l’application des lois dans le temps.

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Chapitre II : CLASSIFICATION DES INFRACTIONS

La principale classification au BF est celle prévue par l’article 121-1 du code pénal
qui distingue les crimes, les délits et contraventions. Mais à côté de cette
classification il existe de nombreuses autres classifications. Elles reposent sur la
gravité de l’infraction, leur nature et les modes d’exécution.

SECTION I : Les classifications légales


Elles concernent les infractions prédéterminées par le législateur.

§I : La classification de l’infraction selon leur gravité


1/ critères de classification
La détermination des crimes et délits ainsi que les peines qui leurs sont applicables
relèvent du pouvoir législatif.
Quant aux contraventions, elles relèvent du pouvoir exécutif. La gravité de
l’infraction se déduit de la rigueur de la peine. Sont qualifiés de crime aux termes de
l’art 121-1 du code pénal les infractions punies de la perpétuité criminelle,
d’emprisonnement de travaux forcés. Les délits sont des infractions punies d’un
emprisonnement de 30 jours au moins et n’excédant pas 10 ans ainsi que les amendes
ou de l’une des 2 peines.
Les contraventions sont des infractions punies d’une amende qui ne peut être
supérieur à 200 000 F. On peut faire observer la simplicité de la classification des
infractions de l’article 121-1 du code pénal.
2/ les intérêts de la classification
Les intérêts de cette division tripartite sont nombreux et l’on peut distinguer les
intérêts de forme et les intérêts de fond.
a- Les intérêts de forme
A chaque catégorie de fait correspond une juridiction compétente :
- Les crimes sont jugés par la chambre criminelle de la cour d’appel.
Cette chambre est constituée d’une formation collégiale de 3 magistrats, d’un jury de 4
membres représentants du ministère public et d’un greffier. Elle est compétente en
matière criminelle en premier et dernier ressort.
- Les délits sont jugés en première instance par la chambre correctionnelle du TGI
et en appel par la chambre correctionnelle de la cour d’appel.
- Les contraventions sont de la compétence des tribunaux d’instance.
Les règles de procédures sont différentes pour les trois catégories d’infraction.

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L’instruction préparatoire est obligatoire pour les crimes, facultatives pour les délits
et inexistantes pour les contraventions.
Les délais de prescription de l’action publique sont de 10 par les crimes, 3ans pour les
délits et 1 an pour les contraventions.
b-Les intérêts de fond
De façon générale, la division tripartite des infractions a une incidence sur les règles
de fond du droit pénal ; ces influences concernent notamment :
- La tentative : elle est toujours punissable en matière criminelle
- La complicité : elle est punissable en matière criminelle ou délictuelle et très
rarement en cas de contravention
- La récidive : ces conditions varient selon qu’il s’agit des crimes, des délits ou des
contraventions.

§ II – Classification fondée sur la nature de l’infraction


1 – Intérêt de la distinction de l’infraction politique et infraction de droit commun
Cette distinction est importante car l’infraction politique est soumise à un règlement
qui diffère en certains points de la règle de droit commun. L’extradition ne s’applique
pas en principe aux infractions politiques. Il existe des peines applicables surtout aux
délinquants politiques. Dans certains systèmes pénaux, le détenu politique (ou
condamné politique) bénéficie parfois de traitement plus clément au cours de
l’exécution de la peine dans les établissements pénitentiaires.
2 – Intérêt distinction infraction militaire et infraction de droit commun
L’infraction militaire est soumise à une procédure spéciale déterminée par les règles
de la procédure pénale militaire (V Code de Justice militaire institué par la loi 24 – 94
ADP du 24 mai 94 promulgué par le décret 94 – 221 du 13 juin 94). En principe, les
peines applicables aux infractions relevant de la compétence des juridictions
militaires sont celles de droit commun (V article 154 du C J militaire).
Cependant il existe des peines purement militaires. C’est l’exemple de la perte de
grades (v article 154 et 156 du CJ militaire). En temps de paix, les juridictions
militaires sont généralement compétentes pour connaître les infractions commises par
les militaires. En effet au terme de l’article 34 du CJ militaire : « les juridictions
militaires sont compétentes pour instruire et juger les infractions de droit commun
commises par les militaires ou assimilés par les militaires dans les services ou
établissement militaires ou chez l’hôte ainsi que les infractions militaires prévues par
le présent code ». En temps de guerre, sa compétence peut s’étendre à des infractions
telles que celle de nature politique. La condamnation par une infraction militaire n’est
pas une cause d’aggravation de la peine en cas de commission d’une nouvelle
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infraction de droit commun. En conséquence, elle n’empêche pas le bénéfice d’un
sursis pour infraction de droit commun. Elle ne remet pas non plus en cause un sursis
déjà accordé dans le cadre d’une décision relative à une infraction de droit commun.
(V 150 du C J militaire). Une condamnation pour infraction militaire ne peut être
prise en compte pour apprécier l’existence d’une récidive dans le cas de poursuite
relative à une infraction de droit commun.

Section III – Classification selon le mode d’exécution des infractions


La classification dans cette hypothèse peut se faire selon deux grands sous critères :
suivant le mode matériel et suivant le mode psychologique.

§ I – Le critère du mode matériel d’exécution de l’infraction


1 – Infraction instantanées et continues
Une infraction est dite instantanée lorsqu’elle s’exécute en un instant plus ou moins
long. C’est le cas du vol, du meurtre. Dans cette hypothèse, la durée est négligeable
dans le sens où elle n’a pas de répercussion sur la réalisation de l’infraction.
Elle est dite continue lorsque son exécution s’étale, se prolonge dans le temps par
une réitération de la volonté coupable. La commission de l’infraction dure autant que
l’action ou l’omission prohibée persiste. On peut citer la séquestration arbitraire, le
port illégal de décoration, le vol d’électricité, le recel d’objet volé.
L’infraction courte diffère de l’infraction permanente en ce que cette dernière s’étale
dans le temps par son effet mais sans réitération de la volonté coupable.
Concernant l’infraction courte l’effet persiste par la volonté coupable réitérée.
L’infraction permanente est hybride car se situant entre l’infraction instantanée et
l’infraction courte. L’infraction courte est différente aussi de l’infraction continuée
qui consiste en la commission d’infraction par la même personne dans un même
dessein criminel. La distinction entre infraction instantanée et infraction courte
permet le calcul du délai de prescription. Le délai de prescription de l’infraction
instantanée court dès la réalisation de l’infraction alors que celui de l’infraction
continue commence à courir à partir de la fin de l’acte ou de comportement
délictueux. Elle permet également de faire application ou non de la loi nouvelle. Le
principe de non rétroactivité ne s’applique pas aux infractions continues quand les
faits ont commencé sous l’empire de l’ancienne loi et se prolongent sous celui de la
nouvelle loi. Et cela même si la loi nouvelle est plus sévère. La distinction permet en
fin de déterminer la compétence materiæloci.
L’infraction instantanée relève de la juridiction d’un seul lieu de commission. Quant à
l’infraction continue, les juridictions des différents lieux de commissions peuvent être
compétentes.
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2 – L’infraction simple et l’infraction complexe
Une infraction est simple quand elle est constituée d’un fait matériel unique. Elle est
complexe dans le cas où elle donne lieu à plusieurs actes matériels.
a) – Infraction simples et infraction d’habitudes
L’infraction simple ou d’occasion consiste à l’accomplissement d’un seul acte.
L’infraction d’habitude est celle qui se commet par l’accomplissement de plusieurs
actes semblables et chaque acte isolé ne suffit pas à constituer l’infraction. Trois
intérêts militent en faveur de cette distinction :
 Cette distinction permet de se situer quant au délai de prescription de l’action
publique. Concernant l’infraction d’habitude, la prescription commence à
courir le jour où le dernier acte constitutif de celle-ci a été réalisé.
 Elle permet de savoir également quel moment l’action publique peut être
exercée devant le juge répressif puisque celle-ci n’est possible que lorsque
l’infraction est pleinement réalisée.
 Enfin l’intérêt de cette distinction réside dans le fait que la loi pénale nouvelle
même rigoureuse s’applique à l’infraction d’habitude toutes les fois que le
dernier acte la réalisant intervient postérieurement à l’entrée en vigueur de cette
loi.

b) – Infraction simple et infraction complexe proprement dite


L’infraction complexe consiste à l’accomplissement de plusieurs actes matériels
distincts s’enchaînant et permettant d’aboutir à un acte unique constituant
l’infraction. La distinction entre infraction simple et complexe proprement dite
permet de repérer le point de départ de la prescription de l’action publique. Le délai
de prescription court lorsque le dernier acte conduisant à la réalisation complète de
l’infraction a été accompli (fabrication de faux billets).
En droit international la distinction permet de déterminer la compétence territoriale.
En effet dans certains systèmes pénaux l’accomplissement d’un ou de plusieurs actes
constitutifs d’une infraction sur le territoire national entraîne l’application de la loi
pénale nationale peu importe si les autres actes ont été effectués hors de ce territoire.

c) – Infractions matérielles et infractions formelles


Une infraction est dite matérielle lorsque le résultat constitue un élément constitutif
de l’infraction. L’infraction n’est consommée que si le dommage est effectif
contrairement à l’infraction matérielle, celle de caractère formel est réalisée même si
le résultat des agissements n’est pas atteint. Sa constitution est indépendante de tout

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résultat. L’intérêt de cette distinction se situe au niveau de la tentative. Dans le cas
des infractions matérielles lorsque l’auteur renonce à son action et se rétracte
volontairement avant la commission de l’infraction la tentative n’est pas punissable.
Le désistement dénude la tentative de son caractère coupable. En revanche s’agissant
d’une infraction formelle la tentative est punissable.

§ II – Le critère du mode psychologique d’exécution de l’infraction


On distingue essentiellement les infractions intentionnelles et les infractions non
intentionnelles.
Une infraction est intentionnelle quand sa réalisation nécessite chez l’agent une
intention de commettre l’infraction (cas du meurtre : il faut qu’il y ait l’élément
matériel et aussi l’intention de tuer pour que le meurtre soit constitué).
En revanche l’infraction non intentionnelle n’est pas soumise à l’intervention d’une
volonté coupable. Elle est réputée commise dès lors que tous les éléments constitutifs
sont réunis même si l’agent n’avait aucune intention d’enfreindre aux prescriptions
légales. La bonne foi ne joue pas dans ce cas l’intérêt de cette distinction réside dans
la recherche de la preuve.

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TITRE II - ELEMENT CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION

La loi définit ce qui matériellement éclairci en précisant de façon plus ou moins


implicite si l’intervention de la volonté est nécessaire pour aboutir à une constitution
effective de l’infraction. On en déduit que d’une manière générale la constitution
d’une infraction nécessite la réunion d’un élément matériel et d’un élément moral ou
psychologique.

Chapitre I – L’ELEMENT MATERIEL

L’élément matériel suppose un fait négatif ou un fait positif. Il est déduit du texte qui
incrimine l’acte. Un acte s’avère donc nécessaire. L’infraction peut être commise par
plusieurs personnes et dans cette hypothèse se pose la question de savoir comment
déterminer l’élément matériel.

Section I – La nécessité d’un acte


L’élément matériel peut résulter d’un acte positif (action ou omission) ou d’un acte
négatif (omission). Et ces actes ne sont pas nécessairement achevés.

§ I – L’acte positif et l’acte négatif


L’élément matériel peut consister à faire ce qui est interdit par la loi. L’infraction est
donc commise par action. L’acte négatif qui consiste à s’abstenir de faire ou en une
omission peut aussi constituer l’élément matériel (non-assistance à personne en
danger).

§ II – L’acte inachevé
Il y a 4 étapes sur la route du crime qui sont :
• 1ère étape : Résolution criminelle ;(pas de sanction)
• 2ème étape : actes préparatoires ;(pas de sanction)
• 3ème étape : commencement d’exécution ;(sanction ou pas)
• 4ème étape : consommation de l’infraction ; (sanction)

La commission d’une infraction comporte plusieurs étapes. En principe la


commission est parfaite lorsque l’acte incriminé a connu un accomplissement
complet. Mais certains actes peuvent s’avérer soit incomplète soit impossible. Dans le
1er cas, il peut s’agir d’une tentative de commission. Et dans le second cas, d’une
infraction impossible.
17
1 – La tentative
La tentative peut se définir comme l’acte qui n’a pas pu être achevé parce que son
auteur n’a pas pu parvenir au résultat escompté. Or certains actes bien qu’ils soient
partiellement accomplis sont soumis aux mêmes conditions de sanction que les
mêmes actes achevés (v article 122-1 à 122-4 du CP). D’une manière générale,
l’infraction en particulier le crime connaît trois principales phases avant d’aboutir à la
réalisation. Il s’agit de la résolution criminelle, de la préparation de l’infraction et du
commencement de son exécution. La formation de la résolution illicite ou la
représentation psychologique de l’acte constitue la résolution. A cette phase, l’agent
pense simplement à l’acte. Il le projette sans pour autant agir.
Certains agents s’arrêtent à cette phase qui en principe n’est pas punissable. La
préparation consiste à l’accomplissement de simples actes préparatoires non
punissables. Sauf si l’acte constitue une infraction. Cette phase est celle de la
recherche des moyens de commission de l’infraction. Certains auteurs qualifient
l’acte préparatoire d’acte équivoque. Quant au commencement d’exécution, il dénote
souvent d’une certaine volonté de l’auteur d’atteindre son but. L’individu a un
comportement qui lui permet de violer la loi pénale. Selon la chambre criminelle
(française) : « le commencement d’exécution est caractérisé par des actes qui tendent
directement à l’infraction avec l’intention de la commission. (Voir cassation
criminelle 29 décembre 1970 JCP 1971).
Au sujet du commencement d’exécution et conception doctrinales s’affrontent.
Une première dite objective considère que l’acte préparatoire d’infraction ne doit pas
être pris en compte dans la constitution de la tentative tandis que le commencement
d’exécution doit l’être. Cette conception permet à certains actes notamment ceux qui
révèlent une intention criminelle manifeste d’échapper à une sanction dans la mesure
où dans ce cas les agissements précédant la phase du commencement ne sont pas
considérés comme une tentative punissable. Quant à la seconde conception dite
subjective, elle considère que la formation psychologique définitive est un
commencement d’exécution. Dans cette hypothèse, la volonté est nettement établie
c’est l’acte univoque. Selon certains auteurs. Pour cette doctrine dès que l’intention
est étroitement liée à l’acte final ou en est toute proche, ou encore est en rapport
direct avec le but à atteindre, le commencement d’exécution est constant. Le
législateur burkinabé semble se joindre à cette tendance doctrinale (cf. article 122-1
du CP burkinabé).
Toutes ces phases précèdent l’accomplissement parfait de l’acte, pose le problème de
la sanction de l’acte de la tentative d’une exécution. Le commencement d’exécution
ne suffit pas à constituer une tentative. Celle-ci ne sera pleinement constituée que
dans le cas où l’auteur persiste dans son … coupable. Lorsque l’agent se désiste de
18
son action fautive de façon libre et volontaire, la tentative n’est pas punissable. En
revanche, lorsque la suspension de l’exécution ou de désistement est due à une cause
extérieure indépendante de la volonté de l’agent, la tentative est punissable. Le
désistement exonère l’agent de la sanction. En résumé, la tentative échappe à la
punition ou disculpe à deux conditions :
▪ Il faut un désistement volontaire spontané de la part de l’agent. Le
désistement doit résulter de la volonté de l’agent. L’acte ne doit donc être
arrêté, suspendu, ou manqué sous aucune contrainte extérieure ni l’intervention
de la cause extérieure doit être déterminante. Ainsi, un assassin qui s’apprête à
tuer sa victime et est arrêté par le déclenchement d’une alarme ne peut
bénéficier de cette exonération.
En revanche, celui qui s’apprête à abattre sa victime d’un coup de revolver et
interrompt son acte par pitié, échappe à la sanction. Le motif de désistement
importe peu.
▪ Le désistement doit intervenir antérieurement à la commission de l’acte.
Ainsi celui qui donne l’antidote à la victime après lui avoir administré du
poison, ne peut bénéficier de la dis… Il s’agit d’un repentir actif qui peut
permettre à l’auteur de bénéficier de circonstances atténuantes ou d’une
modération de la peine. Il n’est pas inutile de noter qu’en droit pénal
burkinabé, la tentative doit être punie en matière de crime. Elle peut être punie
quand il s’agit d’un délit. Elle exempte de sanction en cas de contravention.
2 – L’infraction impossible
Tuer un cadavre, procéder à l’avortement d’une femme qui n’est pas en état de
grossesse constitue des infractions impossibles. Cette situation conduit à la question
de savoir si les actes sont punissables. D’où une autre interrogation, l’impossible
peut-il être tenté ? Il convient de noter que le délit impossible se rapproche du délit
manqué. Ex : l’agent n’a pas pu commettre le meurtre parce qu’il s’y est mal pris au
cours du tir car dans les deux cas tous les actes constitutifs de l’infraction sont
pleinement accomplis.
Toutefois dans le cas de l’infraction manquée le résultat aurait pu être atteint en
l’absence de circonstance indépendante de la volonté de l’agent.
Or dans le cas de l’infraction impossible, le résultat ne peut être atteint quelque soient
les circonstances. Dans de telles conditions peut-on assimiler l’infraction impossible
à l’infraction tentée ? Certains auteurs distinguent l’impossibilité absolue de
l’impossibilité relative. Il y a de l’impossibilité absolue en cas d’inexistence de
l’objet de l’affection (cas de celui qui va voler alors qu’il n’y a pas d’objet à voler) ou
en cas d’inefficacité des moyens (empoisonner quelqu’un en lui administrant une
substance non toxique, tirer sur une personne avec une arme non chargée de balle).

19
L’impossibilité est relative dans le cas où l’objet de l’infraction existe mais
l’impossibilité est d’au moyen utilisé. Ex : maladresse lors de l’utilisation de moyens
ou à l’emplacement (objet absent du lieu où l’agent pensait le retrouver). D’autres
auteurs qualifient l’impossibilité absolue d’impossibilité de droit et celle de caractère
relatif d’impossibilité de fait.
D’une manière générale, l’infraction impossible peut être assimilée à l’infraction
tentée puisqu’il y a un commencement d’exécution arrêté involontairement. Le
résultat n’est pas atteint indépendamment de la volonté de l’agent. Mais l’infraction
impossible est punissable en cas d’absence d’intention coupable (ex de celui qui
utilisé un pistolet à eau pour tirer en sachant que cette arme ne peut point donner la
mort.

Section II – L’élément matériel de l’infraction en cas de pluralité d’auteurs

§ I – La complicité
La définition de la complicité nous permet de la distinguer de la coaction (v article
131-4 du CP). La complicité n’est effective que sous certaines conditions.
Pour que la complicité soit punissable, il faut 3 conditions à savoir :
1. Un acte principal punissable (infraction principale
2. Un acte matériel de complicité (API : Aide – Assistance, Provocation,
Instruction)
3. Une intention coupable
1 – La notion de complicité
Elle suppose la participation d’une personne à l’accomplissement d’une infraction
commise par un ou plusieurs individus. Cette participation peut consister à coopérer à
assister, à aider l’auteur ou les coauteurs soit dans la préparation de l’acte soit dans
l’exécution matériel de celui-ci. Ex celui qui surveille pour éviter toute surprise par
tiers pendant qu’un autre est en train de voler est un complice. Le complice s’associe
à l’auteur de façon incidente ou accessoire au cours de la commission de l’infraction.
Il facilite la commission de l’infraction. Le complice n’est pas à confondre avec
l’auteur ou le coauteur qui prend part principalement et directement à l’exécution
matériel de l’acte. La participation peut être l’œuvre d’une entente préalable
(association de malfaiteurs) comme elle peut être intervenue sans entente (ex :
pillage, fraude douanière). La complicité ne peut être punie que sous certaines
conditions.

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2 – Les conditions de la complicité punissable
La complicité suppose l’existence d’un acte principal punissable (A) d’un acte
matériel (B) et d’un effet moral.

a) L’existence d’un acte principal punissable


La complicité est nécessairement liée à un fait ou à l’acte principal punissable. Il faut
donc une infraction commise à titre principale par un individu (auteur) différent du ou
des complices. Le fait principal doit donc être soumis au principe de la légalité des
infractions. Dans le cas contraire, la complicité n’est pas punissable. Exemple : celui
qui a aidé un individu à se suicider en lui apportantune corde n’est pas punissable
puisque le suicide ne constitue pas uneinfraction. Par contre la jurisprudence
française a considéré commecomplice un individu qui a assisté à l’avortement de sa
maîtresse caril a apporté un soutien moral à l’auteur de l’avortement par saprésence
(casscrim. 27 -10 – 71, bull crim n° 284).

b) La complicité nécessite également un acte matériel.


Le fait d’être un simple spectateur ne suffit pas à condamner cet individu sur la base
de la complicité. En principe, il faut un acte concomitant à l’infraction ou un acte
antérieur à celle-ci. Cependant, l’acte postérieur à l’infraction peut dans certains cas
être qualifié d’acte de complicité.
- L’acte concomitant à l’infraction : la complicité peut se matérialiser par la
collaboration d’un individu. C’est le cas de celui qui aide ou assiste l’auteur au
moment de la préparation ou de l’exécution matérielle de l’acte. Ex : jouer le rôle de
guetteur pour permettre à un cambrioleur de cambrioler toute quiétude.
- L’acte extérieur à l’infraction : l’instigateur peut constituer un acte matériel
de complicité. La provocation à commettre certaines infractions (fon, promesse,
ordre, abus d’autorité, de pouvoir) et ce fait de fournir ou de donner des instructions
quant au passage à l’acte (donner le mode d’emploi à l’auteur d’une fraude
informatique, peut tomber sous le coup de complicité mais le complice instigateur
(provocateur ou fournisseur) n’est pas punissable en cas de non passage à l’acte dans
la mesure ou dans cette hypothèse, il y a absent d’acte principal punissable.
C’est une tentative de complicité. Il faut noter que le concours apporter à une
complicité ne constitue pas en principe un acte punissable. Le complice du complice
en générale ne risque pas une sanction pénale. Mais la jurisprudence française a
démontré plus d’une fois que ce principe est franchissable. Elle a en effet considéré
que le fait de donner de simples instructions peut constituer une complicité
punissable. C’est le cas d’une personne qui donne des instructions à un recruteur de
tueur à gage. La loi (française) « n’exige pas que les instructions soient données
21
directement par leur auteur pour que la complicité de celui-ci soit légalement
constituée ».
Certains actes postérieurs à l’infraction peuvent faire l’objet d’une complicité. L’acte
postérieur à l’infraction en principe ne constitue pas une complicité puisqu’elle ne
répond pas à la définition de celle-ci. L’acte postérieur ne contribue pas ou ne facilite
pas la commission de l’infraction. L’auteur de l’acte postérieur agit après
l’accomplissement parfait de l’infraction. Mais certaines législations et
jurisprudences considèrent certains actes postérieurs comme des actes de complicité.
C’est ainsi que la loi burkinabé qualifie de complice celui qui facilite la fuite d’un
voleur tout en étant contient que ce dernier a commis un acte contraire à la loi. Il en
est de même pour celui qui aide ou cache l’auteur d’une infraction ou celui qui
transporte le fruit d’un vol. La jurisprudence française à l’instar du législateur
burkinabé sanctionne en tant que complice, celui qui protège ou facilité la fuite d’un
voleur en particulier lorsque cette aide est le résultat d’un accord passé avant la
commission de l’acte principal punissable (cass. Crim. 8 novembre 1973).

c) L’élément moral de la complicité


La complicité requiert l’existence d’une intention personnelle de s’associer à la
réalisation d’une infraction pénale. Le complice doit jouer le rôle de complice. La
participation à la commission de l’infraction doit être volontaire, intentionnelle. Au
moment de l’action, l’agent doit savoir que son acte va favoriser ou contribuer à la
réalisation de l’acte principal prohibé.
L’élément moral de la complicité diffère de celui requis vis-à-vis de l’auteur de
l’infraction principale. L’accomplissement d’un acte de complicité par naïveté, par
imprudence ou négligence n’est pas en principe punissable. Il en est de même
concernant la plupart des infractions non intentionnelles.
Lorsque l’intention de participer à l’acte fautif n’est pas concomitante à l’acte en
cause mais à un autre, la complicité n’existe pas pour l’infraction visée. C’est
l’exemple d’un individu qui prête son véhicule à un ami pour cambrioler son voisin et
cet ami utilise le véhicule pour se débarrasser du corps de son ennemi de longue date
qu’il a tué. Toutefois lorsque la discordance n’est que partielle, la complicité est
retenue. Ex : X remet un couteau à Y pour tuer Z qui est plus tôt tué à l’aide d’un
fusil.

§ I – La responsabilité pénale du fait d’autrui


En principe, l’on est punissable que de son fait personnel. Mais exceptionnellement,
on peut sanctionner une personne du fait d’autrui.

22
C’est en général le cas de la responsabilité du chef d’entreprise. Sous cette hypothèse,
l’infraction est commise dans sa matérialité par une autre personne. Le responsable
n’accomplit pas l’acte lui-même. C’est l’exemple des règles d’hygiène à observer
dans le secteur de l’industrie alimentaire (des conditions d’exploitation sont
imposées) si le chef d’entreprise (employeur) ne prend pas les mesures nécessaires au
respect de ces règles, il peut se rendre coupable d’une infraction même dans le cas où
celle-ci a été matériellement commise par un employé.
Mais, il peut se dégager de cette responsabilité en prouvant qu’il a transféré son
autorité au profit d’une autre personne pour veiller au respect de mesures. On peut
également prendre l’exemple d’un restaurateur qui peut être engagée même si l’usage
effectif des produits est fait par le personnel cuisinier. C’est également l’incitation du
mineur à la débauche.
En tout état de cause, il y a une participation de chef d’entreprise dans la commission
de l’infraction. Il peut être qualifié de complice par instigation. Cette responsabilité
pénale indirecte est en général prévue expressément par la loi. Outre l’élément
matériel, il faut un élément moral par la constitution psychologique de l’infraction.

23
Chapitre II – L’ELEMENT PSYCHOLOGIQUE OU MORAL
L’élément moral nous interroge sur l’état d’esprit de l’individu au moment de la
commission de l’infraction. L’acte matériel doit être lié à la volonté de son auteur peu
importe le moment ou intervient cette volonté au cours de la formation de
l’infraction. L’auteur de l’infraction est conscient du fait que l’acte qu’il est en train
de commettre est interdit par la loi. L’intention criminelle est donc une des conditions
nécessaires à la construction de l’infraction. Cependant, cette intention se présente
sous une autre forme lorsqu’il s’agit de certaines fautes pénales.
Section I – L’intention criminelle ou dol criminel
L’intention criminelle peut se définir comme la volonté de commettre un acte en
contradiction avec la loi ou de s’abstenir d’accomplir un acte commandé par celle-ci.
Certains auteurs définissent l’intention criminelle ou délictuelle comme : « la volonté
qui se tend vers un but illicite ». Ce qui veut dire que l’agent agit de son plein gré.
§ I – L’intention et le mobile
Avoir une intention, c’est avoir une pensée qui tend vers un but. C’est aussi avoir une
volonté visant quelque chose. L’intention coupable exclue donc toute contrainte.
L’intention coupable qui est le dessein de faire ou de ne pas faire quelque chose
diffère du mobile. L’intention est une volonté abstraite et à un caractère général.
Tandis que les mobiles sont nombreux et divers pour une même incrimination. Le
mobile, c’est l’intérêt qui a déterminé l’accomplissement de l’acte. C’est la raison
personnelle qui conduit l’agent à commettre l’infraction. En d’autres termes, c’est la
cause ou le pourquoi donc l’action. Le mobile est en principe indifférent quant à la
constitution de l’infraction qui est effective lorsque l’élément matériel et l’élément
moral existent. Il n’intervient pas non plus dans la détermination de la peine. En
principe, il n’est ni un élément intentionnel ni un fait justificatif.
Cependant, il est exceptionnellement ténu compte du mobile dans certains cas.
Effectivement le mobile peut influer sur la sanction applicable ou constituer un
élément entrant dans la définition d’une infraction. Le motif est en effet pris en
considération en cas d’état de nécessité, de légitime défense et en cas de
commandement de l’autorité légitime. Il en est de même concernant la commission
de certaines infractions notamment l’origine de sa propre insolvabilité. Le terroriste
peut également être cité en exemple. En effet en droit français, le terrorisme est défini
comme des actes en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour
but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur « article 421-
1 du CP français ». Il peut être tenu compte du mobile en matière de procédures pour
joindre plusieurs affaires pénales.

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§ II – L’intention ou dol criminel
Il est important de distinguer le dol général et le dol spécial ; le dol simple et le dol
aggravé ; le dol déterminé et le dol indéterminé.
1 – Le dol général et le dol spécial
Le dol général consiste à la volonté consentante de violer un interdit légal. Il s’agit
simplement de l’intention délictueuse ou criminel. L’individu doit être conscient du
fait que la réalisation matérielle de l’acte et le résultat constitue l’infraction prévue
par la loi. Le dol général est parfois insuffisant pour conclure à la constitution d’une
infraction. Sa constitution exige en général un mobile particulier c'est-à-dire un dol
spécial.
Le dol spécial consiste dans la volonté utilisée dans le but de nuire à une valeur
sociale déterminée. Le comportement de l’agent est une réaction d’hostilité et non de
simple indifférence c'est-à-dire qui entraîne le méprit est orienté vers les valeurs
sociales déterminées. La volonté de nuire est dirigée vers un but précis. Il y a un désir
d’atteindre le résultat prohibé.
2 – Le dol simple et le dol aggravé
Selon le degré ou l’intensité du dol, la qualification de l’infraction et la peine varie.
Le dol simple est sujet à une peine ordinaire alors que le dol aggravé entraîne
l’application d’une peine répondant à cette gravité. La préméditation qui consiste à
former un dessein avant le passage à l’acte délictueux ou criminel constitue un dol
aggravé. Elle est considérée comme une circonstance aggravante en matière
d’homicide volontaire, c’est le cas de l’assassinat.
3 – Le dol déterminé et le dol indéterminé
La distinction entre le dol déterminé et le dol indéterminé est axée sur le résultat visé
par l’intention. La détermination du dol dépend de l’étendue de l’intention. Ainsi le
dol est déterminé lorsque le résultat est visé de façon précise. L’agent veut
précisément commettre telle infraction à l’encontre d’une personne déterminée ou
non. Par contre quand le résultat à atteindre n’a pas été précisément visé, il s’agit
d’un dol indéterminé. L’agent n’a pas voulu ici commettre l’acte d’une façon précise
quant à la gravité du résultat. Le résultat définitif obtenu n’est pas attendu. Il a
concrètement été imprévisible. Il a certes la probabilité que le résultat se produise.
Toutefois quel que soit le résultat l’agent est punissable car le dol indéterminé est
assimilé au dol déterminé.
B 4 – Infraction praeter intentionnel et dol éventuel
L’infraction praeter intentionnel suppose que le résultat atteint a été visée mais de
façon partielle même si celui-ci était abstraitement prévisible. Les résultats dépassent
les prévisions de l’agent. Il a atteint un seuil non voulu par l’agent et est souvent de

25
caractère plus grave. Dans cette situation la loi tient compte du caractère partiel du
résultat.
S’agissant du dol éventuel, l’agent n’a aucunement voulu le résultat. Il l’envisage tout
simplement comme pouvant se produire.
L’acte est commis délibérément mais l’agent n’accepte ni ne recherche le résultat. Le
dol éventuel peut être rapproché de l’imprévoyance consciente qui signifie que
l’agent a librement commit un acte par imprudence ou a pris des risques en prévoyant
que les conséquences probables ne vont pas se concrétiser. En principe le dol
éventuel ne donne pas lieu à une punition, l’intention de commettre l’acte étant
absente. Mais la loi peut en disposer autrement. L’infraction praeter intentionnel et le
dol éventuel apparaissent comme une catégorie intermédiaire entre l’intention
criminelle et la faute pénale.

Section II – La faute pénale


La faute réunit les effets requis pour constituer une infraction non intentionnelle.
Il en est de même concernant les contraventions.

§ I – La faute pénale par rapport aux infraction non intentionnelles


Les infractions non intentionnelles tel que les délits d’imprudence ou involontaires
n’exige pas une intention coupable. L’existence d’une faute suffit. La faute étant la
violation d’une obligation pénale existe. La faute pénale est tout fait de l’homme qui
viole une norme légale. Elle peut être la conséquence d’un acte commis par
imprudence, maladresse, négligence ou inattention. La doctrine définit souvent
l’imprudence comme l’acte ou le comportement que n’aurait pas en un bon père de
famille se trouvant dans les mêmes conditions que l’agent. Dans le cas de
l’imprudence, la faute pénale est constituée quand l’acte aboutit à un résultat illicite.
L’élément moral par rapport aux infractions non intentionnelles est en quelque sorte
déduit de la faute pénale. Ces infractions sont purement matérielles. L’élément
psychologique est la volonté prise en elle-même indépendamment d’un objectif à
atteindre. L’élément moral est constitué lorsque l’agent agit librement sans contrainte,
de son propre gré. En résumé, l’effet matériel et moral se dégage de la violation de
l’acte matériel, de la violation des règles légales.
§ II – L’élément moral par rapport aux contraventions
Les contraventions sont définies par les textes légaux en particulier les règlements
(voir article 1 et suivant du décret 97 – 84 du 28 février 1997). La faute
contraventionnelle est également considérée comme une infraction non
intentionnelle. A violation de la loi suffit pour conclure que l’élément matériel et
l’élément moral existent. La contravention est souvent caractérisée par la violation
d’une règle visant le maintien de l’opération ou la sécurité. C’est aussi la non
26
observation d’une règle de police permettant de prévenir ou d’éviter un dommage.
Pour certains auteurs : « la contravention n’est que la lésion d’intérêt administratif ».
L’agent qui désobéit de façon libre, consiste par rapport aux prescriptions légales ou
règlementaires peut être sanctionné suivant les règles contraventionnelles. En
conséquence, l’agent qui manque de volonté, qui ne jouit pas de ses facultés mentales
lors de la violation de l’interdit n’est pas punissable.

27
CHAPITRE III – LES PRINCIPALES REGLES RELATIVES A LA
RESPONSABILITE PENALE ET A L’AUTEUR DE L’INFRACTION

La commission d’une infraction n’engage pas systématiquement la responsabilité


pénale de son auteur. En outre certaines circonstances en l’occurrence les faits
justificatifs font disparaître l’infraction. Enfin quelques règles de la responsabilité
pénale sont liées à la catégorie de la personne.

Section I – Les causes de non imputabilité ou de non responsabilité


La responsabilité pénale est la conséquence juridique de l’acte commis. L’obligation
de répondre de cette conséquence constitue la responsabilité. Quant à la culpabilité,
elle renvoie à la commission d’un acte défendu légalement où à celle d’une faute. La
culpabilité n’est donc effective que dans le cas où l’infraction a été commise. C’est le
lien entre l’agent et son comportement. L’imputabilité est le fait d’attribuer la
paternité de la faute à quelqu’un. Elle permet d’identifier ou de désigner son auteur.
Elle suppose un état libre et conscient de l’agent ou l’aptitude à comprendre la portée
de ses actes. Il est tenu compte de quelques situations pour alterner la responsabilité
pénale d’une personne où pour exclure sa responsabilité. Le trouble psychique de
neuropsychique, la contrainte, l’erreur de droit figure parmi ces situations (article
132-1 à 132-8 du CP).

§ I – Le trouble psychique et neuropsychique


Selon l’article 132-4 du CP l’infraction est inexistante lorsqu’elle est commise en état
de démence. Le législateur rend donc irresponsable l’auteur de l’infraction commise
en état de démence ou remarque qu’il a de la part du législateur français une large
prise en compte du trouble psychique. Il prend en compte différentes affections
mentales tel que celle de l’intelligence, celle de nature congénitales, celle acquise par
l’effet d’une maladie. En effet, le législateur français tient compte de l’évolution
scientifique. Il prend en considération aussi bien la folie générale que la folie
localisée ou spécialisée. La démence peut être définit comme une altération des
facultés mentales. Elle abolit la faculté de discernement et la conscience. Elle
supprime le libre arbitre et anéantie la capacité pour l’individu de contrôler les actes.
Le trouble mental n’est pas présumé. Elle constitue une cause subjective
d’irresponsabilité. Mais cette irresponsabilité bénéficie à la personne mise en cause à
deux conditions :

- il faut une concomitance des faits,


- le trouble mental doit être contemporain de l’infraction c'est-à-dire que
l’agent doit souffrir du délabrement mental au moment de la commission de l’acte

28
prohibé. Il s’en suit que si l’état de démence intervient antérieurement ou
postérieurement à l’acte incriminé la responsabilité pénale ne peut être écartée.
L’antériorité ou la postériorité de la démence par rapport à la commission de
l’infraction suppose un état de lucidité au cours de celle-ci.
- Le trouble mental doit avoir affecté le discernement. Le trouble doit affecter
effectivement les facultés mentales de l’individu. En conséquence au moment des
faits, il ne doit pas être en état de distinguer le bien et le mal. La lucidité doit lui faire
défaut à cet instant précis. Il est bon de noter qu’il existe des états intermédiaires qui
n’abolissent pas complètement la capacité de discernement ou celle de contrôle des
actes. Il s’agit des épileptiques, des demi fous, des déficients mentaux, des
hystériques, des somnambulismes naturels.
En générale l’alcoolique chronique, le drogué même s’il commet une infraction en
état de non lucidité n’est placé parmi ceux qui souffrent de troubles mentales totales
ni parmi ceux qui en souffrent partiellement. L’état de démence parfaite ou au sens
strict au moment de l’action fait disparaître la responsabilité pénale de l’agent. Mais
sa responsabilité civile peut être engagée.
§ II – La contrainte
La contrainte suppose un acte commis sous l’empire d’une force à laquelle l’agent ne
peut résister. L’acte n’est pas commis librement.
L’agent ne peut faire autrement car empêché par une circonstance irrésistible. Il
existe plusieurs types de contrainte. La contrainte n’est admise comme libératrice ou
réductrice de responsabilité que sous certaines conditions.
1 – Les formes de contrainte
On distingue deux principales formes de contrainte
a) la contrainte physique
Cette pression matérielle par laquelle une personne est conduite contre sa volonté à
commettre un acte prohibé est une contrainte physique.
La contrainte abolit la liberté de mouvement. La contrainte physique est externe
quand elle émane d’une force naturelle ou étrangère s’imposant à l’individu. La
contrainte physique est interne quand elle n’est pas détachable de l’individu lui-même
c'est-à-dire qu’elle provient d’une circonstance physique interne.
b) La contrainte morale
Il s’agit d’une pression psychologique. La contrainte morale agit sur la volonté de
l’individu et le neutralise. La contrainte morale est externe quand l’individu commet
une infraction soit parce qu’il a été menacé soit parce qu’il a fait l’objet d’une
provocation emmenant d’un tiers.

29
En revanche la provocation policière pour les nécessités d’investigation en matière de
trafic de drogues dans certaine législation comme en droit français, canadien voire
burkinabé n’est pas toujours considérée comme une contrainte. Concernant les
menaces, elle doit être illégitime. La simple crainte révérencielle reste insuffisante.
Quant à la provocation, elle doit être déterminante par rapport aux agissements de
l’individu. En somme la contrainte morale externe n’est prise en compte que
lorsqu’elle a entraîné une pression sur la volonté de l’individu si bien qu’il se trouve
dans l’impossibilité d’agir librement. La contrainte morale est interne quand l’acte de
l’individu est provoqué par son état. Elle peut provenir d’une émotion, d’une passion
ou de conviction. La contrainte morale interne est prise en compte quand l’état de
l’individu est si grave qu’il altère les facultés mentales. La contrainte morale interne
aboutit difficilement à une non culpabilité de l’auteur de l’infraction car il s’agit
souvent d’une situation dans laquelle l’état impulsif de l’individu est dominant. Or
c’est la volonté qui doit être dominée.
2 – Les conditions nécessaires
La contrainte doit être irrésistible. Les circonstances de commission de l’infraction
doivent être de telle sorte que l’agent se trouve dans l’impossibilité totale d’agir
autrement. La contrainte ne doit pas être le résultat d’une faute antérieure.

§ III – L’erreur
L’erreur peut être définie comme une fausse représentation de la réalité. Elle consiste
à se tromper. On distingue l’erreur de fait et l’erreur de droit.
1 – L’erreur de fait
Elle porte sur le fait. C’est le cas du chasseur qui tire sur une personne croyant qu’il
s’agit d’un animal. L’erreur de fait porte sur les circonstances de l’infraction. Elle
peut atténuer la gravité de l’infraction comme elle peut faire disparaître l’infraction.
Elle peut donc entraîner la non constitution de l’infraction ou permettre l’atténuation
de la responsabilité de l’agent.
2 – L’erreur de droit
Elle consiste à se tromper sur ce que dicte la loi. Elle consiste soit à ignorer la loi soit
à en faire une mauvaise interprétation.
a) L’ignorance de la loi
« Nemocenseturignorarelegem ». Cette règle s’applique aussi bien en matière civile
qu’en matière pénale. Dans le dernier cas, l’application s’avère plus rigoureuse. Le
citoyen ne peut donc se prévaloir de cette violence pour échapper à une sanction. Elle
n’a donc un effet sur la responsabilité pénale de l’agent auteur de l’infraction.
Toutefois, on peut noter que le juge burkinabé en tient compte dans certains cas.

30
b) L’erreur invincible
Dans cette hypothèse, c’est la loi qui est mal interprétée. Cette mauvaise
interprétation peut provenir de l’administration. Dans ce cas un usager peut
commettre une infraction en se conformant aux instructions d’un agent de
l’administration. Dans ce cas le juge peut estimer qu’il n’y a pas lieu de sanctionner
l’agent. L’agent peut aussi se trouver dans un autre cas de figure pour lequel l’erreur
de droit est invincible. C’est l’exemple d’un conducteur qui emprunté une voix à ses
interdits ne faisant l’objet d’une indication par panneau.
Les panneaux ont été arrachés par des vandales. D’une façon générale de nombreuse
législation ne prévoient pas d’exemption de responsabilité dans les cas d’erreur de
droit. C’est le cas de la législation burkinabé qui écarte cette possibilité quand une
disposition expresse ne la prévoit article 78 du CP burkinabé. Mais concernant les cas
d’erreurs invincibles, le juge peut en tenir compte pour écarter ou atténuer la
responsabilité de l’agent.
Section II – Les faits justificatifs
Le commandement de l’autorité ou l’ordre de la loi, la légitime défense, l’état de
nécessité et le consentement de la victime sont souvent retenus par les législations
comme constituant des faits justificatifs.
§ I – Le commandement de l’autorité légitime ou la permission de la loi
1 – Le commandement de l’autorité légitime
L’autorité légitime s’entend d’une toute autorité publique, civile, militaire pourvu
qu’elle soit légitime. L’autorité privée est exclue. Lorsqu’un acte est commis en
exécution d’un ordre provenant d’une autorité légitime en principe même si cet acte
constitue une infraction, il perd ce caractère. Mais si l’acte est manifeste illégal,
l’infraction est consommée. Ainsi aux termes de l’article 132-1 du CP : « n’est pas
pénalement responsable, la personne qui accomplit un acte commandé par l’autorité
légitime sauf si cet acte est manifestement illégal ».
Les difficultés d’appréciation interviennent quant à l’interprétation de l’acte
manifestement illégal. L’acte manifestement illégal étant difficile à déterminer
certaines législations précisent expressément les actes pour lesquels l’ordre de
l’autorité ne constitue pas un fait justificatif. Ainsi en droit français cette excuse n’est
pas admise en matière de crime contre l’humanité. Voir article 213-4 du CP français.
Cette excuse pourrait dans certains cas constituer des circonstances atténuantes pour
la détermine de la peine. Si l’agent parvient à convaincre de l’existence d’une
contrainte, il peut être dégagé de toute responsabilité.

31
2 – L’autorisation de la prescription de la loi
La loi s’entend ici stricto sensu. Elle englobe par conséquent les dispositions
législatives et règlementaires sont en revanche exclues les autorisations et les
tolérances administratives. Ainsi au terme de l’article 132-1 alinéa 1 du CP : « n’est
pas pénalement responsabilité, la personne qui accomplit un acte prescrit ou autorisé
par des dispositions législatives ou règlement ». La loi doit permettre directement
l’acte à l’agent. Ainsi l’affaire l’agent de police judiciaire qui arrête un suspect en
flagrant délit et le conduit directement à la MACO pour le faire enfermer sans date de
dépôt commettre une détention arbitraire même si l’arrestation est légale. Mais le
boxeur qui démonte la mâchoire de son adversaire par un hyper Cut ne risque pas des
poursuites pénales pour coups et blessures volontaires si son coup a été donné dans le
respect des règles de ce sport.
§ II - La légitime défense (132-2 CP)
1 – La condition d’existence de la légitime défense
La légitime défense est établit lorsque l’agression est injuste et quand la riposte est
nécessaire et proportionnée.
a) Une atteinte injuste
L’attaque doit être sans fondement juridique, sans base légale.
L’agression doit être en conséquence injustifiée.
b) Une agression actuelle
L’agression doit être la réplique à une atteinte imminente. L’attaque ne doit pas être
imaginaire ou futur. Les actes doivent s’enchaînés en même temps. Celui qui
agresseur en 30 mn ou 2 jours après l’agression de l’acte prohibé commet un acte de
vengeance et non plus un acte de légitime défense. Celle qui agresse un tiers en
prévention d’une future agression commet une infraction. Sa défense est prématurée.
c) Une défense nécessaire
L’acte réactif doit être le seul moyen de défense contre l’agression.
L’agression initiale doit être telle que la victime court un danger immédiat ne lui
permettant pas d’avoir secours ou de s’enfuir. Le seul moyen s’offrant à lui étant
défense. L’urgence lui impose une riposte immédiate. S’agissant de la défense de
brigand, elle doit être strictement nécessaire à la protection de bien ou nécessaire au
but poursuivi. On ne peut par exemple admettre la suppression de la vie pour éviter
l’atteinte d’un brigand. Ex : de celui qui tire sur un adolescent parce qu’il a volé
quelques pieds de carotte dans son jardin protéger. Quelques actes sont implicitement
présumés par la loi burkinabé comme étant couvert pour la légitime défense.
d) Une défense proportionnée
Les moyens de défense employés doivent être proportionnels à la gravité de
l’agression. Ex : Mme X fait tomber Mr Y et se met à le battre. Mr Y sort son
32
poignard et tue Mme X. La riposte n’est pas proportionnelle à l’attaque. Il y a meurtre
qui aurait pu tenter de repousser Mme X en employant la force. La légitime défense
ne s’applique pas à tous les domaines. Elle intervient particulièrement en cas
d’agression contre l’intégrité physique et en cas d’atteinte aux biens. En résumé
lorsque la légitime défense est établit, elle permet d’écarter toutes responsabilités
pénales. Il n’y a pas d’infraction dans ces conditions. La légitime défense n’engage
pas la responsabilité civile de l’auteur de la riposte. Article 132-4 du CP.

§ III – L’état de nécessité


L’état de nécessité fait partie des cas où la loi permet l’accomplissement d’un acte
prohibé légalement. Il se rapproche de la légitime défense. L’état de nécessité
suppose une situation pour laquelle l’individu ne peut sauvegarder un droit ou un
brigand qu’en commettant une infraction. L’agent doit choisir si entre deux actes qui
ont en général un degré de gravité différent. Le choix se porte souvent sur l’acte le
moins grave, c’est exemple d’un médecin qui procède à un avortement pour sauver la
vie de la mère. C’est aussi le cas d’une personne qui vole du pain pour éviter de
mourir de faim. En revanche, la jurisprudence française a estimé que ne constitue pas
un cas d’état de nécessité la situation dans laquelle une personne conduit sans permis
de conduire à la place du chauffeur au motif que ce dernier a été victime de malaise.
Dans ce cas, i n’y a pas absence d’autre solution pour faire face à la situation. (Voir
cass. crim 4 mars 1998 dans un chronique crim P. 125.)
Le législateur burkinabé prévoit l’état de nécessité en ces termes : « n’est pas
pénalement responsable la personne qui se trouve dans la nécessité de commettre
l’infraction en vue d’éviter un péril plus grave. Pour elle-même ou pour autrui sauf
s’il y a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la menace.
Article 132-3 du CP.
Trois principales conditions soutenant l’état de nécessité :
- Un danger actuel ou imminent : l’agent doit être en face d’un danger
menaçant une personne ou un brigand. Le danger doit être certain et présent.
- La nécessité de l’acte : l’agent doit être dans l’obligation de commettre
l’infraction tout en étant à cet instant irréprochable par rapport à la menace ou au
péril. L’agent ne doit pas avoir commis antérieurement un danger une faute
génératrice du péril.
En somme il doit se trouver dans une position où il n’y a d’autre solution que celle
donnant lieu à la commission d’une infraction pour faire face à la situation
- Une proportionnalité entre les moyens employés et la gravité de la menace :
L’intérêt sacrifié doit en principe être de valeur moindre que celui qui a été
sauvegardé. On ne saurait tuer un chasseur pour sauvegarder une espèce animale en
danger.
33
§ IV – Le consentement de la victime
Les cas de justification d’actes commis avec l’assentiment de la victime ne sont pas
prévus par la loi. La loi pénale étant d’OP. La victime ne peut ni gêner ni arrêter
l’application de celle-ci pour des intérêts d’opinion privée ou par sa volonté. Ainsi
aucune justification n’est possible par rapport à certains actes légalement prohibés
mais consentit par la victime quant à leur commission. Il s’agit notamment de
quelque infraction portant atteinte à la vie, à la santé et à l’intégrité physique de
l’individu. Ce sont des valeurs indisponibles. La victime ne peut pas disposer de ces
droits. Le consentement de la victime ne justifie pas l’acte dans ces conditions.
Néanmoins le juge peut en tenir compte pour la détermination de la peine. En
revanche dans certains l’infraction disparaît en présence du consentement de la
victime. Ces cas concernent surtout les infractions portant atteinte à un brigand ou à
un droit dont la victime à la possibilité de disposer. Mais dans l’hypothèse où le
consentement de la victime fait disparaître la responsabilité pénale, il faut que
quelques conditions soient remplies au préalable :
- Le consentement doit provenir d’une personne capable ;
- Le consentement ne pas être vicié. Il doit être donné librement sans contrainte
aucune. Ainsi celui qui arrache un oui de la victime avec un couteau sous sa gorge
pour consommer des relations sexuelles ne peut nier l’existence d’un viol.

Section III – Les règles de la responsabilité pénale liées à la catégorie des


personnes.
Il existe des règles de responsabilité liées à la personne du délinquant notamment
concernant les personnes morales et certaines catégories de personnes physiques.

§ I – La personne morale
La responsabilité morale peut être engagée comme elle peut être dégagée ou atténuée.
La loi pénale burkinabé punit des personnes morales auteur d’infraction. En effet au
terme de l’article 131-1 du CP. Est aussi auteur ou coauteur toute personne à objet
civil, commercial, industriel ou financier ou non et dans l’intérêt de laquelle des faits
d’exécution ou d’abstention constitutifs d’une infraction ont été accomplis par la
volonté délibérée de ces organes. En général les infractions tel que l’escroquerie, la
publicité mensongère, la diffamation, les abus, le blanchissement d’argent sale,
l’inobservation des règles de sécurité sont commis par des personnes morales. Les
personnes morales agissent par le truchement de leurs organes notamment le conseil
d’administration, le gérant, le directeur, le PDG, les représentant de la personne
morale. Ainsi la personne morale est responsable parce qu’une ou plusieurs personnes
de ces organes le sont. Il en ressort que la personne morale peut bénéficier d’une
cause d’impossibilités pénale ou d’atténuation de responsabilité. Mais s’agissant des
34
infractions matérielles c'est-à-dire les infractions non intentionnelles en règle
générale, la responsabilité pénale de la personne est difficilement écartée.

§ II – Les personnes physiques


Il est tenu compte de la situation particulière de certaines personnes pour déterminer
leur responsabilité pénale. Il s’agit singulièrement du passé judiciaire du délinquant
de droit commun, de l’âge du délinquant mineur.
1 – Le passé judiciaire du délinquant de droit commun
En matière de responsabilité pénale une distinction est faite entre le délinquant
primaire et le délinquant récidiviste. Le récidiviste peut être considéré comme celui
qui après avoir été condamné à une peine suite à une décision d’une juridiction pénale
commet une autre infraction (article 218-1 à 218-6 du CP). La décision doit avoir
acquis l’autorité de la chose jugée. En conséquence elle ne peut plus faire l’objet
d’une voie de recours. Le délinquant primaire quant à lui est celui qui est condamné à
une peine pour la 1ère fois. Ce dernier peut bénéficier d’une atténuation de
responsabilité. En effet sa situation est prise en compte quant à la peine et quant à son
exécution. En revanche le délinquant récidiviste est plutôt soumis à la règle des
circonstances aggravantes.
2 – Le délinquant mineur
Certains délinquants mineurs sont présumés pénalement irresponsables. Il y a une
présomption absolue d’irresponsabilité pour une tranche d’âge et une simple
présomption pour une catégorie donnée de mineurs. En droit pénal burkinabé cet âge
est fixé à moins de 13 ans à la date de commission de l’infraction. Tout mineur dont
l’âge est compris dans l’intervalle de 13 à 16 ans et qui commet une infraction sans
jouir de la capacité de discernement n’est pas passible d’une peine. Il peut être
soumis à des mesures éducatives ou de sûreté (voir article 132-7du CP.) Néanmoins
la responsable civile du délinquant mineur irresponsable pénalement peut être
engagée suivant les règles de droit civil1 (art 1384 du Code Civil).

2EME PARTIE : LA SANTION PENALE

La sanction peut être considérée comme une arme protectrice des interdits sociaux.
C’est une réaction par rapport à ceux qui ont violé la loi. C’est une force de frappe de
l’Etat contre ceux qui agissent contre la loi. C’est aussi un des moyens de réinsertion
sociale.

1 Voire article 75 du CP.


35
Les sanctions en droit pénal révèlent plusieurs formes et peuvent être classées en
plusieurs groupes (titre1) pour l’application d’une sanction, sa détermination s’avère
nécessaire (titre2).
TITRE II. LA DETERMINATION DE LA PEINE
Selon la logique du principe de légalité des sanctions celles-ci doivent être
déterminées par la loi. En effet la loi prévoit une sanction pour chaque infraction bien
déterminée. Il revient à la juridiction de prononcer la sanction appropriée en tenant
compte de certaines circonstances dont les principes sont fixés par la loi. Le choix de
la sanction par le juge se fait tout en respectant le principe de la légalité des
infractions et des sanctions. Il existe diverses sortes de sanctions notamment
corporelles, privatives de liberté, restrictives de liberté ou de droit patrimonial. Quelle
que soit la nature de celle-ci, elle doit être déterminée. Les règles de détermination
tiennent compte de certaines situations notamment des cas d’unicité d’infractions
(S1) et des cas de pluralité d’infractions.

CHAP. I : LA MESURE DE LA SANCTION


Section I. La détermination de la sanction en cas d’unicité d’infractions
Le juge, pour pouvoir prononcer la sanction, doit d’abord s’assurer que le
comportement en cause est prohibé par la loi. Ainsi, il pourra fixer la sanction en ne
négligeant pas les limites prévues par la loi et la personnalité du délinquant. Il doit
particulièrement prendre en compte les cas d’exemption de la sanction, les cas
d’atténuation de la sanction et les cas d’aggravation de la sanction. Ces cas
s’appliquent particulièrement pour les sanctions de type peine.
§I- Les causes d’exemption de sanction
Pour des raisons diverses, le juge peut s’abstenir de prononcer une peine contre une
personne ou encore l’en dispenser tout en déclarant sa culpabilité. L’exemption peut
être aussi commandée par une immunité ou par la minorité pénale (exemption légale
ou judiciaire).

1. Exemption légale
La loi prévoit des excuses dites absolutoires ou une exemption de peine par rapport à
certaines infractions. Les personnes bénéficiaires sont souvent celles qui sont
coupables de tentative et qui font preuve de repentir. L’exemption s’impose au juge
quand la preuve de l’excuse est faite. Toutefois, l’individu n’est pas exempté de la
36
responsabilité civile. Les infractions telles que l’association de malfaiteurs et
l’assistance aux criminels, la rébellion, crimes et délits conte la sûreté de l’Etat,
contrefaçon des sceaux de l’Etat, des effets publics, les fausses déclarations peuvent
donner lieu à une exemption de peine.

2. Exemption judiciaire
Dans certains systèmes, il existe le pardon judiciaire ou la récompense judiciaire qui
dispense le coupable de l’application d’une peine. L’exemption judiciaire existe par
exemple en droit français et en droit togolais. Ainsi, aux terme de l’art 29 du CP
togolais « lorsque le prévenu aura avant le jugement assuré la réparation du préjudice
causé par le délit, le juge en considérant les gages d’amendement présentés pourra
même tout en déclarant sa culpabilité, le dispenser de toute peine ».
D’autres types d’exemption sont connus de la législation française. C’est le cas de
l’ajournement du prononcé de la peine qui consiste à différer le jugement sur la peine
pendant un temps déterminé. L’ajournement du prononcé de la peine regroupe trois
variantes dont l’ajournement simple, l’ajournement avec mise à l’épreuve et
l’ajournement avec injonction.
3. Les immunités.
Les immunités peuvent être considérées comme des causes d’exemption de peine. Ce
sont des privilèges qui peuvent être liés à une situation sociale, familiales ou juridique
et qui permettent la protection des personnes se trouvant dans lesdites situations. Il
existe plusieurs types d’immunité dont l’immunité parlementaire, diplomatique,
judiciaire et familiale.
- L’immunité parlementaire : elle permet aux députés ou parlementaires d’être
affranchis de toute poursuite pénale pendant et après leur mandat pour les infractions
résultant des discours tenus au sein du parlement ou dans les rapports parlementaires.
- L’immunité diplomatique : elle est destinée à protéger au sein des pays
d’accueil les représentants d’un état étranger. Cette immunité permet aux agents
diplomatiques d’exercer leurs fonctions sans s’inquiéter d’une quelconque poursuite
pénale pour les infractions qu’ils commettent.
- L’immunité familiale : elle peut être d’ordre patrimonial ou d’ordre moral et
n’admet pas les poursuites pénales pour vol, escroquerie, abus de confiance entre
époux ou entre ascendants et descendants (art 616-1 et 616-2 du CPB). Elle n’admet
pas non plus l’application de l’obligation de dénonciation au conjoint, aux parents ou
alliés de l’auteur d’une infraction (art 65 dernier du CPB).
4. La minorité pénale
L’âge du mineur peut être une cause d’exemption de peine. Ainsi, en droit burkinabé
les mineurs de moins de treize ans (13 ans) et ceux de 13 à 18 ans qui agissent sans
37
discernement sont dispensés de peine (art 74 du CPB). Toutefois, leur responsabilité
civile peut être engagée (art 75 du CPB). Un certain nombre de causes permettent
l’atténuation de la sanction.

§II- Les causes d’atténuation de la sanction


Les excuses atténuantes et circonstances atténuantes constituent les causes
essentielles d’atténuation de la peine.

1. Les excuses atténuantes.


Ce sont des faits prévus par la loi qui obligent le juge à abaisser la peine (art 79 al.2
CPB). On peut citer à ce titre l’excuse de minorité qui s’applique surtout à une
tranche d’âge déterminée par la loi et l’excuse de provocation. L’excuse de
provocation est par exemple admise en cas de crime de castration répondant à un
attentat à la pudeur avec violence ou à un viol. Il en est de même en cas de meurtre ou
de coups et blessures volontaires intervenus suite à des coups ou violences envers une
personne. Le meurtre ou les coups portés à l’autre conjoint en raison du fait qu’il a
été surpris en flagrant délit d’adultère au domicile conjugal font également l’objet
d’excuse atténuante.
2. Les circonstances atténuantes
Il s’agit des causes d’atténuation des sanctions. L’appréciation est laissée au juge.
Ainsi, le juge peut retenir la faiblesse de caractère, l’enfance malheureuse, le
handicap physique, le foyer fragilisé comme circonstances atténuantes. Autant la
sanction peut être atténuée autant elle peut être aggravée.
3. L’aggravation de la sanction
Les circonstances aggravantes générales et les circonstances aggravantes d’ordre
particulier sont des causes d’aggravation de la sanction. Les circonstances
aggravantes sont des circonstances de fait prévues par la loi et qui s’ajoutent au fait
principal et entrainent le renforcement du degré de la sanction. En cas de
circonstances aggravantes, le juge peut dépasser le maximum normal de la peine et en
la substituant par une autre plus élevée prévue par la loi.
a. Les circonstances aggravantes particulières
Les circonstances aggravantes particulières ou spéciales sont celles qui sont attachées
à certaines infractions. C’est le cas du vol avec effraction, du vol en réunion, vol en
bande organisée.
b. Les circonstances aggravantes générales
Il s’agit de celles qui sont communes à toute infraction. La récidive qui relève des
règles applicables en cas de pluralité d’infractions est un exemple de circonstances
aggravantes générales.

38
Section II-La détermination de la peine en cas de pluralité
d’infractions.
En présence de plusieurs infractions, les règles de détermination de la sanction sont
différentes. Ainsi la récidive et le concours d’infractions répondent à des règles de
sanction particulière.

§I- La récidive
1. Quand y a-t-il récidive ?
La récidive suppose l’existence d’une 1ère infraction ayant donné lieu à une 1 ère
condamnation et l’existence d’une seconde infraction. Deux termes interviennent en
cas de récidive (cf. 1ère partie du cours sur la récidive et l’art 83 du CPB).
2. Répression en cas de récidive
L’art 84 du C P B prévoit les conditions de sanction du récidiviste. La peine peut être
portée au double de celle prévue dans l’un des cas suivants :
 La personne ayant connue une 1ère condamnation pour crime commet une
autre infraction (crime ici) ;
 Celui qui a déjà été condamné pour délit intentionnel et commet un crime dans
un délai de cinq (5) ans à compter de l’expiration ou de la prescription de la
peine ;
 La personne a déjà été condamnée pour un délit et commet un délit identique
ou assimilé dans les mêmes conditions de délai que dans le cas précédent ;
 La personne qui a déjà fait l’objet d’un 1er jugement devenu définitif pour
contravention et qui commet une 2nde contravention dans un délai d’un (1) an
à compter de ce jugement.

§II- Le concours réel d’infractions.


On distingue deux (2) types de concours d’infractions dont l’un répond à des règles
de sanction qui n’admettent pas le principe de cumul.
1. Concours réel et concours idéal d’infractions
Il y a concours réel ou cumul réel d’infractions lorsqu’une personne commet une
infraction et en commet une seconde (2nde) sans qu’il ait eu une condamnation
devenue définitive sur la 1ère infraction. C’est le cas de celui qui après un jugement
suite à une 1ère infraction en commet une 2ndealors que les voies de recours lui sont
encore ouvertes. C’est aussi l’hypothèse de la personne qui commet plusieurs
infractions dans un laps de temps. Exemple de celui qui ne respecte pas la
signalisation et tue un piéton. Il a commis une infraction aux règles de la circulation
et a commis également un homicide involontaire.

39
En revanche on parle de cumul idéal ou concours idéal lorsqu’un seul acte a conduit à
la réalisation de plusieurs infractions. Dans cette hypothèse, le même fait ou un
ensemble de faits permet une pluralité simultanée de qualification d’infractions.
Exemple : la production d’un document falsifié peut constituer à la fois un usage de
faux et une tentative d’escroquerie.
2. La répression en cas de concours d’infractions
En principe le cumul de peine n’est pas admis par la législation burkinabé en cas de
conviction d’existence de plusieurs délits ou de plusieurs crimes. C’est la peine la
plus forte qui s’applique dans ce cas. Cependant, elle admet ce cumul en cas de
concours réel entre contravention, entre délit et contravention non connexes, entre
crime et contravention non connexes.

40
CHAP. II- SUSPENSION ET EXECUTION DE LA SANCTION PENALE.

Une sanction pénale peut faire l’objet d’une suspension comme elle peut faire l’objet
d’une exécution. En outre la peine peut disparaître. Il s’agit de son extinction qui peut
intervenir de plusieurs façons.

Section I. La suspension de l’exécution de la sanction


Une fois la sanction prononcée surtout quand il s’agit d’une peine, son exécution peut
être suspendue. Le sursis et la libération conditionnelle constituent des formes de
suspension mais il en existe d’autres.
§I- Le sursis
Le sursis consiste à suspendre l’exécution de la sanction plus précisément l’exécution
de la peine. C’est une faveur accordée à certains délinquants qui peuvent en profiter
pour se reclasser dans la société.
Le sursis qui peut être total ou partiel ne s’applique pas aux mesures de sûreté.
C’est le juge qui prononce la sanction et qui décide de l’opportunité d’accorder cette
faveur au délinquant.
Cette suspension lorsqu’elle est acquise peut se transformer en dispense de peine.
Dans ce cas le délinquant n’aura plus à exécuter la peine. C’est une condamnation à
exécution conditionnelle mais le sursis ne peut s’obtenir que sous certaines conditions
:
 Le délinquant ne doit pas avoir fait l’objet d’une condamnation antérieur (CF
Art 694 du CPPB) ;
 Le sursis s’applique en principe aux peines d’amendes et d’emprisonnement
(mais spécialement pour l’emprisonnement). Il concerne les peines criminelles,
correctionnelles et contraventionnelles.
 Toutefois les condamnations militaires et celles nées d’infractions politiques ne
sont pas en principe prises en compte pour les conditions antérieures dans la
mesure où le sursis se rapporte aux infractions de droit commun.
Le sursis ne peut réussir que si le délinquant ne commet une infraction donnant lieu à
une nouvelle condamnation pendant un délai qui est fixé à 5 ans à compter de la
décision ayant donné lieu au sursis (art 695 du CPB). En cas de succès à l’épreuve de
non commission d’infraction pendant les 5 années, la condamnation est considérée
comme non avenue. Cependant le sursis réussit n’est pas une entrave au paiement des
dommages intérêts. Il ne dispense pas non plus de l’exécution des peines accessoires
(des incapacités, des interdictions et déchéances) résultat de la condamnation durant
le délai d’épreuve. Après ce délai, celles-ci cessent d’être appliquées (CF art 696
CPB). En droit français, il existe d’autres types de sursis notamment le sursis avec
41
mise à l’épreuve et le sursis assorti d’une obligation d’accomplir un travail d’intérêt
général (TIG). La libération conditionnelle tout comme le sursis constitue une autre
forme de suspension d’exécution de la peine.
§II-La libération conditionnelle.
Elle permet à l’administration de libérer la personne condamnée avant la fin
d’exécution de la peine prononcée contre elle. Elle permet donc d’exécuter
partiellement la sanction et d’en être libéré pour le restant.
La libération conditionnelle s’applique aux condamnations privatives de liberté. Le
bénéfice de cette mesure nécessite que pour une peine inférieure à 6 mois
d’emprisonnement, le condamné doit avoir accompli 3 mois de la peine. L’exécution
de la moitié de la peine est requise si la peine est supérieure à 6 mois.
Si le condamné est en état de récidive (n’est pas dans une situation de délinquance
primaire) la peine à accomplir est portée à 6 mois si la condamnation est inférieure à
9 mois. Les 2/3 sont à subir effectivement si la peine prononcée est supérieure à 9
mois (art 689 du CPPB).
D’autre délais sont prévus à l’art 689 al 3 et 4 du CPPB mais ceux-ci ne
correspondent pas aux types de peines prévues aux articles 8 à 12 CPB.
Pour prétendre au bénéfice de cette mesure (libération conditionnelle) d’autres
conditions viennent s’ajouter aux précédents. Ainsi le condamné doit avoir une bonne
conduite donnant des gages sûrs de réadaptation sociale. D’autres conditions et
mesures peuvent grever la mesure de libération conditionnelle. Le ministre de la
justice est compétent pour ordonner la libération conditionnelle.
Mais le dossier doit recueillir l’avis du chef d’établissement dans lequel est détenu le
condamné, ceux du président, du représentant du ministre public de la juridiction qui
a prononcé la peine, celui du sous-préfet de l’arrondissement où le condamné entend
résider et enfin celui du ministre de l’administration territoriale sont également requis
(art 689 à 693 du CPPB).
La libération conditionnelle est révocable dans certaines conditions notamment en cas
d’inconduite notoire, d’inobservation des mesures, des modalités d’exécution
contenues dans l’arrêté de libération (cf. art 693 du CPPB). Si aucune révocation
n’est intervenue au cours des délais fixés, la libération est acquise et l’individu est
réputé avoir subi complètement sa peine.

§III- Les autres formes de suspension d’exécution de la peine


La semi-liberté, le placement à l’extérieur (de la prison), la suspension pour état de
démence du condamné peuvent figurer sur cette liste.
1. La semi-liberté
C’est un régime d’exécution de peine privative de liberté qui permet au condamné de
se déplacer hors de l’établissement de détention sans surveillance continue.
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En général, ceux qui en bénéficient se déplacent pour suivre une formation
professionnelle, un stage pour exercer une activité professionnelle ou encore pour
suivre des cours. Ce déplacement peut avoir pour but un traitement médical. Elle
permet de suspendre l’exécution de la peine pendant la sortie temporaire hors de
l’établissement. En droit burkinabé, celui qui en bénéficie doit réintégrer
l’établissement chaque soir et ne peut effectuer des déplacements les jours chômés et
féries (art 6 et 28 du kiti an 6-103 du 1er décembre 1988 portant organisation, régime
et réglementation des établissements pénitentiaires au BF, journal officiel 1er déc.
1988, p.2069). La semi-liberté est révocable à tout moment.
2. Le placement à l’extérieur.
C’est une mesure qui permet au condamné d’exercer une activité à l’extérieur de
l’établissement d’incarcération tout en résident également à l’extérieur (soit chez le
bénéficiaire du service, soit chez un tiers garant). Cette mesure permet de suspendre
également l’exécution de la peine d’emprisonnement.
3. La suspension en cas de survenance de démence
Lorsqu’en cours d’exécution d’une peine d’emprisonnement une démence survient,
l’exécution de la peine est suspendue. La personne atteinte est en général internée
dans un établissement psychiatrique dans ces conditions. L’exécution de la sanction
de façon générale répond à des régimes précis surtout quand il s’agit d’une peine
privative de liberté.

Section II- L’exécution de la peine


Les peines privatives de liberté ont un régime assez particulier dans la mesure où
elles touchent à la liberté d’aller et venir et s’exécutent en général dans les
établissements pénitentiaires.
§I- Les établissements pénitentiaires
Les maisons de correction, les centres pénitentiaires agricoles, les centres de
rééducation et de formation professionnelle et les maisons de correction sont les lieux
d’exécution de la peine privative de liberté. Les condamnés y exécutent leur peine.
En principe les maisons d’arrêt sont destinées aux prévenus qui sont à distinguer des
condamnés.
§II. Le régime pénitentiaire en milieu fermé
En milieu fermé, il existe plusieurs types de régimes pénitentiaires. Des efforts ont été
faits en matière d’individualisation du régime pénitentiaire.

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1. La diversité des régimes
 Il y a le régime de l’emprisonnement en commun qui consiste à parquer les
détenus ensemble avec la possibilité de séparer les femmes, les hommes et les
mineurs. Le jour, la vie est commune.
 Un autre régime consiste à séparer les détenus de jour et nuit et à mettre chacun
dans une cellule individuelle. Ce système est l’opposé du précédent.
La vie est individuelle. C’est le régime de l’emprisonnement de jour et de nuit
ou le système du pennsylvanien.
 Un 3ème régime qualifié de mixte consiste à faire travailler les détenus dans la
journée et à les emprisonner individuellement dans les cellules durant la nuit.
C’est le régime dit auburnien pratiqué aux U.S.A particulièrement à New-
York.
 Un autre régime dit régime progressif ou régime irlandais consiste à
emprisonner le condamné et à assouplir progressivement le régime
d’incarcération jusqu’à la fin de sa libération.
 Au BF le régime en vigueur se rapproche au régime classique
d’emprisonnement en commun. Il s’agit de l’emprisonnement collectif. La
répartition des détenus est faite en termes de division (cf. le kiti AN 6). Des
locaux différents sont affectés aux femmes, mineurs et parfois à certaines
catégories de détenus comme les fonctionnaires et les détenus politiques. Mais
ces séparations se remarquent plus dans les prisons des grandes villes comme
celles de Ouaga et de Bobo. Les moyens font défaut à une bonne organisation
et de gestion des prisons au B.F.

2. Individualisation du régime pénitentiaire


L’individualisation se traduit d’abord par l’affectation à un établissement
pénitentiaire. C’est l’exemple de l’affectation à un centre agricole pénitentiaire ou à
un établissement au sein duquel la sécurité est renforcée. Elle se traduit ensuite par le
traitement individuel à l’intérieur de l’établissement. Des mesures d’exécution de la
peine sont établies en fonction de la personnalité de l’individu et de son passé
judiciaire, de sa conduite, de ses capacités réadaptation sociale.
Certains individus peuvent bénéficier de mesures souples ainsi aux termes de l’art 26
du kiti AN VI 103 du 1er déc. 1998 « les détenus en division d’amendement peuvent
bénéficier notamment d’un placement à l’extérieur, d’une semi-liberté ». Cet exemple
constitue un régime avoisinant celui du milieu couvert.
§III- Le régime pénitentiaire en milieu ouvert.
Certaines mesures d’exécution de la peine permettent aux condamnés d’être en
contact avec le monde extérieur au milieu carcéral et de mieux préparer sa
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réintégration sociale. Cependant dans certains cas, le condamné ne peut prétendre à
ces mesures de faveur durant un délai déterminé : c’est la période de sûreté qui
s’oppose au régime eu milieu ouvert.
1. La période de sûreté
C’est une mesure qui permet d’interdire temporairement à un condamné à une peine
privative de liberté de bénéficier des mesures donnant lieu à un régime de milieu
ouvert. Une peine peut donc être assortie d’une période de sûreté. Elle l’est
particulièrement pour les infractions d’une certaine gravité (crimes crapuleux). 81

2. Les régimes en milieu ouvert


Les mesures de semi-liberté, de placement à l’extérieur, de libération conditionnelle,
les permissions de sortie constituent les régimes en milieu ouvert.

Section III- L’extinction de la peine


Divers modes d’extinction existent. Elle peut intervenir par une prescription, par une
grâce, par une amnistie et par une réhabilitation.
§I- La prescription et la grâce
1. La prescription de la peine
Après l’écoulement d’un délai déterminé par la loi, la peine est prescrite et sons
exécution devient impossible. Aux termes de l’art 719 du CPPB, les peines de type
criminel sont prescrites au bout de 20 ans révolus à compter du jour où la décision est
devenue définitive.
Quant aux peines correctionnelles, elles se prescrivent par 5 ans révolus à compter du
jour où la décision est devenue définitive (cf art 720du CPPB).
En matière contraventionnelle, la prescription est acquise au bout de 2ans révolus (art
721 du CPPB).
2. La grâce
C’est un acte de clémence ou une faveur qui permet au condamné d’obtenir une
remise partielle ou totale de peine. La grâce peut s’appliquer à toutes les peines
(accessoires, principales et complémentaires) prononcées par toutes les catégories de
juridiction (juridiction de droit commun ou d’exception). Tous les types de
délinquants peuvent en bénéficier. Toutefois, la grâce exclue les sanctions qui ne sont
pas strictement pénales notamment les sanctions disciplinaires, administratives, les
amendes fiscales, les indemnités civiles, les frais de justice. La grâce présidentielle
qui est décidée par décret peut être individuelle ou collective (le cas collectif se passe
pendant la commémoration des fêtes nationales notamment la fête de
l’indépendance). La grâce individuelle peut être accordée d’office ou par recours en

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grâce de la part du condamné. La grâce entraîne une dispense partielle ou totale de la
peine. Mais elle n’efface pas la condamnation. C’est donc la condamnation
prononcée qui est mentionnée dans le casier judiciaire. C’est également elle
(condamnation prononcée) qui sert de base pour le récidiviste et le sursis. Aucun
recours n’est possible contre le décret de grâce. La grâce judiciaire permet à toute
personne frappée d’interdiction ou de déchéance à titre de peine complémentaire de
demander son relèvement à la juridiction qui l’a décidée. Elle permet aussi au
condamné d’obtenir du juge ou de la commission chargée de l’application de la peine
de réduire le temps d’exécution ou de lui accorder une remise de peine. La grâce
totale éteint l’exécution de la peine. Elle met immédiatement fin à l’exécution de la
peine en cours.
3. L’amnistie
C’est une mesure qui efface la condamnation prononcée et fait disparaître
l’infraction. L’amnistie peut intervenir par le biais d’une loi qui mentionne les
infractions concernées. Il existe une autre variante d’amnistie :
La grâce amnistiante découle d’un décret présidentiel. C’est donc à la forme que ce
type d’amnistie constitue une grâce. En droit burkinabé, elle peut être accordée par
arrêté ministériel du Ministre de la justice, garde des sceaux. Elle est amnistiante par
ses effets qui sont les mêmes que ceux d’une amnistie. Le condamné pour l’obtenir
doit en faire la demande auprès du Ministre de la justice, garde des sceaux. En tout
état de cause, l’amnistie efface la condamnation et hôte aux faits son caractère
d’infraction.
En principe, si la loi d’amnistie entre en vigueur avant l’engagement des poursuites
pénales, l’action publique est éteinte quant aux infractions visées par la loi
amnistiante.
Si elle intervient après l’engagement mais avant la condamnation les poursuites
doivent être abandonnées.
Enfin si elle est accordée après la condamnation, celle-ci est considérée comme non
avenue.
L’amnistie n’a pas en principe d’effet à l’égard des mesures de rééducation et des
mesures de sûreté notamment la confiscation. Elle entraine le retrait du casier
judiciaire, la fiche contenant la condamnation.
L’amnistie ne préjudicie pas le droit des tiers. Ceux-ci conservent leur droit de
poursuite civile ou d’indemnisation. La loi d’amnistie est d’interprétation stricte.
§II- La réhabilitation
La réhabilitation est une mesure qui permet de rétablir une situation légale perdue par
un individu suite à une condamnation. Elle n’éteint pas la peine principale mais
permet de faire cesser les interdictions, les déchéances, les incapacités. En d’autres
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termes, elle a principalement pour objet l’extinction des peines accessoires qui
continuent à produire ses effets alors que l’individu à purger la peine principale. Cette
faveur est en générale accordée aux coupables qui ont fait une preuve certaine
d’amendement. Il existe deux types de réhabilitations :
 La réhabilitation légale
 La réhabilitation judiciaire
La réhabilitation est légale lorsqu’elle est de plein droit. Elle intervient par l’effet
du temps s’il n’y a pas eu de condamnation nouvelle. Les délais varient suivant le
type de condamnation (cf. art.740 du CPPB).
Toutefois les conditions d’exécution de la peine et celles de délais ne s’appliquent pas
à celui qui a rendu d’éminent service à l’Etat (dénonciation de putschistes, de
terroristes, etc.) [art.745 CPPB].
La réhabilitation est judiciaire lorsqu’elle intervient par voie judiciaire sur
requête(chambre d’accusation). Mais dans les deux cas, la réhabilitation ne peut être
demandée ou acquise que si la peine a été exécutée ou réputée telle (c’est dire qu’elle
prend en compte la grâce). L’exécution doit avoir été effectuée depuis un certain
temps. La réhabilitation efface la condamnation et les faits cessent pour l’avenir (cf.
art.755 du CPPB). Elle entraine le retrait de la condamnation du bulletin N°1 et N°2
du casier judiciaire.

Fin du cours

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