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REPRESSION EN DROIT
CONGOLAIS
2Catalogue des infractions
CATALOGUE
DES
INFRACTIONS
-
Catalogue des infractions 3
Introduction générale
I. De l’évolution générale
Le premier souci des Etats de droit est de déterminer et définir les
infractions1 , constituant un acte de respect du contrat social fondateur et
assurant la garantie de la sauvegarde concomitante de l’ordre public et des
droits individuels. Le législateur dresse une liste des infractions en définissant
leurs éléments constitutifs et le régime propre à chaque infraction. Ce catalogue
d’infractions constitue le droit pénal spécial. Il occupe la majeure partie de la
législation pénale. Son volume est très important du fait du grand nombre de
comportements incriminés par une inflation législative.
1
Les infractions sont autant nombreuses et variées que les lois qui les créent. Un livre de
cette nature ne peut aucunement prétendre les contenir toutes. Ce livre ne traite pas d’
infractions en matières fiscale et douanière auxquelles nous avons réservé notre précédente
publication. Il ne traite pas non plus d’infractions en matière des sociétés commerciales.
6Catalogue des infractions
2. L’intérêt de la qualification
La démarche de qualification est la mission essentielle du juge pénal.
Concrètement , le juge décompose les différents éléments constitutifs d’une
infraction et vérifie leur existence dans le comportement qui est soumis à son
analyse. La vérification de l’élément légal conduit à s’assurer de l’existence d’un
texte et de sa validité. Les éléments matériels et moral reposent sur la prise en
compte du comportement et de l’état de l’esprit de l’auteur des agissements.
Ces éléments sont cumulatifs. Lorsque l’un d’entre eux fait défaut, la
qualification pénale n’est pas possible et la répression s’en trouve paralysée.
3
Le principe de la légalité des infractions et des peines est intégré dans le droit positif
congolais. D’abord,il figure à l’article 11 de la déclaration Universelle des droits de l’homme,
à laquelle notre pays a adhéré. Ensuite, il est repris par l’article 17 de la constitution de 18
er
février 2006. Enfin, l’article 1 du code pénal ordinaire dispose que nulle infraction ne peut
être punie des peines qui n’étaient pas portées par la loi avant que l’infraction fût commise.
4
Cass. Crim. 10 mai 1984 : J.C.P, 84, IV, 227
Catalogue des infractions 9
7. La doctrine
Les opinions émises ou les conceptions élaborées au sujet de la règle de
droit jouent un rôle important. Le juge peut s’appuyer sur certains auteurs9 qui
« font autorité » et dont les opinions peuvent se révéler utiles. Les publications
des professeurs Likulia Bolongo, Nyabirungu Mwene Songa, Akele Adau,
Kalombo Mbanga, des auteurs Jean Lesueur, Georges Mineur, des magistrats
congolais Katuala Kaba Kashala, Nzangi Batutu, Esika Makombo, Muzama
Matansi, Shakira Mwene Mujinya, Kayumba N’kundi Sultan, du Père De
Quirini ainsi que des doctrinaires belges et français ont été indispensable. Les
oeuvres de ces auteurs ont suffisamment retenu ma particulière attention. J’y ai
récouru constamment. Je n’ai surtout pas perdu de vue qu’une doctrine bien
faite tient toujours compte des usages et manières d’être, bref de la coutume.
9
La pensée et les théories des auteurs de doctrine ont contribué ou contribuent à la vigueur
du droit pénal spécial.
10
C.S.J., R.P, 97, 28 janvier 1976, Bull. 1977, p.20.
12
Catalogue des infractions
V. Du contenu de l’ouvrage
Plus que la nomenclature des infractions, leurs définitions et éléments
constitutifs, ce livre fait un exposé sur régime répressif, les modalités de
répression, les instances qui sanctionnent ainsi que le délai légal de
prescription. L’ouvrage, pour parer au retard législatif, fait place à l’étude de
certains phénomènes sociaux (suicide, parricide, homosexualité, etc..). Ceux-ci
ne sont pas érigés jusque là en infraction. L’opinion est pourtant curieuse d’en
connaître la nature juridique et l’organe répressif ne doit pas rester indifférent
et désarmé.
Il y a une amorce, de lege ferenda, d’une ébauche d’amélioration et
d’actualisation de notre législation répressive dans la branche du droit dont
11
Bulletin officiel de l’Etat Indépendant du Congo 1888, page 189.
Catalogue des infractions 13
12
NYABIRUNGU MWENE SONGA. , Droit pénal Général zaïrois, Editions DES, Kinshasa,
1989 p. 9.
14
Catalogue des infractions
Principales abréviations
AL : Alinéa
AM : Arrêté Ministériel
ART : Article
AT : Amende transactionnelle
B.A. : Bulletin des arrêts
B.O : Bulletin officiel
Bull. : Bulletin
CNS : Conférence Nationale Souveraine
CP : Code Pénal
CPL I : Code Pénal Livre premier
CPLII : Code Pénal Livre second
CPM : Code Pénal Militaire
D.L : Décret - loi
EX : Exemples
FARDC : Forces Armées de la République Démocratique du Congo
IPJ : Inspecteur de Police Judiciaire
JEL : Recueil des journées d’études de Lubumbashi.
JORDC : Journal Officiel de la République Démocratique du Congo
JOZ : Journal Officiel du Zaïre
JT : Journal des Tribunaux
JTO : Journal des Tribunaux d’Outremer
JUR COL : Jurisprudence Coloniale
LGDJ : Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence
MC : Moniteur Congolais
MP : Ministère Public
MPR : Mouvement Populaire de la Révolution
NB : Notez bien
NCR : Nouveau Code de la Route
OMP : Officier du Ministère Public
Op.Cit : Œuvre citée
OPJ : Officier de Police Judiciaire
ORD : Ordonnance
ORD L : Ordonnance loi
R.D.C. : République Démocratique du Congo
PCGC : Plan comptable Général congolais
RJCB : Revue juridique du Congo Belge
SP : Servitude Pénale
SPP : Servitude Pénale Principale
Catalogue des infractions 15
•
16
Catalogue des infractions
13
Crim 4 juillet1962, Bull.crim ; n°23.
14
Claudia Ghica-Lemarchand, Frederic-Jerôme Pansier . , Droit pénal spécial, Librairie
vuilbert-Août 2007, Paris P. 210.
Catalogue des infractions 17
II. Poursuites
1. L’infraction d’abandon de famille touche à la famille. Dans les buts
d’assurer l’unité et la cohésion de la famille, l’enclenchement des
poursuites de l’infraction d’abandon de famille doit être précédé d’une
phase d’enquêtes et de conciliation. En plus, on doit attendre
l’expiration du délai de deux mois.
2. Ne peut saisir le tribunal que l’enfant, mais aussi le conjoint ou le
parent qui ne perçoit plus la pension alimentaire lui allouée par un
tribunal.
a) Compétences
Les tribunaux de paix sont compétents15 pour juger les infractions
punissables de cinq ans de servitude pénale principale au maximum et
15
Lorsqu’une infraction a été commise, il faut déterminer quelle est, parmi tous les tribunaux
répressifs, celui qui sera spécialement appelé à en juger l’auteur ? C’est le problème de la
compétence des tribunaux répressifs qui se pose. La compétence est définie comme
« l’aptitude d’une juridiction déterminée à connaître d’un procès donné ». Lorsqu’il possède
cette aptitude à juger telle ou telle affaire, on dit alors que le tribunal est compétent. Si cette
aptitude lui fait défaut, on dit qu’il est incompétent.
A la différence des règles de compétence en matière civile ( les règles de compétence
territoriale établies dans l’intérêt des plaideurs peuvent être écartées) qui n’ont pas toutes
un caractère d’ordre public, en matière répressive, toutes les règles de compétence sont
d’ordre public, car elles ont toutes été instituées dans un intérêt public, celui de la bonne
administration de la justice pénale.
Il en résulte que les parties au procès pénal ne peuvent jamais, par quelque accord, déroger
aux règles de compétence. La prorogation conventionnelle de compétence est interdite.
Puisque l’ordre public est en jeu, l’incompétence peut être opposée par les parties en tout
état de cause, en appel, si elle ne l’a pas été en première instance, et même pour la
première fois devant la Cour de cassation, si elle ne l’a pas été en appel, à la condition que
le moyen soulevé ne soit pas mélangé de fait et de droit.
Catalogue des infractions 19
16 er
Cette compétence relève des articles 86, 88, 90 alinéa 1 du Code de l’Organisation et
de la Compétence Judiciaires. Cependant, avec l’institution des tribunaux pour enfants, ces
dispositions semblent dépassées.
17
L’amende est une peine pécuniaire qui consiste dans l’obligation de payer une certaine
somme d’argent au trésor public. L’amende a pour siège légal les articles 5, 10, 11, 18, 20
et 27 du code pénal livre premier. Autrefois, les amendes étaient fixées en « franc ». En
1970 le franc a été remplacé par les « makuta » à la suite de l’avènement de la monnaie
« Zaïre » en 1967. Suivront respectivement le « Nouveau-Zaire » et le « franc Congolais »,
de nos jours. Une difficulté réelle se pose du fait que, dans beaucoup de textes de lois, les
amendes demeurent jusqu’à ce jour fixées en monnaie qui n’a plus cours légal et dont
l’équivalence dans la nouvelle monnaie, le Franc Congolais, n’est pas évidente. Il est
souhaitable que les amendes pénales soient réadaptées et majorées par de nouveaux
textes légaux, car elles relèvent du domaine de la loi. En effet, la peine d’amende doit
garder sa vertu répressive et dissuasive. La peine d’amende du Code Pénal Ordinaire est
devenue dérisoire du fait d’une forte et constante dépréciation monétaire; elle ne remplit
plus son rôle de prévenir les infractions et d’intimider les délinquants potentiels. Devant
cette situation économique et financière du pays qui a rendu modiques les taux des
amendes transactionnelles et judiciaires,de même que les taxes administratives et
financières, l’urgence et la nécessité ont amené, en attendant la loi, le Premier Président de
la Cour Suprême de Justice et le Procureur Général de la République à signer
conjointement la note circulaire N° 789/D.010/GB/CSJ- PGR du 23 avril 1997 . Cette
circulaire a fixé le minimum des amendes transactionnelles et judiciaires à l’équivalent en
20
Catalogue des infractions
monnaie ayant cours légal de dix dollars américains, et le maximum à mille dollars pour les
personnes Physiques. En dépit de cet accommodement pratique, le problème demeure : la
peine ne peut être fixée que par une loi
18
C.S.J., RP 470, 4 février 1986, B.A. Années 1985 à 1989, édition 2002, p. 124.
19
Cette question est réglementée par les articles 27 à 34 du code pénal. Les délais de
prescription des peines sont fixés par les articles 27 à 29 du même code.
Catalogue des infractions 21
I. Eléments constitutifs
Des conditions sont exigées pour que l’infraction d’abandon de foyer
soit imputée à un homme ou à une femme.
a) L’existence d’un mariage
L’infraction d’abandon de foyer , pour exister en droit, requiert
l’existence d’un mariage. Celui-ci répond aux règles de droit civil. Il est soit un
mariage célébré en famille (coutumier) mais enregistré soit un mariage célébré
devant l’officier de l’état civil.
b) L’habitation,
Il y a abandon de foyer lorsque le couple dispose d’une habitation.
L’habitation c’est le domicile, la résidence, le lieu où l’on est logé. Il n’est pas
nécessaire que le couple soit propriétaire de cette habitation. Il peut être ou
locataire ou même sous-logé. Peu importe.
c) Le refus
Pour que l’infraction d’abandon de foyer soit établie, le refus est de
deux ordres , selon qu’il s’agit de l’épouse ou de l’époux. Pour la femme, elle
refuse d’aller résider avec son mari. L’homme, pour sa part, n’accueille pas son
épouse dans la résidence conjugale.
d) Le refus de cohabitation sans motifs valables.
Pour que le refus de cohabiter avec le conjoint soit infractionnel, il ne
doit pas être justifié. L’époux n’est coupable que s’il ne peut invoquer de
« justes motifs ». Ainsi, le fait pour une femme de quitter le toit conjugal pour
ne pas consommer le mariage est constitutif de la prévention d’abandon de
foyer. Par contre, pour une épouse, le fait d’abandonner le domicile conjugal
pour se soustraire aux mauvais traitements du mari n’est pas constitutif de cette
infraction.
I. Eléments constitutifs
21
Puisqu’elle a pour fondement l’intérêt social, plus spécialement la bonne administration de
la justice pénale, la prescription de l’action publique a un caractère général et un caractère
d’ordre public. C’est-à-dire que la prescription s’applique à toutes les infractions, même les
plus graves ; que le délinquant ne peut renoncer à l’invoquer et s’il ne l’invoque pas, elle
doit être constatée d’office par le juge.
22
Le code de justice militaire(C.J.M) institué par l’ordonnance-loi n° 72/060 du 25 septembre
1972 a été abrogé par la loi n° 024/2002 du 18 nove mbre 2002, portant code pénal militaire.
Catalogue des infractions 23
23
L’article 107 du code judiciaire militaire considère comme militaires tous ceux qui font
partie de la Force Armée. Sont donc militaires les officiers, sous-officiers et hommes de
rang ; ceux qui sont incorporés en vertu d’obligations légales ou d’engagements volontaires
et qui sont actifs. Les réformés, les disponibles et les réservistes, mais aussi les militaires
en congé illimité quand ils sont réputés en service actif, sont également militaires.
24
Article 121 du code pénal militaire.
25
Article 117 du code pénal militaire.
24
Catalogue des infractions
I. Conditions préalables
Deux conditions préalables doivent être réalisées pour l’existence de
l’infraction d’abandon d’un navire ou aéronef militaire. Il s’agit de l’existence
d’un navire ou aéronef militaire et l’exigence d’un péril ou d’un risque de perte
du navire ou de l’aéronef.
I. Eléments constitutifs
Pour sa réalisation, l’infraction d’absence irrégulière exige la réunion
des éléments constitutifs. Ceux-ci sont la qualité requise pour l’agent, les
éléments matériels et l’élément moral.
26
Catalogue des infractions
c)L’élément moral
Il est entendu que pour être punissable, l’absence du corps non autorisée
reprochée à un militaire doit être volontaire. C’est le dol général qui est requis26
. L’acte libre et conscient d’un militaire ou d’un assimilé qui se dérobe à ses
obligations militaires ou autres pendant au moins quatre jours.
26
HCM RP 001/2004 du 5 octobre 2004, M.P.C/Col Alamba et consorts, inédit.
27
C.G app., 19 janvier 1901, Jur. Etat I p. 113.
Catalogue des infractions 27
fonction ou de son emploi, qui lui a été régulièrement demandé (art.150 g CPL
II). Est également concerné le retard manifestement exagéré dans
l’accomplissement de l’acte de sa fonction ou de son emploi, lorsqu’un délai
n’est pas expressément fixé.
I. Eléments constitutifs
28
Cour d’Appel de Kinshasa /Matete RP 074, Arrêt du 08 janvier 2004, Ministère public et
partie civile Elumba Nkongolo Jean Bosco contre Mr Mukwene Wawa, Kabukanyi Zila
Yamaya et la foire internationale de kinshasa, inédit.
28
Catalogue des infractions
II. Poursuites
La victime de l’infraction d’abstention coupable du fonctionnaire,
l’employeur du fonctionnaire peuvent saisir un officier de police judiciaire29 ou
un officier du Ministère public. Le ministère public a qualité pour poursuivre.
Le tribunal de paix jugera l’auteur de l’abstention coupable d’un fonctionnaire.
29
Il découle des articles 2 et 3 du code de procédure pénale que les officiers de police
judiciaire ont le pouvoir de constater des infractions par procès-verbaux (art.3 du CPP). En
effet, la police judiciaire constate les infractions (art.2 CPP) ainsi que toutes les
circonstances qui les ont entourées. Elle prélève toutes les traces qu’elles ont laissées. Si
l’infraction est flagrante , la police judiciaire est dotée des pouvoirs étendus, non seulement,
pour constater l’infraction, mais également pour rechercher immédiatement tous les
renseignements utiles,et cela à l’aide des moyens coercitifs. Lorsque la police judiciaire
vient à constater une infraction flagrante ou à être avisée d’une telle infraction, elle doit se
transporter sur les lieux. Elle se dépêche sans délais sur les lieux (art.5 du CPP) pour
procéder à toutes constatations utiles. Dès son arrivée sur les lieux, l’Officier de police
judiciaire prend toutes les mesures nécessaires pour veiller à la conservation des moyens
de preuve qui permettront de parvenir à la manifestation de la vérité (art.2).
L’Officier de police judiciaire procède à la saisie des objets se rapportant à l’infraction.
Parmi ces objets, les moyens de transport ayant servi à commettre l’infraction, ou les
choses paraissant avoir été le produit (art.3).
Pour faire surgir les preuves non apparentes, la police entreprend des investigations. Elle
cherche les papiers, les documents et autres objets susceptibles d’avoir un rapport avec
l’infraction ou d’appeler une certaine lumière sur les circonstances de celle-ci. Elle
procédera au besoin par voie de perquisition, sans que les personnes chez qui ces
investigations ont lieu puissent s’y opposer. Si elles s’y opposent, elles commettent
l’infraction de rébellion. Les perquisitions policières doivent avoir lieu dans des conditions
qui ne permettent pas de mettre en doute la régularité des découvertes auxquelles elles
pourraient donner lieu. En conséquence, les perquisitions dovenit avoir lieu en présence de
la personne soupçonnée d’avoir participé à l’infraction ou de détenir des pièces à conviction
ou à défaut en présence des témoins (art .3 alinéa 2 du CPP). A l’occasion des
investigations et perquisitions :
- l’Officier de police judiciaire doit procéder à la saisie de tout ce qui peut servir à la
manifestation de la vérité ;
- l’Officier de police judiciaire peut recourir avec utilité et efficacité à des experts, à
des techniciens, des interprètes,des traducteurs, des médecins pour faire toutes
constatations utiles ou en vertu d’une réquisition de l’officier du Ministère public ;
- l’Officier de police judiciaire peut auditionner (art.64 de l’ord relative à la police
judiciaire) des témoins et des suspects ;
- l’Officier de police judiciaire, au cours de l’enquête, peut recourir à la garde à vue
du suspect pendant 48 heures, s’il existe contre la personne en question des
indices graves et concordants de nature à motiver l’inculpation (art. 72 de l’ord de
1978) ; c’est le cas quand il y a danger de fuite,identité inconnue ou douteuse ;
- dès que les indices graves et concordants sont réunis, l’Officier de police judiciaire
doit conduire le suspect devant le Procureur de la République (art. 73 de
l’’ordonnance-loi 78-239 du 3 juillet 1968 relative à l’exercice des attributions des
OPJ et APJ près les juridictions de droit commun).
-
Catalogue des infractions 29
Après écoulement d’une année à compter de la fin du délai légal pour faire
l’acte de sa fonction, l’auteur de l’infraction d’abstention coupable d’un
fonctionnaire ne sera plus poursuivi. La décision du juge qui a omis de
constater que l’action publique était éteinte au moment où il en a été saisi doit
être annulée32 . Si la peine n’a pas été exécutée normalement, ou si le condamné
n’est pas décédé ou gracié, deux ans après, la peine ne sera plus appliquée.
30
Article 150 f tel que modifié et complété par l’article 6 de la loi n° 05/006 du 29 mars 2005
modifiant et complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais (JORDC,
ème
47 année, Numéro spécial, 05 octobre 2006).
31
Idem.
32
C.S.J., RPA 38, 23 décembre 1976, B.A. 1977, pp 198-199.
30
Catalogue des infractions
a) Conditions préalables
b) Eléments constitutifs
L’élément matériel s’entend par l’inaction ou l’abstention de porter
secours. L’agent qui a eu personnellement conscience du danger et de
l’impérieuse nécessité d’intervenir immédiatement, mais qui s’abstient pourtant
et volontairement, assume l’élément intellectuel.
S’abstenir de secourir un vieillard sur le point de mourir, ne pas donner de l’eau
à boire à une personne qui meurt de soif, ou encore s’empêcher de jeter à un
chasseur tombé dans un trou profond une machette située non loin de lui et
susceptible de lui permettre de faire des tranchées pour se tirer d’affaires, ce
sont là autant d’ exemples concrets d’infraction d’abstention d’apporter secours
à une personne en danger.
II. Poursuites
Qui peut se porter accusateur33 ?. Indépendamment de la plainte de la
victime, le parquet peut poursuivre le présumé auteur de l’abstention
d’apporter secours à une personne en danger. La plainte peut aussi être
33
La poursuite est mise en mouvement par une accusation. Un accusateur saisit l’autorité
publique, imputant une infraction à son adversaire. Ce droit appartient à la victime et à ses
proches. Avec l’installation du « procureur » dans notre procédure pénale, il incombe alors à
ce dernier le soin de déclencher la poursuite indépendamment de tout accusateur privé.
C’est l’accusateur spécialisé chargé de représenter objectivement l’intérêt social que nous
appelons Ministère public.
Catalogue des infractions 31
II. Poursuites
32
Catalogue des infractions
34
L’action publique, que l’on appelle aussi « l’action pour l’application des peines », a pour
but, en effet ,de réprimer le trouble social par l’application d’une peine ou d’une mesure de
sûreté à l’auteur de l’infraction. C’est une action d’intérêt général ou d’ordre public, par
opposition à l’action civile qui est d’intérêt privé. L’action publique appartient à la société, et
à elle seule. Celle-ci a seule le droit de l’exercer ou d’y renoncer. A vrai dire, la société la fait
exercer par des représentants qualifiés, les Magistrats du Ministère public.
35
Les membres du Ministère public auxquels la loi a confié l’exercice de l’action publique
sont les magistrats du parquet. Pour les opposer aux juges, magistrats du siège, on les
appelle les « magistrats debout », parce qu’ils se lèvent à l’audience pour présenter leurs
réquisitions.
1° Le Ministère public recherche, en matière répres sive ,les infractions aux actes législatifs
et réglementaires qui sont commises sur le territoire national. Il reçoit les plaintes et les
dénonciations. Il pose des actes d’instruction et saisit les cours et tribunaux.
2° Il assiste à toutes les audiences (art.9 alinéa 1er) et donne ses avis dans les cas prévus
par la loi.
3° Il remplit les devoirs de son office auprès des juridictions établies dans son ressort
territorial (art.11).
4° Il a la surveillance de tous les Officiers de po lice judiciaire (art.6 alinéa3). Il peut les
charger d’effectuer des devoirs d’enquêtes, des visites de lieux, des perquisitions et des
saisies qu’ils déterminent (art. 12).
5° Il n’est pas juge mais partie. Il agit au nom de la société à laquelle l’infraction a porté
atteinte (il est l’avocat de la société). Il a pouvoir de poursuivre et d’exercer l’action publique.
Il est partie au procès pénal.
6° Le Ministère public est un demandeur. Qu’il ait lui-même mis l’action publique en
mouvement ou qu’il se soit joint à l’action déclenchée par la partie civile, c’est toujours lui
qui exerce cette action et qui est demandeur à l’action publique.
36
Le point de départ des délais de la prescription est défini par l’article 25 du code pénal le
jour où l’infraction a été commise (dies a quo) et compris dans le délai (art 26, al 2).
Catalogue des infractions 33
I. Conditions préalables
a) Conditions préalables
1. La remise : un accord de volonté en vertu duquel la chose a été remise de
façon précaire. Peut donc générer l’abus de confiance : le louage, le mandat, le
nantissement, le prêt à usage, le gage, le dépôt, etc. La validité du contrat est
indifférente à l’égard des poursuites pénales.
Catalogue des infractions 35
b) Eléments constitutifs
37
LARGUIER J., Droit pénal des affaires, éd.Armand colin, Paris, p.152.
38
Tribunal de paix de kananga, RP 501/CD, 13 août 2004, ministère public et partie civile
Mputu tshibilondi contre le prevenu Badibanga Kankolongo, inédit.
39
Crim. , 5 novembre 1975, Bull., n°237.
40
Crim. , 28 décembre 1934, Bull. n°217.
36
Catalogue des infractions
c) L’élément moral
41
Crim. , 17 novembre 2004, Dr.Pén.2005, comm, n°78, obs. Veron.
Catalogue des infractions 37
force majeure est appréciable par les juges. De même, l’exception de bonne foi
fait disparaître le caractère pénal du comportement. Lorsque le propriétaire
autorise une personne à utiliser les fonds encaissés pour son compte,
l’impossibilité de restituer ne constitue pas le délit d’abus de confiance42 .
L’abus de confiance n’est pas constitué par une simple négligence43 , il suppose
que l’agent ait agi sciemment.
En effet, dans l’intention frauduleuse44, la fraude consiste pour un
individu possédant à titre précaire la chose d’autrui, si non à s’approprier cette
chose, du moins à se conduire à son égard comme propriétaire au préjudice de
son véritable propriétaire, possesseur, ou détenteur45 . En outre, a suffisamment
démontré l’existence de l’intention frauduleuse d’abus de confiance, la
motivation fondée sur le fait que le demandeur qui avait, en vertu d’un contrat
d’entreprise, la détention précaire du bois et de l’argent en vue d’un usage bien
déterminé, les a utilisés à ses propres fins46 .
Les exemples d’abus de confiance sont légion. Vendre à un tiers des
bijoux reçus en gage, le gérant qui détourne à son profit des bénéfices de la
société, le transporteur qui utilise l’un des objets transportés à l’insu du
destinataire, le réparateur de montre qui vend une montre lui remise pour
réparation pour faire soigner sa fille malade, le couturier qui détourne le tissu
lui remis pour confection sont autant d’illustrations d’actes constitutifs d’abus
de confiance.
a)La répression
L’abus de confiance est une infraction punie de trois mois à cinq ans
de servitude pénale principale et d’une amende ou d’une de ces peines
seulement (article 95 du code pénal livre II ). Il y a en la peine d’amende une
dissuasion sur le plan financier.
b) Particularités de la poursuite
La victime d’un abus de confiance peut porter les faits à la
connaissance de la police. Elle peut porter plainte au parquet ou traduire le
prévenu devant le tribunal de paix. Le Ministère public peut lui aussi mettre
42
Crim. , 20 février 1980, Bull., n°66.
43
Crim. , 26 février 2002, Bull., n°44.
44
Il y a abus de confiance lorsqu’il y a violation d’un contrat translatif de la détention ou de
la possession intervenue avec intention frauduleuse C.S.J., 1er décembre 1976, RP 124,
aff. Nseai c/M.P et Yanga, BA 1977, p.194, tiré de KATUALA KABA KASHALA et alii ; Arrêts
de principe et autres principales décisions de la Cour Suprême de Justice, Editions Batena
Ntambua , Kinshasa 2009.
45
GARRAUD. , Droit pénal français, T. VI, n° 2618.
46 er
C.S.J., RP 124, 1 décembre 1976, B.A. 1977, p. 194.
38
Catalogue des infractions
soit consommée. Le troisième élément, pour que la tentative soit punissable, est l’intention
de commettre l’infraction tentée. C’est ce qui explique qu’il n’y ait pas de tentative des
infractions non intentionnelles. L’article 4 du code pénal dispose que la tentative est
punissable. Toute tentative réunissant les conditions rappelées ci-dessus est considérée
comme l’infraction elle-même. Il en est de même de la tentative de l’infraction lorsque la loi
la réprime expressément. L’auteur d’une tentative est donc passible de la même peine que
celle qu’il eût encourue si l’infraction avait été consommée. L’infraction manquée : il y a
infraction manquée lorsque l’agent a fait tout ce qui était nécessaire pour réaliser l’infraction,
mais a manqué son but par maladresse ou pour toute autre raison, alors que le but
recherché par l’agent était possible à atteindre, si celui-ci avait été plus adroit , avait agi
avec plus de rapidité, etc. Il y a plus que simple tentative, puisque l’agent a accompli tous
les actes qui dépendait de lui de commettre et n’a pas été arrêté en cours d’exécution, de
sorte qu’il n’y a plus aucun doute à avoir sur son intention d’aller jusqu’au bout. Mais il y a
moins que l’infraction consommée, puisque le résultat dommageable ne s’est pas produit.
L’infraction manquée est punie des mêmes peines que l’infraction tentée, car il s’agit d’un
comportement qui n’a « manqué son effet » que par suite de circonstances indépendantes
de la volonté de l’auteur.
L’infraction impossible : c’est l’infraction qui était irréalisable, soit par manque d’objet
(« meurtre » de quelqu’un qui est déjà mort, avortement d’une femme non enceinte), soit à
raison de l’insuffisance des moyens employés (empoisonnement par administration des
substances non toxiques, « meurtre » par un fusil non chargé). Le résultat était
objectivement impossible à atteindre alors que dans l’infraction manquée, plus d’habilité
chez l’agent aurait permis de l’obtenir à l’aide des moyens mis en œuvre.
40
Catalogue des infractions
II. Poursuites
En droit congolais, l’abus des biens sociaux n’est pas une infraction spécifique.
Il est plutôt un élément du détournement ou de l’abus de confiance. Au regard
de l’évolution des entreprises et en vue d’une évolution législative nous
50
Prévue et réglementée par le code de procédure pénale (art 24 du code pénal et suivant),
la prescription de l’action publique doit être soigneusement distinguée de celle de la peine.
Elle s’en différencie non seulement par ses effets (la prescription de la peine qui suppose
qu’un individu poursuivi et condamné a réussi à se soustraire à l’exécution de la peine,
éteint la peine prononcée), mais encore par son but et par son fondement.
Catalogue des infractions 41
c) Elément intentionnel
Pour que l’infraction soit établie, la notion de mauvaise foi est exigée. Il
doit être établi que le chef d’entreprise savait préalablement que l’usage qu’il
faisait de ses pouvoirs était contraire aux intérêts de la société.
d) Elément matériel
1. Usage des biens sociaux non conforme ou contraire à l’objet social
Il y a une présomption selon laquelle les débours et prélèvements non
justifiés dont les dirigeants sociaux font état (déplacements, réceptions des
clients, expositions, participations à des foires, cadeaux d’entreprises) se
42
Catalogue des infractions
participation aux faits entre dans la définition du code pénal. Seront coupables
de recel ceux qui , en connaissance de cause, auront reçu les biens sociaux dont
il a été fait usage abusif, en particulier les bénéficiaires de détournements.
19. Abus des croyances superstitieuses
sont ceux qui apportent à sa réalisation une aide utile, mais non indispensable. La loi a
prévu, de manière limitative, les modes de complicité en l’article 22 du code pénal. Ce sont
les instructions données pour commettre infraction, l’aide accessoire apportée à la
commission de l’infraction et enfin le fait de loger habituellement certaines catégories de
malfaiteurs.
53
Jean LESUEUR. , Précis de droit pénal spécial, Imprimé par la section de police de
l’Agence pour le Développement International (A.I.D. Ambassade des Etats-Unis
d’Amérique, Kinshasa, 1967, p.42
44
Catalogue des infractions
54
Les tribunaux militaires de police, de garnison, la cour militaire opérationnelle, la cour
militaire et la haute cour militaire ont plénitude de juridiction pour juger les individus traduits
ou renvoyés devant eux pour les infractions prévues et punies par la loi (art.73 du code
pénal militaire). Pour les militaires et assimilés (Police Nationale Congolaise et Service
National), la compétence personnelle est de rigueur. Il a également été jugé que les
membres du corps des « Forces d’Autodéfense Populaire » sont assimilés aux miliciens des
Forces armées et conséquemment justiciables des juridictions militaires (Tribunal de grande
instance de Kinshasa/Kalamu, R.P 8622, 1er mars 2005 inédit.). Il en sera de même
d’autres milices établies sur le territoire national, peu importe leur dénomination.
Catalogue des infractions 45
I. Eléments constitutifs
Pour sa consommation, l’infraction d’accès illicite aux zones protégées
exige les éléments matériels et l’élément moral.
a)Les éléments matériels
Aux titres d’éléments matériels, le législateur distingue le fait visé par la loi et
les biens protégés.
1. Le fait visé par la loi
Ce qui est ici stigmatisé, c’est la présence illicite (commise frauduleusement
ou sans autorisation des autorités compétentes) dans les territoires ou aux cotés
des objets protégés. Le simple accès suffit indépendamment du temps passé
sur les lieux ou en présence de l’objet protégé. La simple présence dans l’hyper
sensibilité du domaine de la défense, même sans manipuler les engins ou les
objets protégés, est infractionnelle.
2. Les biens protégés
Les biens qui bénéficient de la protection sont clairement déterminés.
Généralement, il s’agit des terrains, installations, engins ou appareils de toute
nature affectés au service de l’autorité militaire ou placés sous son contrôle
pour les intérêts de la défense.Tel pourrait être le cas d’un ordinateur contenant
des données informatisées.
b)L’intention coupable.
Elle consiste dans le fait d’accéder à une zone que l’on sait interdite ou à un
engin ou à un appareil connu sous protection, en violation délibérée des
normes y relatives ou de passer outre les injonctions de l’autorité habilitée.
L’action vise généralement à attenter aux intérêts fondamentaux de la nation.
II. Répression
L’accès illicite aux zones protégées est une action libre et consciente
visant à attenter aux intérêts fondamentaux de la Nation. Aux termes de
l’article 147 du code pénal militaire, cette infraction expose son auteur à une
peine de servitude pénale principale dont le taux maximum est de deux ans .
I. Eléments constitutifs
a)L’élément légal
L’article 50 du code pénal livre II incrimine l’administration de substances
nuisibles ayant porté atteinte à l’intégrité physique ou psychique d’autrui.
b)L’élément matériel
L’élément matériel consiste en l’administration, par quelque procédé que ce
soit, des substances mortelles ou nuisibles. L’élément matériel peut être
constitué d’une remise directe ou indirecte ; seul un comportement positif
aboutit à la qualification juridique.
c)L’élément moral
Dans l’élément moral ou intentionnel le juge doit s’assurer de la volonté de
nuire par des substances nocives. Le prévenu connaît l’effet nuisible de ces
substances sur la santé physique d’une personne humaine. Il agit avec
l’intention de nuire à la santé de la victime.
III. Poursuites
L’auteur de l’administration des substances nuisibles pourra être
dénoncé à la police par tout témoin des faits. Il sera porté plainte au parquet
par la victime contre la personne présumée avoir administré des substances
nuisibles. L’auteur de l’infraction est aussi poursuivable par le Ministère public
ou par la personne lésée devant le juge.
57
Articles 107 et 108 du Code de l’Organisation et de la Compétence Judiciaires.
48
Catalogue des infractions
31. Adultère
L’adultère est le fait pour une personne mariée d’avoir des relations
sexuelles avec quelqu’un d’autre que son conjoint. L’adultère porte atteinte au
mariage, base de la société. En matière civile, depuis l’avènement du code de la
famille, l’adultère de l’homme ou de la femme n’est plus une cause de divorce.
En matière pénale, si l’adultère de la femme est toujours réprimé, celui du
mari n’est punissable que dans la mesure où il est entouré des circonstances de
nature à imprimer à l’égard de la conjointe un caractère d’injure grave. Il en est
ainsi des scènes de conjonction sexuelle avec un partenaire autre que le
conjoint dans la maison conjugale.
58
La prescription de l’action publique repose sur l’idée qu’au bout d’un certain temps, dans
un intérêt de paix et de tranquillité sociale, mieux vaut oublier l’infraction qu’en raviver le
souvenir. On la justifie également par la considération psychologique que le coupable aussi
longtemps qu’il a réussi à échapper à la poursuite ou au châtiment, a dû vivre dans
l’inquiétude et dans l’angoisse, peut-être même torturé par le remords. On la justifie
également en faisant appel à l’idée de négligence. La société perdrait son droit de punir
parce qu’elle ne l’aurait pas exercé en temps utile. Le dépérissement des preuves est une
raison particulière en faveur de la prescription de l’action publique. Au fur et à mesure que le
temps s’écoule depuis que l’infraction a été commise, les preuves disparaissent ou, du
moins, perdent beaucoup de leur valeur. Plusieurs années après l’infraction, il sera difficile
d’en découvrir les traces et les indices, de retrouver les témoins ; ceux que l’on aurait la
chance de rattraper auront probablement oublié ou n’auront que des souvenirs vagues et
imprécis. Une action exercée trop longtemps après la commission de l’infraction risquerait
de provoquer une erreur judiciaire. Pour l’éviter, dans l’intérêt même de la justice répressive,
le mieux est d’empêcher l’exercice de l’action publique.
Catalogue des infractions 49
I. Eléments constitutifs
59
Léo.,07 avril 1953.
60
Tribunal de grande instance de Bukavu, RP 9953, 06 février 2001, ministère public et
partie civile dame Apendeki Kapitula, contre les prévenus Mazimbaka Marume et Nsimire m’
Kanondo, inédit.
50
Catalogue des infractions
La relation sexuelle d’un mari avec une autre femme que sa conjointe ne
suffit pas à elle seule pour constituer l’infraction d’adultère. Il faut, en plus, des
circonstances pouvant paraître injurieuses pour la femme,par exemple le fait
que l’acte soit accompli dans le domicile conjugal ou que de l’union naisse un
enfant. L’adultère masculin n’est incriminé que s’il « a été entouré de
circonstances de nature à lui imprimer le caractère d’une injure grave » 61. Ces
circonstances sont laissées à l’appréciation souveraine du juge.
Il est jugé qu’en s’appuyant sur les témoignages et en appréciant
souverainement les faits de la cause, pour considérer que le fait pour le prévenu
de s’enfermer avec une femme mariée dans une maison non éclairée et à des
heures tardives constitue une faute lourde. Qu’ainsi le juge a bien motivé
l’existence de l’infraction d’adultère62 . Celui qui a des relations sexuelles avec sa
belle-sœur alors qu’il est en séparation de corps avec son épouse, commet
l’adultère. Une femme mariée surprise en pleine conjonction sexuelle avec un
partenaire qui interrompt brusquement l’acte sans qu’il y ait eu éjaculation,
commet l’adultère.
1. La complicité d’adultère
En matière d’adultère, la complicité est punie. C’est l’article 22 du code
pénal ordinaire. Le complice d’adultère est en fait le partenaire du mari ou le
complice de la femme. Celui qui participe à l’infraction d’adultère (le complice)
est puni conformément à l’article 22 du code pénal. Cette complicité63 exige :
1° que l’adultère soit établi à charge de la personne légalement et actuellement
mariée ;
2° l’intention coupable du complice. Le complice64 ne sera pas sanctionné s’il
prouve qu’il ignorait que son partenaire était marié.
Les exemples de complicité d’adultère existent. Céder une chambre aux
deux partenaires, mettre les deux partenaires en contact en vue de consommer
des relations sexuelles (faire le « Mukala » dit-on en langue lingala).
2. La tentative d’adultère
61
Article 467, 2 du code de la famille.
62 er
C.S.J., R.P. 234,1 décembre 1981, inédit.
63
Pour la réparation du préjudice causé à un époux par l’adultère de la femme, le tiers
adultère est condamné aux dommages-intérêts fixés en monnaie nationale, tandis que la
prévenue est condamnée à la réparation par les objets à désigner par la coutume des deux
conjoints (CSJ., 2 novembre 1995, RPA 196, R.A.J.Z, 1996,p.25°).
64
La répression de la participation criminelle est prévue à l’article 23 du code pénal. Les
sanctions varient selon qu’il s’agit des co-auteurs ou des complices. Les co-auteurs sont
des auteurs. Ils encourent les mêmes peines. Les complices sont passibles d’une peine qui
ne dépassera pas la moitié de la peine qu’ils auraient encourue s’ils avaient été eux-mêmes
auteurs. (Article 23 alinéa 3 du code pénal). Lorsque la loi prévoit la peine de mort ou la
servitude à perpétuité pour les auteurs, les complices encourent la servitude pénale de dix à
quinze ans (article 23 alinéa 4 du code pénale).
Catalogue des infractions 51
II. Poursuites
65
CSJ., RPA 196, 21 novembre 1995, tiré de Ruffin LUKOO MUSUBAO . , La Jurisprudence
Congolaise en Droit Pénal, volume I, Editions ON S’EN SORTIRA, Kin 2006, p. 15.
66 er
Tribunal de grande instance de Bukavu, RP 7861, 1 juin 1993, ministère public et partie
civile Djuma Muderhwa contre les prévenus Kafarhire Nicolas et Madame M’Bisharhula,
inédit.
52
Catalogue des infractions
fin aux poursuites. Ce désistement n’est plus recevable une fois que le
jugement est devenu définitif. La plainte comme la dénonciation d’une
personne autre que les conjoints ne sont pas recevables.
32. Anthropophagie
I. Définition
L’anthropophagie est le fait de manger, de consommer, de se restaurer,
de se nourrir de la chair humaine ou d’absorber du sang ou de la cervelle
humaine. L’anthropophagie suppose des actes matériels définis par le
législateur et un élément moral. L’anthropophagie est aussi appelée
cannibalisme.
67
Boma., 14 Avril 1908, jur. Etat II p. 229.
68
Boma., 03 mars 1903, Jur. Etat I p. 256.
69
Distr. Kivu., 17 janvier 1938, R.J.C.B., p.155.
54
Catalogue des infractions
III. Poursuites
70
Comme nous l’avons indiqué, rechercher les infractions, les constater, en rassembler les
preuves, en identifier les auteurs et appréhender ceux-ci, constitue l’un des rôles essentiels
de la police.
71
Il y a concours idéal d’infractions justifiant la condamnation du prévenu à une seule peine,
lorsque les infractions retenues à la charge du prévenu sont les produits d’une même
entreprise criminelle ou sont liées par l’unité d’intention criminelle (C.S.J. , R.P.A 112, 20
novembre 1985, inédit). Par contre, sont en concours matériel les infractions non reliées par
une seule intention persistante pour constituer une infraction collective (C.S.J. , R.P.A. 26 ,
4/5/1974, Bull. 1975, p. 74, texte, p.96, in fine) ,ou celles qui ne sont reliées par aucune
unité d’intention (C.S.J. , R.P.A. 23/C.R. , 26 janvier 1981, inédit).
72
Actes interruptifs de la prescription. Les actes d’instruction et de poursuite interrompent la
prescription, le point de départ du délai étant le dernier acte d’instruction ou de poursuite
(art. 26 du code pénal). Cependant, les actes interruptifs ne peuvent jouer indéfiniment. La
loi a prévu des limites.
Les actes réguliers d’instruction préparatoires accomplis par le magistrat instructeur,
l’officier de police judiciaire tendant à rechercher les éléments de l’infraction, sont des actes
interruptifs. Il en est de même d’un jugement avant dire droit, d’un jugement sur le fond
même non coulé en force de chose jugée, d’un dépôt du rapport d’expertise, et d’une
citation devant le tribunal par le Ministère public.
D’après le dernier état de la jurisprudence , les simples procès-verbaux et rapports de l’OPJ
dressés dans une enquête, les jugements ordonnant les mesures d’instructions, même les
simples remises de causes mentionnées dans les notes d’audience, sont également
interruptifs de la prescription.
Catalogue des infractions 55
Mais ne sont pas des actes interruptifs : la simple invitation à comparaître devant le tribunal,
l’appel du prévenu, l’acte d’opposition du prévenu, la plainte de la partie civile, sauf
lorsqu’elle est un préalable à toute poursuite.
56
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
a) L’élément légal
L’article 67 du code pénal Livre II est le texte légal qui incrimine
l’arrestation arbitraire et la détention illégale.
b) L’’élément matériel
L’élément matériel consiste en l’enlèvement, en l’arrestation arbitraire
ou en la détention illégale74, c’est-à-dire :
- le fait, sans consentement, d’entraîner, de détourner, d’amener, de
déplacer une personne de l’endroit où elle se trouvait ;
- de se saisir d’une personne, de l’appréhender au corps, de l’empêcher de
continuer sa route, de la priver physiquement de sa faculté d’aller et de
venir à son gré ;
- le fait de garder, de détenir en sa possession, de retenir une personne
pendant une durée plus au moins longue ou de l’incarcérer ;
- le fait de séquestrer . La séquestration est la détention avec surveillance
serrée d’un individu dans un endroit quelconque ;
- quel que soit le lieu (maison privée, cachot, hôtel, magasin, etc.).
Pour se réaliser, l’arrestation arbitraire doit être opérée par :
- tout moyen de coercition qui met un obstacle matériel à la liberté d’aller et
de venir (violences) ; l’infraction d’arrestation arbitraire existe dès qu’il y a
coercition. Celle-ci équivaut à la violence prévue à l’article 67 du code pénal
livre II75 ;
- l’usage de manœuvres qui paralysent la volonté de la victime et la mettent
dans l’impossibilité morale d’user de sa volonté (ruses) ;
73
C.S.J., R.P.A. 112, 20 novembre 1985, inédit.
74
Il a été jugé par le tribunal de paix de Kananga que le fait d’appréhender quelqu’un au
corps, de l’empêcher de se mouvoir et de l’enfermer dans une maison, est constitutif de
détention illégale(RP 683/CD, 22 décembre 2004, ministère public et partie civile Kabongo
Mushiya contre les prévenus Ngalamulume Mayeli et Mbuyi, inédit.
75
C.S.J., R.P.A 18, 28 mars 1973, B.A. 1974, p.81.
Catalogue des infractions 57
d. Circonstances aggravantes
L’arrestation arbitraire est aggravée quand la mort s’ensuit, causée par
les tortures que la victime a subies. Toutefois, les tortures constituent en elles-
mêmes des circonstances aggravantes, même si elles n’ont pas entraîné la mort.
e. Cas jurisprudentiels et exemples
76
NZANGI BATUTU (M). , « L’action policière et les droits de l’homme en R.D Congo »,
Collection Droit, Politique, sociologie, CDPS ASBL, Kinshasa 2003.
77
Tribunal de grande instance d’Uvira, siège secondaire de Muenga/Shabunda, RP 459, 23
novembre 2004, ministère public et partie civile contre le prevenu Mukupi Mukina, inédit.
78
C.S.J., RPA. 112, 2O novembre 1985 B.A, Années 1985 à 1989 édition 2002 p.85.
79
C.S.J., RPA 106/107/108/109/110, 22 novembre1985, B.A. édition 2002, p. 98.
80
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 83 84, 23 juin 1989, Ministère public et partie
civile Biregeyi kakwemo contre le prévenu Dunia Matandi, inédit.
58
Catalogue des infractions
II. Poursuites
81
C.S.J., R.P. 15, 10 avril 1976 B.A. 1977p.89 ; C.S.J., R.P. 144,10 avril 1976. B.A. 1977,
p.93.
Catalogue des infractions 59
36. Assassinat
L’assassinat est le meurtre commis avec préméditation82. La préméditation
peut être définie comme étant « le dessein formé avant l’action ». La
préméditation doit être définie dans son sens étymologique83 . La préméditation
suppose une « méditation préalable », une décision mûrie, prise après une
réflexion valable. L’intention homicide doit précéder l’action. La préméditation
se manifeste, entre autres manières, quand l’assassin monte un scénario pour
amener la victime dans ses filets. Il tend un guet-apens à sa victime. Il prépare
son crime, organise et prend un temps pour réfléchir sur la façon dont il va
l’exécuter.
Il a été jugé que l’infraction d’assassinat est un meurtre prémédité dont la
commission requiert la réalisation de tous les éléments constitutifs de
l’infraction de meurtre auxquels s’ajoute l’élément préméditation et/ ou le guet-
apens84 .
I. Eléments constitutifs
a)L’élément matériel
L’élément matériel est constitué d’un acte (à l’opposé de l’abstention, de
l’omission ou de l’inaction) ou d’un coup porté avec la main, l’arme, les pieds
ou autre instrument qui entraîne la mort d’une personne humaine ou
susceptible de la provoquer. Bien entendu, il faut relever que l’assassinat
suppose que la victime soit une personne humaine, née et vivante ainsi que
l’acte positif et matériel porté produise comme résultat la mort de cette
personne85. Il ne suffit pas de poser un acte matériel et positif pour que
82
Claudia Ghica-Lemarchand, Frederic-Jerôme Pansier. , Droit pénal spécial, Vuibert, Août
2007, p.41.
83
GARCON E., Code pénal annoté, 2eme édition, articles 296 à 298.
84
Tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe , R.P 19.063, Ministère public et Fwelo
Mahasa Joseph contre les cités Magloire Kabemba Okandja et consorts, 18 mars 2010,
inédit.
85
Haute cour militaire, RP 001/2004, MP c/ Col Alamba et consorts, 5 octobre 2004, inédit.
60
Catalogue des infractions
l’assassinat soit établi, il faut en outre que l’acte soit librement voulu et
prémédité.
b)L’élément moral
L’élément moral suppose une conscience délibérée (mûrement réfléchie,
non subite et momentanée) avec comme résultat escompté de donner la mort à
la personne d’autrui (animus necandi). Le coupable a conçu le dessein de tuer
sa victime un certain temps avant l’action. Toutefois, il a été jugé que la
résolution de tuer qui, tout en étant conditionnelle, est néanmoins le résultat
d’une volonté non subite, momentanée mais antérieure et sûrement réfléchie,
constitue un des éléments de qualification d’assassinat86. A contrario, les juges
ont décidé qu’il n’y a pas d’assassinat lorsque, entre le moment du dessein
homicide conçu dans l’empire d’un vif ressentiment et celui de sa réalisation, le
prévenu n’a pas retrouvé son calme87.
86 ère
1 instance Kin, 19 février 1965, RJC. 1969,n°1 p.89 avec note.
87
Kin, 19 janvier 1967, RJC 1967, n° 2,P. 130.
88
Cour d’appel de Lubumbashi, 14 novembre 1968, B.P. c/V.J., in R.J.C. 1968, p.268.
89 er
Kinshasa, 1 juin 1967, RJC, 44eme année, janvier-mars 1968, n°1, p. 69.
90 er
Tribunal de grande instance du Nord-Kivu à Goma, RP18.693 RMP 3016/BLK, 1 avril
2008, inédit.
91
C.S.J., R.P 2,10 janvier 1972. B.A 1973, p.88, R.J.Z 1972, p.135.
92
HCM RP 001/2004 du 5 octobre 2004, MP c/ Col ALamba et consorts, inédit.
Catalogue des infractions 61
a) Texte légal
L’assassinat est défini et réprimé à l’article 45 du code pénal, tel que
modifié et renforcé par l’ordonnance-loi n°68/193 du 03/05/1968.
L’assassinat est réprimé de la peine de mort93. L’assassinat comme le meurtre
sont par priorité poursuivis et jugés dans un délai d’un mois maximum (art.6 de
l’ordonnance-loi).
L’assassinat est une infraction relevant de la compétence du tribunal de
grande instance.
b) Circonstances atténuantes
Le fait qu’un meurtre a été prémédité n’empêche pas d’accorder au
condamné le bénéfice des circonstances atténuantes94. Peut constituer une
circonstance atténuante en faveur du prévenu, l’attitude de la victime qui,
fautive au regard de la coutume, peut avoir effectivement été ressentie par le
prévenu,vieillard de mentalité primitive, vivant sous l’influence complète de la
coutume95.Le désir de venger le meurtre de son frère a également, déjà été
retenu comme circonstance atténuante d’un meurtre ou d’un assassinat96.
c) Disqualification des faits
La constitution, en son article 19, dispose que nul ne peut être ni
soustrait ni distrait contre son gré du juge que la loi lui assigne, mais le juge
peut disqualifier les faits97 et statuer sur une infraction qui n’est pas
matériellement de sa compétence98.
93
A l'état actuel de la législation en vigueur en République Démocratique du Congo, le
législateur congolais n'a pas encore abolie la peine de mort en dépit des pressions
immenses exercées sur le Gouvernement. Sans nullement être abolitionniste, j’estime que
le maintien de la peine capitale dans l'arsenal répressif congolais n'est pas sans poser
quelques problèmes. La République Démocratique du Congo a signé un moratoire sur les
exécutions de la peine capitale, ce qui entraîne comme conséquence qu'à l'heure actuelle,
les condamnations à cette peine continuent d'être prononcées par les juridictions
congolaises sans qu'elles ne soient effectivement exécutées. Les condamnés à mort sont
ainsi indéfiniment maintenus dans une situation d'insécurité juridique, doublée d'un stress
intolérable, car ils ignorent leur sort définitif.
94
1ère instance App. Cost, 27 novembre 1938, Revue Juridique, 1940, p.112. Tribunal de
grande instance du Nord-Kivu à Goma, R.P 18.759, 7 avril 2009, inédit.
95 ère
Trib. 1 inst. Léo., 28 juillet 1961, in R.jud.C.1962, p.83.
96 ère
Trib.1 inst. Stanleyville., 12 novembre 1962 cité par Ruffin LUKOO MUSUBAO. , la
jurisprudence congolaise en droit pénal, Volume I, Editions ON S’EN SORTIRA, Kin
/RDC2006, p.34.
97 ère
Trib. 1 inst. Léo., 28 juillet 1961, in R.jud.C.1962, p.83.
98
En vertu de l’article 103 du Code de l’Organisation et de la Compétence Judiciaires, qui
dispose « si un tribunal saisi d’une infraction de sa compétence constate que les faits
constituent une infraction dont la compétence est attribuée à un tribunal inférieur, il statue
62
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
sur l’action publique et éventuellement sur l’action civile et sur les dommages-intérêts à
allouer d’office », un prévenu peut être soustrait de son juge naturel.
99 e
NYABIRUNGU MWENE SONGA. , op. cit . , 2 éd., DES, Kinshasa, 1995, p.321.
100 e
Dictionnaire de droit, 2 Ed., tome I, Librairie Dalloz, Paris, p. 146.
101
Article 156 du code pénal livre II ; Cour d’appel de Kinshasa/Matete, RPA 11634, 31 mai
2010, inédit.
Catalogue des infractions 63
c) L’élément moral
On a vu que l’infraction existe même en l’absence de dessein de la
commission d’une infraction déterminée. Cependant, il faut que l’auteur ait agi
en connaissance de cause, qu’il ait su qu’il entrait dans une bande de
malfaiteurs ou qu’il fournissait(ne serait-ce qu’une seule fois) des instruments
destinés à la commission d’une infraction par une association de malfaiteurs.
d) Etat de la jurisprudence
- Une association doit, en plus, avoir une certaine permanence dangereuse, en
raison de la menace durable qu’elle fait peser sur la société. L’association
n’est pas faite le matin pour disparaitre le soir, il faut une permanence. C’est
la raison pour laquelle le législateur l’a prévue parmi les infractions contre la
sécurité publique105 ;
- Une réunion éphémère d’individus participant à une action isolée ne tombe
pas sous le coup de l’article 156 du code pénal congolais. Pour tomber sous
102
Elis. , 23 décembre 1913, Jur. Col. 1924, p. 187 ; Elis 6 janvier 1914. Jur. Col. p. 256.
103
C.S.J., R.P 319, 01 juillet 1980, Inédit.
104
C. S. J., RP 29/30/31 CR du 16 mai 1990, M.Pc/ Koyagialo, in RDJA 08/98, p. 460.
105
CA Bruxelles 09 septembre 1947, in Revue de Droit pénal et criminologie 1947, p 109 ;
Trib Milit Garn kin/Gombe RP210/2006 du 16 juin 2006, MP C/Kuthino F et consort, inédit.
64
Catalogue des infractions
le coup de la loi, l’association doit être organisée, c'est-à-dire que la loi exige
entre les membres de la bande une entente préalable106 ;
- La loi n’a pas donné la définition du malfaiteur, mais il n’est pas exigé qu’il
soit un repris de justice, c'est-à-dire une personne qui a déjà subi une
condamnation pénale ; à vrai dire, sont malfaiteurs tous ceux qui forment
une association dans le but d’attenter, de commettre des infractions contre
des personnes ou des propriétés107 ;
- L’adhésion à une bande est punissable même si l’individu ne participe pas,
ensuite, à l’activité criminelle. Le mobile évoqué est sans influence pour
l’application de la loi pénale108 ;
- Pour que soit reconnue l’association de malfaiteurs, il est nécessaire que
l’entente soit réalisée en vue de la commission de plusieurs infractions, et
non d’une infraction isolée.Sinon tout fait de complexité en matière de
crime constituerait un cas d’association de malfaiteurs109 ;
-
Le législateur a incriminé ,sous ce nom , l’accomplissement d’actes
préparatoires à la commission d’autres infractions qui, se situant avant
même le commencement d’exécution, ne peuvent constituer une tentative
punissable. La caractéristique essentielle de la préparation à une association
de malfaiteurs réside dans l’existence d’un groupement formé ou d’une
entente établie dans un but bien déterminé. Il ne s’agit pas d’individus réunis
par une simple communauté d’idées ou par le hasard, mais d’individus ayant
formé la résolution d’agir en commun et pris la décision de passer ensemble
à l’action ultérieurement110 ;
-
L’association de malfaiteur n’est pas nécessairement un groupement
fortement structuré, hiérarchisé et composé de nombreuses personnes, ni
constitué pour commettre un nombre important de crimes. Tombe ainsi
sous cette qualification le fait de recruter une personne pour commettre une
agression, de repérer les lieux et de fournir des instructions et des
renseignements à la personne recrutée111 ;
- L’association de malfaiteurs constitue une infraction indépendante du ou
des crimes et délits projetés. Il en résulte qu’une constitution de partie civile
qui n’invoquerait aucun chef de préjudice distinct de celui résultant des
106
Cass. B., 11 décembre 1893 pas v1894 1ère partie ; CA Bruxelles 09 septembre 1947, in
Revue de Droit et criminologie 1947, p.109, Trib Milit Garn Kin/gombe RP 210/2006 du 16
juin 2006 MP C/K, inédit.
107
Trib Milit Garn. Kin /Gombe RP 210/2006 du 16 juin 2006 MP C/K, inédit.
108
Idem.
109
Cass Fr chambre Crim . , 13 janvier Dalloz 1955 p 291 ; Trib Milit Kin /Gombe RP.
210/2006 du 16 juin 2006 MP c/K, inédit.
110
Cass Fr Crim. , 30 avril 1996 Bull n°176 et Rev sc crim 1997.113 obs Delmas Saint
Hilaire.
111
Cass. Fr Crim. , 30 avril 1996, idem.
Catalogue des infractions 65
112
Cass.Fr. crim., 8 février. 1979, Bull. n° 58 ; Rev.s c. crim. 1980. 151, obs. J. Robert
113
Cass Fr crim . , 22 janvier 1986 Bull n°29 ; 3 juill et 1991 Bull n°288.
66
Catalogue des infractions
114
Boma., 29 septembre 1914, Jur. Col. 1925, p. 189.
Catalogue des infractions 67
I. Eléments constitutifs
115
Aux termes des articles 27 à 29 du code pénal, les peines se prescrivent en dix ans
révolus pour les peines d’amende de moins de cinq mille Zaïres,quatre ans pour les peines
d’amende de cinq mille Zaïres et plus ; délai double de la peine prononcée pour les peines
de servitude pénale de dix ans ou moins, sans que ce délai ne puisse être inférieur à deux
ans ; vingt ans pour les peines de servitude pénale de plus de dix ans.
68
Catalogue des infractions
L’article 179 du code pénal Livre II n’est d’application que lorsque les
faits incriminés ne constituent pas une infraction en eux-mêmes ou lorsqu’ils
constituent une infraction punie de peines inférieures à deux ans de servitude
pénale.
a) Texte légal
L’article 179 du code pénal Livre II est le texte légal. Il punit les faits
constitutifs de l’infraction d’atteinte à la liberté des cultes et de conscience de la
peine de servitude pénale principale de huit jours à deux ans, et d’une amende
ou de l’une de ces peines seulement.
b) Le tribunal de paix
Le tribunal de paix est la juridiction compétente pour juger des atteintes
à la liberté des cultes et de conscience. L’action publique de l’infraction
d’atteinte à la liberté des cultes et de conscience se prescrit dans le délai de trois
ans.
116
J. LESUEUR. , op.cit. , p.141.
Catalogue des infractions 69
I. Poursuites
117
Une série d’actes infractionnels peut donner lieu à un concours d’infractions. Le concours
d’infractions est réalisé lorsque, dans une situation donnée, l’inculpé doit répondre à la fois
de plusieurs infractions dont aucune n’a encore fait l’objet d’un jugement définitif.
118
J.0. ,1964, p .2 et suivants.
70
Catalogue des infractions
est de cinq à dix ans de servitude pénale principale. En cas de proposition faite
et non agréée, la peine est d’un à cinq ans de servitude pénale principale.
c) Quelle est la juridiction compétente ?
La cour de sûreté de l’Etat était autrefois l’instance compétente, tel qu’il
ressort de l’article 96, alinéa 1er de l’ordonnance-loi n°82-020 du 31 mars 1982,
portant Code de l’Organisation et de la Compétence Judiciaires telle que
modifiée. Cette juridiction a été dissoute.
119
Aux termes de l’article 225 de la constitution du 18 février 2006, il est stipulé que la cour
de sûreté de l’Etat est dissoute dès l’entrée en vigueur de la présente constitution.
120
Lorsque le même fait constitue plusieurs infractions, la peine la plus forte sera seule
prononcée. Il en est ainsi de celui qui tire un coup de feu dans la foule, tue et blesse
plusieurs personnes. Il se rend coupable de plusieurs infractions de meurtre et de blessures
volontaires. C’est le concours idéal d’infractions, il est réglementé par l’article 20 alinéa 1er
du code pénal congolais. On considère qu’en cas de concours idéal, l’infraction est unique
et la peine prononcée est aussi unique car on applique la plus forte.
121
Code pénal congolais. Décret du 30 janvier 1940 tel que modifié jusqu ‘au 31 décembnre
2009 et ses dispositions complémentaires, 2010, p. 50.
Catalogue des infractions 71
I. Eléments constitutifs
II. Poursuites
122
Toutes les peines prévues pour cette infraction sont retenues parce qu’étant les plus
fortes. Par contre lorsqu’un même sujet accomplit plusieurs infractions distinctes, non
réunies par une même intention délictueuse et dont aucune n’a encore fait l’objet d’un
jugement définitif, il y a concours matériel d’infractions. Le concours matériel d’infractions
est prévu par l’article 20, alinéa 2 du code pénal. Il en est ainsi d’un individu qui vole une
vache à Ngakwa le 30 décembre. Le 20 janvier, il tue une personne à Kanyalanga. Les
agents de la police se présentent pour l’arrêter à Bugobe, il frappe l’un avant d’être maîtrisé.
Ce cas constitue un exemple de concours matériel d’infractions de vol, de meurtre et de
coups et blessures. La solution est que le juge qualifiera chaque fait et lui appliquera une
peine et ensuite il additionnera les peines prononcées. C’est ce qu’on appelle le principe du
« cumul des peines ».
123
Elis. , 14 mai 1949, RJCB., p.139, Léo, 1.10.1935, RJCB, 1936, p.19.
Catalogue des infractions 73
I. Eléments constitutifs
Deux éléments sont communs à tous les attentats : le fait matériel et
l’intention coupable.
a) Les éléments matériels124
L’existence d’un acte attentatoire aux bonnes mœurs. C’est un acte
impudique, immoral par rapport aux us et coutumes d’un lieu donné, exercé
sur une personne avec ou sans violences, ruses ou menaces. Les mœurs sont
donc « un ensemble des principes, des règles régissant une société à une
époque donnée ». L’attentat suppose nécessairement un acte susceptible de
causer préjudice à une personne humaine dans ce qu’elle peut ressentir comme
pudeur. C’est aussi un acte susceptible de constituer une offense à la moralité
publique au regard de bonnes mœurs d’une région, d’une communauté ou d’un
Etat.
Il a ainsi été jugé que le fait d’exhiber sa nudité et de frotter son pénis
contre les parties intimes de la victime constitue la prévention d’attentat à la
pudeur125. Un fait trop peu grave peut constituer une infraction d’attentat à la
pudeur. Il peut présenter un dégré d’impudicité suffisant pour outrager la
pudeur publique126. C’est l’action physique et immédiate contraire aux mœurs
exercée sur une personne qui constitue l’élément de l’infraction.
124
Les actes constitutifs de cette prévention peuvent être en concours matériel d’infractions
et exiger le cumul des peines. Le cumul des peines de servitude pénale ne peut dépasser le
double du maximum de la peine la plus forte prévue par la loi, ni être supérieure à vingt
ans. Le cumul des peines d’amendes ne peut dépasser le double du maxima de la peine la
plus forte prévue par la loi. En cas de cumul, la servitude pénale subsidiaire ne pourra
dépasser six mois. La peine de mort et la servitude pénale à perpétuité absorbent toute
peine privative de liberté.
125
Tribunal de grande instance de Kinshasa-Kalamu ; jugements R.P 7691, 8 juin 2000 et
R.P. 8325, 6 février 2003, inédit.
126
Elis.,13 avril 1943, RJCB, p. 132, in Piron, P et Devos, J., op.cit. ,p. 385.
74
Catalogue des infractions
b)L’élément moral
L’attentat à la pudeur est une infraction intentionnelle. Il s’agit d’un
acte contraire aux mœurs exercé délibérement, une volonté délibérée de porter
atteinte à la moralité publique. L’agent pose son acte obscène avec la volonté
d’enfreindre les habitudes de la région, d’enfreindre la loi. A ce sujet, il a été
jugé que l’intention coupable de l’attentat à la pudeur se manifeste par la
connaissance du caractère criminel ou immoral de l’acte127.
II. Poursuites
127
Tribunal militaire de garnison de Bukavu, R.P 178/07, 27 mars 2008, affaire MP contre
Amzo Limaadu, inédit.
128
Voir aussi Elis, 22 février 1916, Jur Col 1926, p.320 et note ; Cass., 11 février 1942, Pas.
1942, I, 40.
Catalogue des infractions 75
l’attentat a été commis sur les victimes à l’aide des personnes âgées de moins
de dix ans, la peine sera de cinq à vingt ans (art. 168 alinéa 3).
L’âge de l’enfant pourra être déterminé par examen médical, à défaut
d’acte d’état civil.
2. La loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.
Il s’agit de l’article172. Cette disposition légale stipule : « L’attentat à la
pudeur sans violences, ruses ou menaces commis sur un enfant, est puni de six
mois à cinq ans de servitude pénale principale. L’attentat à la pudeur avec
violences, ruses, ou menaces commis sur un enfant est puni de cinq à quinze
ans de servitude pénale principale.
Si l’attentat est commis sur un enfant à l’aide d’un ou de plusieurs
autres âgés de moins de dix ans, l’auteur est passible de cinq à vingt ans de
servitude pénale principale. Les peines encourues sont portées de cinq à quinze
ans de servitude pénale principale, et à une amende de quatre cent mille francs
congolais si l’attentat à la pudeur a été commis par des personnes ou dans les
circonstances prévues à l’alinéa 2 de l’article 170 »
c)Tribunal compétent
peut être commis à l’aide d’un enfant129 âgé de moins de dix-huit ans.
L’infraction existe, peu importent son sexe, son consentement et l’effet de
l’acte. C’est le cas de figure de l’article 168 alinéa 2 in fine du code pénal livre II
modifié par la loi n° 06 /018 du 20 juillet 2006 complétant et modifiant le code
pénal congolais.
2. Attentat à la pudeur commis sur les personnes ou à l’aide des
personnes âgées de moins de dix ans.
L’attentat à la pudeur peut être commis à l’aide d’un ou plusieurs
enfants âgés de moins de dix ans. C’est le cas de l’alinéa 2 de l’article 172 de la
loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant. C’est aussi le
cas de l’article 168 alinéa 3 in fine du code pénal livre II modifié par la loi n° 06
/018 du 20 juillet 2006 complétant et modifiant le code pénal congolais. Dans
les deux cas, l’auteur est passible de cinq à vingt ans de servitude.
3. Attentat à la pudeur commis par une catégorie spécifique d’auteurs
L’alinéa 3 de l’article 172 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant
protection de l’enfant, édicte que les peines encourues sont portées de cinq à
quinze ans de servitude pénale principale, et à une amende de quatre cent mille
francs congolais si l’attentat à la pudeur a été commis par des personnes ou
dans des circonstances prévues à l’alinéa 2 de l’article 170. L’alinéa 2 de
l’article170 de la même loi stipule que le minimum de la peine sera doublé si
l’attentat est le fait :
1° des ascendants ou descendants de l’enfant ;
2° des personnes qui ont autorité sur l’enfant ;
3° de ses enseignants ou de ses serviteurs à gage,ou les serviteurs des
personnes indiquées ci-dessus ;
4° des agents publics, des ministres de culte ayant abusé de leur position ;
5° du personnel médical, para médical ou des assistants sociaux, des
tradipraticiens envers les enfants confiés à leurs soins ;
6° des gardiens sur les enfants placés sous leur surveillance.
129
Tout attentat à la pudeur consommé, ou tenté, sans violence sur la personne d’un enfant
de moins de dix-huit ans peut être puni.
Catalogue des infractions 77
L’attentat aux mœurs se définit comme tout acte qui excite, facilite ou
favorise la débauche de la jeunesse. Il est une excitation des mineurs à la
débauche. L’infraction d’attentat aux mœurs sous-entend :
a) l’acte matériel : celui-ci consiste à favoriser la débauche ;
b) l’âge réquis : moins de dix-huit ans est l’âge requis pour la victime; :
c)le but escompté :le but est de satisfaire la passion d’autrui.
a)Texte légal
Les articles 172 ( modifié par l’art 5 du décret du 27 juin 1960) et
l’article 173 et l’article 173 du code pénal livre II constituent le siège de
l’infraction d’attentat aux mœurs. La sanction est de trois mois à cinq ans de
servitude pénale principale et l’amende. Dans ce cas, le tribunal de paix est
compétent. La prescription de l’action publique est de trois ans.
b) Circonstances aggravantes
Lorsque l’infraction d’attentat aux mœurs est commise sur un enfant de
moins de dix ans, l’auteur encourt cinq à dix ans de servitude pénale. Si l’auteur
est père ou mère de l’enfant, il peut en outre être privé de ses droits sur
l’enfant. Le tribunal de grande instance est l’instance compétente. La
prescription de l’action publique en matière d’attentat aux mœurs est de dix
ans.
a) Les attentats
Les attentats se divisent en cinq types :
1. Détruire ou changer le régime constitutionnel par des voies illégales ;
2. Exciter les citoyens ou habitants à s’armer contre l’autorité de l’Etat. ;
3. Exciter les citoyens ou habitants à s’armer les uns contre les autres ;
4. Porter atteinte à l’intégrité du territoire national ;
5. Porter le massacre ou la dévastation en un même lieu ou en divers lieux
(dans une ou plusieurs zones).
b) Les complots
Les éléments constitutifs du complot sont au nombre de quatre.
1. La résolution d’agir : une volonté précise et bien arrêtée ;
2. Cette résolution doit être concertée entre deux ou plusieurs personnes ;
3. Elle (résolution) doit également être arrêtée entre les conjurés, d’où la
nécessité d’un accord entre eux sur le but et les moyens d’exécution du
complot. ;
4. Le complot doit avoir un but particulier : celui de commettre un attentat..
En période de guerre civile ou de troubles graves, ce sont des attentats qui ont
pour but de provoquer :
- le massacre, c’est-à-dire un ensemble de meurtres accomplis par des bandes
d’émeutiers ;
- la dévastation, c’est-à-dire une série de destructions, dégradations, incendies,
etc. exécutés avec violences ;
- le pillage, c’est-à-dire des vols collectifs se produisant au moment des
émeutes.
50. Avortement
L’avortement volontaire est interdit. « Malheur à qui profane la beauté
innocente de la vie humaine ; malheur à qui en méconnait le droit essentiel,
celui d’exister, ou l’annéantit dès son origine130 ». La loi punit celui qui a fait
avorter une femme. La loi punit aussi la femme qui, volontairement, s’est fait
avorter. Avorter, c’est user des pratiques mécaniques ou chimiques pour
interrompre artificiellement une grossesse, en provoquant l’expulsion du fœtus
avant terme, non dans le but de sauver la vie de la mère porteuse ou d’épargner
à l’enfant à naître tout inconfort moral ou physique.
Le législateur distingue l’avortement par autrui (art 165) de l’avortement
sur soi-même (art 166). Le premier (avortement par autrui) est le fait de
quiconque, par divers moyens, fait avorter une femme, que celle-ci y consente
ou non. Le second (avortement sur soi-même) est celui que la femme se
procure elle –même. Le médecin, l’infirmier ou toute autre personne peut
provoquer l’avortement d’une femme enceinte. Ils le peuvent par ruse,
violence, curetage, administration des produits pharmaceutiques abortifs ou
indigènes, ou en usant de tout autre procédé. Ils sont, dès lors, qualifiés de
coauteurs de l’avortement. Dans ce cas, ils seront punis sur base des articles 21
du code pénal livre I, et 165 du code pénal livre II.
I. Eléments constitutifs
130
Pape paul VI, in Journal le Monde, 24 décembre 1974, p.10, cité par LIKULIA., op. cit., p.
307.
80
Catalogue des infractions
Bref, l’expulsion du fœtus est faite à l’aide des aliments, des breuvages,des
médicaments, des violences ou par tout autre moyen131 .
b) L’élément moral
L’auteur doit avoir eu l’intention de provoquer l’avortement. Une femme
grosse qui absorbe des substances abortives, (…) lorsqu’elle a délibérément
recherché l’expulsion du fœtus qu’elle portait, administre par ce fait la preuve
de l’élément moral. Le consentement de la femme est inopérant, car il s’agit
moins de disposer de son propre corps, mais de disposer de la vie d’un être
humain qui, bien que n’étant pas encore fonctionnellement autonome par
rapport à elle, est déjà « ontologiquement » différent d’elle.
En effet, l’avortement résultant des coups volontaires portés, non dans
le but de faire avorter, mais dans l’intention d’attenter à la personne d’autrui
relève des articles 46 à 48 du code pénal. Aussi, l’avortement pratiqué par un
médecin dans le but de sauver la vie de la mère, faute d’intention délictueuse,
n’est pas punissable. C’est un avortement thérapeutique.
c)Cas jurisprudentiels
Il est de jurisprudence qu’au sens de l’article 165 du code pénal livre II,
l’avortement doit être considéré comme un accouchement avant terme
provoqué volontairement ou procuré par un procédé quelconque, notamment
par la violence ou par l’administration d’aliments, de breuvages et de
médicaments132 .
Lorsque l’élément matériel fait défaut dans le chef du prévenu, il
devient superfétatoire pour le juge d’examiner d’autres éléments et, partant,
l’infraction d’avortement criminel sera non établie133 .
131
Au sens de l’article 165 du code pénal congolais livre II, l’avortement doit être considéré
comme un accouchement avant terme volontairement provoqué ou procuré par un procédé
quelconque, notamment par la violence ou par l’administration d’éléments, de breuvages et
de médicaments.
132
C.S.J., R.P 290, 20 décembre 1978, B.A, 1979, p.150.
133 er
Tribunal de grande instance de Kinshasa-Kalamu, jugement R.P. 8622, 1 mars 2005,
inédit.
Catalogue des infractions 81
134
LESUEUR., op.cit., p. 122.
135
LIKULIA BOLONGO . ,op. cit., p. 307.
82
Catalogue des infractions
136
Kin, 13 août 1970, R.J.Z. , 1971, p.241, cité par LIKULIA., op. cit ., p.306.
Catalogue des infractions 83
53. Banqueroute
Le terme « banqueroute » vient de l’italien « banca rotta », qui signifie
« banc brisé ». En effet, celui dont le commerce coulait et qui ne payait plus ses
dettes, voyait son banc à l’assembnlée des marchands brisé : il ne pouvait plus y
sièger.
La banqueroute est l’état d’un commerçant déclaré en faillite qui, dans la
gestion de ses affaires, s’est rendu coupable d’actes frauduleux ou de
négligences et d’imprudences. L’infraction de banqueroute concerne
uniquement les commerçants. Elle n’est envisageable qu’aux conditions
préalables de la qualité d’un agent commerçant déclaré en faillite. La
jurisprudence l’a confirmé137 . Les conditions pour déclarer en faillite un
commerçant se rapportent notamment à la cessation de paiement et à
l’ébranlement du crédit.
Les dispositions légales des articles 86 et 87 du code pénal congolais livre
II sont les textes légaux. A l’analyse de ces dispositions légales, l’on distingue la
banqueroute commise frauduleusement et la banqueroute réalisée sans
intention frauduleuse.
I. Champs d’application de la banqueroute.
Peuvent tomber sous le coup des articles 86 et 87 du code pénal livre II qui
organisent les infractions de banqueroute les commerçants d’abord. Ensuite,
les dirigeants sociaux et les liquidateurs, ainsi que les personnes physiques des
personnes morales, lorsque c’est une personne morale qui est nommée
administrateur ou membre du conseil de surveillance d’une société. Enfin, la
banqueroute est applicable aux dirigeants de fait comme aux dirigeants de
droit.
137
Léo. , 27 février 1941, R.J.C.B. 1946, p.26.
138
L’état de cessation des paiements est le fait pour le débiteur de ne plus pouvoir faire face
à ses dettes(le passif exigible) avec l’actif disponible.
84
Catalogue des infractions
141
Cette infraction pose la question de l’abrogation par désuetude de la loi.L’abrogation de
cette loi pourrait résulter du seul fait qu’elle se trouve, en pratique, frappée d’ineffectivité.
86
Catalogue des infractions
57. Bigamie
La bigamie est l’état d’une personne engagée dans le lien d’un mariage
enregistré ou célébré devant l’officier de l’Etat civil qui aura fait enregistrer ou
célébrer un autre mariage sans que le précédent soit dissout ou annulé.
1. Monsieur Lukafu a quitté Kisangani après un mariage célébré le 18
juillet 1998 à la commune de la Makiso, avec son épouse, madame Ziyana.
Sans le dévoiler, Monsieur Lukafu voyage pour Matadi où il prépare une
autre union. Mademoiselle Musimwa, son ancienne amie, l’attend à bras
ouverts. Mr Lukafu s’unit avec Musimwa le 25 janvier 1999 devant l’officier
de l’état civil de la commune de Nzanza.
2. Entretenir « un deuxième bureau142 » ne constitue pas l’infraction de
bigamie.
I. Eléments constitutifs
a) Condition préalable.
Il faut en premier lieu que l’époux coupable soit déjà engagé dans les
liens d’un mariage (contracté en République Démocratique du Congo ou à
l’étranger) valable. Il faut qu’il y ait deux mariages valables. Il n’y a pas
infraction si le second mariage est nul pour une cause qui lui est propre143 . Cas
du mari dont la première femme meurt entre son deuxième et troisième
mariage ; s’il se trouve que la bigamie résultant du deuxième est prescrite, il n’y
a pas d’infraction punissable, puisque le décès a dissout le premier mariage
avant la conclusion du troisième, et que le troisième n’a coïncidé qu’avec un
deuxième qui était nul.
La nullité du mariage s’apprécie selon le droit civil. Elle constitue une
exception préjudicielle au jugement, pour la nullité entachant le premier
mariage. Le tribunal répressif statue, au contraire, pour les nullités du second.
b) L’élément matériel
Un premier mariage valable et non dissous. L’élément
matériel consiste à contracter un second mariage. L’auteur est déjà lié par un
premier mariage valable et non dissous. Un second mariage valable. Et puis,
il célébre ou enregistre un second mariage avant la dissolution du premier.
Cependant, il n’est pas nécessaire que le second mariage soit contracté comme
le premier. Il peut s’agir d’un simple mariage coutumier.
c) L’élément moral.
142
A Kinshasa, «deuxième bureau » signifie concubine ou maîtresse d’un homme marié.
143
Toulouse, 2002 ; Mémentos, Droit Pénal Spécial, 14 ème édition, 2008, Dalloz p.298.
Catalogue des infractions 87
II. Poursuites
Les poursuites peuvent être engagées par l’épouse. Elle peut porter
plainte à la police, au parquet ou attraire l’auteur devant le juge de paix. La
personne reconnue coupable de l’infraction de bigamie sera sanctionnée sur
base des articles 408, 409 du code de la famille.
a) Sanctions dévolues
L’époux qui aura fait enregistrer ou célébrer une seconde union sans
que la première ne soit dissoute ou annulée, commet l’infraction de bigamie. Il
encourt un mois à trois ans de servitude pénale principale et une amende ou
une de ces peines seulement.
c) Complicité.
La loi ne prévoit aucune disposition concernant le complice qui épouse
la personne déjà mariée. S’il savait qu’il épousait une personne déjà mariée, on
lui appliquera les dispositions générales sur la complicité. Sera aussi complice,
l’officier public qui a prêté son ministère au mariage constituant la bigamie. Est
également complice l’officier public qui connaissait l’existence du premier
mariage. Il sera puni, tout comme l’auteur principal. Tous ceux qui se sont
associés à l’infraction peuvent également être poursuivis comme complices
(témoins, second conjoint, agissant en connaissance de cause).
144
Paris, 31 mai 1949, JCP 1949. II. 5163, note Delaume.
145
Paris, 27 novembre 1981, D.1983, 14, note Ph. Paire.
146
Paris, 6 juillet 1988, Juris-Data n° 044484.
88
Catalogue des infractions
d) Tentative.
La tentative n’est pas punissable. La bigamie est en déclin, car elle
est difficile à commettre en raison des mentions devant être apposées sur les
actes de l’état civil. Elle est ,en outre ,facile à ne pas commettre, en usant du
divorce dans un même dessein(ou en vivant en concubinage).
149
Crim., 25 juin 2003, Dr.pénal 2003,comm.143,obs.Véron, RSC 2004,p. 350, obs.
Ottenhof.
150 eme
Bruxelles ,11 e ch. ,30 juin 2003 et cass. , 2 ch., 14 janvier 2004 – p 584 tiré de la
e
Revue de Jurisprudence de Liége, Mons et Bruxelles, 31 décembre 2004, 110 année,
hebdomadaire, page 1932.
90
Catalogue des infractions
du 19 juillet 2004. Cette loi porte lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme.
c)Autres sanctions
Aux termes de l’article 36 du même texte légal, il revient que les
personnes morales (sociétés) pourront être condamnées :
1. à l’interdiction, à titre définitif ou pour une durée de cinq ans au plus,
d’exercer directement ou indirectement certaines activités professionnelles ;
2. à la fermeture définitive ou pour une durée de cinq ans au maximum de
leurs établissements ayant servi à commettre cette infraction ;
3. à la dissolution lorsqu’elles ont été créées pour commettre les faits
incriminés ;
4 . au paiement des frais de publication de la décision par la presse écrite ou par
tout autre moyen de communication audio-visuelle.
I. Eléments constitutifs
L’existence de l’infraction de bris de scellés appelle à la réunion de
plusieurs éléments : de l’élément matériel et de l’élément moral.
a)L’existence des scellés
L’existence des scellés apposés sur ordre de l’autorité publique
(Gouvernement, Justice ou un fonctionnaire qualifié) dans les formes légales,
doivent être matériellement détruits. La destruction des scellés vise la
pénétration dans le local ou l’ouverture du meuble.
b)La destruction ou l’enlèvement des scellés
Pour qu’il y ait destruction ou enlevement des scellés il faut que la bande ou
l’empreinte ait dû être détruite ou enlevée. Ainsi, le fait de soustraire un objet
placé sous scellés, sans endommager les scellés, constituerait le vol.
Catalogue des infractions 91
c)L’élement moral
La destruction des scellés doit avoir été faite avec connaissance et volonté.
Le législateur utilise le concept « à dessein ». L’infraction de bris de scellés est
donc une infraction intentionnelle.
L’infraction est commise par celui qui sait que les scellés qu’il a brisés avaient
été apposés par l’autorité judiciaire. Cette connaissance ne résulte pas
exclusivement de la signification à l’auteur du bris de scellés de la décision de
justice ayant décidé de leur apposition, car il peut être un tiers au procès ayant
abouti à cette mesure151.
II. Poursuites
Les poursuites pour bris de scellés rentrent dans le droit commun des
poursuites. Le Ministère public met en mouvement l’action publique, même
sur simple dénonciation. Les personnes intéressées peuvent se constituer
parties civiles ou saisir le juge compétent.
a) Quel est le texte légal ?
Les bris de scellés relèvent du code pénal livre II. Les articles 139 et
140 du code pénal LII en sont le siège légal. La répression des actes des bris de
scellés y est définie.
b) Quelles sont les sanctions prévues ?
Ceux qui auront brisé les scellés seront punis de six mois à deux ans de
servitude pénale principale, et d’une amende ou d’une des peines seulement. Le
gardien par la négligence duquel le scellé, aura été brisé, ou qui aura lui même
brisé le scellé, peut encourir huit jours de servitude pénale principale, et une
amende ou l’une des peines seulement152. Le gardien qui brise le scellé, ou le
fonctionnaire qui opère le scellé et qui le brise, sera puni de trois ans de
servitude pénale principale maximum et d’une amende153.
c) Quel est le tribunal compétent ?
L’infraction de bris de scellés est portée devant le juge compétent. La
compétence matérielle de cette infraction est dévolue au juge de paix.
d) Qu’en est-il de l’action publique ?
L’action publique relative à l’infraction de bris de scellés se prescrit après
trois ans et une année selon qu’il s’agit des cas prévus aux points 1, 3 et au
point 2 ci-dessus. Les peines, elles, seront prescrites au délai double de la peine
prononcée, ou à deux ans si ce délai est inférieur à deux ans.
151
Montpellier, 24 avril 2001,Dr.pénal 2001, comm,137.
152
Article 139 du code pénal livre II.
153
Article 140 du code pénal livre II.
92
Catalogue des infractions
61. Cannibalisme
Voir anthropophagie, n° 32.
63. Capitulation
94
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
a) Les trois conditions préalables
Trois conditions sont requises pour la réalisation de l’infraction de
capitulation : l’existence d’une situation exceptionnelle, le statut de
commandant opérationnel pour l’agent et l’avis obligatoire du conseil de
discipline sur la culpabilité dudit commandant.
b) Les éléments constitutifs propremendits
Les élements constitutifs sont faits d’une part de l’élément matériel, et
d’autre part de l’élément intellectuel.
1. L’élément matériel
L’élément matériel est caractérisé, soit par la capitulation devant
l’ennemi, soit par l’ordre de cessation de combat, soit encore par le fait
d’amener le pavillon sans avoir épuisé tous les moyens de défense à la
disposition ou sans avoir accompli tout ce qui est prescrit par le devoir et
l’honneur.
2. L’élément intellectuel
L’élément intellectuel de l’infraction est fait de l’intention criminelle.
Celle-ci consiste dans la décision, pour un agent libre et conscient, de capituler,
et dans la connaissance de la disponibilité des moyens de défense pouvant lui
permettre de faire valablement face à l’ennemi.
peine de mort. Cette peine se fonde sur le fait qu’elle suscite, dans le chef de
tout potentiel auteur de la capitulation, la crainte d’une mort certaine résultant
de l’acte répréhensible.
b)Préalable à l’établissement de cette infraction.
Comme déjà énoncé, la personne poursuivie pour infraction de
capitulation doit préalablement passer devant un conseil de discipline. Celui-ci
donne préalablement son avis avant les poursuites pénales.
I. Eléments constitutifs
a) L’élément légal
L’élément légal de l’infraction de cel frauduleux est défini par l’article 102
du code pénal livre II (issu du décret du 24 décembre 1929).
b)L’élément matériel
L’élément matériel est constitué d’une chose trouvée par hasard ou dont
on a obtenu la possession par hasard. Le cel frauduleux ne porte que sur les
objets mobiliers.
Cette chose doit appartenir à autrui. La chose ne doit pas avoir été abandonnée
sciemment par son propriétaire. Un vieux vêtement jeté ne pourra pas faire
l’objet de cette infraction, car il n’a plus de valeur. Il doit s’agir d’une
appropriation de la chose en la conservant pour soi ou en la cédant à autrui
sous forme de don, de prêt, de vente, de mise en gage, etc.
c)L’élément moral
L’élément moral est fait, dans le chef d’une personne donnée , de
l’intention frauduleuse de s’approprier une chose qu’elle sait ne pas lui
appartenir. Le cel frauduleux, infraction instantanée, est établi dès qu’on est en
présence d’un paiement indu ou d’un enrichissement sans cause, l’intention
96
Catalogue des infractions
II. Poursuites
65. Change
La matière de change156 est réglementée en République Démocratique
du Congo. Elle est régie par la l’ordonnance-loi n° 67/272 du 23 juin 1967
relative aux pouvoirs réglementaires de la Banque Nationale du Congo en
154
RJZ. , 8 octobre 1973, septembre- décembre. , n°3, p.274.
155
Tribunal de paix de Kisangani/Makiso., RP 1718, 16 juillet 2004, ministère public et partie
civile contre le prévenu Adel Achour.
156
M.C 1967 p. 864 in Codes Larcier R.D.C, tome III, Vol 2, Larcier-afrique Editions 2003,
p.706.
Catalogue des infractions 97
157
Journal Officiel de la République Démocratique du Congo, 49 ème Année, Numéro
Spécial, 20 janvier 2008.
158
C.S.J., R.P. 79, 25 juillet 1973, B.A. 1974, p.144.
98
Catalogue des infractions
66. Chantage
159
C.S.J., R.P. 174, 04 juillet 1977, B.A. 1978, p.66.
160
Articles 312-10 du deuxième livre code pénal intitulé « Des crimes et délits contre les
personnes ».
Catalogue des infractions 99
Le chantage exerce ses ravages dans les secteurs les plus divers : politique,
financier, sportif etc. Il est grand temps, pour le législateur congolais, de faire
du chantage une infraction à châtier sévèrement. Il existe aussi un chantage de
mœurs : « la vie sexuelle, secrète par excellence, est son domaine élu ».
67. Chanvre à fumer
L’infraction appelée « chanvre à fumer » frappe quiconque cultive, met en
vente, transporte et détient du chanvre à fumer. Elle concerne également toute
personne qui use du chanvre, soit en le fumant, soit en le consommant de
toute autre manière.
Il est reconnu que la loi punit, sans distinction, la détention du chanvre à
fumer. Celui qui fume du chanvre doit nécessairement en détenir, et il tombe
donc sous l’application de la loi161 .
161
Boma, 30 juillet 1907, Jur. Etat II p.190.
162
B.O., 1903, p.36 et B.O., 1917, p.68 .
163
O- L. du 10 mars 1917
100
Catalogue des infractions
164
Ière Inst. Buta, 19 décembre 1929, Rev . Jur. 1931, p. 271.
165
Elis. , 2 décembre 1911, Jur. Congo 1912 p. 300.
Catalogue des infractions 101
chasse, alors même qu’il n’aurait pas levé de gibier et n’aurait pas eu l’occasion
de le tirer166 .
a) Poursuites consécutives
L’auteur présumé de l’infraction « cinéma enfants non admis » peut être
poursuivi sur dénonciation. Il le peut aussi sur plainte de toute personne lésée.
Le Ministère public peut en outre se saisir d’office. L’ordonnance n°23/216 du
04 mai 1959 portant protection de l’enfance en matière de projections
cinématographiques publiques167 est le texte légal. A l’endroit du coupable, une
sanction d’un mois maximum de servitude pénale principale et une amende
sont prévues ou une de ces peines (article 20 de l’ordonnance citée). Le
tribunal pourra ordonner , pendant trois mois , la fermeture de l’établissement.
166
Boma, 18 Novembre 1913, Jur. Congo1924, p. 87.
167
B. O. , 1959, p. 1157.
102
Catalogue des infractions
70. Clientélisme
Le clientélisme consiste dans toute pratique ou tout procédé d’attribution
sélective d’avantages indus, se fondant notamment sur des critères d’origine,
d’appartenance ou de non appartenance à une éthnie, une tribu, une région ou
une province, une religion, une association de fait ou de droit, ou encore sur
tout autre critère discriminatoire. Le clientélisme consiste également dans la
création ou l’entretien, sur cette base d’attaches personnelles ayant des
incidences manifestes et perverses sur la gestion d’un service ou d’une unité,
sur leur organisation ou sur leur fonctionnement (article 197 du code pénal
militaire).
a) L’élément matériel
L’élément matériel est constitué de deux actes. D’une part, un acte de
pratique ou de procédé d’attribution sélective d’avantages indus, d’ autre part,
un acte de création ou d’entretien d’attaches personnelles sur base des critères
d’origine, d’appartenance ou de non appartenance à une religion, à une
association de fait ou de droit, ou sur tout autre critère discriminatoire.
b) L’élément moral
L’élément moral consiste, d’abord , dans la connaissance du caractère
indu des avantages qu’on attribue sélectivement, et dans la résolution libre et
consciente de les attribuer. Il consiste, ensuite, dans la ferme décision de créer
ou d’entretenir une coterie basée sur ces critères négatifs au mépris des effets
néfastes futurs ou réels168 .
168
Laurent MUTATA LUABA . , Droit pénal militaire congolais. Des peines et incriminations
de la compétence des juridictions militaires en R.D. Congo ; Editions du Service de
Documentation et d’Etudes du Ministère de la Justice et Garde des Sceaux, Kinshasa 2005,
p.640.
Catalogue des infractions 103
169
F. Linditch., « Une définition élargie des marchés publics destinée à couvrir de larges
pans de l’activité économique », Cahiers de droit de l’entreprise, n° 5 septembre 2007,
dossier29.
170
Après harmonisation par la commission paritaire mixte de l’assemblée nationale et du
sénat, le texte a été l’adopté en assemblée plénière et promulgué le 27 avril 2010 par le
Président de la République. Ainsi donc vient d’être abrogée l’ordonnance loi n° 69/054 du 5
décembre 1969 (article 84).
104
Catalogue des infractions
171
Journal Officiel de la République Démocratique du Congo, Cabinet du Président de la
ème
République, 51 Année, Numéro Spécial, 30 avril 2010, 33 pages.
172
Idem, pp 11-12.
173
Idem, pp 29-30.
Catalogue des infractions 105
174
Les sanctions administratives sont prévues par la même loi relative aux marchés publics
à l’article 80.
175
Le législateur s’est efforcé de définir l’acte d’improbité à l’article 80 de la loi relative aux
marchés publics . Il y a réservé des larges développements.
176 ème
Journal Officiel de la République Démocratique du Congo, 43 année, Kinshasa, 31
août 2002.
106
Catalogue des infractions
a) Procédure
1. Rôle des inspecteurs forestiers
Les inspecteurs forestiers, les fonctionnaires assermentés et les officiers
de police judiciaire sont les personnes habilitées en matière forestière. Ils
peuvent procéder à la saisie et à la mise sous séquestre des instruments,
véhicules et objets ayant servi à commettre une infraction forestière ou qui en
sont le produit. Ils ne peuvent procéder à des visites et perquisitions dans les
maisons d’habitation, dans les bâtiments, dans les cours adjacents et dans les
enclos que sur autorisation d’un officier du Ministère public. Ils peuvent
appréhender et conduire devant l’officier du Ministère public toute personne
surprise en flagrant délit d’infraction forestière. Ils peuvent réquerir la force
publique pour la répression des infractions forestières et pour la saisie des
produits forestiers illégalement détenus, transportés , vendus ou achétés. Ils
consignent dans leurs procés-verbaux , la nature, le lieu et les circonstances des
infractions constatées, les éléments de preuve relevés et les dépositions des
personnes ayant fourni les renseignements. Les procès-verbaux font foi jusqu’à
la preuve contraire. Ils sont transmis, dans les meilleurs délais, à l’officier du
Ministère public. Un rapport est dressé par l’officier de police judiciaire à
l’administration chargée des forêts.
2.Rôle de l’Etat
L’Etat a le droit d’exposer l’affaire devant le tribunal. Il dépose ses
conclusions, au premier dégré comme devant la juridiction d’appel. Au cas où
l’Etat n’est pas représenté à l’audience, le tribunal prononce d’office les
dommages-intérêts (article 135 alinéa 2). Les jugements en matière forestière
sont signifiés au Ministre de la Justice qui en porte connaissance à
l’administration forestière(art. 136).
177
Les infractions forestières sont recherchées et constatées, sans préjudice des
prérogatives des offficiers du Ministère public, par les inspecteurs forestiers, les
fonctionnaires assermentés et les autres officiers de police judiciaire dans leur ressort
territorial.
178
La situation des tribunaux de commerce est particulière. En effet, les tribunaux de
commerce ont une compétence d’attribution délimitée par la loi, eu égard, soit à la nature de
certaines infractions, soit à la qualité de certains délinquants. Ils ont été crées depuis 2001
par la loi du 03 Juillet 2001 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux
de commerce. Les juges de ces tribunaux sont donc le juge naturel des litiges relevant de la
législation économique et commerciale (article 17 de la loi citée). Ces juridictions
connaissent des infractions à la législation économique et commerciale, quel que soit le taux
de la peine ou la hauteur de l’amende (Clément NSAMPOLU IYELA., Organisation,
compétence et procédure devant les tribunaux de commerce. Séminaire de formation des
juges consulaires et magistrats des tribunaux de commerce, Edité par Avocats sans
frontières Belgique / Mission permanente en R.D.C, Kinshasa, Août –septembre 2002, p.4.)
A la lumière de ce qui précède, nous pouvons affirmer que les infractions en matière de
prix, de registre de commerce, de banqueroute et cas assimilés, à la réglementation du petit
commerce relèvent de la compétence des tribunaux de commerce. En attendant l’effectivité
des tribunaux de commerce sur l’étendue du territoire national, les tribunaux de grande
instance exercent leurs attributions là où ils ne sont pas encore installés.
Catalogue des infractions 111
I. Infractions et pénalités
179 ème
JORDC, 43 Année, Numéro spécial, 15 juillet 2002.
180
Cour de Sûreté de l’Etat, RP 2479, 18 mars 2004, inédit.
112
Catalogue des infractions
181
Tribunal de Grande Instance de Kinshasa/ Gombe, R.P 263, Ministère public et partie
civile contre le prévenu Ajudiya Pravin Kumar , 18 décembre 2009, inédit.
Catalogue des infractions 113
Les infractions à la législation minière sont créées par la loi n°007 /2002
du 11 juillet 2002. Cette loi, bien que postérieure à la loi n° 002/2001 du 03
juillet créant les tribunaux de commerce, n’a pas déterminé le tribunal pénal
compétent. Nous estimons que, le nouveau code minier faisant partie de la
législation économique et commerciale de notre pays en vertu de l’article 17 de
la loi n° 002/2001, les infractions en matière des mines et carrières relèvent de
la compétence pénale des tribunaux de commerce.
l’encouragement des sciences, des arts, des lettres ou à tout autre but d’utilité
publique.
b) Tribunal compétent
L’infraction de complot contre la vie ou la personne du chef de l’Etat est
considérée tantôt de par sa nature comme une infraction continue, tantôt elle
est considérée, selon une autre opinion plus nuancée, comme une infraction
instantanée. L’infraction de complot contre le chef de l’Etat est de la
compétence du tribunal de grande instance.
I.Eléments constitutifs
79. Comptabilité
Toute entreprise exerçant une activité lucrative ou non sur le territoire
national, y compris les associations sans but lucratif, a.s.b.l en sigle, qu’elle
qu’en soit la forme juridique doit tenir une comptabilité régulière. Celle-ci est
tenue suivant les formes du Plan Comptable Général Congolais, en sigle
PCGC. Exception est faite des banques et autres institutions financières, des
petites et moyennes entreprises soumises au régime d’imposition forfaitaire
ainsi que celles relevant du régime de la patente ; les infractions en matière de
tenue de la comptabilité sont issues du décret du 31 juillet 1912 tel que modifié
par le décret du 20 avril 1935, de la loi n°76-020 du 16 juillet 1976 et des
ordonnances n°76-150 du 16 juillet 1976 et n°77/332 du 30 novembre 1977.
182
C.S.J., 11 février 1972, RP1,BA C.S.J 1972, p.18 et suivants.
Catalogue des infractions 117
I. Infractions et sanctions
183
J.O.Z., n° 16, 15 août 1976 p. 855.
118
Catalogue des infractions
I. Définition
Par concours de pronostic, il faut entendre tout contrat par lequel deux
personnes assurent un gain déterminé à celle qui se trouvera avoir raison sur
l’existence ou la non existence d’un évènement affirmé par l’une et nié par
l’autre185 .
L’infraction de concours de pronostics s’entend du fait d’organiser ou
d’exploiter , pour son compte ou pour le compte d’autrui, des concours de
pronostic ou autres.
a)Domaine d’application de l’interdiction de concours de pronostics
L’interdiction s’applique à toutes sortes de concours de pronostics. En
effet, à la lecture de la loi , sont réprimés, non seulement les concours de
pronostics sportifs, mais aussi, tous les autres concours de pronostics. Le lieu
où ce concours de pronostics a lieu importe peu. Pourvu qu’il vise à porter
atteinte au droit de propriété d’autrui. Un seul fait suffit à caractériser
l’infraction , celle-ci n’étant pas une infraction d’habitude.
b)L’élément intentionnel
L’élément intentionnel est réquis. L’intention s’analyse dans la
conscience de violer le droit de propriété d’autrui. Toute personne qui , à titre
gratuit ou moyennant rémunération, aura servi d’intermédiaire entre une
entreprise de concours de pronostics et des particuliers, soit en transférant des
184
Article 15 point 1° de la loi 76-020 du 16 juillet 1 976 portant normalisation de la
comptabilité au Zaïre.
185
LIKULIA BOLONGO. , Droit pénal spécial zaïrois, LGDJ, Paris 1976, p.515.
Catalogue des infractions 119
fonds, soit en diffusant des bulletins ou réclames de cette entreprise, sera puni
des mêmes peines que l’auteur principal186.
II. Poursuites
Les poursuites peuvent être faites sur dénonciation. Elles peuvent être
menées par le parquet après plainte ou même d’office. L’officier de police
judiciaire, « l’œil et l’oreille du Ministère public » , reçoit les plaintes. Il peut être
saisi sur réquisition, sur dénonciation ou aussi sur plainte187.
a)Quel est le texte légal en vigueur ?
L’ordonnance législative n°II /141 du 16 mai 1951 portant interdiction
des concours de pronostics sportifs ou autres188 définit et réprime la prévention
de concours de pronostics.
b) Quelles pénalités le législateur prévoit-il ?
L’auteur principal de l’infraction de concours de pronostics pourra
subir deux mois de servitude pénale principale et une amende ou une de ces
peines seulement. Il encourt, en outre, confiscations de fonds, enjeux,
bulletins et matériels d’exploitation. Le complice sera puni des mêmes peines
que l’auteur principal. En cas de récidive dans un délai de deux ans, les peines
seront doublées.
c) Devant quel tribunal l’auteur sera traduit ?
Le tribunal de paix connaît de l’infraction de concours de pronostics. Il
peut être saisi par requête du Procureur de la République ou du Procureur
Général. La partie lésée peut, d’elle-même, saisir la juridiction par citation
directe.
Une année après la commission de l’infraction , les faits infractionnels
constitutifs de concours de pronostics cesseront d’être poursuivis (prescription
de l’action publique).
186
Article 1 de l’ordonnance législative n°/II/141 du 16 mai 1951.
187
En régle générale, en droit congolais la plainte peut être écrite ou orale.
188
B.O., p. 1154.
189
Code Larcier République Démocratique du Congo, Larcier-Afrique Editions 2003, Tome
III, Volume 2, p.504.
190
NGUYEN Chanh Tam, Philippe DARTOIS, Charles SIMON. , Lexique de Droit des
affaires Zaïrois, Faculté de Droit, Kinshasa, 1972, p79.
120
Catalogue des infractions
a)L’acte matériel
L’existence d’un de ces actes à prendre pour ceux contraires aux usages
honnêtes en matière commerciale ou industrielle que nous venons de citer à
titre indicatif.
b)Le préjudice
Il doit résulter de l’acte un préjudice subi par le concurrent, lequel préjudice
se résume à l’atteinte à son crédit ou au fait qu’il a perdu sa clientèle ou a vu
réduite sa capacité de concurrence de façon générale.
III. Poursuites
En matière de concurrence déloyale, le parquet ne peut pas se saisir
d’office. Les infractions constitutives ne sont poursuivies qu’à la requête des
intéressés ou de l’un d’eux (art 4). Sans aucun équivoque, l’infraction de
concurrence déloyale relève de la compétence des tribunaux de commerce.
a)Quelles sont les sanctions prévues
Pénalement , la concurrence déloyale est punie d’amende (art 3).
D’autres sanctions sont prévues. Il s’agit de la faculté, pour le juge,
d’ordonner l’affichage du jugement à l’extérieur des établissements du
condamné à ses frais et pendant le délai qu’il détermine et la publication du
jugement dans les journaux aux frais du même condamné.
b) Récidive en matière de concurrence déloyale
En cas de récidive, une peine de servitude pénale de sept jours à deux
mois sera prononcée. Il y a récidive191 lorsqu’après une condamnation
définitive pour manquement aux injonctions ou interdictions d’un jugement ou
d’un arrêt, le condamné commet un nouveau manquement au même jugement
ou arrêt, dans un délai de cinq ans.
82. Concussion
191
L’article 14 a et suivants du code pénal (issu du décret du 08 août 1959) distingue le
récidiviste et le délinquant d’habitude. Les deux phénomènes posent le même problème et
relèvent du phénomène de la réitération de l’infraction, de la rechute dans l’infraction. La
récidive est prévue et réglementée par l’article 14 b du code pénal.
122
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
L’infraction de concussion n’est établie qu’à condition de réunir dans la
personne d’un auteur déterminé, le fait de poser un acte défini dans une
intention coupable.
a) L’auteur.
L’auteur est un fonctionnaire, une personne chargée d’un service
public, une personne représentant les intérêts de l’Etat, une personne
dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public..
A titre d’exemple, nous citerons un fonctionnaire de n’importe quel ministère,
un magistrat, un percepteur des douanes ou des impôts, un commis ou un
préposé d’un service public etc.
b) L’acte.
Ce fonctionnaire pose un acte consistant à recevoir, exiger une somme
non due ou excédant celle qui était légalement due. Pour les droits,
contributions, impôts ou taxes publiques : c’est le fait de recevoir, exiger, ou
ordonner de percevoir une somme non due ou excédant celle qui était due, en
prétendant qu’il s’agit de sommes légalement dues (c’est la différence avec la
corruption).
C’est aussi le fait d’accorder une exonération ou une franchise des
mêmes éléments, en violation des textes, sous une forme quelconque et pour
quelque motif que ce soit. La perception opérée porte sur des droits,
contributions, revenus ou intérêts pour salaires ou traitements.
c) L’intention coupable.
L’auteur doit savoir qu’il exige, perçoit ou reçoit une somme qui n’est
pas légalement due. L’officier public a dû agir de mauvaise foi, sachant qu’il
percevait par exemple une taxe illégitime, peu importe son mobile, même
désintéressé. Le mobile est indifférent , par exemple , pour le percepteur
concussionnaire pour combler le déficit de l’Etat. Par contre, il n’y a pas
d’infraction en cas d’erreur , par exemple, pour des fonctionnaires des impôts.
Il a été jugé qu’il n’y a pas d’infraction si la perception est le résultat d’une
erreur du fonctionnaire qui, interprétant inexactement les textes, perçoit une
somme qu’il croit due192.
192
App., R.U, 15 janvier 1945, RPA 62, inédit.
Catalogue des infractions 123
II. Poursuites
193
Le tribunal de paix connaît des infractions punissables de cinq ans de servitude pénale
principale au maximum et d’une peine d’amende, quel que soit son taux ou de l’une de ces
peines seulement (art.86 du COCJ). Il connait des individus tombant sous la législation sur
le vagabondage et la mendicité (art 88 du COCJ) ainsi que la prise de mesure de garde,
d’éducation et de préservation en matière d’enfance délinquante (art 90 al. 1. du COCJ).
194
Bruxelles, 12 décembre 1878, B. J. , 1879, p.51.
195
Mementos, droit pénal spécial, 14 ème édition 2008, Dalloz P. 320.
124
Catalogue des infractions
196 er
Il est stipulé à l’article 1 de la loi n°23/2002 du 18 novembre 2002 portant Co de
Judiciaire Militaire : « La justice militaire est rendue en République Démocratique du Congo
par les juridictions militaires ci-après : les tribunaux militaires de police, les tribunaux
militaires de garnison, les cours militaires et les cours militaires opérationnelles et la haute
cour militaire ».
Catalogue des infractions 125
L’article 112 du code pénal militaire (art. 479 C.J.M ) dispose que tout militaire
qui, hors les cas prévus par la loi pénale militaire, établit et maintient une
juridiction répressive, sera puni. La sanction est de dix à vingt ans de servitude
pénale, sans préjudice de peines plus fortes pouvant être encourues du fait de
l’exécution des sentences prononcées.
197
Nous allons nous limiter à nommer les principales, à indiquer la contravention routière, et
à en donner la référence légale. Nos divers commentaires sur la dépréciation des amendes
en général et des amendes transactionnelles en particulier demeurent, ici, d’application.
198
La nomenclature des contraventions routières proposée pourrait paraître peu heureuse.
Les dispositions légales évoquées peuvent également ne concerner parfois que
l’interdiction, sans évoquer la disposition porteuse de la peine. Nous sommes conscients de
cette non exhaustivité dont nous assumons l’entière responsabilité. En effet, l’incidence du
126
Catalogue des infractions
respect du code de la route sur la préservation de la vie humaine, la pratique des agents
qualifiés sur les routes congolaises et le souci d’oser systématiser nous ont largement
influencé. Pareilles insuffisances pourraient dans les prochaines éditions trouver solution.
Catalogue des infractions 127
c)Sanctions
1. Amende199
Comme dit plus haut, les contraventions routières sont généralement
punies d’amende. En cas de récidive, l’amende est doublée. Il s’agit d’une
amende appelée transactionnelle. L’amende est dite transactionnelle, car son
payement fait l’objet d’un accord entre l’officier de police judiciaire et l’inculpé.
L’inculpé reste libre d’accepter ou de refuser. L’amende transactionnelle est
donc proposée. L’officier de police judiciaire de la police spéciale de roulage ne
peut , ni l’imposer , ni contraindre l’auteur présumé d’une contravention
routière à la payer. Le refus de la proposition conduit uniquement à en dresser
procès-verbal.
L’amende transactionnelle peut, en outre, être payée par le civilement
responsable200 . Le payement de l’amende fait au niveau de l’opj éteint l’action
publique. A la condition que ledit payement soit approuvé par l’officier du
Ministère public. Le payement de l’amende n’implique nullement pas la
reconnaissance par l’inculpé de sa culpabilité (art.9 du CPP). Néanmoins, il
produit les effets suivants :
199
La peine d’amende consiste en une somme d’argent que le condamné a l’obligation de
verser au Trésor public à titre de sanction. L’article 10 du code pénal dispose que l’amende
est de un Zaïre au moins. Elle est perçue au profit de l’Etat. Pour qu’elle atteigne le
maximum de son efficacité, l’on devrait résoudre le problème de son adaptation à la fortune
du condamné et son recouvrement effectif.
200
Les personnes qui d’après les règles du droit civil, sont civilement responsables des
personnes poursuivies, peuvent être appelées devant la juridiction répressive et
condamnées à répondre civilement des indemnités allouées à la victime(à la suite de
l’action civile portée par celle-ci devant le juge répressif), et du paiement des frais du procès
pénal. Dans certains cas exceptionnels (droit pénal économique…), elles peuvent même
être déclarées civilement responsables du paiement des peines pécuniaires. Elle peut alors
pour éviter sa propre condamnation, soit soutenir que l’infraction n’a pas été commise, soit
que les conditions du lien de responsabilité civile font défaut.
Catalogue des infractions 131
87. Contrefaçon
Les inventions, les dessins et modèles industriels, les signes distinctifs, les
dénominations commerciales et géographiques déposés au Ministère de
l’Economie et Industrie sont protégés.
I. Eléments constitutifs
II. Poursuites
202
Il ya des conditions nécessaires pour se porter partie civile. Pour pouvoir se porter partie
civile, il faut avoir été lésé par l’infraction. Mais cette lésion ne suffit pas ; il faut que le
préjudice subi (qui peut être matériel ou moral) soit actuel, personnel et direct.
203
La peine de servitude pénale est réglementée par les articles 7 à 9 de notre code pénal.
La servitude pénale est soit à perpétuité soit à temps. La servitude pénale à temps peut
varier entre un jour et vingt ans. La servitude pénale remplace la peine d’amende à défaut
Catalogue des infractions 133
de paiement dans les délais légaux. Dans ce dernier cas, elle prend le nom de servitude
pénale subsidiaire.
204
Article 2 de la loi n°82-001 du 7 janvier 1982.
134
Catalogue des infractions
titulaire de ces droits protégés se voit réserver , par la loi n°82-001 du 7 janvier
1982, l’exclusivité de la reproduction et de l’usage de ses créations ou de signes
distinctifs permettant à un producteur ou à un commerçant de rassembler et de
retenir une clientèle. Sont donc interdits et sanctionnés205 les faits de la
contrefaçon de ces droits, notamment la contrefaçon des dénominations
commerciales, géographiques, des insignes, des dessins, des modèles
industriels, des inventions, des découvertes, des marques des fabriques, des
services, des œuvres littéraires et artistiques.
205
Par l’intervention des sanctions répressives se superposant à l’action en dommages et
interêts , le législateur entend protèger le fruit de travail et de l’esprit de recherche de l’être
humain, tout comme , en matière de vol, il garantit la propriété des choses mobilières.
Catalogue des infractions 135
3. L’intention coupable.
La contrefaçon des dessins et modèles est une infraction intentionnelle. A
partir du dépôt reçu et suivi de l’obtention du certificat d’enregistrement, il
existe une présomption de connaissance de ce dépôt. Il appartient à l’imitateur
poursuivi d’établir sa bonne foi.
I. Eléments constitutifs
Il y a trois éléments constitutifs au regard des dispositions des articles
88, 104 et 105 de la loi précitée, à savoir :
- l’objet doit être une invention ou une découverte ;
- les faits manifestant l’activité du contrefacteur ;
- l’intention coupable.
a) L’objet protégé
1. Une invention , c’est-à-dire une invention nouvelle résultant d’une activité
inventive susceptible d’être exploitée comme objet d’industrie ou de
commerce (art.6) ;
2. Une découverte , c’est-à-dire une activité non inventive aboutissant au
constat de l’existence d’un objet déjà existant mais dont l’exploitation n’a
jamais été rendue publique (art.13).
b) Faits manifestant l’activité du contrefacteur
Nous avons dit que le brevet d’inventions ou de découvertes confère à
son titulaire un droit exclusif d’exploitation temporaire.
1. Le titulaire a le droit d’interdire, à toute personne, l’exercice des activités
couvertes par un brevet. Il peut s’agir, notamment de fabriquer le produit
concerné, de détenir celui-ci et l’utiliser aux fins de vente ou de le transformer
aux fins de vente sous autre forme, employer ou mettre en œuvre et même
vendre le procédé breveté (art.48) ;
2. Le fait de se prévaloir indûment d’une demande de brevet, d’une demande
de certificat d’encouragement, de la qualité de titulaire d’un brevet, d’un
certificat d’encouragement ou d’une licence d’exploitation (art.104) ;
3. Le fait de rendre public, de divulguer les inventions et les découvertes
déclarées secrètes sans autorisations, de divulguer le secret de fabrique, de
délivrer copie des dépôts secrets, d’exploiter librement des telles inventions
ou découvertes (art.40). Ce délit est passible de trois mois à un an et d’une
amende.
L’action publique ne peut être exercée par le Ministère public que sur
demande de la partie lésée (art.94 al 1). L’action civile fondée sur la
contrefaçon n’est recevable que si le délit de contrefaçon est établi pénalement
(art.94 al 2).
Le tribunal ordonnera la cessation par le contrefacteur de toute activité
portant atteinte aux droits de la partie lésée ainsi que la confiscation206 des
objets reconnus contrefaits et des instruments ou ustensiles destinés
spécialement à leur fabrication (art.95 al 2).
I. Objets protégés
206
La confiscation spéciale est prévue par l’article 14 du code pénal. Elle porte sur les
choses ayant un rapport avec l’infraction. Jusqu’à une période récente, il existait la
confiscation générale (en condamnant l’auteur du détournement aux travaux forcés, le juge
devait prononcer en outre la confiscation de tous les biens du coupable) qui a été
supprimée. La confiscation spéciale, qui est une mesure de sûreté (art14 du code pénal)
peut être exécutée même après la mort du condamné, à condition qu’elle ait été prononcée
par un jugement coulé en force de chose jugée du vivant du condamné.
138
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
207
Bruxelles ,9eme ch .,27 juin 2003 p.872 in Revue de Jurisprudence de liège, Mons et
Bruxelles ,31 décembre2004,110eme année ,Hebdomadaire p.2023.
208
LUKOMBE NGHENDA. , Le Règlement du contentieux commercial. Tome I, Les
tribunaux de commerce. Publications des Facultés de Droit des Universités du Congo,
Février 2005, p.623.
Catalogue des infractions 139
209
Nous tenons à porter la précision que cette liste bien qu’énumérative n’est pas limitative.
210
LUKOMBE NGHENDA. , op. cit .p.623.
140
Catalogue des infractions
Celles-ci seront infligées à celui qui se sera fait délivrer indûment ou aura tenté
de se faire délivrer indûment des documents contrefaits, falsifiés ou altérés, soit
en faisant de fausses déclarations, soit en prenant un faux nom ou une fausse
qualité, soit en fournissant de faux renseignements, certificats ou attestations.
211
Laurent MUTATA LUABA ; op. cit. ,p.211.
212
Com Kin 04 avril 1999,inédit, cité par Laurent MUTATA LUABA, p.211.
213
Laurent MUTATA LUABA. , op. cit., p.212.
142
Catalogue des infractions
monsieur x par l’Etat Major Général en vue d’être indemnisé par suite de la
réquisition de son automobile), de constater une qualité (altérer une décision de
dissipation d’un commandant d’unité, de bataillon ou de brigade) ou d’accorder
une autorisation (altération d’un bon de retrait d’armement, de fonds, d’une
carte d’accès dans un restaurant militaire).
c)L’intention criminelle.
Le dol général suffit à établir la culpabilité de l’agent. Le préjudice subi
par les Forces Armées, des services apparentés ou l’Etat congolais peut même
ne pas exister.
2. De l’article 80 du code pénal militaire
Pour être punissable, l’auteur de l’infraction prévue par l’article 80 du code
pénal militaire peut être :
a) le requérant des documents faux effectivement ou pas, sans titre ni droit. ;
b) l’utilisateur desdits documents même s’il ne les a pas sollicité, dès lors
qu’aucune norme légale n’a été respectée ;
c) l’auteur desdits documents ou celui qui en facilite l’octroi à un individu qui
n’y a aucun droit.
En premier lieu, l’auteur doit avoir tenté d’obtenir ou obtenu effectivement un
document militaire. En second lieu, il doit en avoir fait usage. Enfin, il doit
avoir octroyé ou provoquer l’octroi de ce document.
d) L’élément moral qui peut être aussi bien un dol général qu’un dol spécial
doit exister.
II. Régime répressif
Aux termes de l’article 192 du code pénal livre II, sera puni d’une servitude
pénale de un à cinq ans celui qui, en temps de guerre :
1. entretiendra, sans autorisation du Gouvernement, une correspondance ou
des relations avec les sujets ou les agents d’une puissance ennemie ;
2. fera directement ou par intermédiaire, des actes de commerce avec les sujets
ou les agents d’une puissance ennemie, au mépris des prohibitions édictées.
L’infraction de correspondances avec un ressortissant d’une puissance
ennemie est une infraction d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat. Autrefois,
cette prévention était justiciable de la Cour de Sûreté de l’Etat, actuellement
dissoute. Etant donné que l’infraction de correspondances avec un
ressortissant d’une puissance ennemie n’a pas été supprimée et qu’aucune
incrimination ne peut manquer de juge, elle est désormais de la compétence
matérielle de l’instance compétente, au regard du taux maximum de la peine
prévue.
97. Corruption
I. Définition
Le mot corruption vient du latin « corruptio » signifiant « avilissement,
vénalité, tare, vice ». Elle est inégalement répandue dans le monde et
différentes associations proposent des classements entre nations.
La corruption dans le système du code pénal congolais suppose que chacun des
deux agents qui concourent à l’infraction, l’un en corrompant, l’autre en se
laissant corrompre, joue un rôle égal et séparément qualifié. Il s’en suit ,de là,
que la corruption passive constitue une infraction distincte de la corruption
active. Il résulte de ce qui précède que la corruption active ne saurait constituer
un acte de complicité de la corruption passive. Le législateur a considéré la
corruption passive et la corruption active comme des infractions différentes.
a)L’élément légal
La corruption fut prévue et réprimée par les articles 147 à 150 du code pénal
livre II. Ces dispositions furent modifiées par l‘article 2 de la loi n°73/017 du
05 janvier 1973. L’article 2 cité a inséré l’article 149 bis. La loi du 05 janvier
1973 sera, par la suite, complétée par l’ordonnance-loi n°73/010 du 14 février
1973. Cette ordonnance-loi a injecté l’article 149 ter.
144
Catalogue des infractions
Le texte, de nos jours , en vigueur est la loi n°05- 006 du 29 mars 2005
modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal
congolais. Cette loi a modifié les articles 147, 148, 149, 149 bis, 149 ter du code
pénal. Elle a aussi inséré les articles 147 bis, 149 quater et 149 quinquies au
Code pénal .
b)L’élément matériel : L’acte de corruption
La définition de l’élément matériel de la corruption, soit active, soit
passive (agrément de propositions) porte sur, à tout moment, directement ou
indirectement, des offres214 , des promesses, des dons, des présents ou des
avantages quelconques. Il en est ainsi du fait de demander et de recevoir d’un
suspect la remise d’une somme d’argent pour ne pas procéder à son arrestation
ni ouvrir une instruction à sa charge215
1. Caractère illégitime
L’acte incriminé ne doit pas être commandé, permis ou autorisé par des
dispositions législatives ou réglementaires.
214
Lorsqu’il n’existe aucun élément pour démontrer un commencement d’exécution ayant
consisté pour le prévenu à offrir une certaine somme d’argent destinée à corrompre un agent ;
il subsistera un doute quant à la culpabilité du prévenu (Tribunal de grande instance de
Kinshasa/ Gombe, R.P 263, Ministère public et partie civile République Démocratique du
Congo contre le prévenu Ajudiya Pravin Kumar, 18 décembre 2009, inédit. ).
215
C.S.J., RPA 12, 03 mars 1972, B.A. 1973.
216
Ibidem
217
Cass. crim. , 10 juin 1948, Bull. crim. n°154.15 no te carteret.
Catalogue des infractions 145
4.Epoque de la corruption
La volonté du législateur est de ne pas restreindre la répression. La
corruption constitue une infraction instantanée constituée par l’acte incriminé.
En cas d’actes successifs et répétés, l’infraction se renouvelle à chaque nouvel
acte de corruption.
218
C.S.J., RP 135, 17 mars 1973, B.A 1974, p. 51.
219
Crim. , 2 avril 1998, Bull.crim. n° 127. ; D.1999. S omm . 158, obs.Segonds.
220
Ces exemples non limitatifs sont extraits de la jurisprudence française.
221
Il a été jugé que pour tomber sous les coups des articles 147 et 150 du code pénal
congolais livre II, il faut qu’il y ait notamment entre l’agent actif et l’agent passif une
146
Catalogue des infractions
2.L’objet de la corruption
L’objet de la corruption peut être l’accomplissement ou l’abstention de
l’accomplissement d’un « acte entrant dans le cadre » de la fonction, de la
mission ou du mandat du dépositaire public. C’est aussi lorsque le but, ainsi
poursuivi, s’il n’entre pas dans le cadre strict de la fonction, est atteint grâce
aux « facilités » que lui donne sa fonction, ou sa mission, ou son mandat.
a)Sanctions principales
L’auteur d’un acte prévu à l’article 147 bis sera puni de six mois à deux
ans de servitude pénale principale et une amende de cinquante mille à deux
cents mille francs congolais (art 148 modifié par l’article 3 de la loi n° 05-006
du 29 mars 2005). La peine sera doublée en cas d’acte injuste ou abstention de
faire un acte qui rentre dans ses attributions. Si le coupable a reçu les dons pour
commettre dans l’exercice de ses fonctions, de son emploi ou de sa mission une
infraction (art. 149), il subira quinze ans de servitude pénale principale et une
amende de cinq cent mille à un million de francs congolais constants.
L’art 149 ter tel que modifié par l’article 3 de la loi du 29 mars 2005
punit de six mois à deux ans de servitude et d’une amende de vingt mille à cent
mille francs congolais constants ou une de ces peines, un agent public ou toute
autre personne qui aura directement ou par personne interposée sollicité don
ou offre pour faire un acte de sa fonction, de son emploi ou de sa mission
même juste, mais non sujet à salaire.
Les actes de représailles ou d’intimidation des témoins ou experts, déposant
contre les actes de corruption ou de trafic d’influence , les actes de représailles
ou d’intimidation à l’endroit des parents de ces témoins ou experts sont
réprimés. L’article 149 quinquies inséré dans le code pénal par l’article 5 de la
loi n°05-006 du 29 mars 2005 prévoit une servitude pénale de trois à cinq ans
et une amende ne dépassant pas deux cents mille francs congolais constants.
L’article 150 punit ceux qui par menaces ou violences, corrompent un agent
public. Ils seront punis de peines portées à l’article 149 quinquies selon qu’ils
visaient un acte injuste, une infraction ou une abstention.
b) Sanctions accessoires
148
Catalogue des infractions
223
Journal officiel de la République démocratique du Congo, 47eme année, Numéro spécial,
05 octobre 2006, p.41et 43.
224
Le Tribunal de Grande Instance juge au premier degré des infractions dont la peine
applicable est supérieure à cinq ans ou la peine de mort ou encore la peine des travaux
forcés (art 91 du COCJ). Au second degré, il connaît des appels des jugements rendus en
premier ressort par les tribunaux des Paix et des décisions prises en matière d’enfance
délinquante (art 92 du COCJ).
La cour d’appel connaît au premier degré des infractions commises par les magistrats (Le
magistrat à titre provisoire, le substitut du Procureur de la République, le juge de paix, les
magistrats du parquet général et de la cour d’appel), les fonctionnaires des services publics
ou para-étatiques revêtus au moins du grade de directeur ou du grade équivalent (art 94 al.
2 du COCJ). Elle connaît également des jugements rendus en premier ressort par les
tribunaux de grande instance (art 94 al. 1 du COCJ).
225
Crim. , 13 décembre 1972, Bull. crim. n°391 ; Gaz. Pal.,1973.I.Somm. 94(corruption).
226
Crim. , 27 octobre 1977,Bull.crim. n°352.
150
Catalogue des infractions
VI. Particularités
c)L’acte de la fonction
L’acte de la fonction est le but de la sollicitation, de l’agréation des
offres ou promesses, de la sollicitation, de l’agréation ou de la réception des
dons ou des présents. Ce but peut consister , soit en l’accomplissement, soit
en l’abstention d’un acte de la fonction. N’est pas corrompu un fonctionnaire
qui s’engage à faire un acte qui sort de sa compétence. Le législateur a
distingué les actes de la fonction.
1.L’acte juste
L’article 148 modifié par l’article 3 de la loi n°05- 006 du 29 mars 2005
modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal
congolais punit la corruption d’un fonctionnaire en vue d’un acte, de sa
fonction, juste mais non sujet à salaire. A commis l’infraction de corruption par
l’agréation de l’offre, pour accomplir un acte juste de ses fonctions, le
fonctionnaire qui, dans le cadre de ses fonctions, a recommandé expressément
et exclusivement la conclusion d’un marché à un fournisseur qui l’a gratifié à
cet effet228 .
227
C.S.J., 4.9.1981 –RPA.65, in Dibunda cité par KATUALA KABA KASHALA., Code pénal
zaïrois annoté, 1995, p.98.
228
C.S.J., R.P.A 22, 1er fèvrier 1973, B.A. 1974 p.17.
Catalogue des infractions 153
3.L’acte infractionnel
L’article 149 modifié par l’article 3 de la loi n°05- 006 du 29 mars 2005
modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal
congolais réprime sévèrement la corruption qui a pour but la commission
d’une infraction. L’exemple est celui du faux commis par un fonctionnaire.
d) L’élément moral.
Dès que sont réunis les trois éléments essentiels cités ci-haut, l’élément
moral est constitué par le dol simple . Il suffit que l’agent public,
volontairement et sciemment, sollicite et agrée des offres ou promesses,
sollicite et reçoive des dons ou présents pour faire un acte de sa fonction. Il a
été jugé qu’il y a infraction de corruption après entente préalable l’agréation des
dons et promesses, la réception des dons ou présents pour :
- accomplir un acte de sa fonction juste, mais non sujet à salaire ;
- accomplir dans le cadre de son emploi un acte injuste ;
- s’abstenir de faire un acte qui entre dans le cadre de ses devoirs ;
- commettre une infraction dans l’exercice de sa charge230 .
Le code minier prévoit à son article 307, la corruption des agents des
Services publics de l’Etat habilités à procéder aux opérations minières (Loi n°
007/2002 du 11 juillet 2002). La sanction, en plus des peines prévues aux
articles 147 à 149, est aussi l’amende. Elle est fixée à l’équivalent de 1000$ US.
I. Définition
Le coup est un choc, un heurt produit contre le corps d’une personne.
La blessure est une lésion externe ou interne faite au corps humain quel que
soit le moyen employé. Les coups et blessures sont volontaires lorsqu’ils
sont administrés sciemment, en connaissance de cause. Ils sont des atteintes
229
Novelles, Droit pénal, Tome III, Larcier, 1972, n°4 362.
230
C.S.J., R.P.A 22, 1er février 1973, B.A. 1974, p.17.
154
Catalogue des infractions
d) L’élément moral.
L’élément moral est nécessaire. L’infraction comprend l’intention de
commettre l’acte volontairement et la volonté d’obtenir un résultat
préjudiciable à la victime (dol général et spécial). Cependant, les violences sont
volontaires et non leur résultat. Le mobile est indifférent à la qualification
juridique.
L’infraction de coups et blessures sera dite établie lorsque, de par les aveux
libres et spontanés, le prévenu reconnait avoir administré des coups à la partie
civile236 .
III. Les causes d’irresponsabilité
Les causes d’irresponsabilité jouent un rôle important dans le cadre des
violences volontaires, car elles aboutissent à l’exonération de la responsabilité
pénale. La provocation émanant de la victime, elle, ne constitue pas une cause
d’irresponsabilité237 .
a)La légitime défense.
Elle exonère l’auteur des violences volontaires de sa responsabilité sous
certaines réserves. Ne sont pas justifiées, les violences volontaires alors qu’il n’y
avait pas de nécessité actuelle ou une attaque imminente ou que la riposte
n’était pas proportionnelle à l’attaque. Cependant, les juges ont pu considérer
qu’une attaque verbale grave pouvait justifier une légère riposte physique238 .
Notons qu’une présomption simple de légitime défense peut être combattue
par la preuve contraire.
b)L’ordre de la loi et le commandement de l’autorité.
N’est pas pénalement responsable, la personne qui accomplit un acte
prescrit ou autorisé par des dispositions législatives ou réglementaires. Même si
les textes permettent la violence, celle-ci doit toujours être utilisée avec
modération, sans excès et dans la seule mesure où elle se révèle indispensable.
236
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 8212/8231, 11 octobre 1994, Ministère
public et partie civile Muhimuzi contre le prévenu Mugula Cirhuza, inédit.
237
Crim. , 29 mars 2006, AJ Pénal 2006, p.311, obs.Roussel.
238
Crim. , 12 octobre 1992, Dr. pén.1994,comm,n°35,obs ,Veron.
156
Catalogue des infractions
La loi autorise tous les citoyens à agir à l’encontre de l’auteur d’une infraction,
sous réserve du respect des conditions. L’acte de violence, pour interrompre
une agression ou pour empêcher la fuite de son auteur, est autorisé par la loi et
neutralise la responsabilité pénale de la personne l’ayant commis.
L’acte justifié doit être normalement exercé. Les dépassements des
autorisations ou permissions accordées par la loi retrouvent une qualification
pénale et donnent lieu à la répression.
d)L’exercice de la médecine.
Chacun a droit au respect de son corps et il ne peut y être porté atteinte
qu’en cas de nécessité thérapeutique pour la personne elle-même et lorsque le
consentement de la personne a été recueilli au préalable.
e)Le droit de correction.
Le droit de correction tient à la fonction éducative. Notre société
reconnaît un droit de correction aux parents et aux enseignants. L’évolution
des mœurs et la protection des mineurs doivent conduire à une limitation
importante de ce droit. Si donner une gifle à un enfant est encore toléré,
certains actes constituent l’une des infractions des violences volontaires. Tout
dépend des circonstances de l’espèce et relève du pouvoir souverain
d’appréciation des juges. Il a été jugé que le droit de correction est légitime
dans une action exercée par un enseignant dans la cour de récréation
« lorsqu’elle a comme but de faire cesser, avec l’autorité physique nécessaire un
chahut, une dispute, une bagarre, une chamaillerie »239 ou lorsque le père utilise
« son pouvoir de direction et de correction exercé de manière très brève et
ponctuelle »240 .
En revanche, la qualification pénale est acquise lorsque le
comportement violent des parents a entraîné des lésions graves traduisant une
disproportion évidente entre le droit éducatif de correction et les violences
infligées aux enfants.
239
Cour d’Appel Versailles 16 juin 2003, RSC, 2005, p.87, obs. y. Mayaud.
240
Cour d’Appel Paris 4 mai et 11 mai 2004, Dr. Pén. 2004, comm. n° 158, obs. Veron.
Catalogue des infractions 157
241
Article 47 du code pénal livre II.
242
Terr. Matadi, 17 mars 1906, Jur. Etat II, p.85.
158
Catalogue des infractions
d) Mutilation grave : perte d’un œil, tympan crevé, perte de la main. La perte du
doigt ne rentre pas dans cette catégorie.
2° lorsqu’ils ont été donnés avec préméditation (art 46 alinéa 2). C’est
l’intention conçue préalablement à l’action de faire du mal à la victime.
3° lorsqu’ils ont causé la mort sans intention de la donner (art 48 alinéa 2).
L’auteur a porté des coups et blessures volontaires ; il n’avait pas l’intention
de tuer mais la victime en est morte. Le fait d’asséner un coup qui d’après le
rapport médical a provoqué un état de coma avant de causer le décès de la
victime243.
Il est de la jurisprudence de la Cour Suprême de Justice qu’est établie
l’infraction de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort, reprochée
au prévenu qui, pour ce faire, a agi avec lucidité et par calcul, par abus
d’autorité, caractérisé par la transmission des instructions et ordre illégal et qui
a fourni les menottes pour l’arrestation de la victime dont le décès est attesté
par un certificat médical244 ;
- Ce décès peut intervenir peu importe le délai entre la commission de
l’infraction et le décès. Peu importe que le coup soit insignifiant, porté par
erreur245 et le fait que le décès soit dû principalement à une déficience
physique de la victime ;
L’auteur d’une gifle provoquant la mort d’un cardiaque sera puni des
peines de l’article 48 ;
- Il faut un lien direct de causalité entre les violences et le décès ;
4° lorsqu’ils sont portés sur l’auteur d’un accident de circulation (article 1 du
décret du 03/12/1956). Quand les coups et blessures volontaires
administrés à une personne par une foule en fureur lui ont causé la mort, le
doute peut être retenu au profit du prévenu dont la participation comme
auteur n’a pas été suffisamment prouvée246 .
I. Eléments constitutifs
a)L’élément légal.
L’article 43 définit les coups et blessures tandis que l’article 46 en
donne les éléments matériels.
b)Les Eléments matériels
243
Tribunal de grande instance de Luebo, siègeant en chambre foraine à Tshikapa, RP25
70/RTE, 20 septembre 2004, ministère public contre le prévenu Ilunga Kalonji, inédit.
244
C.S.J. , R.P.A. 123, 30 janvier 1987, B.A. Années 1985 à 1989, édition 2002, p. 251.
245
Tribunal de grande instance du Nord Kivu à Goma, RP 15354, Ministère Public contre le
prévenu Zaire Nziyumvira , 16 novembre 2000, inédit.
246
C.S.J., R.P.A 53, 23 février 1979, B.A 1984, p.17.
Catalogue des infractions 159
C)L’élément moral
L’intention d’attenter à la personne d’autrui. Il a été jugé que celui qui
pousse fortement ou donne un coup de poing à un autre, dans l’intention de
faire cesser une lutte à laquelle cet autre se livrait avec un tiers, sans avoir
l’intention criminelle d’attenter à sa personne, de lui faire du mal, ne se rend
pas coupable de l’infraction de coups et blessures247 .
a)Texte légal
Les infractions des coups et blessures sont prévues et punies par les
articles 43, 46, 47 et 48 du code pénal Livre II.
b) Peines prévues
Les coups et blessures simples (art. 46 al 1) sont punis de six mois de servitude
pénale principale maximum et/ou amende ;
Les coups et blessures donnés avec préméditation (art 46 al 2) sont sanctionnés
d’un mois à deux ans de servitude pénale principale et d’amende ;
Les coups et blessures ayant entraîné une maladie, une incapacité de travail
personnel, la perte de l’usage absolu d’un organe ou une mutilation grave (art.
47) seront réprimés de deux ans à cinq ans de servitude pénale principale et
d’amende. Les deux peines seront appliquées obligatoirement ;
Les coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner (art.
48) sont passibles de cinq ans à vingt ans de servitude pénale principale et
d’amende. Le deux peines seront cumulatives obligatoirement ;
Les coups et blessures portés sur l’auteur d’un accident de circulation sont
punissables de six mois à trois ans de servitude pénale principale. La peine
d’amende n’est pas prévue.
c) La tentative
247
Boma 13 août 1912, Jur. Congo1914-1919, p. 174.
248
Crim. 21 février 2006, AJ Pénal 2006, p.263, obs, Girault.
160
Catalogue des infractions
249
Crim. 8 novembre 1960. Bull. n°57.
250
Ibidem
251
C.S.J., RPA 41, 14 janvier 1975, Bull. 1976, p. 5 ; Bull. 1977, p. 7 et RJZ. 1978, p. 82
mentionnant que cet arrêt a été rendu le 16 janvier 1976 cité par DIBUNDA KABUINJI. , op
cit ., p. 179.
Catalogue des infractions 161
I. Eléments constitutifs
Les éléments constitutifs de coups et blessures, développés plus haut,
s’appliquent ici. La spécificité est que les coups doivent être portés sur ces
personnes désignées, dans l’exercice de leurs fonctions, à défaut, c’est le droit
commun qui sera appliqué avec circonstances aggravantes.
- sur les personnes prévues au point b) : la sanction est de six à vingt quatre
mois et d’une amende ;
- sur les personnes prévues au point c) : on appliquera six à huit mois de
servitude pénale principale et une amende.
2. Lorsque les coups sont portés avec blessures ou effusion de sang ou s’ils ont
causé une maladie :
- sur les personnes prévues au point a) : l’auteur encourt quatre à dix ans de
servitude pénale principale et l’amende ou une de ces peines seulement ;
- sur les personnes prévues au point b) : une servitude pénale de un à trois
ans et une amende ou une de ces peines ;
- sur les personnes prévues au point c) : six mois à deux ans de servitude
pénale principale et une amende ou une de ces peines uniquement.
252
Article 46 du code pénal livre II.
253
Tribunal de Grande Instance de Bukavu, R.P 7528, 18 septembre 1992, Ministère public
et partie civile Nyota Chondo contre le prévenu Mulume Chiragarhula, inédit.
254
Idem, R.P 8212/8231, 11 octobre 1994, Ministère public et partie civile Masumbuko
Bunyasi contre le prévenu Mweze Marhegane et Alphonse Muhindo, inédit.
Catalogue des infractions 163
118. Crédit
L’immixtion du droit pénal dans la sphère des Coopératives d’Epargne et
de Crédit vise à protéger l’épargne et les intermédiaires financiers. Le texte légal
est la loi n° 002/ 2002 du 02 février 2002 portant dispositions applicables aux
Coopératives d’Epargne et de Crédit255 . Il prévoit des sanctions pénales à
l’endroit de toute personne qui participe directement ou indirectement à
l’administration, à la gestion ou au contrôle.
I. Infractions proprementdites
Sont incriminés et définis infractionnels, certains comportements qui sont :
- se prévaloir d’une dénomination ou raison sociale de l’une des appellations ou
d’une combinaison de « Coopérative d’Epargne et de Crédit », « Coopérati
ve Primaire d’Epargne et de Crédit » ou coopec, « Coopérative Centrale
d’Epargne et de Crédit « ou COOCEC » et Fédération des Coopératives
255
Journal Officiel de la République Démocratique du Congo ; 49 ème Année, Numéro
spécial, 20 janvier 2008, P.21 à 44.
164
Catalogue des infractions
par le Ministère public éteint l’action publique, même en ce qui concerne les
peines de servitude pénale (art. 104 alinéa 2).
256
Crimes internationaux
a)Les dispositions de droit qui régissent en République Démocratique du Congo les
principales violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire.
Ces dispositions concernent d’une part l’affirmation des principaux droits de l’homme dont la
violation est à la base des crimes internationaux, la définition et les éléments constitutifs des
crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide et d’autre part les
normes internationales qui permettent de compléter et d’interpréter les dispositions des lois
nationales congolaises en matières des crimes évoqués. En droit congolais , c’est au régime
du droit militaire qu’a été confiée la répression des crimes internationaux. Le législateur
congolais n’a inséré aucune disposition relative aux crimes de guerre, crimes contre
l’humanité ou au crime de génocide dans le code pénal ordinaire.
Les lois congolaises définissant les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le
crime de génocide applicables aux violations ont été autrefois dans le code de justice
militaire de 1972 et sont actuellement dans le code pénal militaire et dans le code judiciaire
militaire du 18 novembre 2002.
Seules les juridictions militaires ont la compétence de juger les crimes internationaux, soit
les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le crime de génocide. Dépuis leur
réconnaissance en droit congolais, les crimes internationaux ont toujours relevé de la
législation pénale militaire. Leur définition est prévue au code pénal militaire de 2002. Leur
répression est attribuée aux cours et tribunaux militaires par l’article 76 du Code de justice
militaire de 2002 et par les articles 161 et 162 du code pénal militairede 2002.
166
Catalogue des infractions
La compétence matérielle des cours et tribunaux militaires sur les crimes internationaux
découle actuellement de l’article 76 du code de justice militaire de 2002 qui stipule que
« Les juridictions militaires connaissent, sur le territoire de la République des infractions
d’ordre militaire ». Stricto sensu, les crimes internationaux ne constituent pas des
‘infractions d’ordre militaire », mais leur définition en droit congolais n’est prévue qu’au seul
code pénal militaire. En plus, l’article 161 du code de justice militaire affirme qu’en cas
d’indivisibilité ou de connexité d’infractions avec des crimes de génocide, des crimes de
guerre ou des crimes contre l’humanité, les juridictions militaires sont seules compétentes.
La compétence personnelle des cours et tribunaux militaires établit la nature des personnes
qui seront justiciables devant la justice militaire. La compétence est limitée aux seules
personnes physiques(article 73 du code de justice militaire) âgées d’au moins di-huit
ans(article 114) et peut s’exercer par défaut(article 326). Bien évidemment, les juridictions
militaires auront compétence sur les « militaires des forces armées congolaises et
assimilés » inclus les membres de la police nationale(article 106), de même que les
employés civils au service de l’armée, de la police, du ministère de la défense et du service
national(article 108). L’article 112 élargit la compétence personnelle des juridictions
militaires à plusieurs groupes de personnes qui ne sont pas liés aux forces armées ou à la
police nationale, notamment :
- ceux qui , même étrangers à l’armée, commettent des infractions dirigées contre
l’armée, la police nationale, le service national, leur matériel, leurs établissements,
ou au sein de l’armée, de la police nationale ou du service national .
I. Eléments constitutifs
a)L’élément légal
Le génocide est le « crime des crimes257 ». Il peut être considéré comme
la forme la plus grave de crime contre l’humanité. Le statut de Rome de la CPI
à son article 6 a repris intégralement la définition258 du génocide établie par
l’article 2 de la convention de 1948 pour la prévention et la répression du
crime de génocide. Le crime de génocide est prévu et défini par l’article 164 de
la loi 024 du 18 novembre 2002 portant code pénal militaire.
Essentiellement, le génocide exige la preuve de deux éléments
dinstincts : la commission d’un acte énuméré à l’encontre d’un groupe national,
ethnique, racial ou réligieux dans l’intention spécifique de détruire en tout ou
en partie le groupe prtégé .
b)Les actes énumérés
Il s’agit des comportements pouvant conduire à la qualification de
génocide, des actes positifs de commission en exécution du plan concerté. Il
faut entendre par là l’un des actes ci-après commis dans l’intention de détruire,
Le code judiciaire militaire étend cette compétence à tous les crimes internationaux dans la
mesure où ils constituent « des infractions commises, dépuis l’ouverture des hostilités par
les nationaux…soit à l’encontre d’un national ou d’un protégé congolais…soit au préjudice
des biens de toutes les personnes physiques visées ci-dessus… lorsque ces infractions…ne
sont pas justifiées par les lois et coutumes de guerre »(article 80 CJM-2002).
Le code pénal militaire punit les auteurs et co-auteursdes infractions(article 5), les complices
des infractions(article 6), et également les auteurs des tentatives de commettre une
infraction(article 4). En matière de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, le principe
du défaut de pertinence de la qualité officielle et des immunités connexes à telle qualité est
prévu àl’article 163 du code pénal militaire. La notion de la responsabilité du supérieur est
prévue à l’article 175. L’article 81applique cette même notion de la responsabilité à tous les
crimes internationaux qui constituent des infractions selon l’article 80 , soit celles
« commises par les nationauxdépuis l’ouverture des hostilités à l’encontre d’un national ou
d’un protégé congolais… ».
257
La Cour pénale internationale, Manuel de ratification et de mise en œuvre du Statut de
Rome, Vancouver, Mai 2000.
258
Le crime de génocide est défini « comme l’un quelconque des actes ci-après commis
dans l’intention de détruire, en tout ou en partie , un groupe national, ethnique, racial ou
religieux comme tel ». Cette définition est suivie d’une série d’actes qui representent de
graves violations du droit à la vie et à l’intégrité physique ou mentale des membres du
groupe.
168
Catalogue des infractions
d)L’élément moral
L’intention spécifique de détruire , en tout ou en partie, le groupe
protégé. C’est l’élément clef du crime de génocide souvent décrit comme un
crime d’intention requérant un dol criminel aggravé. L’élément moral réside en
ce que le génocide constitue la destruction physique et biologique d’un groupe.
Les victimes sont ciblées en raison de leur appartenance à un groupe ; c’est
donc le groupe qui est visé à travers la victime.
L’intention spécifique tend en la destruction d’un groupe humain .Le
niveau d’intention coupable requis est très élevé. Il faut démontrer chez la
personne l’intention de détruire un groupe. Un génocide ne peut pas être
commis par négligence.Les termes « en tout ou en partie » signifient qu’un acte
isolé de violence raciste ne peut constituer un génocide. Il faut avoir l’intention
d’éliminer un nombre cnsidérable de représentants du groupe, sans qu’il ne soit
nécessaire de détruire le groupe au complet.
La preuve de l’intention de détruire un groupe comme tel , en tout ou
en partie pose le plus de difficultés. La preuve doit établir l’existence du but
spécifique qu’avait l’auteur en commettant le crime.
259
Devant les tribunaux militaires, les procédures sont parfois plus expéditives et , dans
certaines juridictions, les garanties procédurales sont moins bien protégées que devant les
tribunaux ordinaires. Toutefois, la CPI ne peut se saisir d’une affaire traitée par des
juridictions nationales que si les procédures menées visaient la soustraction de la personne
accusée à sa responsabilité pénale ou étaient incompatibles avec l’intention de traduire la
personne accusée en justice.
260
L’exercice en pratique de la compétence exclusive des juridictions militaires sur les
crimes internationaux révéle de nombreux problèmes en RD Congo. En effet, à lire l’exposé
des motifs de la loi n° 23/2002 du 18 novembre 2002 portant code judiciare militaire , vite
l’on y découvre que la justice militaire est « un instrument du pouvoir judiciaire au service du
commandement », ce qui conforte l’impunité quasi-totale en matières des crimes
internationaux.
170
Catalogue des infractions
I. Définition
a)L’élément légal
L’élément légal fait du crime contre l’humanité, en premier lieu, une
infraction internationale. Il sanctionne la coutume internationale, les
conventions internationales, les principes généraux du droit reconnus par
l’ensemble des nations civilisées.
Le crime contre l’humanité est aussi une infraction classique de droit
interne. En France, la cour de cassation le qualifie de « crime de droit commun
commis dans certaines circonstances et pour certains motifs précisés dans le
texte qui le définit »263 .
Le code pénal congolais consacre l’autonomie et la gravité extrême de ces
comportements particulièrement odieux. Les articles 165 à172 de la loi 024 du
18 novembre 2002 portant code pénal militaire incriminent divers actes au titre
des crimes contre l’humanité.
Trois éléments principaux doivent coexister dans la qualification du crime
contre l’humanité en plus de l’élement de la connaissance de cette attaque qui
sert à établir la responsabilité pénale individuelle.
261
Ce sont finalement les Statuts des tribunaux internationaux qui sont venus cristaliser la
définition du crime contre l’humanité en droit international (article 3 du Tribuinal pénal
international pour l’ex-Yougoslavie(TPIY) et l’article 3 du Tribunal pénal international pour le
Rwanda (TPIR)) avant qu’elle ne soit définitivement codifiée à l’article 7 du Statut de Rome
de la Cour pénale internationale en juillet 1998. Essentiellement, cet arrticle a consolidé la
notion de crime contre l’humanité, qui trouve son fondemént dans les principes généraux du
droit pénal reconnus par toutes les nations civilisées et qui fait partie du droit international
coutumier.
262
Article 7 du Statut de Rome.
263
Crim., 6 février 1975, Touvier, Bull, n°42 ;D.1975,p .186,rapp ;Chapart, note coste-
Floret,RSC, 1976,p.97,obs.A. Vitu.K.
172
Catalogue des infractions
d)L’élément moral
L’élément moral est l’intention de détruire, d’affaiblir ou de persécuter un
groupe ou une communauté. La connaissance d’une attaque généralisée ou
264
Tribunal militaire de Mbandaka siégeant à Songo mboyo, 12 avril 2006, inédit.
174
Catalogue des infractions
III. Sanctions265
265
Le cadre juridique permettant d’identifier le droit applicable par les juridictions internes
pour poursuivre et juger les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le crime de
génocide provient de la hierarchie des sources de droit prévue par la constitution du 18
février aux articles 153, 213, 214 et 215. L’alinéa 4 de l’article 153 de la constitution stipule
que « Les cours et tribunaux , civils et militaires appliquent les traités internationaux dûment
ratifiés, les lois , les actes réglementaires pour autant qu’ils soient conformes aux lois ainsi
que la coutume pour autant que celle-ci ne soit pas au contraire à l’ordre public ou aux
bonnes mœurs » L’article 215 de la constitution établit clairement la suprématie des normes
découlant des traités et accords internationaux en ces termes : « Les traités et accords
internationaux régulièrement conclus ont, dès leur publicatiuon, une autorité supérieure à
celle des lois, sous réserve pour chaque traité ou accord , de son application par l’autre
partie ». Ces dispositions constitutionnelles sont en harmonie avec le principe du monisme
qui caractérise l’ordre juridique congolais. Elles opèrent une incorporation des traités dans
l’ordre juridique interne congolais dès leur publication au Journal officiel.
Catalogue des infractions 175
I. Définition
Le crime de guerre est défini comme une violation des lois et coutumes de
guerre les plus fondamenetales. Traditionnellement,la notion de « crimes de
guerre » était utilisée en référence aux conflits armées internationaux, et
désignait plus précisement les « infractions graves » aux quatre conventions de
génève de 1949 et à leur premier Protocole Additionnel de 1977. Les
comportements incriminés sont énoncés dans des nombreux instruments
internationaux. Par crime de guerre, il faut ainsi entendre toutes infractions aux
lois de la République commises pendant la guerre et qui ne sont pas justifiées
par les lois et coutumes de la guerre266.
a) Texte légal
Les crimes de guerre découlent essentiellement des conventions de génève
du 12 août 1949 et de leurs Protocoles additionnels I et II de 1977 et des
Conventions de la Haye de 1899 et 1907. Leur codification la plus récente se
trouve à l’article 8 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale de 1998.
266
Article 173 de la loi n° 024 du 18 novembre 2002 por tant code pénal militaire.
176
Catalogue des infractions
Les articles 173 à 175 de la loi n° 024 du 18 novembre 2002 portant code pénal
militaire définissent cette incrimination.267
271
La liste est exhaustive au Code Larcier République Démocratique du Congo, Tome II,
Droit pénal, Larcier-Afrique Editions 2003, pp139-153.
272
Dans son premier arrêt de 1995, la Chambre d’appel du TPIY affirmait « que les
principales dispositions du droit international humanitaire s’appliquaient aussi aux conflits
internes au titre du droit coutumier et qu’en outre les violations graves de ces règles
constituaient des crimes de guerre ».
178
Catalogue des infractions
personnes les plus responsables de ces crimes sont des personnes en situation
d’autorité qui n’ont eu aucun contact direct avec les victimes. Elles ont soit
ordonné ces crimes, soit incité des personnes à les commettre, soit fourni les
moyens de les commettre.
Les fonctionnaires, les militaires ou assimilés, les agents ou préposés
chargés d’une mission quelconque qui, lors des faits, sont au service de
l’ennemi ou d’un allié de l’ennemi et qui se sont rendus coupables de crimes,
depuis l’ouverture des hostilités, à l’encontre des personnes physiques ou
morales ou de leurs biens lorsque ces infractions ne sont pas justifiées par les
lois et coutumes de la guerre.
L’article 33 du Statut indique que le fait qu’un crime relèvant de la
compétence de la Cour ait été commis sur l’ordre d’un supérieur hiérarchique ,
militaire ou civil, n’exonère pas la personne qui l’a commis de sa responsabilité
pénale. L’ordre de commettre un génocide ou un crime contre l’humanité est
toujours manifestement illégal273.
Lorsqu’un subordonné est poursuivi comme auteur principal d’un crime
de guerre, ses supérieurs hiérarchiques non co-auteurs seront considérés
comme complices dans la mesure où ils ont toléré les agissements criminels de
leur subordonné274.
273
La cour pénale internationale. Manuel de ratification et de mise en œuvre du Statut de
Rome, vancouver , mai 2000.
274
Article 175 de la loi n° 024 du 18 novembre 2002 por tant code pénal militaire.
275
L’Assemblée Générale des Nations Unies a approuvé par la résolution RES/2391 (XXIII)
la convention du 26 novembre 1968 sur l’imprescriptibilité des crimes de guerre.
Catalogue des infractions 179
276
A propos de l’immunité des anciens chefs d’Etat pour les actes commis lorsqu’ils étaient
au pouvoir, la chambre des Lords du Rauyaume Uni a décidé que le sénateur Augusto
Pinochet ne disposait d’aucune immunité pour les actes de torture commis sous ses ordres
lorsqu’il était chef de l’Etat au Chili. La Chambre a indiqué que puisque les actes de torture
allégués ne pouvaient pas faire partie de l’exercice des fonctions d’un chef de l’Etat, ces
actes n’étaient couverts par aucune immunité.
180
Catalogue des infractions
277
Les articles 86(2) et 87 du Premier protocole additionnel aux Conventions de Génève ont codifié
ce pirncipe.
Catalogue des infractions 181
123. Débauche
Voir prostitution, n° 463.
278
Article 3 de l’ordonnance 75-153 du 31 mai 1975.
Catalogue des infractions 183
c)Pénalités
Ceux qui contreviennent à la réglementation sur les débits de boissons sont
susceptibles de peines. Ils peuvent être punis d’une peine de servitude pénale
de six mois à cinq ans et d’une amende ou d’une de ces peines seulement. Il
s’agit des gérants ou des débitants. Indépendamment de la peine, l’autorité
territoriale peut procéder au retrait de la licence d’exploitation.
126. Défaitisme
Voir capitulation, n° 63.
La victime qui a subi des dommages ainsi que ses ayants-droits peuvent
saisir l’instance compétente. Le Ministère public , même d’office, a qualité pour
exercer l’action publique.
279
Des propositions et des pressions pour mettre fin à ce monopole existent. En effet, le
monopole ne se justifie plus au regard de l’environnement international et de la
mondialisation des échanges. Le monopole dont jouit la Société Nationale d’Assurance est
même mis en mal. Des courtiers d’assurance sont agrées. Cependant les textes légaux en
vigueur n’ont toujours pas subi de modification. Le monopole de la société nationale
demeure légalement consacré.
Catalogue des infractions 185
a) Soutien légal
L’infraction de défaut d’assurance automobile est prévue et punie par
un texte de loi. Il s’agit de la loi n°73 –013 du 05 janvier 1973 portant
obligation de l’assurance de responsabilité civile en matière d’utilisation des
véhicules automoteurs280 .
I. Définition de l’infraction
II.Poursuites
281
Journal Officiel de la République Démocratique du Congo, Kinshasa, 12 janvier 2009
p.17-18.
Catalogue des infractions 189
a)Dispositions légales
Les articles 153, 154 du code pénal Livre II et 114, 115 du code de la
famille sont la base légale.
b) Pénalités applicables
Le défaut de déclaration, dans le délai légal , est sanctionné de sept jours
de servitude pénale principale et d’une amende ou d’une de ces peines
seulement (art. 114 du code de la famille). Le défaut de déclaration est puni
d’une amende.
Les fausses déclarations faites devant l’officier de l’état civil sont
punissables de huit jours à un an et d’une amende ou d’une de ces peines
seulement. Ces mêmes peines s’appliquent à celui qui a donné mission de
commettre de fausses déclarations si cette mission a reçu son exécution (art.
115 du code de la famille).
282
Ordonnance-loi n° 70-012 du 10 mars 1970 (M.C n°10 de 1970). Voir aussi Jean
Jacques YOKA MAMPUNGA., Codes Congolais de procédure pénale, Editions yoka, 1999,
p. 91.
190
Catalogue des infractions
b)Un accident
Le délit de fuite est une infraction de conséquence. Il faut au préalable un
accident causé par l’auteur. L’infraction première est donc une infraction non
intentionnelle : homicide involontaire ou des blessures involontaires.
- L’accident doit être corporel ou même matériel. Il suffit de l’apparence
d’accident, même si aucun dommage ne paraît exister ;
- L’accident doit être causé ou occasionné par n’importe quel type
d’accident(véhicule), par exemple : voiture, moto, bicyclette, bateau,
navire ; que l’accident ait été causé (dommage occasionné a une personne, à
un animal, à une chose inanimée, etc.) ; que l’accident ait été causé par un
véhicule (automobile, motocyclette, voiture attelée, etc.) ;
- L’accident doit pouvoir engager la responsabilité pénale ou civile, même si
le conducteur, dans la même poursuite ou dans une poursuite distincte, est
reconnu non responsable de l’accident ; il suffit de l’apparence de
283
Coralie Ambroise-castérot.,Droit pénal spécial et des affaires, Gualino éditeur, Lextenso
éditions, Paris 2008, p. 119.
Catalogue des infractions 191
d) L’élément moral
284 ème
Crim., 2004 tiré in Mementos, Droit Pénal Spécial, 14 édition 2008, Dalloz, p. 347.
192
Catalogue des infractions
I.Définition de l’infraction
Le souteneur est celui qui vit, en tout ou partie, aux dépens d’une
personne dont il exploite la prostitution.
Il en est ainsi de :
- celui qui surveille et protège une femme en quête des clients sexuels pour
éventuellement contraindre le partenaire récalcitrant à payer le prix convenu
ou fixé ;
- du mari qui protège sa femme qui se livre à la prostitution et fixe avec elle le
prix à exiger de ses clients ;
- des parents qui aident leurs enfants à récupérer le produit de la
prostitution285
Le souteneur doit tirer profit du produit de la prostitution d’autrui. S’il n’y a
pas prostitution, il n’y a pas infraction. Ne sera donc pas poursuivi celui qui tire
profit d’un acte sexuel isolé même s’il a assisté ou protégé la personne qui a eu
ces relations.
II.Poursuites
a) Disposition légale
Le délit de souteneur était prévu autrefois par l’ord-loi n°79/007 du
06/07/79. Il est actuellement défini et puni par l’article 174 b point 3 du code
pénal livre II tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006
modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal
congolais.
b) Pénalités
La disposition de l’article 174 b point 3 du code pénal livre II tel que
modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et
complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais édicte
une sanction. Elle est de trois mois à cinq ans de servitude pénale principale et
une amende ou une de ces peines seulement à l’endroit du souteneur.
Le souteneur est justiciable du tribunal de paix. L’infraction de délit de
souteneur se prescrit (action publique) après trois ans.
285
LIKULIA BOLONGO. , op. cit. , p. 365.
Catalogue des infractions 193
287
J.-H. Robert et H. Matsopoulou.,Traité de droit pénal des affaires, PUF, coll. « Droit
fondamental » ,2004, n° 276.
Catalogue des infractions 195
I. Définition
Les délits de presse sont des infractions sui generis commises par voie
de presse écrite ou audiovisuelle (article 74 de la loi n°96-002 du 22 juin 1996
fixant les modalités de l’exercice de la liberté de la presse) par les
professionnels de la presse, les entreprises de presse, les personnes physiques
ou morales concernées par des écrits ou des messages audiovisuels (article 1er).
L’objectif du législateur est de ramener les usagers de la presse à respecter la
loi, l’ordre publique, les droits d’autrui et les bonnes mœurs.
Outre les infractions et sanctions prévues au code pénal ordinaire pour
les infractions de droit commun (imputations dommageables et calomnieuses,
injures, etc.) auxquelles il s’expose, le professionnel de la presse peut
commettre des infractions et encourir des peines que prévoit spécialement le
législateur, en cas de délit de presse288 .
• Seront punis, comme complices d’une action qualifiée infractionnelle
conformément aux articles 22 et 23 du code pénal, livre I, tous ceux qui, soit
par des discours, écrits, imprimés, dessins, gravures, images, peintures,
emblèmes ou tout autre support de l’écrit, de la parole ou de l’image, vendus,
distribués, diffusés ou exposés dans les lieux ou réunions publics, auront
directement incité l’auteur ou les auteurs à commettre ladite action, si la
provocation a été suivie d’effet (Article 76 de la loi précitée).
• Seront punis conformément aux dispositions de cet article 76 :
- ceux qui auront directement incité au vol, au meurtre, au pillage, à
l’incendie, à l’une des infractions contre la sûreté extérieure et intérieure de
l’Etat y compris dans le cas où cette incitation n’a pas été suivie d’effet ;
- ceux qui auront directement incité à la discrimination, à la haine ou à la
violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes, en raison
de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non appartenance à une
ethnie, une nation, une race, une idéologie ou une religion déterminée ;
288
NIEMBA LUBAMBA Vincent-David. , « La répression des délits de presse en droit pénal
congolais » in Justice et ordre public, publication de l’Institut de Formation et d’Etudes
Politiques sous la direction de Lukieni Lu Nyimi et Masiala Muanda, Kinshasa 1999, p.151.
196
Catalogue des infractions
- ceux qui auront fait, par l’un des moyens énoncés ci-dessus, offense à la
personne du Chef de l’Etat ;
- ceux qui auront, par l’un des moyens énoncés à l’article 76, incité les
membres des forces armées et des services de l’ordre, dans le but de les
détourner de leurs devoirs (article 77).
• Seront punis, pour trahison, ceux qui, en temps de guerre, ont par les
moyens cités à l’article 76 :
- incité les forces combattantes à passer au service d’une puissance étrangère ;
- sciemment participé à une entreprise de démoralisation de l’armée ou de la
population dans le but de nuire à la défense nationale ;
- livré (directement ou indirectement) à une puissance étrangère, un
renseignement, document ou procédé qui doit être tenu secret, dans l’intérêt
de la défense nationale (Article 78).
Au risque de tomber sous le coup de l’infraction à la présente loi, il est
interdit :
1° de publier les actes d’accusation et tous actes de procédure judiciaire avant
qu’ils n’aient été lus en audience publique ;
2° de divulguer les délibérations des cours et tribunaux. Il en est de même des
informations sur les travaux et les délibérations du Conseil Supérieur de la
Magistrature sans l’autorisation du Conseil lui-même ;
3° de reproduire la photographie, dessins ou portraits de tout ou partie des
circonstances des crimes de sang, des crimes ou délits tournant aux mœurs,
sauf demande expresse du chef de la juridiction saisie du cas. Cette
interdiction s’applique également à toute illustration concernant le suicide
des mineurs, sauf autorisation écrite du Procureur de la République ;
4° d’enregistrer, de fixer ou de transmettre la parole ou l’image aux audiences
des cours et tribunaux, sauf autorisation du chef de la juridiction. Il en est
de même pour les procès en diffamation lorsque les faits incriminés
concernent la vie privée des personnes ;
5° de publier ou de diffuser des informations sur un viol ou sur un attentat à la
pudeur en mentionnant le nom de la victime ou en faisant état de
renseignements pouvant permettre son identification, à moins que la
victime n’ait donné son accord écrit ;
6° d’ouvrir ou d’annoncer publiquement des souscriptions ayant pour objet de
payer des amendes, frais et intérêts prononcés par des condamnations
judiciaires sous peine des poursuites (Article 79).
Catalogue des infractions 197
289
CFPJ (Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes). , « Les droits et les
devoirs du journaliste ». Textes essentiels, co-édition : Presse et formation /les éditions du
CFPJ, Ecole Supérieure du Journalisme de Lille, 1992, p.13.
198
Catalogue des infractions
290
NZANGI BATUTU (M). , « La diffamation et l’injure dans les médias », Collection
Informations juridiques, Kinshasa, janvier 1997, p.24.
Catalogue des infractions 199
a. Matériellement
En matière de délit de presse, la compétence matérielle revient à
l’instance compétente pour l’infraction commise, ce, conformément aux
prescrits des articles 86, 91 et 96 du code de l’organisation et de la compétence
judiciaires.
b. Territorialement
La compétence territoriale du tribunal répressif est fixée par l’article
104 du code de l’organisation et de la compétence judiciaires. Pour les articles
de presse rédigés en vue de leur diffusion à un large public291 , qui franchissent
les frontières nationales, il va de soi que la distribution et la publication
réalisent tant sur le territoire national qu’à l’étranger l’élément de publicité exigé
par l’article 74 du code pénal.
Le problème ne reste pas moins délicat lorsqu’il s’agit de la répression
du délit de presse, car la publicité est faite en tous lieux où le journal a été
291
KILENDA KAKENGI BABITA, in Le Bulletin juridique n°2, avril 1 989, pp 3 et 4.
200
Catalogue des infractions
292
Tripaix pont Kasa-vubu, jugement R.P10 427, 14 avril 1988, inédit.
293
Georges Mineur. , op.cit., p.179 et suivants.
294
Corr. Dinant ,20 avril 2004 p.799 in Revue de jurisprudence de Liège ,Mons et Bruxelles
e
,31 décembre 2004, 110 me année ,Hebdomadaire p.1932.
295
C’est l ‘ordonnance – loi relative à la procédure devant la Cour Suprême de Justice.
296
Parquet Lwalaba , 22 octobre 1951, J.T.O. , n°29, p. 155, a.n.
Catalogue des infractions 201
I. Eléments constitutifs
L’infraction prévue par l’article 76 du code pénal livre II requiert à la fois un
élément matériel et un élément moral qui, s’ils sont réunis, sont susceptibles
d’entraîner la répression.
a) Eléments matériels
L’acte de dénonciation. La dénonciation peut être effectuée , selon l’article
76, par tout moyen.Peu importe la forme, donc , qu’elle soit orale ou écrite, ce
qu’elle sera le plus souvent(lettre anonyme, plainte signée, etc.). Peu importe
également que la victime de la dénonciation soit clairement nommée ou qu’elle
soit seulement identifiable299, qu’elle soit une personne physique ou une
personne morale300 : dans tous les cas l’infraction est constituée.
1. Une accusation déterminée par écrit ou verbale à l’autorité judiciaire ou à un
fonctionnaire public sous forme de plainte ou de procès-verbal. Elle est
adressée à l’autorité à laquelle les faits ont verbalement été relatés ;
2. L’accusation doit être portée contre une personne déterminée. Si la
personne (la victime) n’est pas expressément désignée, il suffit qu’il y ait
assez d’indications pouvant l’identifier ;
297
C.S.J., R.P.P.2, 4/ 7/1980, Inédit.
298
Tribunal de paix de Lubumbashi/ Kamalondo. , 24 janvier 1997, inédit.
299 e
M. Véron., Droit pénal spécial, Sirey, 12 édition, 2008, n° 275.
300
Crim.,22 mai 1959, Bull. crim., n° 265.
202
Catalogue des infractions
301
Crim.,16 octobre 1969, Bull. crim.,n° 254.
302
A la condition que la décision soit devenue définitive.
Catalogue des infractions 203
b) Elément moral
La dénonciation calomnieuse est une infraction intentionnelle qui
requiert donc la mauvaise foi de l’agent. Le dénonciateur doit connaître la
fausseté totale ou partielle de ses allégations. Volontairement, il a dénaturé ou
exagéré les faits, peut-être pour se rendre intéressant. Tout compte fait, il
connaît la fausseté des faits qu’il allègue. Il a été jugé qu’un jugement qui
retient, dans le chef du prévenu, l’infraction de dénonciation calomnieuse sans
établir l’élément moral du délit, alors que celui-ci requiert, outre la
connaissance par l’agent des faits incriminés, l’intention de nuire n’est pas
légalement motivé et doit être cassé306 . De même, l’intention méchante requise
à l’article 76 peut résulter de l’esprit de vengeance qui animait le prévenu, qui
cherchait par cette dénonciation, à se protéger contre les poursuites judiciaires
engagées contre lui307 .
Un travailleur qui, pour se venger de son patron qui vient de mettre fin
à son contrat de travail, s’invite devant le Procureur et déclare que son patron
est pédophile ou trafiquant des drogues, déposer une plainte au tribunal sans
303
C.S.J., RP 93, 04 juillet 1975, B.A 1976, p.168.
304
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 5944, 23 juin 1989, Ministère public et partie
civile Byumanine Ochidose contre le prevenu Selemani Songa, inédit.
305
Tribunal de paix de Lubumbashi/ Kamalondo . , 24 janvier 1997, inédit.
306
C.S.J. , R.P ; 47, 4 avril 1973, B.A. 1974, p.91.
307
C.S.J., 12 août 1988, RPA 144, aff. M.P. c/ MUNYOLOLO.
204
Catalogue des infractions
preuves sérieuses, une accusation sans fondement, faite par jalousie ou par
vengeance constituent des exemples de dénonciation calomnieuse.
308
Dans le cadre des poursuites, le Ministère public a un rôle essentiel quoique non
exclusif. C’est lui qui met en mouvement l’action publique et en suit le développement. Peu
importe qu’il y ait ou non plainte de la partie victime ou lésée. Dès qu’il réunit les éléments
de preuve à charge du prévenu, il le défère devant le juge répressif. Après examen et
instruction à l’audience, le juge prononce soit la condamnation si les faits sont établis en se
conformant à la loi, soit l’acquittement dans le cas contraire. Au sujet de la preuve, il faut
souligner qu’elle peut être matérielle, consister en des témoignages, en indices et même en
présomptions du fait de l’homme pourvu que ces dernières soient graves, précises et
concordantes. Il sied néanmoins de préciser qu’en matières répressives, il n’existe point
d’hiérarchisation de preuves comme en matières civiles, la seule preuve qui lie le juge
répressif étant son intime conviction. Le Ministère public ne peut dans certains cas, exercer
les poursuites sans :
- la plainte de la victime comme il en est en matière des infractions d’adultère, de
grivèlerie…
- la demande expresse de la Banque Centrale du Congo pour les infractions à la
réglementation de change.
309
LIKULIA BOLONGO ; op.cit., p.250.
Catalogue des infractions 205
c) La dénonciation calomnieuse
L’infraction de dénonciation calomnieuse est de la compétence matérielle
du tribunal de paix. Le jugement sur la fausseté du fait dénoncé est un
préalable au jugement de l’action en dénonciation calomnieuse.
I. Eléments constitutifs
a)L’élément matériel
L’élément matériel s’entend d’un des actes ou comportements
répréhensibles décrits posé par le coupable.
b)L’élément moral
L’élément moral sera reconnu chaque fois qu’une intention frauduleuse
est susceptible d’être prouvée dans le chef de l’auteur du fait interdit.
II. Pénalités
310
La circonstance d’avoir vendu des grains sans cacher qu’ils fussent avariés, n’est pas
er
une raison de justification, pour l’infraction prévue par l’article 1 , 2° du décret du 26 juillet
1910, car l’infraction ne consiste pas dans le fait d’avoir trompé l’acheteur, mais bien dans le
fait d’avoir exposé en vente et vendu des denrées alimentaires gâtées(App.Elis., 14
septembre 1915, RDJC 1915, p. 34).
206
Catalogue des infractions
146. Déportation
Voir Travail obligatoire des civils, n°555.
311
B.O., p.657, Codes Larcier R.D.C, Tome III, Droit Commercial et Economique, vol 2-Droit
Economique, Larcier-Afrique Editions 2003, p.817.
Catalogue des infractions 207
le coupable est, dans tous les cas, un officier, le juge prononce, en outre, la
destitution.
b) Conditions préalables
Pour que l’infraction de désarmement ou démoralisation de la troupe
s’établisse, deux préalables s’imposent.
1. La période exceptionnelle
L’infraction de désarmement ou démoralisation de la troupe ne peut être
commise que pendant une période exceptionnelle. D’une part, l’infraction sera
caractérisée au moment des graves menaces d’agression armée ou d’invasion,
de déploiement des forces ennemies aux frontières nationales… bref, le
moment immédiatement antérieur à une guerre. D’autre part, l’infraction ne se
commet que pendant la guerre, la période des hostilités, d’occupation effective
de l’espace géographique national par les forces ennemies au mépris des
instruments juridiques internationaux. Enfin, elle se commet au moment d’une
opération de police tendant au maintien ou au rétablissement de l’ordre public.
2. La qualité de l’agent
L’auteur de l’infraction ne peut être qu’un militaire ou assimilé. La personne
dont la mission consiste à veiller à la subsistance pacifique ainsi qu’à l’intégrité
de l’Etat congolais 312 .
312
Laurent MUTATA LUABA., op.cit. , p.113.
313
Commentaire du code pénal congolais, 2ème éd. Bruxelles 1953, p.395.
208
Catalogue des infractions
148. Désertion
La désertion est une infraction purement militaire. Elle consiste en une
absence non autorisée, telle que, par sa durée ou les circonstances qui
l’entourent, elle équivaut à la rupture du lien qui rattache le militaire à la
hiérarchie. La désertion est la plus fréquemment commise des infractions
proprement militaires. Le fait, pour un militaire, d’abandonner son corps sans
esprit de retour constitue le délit de désertion315 .
Les articles 44 à 52 du code pénal militaire sont la base légale de la désertion.
En temps de paix, la sanction est de deux mois à dix ans de servitude pénale.
En temps de guerre, d’état de siège, d’urgence ou d’opération, la peine de
servitude pénale à perpétuité ou la peine de mort est d’application.
I. Eléments constitutifs
La réalisation de la désertion exige la réunion de trois éléments, à savoir la
qualité de militaire, la rupture définitive de ses liens avec l’armée et l’intention
coupable.
314
COM Wenga (Basankusu), 21 décembre 1999, in Laurent MUTATA LUABA, op. cit.,
p.115.
315
Idem .
Catalogue des infractions 209
316
C.G, app 19 janvier 19O1, Jur. Etat I p.113 ; C.G app.25 avril 1901.Jur. Etat p143 ; C.G.
app.5 juillet 1914, jur.Col. 1925, p.246.C.G. app.18 novembre 1901, Jur.Etat I p.162.
210
Catalogue des infractions
militaires dont l’un, au moins, est porteur d’arme. Pour être réalisée, la
désertion à bande armée suppose l’existence d’une bande armée, l’intégration
de ladite bande par l’agent. Cette intégration doit être libre et consciente. Tout
militaire ou assimilé, qui déserte à bande armée sera puni de dix à vingt ans de
servitude pénale principale.
La désertion à l’étranger. Elle est prévue par l’article 48 du code pénal
militaire.
En temps de paix, la désertion à l’étranger est punie de la servitude pénale dont
le taux varie entre un et cinq ans. En temps de guerre ou pendant les
circonstances exceptionnelles, la peine prévue est la servitude pénale à
perpétuité ou même la peine capitale.
La désertion à l’ennemi ou en présence de l’ennemi. Elle est
prévue par l’article 50 du Code Pénal Militaire. Pour être établie, il faut
l’existence d’un ennemi, la qualité requise et l’élément moral.
S’agissant de la qualité requise, il y a le militaire et l’assimilé, mais aussi toute
personne qui fait partie de l’équipage d’un aéronef ou navire militaire. Quant à
l’élément moral, il ne suffit pas que l’agent ait intégré les rangs de l’ennemi ou
rompu ses liens avec l’armée, il faut également qu’il ait posé l’acte de manière
délibérée. L’agent coupable de désertion à l’ennemi ou en présence de l’ennemi
encourt la peine de mort.
La désertion avec complot. Elle est prévue par l’article 46 du code pénal
militaire. Pour exister, il faut la résolution concertée, arrêtée et la résolution
criminelle doit porter sur la désertion. La désertion doit constituer le but d’une
résolution libre et consciente, débattue et arrêtée par au moins trois agents en
vue de rompre leurs liens avec les forces armées ou les services apparentés.
En temps de paix, la désertion avec complot est sanctionnée de deux à dix
ans de servitude pénale principale. En temps de guerre ou de circonstances
exceptionnelles, la sanction est élevée à la servitude pénale à perpétuité et
même à la peine capitale.
La provocation à la désertion (article 53 du cpm) est punie, en temps de
paix, de deux mois à cinq ans de servitude pénale. En temps de guerre ou
pendant les circonstances exceptionnelles, la peine est de cinq à vingt ans de
servitude pénale. Si le coupable est officier, la peine de mort est prononcée. En
plus de la servitude pénale, les individus non militaires ou non assimilés à ces
derniers subiront, en outre, une peine d’amende de 5.000 à 10.000 francs
congolais.
Le recel de déserteur (article 54 du cpm). Il concerne tout individu
reconnu coupable d’avoir sciemment recélé ou soustrait des poursuites un
déserteur. Il est sanctionné, en temps de paix de deux mois à cinq ans et, en
temps de guerre ou pendant les circonstances exceptionnelles, de cinq ans à
vingt ans de servitude pénale. L’auteur peut, en outre, s’il n’est ni militaire ni
assimilé être puni d’une amende de 5.000 à 10.000 francs congolais constants.
Catalogue des infractions 211
154. Destruction
Les destructions, dégradations et détériorations s’inscrivent dans le cadre
des infractions contre les biens appartenant à autrui. Généralement, elles
comportent un élément matériel et un élément moral.
a)L’élément matériel
L’élément matériel désigne tout moyen de destruction matérielle. La
nature du moyen est indifférente, car elle est définie par rapport au résultat
produit. Il peut s’agir d’un meuble ou d’un immeuble. L’infraction de
destruction ou de dégradation méchante de biens mobilier ne peut être établie
s’il n’a pas été établie l’existence de l’élément matériel de cette infraction, à
savoir, le bien mobilier endommagé318. L’infraction s’applique à la dévastation
des récoltes. Elle peut porter sur les biens meubles de valeur moindre. La
gravité du dommage est indifférente, car sont incriminées aussi bien la
destruction équivalant à l’anéantissement du bien, que la dégradation et la
détérioration visant à compromettre l’usage , à mettre en mauvais état ou à
abimer le bien.
b)L’élément moral
317
C.G.app. 14 octobre 1901, Jur. Etat I, p. 163.
318
C.S.J.,10 avril 1976, RP 144, aff. Gema c/ M.P et Kingu, B.A., 1977, p. 92.
212
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
Pour que l’infraction soit établie, l’agent public doit avoir posé un acte
matériel de destruction, dans une intention méchante. Détruire un document,
c’est l’anéantir, le réduire à néant et, par ricochet, le faire disparaître. Le lacérer,
c’est le déchirer, le mettre en pièces320.
c)L’élément moral
La destruction ou suppression doit être faite méchamment dans le but de
causer du tort ou d’en tirer un bénéfice. Sera poursuivi, pour infraction de
destruction méchante ou frauduleuse commise par un fonctionnaire public
319
Crim . , 9 mars 1994, Bull., n°94.
320
Haute cour militaire., RP 001/2004 du 05 octobre, inédit.
Catalogue des infractions 213
prévue par l’article 145 bis du code pénal livre II, tel que modifié par
l’ordonnance-loi du 12 mai 1968, le greffier d’une juridiction qui détruit et
supprime frauduleusement un dossier judiciaire dont il avait la garde321 .
La perte des dossiers dans l’administration, résultat d’une action méchante
ou frauduleuse (et non de la négligence), peut donner lieu aux poursuites. Elle
peut être l’objet des sanctions prévues par l’article 145 bis du code pénal livre
II.
II. Poursuites
321
Kisangani. , 20.8.1970, RJC., 1970, n°3, p.285.
214
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
est infractionnelle. Aux termes du décret du 16 août 1939, l’auteur encourt une
servitude pénale de deux ans au maximum et une amende ou une de ces peines
seulement.
•
• 2.Protection des documents de travail
• La destruction volontaire ou lacération d’un contrat écrit ou le fait de
rendre illisibles les inscriptions qui y sont portées, de les altérer ou de les
modifier est punie. Il en est de même de la destruction La peine est d’un mois
de servitude pénale et d’une amende.
•
• 3. La protection du palmier élaeis
• Détruire ou abattre des palmiers élaeis en dehors des cas déterminés
par le décret du 19 juillet 1926 est infractionnel. L’auteur encourt une peine de
servitude pénale de deux mois et une amende ou une de ces peines seulement.
•
b)Destruction et dégradation d’arbres, récoltes et autres
propriétés (art 112 – 113)
L’infraction de destruction et dégradation d’arbres, récoltes et autres propriétés
pour se trouver établie, doit remplir, dans le chef de son auteur , les conditions
qui suivent :
- la détérioration, peu importe le moyen employé ;
- une chose définie par la loi, le juge ayant un large pouvoir d’appréciation ;
- l’existence d’une volonté de détruire ou de détériorer ;
- la connaissance, par l’auteur, que la chose est une propriété d’autrui.
L’infraction de destruction ou de dégradation méchante de biens mobiliers
ne peut être établie, s’il n’a pas été constaté l’existence de l’élément matériel, à
savoir le bien mobilier endommagé322 . Quant à l’élément moral de l’infraction,
il est de jurisprudence que n’est pas légalement motivé et doit être cassé le
jugement qui, pour justifier l’existence de l’infraction de destruction méchante
et volontaire, se borne à constater, sans relever l’élément moral du délit que le
prévenu a reconnu avoir brisé la vitre de l’appartement qui lui avait été donné
en location par la partie civile323 .
II. Poursuites
Les faits décrits à l’article 110 du code pénal livre II sont punis au maximum
de cinq ans de servitude pénale principale et d’une amende ou de l’une de ces
322
C.S.J., R.P. 144, 10 avril 1976, B.A. 1977, p.94.
323
C.S.J., R.C 47, 04 avril 1973, B.A. 1974, p.90.
216
Catalogue des infractions
peines. Les faits de l’article 111 du code pénal livre II sont réprimés d’un mois
à un an de servitude pénale principale et d’une amende ou une de peines
seulement.
Quant aux faits de l’article 112 du code pénal livre II, ils seront
sanctionnés comme à l’article 110. L’article 113 du code pénal livre II permet
de sanctionner les destructions d’arbres, récoltes ou autres propriétés. Les
pénalités sont de sept jours de servitude pénale principale au maximum et
d’amende ou d’une de ces peines uniquement.
I. Eléments constitutifs
324
Pandectes,V° Bestiaux.
218
Catalogue des infractions
II. Poursuites
4° il faut que le mal écarté soit injuste : le sold at qui fuit le combat ne pourrait invoquer l’état
de nécessité.
L’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime. « Il n’y a ni crime ni délit
lorsque l’homicide, les blessures et les coups étaient ordonnés par la loi et commandés par
l’autorité légitime » Celui qui a obéi à la loi et à l’autorité n’a, en effet, accompli que son
devoir et il serait d’une criante injustice de le poursuivre pour cela. Le médecin qui dénonce
une maladie contagieuse que la loi lui ordonne de signaler aux autorités sanitaires ne peut
pas être poursuivi pour violation du secret professionnel. L’huissier qui fait ouvrir une porte
par un serrurier pour opérer une saisie ordonnée par l’autorité judiciaire ne peut être
poursuivi pour violation de domicile.
On assimile au commandement de la loi la simple permission expresse ou tacite de la loi.
Lorsque l’acte incriminé a été accompli en vertu d’un commandement illégal émanant d’une
autorité légitime, le fonctionnaire est délié de l’obligation d’obéir à un tel supérieur car un tel
ordre est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public.
Le commandement de l’autorité légitime ne constitue pas, à lui seul, le fait justificatif. Il
requiert cumulativement l’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime.
Catalogue des infractions 221
I. Considérations
326
Elis. , 25 juillet 1922, Jur. Kat. I p.296.
327
Elis. ,1 Août 1913, Jur. Congo 1921, p.208.
222
Catalogue des infractions
III. De la répression
328
Haute cour militaire., RP 001/2004, 05 octobre 2004, inédit.
329
C.S.J., RP 2, 10 juin 1972, B.A. 1973 , p. 88 ; RJZ. 1972, p. 135.
Catalogue des infractions 223
I. Eléments constitutifs
330
Le professeur LIKULIA dans son livre « Droit pénal spécial Zairois, tome I» en page 469
définit le détournement de main d’œuvre comme le fait d’utiliser frauduleusement à son
profit ou au profit d’un tiers les services d’engagés mis sous ses ordres.
331
C.S.J. , 10 mai 1978, inédit cité par LIKULIA. , op. cit. ,p. 468.
224
Catalogue des infractions
II. Poursuites
I. Eléments constitutifs
332
C.S.J.,10 mai 1978, inédit.
Catalogue des infractions 225
333
Article 145 du code pénal du Congo belge.
334
Cf. PAND. B.V° Officier public, n°1 et Servais, code pé nal interprété, article 240, n°1.
335
Kinshasa. , 06 août et 07 septembre1973, RJZ 1973, Septembre-décembre n° 3 p.269 et
272.
336
C.S.J., R.P 271, 27 juin 1979, B.A 1984.
226
Catalogue des infractions
b)L’objet de l’infraction.
Pour que l’infraction de détournement des deniers publics soit
constituée, il faut qu’il s’agisse de certains biens, c’est-à-dire d’une nature
donnée, et que ces biens aient été confiés à celui qui les a détournés.
1.La nature des biens détournés
Le texte parle des « deniers ». Le denier est une ancienne monnaie
française d’or ou argent. L’extension progressive en donne le sens large
d’ « espèce monnayée ». Le législateur congolais parle des « deniers publics ou
privés ». Il importe que les deniers qui sont l’objet de l’infraction, soient la
propriété de l’Etat, d’une province, d’un ministère, d’une commune, d’un
territoire, d’un établissement public ou de simples particuliers. Le texte
incrimine celui qui aura détourné des deniers publics ou privés, « des effets en
tenant lieu, des pièces, titres, actes, effets mobiliers »338. Le détournement peut
concerner des choses non appréciables en argent et des choses appréciables en
argent.
2. La détention préalable des biens détournés.
Il faut que les biens aient été remis ou confiés au fonctionnaire ou
agent assimilé, qui les a détournés, et que cette remise ait eu lieu à raison des
fonctions officielles ou de l’emploi dont il était investi. L’article 145 exige que
les biens publics ou privés soient entre les mains du coupable en vertu ou à
raison de sa charge. En matière de détournement des deniers publics par un
fonctionnaire public, la remise peut être opérée uniquement en vertu de la
337 er
J.O.R.Z.,n°5, du 1 mars 1973, p.322.
338
Article 145 du code pénal congolais.
Catalogue des infractions 227
c) La victime de l’infraction
La victime de l’infraction de détournement des deniers publics ou
privés est généralement l’Etat et les collectivités publiques qui sont les
démembrements de l’Etat. La victime peut aussi, dans certains cas, être une
personne morale semi-publique, ou même, à la limite, un particulier.
339
Kinshasa., 30 décembre 1973, R.J.Z., 1974, n°2, p.9 9.
228
Catalogue des infractions
ceux des seconds, mais il protège les biens de ces personnes contre les
agissements malhonnêtes des fonctionnaires publics qui sont appelés à y
représenter les intérêts de l’Etat ou d’une société étatique.
3. Les particuliers
La victime du détournement peut, en effet, être une personne privée,
c’est-à-dire un tiers, un administré, un redevable, un justiciable, une société
privée qui avait confié la chose, le titre, le document ou parfois les fonds, au
fonctionnaire ou à la personne assimilée, mais sans perdre son droit de
propriété sur cette chose.
L’article 145 du code pénal congolais livre II vise les « deniers privés »,
c’est-à-dire les deniers appartenant en propriété à des particuliers, à des
personnes privées, en même temps que les « deniers publics », c’est-à-dire ceux
appartenant à l’Etat ou aux personnes morales de droit public. Il existe de
nombreux cas où ce sont les particuliers qui souffrent des dommages
occasionnés par les actes malhonnêtes des fonctionnaires. Un ouvrier dont le
fonctionnaire chargé de la paie en espèces a détourné le salaire, ou un créancier
saisissant dont le greffier ou l’officier public a détourné les sommes provenant
de la vente aux enchères des biens saisis, ou encore un client qui remet à
l’administration des postes pour le transmettre à un destinataire déterminé, un
pli chargé dont un agent de cette administration détourne le contenu, etc. Le
même détournement peut porter atteinte à la fois à la fortune publique et à la
propriété privée, comme c’est le cas dans le dernier exemple ci – dessus : le
détournement des taxes ou amendes perçues, sans délivrance de reçu, prive
l’Etat de rentrées de fonds et oblige le redevable à opérer de nouveaux
prélèvement sur son patrimoine.
d) L’acte incriminé
1.Notions
L’acte incriminé est le détournement. Le détournement est un élément
matériel qui caractérise l’infraction de détournement de deniers publics. Le
détournement est aussi l’élément matériel d’autres infractions telles que l’abus
de confiance. On entend par détournement l’usage ou la disposition d’objets
ou de deniers qui sont dans les mains ou au pouvoir de l’auteur, à une fin qui
ne leur était pas assignée. Il y a détournement dès que l’objet a été distrait de sa
destination et est sorti de la droite voie340.
2.Consommation de l’élément matériel de détournement
340
Ainsi, il n’y a pas de détournement de derniers publics, quand les sommes prétendues
détournées ont été versées au prévenu à titre de salaire se rapportant à une période de
service actif : cfr KIN, 7 juin 1974, RJZ 1974, n°3, p. 2364 ; novelles, op cit ., n°3357
Catalogue des infractions 229
e) L’intention criminelle
1.Dol spécial et volonté d’appropriation
Il s’agit d’une appropriation injuste ou une rétention injuste. Le
détournement, comme la soustraction, impliquent nécessairement l’idée de
fraude343. Il faut donc la preuve de la décision unilatérale et volontaire
d’appropriation ou de rétention, ou, si l’on veut, la preuve de l’intention
dolosive ou frauduleuse. Ainsi, il a été jugé :
- que le détournement de deniers publics est caractérisé par l’utilisation
privative des deniers contrairement à leur destination, dans la conscience
que cet acte de disposition causait ou pouvait causer préjudice et que le fait
reste punissable même si le prévenu n’avait pas eu l’intention de
s’approprier définitivement les fonds344 ;
- que l’allégation mensongère d’un vol fantaisiste invoqué par celui qui avait
la garde des biens, est révélatrice de l’intention frauduleuse de détournement
commis par une personne chargée d’un service public345.
Pour tomber sous le coup de la loi, le fonctionnaire prévenu de
détournement doit avoir agi avec une intention frauduleuse. Cela signifie qu’il
faut un dol spécial. Celui-ci s’analyse en une volonté d’appropriation, mais peut
aussi, plus spécialement en matière de détournement par fonctionnaire public,
se ramener à une simple volonté d’utilisation momentanée de la chose. En
341
Cf.Novelles n° 3372 ; Nyppels et Servais, op. cit ., T.II, p.94, n°8.
342
Kisangani, 2 mars 1973, R.J.Z., 1974, n°s 1 et 2, P. 48. Voir aussi, cass. Belge, 17
novembre 1952, Pas., 1953, I, 168.
343
cf Novelles, op cit T. III, n°3384 bis ; R Vouin, o p. cit. ,par M.L. Rassat, n° 57
344
Cf Kin., 29 décembre 1966, R.J.C. 1967,2 ,128.
345
Kin., 6 août 1973, R.J.Z, 1973-3-269.
230
Catalogue des infractions
346
Cf lub., 11 décembre 1969, RJC. ; 1970-1-51.
347
C. S.J. , de Kin ; 7 juin 1974, penant, 1975-4-541.
348
Kin, 11 juin 1973, RJZ. ; 1973-3-364.
349
Kin., 12 octobre 1973, R.J.Z., 1973-36277.
350
C.S.J., R.P.A 56, 29 juin 1979, B.A. 1984, p.139.
Catalogue des infractions 231
351
C.S.J., R.P 20/ C.R. ,15 août 1979, R.J.Z 1979, p.56 ; B.A. 1984, p .194.
352
C.S.J., R.P 2O/ C.R ; 15 août 1979 B.A. 1988 p. 194.
353
Qu’adviendrait-il si le prévenu condamné venait à décéder ? Le décès du délinquant
éteint l’action publique, qu’il survienne avant le déclenchement des poursuites ou après
celui-ci, avant la décision définitive. Par contre l’action civile peut être poursuivie contre les
héritiers du de cujus. La mort du condamné est l’issue normale des peines perpétuelles. La
mort met fin à l’exécution des peines temporaires. Cela est conforme au principe de la
personnalité des peines qui s’oppose à ce qu’on étende l’application de la peine aux
héritiers. Par contre, les condamnations civiles (restitutions, dommages-intérêts, frais) ne
constituent pas des sanctions pénales, et peuvent être exécutées contre les héritiers. De
même, dans le cas où la loi prévoit des civilement responsables de l’amende, ces derniers
restent tenus de la payer en cas de décès du condamné. La confiscation spéciale pourra
être exécutée même après la mort du condamné, à condition que le jugement la prononçant
soit coulé en force de chose jugée du vivant du condamné.
232
Catalogue des infractions
L’article 145 bis prévoit que toute personne citée à l’article 145 qui aura
méchamment ou frauduleusement détruit ou supprimé, dissimulé ou caché des
actes, des titres ou tout autre document dont il était dépositaire en sa qualité ou
qui lui avaient été communiqués en raison de sa charge, sera punie d’une
servitude pénale principale de deux à vingt ans.
Au regard et partant de l’article 145 ter, les infractions du code pénal livre II
visées aux articles 79 à 81 (vol), 89 à 94 (banqueroute) 98 à 100 (escroquerie et
tromperie), 101 à 102 (recel et cel frauduleux), 124 à 127 (faux et usage de
faux) seront punies des peines doubles de celles prévues par la loi lorsqu’elles
ont pour but de réaliser ou de dissimuler le détournement. Il faut signaler d’une
part que l’article 145 prévoit une peine des travaux forcés, tandis que son bis
punit d’une servitude pénale principale. D’autre part, le minimum de la
servitude pénale est de un jour alors que celui des travaux forcés est de un an
(art 6 du code de procédure pénale modifié par la loi vantée).
Le détournement se prescrit après 10 ans. La peine de la confiscation
spéciale se prescrit dans le même délai que la peine dont elle est l’accessoire
(art. 31 du CPL Ier).
354
CSJ., 26 août 1980- RP 22/CR, in Dibunda, Op. cit., V° restitutions.
355
CSJ. , 13 avril 1981-RPA 69- in Dibunda, op.cit. ,V° restitution, n° 5,p.213.
Catalogue des infractions 233
Les indispensables éléments qui suivent doivent être réunis pour que soit
établie l’incrimination de détournement des effets militaires ou des effets de
l’Etat.
a)L’acte de l’auteur
L’acte de l’agent est de s’emparer ou d’enrichir le patrimoine d’autrui des
armes et munitions de guerre, des véhicules à l’usage de l’armée ou des services
apparentés, des deniers publics, effets et autres objets à lui remis pour le
service ou à l’occasion du service, appartenant à l’Etat ou à des militaires.
b)L’intention frauduleuse
L’intention frauduleuse est à déduire du fait de se procurer, soit à soi-même,
soit à un tiers, un avantage quelconque au préjudice d’autrui, pendant que l’on
est en fonction. Il a été jugé que la bonne foi de l’agent exclut toute intention
frauduleuse356. Il en a été décidé d’un militaire qui bien qu’en possession
d’armes de guerre, les a simplement gardées chez lui deux jours durant, alors
qu’il lui était loisible, au regard de ses fonctions, d’accéder à tout moment au
magasin d’armement357.
356
CGG, 5 décembre 1978, RJF, Vol. 0002, 1985 ; éd. Audit Gén., Kinshasa 1986, p.106.
357
CGG, 3 mai 1985, idem, p.99.
234
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
b) Il faut qu’une saisie ait été opérée sur les objets détournés.
L’infraction n’existe pas si l’objet n’a pas été placé sous main de justice.
Il nécessite que l’objet ait été détourné. Le détournement consiste dans
l’enlèvement, le déplacement, le transport dans un autre lieu, ou même le
simple recel ou la résistance non motivée et persistante à représenter l’objet. Le
détournement doit être le fait du propriétaire de l’objet ou du gardien. Peu
importe que le créancier saisissant soit une personne physique ou morale, qu’il
soit une personne de droit publique ou privée360. L’infraction existe même si la
saisie n’est pas aux yeux du droit civil valable et régulière361 ou même si elle a
été déclarée ultérieurement nulle en raison d’un vice de procédure ; ceci n’a
aucune incidence sur la culpabilité de l’agent362.
358
Crim., 6 novembre 1956, Bull. 711 ; D.1957, p.5.
359
Cour d’appel Mbuji-Mayi, RPA 1411, 12 octobre 1995, in RAJ 1996, p. 59.
360
Léo.,26 août 1954, R.J.C.B.,1954, p.320.
361
R.J.A.C.,1963, p.46, avec note ; Léo, 18 décembre 1958,R.J.C.B, 1959 ;E.Lamy., « de
l’autononmie du droit pénal » in R.J.C. , 1964, p.5.
362
Léo.,18 décembre 1958, R.J.A.C.1959, p.149 ;V. R.J.A.C. 1961,p.66.
Catalogue des infractions 235
II. Poursuites
363
C.S.J., R.P.A, 12, 3 mars 1972, B.A. 1972 p.26.
364
C.S.J., R.P.A. 12, 3 mars 1972, B.A. 1973 p. 26, R.J.Z 1973 , p. 33.
365
C.S.J., idem.
366
Cour d’appel Mbuji-Mayi, RPA 1411, 12 octobre 1995, in RAJ 1996, p. 59.
236
Catalogue des infractions
a)L’auteur de l’infraction
Pour être consommée, cette incrimination doit avoir pour auteur dans
le cas de l’article 111 du code pénal militaire tout individu, militaire, assimilé ou
civil. Ce dernier doit avoir détourné des objets placés sous la main des
instances militaires ou des instances judiciaires militaires ou encore, il doit s’agir
du saisi constitué gardien des objets placés sous la main des instances militaires
ou des instances judiciaires militaires. Dans le cas de l’article 132 du code pénal
militaire, l’auteur est un officier du Ministère public militaire ou tout membre
de la Commission des Biens saisis, mis sous Séquestre ou Confisqués.
b)Acte incriminé
L’acte incriminé est un acte d’appropriation indue pour soi-même ou
pour un tiers, d’un bien placé sous la main de la justice ou détenu pour besoin
d’enquête, saisi mis sous séquestre, confisqué et dont on a la garde, la
surveillance ou la gestion ; au sens de l’article 132 du code pénal militaire, l’acte
incriminé consiste en l’utilisation, la jouissance illégitime d’un bien par un
officier du Ministère public, par un membre de la commission des biens saisis
comme s’il en était le véritable propriétaire. Il est jugé que cette infraction
suppose, pour sa réalisation, un acte matériel de détournement, une chose
saisie, mise sous séquestre ou confisquée. Le détournement ne peut être puni
sur base de l’article 11 du code pénal militaire que s’il porte sur un objet frappé
de la mesure de saisie, de la mise sous séquestre ou de la confiscation367.
367
Haute cour militaire., RP 001/2004 du 05 octobre 2004, inédit.
Catalogue des infractions 237
La saisie est soit une voie d’exécution, soit une mesure de précaution.
Le séquestre est un dépôt sous la conservation de l’Etat ou d’un tiers désigné à
cet effet, des biens appartenant à un individu poursuivi devant la justice
militaire et qui, sans motif d’excuse légitime, y fait défaut jusqu’à la décision du
juge du fond, et ce pour des infractions limitativement énumérées par la loi.
Les infractions concernées sont la trahison, la désertion à l’étranger, le
détournement des deniers publics ou des effets appartenant à l’Etat,
l’insoumission 368 .
d)L’élément moral
L’élément intentionnel se réalise lorsque l’agent a consommé son acte
délictueux tout en sachant que l’objet concerné était sous la main de la justice.
182. Diffamation
Voir imputations dommageables, n° 300.
184. Discrimination
« Toute distinction » opérée entre les militaires ou assimilés, en raison de leur
origine, de leur appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une tribu, une
région ou une province, à une religion, à une association de fait ou de droit de
368
Laurent MUTATA LUABA. , op. cit. ,p.362.
238
Catalogue des infractions
quelque nature que ce soit constitue une discrimination (article 196 du code
pénal militaire).
369
La discrimination est une incrimination innovante issue de la récente réforme du code
pénal militaire. Elle est un fléau avilissant généralisé et affectant quasiment tous les
secteurs de la vie sociale. Aucun secteur n’est épargné : privé ou public, civil ou militaire.
L’accès à l’emploi et l’exercice effectif de la profession ne sont pas à l’abri de ce mal.
370
Article 198 du code pénal militaire.
Catalogue des infractions 239
a)L’élément légal.
L’article 74 du code pénal militaire définit et réprime l’infraction de
dissipation des effets militaires ou des effets de l’Etat.
b)Les éléments matériels
Les éléments matériels sont faits d’actes de dissipation et d’objets
susceptibles de dissipation. Dissiper c’est dilapider, gaspiller, prendre en
dépenses, en prodigalités, utiliser abusivement, sans justification, ou à
l’occasion du service des effets appartenant à des militaires, à l‘armée ou à
l’Etat.
I. Eléments constitutifs
a)Elément légal
Divers textes de lois répriment la distillerie clandestine. D’un côté
l’ordonnance-loi n°395/Fine du 26 décembre 1942 modifiée par l’ordonnance-
loi n°30 de décembre 1958. De l’autre, l’ordonnance législative n°33/608 du 10
décembre 1959 et l’ordonnance -loi n°68/010 du 06 janvier 1968371 qui a
remplacé les textes antérieurs qu’elle a abrogés. Ce sont là les textes légaux
relatifs à l’infraction de distillerie clandestine.
b) Elément matériel.
La fabrication ou la préparation à des fins commerciales, les débits, la
cession et toutes opérations relatives aux alcools et aux boissons alcooliques
doivent être couverts par une licence ( art. 34). A cet effet, il est interdit le débit
et la consommation sur l’étendue de la République de toutes boissons
alcooliques titrant de plus de 45° (art.36°). C’est sous l’effet de cet article que la
371
Les codes Larcier République Démocratique du Congo, Edition 2003, Larcier-Afrique
Editions, tome V, p.298.
Catalogue des infractions 241
I. Eléments constitutifs
372
Les codes Larcier, République Démocratique du Congo, tome II, Droit pénal, Larcier-
Afrique Editions 2003, p. 27 ; Code pénal congolais, décret du 30 janvier 1940 tel que
modifié jusqu’au 31 décembre 2009 et ses dispositions complémentaires, 2010, p.179.
373
B.A.C. ,1918, p. 94; Les codes Larcier, République Démocratique du Congo, tome II,
Droit pénal, Larcier-Afrique Editions 2003, p. 27.
Catalogue des infractions 243
374
Ière inst. App. Elis .28 mars 1933, Rev. Jur. 1933. p.206.
375
B.A.C., P.94.
376
Codes Larcier, République Démocratique du Congo, tome VI-I, Droit public et
administratif, volume 1. Droit public, Larcier-Afrique Editions 2003, p. 234.
244
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
Aux termes de l’article 150 du code pénal militaire seront punis ceux
qui divulguent, diffusent, publient ou reproduisent des informations secrètes,
ceux qui en fournissent les moyens. La peine prévue est de vingt ans de
servitude pénale.
En temps de guerre ou dans une région où l’état de siège ou d’urgence
est proclamé ou à l’occasion d’une opération de police tendant au maintien ou
au rétablissement de l’ordre public, les coupables sont punis de cinq à vingt ans
de servitude pénale. Si les auteurs sont fonctionnaires ou agents de l’autorité ils
subiront un à cinq ans de travaux forcés.
377
Ces actes sont répris in extenso par les articles 150 du code pénal militaire et 11 du
décret-loi du 26 janvier 2002 portant organisation générale de la défense et des forces
armées congolaises.
Catalogue des infractions 245
193. Drogues
I. Considérations générales
378
NDELO di PHANZU (Toxicologue et Directeur de laboratoire de toxicologie de
l’Université de Kinshasa). , « La police et la lutte anti-drogue » in, Police et reconstruction
nationale, publications de l’Institut pour la Démocratie et le Leadership Politique, Kinshasa,
1999, p 95.
379
YAMARELLOS (E) KELLENS (G). , Le crime et la criminologie, Marabout université,
197O, p. 234.
380
Sont appelés colombiens au Stade des Martyrs de Kinshasa, les fumeurs de chanvre et
autres drogués. Ils se sont adjugés dans cette installation sportive des places et aires
réservées. Matonge est un quartier populaire de la Commune de Kalamu à Kinshasa,
capitale de la R.D.C.
246
Catalogue des infractions
II. Poursuites
L’organisation des Nations Unies a mis sur pied depuis 1961 une
législation internationale sur les stupéfiants. Cette législation est régulièrement
complétée et modifiée. Quant à notre pays, les lois de mise en œuvre n’ont
toujours pas été édictées. La législation et la réglementation existantes au
Congo-Kinshasa ne sont pas à la mesure des attentes et de l’ampleur du
phénomène dévastateur qu’est la drogue. Les textes qui existent sont lacunaires
et inadaptés.
IV. Propositions
Catalogue des infractions 247
381 ère
1 instance Bas-congo, 18 janvier 1907, Jur. Etat, II, p.163.
382
Cour d’Appel de Versailles 16 juin 2003, RSC, 2005,p.87, obs.Veron.
383
Cour d’Appel de Paris 4 mai 2004 et 11 mai 2004, Dr. Pen.2004, comm.
n°158,obs.veron.
384 ère
Boma, 09 octobre 1900, Jur. Etat, I, p.103 ; 1 Instance Léo., 23 janvier 1909, Jur. Etat,
II, p. 299.
248
Catalogue des infractions
Les droits intellectuels font partie des droits patrimoniaux. Ils donnent à
son titulaire une double maîtrise : un droit de nature économique, à une part du
profit procuré par la reproduction de son œuvre, un droit moral à ce que sa
pensée ne soit pas communiquée d’une manière qui la défigure389 .
385
Boma, 18 février , Jur. Etat, II, p.218.
386
Boma.18 septembre 1914, Jur. Col.1925, p.161.
387
Boma, 26 octobre 1901, Jur. Etat, I, P.251.
388
Boma, 26 octobre 1901, idem.
389
LUKOMBE NGHENDA. , op. cit . , p. 609.
390
J.O. , 1982, n°2 p.9 et J.O. , 1986, p.31.
Catalogue des infractions 249
196. Duel
I. Eléments constitutifs
391
Bruxelles 26/10/1913, Jur Col 1924 p.189 ; Boma, 26 octobre 1913, Jur. Col. 1924,
er
p.189 ; 1 inst. Coq 7 décembre 1950, J.T.O.M. 1952, p.21.
392
Ces dispositions légales sont respectivement relatives aux infractions de coups et
blessures volontaires et de coups et blessures aggravées. Pour l’article 46, les peines sont
d’une part de huit jours à six mois de servitude pénale et d’une amende. D’autre part, en cas
de préméditation, la servitude pénale est d’un mois à deux ans en plus d’une amende. Les
peines de l’article 47 sont la servitude pénale de deux à cinq ans et l’amende.
250
Catalogue des infractions
II. Poursuites
199. Elections
Les opérations électorales comprennent des dispositions pénales créant
des infractions spécifiques. Sous d’autres cieux, ces infractions sont appelées
« délits électoraux ». Ce sont des infractions relatives à l’exercice des droits
civiques. En République Démocratique du Congo, il y a deux catégories
d’infractions électorales. Les infractions susceptibles d’une part d’être
commises lors de la préparation des élections, de l’identification et de
l’enrôlement des seuls congolais en âge (18 ans au moins) de prendre part aux
scrutins, et d’autre part à l’occasion de l’organisation des élections
présidentielles, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales.
Deux lois définissent et répriment les délits électoraux. Il s’agit d’un côté
de la loi n°04/028 du 24 décembre 2004 portant identification et enrôlement
des électeurs en République Démocratique du Congo393 et de l’autre de la loi
n°06/006 du 09 mars 2006 portant organisation des élections présidentielles,
législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales. Ces textes légaux
définissent certains faits, les qualifient d’infractionnels, en fixent et en
déterminent les sanctions. Par contre, la régularité et la sincérité de l’élection
sont garanties par un contrôle juridictionnel exercé suivant le cas, par la cour
suprême de justice, les cours d’appel, les tribunaux de grande instance, les
tribunaux de paix, suivant une procédure gratuite et simplifiée. Il revient au
juge de statuer sur les contestations concernant la recevabilité des candidatures,
les incompatibilités, la campagne électorale, le déroulement des opérations de
vote, de dépouillement et sur le recours mettant en cause le résultat de
l’élection ; bref le contentieux électoral.
Les dispositions pénales, elles, comprennent les infractions en matière de
préparation (identification et enrôlement des électeurs) des élections et les
infractions électorales proprement dites.
393
Journal officiel de la République Démocratique du Congo, 45ème année, numéro spécial,
Kinshasa, 27 décembre 2004.
252
Catalogue des infractions
L’observateur concerné est celui non mandaté par une organisation nationale
ou internationale, ou non agrée par la commission électorale indépendante et
non porteur de sa carte d’accréditation. La sanction est d’une servitude pénale
de 30 jours maximum et/ou une amende n’excédant pas 50.000 Francs
Congolais constants.
31) Pose des actes en vue de fausser les résultats du vote (art.89
al.2)
Voir Facilitation de la fraude au cours de déroulement des opérations
électorales, n° 199, 17).
I. Eléments constitutifs
395
Idem
396
Kisangani. , 25 septembre 1969, RJC 1969, 45éme année, p.304.
Catalogue des infractions 261
d)L’élément moral
L’intention frauduleuse n’est pas requise. La simple faute ou la négligence
est suffisante. A titre illustratif, l’erreur commise par le tireur du chèque dans la
tenue de son compte. L’inexistence de la provision ; la provision existe mais ne
permet pas de désintéresser totalement le créancier ; la provision existe et elle
est suffisante mais le payement ne peut s’effectuer à cause d’une saisie arrêt qui
a été pratiquée.
Le délai légal de présentation du chèque varie selon qu’il est émis et
payable en République Démocratique du Congo ou émis à l’étranger et payable
en République Démocratique du Congo. Dans le premier cas, le délai est de
soixante jours. Dans le second cas, le délai est de cent vingt jours. En dehors
de ce délai le bénéficiaire n’exigera plus la provision et conséquemment
l’infraction est inexistante.
Le chèque contient des énonciations obligatoires : la signature, la date, le
lieu de paiement, d’émission et la mention chèque. L’établissement d’un chèque
ne contenant pas ces énonciations est constitutif d’infraction. Un chèque
postdaté, antidaté ou non daté, doit avoir de la provision. Ne constitue pas,
comme dit ci-haut, un chèque, le titre ne comportant pas de date ; en
conséquence pareil titre non provisionné n’est pas constitutif de l’infraction. Il
y a émission de chèque à partir de sa mise en circulation.
II. Poursuites
397
L’ordonnance-loi n°68- 195 du 03 mai 1968 sur les chèques sans provision est une
excuse atténuante en faveur du tireur de chèque qui aura désintéressé le porteur avant que
262
Catalogue des infractions
I. Régime répressif
a)L’élément matériel.
L’élément matériel est fait de l’emploi abusif de tous les biens susceptibles
de protection légale. L’emploi est abusif lorsque l’utilisation ou la gestion du
bien s’effectue dans l’inobservance des normes techniques ou administratives
connues par les lois et règlements de chacun des biens visés. Les biens ou
objets d’emploi abusif peuvent être des biens meubles ou des biens
immeubles : édifice, ouvrage, navire, aéronef, véhicule, approvisionnements,
ornement, matériel ou toute installation à l’usage des Forces Armées ou
concourant à la défense.
b)Les éléments intellectuels
le tribunal ait été saisi. Dans ce cas, « la peine applicable ne dépassera pas le quart du
maximum de la servitude pénale et de l’amende prévues… (art.3)
Catalogue des infractions 263
398
Les codes Larcier, République Démocratique du Congo, tome III, volume I, Droit
commercial, Larcier- Afrique Editions 2003, p. 10.
399
B.O. , 1912, p.526 et Les codes larcier, République Démocratique du Congo, tome II,
Droit pénal, Larcier- Afrique Editions 2003, p. 25.
264
Catalogue des infractions
I. Conditions préalables
Pour que cette infraction soit consommée il faut, outre les éléments
constitutifs proprement dits, l’existence d’un affrontement armé et la
disponibilité de prisonniers de guerre ou de personnes civiles. Les prisonniers
de guerre ainsi que les personnes civiles ne doivent jamais constituer des
objectifs militaires. Le droit international humanitaire protège spécialement les
prisonniers de guerre et les personnes civiles contre les atteintes portées à leur
vie, à leur santé, à leur bien-être physique et mental. Ils sont également
protégés contre les traitements cruels tels que la torture, les mutilations ou
toutes formes de peine corporelle, contre les punitions collectives. L’emploi de
prisonniers de guerre figure parmi les actes constitutifs de crimes de guerre tels
que conçus par l’article 173 du code pénal militaire.
Pour être établie à suffisance de droit, l’incrimination d’emploi des
prisonniers de guerre requiert l’acte prohibé et l’élément moral ou intellectuel.
a)L’acte prohibé
L’acte prohibé consiste à faire des prisonniers de guerre ou des
personnes civiles des objectifs militaires.
Catalogue des infractions 265
b)L’élément moral
L’élément moral dans le chef de son auteur procède de l’intention de
l’agent d’adopter un comportement répréhensible et d’en rechercher les
conséquences. Il procède aussi de la connaissance de la vulnérabilité des
prisonniers de guerre, des personnes civiles concernées et de leur utilisation à
des fins inhumaines indépendamment des effets.
III. Répression
L’agent reconnu coupable de l’emploi de prisonniers de guerre ou de
personnes civiles à des fins de protection contre l’ennemi peut encourir la
peine de servitude pénale principale de quinze à vingt ans. Il peut encourir
également la peine capitale.
206. Empoisonnement
I. Eléments constitutifs
a) L’élément légal
L’élément légal se trouve repris à l’article 49 du code pénal livre II.
L’empoisonnement constitue une infraction très actuelle pouvant connaître des
formes modernes très difficiles à identifier(les maladies, les traitements, les
irradiations).
b) L’élément matériel
L’élément matériel se définit par l’emploi ou l’administration des
substances de nature à entraîner la mort. Par « emploi ou administration », il
400
Jean LESUEUR. , op.cit., p.20
266
Catalogue des infractions
faut entendre notamment le fait de faire absorber, faire manger, injecter, faire
consommer ou faire boire des substances mortelles401. Attentat à la vie
d’autrui, l’empoisonnement est constitué par le fait de remettre à la victime,
pour qu’elle absorbe, des médicaments dont on sait que l’association peut
provoquer la mort (Crim., 1993)402 .
Avant la création d’une infraction spécifique et sous réserve de
l’élément tenant à l’intention coupable, le fait d’avoir des relations sexuelles
alors que l’on se savait porteur du virus du sida constituait l’infraction
d’empoisonnement ; la jurisprudence française en son dernier état préfère la
qualification d’administration de substances nuisibles403 . Sous cette même
réserve de l’intention coupable, se pose le problème de la transfusion de sang
contaminé, ou de l’administration d’hormones de croissance.
Il y a empoisonnement chaque fois qu’il y a réunion des faits ci-dessous :
1. Administration à une autre personne d’une substance mortelle. Il faut
exclure l’administration d’un poison à soi-même qui est une modalité du
suicide, non punissable en droit congolais.
2. Une substance mortelle. Il doit s’agir d’une substance reconnue comme
poison et capable de donner la mort : substance toxique ou vénéneuse, des
bacilles ou des virus.
Il faut recourir à l’expert pour la déterminer, à moins que la substance ne
soit reconnue telle dans le lieu de l’infraction. Le juge devra acquitter le
prévenu s’il y a impossibilité matérielle de prouver le caractère toxique de la
substance prétendue administrée pour donner la mort404 .
a) Le poison employé peut tuer à petit feu, lentement, ou bien rapidement. La
quantité employée peut être insuffisante ; l’infraction existe s’il s’agit d’une
substance capable de provoquer la mort.
b) Il suffit que le poison soit mis à la disposition de la victime. Si pour une
raison indépendante de la volonté de l’auteur, la victime n’absorbe pas le
poison, l’agent sera tout de même puni au même titre que l’infraction
consommée (tentative punissable). En cas d’administration d’un poison par
erreur, par maladresse, imprudence, négligence, inattention ou distraction
ou dans l’intention de guérir ou encore par inobservation des règlements, il
n’ya pas infraction d’empoisonnement.
401
Cour d’appel de Kisangani, 20 juillet 1974, in R.J.Z. 1977, p. 74 cité par LIKULIA
BOLONGO., op. cit.,P. 80.
402
Mémento de droit pénal spécial, 14 ème édition 2008, Dalloz, p. 18.
403
Tel n’est pas le cas en droit pénal spécial congolais où le législateur a érigé en infractions
autonomes la contamination d’un enfant du vih/ sida et la transmission délibérée du vih/
sida. Il a sanctionné la transmission délibérée du vih/ sida) sur base de l’article 45 de la loi
n° 08/011 du 4 juillet 2008 portant protection des droits des personnes vivant avec le
vih/sida et des personnes affectées. La peine est de cinq à six ans de servitude pénale
principale et d’une amende de cinq cents mille francs congolais.
404
Kisangani, 26 octobre .1972, RJZ, Janvier-août 1974 n°s 1, 2, p. 45.
Catalogue des infractions 267
c)L’élément moral
L’empoisonnement comporte indiscutablement un élément moral.
L’existence de la volonté de donner la mort ou la connaissance que la
substance administrée peut donner la mort constitue l’élément moral. Il ne doit
donc pas s’agir d’un acte posé par erreur ou imprudence, inattention,
maladresse ou négligence. Il ne doit pas non plus s’agir d’administrer
volontairement de substances nuisibles à la santé mais non mortelles. Il
appartient au ministère public de prouver cet élément moral. L’élément moral
est déduite des circonstances matérielles de la perpétration de l’infraction
notamment de la quantité ou la qualité des substances mortelles406.
1. Le poison administré doit produire son effet à savoir la mort de la victime.
Ce résultat (la mort) est un élément constitutif de l’infraction
d’empoisonnement.
2. Si le résultat ne s’est pas produit par intervention d’un tiers ou de l’agent lui-
même qui administre un contrepoison, un antidote, il sera poursuivi pour
tentative d’empoisonnement.
3. La victime doit être une personne humaine née et vivante. En effet,
administrer un poison à un animal domestique tombe sous le coup de
l’article 114 du code pénal (destruction d’animaux domestiques).
II. Poursuites
405
Tribunal de grande instance d’Uvira, siège secondaire de Kavumu, RP 1818/Flag, 23
juillet 2004, inédit.
406
LIKULIA BOLONGO., op cit . ,p. 80.
268
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
Pour être donc établie, outre ces préalables, l’infraction requiert des
éléments matériels et l’élément moral car une décision judiciaire qui ne
Catalogue des infractions 269
constate pas l’existence des divers éléments de l’infraction retenue par elle,
n’est pas motivée407.
407
C.S.J., RP 171, 18 mars 1975, Bull. Arrêt, 1976, p. 98.
408
Cette infraction est issue du code pénal militaire comme on peut le constater. Voir Les
codes larcier, République Démocratique du Congo, tome II, Droit pénal, Larcier- Afrique
Editions 2003, p. 57.
270
Catalogue des infractions
209. Enlèvement
Voir arrestation arbitraire , n° 34.
I. Eléments constitutifs
a)Eléments matériels
1. L’enlèvement, le déplacement, la destruction ou la détérioration d’une
borne;
2. Il doit s’agir d’une borne délimitant des terres légalement occupées par soi-
même ou par autrui : généralement, c’est un bornage cadastral, amiable,
judiciaire, entre parties et indiquant la limite entre les propriétés410 . Les
bornes peuvent consister en pierre, en arbres, en piquets, en piliers etc., peu
importe.
3. La borne enlevée ou détruite doit l’être sans autorisation de l’autorité
compétente (un géomètre du cadastre ou un géomètre arpenteur agrée par
exemple). Peu importe que l’auteur soit ou non propriétaire des terres
légalement occupées. L’agent qui enlève sans autorisation les bornes qui
délimitent les terres qu’il occupe légalement commet l’infraction d’enlèvement
des bornes.
b)Elément moral
L’élément moral est constitué de la volonté de causer préjudice ou
l’intention coupable. Il suffit que l’on agisse sans autorisation valable, et que
soit établi que l’auteur savait que la borne enlevée délimitait légalement des
terres occupées. La dégradation implique nécessairement de la part de l’agent la
volonté de causer un préjudice à autrui.Peu importe l’importance du dommage.
Peu importe aussi le mobile invoqué par l’agent. Ainsi, il a été jugé que
celui qui enlève ou déplace les bornes en prétendant qu’il a un droit de passage
409
Lorsque l’infraction porte sur des signaux géodésiques ou topographiques, les éléments
décrits ici s’appliquent. La différence réside en ce qu’en cas de détérioration l’intention
méchante n’est plus requise pour que l’infraction soit constituée.
410
D’après Mineur, c’est tout signe extérieur planté pour indiquer la limite, op. cit. , p. 270.
Catalogue des infractions 271
commet l’infraction. Il en est de même de celui qui dégrade les bornes des
terres occupées par un voisin à la suite d’une dispute résultant d’un conflit de
parcelles. Tel est aussi le cas de celui qui agit par vengeance. Par contre
dégrader des bornes par simple négligeance ou par défaut de précaution n’est
pas constitutif d’infraction d’enlèvement ou de déplacement des bornes.
II. Poursuites
Si tous les éléments constitutifs de l’infraction de déplacement des
bornes sont réunis, l’auteur sera poursuivi et sanctionné sur base de l’article
115 du code pénal Livre II. La sanction est une servitude pénale de cinq ans au
maximum et une amende ou une de ces peines seulement. Le tribunal de paix
matériellement compétent est susceptible d’infliger ces peines. Il peut les
assortir des circonstances atténuantes selon le cas411. En cas d’autorisation
d’enlèvement des bornes, il n’y a pas infraction. La question demeure celle de
savoir qui doit délivrer cette autorisation. Il semble que c’est le géomètre du
cadastre sur invitation du conservateur des titres fonciers ou un géomètre agrée
qui est habilité à délivrer l’autorisation.
L’action publique de l’enlèvement de borne se prescrit après trois ans. La
peine infligée à l’enleveur des bornes ne sera plus appliquée au délai double de
la condamnation. Toutefois ce délai ne sera pas inférieur à deux ans.
411
Les circonstances atténuantes sont facultatives et laissées à l’appréciation souveraine du
juge (CSJ.,RP 83, 8 août 1974, Bull. Arrêt 1975, p. 30). Le tribunal peut retenir l’aveu
spontané du prévenu et le fait de l’absence d’antécédent judiciaire. La jurisprudence pose à
cet égard principe que « … dans l’application de la peine, des larges circonstances
atténuantes existent, telles que l’absence d’antécedent connu, la bonne foi manifestée par
la franchise de démarches… »(CSJ.,RP 2, 17, C.R.05 avril 1978, Bull. Arrêt 1979, p.57).
272
Catalogue des infractions
Pour exister, l’infraction d’enrôlement non autorisé des militaires exige des
éléments constitutifs matériel et moral.
a)L’acte matériel de l’enrôlement ou de l’engagement
Usuellement, enrôler , c’est inscrire sur les rôles de l’armée.Faire entrer dans
un groupe. L’acte matériel d’enrôlement d’un militaire est l’incorporation,
l’insertion ou l’intégration d’un militaire.
b)La qualité des personnes enrôlées
Les personnes enrôlées doivent être des militaires ou assimilées .
C)L’élément moral
L’intention criminelle de l’agent doit être prouvée. Il doit s’agir d’incorporer,
d’insérer ou d’intégrer un ou des militaires dans un mouvement dont les
activités sont dirigées contre l’ordre institutionnel en place. Le mouvement a
pour but de porter atteinte à la sûreté de l’Etat ou à la tranquillité publique.
II.Régime répressif
a)Peines prévues
La peine est prévue par l’article 198 du code pénal livre II : « seront
punis d’une servitude pénale de cinq à vingt ans ceux qui auront levé ou fait
lever des troupes armées, engagé ou enrôlé, fait engager ou enrôler des soldats,
ou leur auront fourni des armes ou munitions , sans ordre ni autorisation du
gouvernement ».
b)Cas particulier de l’enrolement par l’ennemi
L’article 190 du code pénal militaire sanctionne tout enrôlement par
l’ennemi ou ses agents. La sanction est la peine capitale. Cet enrôlement est
fait pendant l’existence d’une situation exceptionnelle et d’un ennemi.
L’objectif est d’intégrer les rangs de l’ennemi au détriment des forces ou
services loyalistes et par voie de conséquence au détriment de toute la nation
entière.
412
Voir Les codes larcier, République Démocratique du Congo, tome II, Droit pénal,
Larcier- Afrique Editions 2003, p. 21.
Catalogue des infractions 273
I. Eléments constitutifs
L’infraction suppose que le coupable exerce des voies de fait , des menaces ou
des violences en sachant qu’il s’oppose à l’éxécution de travaux publics. Mais, il
a été jugé que les actes répréhensibles imputés au prévenu ne sauraient être
légitimés par l’irrégularité, alléguée ou réelle, des procédures ayant abouti à la
réalisation des travaux413
413
Crim.,30 avril 1974,Bull. n°155.
Catalogue des infractions 275
II. Poursuites
a)Légalité
Le texte de loi est le code pénal livre II en ses articles 141 et 142. Ces
dispositions légales sanctionnent l’auteur des entraves de huit jours à trois
mois de servitude pénale principale et d’une amende ou de l’une des peines
seulement. La peine est appliquée à condition que l’entrave soit accompagnée
des voies de fait ou menaces. En cas d’attroupement ou violences, la peine est
de trois mois à deux ans de servitude pénale et d’amende ou de l’une de ces
peines uniquement.
b)Tribunal et prescription de l’action publique
Les faits d’entraves à l’exécution des travaux publics seront portés
devant le tribunal de paix. L’action publique de l’infraction d’entraves à
l’exécution des travaux publics sera acquise après trois ans. La peine se prescrit
à tout au moins deux ans ou au délai double de la condamnation.
c)L’élément moral
L’infraction d’entreprise de démoralisation de l’armée est intentionnelle. Il
faut une intention coupable de la part de l’auteur se définissant par une
participation voulue et consciente de sa part à l’entreprise et à sa mise en
œuvre.
414
Cette incrimination diffère de l’infraction de l’article 59 du code pénél militaire, le
désarmement ou démoralisation de la troupe. Cette infraction elle, consiste pour le militaire
ou assimilé, pendant les circonstances exceptionnelles de désarmer ou de démoraliser la
troupe en répandant la peur ou en causant la panique, le désordre et la confusion.
Catalogue des infractions 277
II.Pénalités
I. Eléments constitutifs
415
Les articles 57 à 60 du code pénal distinguent les épreuves superstitieuses simples des
épreuves superstitieuses accompagnées de circonstances aggravantes.Ce qui caractérise
les épreuves superstitieuses aggravées, c’est la réalisation d’une des conséquences
prévues par la loi, à savoir une maldie, une incapacité de travail personnel, la perte de
l’usage absolu d’un organe, une mutilation grave ou la mort.
278
Catalogue des infractions
Les pratiques dont question sont directement exercées sur une personne
humaine. Le mal physique infligé à la personne humaine peut être de nature
très diverse. On peut lui avoir administré du poison, du chamvre à fumer, des
brulures ou des coups etc..
Les pratiques constitutives d’épreuves superstitieuses causent un mal
physique. Elles ont un résultat dommageable sur la personne de la victime. Le
dégré du mal infligé importe peu.
b)L’élément moral
On déduit des effets produits par ces épreuves qu’une personne est
responsable ou non d’un évènement (décès, maladie, malheur, accident etc.) ou
on en déduit une autre conclusion. L’épreuve physique est infligée dans le but
de tirer des conclusions de son résultat : connaître la cachette du produit d’un
vol, le sort d’un disparu, prouver la culpabilité ou l’innocence de quelqu’un etc.
Le consentement de la victime importe peu. Il n’enlève pas le caractère
infractionnel de l’épreuve. Tombe également sous le coup de l’infraction
d’épreuves superstitieuses ou pratiques barbares, le fait par exemple de traiter
publiquement des personnes de sorcières et de faire naître ainsi chez le chef du
village, la résolution de réclamer ou d’ordonner une épreuve superstitieuse416 .
De même a été jugé comme coauteur de l’infraction d’épreuve superstitieuse
« l’indigène qui a accusé un autre de sortilège et l’a défié de boire le poison
d’ordalie417 ».
II.Circonstances aggravantes
Le législateur distingue les épreuves superstitieuses simples des
épreuves superstitieuses aggravées. Les premières n’occasionnent pas de
conséquence grave. Les secondes réalisent une conséquence grave telle que la
maladie, une incapacité de travail, la perte de l’usage absolu d’un organe ou une
mutilation grave. L’épreuve peut avoir causé la mort de la personne qui y était
soumise.
III. Poursuites
416 ère
1 Inst. App. Kasaï, 27.1.1951, RPA .1669.
417 ère
1 Inst. Buta ,18.1.1930, RJCB, 1930, p. 217.
Catalogue des infractions 279
mort. Les articles 58 et 60 du code pénal livre II règlent essentiellement les cas
de la participation criminelle en matière d’épreuves superstitieuses et de
pratiques barbares.
L’article 58 dispose : « Sont auteurs ou complices de l’épreuve
superstitieuse visée à l’article 57 ceux qui y ont participé selon les modes
prévus aux articles 21 et 22 du livre 1er du code pénal ». L’article 60 renchérit :
« Sont considérés comme ayant participé à l’épreuve superstitieuse non
constitutive d’infraction visée à l’article 59 ceux qui y ont prêté leur concours
selon les modes prévus aux articles 21 et 22 du livre 1er du code pénal et ceux
qui, de quelque façon que ce soit, ont à dessein fait naître la résolution de
réclamer, d’ordonner ou de pratiquer l’épreuve ». Les épreuves superstitieuses
simples sont de la compétence du tribunal de paix. Les épreuves superstitieuses
aggravées sont de la compétence du tribunal de grande instance. Les premières
se prescrivent après trois ans. Les secondes se prescrivent après dix ans (action
publique). Lorsque la peine est capitale ; elle est alors imprescriptible.
228. Esclavage
L’esclavage défini comme asservissement, oppression, servitude est une
négation de la personnalité de celui qui en est l’objet418 . On peut autrement
définir l’esclavage comme le fait de considérer un être humain comme une
chose sur laquelle on a une puissance absolue et dont on peut disposer. Nos
différentes constitutions ont toujours prohibé l’esclavage car celui-ci est une
pratique avilissante. L’une des constitutions en son article 18 al 2 prescrivait
que nul ne peut être tenu en esclavage, servitude ou dans une condition
analogue 419 .
I Eléments constitutifs
418
Général LIKULIA BOLONGO. , op.cit, p.182
419
Constitution de la transition issue de l’Accord global et inclusif sur la transition en
e
République Démocratique du Congo, J.O 44 année, Numéro Spécial 05 avril 2003.
280
Catalogue des infractions
doit s’agir des personnes placées sous la garde du vendeur et sur lesquelles il
exerce une autorité légale420 .
b)L’élément moral
Pour être établie comme infraction d’esclavage, il faut l’intention coupable.
Elle est requise. Dans le chef de celui qui a enlevé, arrêté, détenu ou fait
enlever, arrêter ou détenir une personne pour la vendre comme esclave, il faut
trouver l’intention d’agir sciemment. Par exemple, le fait que l’auteur a agi en
connaissance de cause. Le mobile, l’erreur sur la personne et le consentement
de la victime importent peu. Il convient de relever que le motif de la vente, le
consentement et l’erreur sur la personne n’ont pas d’influence sur la
qualification à retenir.
420
Elis., 23 décembre1913,Jur.Col. 1924. p. 180 ; Elis, 26 mai 1914, Jur. Col.1925 p .29.
421
Article 16 point 3 de la constitution du 18 février 2006.
Catalogue des infractions 281
est une nouvelle forme de violences sexuelles. Comme telle, elle est créée par la
loi n°06/018 du 20 juillet 2006. L’esclavage sexuel est le fait d’exercer l’un ou
l’ensemble des pouvoirs associés au droit de propriété sur une personne. Il
peut s’agir notamment de détenir, d’imposer une privation similaire de liberté,
d’acheter, vendre, prêter, troquer une personne pour des fins sexuelles et de la
contraindre à accomplir un ou plusieurs actes de nature sexuelle.
L’esclavage sexuel est une pratique courante des envahisseurs dans la
partie orientale de la république. Des rebelles font irruption dans les villages et
emportent femmes et filles qu’ils soumettent à l’esclavage sexuel dans leur
rétranchement en forêt.
I.Eléments constitutifs de l’infraction
422
Vu la nature complexe de ce crime, il est entendu que sa commission pourrait impliquer
plusieurs auteurs ayant une intention criminelle commune.
282
Catalogue des infractions
des victimes. Il a adapté la peine à la gravité du crime. Il ne fait pas place à des
peines dérisoires. Les règles relatives à la répression sont développées sous
l’intitulé « violences sexuelles ».
b) Quelles sont les pénalités prévues ?
L’article 174 e du code pénal tel que modifié par le texte de loi de 2006
réprime l’esclavage sexuel. Le coupable peut encourir une servitude pénale de
cinq à vingt ans et une amende de deux cent mille francs congolais constants.
La loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 organise l’esclavage sexuel d’un enfant423.
Il est puni d’ une peine allant de dix à vingt ans de servitude pénale principale
et une amende de huit cent mille à un million de francs congolais424.
Lorsque le père ou la mère ou le parâtre ou la marâtre ou toute
personne exerçant l’autorité parentale sur l’enfant est condamné pour cette
infraction, le juge a la faculté de le déchoir de l’autorité parentale (article 184).
c)Quel est le tribunal compétent et comment l’infraction se prescrit-t-
elle ?
L’infraction d’esclavage sexuel est de la compétence du tribunal de
grande instance, une juridiction nationale. Mais faut-il encore qu’elle ne soit pas
constitutive d’un crime contre l’humanité ou d’un crime de génocide pour ne
pas échapper à la juridiction nationale de droit commun. La prescription de
cette infraction est décennale.
L’infraction d’esclavage sexuel est imprescriptible lorsqu’elle constitue un
élément des crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou de crime de
génocide425.
231. Escroquerie
Selon le dictionnaire Littré, « escroquer » signifie « soustraire par
fourberie ». Cette définition rapproche considérablement cette infraction du
vol. Les formes d’escroquerie sont très diversifiées. L’escroc ne soustrait pas,
ne déplace pas, ne ravit pas la chose d’autrui. Il est rusé et réussit à obtenir, à se
faire remettre la chose par des moyens intellectuels. On peut donc définir
l’escroquerie comme le fait de se faire remettre, volontairement, par le
423
Article 183 de la loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.
424
Notons également qu’à l’article 183 de la loi du 10 janvier 2009 évoquée , il est prévu une
peine allant de dix à vingt ans de servitude pénale principale et une amende de huit cent
mille à un million de francs congolais.
425
Le tribunal pénal international pour le Rwanda, TPIR en sigle dans les affaires Semanza
et Akayezu a retenu l’esclavage sexuel comme élément de crime de génocide . De même,
le tribunal pénal international pour la Yougoslavie, TPIY en sigle l’a retenu comme élément
de crime de guerre dans l’affaire Tapovolki.
Catalogue des infractions 283
I. Eléments constitutifs
L’escroquerie est une infraction complexe mettant en œuvre des
moyens de commission fort divers.
a)L’élément légal
L’article 98 du code pénal livre II incrimine « le fait, soit par l’usage d’un
faux nom ou d’une fausse qualité, soit par l’abus d’une qualité vraie, soit par
l’emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une personne physique ou
morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice d’un tiers » à
effectuer une remise. La définition simplifiée vise le fait de se faire consentir
une remise par des moyens frauduleux.
b)L’élément matériel,
Dans l’élément matériel le mécanisme consiste à utiliser des procédés de
tromperie. Le but est d’induire la victime en erreur et de déterminer ainsi une
remise au préjudice de celle-ci. En effet, l’escroquerie est une infraction de
commission qui requiert l’accomplissement d’un ou plusieurs actes positifs427 .
La nature complexe de l’élément matériel conduit à en étudier plusieurs
éléments distincts.
1.Les moyens de la tromperie
1° L’usage de faux nom et de fausse qualité
L’usage de faux nom.
User d’un faux nom conduit à prendre un nom auquel on n’a pas le
droit. La méthode est indifférente que l’on change de nom ou que l’on se
présente sous le nom d’autrui. Le nom usurpé peut être réel ou imaginaire. Se
faire appeler Nyamulinduka, grand commerçant de renom, pour se faire
consentir un crédit par une banque alors que l’on se nomme Kabazane, un
petit marchand du village est un exemple typique de l’usage de faux nom.
2° L’usage de fausse qualité.
L’usage de fausse qualité suffit pour constituer l’escroquerie. Il ne doit
pas être renforcé par des manœuvres extérieures, mais il doit nécessairement
déterminer la remise. Il est impératif que l’auteur se soit attribué lui-même la
426
Cette définition ressort clairement de la rédaction de l’article 98 du code pénal. Elle est en
outre citée par le professeur LIKULIA BOLONGO. , op.cit. ,p.403.
427
Crim. , 30 avril 2003, Dr.pén.2003, comm. N°19,obs. Veron.
284
Catalogue des infractions
La production d’écrits
La production des documents écrits attestant la véracité du
mensonge initial est le moyen le plus fréquent pour commettre l’escroquerie.
428
Kisangani., 20 août1970 –RJC –n°3, 1970,p.285.
429
Crim. , 4 juin 1995, Bull., n°279 ;Crim. 12 décembre 1988, Bull., n°421
430
Crim. , 15 mars 2000, JCP 2000, IV, 2013.
431
Crim. ,30 novembre 1981, Bull., n° 315
432
Crim. , 11 janvier 2006, RSC, 2006, p.598, obs. Fortis.
Catalogue des infractions 285
La mise en scène
Les termes pour décrire cette manœuvre frauduleuse sont multiples : mise en
scène, machinations, simulations, truquage d’instruments, substitution, trucage,
falsification, arrangement de stratagèmes etc... La mise en scène peut être
simple ou reposer sur un mécanisme plus élaboré (art divinatoire, ou de guérir,
à la charité). Les actes perpétrés doivent être utilisés pour persuader la victime
d’effectuer la remise.
Exemples : se blesser soi-même pour simuler un accident de travail ; les faux
guérisseurs ; le fait pour un chauffeur de taxi de truquer son compteur ; une
personne avec son complice qui se cambriole elle-même pour se faire
indemniser par son assureur.
1. L’existence des fausses entreprises. Le cas des entreprises fausses,
inexistantes, ayant une apparence gonflée ou mensongère ou maintenues
artificiellement en vie peut avoir un effet direct sur l’importance des crédits
bancaires. L’entreprise peut être entièrement (sociétés fictives, projet de
reprise industrielle de pure façade) ou partiellement (des parties essentielles,
des opérations frauduleuses, faire croire à sa prospérité par la distribution
des dividendes fictives) fausse.
2. Le pouvoir ou le crédit imaginaire. Il s’agit des manœuvres tendant à faire
croire à l’existence des biens en vue d’obtenir l’octroi d’un prêt434 . Les
remises alternées de chèques sans provision aboutissant à la création d’une
trésorerie artificielle, caractérisant les manœuvres frauduleuses combinées
433
Crim. , 14 mars 1972, Bull, n°96 ; Crim. 22 mars 19 73, Bull, n° 147.
434
Crim. , 6 juin1902, Bull. n°210.
286
Catalogue des infractions
avec des tiers pour persuader la victime d’un crédit imaginaire, constituent le
délit d’escroquerie435 . Exemple : un commerçant qui présente des bilans
truqués pour vendre son commerce à un bon prix .
3. L’espérance ou la crainte d’un succès, d’un accident ou de tout autre
événement chimérique. Les escroqueries financières reposent toujours sur
l’espérance chimérique d’un excellent rapport du capital placé par les
victimes. Parvenir à se faire consentir par un banquier des avances de fonds
sous prétexte de faire un commerce de grains, et réitérer à chaque
versement l’assurance que l’on a acheté des grains. Les moyens dolosifs
doivent avoir pour résultat ou, au moins, pour but, s’il n’y a eu que
tentative, la remise par la victime de certaines choses.
2. Publicité mensongère pour faire croire à l’existence d’une société fictive :
3. Fausses entreprises de construction escroquant les apports des
souscripteurs ;
4. Par annonces dans les journaux ou communiqués dans la presse, on recrute
un gérant pour une entreprise imaginaire et on réclame aux candidats le
versement d’un cautionnement.
435
Crim. , 17 juin1971, RSC 1972, p.121, obs. Bouzat.
436
C.S.J., 23 octobre 1978, RPA. 49,B.A. 1979, p.110 .
Catalogue des infractions 287
L’objet de la remise
La remise volontaire et consciente constitue un acte positif portant sur une
liste de biens. Ces biens sont limitativement énumérés par le texte légal
d’incrimination. Les biens susceptibles de faire l’objet d’escroquerie sont les
meubles, les fonds (argent) obligations, quittances, décharges, les valeurs et les
biens quelconques. Le mot « fonds » désigne généralement les espèces. Mais il
y a lieu d’assimiler aux espèces les paiements effectués en monnaie scripturale,
quelques que soient les techniques utilisées (chèque, carte bancaire et
virement). Par contre les immeubles, les écrits ne portant pas obligation,
quittance ou décharge comme des simples correspondances ou l’usage d’une
fausse qualité en vue d’un service sont exclus des objets possibles de
l’infraction d’escroquerie. Il a été reconnu par jugement qu’en matière
d’escroquerie, le premier élément constitutif à retenir est la remise d’une chose
mobilière par la personne escroquée439 . A défaut de cette remise, l’infraction
d’escroquerie ne peut être retenue440 . Seuls les immeubles441 sont encore exclus
du champ d’application de l’escroquerie .
437
Kin., 24 mars 1972, RJZ.,1973, n°2, p.175.
438
Boma, 7 janvier 1913,Jur. Congo 1914-1919 , p.295.
439
Tribunal de paix de Kinshasa/ Gombe, RP 16.733/IV, 2001, Inédit.
440
C.S.J., RP 130, 15 avril 1975, B.A. 1976; p.119.
441
Crim. , 15 juin 1992, Bull. n°235 ; Crim.23 janvier 1997, Bull. n°34 ; D.1999, somm.p.157.
442
Crim. , 6 octobre 1977, Bull, n° 293, Crim, 26 octo bre 1995, Bull. n° 326.
288
Catalogue des infractions
Le préjudice
En absence de tout préjudice, l’un des éléments de l’escroquerie fait
défaut, car elle ne porte pas atteinte à la fortune d’autrui. Le préjudice n’est
plus nécessairement matériel, mais simplement moral, s’analysant comme
l’extorsion du consentement à la remise.
c) L’élément moral.
L’élément moral consiste en ce que l’escroquerie est nécessairement
une infraction intentionnelle. Elle est une infraction caractérisée par la volonté
d’obtenir une remise par l’un des moyens de la tromperie réprimés par la loi.
C’est le but frauduleux de s’approprier la chose d’autrui soit pour soi-même,
soit pour un tiers. L’élément moral se compose nécessairement d’un dol
général caractérisé par la conscience de l’agent d’user d’un des moyens
frauduleux spécifiquement définis, qu’il s’agisse d’un mensonge caractérisé
(l’usage d’une fausse qualité) ou de l’emploi de manœuvres élaborées
(machination ou montage frauduleux). Le mobile est indifférent à la
qualification pénale, conformément aux principes classiques du droit pénal
général. L’escroquerie n’existera pas quand les manœuvres employées l’ont été
pour récupérer une chose dont on est propriétaire. Un tribunal a reconnu que
l’escroquerie suppose l’intention de s’approprier une chose appartenant à
autrui, et non une chose dont on est créancier443 . Il a aussi été jugé que
l’escroquerie suppose l’intention de s’approprier une chose appartenant à
autrui, cette infraction ne sera pas retenue dans le chef de celui qui est créancier
de la chose supposée escroquée444 .
Autres exemples d’escroquerie :
- Le fait de vendre des produits médicamenteux prétendument capables de
donner la puissance sexuelle ;
- Le fait de s’attribuer la qualité de guérisseur et prétendre guérir ou soulager
telle maladie en faisant des invocations, des gestes mystérieux et se faire
ainsi remettre des fonds comme prix de ces consultations ;
- L’exhibition d’un portefeuille ou d’un sac bourré de papiers sans valeur
pour faire croire à une solvabilité imaginaire ; tel est le cas de l’infraction
improprement appelée « vol à l’américaine ».
II Poursuites
443
Elis. , 5 janvier 1915, Jur. Col. 1925, p.309.
444
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 10096, 28 septembre 2001, Ministère public
et partie civile Selemani Idi falay contre le prévenu Alimasi Mulimbi.
Catalogue des infractions 289
a)Texte et pénalités
L’escroquerie est prévue et punie par l’article 98 du code pénal livre II.
La peine est de trois mois à cinq ans de servitude pénale et d’une amende. La
loi donne au juge la faculté d’infliger soit la servitude pénale soit l’amende.
c) La complicité
La complicité est très fréquente en matière d’escroquerie. En effet, la
complicité est comprise dans un des éléments constitutifs qui est la manœuvre
frauduleuse par intervention d’un tiers. Les modes de complicité sont divers :
faux expert, faux acquéreur pour faire monter les enchères, faux garant pour
garantir la solvabilité d’un individu insolvable, organisateur d’une fraude
concertée entre plusieurs participants.
233. Espionnage
L’espionnage rappelle la trahison . Les deux infractions relèvent, en effet,
des atteintes à la sûreté extérieure de l’Etat. La distinction entre l’espionnage et
la trahison est pourtant certaine. Cependant, les mêmes faits sont constitutifs
de l’une et l’autre infraction selon que l’auteur est congolais ou étranger. A cet
effet, il a été jugé que la disposition concernant l’espionnage ne peut être
appliquée à un congolais446 . Lorsque les faits décrits en matière de trahison
sont commis par un étranger, l’infraction sera qualifiée d’espionnage.
445
Crim . , 4 janvier 1935, D.P1936 .1.55, note de M.Hamel ; 7 janvier .1944, D.A 1944 ,47
in Dalloz, Code de procédure pénale, code de justice militaire, Paris, Librairie Dalloz 1962,
p.6.
446
Cour de sûreté de l’Etat. , Arrêt R.P. 2448, 07 décembre 2001, inédit.
290
Catalogue des infractions
c) Actes d’espionnage
L’acte matériel tient en des « intelligences » c’est-à-dire nécessairement en
des relations, lesquelles sont susceptibles d’une infinité d’aspects447 . Entretenir
des intelligences c’est entretenir des relations secrètes, nuisibles aux intérêts du
Congo (RDC). Ces relations peuvent se manifester par la fourniture des
renseignements secrets ; tel serait par exemple les renseignements relatifs à la
position de divers corps448 .
235. Euthanasie
Etymologiquement, l’euthanasie définit « la mort douce ». Le concept
vient d’eu, signifiant « bien » en grec, et thanatos, faisant référence à la mort.
Mais cette définition est limitée à un moment particulier de la vie d’un individu.
Elle vise exclusivement les cas de maladie incurable en phase terminale, lorsque
la science a atteint ses limites curatives, à l’exclusion du mal-être existentiel ou
des situations dépressives.
L’euthanasie est le fait de provoquer délibérément la mort du malade incurable
pour abréger ses souffrances. L’euthanasie c’est aussi le fait de supprimer les
déficients qui souffrent physiquement ou moralement de leur état. Bien qu’un
mouvement d’opinion de plus en plus grand se développe surtout en Europe
en faveur du « droit de mourir », l’euthanasie est condamnée par la doctrine
dominante, la plupart des législations et des codes de déontologie médicale449 .
Provoquer délibérément la mort d’un malade quelle qu’en soit la motivation est
un acte criminel. La pratique de l’euthanasie est interdite450 .
447
Louis LAMBERT. , Traité de droit pénal spécial, édit. Police- Revue, 1968, p.781.
448
Georges MINEUR. , op. cit. , p. 386.
449
Dr NYABIRUNGU MWENE SONGA. , Responsabilité pénale et civile du médecin en droit
Zaïrois, DES, Kinshasa, 1995, p.39.
450
Art. 19 du code de déontologie médicale, annexe à l’ordonnance n°70/158 du 30 avril
1970 déterminant les règles de la déontologie médicale.
Catalogue des infractions 291
Sera poursuivi pour meurtre, celui qui tue par pitié pour mettre fin à
une agonie accompagnée d’intolérables souffrances fût-ce à la demande de la
victime elle-même et même si la mort est prévisible, prochaine et certaine
(euthanasie)451 . Ainsi donc, juridiquement, l’euthanasie reçoit la qualification de
meurtre, même si elle est inspirée par la pitié, la charité ou l’amour. La
jurisprudence considère que le consentement de la victime à subir l’infraction
n’entraîne pas la disparition de la qualification pénale. La vie est une valeur
absolue, même sa fin douloureuse mérite un accompagnement spécifique, sans
acharnement thérapeutique, conduisant au développement des unités des soins
palliatifs. Le droit a toujours reconnu un droit à la vie, mais jamais un droit à la
mort.
I. Eléments constitutifs
451
LIKULIA BOLONGO. , op.cit ., p.57.
452
Le tribunal de grande instance de Kisangani a reconnu établie l’infraction d’évasion de
détenu dans le chef du prevenu Lise Libegele qui s’est soustrait subtilement alors qu’il était
employé en dehors de l’établissement pénitentiaire où il était gardé en détention(RP 10.717,
11 octobre 2004, ,inédit).
292
Catalogue des infractions
II. Poursuites
453
Laurent MUTATA LUABA., op. cit . , p.582.
454
Georges Mineur cité par Laurent MUTATA LUABA . , op.cit , p.584.
Catalogue des infractions 293
Les articles 161 à 164 du code pénal LII modifié par l’ord-loi n°73/012 du
14/02/1973 punissent l’évasion de détenus. Le directeur de la prison et le
Ministère public ont la charge de déclencher les poursuites.
L’article 161 – cas prévus aux points 1, 2 etc…prévoit la peine d’un an de
servitude pénale principale au maximum. Le tribunal de paix est compétent et
la prescription est d’une année ;
Le cas prévu au point 4 . L’auteur subira un an à six mois servitude pénale
principale en cas de négligence et de six mois à deux ans en cas de connivence
si l’évadé était poursuivi ou condamné du chef d’une infraction punissable de
cinq ans de servitude pénale principale maximum ou s’il avait été mis à la
disposition du gouvernement avec internement. L’auteur sera puni de deux
mois à un an de servitude pénale principale en cas de négligence. En cas de
connivence, il subira deux ans à cinq ans si l’évadé était poursuivi ou condamné
du chef d’une infraction punissable de cinq ans de servitude pénale principale,
des travaux forcés ou de la peine de mort.
Le cas prévu au point 5 . L’auteur sera puni de deux mois à un an de servitude
pénale principale si l’évadé était poursuivi ou condamné du chef d’une infraction
punissable de cinq ans de servitude pénale principale au maximum. La peine sera
de six mois à deux ans de servitude pénale principale si l’évadé était poursuivi ou
condamné du chef d’une infraction punissable de plus de cinq ans de servitude
pénale principale, des travaux forcés ou de la peine de mort. Le cas où l’évasion
a été réalisée ou tentée de l’être avec violences, menaces ou bris de prison, les
personnes qui l’auront favorisée seront punies de deux à cinq ans de servitude
pénale principale. Si celles-ci sont préposées à la garde ou à la conduite des
détenus la peine sera de cinq à dix ans de servitude pénale principale.
Ceux qui auront recelé ou fait receler les personnes qu’ils savaient être
poursuivies ou condamnées du chef d’une infraction punissable de cinq ans de
servitude pénale principale au moins, de mort ou des travaux forcés seront
punis de six mois à deux ans de servitude pénale principale. Les ascendants ou
descendants, époux ou épouse même divorcés, frères et sœurs aux mêmes
degrés sont exemptés dans le dernier cas.
455
Anciennement, article 517 du code de justice militaire .
294
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
Toutes les formes d’évasion, pour être réalisée supposent la réunion des
éléments qui suivent : l’auteur de l’évasion, l’acte incriminé et l’élément moral.
a)L’auteur de l’évasion
L’évasion peut être commise par une tierce personne (chargée ou non
de la garde, de la conduite ou du transport de l’évadé) ou par le détenu lui-
même qui parvient à s’en aller sans assistance extérieure. Dans l’hypothèse de
la tierce personne, il faut envisager le préposé à la garde, à la conduite ou au
transport du détenu. Il peut ainsi s’agir des commandants ou directeurs de
prison, tout militaire ou assimilé servant d’escorte ou garnissant les postes, tout
gardien, geôlier etc.
b)L’acte incriminé
L’évasion suppose un acte matériel, positif ou négatif. Le but est de
s’échapper de l’endroit où l’on est privé de liberté contre son gré (garde à vue,
détention préventive, condamnation).
c)L’élément moral
L’agent doit avoir posé son acte en toute conscience et liberté, et ce, de
manière formelle ou du moins implicite.
456
Autrefois, article 506-507 du code de justice militaire.
Catalogue des infractions 295
238. Excision457
I. Définition
II. Poursuites458
457
Certes à l’état actuel de la législation, l’excision n’est pas à proprement parler une
infraction en droit positif congolais. Toutefois, l’organe de la loi n’est pas sans armes légales
pour réprimer ce comportement violent que d’autres législations ont par ailleurs déjà
spécifiquement pénalisé.
458
Voir aussi l’article 174g du code penal tel que modifié et complete par la loi n°06/018 du
20 juillet 2006 qui réprime la mutilation sexuelle.
Catalogue des infractions 297
I. Eléments constitutifs
L’infraction d’excitation des mineurs à la débauche suppose un acte
matériel favorisant la débauche d’une personne âgée de mois de dix-huit ans
pour satisfaire les passions d’autrui. Elle comprend quatre éléments
constitutifs.
a) Un acte matériel.
Il s’agit d’acte destiné à exciter, stimuler, encourager ou provoquer.
b)La victime.
L’excitation de mineurs à la débauche ne peut avoir pour victime
qu’une personne âgée de moins de dix-huit ans. Le sexe de la victime est
indifférent,car il peut s’agir d’un garçon ou d’une fille. L’état des mœurs
réprochables ou irréprochables importe peu aussi car il peut s’agir
d’un(e)prostitué(e) ou pas.
I. Eléments constitutifs
Catalogue des infractions 299
461
Les textes de loi sont principalement le décret du 19 mars 1952 sur l’exercice de l’art de
guérir, l’ordonnance 71-81 du 19 février 1958 portant exercice de l’art de guérir- conditions
er
et modalités d’application, l’ordonnance-loi n°68-0 70 du 1 mars 1968 créant l’Ordre des
Médecins et l’ordonnance 70-158 du 30 avril 1970 sur le déontologie médicale.
462
Les Codes Larcier République Démocratique du Congo , tome VI, Droit Public et
administratif, Volume 2, Larcier-Afrique Editions 2003, article 6 à 9, p. 404.
300
Catalogue des infractions
II. Poursuites
I. Eléments constitutifs
II. Poursuites
463
Textes légaux réglementant l’exercice de la pharmacie au Zaïre, Copyright. Apharza
1991.
302
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
a) L’élément matériel
1.L’exhibition sexuelle.
Couramment l’exhibition est assimilée à la présentation, au déploiement, à
l’étalage ou à l’exposition avec une idée d’ostentation ou d’impudeur.
L’exhibition punissable a nécessairement un caractère sexuel. Elle est destinée à
faire naître chez les destinataires une sensation de nature sexuelle, qu’elle soit
de répulsion ou de désir465 . C’est donc montrer tout ou partie de ses parties
sexuelles à la vue du public dans le but de choquer, d’injurier ou d’attirer la
victime. La nudité est un élément nécessaire à la qualification de l’exhibition
sexuelle. Il a été jugé que l’exhibition peut consister soit dans le fait d’exposer
des relations sexuelles au regard des autres, ou bien la nudité466. Autrementdit,
l’exhibitionniste(ou les exhibionnistes, s’il s’agit d’un couple qui a des relations
464
Crim. , 27 octobre 1932, Bull. n°20
465
CA Limoges 13 juin 1975, D.1976, somm., p.17
466
Crim., 04 janvier 2006, cité par Coralie Apmbroise-Castérot.,Droit pénal spécial et des
affaires, Gualino éditeur,Lextenso éditions, Paris 2008, p. 81.
Catalogue des infractions 303
sexuelles sur la plage, par exemple) impose à autrui cette vision. Mais , il faut
encore que cette exhibition s’impose au regard d’autrui pour qu’elle puisse être
réprimée.
2.La publicité.
La publicité imposée à la vue du public. La publicité est un élément
constitutif de l’infraction, car elle détermine l’application de l’incrimination. Le
même comportement dans un endroit intime échappe à la qualification pénale.
La publicité existe lorsque les personnes ont été, involontairement, objets et
témoins des actes obscènes.
3.Le lieu accessible aux regards du public.
L’exhibition sexuelle est toujours punissable lorsqu‘elle se produit dans un
lieu public. Il peut s’agir d’un lieu public, c’est-à-dire accessible à tous, mais
aussi d’un lieu privé(chez soi, toutes fenêtres ouvertes , par exemple), à la
condition que des tiers aient pu être les témoins involontaires de cette
exposition de nudité ou d’actes sexuels467. Mais, par définition un lieu public,
ce sont les rues, les chemins, les sentiers, les jardins publics. Il peut aussi y
avoir exhibition sexuelle dans les endroits clos où il y a permanence humaine.
C’est le cas de celui qui expose ses organes intimes dans une salle de séjour
occupée.
b) L’élément moral
L’exhibition sexuelle se caractérise par la volonté de blesser la pudeur
d’autrui en portant atteinte à sa liberté. Le simple fait de savoir que le lieu est
accessible au public et qu’il existe un risque d’être vue cractérise l’élement
intentionnel.
467
Crim., 12 mai 2004, Bull, crim.,n°119,D.2004, sommp. 2750,obs. Roujou de Boubée,RSC
2004, p. 879, obs. Mayaud.
304
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
1. L’acte matériel est fait d’actes à l’instar de vivre aux dépens d’une personne
qui se livre à la prostitution ; vivre, pour un mari, des produits de la
prostitution de sa femme ; héberger une femme qui se livre à la prostitution
et d’en tirer profit ; demander à sa fille de se livrer à la prostitution ;
2. Le fait de tirer profit de la prostitution d’autrui ;
3. L’habitude d’exploiter la prostitution d’autrui. Le fait d’exploiter une seule
fois la prostitution d’autrui ne suffit pas à constituer cette infraction469 ;
4. Le profit doit provenir de la prostitution ou de la débauche
5. La victime peut être un homme ou une femme ;
468
Il s’agit de la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 30
janvier 1940 portant code pénal congolais.
469
LIKULIA BOLONGO. , op. cit., p.366.
Catalogue des infractions 305
6. Le coupable peut être un homme ou une femme ; tel est le cas d’un père ou
d’une mère qui vit aux dépens de sa fille prostituée
7. L’intention coupable. Elle est réquise. Consciemment, le prévenu doit
connaître l’origine de fonds perçus. N’est pas coupable de l’infraction
d’exploitation habituelle de la débauche ou prostitution, parce que justifié
par l’état de nécessité, un enfant né hors mariage vivant de la prostitution de
sa mère.
251. Extorsion
L’extorsion est le fait de se faire remettre ou d’obtenir à l’aide des
violences ou menaces un objet appartenant à autrui ou une signature d’un
document de nature à modifier l’état des biens de la victime. Elle suppose une
remise forcée de la part de la victime par un moyen violent. De façon générale,
les extorsions se définissent comme des procédés illégaux pour obtenir une
contrepartie de la victime.
I. Eléments constitutifs
a) L’élément légal
L’élément légal de l’extorsion consiste en l’article 84 du code pénal livre
II. Celui-ci définit l’extorsion et fixe les peines l’assortissant. La structure de
l’infraction est complexe.
b) L’élément matériel
L’élément matériel de l’infraction d’extorsion est double. L’article 84
définit, à la fois, les moyens employés et le but poursuivi.
Les moyens employés. L’auteur doit user , soit de violence, soit de
menace de violence, soit de contrainte physique ou morale, soit du chantage Par
exemple , frapper , deshabiller et humilier un garçon dans le but de lui soutirer
de l’argent caractérise l’infraction. Le moyen de coercition n’est pas
306
Catalogue des infractions
470
Coralie Ambroise-Castérot., op.cit, p. 250.
471
Crim., 09 janvie 1991, cité par Michel Véron., op.cit., p. 269
472
Crim. , 4 novembre 1997, Bull. n°372.
473
Paris, 23 février 1990, Dr. Pénal 1990, comm.323.
Catalogue des infractions 307
II. Poursuites
I. Eléments constitutifs
Pour son accomplissement, cette infraction nécessite les éléments matériel
et moral. L’infraction sera établie lorsqu’il y a :
1. la fabrication d’une fausse monnaie ressemblant à une monnaie ayant cours
légal (contrefaçon) ;
La vraie pièce de monnaie dont on a dérobé le métal par procédé mécanique
ou chimique (altération); l’introduction et la mise en circulation sur le territoire
national (introduction et émission) ; Il peut s’agir de : contrefaçon, altération,
476
Mémentos, Droit pénal spécial, 14 ème édition 2008, Dalloz p.190.
Catalogue des infractions 309
L’infraction consiste pour l’interprète d’une part de, dans une intention
criminelle, faire devant un tribunal une traduction inexacte, susceptible d’avoir
une influence sur l’issue du procès et, d’autre part, d’attester dans une même
intention, comme exactes certaines constatations fausses.
I. Conditions et sanctions
a) conditions essentielles
Certaines conditions sont requises pour que les fausses déclarations soient
dans le chef des interprètes et d’experts constitutives d’infractions.Pareilles
312
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
II. Poursuites
I. Eléments constitutifs
Quatre conditions doivent être réunies pour qu’il y ait infraction de faux
bruits.
1. Il doit s’agir des bruits, de fausses nouvelles ; il y a fausse nouvelle, lorsqu’il
y a présentation comme vrai d’un fait qui ne l’est pas, ou dénaturation
complète d’un fait ;
2. Que les bruits répandus soient faux, c’est-à-dire que la nouvelle publiée,
diffusée ou reproduite soit fausse ;
3. Que la publication de la fausse nouvelle soit de nature à troubler la paix
publique. Il doit s’agir d’un trouble réel et profond ;
4. Il faut enfin la mauvaise foi ; une double connaissance que la nouvelle était
fausse et qu’elle était de nature à troubler la paix publique.
Toutefois, celui qui répand des faux bruits sans intention de porter le
trouble dans l’Etat est aussi puni mais moins sévèrement.
II. Poursuites
314
Catalogue des infractions
Les poursuites de l’infraction de faux bruits sont faites sur base de la loi
n°75/013 du 14/05/1975477. C’est actuellement l’article 199 bis du code pénal
livre II478. Cette disposition légale sanctionne de :
- deux mois à trois ans de servitude pénale principale et l’amende ou une de
ces peines uniquement lorsque l’infraction a été commise dans le but de
porter le trouble dans l’Etat,
- un mois à un an de servitude pénale principale et l’amende ou l’une des
peines citées lorsqu’il n’y a pas eu l’intention de porter le trouble dans l’Etat.
Le tribunal de paix est la juridiction compétente. Dans le 1er cas, la
prescription de l’action publique est de trois ans tandis que dans le second
cas, elle est d’une année.
I. Eléments constitutifs
477
Journal officiel. ,1975, p. 577.
478
Le code pénal zaïrois . Dispositions législatives et réglementaires mises à jour au 31 mai
1982, Service de Documentation et d’Etudes du Département de la Justice, 1983, p.60.
Catalogue des infractions 315
II. Poursuites
L’article 125 du code pénal livre II réprime les faux commis par un
fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions. L’article 126 autorise les
poursuites de l’usage de faux, œuvre du fonctionnaire. L’article 127 est la
disposition légale en matière de faux certificats délivrés par un fonctionnaire.
Le fonctionnaire auteur de l’infraction encourt trois mois à cinq ans de
servitude pénale. Le tribunal de paix, au regard du taux de la peine, est la
juridiction compétente. L’infraction se prescrit dans le délai de trois ans.
I. Eléments constitutifs
a)L’altération de la vérité.
L’altération de la vérité est l’élément matériel du faux. Si l’altération de
la vérité est l’élément essentiel du faux, toute altération de la vérité n’est
cependant pas un faux. Il est nécessaire pour qu’il y ait faux, que l’altération de
la vérité se produise dans un écrit, qu’elle soit réalisée par faux matériel ou par
faux intellectuel, qu’enfin, l’écrit sur lequel elle porte présente certains
caractères :
479
G. Mineur. , commentaire du Code Pénal congolais, Larcier, Bruxelles, 1953, p. 285.
480
A. RUBBENS. , Droit judiciaire T III, Instruction criminelle et procédure pénale n° I68
p.185.
316
Catalogue des infractions
2. L’altération de la vérité doit être faite par faux matériel ou par faux
intellectuel.
• 1° le faux est dit matériel lorsqu’il se consomme par une altération
physique d’un écrit et laisse des traces corporelles.
• 2° le faux est dit intellectuel lorsqu’il porte sur le contenu d’un acte et ne
laisse aucune trace matérielle. C’est alors un simple mensonge qu’aucun
indice apparent ne révèle481 . Il a été jugé que le président de la juridiction
qui modifie, à l’insu de ses collègues, sur la minute du jugement, la décision
prise collégialement en délibéré au sujet des dommages intérêts à allouer à
des parties civiles, commet un faux en écriture intellectuel dans l’exercice de
ses fonctions482 .
Commet de même un faux intellectuel par pression, ascendant moral et
abus d’autorité, le magistrat, supérieur hiérarchique d’un agent de ventes
publiques, qui le contraint à rédiger un acte de son ministère en dénaturant
frauduleusement la substance et les circonstances, en l’espèce une attestation
fausse de vente publique pour une vente de gré à gré de biens saisis483 .
3.Le document sur lequel porte l’altération de la vérité doit être un titre
Il faut qu’il puisse constituer la source ou la preuve d’un droit, qu’il ait une
valeur probatoire, une portée juridique. Ainsi constitue un faux, la fausse
mention d’un paiement porté sur un livre de commerce, celui-ci ayant une
valeur probatoire. Il a été jugé en France que ne constituent pas des faux la
falsification de la copie d’un document, parce que cette copie ne peut faire la
preuve ou constituer la source d’un droit ; la production de factures falsifiées à
une compagnie d’assurances, en vue de se faire allouer des indemnités non
dues (il peut seulement y avoir délit d’escroquerie) ; l’altération de la vérité dans
un rapport administratif484 . Dans ces hypothèses, l’altération de la vérité est
incluse dans des documents ne pouvant engendrer aucun droit. On est même
allé plus loin : la falsification entachant un acte ayant une portée probatoire,
une valeur juridique n’est pas constitutive d’un faux si elle concerne des
énonciations accessoires et non la substance de l’acte. Ainsi ne constituent pas
des faux : la fausse déclaration faite dans l’acte de naissance que le père et la
mère d’un enfant sont mariés ; la fausse déclaration par le déclarant, dans un
acte de décès, qu’il était l’époux du défunt ; la prise de la fausse qualité de veuf
par un futur époux.
481 ème
GOYET. , Droit Pénal Spécial, 8 édition par M. ROUSSELET, J. PATIN et P.
ARPAILLANCE, Paris, 1972, p.118 .
482
C.S.J. , 9. Mai 1977-B.A.1978, p.40.
483
C.S.J. , 8. 12. 1978 –RPA.50, B.A. 1979, p.136.
484
Cass. , 30/05/1924, DH 1924.431; cass. , 18/06/1925, S. 1926.1.92D1927; 20/12/1928,
S. 1930.1.357; cass. , 1/02/1939, B 21 cité par GOYET, op.cit. , p 121-122.
Catalogue des infractions 317
485
Garçon (E). , Code pénal annoté art 145 (Nouvelle édition par Marcel ROUSSELET, M.
PATIN et M. ANCEL), Paris, n°189.
318
Catalogue des infractions
5°Supposition de personne
Généralement, le faux par supposition de personne est intellectuel. Il
est matériel lorsqu’il s’accompagne de grattages ou surcharges en vue d’ajouter
ou de remplacer un nom. Il se confond alors avec la fausse signature ou
l’altération d’écritures.
Il y a supposition de personne lorsque le rédacteur d’un acte y mentionne la
comparution d’une personne alors que c’est une autre qui a comparu, ou
lorsqu’ il y fait figurer une personne qui n’y assistait pas.
7° La constatation comme vrais de faits faux dans un acte ayant pour objet
cette constatation (faux intellectuel)
C’est un cas de faux intellectuel plus fréquent que le précédent. Tel est le cas
d’un officier de l’état civil qui atteste mensongèrement qu’un mariage a été
précédé de publications légales ou d’un notaire qui affirme faussement le
consentement d’une partie.
Il peut également être commis par des particuliers , c’est , par exemple, le cas
de celui qui déclare un enfant comme né d’une femme qui n’est pas sa mère.
Commet aussi le faux intellectuel le caissier qui altère frauduleusement les livres
qu’il a la charge de tenir, si ces attestations sont opérées au moment même où
l’inscription est effectuée. Le médecin qui établit faussement des certificats
permettant au bénéficiaire d’une assurance-vie de faire établir l’acte de décès de
la personne sur laquelle repose l’assurance et de toucher ainsi le montant de
cette assurance.
Il a de même été jugé que le citant ne peut valablement qualifier de
faux un acte de vente consécutif à celui sur lequel il a signé comme témoin486 .
Il a en outre été décidé par le tribunal de grande instance de Bukavu que les
actes attaqués en faux contre un prévenu doivent être versés au dossier, à
défaut de le faire, le tribunal est dans l’impossibilité d’apprécier l’altération de la
vérité et doit écarter cette prévention487 .
486
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 10041,13 octobre 2001, Ministère public et
partie civile Mossi Ramson contre Faida Simwerayi, inédit.
487
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 10638, 26 mars 2004, Ministère public et
partie civile contre Mayutho et le conservateur des titres immobiliers.
Catalogue des infractions 319
b)Le préjudice
L’altération de la vérité n’est pas incriminée si elle est inoffensive. Le
faux n’existe que si l’altération de la vérité dans un écrit est susceptible de
porter préjudice à autrui. Aussi, ne constitue pas de faux, l’altération d’un acte
non signé. L’infraction de faux en écritures existe dès qu’il y a altération de la
vérité et possibilité d’un préjudice pour autrui488 . Toutefois, il n’est pas
nécessaire que le préjudice ait été réalisé ; il suffit que, lors de l’acte, il ait été
possible. Dès lors que le préjudice est possible, le faux doit être retenu. Le faux
est donc punissable même si l’acte est entaché de nullité, car le vice dont l’acte
est atteint peut passer inaperçu aux yeux des tiers et un préjudice peut par suite
être éventuellement causé. Le préjudice est de plusieurs ordres.
1. Préjudice matériel
Le préjudice est généralement d’ordre matériel. Le faux lèse une
personne dans son patrimoine. Par exemple, le créancier se voit opposer une
fausse décharge par l’effet de laquelle le débiteur se prétend libéré.
2.Préjudice moral
Le préjudice peut être simplement moral. Il suffit que le faux porte
atteinte à l’honneur ou à la considération d’autrui : Ainsi, constitue un faux,
l’inscription d’un enfant né hors mariage sous le nom d’une jeune fille qui n’est
pas la mère, pour la déconsidérer. Notons que le faux peut porter préjudice à la
société sans porter atteinte à un intérêt privé ; il n’en est pas moins punissable.
Un faux commis dans un acte de l’état civil est punissable même en l’absence
de tant de préjudice matériel. Il en de même encore, pour celui qui altère un
diplôme universitaire.
c)L’intention frauduleuse
L’auteur doit avoir agi non seulement en sachant qu’il altérait la vérité,
mais aussi dans la connaissance que cette altération de la vérité était susceptible
de nuire soit matériellement, soit moralement à un tiers ou à la société. N-a-t-
on pas jugé que ne commet pas le faux, la personne qui légalise un document
dont elle ignore le caractère faux489 ?
Il n’est pas nécessaire qu’il ait l’intention de nuire et encore moins celle
de tirer un profit personnel de son action coupable.
II. Poursuites
488
C.S.J., RPA 78, 15 juillet 1983, B.A. 1980-1984, p.405.
489
Tribunal de paix de Kinshasa / Gombe, RP 16.990/IV, 24 octobre 2000, inédit.
320
Catalogue des infractions
L’action publique sera exercée par toute personne lésée ou par le ministère
public. Le faux en écritures est prévu et réprimé par l’article 124 du code pénal
congolais livre II de :
- six mois à cinq ans de servitude pénale principale et une amende ou l’une
des peines seulement;
- si le faux a été commis par un fonctionnaire dans l’exercice de ses
fonctions, la peine sera de dix ans de servitude pénale principale au
maximum et d’une amende (art 125 du code pénal livre II). Dans ce cas, le
tribunal de grande instance est la juridiction compétente.
- si le fonctionnaire ou l’officier public a délivré un faux certificat dans
l’exercice de ses fonctions, la peine sera de trois mois à cinq ans de servitude
pénale principale et d’une amende ou de l’une des peines (art 127 du code
pénal livre II).
b)Tribunal compétent
Le tribunal de paix est matériellement compétent pour connaître du
faux. Ce dernier est punissable de cinq années de servitude pénale maximum.
Dans les autres cas, notamment quand le faux a été commis par un
fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions et punissable de dix
ans maximum, le tribunal de grande instance est l’instance compétente. Le faux
est une infraction instantanée consommée par l’altération de la vérité. La
prescription commence à courir à compter du jour de la commission de
l’infraction. Elle est de trois ans pour la peine de cinq ans maximum et de cinq
ans pour celle de dix ans maximum.
270. Faux-monnayage
490
Le code pénal zaîrois. Dispositions législatives et réglementaires mises à jour au 31 mai
1982, Service de Documentation et d’Etudes du Département de la Justice, 1983, p. 40.
491
Michel Véron.,Droit pénal spécial, 12 ème édition, Sirey Université, Editrions Dalloz 2008,
p.414.
322
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
Pour que l’infraction de faux témoignage puisse être retenue, cinq
conditions outre l’intention coupable doivent être réunies.
492
Il s’agit là du prescrit de la disposition légale de l’article 128 du code pénal congolais livre
II.
493
De ce qui précède , il est logique que les fausses déclarations effectuées pendant
l’instruction préjuridictionnelle au parquet ne constituent pas un faux témoignage . Il faut
qu’elles aient été faites devant un tribunal, sous la foi du serment.
494
Boma, 10 décembre 1907, Jur . Etat II p. 207.
Catalogue des infractions 323
V. Poursuites
a) Textes légaux et peines assorties
Les poursuites en matière de faux témoignage sont faites sur base des
articles 128 - 129 - 130 - 131 - 132 du code pénal livre II. Ces dispositions
légales définissent et punissent les différentes formes de faux témoignage. A
l’article 128 du code pénal livre II, le faux témoignage est sanctionné de cinq
ans de servitude pénale principale au maximum. Si l’accusé contre lequel le
495
Crim., 25 février 1964,Bull. n°65.
496
L’infraction n’est consommée que lorsque le témoin n’a plus la possibilité de se retracter,
possibilité qu’il conserve jusqu’à la clôture des débats.
497
Crim.,06 mars 1973, Bull.n° 108.
324
Catalogue des infractions
274. Filouterie
Voir grivèlerie, n° 277, 278,279 , 280.
499
Article 2 de la loi n° 04/016 du 19 juillet 2004 po rtant luttre contre le blanchiment des
capitaux et le financement du terrorisme, Journal Officiel de la République Démocratique du
Congo, 45 ème Année, Numéro spécial, 05 août 2004, p. 10.
500
Il s’agit là des peines prévues à l’article 43 de la loi du 19 juillet 2004.
501
Article 45 alinéa 1.
326
Catalogue des infractions
I. Éléments constitutifs
502
Article 45 alinéa 2.
503
Article 45 alinéa 3
504
Article 46.
Catalogue des infractions 327
277. Grivèlerie
I. Considérations générales relatives à toutes les grivèleries
505
On peut rapprocher avec les excuses absolutoires la cause d’exonération retenue par
l’article 102 bis du code pénal relative à la grivèlerie : « Les infractions prévues à l’alinéa
précédent ne pourront être poursuivies que sur plainte de la partie lésée. Le paiement du
prix et des frais de justice avancés par la partie plaignante ou le désistement de celle-ci
éteindra l’action publique »
328
Catalogue des infractions
II. Procédure
506
Crim. ,17 mars 1987, Gaz. Pal. 1987, 2, somm. p. 249, obs. Doucet.
Catalogue des infractions 329
507
Idem .
330
Catalogue des infractions
508
Il nous parait important de faire remarquer qu’en dépit de ce que la grivelèrie est souvent
une infraction d’habitude, le législateur congolais n’a pas pour autant prévu de disposition
concernant la récidive.
509
Article 7, paragraphe 2, lettre f du statut de la cour pénal international.
510
La formulation portée au journal officiel est peu heureuse et ne reflète pas l’esprit et la
lettre du législateur. Nous osons croire qu’il s’agit d’une erreur matérielle.
Catalogue des infractions 331
c) L’élément moral
La grossesse forcée est une infraction nécessairement intentionnelle
caractérisée par l’absence de consentement de la victime et la nature sexuelle
d’une relation ayant pour but d’imposer une grossesse. L’intention coupable de
l’auteur résulte de la connaissance du caractère délictueux de l’acte perpétré. Il
résulte aussi de la volonté démontrée d’agresser sexuellement les personnes
privées de leur liberté illégalement et même légalement. L’article 174K
énumère une liste de caractéristiques des modes d’imposition de la grossesse
forcée : force, contrainte ou ruse.
III. Régime juridique
a)Procédure de répression
En tant qu’infraction de violence sexuelle, la grossesse forcée est
réputée infraction flagrante. Elle doit être réprimée avec célérité. A ce titre, elle
exige une enquête sans désemparer de manière à fournir les principaux
éléments d’appréciation. Dès la mise en mouvement de l’action publique,
l’enquête préliminaire se fait dans le délai d’un mois maximum. L’instruction et
le prononcé du jugement doivent intervenir dans les trois mois maximum à
332
Catalogue des infractions
512
M.C., n° 15 du 15 août 1966, p. 559.
513
Cette peine est issue de l’ordonnance-loi n° 66- 3 42 du 07 juin 1966 relative à la
répression du racisme et du tribalisme. C’est le texte légal qui crée et réprime l'infraction de
racisme et tribalisme.
334
Catalogue des infractions
a)L’élément légal.
L’usage de menaces, d’ordres, l’abus d’autorité et le comportement qui
consiste à exercer une pression sur un salarié afin d’obtenir des faveurs
sexuelles existe depuis fort longtemps.
L’article 174d de la loi du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le code pénal
congolais définit l’incrimination de harcèlement sexuel. C’est l’adoption d’un
comportement persistant envers autrui, se traduisant par des paroles, des gestes
soit en donnant des ordres ou en proférant des menaces ou en imposant des
contraintes, soit en exerçant des pressions graves, soit en abusant de l’autorité
que confère les fonctions pour obtenir des faveurs de nature sexuelle.
b)L’élément matériel.
Le texte n’est pas explicite dans la définition de l’élément matériel car il
se contente d’incriminer le fait de harceler autrui dans le but d’obtenir des
faveurs de nature sexuelle. Nous estimons néanmoins que l’auteur ne peut être
qu’une personne qui menace, supérieur hiérarchique ou ayant un pouvoir sur
ses victimes, abuse de l’autorité que lui confère ses fonctions. Les
Catalogue des infractions 335
ce chien n’était pas vacciné et qu’il a profité de la liberté lui accordée par son
maître qui n’avait pas pris les précautions d’enfermer son chien dans sa maison
ni de le tenir en laisse518 . La faute de l’auteur est requise pour que l’infraction
d’homicide involontaire soit imputée à une personne déterminée. Cette faute
peut consister dans :
- la négligence, c’est-à-dire l’insouciance, l’inaction, l’abstention ou l’omission;
- l’inattention, c’est-à-dire le manque d’entretien, l’étourderie ;
- l’imprudence, c’est-à-dire un défaut de prudence ou une imprévoyance ou
encore une témérité ;
- la maladresse, c’est-à-dire un manque d’adresse, d’habilité ou de dextérité ;
- l’inobservance des règlements, c’est-à-dire la violation des prescriptions qui
réglementent la circulation routière. L’infraction d’excès de vitesse constitue
un des éléments de l’infraction d’homicide involontaire par accident de
roulage et le tribunal peut toujours s’y appuyer pour démontrer le défaut de
prévoyance519 . L’excès de vitesse imprimé à un véhicule est suffisamment
prouvé par l’étendue des traces de freinage, soit en l’occurrence, 15
mètres520 .
a)L’élément légal
L’article 53 du code pénal dispose que : « quiconque aura involontairement
causé la mort d’une personne sera puni… ». Il précise l’élément matériel et
moral. L’homicide involontaire est soumis à la définition commune de la faute
en lien de causalité avec le dommage. L’homicide involontaire est une atteinte à
la vie et à l’intégrité de la personne. La répression n’est envisagée qu’en cas de
préjudice. L’homicide involontaire est une infraction matérielle. Le dommage
est un élément constitutif à part entière de l’infraction.
Pour que l’infraction d’homicide involontaire soit établie, elle doit
réunir différents autres éléments.
b) Un fait matériel d’homicide, la mort de la victime.
Le décès de la victime reçoit une définition scientifique objective. Il est
facile à qualifier par les juges. L’infraction impossible d’homicide involontaire
sur cadavre n’est pas punissable, car l’élément constitutif de la mort de la
victime fait défaut.
c) Après une faute, même non intentionnelle de l’agent.
La faute doit nécessairement avoir causé la mort de la victime, élément
constitutif à part entière de l’infraction. Il en a été ainsi des prévenus qui ont
soumis une fillette à un jeûne et à la prière aux fins de la délivrer et mort s’en
518
C.S.J., R.P 288, 25 mars 1980 cité par Dibunda. , op. cit. , p. 102.
519
C.S.J., R.P. 311,15 avril 1980 cité par Dibunda ,op. cit. , p.84.
520
C.S.J., T S .R.R.n°2, 6 avril 1978 R.J.Z. 1979 p.38 c ité par Dibunda. , idem, p.85.
338
Catalogue des infractions
II. Poursuites
521
Tribunal de paix de kisangani/Makiso., RP 1633, 07 novembre 2003, ministère public
contre les prévenus Meshake Singwadi et José Yaluli Elie, inédit.
522
C.S.J.,RPA 77, 25 mars 1983, R.J.Z, 1983,p.15.
Catalogue des infractions 339
291. Homosexualité
L’homosexualité peut être définie comme une perversion sexuelle dans la
mesure où la libido est détournée de son objet naturel. Elle consiste en des
rapports contre nature entre deux femmes ou deux hommes. Le terme
homosexualité est plutôt réservé aux aspects physiques de l’homophilie qui est
une attirance érotique pour les individus du même sexe.
Au Congo, l’homosexualité n’est pas en soi érigée en infraction. Seul le
mariage homosexuel est prohibé. Il est érigé en infraction punissable d’amende
(articles 330,349, 395 alinéa2 du code de la famille). Néanmoins, les
manifestations de l’homosexualité tombent sous le coup de la loi lorsqu’elles
portent atteinte à la pudeur publique. C’est-à-dire lorsqu’ elles présentent un
caractère de publicité choquante au même titre d’ailleurs que les débordements
publics d’une activité sexuelle normale. Tel est le cas lorsqu’ elles constituent
un outrage public aux mœurs ou un appel à la prostitution. L’homosexualité
peut être également le mobile ou l’occasion des infractions contre les biens. Le
caractère honteux et quasi clandestin de l’homosexualité en fait un terrain
d’élection pour le chantage. Elle peut aussi être l’occasion des crimes de sang.
Le « milieu » homosexuel parce qu’assez fermé et favorable à la délinquance est
une sorte de « bouillon de culture » où éclosent les virus criminels.
292. Hôtel
523
Crim. , 10 mars 1932, D.H 1932.189 –Aix ,12 janvier 1954, D 1954.338 et la note in
Dalloz op.cit. , p.6.
340
Catalogue des infractions
524
J.O.Z., n° 14, 15 juillet 1978, p. 12.
525
Cette ordonnance-loi est citée à maintes reprises par le Professeur LIKULIA
BOLONGO.,op.cit,p.350.
Catalogue des infractions 341
I. Conditions préalables
526
B.A. , 1957, p.2168 ; Codes Larcier, République Démocratique du Congo, tome III,
volume 2, Larcier-Afrique Editions 2003, p. 888.
342
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
b) Elément moral
L’auteur doit avoir la connaissance de la fausseté des faits imputés. Peu
importe qu’il ait agi par désir de nuire, pour se rendre intéressant, pour obtenir
de la considération ou pour toute autre raison. Les exemples propres
d’imputations calomnieuses sont le fait de dire à un directeur général que le
comptable est criblé des dettes et celui d’écrire une lettre à un patron pour lui
annoncer que son chauffeur s’enivre fréquemment.
II. Poursuites
I. Eléments constitutifs
527
Les termes mêmes employés par le code pénal « imputations calomnieuses » plaident
pour la fausseté du fait imputé. Il me semble donc que l’intention de nuire n’est pas à elle
suffisante pour établir l’infraction. La fausseté du fait est impérative et obligatoire.
344
Catalogue des infractions
529
Parquet Lulua , 22 octobre 1951 , J.T.O 1953 p.44.
530
MINEUR cité par MM Kalambay G., Kapeta-Nzovu H. et Lamy E. , in Revue Juridique du
Congo , 1ère partie : Droit écrit , Janvier-Février- Mars-Avril 1969 p. 107.
531
Boma, 11avril 1916, Jur.Congo, 1926, p. 301
532
Ière inst. 29 janvier 1936 RJCB, p.198.
346
Catalogue des infractions
I. Préalables
a) La publicité.
533
C.S.J., RP 93, 04 juillet 1975, B.A. 1976, p. 167.
534
Tribunal de paix de Kinshasa/ Gombe, RP 16.879/ IV, 16 mars 2001, Inédit.
Catalogue des infractions 347
535
Par exemple, des allusions à des malversations financières : crim., 19 décembre 2000,
Dr. Pénal 2001, comm, 56, obs. Veron.
536
C.S.J., 4 avril, Bull. 1974, p. 91.
537
L. François., « Preuve de la vérité des faits diffamatoires et convention européenne des
droits de l’homme : confrontation des conceptions françaises et européennes », D.2005, p.
1388.
538
NZANGI BATUTU. , op cit. , p. 13.
348
Catalogue des infractions
de cette voie au pretexte que personne n’a le droit de les critiquer ou d’avoir
une opinion différente d’eux.
Par exemple, dire d’un écrivain que ce n’est pas lui qui écrit ses livres, c’est le
diffamer.539 De même, le fait d’insinuer qu’une journaliste n’est que la porte
parole occulte d’un musicien.
d)L’élément moral ou l’intention de nuire.
L’élément moral résulte du mot méchamment employé par le législateur.
L’intention de nuire est toujours présumée. La bonne foi ne peut être déduite
de faits postérieurs à la diffusion des propos litigieux. C’est au moment où se
commet l’infraction, au moment où les propos diffamatoires sont dits ou écrits
que doit s’apprécier la bonne foi.
Cependant si le diffamateur établit une cause justificative prouvant sa bonne
foi, il ne subira pas la peine. C’est le cas d’actes posés dans le cadre de la
fonction : les journalistes, les critiques littéraires ou d’art pour autant qu’ils
n’outrepassent pas les droits de la critique.
L’infraction d’imputation dommageable sera établie dans le cas du prévenu à
qui la victime a révélé qu’elle est réputée dans des matières supersitieuses, si le
prévenu l’expose au mépris du public et souille son honneur en informant
plusieurs autorités dans l’intention de nuire540.
Sont exemples d’imputations dommageables ou diffamation le fait de
dire de quelqu’un qu’il est coureur de jupon, qu’il pisse dans son pantalon. Dire
ou écrire qu’un politique est l’auteur du détournement des deniers publics, qu’il
est corrompu. Le fait de traiter quelqu’un de sorcier. Le fait de dire d’un prêtre
catholique qu’il vit en concubinage ; par contre, un ancien patron qui donne
des renseignements en toute bonne foi et dans la discrétion, ne commet pas de
diffamation.
III. Poursuites
539
Crim.,10 octobre 1972, Bull. crim., n° 351, RSC 1974 , p. 599, obs. Levasseur.
540
Tribunal de paix de Kananga., siègeant en chambre foraine à Ndekesha/territoire de
Kazumba, RP 016, 26 février 2005, ministère public et partie civile Bambala Mudipanu
contre le prévenu Tshitoko Kena Bantu, inédit.
Catalogue des infractions 349
I. Eléments constitutifs
541
C.S.J., Chambre du conseil, 13 janvier 1981, MPC/ LUM, KY, KAS, BI et DI, inédit.
350
Catalogue des infractions
L’acte d’incendie doit exister. Il consiste à allumer le feu sur une chose ; que
ce feu se répande ou pas, qu’il consume ou pas la chose, en partie542 ou en
tout;
b)La chose objet de l’incendie.
La loi a énuméré ces choses en l’article 130 :
1. Les lieux habités ou servant à l’habitation : il peut s’agir d’édifices, de
navires, de magasins ; tout ce qui sert à l’habitation (cabane, case, huttes,
même l’abri le plus primitif) contenant une ou plusieurs personnes au
moment de l’incendie ; il s’agit aussi de tous lieux même inhabités mais
considérés par l’incendiaire comme habités au moment de l’incendie.
2. Les édifices ou tous bâtiments quelconques construits en matériaux
durables mais inhabités au moment de l’incendie ;
3. Les édifices non construits en matériaux durables ;
4. Les forêts, les bois, les récoltes sur pied, les bois abattus ou récoltes
coupées (comme les fruits, les produits de la terre, du bois et même les
herbes et autres végétaux sur pied).
S’agissant d’incendies des herbes et des végétaux, ne sont pas infractionnels :
- les feux préventifs, les feux hâtifs pratiqués selon la coutume pour prévenir
l’incendie de certains périmètres ou pour atténuer les ravages des feux
sauvages. Cette pratique est courante en début de saison sèche ;
- les feux de brousse autorisés par le chef de l’entité administrative
compétente ou son délégué ;
- l’incendie des végétaux sur pied ou couvertures mortes dans les terrains
propres, sauf interdiction expresse des autorités responsables ;
- les contre-feux en vue de combattre un incendie menaçant.
c)La chose incendiée.
La chose incendiée est spécifiée par la loi. (Cfr énumération ci-haut ,
conforme à l’article 130 du code pénal). Cette chose doit appartenir à autrui.
L’infraction sera également retenue en cas de copropriété.
d)Que le feu soit mis volontairement à la chose.
Que ce soit même par vengeance, cupidité ou plaisanterie que le feu a été
mis volontairement à la chose, l’infraction sera établie. Les raisons et mobiles
importent peu.
II. Poursuites
542
Pour la jurisprudence, l’infraction est consommée dès que l’agent a mis le feu à
l’habitation, même si à raison de circonstances indépendantes de sa volonté, l’incendie n’a
ère
causé que des dégâts minimes (1 inst. Kas. 2 juillet 1952, J.T.O. 1955, p. 7, avec note ;
ère ère
1 inst. Eq. 2 avril 1955, J.T.O.1956, p. 4 ; 1 Inst. Stan. 31 mai 1955, J.T.O. 1956, p.
ère
173 ; 1 Inst.Kas.8 avril 1954, R.J.C.B. 1955, p. 210 cités par LIKULIA., op. cit ., p.521).
Catalogue des infractions 351
a) Siège de la matière
Les articles 103,104, 105, 107 et 108 du code pénal, l’ordonnance-loi n°79-007
du 6 juillet 1979 et l’ordonnance n°52/175 du 23 mai 1953 sur l’incendie des
herbes et des végétaux sur pied en ses articles 2 et 5 définissent et répriment
l’incendie de la chose d’autrui.
b)Régime des sanctions applicables
L’article 103 du code pénal punit l’incendie des lieux habités ou servant à
l’habitation de quinze à vingt ans de servitude pénale principale. Il punit
également l’incendie des lieux inhabités dont la présence des personnes est
certaine ou présumée de dix à quinze ans de servitude pénale principale.
L’article 104 du code pénal réprime en son alinéa 1er l’incendie des édifices
inhabités construits en matériaux durables de cinq à quinze 15 ans. L’article
104 en son alinéa 2ème sanctionne l’incendie des édifices inhabités construits en
matériaux non durables de trois mois à cinq ans et d’une amende ou de l’une
des peines.
L’article 105 du code pénal sanctionne l’incendie des forêts, bois, récoltes sur
pied, bois abattus ou récoltes coupées de trois mois à cinq ans et d’une
amende. L’une de ces deux peines pourra être uniquement infligée.
L’article 108 du code pénal prévoit de prononcer toujours une peine de
servitude pénale en cas d’incendie qui a causé une blessure à la personne qui se
trouvait dans les lieux incendiés lorsque l’incendiaire avait connaissance de
cette présence (alinéa 2). L’incendie qui a causé la mort à la personne qui se
trouvait, à la connaissance de l’incendiaire, dans les lieux incendiés est punie
dans le chef de son auteur de la peine de mort ou de la servitude pénale à
perpétuité. Les peines de l’article 108 ne seront appliquées que si l’incendie a
causé la blessure ou la mort ou si les victimes étaient dans les lieux incendiés au
moment où le feu y a été mis.
La blessure ou la mort doivent trouver leur origine dans l’incendie.
C’est le cas de celui qui se blesse ou se tue en se jetant d’un étage pour
échapper à l’incendie. Peu importe que la mort arrive sur le champ ou des jours
après l’incendie. Par contre l’article 108 n’est pas applicable aux personnes
blessées ou décédées venues aux secours pour circonscrire le feu et éteindre
l’incendie. Tel est le cas des sapeurs pompiers et autres sécouristes.
causé une blessure à la personne qui se trouvait dans les lieux. Ce sont les
incendies prévus par l’article 108 alinéa 2. Dans les autres cas, le tribunal de
grande instance est la juridiction compétente.
La prescription de l’action publique est de trois ans pour les incendies de
la compétence du tribunal de paix. Elle est de dix ans pour les incendies de la
compétence du tribunal de grande instance. La prescription des peines est de
vingt ans pour les servitudes pénales de plus de dix ans. Elle est de vingt cinq
ans pour les peines perpétuelles. Quant à la peine de mort, elle est
imprescriptible.
I. Eléments constitutifs
Pour l’existence de l’infraction d’incendie de sa propre chose, il faut qu’il y ait :
a) un acte matériel d’incendie ou l’action de brûler543;
b) une chose objet de l’incendie, telle que définie ci-haut;
c) un propriétaire de cette chose qui y met le feu ou en donne l’ordre à
autrui ; (Celui qui exécutera un tel ordre sera également poursuivi comme
auteur principal de l’incendie de la chose d’autrui)
d) incendie de la chose personnelle pour s’enrichir injustement, pour porter
préjudice à autrui, nuire à autrui, bref avec l’idée de fraude ou de
méchanceté.
Quelques exemples d’incendie de sa propre chose au sens de l’article 106 du
code pénal livre II sont : le fait d’incendier son immeuble assuré pour obtenir
des indemnités dues au sinistre de la part de la société d’assurance , de mettre le
feu à son bien hypothéqué ou grevé d’un privilège pour porter préjudice au
créancier, de brûler sa maison pour trouver moyen d’accuser de façon
mensongère les agents de la police venus procéder à une arrestation544.
543
L’agent doit avoir incendié, c’est-à-dire brûlé, consumé par le feu, mis feu à une des
choses spécifiées par la loi.
544 ère
1 Instance appel Coq. 24 février 1943, R.P.A., n° 759 cité par LIKULIA., op. cit., p. 530.
Catalogue des infractions 353
II. Poursuites
a)Quel est le texte légal qui définit l’incendie de sa propre chose ?
L’incendie de sa propre chose est l’objet de l’article 106 du code pénal
livre II. Cette disposition stipule : « Seront punis des mêmes peines les
propriétaires exclusifs des choses désignées aux articles 104 et 105 , qui y
auront mis le feu dans une intention méchante ou frauduleuse ».
I. Eléments constitutifs
II. Poursuites
545
Mineur, lui exige que la chose soit détruite pour que l’infraction soit caractérisée (op. cit. ,
p. 262). Le professeur LIKULIA pense qu’une destruction même partielle est susceptible
d’entraîner des sanctions pénales à l’encontre de l’auteur de cet incendie (op. cit. , p. 534).
Je suis quant à moi du dernier avis.
546
LIKULIA BOLONGO . , op. cit. ,p. 535.
547
Ordonnance-loi n°79-007 du 6 juillet 1979.
Catalogue des infractions 355
I. Eléments constitutifs
548
Cette définition résulte des termes mêmes de l’article 107 du code pénal.
549 ère
L’intention criminelle est requise. L’agent doit avoir agi volontairement. 1 Inst. Eq. 7
septembre 1950, R.J.C.B. 1951, p. 25 cité par LIKULIA . , op. cit . , p. 524.
356
Catalogue des infractions
protégé, même s’il s’est trouvé par hasard ou fortuitement à côté de l’objet
protégé.
II. Poursuites
L’article 107 du code pénal livre II est le texte légal. Les sanctions sont
celles prévues aux articles 103, 104, 105, 106 et 108. Les règles de compétence
et de prescription sont celles décrites dans les cas précédents.
308. Inceste
I. Considérations générales
II.Répression de l’inceste550
550
Le législateur ferait œuvre utile à incriminer spécifiquement et sanctionner au plutôt et
sévèrement l’inceste. Cet acte immoral demeure à plus d’un point choquant et répugnant
pour la société congolaise.
Catalogue des infractions 357
551
MAYER D . , La pudeur du droit face à l’inceste, D. 1988, chron, p.33.
552
Michel Véron.,op.cit., p.247.
553
Ce sont là les termes de l’article 88 du code pénal militaire issu de la loi n° 024/2002 du
18 novembre 2002. C’est ce texte qui définit et réprime les faits d’incitation des militaires à
commettre des actes contraires aux devoirs et à la discipline.
358
Catalogue des infractions
c)L’élément moral.
L’incitateur agit, réalise son acte d’une manière libre et consciente, peu
importe qu’il ait ou non connu la possibilité de survenance d’une infraction
dans le chef du militaire incité ou que l’incité se soit exécuté ou non.
a)Pénalités
Pourra subir une sanction de trois à cinq ans de servitude pénale
principale et une amende de cinq cent mille à un million de francs congolais
quiconque attente aux mœurs en incitant, en facilitant ou en favorisant pour
satisfaire les passions d’autrui la débauche ou la corruption des enfants.
b)Circonstances aggravantes
Si cet acte est commis envers un enfant âgé de moins de dix ans, la
sanction sera d’une servitude pénale principale de dix à vingt ans et d’une
amende de deux cent mille à quatre cent mille francs congolais.
c)Qualité des délinquants
Si l’incitation à la débauche est le fait du père, de la mère, du parâtre, de la
marâtre, du tuteur ou de toute personne exerçant en droit ou en fait l’autorité
sur l’enfant, la servitude pénale passera de cinq à dix ans de servitude pénale
principale et de l’amende de un million à deux millions de francs congolais.
L’auteur sera, en outre, déchu de l’autorité parentale ou tutélaire.
318. Infanticide
Le droit congolais ignore l’incrimination d’ « infanticide ». Il y a peu, les
actes d’homicide perpétrés sur un mineur ou même sur un enfant nouveau-né
étaient sanctionnés à l’instar de n’importe quel acte d’homicide commis sur une
personne majeure. Ainsi, le législateur la punissait au moyen des infractions
d’homicide préterintentionnel (lorsque la mort de l’enfant bien que causée par
des violences volontairement exercées par l’agent n’était pas le résultat de sa
volonté (art.48 CPLII). Il punissait par l’infraction de meurtre (lorsque l’acte
homicide sur un enfant traduisait une intention manifeste de tuer (article 44 et
45 du code pénal)). L’auteur pouvait encourir les peines de l’infraction
d’assassinat (lorsqu’il s’avérait que le crime a été prémédité). Enfin il appliquait
les peines prévues pour l’infraction d’empoisonnement (lorsque le délinquant
tuait l’enfant en lui administrant des substances susceptibles de donner la
mort).
Avec l’adoption et la promulgation de la loi n°09/001 du 10 janvier 2009
portant protection de l’enfant, les articles 147 à 159 ont innové et créé de
nouvelles incriminations556 . Celles-ci sont assorties des sanctions plus sévères
556
Journal officiel de la République démocratique du Congo, 50 ème année, Numéro
spécial, 25 mai 2009, page 35 à36, chapitre II : de la protection de l’enfant après sa
362
Catalogue des infractions
ère
naissance, section 1 : des atteintes volontaires à la vie et à l’intégrité physique ou mentale
de l’enfant.
557 er
Article 2 alinéa 1 de l’ordonnance-loi n° 78/001 du 24 février 1978. J.O. , n° 6 du 15
er
mars 1978, p. 15 modifié par l’ordonnance-loi n° 79 - 020 du 25 juillet 1979, J.O. ,n° 15 du 1
août 1979, p. 13.
558
Cass. Crim 30 mai 1980, bull. n° 165---V. Montreuil , Flagrant délit.
559
V. cass. Crim. 8 octobre 1985 :J.C.P.85, IV, 363.
560
V. cass. Crim, 4 janvier 1982 : Bull. crim,n° 2.
Catalogue des infractions 363
561
Article 4 de l’ordonnance du 14 février 1914- Services des inhumations et police des
cimétières (B.O. , 1914, p. 539). Voir aussi les Codes Larcier République Démocratique du
Congo, tome VI, Volume 2, Larcier-Afrique Editions, p. 291.
562
Ordonnance du 11 avril 1957, article 4.
364
Catalogue des infractions
321. Injure
Une injure est une qualification méchante plus ou moins vague de nature
à porter atteinte à l’honneur d’une personne ou à exposer cette personne au
mépris public563 . Constituent une injure les propos qui sont une imputation
méchante susceptible de porter atteinte à l’honneur ou à la considération de la
victime de cette infraction564 . L’injure se consomme par le seul fait d’offenser
une personne par des expressions blessantes, même imprécises, outrageantes,
par mépris ou invective. Le législateur prévoit deux formes d’injure : l’injure
publique et l’injure simple.
I. Conditions préalables
563
G. Mineur. , op.cit . , p.180.
564 3 er
C.S.J., RPA 61, 1 avril 1980, Inédit.
565
C.S.J., RPA 16, 12 mai 1972, B.A. 1973, p. 63.
566
Tribunal de paix de Kinshasa / Gombe, RP 15.982 / IV, 20 mai 1999, inédit.
Catalogue des infractions 365
Il a été jugé que l’injure contenue dans une lettre missive, mais concernant un
tiers, conserve un caractère confidentiel exclusif de toute publicité567.
b) Les particuliers
Les particuliers concernés sont les personnes physiques par opposition
aux personnes morales (par exemple les sociétés) et aux corps constitués. Il
n’est pas nécessaire qu’elle soit désignée nominativement : il suffit qu’elle soit
suffisamment désignée pour être identifiée.
a)L’élément légal.
Le texte qui sanctionne l’injure publique est l’article 75 du code pénal livre II.
b)L’acte d’injure.
L’existence d’une expression outrageante ou offensante (elle n’a pas à
être précisée ni déterminée, ni prouvée). Expression outrageante, termes de
mépris ou invective. Il n’est pas possible de dresser la liste des termes ou
expressions considérées comme injurieuses. Les tribunaux retiennent le
caractère grossier des termes employés. Tout peut dépendre du contexte, du
ton et des circonstances. Il n’est pas exigé que l’expression porte atteinte à
l’honneur ou à la considération de la victime. L’injure se caractérise seulement
par des insultes, des propos grossiers, sans imputer un fait précis.
c)L’élément moral.
La volonté d’offenser : l’agent pose son acte dans le but d’offenser
(intention coupable). Autrement dit l’animus injuriandi.
Le fait de traiter de bandit son employé en présence d’autres employés ;
le fait de qualifier dans un écrit paru dans un journal imprimé, vendu et
distribué, un leader de voyou ; le fait dans une émission radiophonique ou de
télévision en direct, de dire de quelqu’un qu’il est sale sont des faits
infractionnels d’injures publiques punissables.
III. Poursuites
567
Crim.,17 janvier 1995, Dr.pénal 1995, comm.120.
568 er
C.S.J . ,RPA 61, 1 avril 1980, inédit.
366
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
L‘infraction d’injure simple prévue et sanctionnée par l’article 77 de
notre code pénal en son livre II, exige la réalisation et la réunion d’éléments
constitutifs pour être établie.
a)L’acte matériel d’injures
L’injure simple suppose une expression offensante, l’intention de nuire.
L’injure simple se consomme par le seul fait d’offenser une personne par des
expressions blessantes, outrageantes, par mépris ou invectives. La
détermination ou la précision du fait d’injure n’est pas requise. Une expression
plus ou moins vague suffit à retenir l’infraction. Il n’est pas requis que
l’expression porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la victime.
Traiter quelqu’un de bandit, de sorcier, macaque, musenzi, de voyou …c’est
déjà l’injurier.
b)la catégorie de la personne injuriée
L’injure simple requiert la personne injuriée. Elle doit viser avec précision
une personne ou un groupe de personnes déterminées. Des attaques vagues et
imprécises contre des collectivités ne constituent pas le délit d’injure570. Il faut
une personne précise même si elle n’est pas citée nominativement. Il n’est
donc pas nécessaire que la personne injuriée soit citée nominativement.
L’injure non publique réprimée par l’article 77 du code pénal peut se réaliser
par téléphone.
c)L’élément moral
L’injure simple exige l’intention de nuire (animus injuriandi), dans le chef de
celui qui l’a proférée. Elle suppose que moralement l’auteur a conscience qu’il
pose un acte de nature à offenser ou à blesser. Ainsi donc des propos adressés
par plaisanterie ne peuvent pas être considérés comme des injures simples. Il
faut donc prouver l’intention coupable. Elle est toujours présumée quand
l’auteur n’établit pas un fait justificatif qui prouve sa bonne foi. La
jurisprudence fait pèser sur l’auteur de l’injure une présomption de mauvaise
foi571.
569
Dans la plupart des cas d’injures d’individu à individu, les tribunaux se sont toujours buté
au problème d’administration de la preuve. Devant la négation des faits par le prévenu et
faute de preuve contraire, le tribunal a toujours acquitté au bénéfice du doute.
570
Crim.16 décembre 1954,S.1955.287, rapport Patin.
571
Michel véron., op.cit, p. 184.
Catalogue des infractions 367
II. Poursuites
324. Insoumission
L’insoumission est une infraction tendant à soustraire son auteur de ses
obligations militaires. Tout citoyen est susceptible de la commettre.
L’insoumission est un délit que commet un individu qui, régulièrement appelé
à rejoindre son corps de troupe, ne se rend pas dans les délais légaux à la
destination qui lui est assignée573 . L’insoumission n’est infractionnelle que par
rapport aux lois sur le recrutement. Elle est prévue et réprimée par les articles
41-42 du code pénal militaire.
I. Eléments constitutifs
572
C.S.J. , R.P.A 61, 01 avril 1980 in Dibunda . , op. cit . , p.110.
573
JEL 1974, cité par Laurent MUTATA., op. cit . , p. 53.
368
Catalogue des infractions
574 ème
GOYET (F) . , Droit pénal spécial, 8 éd. Sirey 1972 p.4.
Catalogue des infractions 369
575
Articles 86 à 103 du Code de l’Organisation et de la Compétence Judiciaires.
576
Cette infraction est aussi prévue par l’ordonnance n° 75/153 du 31 mai 1975
réglementant les heures d’ouverture des débits de boisson et portant interdiction des nights-
clubs sur toute l’étendue de la République.
370
Catalogue des infractions
a)L’élément légal
La loi congolaise définit et réprime l’ivresse au volant. C’est
l’ordonnance législative n°2/544 du 20 décembre 1958.
b)L’élément matériel
L’élément matériel est exclusivement caractérisé par le comportement
et les signes extérieurs présentés par le conducteur, même en l’absence de toute
autre contravention aux règles de la circulation ou de tout accident.
L’infraction pourra être constituée même si le taux d’alcoolémie
constaté est inférieur aux taux légaux, et même si le prélèvement sanguin a été
refusé par le conducteur. Il est de la pratique des tribunaux de trancher que la
loi n’établit pas un mode de preuve spécial de l’état d’ivresse. Le juge de fond
peut déduire cet état de tous les éléments qui lui sont régulièrement soumis et
que les parties ont pu contredire577 .
577
Cass., 2ème. ch., 21 janvier 2004 p.1383 (som).
578
R.J.C.B 269, codes Piron et Devos, T1 345.
372
Catalogue des infractions
apparente, soit lorsqu’elle revêt un aspect scandaleux ; il n’y a donc pas d’égard
aux causes déterminantes579 .
III. Poursuites
579
Terr. Lulua, 28 décembre 1912, Jur. Kat. II p.18 ; Ière inst.App Elis. 11 Août
580
Article 2 de l’ordonnance n° 57/APAJ du 10 juin 1939, B. A. ,p. 491.
Catalogue des infractions 373
581
R.C. B.J. 269, codes Piron et Devos, TI 345 .
374
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
II. Poursuites
582
La libération conditionnelle est une mise en liberté que l’administration accorde au
condamné pour stimuler son amendement par la perspective d’une libération définitive en
cas de bonne conduite. La libération conditionnelle est prévue et réglementée par les
articles 35 à 41 du code pénal et par l’ordonnance n°344 du 17 septembre 1965 portant
organisation du régime pénitentiaire. La libération conditionnelle a un caractère facultatif ;
Catalogue des infractions 375
I. Eléments constitutifs
Les éléments constitutifs sont au nombre de trois, outre l’intention qui est le
quatrième :
même lorsque toutes les conditions sont remplies, l’autorité compétente peut la refuser.
L’article 35 du code pénal précise les conditions d’octroi de cette mesure :
1° Il faut que le condamné à une peine comportant privation de liberté ait exécuté une
partie de la peine : un quart de la peine, et à condition que la durée de l’incarcération déjà
subie dépasse trois mois.
2° Il faut que le détenu donne des signes d’amendem ent et de bonne conduite. La libération
conditionnelle peut être révoquée pour cause d’inconduite (art 36 du code pénal).
3° Il faut que le détenu accepte les conditions pos ées par l’administration pénitentiaire.
La libération conditionnelle est accordée par le Ministre de la Justice pour les condamnés
des juridictions civiles. Le Ministre de la Défense nationale est l’autorité de décision pour les
condamnés par les juridictions militaires. Avant toute décision de libération conditionnelle, il
ya consultation préalable du Ministère public, du directeur de la prison, du gouverneur de
province ou son délégué et le chef de division provinciale qui a l’inspection des services
pénitentiaires dans ses attributions.
La libération conditionnelle est destinée à ménager une période de transition entre le régime
de détention et la liberté totale. La libération définitive est acquise au condamné si la
révocation n’est pas intervenue avant l’expiration d’un délai égal au double du terme
d’incarcération que le condamné avait encore à subir à la date à laquelle la mise en liberté a
été accordée en sa faveur. Si le libéré conditionnel se comporte bien et respecte les
conditions imposées par l’administration, il verra sa libération confirmée à l’issue du temps
d’épreuve (art. 37 du code pénal).
Si par contre, pendant ce temps, il commet des actes d’inconduite (ivresse, débauche,
mauvaise fréquentation..) ou de manquements aux conditions énoncées dans le permis de
libération, celle-ci pourra être révoquée (art. 36 du code pénal), sur avis du parquet. Dans
ce cas, le libéré conditionnel regagnera la prison et exécutera le restant de la peine. Les
auteurs de détournement, de concussion et de corruption ne peuvent bénéficier de la
libération conditionnelle.
583
Cass. , 30 novembre 1953, J.T. ,1954, p. 79.
584 er
Pour le professseur LIKULIA BOLONGO, c’est l’article 1 de l’arrêté du 19 janvier 1901
tel que modifié par l’ordonnance du 21 avril 1945. Ces deux textes de lois, que nous n’avons
trouvé publiés nulle part, sont largement évoqués par le professeur.
376
Catalogue des infractions
a) Texte légal
L’infraction de jeux de hasard est créée par l’arrêté du Gouverneur
Général du 19 janvier 1901 modifié par les ordonnances n° 93/AIMO du 28
septembre 1942586 et 92/AIMO du 21 avril 1945587. Les pénalités prévues par
l’article 2 sont l’amende et la servitude pénale n’excédant pas deux mois ou
une de ces peines588.
585 ère
1 Inst. Elis, 17 août 1925 (Kat. 1, p. 200) ; Parq. Haut shaba, 28 septembre 1953.
586
B.A., p. 369.
587
B.A., 531.
588
Les textes relatifs aux jeux de hasard sont aussi trouvables dans les codes Larcier
République Démocratique du Congo, tome II , Edition 2003 Larcier- Afrique Editions, page
40.
Catalogue des infractions 377
338. Lâcheté
La lâcheté s’entend de la fuite devant les forces ennemies ou bandes
insurrectionnelles, ou de l’emploi de moyens irréguliers pour se soustraire à un
378
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
La lâcheté repose sur des éléments essentiels, sans lesquels il n’y a pas
infraction.
La qualité requise pour l’auteur, c’est-à-dire un militaire ou son assimilé ;
Les éléments matériels qui sont de deux ordres : il y a d’une part l’existence
préalable des forces ennemies ou des bandes insurrectionnelles, et d’autre part
la fuite devant lesdites forces ou l’emploi des moyens irréguliers pour se
soustraire à un danger ;
La volonté coupable doit être établie. Le dol général suffit à établir cette
culpabilité dès lors que l’agent a posé son acte d’une manière libre et
consciente, peu importe le mobile ou que son acte ait été préjudiciable ou
non à l’Etat congolais, à ses Forces Armées, à la Police Nationale ou au
Service National. Il a été jugé d’une part que l’infraction de lâcheté ne vise
pas le chef de poste qui a fui devant des forces supérieures, s’il est établi que
toute résistance aurait été impossible. D’autre part il a été également jugé
que le fait pour un militaire d’abandonner un poste attaqué par des
indigènes, sans rien tenter pour les repousser, constitue l’infraction de
lâcheté devant l’ennemi589 .
I Eléments constitutifs
Pour se caractériser, l’infraction de lésions corporelles involontaires, outre
l’élément légal, exige la réunion d’un fait matériel, d’une faute de l’agent et
d’une relation de cause à effet.
1. Texte légal
Les lésions corporelles involontaires sont définies par l’article 52 du code
pénal livre II. Les sanctions sont prévues par l’article 54 du même code. Aux
termes de ce dernier article, l’auteur de coups et blessures par imprudence
pourra subir une servitude pénale de huit jours à un an et une amende ou l’une
de ces peines seulement.
2. Un fait matériel de coups et blessures.
Ce fait matériel peut consister en des coups, en abstention, omission,
négligence ou défaut de prévoyance. Dès qu’il y a atteinte à l’intégrité physique
de la victime même légèrement, il y a lésion corporelle.
3. Une faute de l’agent.
Cette faute doit être non intentionnelle, sans vouloir ni prévoir le résultat ou
le fait générateur de celui-ci. La faute de l’auteur de l’infraction peut revêtir
plusieurs formes : maladresse, imprudence, inattention, négligence,
inobservation des règlements. Il a été jugé que commet une blessure par
imprudence celui qui confie sa voiture à un tiers qu’il sait être en état physique
déficient, insuffisamment apte à cette conduite et dès lors susceptible de
provoquer un accident591.
Dans le cadre médical, il a été aussi jugé qu’un médecin qui a mis en danger
la vie d’un malade par suite de l’abandon ou du défaut de surveillance du
malade commet l’infraction en étude. Un chirurgien qui oublie dans une plaie
une compresse, laquelle provoque une suppuration qui retarde la guérison,
commet ainsi une blessure par imprudence592.
591
Mineur., p. 145 cité par Likulia Bolongo., op. cit , p. 116.
592
Elis., 19 avril 1949, RJCB.,p.131.
593
Boma, 19 mars 19O1, Jur. Etat p. 117.
594
Tribunal de paix de Kisangani/Makiso.,RP 1589, 31 octobre 2003, ministère public et
partie civile Kote Akake contre le prevenu Bambalatiwe Lowa, inédit.
380
Catalogue des infractions
les écoliers jouer avec une arme chargée commet l’infraction de lésions
corporelles involontaires lorsque ceux-ci blessent un passant.
Parfois il arrive que la victime ait également commis une faute : il y a
alors cumul de la faute de la victime avec celle de l’auteur. C’est le cas d’un
conducteur de véhicule qui roule en excès de vitesse dans une agglomération,
renverse et blesse un cycliste qui a brusquement tourné à gauche sans prévenir.
Dans ce cas, il y aura partage de la responsabilité civile mais la responsabilité
pénale de l’automobiliste reste entière.
Exemples595
Commet une blessure par imprudence celui qui confie sa voiture à un
tiers qu’il sait être en état physique déficient, insuffisamment apte à cette
conduite et dès lors susceptible de provoquer un accident ;
Un chirurgien qui oublie dans une plaie une compresse, laquelle
provoque une suppuration retardant ainsi la guérison, commet une blessure par
imprudence ;
Le seul fait de posséder un animal que l’on sait être d’un naturel malfaisant est
caractéristique d’une imprudence susceptible de provoquer la responsabilité
pénale de son maître en cas de morsure ;
Est condamnable pénalement, le propriétaire d’un singe qui connaît la
méchanceté de son animal à l’égard des personnes étrangères mais, qui ne
l’attache qu’à l’aide d’une simple corde dont l’animal a pu aisément se
débarrasser pour se précipiter sur Monsieur Mputu et le mordre ; un maçon
perché sur un mur qui laisse tomber une brique sur un passant.
II. Poursuites
595
Certains exemples sont tirés de l’ouvrage intitulé « Droit pénal spécial zaïrois » du
Professeur LIKULIA BOLONGO.
Catalogue des infractions 381
341. Loterie
Les loteries sont interdites en République Démocratique du Congo par le
décret du 17 août 1927596. Sont réputées loteries toutes opérations offertes au
public et destinées à procurer un gain par la voie du sort597 .
a)Opérations prohibées
596
B.O. , p.1487, cité par LIKULIA. , op. cit. ,p. 513.
597 er
Article 1 du décret du 17 août 1927 tiré du code Larcier République Démocratique du
Congo, tome II, Droit pénal, Larcier-Afrique Editions 2003, p. 40.
382
Catalogue des infractions
Par exemple, sont de ce genre les tombolas organisées dans le cadre des
colonies des vacances pour la jeunesse ou dans le cadre de la publicité (sociétés
brassicoles) ou les tombolas organisées par les associations philanthropiques
des opérations financières de l’Etat faites avec primes, ou remboursables par la
voie du sort ;
des opérations financières des pays étrangers de même nature autorisées par
l’autorité compétente ; des opérations financières de même nature faites par les
provinces, districts, communes, territoires ainsi que les opérations des sociétés
de même nature lorsqu’elles ont été autorisées.
Il est à noter que l’attribution à titre publicitaire d’un cadeau au public par la
voie du sort n’est pas une opération interdite et punissable.
Catalogue des infractions 383
598
M.C. ,1960, p. 946. Voir aussi les Codes larcier République Démocratique du Congo,
tome II, Droit pénal, Larcier-Afrique-Editions, p. 38. Ce texte de loi de deux articles est entré
en vigueur le jour de sa publication (article 2).
599 er
Article 1 du décret-loi 196 du 29 janvvier 1996.
384
Catalogue des infractions
344. Maraudage
Voir vol dans le champ, n°599.
600
Article 16 point 1 et 2 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
386
Catalogue des infractions
a)Les pénalités
Selon l’article 336 du code de la famille, l’auteur du mariage forcé
encourt une peine de servitude pénale d’un à trois mois et d’une amende ou
l’une de ces peines seulement. L’article 174f punit l’auteur de l’infraction de
mariage forcé d’une peine de servitude pénale de un à douze ans et d’une
amende ne pouvant être inférieure à cent mille francs congolais constants.
Lorsqu’il s’agit d’une personne âgée de moins de dix-huit ans, le minimum de
la peine prévue - à savoir un an - sera doublé.
b)Prescription de l’action publique
Dix ans après la commission de l’infraction, l’auteur du mariage forcé
ne sera plus poursuivi (prescription de l’action publique), l’action publique
étant dès lors éteinte.
En matière de prescription, le moyen tiré de la prescription doit être
soulevé d’office par les juges et le délinquant ne peut nullement y renoncer.
mariage d’une jeune fille impubère, c’est-à-dire de moins de quinze ans est
interdit. En effet, ne peuvent contracter mariage l’homme avant dix-huit ans
révolus, la femme avant quinze ans révolus sauf dispenses601. Le mariage d’un
interdit est aussi prohibé.
601
Prescrits de l’article 352 du code de la famille.
602
Article 395 du code de la famille.
388
Catalogue des infractions
l’infraction ou tant qu’elle continue à se commettre les poursuites n’ont pas été
engagées, l’action publique sera éteinte.
356. Menaces
Par menaces, il faut comprendre des paroles, gestes ou écrits dont on se
sert pour manifester à quelqu’un sa colère, son ressentiment, pour lui faire
craindre le mal qu’on lui prépare. C’est donc une promesse d’un mal qu’on se
propose de causer. Les menaces peuvent être faites par écrit, verbalement, par
gestes ou par emblèmes.
603
C’est la loi n° 87-010 portant code de la famille.
Catalogue des infractions 389
I. Eléments constitutifs
a)L’élément légal.
Les articles 159 et 160 du code pénal congolais livre II incriminent les
menaces. Celles-ci appartiennent à la catégorie des atteintes volontaires à
l’intégrité de la personne. L’infraction de menaces s’attache exclusivement à la
protection de l’intégrité morale. Certaines menaces sont étudiées séparément
du fait de la qualité des victimes ou du fait d’être dirigées contre les biens.
b)L’élément matériel.
La menace doit revêtir un caractère pénal et ne doit pas être l’expression
d’une simple colère à l’égard d’un tiers. Il s’agit des paroles, gestes, écrits signés
ou anonymes exprimant la colère ou le ressentiment destinés à inspirer la
crainte d’un mal grave qu’on prépare contre la personne visée ou un des siens.
La menace peut être effectuée devant des tiers, en l’absence de la personne
menacée. Il a été jugé que la partie civile et le ministère public doivent
rapporter la preuve pour établir les propos menaçants proférés par le
prevenu604.
Menace réitérée ou matérialisée. La menace constitue une infraction contre
les persones dont la tentative est punissable lorsqu’elle est soit réitérée(menace
verbale), soit matérialisée par un écrit, une image ou tout autre objet. Peu
importe le support dès l’instant qu’il est de nature à faire impression sur le
destinataire des menaces. Les menaces ne doivent pas être équivoques.
604
Tribunal de grande instance de Luebo, siègeant en chambre foraine à Tshikapa, RP
2600, 20 décembre 2004, ministère public et parties civiles Mpoyi Moise et consorts contre
le prevenu Monga Mongali, inédit.
605
Michel Véron., op. cit., p.64.
606
T.corr. Paris, 26 février 1973,JCP 1973, JCP 1973. II. 17408, note J.A., et Rev. Sc. Crim.
1973. 903, obs. Levasseur.
390
Catalogue des infractions
607
Crim.,25 avril 1990, Dr.pénal 1990, n° 289.
608
Nous tirons ces exemples de l’ouvrage de Georges Mineur, en page 117.
609
Boma, 24 juillet 1899, Jur. Etat I p. 73 .
Catalogue des infractions 391
Le mobile qui anime le coupable n’entre pas en considération. Peu importe que
les menaces soient justes ou injustes, qu’elles aient ou non pour but la défense
d’un droit, de la société, de l’ordre ou de la morale publique, qu’elles ne soient
que plaisanteries d’un goût douteux ou que leur auteur n’ait ni la volonté
véritable, ni les moyens de les mettre à exécution.
I. Eléments constitutifs
610
« La problématique liée à l’application du décret du 6 décembre 1950 sur l’enfance
délinquante », par OLELA OKONDJI, Avocat Général, séminaire des magistrats des
tribunaux de paix de Kinshasa, session 2002, p.7.
Catalogue des infractions 393
Certes les enfants qui se livrent à la mendicité ne peuvent être que l’objet
d’une protection spéciale ,mais ceux qui organisent ou exploitent la mendicité
d’autrui doivent être sanctionnés. Mais le but à intensifier est celui de lutter
contre les réseaux de mendicité qui se multiplient, notamment dans les grandes
villes, et qui semblent être financièrement profitables à ceux qui les mettent en
place.
II. Poursuites
b) Pénalités prévues
L’auteur d’infractions est passible de sanction pénale. Pour les mineurs
mendiants et vagabonds, les peines proprement dites sont abandonnées et
remplacées par les mesures613 ci-après :
611
Les enfants de rue sont indifféremment appelés dans les villes de la République
Démocratique du Congo. A kinshasa,à Lubumbashi et à Kisangani on les nomme
« shégués », à Mbuji-Mayi « Bana ba mu tshisalu », à Bukavu et Goma « Maibobo ». Le
vocable « shégué »tend à supplanter les autres vocables.
612
IDZUMBUIR ASSOP (J)., « La Justice pour mineurs au Zaïre : Réalités et perspectives »,
Kinshasa, Editions Universitaires Africaines, 1994, p. 45
613
Articles 106 à 109 de la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de
l’enfant(autrefois article 2, 3, 7 et 8 du décret du 06 décembre 1950 sur l’enfance
délinquante).
394
Catalogue des infractions
d) Prescription
Après l’écoulement d’un délai d’une année, l’action publique contre le
père ou la mère qui ont commis une infraction à la procédure intentée contre
leur enfant mineur, sera éteinte. La peine, elle, si elle n’a pas été appliquée sera
614
C.S.J., RP.1.154, 25 juillet 1989, B.A. années 1985 à 1989, édition 2002, p. 502.
615
Article 200 de la loi du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.
616
En vertu de l’article 101 de la loi du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant , est
territorialement compétent, le tribunal de la résidence habituelle de l’enfant, de ses parents
ou tuteur, du lieu des faits, du lieu où l’enfant aura été trouvé, ou du lieu où il a été placé, à
titre provisoire ou définitif.
396
Catalogue des infractions
359. Meurtre
Le meurtre est l’acte d’une personne qui consiste à donner volontairement
la mort à autrui. Il est l’homicide intentionnel sur la personne d’autrui. Le
meurtre peut aussi être défini comme un homicide commis avec l’intention de
donner la mort617. Lorsque le meurtre est aggravé, on l’appelle assassinat.
I. Eléments constitutifs
Le meurtre obéit à la structure commune des infractions en droit pénal.
Les éléments constitutifs traditionnels sont réquis pour l’établissement de
l’infraction du meurtre.
a)L’élément légal.
Les articles 43 et 44 du code pénal congolais livre II définissent le
meurtre. En suivant une définition étymologique, le meurtre est le fait de tuer
(caedere) une personne humaine (homo). En interprétant strictement la loi
pénale, le meurtre est le fait de donner la mort à autrui, ce qui semble exclure le
fait de se donner soi-même la mort.
b)L’élément matériel
Le meurtre est une atteinte à la vie d’autrui. Il suppose donc le « le fait
de donner la mort » à « autrui ».Le fait de donner la mort. L’élément matériel
est un acte positif de toute nature s’apparentant à des violences ayant entraîné
la mort de la victime. Le meurtre se traduit nécessairement par un acte positif,
l’expression « donner la mort » exigeant une action. Comme nature de l’acte
matériel, il doit s’agir obligatoirement d’un acte matériel de violence physique.
Les actes matériels sont entendus comme l’accomplissement à l’encontre d’une
617
Article 1er de l’ordonnance-loi n° 68-193 du 3 mai 1968 qui a remplacé les anciens
articles 44 et 45 du code pénal.
398
Catalogue des infractions
Il n’est pas indiqué les moyens à employer pour donner la mort. Les moyens
déployés doivent être positifs, et non pas résulter d’une omission. Laisser
mourir une personne en restant inactif, alors que l’on n’a pas participé à la
situation qui l’a mise en danger , résulte de l’infraction de non asistance à
personne en danger.
c)L’élément moral618
L’élément moral est principal car le meurtre est une infraction
intentionnelle.L’animus necandi. En effet, le meurtre est un homicide
volontaire. L’élément moral contient cumulativement un dol général (caractère
volontaire de l’atteinte portée et de la violation de la loi pénale) et un dol
spécial (la volonté de donner la mort, désignée sous la locution latine d’animus
necandi). L’intention meurtrière est réquise. Il faut une volonté de tuer.
Il faut l’intention de donner la mort. C’est une condition suffisante.
La volonté de tuer est consubsatantielle à l’infraction de meurtre.Laplupart du
618
L’élément moral exige la capacité de comprendre et de vouloir. Celle-ci n’existe pas
lorsque l’acte a été accompli par un très jeune enfant (Crim. 13 déc. 1956, D.1957, 349,
note Patin), il importe de voir à ce sujet les développements repris à l’infraction de mendicité
et vagabondage. Elle n’existe pas non plus lorsque la présence d’une cause de non
imputabilité est constatée. La cause de non-imputabilité fait disparaître la culpabilité de
l’auteur. D’autres causes de non-imputabilité peuvent être la démence, la contrainte
irrésistible, l’erreur invincible. Pour entraîner l’irresponsabilité de l’agent, la démence doit
être contemporaine à l’acte incriminé et être totale (annihilation complète de toutes les
facultés de discernement et de volonté). La contrainte irrésistible existe lorsque l’agent
n’avait d’autre possibilité que de commettre l’infraction. Pour supprimer l’imputabilité, la
contrainte physique ou morale doit être irrésistible et extérieure au prévenu. L’erreur
invincible, qu’elle soit de fait ou de droit, doit être invincible et porter sur un élément
constitutif de l’infraction.
Catalogue des infractions 399
Il a été jugé qu’un prévenu parti pour venger son grand frère tué
quelques heures auparavant qui administre des coups à la victime qui en meurt
était animé de l’intention de tuer621.
A défaut d’intention de tuer, il s’agira d’une autre qualification telle les coups et
blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner (art.
48), l’homicide involontaire (art. 52) ou d’une mort n’entraînant aucune
responsabilité pénale. L’auteur ne doit pas rechercher la mort d’une personne
déterminée. Il est simplement animé de l’intention de tuer une personne
(mitrailler une classe, égorger les participants à une manifestation sportive).
Indifférence de l’erreur sur la victime. L’erreur sur la victime est
totalement indifférente. L’erreur sur la personne ne compte pas. Il en est de
celui, qui au lieu de tuer Pierre, se trompe et tue Jean. Le consentement de la
victime n’enlève pas non plus le caractère infractionnel du meurtre. Peu
importe qu’il y ait erreur du coup. L’intention peut s’induire de la nature de
l’arme ou du coup, de la région du corps frappée par l’agent (induction relevant
de l’intime conviction du juge : Crim., 2006) Indifference des mobiles. Le
mobile du meurtrier n’efface pas l’infraction. Le mobile est indifférent à la
qualification. Le mobile politique est indifférent à la qualification juridique. Le
meurtre est par nature un crime de droit commun et aucune circonstance
particulière de commission ne peut changer sa qualification juridique622 .
D’ailleurs, pour l’existence de cette infraction, le mobile de l’acte
criminel ne doit pas nécessairement être déterminé ou connu par le juge
619
Crim.,08 janvier 1991, Bull.crim., n°14,D.1992, p. 1 15, note croisier-Nerac, RSC
1991,748 et RSC 1992,p. 748,obs. Levasseur.
620
Coralie Ambroise-Castérot.,Droit pénal spécial et des affaires, Gualino éditeur, Lextenso
éditions, paris, 2008, p.26.
621
Tribunal de grande instance de Kananga, RP 9478/9500, 27 août 2004, inédit.
622
L’affaire Gorgulov, en France, a posé le principe de l’indifférence des mobiles à la
qualification juridique de l’infraction. Gorgulov a assassiné le Président de la république
Française Paul Doumer. Il soutenait avoir commis son acte pour des convictions politiques
et essayait de faire admettre la nature politique de son crime. La chambre criminelle a
rejeté son argumentation car l’élément moral du meurtre est de donner la mort à quelqu’un.
400
Catalogue des infractions
L’auteur peut avoir tué par amour, par haine,par jalousie, par passion,par
vengeance, par idéologie ou pour un motif crapuleux. La qualification
juridique du meurtre reste inchangée et, par voie de conséquence, la peine
encourue aussi.
De même, le consentement de la victime est sans incidence sur le
meurtre. Ainsi, l’asistance active au suicide et l’euthanasie restent des meurtres.
Il a été jugé que l’infraction de meurtre est établie lorsqu’il ressort des éléments
du dossier et en dépit des dénégations du prévenu, qu’il avait tiré dans la foule
même sans avoir visé la victime dont le décès est , selon le rapport médical et la
déposition du médecin légiste , dû à la perforation de l’intestin par la balle qu’il
a tirée. En outre, l’intention homicide est établie par l’emploi d’un couteau et le
fait de porter le coup à une partie vitale de la victime623 .
En cas de meurtre par arme à feu, l’intention homicide résulte de l’arme
à feu employée et de l’endroit du corps où le coup a été porté624 .
d) L’absence des faits justificatifs
Le meurtre peut ne pas être puni lorsqu’il est entouré de faits
justificatifs. L’étude des faits justificatifs se fait en droit pénal général. Il peut y
avoir, justifiant le meurtre, l’ordre de la loi ou commandement de l’autorité
légitime, la légitime défense, et l’’état de nécessité.
II. Poursuites
a)Tribunal compétent
Le meurtre est par priorité poursuivi et jugé dans un délai d’un mois
maximum. Les articles 43 et 44 du code pénal livre II définissent et
sanctionnent l’infraction de meurtre de la peine de mort. Le tribunal compétent
est celui de Grande Instance.
b) Prescription de l’action publique
L’infraction de meurtre est prescriptible dans un délai de dix ans. Bien que
la loi soit silencieuse, la peine de mort n’est pas prescriptible. La découverte
d’un cadavre plus de dix ans après que la disparition a été signalée pose des
problèmes de prescription de l’action publique, en l’absence d’actes interruptifs
pendant ce délai (Crim., 2006)625
c) Les particularités
La répression connaît quelques règles particulières s’appliquant à tous
les homicides volontaires. La tentative de meurtre est toujours punissable en
vertu de l’application des principes de droit pénal général. L’infraction
623
C.S.J., R.P. 27/CR, 30 juillet 1985, B.A. Années 1985 à 1989, édition 2002, p.39. Cour
er
d’appel de Kinshasa, 1 février 1968, M.P c/ L.
624
C.S.J., 8 août 1969, Affaire Bangala , R.C.D.1970,II ,p.15, R.J.C. 1970 p.4 in Dibunda. ,
op. cit . , p.124.
625
Mementos, Droit pénal spécial, 14ème édition 2008, Dalloz, P.10.
Catalogue des infractions 401
626
Crim. , 18 novembre 1978, Bull. n° 258.
627
La préméditation peut être définie comme le desein formé avant l’action de commettre un
crime.
628
Crim.,12 juillet 1982,RSC 1983,p.261,obs. Levasseur.
402
Catalogue des infractions
a) Considérations générales
Comme l’expression « meurtre commis pour faciliter un vol » l’indique,
l’infraction de meurtre commis pour faciliter un vol se réalise lorsque, pour
commettre un vol ou une extorsion, l’auteur tue la personne qui constitue un
obstacle ou alors la personne qui serait un témoin gênant. C’est une
circonstance aggravante réalisée avant ou après la consommation de l’infraction
de vol ou d’extorsion. Les exemples sont classiques : s’introduire dans une
maison et y tuer l’occupant pour voler un coffre-fort ; celui qui, après avoir
réalisé son vol s’aperçoit qu’il a été vu par un témoin qui le connaît et tue ce
témoin629 .
b) Poursuites
Le meurtre commis pour faciliter le vol est une circonstance aggravante
prévue par l’article 85 du Code Pénal. La disposition légale précitée dispose :
« le meurtre commis soit pour faciliter le vol ou l’extorsion, soit pour en
assurer l’impunité, est puni de mort ».
629
Cour de Sûreté de l’Etat. , 21 juin 1974, R.J.Z 1979, p.98
630 er
Ce sont là des termes des définitions des articles 1 , 2 et 3 de l’ordonnance-loi 11/130
du 25 mars 1960 portant mesures intéressant la sécurité publique (Milices privées).
Catalogue des infractions 403
gens, accompli par un autre Etat. Elles s’entendent également de toute riposte
individuelle à un mauvais procédé632 .
Lorsqu’elles sont permises, les représailles doivent demeurer le dernier
recours pour rétablir le respect du droit de la guerre. L’action à engager devra
respecter la condition de la proportionnalité.
b) Eléments constitutifs
L’infraction de mise à mort par représailles suppose pour sa
consommation un acte positif et matériel d’homicide. Au plan de l’élément
moral, elle exige l’existence de la volonté de donner la mort. Il peut s’agir d’une
volonté spéciale qui se construit à partir d’un mobile de vengeance réagissant à
un mauvais procédé utilisé par la victime ou par les membres de son groupe.
On suppose que cette volonté est réfléchie et préméditée, car l’activité
incriminée est assimilée à l’assassinat.
c)Remarques
Les représailles sont interdites lorsqu’elles sont dirigées contre les
personnes civiles et les biens civils. Elles sont également prohibées lorsqu’elles
sont dirigées contre les prisonniers de guerre. Elles sont prohibées contre les
blessés, les malades et les naufragés. Le législateur interdit en outre, les
représailles contre les personnes et les biens particulièrement protégés, contre
les biens indispensables à la survie de la population civile, contre
l’environnement nature etc.
L’article 171 du code pénal cité précité n’incrimine que les représailles
exercées sur les personnes, quelles qu’elles soient, et ayant comme résultat la
mort de la victime.
632
AKELE ADAU Pierre. , « Le citoyen- justicier, la justice privée dans l’Etat de droit », ODF
Editions, Kinshasa, décembre 2002, p.79.
Catalogue des infractions 405
l’enfant est prévue et définie par la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant
protection de l’enfant, au titre cinquième, quatrième section633. Elle comprend :
- la discrimination à l’égard de l’enfant (art.185) ;
- le déplacement ou rétention illicites de l’enfant à l’étranger par un parent ou
un tiers(186) ;
- les contraventions aux dispositions de la loi sur les pires formes du travail
de l’enfant (art.187) ;
- l’enrôlement ou utilisation des enfants de moins de dix-huit ans dans les
forces et groupes armés et police (art.187) ;
- l’utilisation d’un enfant dans les différentes formes de criminalité (art.188) ;
- le délaissement d’un enfant (art.190) ;
- le don en mariage d’un enfant, le mariage forcé (art. 189) ;
- l’abstention de porter secours à un enfant (art.191) ;
- la non dénonciation des violences commises sur un enfant (art.192) ;
- l’abstention volontaire d’accomplir un acte de sa fonction requis pour un
fonctionnaire en cas d’abus ou de mise en danger d’un enfant (art. 193) ;
- l’utilisation d’un enfant aux fins de mendicité (art. 194).
633
Cette mise en danger est consignée aux articles 185 à 194 de la loi n° 09/001 du 10
janvier 2009 portant protection de l’enfant.
406
Catalogue des infractions
établi que cette attitude a été déterminée par la volonté délibérée de l’agent de
se débarrasser de la mission, sans y prêter l’attention responsable nécessaire ou
s’il en est résulté des conséquences graves sur les hommes ou sur le matériel, la
peine de mort est prononcée.
La réalisation de l’infraction est subordonnée à deux conditions préalables.
D’un côté l’on cite l’existence d’une mission de combat (affrontement armé,
conflit armé ou opération tendant au maintien ou au rétablissement de l’ordre
public). De l’autre, on retient le statut de l’agent (un officier, un commandant
d’une formation, d’un navire ou d’un aéronef militaire).
a)L’élément matériel.
Il consiste en la mise en exécution d’une mission de combat sans
prendre des dispositions utiles à sa réussite. Il faut ainsi qu’il y ait adéquation
entre les armes et munitions, la dotation nécessaire pour engager les combats
ou résister, la qualité et l’état du matériel. En effet, il est interdit de préparer ou
envoyer au front des armes sans les munitions y afférentes. On ne peut
déclencher les hostilités ni prétendre défendre ses positions avec un armement
inférieur à celui de l’ennemi. Il est également prohibé de déclencher des
hostilités sans moyens de communication suffisants pour assurer la liaison
entre les troupes amies ou encore sans ration alimentaire adéquate. Défendre
ses positions ou déclencher des hostilités avec des effectifs en hommes réduits
par rapport aux forces ennemies rentre dans l’élément légal de l’infraction.
b)La négligence dans le chef de l’agent.
Toute attitude négative caractérisée notamment par une imprudence, une
maladresse, une inattention ou mégarde dont fait montre un agent dans
l’accomplissement de son devoir. Une négligence punissable dont la
conséquence consiste dans l’inadéquation entre les armes et les munitions, la
non-prévision d’une dotation nécessaire, la programmation d’un matériel non
performant…
b) Actes punissables
Sont punis sur base des articles 206 et 208 du code pénal ordinaire :
- la confection des barricades, retranchements ou tous autres travaux ayant
pour objet d’entraver ou d’arrêter l’exercice de la force publique ;
- le fait d’empêcher à l’aide de violences ou de menaces la convocation ou la
réunion de la force publique, ou de provoquer ou faciliter le rassemblement
des insurgés ;
- l’envahissement ou l’occupation d’édifices publics ou privés pour faire
attaque ou résistance envers la force publique.
c) Eléments constitutifs
En partant de la définition légale, deux types d’actes constituent les
éléments matériels au sens du code pénal militaire. Il y a la violence collective
et la possibilité ou concrétisation de la mise en péril des institutions nationales
ou de l’atteinte à l’intégrité du territoire national. Quant à l’élément intellectuel,
le mouvement insurrectionnel ne peut être consommé que si la violence
collective résulte d’une volonté libre et convergente des agents. Ils sont
conscients de prendre part librement à un mouvement subversif. Ils savent
bien que leur mouvement est susceptible de menacer ou compromettre
l’existence des institutions légitimes du pays, ou de porter atteinte à l’intégrité
du territoire national.
634
Laurent MUTATA LUABA . , op.cit . , p.448
408
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
a) Elémént légal
Les poursuites du coupable de mutilation de cadavre sont faites sur la base
légale de l’article 61 du code pénal livre II. L’article 61 sanctionne l’auteur de
pareille infraction de deux mois à deux ans de servitude pénale et d’amende ou
d’une de ces peines seulement.
b) Elément matériel
1. Il faut physiquement avoir mutilé un cadavre humain ; en d’autres termes
agir sans respect dû aux morts sur les dépouilles humaines.
2. La mutilation n’est pas à restreindre au simple fait de retrancher ou de
priver un cadavre de quelque membre, il faut l’entendre dans un sens très
large.
3. Il doit s’agir d’un cadavre humain, une personne déjà morte. Les ossements
ne sont pas à considérer comme un cadavre638.
635
Article 138 du code pénal militaire.
636
Article 208 du code pénal ordinaire
637
L’infraction réprimée par l’article 61 du code pénal livre II est l’action d’attenter , avec de
mauvaises intentions, à l’intégrité du corps d’un être humain déjà mort.
638
Le mot cadavre désigne le corps humain privé de vie, aussi longtemps qu’il peut être
considéré comme un corps humain. Par contre, quelques ossements ne peuvent être
considérés comme constituant un cadavre.
Catalogue des infractions 409
c) Elément moral
L’élément moral est doublement caractérisé. L’agent doit agir
intentionnellement et méchamment. D’une part le coupable a conscience qu’il
pose un acte interdit par la loi et, d’autre part, il pose cet acte interdit avec
penchant à faire du mal. Cette méchanceté caractéristique exclut les cas
accidentels et les cas où un but scientifique ou sanitaire est poursuivi (étude
anatomique, autopsie légale, incinération de cadavres en cas d’épidémie etc.)
N’est pas aussi infractionnelle la mutilation résultant des pratiques
religieuses admises (incinération) ou du respect des dernières volontés du
défunt ou de sa famille.
Peuvent être pris comme infractionnels les exemples ci-après de
mutilation de cadavre :
- Porter des coups et faire des blessures à une personne déjà morte (ces actes
doivent être accompagnés d’une méchanceté) ;
- Incinérer un cadavre humain sans que la personne soit décédée d’une
maladie dangereuse susceptible de contaminer les vivants ;
- Traîner par terre ou projeter violemment un cadavre ;
- N’est pas constitutif de cette infraction l’acte posé sur le cadavre dans un
but médical, scientifique, hygiénique ou médico-légal.
Il sied de faire remarquer qu’il a été jugé que tombe sous le coup de
l’infraction une mutilation de cadavre, pratiquée même dans une intention
louable d’après la mentalité, chaque fois qu’elle constitue une atteinte au
respect dû aux morts639 . Est qualifié d’intention méchante le fait de porter des
coups de lance ou de pierres à quelqu’un qui vient d’être tué, de l’amputer d’un
organe, de brûler son cadavre sans motif d’hygiène ou de réligion etc.
II. Poursuites
639
District Arwimi , 4 février 1930, Rev. Jur. 1930 , p. 218.
410
Catalogue des infractions
640
Article 153 alinéa 3 de la loi n° 09/001 du 10 janvi er 2009 portant protection de
ème
l’enfant(cfr Journal Officiel de la République Démocratique du Congo, 50 année, Numéro
spécial, 25 mai 2009, p. 37).
Catalogue des infractions 411
mystérieux des organes sexuels »(dont on parle tant) par des femmes
prostituées non totalement désintéressées par le partenaire occasionnel est une
mutilation sexuelle.
II.Régime répressif
641
Article 137 de la loi cadre 86-005 du 22 septembre 1986, in Codes Larcier République
Démocratique du Congo, tome VI, volume 2, Larcier-Afrique Editions 2003, p. 73.
642
Article 139 du même texte de loi cadre sur l’enseignement.
643
Article 140 de la loi cadre 86/005 du 22 septembre 1986.
414
Catalogue des infractions
644
Article 114 du code pénal militaire.
Catalogue des infractions 415
645
C.S.J., R.P.A 77, 25 mars 1983 in Revue Pénale Congolaise, Editions Droit et Société
« DES »n°1, janvier -juin 2004 p.24.
646
Alger, 9 novembre 1953, D.1950.369, note Pageaud , concernant un passant qui pouvait
se borner à s’interposer, cause une fracture à l’agresseur. Cass.16 novembre 1955, B.489
cité par GOYET. , op. cit . , p.184.
647
Crim. , 31mai 1949, Bull. n°202 ; JCP 1949, II, 4945, note Magnol.
416
Catalogue des infractions
a)L’abstention
L’abstention d’apporter le secours nécessaire constitue l’élément
matériel de l’infraction d’omission de porter secours. L’infraction est
caractérisée dès lors que le prévenu s’est volontairement abstenu de porter
secours à la victime, alors même qu’il ne pouvait ignorer la gravité du péril
auquel elle était exposée648 . Le refus d’assistance est une infraction formelle
constituée indépendamment du résultat. L’omission de conjurer le danger ou
de provoquer un secours alors que l’on a eu conscience du péril et de la
nécessité d’une action immédiate. Pour déceler cette abstention volontaire, on
comparera l’attitude du prévenu à celle d’un individu normal placé dans les
mêmes conditions.
648
Crim. , 17 février 1972, Bull. n°68.
649
CA Paris 18 février 1964,Gaz.Pal.,1964,1,p 443.
650
Cass. , 23 mars 1953.D.1953.371 cité par GOYET. , idem.
Catalogue des infractions 417
c) Juridiction compétente
Matériellement, la juridiction compétente est le tribunal de paix. Qu’il
s’agisse de l’omission de porter secours simple (art 66 ter) ou de l’omission de
porter secours aggravée (art 66 quater), au regard des peines, le juge de paix est
compétent.. Indemnisation de la victime La personne en péril qui a subi un
dommage du fait de l’abstention- ou ses ayants droit en cas decès- peut
demander réparation à celui qui aurait du agir.
651
Article 66 quater du code pénal livre II.
418
Catalogue des infractions
I. Conditions préalables
652
Les codes Larcier, République Démocratique du Congo, Tome III, Droit commercial et
économique, Volume I, Larcier- Afrique Editions, 2003, p. 240 et 289 et suivants.
Catalogue des infractions 419
653
Le but est moins de contraindre à révéler une infraction passée que d’en prévenir les
conséquences dommageables ou l’éventuelle réitération en permettant aux autorités d’agir
de façon efficace.
654
L’obligation n’est pas de révéler l’identité ou le réfuge des auteurs des
infractions(Crim.,26 février 1959, D.1959, 301 ; 02 mars1961, Bull. n° 137 ; D. 1962, 121,
noteP. Bouzat ; JCP 1961,II. 12092, note J. Larguier).
420
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
II. Poursuites
Il est fait obligation à toute personne qui aura trouvé un enfant nouveau-
né de le présenter et d’en faire la déclaration à l’officier de l’état civil du lieu de
la découverte. Le but du législateur en créant cette infraction est de sanctionner
un comportement passif dans le chef de celui qui a, avec lui, l’enfant mineur
mais refuse de le présenter.
a)Elément légal.
L’article 120 du code de la famille est le texte légal de l’infraction de
non présentation d’enfant. L’attitude contraire ou l’intention coupable ou
intéressée de celui qui aura amené ailleurs qu’au siège du conseil de tutelle656 le
plus proche ou aux autorités des localités ou collectivités, un enfant trouvé,
abandonné ou sans famille sera punie de la même peine que celui qui lui en a
donné mission.
b)Elément intentionnel.
Les termes de la loi marquent bien que l’infraction est intentionnelle.
La mauvaise foi est ainsi mise en évidence. Sans l’existence de l’intention
malveillante, l’infraction de non présentation ne sera pas établie.
656
N’existant pas à proprement parler dans les communes et territoires, ce sont les services
sociaux des communes qui en font office.
422
Catalogue des infractions
II. De la répression
657
Article 17 de la loi du 03 juillet 2001 qui a introduit en République Démocratique du
Congo les tribunaux de commerce.
424
Catalogue des infractions
658
J.O.Z. n°6, 15 mars 1974.p.263.
659
Article 206 de la loi 021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime
foncier et immobilier et régime des sûretés.
426
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
a)Elément légal.
L’infraction d’occupation illégale est prévue et punie par la loi
n°73/021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et
immobilier et régime des sûretés telle que modifiée et complétée par la loi
n°80/008 du 18 juillet 1980 spécialement son article 207.
b)Elément matériel.
L’élément matériel de l’infraction d’occupation illégale se caractérise
par :
1. un acte d’occupation, d’usage ou de jouissance d’une parcelle (portion
de terre), d’un champ, d’une terre ou d’une maison. Il a été jugé que l’infraction
d’occupation illégale s’étend également aux immeubles autres que les terrains,
en l’occurrence une maison660 .
Procéder à des travaux d’aménagement, de construction dans une
parcelle, sans titre ni droit ; s’installer sur une portion de terre non lotie et non
attribuée sont des exemples typiques de l’occupation illégale.
2. un défaut de titre et de droits. Inexistence d’un titre (de droit écrit ou de
droit coutumier) ou l’existence d’un titre frappé de nullité. C’est aussi l’absence
des titres légaux ou contractuels661. Il a été jugé que l’acte de vente est un titre
justificatif du droit d’occupation d’un champ662 .
c)Elément moral.
L’élément moral est l’intention frauduleuse. Elle est entendue comme une
volonté de s’attribuer un terrain, une parcelle, une maison sans justifier d’un
titre conformément à la loi foncière et sans droits. La mauvaise foi est avérée
lorsque le prévenu n’a pas apporté la preuve de l’acte de cession coutumière
délivré par son père ou des décisions judiciaires coulées en force de chose
jugée le consacrant propriétaire663 .
II. Poursuites
Celui qui construit ou réalise quelque entreprise sur une terre concédée
en vertu d’un contrat frappé de nullité sera puni d’une servitude pénale de deux
660
Cour d’Appel de Kinshasa / Gombe, RPA 109.60 du 21 juillet 1994 ; C.S.J., R.P 1726 du
18 février 1998, inédit.
661
Tribunal de grande instance du nord-Kivu à Goma, R.P 17079/CD, jugement du 21
décembre 2007, inédit.
662
Idem , RP 18492/18676, 02 avril 2008, inédit.
663
Idem , R.P 16.046 et 16.060, 12 septembre 2002 ; RAN 518 et jugement principal de
Bweremana n° 17/87, inédits.
Catalogue des infractions 427
664
Article 206 de la loi 021 du 20 juillet précitée.
665
Article 206 alinéa 3 de la loi dite foncière.
666
Article 206 alinéa 4 de la loi du 20 juillet 1973.
667
Article 206 alinéa 5.
668
C.S.J., RC 325, 10 avril 1985, inédit ; C.S.J., R.PA. 112, 20 novembre 1985, Inédit. Voir
Dibunda., op.cit. , p. 51.
428
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
669 ème
R.J.C. , Numéro spécial, 40 anniversaire, p. 212.
670
Ces deux ordonnances-lois portent respectivement répression des offenses envers le
chef de l’Etat et répresion des offenses envers les chefs d’Etat étrangers et outrages dirigés
contre les agents diplomatiques ; Voir code larcier République Democratique du
Congo,Edition 2003, Larcier-Afrique Editions tome II, p. 154.
Catalogue des infractions 429
671 er
Article 1 de l’ordonnance-loi 63/300 du 16 décembre 1963.
672 er
Article 1 de l’ordonnance-loi 63/301 du 16 décembre 1963.
673
Article 2 de l’ordonnance-loi 63/301 du 16 décembre 1963.
430
Catalogue des infractions
I. Conditions préalables
a)Elément matériel.
L’élément matériel est caractérisé par l’omission ou l’abstention de
porter secours aux blessés ou l’omission d’alerter les secours.
b)Elément moral.
L’élément moral est constitué de la volonté établie de l’abstentionniste
de ne pas porter secours au blessé. Le conducteur, qui pour éviter les réactions
qui suivent habituellement les accidents, n’est pas demeuré sur place mais s’est
présenté spontanément aux autorités pour porter les faits à leur connaissance
ou a alerté les tiers pour les prévenir, ne commet pas l’infraction.
Par contre, s’il est établi que le conducteur a fui pour échapper aux
poursuites pénales, il tombera sous le coup de cette loi pénale.
674
Article 66 ter du code pénal livre II.
Catalogue des infractions 431
Nous estimons que ce comportement peut être réprimé sur base de l’article 66
ter du code pénal livre II comme non assistance à personne en danger. La
sanction à subir est dès lors de trois mois à deux ans de servitude pénale et
d’une amende.
c)Eléments constitutifs
675
Cour d’appel de Nancy, 02 février 2005, JCP 2005. II. 10065, note M-L. Rassat et , sur
pourvoi, Crim., 22 novembre 2005, Bull. n° 305 ; Dr. Pénal 2006, comm.34.
432
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
L’infraction d’outrage à magistrat requiert des éléments constitutifs
pour être caractérisée.
a)La qualité de magistrat
L’outrage doit être adressé à un magistrat du siège ou du parquet ; les juges
consulaires des tribunaux de commerce, les assesseurs des tribunaux de paix et
de travail compris. Le magistrat à qui est adressé l’outrage doit être présent ou
l’écrit doit lui être adressé directement.
677
Trib. Corr., Pontoise, 22 février 1985, Gaz. Pal 1985.2.589, obs. Doucet.
434
Catalogue des infractions
678
Tribunal de Grande Instance de Bukavu, R.P 10641, 5 mars 2004, Ministère public et
partie civile Saleh katamea contre le prévenu Byadunia Nyakahuga crispin, inédit.
679
Tribunal de grande instance de Bukavu , R.P 9738, 24 mars 2002, Ministère public
contre les prévenus Mushizi Nfundiko, Jules Bahati,Kamengele Omba, Aziza clotilde,
Gerard Chikuru, Solange Lusiku et Namegabe Nabintu, inédit.
Catalogue des infractions 435
I. Eléments constitutifs
a)Textes légaux.
Les textes légaux qui répriment les outrages aux fonctionnaires publics
sont les articles 136 à 138 du code pénal livre II. Ces articles renferment
diverses sanctions bien déterminées selon les critères bien définis.
b)Elément matériel.
L’élément matériel de l’infraction d’outrage aux fonctionnaires publics est
constitué :
1. d’un fait matériel d’outrage. Le fait peut revêtir diverses formes. Il peut
s’agir :
a) d’une parole, c’est-à-dire des allégations diffamatoires, des sifflets, des
huées, des expressions grossières ;
b) Il peut aussi être question d’écrits ou de dessins de nature à
déconsidérer ou à blesser ;
c) Le fait peut en outre consister en des gestes ou menaces comme
signes d’expression de dédain ou de mépris ;
d) L’outrage peut revêtir la forme d’envoi de gris-gris etc..…
2. Le fait matériel d’outrage doit être adressé à un représentant de
l’autorité. Par représentant de l’autorité, il faut entendre ici un membre
du Gouvernement, de l’Assemblée Nationale, du Sénat, des Cours et
Tribunaux, des Forces Armées, de la Police ou les autres dépositaires de
l’autorité ou de la force publique.
3. L’outrage au représentant de l’autorité doit être fait dans l’exercice de la
fonction. C’est la fonction qui est protégée. Ne tombe pas sous le coup
de cet article celui qui outrage les personnes citées en dehors de
l’exercice de leurs fonctions.
4. L’outrage doit être reçu personnellement par l’offensé. L’outragé doit
être présent ou l’écrit lui être directement adressé ; ou bien s’il est absent,
436
Catalogue des infractions
l’auteur doit avoir invité ceux qui l’entendaient à rapporter les propos
outrageants à la personne visée. La publicité n’est pas requise.
c)Elément moral.
L’auteur doit connaître la qualité de sa victime, celle qu’il outrageait. Il doit
avoir eu l’intention de l’outrager et de la blesser dans sa dignité et dans sa
fonction. Ainsi, il est nécessaire pour l’infraction d’outrage à un agent de
l’autorité que l’animus injuriandi, c’est-à-dire la volonté et la conscience
d’outrager les agents de l’autorité comme tels, soit prouvée680. L’ivresse peut
être exclusive de la volonté d’outrager681.
Il a été jugé que le répresentant de l’autorité peut être outragé comme tel,
quoiqu’il ne soit pas en tenue ou ne porte aucun insigne, si le prevenu
connaissait la qualité de sa victime682. L’infraction ne sera pas établie si l’outrage
a été précédé de provocation.
II. Poursuites
680
App. Elis., 30 mars 1912, in JDC 1913, p. 264.
681
App. Elis., 30 mars 1912, idem.
682
Boma, 20 août 1912, Jur. Congo, 1914-1919, p.182 ;Comm., 127, n°3.
Catalogue des infractions 437
L’article 138 fait encourir six à huit mois et une amende ou une de ces peines à
celui qui aura frappé les autres dépositaires de l’autorité publique ou de la force
publique dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions.
4. De l’article 138bis, il ressort que si les violences exercées ont causé des
blessures ou des maladies, le coupable sera puni de :
- quatre à dix ans de servitude pénale principale et d’amende ou d’une de
ces peines s’il s’agit des membres du Parlement, du Gouvernement ou
de la Cour Constitutionnelle ;
- un à trois ans de servitude pénale principale et/ou amende en ce qui
concerne un membre des cours, tribunaux et parquets, un officier
supérieur des Forces Armées de la République Démocratique du Congo
et de la Police Nationale ou un Gouverneur de Province dans l’exercice
ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions ;
- six à vingt quatre mois et une amende ou une de ces peines pour les
autres dépositaires de l’autorité ou de la force publique dans l’exercice ou
à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions.
5. L’article 138 ter précise que les outrages adressés aux personnes visées aux
articles 136 et 138 ne peuvent, sauf cas de flagrant délit, être poursuivis que
sur plainte de la personne lésée ou de celle du corps dont elle relève.
6. Pour l’article 138 quater, les peines prévues par les articles 136, 138 et 138
bis seront applicables à quiconque aura outragé ou frappé des témoins en
raison de leur déposition selon qu’ils peuvent être rangés dans l’une de trois
catégories des personnes protégées par la présente loi.
7. Aux termes de l’article 138 quinquies, sera puni selon le droit commun mais
avec circonstances aggravantes, celui qui aura outragé ou frappé l‘une des
personnes désignées aux articles 136 et 138 en dehors de l’exercice de ses
fonctions. Il n’y aura point d’action si l’outrage est né à la suite d’une
provocation de la part du fonctionnaire.
Les outrages ou violences envers les agents de l’Administration des mines
sont spécialement définis. A l’article 309 du code minier, il est question
d’outrages par faits, paroles, gestes, menaces ou le fait de frapper un agent des
mines dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions. La sanction
est une servitude pénale maximum de six mois et une amende équivalant en
francs congolais de 1000 à 5.000 $US. Seule la servitude pénale ou l’amende
peut être infligée.
I. Eléments constitutifs
L’infraction d’outrage envers l’emblème national doit pour exister
réunir les éléments matériel et moral.
a)L’élément légal
L’élément légal est fait de l’ordonnance-loi du 16 décembre 1963 qui en son
article 3 modifié par la loi n°71/007 du 19/11/1971 sanctionne ce
comportement.
b)L’élément matériel.
L’élément matériel est constitué :
1. d’un acte matériel d’outrage, c’est-à-dire détérioration, parole ou geste de
mépris ;
2. l’acte est effectué publiquement ; il est entouré d’une certaine publicité ;
3. un acte matériel d’outrage envers le drapeau national ; seul le drapeau
national est protégé par la loi.
683
Petit Larousse illustré, 1985, p.353.
Catalogue des infractions 439
c)L’élément moral.
Il doit y avoir dans le chef de l’auteur, l’intention d’outrager le drapeau
national. L’infraction est inexistante si la détérioration est accidentelle.
II. Poursuites
La peine est de huit jours à trois mois de servitude pénale principale. Au regard
du taux de la pénalité, l’infraction d’outrage envers l’emblème national est de la
compétence du tribunal de paix. Elle se prescrit (action publique) en une
année.
Le code pénal militaire punit également de six à cinq ans en son article 87 tout
militaire ou assimilé qui déchire, brûle ou détruit par quelque acte que ce soit
l’emblème national. Il sanctionne la personne qui adopte publiquement et
volontairement une attitude de mépris en refusant de rendre les honneurs dus à
cet emblème ou de proférer des propos désobligeants à son endroit (Outrage
au drapeau).
I. Eléments constitutifs
a) Elément légal.
L’infraction d’outrage public aux bonnes mœurs par écrits est prévue et
réprimée par les articles 175 et 177 du code pénal livre II.
440
Catalogue des infractions
b)Elément matériel.
L’élément matériel est constitué :
1. d’un acte matériel prévu par la loi. Il peut s’agir de chansons, pamphlets
ou autres écrits, imprimés, figures, images, emblèmes. La Cour Suprême
de Justice a reconnu coupable un groupe d’artistes –musiciens pour avoir
chanté devant plusieurs personnes, enregistré sur bandes cassettes, vendu
et distribué à diverses personnes deux chansons intitulées « Eleni et
Jacquie » d’une rare obscénité ou outrageant les parties intimes de ces
deux femmes684 .
2. L’acte porte sur un objet contraire aux bonnes mœurs, c’est-à-dire un
objet qui a pour effet de corrompre les mœurs685 . Il en est ainsi d’une
statuette reproduisant les usages sexuels (Ici cette notion est laissée à
l’appréciation du juge et selon les provinces).
3. L’existence d’un certain caractère de publicité. En effet, ne constitue pas
l’infraction d’outrage public aux bonnes mœurs par écrits, le fait de
détenir chez soi des écrits ou images obscènes et de les montrer à des
amis ou chanter chez soi des chansons obscènes sans qu’elles ne soient
entendues de l’extérieur.
c)Elément moral.
Le simple fait pour l’auteur d’avoir eu connaissance du caractère
obscène de l’écrit ou de la chanson suffit à caractériser l’infraction. L’intention
méchante n’est donc pas requise.
La loi protège la pudeur publique non seulement contre l’étalage effronté
de la débauche sexuelle, ce qui est l’obscénité mais encore contre l’expression
de la pensée lorsque s’arrogeant toute licence, elle en arrive à enfreindre les
règles de décence et de convenance communément reçues.
II. Poursuites
L’action publique relative à l’outarge public aux bonnes mœurs par écrits
sera mise en mouvement par le Ministère public. Celui-ci peut se saisir d’office.
Les faits peuvent lui être dénoncés.La sanction à l’endroit du coupable est de
huit jours à un an de servitude pénale. L’infraction d’outrage public aux bonnes
mœurs par écrits relève de la compétence du tribunal de paix. L’action
publique est prescrite dans un délai d’une année après la commission des faits.
684
C.S.J. , 16 octobre 1979, cité par LIKULIA BOLONGO. , op. cit., p. 353.
685
Liège, 4e ch., 7 novembre 2001 p.760 in Revue de Jurisprudence de liège ,Mons et
Bruxelles ,31 décembre 2004,110ème année, Hebdomadaire p.2031
Catalogue des infractions 441
I. Eléments constitutifs
686
Cass. ,Fr., 7 août 1925, Pas., I,382.
687
Cass. ,Fr., 8 juillet 1930, Pas., 1935, II, 45.
688
Cass. ,11 février 1895, Pas., I, 101.
689
Gand., 31 janvier 1931, Pas., II, 59.
442
Catalogue des infractions
prevenu, mais encore soumise à une prise de photo la montrant nue, spectacle
auquel ont en outre assisté les membres de la famille690.
Nous estimons, qu’en cas de témoin volontaire la publicité requise ferait
défaut. Le fait de satisfaire le besoin naturel d’uriner sur la voie publique est un
cas exemplaire de publicité.
c)Elément moral.
La volonté de mal faire, l’intention de choquer n’est pas requise. La
volonté délibérée d’offenser, de blesser ou de froisser la pudeur publique, par
exemple dans la négligence apportée pour cacher l’acte obscéne, suffit. Seul
suffit le manque de précautions pour ne pas être vu. Il en est ainsi des époux
négligeant de tirer le rideau de la fenêtre avant d’accomplir l’acte conjugal. Il
importe peu que les témoins déclarent que leur pudeur n’a pas été outragée,
l’infraction existe si l’acte était de nature à blesser la pudeur691. Le tribunal a
tranché que l’outrage aux mœurs est public s’il est commis dans les herbes, à
trente mètres du chemin c’est-à-dire à un endroit accessible au public ; qu’en
s’adonnant à tour de rôle sur chacune de plusieurs femmes à des actes éhontés
auxquels les autres ont souvent assisté, et desquels elles auraient toujours pu
être témoins même sans le vouloir, le prévenu s’est rendu coupable d’outrage
public aux mœurs692 .
II. Poursuites
690
Tribunal de paix de Kinshasa/Gombe, RP 9311/IV, 25 août 1987, RJZ 1987, n°1, p. 25.
691
Bruxelles, 26 février 1919, Pas. , II, 169 ; Liège, 11 juin 1931, Pas. , 1392, II, 25.
692
Boma, 12 décembre 1905, Jur. Etat II p. 75 ; Boma , 2 mai 1911, Jur. Congo 1912, p.149.
Catalogue des infractions 443
I. Eléments constitutifs
L’infraction d’ouverture ou suppression des lettres comporte quatre
éléments constitutifs.
a)Les éléments matériels
1. Décoller, rompre, supprimer, briser l’obstacle placé par l’expéditeur sur sa
lettre en vue d’assurer le secret du contenu contre les indiscrétions des tiers ;
2. Détourner une lettre de sa destination en la détruisant, en la jetant ou même
en la conservant ;
3. 0rdonner ou faciliter l’ouverture ou la suppression de l’objet protégé.
b)L’Objet protégé
Il doit s’agir soit des lettres, cartes postales ou tout objet confié à la poste. Il
ne peut s’agir que de l’objet confié à la poste, c’est-à-dire pendant le temps de
transmission. Ne constituera pas cette infraction les lettres ouvertes ou
supprimées avant d’avoir été confiées à la poste ou après qu’elles ont été
remises par le facteur.
c)la qualité de l’auteur
L’infraction d’ouverture ou suppression de lettres peut être commise aussi
bien par un particulier non employé à la poste que par un agent de poste ou
par un commissionné officiellement comme tel. L’agent de poste, c’est tout
fonctionnaire nommé et affecté à la poste. L’agent commissionné
officiellement est celui chargé à titre temporaire de la gestion du bureau de
poste (chef de collectivité ou de localité) par décision administrative .
d)L’élément moral
L’agent doit agir avec connaissance ou volonté d’ouvrir ou de supprimer la
lettre, ce qui exclut la négligence. Il doit agir sans droit. Ne constituera pas
l’infraction d’ouverture ou suppression des lettres l’ouverture des
correspondances lors de l’instruction judiciaire693 . Il en est de même de
l’ouverture des correspondances en cas de censure postale ou en matière de
faillite où le curateur a droit de prendre connaissance des lettres adressées au
failli. Celui qui ouvre les lettres pour obtenir des renseignements
nécessaires pour les expédier à leur destinataire ou pour en retirer les objets
et documents de valeur ou les objets prohibés ou soumis au droit de douane
693
Cela est conforme aux prescrits des articles 28 et 29 du code de procédure pénale.
444
Catalogue des infractions
II. Poursuites
a)Pénalités prévues par le législateur
L’ouverture ou la suppression des lettres est punie d’amende. L’amende
sera majorée en cas de lettre recommandée ou assurée ou contenant des
valeurs réalisables. Si l’auteur de l’infraction est un agent des postes ou
commissionné comme tel, il lui sera appliqué trois mois de servitude pénale au
maximum et l’amende.
L’ouverture d’un sac ou d’un paquet postal est susceptible de faire
encourir sept jours de servitude pénale au maximum et l’amende ou l’une de
ces peines, à l’auteur. Le porteur de courrier qui abandonne le courrier postal
confié à ses soins subira sept jours au maximum et l’amende ou l’une de ces
peines seulement.
La simple révélation, par un agent de poste ou par toute personne
officiellement commissionnée pour assurer le service postal, de l’existence ou
du contenu d’une lettre, carte postale ou tout envoi confié à la poste, est
punissable. La sanction est une servitude pénale principale d’un mois au plus et
une amende ou une de ces peines seulement694. Evidemment, n’est pas
concernée, la révélation de l’existence ou du contenu, cas prévus par la loi,
dans les établissements pénitenciers, en temps de guerre, de censure ou sur
mandat de justice.
694
Article 72 du code pénal tel que répris par l’ordonnance-loi n°68-045 du 21 janvier 1968.
Catalogue des infractions 445
•
•
430. Parricide
Le meurtre des père et mère ou de tout autre ascendant est appelé
« parricide ». Le droit congolais n’y accorde pas une attention particulière.
Certes, le commandement chrétien « Tes père et mère honoreras » et le code de
la famille695 (l’enfant à tout âge doit honneur et respect à ses père et mère) en
font une règle morale. En outre, la société traite avec grande sévérité et
déconsidère l’enfant parricide.
Cependant le droit congolais n’a pas spécialement réprimé cet acte
inexplicable, contraire aux sentiments naturels. Evidemment, dans l’ancien
droit coutumier (auquel on ne peut en droit pénal se référer aujourd’hui), le
parricide était sanctionné très sévèrement. Le droit pénal législatif devrait
intervenir pour marquer la désapprobation particulière de la société vis-à-vis du
parricide. En attendant, le parricide est réprimé comme homicide, meurtre,
assassinat ou empoisonnement, selon le cas de l’espèce.
695
Article 316 du code de la famille.
696
Article 195 du code pénal pénal congolais livre II.
697
Article 200 du code pénal pénal congolais livre II.
698
Article 205 du code pénal congolais livre II.
446
Catalogue des infractions
433. Pédophilie
La pédophilie désigne l’attirance sexuelle d’un adulte ou d’un adolescent
envers un enfant, envers les enfants non pubères. Cette attirance est considérée
par certains comme une perversion sexuelle. Elle est prise par d’autres comme
une maladie mentale. Cette dernière position n’est pas encore clairement
établie. Plusieurs concepts sont rattachés à la pédophilie : relation sexuelle avec
mineurs, pornographie infantile, abus sexuel sur mineur, viol des mineurs, etc.
Dans la plupart des législations, la simple attirance sexuelle n’est pas
réprimée. Par contre l’acte sexuel entre un adulte et un enfant est illégal. En
effet, selon le Droit, le majeur seul a droit à une libre sexualité. Le Droit ne
reconnaît pas à l’enfant mineur de droit à la sexualité. Ce qui implique que dans
une affaire de relations sexuelles adulte-enfant, l’enfant ne peut être entendu
que comme victime. L’acte sexuel entre un adulte et un enfant est sévèrement
réprimé vis-à-vis de l’adulte. Celui-ci est considéré comme seul coupable et
responsable. L’absence de consentement de l’enfant n’est pas requis pour que
l’infraction soit constituée. La relation sexuelle en elle-même est illégale. La loi
est généralement fondée sur une limite d’âge, appelée majorité sexuelle. Celle-ci
diffère en fonction des pays. Il existe des lois qui répriment la simple incitation
d’un enfant à un acte sexuel. Par ailleurs, la production, la consommation,
l’échange et la simple détention de matériel pornographique impliquant les
enfants sont souvent interdits.
Le terme « pédophilie » n’apparaît pas dans le code pénal congolais de
1940, et pourtant le phénomène n’est pas moins répandu. Si l’on n’était pas
pour autant désarmé pour réprimer la pédophilie, car l’on recourait à d’autres
infractions plus générales, il a néanmoins fallu attendre la loi n° 09/001 du 10
janvier 2009 portant protection de l’enfant. Celle-ci réprime plus
spécifiquement des infractions propres de pédophilie. La protection de l’enfant
contre les agressions sexuelles, contre les actes de pédophilie est assuréé par
l’incrimination de divers actes. Il s’agit notamment de l’attentat à la pudeur, la
relation sexuelle, l’érotisme, la pornographie, l’abus sexuel et le viol, l’excitation
de mineurs à la débauche, le proxénétisme, le mariage de la jeune fille
impubère, le mariage incestueux.
699 ème
JORDC, 47 année, Numéro spécial, 05 octobre 2006, p. 63.
Catalogue des infractions 447
a) a)Le viol d’un enfant. Le viol d’un enfant est réprimé par l’article 170 la
loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant. La peine
est de sept à vingt ans de servitude pénale principale et d’une amende de
huit cent mille à un million de francs congolais.
b) b)L’attentat à la pudeur sans violence, ruse ou menace commis
sur un enfant est puni. La sanction est de six mois à cinq ans de
servitude pénale principale700. c)L’attentat à la pudeur avec violence,
ruse ou menace commis sur un enfant. Cet acte est également puni
de cinq à quinze ans de servitude pénale principale.
c) d)Les actes de stimulations des passions sexuelles de l’enfant.
Ces actes peuvent consister en l’excitation des mineurs à la débauche. Ils
sont prévus et sanctionnés aux termes de l’article 173 de la même loi de
2009. L’auteur encourt trois à cinq ans de servitude pénale et une amende
de cinq cents mille francs congolais.
d) e)L’incitation d’un enfant à des relations sexuelles avec un
animal. Cet acte barbare et contre nature est prévu et puni. La sanction
est de sept à quinze ans de servitude pénale principale et une amende de
cinq cents mille à un million de francs congolais701.
e) f)La détention d’un ou plusieurs enfants dans le but d’abuser
d’eux sexuellement. Cette détention a été érigée en infraction. Elle est
sanctionnée de dix à vingt ans de servitude pénale principale702.
f) g)Le proxénétisme. Le proxénétisme est sanctionné par l’article 174 bis
du code pénal. Sous cette qualification apparaissent l’entraînement,
l’embauchage et le détournement en vue de la débauche ou de la
prostitution. Le proxénétisme est autrement appelé délit du souteneur. Il
est à regretter que les activités tendant à favoriser la débauche ou la
prostitution dans le chef des parents qui entraîneraient, embaucheraient ou
détourneraient en vue de la débauche ou de la prostitution leur propre
enfant ne soient pas spécialement réprimées.
g) h)Le mariage de la jeune fille impubère et le mariage incestueux.
Ils sont réprimés respectivement par les articles 420 et suivants ainsi que
par l’article 353 du code de la famille. S’agissant du mariage de la jeune fille
impubère, la non-puberté se situe en dessous de l’âge de quatorze ans. Elle
s’établit par tous les moyens de preuve ou par le simple aspect de la fille703.
Si l’époux de la fille impubère n’est pas visé par cette incrimination, il est
cependant poursuivable sur pied des dispositions sanctionnant le mariage
avec une fille mineure. En outre, s’il a des relations sexuelles avec elle, il
est susceptible de répondre de l’infraction de viol réputé.
700
Article 172 de la loi du 10 janvier 2009.
701
Article 174 de la loi du 10 janvier 2009.
702
Article 175 de la loi du 10 janvier 2009.
703
Ces moyens de preuve sont tirés des articles 421 et 422 du code de la famille.
448
Catalogue des infractions
I. Conditions préalables
La consommation de l’infraction de l’article 78 du code pénal militaire est
subordonnée à une double condition de l’agent visé et de l’affaire concernée.
Peut commettre cette infraction soit un militaire, soit toute autre personne au
service du Ministère de la Défense. L’existence d’une affaire suppose qu’il s’agit
« d’une entreprise, d’une concession ou d’un contrat de toute nature ».
a) L’agent jouit d’un mandat du Ministère de la Défense à raison de sa
fonction.
b) L’Etat congolais représenté par le Ministère de la Défense, confère des
prérogatives à un militaire ou autre personne à son service, de sauvegarder
ses intérêts dans la conclusion des marchés ou contrats d’affaires avec les
firmes privées ou les particuliers.
c) Les avis à émettre peuvent porter sur les prix, l’objet, ou sur la clause des
contrats.
b)L’élément matériel
L’élément matériel consiste à prendre ou à recevoir une participation par
travail, conseils ou capitaux dans une entreprise privée, ou encore à conclure
des marchés ou contrats avec elle ou des particuliers.
c)L’élément moral
L’élément moral consiste en ce que l’agent prend sciemment un intérêt
dans une affaire que sa fonction lui faisait un devoir de surveiller.
Le coupable encourt une servitude pénale dont le taux varie entre cinq et
dix ans et une amende de 5.000 à 10.000 francs congolais constants. En outre,
le préjudice subi par l’Etat congolais doit être réparé par l’auteur de la
perception indue d’une participation par travail, conseils ou capitaux.
437. Pillage
Sous la dénomination de « pillages704 », le législateur rencontre deux
concepts. Le concept de pillages stricto sensu et celui des dégâts qui en
résultent. Par pillages, l’on entend tous les actes de dépouillement ou de
spoliation des denrées, marchandises ou autres effets appartenant soit à l’Etat,
704
Les pillages ont eu lieu à plusieurs reprises en République Démocratique du Congo. Les
premiers pillages datent des 23 et 24 septembre 1991, au début de la Conférence
Nationale Souveraine. Les principaux objectifs des pillards étaient manifestement les
magasins, les sociétés détentrices d’un matériel diversifié et tentateur. La deuxième
expérience se présenta le 23 janvier 1993. Outre les magasins, les institutions publiques et
les institutions religieuses étaient manifestement visées. Des couvents et des paroisses
furent notoirement pillés. La fureur se manifesta par des destructions volontaires et
méchantes : on cassait, on abimait, on rendait inutilisables mobiliers et habitations. Des cas
de viols furent constatés. La troisième vague de pillages s’est déclenchée dès novembre
1996, dans l’est et le Nord-est du pays. Elle s’est propagée, pendant plusieurs mois, dans
diverses régions. Refusant de combattre les rebelles et fuyant devant leur progression, les
Forces Armées Zaïroises détruisaient systématiquement et sauvagement les bâtiments ainsi
que les véhicules dont ils n’avaient pas besoin ou qui tombaient en panne. Les militaires
commençaient le pillage et une partie de la population suivait (Abbé Laurent May Muke,
Paul Delanaye cicm : Violence, non-violence et pillage, Commission Episcopale de
l’Education Chrétienne, 1998).
Catalogue des infractions 451
I. Eléments constitutifs
La réalisation de l’infraction de « pillages » requiert la réunion des
éléments essentiels.
a)L’existence des militaires ou individus embarqués en bandes, voire
des non militaires.
Il s’agit d’une bande armée mais aussi d’un groupe des hors-la loi qui,
même dépourvus des armes peuvent commettre des actes des pillages. Peu
importe le nombre des membres qui compose la bande, le nombre d’armes et
leur nature. Les personnes non militaires peuvent également participer aux
pillages soit par coactivité soit par complicité. Le législateur réprime les
individus non militaires qui participent aux pillages sur pied de l’alinéa 2 de
l’article 64 du code pénal militaire. Les civils et assimilés qui participent aux
pillages échappent à la rigueur de la loi militaire lorsqu’ils ne se sont pas servis
des armes de guerre.
b) L’élément matériel.
L’acte matériel consiste dans l’appropriation violente ou forcée ou
simplement dans la destruction collective du patrimoine de l’Etat, des
institutions publiques ou privées, ou du patrimoine des particuliers. Si
l’appréhension vise particulièrement les biens meubles, les dégâts, eux,
concernent tant les biens meubles que les biens immeubles, matériels ou
immatériels.
705
Laurent MUTATA LUABA . , op. cit , p. 134.
452
Catalogue des infractions
706
Article 63 alinéa 2 du code pénal militaire.
707 er ème
Article 63 alinéa 1 et 3 du code pénal militaire.
708 er
Article 64 alinéa 1 du code pénal militaire.
709
Article 64 alinéa 2 du Code Pénal Militaire.
Catalogue des infractions 453
710
Nous recommandons l’ouvrage de Philippe Kayumba N’kudi Sultan intitulé « Guide de
migration en R.D.C », 1ère édition, Editions « pro-justitia », Kinshasa 2000, pp 35-41.
711
Articles 21 à 23 de l’ordonnance-loi n° 83-033 du 1 2 septembre 1983 relative à la police
des étrangers.
454
Catalogue des infractions
440. Polyandrie
La polyandrie est aussi appelée l’usage commun d’une épouse. La
polyandrie est l’état d’une femme qui est engagée simultanément ou
successivement dans plusieurs unions conjugales. Dans le cas du mariage
coutumier enregistré ou du mariage célébré, le coupable sera poursuivi pour
bigamie712 .
I. Eléments constitutifs
L’infraction de polyandrie exige pour être établie l’existence de
plusieurs mariages, des faits réprimés et l’intention coupable.
a)Existence de plusieurs mariages
La polygamie est consommée lorsqu’il y a célébration simultanée ou
successive de plusieurs unions conjugales entraînant l’obligation de
cohabitation. Les unions concernées ici sont le mariage coutumier polygamique
et le mariage coutumier monogamique non inscrit. Elles doivent être
coutumièrement valables.
b)Différents faits réprimés
Les actes de polyandrie commis par ceux qui ont le droit de garde sur la
femme que les actes de polyandrie commis par toute personne sont réprimés.
Il pourra s’agir des faits et gestes tendant à placer une femme sous régime de la
polyandrie. Par exemple, réclamer, recevoir ou accepter sous l’emprise de la
coutume toute somme ou valeur à titre d’avance ou de paiement de dot. Sont
également réprimés les actes préparatoires à une union polyandrique ou à sa
consommation. Les personnes concernées sont celles qui ont la garde sur une
fille ou sur une femme. Par exemple, les parents, le chef de famille et tous ceux
dont l’intervention au mariage est requise. Celui qui ferait usage des droits qu’il
détiendrait en vertu de la coutume, par exemple le chef de village, de localité ou
de collectivité ou le chef coutumier est aussi concerné.
712
Article 408 du code de la famille.
Catalogue des infractions 455
II. Poursuites
441. Pornographie
Les images obscènes à caractère sexuel mettent en scène soit des enfants
(pornographie infantile) soit des adultes (pornographie des adultes). Sont
devenues monnaie courante les poses intentionnellement sexuelles ou
provocantes et les poses érotiquement explicites (axées sur les parties
génitales). Diverses images sexuelles auxquelles a accès le public expriment la
douleur ou mettent en cause des animaux. Des films pornographiques, des
photographies représentant des personnes nues ou entrain de faire l’amour,
c’est-à-dire d’avoir des relations sexuelles sont de plus en plus fréquentes et
nombreuses. Toutes ces répresentations deviennent monnaie courante et
713
Article 415 du code de la famille.
714
Article 414 du code de la famille.
456
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
715
Mineur. , op. cit . , p. 369.
716
C.S.J. ,16 octobre 1979, cité par LIKULIA BOLONGO. , op. ci t . , p. 353.
717
LIKULIA BOLONGO. , op. ci t. , p. 354.
Catalogue des infractions 457
718
Article 174 du code pénal tel que modifié et complété par la loi n° 06/019 du 20 juillet
2006.
719
Article 179 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.
458
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
II. Poursuites
L’infraction de port illégal des décorations est définie par l’article 123 bis
du code pénal livre II. Cette disposition légale punit de sept jours au maximum
et d’amende ou d’une de ces peines l’auteur du port illégal de décoration. Le
tribunal de paix est compétent pour juger cette infraction. L’infraction de port
illégal des décorations est prescriptible dans un délai d’une année.
a) Texte légal
La loi 004-2001 du 20 juillet 2001 portant dispositions générales
applicables aux associations sans but lucratif et aux établissements d’utilité
publique (section II, de l’exercice des cultes) en ses articles 46 à 56 est le texte
en vigueur. Notons que sous l’ancienne loi, (l’ordonnance – loi n°79/002 du 03
janvier 1979) était réprimée la pratique des sectes religieuses prohibées ou non
dotées de personnalité juridique au Zaïre. La peine a encourir était de cinq à dix
ans de servitude pénale principale et l’amende ou l’une de ces peines
seulement, en cas de reconstitution des sectes prohibées ou dissoutes. Etaient
punis de deux mois de servitude pénale principale au maximum ou de l’amende
seulement ceux qui reprêchent au nom d’une religion non reconnue.
720
Article 55 de la loi n° 004-2001 du 20 juillet 2001.
721
Article 56 alinéa 2 de la loi n° 004-2001 du 20 juil let 2001.
722
Article 56 alinéa 2 de la loi n° 004-2001 du 20 juil let 2001.
Catalogue des infractions 461
prohibé. La sanction est d’une année à deux ans et d’une amende ou d’une de
ces peines seulement.
En cas de récidive, les peines prévues seront doublées. Il est à préciser
que le juge peut condamner un coupable d’une infraction donnée tout en
conditionnant l’exécution de la peine723 .
723
Il s’agit là de la condamnation conditionnelle ou sursis. Elle est réglementée par
l’article 42 du code pénal. Elle dispense de l’exécution de la servitude pénale. La
condamnation conditionnelle est inapplicable à l’amende, aux peines complémentaires ou
aux mesures de sureté. L’octroi du sursis est soumis à deux conditions : Il faut que la peine
de servitude pénale prononcée soit égale ou inférieure à un an et ensuite que le condamné
n’ait pas encouru dans le passé une condamnation de servitude pénale, même d’un jour,
pour une infraction punissable de plus de deux mois. La condamnation conditionnelle est
facultative. Elle est une faveur que le juge accorde discrétionnairement au condamné. Ceci
veut dire que même lorsque les conditions légales sont réunies, le juge peut refuser
d’accorder le sursis, sans devoir se justifier. Par contre, lorsque la condamnation
conditionnelle est accordée, elle doit être motivée.
Pendant la durée d’épreuve qui ne dépassera pas cinq ans, si le condamné avec sursis n’a
encouru aucune condamnation nouvelle grave, c’est-à-dire pour infractions punissables de
plus de deux mois, la dispense de l’exécution de la peine sera définitive. La condamnation
avec sursis n’efface pas la condamnation. Elle est à considérer comme un des termes de la
récidive.
Lorsque, pendant le délai d’épreuve fixé par le juge, le délinquant a encouru une
condamnation pour une infraction grave, le sursis sera révoqué de plein droit, et la
condamnation ancienne pour laquelle il avait bénéficié du sursis sera exécutée en cumul
avec la condamnation nouvelle. Les auteurs de détournement, de concussion et de
corruption sont exclus du bénéfice de la condamnation conditionnelle (Loi n° 73-017 du 05
janvier 1973).
462
Catalogue des infractions
724 er ème
Article 6 alinéa 1 er 2 de la constitution du 18 février 2006.
Catalogue des infractions 463
infraction subira une servitude pénale de huit jours à un an (art. 51). Il est
interdit également de mettre au travail des mineurs de moins de dix-huit ans
dans des établissements débitant des boissons alcoolisées725. La sanction est
une peine d’amende.
Lorsque la présence du mineur dans le bar a été l’occasion d’une
infraction grave, la peine la plus sévère sera appliquée. Le tenancier du bar peut
être poursuivi pour complicité.
La prise à partie n’est pas une infraction. Elle est un mode exceptionnel
de recours à l’instar de la tierce opposition et de la requête civile. En effet, le
législateur a mis à la disposition du justiciable un certain nombre de
mécanismes pour le rassurer et pour qu’il ait toujours confiance en la justice.
La prise à partie et la récusation visent le magistrat. Le renvoi pour cause de
sûreté publique ou de suspicion légitime concerne la juridiction appelée à
trancher.
En droit congolais, la prise à partie est entendue comme une action en
dommage-intérêt au titre du préjudice causé au justiciable par des magistrats,
du chef de certaines fautes définies par la loi726. La procédure de la prise à
partie est organisée par les articles 58 à 67 de l’ordonnance-loi n°82-017 du 31
mars 1982 relative à la procédure devant la Cour Suprême de Justice. Elle
rentre parmi les compétences spéciales de cette cour727 .
L’article 58 de l’ordonnance – loi n°82-017 du 31 mars 1982 prévoit deux
conditions pour l’ouverture de la prise à partie à charge d’un magistrat :
1. il doit y avoir eu dol ou concussion commis soit dans le cours de
l’instruction, soit lors de la décision rendue ;
2. en cas de déni de justice.
Cependant, préalablement à la saisine de la cour, quiconque souhaite
prendre à partie un magistrat est tenu d’obtenir l’autorisation « préalable d’un
président de la cour ».
La cour est saisie à cet effet, au moyen d’une requête. Elle se prononce en
rejetant la requête ou en autorisant la poursuite du magistrat incriminé par une
ordonnance. Si la requête est admise, elle sera signifiée au magistrat pris à
725
Arrêté du Ministre du travail n° 68/13 tel que modi fié à ces jours.
726
A. Rubbens . , op. cit . , p. 248.
727
Article 155 du Code de l’Organisation et de la Compétence Judiciaires.
464
Catalogue des infractions
partie. Celui-ci qui sera tenu de fournir ses moyens de défenses dans les quinze
jours de la notification. L’action en prise à partie a des conséquences
certaines :
1. Le magistrat poursuivi peut être condamné à des dommages – intérêts.
L’ordonnance-loi du 31 mars en son article 66 dispose que « l’Etat est
civilement responsable des condamnations aux dommages-intérêts
prononcés à charge du magistrat ».
2. A contrario, l’article 67 de la même ordonnance-loi dispose que « le
demandeur qui aura poursuivi la prise à partie devant la Cour avec mauvaise
foi ou légèreté pourra être condamné d’office à une amende qui ne
dépassera pas mille Zaïre ».Le magistrat pris à partie par une action
téméraire et vexatoire, toujours conformément à la même disposition,
détient le droit de postuler reconventionnellement la condamnation du
demandeur à des dommages-intérêts.
3. Le recours aux prescrits de l’article 61 de l’ordonnance-loi dont question
démontre que la loi ouvre également la voie indirectement à une autre
sanction pouvant être prononcée par la Cour, en cas de fondement du
pourvoi en prise à partie : l’annulation des arrêts ou jugements,
ordonnances, procès-verbaux ou autres attaqués.
Il est de jurisprudence que l’action en prise à partie doit être déclarée non
fondée si la partie requérante ne prouve pas que le magistrat mis en cause a
adopté au cours de l’instruction de la cause ou lors de la décision un
comportement coupable d’où il résulterait un acte de malice ou l’intention de
nuire728 . L’action reconventionnelle du magistrat pris à partie doit être rejetée si
la partie requérante n’a pas agi avec légèreté ni mauvaise foi729 .
728
C.S.J. , R.P 4, 30 novembre 1983 in Dibunda . , op. cit. , p.183.
729
Idem, p.3.
Catalogue des infractions 465
457. Prix
En matière de réglementation des prix, le texte en vigueur demeure le
décret –loi du 20 mars 1961731. Il y a lieu de mentionner aussi les différents
arrêtés ministériels portant mesures d’exécution de ce décret-loi. L’arrêté n°
003/CAB/MINECI/2001 du 12 janvier 2001 portant fixation du barème des
sanctions économiques est celui actuellement en vigueur.
730
Journal officiel. n° spécial, avril 1999, p. 55. C ette convention a été approuvée par la
République Démocratique du Congo par la loi du 26 juin 1951, article unique (B.O., 1952, p.
2348).
731
Les codes Larcier République Démocratique du Congo, tome III, volume 2, Larcier-
Afrique Editions 2003, p. 802.
466
Catalogue des infractions
I. Poursuites
Les agents des affaires économiques commissionnés recherchent et
constatent les infractions en matière des prix. Ils ont qualité d’officier de police
judiciaire. A cet égard ils peuvent dans leurs missions :
1° pénétrer entre 9 heures et 21 heures dans les dépôts, entrepôts privés,
publics, usines, magasins, débits et en général en tous lieux ou des produits
sont détenus à des fins industrielles, commerciales ou spéculatives, exposés
ou mis en vente.
Si les lieux sont ouverts au public, ils peuvent y pénétrer même en dehors
des heures fixées ci-dessus (article 26).
2° se faire produire à première réquisition ou rechercher tous documents,
pièces ou livres utiles à l’accomplissement de leur mission, notamment les
documents officiels, les documents de transport, les correspondances et
livres commerciaux.
1. Commerce triangulaire
Intervenir dans la distribution de produits exige que soient remplies la
double condition de s’approvisionner directement chez le producteur ou
l’importateur(a) et de vendre directement aux consommateurs(b). L’article 14
du décret-loi du 20 mars 1961 portant réglementation des prix constitue en
infraction la pratique du commerce sans remplir la double condition (le
commerce triangulaire). Le même décret fixe la sanction d’une servitude pénale
de six mois maximum et une amende ou l’une de ces peines. S’agissant de
l’amende, l’arrêté ministériel n° 003/cab/minec/2001 du 12 janvier 2001
portant fixation du barème des sanctions économiques (Ministère de
l’Economie, Commerce et Industrie), la fixe entre 1.600.000 à 6.400.000 Francs
Congolais.
1
Article 10 du décret-loi du 20 mars 1961.
1
Article 12 du décret-loi du 20 mars 1961 portant réglementation des prix.
2
Article 13 du décret-loi du 20 mars 1961 portant réglementation des prix.
3
Arrêté ministériel 003/CAB/MINEC/2001 du 12 janvier 2001 portant fixation du barème des
sanctions économiques , Ministère de l’Economie, Commerce et Industrie.
4
Article 20 du décret-loi du 20 mars 1961 portant réglementation des prix.
468
Catalogue des infractions
1
C.S.J. , RP 2O/CR, 15 août 1979, RJZ 1979, p. 56, Bull. 1984, p. 194. Cité par DIBUNDA
KABUINJI. , op. cit . , p. 178.
2
Article 22 du décret –loi portant réglementation des prix.
Catalogue des infractions 469
1
Article 17 de la loi du 03 juillet 2001.
Catalogue des infractions 471
732
Article 96 alinéa 5 du Code de l’Organisation et de la Compétence judiciaires.
472
Catalogue des infractions
463. Prostitution
La prostitution est aussi appelée proxénétisme. L’infraction de
prostitution vise ceux à qui profite la prostitution. Pour cela, l’infraction est
nommée « profits tirés de la prostitution ».Les bénéficiares en tirent de l’argent
ou tout autre profit. Le proxénétisme est l’activité tendant à favoriser la
débauche, la prostitution d’autrui ou à en tirer profit. L’infraction ici en étude
ne concerne donc pas les personnes qui s’adonnent à la prostitution ou à la
débauche. Le plus vieux métier du monde n’est donc pas une infraction. Elle a
trait aux proxénètes.
Tombe sous le coup de la loi :
1. quiconque, pour satisfaire les passions d’autrui, aura embauché, entraîné ou
détourné en vue de la débauche ou de la prostitution, même de son
consentement, une personne de moins de 21 ans ;
2. quiconque aura tenu une maison de débauche ou de prostitution ;
3. le souteneur c’est-à-dire celui qui vit en tout ou en partie, aux dépens d’une
personne dont il exploite la prostitution1 ;
4. quiconque aura habituellement exploité de quelque autre façon la débauche
ou la prostitution d’autrui.
Autrefois, l’article 174bis du code pénal livre II (issu de l’ordonnance-loi du
11/08/1959, telle que modifiée par le décret du 27/06/1960 en son article 6),
était le texte légal. Il sanctionnait le proxénète de trois mois à cinq ans de
servitude pénale principale et d ‘une amende ou d’une de ces peines. Avec la
promulgation de la loi sur les violences sexuelles et les modifications du code
pénal, le régime juridique de cette infraction a changé2 . Le lecteur se référera à
l’intitulé « Souteneur et prostitution ».
1
Est souteneur, celui qui loue des chambres aux prostituées connues comme telles pour y
pratiquer leurs passes (Brux., 8 avril 1950, Rev. Dr.Pen., 1949-1950, p.1124).
2
Loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et comp létant le code pénal(Décret du 30 janvier
1940) et loi n° 06/019 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le code de procédure pénale
(Décret du O6 août 1959).
733
Au sens de la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 sur les violences sexuelles, l’enfant c’est la
personne , peu importe son sexe, âgée de moins de dix-huit ans.
Catalogue des infractions 473
I.Eléments constitutifs
L’analyse de l’infraction de prostitution forcée requiert l’étude des
éléments constitutifs et des pénalités y afférantes. La prostitution forcée
suppose la réunion des éléments constitutifs ci-après :
- l’exercice d’un métier consistant à livrer son corps aux plaisirs sexuels
d’autrui ;
- le défaut de consentement ;
- la rétribution pécuniaire ou en nature ;
- l’élément moral.
II.Régime répressif
a)L’élément légal
Créée par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le
Décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais, l’infraction de
prostitution forcée relève de l’article 174 C. La sanction à encourir par l’auteur
est de trois mois à cinq ans de servitude pénale.
b)Tribunal compétent et prescription de l’action publique
La juridiction compétente pour juger l’infraction de prostitution forcée
est le tribunal de paix. La prescription de cette incrimination relève du droit
commun. Le juge lors des phases de la procédure peut recourir aux
pseudonymes pour sécuriser toute information en rapport avec les victimes .
Le juge ne doit pas pour autant manquer de préserver les droits de la défense.
Il peut couvrir de secret professionnel les informations divulguées aux
médecins, psychologues, prêtres, religieux etc qui auront pris en charge les
victimes. Il peut en outre protéger l’intimité des victimes. Les notions
développées à l’infraction de « prostitution d’enfants » demeurent aussi
d’application.
734
Article 97 de la loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 p ortant protection de l’enfant.
735
Article 101 de la loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.
1
La RDC s’est placée résolument à l’avant-garde des pays qui recherchaient , en dehors du
droit pénal classique, la meilleure protection de l’enfance. Il est désormais organisé la
protection de l’enfance tant sur le plan judiciaire que sur le plan social et la soustraction de
l’enfant au domaine de la loi pénale.
Catalogue des infractions 477
âgée de moins de dix huit ans. L’article 161 alinéa 1er de la loi portant
protection de l’enfant est la base légale. La peine est d’une servitude pénale de
deux à cinq ans. L’arrestation d’un enfant est de la compétence du tribunal de
paix. L’enfant enlevé, arrêté ou détenu peut avoir été soumis à des tortures
corporelles.
Dans ce cas l’auteur, précise l’alinéa 2, sera puni de dix à vingt ans de
servitude pénale principale. Conséquemment, le tribunal de grande instance, eu
égard au taux maximal de la peine, sera l’instance compétente.
8. Attentat à la pudeur commis sur un enfant
L’attentat à la pudeur est tout acte contraire aux mœurs exercé
intentionnellement. Lorsque l’attentat sur un enfant est commis sans violence,
ruse ou menace, il est puni de six mois à cinq ans de servitude pénale principale
(article 172 de la loi de 2009 portant protection de l’enfant). Par contre,
lorsque l’attentat à la pudeur est commis avec violence, ruse, ou menace sur un
enfant l’auteur est puni de cinq à quinze ans de servitude pénale principale
(article 172 alinéa 2).Dans les deux cas sont respectivement compétents pour la
première hypothèse le tribunal de paix, et pour la seconde, le tribunal de
grande instance.
L’attentat peut être commis sur un enfant, à l’aide d’un ou de plusieurs
enfants âgés de moins de dix ans. L’auteur est dès lors passible de cinq à vingt
ans de servitude pénale principale. Au regard de la peine, le tribunal de grande
instance est compétent. Les peines encourues sont portées de cinq à quinze
ans de servitude pénale principale et à une amende de quatre cent mille francs
congolais.
C’est le cas lorsque l’attentat à la pudeur a été commis par des
ascendants, des personnes qui ont autorité sur l’enfant, les enseignants, les
agents publics, les ministres de culte, le personnel médical, paramédical, ou des
assistants sociaux, des tradipraticiens , les gardiens des enfants . Les mêmes
peines seront appliquées si l’attentat a été commis avec l’aide d’une ou
plusieurs personnes, ou en public.
Il en est de même si l’attentat a causé une altération grave de la santé ou
laissé des séquelles physiques, psychologiques. Pareillement, on recourt à ces
peines si l’attentat est commis sur un enfant vivant avec handicap, ou s’il a été
commis avec usage ou menace d’arme.
738
Loi du 10 janvier 2009, article 157, dernier alinéa.
739
Article 183 alinéa 2 de la loi n° 09/011 du 10 janv ier 2009.
Catalogue des infractions 483
1 er
C.A Paris 1 mars 1996, D.1999, p.603, note Roujou de Boubée.
484
Catalogue des infractions
de francs congolais (article 158 alinéa 1er) L’article 158 de la loi n° 09/011 du
10 janvier 2009 portant protection de l’enfant, à son deuxième alinéa, porte la
peine à la servitude pénale à perpétuité si l’incitation aboutit au suicide.
Si l’auteur de l’infraction est une personne qui exerce l’autorité
parentale sur l’enfant, le juge peut, en outre, prononcer la déchéance de cette
autorité. L’article 159 du même texte légal ordonne de prononcer la déchéance
de l’autorité parentale lorsque le père, la mère, le parâtre, la marâtre, ou le
tuteur sont condamnés pour des atteintes volontaires à la vie, à l’intégrité
physique ou mentale de l’enfant.
l’enfant réprime cet acte odieux de cinq à quinze ans de servitude pénale
principale.
1
Article 162 alinéa 2 de la loi n° 09/011 du 10 janv ier 2009 portant protection de l’enfant.
490
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
L’infraction de provocation à la désobéissance civile requiert divers
éléments pour être établie.
a)L’acte matériel.
Il peut être question d’écrits ou de paroles adressés à un seul individu, à un
groupe de personnes ou à la collectivité.
d)L’élément intellectuel.
L’agent sait que ce qu’il incite à faire est contraire aux lois (élément
moral).
I. Eléments constitutifs
c)L’élément moral.
L’élément moral résulte d’un acte délibéré et conscient de l’agent qui
tient à soustraire un tiers de l’obligation de son corps de troupe. Aucun mobile
ne peut être invoqué à part bien entendu la contrainte physique ou morale
subie par le provocateur.
740
Article 225 de la constitution.
741
Laurent MUTATA LUABA., op. cit. , p.65
494
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
742
Article 183 (3°) du code pénal .
Catalogue des infractions 495
475. Proxénétisme
a)Textes légaux et définitions
L’article 174 du code pénal livre II tel que modifié et complété par la loi
n° 06/018 du 20 juillet 2006 organise le proxénétisme. C’est toute activité
illicite consistant à tirer profit de la débauche ou de la prostitution par la
satisfaction des passions d’autrui, grâce à l’embauchage, à l’entraînement ou au
détournement des personnes de plus de dix-huit ans, ou encore par la tenue
d’une maison de débauche ou de prostitution. Cette disposition parle de :
- satisfaction des passions d’autrui, d’embauchage, d’entraînement ou
détournement, en vue de la débauche ou de la prostitution ;
- la tenue d’une maison de débauche ou de prostitution ;
- du souteneur comme de celui qui vit , en tout ou en partie, aux dépens
d’une personne dont il exploite la prostitution ;
- celui qui aura habituellement exploité de quelque autre façon, la débauche
ou la prostitution d’autrui ;
- quiconque aura diffusé publiquement un document ou film pornographique
aux enfants de moins de dix-huit ans ;
- quiconque fera passer à la télévision des danses ou tenues obscènes,
attentatoires aux bonnes mœurs.
L’article 182 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de
l’enfant sanctionne le proxénétisme à l’égard d’un enfant. C’est le fait d’offrir,
d’obtenir, de fournir, de se procurer ou d’utiliser un enfant à des fins sexuelles
contre rémunération ou toute autre forme d’avantage. Le proxénétisme à
l’égard des personnes majeures (c’est-à-dire des personnes âgées de plus de dix-
huit ans) sous-entend l’activité illicite de faciliter la débauche et la prostitution
et celle d’exploiter la débauche ou la prostitution d’autrui.
Il est puni de trois mois à cinq ans de servitude pénale et d’une amende
de cinquante mille à cent mille francs congolais constants. Le tribunal de paix
est la juridiction compétente.
1. Le délit de souteneur
Catalogue des infractions 497
« Le souteneur c’est celui qui vit , en tout ou en partie aux dépens d’une autre
personne dont il exploite la prostitution ». Le souteneur tire profit de la
débauche d’autrui. Il peut être un proche parent, un mari, un frère, un
concubain, un ami,, un confident etc. Le souteneur ne fait pas de charité, c’est
un calculteur. Il veut récolter une rétribution. La prostituée est sa vache laitière.
L’intention coupable doit être établie dans le chef de l’auteur. Il connaît le
caractère immoral de l’activité menée par la personne aux dépens de laquelle il
vit.
Le délit de souteneur est puni par l’article 174 b point 3 du code pénal
livre II tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006
modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal
congolais. Le souteneur encourt une peine de trois mois à cinq ans de servitude
pénale et une amende de cinquante mille à cent mille francs congolais
constants.
478. Publicité
La publicité est l’utilisation d’un moyen de communication destiné à
informer et séduire les clients potentiels744. La publicité sous toutes ses formes
doit être conforme aux lois et règlements.La publicité doit être conçue de
manière à ne pas abuser de la confiance, de l’inexpérience ou de l’ignorance des
consommateurs. Elle ne doit pas non plus choquer les convictions du public.
La publicité doit être respectueuse de la dignité de la personne humaine.
Elle doit être exempte de toute vulgarité et violence. Elle proscrit la
superstition et respecte la propriété littéraire, artistique, industrielle et les droits
de la personne humaine.
L’arrêté départemental 04/DIP/004/90 du 21 avril 1990 portant
dispositions réglementaires générales en matière de publicité au Zaïre
(Département de l’information et de la presse) est le texte légal745. L’arrêté
ministériel n° 008/ CAB/ MIN. INFO. PRES & COM. NAT /2007 du 09
juillet 2007 modifiant et complétant l’arrêté ministériel 04/MCP/009/2002 du
15 octobre 2002 fixe les critères d’appréciation de la publicité sur le tabac et
boissons alcoolisées746.
I. Définitions
743
Article 150i du code pénal congolais livre II.
744
Coralie Ambroise-Castérot., op.cit, p.537.
745
Les codes Larcier République Démocratique du Congo, tome III, Droit commercial et
économique, volume 2, Larcier-Afrique Editions 2003, p. 506 à 513.
746 er
J.O., n° 19, 1 octobre 2009, p.23.
Catalogue des infractions 499
- qui suscite dans le public, chez les enfants en particulier des comportements
indignes, irrationnels ou contraires à l’intérêt général ;
- comportant des allégations, omissions, exagérations, indications ou signes
trompeurs, équivoques ou de nature à induire en erreur (publicité
mensongère) ;
- contenant une comparaison de nature à induire en erreur, et contraire aux
principes de la concurrence loyale ;
- dénigrant une entreprise, un produit, en provoquant du mépris, ridiculisant
ou en discréditant ;
- comportant une imitation risquant d’entraîner des confusions ;
- contraire à la déontologie d’une corporation professionnelle dotée de la
personnalité juridique.
747
Article 22 et 23 de l’arrêté départemental 04/DIP/004/90 du 21 avril 1990 portant
dispositions réglementaires générales en matière de publicité au Zaïre (Département de
l’information et de la presse).
500
Catalogue des infractions
III. Poursuites
Les membres de la commission de contrôle et de visa de la publicité
sont habilités à rechercher les infractions de publicité illicite. Ils les constatent
sur procès-verbal. Ils peuvent se faire remettre copie des documents qu’ils
estiment nécessaires pour accomplir leur mission. Les empêchements ou
entraves volontaires à l’exercice de leurs fonctions consistant par exemple au
refus de fournir les renseignements ou documents demandés ou le fait de leur
remettre des documents ou renseignements inexacts, sont sanctionnés. Les
membres de la commission transmettent leurs procès-verbaux à l’office du
Procureur de la République.
b) Tribunal compétent
748
B.A. , 1937, p. 416.
749
B. O. , 1959, p. 1284.
750
Il sied de préciser que cet arrêté n’a pas fait l’objet de publication au Journal officiel.
Catalogue des infractions 501
751
Arrêté départemental du 21 avril 1990 cité ci haut, artcle 16.
752
Idem, article 17.
502
Catalogue des infractions
promotion des produits du tabac. Les moins de dix-huit ans d’âge n’y ont pas
accès et ne peuvent recevoir, acheter ou vendre un article promotionnel. La
dégustation des produits du tabac est réservée aux adultes. Les personnes
employées pour offrir la dégustation doivent avoir au moins vingt et un ans. Il
est interdit de parrainer les évènements visant les mineurs à travers la presse
tant écrite qu’audiovisuelle.
Remarques
Les fabricants, importateurs et entrepositaires peuvent adresser aux
détaillants et débitants de boissons des circulaires commerciales indiquant les
caractéristiques des produits qu’ils vendent et les conditions de leur vente. A
l’intérieur des débits des boissons les noms des boissons accompagnés de leur
Catalogue des infractions 503
Critères qualitatifs
Toute publicité sur les boissons alcoolisées doit éviter :
- de suggérer ou d’encourager l’abus de la consommation individuelle ;
- de présenter ou d’encourager la consommation des boissons alcoolisées par
les enfants mineurs d’âge ;
- de présenter un caractère mensonger ;
- d’associer la consommation de la boisson alcoolisée à la conduite
automobile
- d’encourager l’ébriété, les orgies, les beuveries, de présenter de buveurs
ayant perdu le contrôle de leurs actes ;
- de présenter la boisson alcoolisée comme traitement contre les déficiences
physiques et physiologiques ;
- d’associer ou présenter la consommation de la boisson avec le sport ;
- de présenter des scènes de passions sexuelles, de promiscuité ou d’activité
amoureuse présentée comme conséquence de la consommation de boissons
alcoolisées ;
- de contenir de double sens de caractère subjectif ou sous entendant des
intentions immorales ;
- d’associer la boisson au crime, aux criminels ou à toute activité illégale ;
- de s’employer dans la religion ou le thème religieux ;
- de présenter ou traiter déloyalement une boisson concurrente ; la règle dans
ce domaine c’est la retenue, l’objectivité et la vérité ;
- de laisser croire que les boissons concurrentes peuvent contenir des
composants nocifs ;
- d’utiliser des termes scientifiques ou pseudo scientifiques destinés à laisser
croire qu’une boisson alcoolisée rassemble certaines spécificités qu’en fait
elle ne possède pas ;
- d’être faite dans les lycées ou collèges et être présentée comme un facteur
facilitant la réussite scolaire.
Critères quantitatifs
- Aucun message publicitaire sur les boissons alcoolisées ne sera diffusé avant
22 heures et les jours fériés ou chômés.
504
Catalogue des infractions
Régime répressif
a) Base légale
L’arrêté ministériel n° 008/ CAB/ MIN. INFO. PRES & COM. NAT
/2007 du 09 juillet 2007 modifiant et complétant l’arrêté ministériel
04/MCP/009/2002 du 15 octobre 2002 fixe les critères d’appréciation de la
publicité sur le tabac et boissons alcoolisées753. Cet arrêté renferme le régime
répressif. Les membres de la commission de contrôle et de visa de la publicité
sont désignés pour remplir les fonctions d’inspecteurs chargés de constater
tout manquement. Ils appliquent en outre les sanctions contre les
contrevenants.
b) Sanctions applicables
Les diverses sanctions prévues sont les unes administratives, les autres
pénales. L’avertissement, le rappel à l’ordre, la saisie des produits, la
destruction des produits peuvent être appliqués. Les amendes transactionnelles
et frais administratifs pouvant aller jusqu’à l’équivalent en francs congolais de
cinquante mille dollars américains peuvent être infligées754. En cas de récidive,
les amendes transactionnelles et les frais administratifs seront portés au double.
753 er
J.O., n° 19, 1 octobre 2009, p.23.
754
Article 11 de l’arrêté ministériel du 09 juillet 2007 ci-haut cité.
Catalogue des infractions 505
486. Rébellion
L’infraction de rébellion est toute attaque, toute résistance avec violences
ou toute opposition dirigées par un individu contre un dépositaire de l’autorité
publique agissant dans l’exercice légitime de ses fonctions en vue de l’empêcher
ou de troubler l’exercice de son ministère.
I. Eléments constitutifs
Pour exister, au sens de l’article 133 du code pénal livre II, l’infraction de
rébellion exige la réunion des éléments constitutifs. Ceux-ci sont répertoriés au
nombre de quatre.
a)La résistance violente.
La résistance violente. La rébellion postule un acte de résistance actif
et violent. L’emploi des moyens violents, des actes de violences ou des
menaces. Par exemple, asséner un coup violent. Il n’est pas nécessaire qu’il y
ait contact physique, coup ou dommage, si l’attitude peut impressionner
vivement la victime : exemple, ramasser des pierres comme pour les lancer1.
Une résistance à un agent public exécutant une mission. La rébellion
traduit une opposition violente à une personne dépositaire de l’autorité
publique ou chargée d’une mission de service public agissant, dans l’exercice de
ses fonctions, pour l’exécution des lois, des ordres de l’autorité publique, des
décisions ou mandats de justice. Mais il n’y a pas infraction dans un acte de
résistance passive ; s’enfuir pour éviter l’arrestation, rester allongé sur un banc
malgré l’ordre de l’agent, refuser de se laisser mettre les menottes. Il n’y a pas
non plus infraction de rébellion dans les violences contre les choses ; exemple
jeter les pièces à conviction par la fenêtre, avaler un document.
1 ème
Mémentos ; Droit pénal spécial, 14 édition 2008, Jean et Anne-Marie Larguier, Philippe
Conte, Dalloz.
506
Catalogue des infractions
Nous estimons que les personnes qui agissent sous les ordres et sous le
contrôle des précédentes, lorsqu’elles sont victimes, l’infraction sera
caractérisée.
c)La victime
Une victime agissant pour l’exécution des lois, des ordres de l’autorité
publique, des décisions ou des mandats de justice. Les agents ne sont protégés
que s’ils agissent pour l’exécution des lois, ordres ou ordonnances, décision de
l’autorité publique, des jugements ou autres actes exécutoires. Certes, nul n’est
tenu d’exécuter un ordre manifestement illégal755 et la preuve de l’illégalité
manifeste de l’ordre incombe à la personne qui refuse de l’exécuter .
Néanmoins, il se pose le problème de la résistance à un ordre illégal : les
particuliers ne peuvent se constituer juges de l’illégalité.756
d)L’intention coupable.
Le prévenu agit avec intention coupable, en sachant que par ses
violences, il s’oppose à l’exécution des lois. Il suffit que l’auteur des violences
ait su qu’il risquait de mettre obstacle à l’exécution de l’ordre de l’autorité.
Il a été jugé que la simple résistance passive ne peut pas constituer la
rébellion ; la résistance violente à un acte irrégulier de l’autorité est une
rébellion, mais les mobiles qui ont motivé la résistance peuvent être retenus
comme cause d’atténuation de la peine ; et ne se rend pas coupable de rébellion
celui qui, en cas d’arrestation arbitraire, résiste à l’emploi injuste de la force
publique.757
Ne constituent pas également l’infraction de rébellion l’opposition
dirigée contre un policier qui réclame le payement de son dû vis-à-vis de son
créancier. L’opposition dirigée contre un conseiller du gouverneur de province
qui a ordonné la saisie des objets appartenant à autrui n’est pas non plus
constitutive d’infraction.
755
Article 28 de la constitution du 18 février 2006 (J.O.R.D.C., 47 ème année, Numéro
spécial, p. 17.
756
Crim., 1965.
757
Elis. 12 octobre 1915, Jur. Col. 1926, p. 162 ; Elis. 28 novembre 1925, Jur. Kat. II p. 93 ;
ère
1 inst. App. Buta. 20 mai 1927, Rev. Jur. 1929, p. 206.
Catalogue des infractions 507
corps de garde et qui résiste avec violence au caporal de garde chargé de faire
exécuter cet ordre se rend coupable d’insubordination et non de rébellion758.
II. Poursuites
rébellion commise par plusieurs personnes (art 135 CPLII). La peine sera
prescrite au délai double de la peine prononcée, sans être inférieure à deux ans.
Si le prevenu décede , l’action publique sera étéinte759.
487. Recel
Voir recel d’objets, n° 492.
I. Eléments constitutifs
a)L’élément matériel
Pour être établie, l’infraction de recel de malfaiteurs exige l’existence d’un
acte de recel. C’est-à-dire qu’un asile ou un refuge ait été donné à la personne
recherchée.. Il importe peu que la personne recelée ait été momentanément
cachéé. Que la personne récellée soit cachée dans une cabane, dans un trou,
sur les arbres etc., l’acte de recel est , dans ces conditions, caractérisé. Mais,
cet élément matériel est défini de la façon la plus large, par exemple en
l’avertissant des poursuites dont il est l’objet. Il importe peu , finalement, que la
759
La haute cour a arrêté que « le décès du prévenu en cours d’instance entraîne l’extinction
de l’action publique (C.S .J.,RP 44 , 24 juillet 1979, cité par Dibunda Kabuinji,op. cit p.57).
La doctrine elle aussi enseigne qu’en cas de décès du prévenu, l’action publique est éteinte
(Antoine Rubbens, le Droit judiciairee congolais, tome III, l’instruction criminelle et la
procédure pénale, 1965, Bruxelles, Maison Larcier, n° 109,p.127) ; Cour d’appel de
Kananga, RPA 1225, 11 novembre 2004, inédit ; cour d’appel de Kisangani, RPA 1716, 17
juin 2004, inédit.
Catalogue des infractions 509
personne récélée ou aidée ne soit pas condamnée pour le crime dont elle était
soupçonnéé760.
b)Une personne poursuivie
L’infraction ne sera coupablement établie que s’il existe une personne
poursuivie ou condamnée du chef d’une infraction grave. La poursuite et la
condamnation sont donc des préalables. Ceux-ci supposent donc un acte de
poursuite ou un jugement de condamnation.
c)L’élément moral
L’infraction de recel de malfaiteurs est une infraction intentionnelle.
Elle n’existe que s’il y a connaissance dans le chef du receleur que la personne
recélée ou soustraite à la justice avait commis une infraction ou est recherchée
en raison de cette dernière.
Procurer sous son toit ou sous un toit étranger un asile dans le but de
soustraire un criminel poursuivi du chef d’assassinat aux recherches de la
justice rend susceptible d’être poursuivi de recel des malfaiteurs. On a, dans ce
cas, assuré au délinquant poursuivi par la justice le moyen d’y échapper.
Notons qu’en l’absence d’un acte de poursuite contre le criminel, il n’y a pas
d’infraction.
Le texte légal est l’article 164 du code pénal livre II. Les pénalités sont de
six mois à deux ans de servitude pénale principale. Sont exempts de poursuite
pour recel des malfaiteurs les ascendants et les descendants, les époux ou
épouses même divorcés, les frères ou sœurs ainsi que les alliés761. L’infraction
de recel des malfaiteurs est de la compétence du tribunal de paix.
Le recel de malfaiteur tend à assurer l’impunité de l’auteur de l’infraction. Il est
donc connexe à l’ infraction dont est poursuivie ou condamnée la personne
aidée. Le receleur doit donc répondre solidairement avec l’auteur du crime ou
de l’infraction de l’entière réparation du préjudice subi par les parties civiles762.
Les victimes de l’infraction commise par le malfaiteur hébergé sont recevables
à se constituer partie civile contre la personne qui l’a hébergé pour lui
demander réparation du préjudice moral résultant pour elles de la soustraction
d’un criminel à l’action de la justice763.
a) L’élément légal.
Partant de l’’article 101 du code pénal livre II qui définit et réprime le recel
nous pouvons en outre dire que le recel est le fait, en connaissance de cause de
bénéficier, par tout moyen, du produit d’une infraction. Le recel n’est pas
limité aux choses issues de certaines infractions. Il est généralisé aux « choses »
en général.
b)L’élément matériel
L’élément matériel du recel contient, dans son essence même, une
condition préalable. L’infraction de recel n’est constituée que si elle porte sur
une chose provenant d’une infraction. Il doit donc exister la provenance
délictueuse de la chose. L’infraction principale en question est indéterminée. Il
peut s’agir du vol, de l’abus de confiance, de l’escroquerie etc ;
L’infraction à l’aide de laquelle la chose recelée a été obtenue doit être bien
spécifiée. La chose détenue doit provenir d’une infraction commise par un
autre. Ce qui exclut que l’on soit receleur et auteur de l’infraction préalable.
Que l’auteur soit connu ou non, vivant ou mort, qu’il soit en fuite, qu’il ait
bénéficié d’un classement sans suite, que l’infraction soit déjà couverte de
prescription, le recel sera retenu.
Par contre si l’infraction initiale est couverte par un fait justificatif, une
excuse absolutoire, ou si elle fait l’objet d’une amnistie réelle, on ne peut retenir
Catalogue des infractions 511
l’infraction de recel. Il est de jurisprudence que le délit de recel existe toutes les
fois qu’on a caché , acheté ou simplement reçu en tout ou en partie des choses
obtenues à l’aide d’une infraction, en connaissant leur provenance délictueuse .
Le fait d’avoir bu de la bière en sachant qu’elle avait été obtenue à l’aide d’un
vol constitue le délit de recel764 . Est aussi coupable de recel un fonctionnaire
public qui a reçu des sommes d’argent provenant des bulletins de paie des
agents fictifs dont la falsification ne peut lui être reprochée765 .
764
Boma. , 2o janvier 1903, Jur. Etat I p. 235.
765
C.S.J., R.P 21 /C.R. 5 octobre 1979 .B.A 1984, p. 276, texte, R.J.Z. 1979 p.68.
766
C.S.J., RPA 28, 20 août 1974, B.A. 1975, p.253.
767 ère
1 Inst. App. Léo 27 mai 1932, Rev. Jur. 1932, p. 334.
768
Crim., 18 janvier 1988, Bull. n°22.
512
Catalogue des infractions
c) L’élément moral.
Le recel est nécessairement une infraction intentionnelle. En effet, n’est
puni que le receleur qui commet l’acte « en sachant que cette chose provient
d’une infraction ou en toute connaissance de cause ». L’imprudence et la
négligence ne sauraient être assimilées à la connaissance. Les juges doivent
caractériser l’existence de l’élément moral défini comme « la connaissance de
l’origine frauduleuse des objets, même s’il est inutile de s’assurer que le receleur
connait les circonstances exactes de commission de l’infraction d’origine ». La
connaissance par le receleur de l’origine délictueuse de la chose est l’élément
essentiel du recel. Celui qui, de bonne foi, a acheté une bicyclette d’occasion
volée ou détournée ne commet pas l’infraction de recel.
Garder une chèvre volée que l’on sait volée, recevoir une partie des
sommes détournées que l’on sait détournées ou recevoir le produit de vente
d’une marchandise que l’on sait escroquée pour payer ses études, peuvent être
qualifiés , à bon droit, d’infractions de recel d’objets. J’estime qu’acquérir,
gratuitement ou à titre onéreux, un des objets exposés dans les marchés dits «
Koweït »769 équivaut, à coup sûr, à une connaissance de l’origine délictueuse
de la chose.
495. Récusation
I. Causes de récusation
Les causes de récusation sont diverses. Elles sont énoncées limitativement à
l’article 71 du code de l’organisation et de la compétence judiciaires.
1. si le récusé ou son conjoint a un intérêt personnel quelconque dans
l’affaire ;
2. si le récusé ou son conjoint est parent ou allié soit en ligne directe, soit en
ligne collatérale jusqu’au troisième degré inclusivement de l’une des parties,
de son avocat ou de son mandataire ;
3. s’il existe une amitié entre le récusé et l’une des parties ;
4. s’il existe des liens de dépendance étroite à titre de domestique, de serviteur
ou d’employé entre le récusé et l’une des parties ;
5. s’il existe une inimitié entre lui et l’une des parties ;
6. si le récusé a déjà donné son avis dans l’affaire ;
7. si le récusé est déjà intervenu dans l’affaire en qualité de juge, de témoin,
d’interprète, d’expert ou d’agent de l’administration ou d’avocat ou de
défenseur judiciaire ;
8. s’il est déjà intervenu dans l’affaire en qualité d’officier de police judiciaire
ou d’officier du Ministère public.
773
Article 72 du code de l’organisation et de la competence judiciaires.
774
C.S.J. , 23 décembre 1976, RPA 38, BA 1977, p. 108 ; RJZ 1978, p. 94 avec note.
775
C.s.j., 23 juillet 1985R 785- in Dibunda., Répertoire général de jurisprudence de la CSJ
1969-1985 V° récusation, n° 2, p. 198.
Catalogue des infractions 515
parenté ni d’amitié entre le juge et une personne qui n’est pas partie au
procès 776 ;
- La cour suprême de justice section judiciare est competente pour connaître de
l’appel d’un arrêt rendu au 1er dégré par une cour d’appel statuant sur une
demande de récusation, vu que cet appel ne rentre pas dans l’énumération
restrictive des articles de la constitution ou de l’ordonnance-loi du 10 juillet
1968 portant code de l’organisation et de la competence judiciares conférant
exceptionnellement à la cour supreme de justice le fond des affaires777.
Il est admis que le juge qui est intervenu dans l’affaire pour autoriser ou pour
refuser la détention préventive peut sièger dans le collègee qui jugera le
prévenu quant au fond778.
I. Conditions préalables
L’infraction de refus d’apporter assistance aux victimes de calamité publique
n’est réprimée qu’à la double condition d’existence d’une calamité publique et
d’une réquisition de l’autorité compétente.
a)La calamité.
Le Larousse définit la calamité comme un malheur public : la famine, la guerre
sont des calamités, c’est-à-dire une mauvaise fortune781 . Le législateur a
776
C.s.J., 21 décembre 1983, RPA 88, inédit.
777
C.S.J., 04 juin 1971, L.J C/ LTR, RJZ, 1971 ;p.125.
778
A. Rubbens., op. cit., tome I, n° 182, p. 219, n° 183, p. 220.
779 er
Codes Piron et Devos, tome 1 , p. 415.
780
Il est demandé aux individus d’intervenir dès qu’un sinsitre apparaît. C’est une infraction
érigée pour la solidarité et contre le développement de l’égoïsme et de l’indifference.
781
« Dictionnaire encyclopédique », Larousse classique, Librairie Larousse, 17, rue du
Montparnasse, Paris VII, 1957
516
Catalogue des infractions
782
A l’ère des téléphones portables, l’infraction se réalise d’autant mieux que l’agent a un
moyen simple d’agir en téléphonant partout où il se trouve.
Catalogue des infractions 517
783
Code larcier République Démocratique du Congo, tome I, larcier-Afrique édition 2003,
p. 434.
518
Catalogue des infractions
I. Conditions préalables
785
Il s’agit des conditions prévues par l’article 393 de l’ordonnance-loi 66-98 du 14 mars
1966.
786
Article 394 du code de la navigation maritime.
787
Article 128 alinéa 3.
520
Catalogue des infractions
788
CSJ., 25 juillet 1969, B. A 1970, Vol. I, 1.p.10
789
C.S.J., RP 107, 3 avril 1974, B.A. 1975, p. 63.
Catalogue des infractions 521
790
Article 28 de la constitution du 18 février 2006.
522
Catalogue des infractions
a)L’élément légal
Cette incrimination est prévue par l’article 105 du code pénal militaire.
L’article 105 du code pénal militaire punit de six mois à deux ans de servitude
pénale, « tout commandant d’unité » qui légalement saisi d’une réquisition de
l’autorité civile, aura refusé ou se sera abstenu de faire agir les forces sous ses
ordres.
L’infraction de refus d’exécuter une réquisition de l’autorité civile exige
l’existence des conditions préalables avant d’être caractérisée dans ses éléments
constitutifs.
Conditions préalables. Pour sa réalisation, l’infraction exige d’abord
l’existence d’une autorité requérante, c’est-à-dire une personne investie des
prérogatives selon les lois et les réglements en vigueur .Il peut s’agir de
l’autorité politico-administrative, des officiers de police judiciaire, des officiers
du ministère public ainsi que des juges de paix.
Elle nécessite ensuite l’existence d’une réquisition légale.C’est-à-dire
l’acte de l’autorité légitime.Cet acte doit être écrit. Il est fait , en cas d’urgence,
par tout autre moyen tel que la phonie, le téléphone, l’internet etc. Cependant,
il faut qu’il n’y ait pas de doute sur la provennce de l’acte. Il doit être précis
dans les devoirs prescrits. Il ne doit pas porter à équivoque.
b)L’acte incriminé
L’acte incriminé est le refus oul’abstention de faire agir les forces, alors
que l’on est régulièrement saisi de la demande. C’est la désapprobation, le refus
d’accomplir la mission d’intêret national ou intéressant le service public.
Catalogue des infractions 523
c)L’élément intellectuel
L’infraction de refus d’exécuter une réquisition de l’autorité civile est
intentionnelle. L’intention consiste à réfuser par volonté délibérée et consciente
d’exécuter un ordre légitime exprimée sous réquisition.
2. Régime répressif
a)L’élément légal
Cette incrimination est prévue par l’article 106 du code pénal militaire.
L’article 105 du code pénal militaire punit de deux mois à un an de servitude
pénale, « tout militaire ou assimilé qui réfuse ou qui sans excuse légitime
s’abstient de se rendre aux audiences des juridictions militaires où il est appelé à
sièger »
L’infraction de refus de sièger aux audiences des juridictions militaires
exige l’existence des conditions préalables avant d’être caractérisée dans ses
élémements constitutifs.
Conditions préalables. Les deux conditions préalables exigées sont résumées
en la notification de la date d’audience à l’agent et en la présence des autres
membres de la composition et des parties au procès au lieu de l’audience.
b)L’acte incriminé
Deux actes sont visés par le législateur. Il y a d’une part le refus de se
rendre aux audiences des juridictions militaires. L’agent exprime son refus ; il
ne consent pas à accomplir sa mission de sièger.
Il y a d’autre part l’abstention sans excuse légitime de se rendre aux
audiences des juridictions militaires. Sans justification plausible, laissée à
l’appréciation du juge, l’agent s’abstient de sièger à une audience d’une
juridiction militaire.
c)L’élément moral
Il s’entend de l’expression d’un refus libre et conscient ou encore d’une
abstention de répondre au devoir des services judiciaires, sans justification
fondée. La preuve doit être apportée par toutes voies de droit.
524
Catalogue des infractions
2.Régime répressif
La peine est d’une servitude pénale de deux mois à une année. Lorsque
l’agent a clairement exprimé son réfus de sièger ou s’il a été désigné pour
présider la juridiction, il encourt en outre la destitution ou la privation de
grade. Notons bien, la destitution concerne les officiers ; la privation de grade
tout militaire peu importe son rang.
a)L’élément légal
Cette incrimination est prévue par l’article 189 du code judiciaire
militaire. Cet article punit de trois à six mois de servitude pénale et d’une
amende ne dépassant pas 10.000 francs congolais constants ou d’une de ces
peines « toute autorité civile ou militaire ou tout agent de la force publique qui
réfuse d’exécuter un mandat d’amener ou s’abstient à dessein de l’exécuter »
L’infraction de refus d’exécuter un mandat d’amener exige l’existence
des conditions préalables avant d’être caractérisée dans ses éléments
constitutifs.
Conditions préalables . Les deux conditions préalables exigées sont résumées
en la régularité du mandat d’amener et au moment d’exécution du mandat
d’amener.
b)L’auteur de l’infraction
Le mandat d’amener est exécuté par l’autorité civile ou militaire ou par
les agents de police judiciaire ainsi que par les éléments de forces armées qui
ont reçu la mission.
c)L’acte incriminé
L’acte interdit est le refus d’exécuter le mandat d’amener et l’abstention
à dessein à exécuter le mandat d’amener.
d)L’élement moral
Il doit exister dans le chef de l’agent une volonté libre et consciente de
ne pas exécuter un mandat d’amener. Le juge est dans ce cas doté d’un pouvoir
d’appréciation très étendu pour se pénétrer dans chaque cas d’espèce de
l’intention réelle.
2. Régime répressif
Le refus de vendre est une infraction consacrée en droit congolais par les
articles 9 et 19 du décret-loi du 20 mars 1961. Il est interdit de refuser à un
consommateur la vente d’un produit ou la prestation d’un service, sauf motif
légitime.
Le refus de vendre est le fait pour un commerçant, un industriel, un
producteur agricole et artisan :
1° de refuser de satisfaire dans la mesure de ses possibilités aux demandes des
acheteurs de produits ou aux demandes de prestation d’un service lorsque
ces demandes ne présentent aucun caractère anormal et qu’elles émanent
de demandeurs de bonne foi ;
2° de subordonner la vente d’un produit ou la prestation d’un service
quelconque soit à l’achat d’une quantité imposée soit à la prestation d’un
autre service.Laloi réprime cette contrainte, cette obligation d’achat de
deux ou plusieurs produits ou services(Ventes subordonnées)
Le consommateur doit pouvoir librement choisir ce dont il a besoin. Le
professionnel ne peut le forcer à contracter pour des supplements ou des
options. Par exemple, la location d’une chambre d’hôtel ne peut être liée à la
prise d’un petit déjeuner. De même, un commerçant ne saurait imposer à un
consommateur d’acheter une quantité plus importante de tissu sous prtexte que
le bout qu’il va lui rester sera invendable, ou de lier la vente d’un ordinateur à
l’achat de logiviels d’exploitation ou de logiviels utilitaires791.
En revanche, l’infraction n’est pas constituée lorsqu’un seul et même proudit
est divisé pour être vendu par lots dans l’intérêt du consommateur(par
exemple, du yaourt vendu par petits pots de quatre , ou une boîte de plusieurs
petits gâteaux).
I. Eléments constitutifs
Pour que l’infraction de refus de vendre soit constituée, des élements
doivent être réunis :
791
B. Tabaka, « ordinateurs et logiciels pré-installés : le spectre de la vente liée », D.
2005, p. 1218.
526
Catalogue des infractions
792
Il s’agit là d’une amende fixée par l’arrêté ministériel n° 003/CAB/MINEC/2001 du 12
janvier 2001 portant fixation du barème des sanctions économiques.
Catalogue des infractions 527
793
Léo, 22 février 1955, R.J.C.B, 1955 p. 182.
794
Article 30 du décret du 06 mars 1961 portant institution du registre de commerce
528
Catalogue des infractions
795
Parquet Elis. 5 mars 1934, Rev. Jur. 1934, p.76.
Catalogue des infractions 529
I. Eléments constitutifs
a)L’élément matériel
L’élément matériel est constitué du fait de recevoir dans n’importe
quelles conditions de la fausse monnaie, de la remettre ou d’essayer de la
remettre en circulation (même sous forme de cadeau).
b)L’élément moral
L’élément moral consiste en ce que l’auteur en recevant de la monnaie
qu’il croit bonne, il remet ou tente de la remettre en circulation en pleine
connaissance qu’elle est réellement contrefaite ou falsifiée.
I. Personnes punissables
Les éléments de l’infraction de rémunérations illicites se distinguent de ceux
de l’infraction de corruption d’un dépositaire de l’autorité publique. Ils
diffèrent par le fait que :
- la personne, sujet ou objet de la corruption n’est pas dépositaire de l’autorité
publique. Elle n’a pas en charge une mission de service public (auquel cas
elle entrerait dans la corruption classique) ;
- l’acte et l’abstention recherchés doivent relever de cette activité ou de sa
fonction, ou être facilités par eux ;
- l’acte de rémunérations illicites se situe « en violation des obligations légales,
contractuelles ou professionnelles ».
a)L’élément légal
L’élément légal est constitué de l’ordonnance-loi du 14 février 1973
complétant la loi du 5 janvier 1973 sur la corruption. Cette ordonnance-loi s’est
résolue à punir sévèrement les actes de corruption dans le secteur privé. Elle
constitue le siège de l’infraction de rémunérations illicites .De cette ordonnance
sont issus les articles 150a – 150d du code pénal ordinaire qui définissent et
punissent les rémunérations illicites accordées aux employés des personnes
privées796.
b)Les éléments matériels
Les éléments matériels nécessaires à la constitution de l’infraction des
rémunérations illicites sont :
1° la qualité de la personne corrompue qui doit être une personne au service
d’un tiers ;
2° le fait que la personne au service d’un tiers a sollicité ou agréé des offres ou
promesses, sollicité ou reçu des dons ou présents ;
3° la circonstance au cours de laquelle des offres ou promesses ont été
sollicitées ou agréées, des dons ou présents ont été sollicités ou reçus pour
faire ou s’abstenir de faire un acte de l’emploi.
796
Journal Officiel de la République Démocratique du Congo, 47ème année, Numéro
spécial, 05 octobre 2006. P. 44-45.
797
Annales de la Faculté de Droit, volume 3, 1974, Presses Universitaires du Zaïre,
Rectorat-Kinshasa, 1978, p.129.
Catalogue des infractions 531
chemin de fer privée, d’exiger pour enregistrer un bagage, une rétribution qui
ne lui est pas due est constitutif d’infraction de rémunération illicite.
Il en est de même d’un employé d’une société d’aviation privée d’accepter,
moyennant rétribution, d’expédier des colis d’un poids supérieur à celui qui est
mentionné sur les feuilles d’expédition.
a)Peines principales
Sera sanctionnée d’un à trois mois de servitude pénale et d’amende ou d’une
de ces peines seulement toute personne au service d’un tiers qui aura sollicité,
directement ou par personne interposée, des offres, promesses, dons ou
présents comme condition ou récompense, soit pour faire un acte même juste,
soit pour s’abstenir de poser un acte qui rentrait dans l’exercice de son emploi
(art.150a).
Subira deux à six mois de servitude pénale principale et une amende ou
l’une de ces peines seulement toute personne au service d’un tiers qui aura
directement ou par personne interposée agréé des offres ou promesses, reçu
des dons ou présents pour commettre un acte même juste de son emploi ou un
acte injuste ou une abstention de ses obligations (art.150b).
Encourra quatre mois à deux ans et une amende double de la valeur des
choses reçues ou une de ces peines seulement la même personne qui, après
réception d’offres ou promesses, dons ou présents, a fait dans l’exercice de son
emploi un acte injuste ou s’est abstenu de poser un acte qui rentrait dans
l’exercice de son emploi (art.150c).
b)Autres peines.
L’article 150d renforce la répression générale des rémunérations illicites en
prescrivant la confiscation spéciale des choses livrées au coupable ou leur
équivalent, et en donnant à l’Etat le droit de réclamer les sommes, biens ou
valeurs, objet des rémunérations illicites, à tous ceux qui les recueilleraient à
cause de mort. Le juge de paix est celui matériellement compétent
c) Administration de la preuve
En matière de rémunérations illicites accordées aux employés des
personnes privées, la preuve de l’origine et du montant des gains illicites peut
être faite par toutes voies de droit. Pour avor entendu deux témoins dont l’un
confirme les faits(sans toutefois apporter d’autres éléments) et l’autre les
rejette, le tribunal rejette la demande du citant au motif qu’il subsiste des
doutes quant à la matérialité des faits798. L’action publique de l’infraction de
798
Tribunal de grande instance de Bukavu., RP 7487, 3 novembre 1992, Ministère public et
partie civile contre le prévenu Mutalya kashiramango, inédit.
532
Catalogue des infractions
rémunérations illicites est prescrite cinq ans après le décès de l’auteur des
ayants-droits à la succession.
I. Eléments constitutifs
Il faut que trois conditions soient remplies pour établir, en fait et en droit,
l’infraction de rétention illicite des documents :
1° La rétention des documents officiels prouvant que le titulaire est en règle ou
constatant l’existence de son droit ;
2° La rétention doit être sans motif légal ;
3° La rétention doit être, en outre, contre la volonté du porteur.
II. Poursuites
799
B.A., p . 491. Il s’agit de l’ordonnance relative à la rétention illicite des documents.
800
Article 2 de l’ordonnance n° 21/84 du 14 février 195 9.
Catalogue des infractions 533
I. Eléments constitutifs
801
La seule exception à la prérogative du Ministère public d’exiger, d’une personne, un
témoignage, résulte du droit pour elle d’invoquer le secret professionnel. Toutefois, dispensé
de parler, le dépositaire de secret n’est jamais dispensé de comparaître et de prêter
serment. C’est sous la foi du serment qu’il devra affirmer que les renseignements qu’on lui
demande lui ont été confiés sous le sceau du secret protégé par la loi.
Catalogue des infractions 535
La révélation peut être faite par écrit ou par parole, en public ou en privé ou
dans un cadre intime . Peu importe le lieu où cette révélation est faite. Peu
importe aussi la personne qui réçoit cette révélation. Pourvu qu’elle soit faite
sans équivoque et avec une précision suffisante. C’est ainsi qu’un médecin a été
condamné pour avoir révélé, d’une façon restreinte mais suffisante, un secret à
sa femme802.
Une information à caractère secret. Ce sont les confidences reçues par le
professionnel et tous les renseignements détenus par celui-ci du fait de son état
ou de son métier. C’est, en quelque sorte, la profession qui fait le secret. Le
secret n’existe que parceque la loi adonné cette qualité aux informations
recueillies par certaines personnes visées par des textes réglementant leur
profession.
Le professionnel est tenu au secret, son client ou patient ne l’est pas. En
conséquence, l’information peut être amenée à circuler, elle peut être connue
ou rendue publique par les particuliers. Par exemple, le malade peut librement
parler de sa maladie à n’importe qui, mais le médecin est obligé de sa taire. Le
secret professionnel se traduit par une obligation de silence du professionnel,
qui doit taire ce qu’il sait.
Sont secrètes par nature, les infections graves auxquelles est attaché un
caractère dégradant et répugnant et les maladies de nature à nuire à la
considération dont jouit le patient ou à son intérêt. Sont notamment secrètes
par nature : les infections vénériennes encore appelées les maladies
sexuellement transmissibles et les maladies épileptiques ou cancéreuses803.
Même une maladie connue de tous ne doit pas être révélée, car, le médecin
étant l’homme de l’art, la confirmation émanant de lui après avoir donné des
soins à l’intéressé donnerait une autorité scientifique à un bruit dont la
certitude ne peut pas être autrement établie. Le secret médical est d’ordre
public804. C’est ainsi que pour un médecin, le diagnostic d’une maladie, le
traitement applicable et même l’identité des personnes qui se sont adressées à
lui, sont autant de circonstances couvertes par le secret professionnel805 .
b)L’auteur de l’infraction.
Les personnes tenues au secret. La loi ne détermine pas les personnes
astreintes au secret. Elle n’en dresse pas la liste. Pour déterminer les individus
soumis au secret, il est nécessaire d’examiner, pour chaque profession, s’il
802
MiNEUR, op.cit., p. 172 cité par LIKULIA BOLONGO.,op. cit., p. 215.
803
NZANGI BATUTU., Le secret professionnel, collection « Informations juridiques, janvier
1996, p.14.
804
Idem. , p. 15.
805
Encyclopédie juridique, n° 44, p.5.
536
Catalogue des infractions
806
C’est-à-dire que le coupable est dans ce cas frappé d’excommunication par le fait même
de la commission du délit, sans attendre que cette sanction lui soit infligée.
807
Cass. , 5 février 1977 , B.J. 229.
808
Ordonnance n° 70- 158 du 30 avril 1970 portant code de déontologie médicale. M.C. n°
20 du 15 octobre 1970, p. 671.
Catalogue des infractions 537
c)L’élément intellectuel.
Un acte intentionnel de révélation. La forme de révélation importe
peu. . Elle peut être effectuée oralement ou par écrit. Mais pour que l’infraction
soit constituée, la révélation doit être intentionnelle. L’agent doit avoir agi
volontairement. La loi n’exige pas que l’intention de l’auteur soit de nuire à la
victime. Dès que le secret a été divulgué avec connaissance, l’infraction existe.
La divulgation doit être effective. Il faut que le praticien ait réellement dévoilé
le secret pour qu’il puisse constituer une infraction à la loi. La divulgation doit
être volontaire.
La révélation du secret ne doit pas être le résultat d’un cas fortuit, d’une
inattention, imprudence ou négligence, comme par exemple un médecin qui,
par inattention, laisse un certificat médical à la portée d’un tiers, qui par
curiosité, en prend connaissance : le médecin n’aura pas commis l’infraction de
révélation du secret professionnel, faute d’élément intentionnel.
II. Poursuites
II.Régime répressif
809
C.G. app . 29 septembre 1899, Jur. Etat I p. 76.
810
C.G. app. 5 juillet 1914, Jur. Col. 1925, p.247.
811
Journal Officiel de la République Démocratique du Congo, code pénal congolais, décret
du 30 janvier tel que modifié et complété à ce jour. Mise à jour au 5 octobre 2006, 47 ème
année, Numéro spécial, 05 octobre 2006 p. 8.
540
Catalogue des infractions
521. Sabotage
Le sabotage est une atteinte à la défense nationale. Il consiste au fait de
détruire, de détériorer ou de détourner tout document, matériel, construction,
équipement, installation, appareil, dispositif technique, ou appareil de
traitement automatisé d’informations ou d’y apporter des malfaçons, lorsque ce
fait est de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation.
Catalogue des infractions 541
I. Eléments constitutifs
Pour sa consommation, l’infraction de sabotage exige la réunion de l’
élément matériel avec l’élément intentionnel.
a)L’élément matériel
L’élément matériel est constitué d’une série d’actes ainsi que d’un ensemble
des biens que le législateur entend sauvegarder. Le sabotage s’articule sur les
actes suivants : la destruction, la détérioration, le détournement ainsi que
l’apport des malfaçons aux biens protégés. Le législateur entend sauvegarder
tout document, tout matériel, toute construction, tout équipement, toute
installation, tout appareil, tout dispositif technique ou appareil de traitement
automatisé d’informations.
b)L’élément moral
Le sabotage est une infraction purement intentionnelle. Le dol général
suffit à l’établir, dès lors que l’agent a posé son acte d’une manière consciente
et libre. Par contre, l’auteur d’un acte réalisé soit par suite d’une contrainte
physique ou morale, soit dans l’intérêt supérieur de la nation ne tombe pas sous
le coup de l’infraction de l’article 133 du code pénal militaire.
523. Séquestration
Voir arrestation arbitraire, n° 34.
542
Catalogue des infractions
b) Nature de l’infraction
Souteneur et proxénétisme est une autre infraction de violences
sexuelles. Elle est réglementée par l’article 174b du code pénal congolais.
L’article 174 b est issu de la loi sur les violences sexuelles. La loi n°06/018 du
20 janvier 2006 sur les violences sexuelles a complété et modifié le décret du 30
janvier 1940 portant code pénal congolais.
La peine d’une servitude pénale de trois mois à cinq ans et une amende
de cinquante mille francs congolais constants seront infligées au souteneur et
proxénète. Lorsque la victime est un enfant âgé de moins de dix-huit ans, la
peine sera de cinq à vingt ans.
Catalogue des infractions 543
Seront également punis des peines de trois mois à cinq ans de servitude
pénale et d’une amende de cinquante mille à cent mille francs congolais
constants les auteurs de la diffusion publique d’un document ou film
pornographique aux enfants de moins de huit ans.
Le fait de passer à la télévision des danses ou tenues obscènes attentatoires aux
bonnes mœurs peut selon le cas être constitutif de l’infraction de souteneur et
proxénétisme. Conséquemment, ces actes sont susceptibles de faire encourir
des sanctions dans le chef de l’auteur.
529. Stellionat
L’infraction de stellionat consiste dans le fait pour une personne de
vendre ou de donner en gage un immeuble qui ne lui appartient pas ou qui ne
812
Les codes Larcier République Démocratique du Congo, tome VI, volume I, Larcier-
Afrique Editions 2003, p. 371.
544
Catalogue des infractions
lui appartient plus. Il peut s’agir d’une maison, d’une parcelle, d’un terrain, d’un
champ etc..
I. Eléments constitutifs
Pour qu’il y ait stellionat, il faut la réunion dans le chef de l’auteur d’une
vente ou d’une mise en gage, la propriété d’un immeuble d’autrui et l’intention
de s’en approprier.
a)La vente ou la mise en gage.
1. Il faut une vente ou une mise en gage d’un immeuble. Par vente, il faut
entendre toute transaction transférant la propriété. Par mise en gage, il faut
entendre le fait d’hypothèquer un immeuble.
2. La nature de l’immeuble.Il s’agit de tout immeuble peu importe le régime
foncier et immobilier les réglementant en droit privé. Il peut s’agir, aussi
bien, du régime d’enregistrement , de celui du droit spécial urbain constaté
par le titre d’occupation qualifié de livret de logeur, que du régime foncier
coutumier rural.
Il a été jugé que la vente d’un droit de propriété portant sur un immeuble
constitue l’infraction de stellionat, ce droit étant un immeuble par l’objet sur
lequel il porte, et cela quand bien même le vendeur peut opposer, au premier
acheteur, un certificat d’enregistrement à titre de preuve de son droit de
propriété sur l’immeuble vendu quant à la mutation du second acheteur. La
Cour a estimé que cet argument pertinent sur le plan civil ne l’est plus en
matière répressive813. L’immeuble à considérer ici est soit celui enregistré, celui
constaté par le livret de logeur ou bien celui constaté par le régime coutumier
rural814 .
b)Existence de la propriété d’un immeuble d’autrui.
La propriété de l’immeuble doit appartenir à une autre personne. Ainsi
donc pour que l’infraction de stellionat soit caractérisée, la propriété de
l’immeuble doit appartenir à une autre personne que l’agent lui-même. Celui
qui vend ou donne en gage son immeuble ne commet pas de stellionat. Par
contre , il a été jugé que la vente d’une maison appartenant à autrui faite
sciemment est qualifiée de stellionat815.
813
C.S.J., RP 705, 05 Novembre 1985, B.A. Années 1985 à 1989, Edition 2002, p.62.
814
C.S.J., RP 130, 15/04/1975, B.A.C.S.J. 1976, p.120.
815
C.S.J. , R.P 130 , 15 avril 1975, Bull. 1976, p. 119 , RJZ. 1979, p. 53.
Catalogue des infractions 545
que le fait de vendre une parcelle par acte matériel de vente sans droit
immobilier sur celle-ci pour l’avoir déjà aliénée au profit d’une tierce personne
par une vente advenue entre eux et surtout par la tradition au profit de cette
tierce personne des titres parcellaires de l’ancien propriétaire détenus par lui
(élément matériel) lorsque le prévenu a conscience de l’existence de la première
vente (intention frauduleuse) constitue le stellionat.816
II. Poursuites
816
Cour d’Appel de Kinshasa/ Matete, R.P.A. 511, 14 juillet 2003, inédit.
817
Alexis TAKIZALA MASOSO, Recueil de jurisprudence des Cours et Tribunaux du Congo,
Presses universitaires de Lubumbashi, 1999, p.207-208.
818
Article 96 du code pénal livre II.
819
Cour d’Appel de Kinshasa/ Matete ,R.P.A 033 /RMP 849 /PG Mat /NGB ; 03 juillet ,1996
MP et PC Ekutshu Moseka contre Moze Embumba, Inédit.
546
Catalogue des infractions
820
Cela ne vise pas les mesures de régulation des naissances qui ont un effet non
permanent dans la pratique.
821
Article 174 l du code pénal tel que modifié par la loi du 20 juillet 2006. Le terme « libre
consentement » ne comprend pas le consentement obtenu par la tromperie.
Catalogue des infractions 547
532. Stupéfiants
Parler des drogues et des stupéfiants parait une totologie. Nous le
voulons, néanmoins ainsi, pour marteler que les conséquences de la
consommation régulière de stupéfiants sont très onéreuses pour la société.
Parmi ces conséquences, on peut, notamment, citer les maladies, les accidents
de travail ou de circulation liés à la consommation de stupéfiants. Il faut le dire
et le redire car les stupéfiants procurent des pseudo-plaisirs et des gains
rapides et élevés, raisons pour lesquelles ils attirent . C’est pourquoi, la
production et le trafic de stupéfiants sont souvent aux mains de maffieux
organisés en puissants réseaux.
Les maffieux opèrent à l’échelle mondiale, ils parviennent à déjouer les
contrôles douaniers et policiers. Le retard que connaît notre pays et les
avancées de la législation internationale plaident pour que le législateur
congolais sorte de sa léthargie. L’offre est faite au législateur congolais
d’incriminer divers actes dont notamment :
1. la direction d’un groupement participant au trafic des stupéfiants. Il s’agira
d’atteindre les réseaux maffieux en mettant hors d’état de nuire leurs
dirigeants, difficiles à atteindre en raison de la loi du silence qu’ils font
régner ;
2. La production et la fabrication illicites. Il s’agira de toute activité visant à
obtenir, soit par un procédé naturel (culture) ou industriel (réaction
chimique) une substance stupéfiante ;
3. L’importation ou l’exportation illicites de stupéfiants ;
4. Le transport et la cession. Les fausses ordonnances ;
5. La facilitation de l’usage de stupéfiants, l’usage illicite de stupéfiants, la
provocation à usage et propagande ;
6. La cession ou l’offre en vue de la consommation personnelle ;
7. Le blanchiment du produit des stupéfiants.
550
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
a)L’élément légal.
L’article 129 du code pénal livre II est la base légale de l’infraction de
subornation de témoins. « Le coupable de subornation de témoin est passible
de la même peine que le faux témoin, selon la distinction de l’article
précédent ».
b)L’élément matériel
1) L’élément matériel est fait de la pression, des conseils, instigations, dons,
promesses, menaces…sur une personne susceptible d’être appelée à
témoigner en justice. Il doit s’agir des cas de dossier en instruction ou
d’enquêtes entrain d’être menées.
2) Ces éléments matériels sont faits sur une personne susceptible d’être
appelée à témoigner en justice. L’infraction de subornation de témoins ne
pourra pas être établie si la personne allait être appelée à témoigner mais n’a
plus été appelée. Elle ne sera pas non plus retenue si l’individu a été appelé
mais n’a pas fait des déclarations contraires à la vérité.
3) Le but est de faire effectuer un faux témoignage. En conclusion, il s’agit de
faire des déclarations contraires à la vérité devant les tribunaux, après avoir
prêté serment. Mais, ces déclarations doivent être susceptibles de porter
préjudice.
Moment de l’acte. L’acte doit intervenir au cours d’une procédure, ou en
vue d’une demande ou d’une défense en justice ; quelle que soit la procédure,
en tout état de cause, et même seulement en vue d’une procédure. Pour qu’il y
ait subornation de témoin, il faut que la personne à laquelle on fait des offres
ait été appelée ou tout au moins puisse être appelée à témoigner en justice.
L’infraction de subornation des témoins ne peut exister en dehors de toute
instruction ou enquête822.
But de l’acte. Le but de l’acte est d’obtenir d’autrui soit un acte positif, soit
même une abstention.
1. une déposition, une déclaration ou une attestation mensongère :
déclaration sous serment, devant une juridiction d’instruction ou de
jugement(ou même pendant l’enquête policière) :
822
Boma, 16 septembre 1902, Jur. Etat I, p. 213.
Catalogue des infractions 551
a)Texte légal
Les auteurs de l’infraction de subornation des témoins sont
poursuivables sur base de l’’article 129 du code pénal livre II. La peine
applicable au coupable est de cinq ans maximum. Le suborneur encourra des
peines plus lourdes si le faux témoignage dont il a été l’instigateur a eu pour
résultat de faire condamner le prévenu à la peine de mort ou à la servitude
pénale à perpétuité.
823
Bruxelles, 3 juillet, 1895, J.T., p. 865.
552
Catalogue des infractions
535. Suicide
Le suicide est le fait de se donner à soi-même la mort. C’est un homicide
volontaire commis par l’agent sur sa propre personne. Le moyen utilisé peut
être la pendaison, le fusil, le poison etc.. ; il importe peu. Le suicide devient de
plus en plus un véritable problème de société. L’acte de suicide n’est pas
punissable en la personne de l’auteur, faute de texte légal. Le législateur n’a pas
incriminé le suicide. C’est-à-dire qu’il n’existe pas de nos jours de loi pénale sur
le suicide dans l’arsenal juridique congolais. Le suicide échappe ainsi à la
répression parcequ’il n’est pas punissable.
Cette position du droit positif est différente de l’ancien droit où des
peines étaient applicables aux cadavres. La confiscation des biens des suicidés
étaient systématiquement prononcée. Ces punitions n’avaient malheureusement
aucune valeur préventive et atteignaient injustement la famille du suicidé
qu’elles furent vite abandonnées826.
L’absence de répression du suicide comporte des conséquences
importantes du point de vue de l’application des principes de droit pénal
général. La tentative et la complicité du suicide ne peuvent être punies, à défaut
d’incrimination principale et d’absence de texte légal. Néanmoins, celui qui
s’abstient de secourir la personne qui tente de mettre fin à ses jours (de l’en
empêcher) sera poursuivi sur base de l’article 66 ter du code pénal.
L’article 66 ter du livre II traite de l’abstention d’apporter secours à une
personne en danger. La sanction est de trois mois à deux ans de servitude
pénale et une amende ou une de ces peines. Si l’abstentionniste est militaire ou
individu au service des forces armées, il risque dix ans au maximum de
824
Crim., 1995 cité par Dalloz, in mementos, Droit pénal spécial , 14 ème édition 2008.
825
C.S.J., RP 103, 22 janvier 1975, B.A. 1976, p. 21.
826
LIKULIA BOLONGO. ,op cit, p.48.
Catalogue des infractions 553
I. Eléments constitutifs
827
Article 519 du code pénal militaire.
828
C’est une incitation au suicide par paroles, lettres, etc.La provocation vise à emporter la
conviction de l’autre, à le pousser dans son projet funeste.
829
C’est toute diffusion générale, par exemple dans les médias qui entraîne une personne
sur la voie du suicide ou de sa tentative.
830 ère
1 instance Léo,App. RPA 6725, 24 juillet 1952, inédit.
554
Catalogue des infractions
831
Idem cité par LIKULIA BOLONGO., op.cit, p. 316.
832
Vouin.,op. cit, p.295.
833
Article 155 du code penal livreII.
834
LIKULIA BOLONGO. , op.cit., p.316.
Catalogue des infractions 555
I. Eléments constitutifs
II. Poursuites
1. Siège de la matière
835 ère
1 instance Léo., 05 février 1909,Jur.Etat, II, p.305.
836 er
Robert wilkin. , Commentaire de la loi communale, Tome 1 , Editions Etablissements
Emile Bruylant, Bruxelles, p.474.
837
Crim.,15 avril 1992,Dr.pénal 1992,comm.285 ; 11 janvier 2005,Dr.pénal 2005, comm.71.
556
Catalogue des infractions
539. Télécommunications
En République Démocratique du Congo, les télécommunications sont
régies par la loi cadre 013-2002 du 16 octobre 2002839. Cette loi cadre a crée et
assorti des sanctions certains actes et entraves qualifiés infractionnels.
838
Des tribunaux et parquets des cours d’appels de Kinshasa/ Gombe et Matete ont
réprimé, dans plusieurs décisions inédites, les bruits provenant des assemblées de prières
disséminées dans les rues et avenues, les répétitions à ciel ouvert des orchestres musicaux
modernes, traditionnels et autres sur base de l’infraction de tapage nocturne.
839
Les codes Larciers, République Democratique du Congo, tome III, Volume 2, Larcier-
Afrique Editions 2003, p.780.
Catalogue des infractions 557
Cet acte est répréhensible. L’auteur est passible d’une servitude pénale
d’un an au plus et d’une amende maximale de cent mille francs congolais.
Toutefois, seule une de ces peines peut être appliquée. . C’est l’agent au service
d’un exploitant de services publics de télécommunications qui peut commettre
cette infraction.
II. Procédure
fait payer une amende transactionnelle dont les taux seront revus
périodiquement par le Ministre ayant en charge le secteur.
Au regard du taux des peines, l’on croirait que les infractions en matière
de télécommunications sont de la compétence du tribunal de paix. Pour notre
part, les télécommunications et les diverses infractions qu’elle crée sont du
domaine de la législation économique et commerciale de la République
Démocratique du Congo. Celle-ci relève de la compétence des tribunaux de
commerce, quel que soit le taux de la peine ou la hauteur de l’amende840.
I. Eléments constitutifs
Pour subir les peines prévues en cas d’infraction de tenue d’une maison de
débauche ou de prostitution, il faut caractériser les éléments constitutifs.
a)L’acte matériel
Il est constitué de la tenue d’une maison de débauche ou de prostitution
qui caractérise l’acte répréhensible de l’infraction.Par exemple disposer d’une
maison, en assurer la surveillance, l’entretien, la direction, la gérance. Il peut
s’agir de tout abri ou logis susceptible de servir de cadre d’accomplissement de
la débauche ou de la prostitution. Par exemple aussi, être dirigeant, propriétaire
ou gérant des nihts clubs ou boîtes de nuit dans lesquels se font le commerce
de sexe, gérant ou propriétaire des maisons de débauche, de passe ou de
tolérance. Le professeur Likulia définit la maison de débauche comme tout
établissement destiné à recevoir des personnes qui font métier de livrer leur
corps aux plaisirs sexuels pour de l’argent841.
840
Article 17 de la loi du 03 juillet 2001 portant création, organisation et fonctionnement des
tribunaux de commerce ; Les Codes Larciers, République Démocratique du Congo, tome I,
Larcier-Afrique Editions 2003, p.370.
841
LIKULIA BOLONGO., op.cit. , p.363 .
560
Catalogue des infractions
Les sanctions prévues par le 1er texte( l’article 174b alinéa 1 point 2 du
code pénal tel que modifié et complété en 2006) sont de trois mois à cinq ans
de servitude pénale et d’une une amende de cinquante mille à cent mille francs
congolais constants. Le deuxième texte (l’ord n°75-153 du 31 mai 1975), qui
punit les gérants ou débitants des maisons de passe ou de tolérance, prévoit
une servitude pénale de six mois à cinq ans et une amende ou une de ces
peines seulement.
L’autorité territoriale peut en outre procéder au retrait de la licence
d’exploitation842.
542. Terrorisme
Certaines infractions constituent des actes de terrorisme. C’est lorsqu’elles
sont en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de
troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou par la terreur. Il s’agit :
1° des atteintes volontaires à la vie ou à l’intégrité physique de la personne,
l’enlèvement et la séquestration de la personne ainsi que le détournement
d’aéronef, de navire ou de tout autre moyen de transport ;
2° des vols, extorsions, destructions, dégradations et détériorations ;
3° de la fabrication, la détention, le stockage, l’acquisition et la cession des
machines, engins meurtriers, explosifs ou autres armes biologiques,
toxiques ou de guerre.
Constituent également un acte de terrorisme, lorsqu’il est en relation avec
une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement
l’ordre public par l’intimidation ou la terreur, le fait d’introduire dans
l’atmosphère, sur le sol, dans le sous-sol ou dans les eaux de la République, une
substance de nature à mettre en péril la santé de l’homme ou des animaux ou le
milieu naturel.
842
Article 8 de l’ordonnance n° 75 – 153 du 31 mai 197 5 réglementant les heures
d’ouverture des débits de boissons et portant interdiction des night-clubs sur toute l’étendue
de la République.
Catalogue des infractions 561
I. Eléments constitutifs
a)L’élément légal.
L’article 67 alinéa 2 du code pénal livre II incrimine l’infraction de tortures
corporelles, sans proposer de définition juridique².
b)L’élément matériel.
En l’absence de définition légale, la jurisprudence a tenté de déterminer le
champ d’application de l’incrimination. Pour être établie cette infraction exige
des brutalités graves ou actes de cruauté commis contre une personne arrêtée
ou en détention.
c)L’élément moral.
L’infraction de tortures est indiscutablement une infraction intentionnelle.
Elle requiert la torture en vue (dans l’intention) de causer des souffrances. Le
partie lésée. Le paiement du prix et des frais de justice avancés par la partie plaignante ou
le désistement de celle-ci éteindra l’action publique ».
Dans les secondes(les excuses atténuantes), le législateur crée une excuse atténuante à
partir du fait que le trouble social est moindre. C’est ainsi que constitue une excuse
atténuante à l’infraction d’attentat contre la vie ou la personne du chef de l’Etat (article 193
alinéa 1), le fait que cet attentat n’a pas eu des suites graves (art. 193 alinéa 2). De
même, il y aura excuse atténuante en faveur d’un tireur de chèque qui aura désintéressé le
porteur avant que le tribunal ait été saisi (ordonnance n°68-195 du 03 mai 1968 sur les
chèques sans provision).Dans ce cas, « la peine applicable ne dépassera pas le quart du
maximum de la servitude pénale et de l’amende prévues … » (art. 3).
844
Boma, 23 février 1909, Jur. Etat II p. 306.
564
Catalogue des infractions
dol général existe car l’agent a conscience de commettre un acte interdit par la
loi en portant atteinte à l’intégrité d’autrui. Il est de droit que les souffrances
infligées intentionnellement à la victime constituent la circonstance aggravante
de tortures corporelles et non l’infraction de coups et blessures845.
Crever intentionnellement un œil à une personne arrêtée. Ligoter très
fortement une personne aux poignets, aux bras et aux pieds, au moyen des
cordes, la déposer liée en plein soleil pendant des heures sans lui donner ni
boisson ni nourriture. Ce sont là quelques exemples de tortures corporelles.
II. Poursuites
c) Circonstances aggravantes
Les tortures corporelles sont des circonstances aggravantes de
l’arrestation arbitraire et détention illégale. Les tortures corporelles connaissent
elles-mêmes des circonstances aggravantes si elles ont entraîné la mort de la
victime. Le coupable encourt alors la servitude pénale à perpétuité ou la peine
de mort.
d) Compétence et prescription
Le tribunal de grande instance est compétent matériellement. La
prescription est de dix ans (action publique). La peine sera prescrite, d’une part,
au délai double de la peine prononcée pour la servitude pénale de dix ans ou
moins et, d’autre part, en vingt ans pour la peine de servitude pénale de plus de
dix ans. Il est bon de faire remarquer que la cour a considéré que les aveux
obtenus par tortures sont inopérants lorsqu’ils ne sont pas corroborés par
d’autres modes de preuve846.
845
Boma, 23 décembre 1902, Jur. Etat I p. 228.
846
Cour de sûreté de l’Etat, Arrêt RP 2463, 16 août 2002, inédit.
Catalogue des infractions 565
I. Eléments constitutifs
847
Article 174 j du code pénal tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet
2006.
Catalogue des infractions 567
I. Personnes à poursuivre
848
C .S.J., RPA 63, 09 juillet 1980, Inédit.
849
P. DELAHAYE., « Le trafic d’influence », in Revue de Droit pénal et de Criminologie,
ème
27 année (1946-1947), n°5, février 1947, pp.377-405.
568
Catalogue des infractions
rémunère pour qu’elle exerce une influence sur un tiers, c’est-à-dire pour
qu’elle exerce une sorte de mission d’intermédiaire, grâce au crédit qu’elle
possède en raison de sa position sociale. Quant à sa nature, l’influence doit être
« r éelle ou supposée » L’influence supposée signifie qu’il importe peu que la
personne sollicitée puisse obtenir concretement l’avantage réquis. Il suffit que
le particulier qui la sollicite le croie, que cette influence soit apparemment
existante….Dans l’interpretation et l’analyse de l’infraction, vont donc
prévaloir l’apparence et la crédibilité de l’influence que l’individu s’octroie ou
qu’on lui prête.
b)Le but du trafic d’influence
Le but précis de la manœuvre est inscrit au texte. Il en est ainsi de :
- faire ou tenter de faire obtenir des décorations, médailles, distinctions,
récompenses, places, fonctions, emplois ou valeurs quelconques accordées
par l’autorité publique ;
- faire ou tenter de faire gagner des marchés, entreprises ou autres bénéfices
résultant des accords conclus avec l’Etat ;
- faire ou tenter de faire obtenir une décision favorable d’une autorité de
l’Etat ou d’une autorité d’une société d’économie mixte, d’un établissement
public, d’une entreprise publique, d’un service public.
La proposition, sollicitation est effectuée en vue de faire obtenir(….) des
emplois, des marchés ou toute autre décision favorable.Par exemple, obtenir
un permis de construire, la régularisation d’étrangers en situation irrégulière,
une décision judiciare ou administrative, une décoration, ou encore l’obtention
de marchés publics.
En d’autres termes, l’infraction de trafic d’influence pour être caractérisée
requiert :
1. des offres, des promesses agréées ou dons, des présents reçus, c’est-à-dire :
- tout avantage patrimonial tel que lettre de change, prêt à usage, délai de
grâce ou suspension de poursuite ;
- tout avantage personnel tel que promotion, emploi, honneurs ;
- tout avantage moral et même jusqu’aux relations intimes avec la femme à
laquelle le médiateur avait promis son concours850 ;
2. des offres agréées ou dons reçus dans un but déterminé par le texte légal
(c’est-à-dire dans un des buts énumérés par l’article 150e ).
L’article 150 e vise « toute décision qu’une autorité publique a le pouvoir
de prendre après appréciation concernant l’acceptation ou le refus de l’acte
demandé. Cet article est donc applicable, lorsque l’influence s’est exercée pour
obtenir un jugement, une exemption du service militaire, une grâce, une
transaction… La faveur doit être de l’autorité publique ou des entreprises
placées sous son contrôle. Lorsque la faveur est d’une entreprise privée ou d’un
850
P. DELANAYE., op cit. , pp.377-405.
Catalogue des infractions 569
III. Poursuites
a) Texte légal
Notre législation, pour réprimer le trafic d’influence, a trouvé son
inspiration et puisé l’essentiel de ses termes dans l’ordonnance française du 08
février 1945 (article 178 du code pénal). Avant 1973, beaucoup de
851
C.S.J.,RPA 65,04 septembre 1981,in B.A, 2002, p.253.
852
Nous tirons tous ces exemples des Annales de la Faculté de Droit, vol 3, Presses
Universitaire du Zaïre, Rectorat, Kinshasa, p133 – 134.
570
Catalogue des infractions
548. Trahison
I. Eléments constitutifs
La réalisation de l’infraction de trahison suppose la réunion des
éléments de nationalité de l’auteur de l’infraction, des éléments matériels et de
l’élément intellectuel.
a)La nationalité
La nationalité est un élément indispensable. C’est le point de distinction
entre la trahison et l’espionnage. Pour la trahison, l’auteur doit être de
nationalité congolaise. Il n’en est pas de même pour l’espionnage qui ne peut
être perpétré que par un sujet étranger.
b)Les éléments matériels
Le législateur prévoit une série d’actes matériels. La trahison est une
infraction qui peut se réaliser de plusieurs manières.
1. Le fait de porter des armes contre son pays ;
853
La peine d’amende a été fixée par la modification du Code Pénal Congolais, intervenue
par la loi n° 05-006 du 29 mars 2005 (JORDC, 47ème année, Numéro spécial, 05 octobre
2006).
Catalogue des infractions 571
854
Laurent MUTATA LUABA., op.cit . , p. 424.
572
Catalogue des infractions
I. Définition
855
Seules, les juridictions militaires pourront connaître des faits prévus par les articles 127
et 128 du code pénal militaire. En effet, les faits précités ne sont réprimés qu’en temps de
guerre.
856
Petit larousse Illustré, Paris 2009, p. 535.
Catalogue des infractions 573
a)L’élément légal
L’infraction de transmission délibérée d’une infection sexuellement
transmissible incurable est réprimée à l’article 174 i du code pénal tel que
modifié et complété par la loi ci-haut citée.
857
La jurisprudence congolaise en matière de preuve, il faut le rappeler, est conforme à
l’option universelle, d’équité, de justice et de raison. Cette option est ancienne et constante
en application de la maxime « L’accusation a la charge de la preuve » ou « le prévenu
allègue ; le ministère public prouve ».
858
Léo., 14 août 1952, RJCB., p. 190, avec note : cité par Piron et Devos, Codes et lois du
congo belge, tome 1, 1960, p. 314.
Catalogue des infractions 575
859
Cour d’appel Colmar, 04 janvier 2005, D.2005. 1069, note Paulin.
576
Catalogue des infractions
b) L’enfant au travail
• La loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de
l’enfant détermine le régime de l’enfant au travail.
• L’enfant ne peut être employé avant l’âge de seize ans révolus (art.50).
• L’enfant âgé de quinze ans ne peut être engagé ou maintenu en
service, même comme apprenti, que moyennant dérogation expresse du juge
pour enfants, après avis psycho- médical d’un expert et de l’inspecteur du
travail (art.50 alinéa 2).
• Le juge est saisi à la demande des parents ou de toute personne
exerçant l’autorité parentale ou tutélaire sur l’enfant, par l’inspecteur du travail
ou toute personne intéressée.
• Le maître, l’homme ou la femme, s’il ne vit en famille ou en
communauté, ne peut loger comme apprenti un enfant âgé de moins de huit
ans (art.52). L’enfant âgé de seize à moins de dix-huit ans ne peut être engagé
ni maintenu en service que pour l’exécution des travaux légers et salubres.
862
Articles 26 et 27 de l’arrêté ministériel 68/13 du 17 mai 1968 portant conditions de travail
des femmes et enfants.
863
Articles 28 à 31 de l’arrêté ministériel 68/13 du 17 mai 1968 précité.
578
Catalogue des infractions
I.Conditions préalables
infligée aux personnes civiles ou hors combats, soit pour leur opinion
politique, soit pour leur opposition à l’ordre politique établi ou pouvant être
établi, et consistant à exécuter impérativement des tâches rudes866.
L’élément matériel peut réposer aussi sur l’acte de déportation, un acte
indistinctement réprimé. C’est le cas d’un transfert forcé dans une île par
l’ennemi en l’absence de toute décision judiciaire régulièrement rendue.
b)L’élément psychologique
L’élément psychologique est fait de la violence procédant à soumettre
de façon contraignante des personnes à un travail rude ou à un transfert
indésirable à un endroit inhabituel. Il y a l’intention de nuire à autrui en vue
d’en tirer un gain pour soi-même ou pour autrui. Les mobiles ou motifs sont
inopérants, car aucun ne peut légitimer l’intention délictueuse.
866
Laurent MUTATA LUABA. ,op. cit. , p.623.
580
Catalogue des infractions
b) Elément matériel
Pour que l’infraction soit établie, il faut qu’il y ait tromperie sur
l’identité de la chose vendue, en livrant frauduleusement une chose d’une
espèce autre que celle déterminée sur laquelle se portait la transaction. La
tromperie peut également porter sur la nature ou l’origine de la chose vendue
en vendant ou en livrant frauduleusement une chose semblable en apparence à
celle qu’il a cru acheter. Il déçoit ainsi l’acheteur dans ce qu’il a principalement
recherché.
Cette infraction suppose un fait de tromperie. L’exemple est celui de
vendre à un prix élevé la farine de manioc en affirmant faussement qu’il s’agit
de la farine de maïs. La tromperie doit porter sur une marchandise , ce qui est
dans le commerce. La tromperie doit avoir lieu dans une convention ou
contrat ; un transfert de propriété à titre onéreux. Cette tromperie doit être
réalisée par un des modes prévus par la loi.
Les modes prévus par la loi sont, soit la tromperie sur l’identité de la
chose comme vendre un sac de riz chinois en lieu et place d’un sac de riz
américain, soit la tromperie sur la nature et l’origine de la chose. Il en est ainsi
de vendre du vin de palme mélangé avec de l’eau et du sucre (nature de la
chose), de vendre un vin kinois pour un bordelais (origine de la chose).
Il y a tromperie sur la qualité de choses vendues au sens de l’article 100,
quand l’une des parties, use de procédés frauduleux propres à augmenter
artificiellement le poids ou le volume de lamarchandise, faisant l’objet de la
transaction. Cette infraction exige l’intention frauduleuse ; ce qui exclut la
faute, l’oubli, l’erreur867.
C) L’intention coupable
L’agent doit avoir agi pour se procurer un bénéfice illicite. Il a été jugé
que le fait de livrer frauduleusement de la marchandise avariée, bonne ncore
uniquement pour les animaux, alors que la convention portait sur de la
nourriture humaine, constitue une tromperie sur l’identité de la chose parce
que la corruption de denrées alimentaires peut modifier les qualités qui
constituent la valeur de la chose868. Spécialement le fait d’avoir vendu une
vache que le vendeur affirmait être fraîche, que l’acheteur acquérait comme
telle, et qui ne l’était pas, constitue indubitablement une tromperie sur la qualité
essentielle qu’elle devait posséder, dans la pensée de l’acquereur si, toutefois, il
867
Elis.,25 janvier 1944, Rev.Jur.,p.168.
868
Gand, 21 janvier 1950, Pas.,II, 89.
Catalogue des infractions 581
est établi que le vendeur a agi de mauvaise foi, et savait que l’affirmation par lui
donnée à l’acheteur était fausse869.
I. Eléments constitutifs
Il a été jugé que l’infraction de tromperie requiert la réunion de deux
éléments substantiels et nécessaires : un préjudice subi par l’acheteur et
l’emploi des manœuvres frauduleuses870.
a) Le texte de loi définissant et sanctionnant la tromperie sur la
quantité de la chose vendue
A l’instar de la tromperie sur la qualité de la chose vendue, la tromperie
sur la quantité de la chose vendue est prévue et punie par le code pénal livre II.
La dernière y est déterminée par l’article 100.
b) Elément matériel
L’infraction de tromperie sur la quantité de la chose vendue
suppose l’emploi des manœuvres frauduleuses, notamment l’altération de la
vérité par l’usage des faux instruments de pesage ou de mesurage. Le fait de
vendre en sachet , au prix légal d’un kilo de sucre, une quantité de sucre
nettement inférieure à celle annoncée , constitute l’infraction de tromperie,
l’emploi de manœuvres consistant en l’apparence que le sachet contenait un
kilogramme871.Vendre une quantité de sel nettement inférieure à celle annoncée
par exemple.
Le but est de tromper la victime sur la quantité de la chose vendue ou
sur les éléments devant servir au calcul du salaire en vue de se procurer un
bénéfice illicite et infliger ainsi un préjudice à la victime.
869
Luxembourg, 29 juin 1912,Pas., 1941,IV,130.
870
Elis, 25 janvier 1944, RJCB., p.168 ; Tribunal de police de jadotville, 2 avril 1963.
871
Tribunal de police de jadotville, 2 avril 1963, in RJC 1964, n° 4, p.290.
582
Catalogue des infractions
872
Code pénal congolais. Décret du 30 janvier 1940 tel que modifié jusqu’au 31 décembre
2009 et ses dispositions complémentaires, 2010,p.25.
Catalogue des infractions 583
a)L’élément matériel
1. Il faut l’existence d’un usage. L’usage d’une pièce fausse, c’est le fait
d’utiliser ou de tenter d’utiliser un acte faux, établi, falsifié ou altéré .
C’est le fait d’utiliser ou de tenter d’utiliser un acte faux , cet acte ayant
été établi , falsifié ou altéré par un autre ou par soi-même. Un individu
postule un emploi grâce à un faux diplôme qui lui a été remis par un
faussaire. Il a été jugé que la vente par un particulier des attestations de
perte de pièces défalquées par un typographe sur un lot produit à
l’imprimerie et destiné au bourgmestre de la commune constitue une
infraction d’usage de faux874.
873
GOYET., op.cit., p.134.
874
Tribunal de grande instance de Goma, RP 17156, 26 mai 2005, ministère public et partie
civile contre les prevenus Zibonera et Mwamba Omari, inédit.
875
C.S.J., R.PA 112, 20 novembre 1985, B.A. Années 1985 à 1989, édition 2002, p.84.
876
G. Mineur.,op. cit., p. 88.
584
Catalogue des infractions
1) L’auteur doit savoir que la pièce est fausse ou a été altérée. Ce qui
signifie qu’il a dû, au moment où il en faisait usage, connaître la
falsification de la pièce par lui utilisée. Si la personne qui fait usage de la
pièce fausse n’en connaît pas le caractère faux, elle n’est évidemment pas
punissable877. Est, par contre, coupable de l’infraction d’usage de faux le
prévenu qui transmet une facture fictive au directeur du trésor pour
paiement, son intention frauduleuse étant manifeste878 .
2) Il faut que l’auteur ait agi de mauvaise foi.L’auteur doit agir dans une
intention frauduleuse ou à dessein de nuire.
Sur le plan intentionnel, l’infraction suppose que l’utilisateur sache que l’écrit
ou le document est falsifié879. La preuve de cette connaissance n’est pas
toujours facile à rapporter lorsque l’utilisateur n’est pas lui-même l’auteur du
faux. Dans le doute, l’acquittement s’impose.
c)Le préjudice
Il faut qu’un préjudice ait dû résulter de l’usage de la pièce fausse ou du
moins devant pouvoir en résulter.
877
Cass., 13 janvier 1943, Pas I. 19.
878
C.S.J., RPA.78, 15 juillet 1983, inédit.
879
Crim., 27 février 1947, Gaz. Pal. 1947. 1. 173.
880
C.S.J., RP 14, 22 janvier 1976, Bull. Arrêts 1977, p 17.
881
Article 126 du code pénal livre II.
Catalogue des infractions 585
882
Servais, t.I, p 613, n°2-6 cité par Georges Mineur. , op cit p 291.
883
Crim., 5 mars 1990, Dr.pénal 1990, comm.247 ; 8 août 1995, Dr.pénal 1995, comm.279.
884
Crim.,14 octobre 1991,Dr.pénal 1992, comm.56.
885
Tribunal de grande instance d’Uvira , Siège Secondaire de Kavumo, R.P 1083 , 02
février 2001 Ministère Public et partie civile collectivité-chefferie de Kabare contre le
prévenu Musafiri Rwema ; jugement confirmé par la cour d’appel de Bukavu sous R.P.A
1829 ,18 septembre 2003, Inédit.
886
Crim., 19 janvier 2000, Bull. n°32 ; RTD com. 2000.7 37,obs.B. Bouloc.
586
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
a)La convention
L’agent passe une convention avec la victime. La nature de la
convention est multiforme et son objet consiste en la remise d’une valeur
mobilière. La convention peut porter opération de crédit (crédits accordés à
l’occasion des ventes à crédit, ventes à tempérament, etc..) Il peut s’agir de
contrat de prêt conventionnel (crédit accordé par une institution bancaire ou
financière) ou de tout autre contrat indiquant une remise de valeur mobilière.
b)Le taux d’intérêt excédant l’intérêt normal
Le consentement du prêt est obtenu contre les taux d’intérêt ou autres
avantages honnêtement exagérés, excédant manifestement l’intérêt normal888.
Le prêteur profite des difficultés économiques, de l’ignorance, des besoins, des
faiblesses, des malheurs, des passions qui frappent l’emprunteur etc.
Pour apprécier le taux d’intérêt normal, le juge devra tenir compte de la
couverture des risques, c’est-à-dire l’insolvabilité possible du débiteur et du prix
de la jouissance des avantages fournis889.
c)L’élément moral
L’infraction d’usure ne sera retenue que si la convention est usuraire.
Elle requiert donc une intention frauduleuse. Celle-ci consiste en la volonté de
l’agent de s’enrichir injustement en exigeant un intérêt ou des avantages
excédant manifestement l’intérêt normal. Il profite soit des faiblesses, soit des
887
C.S.J., RP 843,28 avril 1987, B.A, Années 1985 à 1989, édition 2002, p.311.
888
Tribunal de grande instance de kinshasa/Gombe.,RPA 17157, 20 avril 2006, ministère
public et partie civile Fataki contre le prevenu Pacifique Tsh, inédit.
889
Exposé des motifs du décret du 26 août 1959 cité par Likulia Bolongo., op cit , p. 467.
Catalogue des infractions 587
I. Eléments constitutifs
890
Les codes Larcier République démocratique du Congo, tome II, Droit pénal, Larcier-
Afrique Editions 2003, p. 9.
891
Articles 96 bis alinéa 2 du code pénal livre II et 131 bis du code civil Livre III.
588
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
892
Police Kolwezi, 1.3.1962-1963,n°2, P.80, avec note, v oir KATUALA KABA-KASHALA.,
code pénal zaïrois annoté, 77.
893 ère
1 instance Appel. Elis, 21 mai 1929, rev. Jur., p. 237.
894
Cass., Fr.,14 juin 1950, Penant, 1951,p.49.
590
Catalogue des infractions
rendus. Cette pratique n’est pas de nature à faire croire à l’existence d’un
mandat public895.
895
Parquet Maniema. , 21 décembre 1935, Revue Juridique, 1936, p. 33 cité par Georges
Mineur., op.cit., p.282.
896
Crim., 03 novembre 1970, Bull. n° 287, et Rev.sc.cr im. 1971, 413, obs.A. Vitu.
897 er
Crim., 1 octobre 1990, Dr ;pénal 1991, comm,2.
Catalogue des infractions 591
570. Viol
I. Définition
898
Loi n° 06/°18 du 20 juillet 2006 modifiant et compl étant le décret du 30 janvier 1940
er
portant code pénal congolais. Journal officiel de la République Démocratique du Congo, 1
août 2006, n° 15, p. 12.
899
Le viol était, avant le 20 juillet 2006, réprimé par l’article du code pénal tel que modifié par
le décret du 27 juin 1960 et l’ordonnance-loi n° 78 -015 du 4 juillet 1978.
594
Catalogue des infractions
900
Tribunal militaire de garnison d’Ituri, Aff. MP c/Mukumbi Mukanya, RP n° 091/07, mai
2008, inédit ; Aff. MP c/Muvula Sango, RP n°008/08, 20 mars 2008, inédit.
901
Cour militaire du Sud-Kivu audience foraine d’Uvira, Aff. Mpc/Ayale Ndelo , RPA n°094,
24 novembre 2008, inédit.
902
Tribunal militaire de garnison de Beni-Butembo, Aff. MP c/Sabwe Tshibanda, RP n°
083/08, 29 août 2008, inédit.
903
Tribunal de Grande Instance de Kinshasa- Kalamu., R.P 7660, 05 juillet 1999, inédit.
Catalogue des infractions 595
Une femme peut obliger un enfant à introduire son organe sexuel dans
le sien. Elle le peut par la force(violence), par menaces, par ruse, en
contrepartie d’une somme d’argent ou en misant sur la naïveté ou la curiosité
du mineur. Il appert de la loi portant protection de l’enfant que la femme qui
oblige un enfant a exposer son organe sexuel à des attouchements par une
partie de son corps ou par un objet quelconque commet le viol904.
2. L’intromission d’un organe sexuel dans l’anus ou dans la bouche
Il est ici question de l’intromission d’un organe sexuel, d’une autre
partie du corps, d’un objet dans un orifice du corps .La victime du viol peut
être aussi bien de sexe masculin que de sexe féminin.
Cette pénétration peut revêtir pour la femme l’intromission du pénis dans un
orifice autre que le vagin, la bouche par exemple. Concernant le viol commis
par l’anus et par la bouche, le tribunal de grande instance de Bukavu a
condamné sieur Shumbe alias Willy, pasteur de son état en date du 28
novembre 2008 pour viol de plusieurs garçons mineurs905. A aussi été reconnu
coupable de viol, le prévenu qui a commis l’acte matériel consistant dans la
pénétration même superficielle de l’anus d’une mineure de onze ans906.
Ce viol peut revêtir la forme d’une intromission d’un objet quelconque
dans les orifices du corps d’autrui n’ayant pas une vocation sexuelle intrinsèque
et/ou l’utilisation de ces orifices dans un but sexuel. Il peut s’agir de
l’introduction du membre viril dans l’orifice du nombril ou dans les oreilles etc.
3.Le viol par introduction d’une autre partie du corps ou d’un objet dans
le vagin.
C’est le cas de l’intromission d’un objet autre que le sexe de l’homme
dans le vagin de la femme. « Toute personne qui aura introduit , même
superficiellement , toute autre partie du corps ou un objet quelconque dans le
vagin »907.
« Toute personne qui introduit , même superficiellement , toute autre partie
du corps ou un objet quelconque dans le vagin d’une enfant »908.
C’est l’introduction dans l’organe génital d’une femme ou d’une fille
d’un membre du corps autre que le sexe mâle ou encore tout objet. Il peut
s’agir des ongles, des doigts, des orteils. Il peut s’agir aussi de la langue. L’acte
peut se réaliser aussi par l’introduction d’objets quelconques dans les parties
904
Article 171 point b in fine de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de
l’enfant.
905
Tribunal de grande instance de Bukavu. , Aff. MP c/ Shumbe Otshinga alis Willy, RP
1950, 28 novembre 2008, inédit.
906
Tribunal militaire de garnison de Bukavu. , Aff. MP c /Vidi Phanzu, RP 204/07, 06 mai
2008, inédit.
907
Article 170 point c de la loi n° 06/018 du 20 juill et 2006 modifiant et complétant le code
pénal.
908
Article 171 point c de la loi n° 09/001 du 10 janvi er 2009 portant protection de l’enfant.
596
Catalogue des infractions
génitales d’une femme ou d’une mineure. Tel est le cas de l’introduction d’un
bâton, d’un œuf, ou d’un instrument médical sans justification, un objet de
masturbation…
909
Cour d’appel de Kananga, Arrêt RPA 1333, 07 avril 2005, inédit.
910 er
Article 170, alinéa 1 du code pénal livre II tel que modifié et complété par la loi n°
O6/018 du 20 juillet 2006.
911
C.SJ., R.P. 17/C.R, 5/04/1978, Bull. 1979, p.57
Catalogue des infractions 597
912
Article 170, dernier alinéa du code pénal tel que modifié et complété par la loi du 20
juillet 2006
913
Tribunal de Grande Instance de Kinshasa- Kalamu., jugement R.P. 7627, 16 juin 1999,
inédit.
914
Kis, 13 septembre 1969, RJC 1970, p. 39 ; L’shi 11 octobre 1969, RJC 1970, p.48, in
LIKULIA, op. cit. , p. 332.
915
Article 14(ter) du code de procédure pénale tel que modifié et complété par la loi n°
06/019 du 20 juillet 2006.
916 ère
Comp 1 Inst Cost.19 décembre 1934, Rév.Jur 1935, p.35, in LIKULIA BOLONGO,
op.cit, p.332.
917
Tribunal militaire de garnison d’Ituri, RP n° 050/ 07, Aff. MP c/ Mumbere Masimango, 13
décembre 2007, inédit.
598
Catalogue des infractions
c)L’élément intellectuel
La volonté consciente de consommer des relations sexuelles ou
pénétrations avec une personne non consentanteconstitue l’élément intellectuel
du viol. Le viol est une infraction intentionnelle. Pour établir l’élément
intentionnel dans le chef de l’auteur celui-ci doit avoir eu l’intention de prendre
possession du corps d’une autre personne. Cette prise de possession se fait
« par un organe sexuel ou de l’anus ou du vagin de la victime par un objet ou
918 ère
1 Inst. App Cost, 19 décembre 1934, Rév.jur1935, p. 35.
919
Tribunal militaire de garnison de Butembo, RP n° 066 /07, Aff. MP c/Dakolabwira, 16 août
2008, inédit.
920
Tribunal militaire de garnison de Bukavu, RP n° 204/0 7, Aff. MP c/Vidi Mpanzu, 16 mai
2008, inédit.
921
Tribunal militaire de garnison de Beni-Butembo, RP n° 090/08, Aff. MP c/ Mulomba
Biamungu, inédit.
Catalogue des infractions 599
922
Tribunal de grande instance d’ituri, RP 14565, Aff. MP c/ Udong Cwinya’ay, 30 janvier
2008, ,inédit.
923
Tribunal de garnison militaire d’ituri, RP n° 062/0 7 , Aff. MP c/ KisanganiI, 14 mars 2008,
,inédit.
924
Tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe, RP 18667, 17 juillet 2009, inédit.
925
Cour d’Appel de Kinshasa, 28 mars 1968, M.P c/Mb. G. et T.J in Révue Juridique du
ère
Congo, 1 partie : Droit écrit, janvier-février,mars- avril 1969, p. 35.
926
Tribunal de grande instance du Nord-Kivu à Goma, R.P 18.988, 5 août 2008, inédit.
600
Catalogue des infractions
927
Tribunal de Grande Instance de Kisangani, R.P 11.343, 15 novembre 2007, Ministère
public et partie civile contre le prévenu Kirongozi Fataki, inédit.
928
Tribunal militaire de garnison de Bukavu, R.P 162/07/RMP 374/BUM/06. En cause
Auditeur militaire de garnison, Ministère public et partie civile Safi et Makonga, 20 juin 2007,
inédit.
929
Tribunal de grande instance de Bukavu, RP 12152, Aff. MP c/Ganywamulume, 25 février
2009, inédit.
Catalogue des infractions 601
introduit son doigt majeur de la main droite dans le vagin d’une enfant âgée de
sept ans a commis le viol930.
Le mineur au sens de la loi est la personne qui n’a pas atteint dix-huit ans
d’âge. Le viol des enfants dont les organes sont encore trop étroits du fait de
l’âge en l’occurrence moins de douze ans est devenu monnaie courante931.
Comme nous l’avons dit le législateur prévoit aussi le cas des femmes qui
obligent des enfants à introduire même superficiellement leurs organes dans les
siens. La force(violence), les menaces, la ruse, en contrepartie d’une somme
d’argent, la naïveté ou la curiosité du mineur sont les méthodes employées.
Le viol est établi par exposition de l’organe sexuel du mineur à des
attouchements auxquels se livre une femme. Les atouchements constitutifs du
viol doivent être commis par une femme adulte sur le sexe d’un mineur. Cela
s’entend, les attouchements du sexe d’un homme majeur par une femme ou
une mineure sont constitutifs d’attentat à la pudeur.
Le viol des mineurs est aussi caractérisé par simple « rapprochement
charnel de sexes ». Autrefois le rapprochement de sexes était une variante de
la conjonction sexuelle. Par la loi du 20 juillet 2006, spécialement l’article 170
est réputé viol à l’aide de violences, le seul fait du rapprochement charnel de
sexes commis sur une personne âgée de moins de dix-huit ans. Est réputé viol
à l’aide de violences, le seul fait du rapprochement charnel de sexes commis sur
les personnes des enfants de tout sexe âgés de moins de dix huit ans. Le fait de
s’introduire nuitamment dans la chambre d’une enfant âgée de 13 ans, de lui
ôter les habits et de consommer avec elle des relations sexuelles constitue
l’infraction932 .
Le fait pour la victime mineure d’avoir des mœurs faciles et d’avoir
entretenu des relations sexuelles avec d’autres personnes ne constitue pas des
circonstances élisives de l’infraction de viol mais bien une simple circonstance
atténuante933 etc.
930
Tribunal militaire de garnison de Mbuji-mayi. , RP 053/2006, Aff. MP c/ Tshibaka Kalala,
15 décembre 2006, inédit.
931
Tgi Bkv., RP 11810, Aff. MP c/ Zigabe Katuruba, 09 juillet 2008, inédit; Tgi Ituri., RP.
19226, Aff. Mp c/Uvoya Mandrokpa, 05 février 2008, inédit ; TMG Bkv., RP 250/08, Aff. MP
c/ Useni Ali, 02 décembre 2008, inédit.
932
Tribunal de Grande Instance de Kisangani, R.P 11.451, 04 juin 2008, Ministère public et
partie civile contre le prévenu Liamba Baitea, inédit.
933
C.S.J. 5 mars 1974 MPC/N ; R.J.Z 1974 ; Dibunda Kabwinji Mpumbuambuji., Répertoire
Général de Jurisprudence de la Cour Suprême de Justice, P.230.
602
Catalogue des infractions
2° Les personnes qui ont autorité sur la victime, personne majeure ou enfant.
Ceux qui ont autorité sur la victime sont les autorités de droit ou de fait
sur une personne.
- le gardien d’une prison, le surveillant. Le prévenu qui a usé de son autorité
pour agresser sexuellement une fille détenue au cachot d’un poste de la
police nationale934 ;
- Le parâtre ou la marâtre par rapport aux enfants de la femme ou du mari ;
- Le tuteur ou la tutrice par rapport à la victime ;
- Les maîtres ou maîtresses sur leurs domestiques ;
- Le concubain de la mère de l’enfant ou la concubine du père de l’enfant ;
- Les parents adoptifs, les patrons, les chefs d’entreprises, les contremaîtres
par rapport à leurs ouvriers ;
- L’autorité coutumière qu’un homme peut avoir sur sa belle soeur935 ;
- L’influence prépondérante d’une femme sur son beau-frère (jeune frère de
son mari) ;
- L’autorité morale que peut exercer toute personne sur l’enfant vivant sous
son toît.
A été condamné au minimum doublé (soit de dix ans de servitude pénale ) un
prévenu qui a imposé des relations sexuelles à la nièce de son épouse, âgée de
dix-sept ans dans la cuisine où cette mineure s’occupait du ménage et ce,après
avoir chassé les enfants de la maison et en l’absence de sa conjointe936.
934 934
Tribunal militaire de garnison de Beni-Butembo, RP n° 063/07, Aff. MP c/ Muhindo
Shabani,16 mars 2008, inédit.
935
Comp, cass fr, 10 juillet 1952, LIKULIA BOLONGO ., op. cit., p. 339.
936
Tribunal de grande instance de Bukavu, RP 12186, Aff. MP c/Kilindila Katashi, 31 mars
2009, inédit.
Catalogue des infractions 603
937
Le tribunal de grande instance de kisangani a condamné à 15 ans de servitude pénale
principale le prevenu Crispin Alubu , enseignant de son état à qui sa victme Yolande
kalenda à peine âgée de 12 ans était confiée(RP 10.711, 20 àctobre 2004, inédit).
938
Tribunal de grande instance de Bukavu, RP 11810, Aff. MP c/Zigabe Katuruba , 09 juillet
2008, inédit.
939
Décret-loi n°017/2002 du 03 octobre 2002 portant c ode de conduite de l’agent public de
l’Etat, voir Journal Officiel, 44 ème année, numéro spécial, 15 janvier 2003, p. 6.
940
ELIS. ,11 novembre 1913, Jur. Congo, 1922, p. 352 ; Note sous app RM, 26 juin 1951,
JTO, 1952, p. 150 ; MINEUR, G. , op. cit., p. 81.
941
Tribunal militaire de garnison de Bukavu , RP n° 250/ 08, Aff. MP c/ USENI ALI, 02
décembre 2008, inédit. Dans cette affaire, l’épouse a pratiquement offert en proie la mineur
en apportant une aide essentielle à son mari pour la violer.
604
Catalogue des infractions
9° Le viol a causé à la victime une altération grave de la santé et/ou a laissé de séquelles
physiques et/ou psychologiques graves.
La possibilité de procréation de la victime est entamée. Les organes
sont endommagés. La victime est déclassée socialement, se croit à la risée de
son environnement, méprisée par celui-ci , stigmatisée. Elle est traumatisée. Le
dégré de traumatisme relève de l’appréciation souveraine du juge du fond.
10° Le viol commis sur une personne vivant avec handicap
L’auteur d’un viol sur une personne de troisième âge, sur une personne
avec handicap s’expose selon le cas au double du minimum de la peine
rattachée à l’infraction de viol. Il en est de même du viol d’un enfant.
11° Le viol commis à l’aide d’une arme ou de la menace d’une arme.
Les hommes en armes ; les bandits, les hommes en uniformes qui font
irruption généralement pour voler ou tuer qui s’adonnent à des viols verront
les peines à leur appliquer aggravées. Le type d’arme n’a pas été précisé par le
942
Tribunal militaire de garnison de Bukavu ,RP . 204/07, Aff. MP c/ VIDI PANZU, 06 mai
2008, inédit
943
CPI, chambre préliminaire, note en bas de page, 30 septembre 2008.
Catalogue des infractions 605
Le viol est puni de cinq à vingt ans de servitude pénale et d’une amende
dont le montant ne peut être inférieur à cent mille francs congolais
constants. De cet énoncé, il apparaît clairement que les peines de servitude
pénale et d’amende doivent être cumulées. Ne prononcer que la seule
servitude pénale ou que l’amende uniquement est donc contraire à la
volonté du législateur. Pour sauvegarder son œuvre face au juge d’appel et à
la cassation le premier juge de fond doit impérativement prononcer les
deux peines.
Le viol d’enfant est puni de sept à vingt ans de servitude pénale principale
et d’une amende de huit cent mille à un million de francs congolais constants.
De cette disposition, il ressort aussi clairement comme nous l’avons évoqué
tantôt que les deux peines doivent être impérativement prononcées.
b)Les peines aggravées
1. A la suite de la mort de la victime
L’article 171 du code pénal livre II tel que modifié et complété par la loi
n° 06/018 du 20 juillet 2006 stipule « si le viol ou l’attentat à la pudeur a causé
la mort de la personne sur laquelle il a été commis , le coupable sera puni de la
servitude pénale à perpétuité ». La victime est soit un adulte soit un enfant, peu
importe.
4. Cas particuliers
944
Y. Mayaud., « Tentative de viol…et troubles de l’érection », RSC 1996, p. 656, à propos
de Crim.,10 janvier 1996.
608
Catalogue des infractions
945
Article 7 du code de procédure pénale ; Crim., 1999.
946
Crim.,11 juin1992, Bull.n°232, D.1993, p.117, note Rassat ; JCP 1993, II, 22043, note
Gare ; RSC, 1993, p.330 et 780, obs. Levasseur.
Catalogue des infractions 609
c)L’élément moral
L’infraction de violation de consignes est intentionnelle. Il doit être
prouvé dans le chef de l’agent l’intention criminelle . Concrétement, l’agent
doit avoir perpétré son acte librement et consciemment. Toutefois,l’état de
nécessite, la contrainte physique et même morale peuvent l’exonerer de sa
responsabilité.
II.Régime répressif
947
Comme nous l’avons déjà noté, il s’agit du cas de l’état de siège ou d’urgence ou à
l’occasion d’une opération tendant au maintien ou au rétablissement de l’ordre public.
948
LIKULIA BOLONGO. , op. cit . , p.203.
949
GARCON ., cité par LIKULIA BOLONGO. , Ibidem.
950
C.S.J., RPA. 4, 22 juin 1972, B.A. 1973, p. 95.
Catalogue des infractions 611
951
Crim., 9 décembre 1998, Gaz.Pal. 1999, Chron.crim.57.
952
Tribunal de grande instance de Bukavu, RP 8557, 13 novembre 1995, Ministère public et
partie civile Lwegera Lwesso contre le prévenu Dodo Kinumbi, inédit.
612
Catalogue des infractions
pas été rendue954. Le cas des enfants encore sous la garde de leurs parents ne
constitue pas une infraction. Les enfants ont leur domicile chez leur père955.
Aux termes de l’article 69 du code pénal livre II, l’auteur d’une violation
de domicile avec menaces ou violences encourt huit jours à deux ans de
servitude pénale principale et une amende ou l’une de ces peines seulement.
L’article 70 du code pénal livre II prévoit des peines moins sévères de sept
954
L’article 165 du code de la famille dispose plutôt que la femme mariée a son domicile
chez son mari, à moins que la loi n’en dispose autrement.
955
Ici aussi, l’article 166 stipule « Le mineur non émancipé a son domicile, selon le cas,
chez ses père et mère ou la personne qui assume l’autorité tutélaire sur lui ».
956
C.S.J., R.P.A. 16, 12 mai 1972. B.A 1973, p.64 ; R.J.Z. 1973, p.38 cités par Dibunda.,
op. cit . , p.231.
614
Catalogue des infractions
957
La grâce est une mesure de clémence que l’Exécutif accorde à un délinquant
définitivement condamné. Elle a pour effet de le soustraire à l’application d’une partie ou de
la totalité de la peine. En d’autres termes, elle dispense de l’exécution de la peine
prononcée par le juge, soit totalement par la remise de la peine ou la commutation de celle-
ci en une peine d’une autre nature mais plus douce, soit partiellement en cas de simple
réduction. Elle peut porter aussi bien sur les peines principales que sur les peines
complémentaires. La grâce est une mesure de clémence accordée par le Président de la
République. La grâce fait partie des droits régaliens. L’autorité compétente l’exerce sans
restrictions. Elle peut subordonner son octroi à certaines conditions telles que le paiement
des dommages-intérêts à la victime, la bonne conduite de l’agent pendant un certain temps,
l’accomplissement de certaines obligations. Elle soustrait à l’application d’une partie ou de la
totalité de la peine. La grâce laisse subsister la condamnation : la peine dispensée,
commuée ou réduite reste inscrite au casier judiciaire, et peut être un obstacle à l’octroi d’un
sursis. Elle peut aussi constituer un des termes de la récidive ou de la délinquance
d’habitude (art. 14 b et d du code pénal). La grâce peut être individuelle ou collective
Catalogue des infractions 615
d) Poursuites
Les faits infractionnels sont qualifiés par les officiers de police
judiciaire commis sur réquisition du Ministère des sports. Le Ministre des
sports peut également obtenir le concours d’un ou plusieurs officiers du
Ministère public. Les poursuites sont engagées sans délai contre l’auteur des
faits infractionnels par la partie lésée, qui a subi préjudice, devant la police, le
parquet, ou le tribunal compétent.
Si l’auteur de l’acte infractionnel est un athlète et que l’acte a été
commis dans l’exercice de ses fonctions, seul le ministère des sports est habilité
à entreprendre une action en justice.L’exercice de l’action publique est
suspendue à l’action du Ministre des sports.
d)L’élément moral
Les violences ou sévices graves constituant une multitudes d’actes ne
sont établies que si l’élément intellectuel existe. Celui-ci consiste à attenter aux
membres de la population civile, par exemple, quand il y a l’ intention avérée
de les tuer. Il doit être prouvée le dessein général d’attenter aux membres de la
population civile.La résolution criminelle est manifestée par des traitements
inhumains accompagnés d’intenion de nuire.
960
Frederic DE MULINEN . ,Manuel sur le droit de la guerre pour les forces armées, CICR,
Génève, 1989, p.12.
618
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
a) L’élément légal.
L’article 138 du code pénal livre II réprime les violences faites aux autorités
dans ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions. La peine à infliger à
l’auteur de ces violences est de six mois à deux ans de servitude pénale et
l’amende ou une de ces peines.
b)Les éléments matériels.
c)L‘élément moral.
L’auteur doit avoir volontairement porté des coups ou s’être
volontairement livré à des voies de fait. Il est déterminant que les coups portés
volontairement ou les voies de fait auxquels on s’est livré aient été faits en
connaissant la qualité de la victime.
Catalogue des infractions 619
II. Poursuites
a) Circonstances aggravantes
L’article 138bis sera d’application si les violences ont été la cause
d’effusion de sang, de blessures ou de maladies. L’auteur subira de ce
fait quatre à dix ans de servitude pénale et une amende ou une de ces peines au
cas où la victime est membre du gouvernement, du parlement, de la cour
constitutionnelle, de la cour de cassation ou du conseil d’Etat.
Une peine d’une année à trois ans de servitude pénale et une amende
ou une de ces peines sera appliquée au cas où la victime est magistrat, membre
des forces armées de la République Démocratique du Congo, de la Police
Nationale ou gouverneur de province . Lorsque la victime est dépositaire de
l’autorité ou de la force publique, le juge fera subir à l’auteur des faits six mois à
deux ans de servitude pénale et une amende ou une de ces peines seulement.
961
AKELE ADAU (p)., Le citoyen – justicier. La justice privée dans l’Etat de droit, ODF
Editions, Kinshasa, décembre 2002, p.112.
620
Catalogue des infractions
I. Eléments constitutifs
a)L’élément matériel
c)L’élément moral
Le législateur utilise le terme volontairement. Ce qui veut dire que
l’infraction de violences légères et voies de fait est intentionnelle. L’acte doit
être fait volontairement, peu importe le mobile, qu’il s’agisse d’énervement, de
plaisanterie ou même de désir de « faire le malin ».
Il a été jugé que l’auteur des violences légères et voies de fait est justifié
dans ses actes lorsqu’il s’oppose à une agression injuste de violation de son
domicile en bousculant et en tenant la victime au cou962.
962
Tribunal de paix de Kisangani/Makiso, RP 1619, 10 juillet 2004, inédit.
Catalogue des infractions 621
963
Les infractions de violences sexuelles ont été modifiées et complétées par la loi n° 06/018
du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant code pénal
er
congolais. Journal Officiel 1 août 2006, n° 15, p. 12.
964
L’infraction de viol a été insérée par la loi n° 0 6/018 du 20 juillet 2006 modifiant et
er
complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais. Journal Officiel 1
août 2006, n° 15, p. 12.
622
Catalogue des infractions
965
Ministère de la Justice. , Code pénal congolais. Décret du 30 janvier 1940 tel que modifié
jusqu’au 31 décembre et ses dispositions complémentaires, 2010, p. 43-48.
Catalogue des infractions 623
966
Voir exposé des motifs et décret du O6 août 1959 tel que modifié et completé par la loi n°
06/019 du 20 juillet 2006.
967
Le code de procédure pénale a été modifié et complété par la loi n° 06/019 du 20 juillet
2006. Cette loi modificative est le siège de nouvelles règles de preuve en matière de
violences sexuelles.
624
Catalogue des infractions
968
Telle a été la volonté du législateur. Il a sévèrement sanctionné les infractions
constitutives de violences sexuelles. L’officier du Ministère public qui transige ou le juge qui
prononce la seule peine d’amende fait montre d’insuffisance et d’ignorance de la loi. Il
expose son œuvre à la sanction .
969
Le tribunal pénal international pour la Rwanda a puni la violence sexuelle perpétrée dans
le cadre d’une guerre civile, et a réconnu le viol comme un acte de génocide ainsi qu’un
acte de torture(…), procès Jean Paul Akayesu, 02 octobre 1998 ; Le tribunal de la Haye
dans les jugements Furundzija (Tpiy, le procureur c/ Anto Furundzija et al.n° IT-AR 73,10
novembre 1998) Celebici (Tpiy, le Procureur c/ Delacic et al., n° IT-96-21-T, 16 novembre
1998) et Kuranac(Tpiy, le Procureur c/ Kuranac et al., n° IT-96-23/2, 22 février 2001).
Catalogue des infractions 625
970
Telle a été la volonté du législateur congolais fortement influencé par la jurisprudence
internationale qui a inspiré le statut de la Cpi dont la loi nationale sur les violences sexuelles
est une émanation.
971
Code pénal congolais. Décret du 30 janvier 1940 tel que modifié jusqu’au 31 décembre
2009 et ses dispositions complémentaires, p.242.
626
Catalogue des infractions
b)La victime
Il s’agit du subordonné, c’est-à-dire tout militaire revêtu d’un grade
inférieur ou exerçant une fonction inférieure à celui de l’agent.
c) La qualité de l’auteur
L’auteur ne peut être que militaire ou assimilé. Il doit être un supérieur
de la victime, c’est-à-dire son supérieur hierarchique ou tout autre supérieur
connaissant parfaitement la position d’infériorité des personnes protégées.
d)L’élément moral
L’intention délictueuse doit être établie dans le chef de l’agent. Elle consiste
dans le dessein général d‘attenter à la personne de son subordonné. Sans cause
de justification objective, l’auteur ne peut invoquer aucun autre mobile pour
disculper sa résolution criminelle.
I.Eléments constitutifs
II.Régime répressif
972
Dictionnaire Micro Robert, Paris 1987.
973
Robert Vouin . , cité in JEL. , p. 41.
974 ème
Veron M., Droit pénal spécial, Masson, 2 édition, Paris 1982, p. 283.
975
C.S.J. ,23 janvier 1996, RP 34/CR, RIZ, pp 34-35.
628
Catalogue des infractions
593. Vol
Aussi appelé vol simple, l’infraction de vol peut être définie comme
l’enlèvement d’un objet d’autrui de façon frauduleuse (c’est-à-dire contre le gré
ou à l’insu du propriétaire) dans le but de se le procurer ou de le procurer à
autrui. En d’autres termes s’emparer avec fraude de la chose d’autrui dans
l’intention de se l’approprier.
Le vol sous toutes ses formes est la plus fréquente de toutes les
infractions. Il est l’infraction la plus usuelle en droit pénal spécial et les voleurs
sont très souvent des récidivistes977. Les enquêtes en matière de vol ne sont pas
toujours des plus aisées. Les voleurs ont tendance à nier les faits mis à leur
charge. Aussi est-il souvent jugé que l’infraction de vol sera dite établie dans le
chef d’un prévenu qui soutient son innocence malgré la pluralité et la
concordance des témoins qui l’ont vu trimballer les moutons978.
976
Article 96 du code pénal militaire.
977
Pour ces raisons multiples, le lecteur acceptera que nous approfondissions les contours
possibles de cette infraction ; sans évidemment espérer avoir tout dit d’une infraction aussi
complexe que le vol.
978
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 10 250, 24 mai 2002, Ministère public et
partie civile Masumbuko Bunyasi contre les prévenus Mweze Marhegane, et Alphonse
Muhindo, inédit.
Catalogue des infractions 629
a)L’élément légal.
Le vol comme « soustraction frauduleuse de la chose d’autrui » est prévu et
réprimé par les articles 79 et 80 du code pénal ordinaire.
b)L’élément matériel.
Le comportement matériel s’applique à des procédés modernes et
hautement évolutifs. Quatre éléments sont nécessaires pour que l’infraction de
vol soit établie. Il s’agit de la soustraction, de la chose, de l’appartenance à
autrui de cette chose et de l’élément moral.
1. La soustraction. Le vol implique le fait de prendre, d’enlever et de
déplacer la chose d’autrui ; subtiliser le bien volé, contre le gré ou à l’insu
du propriétaire. L’agent peut dépouiller physiquement ou matériellement
le propriétaire de sa chose en le privant du corpus (par exemple prendre
ou s’emparer d’un billet de banque glissé dans la poche d’un
vêtement979). Certains auteurs estiment qu’il y a vol si la chose a été
remise volontairement, mais par un enfant ou un débile mental980 ; la
préhension de la chose constitue un élément déterminant de l’infraction
de vol981
2. La chose. Le vocable générique de « chose » désigne exclusivement des
biens de nature meuble. Seules les choses mobilières peuvent être volées.
Les immeubles sont exclus du champ d’application du vol. Le vol
d’immeuble est inconcevable.
Nature de la chose
Les immeubles par destination pouvant être choses détachables d’un
immeuble sont constitutifs d’objets susceptibles d’être volés. Il en est ainsi des
portes, fenêtres, du miroir scellé au-dessus d’une cheminée, des chaudières
murales et compteurs d’eau incorporés aux bâtiments, des briques, etc. La
jurisprudence a assimilé aux choses mobilières certaines choses incorporelles.
C’est ainsi qu’elle admet le vol d’électricité982.
979
District Nord- Kivu, 18 Novembre 1957, R.J.C.B, p. 413.
980
LESUEUR., op.cit, p.44.
981
Cass., 09 janvier 1960. Jour. Trib. 1960, p.260 et note R. Henrion. D Merraert .Recueil
de Jurisp. Pénale belge de 1949 à1952 p. 47.
982
Idem
630
Catalogue des infractions
Vol d’usage
La soustraction frauduleuse de la chose n’implique pas son
appropriation par l’auteur du délit. Il suffit de constater que le propriétaire a été
dépouillé, même momentanément, quel qu’ait été le but poursuivi, notamment
la destruction volontaire de la chose soustraite983. En dérobant la chose, l’agent
exerce les prérogatives du droit de propriété : l’usus, l’abusus ou le fructus.
Le vol d’usage ne prive pas définitivement le propriétaire de ses droits
sur la chose. Constitue un vol de voiture le fait de pénétrer dans une voiture
que son conducteur avait laissée à l’arrêt sans retirer la clé de contact, de l’avoir
mise en marche et de l’avoir utilisée toute la nuit avec ses camarades et l’avoir
ramenée et abandonnée à une centaine de mètres de l’endroit où elle avait été
prise984. L’utilisation sans droit, même temporaire, d’une chose constitue
l’infraction.
Vol d’énergie
Les biens de nature immatérielle (les communications téléphoniques ou
les ondes hertziennes) ne peuvent faire l’objet d’une soustraction, sauf lorsque
« la transmission peut être matériellement constatée de la possession de l’un à
celle de l’autre985. Tel est le cas notamment de l’’électricité. De même la
jurisprudence décide que les données d’un ordinateur sont susceptibles de vol,
puisqu’elles peuvent être reproduites, ont une valeur économique et font dès
lors partie du patrimoine du propriétaire986
Au sujet de la soustraction d’énergie, la qualification de vol s’impose
lorsque l’auteur se branche directement sur le réseau commun987 , en amont du
compteur ou lorsqu’il ne dispose pas d’un abonnement. La soustraction peut
porter sur une consommation totalement ou seulement partiellement
983
CA Bordeaux., 5 mars 1992, D.1994, p.305, note Mirabail.
984
Crim., 19 février 1959, Bull. n° 123, D.1959, p.331 , note Roujou de Boubée ; JCP 1959,
II, 11178, note chambon.
985
Crim. 3 août 1912, DP 1913, 1, P439 ; S.1913, 1, p.337, note, note Roux
986
Cour d’appel d’Anvers , 13 décembre 1984, in Rechskunding weekblad, 1985-1986, 244-
246, obs. Verstraten, 215-230, Récensé in RDPC, 1988, 429 cité par le professeur
Nyabirungu Mwene Songha in Droit Pénal Général , Editions DES, Kin 1989, p. 52.
987
Crim., 15 avril 1921, S, 1921, 1, p.392 ; Crim.,8 janvier 1959, Bull.n°33 ;Crim.,10 avril
1964,Bull. n°108.
Catalogue des infractions 631
dissimulée. L’usage abusif, fait ou toléré par un abonné, de l’eau qui lui a été
volontairement livrée, alors même que le contrat lui interdit d’en disposer au
profit des tiers par branchement ou autrement, ne constitue pas l’infraction. En
revanche, le fait de perturber ou de dérégler le fonctionnement du compteur en
vue de diminuer sa consommation et sa facture constitue une tromperie ou une
escroquerie988 . Toutefois, en France la cour de cassation en est venue à
qualifier de vol aussi bien le branchement clandestin après coupure du
courant989 que le trucage du compteur pour ne pas enregistrer la
consommation990. Le vol d’énergie est une infraction continue.
988
Crim., 16 février 1899, DP 1899, 1, p.201, note F.T ; Crim. 7 mars1959, Bull, n°232.
Crim., 22 octobre 1959, Bull. n° 447.
989
Crim.,12 décembre 1984, Bull. n° 403, et Rev.sc. cr im. 1985.579,obs.Bouzat.
990
Crim.,11 octobre 1978,D.1979. 76, note D.Vuitton.
991
Michel Véron., op. cit.,p. 258.
632
Catalogue des infractions
992
Crim., 24 octobre 1956, Bull. n° 676 ; Crim., 5 déc embre 1984, Bull. n°387.
993
Crim., 21 novembre 1934, Bull. n°198 ; Crim., 1er m ars 1951.
994
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 7528, 18 septembre 1992, ministère public
et partie civile Madame Nyota Chombo contre le prévenu Mulume Cirakarhula , inédit.
995
Idem , R.P 9837, 04 mai 2001, ministère public et partie civile Henriette M’kamachira
contre la prévenue Tabu M’Chisheke, inédit.
Catalogue des infractions 633
carrière, des arbres d’une forêt constitue un vol. Peut-être que seule l’eau de
pluie directement recueillie peut prétendre au statut d’une res nullius.
Res derelictae. Les choses dans lesquelles la qualité de maître a été
involontairement perdue ou a été sciemment abandonnée. Les choses
abandonnées supposent la volonté du propriétaire de se dessaisir de son bien.
Les personnes intéressées peuvent licitement s’en approprier sans craindre des
poursuites pénales. En revanche, les choses perdues continuent à appartenir à
leur propriétaire car il n’a jamais eu l’intention de s’en séparer.
c)L’élément moral.
La soustraction de la chose d’autrui est punissable à titre de vol
uniquement si elle est frauduleuse. Le vol est une infraction intentionnelle.
L’intention doit être concomitante au moment de la soustraction. Il faut que
l’agent ait eu conscience de l’appartenance de la chose d’autrui et qu’il ait eu la
volonté de s’approprier de se l’approprier. Que ce soit pour s’enrichir, pour la
détruire, pour s’en servir quelques heures, peu importe.
La volonté coupable doit se manifester par l’intention de se comporter
en propriétaire de la chose , ne seraît-ce qu’un instant(vol d’usage).Le fait de
rendre la chose à son propriétaire n’est qu’un repentir indépendant de la
constitution de l’infraction996. Le repentir actif ne fait pas disparaître
l’intention.
Il faut que l’auteur ait l’intention frauduleuse de s’attribuer une chose
qu’il sait appartenir à autrui. La jurisprudence admet qu’il y a vol même si
l’auteur n’a voulu s’approprier que temporairement de la chose. C’est le cas de
la soustraction d’une voiture pour en faire un usage temporaire997.
Commet le vol le domestique qui a reçu de l’argent de son maître avec
ordre d’acheter certains objets, et qui au lieu de rendre tout l’argent qui lui
restait après ces achats, n’en a remis qu’une partie, prétendant que les objets
achetés avaient coûté plus cher que le prix réellement payé998. S’il n’y a pas
d’intention frauduleuse, il n’y a pas de vol. C’est le cas de celui qui cache une
chose par plaisanterie. Il en est de même de clui qui emprunte une chose à
l’insu du propriétaire, avec l’intention de la rendre. Se tromper de sandales en
sortant d’une mosquée n’est pas constitutif de vol.
Le cas d’une femme qui va dans le champ d’autrui et y prend du
manioc pour empêcher son enfant de mourir de faim (vol par nécessité) est
animée d’une intention de s’approprier la chose d’autrui. Elle a bel et bien
996
Crim.,19 fèvrier 1959, Bull. crim., n° 123, D. 1959 , p. 331, note Roujou de Boubée, JCP
1959. II. 11178, note Chambon.
997
Cour d’Appel. Elis., 30 novembre 1954, RJCB, 1955, P.315.
998
Boma, 27 janvier 1914, Jur. Col.1924, p. 273.
634
Catalogue des infractions
commis le vol. Cependant, j’estime qu’il s’agit là d’un cas qui doit être traité
avec toute l’indulgence voulue. Par exemple, le ministère public s’empêcherait
de poursuivre en l’absence d’une plainte. Et même en jugeant, le juge pourrait
ne pas infliger de peine.
999
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 9902, 02 février 2002, Ministère public et
partie civile la Société Bralima/ Bukavu contre le prévenu Biriondeke Dieudonné, inédit.
Catalogue des infractions 635
Le saisi ou le tiers qui auront détourné des objets saisis sont passibles
des peines de vol (art 83 du code pénal livre II). En effet la saisie, voie
d’exécution ou mesure de précaution, n’enlève pas la propriété de la chose à
son propriétaire, mais ce dernier n’a pas le droit d’en disposer tant que la saisie
n’est pas levée. Les éléments constitutifs de cette infraction sont le
détournement (1°) d’une chose saisie (2°). Si la saisie n’est pas régulière, il n’y a
pas d’infraction.
L’intention frauduleuse (3°) consistant en la connaissance par le
propriétaire et par le gardien de la saisie doit être prouvée. (Voir aussi
l’infraction de détournement d’objets saisis).
1000
Il existe également les circonstances atténuantes applicables à chaque infraction,
sauf avis contraire du législateur. Les circonstances atténuantes sont réglementées par les
articles 18 et 19 du code pénal. Ce sont des particularités qui accompagnent la commission
de l’infraction. Le juge a la faculté d’en tenir compte pour atténuer la peine au point de
descendre en-dessous du minimum légal, jusqu’à un jour de servitude pénale ou à un franc
congolais d’amende. Il existe plusieurs circonstances à considérer comme atténuantes. A
titre exemplatif le peu de gravité de l’infraction, le faible préjudice causé, le jeune âge du
délinquant, l’ivresse, , la tentative, le caractère fruste, la victime peu intéressante, le repentir
actif, la réparation du préjudice, l’erreur fautive, la contrainte irrésistible, une riposte
disproportionnée, l’absence d’antécédents judiciaires.
Le juge apprécie les circonstances atténuantes souverainement. Les circonstances
atténuantes sont personnelles,; elles peuvent être retenues en faveur des uns et refusées
aux autres. Il peut les retenir ou les rejeter. Néanmoins pour pouvoir accorder les
636
Catalogue des infractions
circonstances atténuantes, le juge doit les motiver, se référer à l’article 18 du code pénal,
invoquer et citer les circonstances auxquelles il entend reconnaître l’effet atténuant (art. 19).
La peine de mort pourra être remplacée par la servitude pénale à perpétuité ou par une
servitude pénale à temps déterminée par le juge. Les peines de servitude pénale et
d’amende pourront être réduites dans la mesure déterminée par le juge. Les circonstances
atténuantes ne s’appliquent pas aux peines complémentaires.
1001
Les circonstances aggravantes sont des éléments prévus par la loi qui, ajoutés à
l’infraction simple, en aggravent la peine. Elles jouent un rôle systématiquement opposé à
celui des excuses atténuantes. Les causes d’aggravation sont multiples. Elles sont légales ;
tout élément que la loi n’a pas ainsi défini ne peut constituer une circonstance aggravante
judiciaire. Il n’existe pas de circonstance aggravante s’il n’existe pas d’infraction à l’état
simple. Il n’ya pas de circonstances aggravantes s’il n’ya pas aggravation légale de la peine.
On peut regrouper les circonstances atténuantes selon les circonstances de temps et de
lieu(1) : l’article 81 alinéa 2 aggrave le vol simple en y ajoutant les éléments « la nuit » et
« une maison habitée».On aggrave également selon la qualité du sujet(2), il en est ainsi de
la qualité d’agent des postes (art. 71 alinéa 2)qui aggrave l’infraction de violation du secret
des lettres. La qualité de père ou de mère (art. 74) aggrave les infractions d’attentat aux
mœurs prévues par les articles 172 et 173 du code pénal tel que complété et modifié. La
qualité de préposé à la conduite ou à la garde des détenus (art. 162) aggrave l’infraction
d’évasion des détenus (art. 161), etc. La qualité de la victime(3) ; l’âge de la victime
(enfant âgé de moins de 10 ans accomplis (art. 173 du code pénal) aggrave l’attentat aux
mœurs prévu par l’article 172 du code pénal tel que complété et modifié. L’objet de
l’infraction(4) ; les violences ou les menaces aggravent l’infraction de vol (art.80), le
meurtre commis pour faciliter le vol ou l’extorsion (art.85) aggrave ces deux infractions (art.
80 et 84 du code pénal). Le fait que la lettre ou l’envoi violé était recommandé ou assuré ou
s’il renfermait des valeurs réalisables (art. 71 in fine) aggrave l’infraction de violation de
secret des lettres (art. 71). Les conséquences incriminées(5) : la mort non voulue (art. 48)
aggrave les coups et blessures volontaires prévus par l’article 46 du code pénal. Donner la
mort au cours d’un duel (art66) constitue une aggravation du duel prévu et puni par l’article
65 du code pénal. Les tortures mortelles (art. 67 alinéa 2) aggravent l’enlèvement,
er
l’arrestation et la détention arbitraires prévus et punis par l’article 67 alinéa 1 . L’élément
moral(6) : la préméditation est une cause d’aggravation des coups et blessures volontaires
(art. 46 alinéa 2). Le concert préalable aggrave l’infraction de rébellion (art. 135 du code
pénal).
Catalogue des infractions 637
1002 er
Tribunal de grande instance de Bukavu.,R.P 10380, 1 novembre 2002,ministère public
et partie civile Congocel contre le prévenu Hangi Muhindo, inédit.
638
Catalogue des infractions
1003
Tribunal de grande instance de Kisangani, RP 10707, 11 octobre 2004, ministère public
et partie civile contre le prévenu Bambe Ngbanga, inédit.
Catalogue des infractions 639
le vol des moutons dont elle a été victime a eu lieu dans une maison habitée, le
tribunal exclura cette circonstance aggravante et ne considérera ce vol que
comme étant un vol simple1004.
1. La ruse
La ruse est faite d’astuce, d’artifice pour entrer dans le lieu, la fausse
qualité d’agent public a été prise comme ruse. Il en est également de tout autre
moyen utilisé pour « pénétrer » dans le lieu.
2. L’effraction
L’effraction est définie comme « le forcement, la dégradation ou la
destruction de tout dispositif de fermeture ou de toute espèce de clôture
….l’usage des fausses clés, des clés indûment obtenues ou de tout instrument
pouvant être frauduleusement employé pour actionner un dispositif de
fermeture sans le forcer ni le dégrader ». L’effraction est constituée par le bris
d’un carreau de vitre, le forçage d’une serrure.
Il y a effraction, lorsque le voleur fait sauter la serrure de la porte d’entrée, ou
brise une vitre pour pouvoir manœuvrer. Il en de même lorsqu’il dégrade la
clôture extérieure d’une propriété pour permettre le passage etc.
Il y a en outre effraction, lorsque le’agent fait sauter la serrure de la
porte d’une chambre ou casse le panneau d’une armoire ou enfin fait sauter le
cadenas d’une malle etc.
L’effraction n’est circonstance aggravante que si d’une part elle
précède le vol et que d’autre part la résistance brisée par l’effraction a été
sérieuse.Le pouvoir d’appréciation du juge demeure ici de grande importance.
3. L’escalade
L’escalade est définie comme le fait de s’introduire dans un lieu
quelconque soit par-dessus un élément de clôture, soit par toute ouverture non
destinée à servir d’entrée (tunnel, souterrain). Creuser jusqu’en dessous de la
fondation pour accèder dans la maison est une escalade. Entrer par-dessus les
murs, les portes, toitures ou toute autre espèce de clôtures comme les haies est
aussi une escalade.
Pour qu’il y ait circonstance aggravante, il faut que l’escalade ait servi à
l’auteur pour pénétrer dans les lieux du vol. Il a été jugé que constitue un vol
avec circonstance aggravante le fait pour un prévenu d’avoir escaladé le mur
d’une enceinte et d’y avoir soustrait quelques biens mobiliers dans la visée de
s’en rendre propriétaire1005.
1004
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 10 250, 24 mai 2002, Ministère public et
partie civile Masumbuko Bunyasi contre les prévenus Mweze Marhegane, et Alphonse
Muhindo, inédit.
1005
Tribunal de grande instance de Bukavu, RP 10380, 02 février 2001, ministère public et
partie civile la société Bralima contre le prévenu Biriondeke Dieudonné , inédit.
640
Catalogue des infractions
Le vol sera un vol qualifié si pour pénètrer dans les lieux, le voleur s’est
servi de fausses clefs. Par fausses clés, il faut entendre tout instrument autre
que la véritable clé. Les fausses clés peuvent aussi être la clé imitée, la clé dite
passe-partout ou même la véritable clé si elle a été volée ou trouvée.
Ont constitué des circonstances aggravantes le fait que le prévenu a usé
de fausses clés et a escaladé le mur pour accéder à la caisse1006. Le vol commis
par fausses clés est aggravé même s’il n’est pas commis dans une maison
habitée. Il suffit qu’il soit commis à l’intérieur d’un enclos, ou d’une simple
cabane fermée à clé ou encore d’une voiture.
La répression du vol aggravé nécessite de se référer à l’intitulé vol
qualifié. Il sied également de consulter l’infraction de vol des biens d’un enfant
développée sous l’intitulé protection de l’enfant après sa naissance.
c) Eléments constitutifs
L’infraction de vol à mains armées pour être établie dans le chef d’un
agent requiert tous les éléments constitutifs du vol simple. Outre ces éléments,
le port d’armes est l’élément particulier caractérisant l’infraction de l’article 81
bis du code pénal livre II.
1007
Nombreuses dispositions en droit pénal commun congolais prévoient la peine de mort.
La peine de mort sanctionne les atteintes à la vie humaine telles que l’assassinat (art. 45 du
code pénal), le meurtre (art. 44) , l’empoisonnement(art. 49), l’épreuve superstitieuse ayant
causé la mort(art. 57), l’arrestation ou la détention arbitraires accompagnées de tortures et
suivies de mort (art. 67 al. 2), le meurtre commis pour faciliter le vol ou assurer l’impunité
(art. 85), la formation de bandes armées dans le but d’attenter aux personnes ou aux
propriétés (art. 156 à 158), le viol ou l’attentat ayant causé la mort(art. 171°). Les atteintes à
la sûreté de l’Etat telles que la trahison (art. 181 à 184 du code pénal), l’espionnage (art.
185) , l’attentat contre le chef de l’Etat (art. 193) , l’attentat tendant à porter le massacre et le
pillage(art. 200) , la sédition organisée en bandes armée(art. 204) , l’usage d’une arme dans
un mouvement insurrectionnel(art. 207) et la direction ou l’organisation des mouvements
insurrectionnels (art. 208). Le code pénal militaire prévoit d’autres cas plus nombreux qu’il
sanctionne de la peine capitale.
642
Catalogue des infractions
1008
C.S.E., 21 juin 1974, R.J.Z., 1979, p 101.
1009
LIKULIA BOLONGO., op.cit, p.395.
1010
C.S. J., RC 670, 30 mai 1984, inédit.
1011
Tribunal de grande instance de Bukavu, RP 7013, 06 décembre 1991, ministère public et
partie citante Bunani Mukoma Lutumwe contre le prévenu Nshombo Komukara, , inédit.
Catalogue des infractions 643
1012
CGA PP Cost., 18 février 1942, RJCB 1942, p.142.
1013 ère
1 Inst. Léo, 23 juillet 1941, RJCB, p.218.
644
Catalogue des infractions
a) Texte légal
Le code minier est la loi qui définit et réprime le vol des substances
minérales. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. En effet, le législateur s’est
montré très innovant dans la répression législative de la prévention de vol de
substances minérales.
I. Eléments constitutifs
1014
Journal officiel, 1972, p.71.
646
Catalogue des infractions
1015
Tribunal de grande instance de Kinshasa-Kalamu, jugement R.P 7687, 14 février 2000,
inédit.
1016
Le vol est qualifié car la soustraction a été réalisée non seulement la nuit, dans une
maison habitée mais également à l’aide d’une clé oubliée, assimilable en conséquence à
une fausse clé (Rp 10657, 14 avril 2004, tgi/kisangani, Ministère public et partie civile Gbadi
contre le prevenu Tanda Kashinda, inédit).
648
Catalogue des infractions
1017
Tribunal de grande instance de Bukavu., R.P 10019 minstère public et partie civile
institut d’Ibanda contre le prévenu Muhunga matumwabirhi, 30 janvier 2001, inédit.
1018
L’amnistie a généralement pour but d’apaiser les passions et les esprits après une crise
politique (Nyabirungu M, S., op cit. p. 354). Le mot « amnistie » vient des mots grecs « a»
privatif et « mnaomai » qui signifie : je me souviens. L’amnistie est donc une mesure de
clémence. Elle a pour effet d’enlever rétroactivement à certains faits leur caractère
délictueux. C’est-à-dire que les faits ont eu lieu, ils ne sont pas effacés, leur caractère
infractionnel est seul effacé. L’amnistie est d’ordre public , le bénéficiaire ne peut y
renoncer. L’autorité judiciaire doit l’appliquer d’office. L’amnistie relève du domaine de la
loi, elle est accordée par des lois particulières. Pour des faits dont les poursuites ne sont
pas encore engagées, ou même sont en cours, elles cessent immédiatement. Puisque
l’amnistie dépouille rétroactivement de leur caractère délictueux les agissements amnistiés,
il en résulte que la condamnation éventuellement intervenue à la suite de ceux-ci manque
désormais le fondement et doit être considérée comme non avenue. L’exécution devient
donc désormais impossible, celle qui était en cours doit cesser et celle qui est terminée doit
être censée n’avoir jamais eu lieu.
En conséquence, la condamnation ne peut donc plus figurer dans le casier judiciaire, ni
constituer un empêchement à l’octroi du sursis, ni être en considération pour la récidive ou
la délinquance d’habitude. L’amnistie étant l’oubli, la condamnation ne peut plus être
rappelée, ni fonder ou justifier une prétention en justice ou devant l’Administration, ni figurer
dans un document quelconque. Toutefois, la victime d’une infraction amnistiée peut obtenir
réparation en fondant son action sur les faits.
1019
Lorsqu’un individu a fait l’objet d’une condamnation et qu’il a purgé sa peine ou que
celle-ci ne peut plus être mise à exécution (parce qu’elle est prescrite par exemple), il
demeure souvent frappé de diverses incapacités qui peuvent gêner son reclassement
(incapacité d’être commerçant ou d’exercer certaines professions, déchéance de certains
droits civiques ou de famille). La réhabilitation efface les effets de la condamnation pour
l’avenir. Elle est un encouragement à la bonne conduite du délinquant et vise la réinsertion,
face à une situation légale et peut-être sociale perdue par juste condamnation. La
réhabilitation est réglementée par le décret du 21 juin 1937, tel que modifié notamment par
Catalogue des infractions 649
le décret du 22 août 1959 et l’ordonnance législative du 28 août 1959 (Codes Piron, II, p.
165).
La réhabilitation fait cesser, pour l’avenir, tous les effets de la condamnation. Celle-ci ne
figurera plus au casier judiciaire, n’empêchera plus l’octroi du sursis et ne sera pas prise en
considération pour déterminer l’application des articles 14 b et d sur la récidive et la
tendance persistante à la délinquance. Par contre la réhabilitation n’empêche pas l’action en
dommages-intérêts. Elle ne peut nuire aux intérêts des tiers, ne met pas obstacle à une
action en divorce ou en séparation des corps fondée sur la condamnation.
Il faut remplir des conditions pour obtenir la réhabilitation
1° Cinq ans doivent s’être déjà écoulés depuis l’ex tinction de la peine ou depuis la
condamnation conditionnelle.
2° Le demandeur doit s’être déjà acquitté des resti tutions, dommages –intérêts et frais
auxquels il avait été condamné.
3° La peine doit avoir été exécutée, remise en vert u du droit de grâce, ou être comme non
avenue par suite de sursis.
4°Le condamné doit n’avoir jamais bénéficié auparav ant d’une réhabilitation.
5° Le condamné doit avoir fait preuve de bonne cond uite et avoir eu une résidence certaine,
pendant ce délai.
Le condamné doit diriger sa requête vers le Procureur Général près la juridiction dont relève
le tribunal ou la cour qui a prononcé la condamnation. La Cour instruit le dossier, entend les
témoins. A l’issue de l’instruction, il peut y avoir soit rejet de la demande soit réponse
positive. Dans le dernier cas, il est ordonné qu’un extrait de l’arrêt de réhabilitation soit
mentionné en marge des jugements ou arrêts des condamnations définitives antérieures.
650
Catalogue des infractions
611. Zoophilie
La zoophilie est le fait d’avoir volontairement des rapports sexuels avec
un animal. C’est aussi le fait d’avoir, par ruse, violences, menaces ou par toute
autre forme de coercition ou artifice, obligé une personne à avoir des relations
sexuelles avec un animal1020.
Etant donné que l’homme peut avoir des accouplements contre nature
avec des bêtes, un accès charnel avec des animaux, le législateur a créé
l’infraction de zoophilie par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 complétant et
modifiant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais.
I.Les éléments constitutifs de la zoophilie
Aux termes de l’article 174 h du code pénal livre II tel que modifié et
complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 l’on peut distinguer la
zoophilie imposée par autrui et la zoophilie volontaire. Partant de l’article 174
de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant, il y a en
outre l’incitation d’un enfant à des relations sexuelles avec un animal
1.La zoophilie imposée
Elle est reprise à l’article 174 h du code pénal livre II tel que modifié et
complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006, alinéa 1er. L’acte matériel de la
zoophilie imposée est constitué de la contrainte faite à une personne à avoir
des relations sexuelles avec un animal . Il importe peu que cet animal soit
domestique ou sauvage. Cette zoophilie imposée peut être à l’encontre d’une
personne adulte ou d’une personne mineure.
1° La contrainte est la pression morale, physique, financière etc.. exercée sur
une personne ou encore toute obligation qui est faite à la victime d’accomplir
un acte contre son gré, en l’espèce entretenir des relations sexuelles avec un
animal. Cette contrainte exonère l’auteur de l’acte. Elle est cause
d’irresponsabilité pénale. Par contre la même contrainte fait endosser la
responsabilité pénale à la personne qui l’a exercée.
2° La personne protégée est celle qui est obligée à entretenir des relations
sexuelles avec la bête , peu importe les relations avec l’auteur de cette
contrainte ou son sexe.
3° La zoophilie peut se réaliser aux moyens de plusieurs procédés ; par
violences, menaces, ruse ou toute autre coercition ou artifice.
4° L’élément moral consiste en la connaissance par l’agent du caractère
répréhensible de son acte, la contrainte pour des relations sexuelles entre une
1020 er
Alinéas 1 et second de l’article 174 h du code pénal livre II, tel que modifié par la loi n°
06/018 du 20 juillet 2006.
Catalogue des infractions 651
1021
Article 110 alinéa 3 de la loi n° 09/001 du 10 janv ier 2009 portant protection de l’enfant.
652
Catalogue des infractions
c) Procédure et répression
Le législateur congolais organise une procédure spéciale et une
répression sévère de la zoophilie à l’instar de toutes les infractions
constitutives de violences sexuelles. Nous recommandons en ce qui concerne
des plus amples détails sur le régime juridique spécial de l’infraction de
zoophilie la lecture de l’intitulé « violences sexuelles ».
1022
Article 184 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant prot ection de l’enfant.
Catalogue des infractions 653
BIBLIOGRAPHIE
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654
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III. Jurisprudence
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Catalogue des infractions 657
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80.Annales de la faculté de droit, Kinshasa.
81.Revue de droit congolais doctrine – jurisprudence - législation information,
centre de recherches et de diffusion juridiques.
82.Revue de droit pénal et de criminologie.
83.Revue de science criminelle et de droit pénal comparé.
84.Revue interdisciplinaire des droits de l’homme.
85.Revue juridique de droit.
86.Revue juridique du Congo, 1er partie. Droit Ecrit, 45ème année, janvier –
Février, mars, avril 1969.
87.Revue juridique du Congo Belge.
88.Revue juridique du Zaïre.
658
Catalogue des infractions
TABLE ALPHABETIQUE
L’élément matériel consiste à prendre ou à recevoir une participation par travail, conseils ou
capitaux dans une entreprise privée, ou encore à conclure des marchés ou contrats avec elle ou
des particuliers. ...........................................................................................................................
c)L’élément moral ................................................................................................................
L’élément moral consiste en ce que l’agent prend sciemment un intérêt dans une affaire que sa
fonction lui faisait un devoir de surveiller. .........................................................................................
III. Régime répressif ............................................................................... 449
415. Photographie clandestine............................................................... 449
416. Photographies et dessins interdits ................................................. 450
417. Pillage ............................................................................................ 450
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 451
II. Régime répressif ................................................................................ 452
418. Pires formes de travail des enfants ................................................ 452
419. Police des étrangers ....................................................................... 453
420. Polyandrie...................................................................................... 454
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 454
II. Poursuites .......................................................................................... 455
421. Pornographie ................................................................................. 455
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 456
II. Régime répressif ................................................................................ 456
422. Pornographie mettant en scène des enfants ................................... 457
423. Port illégal des décorations ........................................................... 458
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 458
II. Poursuites .......................................................................................... 458
424. Poudres et Explosifs ...................................................................... 458
425. Pratiques barbares ......................................................................... 459
426. Pratiques d’associations confessionnelles non dotées de personnalité
juridique ................................................................................................ 459
427. Pratiques d’associations confessionnelles sans autorisation
provisoire de fonctionnement ................................................................ 461
428. Pratiques des prix illicites ............................................................. 461
429. Pratiques des sectes religieuses prohibées ou non dotées de
personnalité juridique au zaïre. ............................................................. 462
430. Pratiques illégales des partis politiques ......................................... 462
431. Présence des mineurs dans les bars ............................................... 462
432. Prêt à intérêts excessifs ................................................................. 463
433. Prise à partie .................................................................................. 463
434. Prise à son service d’une personne recherchée pour évasion ........ 464
435. Prise d’otages ................................................................................ 464
I. Eléments constitutifs de l’infraction de prise d’otages.......................... 465
Catalogue des infractions 681