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LES INFRACTIONS ET LEUR

REPRESSION EN DROIT
CONGOLAIS
2Catalogue des infractions

CATALOGUE
DES
INFRACTIONS
-
Catalogue des infractions 3

En écrivant ce livre, j’ai à cœur :


- ceux qui disent : « il n’y a pas de lois dans ce pays », pour
exprimer le fossé qui sépare les lois de leur application
effective ;
- les victimes des infractions, les inculpés et ceux qui
s’efforcent de mieux appliquer les lois sur base desquelles ils
jugent, assistent, représentent, défendent et dénoncent leurs
semblables, ainsi qu’à toutes les victimes de la justice
congolaise et de l’impunité.
4Catalogue des infractions
Catalogue des infractions 5

Introduction générale

Le phénomène criminel est une donnée sempiternelle de l’histoire de


l’humanité, la lutte contre la criminalité en vue d’assurer la paix publique, une
des fonctions essentielles de l’Etat. C’est pourquoi pour la survie du groupe,
l’Etat édicte des lois. L’Etat définit les comportements interdits. Il sanctionne
les membres de la société qui adoptent des comportements prohibés. L’Etat
s’appuie alors sur la présomption de la connaissance de la loi. Cette
présomption est contenue dans la règle « nemo censetur ignorare legem » (
nul n’est censé ignoré la loi).
La règle repose sur le principe qu’en contrepartie du droit de
sanctionner, l’Etat a l’obligation d’informer préalablement la population de ce
qu’il prohibe. De cette façon, chaque individu pourrait être à mesure de savoir
à quelles peines il est exposé en raison de son action , de son omission ou de
son imprudence. A l’opposé, chaque acteur judiciaire devrait connaître la loi
pour mieux l’appliquer.
Il est donc nécessaire que chaque citoyen apprenne les faits, les actes,
les imprudences, les omissions ou inactions réprimés et les peines y
applicables. Chacun devrait en plus se prémunir des connaissances utiles pour
la sauvegarde et la défense de ses droits. Le justicier pour sa part devrait faire
montre d’une connaissance approfondie du droit pour l’exercice efficient de sa
mission aux fins de rapprocher le plus la justice du justiciable. En cela,
l’éducation et l’information relèvent d’une stratègie efficiente de lutte contre la
criminalité.

I. De l’évolution générale
Le premier souci des Etats de droit est de déterminer et définir les
infractions1 , constituant un acte de respect du contrat social fondateur et
assurant la garantie de la sauvegarde concomitante de l’ordre public et des
droits individuels. Le législateur dresse une liste des infractions en définissant
leurs éléments constitutifs et le régime propre à chaque infraction. Ce catalogue
d’infractions constitue le droit pénal spécial. Il occupe la majeure partie de la
législation pénale. Son volume est très important du fait du grand nombre de
comportements incriminés par une inflation législative.

1
Les infractions sont autant nombreuses et variées que les lois qui les créent. Un livre de
cette nature ne peut aucunement prétendre les contenir toutes. Ce livre ne traite pas d’
infractions en matières fiscale et douanière auxquelles nous avons réservé notre précédente
publication. Il ne traite pas non plus d’infractions en matière des sociétés commerciales.
6Catalogue des infractions

II. Des définitions


Le droit pénal général étudie les règles déterminant les comportements
réprimés par un texte à valeur répressive. Il a comme objet la détermination
des infractions définies comme des comportements déviants sanctionnés par
une peine.
Le droit pénal spécial étudie les diverses infractions du droit positif,
leur régime juridique et leur répression (c’est-à-dire les peines encourues).
Formellement, il représente le catalogue des conduites individuelles qui, à un
moment donné, dans un groupe social, sont considérées comme troublant
gravement l’ordre public et qui constituent des actes interdits et réprimés par la
loi. Il représente le pivot central de l’application du droit pénal. Le droit pénal
spécial étudie chaque infraction en détaillant les termes de chaque
incrimination.
Les termes d’incrimination et d’infraction sont synonymes dans le
langage courant. Cependant, ils peuvent recouvrer des dimensions juridiques
différentes. L’incrimination désigne la définition légale proposée par le texte,
faisant référence à son élément légal. L’infraction renvoie au comportement
reproché à l’auteur et se réfère à l’élément matériel.
La qualification2 est le procédé essentiel au sein du droit pénal. L’identification
des éléments constitutifs décrits par une infraction spécifique permet de
qualifier un comportement et de déterminer la répression applicable. En
général, chaque infraction se compose de trois éléments constitutifs
obligatoires.

1. La structure classique des infractions


• L’élément légal, expression du principe directeur de la légalité pénale, est
reflété par le texte d’incrimination lui-même. Un comportement ne saurait
être appréhendé par le droit pénal s’il n’a pas été préalablement défini et
réprimé par un texte. Ce principe constitutionnel s’impose au législateur, au
juge et au citoyen.
Le juge n’a pas de pouvoir créateur d’infractions et de peine ; il doit se
conformer au droit existant. Le juge ne peut faire d’interprétation par
analogie. Il ne peut choisir d’appliquer l’incrimination à une hypothèse
voisine de celle qui est régie et prévue par le texte. Il doit strictement
qualifier les faits selon les règles existant au moment de l’action. Il
2
La confrontation rigoureuse des faits (contenus dans la plainte, dans l’assignation à
prévenu, dans la citation directe ou dans la traduction directe et la décision de renvoi) avec
le prototype de l’infraction définie à l’avance par le texte légal constitue la qualification. Il
s’agira chaque fois de rattacher le fait à une définition légale de l’infraction ; ce qui peut
conduire à plusieurs qualifications avant d’aboutir à celle qui correspond réellement à
l’espèce sous étude. La qualification a une double utilité : savoir si le fait est punissable
mais aussi connaître le régime juridique applicable à ce fait.
Catalogue des infractions 7

n’applique pas une nouvelle incrimination à un comportement ayant eu lieu


avant son entrée en vigueur.
• L’élément matériel constitue le comportement de commission ou
d’omission visé par la répression. Si les attitudes positives ou négatives dans
la perpétration de l’infraction sont punies, leur régime juridique n’est pas
identique. Les infractions de commission ne contiennent pas de définition
obligatoire de l’élément matériel qui peut être déduit des termes de
l’incrimination. Les infractions de pure omission, constituées par une simple
attitude passive, sont réprimées exclusivement lorsqu’elles sont prévues par
un texte spécifique.
• L’élément moral (psychologique ou intellectuel) connait des degrés
multiples, allant de la recherche du résultat, de la conscience de transgresser
la norme pénale à la faute non intentionnelle simple ou caractérisée. Parfois
l’intention n’est pas requise pour qualifier l’infraction, rendant sa preuve
inutile. La simple constatation matérielle peut entraîner l’existence de la
faute suffisant à la qualification juridique. On admet, en outre, des
infractions non intentionnelles lorsque la loi les prévoit expressément.
Enfin, la loi prévoit le dol général, constituant la volonté de violer la loi
pénale, et le dol spécial, représentant la recherche du résultat spécifiquement
prohibé.

2. L’intérêt de la qualification
La démarche de qualification est la mission essentielle du juge pénal.
Concrètement , le juge décompose les différents éléments constitutifs d’une
infraction et vérifie leur existence dans le comportement qui est soumis à son
analyse. La vérification de l’élément légal conduit à s’assurer de l’existence d’un
texte et de sa validité. Les éléments matériels et moral reposent sur la prise en
compte du comportement et de l’état de l’esprit de l’auteur des agissements.
Ces éléments sont cumulatifs. Lorsque l’un d’entre eux fait défaut, la
qualification pénale n’est pas possible et la répression s’en trouve paralysée.

III. Des caractéristiques du droit pénal spécial


Le droit pénal spécial est le droit qui complète les autres droits. Il
intervient dans toutes les disciplines juridiques pour sanctionner l’inexécution
des règles juridiques (civil, commercial, travail, urbanisme, élections, affaires,
mines, environnement…). Cette omniprésence dans les autres branches du
droit lui accorde un statut particulier reposant sur son autonomie. Le droit
pénal ne devrait protéger que les valeurs individuelles, sociales et juridiques
essentielles.
8Catalogue des infractions

IV. Des sources du droit pénal spécial congolais

1. Les sources du droit pénal


Pendant longtemps, on a pensé que seule la loi pouvait être source du
droit pénal. Avec le dirigisme économique et l’évolution technique des sociétés
modernes, il est apparu que, pour les matières les moins graves, la procédure
législative était une source trop lourde et qu’il convenait de faire une place au
règlement et à certains actes administratifs comme sources du droit pénal. La
source principale du droit pénal reste la loi. En dehors des codes, des
nombreuses lois spéciales traitant de questions de droit pénal ont été
promulguées isolément. Les actes du pouvoir exécutif peuvent être également
source de droit pénal. En principe, les lois étrangères ne sont pas source de
droit pénal en raison de la territorialité du droit pénal. Il en est autrement des
traités passés avec les Etats étrangers. Il convient de noter que les traités, une
fois ratifiés, ont, en vertu de l’article 215 de la constitution, une autorité
supérieure à celle des lois, sous réserve pour chaque traité ou accord, de son
application par l’autre partie.

2. La détermination des infractions


La systématisation des faits punissables et des sanctions qui doivent
leur être appliquées (Droit pénal appliqué aux infractions) est tributaire des
sources. Il s’agit de la loi, de la jurisprudence, de la doctrine, de la coutume, de
l’équité et des principes généraux du Droit.
Le principe de la légalité des infractions et des peines3 est le plus
important du droit pénal. Il est le principe fondateur. La première mission du
juge pénal est de vérifier si les faits lui soumis sont pénalement qualifiables.
C’est-à-dire, s’ils se rattachent à une définition légale abstraite. Ce principe est
inscrit dans la loi fondamentale de la République Démocratique du Congo, de
nos jours à l’article 17 de la constitution du 18 février 2006.

3. La détermination des peines


Le juge ne peut prononcer que des peines expressément prévues par la
loi. Il ne saurait ,par exemple, prononcer une peine d’amende excédant le
maximum prévu par la loi pour l’infraction considérée4. La plupart du temps,
les textes laissent le libre choix entre un minimum et un maximum. D’autres

3
Le principe de la légalité des infractions et des peines est intégré dans le droit positif
congolais. D’abord,il figure à l’article 11 de la déclaration Universelle des droits de l’homme,
à laquelle notre pays a adhéré. Ensuite, il est repris par l’article 17 de la constitution de 18
er
février 2006. Enfin, l’article 1 du code pénal ordinaire dispose que nulle infraction ne peut
être punie des peines qui n’étaient pas portées par la loi avant que l’infraction fût commise.
4
Cass. Crim. 10 mai 1984 : J.C.P, 84, IV, 227
Catalogue des infractions 9

textes permettent d’individualiser la mesure à prendre. Le juge peut accorder


les circonstances atténuantes. Il arrive, par suite d’un oubli du législateur, que
des faits incriminés par la loi ne se trouvent frappés d’aucune peine. Le juge ne
peut se substituer au législateur défaillant. On est en présence d’une loi
imparfaite et aucune sanction ne peut être prononcée par analogie ou
autrement.

4. La constitution du 18 février 2006


Des délégués de la classe politique et de la société civile se sont réunis
en dialogue intercongolais. Ils ont convenu dans l’accord global et inclusif
signé le 17 décembre 2002 à Prétoria en Afrique du Sud de mettre en place un
nouvel ordre politique fondé sur une nouvelle constitution démocratique. Le
sénat issu de cet accord global et inclusif a déposé, conformément à l’article
104 de la constitution de la transition, un avant-projet de la nouvelle
constitution à l’assemblée nationale. L’assemblée nationale l’a adopté sous
forme de projet de constitution à soumettre au référendum populaire. Le dit
projet de constitution a été soumis et approuvé par référendum du 18 et 19
décembre 2005 par la majorité du peuple congolais. Cette constitution adoptée
par réferendum est entrée en vigueur dès sa promulgation par le Président de la
république le 18 février 2006. En son article 17, la constitution du 18 février
2006 dispose : « Nul ne peut être poursuivi pour une action ou une omission
qui ne constitue pas une infraction à la loi au moment où elle a été commise et
au moment des poursuites ». « Nul ne peut être condamné pour une action ou
une omission qui ne constitue pas une infraction à la fois au moment où elle
est commise et au moment de la condamnation »

5. Les lois ordinaires


La loi est la source essentielle du droit. Elle en est la forme d’expression la
plus libre et la plus sûre. Des lois qui définissent les infractions et en fixent les
peines destinées à la répression, il faut reconnaître :
- avant tout le code pénal de 1886. Il a été remis en ordre par le décret
du 30 janvier 1940 tel que modifié et complété à nos jours ;
- le code pénal militaire, aujourd’hui loi n°024/ 2002 du 18 novembre
2002 (infractions et peines applicables par les juridictions militaires),
autrefois code de justice militaire (Ordonnance-loi n°72/060 du 25
septembre 1972) ;
- le code de la route (Loi n° 78-022 du 30 août 1978 portant Nouveau
code de la Route) ;
- le code de la famille, le code forestier, le code minier…
Au sens large, fait partie des lois l’ensemble de textes légaux non abrogés
du temps colonial et post-colonial. Au temps colonial, nous pouvons citer les
10
Catalogue des infractions

décrets royaux, les règlements, les arrétés-royaux, les arrêtés-lois, les


ordonnances du Gouverneur général et les ordonnances législatives. De l’après
indépendance à nos jours, il y a notamment les lois, les décrets-lois, les
ordonnances-lois, les ordonnances, les décrets, les arrêtés ministériels de portée
réglementaire pris en application des lois, les édits provinciaux et décisions des
autorités communales ,territoriales et des chefferies à caractère réglementaire. Il
y a également des textes spéciaux éparpillés5 non incorporés au code pénal et
les dispositions normatives reçues et accréditées par le pouvoir telles que les
conventions internationales à caractère normatif approuvées par la loi, les
conventions collectives approuvées par arrêté ministériel. Ces lois sont
adaptées aux réalités concrètes par la jurisprudence.

6. La Jurisprudence est une source importante du droit penal


appliqué
Comme la loi, malgré toutes ses qualités théoriques, ne peut prévoir
toutes les difficultés que son application soulève, les jugements déjà rendus
sont pris en exemples par les plaideurs et leurs conseils pour demander au juge
de statuer de façon identique. La jurisprudence est donc une source importante
de droit6. Etant donné que le législateur congolais continue à s’inspirer du droit
de l’ancienne métropole, souvent mal adapté à la mentalité juridique
autochtone, l’embarras est réel pour le juge amené le plus souvent soit à
suppléer au silence du législateur, soit à adapter le droit métropolitain à la
mentalité des justiciables7.
Ainsi, le rôle de la jurisprudence8 est d’adapter les lois aux réalités
concrètes, aux cas d’espèce. Il existe des recueils spécialement consacrés au
recensement et à la conservation des décisions importantes des tribunaux
congolais. Si pour les juridictions de droit commun, il existe des recueils,
notamment les bulletins des arrêts de la Cour Suprême de Justice, le répertoire
5
Notons qu’un effort de codification est enclenché. En 2002, a vu le jour l’édition des codes
du Congo (R.D.C.). Ce sont les codes Larcier, République Démocratique du Congo ; ils sont
er
une sélection des textes légaux en vigueur répertoriés jusqu’au 1 janvier 2002. (Ces codes
sont en voie d’être dépassés par l’inflation législative). Grâce à l’appui du peuple Américain
par l’entremise de l’Agence Américaine pour le Développement International, USAID en
sigle, le Ministère de la Justice vient de publier (2010) le « Code pénal Congolais. Décret du
30 janvier 1940 tel que modifié jusqu’au 31 décembre 2009 et ses dispositions
complémentaires ».
6
J. PAUWELS. , L’adaptation du droit africain par voie jurisprudentielle : expérience et
projets au Congo, Revue Zaïroise de droit, 1971 n°1 pp. 61 et suivants.
7
KALONGO MBIKAYI et BUKA EKA NGOY. , Le juge zaïrois et l’interprétation des
principes généraux du droit national, R.Z.D.,n° spécial 1971 spécialement pp.37 et suivants.
8
Généralement, les grands arrêts fondent les solutions applicables en matières des
infractions ou donnent une interprétation remarquée de la règle de droit. On peut
s’interroger sur la nécessité de créer des nouvelles incriminations, dans un arsenal répressif
déjà très lourdement surchargé, puisque des années après, il n’existe pas toujours de
jurisprudence de la cour suprême de justice relative à plusieurs infractions.
Catalogue des infractions 11

général de la jurisprudence congolaise, le répertoire général de jurisprudence de


la Cour Suprême de Justice, les recueils de jurisprudence des cours et tribunaux
du Congo, pour ne citer que ceux-là ; l’accès à la jurisprudence des juridictions
militaires reste très délicat. Ces recueils ont servi d’outils indispensables à
l’instar de divers traités ou livres d’éminents juristes au titre de la doctrine.

7. La doctrine
Les opinions émises ou les conceptions élaborées au sujet de la règle de
droit jouent un rôle important. Le juge peut s’appuyer sur certains auteurs9 qui
« font autorité » et dont les opinions peuvent se révéler utiles. Les publications
des professeurs Likulia Bolongo, Nyabirungu Mwene Songa, Akele Adau,
Kalombo Mbanga, des auteurs Jean Lesueur, Georges Mineur, des magistrats
congolais Katuala Kaba Kashala, Nzangi Batutu, Esika Makombo, Muzama
Matansi, Shakira Mwene Mujinya, Kayumba N’kundi Sultan, du Père De
Quirini ainsi que des doctrinaires belges et français ont été indispensable. Les
oeuvres de ces auteurs ont suffisamment retenu ma particulière attention. J’y ai
récouru constamment. Je n’ai surtout pas perdu de vue qu’une doctrine bien
faite tient toujours compte des usages et manières d’être, bref de la coutume.

8. La Coutume crée le droit


La coutume est la règle qui se manifeste uniquement par son
application répétée indépendamment de toute formulation législative. Les
usages, les habitudes, les manières d’être ont crée et créent encore bien souvent
la règle de droit. En matière commerciale par exemple, il arrive que l’usage
supplée au silence de la loi. La coutume n’est cependant d’application que pour
autant qu’elle n’est pas contraire à la loi et à l’ordre public. Faut-il encore
qu’elle ne porte gravement atteinte à l’équité ?

9. La force de l’intime conviction du juge


L’équité corrige la loi lorsque celle-ci est déficiente ou imparfaite. Le
juge se doit d’appliquer humainement le droit ; et, dès lors ,de juger en équité.
Il a les pouvoirs de juger selon les circonstances de la cause, avec le plus large
pouvoir d’appréciation d’après chaque cas lui soumis. Il ne peut pas, bien
entendu, dénaturer l’équité et verser dans l’arbitraire. Aussi, a-t-on jugé qu’en
matière répressive, un fait allégué est établi (prouvé) ou non d’après l’intime
conviction du juge, pourvu que son raisonnement soit motivé10. La motivation
peut être fondée même sur les principes généraux du droit.

9
La pensée et les théories des auteurs de doctrine ont contribué ou contribuent à la vigueur
du droit pénal spécial.
10
C.S.J., R.P, 97, 28 janvier 1976, Bull. 1977, p.20.
12
Catalogue des infractions

10. Les principes généraux s’appliquent au droit pénal spécial


congolais

Dans son entreprise d’administration du vaste territoire, l’Etat


Indépendant du Congo a été buté à la nécessité d’une organisation judiciaire et
d’une législation. Devant l’impossibilité d’improviser des lois complètes et
détaillées, il a édicté une disposition. Celle-ci permettrait aux tribunaux de
suppléer à l’absence ou à l’insuffisance des textes. C’est l’ordonnance du 14 mai
1886. Elle stipulait qu’en cas de silence des lois, les contestations seraient
jugées d’après les coutumes locales, les principes généraux du droit et l’équité11.
Ce texte, qui était reproduit dans les codes en tête de la législation
civile, s’appliquait en réalité à toutes les branches du droit congolais et au droit
pénal appliqué. Comme disposition fondamentale, elle permettait, pour
suppléer aux nombreuses lacunes, de recourir aux principes de droit
universellement reconnus et des droits étrangers, belge et français en
l’occurrence.
Cette ordonnance du 14 mai 1886 a été abrogée, depuis le 15 mai 1960, en
vertu des articles 199 et 201 du décret du 07 mars 1960 portant code de
procédure civile et de l’arrêté royal du 15 avril 1960.
Cependant, les principes généraux sont des principes communs à tous
les systèmes juridiques. Ils n’appartiennent en propre à aucun système. Il est
donc légitime que la jurisprudence congolaise y recourt en cas de besoin. Mais
elle doit veiller à leur conformité à la loi et au respect de la hiérarchie de
sources du droit. Toutefois, le droit pénal légaliste, dont la méthode
d’approche est de stricte interprétation, ne doit pas voir appliqué de façon
inconsidérée et donc sans circonspection, n’importe quel principe général de
droit.

V. Du contenu de l’ouvrage
Plus que la nomenclature des infractions, leurs définitions et éléments
constitutifs, ce livre fait un exposé sur régime répressif, les modalités de
répression, les instances qui sanctionnent ainsi que le délai légal de
prescription. L’ouvrage, pour parer au retard législatif, fait place à l’étude de
certains phénomènes sociaux (suicide, parricide, homosexualité, etc..). Ceux-ci
ne sont pas érigés jusque là en infraction. L’opinion est pourtant curieuse d’en
connaître la nature juridique et l’organe répressif ne doit pas rester indifférent
et désarmé.
Il y a une amorce, de lege ferenda, d’une ébauche d’amélioration et
d’actualisation de notre législation répressive dans la branche du droit dont

11
Bulletin officiel de l’Etat Indépendant du Congo 1888, page 189.
Catalogue des infractions 13

l’existence est la plus connue du grand public12, la plus redoutable et redoutée.


C’est pourquoi ce livre a vocation d’être à la portée de toutes les couches
sociales. A ce titre, le livre plaide pour une méthodologie appropriée.

VI. De la méthode appliquée


Pour que l’accès soit facile, j’ai adopté un classement peu habituel.
Ranger les différentes infractions en ordre alphabétique pour en rendre la
consultation facile et rapide. Une façon de répondre à ce besoin de rencontrer
tout à la fois le citoyen moyen toujours pas au fait du dédale du droit criminel
et le praticien du droit congolais.
J’ai également privilégié, sans omettre le travail de la jurisprudence, de
citer des exemples pour approcher les moins lotis intellectuellement. Est-ce
que je réussirai à créer un livre usuel et pratique que j’ai souhaité ? Les lecteurs
le diront. Comme titre à leur bienveillance et gage du succès de mon œuvre,
j’invoque le patient labeur que j’y ai consacré, les difficultés rencontrées mais
surmontées, l’expérience acquise au cours de ma vie judiciaire ainsi que le
ferme et constant souci de l’exactitude qui m’a animé tout au long du travail.

12
NYABIRUNGU MWENE SONGA. , Droit pénal Général zaïrois, Editions DES, Kinshasa,
1989 p. 9.
14
Catalogue des infractions

Principales abréviations
AL : Alinéa
AM : Arrêté Ministériel
ART : Article
AT : Amende transactionnelle
B.A. : Bulletin des arrêts
B.O : Bulletin officiel
Bull. : Bulletin
CNS : Conférence Nationale Souveraine
CP : Code Pénal
CPL I : Code Pénal Livre premier
CPLII : Code Pénal Livre second
CPM : Code Pénal Militaire
D.L : Décret - loi
EX : Exemples
FARDC : Forces Armées de la République Démocratique du Congo
IPJ : Inspecteur de Police Judiciaire
JEL : Recueil des journées d’études de Lubumbashi.
JORDC : Journal Officiel de la République Démocratique du Congo
JOZ : Journal Officiel du Zaïre
JT : Journal des Tribunaux
JTO : Journal des Tribunaux d’Outremer
JUR COL : Jurisprudence Coloniale
LGDJ : Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence
MC : Moniteur Congolais
MP : Ministère Public
MPR : Mouvement Populaire de la Révolution
NB : Notez bien
NCR : Nouveau Code de la Route
OMP : Officier du Ministère Public
Op.Cit : Œuvre citée
OPJ : Officier de Police Judiciaire
ORD : Ordonnance
ORD L : Ordonnance loi
R.D.C. : République Démocratique du Congo
PCGC : Plan comptable Général congolais
RJCB : Revue juridique du Congo Belge
SP : Servitude Pénale
SPP : Servitude Pénale Principale
Catalogue des infractions 15

TPIR : Tribunal pénal international pour le Rwanda


TPIY : Tribunal pénal international pour la yougoslavie


16
Catalogue des infractions

00. Abandon de famille


L’abandon de famille est le fait, pour une personne donnée, de rester
pendant plus de deux mois sans payer à son conjoint, à ses enfants ou à ses
parents la pension alimentaire à laquelle un tribunal l’a condamnée.
L’infraction s’appelle également abandon alimentaire. Elle concerne
aussi bien un époux qui a obtenu le divorce mais qui, de ce fait, se trouve sans
ressources pour assurer sa subsistance, qu’un enfant né hors mariage, un enfant
adoptif ainsi qu’un parent qui se trouve en droit d’exiger de ses enfants
devenus adultes de le nourrir au cours de ses vieux jours.

I. Eléments Constitutifs de l’infraction

Pour que l’infraction d’abandon de famille soit établie à charge d’un


prévenu, elle requiert bien des éléments constitutifs. Il faut, d’une part,
l’existence d’une décision judiciaire exécutoire, des bénéficiaires de cette
décision et, d’autre part, le non payement et l’élément moral.

a)L’existence d’une décision judiciaire exécutoire.


L’infraction d’abandon de famille exige, comme premier élément
constitutif, l’existence d’une décision judiciaire définitive. Il s’agit d’une
décision de justice civile qui détermine les contours de l’obligation alimentaire
ou des prestations compensatoires, sur lesquels le juge pénal va pouvoir asseoir
l’infraction.
Conditions relatives à la dette. Le jugement doit porter sur une nature
alimentaire et familiale de l’obligation. Il doit s’agir d’une pension, d’une
contribution, des subsides ou des prestations de toute nature dues en raison de
l’une des obligations familiales. La décision de condamnation doit viser le
jugement qui constitue le titre fondateur de la poursuite pénale13 . Il ne doit
s’agir ni d’un donner acte, ni d’une offre de payer, encore moins d’une fixation,
mais d’une condamnation au paiement. La décision doit avoir été prononcée
par une juridiction. Il peut s’agir également d’une convention judiciairement
homologuée14 .

13
Crim 4 juillet1962, Bull.crim ; n°23.
14
Claudia Ghica-Lemarchand, Frederic-Jerôme Pansier . , Droit pénal spécial, Librairie
vuilbert-Août 2007, Paris P. 210.
Catalogue des infractions 17

Toutefois les décisions relatives aux pensions et prestations ou les ordonnances


du juge en matières de famille, quoique provisoires mais exécutoires de plein
droit, doivent être respectées, même si elles sont frappées d’appel ou
ultérieurement de pourvoi en cassation. Et même, si elles sont par la suite
annulées, l’infraction d’abandon de famille demeure.
b)Les bénéficiaires.
Ce sont les bénéficiaires des créances familiales qui, en cas de non-
paiement, justifient la condamnation pour abandon de famille. Il peut s’agir des
enfants mineurs, des descendants majeurs, des ascendants, de conjoint.
c)Le non-paiement intervenu pendant plus de deux mois.
Le refus de paiement doit absolument répondre à trois caractères. Il
doit d’abord porter sur l’intégralité de la dette. Ensuite, il doit être prouvé que
le refus de payer est de plus de deux mois. Enfin, le refus de paiement doit être
volontaire.
Refus de s’acquitter intégralement de la dette. Le débiteur doit verser
l’intégralité des sommes auxquelles il a été condamné.Par conséquent, un
versement partiel n’entrave pas les poursuites.
Refus de paiement pendant plus de deux mois. L’infraction doit, pour
exister, s’inscrire dans une certaine durée. C’est la réalisation de la condition
temporelle qui matérialise l’infraction. Il y aura infraction dans le chef de la
personne poursuivie pour abandon de famille si elle n’a pas payé la pension à la
quelle elle a été condamnée pendant plus de deux mois. Le point de départ du
délai de deux mois est fixé au jour où la décision judiciare est signifiée au
prévenu ou , si le non-paiement intervient ultérieurement, le délai se calcule à
partir du jour où le prévenu a cessé de verser les sommes auxquelles il a été
condamné.
d)L’élément intentionnel.
L’infraction d’abandon de famille est une infraction intentionnelle.
Un refus volontaire. L’auteur doit avoir volontairement décidé de ne pas
exécuter la décision de justice le condamnant au paiement. Autrementdit, si le
non-paiement résulte d’une négligence, ou bien s’il résulte d’une véritable
impossibilité, l’infraction ne sera pas consommée. La démonstration de
l’intention de commettre l’abandon de famille est exigée. La connaissance de la
décision judiciaire portant condamnation au paiement suffit souvent à prouver
l’élément intentionnel.
En d’autres termes, l’inexécution de la pension alimentaire est punissable si
et seulement si :
1. il y a l’existence d’une décision judiciaire, c’est-à-dire un jugement devenu
définitif ;
2. le défaut de paiement de la pension alimentaire a dépassé deux mois ;
18
Catalogue des infractions

3. il n’y a pas eu maladie, prison ou autre force majeure empêchant la


possibilité de payer la pension alimentaire.
Quelques exemples
- Monsieur Bisimwa, commerçant de son état, est condamné par le tribunal
de Kavumu à payer mensuellement à Madame Nzigire, son épouse, cent
dollars américains pour sa subsistance. Six mois durant, il refuse, sans motif
valable, de verser cette pension alimentaire. Sa femme porte plainte devant
le parquet secondaire qui saisit, par requête, le tribunal ; l’infraction est
établie.
- Madame Cirezi qui n’a pas respecté le contrat conclu avec Mudosa, son
époux nécessiteux, d’avec lequel elle s’est séparée de résidence, de lui verser
50.000 FC par trimestre pour sa restauration, ne commet pas l’infraction
d’abandon de famille, faute de décision judiciaire.

II. Poursuites
1. L’infraction d’abandon de famille touche à la famille. Dans les buts
d’assurer l’unité et la cohésion de la famille, l’enclenchement des
poursuites de l’infraction d’abandon de famille doit être précédé d’une
phase d’enquêtes et de conciliation. En plus, on doit attendre
l’expiration du délai de deux mois.
2. Ne peut saisir le tribunal que l’enfant, mais aussi le conjoint ou le
parent qui ne perçoit plus la pension alimentaire lui allouée par un
tribunal.

a) Compétences
Les tribunaux de paix sont compétents15 pour juger les infractions
punissables de cinq ans de servitude pénale principale au maximum et

15
Lorsqu’une infraction a été commise, il faut déterminer quelle est, parmi tous les tribunaux
répressifs, celui qui sera spécialement appelé à en juger l’auteur ? C’est le problème de la
compétence des tribunaux répressifs qui se pose. La compétence est définie comme
« l’aptitude d’une juridiction déterminée à connaître d’un procès donné ». Lorsqu’il possède
cette aptitude à juger telle ou telle affaire, on dit alors que le tribunal est compétent. Si cette
aptitude lui fait défaut, on dit qu’il est incompétent.
A la différence des règles de compétence en matière civile ( les règles de compétence
territoriale établies dans l’intérêt des plaideurs peuvent être écartées) qui n’ont pas toutes
un caractère d’ordre public, en matière répressive, toutes les règles de compétence sont
d’ordre public, car elles ont toutes été instituées dans un intérêt public, celui de la bonne
administration de la justice pénale.
Il en résulte que les parties au procès pénal ne peuvent jamais, par quelque accord, déroger
aux règles de compétence. La prorogation conventionnelle de compétence est interdite.
Puisque l’ordre public est en jeu, l’incompétence peut être opposée par les parties en tout
état de cause, en appel, si elle ne l’a pas été en première instance, et même pour la
première fois devant la Cour de cassation, si elle ne l’a pas été en appel, à la condition que
le moyen soulevé ne soit pas mélangé de fait et de droit.
Catalogue des infractions 19

d’amende. Ils jugent les personnes concernées par la législation sur le


vagabondage, la mendicité et celles qui ne jouissent pas d’un privilège de
juridiction. Les tribunaux de paix prennent également des mesures de garde,
d’éducation et de préservation en matière d’enfance délinquante16 .
Règles communes à la compétence territoriale
En règle générale, est compétent le tribunal du lieu où l’infraction a été
commise. Est aussi compétent soit le tribunal où se situe la résidence de
l’auteur de l’infraction, soit celui du lieu où l’auteur de l’infraction a été trouvé.

b) Quelle est la loi applicable et la sanction prévue pour l’abandon de


famille?
Le décret du 15 juillet 1949 a certes été abrogé, mais les faits n’ont pas
été dépénalisés. La loi n° 87/010 du 1er août 1987 portant code de la famille en
ses articles 475, 479, 480, 926 et 927 a répris lesdits faits. Cette loi, en ses
dispositions précitées, est désormais le siège de l’infraction d’abandon de
famille. La sanction prévue est de huit jours à deux mois de servitude pénale et
d’amende17 . L’une de ces peines seulement peut être infligée à l’endroit de
l’auteur de l’infraction d’abandon de famille.

Du caractère d’ordre public de la compétence, il résulte que toute juridiction répressive se


doit de vérifier sa compétence, et que même si aucune des parties (ministère public,
inculpé, prévenu, partie civile) n’a soulevé l’exception d’incompétence, elle doit la relever
d’office et se déclarer incompétente.

16 er
Cette compétence relève des articles 86, 88, 90 alinéa 1 du Code de l’Organisation et
de la Compétence Judiciaires. Cependant, avec l’institution des tribunaux pour enfants, ces
dispositions semblent dépassées.
17
L’amende est une peine pécuniaire qui consiste dans l’obligation de payer une certaine
somme d’argent au trésor public. L’amende a pour siège légal les articles 5, 10, 11, 18, 20
et 27 du code pénal livre premier. Autrefois, les amendes étaient fixées en « franc ». En
1970 le franc a été remplacé par les « makuta » à la suite de l’avènement de la monnaie
« Zaïre » en 1967. Suivront respectivement le « Nouveau-Zaire » et le « franc Congolais »,
de nos jours. Une difficulté réelle se pose du fait que, dans beaucoup de textes de lois, les
amendes demeurent jusqu’à ce jour fixées en monnaie qui n’a plus cours légal et dont
l’équivalence dans la nouvelle monnaie, le Franc Congolais, n’est pas évidente. Il est
souhaitable que les amendes pénales soient réadaptées et majorées par de nouveaux
textes légaux, car elles relèvent du domaine de la loi. En effet, la peine d’amende doit
garder sa vertu répressive et dissuasive. La peine d’amende du Code Pénal Ordinaire est
devenue dérisoire du fait d’une forte et constante dépréciation monétaire; elle ne remplit
plus son rôle de prévenir les infractions et d’intimider les délinquants potentiels. Devant
cette situation économique et financière du pays qui a rendu modiques les taux des
amendes transactionnelles et judiciaires,de même que les taxes administratives et
financières, l’urgence et la nécessité ont amené, en attendant la loi, le Premier Président de
la Cour Suprême de Justice et le Procureur Général de la République à signer
conjointement la note circulaire N° 789/D.010/GB/CSJ- PGR du 23 avril 1997 . Cette
circulaire a fixé le minimum des amendes transactionnelles et judiciaires à l’équivalent en
20
Catalogue des infractions

c) Au bout de combien de temps ,après la commission de l’infraction


d’abandon de famille, l’auteur ne sera-t-il plus poursuivi ?
(Prescription de l’action publique)
L’auteur de l’infraction d’abandon de famille ne sera plus poursuivi
après un délai d’une année, à compter à partir du jour où deux mois se sont
écoulés sans que l’agent n’ait versé la pension alimentaire à laquelle il est
contraint par décision d’un juge. A cet effet, il a été jugé que prononcer une
condamnation, alors que l’action publique est déjà éteinte par la prescription,
équivaut à violer les articles 24, 25, et 26 du code pénal livre 1er, et entraîne
cassation totale18.

d) Comment la peine à laquelle un individu est condamné peut-elle


disparaître ou s’éteindre ? (Extinction de la peine)
La peine pourra disparaître par son exécution même, par la mort du
condamné ou si la personne poursuivie et condamnée a réussi à se soustraire à
l’exécution de la peine (prescription de la peine).
Il est vrai que la condamnation subsiste, mais elle ne sera plus exécutée.
Pour l’infraction d’abandon de famille et les peines de servitude pénale de dix
ans au moins, il y aura prescription après le délai double de la peine prononcée
sans que ce délai puisse être inférieur à deux ans19.
La personne condamnée à un mois pour abandon de famille verra sa peine
prescrite après deux ans ou après une mesure de clémence du Président de la
République (grâce).

01. Abandon de foyer


L’abandon de foyer est aussi appelé « refus de cohabitation ». L’infraction
consiste pour une femme légitime de se soustraire aux devoirs de cohabitation,
pour un homme de refuser de recevoir son épouse sous le toit conjugal. A vrai
dire, il y a deux infractions distinctes: l’abandon par la femme du domicile
conjugal contre la volonté de son mari, et le refus par le mari de recevoir sa
femme au domicile conjugal.

monnaie ayant cours légal de dix dollars américains, et le maximum à mille dollars pour les
personnes Physiques. En dépit de cet accommodement pratique, le problème demeure : la
peine ne peut être fixée que par une loi
18
C.S.J., RP 470, 4 février 1986, B.A. Années 1985 à 1989, édition 2002, p. 124.
19
Cette question est réglementée par les articles 27 à 34 du code pénal. Les délais de
prescription des peines sont fixés par les articles 27 à 29 du même code.
Catalogue des infractions 21

I. Eléments constitutifs
Des conditions sont exigées pour que l’infraction d’abandon de foyer
soit imputée à un homme ou à une femme.
a) L’existence d’un mariage
L’infraction d’abandon de foyer , pour exister en droit, requiert
l’existence d’un mariage. Celui-ci répond aux règles de droit civil. Il est soit un
mariage célébré en famille (coutumier) mais enregistré soit un mariage célébré
devant l’officier de l’état civil.
b) L’habitation,
Il y a abandon de foyer lorsque le couple dispose d’une habitation.
L’habitation c’est le domicile, la résidence, le lieu où l’on est logé. Il n’est pas
nécessaire que le couple soit propriétaire de cette habitation. Il peut être ou
locataire ou même sous-logé. Peu importe.
c) Le refus
Pour que l’infraction d’abandon de foyer soit établie, le refus est de
deux ordres , selon qu’il s’agit de l’épouse ou de l’époux. Pour la femme, elle
refuse d’aller résider avec son mari. L’homme, pour sa part, n’accueille pas son
épouse dans la résidence conjugale.
d) Le refus de cohabitation sans motifs valables.
Pour que le refus de cohabiter avec le conjoint soit infractionnel, il ne
doit pas être justifié. L’époux n’est coupable que s’il ne peut invoquer de
« justes motifs ». Ainsi, le fait pour une femme de quitter le toit conjugal pour
ne pas consommer le mariage est constitutif de la prévention d’abandon de
foyer. Par contre, pour une épouse, le fait d’abandonner le domicile conjugal
pour se soustraire aux mauvais traitements du mari n’est pas constitutif de cette
infraction.

II. Régime répressif

L’époux victime peut porter plainte au poste de police le plus proche


ou au parquet, ou encore saisir le tribunal de paix. L’opportunité des poursuites
est laissée à la seule victime. La victime a seule qualité pour porter plainte.
C’est-à-dire qu’il faut une plainte de l’un des époux pour que la poursuite
puisse être engagée. Le retrait de la plainte20 par l’époux plaignant met fin à la
procédure. L’époux plaignant peut même demander l’élargissement de son
conjoint condamné à la servitude pénale.
a) Texte légal prévoyant et sanctionnant l’abandon de foyer
20
Le retrait de plainte de la victime n’est pas une cause d’extinction de l’action publique ; il
est juridiquement indifférent. Toutefois, ainsi qu’en dispose le code de procédure pénale,
l’action publique peut s’éteindre en cas de retrait de plainte lorsque celle-ci est une condition
nécessaire à la poursuite.
22
Catalogue des infractions

L’abandon de foyer est une infraction à l’ordre familial. Elle (infraction)


se trouve définie et sanctionnée par les articles 454, 464, 466 et 472 de la loi
portant code de la famille.

b) Quelles peines encourent les coupables ?


Le mari et la femme coupables d’abandon de foyer sont passibles de
réparation coutumière, réparation en nature, sous forme d’objets désignés par
la coutume, ou d’accomplissement de rites coutumiers. Trente jours de
servitude pénale maximum (art. 466) peuvent être appliqués à l’endroit des
parents qui incitent le conjoint à abandonner le foyer. Sera condamné entre six
mois à une année de servitude pénale principale celui qui soustrait une femme
mariée aux devoirs conjugaux (art.472).

c) La prescription21 de l’action publique


La prescription de l’infraction d’abandon de foyer est d’une année. La
prescription de la peine est au moins de deux ans ou du délai double de la
peine prononcée. Si le condamné qui subissait sa peine est parvenu à s’évader,
la prescription commence à courir, dispose l’article 32 du code pénal livre 1er,
le jour de l’évasion. La prescription de la peine sera interrompue par
l’arrestation du condamné stipule l’article 33 du code pénal livre premier. Les
règles édictées par les deux articles précités s’appliquent à toutes les infractions.

02. Abandon de poste


Par poste, il faut entendre l’endroit où le militaire doit se trouver à un
moment donné pour l’accomplissement de la mission reçue de ses chefs.
L’infraction d’abandon de poste est prévue et réprimée par l’article 116 de la loi
n°024/2002 du 18 novembre 2002 portant code pénal militaire22, autrefois
articles 483 et 484 du code de justice militaire.

I. Eléments constitutifs

Pour que l’infraction d’abandon de poste soit établie, il faut la qualité


de l’agent, l’acte incriminé et l’élément moral.

21
Puisqu’elle a pour fondement l’intérêt social, plus spécialement la bonne administration de
la justice pénale, la prescription de l’action publique a un caractère général et un caractère
d’ordre public. C’est-à-dire que la prescription s’applique à toutes les infractions, même les
plus graves ; que le délinquant ne peut renoncer à l’invoquer et s’il ne l’invoque pas, elle
doit être constatée d’office par le juge.
22
Le code de justice militaire(C.J.M) institué par l’ordonnance-loi n° 72/060 du 25 septembre
1972 a été abrogé par la loi n° 024/2002 du 18 nove mbre 2002, portant code pénal militaire.
Catalogue des infractions 23

a)La qualité requise pour l’agent


Le militaire ou l’assimilé est obligé à une présence soutenue à son poste pour
rendre des loyaux services aux forces armées, aux corps assimilés ou à la nation
tout entière. Il est requis donc que, dans ces conditions, l’agent susceptible de
commettre l’infraction d’abandon de poste puisse revêtir la qualité de militaire23
telle que précisée à l’article 107 du code pénal militaire ou celle d’assimilé
b)L’acte incriminé
L’acte interdit par la loi, c’est l’abandon de poste. L’agent doit avoir quitté son
lieu de service sans l’autorisation ou à l’insu de ses supérieurs hiérarchiques. Il
est également interdit d’exhorter, d’engager un acte tendant à amener un
militaire ou un assimilé à abandonner son poste.
c)L’élément moral
L’élément moral procède du simple fait pour l’agent d’avoir commis son acte
d’une manière libre et consciente. C’est volontairement que le militaire ou
l’assimilé doit avoir abandonné son poste.

II. Régime répressif

En temps de paix, l’auteur de l’infraction d’abandon de poste est puni


de six mois à cinq ans de servitude pénale (article 116). En temps de guerre ou
pendant les circonstances exceptionnelles, le coupable peut encourir la
servitude pénale à perpétuité ou même la peine de mort. L’abandon de poste
en présence de l’ennemi ou d’une bande armée est puni de mort24 . Le militaire
ou l’assimilé en faction, en temps de paix, qui abandonne son poste est puni de
six mois à cinq ans de servitude pénale25. Bien qu’à son poste mais trouvé
endormi, il subira six mois à trois ans de servitude pénale. Le coupable de la
provocation à l’abandon de poste en présence de l’ennemi ou d’une bande
armée est passible de la peine capitale.
Généralement, l’infraction d’abandon de poste est poursuivie de façon
secondaire en participation avec une autre infraction. Dans la pratique, on
privilégie les sanctions disciplinaires s’il n’y a pas eu grave atteinte au bon
fonctionnement du service.

03. Abandon des soins

23
L’article 107 du code judiciaire militaire considère comme militaires tous ceux qui font
partie de la Force Armée. Sont donc militaires les officiers, sous-officiers et hommes de
rang ; ceux qui sont incorporés en vertu d’obligations légales ou d’engagements volontaires
et qui sont actifs. Les réformés, les disponibles et les réservistes, mais aussi les militaires
en congé illimité quand ils sont réputés en service actif, sont également militaires.
24
Article 121 du code pénal militaire.
25
Article 117 du code pénal militaire.
24
Catalogue des infractions

L’abandon des soins est aussi appelé «l’orthothanasie ». Il consiste dans le


fait de laisser le malade mourir de sa mort naturelle en s’abstenant de lui
prodiguer des soins.
La vocation du médecin est de conserver la vie. Le consentement du
malade ne peut avoir d’efficacité pour l’empêcher de remplir son devoir. Mais il
peut arriver que le malade et ses parents après constat de l’état incurable,
demandent au médecin de s’abstenir de tout soin en vue d’obtenir la mort du
malade. Pareille demande ne peut justifier le médecin. En droit congolais, le
médecin qui accède et exécute une telle demande commet l’infraction.
Le médecin qui s’abstient de soigner peut être poursuivi pour refus de
porter secours à une personne en danger. La base légale se trouve être l’article
66 quater du code pénal. Nous suggérons que dans l’avenir, il soit envisagé de
faire de l’abandon des soins une infraction spéciale, plus sévèrement punie que
la non assistance à personne en danger.

04. Abandon d’un navire ou aéronef militaire

L’abandon d’un navire ou d’un aéronef militaire est le fait de quiconque


embarqué dans un navire ou dans un aéronef militaire ou assimilé de
l’abandonner sans ordre ou en violation des consignes reçues, alors que le
navire est en danger. Les articles 118 à 120 du code pénal militaire portent sur
l’abandon d’un navire ou d’un aéronef militaire ou assimilé.

I. Conditions préalables
Deux conditions préalables doivent être réalisées pour l’existence de
l’infraction d’abandon d’un navire ou aéronef militaire. Il s’agit de l’existence
d’un navire ou aéronef militaire et l’exigence d’un péril ou d’un risque de perte
du navire ou de l’aéronef.

II. Eléments constitutifs proprement dits


a)L’auteur de l’infraction
L’auteur incriminé peut être toute personne embarquée à bord du navire
ou de l’aéronef visé, ou le pilote du navire ou de l’aéronef. Il peut s’agir
également de tout commandant de navire ou de tout pilote d’aéronef militaire,
de même que tout commandant non pilote d’un aéronef militaire.
b)L’acte incriminé
Ce qui est interdit, c’est l’abandon d’un navire ou d’un aéronef militaire.
L’acte incriminé doit se passer soit en cas de péril, soit avant que la perte soit
totalement consommée.
L’abandon est perpétré sans ordre et en violation des consignes réçues des
chefs hiérarchiques pour la sauvegarde de l’engin et dans l’intérêt du service
Catalogue des infractions 25

(art.118). L’abandon n’est punissable que lorsque le pilote est chargé de


conduire l’engin, de naviguer avec le navire ou de voler avec l’aéronef
militaire(art.119).
L’abandon est perpétré par un commandant ou un pilote qui quitte l’engin
avant le dernier individu embarqué(art.120).
c)L’élément moral
L’élément intentionnel consiste à perpétrer son acte de manière libre et
consciente. L’agent est éxonéré pénalement lorsqu’il pose son acte
conformément à un ordre ou à une consigne de sa hiérarchie.

III. Sanctions susceptibles d’être encourues


L’auteur de l’infraction d’abandon d’un navire ou d’un aéronef militaire
est passible d’une peine de servitude pénale principale dont le taux varie entre
un et cinq ans. La destitution sera encourue par tout officier coupable de cette
infraction, peu importe le taux de la peine principale (art. 118).
Le pilote coupable encourra une peine de six mois à cinq ans de
servitude pénale principale (art. 119). La peine de mort sera appliquée à
l’endroit de l’auteur, qu’il soit commandant de navire ou pilote d’aéronef
militaire ou commandant non pilote d’un aéronef militaire (art.120).

05. Absence du numéro d’identification nationale


Voir Numéro d’identification nationale, n°379.

06. Absence irrégulière


L’absence irrégulière est une infraction d’ordre militaire qui consiste à
soustraire son auteur de ses obligations militaires. Elle est prévue par l’article
43 du code pénal militaire (article 408 de l’ancien code de justice militaire).
Cette disposition légale définit l’absence irrégulière comme l’absence non
autorisée du corps pendant plus de trois jours. Cette infraction n’est avérée que
le quatrième jour à partir de la constatation de l’absence du militaire.
Par « absence non autorisée », il faut entendre l’état du militaire qui ne se
trouve pas présent là où il devait être, ou qui se trouve là où il ne peut
régulièrement être. L’auteur de l’infraction d’absence irrégulière est punissable
de deux ans de servitude pénale.

I. Eléments constitutifs
Pour sa réalisation, l’infraction d’absence irrégulière exige la réunion
des éléments constitutifs. Ceux-ci sont la qualité requise pour l’agent, les
éléments matériels et l’élément moral.
26
Catalogue des infractions

a)La qualité réquise pour l’auteur


L’infraction d’absence irrégulière ne peut être commise que par un
militaire ou un assimilé. Aux termes de l’article 106 alinéa 2 du code judiciaire
militaire, les assimilés sont des membres de la police nationale et les bâtisseurs
de la nation pour les faits commis pendant la formation ou à l’occasion de
l’exercice de leurs fonctions.
b)Les éléments matériels.
1. Le fait de quitter son unité sans autorisation
Le déplacement d’un militaire n’est valable que s’il est autorisé par écrit ou
verbalement, selon les distances à effectuer.
2. La durée de l’absence irrégulière
C’est à partir du quatrième jour qu’il est fait le constat de l’absence
irrégulière d’un militaire ou d’un assimilé à son unité. Ce qui signifie que la
durée maximum d’absence non infractionnelle est de trois jours. Cette durée
constitue un facteur déterminant.

c)L’élément moral
Il est entendu que pour être punissable, l’absence du corps non autorisée
reprochée à un militaire doit être volontaire. C’est le dol général qui est requis26
. L’acte libre et conscient d’un militaire ou d’un assimilé qui se dérobe à ses
obligations militaires ou autres pendant au moins quatre jours.

II. Régime répressif


Le législateur prévoit comme peine le maximum de deux ans de servitude
pénale principale à l’endroit du coupable de l’absence irrégulière. Notons,
cependant, que dans la pratique, les sanctions disciplinaires sont préférées aux
sanctions pénales. Il a d’ailleurs été jugé que l’absence irrégulière du corps
constitue selon le caractère de gravité qu’elle présente, et que le juge apprécie
soit une simple faute militaire, soit l’infraction de désertion27 .

07. Abstention coupable d’un fonctionnaire


L’abstention coupable d’un fonctionnaire est le fait pour un fonctionnaire
ou toute personne chargée de service public de retarder ou de retenir sans
motif valable des fonds ou deniers publics dont il a la gestion, et qui sont
destinés au payement des rémunérations, des créances, des traitements ou
salaires…(article 150f du code pénal livre II).
L’infraction vise aussi le fonctionnaire qui s’abstient volontairement de
faire dans le délai lui imparti par la loi ou par les règlements un acte de sa

26
HCM RP 001/2004 du 5 octobre 2004, M.P.C/Col Alamba et consorts, inédit.
27
C.G app., 19 janvier 1901, Jur. Etat I p. 113.
Catalogue des infractions 27

fonction ou de son emploi, qui lui a été régulièrement demandé (art.150 g CPL
II). Est également concerné le retard manifestement exagéré dans
l’accomplissement de l’acte de sa fonction ou de son emploi, lorsqu’un délai
n’est pas expressément fixé.

I. Eléments constitutifs

Sous l’expression « abstention coupable de fonctionnaire », il faut


comprendre deux infractions distinctes : d’une part le retard de paiement (art
150 f) et d’autre part les abstentions coupables proprement dites (150 g).
Les éléments du retard de paiement sont :
1. la qualité du sujet de l’infraction qui doit être fonctionnaire ;
2. le retard ou la retenue du règlement de fonds ou deniers publics ;
3. des fonds ou deniers publics devant relever de la gestion du fonctionnaire ;
4. des fonds ou deniers publics devant être destinés au paiement des
rémunérations, traitements, salaires et créances dus par l’Etat.
La cour a arrêté que l’infraction d’abstention coupable d’un fonctionnaire est
établie dans le chef d’un président délégué général qui n’a pas signé un nouveau
chèque ou n’a pas procédé au paiement, par d’autres voies en faveur de son
prédécesseur, pour paiement des salaires et indemnités de logement lorsque le
premier chèque ne peut plus être présenté au guichet de la banque, les
signatures y apposées n’étant plus valides28.
Les éléments des abstentions coupables sont les suivants :
1. le sujet de l’infraction doit être un fonctionnaire ;
2. l’abstention doit être volontaire ;
3. l’objet de l’abstention doit être l’acte de la fonction régulièrement demandé ;
4. enfin, la durée de l’abstention doit dépasser les délais légaux ou être
manifestement exagérée.
L’agent payeur de la Banque Centrale du Congo qui refuse de servir le
comptable public alors que les sommes sont à sa disposition depuis une
semaine, commet l’infraction. Il en est de même du caissier qui pour sortir
l’argent destiné au fournisseur de son employé, prend une semaine alors que les
signatures ont été complètées. Par contre, le même caissier ne commet pas
d’infraction s’il n’y a pas de liquidités, tout comme l’officier de l’état civil qui
délivre un acte de naissance dans le délai légal.

28
Cour d’Appel de Kinshasa /Matete RP 074, Arrêt du 08 janvier 2004, Ministère public et
partie civile Elumba Nkongolo Jean Bosco contre Mr Mukwene Wawa, Kabukanyi Zila
Yamaya et la foire internationale de kinshasa, inédit.
28
Catalogue des infractions

II. Poursuites
La victime de l’infraction d’abstention coupable du fonctionnaire,
l’employeur du fonctionnaire peuvent saisir un officier de police judiciaire29 ou
un officier du Ministère public. Le ministère public a qualité pour poursuivre.
Le tribunal de paix jugera l’auteur de l’abstention coupable d’un fonctionnaire.

29
Il découle des articles 2 et 3 du code de procédure pénale que les officiers de police
judiciaire ont le pouvoir de constater des infractions par procès-verbaux (art.3 du CPP). En
effet, la police judiciaire constate les infractions (art.2 CPP) ainsi que toutes les
circonstances qui les ont entourées. Elle prélève toutes les traces qu’elles ont laissées. Si
l’infraction est flagrante , la police judiciaire est dotée des pouvoirs étendus, non seulement,
pour constater l’infraction, mais également pour rechercher immédiatement tous les
renseignements utiles,et cela à l’aide des moyens coercitifs. Lorsque la police judiciaire
vient à constater une infraction flagrante ou à être avisée d’une telle infraction, elle doit se
transporter sur les lieux. Elle se dépêche sans délais sur les lieux (art.5 du CPP) pour
procéder à toutes constatations utiles. Dès son arrivée sur les lieux, l’Officier de police
judiciaire prend toutes les mesures nécessaires pour veiller à la conservation des moyens
de preuve qui permettront de parvenir à la manifestation de la vérité (art.2).
L’Officier de police judiciaire procède à la saisie des objets se rapportant à l’infraction.
Parmi ces objets, les moyens de transport ayant servi à commettre l’infraction, ou les
choses paraissant avoir été le produit (art.3).
Pour faire surgir les preuves non apparentes, la police entreprend des investigations. Elle
cherche les papiers, les documents et autres objets susceptibles d’avoir un rapport avec
l’infraction ou d’appeler une certaine lumière sur les circonstances de celle-ci. Elle
procédera au besoin par voie de perquisition, sans que les personnes chez qui ces
investigations ont lieu puissent s’y opposer. Si elles s’y opposent, elles commettent
l’infraction de rébellion. Les perquisitions policières doivent avoir lieu dans des conditions
qui ne permettent pas de mettre en doute la régularité des découvertes auxquelles elles
pourraient donner lieu. En conséquence, les perquisitions dovenit avoir lieu en présence de
la personne soupçonnée d’avoir participé à l’infraction ou de détenir des pièces à conviction
ou à défaut en présence des témoins (art .3 alinéa 2 du CPP). A l’occasion des
investigations et perquisitions :
- l’Officier de police judiciaire doit procéder à la saisie de tout ce qui peut servir à la
manifestation de la vérité ;
- l’Officier de police judiciaire peut recourir avec utilité et efficacité à des experts, à
des techniciens, des interprètes,des traducteurs, des médecins pour faire toutes
constatations utiles ou en vertu d’une réquisition de l’officier du Ministère public ;
- l’Officier de police judiciaire peut auditionner (art.64 de l’ord relative à la police
judiciaire) des témoins et des suspects ;
- l’Officier de police judiciaire, au cours de l’enquête, peut recourir à la garde à vue
du suspect pendant 48 heures, s’il existe contre la personne en question des
indices graves et concordants de nature à motiver l’inculpation (art. 72 de l’ord de
1978) ; c’est le cas quand il y a danger de fuite,identité inconnue ou douteuse ;
- dès que les indices graves et concordants sont réunis, l’Officier de police judiciaire
doit conduire le suspect devant le Procureur de la République (art. 73 de
l’’ordonnance-loi 78-239 du 3 juillet 1968 relative à l’exercice des attributions des
OPJ et APJ près les juridictions de droit commun).
-
Catalogue des infractions 29

La poursuite peut être faite sur citation directe de la victime, de l’employeur du


fonctionnaire ou sur requête du Ministère public.

a)Le texte de loi qui réprime l’abstention coupable d’un fonctionnaire.

Le code pénal (Décret du 30 janvier 1940), en son article 150 f et g modifié et


complété par l’article 6 de la loi n° 05/006 du 29 mars 2005, est le texte légal
en matière d’abstention coupable d’un fonctionnaire.

b) Quelles pénalités peuvent être infligées au coupable ?


En cas de retard de paiement, les pénalités sont de deux mois de servitude
pénale principale et d’une amende de dix mille à cent mille francs congolais
constants30 ou d’une de ces peines (Article 150 f). Pour les abstentions
coupables, il s’agit de six mois de servitude pénale principale et une amende de
dix mille à cent mille francs congolais constants31 ou d’une de ces peines
(Article 150 g).

c) Prescription de l’action publique et des peines

Après écoulement d’une année à compter de la fin du délai légal pour faire
l’acte de sa fonction, l’auteur de l’infraction d’abstention coupable d’un
fonctionnaire ne sera plus poursuivi. La décision du juge qui a omis de
constater que l’action publique était éteinte au moment où il en a été saisi doit
être annulée32 . Si la peine n’a pas été exécutée normalement, ou si le condamné
n’est pas décédé ou gracié, deux ans après, la peine ne sera plus appliquée.

0.8. Abstention d’accomplir un acte de fonction


requis à l’occasion d’abus ou de mise en
danger d’un enfant
Voir protection pénale de l’enfant après naissance, n° 467-1.

30
Article 150 f tel que modifié et complété par l’article 6 de la loi n° 05/006 du 29 mars 2005
modifiant et complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais (JORDC,
ème
47 année, Numéro spécial, 05 octobre 2006).
31
Idem.
32
C.S.J., RPA 38, 23 décembre 1976, B.A. 1977, pp 198-199.
30
Catalogue des infractions

09. Abstention d’apporter secours à une


personne
en danger
L’abstention d’apporter secours à une personne en danger est le fait pour
une personne de s’abstenir volontairement de porter à une autre personne qui
est en danger ou en péril une assistance qu’elle pouvait lui prêter sans risque
pour elle ou pour les tiers, soit en intervenant personnellement, soit en
provoquant le secours.

I. Conditions préalables et éléments constitutifs

a) Conditions préalables

Comme conditions préalables à l’établissement de l’infraction


d’abstention d’apporter secours à une personne en danger, il faut l’existence
d’une personne humaine en péril et l’absence de risque pour le sauveteur et les
tiers.

b) Eléments constitutifs
L’élément matériel s’entend par l’inaction ou l’abstention de porter
secours. L’agent qui a eu personnellement conscience du danger et de
l’impérieuse nécessité d’intervenir immédiatement, mais qui s’abstient pourtant
et volontairement, assume l’élément intellectuel.
S’abstenir de secourir un vieillard sur le point de mourir, ne pas donner de l’eau
à boire à une personne qui meurt de soif, ou encore s’empêcher de jeter à un
chasseur tombé dans un trou profond une machette située non loin de lui et
susceptible de lui permettre de faire des tranchées pour se tirer d’affaires, ce
sont là autant d’ exemples concrets d’infraction d’abstention d’apporter secours
à une personne en danger.

II. Poursuites
Qui peut se porter accusateur33 ?. Indépendamment de la plainte de la
victime, le parquet peut poursuivre le présumé auteur de l’abstention
d’apporter secours à une personne en danger. La plainte peut aussi être

33
La poursuite est mise en mouvement par une accusation. Un accusateur saisit l’autorité
publique, imputant une infraction à son adversaire. Ce droit appartient à la victime et à ses
proches. Avec l’installation du « procureur » dans notre procédure pénale, il incombe alors à
ce dernier le soin de déclencher la poursuite indépendamment de tout accusateur privé.
C’est l’accusateur spécialisé chargé de représenter objectivement l’intérêt social que nous
appelons Ministère public.
Catalogue des infractions 31

déposée auprès de tout officier de police judiciaire. Par citation directe, le


tribunal de paix peut être saisi par la victime ou par toute autre personne
intéressée qui a subi préjudice.

L’article 66 ter du code pénal livre II issu de l’ordonnance n°78/015 du 04


juillet 1978 prévoit et punit l’infraction d’abstention d’apporter secours à une
personne en danger. Les pénalités sont de trois mois à deux ans de servitude
pénale principale et l’amende ou l’une de ces peines seulement. L’action
publique est prescrite dans un délai de trois années. Quant aux peines, elles
sont prescrites après un délai double de la peine prononcée, mais ce délai ne
pourra pas être inférieur à deux ans.

10. Abstention d’assistance contre une infraction


L’abstention d’assistance contre une infraction est le fait pour quiconque
pouvant empêcher par son action immédiate une infraction contre l’intégrité
corporelle de la personne sans risque pour lui ni pour autrui, de s’abstenir
volontairement de le faire.

I. Conditions préalables et éléments constitutifs


Pour que l’infraction d’abstention d’assistance contre une infraction
soit établie, il faut des conditions préalables. L’existence d’une infraction
menaçant l’intégrité corporelle d’une personne physique, par exemple des
coups et blessures, l’administration des substances nuisibles,
l’empoisonnement, etc. et l’absence de risque pour la personne qui pourrait
apporter son concours et pour les tiers.
a)L’élément matériel
L’élément matériel comprend l’omission d’intervenir dans le chef d’un
spectateur qui pouvait empêcher la réalisation de l’infraction par une action
immédiate. L’agent est témoin d’une infraction qu’il pouvait empêcher de se
commettre.
b)L’élément moral
L’élément moral consiste en ce que, volontairement, le spectateur s’abstient
consciemment de porter secours. Est susceptible d’être poursuivie et punie
pour abstention d’assistance contre une infraction une femme dont le mari
attrape un voleur. En effet, lorsque cette femme sait que le mari va tuer le
voleur,mais s’abstient d’intervenir pour l’empêcher de réaliser cet homicide, elle
est poursuivable. Le médecin qui assiste à l’avortement criminel pratiqué par
un confrère est tout aaussi poursuivable, comme celui qui laisse son ami voler
les biens d’autrui. Par contre, l’infraction est inexistante dans le cas de celui qui,
menacé par les preneurs d’otage, assiste passivement à leur maltraitance.

II. Poursuites
32
Catalogue des infractions

a) Qui peut exercer l’action publique34 ?


L’officier du ministère public 35(Parquet), même contre la volonté de la
victime, exerce l’action publique dès que l’information lui parvient. La victime
peut d’elle-même porter plainte. La police est saisie par sa plainte ou sur
dénonciation de toute autre personne qui a vu se commettre les faits. La plainte
peut être écrite ou verbale.
Le tribunal de paix peut être saisi par citation directe ou par assignation
à prévenu après requête aux fins de fixation d’audience.

b) Quelles servitudes pénales et amendes l’abstentionniste encourt-


il ?
L’article 66 bis du code pénal livre II issu de l’ordonnance n°78/015 du
04 juillet 1978 prévoit trois mois à un an de servitude pénale et une amende.
Les deux peines peuvent être prononcées cumulativement, ou l’une d’elles
seulement. L’action publique s’éteint endéans une année à dater du jour de la
commission de l’infraction36 .

34
L’action publique, que l’on appelle aussi « l’action pour l’application des peines », a pour
but, en effet ,de réprimer le trouble social par l’application d’une peine ou d’une mesure de
sûreté à l’auteur de l’infraction. C’est une action d’intérêt général ou d’ordre public, par
opposition à l’action civile qui est d’intérêt privé. L’action publique appartient à la société, et
à elle seule. Celle-ci a seule le droit de l’exercer ou d’y renoncer. A vrai dire, la société la fait
exercer par des représentants qualifiés, les Magistrats du Ministère public.
35
Les membres du Ministère public auxquels la loi a confié l’exercice de l’action publique
sont les magistrats du parquet. Pour les opposer aux juges, magistrats du siège, on les
appelle les « magistrats debout », parce qu’ils se lèvent à l’audience pour présenter leurs
réquisitions.
1° Le Ministère public recherche, en matière répres sive ,les infractions aux actes législatifs
et réglementaires qui sont commises sur le territoire national. Il reçoit les plaintes et les
dénonciations. Il pose des actes d’instruction et saisit les cours et tribunaux.
2° Il assiste à toutes les audiences (art.9 alinéa 1er) et donne ses avis dans les cas prévus
par la loi.
3° Il remplit les devoirs de son office auprès des juridictions établies dans son ressort
territorial (art.11).
4° Il a la surveillance de tous les Officiers de po lice judiciaire (art.6 alinéa3). Il peut les
charger d’effectuer des devoirs d’enquêtes, des visites de lieux, des perquisitions et des
saisies qu’ils déterminent (art. 12).
5° Il n’est pas juge mais partie. Il agit au nom de la société à laquelle l’infraction a porté
atteinte (il est l’avocat de la société). Il a pouvoir de poursuivre et d’exercer l’action publique.
Il est partie au procès pénal.
6° Le Ministère public est un demandeur. Qu’il ait lui-même mis l’action publique en
mouvement ou qu’il se soit joint à l’action déclenchée par la partie civile, c’est toujours lui
qui exerce cette action et qui est demandeur à l’action publique.

36
Le point de départ des délais de la prescription est défini par l’article 25 du code pénal le
jour où l’infraction a été commise (dies a quo) et compris dans le délai (art 26, al 2).
Catalogue des infractions 33

Quant à la prescription des peines , celles-ci ne seront plus exécutées au délai


double de la peine prononcée. Cependant, ce délai ne pourra pas être inférieur
à deux ans.

11. Abstention de combattre l’ennemi


Aux termes de l’article 60 du code pénal militaire est puni de mort, tout
commandant qui, pouvant attaquer et combattre un ennemi égal ou inférieur
en force, secourir une troupe, un navire ou un aéronef national poursuivi par
l’ennemi ou engagé dans un combat, ne l’a pas fait. Le commandant n’est
justifié qu’à la condition d’avoir été empêché par des instructions générales ou
des motifs graves.

I. Conditions préalables

La réalisation de l’infraction d’abstention de combattre l’ennemi requiert


trois conditions préalables.
1. Un contexte temporel exceptionnel. Celui-ci doit être dû soit au temps
de guerre, soit à une opération de police de maintien ou de
rétablissement de l’ordre public, soit encore à une attaque isolée dirigée
contre un navire ou un aéronef battant pavillon congolais sur les eaux
territoriales congolaises, ou dans l’espace aérien national ;
2. L’existence d’une troupe, d’un navire ou d’un aéronef national en
danger ;
3. La qualité de commandant.

II. Eléments constitutifs

L’infraction d’abstention de combattre l’ennemi est caractérisée par


l’élément matériel et l’élément moral.
a)L’élément matériel
L’acte matériel consiste en l’abstention d’attaquer et de combattre l’ennemi, ou
en l’abstention de porter secours à une troupe, à un navire ou à un aéronef
national. Ainsi, l’abstention de combattre l’ennemi, telle que prévue par l’article
60 du code pénal militaire, comprend donc l’omission d’attaquer ou de
combattre l’ennemi ou l’abstention de porter secours à une troupe, à un navire
ou à un aéronef national.
b)L’élément moral
34
Catalogue des infractions

La responsabilité de l’agent demeure l’exigence indispensable pour la


commission de l’infraction d’abstention de combattre l’ennemi. L’abstention
doit être volontaire, c’est-à-dire manifestée en connaissance de cause, de façon
consciente et délibérée (élément intentionnel).

12. Abstention de donner des soins préventifs


requis
à l’enfant
Voir protection pénale de l’enfant, n°466-2.

13. Abstention de porter assistance à une femme


en instance d’accouchement
Voir protection pénale de l’enfant avant sa naissance, n°468- 1.

14. Abstention de porter secours à un enfant


menacé d’atteinte imminente à sa vie
Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n°467-3.

15. Abus de confiance


L’abus de confiance est le détournement d’un bien qui avait été remis et
accepté dans un but précis. L’auteur de l’infraction usurpe la chose ou un droit
portant sur la chose qu’il détient de façon précaire. Incriminé par l’article 95 du
code pénal, l’abus de confiance est le détournement ,au préjudice d’autrui ,d’un
bien préalablement confié au délinquant par la victime à une fin précise, à
savoir la restitution, la représentation ou un usage déterminé.

I. Conditions préalables et éléments constitutifs

La structure de l’infraction d’abus de confiance est marquée par la


distinction entre les conditions préalables et les éléments constitutifs. L’abus de
confiance suppose la confiance accordée et la confiance trompée.

a) Conditions préalables
1. La remise : un accord de volonté en vertu duquel la chose a été remise de
façon précaire. Peut donc générer l’abus de confiance : le louage, le mandat, le
nantissement, le prêt à usage, le gage, le dépôt, etc. La validité du contrat est
indifférente à l’égard des poursuites pénales.
Catalogue des infractions 35

La remise est nécessairement préalable et volontaire, mais elle doit être


affectée à un but précis. Le propriétaire n’entend pas se dessaisir de la chose,
mais simplement la remet à un tiers dans un but déterminé. Finalement, l’abus
de confiance est constitué « par la décision de s’arroger sur la chose détenue à
titre précaire des pouvoirs plus énergiques que ceux dont on devrait
normalement disposer »37 .

2. L’objet de la remise : La remise doit obligatoirement porter sur les biens


énumérés soit des effets, des deniers, des marchandises, des billets, des
quittances (décharges)ou des écrits contenant ou opérant obligation. Ce qui
veut dire que l’objet de l’infraction de l’abus de confiance a un caractère
nécessairement mobilier. Il a été jugé que les rations et loyers sont des deniers
susceptibles de faire l’objet de la remise38.

b) Eléments constitutifs

Comme toute infraction, l’abus de confiance, outre l’élément légal, se compose


de trois éléments constitutifs classiques et d’un élément spécifique, qui est le
préjudice. L’élément légal est constitué par l’article 95 du code pénal livreII.
Les agissements constitutifs de l’abus de confiance sont nécessairement
frauduleux, et la constatation du détournement inclut nécessairement
l’affirmation de la mauvaise foi39.

1. Le détournement. Le détournement existe dès lors que le propriétaire de la


chose confiée ne peut plus exercer ses droits sur elle. Le prévenu se trouve
dans l’impossibilité de rendre la chose d’autrui. C’est le détournement ou la
dissipation de l’objet reçu. L’infraction n’exige pas que le prévenu se soit
approprié la chose ni qu’il en ait tiré un profit personnel. Le détournement ou
l’usage fait de la chose d’autrui doit faire tort, dommage à quelqu’un
(préjudice). Il suffit de priver quelqu’un des droits légitimes sur la chose. Même
la victime d’un préjudice indirect est fondée à réclamer un dédommagement.
Le détournement peut consister en l’usage abusif. Un usage impliquant la
volonté de détourner la chose ou de l’abandonner après l’avoir détournée de
son usage40. Seul un acte positif caractérise l’usage constitutif de l’abus de
confiance. Le fait pour un salarié d’utiliser son véhicule de service pour des
déplacements personnels constitue l’abus de confiance . Il en est de même d’un
directeur salarié d’une entreprise qui commet un détournement en utilisant la

37
LARGUIER J., Droit pénal des affaires, éd.Armand colin, Paris, p.152.
38
Tribunal de paix de kananga, RP 501/CD, 13 août 2004, ministère public et partie civile
Mputu tshibilondi contre le prevenu Badibanga Kankolongo, inédit.
39
Crim. , 5 novembre 1975, Bull., n°237.
40
Crim. , 28 décembre 1934, Bull. n°217.
36
Catalogue des infractions

machine de la société à des fins personnelles. Le détournement est constitutif


de l’abus de confiance à condition que l’agent ait connaissance de l’affectation
claire et originale de la chose.
Le détournement peut consister en un refus de restituer. Lorsque la
personne refuse de restituer un bien ne lui appartenant pas et sur lequel elle n’a
aucun droit, l’abus de confiance est constitué. Par contre ne commet pas l’abus
de confiance, l’avocat qui retient les pièces du dossier jusqu’au paiement
complet de ses honoraires. Le délaissement constitue un acte de disposition
caractérisant le détournement. Nous estimons que commet l’infraction d’abus
de confiance la personne ayant loué un véhicule qu’elle délaisse à la suite d’un
accident, sans informer la société du sinistre ou du lieu où se trouve la voiture
qui a été revendue par la suite.
Le détournement peut consister en une impossibilité de restituer. La
qualification dépend essentiellement de l’existence de l’intention frauduleuse. Si
le prévenu a pris des risques et a dissipé les biens, l’abus de confiance est
automatiquement constitué. Le détournement peut consister en un retard
dans la restitution. Le retard dont question doit se traduire par une volonté
frauduleuse de la part de l’auteur. Le simple dépassement de la date prévue
initialement dans le contrat et même la mise en demeure de restituer ne
suffisent pas à constituer l’abus de confiance. La volonté de l’agent de
détourner le bien est un trait essentiel de l’infraction d’abus de confiance.

3. Le préjudice. L’abus de confiance consiste en un détournement


commis « au préjudice d’autrui », élément constitutif autonome de
l’infraction. Ce qui signifie que la qualification d’abus de confiance
ouvre droit à la réparation au profit des propriétaires, des détenteurs et
des possesseurs des effets détournés. Le préjudice peut être matériel ou
moral. Le repentir actif et la restitution du bien après l’abus de
confiance ne font pas disparaître le délit41, car tous les événements qui
surviennent postérieurement au détournement sont sans incidence sur
la commission d’une infraction totalement et définitivement commise.

c) L’élément moral

L’abus de confiance n’existe que si le détournement a été commis avec


une intention frauduleuse. C’est la connaissance qu’on a qu’en utilisant pour soi
l’objet reçu d’autrui à d’autres fins, on lui cause dommage et l’on se procure ou
procure à autrui un bénéfice illicite. Un détournement est frauduleux dès que
l’agent dispose de la chose, lorsqu’il a pu prévoir qu’un préjudice pouvait en
résulter, mais il n’est pas nécessaire qu’il ait voulu le causer. L’intention
disparait si l’impossibilité de restituer est due à la force majeure. La notion de

41
Crim. , 17 novembre 2004, Dr.Pén.2005, comm, n°78, obs. Veron.
Catalogue des infractions 37

force majeure est appréciable par les juges. De même, l’exception de bonne foi
fait disparaître le caractère pénal du comportement. Lorsque le propriétaire
autorise une personne à utiliser les fonds encaissés pour son compte,
l’impossibilité de restituer ne constitue pas le délit d’abus de confiance42 .
L’abus de confiance n’est pas constitué par une simple négligence43 , il suppose
que l’agent ait agi sciemment.
En effet, dans l’intention frauduleuse44, la fraude consiste pour un
individu possédant à titre précaire la chose d’autrui, si non à s’approprier cette
chose, du moins à se conduire à son égard comme propriétaire au préjudice de
son véritable propriétaire, possesseur, ou détenteur45 . En outre, a suffisamment
démontré l’existence de l’intention frauduleuse d’abus de confiance, la
motivation fondée sur le fait que le demandeur qui avait, en vertu d’un contrat
d’entreprise, la détention précaire du bois et de l’argent en vue d’un usage bien
déterminé, les a utilisés à ses propres fins46 .
Les exemples d’abus de confiance sont légion. Vendre à un tiers des
bijoux reçus en gage, le gérant qui détourne à son profit des bénéfices de la
société, le transporteur qui utilise l’un des objets transportés à l’insu du
destinataire, le réparateur de montre qui vend une montre lui remise pour
réparation pour faire soigner sa fille malade, le couturier qui détourne le tissu
lui remis pour confection sont autant d’illustrations d’actes constitutifs d’abus
de confiance.

II. Régime juridique et Poursuites

a)La répression
L’abus de confiance est une infraction punie de trois mois à cinq ans
de servitude pénale principale et d’une amende ou d’une de ces peines
seulement (article 95 du code pénal livre II ). Il y a en la peine d’amende une
dissuasion sur le plan financier.
b) Particularités de la poursuite
La victime d’un abus de confiance peut porter les faits à la
connaissance de la police. Elle peut porter plainte au parquet ou traduire le
prévenu devant le tribunal de paix. Le Ministère public peut lui aussi mettre

42
Crim. , 20 février 1980, Bull., n°66.
43
Crim. , 26 février 2002, Bull., n°44.
44
Il y a abus de confiance lorsqu’il y a violation d’un contrat translatif de la détention ou de
la possession intervenue avec intention frauduleuse C.S.J., 1er décembre 1976, RP 124,
aff. Nseai c/M.P et Yanga, BA 1977, p.194, tiré de KATUALA KABA KASHALA et alii ; Arrêts
de principe et autres principales décisions de la Cour Suprême de Justice, Editions Batena
Ntambua , Kinshasa 2009.

45
GARRAUD. , Droit pénal français, T. VI, n° 2618.
46 er
C.S.J., RP 124, 1 décembre 1976, B.A. 1977, p. 194.
38
Catalogue des infractions

l’action publique en mouvement. Même quand la partie civile met en


mouvement l’action publique, le Ministère public appelé à cette cause devient
seul partie poursuivante, car la loi lui reconnaît, à lui seul, l’exercice de l’action
publique47 .
c) La prescription de l’action publique48
L’abus de confiance est une infraction instantanée consommée au jour
de l’accomplissement du détournement. Selon les délais de droit commun, la
prescription infractionnelle de l’action publique est de trois ans. A compter du
jour de l’accomplissement du détournement si trois années se sont écoulées,
l’auteur du détournement ne sera plus poursuivi.
d) La prescription des peines
La personne condamnée à trois ans pour abus de confiance va voir sa
peine ne lui être plus exécutée après six ans (délai double de la peine prononcée
pour les peines de servitude pénale de dix ans ou moins).
e)La tentative
Le code pénal punit l’abus de confiance consommé, mais il ne prévoit pas
la punition de la tentative49 . Ce manque de répression de la tentative est
47
A. RUBBENS . , Instruction criminelle, tome III , p. 121
48
En droit civil, l’action qui n’est pas exercée dans un certain délai(en règle générale, trente
ans, conformément au code civil congolais livre III) ne peut plus l’être à l’expiration de ce
délai. On dit qu’elle est éteinte par la prescription, ou encore qu’elle est prescrite. Il en est
de même en droit pénal. L’action publique, si elle n’est pas intentée pendant un certain
délai, s’éteint, elle aussi, par l’effet de la prescription extinctive ; le délinquant ne peut plus
être poursuivi et, de ce fait, l’infraction dont il s’est rendu coupable va rester impunie.
49
La tentative pose les problèmes de l’infraction tentée, de l’infraction manquée et de
l’infraction impossible. L’infraction tentée. Une infraction est souvent le résultat d’une série
de réflexions, de résolutions et de préparations. Sans doute ne faut-il pas attendre que
l’infraction soit consommée pour déclencher la répression ; mais on doit se demander à
partir de quel moment les pouvoirs publics sont autorisés à poursuivre l’auteur d’une
infraction non consommée, et quelle peine ils peuvent lui infliger. Il faut des conditions
réquises pour qu’il y ait tentative punissable. Pour qu’il y ait infraction tentée, il faut la
résolution de commettre une infraction déterminée ; des actes extérieurs constituant un
commencement d’exécution de l’infraction projetée et l’absence de désistement volontaire.
Constituent un commencement d’exécution les actes qui font partie des éléments
constitutifs de l’infraction tels qu’ils sont définis par la loi ou des circonstances qui peuvent
en renforcer la répression. Il a été jugé que constituent le commencement d’exécution les
actes devant avoir pour conséquence immédiate et directe de consommer le crime (Cass,
crim. 29 déc. 1970, J.C.P.1971. II.16770, pour la mise en place par les malfaiteurs d’un
puissant dispositif d’attaque -- arme, gants, lunettes etc. -- qui demontrait que la phase
d’exécution de l’agression était commencée). De même, il a été estimé qu’il y avait tentative
punissable en matière de trafic de stupéfiants dès lors qu’il est établi que celui qui se
propose d’acheter a engagé avec celui qui lui fait offre de vente des pourparlers sérieux »
(Cass. Crim. 18 août 1973, Gaz. Pal., 1973, 2,861). La tentative punissable requiert une
absence de désistement volontaire. L’agent même, s’il a franchi le seuil du commencement
d’exécution, échappera à toute sanction s’il s’est volontairement désisté. C’est une dernière
chance que la loi lui offre de rentrer impunément dans le chemin de la légalité. Pour être pris
en considération le désistement doit être volontaire. Il ne faut donc pas qu’il soit dû à un
élément étranger à la volonté de l’agent. Le désistement doit intervenir avant que l’infraction
Catalogue des infractions 39

imposé par la nature même de l’infraction d’abus de confiance. Seul le refus de


restitution consomme ici l’infraction. La jurisprudence définit très largement
l’abus de confiance consommé, ne laissant ainsi aucune place à l’existence de la
tentative.

16. Abus de dot


I. Définition

La dot est une des conditions pour que se réalise le mariage. Le


versement et l’acceptation de la dot sont la preuve nécessaire et suffisante du
consentement des parents et des membres des familles des fiancés. Cependant,
le législateur a voulu que la dot reste symbolique, dans le but de mettre fin à
certaines pratiques tendant à considérer la dot comme l’occasion propice pour
s’enrichir. C’est pourquoi la valeur maximale de la dot sera fixée, pour chaque
province, par le Président de la République (article 363 du code de la famille).
L’infraction d’abus de dot consiste alors en la violation de l’obligation de ne
pas dépasser la valeur maximale fixée.
Seront donc punies les personnes qui solliciteront une dot supérieure
au montant maximum qui aura été fixé et celles qui céderont à ces sollicitations
(versement ou acceptation d’une dot dont la valeur dépasse le maximum légal).

soit consommée. Le troisième élément, pour que la tentative soit punissable, est l’intention
de commettre l’infraction tentée. C’est ce qui explique qu’il n’y ait pas de tentative des
infractions non intentionnelles. L’article 4 du code pénal dispose que la tentative est
punissable. Toute tentative réunissant les conditions rappelées ci-dessus est considérée
comme l’infraction elle-même. Il en est de même de la tentative de l’infraction lorsque la loi
la réprime expressément. L’auteur d’une tentative est donc passible de la même peine que
celle qu’il eût encourue si l’infraction avait été consommée. L’infraction manquée : il y a
infraction manquée lorsque l’agent a fait tout ce qui était nécessaire pour réaliser l’infraction,
mais a manqué son but par maladresse ou pour toute autre raison, alors que le but
recherché par l’agent était possible à atteindre, si celui-ci avait été plus adroit , avait agi
avec plus de rapidité, etc. Il y a plus que simple tentative, puisque l’agent a accompli tous
les actes qui dépendait de lui de commettre et n’a pas été arrêté en cours d’exécution, de
sorte qu’il n’y a plus aucun doute à avoir sur son intention d’aller jusqu’au bout. Mais il y a
moins que l’infraction consommée, puisque le résultat dommageable ne s’est pas produit.
L’infraction manquée est punie des mêmes peines que l’infraction tentée, car il s’agit d’un
comportement qui n’a « manqué son effet » que par suite de circonstances indépendantes
de la volonté de l’auteur.
L’infraction impossible : c’est l’infraction qui était irréalisable, soit par manque d’objet
(« meurtre » de quelqu’un qui est déjà mort, avortement d’une femme non enceinte), soit à
raison de l’insuffisance des moyens employés (empoisonnement par administration des
substances non toxiques, « meurtre » par un fusil non chargé). Le résultat était
objectivement impossible à atteindre alors que dans l’infraction manquée, plus d’habilité
chez l’agent aurait permis de l’obtenir à l’aide des moyens mis en œuvre.
40
Catalogue des infractions

II. Poursuites

La procédure de conciliation en Conseil de famille est un préalable à


toute poursuite relative à l’abus de dot. Si, en dépit de la conciliation, le conflit
persiste, le tribunal pourra alors être saisi. Le tribunal de paix est l’instance
judiciaire compétente.

a)Le texte légal et la sanction


L’infraction d’abus de dot est prévue et définie par les articles 363 et
427 du code de la famille. Elle est réprimée (article 427 précité) d’une servitude
pénale de sept jours à un mois et d’une amende double des promesses agréées
ou des choses reçues ou demandées au-delà du maximum légalement admis, ou
l’une de ces peines seulement. La sanction est d’application que le mariage ait
lieu ou non.
Si l’auteur est la personne qui doit consentir au mariage du conjoint mineur, les
peines seront portées au double.

b)La prescription de l’action publique50


La prescription de l’action publique relative à l’infraction d’abus de dot
n’interviendra qu’après une année, à compter de la commission de l’infraction.
La prescription de la peine se fera dans le délai de deux ans. Il est à regretter
que depuis l’entrée en vigueur du code de la famille l’autorité habilitée, en
l’occurrence le Président de la République, n’a, à notre connaissance, jamais
procédé à la fixation de la valeur maximale de la dot. Cet état de chose ampute
l’infraction d’abus de dot d’un de ses éléments constitutifs et la rend ainsi
inopérante.

17. Abus des biens d’un enfant


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n°467-4.

18. Abus des biens sociaux

En droit congolais, l’abus des biens sociaux n’est pas une infraction spécifique.
Il est plutôt un élément du détournement ou de l’abus de confiance. Au regard
de l’évolution des entreprises et en vue d’une évolution législative nous

50
Prévue et réglementée par le code de procédure pénale (art 24 du code pénal et suivant),
la prescription de l’action publique doit être soigneusement distinguée de celle de la peine.
Elle s’en différencie non seulement par ses effets (la prescription de la peine qui suppose
qu’un individu poursuivi et condamné a réussi à se soustraire à l’exécution de la peine,
éteint la peine prononcée), mais encore par son but et par son fondement.
Catalogue des infractions 41

estimons indispensable d’appréhender cette réalité qui, sous d’autres cieux,


connaît une évolution et des réalités importantes.

a)Responsabilité personnelle des dirigeants


Les dirigeants des sociétés commerciales engagent leur responsabilité
personnelle. C’est le cas, lorsqu’ils disposent du patrimoine social, s’ils abusent
de leurs pouvoirs ou font des biens sociaux un usage contraire ou non
conforme à l’intérêt social. Il revient donc que l’abus des biens sociaux ne
concerne que des dirigeants d’entreprises exploitées sous la forme de sociétés
commerciales. Le chef d’entreprise, lorsque celle-ci est exploitée sous la fiction
d’une société, peut être accusé d’abus de biens sociaux ; même si le chef
d’entreprise possède la quasi-totalité des actions ou des parts sociales.
Juridiquement, la société détient un patrimoine propre que son dirigeant ne
saurait confondre avec le sien, sous peine d’être poursuivi. Par contre, le chef
d’entreprise, lorsque celle-ci est sa propriété, ne saurait être accusé puisque
l’entreprise constitue un bien qui lui est personnel.

b)Biens sociaux, objet de la protection légale


Les biens sociaux protégés sont tous ceux qui se trouvent dans le
patrimoine social, qu’ils soient meubles ou immeubles, corporels ou
incorporels, qu’il s’agisse des fonds, des titres, des espèces, des factures
faussement imputées à la société, du paiement de dépenses personnelles prises
en charge de la société. Sont également punissables les abus de pouvoirs ou de
voix (dans les assemblées générales des sociétés), lorsque les dirigeants les
utilisent dans l’intérêt de parents, d’amis ou pour eux-mêmes.
Sont à assimiler à l’abus de pouvoirs l’utilisation, de mauvaise foi, du crédit de
la société, l’usage partisan des droits de vote attribués à la société dans les
assemblées générales de sociétés partenaires. Le champ d’application est très
vaste et permet d’incriminer des faits d’abstention ou d’omission commis
intentionnellement.

c) Elément intentionnel
Pour que l’infraction soit établie, la notion de mauvaise foi est exigée. Il
doit être établi que le chef d’entreprise savait préalablement que l’usage qu’il
faisait de ses pouvoirs était contraire aux intérêts de la société.

d) Elément matériel
1. Usage des biens sociaux non conforme ou contraire à l’objet social
Il y a une présomption selon laquelle les débours et prélèvements non
justifiés dont les dirigeants sociaux font état (déplacements, réceptions des
clients, expositions, participations à des foires, cadeaux d’entreprises) se
42
Catalogue des infractions

trouvent automatiquement considérés comme non conformes à l’intérêt social.


Si les justificatifs des dépenses ne sont pas produits ou si les dirigeants sociaux
s’attribuent de leur propre chef des rémunérations excessives, ou encore s’ils
perçoivent un salaire alors qu’ils n’exercent aucune activité dans la société51 ,
l’élément matériel sera déclaré établi.
2. Usage illicite
Tout en employant des biens sociaux dans l’intérêt de la société, le
dirigeant peut faire un usage illicite sans en tirer un avantage personnel. Il en
est ainsi des versements effectués à un membre d’une commission pour
obtenir l’attribution d’un marché, la remise d’une somme importante aux
inspecteurs des impôts chargés du contrôle fiscal de la société.
3. Intérêt personnel
L’intérêt personnel est évident : il n’est pas nécessaire de s’approprier
définitivement des fonds sociaux. Nous estimons que sont assimilées à des fins
personnelles les opérations effectuées :
- afin de protéger la réputation de la famille, dans un but électoral, pour
rendre des services à des amis ;
- pour favoriser une autre société ou une entreprise dans laquelle les
dirigeants sociaux étaient intéressés directement ou indirectement ;
- de manière occulte par un dirigeant , car considérées avoir
nécessairement été dans son intérêt personnel.
4. Intérêt du groupe
Il n’y a pas d’abus des biens sociaux lorsque les prêts, avantages,
transferts de fonds sont motivés par l’appartenance des sociétés à un groupe
(holdings, filiales, succursales, etc..) dont l’existence est établie. Ces diverses
sociétés doivent néanmoins avoir en commun un intérêt économique, social ou
financier. Les opérations doivent être réalisées dans le cadre d’une politique
élaborée par l’ensemble du groupe, être compatibles avec la finalité et les
possibilités financières du groupe. Il importe aussi que ces opérations
comportent une contrepartie équilibrant les engagements respectifs des parties.
5. Personnes punissables
Les présidents directeurs généraux, les directeurs généraux, les
mandataires sociaux, les gérants, les administrateurs etc…engagent leur
responsabilité individuelle pénale. Il s’agit aussi bien des dirigeants de droit que
des dirigeants de fait. Sont passibles des mêmes peines les complices52 dont la
51
Par application de la jurisprudence de la cassation française.
52
Le sujet de l’infraction fait partie des éléments constitutifs de toute infraction. Si l’on peut
généralement penser à un seul agent, auteur du fait délictueux, la réalité par contre est que
très souvent l’infraction est l’œuvre de plusieurs personnes. Lorsque plusieurs personnes
ont contribué à la réalisation d’une infraction en y prenant une part plus ou moins active et
directe, il y a participation criminelle prévue par les articles 21 à 23 de notre code pénal. La
complicité est une modalité de la participation punissable. Les complices d’une infraction
Catalogue des infractions 43

participation aux faits entre dans la définition du code pénal. Seront coupables
de recel ceux qui , en connaissance de cause, auront reçu les biens sociaux dont
il a été fait usage abusif, en particulier les bénéficiaires de détournements.
19. Abus des croyances superstitieuses

Il s’agit ici de l’article 78 du code pénal qui ne prévoit pas d’infraction


particulière. L’article 78 dispose que « quiconque abusant des croyances
superstitieuses de la population aura sans fondement réel, imputé à une
personne un acte ou un événement vrai ou imaginaire, sachant que cette
imputation inciterait autrui à commettre une infraction, sera considéré comme
complice de l’infraction ainsi provoquée ». Ce texte se limite à énoncer un cas
de complicité, la provocation par abus des croyances superstitieuses. Pareille
complicité est valable pour toutes les infractions que les personnes provoquées
peuvent alors commettre.
Par exemple,Mukidi répand dans le village que Mpongi a jeté un mauvais
sort à l’enfant de Mabilala. Si ,à la suite de ces propos, Mabilala tue Mpongi,
Mukidi sera complice du meurtre. Si Mabilala incendie la maison de Mpongi,
Mukidi sera complice d’incendie volontaire, etc.
Pour d’autres développements relatifs à l’infraction d’abus des croyances
superstitieuses, le lecteur consultera utilement l’auteur Jean Lesueur53 et
l’infraction d’imputation calomnieuse de nature à inciter autrui à commettre
une infraction.

20. Abus du droit de réquisition


L’infraction d’abus du droit de réquisition est prévue par l’article 110 du
code pénal militaire. Elle comprend le fait d’abuser des pouvoirs conférés en
matière de réquisition ou de refuser de donner reçu des quantités fournies. Elle
consiste aussi dans l’exercice d’une réquisition sans avoir la qualité si cette
réquisition est faite sans violence, et dans l’exercice d’une réquisition avec
violence. Il faut entendre par réquisition militaire, tout acte de la puissance
publique consistant dans la main mise par l’autorité indépendamment de tout

sont ceux qui apportent à sa réalisation une aide utile, mais non indispensable. La loi a
prévu, de manière limitative, les modes de complicité en l’article 22 du code pénal. Ce sont
les instructions données pour commettre infraction, l’aide accessoire apportée à la
commission de l’infraction et enfin le fait de loger habituellement certaines catégories de
malfaiteurs.
53
Jean LESUEUR. , Précis de droit pénal spécial, Imprimé par la section de police de
l’Agence pour le Développement International (A.I.D. Ambassade des Etats-Unis
d’Amérique, Kinshasa, 1967, p.42
44
Catalogue des infractions

consentement du propriétaire quant à la délivrance et au prix de l’objet, sur les


choses qu’elle juge nécessaires aux besoins de l’armée.
I. Eléments constitutifs
Pour être consommée, l’infraction d’abus du droit de réquisition doit
comprendre l’élément matériel et l’élément moral essentiels.
a)L’élément matériel
L’agent doit être un responsable militaire ou civil au service de l’armée
et investi des pouvoirs conformément aux lois et règlements54 en vigueur.
L’acte incriminé se matérialise, soit par l’exercice injuste, excessif ou méchant
des prérogatives dont on est investi, soit par les refus de donner un reçu (titre)
des quantités fournies dans la perspective d’une indemnisation au propriétaire.
b)L’élément moral
,L’élément moral comme responsabilité morale de l’agent doit s’avérer
établi par son recours libre aux méthodes fortes intimidatoires à l’intégrité
physique,selon que la réquisition est accompagnée ou non de violences à
l’encontre du propriétaire des biens.
II. Régime juridique

L’auteur d’abus du droit de réquisition encourt une peine de servitude


pénale de deux mois à deux ans. Si l’acte délictueux est matérialisé par la
violence, le taux de cette peine varie de trois à cinq ans. Si par contre l’acte
incriminé est dénué de violence, la peine va d’un an à trois ans. Le coupable de
cette infraction doit, en outre, être condamné à la restitution de l’objet
réquisitionné.

21. Accès illicite aux zones protégées


Aux termes de l’article 147 du code pénal militaire, le fait pour tout
individu de s’introduire frauduleusement ou sans autorisation des autorités
compétentes dans un terrain, dans les installations ou dans les engins ou des
appareils de toute nature affectés à l’autorité militaire ou placés sous son
contrôle pour les intérêts de la défense est puni de deux ans de servitude
pénale. Cette infraction peut être commise tant par un congolais que par un
étranger, par les militaires ou les assimilés que par les civils.

54
Les tribunaux militaires de police, de garnison, la cour militaire opérationnelle, la cour
militaire et la haute cour militaire ont plénitude de juridiction pour juger les individus traduits
ou renvoyés devant eux pour les infractions prévues et punies par la loi (art.73 du code
pénal militaire). Pour les militaires et assimilés (Police Nationale Congolaise et Service
National), la compétence personnelle est de rigueur. Il a également été jugé que les
membres du corps des « Forces d’Autodéfense Populaire » sont assimilés aux miliciens des
Forces armées et conséquemment justiciables des juridictions militaires (Tribunal de grande
instance de Kinshasa/Kalamu, R.P 8622, 1er mars 2005 inédit.). Il en sera de même
d’autres milices établies sur le territoire national, peu importe leur dénomination.
Catalogue des infractions 45

I. Eléments constitutifs
Pour sa consommation, l’infraction d’accès illicite aux zones protégées
exige les éléments matériels et l’élément moral.
a)Les éléments matériels
Aux titres d’éléments matériels, le législateur distingue le fait visé par la loi et
les biens protégés.
1. Le fait visé par la loi
Ce qui est ici stigmatisé, c’est la présence illicite (commise frauduleusement
ou sans autorisation des autorités compétentes) dans les territoires ou aux cotés
des objets protégés. Le simple accès suffit indépendamment du temps passé
sur les lieux ou en présence de l’objet protégé. La simple présence dans l’hyper
sensibilité du domaine de la défense, même sans manipuler les engins ou les
objets protégés, est infractionnelle.
2. Les biens protégés
Les biens qui bénéficient de la protection sont clairement déterminés.
Généralement, il s’agit des terrains, installations, engins ou appareils de toute
nature affectés au service de l’autorité militaire ou placés sous son contrôle
pour les intérêts de la défense.Tel pourrait être le cas d’un ordinateur contenant
des données informatisées.
b)L’intention coupable.
Elle consiste dans le fait d’accéder à une zone que l’on sait interdite ou à un
engin ou à un appareil connu sous protection, en violation délibérée des
normes y relatives ou de passer outre les injonctions de l’autorité habilitée.
L’action vise généralement à attenter aux intérêts fondamentaux de la nation.

II. Répression
L’accès illicite aux zones protégées est une action libre et consciente
visant à attenter aux intérêts fondamentaux de la Nation. Aux termes de
l’article 147 du code pénal militaire, cette infraction expose son auteur à une
peine de servitude pénale principale dont le taux maximum est de deux ans .

22. Accusation de sorcellerie à l’égard d’un enfant


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n°467-6.

23. Achat et vente illicite des substances minérales


Voir Code minier, n°73-1.

24. Actes d’anthropophagie


Voir Anthropophagie, n°32.
46
Catalogue des infractions

25. Actes de commerce en temps de guerre


avec un agent d’une puissance ennemie
Voir Correspondances avec un ressortissant d’une puissance ennemie, n°96.

26. Actes de cruauté infligés aux animaux


Voir Destruction méchante des animaux, n°165.

27. Actes de violence dans un bureau de vote


Voir élections, n°199-II,1.

28. Activités minières illicites.


Voir Code minier, n°73-2.

29. Administration des substances nuisibles

L’administration des substances nuisibles est le fait pour une personne


d’administrer volontairement à une autre personne des substances qui sont de
nature à donner la mort ou à altérer gravement sa santé, mais sans intention
méchante d’attenter à son intégrité physique.

I. Eléments constitutifs

a)L’élément légal
L’article 50 du code pénal livre II incrimine l’administration de substances
nuisibles ayant porté atteinte à l’intégrité physique ou psychique d’autrui.
b)L’élément matériel
L’élément matériel consiste en l’administration, par quelque procédé que ce
soit, des substances mortelles ou nuisibles. L’élément matériel peut être
constitué d’une remise directe ou indirecte ; seul un comportement positif
aboutit à la qualification juridique.
c)L’élément moral
Dans l’élément moral ou intentionnel le juge doit s’assurer de la volonté de
nuire par des substances nocives. Le prévenu connaît l’effet nuisible de ces
substances sur la santé physique d’une personne humaine. Il agit avec
l’intention de nuire à la santé de la victime.

II.Nature des substances


Catalogue des infractions 47

Il doit s’agir des substances nocives capables de donner la mort, ou


bien qu’incapables de donner la mort, elles peuvent néanmoins altérer
gravement la santé.
Il faut que la mort ne s’ensuive pas et qu’il y ait possibilité d’altérer gravement
la santé. Le caractère nocif de la substance administrée est laissé à
l’appréciation des juges qui peuvent recourir à des expertises55. Administrer par
plaisanterie des substances nocives constitue l’infraction d’empoisonnement.
Par contre, administrer des substances pouvant provoquer la mort dans le but
de guérir ne constitue pas l’infraction. Ainsi, le fait d’avoir administrer des
médicaments indigènes qui finissent par la suite à devenir nuisibles ne constitue
pas cette infraction.

III. Poursuites
L’auteur de l’administration des substances nuisibles pourra être
dénoncé à la police par tout témoin des faits. Il sera porté plainte au parquet
par la victime contre la personne présumée avoir administré des substances
nuisibles. L’auteur de l’infraction est aussi poursuivable par le Ministère public
ou par la personne lésée devant le juge.

a) Quel est le tribunal compétent ?


L’article 50 du code pénal livre II est la disposition légale qui prévoit et
définit l’administration des substances nuisibles. Le législateur a été sévère
quant aux pénalités applicables à l’auteur de l’infraction d’administration des
substances nuisibles. Les pénalités sont d’un an à vingt ans. De ce qui précède,
c’est donc le tribunal de grande instance qui est compétent pour connaître de
l’infraction d’administration des substances nuisibles.
b)Compétence du tribunal de grande instance
Le tribunal de grande instance est compétent pour connaître de toutes
les infractions dont la peine applicable est supérieure à cinq ans ou la peine de
mort, ou encore la peine des travaux forcés. Il juge également les personnes ne
bénéficiant pas d’un privilège de juridiction. Les règles de compétence
territoriale examinées quant au tribunal de paix comme règles communes sont
les mêmes pour les tribunaux de grande instance56 .
c) Peines applicables
Le juge prononcera obligatoirement l’emprisonnement d’un an à vingt
ans et l’amende. Il peut également accorder d’office des dommages et intérêts à
la partie lésée, en réparation du préjudice qu’elle a subi57 .
55 ème
Général LIKULIA BOLONGO. ,Droit pénal spécial Zaïrois,tome I, 2 édition, Paris,
LGDJ,1985, p.84.
56
Article 91 du code de l’organisation et de la compétence judiciaires

57
Articles 107 et 108 du Code de l’Organisation et de la Compétence Judiciaires.
48
Catalogue des infractions

d) Prescription de l’infraction d’administration des substances


nuisibles.
L’action publique relative à l’infraction d’administration des substances
nuisibles se prescrit58 après dix ans. La peine dont l’auteur de l’infraction
d’administration des substances nuisibles a été condamnée se prescrit, elle,
après vingt ans.

30. Administration volontaire


des substances nuisibles à un enfant
Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance,n° 468-5.

31. Adultère

L’adultère est le fait pour une personne mariée d’avoir des relations
sexuelles avec quelqu’un d’autre que son conjoint. L’adultère porte atteinte au
mariage, base de la société. En matière civile, depuis l’avènement du code de la
famille, l’adultère de l’homme ou de la femme n’est plus une cause de divorce.
En matière pénale, si l’adultère de la femme est toujours réprimé, celui du
mari n’est punissable que dans la mesure où il est entouré des circonstances de
nature à imprimer à l’égard de la conjointe un caractère d’injure grave. Il en est
ainsi des scènes de conjonction sexuelle avec un partenaire autre que le
conjoint dans la maison conjugale.

58
La prescription de l’action publique repose sur l’idée qu’au bout d’un certain temps, dans
un intérêt de paix et de tranquillité sociale, mieux vaut oublier l’infraction qu’en raviver le
souvenir. On la justifie également par la considération psychologique que le coupable aussi
longtemps qu’il a réussi à échapper à la poursuite ou au châtiment, a dû vivre dans
l’inquiétude et dans l’angoisse, peut-être même torturé par le remords. On la justifie
également en faisant appel à l’idée de négligence. La société perdrait son droit de punir
parce qu’elle ne l’aurait pas exercé en temps utile. Le dépérissement des preuves est une
raison particulière en faveur de la prescription de l’action publique. Au fur et à mesure que le
temps s’écoule depuis que l’infraction a été commise, les preuves disparaissent ou, du
moins, perdent beaucoup de leur valeur. Plusieurs années après l’infraction, il sera difficile
d’en découvrir les traces et les indices, de retrouver les témoins ; ceux que l’on aurait la
chance de rattraper auront probablement oublié ou n’auront que des souvenirs vagues et
imprécis. Une action exercée trop longtemps après la commission de l’infraction risquerait
de provoquer une erreur judiciaire. Pour l’éviter, dans l’intérêt même de la justice répressive,
le mieux est d’empêcher l’exercice de l’action publique.
Catalogue des infractions 49

I. Eléments constitutifs

Pour être caractérisée, l’infraction d’adultère exige la réunion de trois


éléments,à savoir l’état de mariage, la conjonction sexuelle, l’intention
coupable, outre l’élément propre à l’adultère du mari.
a)L’état de mariage
L’adultère ne peut exister que dans le chef d’une personne engagée dans les
liens du mariage suivant les régles en vigueur59. L’état de mariage dont ici
question est actuellement, soit un mariage célébré en famille et enregistré, soit
un mariage célébré par l’officier de l’état civil. Le mariage doit être valable et
non dissous, au moment de l’acte incriminé . Il ne peut y avoir nullité du
mariage que sur base d’une décision prononcée par un tribunal civil. Ainsi ,il a
été jugé que tant qu’un mariage n’a pas été enregistré, le tribunal suspendra la
procédure tendant à lui faire sortir des effets, jusqu’à ce que cet enregistrement
soit opéré60.
b)La conjonction sexuelle
C’est la consommation des rapports sexuels de l’un des époux avec une
personne autre que son conjoint, qui est l’acte par lequel se caractérise
l’adultère. Il y a nécessairement un complice. Il doit s’agir d’une union de sexes,
même incomplète,d’un homme et d’une femme. Une union consommée des
sexes. Ce qui exclut de la sphère de l’infraction d’adultère les rapports contre
nature entre deux femmes ou deux hommes, la vie commune d’une femme
avec un tiers sans relations sexuelles. Les privautés, même obscènes, ne
suffisent pas à constituer l’infraction. Toutefois, il importe peu que la
conjonction sexuelle soit parfaite ou incomplète.
Un seul acte de conjonction sexuelle suffit pour établir l’infraction d’adultère. Il
n’est donc pas nécessaire qu’une femme ou un homme trompe à plusieurs
reprises son mari ou son épouse.
c)L’intention coupable
L’adultère est une infraction intentionnelle. Il faut que les relations illicites
aient eu lieu sciemment et volontairement. Il doit s’agir d’une consommation
voulue des rapports sexuels en toute connaissance, du caractère délictueux de
l’acte. Une femme qui a été contrainte physiquement ou moralement, ou si elle
est atteinte d’aliénation mentale, ne sera pas poursuivie pour adultère. N’est
pas punissable pour adultère une femme qui a a été violée. N’est pas punissable
non plus la femme qui a été trompée par supercherie et s’est livrée dans
l’obscurité croyant qu’il s’agissait de son époux.
d)L’élément propre à l’adultère du mari

59
Léo.,07 avril 1953.
60
Tribunal de grande instance de Bukavu, RP 9953, 06 février 2001, ministère public et
partie civile dame Apendeki Kapitula, contre les prévenus Mazimbaka Marume et Nsimire m’
Kanondo, inédit.
50
Catalogue des infractions

La relation sexuelle d’un mari avec une autre femme que sa conjointe ne
suffit pas à elle seule pour constituer l’infraction d’adultère. Il faut, en plus, des
circonstances pouvant paraître injurieuses pour la femme,par exemple le fait
que l’acte soit accompli dans le domicile conjugal ou que de l’union naisse un
enfant. L’adultère masculin n’est incriminé que s’il « a été entouré de
circonstances de nature à lui imprimer le caractère d’une injure grave » 61. Ces
circonstances sont laissées à l’appréciation souveraine du juge.
Il est jugé qu’en s’appuyant sur les témoignages et en appréciant
souverainement les faits de la cause, pour considérer que le fait pour le prévenu
de s’enfermer avec une femme mariée dans une maison non éclairée et à des
heures tardives constitue une faute lourde. Qu’ainsi le juge a bien motivé
l’existence de l’infraction d’adultère62 . Celui qui a des relations sexuelles avec sa
belle-sœur alors qu’il est en séparation de corps avec son épouse, commet
l’adultère. Une femme mariée surprise en pleine conjonction sexuelle avec un
partenaire qui interrompt brusquement l’acte sans qu’il y ait eu éjaculation,
commet l’adultère.
1. La complicité d’adultère
En matière d’adultère, la complicité est punie. C’est l’article 22 du code
pénal ordinaire. Le complice d’adultère est en fait le partenaire du mari ou le
complice de la femme. Celui qui participe à l’infraction d’adultère (le complice)
est puni conformément à l’article 22 du code pénal. Cette complicité63 exige :
1° que l’adultère soit établi à charge de la personne légalement et actuellement
mariée ;
2° l’intention coupable du complice. Le complice64 ne sera pas sanctionné s’il
prouve qu’il ignorait que son partenaire était marié.
Les exemples de complicité d’adultère existent. Céder une chambre aux
deux partenaires, mettre les deux partenaires en contact en vue de consommer
des relations sexuelles (faire le « Mukala » dit-on en langue lingala).
2. La tentative d’adultère

61
Article 467, 2 du code de la famille.
62 er
C.S.J., R.P. 234,1 décembre 1981, inédit.
63
Pour la réparation du préjudice causé à un époux par l’adultère de la femme, le tiers
adultère est condamné aux dommages-intérêts fixés en monnaie nationale, tandis que la
prévenue est condamnée à la réparation par les objets à désigner par la coutume des deux
conjoints (CSJ., 2 novembre 1995, RPA 196, R.A.J.Z, 1996,p.25°).
64
La répression de la participation criminelle est prévue à l’article 23 du code pénal. Les
sanctions varient selon qu’il s’agit des co-auteurs ou des complices. Les co-auteurs sont
des auteurs. Ils encourent les mêmes peines. Les complices sont passibles d’une peine qui
ne dépassera pas la moitié de la peine qu’ils auraient encourue s’ils avaient été eux-mêmes
auteurs. (Article 23 alinéa 3 du code pénal). Lorsque la loi prévoit la peine de mort ou la
servitude à perpétuité pour les auteurs, les complices encourent la servitude pénale de dix à
quinze ans (article 23 alinéa 4 du code pénale).
Catalogue des infractions 51

La tentative d’adultère est difficile à établir. Le fait pour un mari de


chercher à avoir des relations infractionnelles avec sa belle-sœur, et le fait
d’une femme de donner rendez-vous à un individu et de l’avoir reçu
secrètement chez elle,ou se rendre auprès de lui ne constituent point
l’infraction d’adultère. Le fait d’être surpris avant la consommation des
rapports sexuels ne constitue pas non plus l’adultère. Certes, ces tentatives non
punissables peuvent présumer l’existence de l’infraction d’adultère, de même
que les actes licencieux, les familiarités ou les attitudes impudiques ou
immorales, mais la jurisprudence devrait encore faire du chemin.
3. La preuve en matière d’adultèr
La preuve de l’infraction d’adultère peut être rapportée par un
ensemble de présomptions telles que : une lettre d’amour, des explications
fausses sur l’emploi du temps etc. Il a été jugé qu’a défaut d’un constat de
flagrant délit d’adultère, de correspondances saisies, de procès-verbaux
d’audition de témoins oculaires et compte tenu de ce que , de par sa nature
même, l’adultère est une des infractions sécrètes ne laissant pas de traces, la
complicité d’adultère peut être établie par des moyens de preuve habituels,
dont notamment les présomptions précises, graves et concordantes tirées des
faits révélés par des enquêtes, les constats et les témoignages constants et
spontanés, même recueillis à l’instruction préparatoire.65 Par exemple, sont
retenues dans les liens de l’adultère deux personnes surprises en flagrance dont
l’une passe aux aveux et l’autre, malgré ses dénégations, a laissé quelques
preuves matérielles sur le lieu du crime . Il en est ainsi des présomptions
sérieuses et concordantes, notamment le fait pour les prévenus de s’être
enfermés dans la maison, la sortie brusque de la dame, prévenue, à l’extérieur
en courant, la fuite de l’homme incriminé après avoir administré un coup de
poing violent à la partie civile(la victime), l’abandon par le prévenu de deux
babouches au domicile de la partie civile , l’aveu du prévenu devant le comité
des sages (comité de Justice et paix) et le paiement partiel de la « pénalité » lui
infligée par celui-ci et l’aveu de la prévenue66.

II. Poursuites

Le législateur a laissé l’opportunité des poursuites à la victime.


L’infraction d’adultère ne pourra être poursuivie que par le seul époux offensé,
sur plainte. A la police, au parquet ou au tribunal, l’époux atteint dans ses
sentiments d’affection ou d’amour-propre et qui a dénoncé les faits, porté
plainte ou agi par citation directe, peut pardonner à son conjoint. Il peut mettre

65
CSJ., RPA 196, 21 novembre 1995, tiré de Ruffin LUKOO MUSUBAO . , La Jurisprudence
Congolaise en Droit Pénal, volume I, Editions ON S’EN SORTIRA, Kin 2006, p. 15.
66 er
Tribunal de grande instance de Bukavu, RP 7861, 1 juin 1993, ministère public et partie
civile Djuma Muderhwa contre les prévenus Kafarhire Nicolas et Madame M’Bisharhula,
inédit.
52
Catalogue des infractions

fin aux poursuites. Ce désistement n’est plus recevable une fois que le
jugement est devenu définitif. La plainte comme la dénonciation d’une
personne autre que les conjoints ne sont pas recevables.

a)Quel texte légal réprime la violation de la foi conjugale par les


personnes mariées ?
Le Décret du 25 juin 1948 a été abrogé. La loi désormais en vigueur est la loi
n°87/010 du 1er août 1987 portant code de la famille, spécialement ses articles
467, 468, 470 et 472.

b) Quelles sanctions subiront les auteurs et complices ?


La peine est de six mois à un an de servitude pénale et d’amende,ou
d’une de ces peines seulement à l’endroit des auteurs de l’adultère (art 467). Le
mari qui intervient dans le circuit de l’adultère de sa femme sera passible de six
mois de servitude pénale principale au maximum et d’une amende (art 470).
Toute personne qui soustrait une femme mariée aux devoirs conjugaux
sera punie des peines prévues pour l’adultère (art 472). Le complice est puni
des mêmes peines que l’auteur principal.
c) Tribunal compétent
Le tribunal de paix, eu égard à la compétence matérielle lui dévolue, est
l’instance habilitée à connaître de l’infraction d’adultère.
d) La prescription
L’adultère de la femme, étant une infraction instantanée, s’il y a eu
plusieurs faits, chacun d’eux constitue une infraction distincte, et pour chacun
la prescription court dès le jour où il a été commis. Par contre, l’adultère de
l’homme est une infraction d’habitude et la prescription court dès la cessation
de l’entretien. Si l’auteur des rapports sexuels n’a pas été poursuivi par l’époux
offensé depuis la commission de l’infraction dans un délai d’une année, il
bénéficiera de l’extinction de l’action publique. Si le même auteur a été
condamné et que deux années se sont écoulées sans exécuter la peine, cette
dernière ne lui sera plus appliquée.

32. Anthropophagie
I. Définition
L’anthropophagie est le fait de manger, de consommer, de se restaurer,
de se nourrir de la chair humaine ou d’absorber du sang ou de la cervelle
humaine. L’anthropophagie suppose des actes matériels définis par le
législateur et un élément moral. L’anthropophagie est aussi appelée
cannibalisme.

II. Eléments constitutifs


Catalogue des infractions 53

L’anthropophagie suppose un nombre d’éléments constitutifs pour être


caractérisée.
a)L’élément légal.
L’article 62 du code pénal qui réprime l’anthropophagie la définit. Il réprime
quiconque aura provoqué ou préparé des actes d’anthropophagie, y aura
participé ou aura été trouvé en possession de la chair humaine destinée à des
actes d’anthropophagie.
b)Les actes matériels
Un nombre d’actes matériels constitue l’infraction d’anthropophagie. En
effet, l’anthropophagie sous-entend le fait :
- de manger la chair humaine, d’absorber du sang ou de se nourrir de toute
partie des restes humains ;
- de préparer, d’inciter par des propos, des gestes ou des attitudes à des
actes d’anthropophagie ; il a été jugé que doit être puni comme auteur
moral de l’infraction d’anthropophagie le chef indigène qui, par abus
d’autorité, provoque directement ses sujets à dépecer un cadavre humain
et à en manger67 ;
- de coopérer avec celui qui commet un acte d’anthropophagie,de l’aider, de
l’assister ;
- d’être trouvé en possession de la chair humaine destinée à des actes
d’anthropophagie. Il en est ainsi du fait pour le prévenu de remettre à
d’autres des cadavres humains destinés à être mangés, sans prendre part
lui-même au repas.68
c)L’existence de la chair humaine
La chair humaine est toute partie du corps humain. La jurisprudence
interprète très largement cette notion, allant jusqu’à retenir même du sang et de
la cervelle. Ainsi tombe sous le coup de l’article 62 celui qui absorbe du sang et
de la cervelle d’un cadavre humain69 .
d)L’élément moral
La simple connaissance par l’agent qu’il s’agit de la chair humaine suffit à
caractériser l’infraction d’anthropophagie. Le mobile pour lequel l’auteur se
nourrit de la chair humaine est inopérant. Qu’il s’agisse du souci de se
disculper, de nutrition, de croyance religieuse, etc., l’infraction
d’anthropophagie sera dite établie.

67
Boma., 14 Avril 1908, jur. Etat II p. 229.
68
Boma., 03 mars 1903, Jur. Etat I p. 256.
69
Distr. Kivu., 17 janvier 1938, R.J.C.B., p.155.
54
Catalogue des infractions

III. Poursuites

a)Poursuites et tribunal compétent


Le Ministère public poursuit le présumé auteur d’office ou sur dénonciation.
A la police nationale ou judiciaire, l’officier ou l’inspecteur de police judiciaire
peut être saisi par dénonciation ou par lettre plainte70. Il en est de même du
parquet. Le tribunal de paix connaîtra de l’affaire par citation directe ou par
requête de l’officier du Ministère public.
b)Sanctions prévues par le législateur
L’article 62 du code pénal livre II, sanctionne de six mois à trois ans de
servitude pénale principale, et d’une amende ou d’une de ces peines seulement
les auteurs d’actes d’anthropophagie. Si l’anthropophagie est consécutive à un
meurtre ou à un assassinat, l’auteur sera poursuivi pour deux infractions. Seule
la peine la plus forte sera prononcée, car il s’agira du concours idéal71 .

c)Prescription de l’action publique


Si, dans les trois années après le dernier acte d’anthropophagie, l’auteur
n’a pas été poursuivi, l’action publique y relative sera prescrite.
La prescription peut néanmoins être interrompue72. Par contre, si dans les deux
années qui suivent la condamnation pour anthropophagie, le condamné s’est
soustrait à l’exécution de sa peine, celle-ci ne lui sera plus appliquée.

70
Comme nous l’avons indiqué, rechercher les infractions, les constater, en rassembler les
preuves, en identifier les auteurs et appréhender ceux-ci, constitue l’un des rôles essentiels
de la police.
71
Il y a concours idéal d’infractions justifiant la condamnation du prévenu à une seule peine,
lorsque les infractions retenues à la charge du prévenu sont les produits d’une même
entreprise criminelle ou sont liées par l’unité d’intention criminelle (C.S.J. , R.P.A 112, 20
novembre 1985, inédit). Par contre, sont en concours matériel les infractions non reliées par
une seule intention persistante pour constituer une infraction collective (C.S.J. , R.P.A. 26 ,
4/5/1974, Bull. 1975, p. 74, texte, p.96, in fine) ,ou celles qui ne sont reliées par aucune
unité d’intention (C.S.J. , R.P.A. 23/C.R. , 26 janvier 1981, inédit).
72
Actes interruptifs de la prescription. Les actes d’instruction et de poursuite interrompent la
prescription, le point de départ du délai étant le dernier acte d’instruction ou de poursuite
(art. 26 du code pénal). Cependant, les actes interruptifs ne peuvent jouer indéfiniment. La
loi a prévu des limites.
Les actes réguliers d’instruction préparatoires accomplis par le magistrat instructeur,
l’officier de police judiciaire tendant à rechercher les éléments de l’infraction, sont des actes
interruptifs. Il en est de même d’un jugement avant dire droit, d’un jugement sur le fond
même non coulé en force de chose jugée, d’un dépôt du rapport d’expertise, et d’une
citation devant le tribunal par le Ministère public.
D’après le dernier état de la jurisprudence , les simples procès-verbaux et rapports de l’OPJ
dressés dans une enquête, les jugements ordonnant les mesures d’instructions, même les
simples remises de causes mentionnées dans les notes d’audience, sont également
interruptifs de la prescription.
Catalogue des infractions 55

33. Arrangement avec le pouvoir ennemi


L’incrimination d’arrangement avec le pouvoir ennemi consiste pour tout
militaire ou un assimilé qui, tombé au pouvoir de l’ennemi, s’est engagé
personnellement à obtenir sa liberté sous condition, à ne plus porter les armes
contre l’ennemi. Cette infraction est prévue et sanctionnée, par l’article 142 du
code pénal militaire, de dix à vingt ans de servitude pénale. Pour réprimer ce
comportement infractionnel, les conditions préalables et des éléments
constitutifs indispensables doivent être réunis.
Les conditions préalables sont double, à savoir : l’existence d’un état de guerre
et la capture antérieure de l’agent par les forces ennemies.
I.Eléments constitutifs
Pour déteminer les éléments constitutifs de l’infraction d’arrangement
avec le pouvoir ennemi, il faut caractériser dans le chef de l’auteur une qualité,
l’acte incriminé et l’élement moral.
a)La qualité de l’auteur de l’infraction
L’auteur de l’arrangement coupable avec le pouvoir ennemi ne peut être
qu’un citoyen volontairement engagé sous le drapeau à défendre la nation,
même au prix de son sang. C’est le militaire ou l’assimilé.
b)L’acte incriminé
L’acte incriminé est le pacte clandestin de paix signé avec le pouvoir ennemi
aux dépens de la patrie par un combattant des forces régulières.
c)L’élément moral
L’élément moral s’entend comme la perpétration libre de l’acte et la
connaissance de son caractère attentatoire aux intérêts fondamentaux de la
nation. Il y a, dans l’infraction d’arrangement avec l’ennemi, une trahison
délibérée du serment de défendre sa patrie jusqu’au prix de son sang.

II. Sanctions applicables

Le coupable de l’arrangement coupable avec le pouvoir ennemi, parce


qu’il a démissionné devant ses responsabilités et affaibli, de ce fait, les effectifs
des forces régulières engagées dans la défense de la nation, encourt des
pénalités. Ces dernières sont d’une peine de servitude pénale principale dont le
taux varie entre dix et vingt ans.

Mais ne sont pas des actes interruptifs : la simple invitation à comparaître devant le tribunal,
l’appel du prévenu, l’acte d’opposition du prévenu, la plainte de la partie civile, sauf
lorsqu’elle est un préalable à toute poursuite.
56
Catalogue des infractions

34. Arrestation arbitraire et détention illégale

Le fait d’enlever ou de faire enlever, d’arrêter ou de faire arrêter


arbitrairement, de détenir ou de faire détenir une personne quelconque à l’aide
de ruses, de violences ou de menaces, constitue l’infraction d’arrestation
arbitraire et détention illégale. L’arrestation arbitraire suppose, dans le chef de
son auteur, l’intention de porter atteinte à la liberté individuelle ainsi que la
conscience effective de l’illégalité de l’acte posé73 .

I. Eléments constitutifs

a) L’élément légal
L’article 67 du code pénal Livre II est le texte légal qui incrimine
l’arrestation arbitraire et la détention illégale.
b) L’’élément matériel
L’élément matériel consiste en l’enlèvement, en l’arrestation arbitraire
ou en la détention illégale74, c’est-à-dire :
- le fait, sans consentement, d’entraîner, de détourner, d’amener, de
déplacer une personne de l’endroit où elle se trouvait ;
- de se saisir d’une personne, de l’appréhender au corps, de l’empêcher de
continuer sa route, de la priver physiquement de sa faculté d’aller et de
venir à son gré ;
- le fait de garder, de détenir en sa possession, de retenir une personne
pendant une durée plus au moins longue ou de l’incarcérer ;
- le fait de séquestrer . La séquestration est la détention avec surveillance
serrée d’un individu dans un endroit quelconque ;
- quel que soit le lieu (maison privée, cachot, hôtel, magasin, etc.).
Pour se réaliser, l’arrestation arbitraire doit être opérée par :
- tout moyen de coercition qui met un obstacle matériel à la liberté d’aller et
de venir (violences) ; l’infraction d’arrestation arbitraire existe dès qu’il y a
coercition. Celle-ci équivaut à la violence prévue à l’article 67 du code pénal
livre II75 ;
- l’usage de manœuvres qui paralysent la volonté de la victime et la mettent
dans l’impossibilité morale d’user de sa volonté (ruses) ;

73
C.S.J., R.P.A. 112, 20 novembre 1985, inédit.
74
Il a été jugé par le tribunal de paix de Kananga que le fait d’appréhender quelqu’un au
corps, de l’empêcher de se mouvoir et de l’enfermer dans une maison, est constitutif de
détention illégale(RP 683/CD, 22 décembre 2004, ministère public et partie civile Kabongo
Mushiya contre les prévenus Ngalamulume Mayeli et Mbuyi, inédit.
75
C.S.J., R.P.A 18, 28 mars 1973, B.A. 1974, p.81.
Catalogue des infractions 57

- l’annonce d’un mal qui va s’abattre sur la victime si elle se déplace de


l’endroit qu’on lui assigne (menaces).
Il importe de relever que la pratique dite de « prise d’otage » qui consiste en
l’arrestation ou en la garde à vue des membres de la famille du suspect au
moment de l’exécution d’un mandat d’amener en vue de s’assurer de sa
comparution s’il n’est pas trouvé sur les lieux, est interdite. Cette pratique
constitue une arrestation arbitraire, car seul l’auteur d’un acte qualifié de délit
peut être puni pour cet acte76 .

c)Les éléments intellectuels ou moraux


Les actes d’arrestation, d’enlèvement ou de détention doivent être
pratiqués illégalement, intentionnellement et arbitrairement, c’est-à-dire sans
ordre de la loi et sans commandement de l’autorité légitime. Ces actes sont
posés par l’auteur de sa propre volonté, pour son bon plaisir et par son propre
caprice. Le tribunal a acquitté un prévenu du fait que la victime, en soutenant la
privation de son droit d’aller et venir à plusieurs reprises n’en a pas démontré
l’illégalité77. Cependant commet l’infraction d’arrestation arbitraire un vice
gouverneur qui, dans le cadre d’une enquête administrative, confie un agent à la
garde de la gendarmerie, étant donné qu’en sa qualité de haut fonctionnaire, il
devrait savoir que, dans ce cas, la loi ne lui permet pas de procéder ni à
l’arrestation ni à la détention de l’agent incriminé, même pour une durée
limitée78 . Il a été décidé qu’est arbitraire et faite en violation de l’article 67 du
code pénal livre II, l’arrestation d’un prévenu opérée par l’officier du Ministère
public en instruction d’un litige à caractère civil79 . Par contre, ne tombent pas
sous le coup de l’article 67, une arrestation et une détention qui sont ordonnées
ou seulement permises par la loi, telles celles qui, pour des raisons de nécessités
d’instructions judiciaires, sont opérées par un magistrat du parquet ou un opj80 .

d. Circonstances aggravantes
L’arrestation arbitraire est aggravée quand la mort s’ensuit, causée par
les tortures que la victime a subies. Toutefois, les tortures constituent en elles-
mêmes des circonstances aggravantes, même si elles n’ont pas entraîné la mort.
e. Cas jurisprudentiels et exemples

76
NZANGI BATUTU (M). , « L’action policière et les droits de l’homme en R.D Congo »,
Collection Droit, Politique, sociologie, CDPS ASBL, Kinshasa 2003.
77
Tribunal de grande instance d’Uvira, siège secondaire de Muenga/Shabunda, RP 459, 23
novembre 2004, ministère public et partie civile contre le prevenu Mukupi Mukina, inédit.
78
C.S.J., RPA. 112, 2O novembre 1985 B.A, Années 1985 à 1989 édition 2002 p.85.
79
C.S.J., RPA 106/107/108/109/110, 22 novembre1985, B.A. édition 2002, p. 98.
80
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 83 84, 23 juin 1989, Ministère public et partie
civile Biregeyi kakwemo contre le prévenu Dunia Matandi, inédit.
58
Catalogue des infractions

Il est de jurisprudence que le simple dépôt de la plainte par le prévenu,


même si par la suite il a fourni aux agents de l’ordre un moyen de déplacement,
ne saurait suffire pour établir l’élément moral dans son chef. Aussi , le simple
dépôt d’une plainte ne constitue pas un acte de complicité ou de corréité dans
l’arrestation ultérieure par les agents de l’ordre, en vertu de leurs pouvoirs
propres81 . Sont exemples d’arrestations arbitraires et détentions illégales, le cas
d’un magistrat qui maintient en détention une personne acquittée par un
tribunal, le fait d’enlever un enfant et d’enfermer, sans motifs valables, une
personne donnée dans une chambre.

II. Poursuites

La victime de l’infraction d’arrestation arbitraire et détention illégale


ainsi que le ministère public enclenchent les poursuites.

a)Quelles pénalités le législateur a-t-il prévues ?


1. L’arrestation arbitraire ou détention simple est punie d’une année à cinq ans
de servitude pénale ;
2. L’arrestation arbitraire ou détention avec tortures est punie de cinq à vingt
ans de servitude pénale ;
3. Si les tortures ont entraîné la mort, sera infligée la servitude pénale à
perpétuité ou la peine de mort.

L’infraction d’arrestation et détention illégale n’est pas punie d’amende.


L’amende n’a pas été prévue par le législateur. Il n’y a donc pas lieu à transiger
avec le prévenu. L’officier de police judiciaire, parce qu’il n’y a pas lieu de
transiger, devra transmettre ses procès-verbaux au parquet. L’officier du
Ministère public ne pourra, pour sa part , clôturer le dossier par amende
transactionnelle. Le code pénal militaire, en son article 193 (527 à 529 du
C.J.M), punit quiconque aura arrêté, détenu ou séquestré des personnes durant
les hostilités, sans ordre des autorités constituées et hors les cas où la loi
ordonne de saisir des prévenus. La sanction, en ce cas, sera de quinze à vingt
ans de servitude pénale.

b) Quel tribunal est compétent pour connaître de ces faits ?


L’arrestation arbitraire ou détention simple est de la compétence du
tribunal de paix. Pour les autres cas (tortures), il s’agit du tribunal de grande
instance.

81
C.S.J., R.P. 15, 10 avril 1976 B.A. 1977p.89 ; C.S.J., R.P. 144,10 avril 1976. B.A. 1977,
p.93.
Catalogue des infractions 59

c). Qu’en est-il de la prescription ?


Le délai de prescription de l’action publique est de trois ans pour
l’arrestation arbitraire ou détention simple. Le même délai est de dix ans pour
les autres cas(arrestation arbitraire aggravée, séquestration durant les hostilités
etc.).

35. Arrestation d’un enfant


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n°467-7.

36. Assassinat
L’assassinat est le meurtre commis avec préméditation82. La préméditation
peut être définie comme étant « le dessein formé avant l’action ». La
préméditation doit être définie dans son sens étymologique83 . La préméditation
suppose une « méditation préalable », une décision mûrie, prise après une
réflexion valable. L’intention homicide doit précéder l’action. La préméditation
se manifeste, entre autres manières, quand l’assassin monte un scénario pour
amener la victime dans ses filets. Il tend un guet-apens à sa victime. Il prépare
son crime, organise et prend un temps pour réfléchir sur la façon dont il va
l’exécuter.
Il a été jugé que l’infraction d’assassinat est un meurtre prémédité dont la
commission requiert la réalisation de tous les éléments constitutifs de
l’infraction de meurtre auxquels s’ajoute l’élément préméditation et/ ou le guet-
apens84 .

I. Eléments constitutifs

a)L’élément matériel
L’élément matériel est constitué d’un acte (à l’opposé de l’abstention, de
l’omission ou de l’inaction) ou d’un coup porté avec la main, l’arme, les pieds
ou autre instrument qui entraîne la mort d’une personne humaine ou
susceptible de la provoquer. Bien entendu, il faut relever que l’assassinat
suppose que la victime soit une personne humaine, née et vivante ainsi que
l’acte positif et matériel porté produise comme résultat la mort de cette
personne85. Il ne suffit pas de poser un acte matériel et positif pour que

82
Claudia Ghica-Lemarchand, Frederic-Jerôme Pansier. , Droit pénal spécial, Vuibert, Août
2007, p.41.
83
GARCON E., Code pénal annoté, 2eme édition, articles 296 à 298.
84
Tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe , R.P 19.063, Ministère public et Fwelo
Mahasa Joseph contre les cités Magloire Kabemba Okandja et consorts, 18 mars 2010,
inédit.
85
Haute cour militaire, RP 001/2004, MP c/ Col Alamba et consorts, 5 octobre 2004, inédit.
60
Catalogue des infractions

l’assassinat soit établi, il faut en outre que l’acte soit librement voulu et
prémédité.
b)L’élément moral
L’élément moral suppose une conscience délibérée (mûrement réfléchie,
non subite et momentanée) avec comme résultat escompté de donner la mort à
la personne d’autrui (animus necandi). Le coupable a conçu le dessein de tuer
sa victime un certain temps avant l’action. Toutefois, il a été jugé que la
résolution de tuer qui, tout en étant conditionnelle, est néanmoins le résultat
d’une volonté non subite, momentanée mais antérieure et sûrement réfléchie,
constitue un des éléments de qualification d’assassinat86. A contrario, les juges
ont décidé qu’il n’y a pas d’assassinat lorsque, entre le moment du dessein
homicide conçu dans l’empire d’un vif ressentiment et celui de sa réalisation, le
prévenu n’a pas retrouvé son calme87.

Il s’agit donc d’un acte positif et matériel de nature à donner la mort


après préméditation. La préméditation, dans l’assassinat, exige que le dessein
homicide soit pris avec calme et après mûre réflexion, et non sous l’impulsion
de la colère sans dessein réfléchi d’homicide88. Le guet-apens est une
manifestation de la préméditation. Faute pour le Ministère public de prouver
l’élément de préméditation dans le chef du prévenu, la mort que celui-ci aurait
volontairement donnée à un individu reste un simple meurtre89.
La jurisprudence reconnaît que la préméditation requise pour
l’existence de l’infraction d’assassinat est établie par le fait de tenir une
réunion90 , par une succession d’actes préparés au moins vingt quatre heures à
l’avance, à savoir le fait d’avoir déjà attiré la victime sur les lieux du crime,
porteur d’un revolver chargé, mais d’avoir reculé d’agir à ce moment pour
divers motifs91 . Néanmoins, le temps de réflexion varie d’un individu à l’autre
et selon les circonstances ; ce laps de temps est un trait de temps variable dans
chaque cas, mais assez long pour permettre à l’auteur de mieux réfléchir et de
se rétracter le cas échéant92.
Un assassin qui avoue avoir tué sa victime après avoir conçu son projet
un mois auparavant, a acheté l’arme du crime, s’est entraîné et a pris les
dispositions avant le crime de prendre fuite aussitôt l’acte accompli, caractérise
dans son chef les éléments constitutifs de l’assassinat.

86 ère
1 instance Kin, 19 février 1965, RJC. 1969,n°1 p.89 avec note.
87
Kin, 19 janvier 1967, RJC 1967, n° 2,P. 130.
88
Cour d’appel de Lubumbashi, 14 novembre 1968, B.P. c/V.J., in R.J.C. 1968, p.268.
89 er
Kinshasa, 1 juin 1967, RJC, 44eme année, janvier-mars 1968, n°1, p. 69.
90 er
Tribunal de grande instance du Nord-Kivu à Goma, RP18.693 RMP 3016/BLK, 1 avril
2008, inédit.
91
C.S.J., R.P 2,10 janvier 1972. B.A 1973, p.88, R.J.Z 1972, p.135.
92
HCM RP 001/2004 du 5 octobre 2004, MP c/ Col ALamba et consorts, inédit.
Catalogue des infractions 61

II. Régime répressif

a) Texte légal
L’assassinat est défini et réprimé à l’article 45 du code pénal, tel que
modifié et renforcé par l’ordonnance-loi n°68/193 du 03/05/1968.
L’assassinat est réprimé de la peine de mort93. L’assassinat comme le meurtre
sont par priorité poursuivis et jugés dans un délai d’un mois maximum (art.6 de
l’ordonnance-loi).
L’assassinat est une infraction relevant de la compétence du tribunal de
grande instance.

b) Circonstances atténuantes
Le fait qu’un meurtre a été prémédité n’empêche pas d’accorder au
condamné le bénéfice des circonstances atténuantes94. Peut constituer une
circonstance atténuante en faveur du prévenu, l’attitude de la victime qui,
fautive au regard de la coutume, peut avoir effectivement été ressentie par le
prévenu,vieillard de mentalité primitive, vivant sous l’influence complète de la
coutume95.Le désir de venger le meurtre de son frère a également, déjà été
retenu comme circonstance atténuante d’un meurtre ou d’un assassinat96.
c) Disqualification des faits
La constitution, en son article 19, dispose que nul ne peut être ni
soustrait ni distrait contre son gré du juge que la loi lui assigne, mais le juge
peut disqualifier les faits97 et statuer sur une infraction qui n’est pas
matériellement de sa compétence98.

93
A l'état actuel de la législation en vigueur en République Démocratique du Congo, le
législateur congolais n'a pas encore abolie la peine de mort en dépit des pressions
immenses exercées sur le Gouvernement. Sans nullement être abolitionniste, j’estime que
le maintien de la peine capitale dans l'arsenal répressif congolais n'est pas sans poser
quelques problèmes. La République Démocratique du Congo a signé un moratoire sur les
exécutions de la peine capitale, ce qui entraîne comme conséquence qu'à l'heure actuelle,
les condamnations à cette peine continuent d'être prononcées par les juridictions
congolaises sans qu'elles ne soient effectivement exécutées. Les condamnés à mort sont
ainsi indéfiniment maintenus dans une situation d'insécurité juridique, doublée d'un stress
intolérable, car ils ignorent leur sort définitif.
94
1ère instance App. Cost, 27 novembre 1938, Revue Juridique, 1940, p.112. Tribunal de
grande instance du Nord-Kivu à Goma, R.P 18.759, 7 avril 2009, inédit.
95 ère
Trib. 1 inst. Léo., 28 juillet 1961, in R.jud.C.1962, p.83.
96 ère
Trib.1 inst. Stanleyville., 12 novembre 1962 cité par Ruffin LUKOO MUSUBAO. , la
jurisprudence congolaise en droit pénal, Volume I, Editions ON S’EN SORTIRA, Kin
/RDC2006, p.34.
97 ère
Trib. 1 inst. Léo., 28 juillet 1961, in R.jud.C.1962, p.83.
98
En vertu de l’article 103 du Code de l’Organisation et de la Compétence Judiciaires, qui
dispose « si un tribunal saisi d’une infraction de sa compétence constate que les faits
constituent une infraction dont la compétence est attribuée à un tribunal inférieur, il statue
62
Catalogue des infractions

d) Prescription de l’action publique


L’action publique s’éteint après dix ans si les poursuites n’ont pas été
engagées. Quant à la peine de mort, elle est imprescriptible99.

37. Association de malfaiteurs


L’association des malfaiteurs est aussi appelée association formée dans le
but d’attenter aux personnes ou aux propriétés. L’association des malfaiteurs
peut être définie comme une entente entre deux ou plusieurs personnes
destinée à commettre des infractions100. Une association qui a une certaine
permanence dangereuse, qui fait peser une menace durable sur les personnes
ou les biens, bref , sur la société, constitue l’infraction d’association de
malfaiteurs.

I. Eléments constitutifs

L’infraction consiste à participer au groupement visé par la loi. Il est


précisé les caractères que doit revêtir ce groupement et les objectifs qu’il
poursuit.

a) Caractères de l’association de malfaiteurs.


L’association de malfaiteurs est une infraction qui existe par le seul fait
de l’organisation de la bande101. Il s’agit d’un groupe, d’un groupement formé
ou d’une entente établie (deux personnes ou plus), quelle qu’en soit la durée,
même si les autres membres ne sont pas identifiés (Crim., 1984). Mais il faut
une concertation sur un plan précis et des prévenus se connaissant (Crim.,
1999). Bref, il faut une organisation. C’est-à-dire, qu’il doit y avoir une entente
préalable, une cohésion. Le nombre des associés n’est pas déterminé. Il suffit
que le juge de par sa sagesse fasse son appréciation.

b) Objectifs de l’association de malfaiteurs.


Le but poursuivi. La loi vise un groupement ayant pour but la réalisation
d’un ou plusieurs crimes. C’est-à-dire que le but est la commission
d’infractions. Le nombre n’est pas arrêté par la loi. Cette dernière ne dit pas
non plus qu’il doive s’agir d’une infraction spécialement déterminée.

sur l’action publique et éventuellement sur l’action civile et sur les dommages-intérêts à
allouer d’office », un prévenu peut être soustrait de son juge naturel.
99 e
NYABIRUNGU MWENE SONGA. , op. cit . , 2 éd., DES, Kinshasa, 1995, p.321.
100 e
Dictionnaire de droit, 2 Ed., tome I, Librairie Dalloz, Paris, p. 146.
101
Article 156 du code pénal livre II ; Cour d’appel de Kinshasa/Matete, RPA 11634, 31 mai
2010, inédit.
Catalogue des infractions 63

1. La préparation doit être caractérisée par un ou plusieurs faits matériels


(exemple vol de voiture) ;
2. Peu importe que les infractions à commettre soient indéterminées ;
3. L’association de malfaiteurs existe indépendamment de la commission des
infractions projetées, préparées ou commises ;

Pour l’existence de l’infraction d’association de malfaiteurs, il est de


jurisprudence constante qu’il soit nécessaire que les prévenus aient formé une
association dans le but d’attenter aux personnes ou aux propriétés, c’est-à-dire
de commettre une série d’attentats de cette espèce suivant les occasions, qu’elle
ait été formée expressément pour cet objet et ait reçu une organisation102 , qu’il
y ait entre les prévenus une entente même momentanée dans le but d’attenter
aux personnes ou à leurs propriétés, avec ou sans attentat103 . Aux termes des
dispositions de l’article 156 du code pénal livre II, il est requis l’existence d’une
bande dotée d’une certaine organisation, en vue de porter atteinte aux
personnes et aux biens104 .
Les exemples des buts poursuivis sont nombreux : être faux monnayeurs,
faussaires, escrocs etc. Il est à remarquer que cette infraction existe par le seul
fait de l’organisation de bande (art 156 du code pénal ordinaire).

c) L’élément moral
On a vu que l’infraction existe même en l’absence de dessein de la
commission d’une infraction déterminée. Cependant, il faut que l’auteur ait agi
en connaissance de cause, qu’il ait su qu’il entrait dans une bande de
malfaiteurs ou qu’il fournissait(ne serait-ce qu’une seule fois) des instruments
destinés à la commission d’une infraction par une association de malfaiteurs.

d) Etat de la jurisprudence
- Une association doit, en plus, avoir une certaine permanence dangereuse, en
raison de la menace durable qu’elle fait peser sur la société. L’association
n’est pas faite le matin pour disparaitre le soir, il faut une permanence. C’est
la raison pour laquelle le législateur l’a prévue parmi les infractions contre la
sécurité publique105 ;
- Une réunion éphémère d’individus participant à une action isolée ne tombe
pas sous le coup de l’article 156 du code pénal congolais. Pour tomber sous

102
Elis. , 23 décembre 1913, Jur. Col. 1924, p. 187 ; Elis 6 janvier 1914. Jur. Col. p. 256.
103
C.S.J., R.P 319, 01 juillet 1980, Inédit.
104
C. S. J., RP 29/30/31 CR du 16 mai 1990, M.Pc/ Koyagialo, in RDJA 08/98, p. 460.
105
CA Bruxelles 09 septembre 1947, in Revue de Droit pénal et criminologie 1947, p 109 ;
Trib Milit Garn kin/Gombe RP210/2006 du 16 juin 2006, MP C/Kuthino F et consort, inédit.
64
Catalogue des infractions

le coup de la loi, l’association doit être organisée, c'est-à-dire que la loi exige
entre les membres de la bande une entente préalable106 ;
- La loi n’a pas donné la définition du malfaiteur, mais il n’est pas exigé qu’il
soit un repris de justice, c'est-à-dire une personne qui a déjà subi une
condamnation pénale ; à vrai dire, sont malfaiteurs tous ceux qui forment
une association dans le but d’attenter, de commettre des infractions contre
des personnes ou des propriétés107 ;
- L’adhésion à une bande est punissable même si l’individu ne participe pas,
ensuite, à l’activité criminelle. Le mobile évoqué est sans influence pour
l’application de la loi pénale108 ;
- Pour que soit reconnue l’association de malfaiteurs, il est nécessaire que
l’entente soit réalisée en vue de la commission de plusieurs infractions, et
non d’une infraction isolée.Sinon tout fait de complexité en matière de
crime constituerait un cas d’association de malfaiteurs109 ;
-
Le législateur a incriminé ,sous ce nom , l’accomplissement d’actes
préparatoires à la commission d’autres infractions qui, se situant avant
même le commencement d’exécution, ne peuvent constituer une tentative
punissable. La caractéristique essentielle de la préparation à une association
de malfaiteurs réside dans l’existence d’un groupement formé ou d’une
entente établie dans un but bien déterminé. Il ne s’agit pas d’individus réunis
par une simple communauté d’idées ou par le hasard, mais d’individus ayant
formé la résolution d’agir en commun et pris la décision de passer ensemble
à l’action ultérieurement110 ;
-
L’association de malfaiteur n’est pas nécessairement un groupement
fortement structuré, hiérarchisé et composé de nombreuses personnes, ni
constitué pour commettre un nombre important de crimes. Tombe ainsi
sous cette qualification le fait de recruter une personne pour commettre une
agression, de repérer les lieux et de fournir des instructions et des
renseignements à la personne recrutée111 ;
- L’association de malfaiteurs constitue une infraction indépendante du ou
des crimes et délits projetés. Il en résulte qu’une constitution de partie civile
qui n’invoquerait aucun chef de préjudice distinct de celui résultant des

106
Cass. B., 11 décembre 1893 pas v1894 1ère partie ; CA Bruxelles 09 septembre 1947, in
Revue de Droit et criminologie 1947, p.109, Trib Milit Garn Kin/gombe RP 210/2006 du 16
juin 2006 MP C/K, inédit.

107
Trib Milit Garn. Kin /Gombe RP 210/2006 du 16 juin 2006 MP C/K, inédit.
108
Idem.
109
Cass Fr chambre Crim . , 13 janvier Dalloz 1955 p 291 ; Trib Milit Kin /Gombe RP.
210/2006 du 16 juin 2006 MP c/K, inédit.
110
Cass Fr Crim. , 30 avril 1996 Bull n°176 et Rev sc crim 1997.113 obs Delmas Saint
Hilaire.
111
Cass. Fr Crim. , 30 avril 1996, idem.
Catalogue des infractions 65

crimes et délits ensuite tentés ou consommés serait irrecevable112 . Et, si les


infractions préparées sont ensuite mises à exécution, une double poursuite
et une double condamnation pour association de malfaiteurs et pour les
crimes ou délits tentés ou consommés s’avèrent possibles113 .
II. Poursuites

a)Quels sont les textes légaux ?


Les articles 156-158 du code pénal congolais livre II résultant de
l’ordonnance-loi n°68/193 du 03/05/1968 définissent et sanctionnent
l’association formée dans le but d’attenter aux personnes et aux propriétés. La
loi a fait montre d’une grande sévérité, car elle a prévu la peine capitale.
L’association des malfaiteurs sera par priorité poursuivie et jugée dans un délai
d’un mois maximum (article 6).
b)Champ d’application des articles 156 – 158 du Code pénal
Les articles 156-158 s’appliquent aux personnes suivantes :
- les provocateurs, ceux qui ont proposé la formation de l’association ;
- les chefs de bande ;
- ceux qui y auront exercé un commandement quelconque ; les assistants de
chefs ;
- ceux qui auront fourni sciemment et volontairement des armes,des
munitions ou autres instruments de l’infraction ;
- tous les autres individus faisant partie de l’association.
c)Quelle est la juridiction compétente ?
Sans préjudice de la compétence personnelle des juridictions militaires,
l’infraction d’association de malfaiteurs relève de la compétence matérielle du
tribunal de grande instance. Sa prescription est identique à celle relevée pour
l’infraction d’assassinat.

d )Les personnes poursuivies pour association des malfaiteurs.


Les personnes poursuivies pour association de malfaiteurs parce que
passibles de la peine capitale, doivent être assistées de conseil (avocat ou
défenseur judiciaire). L’Ordre des Avocats pourvoit à cette fin dans des
conditions bien précises.
38. Association formée dans le but d’attenter aux
personnes et aux propriétés
Voir association des malfaiteurs, n°37.

112
Cass.Fr. crim., 8 février. 1979, Bull. n° 58 ; Rev.s c. crim. 1980. 151, obs. J. Robert
113
Cass Fr crim . , 22 janvier 1986 Bull n°29 ; 3 juill et 1991 Bull n°288.
66
Catalogue des infractions

39. Atteinte à la liberté de commerce


Depuis l’Etat Indépendant du Congo (l’acte de Berlin), la liberté de
commerce est garantie dans les conditions fixées par la loi. Les entraves au
commerce qui ne découlent pas de la loi constitue une infraction, une atteinte à
la liberté de commerce.
a) Base légale
Deux articles définissent et répriment les pratiques d’atteinte à la liberté
de commerce. Il s’agit des articles 143 et 144 du code pénal, livre II.
b) Faits punis par ces articles 143 et 144 précités
1. Le fait de contraindre, par violences ou menaces, les populations sur les
voies de communication intérieure ou sur les marchés à vendre des
marchandises à des personnes ou à des prix déterminés, en dehors de toute
réglementation ;
2. L’action d’empêcher le commerce ou le trafic commercial par violences,
injures, menaces ou rassemblement, ou encore en imposant des amendes ou
des interdictions illégales. Le mot « violences » comprend les coups, les
blessures, les violences légères, les voies de fait.
Le mot « menaces » signifie aussi des moyens de contrainte morale par la
crainte d’un mal imminent ;
3. Il suffit de causer un préjudice grave aux intérêts commerciaux d’une
personne.
Constitue une atteinte à la liberté du commerce, le fait de s’être livré à des
violences sur la personne d’un concurrent pour l’obliger à quitter une région
afin de l’empêcher de faire du commerce avec les indigènes, et de mettre, par là
même, ceux-ci dans l’impossibilité de trafiquer librement de leurs produits114 .
• Menacer de prison un commerçant au cas où il refuserait de céder sa
marchandise à tel prix ou à tel acheteur , se livrer à des violences sur la
personne d’un concurrent pour l’obliger à quitter une région déterminée
d’activités, sont autant d’exemples pour étayer cette atteinte.
c) Quelles pénalités le législateur prévoit – il ?
Lorsque la contrainte de vendre s’est faite par violences ou menaces, la
peine sera de deux ans de servitude pénale maximum, et l’amende ou l’une de
ces peines seulement (b.1°). Par contre, quand l’action d’empêcher le
commerce l’est par violences, injures, menaces ou rassemblement, ou en
encore imposant des amendes ou des interdictions illégales, la sanction sera de
cinq ans de servitude pénale, et l’amende ou l’une de ces peines seulement
(b.2°).

114
Boma., 29 septembre 1914, Jur. Col. 1925, p. 189.
Catalogue des infractions 67

d) Comment jouent les règles de la prescription ?


L’action publique s’éteint indistinctement pour les deux cas dans un délai
de trois ans. La peine115 , elle, ne sera plus d’application au délai double de la
peine prononcée. Dans tous les cas, ce délai devra être au moins de deux ans.

40. Atteinte à la liberté des cultes et de conscience


Toute personne a droit de manifester sa religion ou ses convictions. Elle
le peut seule, en commun, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement,
les rites, etc. Celui qui l’en empêcherait, en usant des violences, outrages ou
menaces des troubles ou des désordres, porterait ainsi atteinte à la liberté des
cultes ou à leur exercice public ou privé, et à la liberté de conscience.

I. Eléments constitutifs

Pour que l’infraction d’atteinte à la liberté des cultes et de conscience se réalise,


la loi exige qu’il y ait eu, soit des violences ou des menaces,soit des outarges,
des troubles ou des désordres.
a)Les violences
Par violence, il faut entendre tout emploi de force. C’est-à-dire tout moyen
de coercition mettant un obstacle matériel à la liberté des cultes et de
conscience. C’est le cas lorsqu’on érige un barrage à l’entrée d’une église pour
empêcher les fidèles d’y avoir accès.
b)Les menaces
Par menace, il faut entendre l’annonce d’un mal qu’on se propose de faire.
Les menaces constituent à l’égard de la victime une violence morale. C’est le
cas lorsqu’on impose à un élève d’abandonner sa religion sous peine de
l’exclure de l’école.
c)Les outrages
Les outrages sont toute injure ayant une certaine gravité. C’est le cas
lorsqu’une personne parodie les cérémonies ou les manifestations religieuses.

d)Les troubles ou désordres


Les troubles sont des provocations, de l’agitation, des tumultes. Les
désordres sont des confusions créées. A titre d’exemple, le cas de celui qui
trouble les chansons religieuses en y mêlant des vociférations discordantes.

115
Aux termes des articles 27 à 29 du code pénal, les peines se prescrivent en dix ans
révolus pour les peines d’amende de moins de cinq mille Zaïres,quatre ans pour les peines
d’amende de cinq mille Zaïres et plus ; délai double de la peine prononcée pour les peines
de servitude pénale de dix ans ou moins, sans que ce délai ne puisse être inférieur à deux
ans ; vingt ans pour les peines de servitude pénale de plus de dix ans.
68
Catalogue des infractions

Atteinte à la liberté de conscience


L’atteinte à la liberté de conscience est également réprimée. Le cas de
celui qui trouble les cérémonies coutumières qui ont un caractère religieux se
rend coupable d’atteinte à la liberté de conscience. C’est aussi le cas de celui qui
trouble les cérémonies d’un enterrement civil. D’autres exemples116 ne
manquent pas. Celui qui dérange jusqu’à faire interrompre la célébration d’une
messe en injuriant le prêtre, doit être poursuivi en vertu de l’article 179 du code
pénal Livre II car l’injure publique n’est passible que de deux mois au
maximum de servitude pénale. Celui qui, pour porter atteinte à la liberté du
culte dégrade, une église doit être poursuivi en vertu de l’article 110 qui punit la
destruction de construction et qui prévoit un maximum de cinq ans de
servitude pénale.
Un automobiliste qui , pendant la célébration du culte protestant,
arrêterait sa voiture à proximité de la porte d’entrée d’une église et klaxonnerait
sans arrêt, sera punissable sur base de l’article 179 précité.
II. Poursuites

L’article 179 du code pénal Livre II n’est d’application que lorsque les
faits incriminés ne constituent pas une infraction en eux-mêmes ou lorsqu’ils
constituent une infraction punie de peines inférieures à deux ans de servitude
pénale.
a) Texte légal
L’article 179 du code pénal Livre II est le texte légal. Il punit les faits
constitutifs de l’infraction d’atteinte à la liberté des cultes et de conscience de la
peine de servitude pénale principale de huit jours à deux ans, et d’une amende
ou de l’une de ces peines seulement.

b) Le tribunal de paix
Le tribunal de paix est la juridiction compétente pour juger des atteintes
à la liberté des cultes et de conscience. L’action publique de l’infraction
d’atteinte à la liberté des cultes et de conscience se prescrit dans le délai de trois
ans.

116
J. LESUEUR. , op.cit. , p.141.
Catalogue des infractions 69

41. Atteinte à la sûreté de l’Etat


Le législateur sanctionne une série d’actes117 qui mettent en cause la sûreté
de l’Etat, qui mettent en jeu la vie même de l’Etat. Sont ainsi considérées
comme subversives :
1. Les atteintes à la sûreté extérieure de l’Etat. On distingue :
• a) Les actes de trahison. Ils sont punis de la peine de mort ;
• b) Les actes qui mettent en danger la défense du pays sans qu’il y ait
intention de trahir. Ils sont sanctionnés de dix ans de servitude pénale
principale maximum. Si des hostilités en résultent, la sanction peut aller jusqu’à
vingt ans de servitude pénale principale.
2. Les atteintes à la sûreté intérieure de l’Etat. On distingue :
- l’attentat ou complot contre le chef de l’Etat : la punition est de dix à vingt
ans de servitude pénale principale ou la peine de mort ;
- la provocation à la rébellion ; elle est sanctionnée par la servitude pénale à
perpétuité ;
- l’attentat, dans le but de dévastation et de pillage, est puni de dix ans de
servitude pénale principale;
- la participation à des bandes armées. La punition est la peine de mort pour
les organisateurs, et de quinze ans de servitude pénale maximum pour les
participants.

I. Poursuites

Les poursuites contre l’atteinte à la sûreté de l’Etat sont enclenchées


conformément au code pénal tel que modifié par l’ordonnance loi du 16
septembre 1963, et au Code de l’Organisation et de la Compétence Judiciaires.

a) Quels textes prévoient cette infraction ?


Les articles 181 à 187 du code pénal livre II,tel que modifié par
l’ordonnance-loi n°229 du 16 septembre 1963118, sont le siège de matière.

b) Quelles sanctions pourront subir les auteurs ?


L’attentat contre la vie ou la personne du chef de l’Etat est puni de la
peine capitale. Le complot contre la vie ou la personne du chef de l’Etat est
sanctionné de dix à quinze ans de servitude pénale principale, si quelque acte a
été commis pour en préparer l’exécution. Dans les cas contraires, la sanction

117
Une série d’actes infractionnels peut donner lieu à un concours d’infractions. Le concours
d’infractions est réalisé lorsque, dans une situation donnée, l’inculpé doit répondre à la fois
de plusieurs infractions dont aucune n’a encore fait l’objet d’un jugement définitif.
118
J.0. ,1964, p .2 et suivants.
70
Catalogue des infractions

est de cinq à dix ans de servitude pénale principale. En cas de proposition faite
et non agréée, la peine est d’un à cinq ans de servitude pénale principale.
c) Quelle est la juridiction compétente ?
La cour de sûreté de l’Etat était autrefois l’instance compétente, tel qu’il
ressort de l’article 96, alinéa 1er de l’ordonnance-loi n°82-020 du 31 mars 1982,
portant Code de l’Organisation et de la Compétence Judiciaires telle que
modifiée. Cette juridiction a été dissoute.

II. Dissolution de la cour de sûreté de l’Etat.

Etant donné que la cour de sûreté de l’Etat a été dissoute119, les


infractions qui relevaient de sa compétence tombent dans les règles de droit
commun de compétence. En effet, ces incriminations120 ont existé avant la
création de la cour de sûreté de l’Etat. La suppression de cette dernière n’a pas
dépénalisé les faits constitutifs des infractions d’atteintes à la sûreté de l’Etat.
En conséquence, ces dernières retombent dans les règles ordinaires de
compétence, conformément au taux maximum des peines à encourir, sous
réserve des règles particulières.

42. Atteinte au secret de la défense nationale


L’atteinte au secret de la défense nationale constitue un ensemble des faits
prévus par l’article 187 du code pénal livre II121 . Celui-ci dispose que sera puni
de deux à dix ans, tout congolais ou étranger qui, sans intention de trahison ou
d’espionnage :
1. s’assurera , étant sans qualité , la possession d’un renseignement , d’un objet,
d’un document, ou d’un procédé qui doit être tenu secret dans l’intérêt de la
défense nationale, ou dont la connaissance pourrait conduire à la découverte
d’un secret de la défense nationale ;
2. détruira, soustraira, laissera détruire ou soustraire, reproduira ou laissera
reproduire tel renseignement, tel objet, tel document ou tel procédé ;

119
Aux termes de l’article 225 de la constitution du 18 février 2006, il est stipulé que la cour
de sûreté de l’Etat est dissoute dès l’entrée en vigueur de la présente constitution.
120
Lorsque le même fait constitue plusieurs infractions, la peine la plus forte sera seule
prononcée. Il en est ainsi de celui qui tire un coup de feu dans la foule, tue et blesse
plusieurs personnes. Il se rend coupable de plusieurs infractions de meurtre et de blessures
volontaires. C’est le concours idéal d’infractions, il est réglementé par l’article 20 alinéa 1er
du code pénal congolais. On considère qu’en cas de concours idéal, l’infraction est unique
et la peine prononcée est aussi unique car on applique la plus forte.
121
Code pénal congolais. Décret du 30 janvier 1940 tel que modifié jusqu ‘au 31 décembnre
2009 et ses dispositions complémentaires, 2010, p. 50.
Catalogue des infractions 71

3. portera ou laissera porter à la connaissance d’une personne non qualifiée ou


du public tel renseignement, tel objet, tel document ou tel procédé, ou en
aura étendu la divulgation.

43. Atteinte aux droits garantis aux particuliers


Le fait pour un agent de l’Etat de poser un acte qui porte dommage aux
droits et libertés garantis aux particuliers ou d’abuser de ses fonctions (c’est-à-
dire de poser l’acte hors le cas que la loi prévoit et sans respecter les formes
que la loi prescrit) est qualifié d’infraction d’atteinte aux droits garantis aux
particuliers.

I. Eléments constitutifs

La réunion des éléments matériels et de l’élément moral caractérise


l’infraction d’atteinte aux droits garantis aux particuliers.
a)Les éléments matériels
Les éléments matériels de l’infraction d’atteinte aux droits garantis aux
particuliers sont faits de l’acte incriminé, de la qualité de l’auteur et des
circonstances de la commission.
1. L’acte incriminé est un acte portant atteinte aux libertés et aux droits
garantis aux particuliers ;
2. L’acte doit être commis par un fonctionnaire, le concept
« fonctionnaire »étant être pris dans son sens large ;
3. L’acte est commis dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice des fonctions.
L’ élément matériel est constitué de tout acte violant les libertés et droits
garantis par les lois, les décrets, les ordonnances et les arrêtés. L’auteur de l’acte
doit être préposé de l’Etat. C’est-à-dire une autorité administrative ou
territoriale, provinciale ou centrale. Peu importe le grade de l’autorité. Il suffit
que l’acte soit posé dans l’exercice des fonctions et, en outre, que l’autorité
abuse tout simplement de ses fonctions. Bref, il s’agit de tout dépositaire d’une
petite parcelle d’autorité publique qui en userait de manière abusive.
b. L’élément moral
L’agent agit avec conscience qu’il n’a pas droit. Il sait qu’il viole une loi, ou
encore qu’il ne se fonde sur aucune. Il en est ainsi de l’atteinte à l’inviolabilité
du secret des lettres, du déguerpissement d’un locataire sans jugement par un
officier de police judiciaire.
72
Catalogue des infractions

II. Poursuites

Si l’acte, par lui-même, constitue une infraction punie de peines


supérieures122 à celles prévues par l’article 180 (soit quinze jours à un an de
servitude pénale et une amende ou l’une de ces peines), il convient de
poursuivre l’auteur du chef de cette infraction. On poursuit de
l’infraction d’atteinte aux droits garantis aux particuliers:
- si les faits à reprocher au fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions ne
constituent pas une infraction, ou
- si les faits constituent une infraction punissable des peines inférieures à un
an de servitude pénale.
a) Le texte légal est l’article 180 code pénal livre II.
L’article 180 du code pénale érige en infraction spéciale les faits prévus
par cette disposition lorsqu’ils sont commis par un fonctionnaire agissant
illégalement et arbitrairement ; il n’ya pas concours d’infraction, mais infraction
unique à l’article 180 du code pénale livre II, punie éventuellement des peines
plus fortes, telles que celles prévues à l’article 46, alinéa 2 123 .
b) Quelles sont les sanctions susceptibles d’être appliquées ?
Le législateur a prévu quinze jours à un an de servitude pénale
principale et l’amende ou l’une de ces peines seulement. La responsabilité de
l’Etat peut être engagée conjointement avec celle de l’agent. Conséquemment,
l’agent et l’Etat peuvent être condamnés solidairement à réparer le préjudice
causé.
c)Tribunal compétent et prescription de l’action publique
Le tribunal de paix est qualifié pour juger cette infraction. L’action
publique de l’infraction d’atteinte aux droits garantis aux particuliers est
prescriptible dans le délai d’une année.

122
Toutes les peines prévues pour cette infraction sont retenues parce qu’étant les plus
fortes. Par contre lorsqu’un même sujet accomplit plusieurs infractions distinctes, non
réunies par une même intention délictueuse et dont aucune n’a encore fait l’objet d’un
jugement définitif, il y a concours matériel d’infractions. Le concours matériel d’infractions
est prévu par l’article 20, alinéa 2 du code pénal. Il en est ainsi d’un individu qui vole une
vache à Ngakwa le 30 décembre. Le 20 janvier, il tue une personne à Kanyalanga. Les
agents de la police se présentent pour l’arrêter à Bugobe, il frappe l’un avant d’être maîtrisé.
Ce cas constitue un exemple de concours matériel d’infractions de vol, de meurtre et de
coups et blessures. La solution est que le juge qualifiera chaque fait et lui appliquera une
peine et ensuite il additionnera les peines prononcées. C’est ce qu’on appelle le principe du
« cumul des peines ».

123
Elis. , 14 mai 1949, RJCB., p.139, Léo, 1.10.1935, RJCB, 1936, p.19.
Catalogue des infractions 73

44. Attentat à la liberté individuelle


Voir arrestation arbitraire, n°34.

45. Attentat à la pudeur


Par définition, l’attentat à la pudeur est tout acte contraire aux mœurs,
exercé intentionnellement et directement sur une personne, sans consentement
valable de celle-ci. Il est un acte impudique qui blesse la pudeur, un acte
réellement immoral. L’attentat existe dès qu’il y a commencement d’exécution.
Toucher le sexe de quelqu’un, exhiber en public son propre sexe, porter des
habits transparents jusqu’à exposer les parties intimes de son corps sont des
faits à qualifier d’infraction d’attentat à la pudeur.

I. Eléments constitutifs
Deux éléments sont communs à tous les attentats : le fait matériel et
l’intention coupable.
a) Les éléments matériels124
L’existence d’un acte attentatoire aux bonnes mœurs. C’est un acte
impudique, immoral par rapport aux us et coutumes d’un lieu donné, exercé
sur une personne avec ou sans violences, ruses ou menaces. Les mœurs sont
donc « un ensemble des principes, des règles régissant une société à une
époque donnée ». L’attentat suppose nécessairement un acte susceptible de
causer préjudice à une personne humaine dans ce qu’elle peut ressentir comme
pudeur. C’est aussi un acte susceptible de constituer une offense à la moralité
publique au regard de bonnes mœurs d’une région, d’une communauté ou d’un
Etat.
Il a ainsi été jugé que le fait d’exhiber sa nudité et de frotter son pénis
contre les parties intimes de la victime constitue la prévention d’attentat à la
pudeur125. Un fait trop peu grave peut constituer une infraction d’attentat à la
pudeur. Il peut présenter un dégré d’impudicité suffisant pour outrager la
pudeur publique126. C’est l’action physique et immédiate contraire aux mœurs
exercée sur une personne qui constitue l’élément de l’infraction.

124
Les actes constitutifs de cette prévention peuvent être en concours matériel d’infractions
et exiger le cumul des peines. Le cumul des peines de servitude pénale ne peut dépasser le
double du maximum de la peine la plus forte prévue par la loi, ni être supérieure à vingt
ans. Le cumul des peines d’amendes ne peut dépasser le double du maxima de la peine la
plus forte prévue par la loi. En cas de cumul, la servitude pénale subsidiaire ne pourra
dépasser six mois. La peine de mort et la servitude pénale à perpétuité absorbent toute
peine privative de liberté.
125
Tribunal de grande instance de Kinshasa-Kalamu ; jugements R.P 7691, 8 juin 2000 et
R.P. 8325, 6 février 2003, inédit.
126
Elis.,13 avril 1943, RJCB, p. 132, in Piron, P et Devos, J., op.cit. ,p. 385.
74
Catalogue des infractions

b)L’élément moral
L’attentat à la pudeur est une infraction intentionnelle. Il s’agit d’un
acte contraire aux mœurs exercé délibérement, une volonté délibérée de porter
atteinte à la moralité publique. L’agent pose son acte obscène avec la volonté
d’enfreindre les habitudes de la région, d’enfreindre la loi. A ce sujet, il a été
jugé que l’intention coupable de l’attentat à la pudeur se manifeste par la
connaissance du caractère criminel ou immoral de l’acte127.

II. Poursuites

a) Le texte légal en vigueur.


Le législateur définit, incrimine et sanctionne l’infraction d’attentat à la
pudeur. La base légale est constituée d’une part par les articles 167, 168 du
code pénal Livre II tels que complétés et modifiés par la loi n°06 / 0I8 du 20
juillet 2006 modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code
pénal congolais et par l’article 169 du code pénal livre II. Ce dernier article
dispose : « l’attentat existe dès qu’il y a commencement d’exécution »128. Au
regard de ce qui précède, il y a inexistence de la tentative punissable de
l’infraction d’attentat à la pudeur.
Il y a d’autre part, l’autre base légale est l’article 172 de la loi n° 09/001
du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.

b) Les sanctions devant s’appliquer à toutes formes d’attentat.


Les sanctions sont prévues respectivement par les articles 167 et 168
du code pénal livre II, tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20
juillet 2006 d’une part, et d’autre part par l’article 172 de la loi n° 09/001 du 10
janvier 2009 portant protection de l’enfant.
1. le code pénal livre II tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du
20 juillet 2006.
L’attentat à la pudeur commis sans violences , ruses ou menaces sur la
personne ou à l’aide de la personne d’un enfant âgé de moins de dix-huit ans
est puni d’une servitude pénale de six mois à cinq ans(art. 167 alinéa 2).
L’attentat à la pudeur commis avec violences , ruses ou menaces sur des
personnes, peu importe leur sexe, sera puni d’une servitude pénale de six mois
à cinq ans(art. 168 alinéa 1).
L’attentat à la pudeur commis avec violences, ruses ou menaces sur la
personne ou à l’aide de la personne d’un enfant âgé de moins de dix-huit ans
est puni d’une servitude pénale allant de cinq à vingt ans(art. 168 alinéa 2). Si

127
Tribunal militaire de garnison de Bukavu, R.P 178/07, 27 mars 2008, affaire MP contre
Amzo Limaadu, inédit.
128
Voir aussi Elis, 22 février 1916, Jur Col 1926, p.320 et note ; Cass., 11 février 1942, Pas.
1942, I, 40.
Catalogue des infractions 75

l’attentat a été commis sur les victimes à l’aide des personnes âgées de moins
de dix ans, la peine sera de cinq à vingt ans (art. 168 alinéa 3).
L’âge de l’enfant pourra être déterminé par examen médical, à défaut
d’acte d’état civil.
2. La loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.
Il s’agit de l’article172. Cette disposition légale stipule : « L’attentat à la
pudeur sans violences, ruses ou menaces commis sur un enfant, est puni de six
mois à cinq ans de servitude pénale principale. L’attentat à la pudeur avec
violences, ruses, ou menaces commis sur un enfant est puni de cinq à quinze
ans de servitude pénale principale.
Si l’attentat est commis sur un enfant à l’aide d’un ou de plusieurs
autres âgés de moins de dix ans, l’auteur est passible de cinq à vingt ans de
servitude pénale principale. Les peines encourues sont portées de cinq à quinze
ans de servitude pénale principale, et à une amende de quatre cent mille francs
congolais si l’attentat à la pudeur a été commis par des personnes ou dans les
circonstances prévues à l’alinéa 2 de l’article 170 »

c)Tribunal compétent

Lorsque la peine maximale est de vingt ans , l’infraction d’attentat à la pudeur


sera jugée par le tribunal de grande instance. En cas d’une peine maximale de
cinq ans, le tribunal de paix est l’instance compétente. Dans le premier cas, la
prescription de l’action publique est de dix ans.

46. Attentat à la pudeur commis avec violence, ruse


ou menace
L’article 168 alinéa 2 du code pénal congolais livre II, tel que modifié et
complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 sur les violences sexuelles, régit
l’attentat à la pudeur commis avec violence, ruse ou menace. Pour les éléments
constitutifs, il sied de se référer à l’infraction d’attentat à la pudeur. Seulement,
le législateur a conféré des moyens de réalisation de l’incrimination qui sont les
violences, les menaces et les ruses.

47. Attentat à la pudeur commis à l’aide des


personnes
1. Attentat à la pudeur commis à l’aide d’un ou plusieurs enfants.
L’élément caractéristique de l’infraction d’attentat à la pudeur commis à
l’aide d’un ou plusieurs enfants est l’âge de la victime. L’attentat à la pudeur
76
Catalogue des infractions

peut être commis à l’aide d’un enfant129 âgé de moins de dix-huit ans.
L’infraction existe, peu importent son sexe, son consentement et l’effet de
l’acte. C’est le cas de figure de l’article 168 alinéa 2 in fine du code pénal livre II
modifié par la loi n° 06 /018 du 20 juillet 2006 complétant et modifiant le code
pénal congolais.
2. Attentat à la pudeur commis sur les personnes ou à l’aide des
personnes âgées de moins de dix ans.
L’attentat à la pudeur peut être commis à l’aide d’un ou plusieurs
enfants âgés de moins de dix ans. C’est le cas de l’alinéa 2 de l’article 172 de la
loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant. C’est aussi le
cas de l’article 168 alinéa 3 in fine du code pénal livre II modifié par la loi n° 06
/018 du 20 juillet 2006 complétant et modifiant le code pénal congolais. Dans
les deux cas, l’auteur est passible de cinq à vingt ans de servitude.
3. Attentat à la pudeur commis par une catégorie spécifique d’auteurs
L’alinéa 3 de l’article 172 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant
protection de l’enfant, édicte que les peines encourues sont portées de cinq à
quinze ans de servitude pénale principale, et à une amende de quatre cent mille
francs congolais si l’attentat à la pudeur a été commis par des personnes ou
dans des circonstances prévues à l’alinéa 2 de l’article 170. L’alinéa 2 de
l’article170 de la même loi stipule que le minimum de la peine sera doublé si
l’attentat est le fait :
1° des ascendants ou descendants de l’enfant ;
2° des personnes qui ont autorité sur l’enfant ;
3° de ses enseignants ou de ses serviteurs à gage,ou les serviteurs des
personnes indiquées ci-dessus ;
4° des agents publics, des ministres de culte ayant abusé de leur position ;
5° du personnel médical, para médical ou des assistants sociaux, des
tradipraticiens envers les enfants confiés à leurs soins ;
6° des gardiens sur les enfants placés sous leur surveillance.

De même le minimum de la peine est doublé si :


1° l’attentat à la pudeur est commis avec l’aide d’une ou plusieurs personnes
adultes ;
2° l’attentat à la pudeur est commis en public ;
3° l’attentat à la pudeur est commis sur une personne vivant avec handicap ;
4° l’attentat à la pudeur est commis avec usage ou menace d’une arme ;
5° l’infraction a causé à la victime une altération grave de sa santé et ou laissé
des séquelles physiques et ou psychologiques graves.
4. Attentat à la pudeur ayant causé la mort

129
Tout attentat à la pudeur consommé, ou tenté, sans violence sur la personne d’un enfant
de moins de dix-huit ans peut être puni.
Catalogue des infractions 77

Il ressort de l’article 171 du code pénal livre II que l’attentat à la pudeur


peut causer la mort de la « personne sur laquelle il a été commis ». La servitude
pénale à perpétuité ou la mort est la peine à infliger si l’attentat à la pudeur a
provoqué la mort. Le tribunal de grande instance reste compétent. La
prescription de l’action publique demeure décennale.

48. Attentat aux mœurs

L’attentat aux mœurs se définit comme tout acte qui excite, facilite ou
favorise la débauche de la jeunesse. Il est une excitation des mineurs à la
débauche. L’infraction d’attentat aux mœurs sous-entend :
a) l’acte matériel : celui-ci consiste à favoriser la débauche ;
b) l’âge réquis : moins de dix-huit ans est l’âge requis pour la victime; :
c)le but escompté :le but est de satisfaire la passion d’autrui.

a)Texte légal
Les articles 172 ( modifié par l’art 5 du décret du 27 juin 1960) et
l’article 173 et l’article 173 du code pénal livre II constituent le siège de
l’infraction d’attentat aux mœurs. La sanction est de trois mois à cinq ans de
servitude pénale principale et l’amende. Dans ce cas, le tribunal de paix est
compétent. La prescription de l’action publique est de trois ans.

b) Circonstances aggravantes
Lorsque l’infraction d’attentat aux mœurs est commise sur un enfant de
moins de dix ans, l’auteur encourt cinq à dix ans de servitude pénale. Si l’auteur
est père ou mère de l’enfant, il peut en outre être privé de ses droits sur
l’enfant. Le tribunal de grande instance est l’instance compétente. La
prescription de l’action publique en matière d’attentat aux mœurs est de dix
ans.

49. Attentats et complots tendant à porter le


massacre, la dévastation ou le pillage
Dans cet intitulé, se trouvent contenues plusieurs infractions. Il s’agit des
infractions constituées soit des atteintes contre l’autorité et la personnalité de
l’Etat, soit de véritables actes de guerre civile. On distingue, à cet égard, en
remontant de l’exécution de l’acte à la conception intellectuelle :
- l’attentat qui correspond aux actes d’exécution proprement dits ;
- le complot, caractérisé par la résolution concertée et arrêtée entre plusieurs
personnes d’entreprendre l’action ;
78
Catalogue des infractions

- le complot suivi d’un acte préparatoire ;


- la proposition faite et non agréée de former un complot.

a) Les attentats
Les attentats se divisent en cinq types :
1. Détruire ou changer le régime constitutionnel par des voies illégales ;
2. Exciter les citoyens ou habitants à s’armer contre l’autorité de l’Etat. ;
3. Exciter les citoyens ou habitants à s’armer les uns contre les autres ;
4. Porter atteinte à l’intégrité du territoire national ;
5. Porter le massacre ou la dévastation en un même lieu ou en divers lieux
(dans une ou plusieurs zones).

b) Les complots
Les éléments constitutifs du complot sont au nombre de quatre.
1. La résolution d’agir : une volonté précise et bien arrêtée ;
2. Cette résolution doit être concertée entre deux ou plusieurs personnes ;
3. Elle (résolution) doit également être arrêtée entre les conjurés, d’où la
nécessité d’un accord entre eux sur le but et les moyens d’exécution du
complot. ;
4. Le complot doit avoir un but particulier : celui de commettre un attentat..
En période de guerre civile ou de troubles graves, ce sont des attentats qui ont
pour but de provoquer :
- le massacre, c’est-à-dire un ensemble de meurtres accomplis par des bandes
d’émeutiers ;
- la dévastation, c’est-à-dire une série de destructions, dégradations, incendies,
etc. exécutés avec violences ;
- le pillage, c’est-à-dire des vols collectifs se produisant au moment des
émeutes.

c) Quels textes définissent et prévoient ces infractions?


Les articles 200 et 201 du code pénal livre II sont les textes qui définissent
et prévoient les infractions d’attentats et complots tendant à porter le massacre,
la dévastation ou le pillage. L’article 200 réprime de la peine capitale les auteurs
de l’incrimination d’attentat tendant à porter le massacre, la dévastation ou le
pillage. Par contre, l’article 201 alinéa 1er sanctionne d’une servitude pénale de
quinze à vingt ans le complot tendant à porter le massacre, la dévastation ou le
pillage, si quelque acte a été commis ou commencé pour en préparer
l’exécution. La servitude pénale est de dix à quinze ans, dans le cas contraire.
La proposition faite et non agréée de former un complot pour arriver au
massacre, à la dévastation ou au pillage est prévue et punie par l’article 201
alinéa 2. Elle est punie d’une servitude pénale de cinq à dix ans (art.201).
Catalogue des infractions 79

50. Avortement
L’avortement volontaire est interdit. « Malheur à qui profane la beauté
innocente de la vie humaine ; malheur à qui en méconnait le droit essentiel,
celui d’exister, ou l’annéantit dès son origine130 ». La loi punit celui qui a fait
avorter une femme. La loi punit aussi la femme qui, volontairement, s’est fait
avorter. Avorter, c’est user des pratiques mécaniques ou chimiques pour
interrompre artificiellement une grossesse, en provoquant l’expulsion du fœtus
avant terme, non dans le but de sauver la vie de la mère porteuse ou d’épargner
à l’enfant à naître tout inconfort moral ou physique.
Le législateur distingue l’avortement par autrui (art 165) de l’avortement
sur soi-même (art 166). Le premier (avortement par autrui) est le fait de
quiconque, par divers moyens, fait avorter une femme, que celle-ci y consente
ou non. Le second (avortement sur soi-même) est celui que la femme se
procure elle –même. Le médecin, l’infirmier ou toute autre personne peut
provoquer l’avortement d’une femme enceinte. Ils le peuvent par ruse,
violence, curetage, administration des produits pharmaceutiques abortifs ou
indigènes, ou en usant de tout autre procédé. Ils sont, dès lors, qualifiés de
coauteurs de l’avortement. Dans ce cas, ils seront punis sur base des articles 21
du code pénal livre I, et 165 du code pénal livre II.

I. Eléments constitutifs

Pour être consacrée, l’infraction d’avortement requiert la réunion d’un


ensemble d’éléments matériel et l’élément moral.
a)Les éléments matériels
1.L’expulsion prématurée.
Il s’agit de l’expulsion avant terme du fœtus, quel que soit le stade du
développement du fœtus, et indépendamment de sa viabilité.
2.L’expulsion provoquée d’une manière artificielle.
L’article 165 du code pénal congolais énumère les aliments, les breuvages,
les médicaments, les violences ou tout autre moyen comme manières artificielle
d’expulser le foetus. Généralement, les moyens de provoquer l’avortement
peuvent être chimiques ou mécaniques. Par les moyens chimiques,on reconnait
l’usage de la quinine, de l’eau de vie allemande, de l’antimoine, etc.
Par les moyens mécaniques, on distingue la sonde, l’injection d’eau
savonneuse de permanganate, le crayon introduit dans l’uterus pour provoquer
la contraction et l’expulsion, les exercices physiques divers suivis d’hémorragie
et de curetage etc.

130
Pape paul VI, in Journal le Monde, 24 décembre 1974, p.10, cité par LIKULIA., op. cit., p.
307.
80
Catalogue des infractions

Bref, l’expulsion du fœtus est faite à l’aide des aliments, des breuvages,des
médicaments, des violences ou par tout autre moyen131 .
b) L’élément moral
L’auteur doit avoir eu l’intention de provoquer l’avortement. Une femme
grosse qui absorbe des substances abortives, (…) lorsqu’elle a délibérément
recherché l’expulsion du fœtus qu’elle portait, administre par ce fait la preuve
de l’élément moral. Le consentement de la femme est inopérant, car il s’agit
moins de disposer de son propre corps, mais de disposer de la vie d’un être
humain qui, bien que n’étant pas encore fonctionnellement autonome par
rapport à elle, est déjà « ontologiquement » différent d’elle.
En effet, l’avortement résultant des coups volontaires portés, non dans
le but de faire avorter, mais dans l’intention d’attenter à la personne d’autrui
relève des articles 46 à 48 du code pénal. Aussi, l’avortement pratiqué par un
médecin dans le but de sauver la vie de la mère, faute d’intention délictueuse,
n’est pas punissable. C’est un avortement thérapeutique.
c)Cas jurisprudentiels
Il est de jurisprudence qu’au sens de l’article 165 du code pénal livre II,
l’avortement doit être considéré comme un accouchement avant terme
provoqué volontairement ou procuré par un procédé quelconque, notamment
par la violence ou par l’administration d’aliments, de breuvages et de
médicaments132 .
Lorsque l’élément matériel fait défaut dans le chef du prévenu, il
devient superfétatoire pour le juge d’examiner d’autres éléments et, partant,
l’infraction d’avortement criminel sera non établie133 .

II. Régime répressif

L’avortement sur soi même, l’avortement par autrui ainsi que le


complice d’un avortement sur soi même ou par autrui, ne sont pas punis des
mêmes peines. La femme qui se sera fait avorter volontairement encourt cinq à
dix ans de servitude pénale (art. 166 du cpL II). Le médecin, la sage-femme, le
pharmacien, l’infirmier ou toute autre personne qui par des aliments, des
breuvages, des médicaments, des violences ou autres moyens, aura fait avorter
une femme, sera puni de cinq à quinze ans de servitude pénale (art. 165 du cpl
II).

131
Au sens de l’article 165 du code pénal congolais livre II, l’avortement doit être considéré
comme un accouchement avant terme volontairement provoqué ou procuré par un procédé
quelconque, notamment par la violence ou par l’administration d’éléments, de breuvages et
de médicaments.
132
C.S.J., R.P 290, 20 décembre 1978, B.A, 1979, p.150.
133 er
Tribunal de grande instance de Kinshasa-Kalamu, jugement R.P. 8622, 1 mars 2005,
inédit.
Catalogue des infractions 81

Celui ou ceux qui auront provoqué l’infraction d’avortement, fourni des


instructions ou renseignements ainsi que des instruments ou moyens et de
l’aide ou de l’assistance, sont des complices. Les complices seront punis d’une
peine qui ne dépassera pas la moitié de la peine qu’ils auraient encourue s’ils
avaient été eux-mêmes auteurs.
a)Du tribunal compétent et de la prescription
L’avortement est une infraction de la compétence matérielle du tribunal
de grande instance. Elle se prescrit dans le délai de dix ans.
b) De la complicité d’avortement
Sont considérés comme complices et punis par les articles 22 et 23 du
code pénal livre I ainsi que par les articles 165 et 166 du code pénal livre II,
selon le cas, ceux qui auront, en connaissance de cause, prêté à la commission
de cette infraction une aide utile mais non indispensable.
Elle (la complicité) pourra résulter soit de :
1. la provocation à l’infraction par menaces, promesses, abus d’autorité.
C’est le cas d’une mère qui dit à sa fille enceinte : « je ne veux pas d’enfant,
débrouille-toi , tu es une grande fille. Si non, je te chasse »134.C’est aussi le
cas d’un futur époux qui conditionne le mariage à l’avortement de sa
fiancée ;
2. des instructions ou renseignements pour commettre l’infraction . Par
exemple fournir l’adresse d’un avorteur, conseiller d’user de tel médicament
ou de tel procédé ;
3. la fourniture d’instruments ou de moyens. Par exemple le fait de donner à
une femme une substance abortive, de l’argent pour aller chez l’avorteuse
etc. ;
4. l’aide ou l’assistance. Accompagner une dame pour se faire avorter loin
du domicile paternel ou conjugal, lui donner réfuge pour se faire avorter.
Est complice de l’avortement , l’amant qui accompagne sa maîtresse chez le
médecin en vue de se faire avorter et qui assiste à l’opération même si, au
préalable, il a tenté de dissuader sa maîtresse de son projet135.
c)Circonstances aggravantes
La loi congolaise ne prévoit pas de circonstances aggravantes en matière
d’avortement. Même lorsque l’avortement est pratiqué par un
professionnel(medécin, sage-femme, aide-accoucheuse, infirmier, pharmacien),
un parent, un avorteur d’habitude,etc, il n’y a pas de circonstances aggravantes.
Il appartient au juge, dans la fourchette des peines à infliger, de punir plus
sévérement un praticien de la médecine qui a prété serment de préserver la vie,
car son dégré de criminalité parait plus important. Il en est de même des
parents, d’époux ou des supérieurs de la femme avortée, car ils sont redevables
d’un devoir d’exemplarité et de préservation de la vie.

134
LESUEUR., op.cit., p. 122.
135
LIKULIA BOLONGO . ,op. cit., p. 307.
82
Catalogue des infractions

d)Cas de mort de la femme


Il arrive souvent, qu’à la suite de manœuvres abortives, la femme perde la
vie. Il convient alors d’appliquer au coupable, à l’avorteur les peines de l’article
48 relatif aux coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans
intention de la donner. Ces sanctions peuvent aller jusqu’à vingt ans de
servitude pénale. A ce sujet, il a été jugé que le fait de provoquer la mort d’une
personne par injection de nivaquine ayant pour but de la faire avorter, même
avec le consentement de la victime, mais qui, au lieu d’aboutir à l’avortement,
provoque la mort de celle-ci, est générateur de deux incriminations, à savoir la
tentative d’avortement et l’homicide préterintentionnel. Les deux infractions
étant en concours formel, la peine la plus forte attachée à l’infraction de coups
mortels a été seule prononcée, absorbant celle de l’incrimination de tentative
d’avortement136.

51. Avortement par autrui


Voir Avortement, n° 50.

52. Avortement sur soi-même


Voir Avortement, n° 50.

136
Kin, 13 août 1970, R.J.Z. , 1971, p.241, cité par LIKULIA., op. cit ., p.306.
Catalogue des infractions 83

53. Banqueroute
Le terme « banqueroute » vient de l’italien « banca rotta », qui signifie
« banc brisé ». En effet, celui dont le commerce coulait et qui ne payait plus ses
dettes, voyait son banc à l’assembnlée des marchands brisé : il ne pouvait plus y
sièger.
La banqueroute est l’état d’un commerçant déclaré en faillite qui, dans la
gestion de ses affaires, s’est rendu coupable d’actes frauduleux ou de
négligences et d’imprudences. L’infraction de banqueroute concerne
uniquement les commerçants. Elle n’est envisageable qu’aux conditions
préalables de la qualité d’un agent commerçant déclaré en faillite. La
jurisprudence l’a confirmé137 . Les conditions pour déclarer en faillite un
commerçant se rapportent notamment à la cessation de paiement et à
l’ébranlement du crédit.
Les dispositions légales des articles 86 et 87 du code pénal congolais livre
II sont les textes légaux. A l’analyse de ces dispositions légales, l’on distingue la
banqueroute commise frauduleusement et la banqueroute réalisée sans
intention frauduleuse.
I. Champs d’application de la banqueroute.

Peuvent tomber sous le coup des articles 86 et 87 du code pénal livre II qui
organisent les infractions de banqueroute les commerçants d’abord. Ensuite,
les dirigeants sociaux et les liquidateurs, ainsi que les personnes physiques des
personnes morales, lorsque c’est une personne morale qui est nommée
administrateur ou membre du conseil de surveillance d’une société. Enfin, la
banqueroute est applicable aux dirigeants de fait comme aux dirigeants de
droit.

Néanmoins l’ouverture d’une procédure de redressement ou de liquidation


judiciaire est une condition préalable . Autremendit, il faut un état de cessation
des paiements138, constaté par une procédure collective ouverte contre le
débiteur.

137
Léo. , 27 février 1941, R.J.C.B. 1946, p.26.
138
L’état de cessation des paiements est le fait pour le débiteur de ne plus pouvoir faire face
à ses dettes(le passif exigible) avec l’actif disponible.
84
Catalogue des infractions

II. L’élement moral

Bien entendu, la banqueroute est une infraction intentionnelle. Le simple dol


général, en principe, suffit ; aucun dol spécial n’est requis. Parfois, le but
poursuivi, - c’est-à-dire le mobile - est mentionné au texte : est réprime le fait
d’ « avoir employé des moyens ruineux pour se procurer des fonds ». Ici, la
demonstration du mobile est en principe exigée. Cependant , comme souvent
en droit pénal des affaires, le jurisprudence se contente de l’examen du
comportement pour en déduire l’intention.

54. Banqueroute frauduleuse


L’infraction de banqueroute frauduleuse(article 86 du code pénal livre II) est
établie lorsque :
- le commerçant en faillite a détourné ou caché une partie de ses biens
(dissimulation d’une partie de l’actif);
- le commerçant est reconnu débiteur des sommes qu’il ne doit pas
(augmentation factice du passif) ;
- le commerçant a fait disparaître ou altéré des documents comptables
(altération de la comptabilité) ;
- l’élément moral existe : l’agent doit avoir agi volontairement avec la pleine
conscience qu’il diminue frauduleusement son actif au détriment de ses
créanciers.
La banqueroute frauduleuse est sanctionnée par l’article 86 du code pénal de
trois à cinq ans et d’une amende. Le juge a l’obligation d’infliger les deux
peines.
Le tribunal de commerce est la juridiction pénale compétente pour
connaître des différentes infractions de banqueroute. La prescription de
l’action publique relative à l’infraction de banqueroute frauduleuse est de trois
ans. Elle ne commence à courir que le jour du jugement déclaratif de faillite139 .
Mais il n’est pas nécessaire que ce jugement soit coulé en force de chose
jugée140 .

55. Banqueroute simple


L’infraction de banqueroute simple prévue par l’article 87 du code pénal
livre II n’est caractérisée que lorsque les irrégularités ci-dessous sont
constatées :
- non tenue des livres comptables et absence d’inventaire ;
139
Elis. , 15 février 1949, R.J.C.B p.99 et 16 mars 1957 R.J.C.B. p. 230 ; Elis 19 janvier
1954 p. 91.
140
Léo. , 2o septembre 1956, R.J.C.B. 1957 p. 86.
Catalogue des infractions 85

- comptabilité incomplète ou irrégulière ;


- engagements excessifs sans contrepartie en valeur ;
- défaut ou déclaration de faillite dans les délais légaux ;
- engagement , après cessation de paiement des devises, des dépenses
injustifiées ou favorisant un créancier aux dépens des autres ;
- être déclaré deux fois en faillite ;
- ne pas remplir les conditions d’un concordat à la suite d’une faillite
précédente ;
- non déclaration de la cessation des paiements, conformément à la loi ;
- défaut de se présenter auprès du juge ou du curateur.
La banqueroute simple est sanctionnée de huit jours à un an de servitude
pénale principale. Cette peine relève de l’article 87 du code pénale livre II. Les
règles relatives au tribunal compétent,à la prescription, sont identiques à celles
énoncées pour la banqueroute frauduleuse.

56. Baptême d’un adepte Zaïrois en lui conférant


une appellation aux résonances étrangères
Le recours à l’authenticité a été une des politiques prônées par le
Mouvement Populaire de la Révolution, parti unique sous la deuxième
République. Un des objectifs de cette politique était de faire disparaître du
langage culturel zaïrois les prénoms. A cet effet, étaient singulièrement bannis
les noms dits de baptême. Le port et l’usage des noms interdits furent érigés en
infraction par le biais de l’ordonnance-loi n°72/ 039 du 30 août 1972. Celle-ci a
prévu une sanction de six mois à cinq ans de servitude pénale principale à
l’endroit de tout contrevenant.
Etait passible de cette sévère sanction tout officiant qui, lors du baptême
d’un adepte zaïrois, lui conférerait une appellation aux consonances étrangères.
Avec la libéralisation des cultes, la chute du régime à parti unique, le
changement du nom du pays, l’avènement du courant démocratique et son
corollaire, l’organisation des élections, il se pose la question de l’opportunité
d’une pareille infraction. Cela en appelle la révision du texte de loi avec
d’autant plus d’acuité que le port des prénoms et noms des saints, bibliques et
étrangers s’est généralisé. Dès lors, il y a lieu de se demander si cette infraction
n’est pas tombée en désuétude141.

141
Cette infraction pose la question de l’abrogation par désuetude de la loi.L’abrogation de
cette loi pourrait résulter du seul fait qu’elle se trouve, en pratique, frappée d’ineffectivité.
86
Catalogue des infractions

57. Bigamie
La bigamie est l’état d’une personne engagée dans le lien d’un mariage
enregistré ou célébré devant l’officier de l’Etat civil qui aura fait enregistrer ou
célébrer un autre mariage sans que le précédent soit dissout ou annulé.
1. Monsieur Lukafu a quitté Kisangani après un mariage célébré le 18
juillet 1998 à la commune de la Makiso, avec son épouse, madame Ziyana.
Sans le dévoiler, Monsieur Lukafu voyage pour Matadi où il prépare une
autre union. Mademoiselle Musimwa, son ancienne amie, l’attend à bras
ouverts. Mr Lukafu s’unit avec Musimwa le 25 janvier 1999 devant l’officier
de l’état civil de la commune de Nzanza.
2. Entretenir « un deuxième bureau142 » ne constitue pas l’infraction de
bigamie.
I. Eléments constitutifs
a) Condition préalable.
Il faut en premier lieu que l’époux coupable soit déjà engagé dans les
liens d’un mariage (contracté en République Démocratique du Congo ou à
l’étranger) valable. Il faut qu’il y ait deux mariages valables. Il n’y a pas
infraction si le second mariage est nul pour une cause qui lui est propre143 . Cas
du mari dont la première femme meurt entre son deuxième et troisième
mariage ; s’il se trouve que la bigamie résultant du deuxième est prescrite, il n’y
a pas d’infraction punissable, puisque le décès a dissout le premier mariage
avant la conclusion du troisième, et que le troisième n’a coïncidé qu’avec un
deuxième qui était nul.
La nullité du mariage s’apprécie selon le droit civil. Elle constitue une
exception préjudicielle au jugement, pour la nullité entachant le premier
mariage. Le tribunal répressif statue, au contraire, pour les nullités du second.
b) L’élément matériel
Un premier mariage valable et non dissous. L’élément
matériel consiste à contracter un second mariage. L’auteur est déjà lié par un
premier mariage valable et non dissous. Un second mariage valable. Et puis,
il célébre ou enregistre un second mariage avant la dissolution du premier.
Cependant, il n’est pas nécessaire que le second mariage soit contracté comme
le premier. Il peut s’agir d’un simple mariage coutumier.
c) L’élément moral.

142
A Kinshasa, «deuxième bureau » signifie concubine ou maîtresse d’un homme marié.
143
Toulouse, 2002 ; Mémentos, Droit Pénal Spécial, 14 ème édition, 2008, Dalloz p.298.
Catalogue des infractions 87

Une intention coupable. Il faut que l’auteur agisse en connaissance de


cause ; c’est-à-dire la connaissance de l’existence d’une première union non
dissoute au moment de la célébration du second mariage144. La connaissance,
au moment du second mariage, du fait que le premier subsiste. La preuve de
cette connaissance et de la mauvaise foi du prévenu sera induite des moyens
frauduleux mis en œuvre145. Par exemple, la production d’un faux certificat de
célibat146. Si l’on croit que ce premier mariage subsiste alors qu’il est en réalité
dissous (par exemple le décès du conjoint), il n’y a pas infraction, faute
d’existence de la condition préalable.

II. Poursuites

Les poursuites peuvent être engagées par l’épouse. Elle peut porter
plainte à la police, au parquet ou attraire l’auteur devant le juge de paix. La
personne reconnue coupable de l’infraction de bigamie sera sanctionnée sur
base des articles 408, 409 du code de la famille.

a) Sanctions dévolues
L’époux qui aura fait enregistrer ou célébrer une seconde union sans
que la première ne soit dissoute ou annulée, commet l’infraction de bigamie. Il
encourt un mois à trois ans de servitude pénale principale et une amende ou
une de ces peines seulement.

b) Prescription de l’action publique.


La bigamie est une infraction instantanée consommée , à compter du
jour de la célébration du second mariage. La prescription de trois ans court
donc dès cette célébration.

c) Complicité.
La loi ne prévoit aucune disposition concernant le complice qui épouse
la personne déjà mariée. S’il savait qu’il épousait une personne déjà mariée, on
lui appliquera les dispositions générales sur la complicité. Sera aussi complice,
l’officier public qui a prêté son ministère au mariage constituant la bigamie. Est
également complice l’officier public qui connaissait l’existence du premier
mariage. Il sera puni, tout comme l’auteur principal. Tous ceux qui se sont
associés à l’infraction peuvent également être poursuivis comme complices
(témoins, second conjoint, agissant en connaissance de cause).

144
Paris, 31 mai 1949, JCP 1949. II. 5163, note Delaume.
145
Paris, 27 novembre 1981, D.1983, 14, note Ph. Paire.
146
Paris, 6 juillet 1988, Juris-Data n° 044484.
88
Catalogue des infractions

d) Tentative.
La tentative n’est pas punissable. La bigamie est en déclin, car elle
est difficile à commettre en raison des mentions devant être apposées sur les
actes de l’état civil. Elle est ,en outre ,facile à ne pas commettre, en usant du
divorce dans un même dessein(ou en vivant en concubinage).

58. Blanchiment des capitaux


Le blanchiment147 est le fait, soit de faciliter par tout moyen, la justification
mensongère de l’origine des biens ou des revenus de l’auteur d’un crime, ou
d’un délit ayant procuré à celui-ci un profit direct ou indirect, soit d’apporter
un concours à une opération de placement, de dissimulation ou de conversion
du produit direct ou indirect d’un crime ou d’un délit.
Sont constitutifs de l’infraction de blanchiment des capitaux les actes ci-
dessous, commis intentionnellement :
1. la conversion, le transfert ou la manipulation des biens dans le but de
dissimuler ou de déguiser l’origine illicite desdits biens, ou d’aider toute
personne qui est impliquée dans la commission de l’infraction principale à
échapper aux conséquences juridiques de ses actes ;
2. la dissimulation ou le déguisement de la nature, de l’origine, de
l’emplacement, de la disposition, du mouvement ou de la propriété réels des
biens ;
3. l’acquisition, la détention ou l’utilisation des biens par une personne qui sait,
qui suspecte ou qui aurait dû savoir que lesdits biens constituent un produit
d’une infraction.
I. Les éléments constitutifs

a)L’élement préalable au blanchiment : l’infraction d’orirgine


l’infraction d’origine doit consister en une infraction à l’instar du recel.
Toute infraction qui permet de dégager des fonds, des biens, des « produits »
auxquels l’auteur veut donner l’apparence de licéité, établit les bases du
blanchiment. Ainsi, comme le recel, les qualités d’auteur de l’infraction
d’origine et de blanchiment sont incompatibles148.
b)Les formes de blanchiment
Les deux formes que peut prendre le blanchiment sont le blanchiment par
justification mensongère et le blanchiment par concours à une opération
financière.
1° Le blanchiment par justification mensongère
147
H.Robert., « Réflexion sur la nature de l’infraction de blanchiment d’argent », JCP 2008. I.
146 ; Y. Synvet, « La banque face au blanchiment de capitaux », in RD bancaire et fin.
Novembre 2007, étude 22.
148
En revanche, il est possible d’être à la foi complice et réceleur de l’auteur d’un
blanchiment : crim.,20 février 2008, Dr.pénal 2008,comm, 67,obs.Véron.
Catalogue des infractions 89

Le blanchiment par justification mensongère est le fait de faciliter, par tout


moyen, la justification mensongère de l’origine des biens ou des revenus de
l’auteur d’un crime ou d’un délit ayant procuré à celui-ci un profit direct ou
indirect. Ainsi, constitue un blanchiment le fait de fournir de faux papiers , des
documents mensongers au délinquant ayant commis l’infraction d’origine, afin
de faire croire à une provenance licite des fonds. Par exemple, signer une
fausse reconnaissance de dettes, émettre de fausses factures, un faux contrat de
travail ou de faux bulletins de paie, truquer une comptabilité, etc,.
Il s’agit, bien evidemment, d’une infraction intentionnelle. L’élement moral,
tout comme l’élement matériel, doit être strictement démontré pour que
l’infraction puisse être retenue149.
2°Le blanchiment par concours à une opération financière
Le blanchiment par concours à une opération financière est le fait d’apporter
un concours à une opération de placement, de dissimulation ou de conversion
du produit direct ou indirect d’une infraction. C’est la forme la plus
« classique » de l’infraction, celle pour laquelle les profesionnels(banquiers,
notaires ou avocats), doivent faire montre d’une extrême vigilance et
éventuellement opérer une déclaration de soupçon.
Sous cette forme, le blanchiment consiste à apporter son aide à l’auteur d’une
infraction afin de fondre des sommes acquises illégalement dans un circuit
financier licite ou de les faire disparaître dans des opérations comptables. Le
but poursuivi par le délinquant est d’éviter que quiconque ne puisse remonter
la piste de l’argent et d’en déviner la provenance malhonnête.
La connaissance, l’intention ou la motivation nécessaire en tant qu’élément de
l’infraction peuvent être déduites des circonstances factuelles objectives.
Il a été jugé que pour que soit établie l’infraction de blanchiment, il importe
peu que le prévenu ait eu connaissance, avec précision de l’infraction d’où
proviennent les fonds qu’il véhicula après s’être chargé de leur conversion. Il
suffit qu’en raison de circonstances dans lesquelles il œuvra, il ait pu se
convaincre de leur origine illicite150 .

II. Régime répressif

a) Texte légal organisant et réprimant le blanchiment des


capitaux.
L’infraction de blanchiment des capitaux est de création récente. Elle
est prévue, définie et sanctionnée par les articles 1er, 34, 36 de la loi n°04/016

149
Crim., 25 juin 2003, Dr.pénal 2003,comm.143,obs.Véron, RSC 2004,p. 350, obs.
Ottenhof.
150 eme
Bruxelles ,11 e ch. ,30 juin 2003 et cass. , 2 ch., 14 janvier 2004 – p 584 tiré de la
e
Revue de Jurisprudence de Liége, Mons et Bruxelles, 31 décembre 2004, 110 année,
hebdomadaire, page 1932.
90
Catalogue des infractions

du 19 juillet 2004. Cette loi porte lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme.

b) Sanctions dont le législateur a assorti cette infraction.


L’article 34 al 1er de la loi du 19 juillet 2004 réprime l’auteur principal de
cette infraction. La sanction est de cinq à dix ans de servitude pénale principale
et d’une amende dont le maximum est égal à six fois le montant de la somme
blanchie. L’article 34 al 2e punit le complice de la même peine que l’auteur
principal.

c)Autres sanctions
Aux termes de l’article 36 du même texte légal, il revient que les
personnes morales (sociétés) pourront être condamnées :
1. à l’interdiction, à titre définitif ou pour une durée de cinq ans au plus,
d’exercer directement ou indirectement certaines activités professionnelles ;
2. à la fermeture définitive ou pour une durée de cinq ans au maximum de
leurs établissements ayant servi à commettre cette infraction ;
3. à la dissolution lorsqu’elles ont été créées pour commettre les faits
incriminés ;
4 . au paiement des frais de publication de la décision par la presse écrite ou par
tout autre moyen de communication audio-visuelle.

59. Bris de scellés


Les scellés sont un ensemble de bande de papier ou d’étoffe et de deux
cachets de cire revêtus d’un sceau officiel, employé par les officiers de police
judiciaire, les huissiers ou autres officiels, généralement pour empêcher
l’ouverture d’un meuble ou d’un local. Les scellés sont apposés sur des portes,
fenêtres, meubles, tiroirs ou objets quelconques. Il y a bris de scellés quand une
personne brise à dessein les scellés apposés par l’autorité publique.

I. Eléments constitutifs
L’existence de l’infraction de bris de scellés appelle à la réunion de
plusieurs éléments : de l’élément matériel et de l’élément moral.
a)L’existence des scellés
L’existence des scellés apposés sur ordre de l’autorité publique
(Gouvernement, Justice ou un fonctionnaire qualifié) dans les formes légales,
doivent être matériellement détruits. La destruction des scellés vise la
pénétration dans le local ou l’ouverture du meuble.
b)La destruction ou l’enlèvement des scellés
Pour qu’il y ait destruction ou enlevement des scellés il faut que la bande ou
l’empreinte ait dû être détruite ou enlevée. Ainsi, le fait de soustraire un objet
placé sous scellés, sans endommager les scellés, constituerait le vol.
Catalogue des infractions 91

c)L’élement moral
La destruction des scellés doit avoir été faite avec connaissance et volonté.
Le législateur utilise le concept « à dessein ». L’infraction de bris de scellés est
donc une infraction intentionnelle.

L’infraction est commise par celui qui sait que les scellés qu’il a brisés avaient
été apposés par l’autorité judiciaire. Cette connaissance ne résulte pas
exclusivement de la signification à l’auteur du bris de scellés de la décision de
justice ayant décidé de leur apposition, car il peut être un tiers au procès ayant
abouti à cette mesure151.

II. Poursuites
Les poursuites pour bris de scellés rentrent dans le droit commun des
poursuites. Le Ministère public met en mouvement l’action publique, même
sur simple dénonciation. Les personnes intéressées peuvent se constituer
parties civiles ou saisir le juge compétent.
a) Quel est le texte légal ?
Les bris de scellés relèvent du code pénal livre II. Les articles 139 et
140 du code pénal LII en sont le siège légal. La répression des actes des bris de
scellés y est définie.
b) Quelles sont les sanctions prévues ?
Ceux qui auront brisé les scellés seront punis de six mois à deux ans de
servitude pénale principale, et d’une amende ou d’une des peines seulement. Le
gardien par la négligence duquel le scellé, aura été brisé, ou qui aura lui même
brisé le scellé, peut encourir huit jours de servitude pénale principale, et une
amende ou l’une des peines seulement152. Le gardien qui brise le scellé, ou le
fonctionnaire qui opère le scellé et qui le brise, sera puni de trois ans de
servitude pénale principale maximum et d’une amende153.
c) Quel est le tribunal compétent ?
L’infraction de bris de scellés est portée devant le juge compétent. La
compétence matérielle de cette infraction est dévolue au juge de paix.
d) Qu’en est-il de l’action publique ?
L’action publique relative à l’infraction de bris de scellés se prescrit après
trois ans et une année selon qu’il s’agit des cas prévus aux points 1, 3 et au
point 2 ci-dessus. Les peines, elles, seront prescrites au délai double de la peine
prononcée, ou à deux ans si ce délai est inférieur à deux ans.

151
Montpellier, 24 avril 2001,Dr.pénal 2001, comm,137.
152
Article 139 du code pénal livre II.
153
Article 140 du code pénal livre II.
92
Catalogue des infractions

60. Campagne électorale en dehors de la période


légale
Voir élections, n° 199-II, 5.

61. Cannibalisme
Voir anthropophagie, n° 32.

62. Carte nationale d’identité


Dans le cadre d’identification des personnes, le titre d’identité pour
citoyens zaïrois (actuellement congolais) est la « carte nationale d’identité ». Elle
est délivrée par le commissaire de zone (aujourd’hui administrateur de territoire
ou bourgmestre). Elle doit être présentée à toute réquisition de l’autorité
compétente. La carte nationale d’identité est délivrée à tout citoyen à la
déclaration de naissance. Le port de la carte nationale d’identité munie d’une
photo passeport est obligatoire dès l’âge de dix-huit ans révolus.

Le texte légal en vigueur est le Décret PM/0008/95 du 10 mars 1995 portant


création de la carte nationale d’identité (Cabinet du Premier Ministre). Notons,
cependant, que ce décret n’a pas fait l’objet d’une publication au journal
officiel. La carte d’identité ainsi définie a existé, mais n’existe plus de nos jours
. Elle n’est plus délivrée.
Sont érigés en infractions :
1° Le défaut ou le refus de présentation de la carte nationale
d’identité sur réquisition de l’autorité compétente (art. 8)
Cette contravention est punie de sept jours au maximum, et d’amende ou
d’une de deux peines seulement.
2° La rétention illicite d’une carte d’identité appartenant à autrui
(art 9)
Est ici concernée l’autorité qui aura retenu une carte d’identité appartenant à
autrui, sans motif valable. Le coupable subira la sanction prévue pour la
Catalogue des infractions 93

rétention illicite des documents (article 2 de l’ordonnance 21- 84 du 14 février


1959.)
3° L’usage frauduleux d’une carte d’identité appartenant à autrui
(art. 10)
L’usage frauduleux d’une carte d’identité appartenant à autrui est
sanctionné. La sanction est d’une servitude pénale de deux à six mois, et d’une
amende ou de l’une de ces peines.
4° Les fausses déclarations au moment de l’établissement de la
carte nationale d’identité (art. 11 point 1)
Chacune des fausses déclarations concernées est punie. La sanction est
d’une servitude pénale de six à douze mois, et d’une amende ou de l’une de ces
peines.
5° L’abstention de faire les déclarations au moment de
l’établissement de la carte nationale d’identité (art.11 point 2)
La contravention d’abstention de faire les déclarations au moment de
l’établissement de la carte nationale d’identité est réprimée dans le chef de son
auteur. Les sanctions de l’infraction précédente( fausses déclarations au
moment de l’établissement de la carte nationale d’identité) seront subies.
6° Les violences, les voies de fait ou les menaces à l’égard de
l’officier de l’état civil lors de l’établissement de la carte
nationale d’identité (art. 11 point 3)
L’auteur des violences et voies de fait cité par l’article 11 point 3 à l’égard
d’un officier de l’état civil lors de l’établissement de la carte d’identité nationale,
est passible des peines. Il subira six à douze mois de servitude pénale et une
amende ou l’une de ces peines.
7° Le refus d’établir, sans motif valable, la carte nationale
d’identité (art. 12)
Ne pas établir, sans motif valable, la carte nationale d’identité est punissable
dans le chef d’un officier public commis à la tâche. Il sera passible d’une
servitude pénale de deux à six mois, et d’une amende ou de l’une de ces peines
seulement.
Les infractions ci-haut citées sont chacune de la compétence du tribunal de
Paix.

63. Capitulation
94
Catalogue des infractions

L’infraction de capitulation est aussi appelée défaitisme. La capitulation


est une infraction contre le devoir. Elle consiste à capituler devant l’ennemi, ou
à ordonner de cesser le combat, ou encore à amener le pavillon sans avoir
épuisé tous les moyens de défense dont on dispose, et sans avoir fait tout ce
que prescrit le devoir. Les personnes susceptibles de commettre l’infraction de
capitulation sont énumérées. Il peut s’agir du commandant d’une formation
militaire, du commandant d’une unité militaire, du commandant d’une
force militaire, du commandant d’un aéronef militaire et du commandant d’un
navire militaire.

I. Eléments constitutifs
a) Les trois conditions préalables
Trois conditions sont requises pour la réalisation de l’infraction de
capitulation : l’existence d’une situation exceptionnelle, le statut de
commandant opérationnel pour l’agent et l’avis obligatoire du conseil de
discipline sur la culpabilité dudit commandant.
b) Les éléments constitutifs propremendits
Les élements constitutifs sont faits d’une part de l’élément matériel, et
d’autre part de l’élément intellectuel.
1. L’élément matériel
L’élément matériel est caractérisé, soit par la capitulation devant
l’ennemi, soit par l’ordre de cessation de combat, soit encore par le fait
d’amener le pavillon sans avoir épuisé tous les moyens de défense à la
disposition ou sans avoir accompli tout ce qui est prescrit par le devoir et
l’honneur.
2. L’élément intellectuel
L’élément intellectuel de l’infraction est fait de l’intention criminelle.
Celle-ci consiste dans la décision, pour un agent libre et conscient, de capituler,
et dans la connaissance de la disponibilité des moyens de défense pouvant lui
permettre de faire valablement face à l’ennemi.

II. Régime répressif


a) La capitulation
La capitulation est une infraction d’ordre militaire. Elle est définie et réprimée
par l’article 58 du code pénal militaire (article 429-430 du code de justice
militaire). Etant donné que, par la capitulation, l’auteur cause un énorme
préjudice à l’armée et à la nation, du fait que sont emportés hommes et
armement, le législateur y prévoit de lourdes peines. La sanction prévue est la
Catalogue des infractions 95

peine de mort. Cette peine se fonde sur le fait qu’elle suscite, dans le chef de
tout potentiel auteur de la capitulation, la crainte d’une mort certaine résultant
de l’acte répréhensible.
b)Préalable à l’établissement de cette infraction.
Comme déjà énoncé, la personne poursuivie pour infraction de
capitulation doit préalablement passer devant un conseil de discipline. Celui-ci
donne préalablement son avis avant les poursuites pénales.

64. Cel frauduleux


Le cel frauduleux est défini comme le fait, pour une personne ayant
obtenu par hasard la possession d’une chose, de la conserver ou de la livrer à
un tiers. L’infraction de cel frauduleux est aussi appelée recel frauduleux. Le cel
frauduleux n’est pas le vol, faute de soustraction. L’infraction de cel frauduleux
se justifie, le fait de garder une chose dont on n’est pas propriétaire étant
contraire à la justice et à la morale.

I. Eléments constitutifs

a) L’élément légal
L’élément légal de l’infraction de cel frauduleux est défini par l’article 102
du code pénal livre II (issu du décret du 24 décembre 1929).
b)L’élément matériel
L’élément matériel est constitué d’une chose trouvée par hasard ou dont
on a obtenu la possession par hasard. Le cel frauduleux ne porte que sur les
objets mobiliers.
Cette chose doit appartenir à autrui. La chose ne doit pas avoir été abandonnée
sciemment par son propriétaire. Un vieux vêtement jeté ne pourra pas faire
l’objet de cette infraction, car il n’a plus de valeur. Il doit s’agir d’une
appropriation de la chose en la conservant pour soi ou en la cédant à autrui
sous forme de don, de prêt, de vente, de mise en gage, etc.
c)L’élément moral
L’élément moral est fait, dans le chef d’une personne donnée , de
l’intention frauduleuse de s’approprier une chose qu’elle sait ne pas lui
appartenir. Le cel frauduleux, infraction instantanée, est établi dès qu’on est en
présence d’un paiement indu ou d’un enrichissement sans cause, l’intention
96
Catalogue des infractions

délictuelle étant manifestée par l’utilisation immédiate des fonds indûment


perçus et causant ainsi préjudice154 . Le tribunal a décidé qu’en conservant ou
en retenant les tuyaux trouvés avec dessein de les rendre dès qu’il en découvre
le propriétaire, ou dès qu’il a connaissance de leur réclamation, autrement dit
en s’appropriant lesdits tuyaux, le prévenu s’est comporté ainsi en maître de ces
tuyaux et tombe donc sous le coup de l’article 102 du code pénal réprimant le
cel frauduleux155.
Les « exemples d’école » constitutifs du cel frauduleux sont légion. Le
fait de ramasser de l’argent tombé de la poche d’un passant et de s’en servir.
S’approprier une chèvre réfugiée sous son toit ou une bête égarée. Recevoir par
suite d’une erreur de la poste un colis destiné à une autre personne et en faire
usage, en connaissant librement que l’on n’en est pas destinataire.

II. Poursuites

Le propriétaire du bien mais aussi l’officier du Ministère public,


pourront entamer des poursuites. La victime déposera plainte, et le Ministère
public pourra se saisir d’office. Toute personne, sans être victime, peut
dénoncer les faits pour les avoir vécus.
a) Quel est le texte légal ?
Le texte qui crée et sanctionne le cel frauduleux est l’article 102 du code
pénal LII (issu du décret du 24 décembre 1929). Il prévoit, pour l’auteur de
l’infraction de cel frauduleux, des peines allant de huit jours à deux ans de
servitude pénale principale, et une amende ou l’une de ces peines seulement. Le
tribunal de paix est la juridiction compétente.
b) Comment se prescrit l’infraction de cel frauduleux?
Le délai de prescription de l’action publique est de trois ans. Les peines
se prescrivent comme à l’infraction des bris des scellés.

65. Change
La matière de change156 est réglementée en République Démocratique
du Congo. Elle est régie par la l’ordonnance-loi n° 67/272 du 23 juin 1967
relative aux pouvoirs réglementaires de la Banque Nationale du Congo en

154
RJZ. , 8 octobre 1973, septembre- décembre. , n°3, p.274.
155
Tribunal de paix de Kisangani/Makiso., RP 1718, 16 juillet 2004, ministère public et partie
civile contre le prévenu Adel Achour.
156
M.C 1967 p. 864 in Codes Larcier R.D.C, tome III, Vol 2, Larcier-afrique Editions 2003,
p.706.
Catalogue des infractions 97

matière de réglementation du change157 . Constituent une infraction à la


réglementation du change :
1. tout acte non conforme aux dispositions législatives ou réglementaires
relatives au contrôle des changes ;
2. l’obtention d’autorisations par des procédés illégaux ou irréguliers telles la
falsification ou l’altération de documents, la fausse déclaration ainsi que
l’utilisation de tels procédés en vue de les obtenir (art.10).
a)Personnes concernées par la réglementation du change
Non seulement les personnes physiques, mais aussi les personnes
morales intervenant, les premières comme les secondes, directement ou
indirectement dans la réglementation du change, sont susceptibles de
commettre ces infractions.
b) Constat des infractions à la réglementation du change
Les fonctionnaires de la Banque Centrale du Congo et des services de la
douane revêtus de la qualité d’officiers de police judiciaire sont chargés de
constater les infractions à la réglementation du change. Leur compétence
s’étend sur tout le territoire national. Les procès- verbaux sont d’office
transmis à la Banque centrale du Congo. Ces officiers de police judiciaire
peuvent exiger la production des écrits et documents comptables, la
communication des renseignements verbaux et écrits relatifs aux préventions
qui donnent lieu aux recherches qu’ils effectuent.
Tout renseignement et document de nature à faciliter la recherche et le constat
des infractions, doit d’office être transmis à la Banque Centrale Congolaise.
c) Sanctions prévues par les textes légaux
Toute infraction à la réglementation du change est passible d’un mois à
cinq ans de servitude pénale, et d’une amende par infraction ou d’une de ces
peines seulement (art.13 de la loi précitée).
En cas de récidive, ces peines seront portées au double. La déchéance des
droits civils et politiques s’applique aux infractions à la réglementation du
change.
d) Poursuites pénales
Les poursuites des infractions à la réglementation du change sont
exercées à la demande de la Banque Centrale. L’article 15 de l’ordonnance-loi
du 23 juin 1967 subordonne l’initiative des poursuites du ministère public à la
plainte de la Banque Centrale du Congo en matière d’infractions à la
réglementation de change. Doit être déclarée irrecevable, l’action du Ministère
public qui ne se serait pas conformée à ces dispositions158. A défaut de plainte
déposée par la Banque Centrale du Congo, aucune condamnation pénale ni

157
Journal Officiel de la République Démocratique du Congo, 49 ème Année, Numéro
Spécial, 20 janvier 2008.
158
C.S.J., R.P. 79, 25 juillet 1973, B.A. 1974, p.144.
98
Catalogue des infractions

dommages et intérêts résultant de l’infraction à la réglementation de change ne


peuvent être prononcés159 . La Banque requiert d’office auprès de la juridiction
compétente, lorsque l’infraction est accompagnée de corruption ou de
concussion de fonctionnaires, ou de détournements de fonds publics. La
restitution des devises transférées illégalement ou frauduleusement soustraites à
l’encaissement est obligatoire indépendamment du jugement définitif.
La Banque est habilitée à transiger avec le délinquant et à fixer les conditions
de la transaction. L’absence de règlement définitif de la transaction entraîne
d’office la transmission du dossier au parquet. La transaction éteint l’action
publique, même en ce qui concerne les peines d’emprisonnement.

e) Prescription de l’action publique


Les infractions à la réglementation du change se prescrivent par trois ans
à dater du constat de l’infraction, si l’action publique n’est pas interrompue par
des actes d’instruction ou des poursuites. L’action publique est également
prescrite par l’application des mesures conservatoires de suspension des
autorités, de confiscation et de saisie des biens.

66. Chantage

Le terme est passé dans le langage juridique et consiste dans la menace de


révélations ou d’imputations diffamatoires, pour obtenir soit l’apposition d’une
signature, soit la remise d’un titre ou de fonds. Certains codes, français en
l’occurrence, font du chantage une infraction juridiquement définie160 . Dans ce
cas, l’infraction comprend quatre éléments constitutifs, à savoir :
1. la menace de révélations ou d’imputations diffamatoires. Cette menace peut
être écrite ou verbale ;
2. une menace adressée dans le but d’obtenir un gain illégitime ;
3. la remise de signature ou la remise de fonds, de valeurs ou d’un acte
contenant obligation ou décharge ;
4. l’intention coupable. L’auteur doit avoir été de mauvaise foi..
En revanche, en droit Congolais, le chantage ne constitue qu’une des
formes de l’infraction d’extorsion prévue et réprimée par l’article 84 du code
pénal livre II. C’est le cas lorsque qu’il y a extorsion de titre ou de signature.
Par contre, s’il s’agit de remise de fonds, il y a infraction de vol avec violences.

159
C.S.J., R.P. 174, 04 juillet 1977, B.A. 1978, p.66.
160
Articles 312-10 du deuxième livre code pénal intitulé « Des crimes et délits contre les
personnes ».
Catalogue des infractions 99

Le chantage exerce ses ravages dans les secteurs les plus divers : politique,
financier, sportif etc. Il est grand temps, pour le législateur congolais, de faire
du chantage une infraction à châtier sévèrement. Il existe aussi un chantage de
mœurs : « la vie sexuelle, secrète par excellence, est son domaine élu ».
67. Chanvre à fumer
L’infraction appelée « chanvre à fumer » frappe quiconque cultive, met en
vente, transporte et détient du chanvre à fumer. Elle concerne également toute
personne qui use du chanvre, soit en le fumant, soit en le consommant de
toute autre manière.
Il est reconnu que la loi punit, sans distinction, la détention du chanvre à
fumer. Celui qui fume du chanvre doit nécessairement en détenir, et il tombe
donc sous l’application de la loi161 .

a) Quel est le siège de cette infraction ?


Les articles 1, 3 et 4 de l’ordonnance législative du 22 janvier 1903
approuvé par décret du 1er mars 1903 ainsi que le décret du 10 mars 1917162
créent et répriment l’infraction de chanvre à fumer.

b) Quelles sanctions sont- elles prévues ?


L’auteur de l’infraction de chanvre à fumer encourt des sanctions. Elles
sont de quinze jours à un an de servitude pénale principale, et l’amende ou une
de ces peines seulement (article 3). D’autres sanctions existent et sont
appliquées. Il s’agit de la destruction des cultures, la confiscation et la
destruction du chanvre saisi, la saisie et la confiscation d’instruments destinés
ou ayant servi à fumer du chanvre ou à le consommer, de quelque façon que ce
soit163 .
Même en cas d’acquittement, le juge ordonnera la confiscation du
chanvre saisi qui constitue un objet dangereux et nuisible.

c) Juridiction compétente et autres modalités


Le chanvre à fumer relève de la compétence du tribunal de paix.
L’action publique relative à cette infraction est prescriptible dans un délai d’une
année. Les chefs de localité ou de quartier, les notables responsables de la cité
qui n’ont pas prévenu l’autorité ou dénoncé la culture, la mise en vente, le
transport, l’existence ou l’usage du chanvre à fumer dans leurs entités, seront

161
Boma, 30 juillet 1907, Jur. Etat II p.190.
162
B.O., 1903, p.36 et B.O., 1917, p.68 .
163
O- L. du 10 mars 1917
100
Catalogue des infractions

tenus solidairement responsables du payement des amendes et des frais


auxquels sont condamnés les coupables.

68. Chasse illicite


La pratique de la chasse est organisée. Ainsi, lorsqu’une personne exploite
la faune par la chasse ou par tout autre mode d’exploitation sans être munie
d’une autorisation de l’autorité compétente, elle est susceptible de commettre
une infraction. Les infractions relatives à la chasse sont diverses.

I. Infractions proprement dites en matière de chasse

Comme précisé tantôt, en matière de chasse, les infractions sont multiples.


A titre illustratif, il est interdit :
1° d’introduire des animaux domestiques ou exotiques, des armes à feu, des
pièges ou tout engin de chasse à l’intérieur des réserves de faune sans
autorisation de l’autorité locale, d’y transporter, de tenir des animaux
sauvages vivants, leurs peaux ou des trophées, leur viande ou tout autre
sous produit de la faune (article 13 alinéa 1er de la loi n°82/002/ du
28/05/1982) ;
2° de poursuivre, de chasser, de capturer, de détruire ,d’ effrayer ou de
troubler de quelque manière que ce soit toute espèce d’animal sauvage, sauf
en cas de légitime défense ou de force majeure (art. 13 al 2) ;
3° de détériorer, de quelque manière que ce soit, l’habitat de la faune sauvage
(art. 13 al 3) ;
4° de faire voler un aéronef à basse altitude (art. 13 al 4) ;
5° de tuer,de capturer, de chasser, de poursuivre, de déranger volontairement
ou de faire fuir dans le but de nuire aux animaux totalement protégés par la
loi (art. 27) ;
6° de provoquer volontairement et sans autorisation l’un des animaux
protégés ;
7° d’enlever ou de détruire les œufs, les nids, les couvées et les nichées des
animaux de chasse (art. 32).
Commet l’infraction de chasse illicite, l’administrateur territorial qui fait
chasser sans permis régulier pour le ravitaillement de son poste ; la bonne foi
en cette matière n’est pas élisive de cette infraction164 . La circonstance que le
prévenu a fait toutes les démarches possibles pour obtenir le permis de chasse
sans y parvenir, ne peut constituer une raison d’excuse de l’infraction165 . Les
allées et venues d’un chasseur recherchant du gibier constituent un fait de

164
Ière Inst. Buta, 19 décembre 1929, Rev . Jur. 1931, p. 271.
165
Elis. , 2 décembre 1911, Jur. Congo 1912 p. 300.
Catalogue des infractions 101

chasse, alors même qu’il n’aurait pas levé de gibier et n’aurait pas eu l’occasion
de le tirer166 .

II. Régime des poursuites

La loi n°82/002 du 28/05/1982 est le texte légal de référence. Pour


toutes les infractions énumérées, l’auteur encourt cinq ans de servitude pénale
principale au maximum et l’amende ou une de ces peines seulement. Le
tribunal compétent est le Tribunal de Paix. Les différentes infractions en
matière de chasse se prescrivent dans le délai de trois ans.

69. Cinéma (enfants non admis)


Généralement, les films sont classés par catégories par une commission ad
hoc. Les films jugés immoraux ou trop violents sont classés dans la catégorie
de films dont la présentation est interdite aux enfants. Dans ce dernier cas,
l’entrée de l’établissement et les affiches doivent porter la mention «enfant non
admis ».
Seront coupables de l’infraction, les exploitants ou les gérants des
établissements cinématographiques et leurs préposés, qui admettent aux
spectacles représentés les personnes autres que celles autorisées à y assister, en
l’occurrence la présence de mineurs de moins de 18 ans. Par exemple, ils
peuvent encourir des peines à chaque présentation d’un film classé « enfant
non admis » en présence des mineurs d’âge. Même la personne qui projette un
film de cette catégorie dans les locaux non fermés est passible des peines.

a) Poursuites consécutives
L’auteur présumé de l’infraction « cinéma enfants non admis » peut être
poursuivi sur dénonciation. Il le peut aussi sur plainte de toute personne lésée.
Le Ministère public peut en outre se saisir d’office. L’ordonnance n°23/216 du
04 mai 1959 portant protection de l’enfance en matière de projections
cinématographiques publiques167 est le texte légal. A l’endroit du coupable, une
sanction d’un mois maximum de servitude pénale principale et une amende
sont prévues ou une de ces peines (article 20 de l’ordonnance citée). Le
tribunal pourra ordonner , pendant trois mois , la fermeture de l’établissement.

b) Quel est le tribunal compétent ?


Le tribunal de paix est l’instance habilitée à juger l’infraction « cinéma,
enfants non admis ». L’action publique s’éteint dans le délai d’une année. Le
délai est à compter à partir de la fin de la commission de l’infraction.

166
Boma, 18 Novembre 1913, Jur. Congo1924, p. 87.
167
B. O. , 1959, p. 1157.
102
Catalogue des infractions

70. Clientélisme
Le clientélisme consiste dans toute pratique ou tout procédé d’attribution
sélective d’avantages indus, se fondant notamment sur des critères d’origine,
d’appartenance ou de non appartenance à une éthnie, une tribu, une région ou
une province, une religion, une association de fait ou de droit, ou encore sur
tout autre critère discriminatoire. Le clientélisme consiste également dans la
création ou l’entretien, sur cette base d’attaches personnelles ayant des
incidences manifestes et perverses sur la gestion d’un service ou d’une unité,
sur leur organisation ou sur leur fonctionnement (article 197 du code pénal
militaire).

I. Eléments constitutifs proprement dits

a) L’élément matériel
L’élément matériel est constitué de deux actes. D’une part, un acte de
pratique ou de procédé d’attribution sélective d’avantages indus, d’ autre part,
un acte de création ou d’entretien d’attaches personnelles sur base des critères
d’origine, d’appartenance ou de non appartenance à une religion, à une
association de fait ou de droit, ou sur tout autre critère discriminatoire.

b) L’élément moral
L’élément moral consiste, d’abord , dans la connaissance du caractère
indu des avantages qu’on attribue sélectivement, et dans la résolution libre et
consciente de les attribuer. Il consiste, ensuite, dans la ferme décision de créer
ou d’entretenir une coterie basée sur ces critères négatifs au mépris des effets
néfastes futurs ou réels168 .

II. Régime répressif

Aux termes de l’article 198 du code pénal militaire, toute discrimination


et tout clientélisme sont punissables de deux à quatre ans de servitude pénale.
Ils sont punissables à condition qu’ils consistent à :
- refuser la fourniture d’un bien ou d’un service ;
- entraver l’exercice normal d’une activité militaire quelconque ;
- refuser d’affecter, de désigner à une formation, d’utiliser un militaire ;
- sanctionner un militaire ;

168
Laurent MUTATA LUABA . , Droit pénal militaire congolais. Des peines et incriminations
de la compétence des juridictions militaires en R.D. Congo ; Editions du Service de
Documentation et d’Etudes du Ministère de la Justice et Garde des Sceaux, Kinshasa 2005,
p.640.
Catalogue des infractions 103

- subordonner la fourniture d’un bien ou d’un service à une condition fondée


sur l’un des éléments visés aux articles 196 et 197
- subordonner, dans les mêmes conditions, une offre d’affectation ou de
mutation, ou mouvement du personnel.
Aux termes de l’article 199 du code pénal militaire, la peine de deux à quatre
ans de servitude pénale sera appliquée au militaire qui fera manifestement
intervenir d’autres critères que ceux déterminés par les lois et règlements dans
le recrutement de ses collaborateurs, dans l’accomplissement d’une mission qui
lui est confiée ou dans la gestion, l’organisation ou le fonctionnement du
service ou de l’unité où il assume, à quelque échelon qu’il se trouve, des
responsabilités de direction ou de commandement. Quant à l’article 200 du
code pénal militaire, les infractions de discrimination et de clientélisme qui ont
causé une désorganisation des pouvoirs publics ou de l’armée, des troubles
graves, un mouvement sécessionniste ou une rébellion seront punies dans le
chef du militaire coupable. La sanction prévue est une servitude pénale à
perpétuité.

71. Code de marchés publics


Par marché public, il faut entendre tout contrat écrit par lequel un
entrepreneur, un fournisseur ou un prestataire s’engage envers l’autorité
publique compétente soit à réaliser des travaux, soit à fournir des biens ou des
services, soit encore à exécuter des prestations intellectuelles moyennant un
prix. En d’autres termes, les marchés publics sont les contrats conclus à titre
onéreux entre les pouvoirs adjudicateurs(Etat, collectivités teritoriales,
établissements publics….) et des opérateurs publics ou privés, pour répondre à
leurs besoins en matière de travaux, de fournitures ou de services169.

a)Textes légaux en vigueur.


Il y a d’abord l’ordonnance loi n° 41-398 relative à la police des
marchés publics. (L’ordonnance-loi n°69/054 du 5 décembre 1969 relative aux
marchés publics, texte autrefois en vigueur vient d’être abrogée170). Il y a
ensuite l’ordonnance n° 69-279 relative aux marchés publics de travaux, de
fournitures, de transports et de prestations.Il y a enfin la loi n° 10/010 du 27
avril 2010 relative aux marchés publics.

169
F. Linditch., « Une définition élargie des marchés publics destinée à couvrir de larges
pans de l’activité économique », Cahiers de droit de l’entreprise, n° 5 septembre 2007,
dossier29.
170
Après harmonisation par la commission paritaire mixte de l’assemblée nationale et du
sénat, le texte a été l’adopté en assemblée plénière et promulgué le 27 avril 2010 par le
Président de la République. Ainsi donc vient d’être abrogée l’ordonnance loi n° 69/054 du 5
décembre 1969 (article 84).
104
Catalogue des infractions

b) Types de marchés publics et définitions


Aux termes de la loi n° 10/010 du 27 avril 2010 relative aux marchés
publics171, les différents types de marchés publics (articles 7, 8, 9,10 et 11) sont
les marchés de travaux, de fournitures, de services et des prestations
intellectuelles172.
1. Les marchés de travaux. Ils ont pour objet la réalisation, au bénéfice d’une
autorité contractante, de tous travaux de bâtiment ou de génie civile ou la
réfection d’ouvrages de toute nature.
2. Les marchés de fournitures. Les marchés de fournitures concernent l’achat,
la prise en crédit-bail, la location-vente de produits ou matériels au bénéfice
d’une autorité contractante.
3. Les marchés de service ont pour objet la réalisation des prestations qui ne
peuvent être qualifiés, ni de travaux, ni de fournitures.
4. Les marchés de prestations intellectuelles ont pour objet des prestations à
caractère principalement intellectuel. Ils incluent notamment les contrats de
maîtrise d’ouvrage déléguée, les contrats de conduite d’opération, les
contrats de maîtrise d’œuvre et les services d’assistance technique, les
marchés de prestation, d’études et de la maîtrise d’œuvre, tout comportant
des obligations spécifiques liées à la notion de propriété intellectuelle.

c) Infractions à l’occasion de la passation des marchés publics ou de


délégation de service public.
Toute infraction peut être commise à l’occasion de la passation de
marchés publics ou de délégations de service public (article 77). Le conflit
d’intérêts, le délit d’initié et la prise illégale d’intérêts peuvent être commis dans
le cadre d’un marché public (article 78)173. Il y a conflits d’intérêts lorsqu’un
membre de l’autorité contractante ou délégante prend part à la prise de
décision concernant le candidat ou le titulaire du marché public auquel il est lié
par des intérêts incompatibles avec ceux de l’Etat.
Il y a délit d’initié lorsqu’un membre de l’autorité contractante ou délégante,
une personne chargée d’un service public ou investie d’un mandat électif
fournit ou fait usage des informations privilégiées, détenues en raison de ses
fonctions ou de son mandat, dans le but d’influencer l’attribution d’un marché
public ou d’une délégation de service public.
Il y a prise illégale d’intérêts lorsqu’un fonctionnaire, un agent public ou
un élu prend, reçoit ou conserve un intérêt dans une entreprise ou une
opération dont il a, au moment de l’acte, la charge d’assurer la surveillance,
l’administration ou la liquidation.

171
Journal Officiel de la République Démocratique du Congo, Cabinet du Président de la
ème
République, 51 Année, Numéro Spécial, 30 avril 2010, 33 pages.
172
Idem, pp 11-12.
173
Idem, pp 29-30.
Catalogue des infractions 105

c) Peines prévues par code de marchés publics


L’auteur de l’infraction commise à l’occasion de la passation de
marchés publics ou de délégation de service public sera puni du double de la
servitude pénale prévue pour cette infraction. L’amende sera portée à un
montant ne dépassant pas 50.000.000 de francs congolais (art. 77). Le tribunal
prononcera, en outre la confiscation des garanties constituées par l’entreprise
et l’exclusion de celle-ci de la commande publique pour une durée ne dépassant
pas cinq années. L’exclusion de la commande publique sera définitive en cas de
récidive (article 79).
Le conflit d’intérêts, le délit d’initié et la prise illégale d’intérêts commis dans le
cadre d’un marché public et d’une délégation de service public (article 78) sont
punis d’une amende de 25.000.000 à 50.000.000 de francs congolais.
d) Sanctions administratives174
Sans préjudice des peines définies pour les infractions à la loi pénale,
l’entrepreneur, le fournisseur ou le prestataire de services qui aura commis un
acte d’improbité175 dans la passation ou dans l’exécution des marchés publics
sera passible, de façon séparée ou cumulative, par l’institution chargée de la
régulation des marchés publics de :
- l’exclusion temporaire de la commande publique (l’exclusion ne peut
dépasser la durée de cinq ans) ;
- retrait de l’agrément et/ou du certificat de qualification.
En cas de récidive, la déchéance définitive peut être prononcée par la
juridiction compétente, à la demande de l’établissement public chargé de la
régulation des marchés.

72. Code forestier

La loi n°011/2002 du 29 août 2002 constitue le code forestier176. Plusieurs


infractions à la réglementation forestière y sont définies et punies par le
législateur.

I. Infractions proprement dites et pénalités.

1. Abandon ou provocation de feu dans la forêt ou dans la


brousse (art.. 57 et 149 de la loi susvisée)
Qui abandonne ou provoque un feu dans la forêt ou dans la brousse
commet une infraction. Il est susceptible d’être puni de deux mois à deux ans

174
Les sanctions administratives sont prévues par la même loi relative aux marchés publics
à l’article 80.
175
Le législateur s’est efforcé de définir l’acte d’improbité à l’article 80 de la loi relative aux
marchés publics . Il y a réservé des larges développements.
176 ème
Journal Officiel de la République Démocratique du Congo, 43 année, Kinshasa, 31
août 2002.
106
Catalogue des infractions

de servitude pénale et d’une amende de soixante mille à un million de francs


congolais constants ou d’une de ces peines seulement. Est passible des mêmes
peines, l’auteur de chacune de trois autres infractions reprises aux numéros 2, 3
et 4.
2. Allumage de feu dans les réserves naturelles intégrales et les
parcs nationaux (art.. 61 et 149)
3. Allumage de feu dans un rayon de 500 mètres autour des
forêts situées dans la savane ou en bordure de la savane (art.
59 et 149)
4. Allumage de feu en zone de savane le long des routes et
chemins traversant les forêts classées (art. 60 et 149)
5. Contrefaçon ou falsification des marques régulièrement
déposées (146) ;
Sont concernés ici l’usage de marteau contrefait ou falsifié, l’usage de
marteau véritable indûment procuré et l’enlèvement des marques. L’auteur
présumé subira deux mois à deux ans et une amende de vingt cinq mille à cent
vingt cinq mille francs congolais constants ou une de ces peines.
6. couper, arracher, enlever, mutiler ou endommager des arbres
ou plants d’essences forestières protégées sans autorisations
(art. 148 point 4).
La sanction est de six mois à cinq ans de servitude pénale principale et
d’une amende de vingt mille à cinq cents mille francs congolais constants ou
une de ces peines seulement.
7. Déboisement de la forêt sur distance de 50 mètres de part et
d’autre des cours d’eau ou dans un rayon de 100 mètres
autour de leur source (art. 148 point 3)
La répression prévue est celle de l’article 148 point 4 telle que énoncée ci-
dessus.
8. Dégradation d’un écosystème forestier ou déboisement d’une
zone exposée au risque d’érosion ou d’inondation (art.148
point 1)
La punition prévue est similaire à celle de l’article 148 point 4.
9. Emondage ou ébranchage des arbres ou pratique de la
culture par essartage dans une forêt classée (art. 148 point 2)
La sanction prévue est celle de l’article 148 point 4 reprise ci-dessus.
10 . Enlèvement, déplacement ou dégradation des bornes,
marques ou clôture servant à délimiter des forêts ou des
concessions forestières (art.148 point 5)
Les pénalités prévues sont de six mois à cinq ans de servitude pénale
principale et d’une amende de vingt mille à cinq cent mille francs congolais
constants ou une de ces peines seulement.
Catalogue des infractions 107

11. Exploitation des produits forestiers sans autorisations


dans le chef d’un titulaire d’une autorisation de
reconnaissance forestière ou d’inventaire (art. 144 point1).
L’infraction est punie de six mois à trois ans et une amende de cent mille à
cinq cent mille francs congolais constants ou une de ces peines seulement.
12. Exploitation forestière en violation de la loi ou de ses
mesures d’exécution (art.143 point 1)
La sanction est de trois mois à deux ans de servitude pénale et d’une
amende de vingt mille à cent mille francs congolais constants ou une de ces
peines seulement. La saisie ou la restitution des produits de l’infraction, des
instruments ayant servi à commettre l’infraction sera en outre ordonnée.
13. Exploitation par le concessionnaire forestier des produits
forestiers sans autorisation requise (art.147 point 4).
Elle est réprimée d’un mois à trois ans de servitude pénale et une amende
de dix mille à cinq cent mille francs congolais constants ou une de ces peines
seulement.
14. Exportation par le concessionnaire forestier des
essences en violation des restrictions instituées par les
mesures d’exécution du code forestier (art..147 point 3)
Cette incrimination est punie de la même peine que l’exportation par le
concessionnaire forestier des produits forestiers sans autorisation requise (voir
n°13 en haut).
15. Exercice d’un droit d’usage forestier dans une forêt
classée en violation du code forestier ou de ses mesures
d’exécution (art. .150)
Deux mois à un an de servitude pénale et une amende de dix mille à cinq
cent mille francs congolais constants ou une de ces peines seulement sont
prévus en guise de sanction.
16. Exercice d’un droit d’usage forestier dans une forêt
protégée en violation du code forestier et de ses mesures
d’exécution (art..151)
Cette disposition légale prévoit un mois à un an de servitude pénale
principale et une amende de cinq mille à vingt cinq mille francs congolais
constants ou une de ces peines seulement.
17. Falsification d’une des autorisations prévues par le code
forestier et ses mesures d’exécution (art..145).
Cette falsification est punie de six mois à deux ans de servitude pénale et
une amende de vingt mille à cent mille francs congolais ou une de ces peines
seulement.
Les coupes pratiquées sous une autorisation falsifiée sont illicites. La détention
des produits forestiers en vertu d’une autorisation falsifiée est illicite.
108
Catalogue des infractions

Le législateur prévoit d’autres pénalités, à savoir l’arrêt des travaux de coupe et


la saisie des produits, outils, machines et véhicules ayant servi aux travaux.

18. Location, échange ou concession par le concessionnaire


de concession sans autorisation de l’autorité compétente
(art..14 point 2)
Cette infraction est réprimée d’une peine d’un mois à trois ans de
servitude pénale et d’une amende de dix mille à cinq cent mille francs congolais
constants ou une de ces peines seulement.
19. Obstacles à l’accomplissement des devoirs des
inspecteurs forestiers, fonctionnaires et agents de
l’administration chargée des forêts (art..153)
La sanction est d’un an à cinq ans et une amende de vingt mille à cinq cent
mille francs congolais constants ou une de ces peines seulement.
20. Port ou fait d’allumer un feu en dehors des habitations et
des bâtiments d’exploitation situés à l’intérieur des forêts
(art..58 et 149)
Les pénalités sont de deux mois à deux ans de servitude pénale et une
amende de soixante mille à un million de francs congolais constants ou une de
ces peines seulement.

21. Reconnaissance forestière ou déboisement des forêts


sans autorisation y afférente (art..144 point 2).
Six mois à trois ans de servitude pénale et une amende de cent mille à cinq
cent mille francs congolais constants ou une de ces peines seulement pourront
être appliqués à l’auteur de l’infraction.
22. Refus par le concessionnaire forestier de l’accès à sa
concession des agents de l’administration chargée des
forêts ou aux membres du conseil consultatif provincial
des forêts en mission de service (art..147 point 1).
Cette entrave est punie d’un mois à trois ans de servitude pénale et une
amende de dix mille à cinq cent mille francs congolais constants ou une de ces
peines seulement.
23. Transport ou vente du bois obtenu en violation du code
forestier ou de ses mesures d’exécution (art.. 143 point 2).
Cette prévention est réprimée par trois mois à deux ans de servitude pénale
et une amende de vingt mille à cent mille francs congolais constants ou une de
ces peines seulement. Il peut être ordonné la saisie ou la restitution des
produits de l’infraction, des instruments ayant servi à la commettre.
Catalogue des infractions 109

II. Régime répressif

a) Procédure
1. Rôle des inspecteurs forestiers
Les inspecteurs forestiers, les fonctionnaires assermentés et les officiers
de police judiciaire sont les personnes habilitées en matière forestière. Ils
peuvent procéder à la saisie et à la mise sous séquestre des instruments,
véhicules et objets ayant servi à commettre une infraction forestière ou qui en
sont le produit. Ils ne peuvent procéder à des visites et perquisitions dans les
maisons d’habitation, dans les bâtiments, dans les cours adjacents et dans les
enclos que sur autorisation d’un officier du Ministère public. Ils peuvent
appréhender et conduire devant l’officier du Ministère public toute personne
surprise en flagrant délit d’infraction forestière. Ils peuvent réquerir la force
publique pour la répression des infractions forestières et pour la saisie des
produits forestiers illégalement détenus, transportés , vendus ou achétés. Ils
consignent dans leurs procés-verbaux , la nature, le lieu et les circonstances des
infractions constatées, les éléments de preuve relevés et les dépositions des
personnes ayant fourni les renseignements. Les procès-verbaux font foi jusqu’à
la preuve contraire. Ils sont transmis, dans les meilleurs délais, à l’officier du
Ministère public. Un rapport est dressé par l’officier de police judiciaire à
l’administration chargée des forêts.
2.Rôle de l’Etat
L’Etat a le droit d’exposer l’affaire devant le tribunal. Il dépose ses
conclusions, au premier dégré comme devant la juridiction d’appel. Au cas où
l’Etat n’est pas représenté à l’audience, le tribunal prononce d’office les
dommages-intérêts (article 135 alinéa 2). Les jugements en matière forestière
sont signifiés au Ministre de la Justice qui en porte connaissance à
l’administration forestière(art. 136).

3. La transaction en matière forestière

En matière forestière, l’action est éteinte par la transaction(article 137


alinéa 4). L’arrêté du Ministre de la Justice définit les formalités et les
procédures à observer lors des transactions, la liste des agents habilités à
transiger et les barêmes des transactions(art. 137). Le montant des transactions
est acquitté dans le délai fixé par l’acte de transaction, faute de quoi, il est
procédé aux poursuites. Avant le jugement, les transactions peuvent être
consenties dans les conditions et selon les modalités fixées par l’arrêté du
Ministre. Après jugement définitif, les transactions ne peuvent porter que sur
les modalités de réparation pécuniaire.
Le délinquant peut se libérer d’une transaction soit par un payement en
espèces, soit par l’exécution des travaux d’intérêt forestier (article 139 et 140).
110
Catalogue des infractions

En cas de récidive, la transaction n’est consentie que de façon exceptionnelle et


seulement par le Ministre (art. 137 alinéa 3).
4.Constitution de partie civile
Peuvent exercer les droits reconnus à la partie civile en ce qui concerne
les infractions forestières, les associations représentatives des communautés
locales et les organisations non gouvernementales nationales agréées et
contribuant à la réalisation de la politique gouvernementale en matière
environnementale. Elles exercent les mêmes droits, en ce qui concerne les
atteintes aux accords et conventions internationaux ratifiés par la République
Démocratique du Congo, causant un préjudice direct ou indirect aux intérêts
collectifs qu’elles ont pour objet de défendre.

b) Tribunal pénalement compétent


Les faits répréhensibles en matière forestière177 sont de la compétence
juridictionnelle des tribunaux de commerce. L’article 17 de la loi 002/2001
portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce
attribue à ceux-ci la compétence en matière des législations et réglementations
économique et commerciale. La législation forestière congolaise faisant partie
de l’arsenal économique et commercial, les délits forestiers sont de la
compétence des tribunaux de commerce178 .

c) Prescription de l’action publique


L’action publique en matière d’infraction forestière se prescrit après un an
révolu, si l’infraction n’est punie que d’une amende ou si le maximum de la
peine applicable ne dépasse pas une année. Elle se prescrit après trois ans

177
Les infractions forestières sont recherchées et constatées, sans préjudice des
prérogatives des offficiers du Ministère public, par les inspecteurs forestiers, les
fonctionnaires assermentés et les autres officiers de police judiciaire dans leur ressort
territorial.
178
La situation des tribunaux de commerce est particulière. En effet, les tribunaux de
commerce ont une compétence d’attribution délimitée par la loi, eu égard, soit à la nature de
certaines infractions, soit à la qualité de certains délinquants. Ils ont été crées depuis 2001
par la loi du 03 Juillet 2001 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux
de commerce. Les juges de ces tribunaux sont donc le juge naturel des litiges relevant de la
législation économique et commerciale (article 17 de la loi citée). Ces juridictions
connaissent des infractions à la législation économique et commerciale, quel que soit le taux
de la peine ou la hauteur de l’amende (Clément NSAMPOLU IYELA., Organisation,
compétence et procédure devant les tribunaux de commerce. Séminaire de formation des
juges consulaires et magistrats des tribunaux de commerce, Edité par Avocats sans
frontières Belgique / Mission permanente en R.D.C, Kinshasa, Août –septembre 2002, p.4.)
A la lumière de ce qui précède, nous pouvons affirmer que les infractions en matière de
prix, de registre de commerce, de banqueroute et cas assimilés, à la réglementation du petit
commerce relèvent de la compétence des tribunaux de commerce. En attendant l’effectivité
des tribunaux de commerce sur l’étendue du territoire national, les tribunaux de grande
instance exercent leurs attributions là où ils ne sont pas encore installés.
Catalogue des infractions 111

révolus si le maximum de la peine applicable ne dépasse pas cinq années


(article 126).

73. Code minier


Les infractions à la législation minière sont définies, prévues et
sanctionnées par le code minier. Le texte en vigueur est la loi n°007/2002 du
11 juillet 2002 portant code minier179.

I. Infractions et pénalités

1. Achat et vente illicite des substances minérales


L’achat et la vente illicite des substances minérales sont punis à l’article
302 de la loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002. La sanction est d’une amende, en
francs congolais, de l’équivalent de 10.000$ US à 30.000$ US. Le tribunal
pourra également saisir et confisquer au profit de l’Etat les substances faisant
l’objet des transactions. Il a été jugé qu’en se livrant au trafic des substances
minérales, sans les autorisations exigées par le code minier congolais, les
auteurs ont commis le trafic illicite des substances minérales180 .

2. Activités minières illicites


L’infraction d’activités minières illicites est prévue et réprimée par
l’article 299 du code minier. Elle a pour sujets les personnes qui se livrent sans
autorisation à des travaux de recherches ou d’exploitation des mines ou des
carrières en violation des dispositions du Code minier. Le coupable connaît
qu’il accomplit un acte que la loi interdit mais tient à en tirer profit. Les auteurs
sont susceptibles de subir une amende en francs congolais de l’équivalent de
10.000$us à 25.000$US. En outre, il sera procédé à la saisie et confiscation par
le tribunal des substances minérales illicitement extraites.

3. Corruption des agents des services publics de l’Etat habilités


à procéder aux opérations minières
Voir corruption passive, n°101.

4. Détournement des substances minérales


L’article 301 est le siège de cette matière. Le détournement des
substances minérales est sanctionné dans le chef du prévenu. Il encourt cinq à
dix ans de servitude pénale et une amende dont le montant en francs congolais
est l’équivalent de 5.000 $US à 20.000 $US.
BZLa facilitation du détournement est aussi punie. Elle est punie dans
le chef de celui qui aura facilité le détournement. La sanction est une servitude

179 ème
JORDC, 43 Année, Numéro spécial, 15 juillet 2002.
180
Cour de Sûreté de l’Etat, RP 2479, 18 mars 2004, inédit.
112
Catalogue des infractions

pénale de deux à cinq ans et une amende en francs congolais de l’équivalent de


5.000 à 10.000 $US.

5. Détention illicite des substances minérales


L’article 303 de la loi 007/2002 du 11 juillet 2002 réprime la détention
illicite des substances minérales. Pour qu’il y ait ce délit, l’auteur, au moment où
il détient la substance minérale, ne doit pas être une personne autorisée par la
loi de détenir cette substance. En outre, cette substance minérale ne doit pas
provenir d’une activité minière entreprise par le détenteur en vertu de la loi ou
d’un règlement.
Il a été jugé qu’il convient de prendre en compte la force probante des
procès-verbaux dressés et des déclarations y contenues et qu’il ne peut être
attaché aucune crédibilité aux dires d’un prévenu, connaissant avec pertinence
le diamant pour s’être livré des années durant à son achat, déclarant pour se
disculper que les pierres noires trouvées sur lui ne sont pas du diamant alors
que l’expertise du centre d’Evaluation, d’Expertise et de Certification des
Substances Minérales, précieuses et semi-précieuses, CEEC en sigle, atteste
qu’il s’agit bel et bien des substances minérales et plus précisément du diamant
industriel181 . La détention illicite des substances minérales est punie de deux
mois de servitude pénale principale au maximum et d’amende. L’amende à
faire payer est de l’équivalent en francs congolais de 2.000 $US à 20.000 $US.
Le juge peut infliger soit la servitude pénale principale soit l’amende.

6. Entraves à l’activité de l’administration des mines


Il faut entendre par entraves à l’activité de l’administration des mines, le
fait de faire obstacle à l’exécution des travaux ordonnés ou autorisés par les
services de mines. Le texte légal est l’article 310 de la loi minière. L’entrave à
l’activité de l’administration des mines est sanctionné. Le prévenu sera puni
d’une servitude pénale de six mois et d’une amende en francs congolais de
l’équivalent de 2.000 $US à 10.000 $US ou une de ces peines seulement.

7. Outrages ou violences envers les agents de l’administration


des mines
L’infraction d’outrages ou violences envers les agents de
l’administration des mines a été développée dans le cadre général des outrages
aux fonctionnaires. Nous recommandons de s’y référer utilement.

181
Tribunal de Grande Instance de Kinshasa/ Gombe, R.P 263, Ministère public et partie
civile contre le prévenu Ajudiya Pravin Kumar , 18 décembre 2009, inédit.
Catalogue des infractions 113

8. Recel des substances minières


L’infraction de recel des substances minières a déjà été traitée en même
temps que l’infraction de vol de substances minérales. Le lecteur lira utilement
les pages y relatives.

9. Transport illicite des substances minérales


Le transport illicite des substances minérales est prévu par l’article 304.
Il est sanctionné d’une servitude pénale de deux mois au maximum et d’une
amende en francs congolais de l’équivalent de 2.000 $US à 20.000 $US. L’une
de ces deux peines peut être infligée exclusivement.

10. Violation des règles d’hygiène et de sécurité


En matière de travaux de recherches ou d’exploitations des mines ou
des carrières, les règles d’hygiène et de sécurité sont de stricte application.
L’article 306 du code minier prévoit , pour tout contrevenant à ces
dispositions, des sanctions. Elles sont d’une servitude pénale d’un mois et
d’une amende équivalant en francs congolais de 5.000 $US à 10.000 $US ou
une de ces peines.

11 . Vol des substances minérales


Voir infraction de vol, n° 73-11, 573.

II. Tribunal pénalement compétent

Les infractions à la législation minière sont créées par la loi n°007 /2002
du 11 juillet 2002. Cette loi, bien que postérieure à la loi n° 002/2001 du 03
juillet créant les tribunaux de commerce, n’a pas déterminé le tribunal pénal
compétent. Nous estimons que, le nouveau code minier faisant partie de la
législation économique et commerciale de notre pays en vertu de l’article 17 de
la loi n° 002/2001, les infractions en matière des mines et carrières relèvent de
la compétence pénale des tribunaux de commerce.

74. Collecte illégale

Le décret du 16 juin 1960 portant approbation de l’ordonnance-loi n°11-


906 du 1er décembre1959 est le texte légal en matière de collecte illégale. Sont
concernées, dans l’infraction de collecte illégale, les quêtes de fonds ou d’objets
qui se font à domicile, sur la voie publique, ou en tout autre lieu public, à
l’exception des édifices du culte.
En effet, les collectes sont soumises à l’autorisation préalable de
l’administrateur de territoire ou du gouverneur de province. Elles ne sont
autorisées que si le produit est destiné à des actes de piété, de bienfaisance, à
114
Catalogue des infractions

l’encouragement des sciences, des arts, des lettres ou à tout autre but d’utilité
publique.

a) Personnes susceptibles de commettre l’infraction et peines


prévue.
Seront punissables d’une servitude pénale de deux mois maximum et
d’amende ou d’une de ces peines seulement (article 9 §1°) ceux qui auront fait
une collecte non autorisée, ceux qui auront contrevenu à l’interdiction et ceux
qui auront employé le produit d’une collecte à une autre fin que celle indiquée.
Seront punissables d’une servitude pénale de quinze jours au maximum et
d’amende ou d’une de ces peines seulement (article 9 § 2), ceux qui auront fait
une collecte autorisée sans avoir été agrées comme collecteurs ou après que
l’agréation leur ait été retirée. Subiront la même peine, ceux qui auront refusé
de produire les comptes et les pièces relatives à la collecte et témoignant de la
destination donnée au produit de celle-ci.

b) Tribunal compétent et prescription de l’action publique


L’infraction de collecte illégale est de la compétence du tribunal de paix.
Le taux de la peine prévue par le législateur conduit à la compétence matérielle
de cette juridiction. L’infraction de collecte illégale se prescrit dans le délai
d’une année.

75. Commerce triangulaire


Voir Prix, n° 457-1.

76. Complot contre le chef de l’Etat


Le complot ou attentat contre la vie ou la personne du chef de l’Etat est
prévu par l’article 194 du code pénal livre II. Dans la réalisation progressive
d’une entreprise contre la sûreté de l’Etat, le complot précède l’attentat. Les
éléments constitutifs sont au nombre de quatre.
1. La résolution d’agir. Elle implique une volonté précise et bien arrêtée. Il est
sans importance qu’elle soit, ou non, tenue secrète, et qu’elle soit
conditionnelle ou assortie d’un terme incertain ;
2. Cette résolution doit être concertée entre deux ou plusieurs personnes. Là
est l’élément essentiel à l’incrimination : l’article 194 du code pénal livre II
ne s’applique pas à la résolution individuelle de commettre un attentat. Il
faut une réunion de plusieurs volontés dans un même but ;
3. Elle doit également être arrêtée entre les conjurés, d’où la nécessité d’un
accord entre eux sur le but et les moyens d’exécution du complot ;
4. Le complot doit avoir un but particulier , celui de commettre un attentat.
Catalogue des infractions 115

a)Texte légal et sanctions


L’article 194 punit d’une servitude pénale de dix à quinze ans s’il existe
un acte matériel pouvant être considéré comme préparatoire. Ce qui constitue
une question de fait. Il sanctionne de cinq à dix ans dans le cas contraire.
Celui qui aura fait une proposition non agréée de former un complot contre la
vie ou la personne du chef de l’Etat sera puni d’une servitude pénale de un à
cinq ans.

b) Tribunal compétent
L’infraction de complot contre la vie ou la personne du chef de l’Etat est
considérée tantôt de par sa nature comme une infraction continue, tantôt elle
est considérée, selon une autre opinion plus nuancée, comme une infraction
instantanée. L’infraction de complot contre le chef de l’Etat est de la
compétence du tribunal de grande instance.

77. Complot militaire

Le complot militaire a pour but de porter atteinte à l’autorité du


commandant d’une formation militaire, d’un navire ou d’un aéronef militaire. Il
a également pour but de porter atteinte à la discipline ou à la sécurité de la
formation, du navire ou de l’aéronef. Il y a complot lorsque la résolution d’agir
est concertée et arrêtée entre deux ou plusieurs personnes.

I.Eléments constitutifs

Il appert que le complot requiert , pour consommation, la réunion des


éléments essentiels à savoir l’existence d’une résolution criminelle, une
résolution criminelle concertée et arrêtée et un but précis et réalisable.
a)L’existence d’une résolution (ou entente) criminelle
Il s’agit d’une résolution (ou entente) criminelle d’agir ou l’animus
agendi conçue par des militaires ou assimilés(éléments de la police nationale,
bâtisseurs de la nation). C’est une conjuration militaire. Ce qui veut dire que
dès lors que la résolution criminelle est partagée avec un civil, les auteurs seront
sanctionnés selon le droit commun. La résolution criminelle est la rencontre
d’idées vouées à la perturbation de l’ordre public.
b) La résolution(ou entente) criminelle doit être concertée et arrêtée
La résolution(ou entente) criminelle procède d’une décision réfléchie de
délinquer conçue par deux agents au moins. C’est ce que le législateur qualifie
de résolution concertée et arrêtée. Les agents élaborent, plannifient un accord
de délinquer. Il a été jugé que le caractère de pluralité voulu par la loi crée entre
les auteurs une participation indispensable pour l’existence de l’infraction qui
écarte l’application des règles de participation accidentelle retenue à l’égard des
infractions pouvant être commises isolément ou à deux ou plusieurs personnes,
116
Catalogue des infractions

prévues à l’article 21 du code pénal ordinaire livre premier182. La résolution est


arrêtée dès lors qu’elle constitue une volonté ferme et inébranlable de
matérialisation du projet criminel. Les délinquants finalisent le consensus
dégagé par les conspirateurs afin d’atteindre un but ignoble et clairement
déterminé.
c)La résolution (ou entente) criminelle doit viser un but précis et
réalisable.
On ne peut concevoir une résolution criminelle sans les buts clairement
définis. Le complot militaire peut poursuivre trois buts.
1. L’entente peut viser à porter atteinte à l’autorité du commandant d’une
formation militaire, d’un navire ou d’un aéronef militaire ;
2. L’entente peut viser à porter atteinte à la discipline militaire ;
3. L’entente peut viser à porter atteinte à la sécurité d’une formation
militaire, d’un navire ou d’un aéronef.
II.Régime répressif
Le code pénal militaire, en son article 62(art 432-434 C.J.M), châtie les
comportements constitutifs du complot militaire de cinq à dix ans de servitude
pénale. Le maximum de la peine est appliqué aux militaires les plus élevés en
grade et aux instigateurs de l’infraction. En temps de guerre, en périodes
exceptionnelles ou en toutes circonstances pouvant mettre en péril la sécurité
de la formation, de l’aéronef ou du navire ou si le complot a pour but de peser
sur la décision du chef militaire responsable, l’auteur coupable de l’infraction
sera puni de mort.

78. Complots tendant à porter le massacre, la dévastation ou le


pillage
Voir Atteinte à la sûreté de l’Etat, n° 41.

79. Comptabilité
Toute entreprise exerçant une activité lucrative ou non sur le territoire
national, y compris les associations sans but lucratif, a.s.b.l en sigle, qu’elle
qu’en soit la forme juridique doit tenir une comptabilité régulière. Celle-ci est
tenue suivant les formes du Plan Comptable Général Congolais, en sigle
PCGC. Exception est faite des banques et autres institutions financières, des
petites et moyennes entreprises soumises au régime d’imposition forfaitaire
ainsi que celles relevant du régime de la patente ; les infractions en matière de
tenue de la comptabilité sont issues du décret du 31 juillet 1912 tel que modifié
par le décret du 20 avril 1935, de la loi n°76-020 du 16 juillet 1976 et des
ordonnances n°76-150 du 16 juillet 1976 et n°77/332 du 30 novembre 1977.

182
C.S.J., 11 février 1972, RP1,BA C.S.J 1972, p.18 et suivants.
Catalogue des infractions 117

I. Infractions et sanctions

1. Fournir des renseignements erronés au travers des


documents transmis au Ministère de l’économie nationale
La base légale est l’article 3 de l’arrêté Ministériel n° 008 portant exécution
de l’ordonnance-loi n° 77- 332 du 30 novembre 1977. Cette ordonnance-loi
fixe les modalités d’application obligatoire du Plan Comptable Général. Tout
opérateur économique concerné par l’application obligatoire du Plan
Comptable Général Congolais est susceptible de fournir des renseignements
erronés.Dans ce cas, il peut être poursuivi.
A cet effet, l’auteur qui a fourni des renseignements erronés au travers des
documents transmis au Ministère de l’économie nationale encourt une peine
d’amende. Elle est de 5.000 à 25.000 francs congolais.
2. Non-conformité aux prescriptions du PCGC des documents
comptables dont la publication, la communication à l’Etat ou
des tiers font l’objet d’une obligation légale ou réglementaire
dans le chef de l’agent économique
L’article 15 point 2 de la loi n° 76-020 du 16 juillet 1976 portant
normalisation de la comptabilité au Zaïre183 définit cette prévention. La
sanction est d’un mois à un an de servitude pénale et une amende. Néanmoins,
une de ces peines seulement peut être infligée.
3. Non transmission des états financiers au ministère de
l’économie nationale par l’opérateur économique concerné
par l’application obligatoire du PCGC.
L’article 3 point a de l’arrêté ministériel n° 008 du 16 septembre 1993
portant exécution de l’ordonnance-loi n° 77-332 du 30 novembre 1977 et
fixant les modalités d’application obligatoire du PCGC réprime ce
comportement délictueux. La sanction prévue est d’un mois de servitude
pénale principale ou une amende de 500 à 25.000 Francs Congolais.
4. Non transmission de ses états financiers au Ministère de
l’économie nationale dans les six mois suivant la fin de
l’exercice clos.
La personne qui ne transmet pas ses états financiers au Ministère de
l’économie nationale dans les six mois suivant la fin de l’exercice clos commet
l’infraction de l’article 3b de l’arrêté ministériel n° 008 précité. La sanction est
de quinze jours à six mois de servitude pénale principale ou une amende de 250
à 10.000 FC telle que prévue par l’article 3b de l’arrêté précité.

183
J.O.Z., n° 16, 15 août 1976 p. 855.
118
Catalogue des infractions

5. Refus de soumettre ses documents de synthèse à l’examen


du conseil permanent de la comptabilité par l’agent
économique.
Il est fait obligation de soumettre ses documents de synthèse à l’examen du
conseil Permanent de la comptabilité par l’agent économique. Le non de
respect de cette obligation est punie. La sanction est d’un mois à un an de
servitude pénale et une amende ou une de ces peines seulement184 .
6. Toute autre infraction à l’une des dispositions de la législation
comptable en vigueur est passible d’amende (article 16 de la loi citée).

II. Tribunal pénalement compétent


Les dispositions pénales à la législation comptable font sans conteste
partie intégrante de la législation économique et commerciale de la R.D.C. Dès
lors et naturellement, le tribunal de commerce en est l’instance répressive.

80. Concours de pronostics

I. Définition

Par concours de pronostic, il faut entendre tout contrat par lequel deux
personnes assurent un gain déterminé à celle qui se trouvera avoir raison sur
l’existence ou la non existence d’un évènement affirmé par l’une et nié par
l’autre185 .
L’infraction de concours de pronostics s’entend du fait d’organiser ou
d’exploiter , pour son compte ou pour le compte d’autrui, des concours de
pronostic ou autres.
a)Domaine d’application de l’interdiction de concours de pronostics
L’interdiction s’applique à toutes sortes de concours de pronostics. En
effet, à la lecture de la loi , sont réprimés, non seulement les concours de
pronostics sportifs, mais aussi, tous les autres concours de pronostics. Le lieu
où ce concours de pronostics a lieu importe peu. Pourvu qu’il vise à porter
atteinte au droit de propriété d’autrui. Un seul fait suffit à caractériser
l’infraction , celle-ci n’étant pas une infraction d’habitude.
b)L’élément intentionnel
L’élément intentionnel est réquis. L’intention s’analyse dans la
conscience de violer le droit de propriété d’autrui. Toute personne qui , à titre
gratuit ou moyennant rémunération, aura servi d’intermédiaire entre une
entreprise de concours de pronostics et des particuliers, soit en transférant des

184
Article 15 point 1° de la loi 76-020 du 16 juillet 1 976 portant normalisation de la
comptabilité au Zaïre.
185
LIKULIA BOLONGO. , Droit pénal spécial zaïrois, LGDJ, Paris 1976, p.515.
Catalogue des infractions 119

fonds, soit en diffusant des bulletins ou réclames de cette entreprise, sera puni
des mêmes peines que l’auteur principal186.

II. Poursuites

Les poursuites peuvent être faites sur dénonciation. Elles peuvent être
menées par le parquet après plainte ou même d’office. L’officier de police
judiciaire, « l’œil et l’oreille du Ministère public » , reçoit les plaintes. Il peut être
saisi sur réquisition, sur dénonciation ou aussi sur plainte187.
a)Quel est le texte légal en vigueur ?
L’ordonnance législative n°II /141 du 16 mai 1951 portant interdiction
des concours de pronostics sportifs ou autres188 définit et réprime la prévention
de concours de pronostics.
b) Quelles pénalités le législateur prévoit-il ?
L’auteur principal de l’infraction de concours de pronostics pourra
subir deux mois de servitude pénale principale et une amende ou une de ces
peines seulement. Il encourt, en outre, confiscations de fonds, enjeux,
bulletins et matériels d’exploitation. Le complice sera puni des mêmes peines
que l’auteur principal. En cas de récidive dans un délai de deux ans, les peines
seront doublées.
c) Devant quel tribunal l’auteur sera traduit ?
Le tribunal de paix connaît de l’infraction de concours de pronostics. Il
peut être saisi par requête du Procureur de la République ou du Procureur
Général. La partie lésée peut, d’elle-même, saisir la juridiction par citation
directe.
Une année après la commission de l’infraction , les faits infractionnels
constitutifs de concours de pronostics cesseront d’être poursuivis (prescription
de l’action publique).

81. Concurrence déloyale

L’infraction de concurrence déloyale est définie, prévue et punie par


l’ordonnance- loi n° 41-63 du 24 février 1950189. Sont qualifiés de concurrence
déloyale, les agissements d’un commerçant ou d’un industriel qui, pour
s’emparer de la clientèle d’un concurrent, utilise des moyens contraires aux
usages honnêtes en matière commerciale et industrielle190 .

186
Article 1 de l’ordonnance législative n°/II/141 du 16 mai 1951.
187
En régle générale, en droit congolais la plainte peut être écrite ou orale.
188
B.O., p. 1154.
189
Code Larcier République Démocratique du Congo, Larcier-Afrique Editions 2003, Tome
III, Volume 2, p.504.
190
NGUYEN Chanh Tam, Philippe DARTOIS, Charles SIMON. , Lexique de Droit des
affaires Zaïrois, Faculté de Droit, Kinshasa, 1972, p79.
120
Catalogue des infractions

I. Actes contraires aux usages honnêtes en matière commerciale et


industrielle

Sont constitutifs de concurrence déloyale (art 2 de la loi précitée) les actes


suivants :
1. créer la confusion ou tenter de créer la confusion entre sa personne, son
établissement ou ses produits et la personne, l’établissement ou les produits
d’un concurrent ;
2. répandre des imputations fausses sur la personne, l’entreprise, les
marchandises ou le personnel d’un concurrent ;
3. donner des indications inexactes sur sa personnalité commerciale, sur son
industrie ou ses dessins, marques, brevets, références, distinctions, sur la
nature de ses produits ou marchandises, sur les conditions de leur
fabrication, leur origine, leur provenance, leur qualité ;
4. apposer sur les produits naturels ou fabriqués, détenus ou transportés en
vue de la vente ou mis en vente ou sur les emballages de ces produits, une
marque de fabrique ou de commerce, un nom, un signe ou une indication
quelconque de nature à faire croire que les produits ont une origine ou une
provenance autre que leur véritable origine ou provenance ;
5. faire croire à une origine ou à une provenance inexacte desdits produits, soit
par addition, retranchement ou altération quelconque d’une marque, d’une
dénomination ou d’une étiquette, soit par des annonces, écrits ou affiches
soit par la production de factures, de certificats d’origine ou de provenance
inexacts, soit par tout autre moyen ;
6. faire un usage non autorisé de modèles, dessins, échantillons, combinaisons
techniques, formules d’un concurrent, et, en général de toutes indications
ou de tous documents confiés en vue d’un travail, d’une étude ou d’un
devis ;
7. faire un emploi non autorisé du matériel d’un concurrent, de l’emballage,
des récipients de ses produits, même sans l’intention de s’en attribuer la
propriété, ni de créer une confusion entre les personnes, les établissements
ou les produits ;
8. utiliser des dénominations, marques, emblèmes créant une confusion avec
des services publics, des organismes publics, ou tendant à faire croire à un
mandat de l’autorité.

II. Eléments constitutifs


Pour que soit jugée établie, en fait comme en droit, l’infraction de
concurrence déloyale requiert un acte matériel et un préjudice.
Catalogue des infractions 121

a)L’acte matériel
L’existence d’un de ces actes à prendre pour ceux contraires aux usages
honnêtes en matière commerciale ou industrielle que nous venons de citer à
titre indicatif.
b)Le préjudice
Il doit résulter de l’acte un préjudice subi par le concurrent, lequel préjudice
se résume à l’atteinte à son crédit ou au fait qu’il a perdu sa clientèle ou a vu
réduite sa capacité de concurrence de façon générale.

III. Poursuites
En matière de concurrence déloyale, le parquet ne peut pas se saisir
d’office. Les infractions constitutives ne sont poursuivies qu’à la requête des
intéressés ou de l’un d’eux (art 4). Sans aucun équivoque, l’infraction de
concurrence déloyale relève de la compétence des tribunaux de commerce.
a)Quelles sont les sanctions prévues
Pénalement , la concurrence déloyale est punie d’amende (art 3).
D’autres sanctions sont prévues. Il s’agit de la faculté, pour le juge,
d’ordonner l’affichage du jugement à l’extérieur des établissements du
condamné à ses frais et pendant le délai qu’il détermine et la publication du
jugement dans les journaux aux frais du même condamné.
b) Récidive en matière de concurrence déloyale
En cas de récidive, une peine de servitude pénale de sept jours à deux
mois sera prononcée. Il y a récidive191 lorsqu’après une condamnation
définitive pour manquement aux injonctions ou interdictions d’un jugement ou
d’un arrêt, le condamné commet un nouveau manquement au même jugement
ou arrêt, dans un délai de cinq ans.
82. Concussion

La concussion est le fait pour un fonctionnaire, pour toute personne


chargée d’un service public ou toute personne représentant les intérêts de l’Etat
d’ordonner de percevoir, d’exiger ou de recevoir ce qui n’est pas dû ou ce qui
excède ce qui est dû pour des taxes, contributions, salaires ou tous autres
avantages alors qu’elle savait qu’elle n’avait pas le droit d’exiger ces sommes.

191
L’article 14 a et suivants du code pénal (issu du décret du 08 août 1959) distingue le
récidiviste et le délinquant d’habitude. Les deux phénomènes posent le même problème et
relèvent du phénomène de la réitération de l’infraction, de la rechute dans l’infraction. La
récidive est prévue et réglementée par l’article 14 b du code pénal.
122
Catalogue des infractions

I. Eléments constitutifs
L’infraction de concussion n’est établie qu’à condition de réunir dans la
personne d’un auteur déterminé, le fait de poser un acte défini dans une
intention coupable.
a) L’auteur.
L’auteur est un fonctionnaire, une personne chargée d’un service
public, une personne représentant les intérêts de l’Etat, une personne
dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public..
A titre d’exemple, nous citerons un fonctionnaire de n’importe quel ministère,
un magistrat, un percepteur des douanes ou des impôts, un commis ou un
préposé d’un service public etc.
b) L’acte.
Ce fonctionnaire pose un acte consistant à recevoir, exiger une somme
non due ou excédant celle qui était légalement due. Pour les droits,
contributions, impôts ou taxes publiques : c’est le fait de recevoir, exiger, ou
ordonner de percevoir une somme non due ou excédant celle qui était due, en
prétendant qu’il s’agit de sommes légalement dues (c’est la différence avec la
corruption).
C’est aussi le fait d’accorder une exonération ou une franchise des
mêmes éléments, en violation des textes, sous une forme quelconque et pour
quelque motif que ce soit. La perception opérée porte sur des droits,
contributions, revenus ou intérêts pour salaires ou traitements.
c) L’intention coupable.
L’auteur doit savoir qu’il exige, perçoit ou reçoit une somme qui n’est
pas légalement due. L’officier public a dû agir de mauvaise foi, sachant qu’il
percevait par exemple une taxe illégitime, peu importe son mobile, même
désintéressé. Le mobile est indifférent , par exemple , pour le percepteur
concussionnaire pour combler le déficit de l’Etat. Par contre, il n’y a pas
d’infraction en cas d’erreur , par exemple, pour des fonctionnaires des impôts.
Il a été jugé qu’il n’y a pas d’infraction si la perception est le résultat d’une
erreur du fonctionnaire qui, interprétant inexactement les textes, perçoit une
somme qu’il croit due192.

192
App., R.U, 15 janvier 1945, RPA 62, inédit.
Catalogue des infractions 123

II. Poursuites

a)Texte légal et pénalités


L’infraction de concussion est poursuivable sur base de l’article 146 du
code pénal Livre II. D’office, le Ministère public peut se saisir. La victime peut
également se plaindre.
Les peines de six mois à cinq ans de servitude pénale principale et la
confiscation de la rétribution perçue injustement ou de son équivalent seront
infligées. Pourront aussi être subies des peines accessoires qui sont d’ailleurs
pareilles pour la corruption. Il s’agit de l’interdiction , pour cinq ans au moins
et dix ans au plus, après exécution de la peine du droit de vote et d’éligibilité,
de la confiscation de la rétribution perçue par le comptable ou le montant de sa
valeur lorsqu’elle n’a pu être saisie, de l’interdiction d’accès aux fonctions
publiques et paraétatiques quelque soit l’échelon, de la privation du droit à la
condamnation ou la libération conditionnelle et à la réhabilitation ainsi que de
l’expulsion définitive, après exécution de la peine si le condamné est étranger.
b)De quel tribunal relève cette infraction ?
L’infraction de concussion relève de la compétence matérielle du
tribunal de paix193 .
c)La prescription de l’action publique
La prescription de l’action publique relative à la concussion se réalise dans
un délai de trois ans. La prescription de l’action publique et de l’action civile du
chef de concussion court pour chacun des actes de perception délictueuse à
dater de sa perpétration, c’est-à-dire que chaque perception est un délit distinct
et séparé194. En cas de pluralité de perceptions indues résultant d’opérations
indivisibles, la prescription de l’action publique ne commence à courir qu’à
compter de la dernière de ces perceptions. Pour chaque fonctionnaire,
l’infraction est commise par sa propre intervention : pour lui, il n’est pas
renouvelé par les actes ultérieurs d’autres fonctionnaires (Crim., 1995195 : la
solution est importante pour la prescription). La tentative est punissable.

193
Le tribunal de paix connaît des infractions punissables de cinq ans de servitude pénale
principale au maximum et d’une peine d’amende, quel que soit son taux ou de l’une de ces
peines seulement (art.86 du COCJ). Il connait des individus tombant sous la législation sur
le vagabondage et la mendicité (art 88 du COCJ) ainsi que la prise de mesure de garde,
d’éducation et de préservation en matière d’enfance délinquante (art 90 al. 1. du COCJ).
194
Bruxelles, 12 décembre 1878, B. J. , 1879, p.51.
195
Mementos, droit pénal spécial, 14 ème édition 2008, Dalloz P. 320.
124
Catalogue des infractions

83. Constitution illégale d’une juridiction répressive

La constitution illégale d’une juridiction répressive est une infraction militaire.


Elle rentre dans la catégorie des infractions portant atteinte à la discipline. Les
infractions portant atteinte à la discipline se caractérisent par des actes d’abus
d’autorité. La constitution illégale d’une juridiction répressive consiste à ériger
et à faire fonctionner une instance chargée de distribuer la justice punitive au
mépris des règles d’organisation et de compétence judiciaires. En effet, ces
dernières règles sont les seules habilitées à instituer les juridictions répressives
militaires permanentes et les juridictions répressives en temps de guerre. Elles
en précisent, en outre, les modalités de fonctionnement.
I. Eléments constitutifs

Pour que soit établie l’infraction de constitution illégale d’une juridiction


répressive, il faut que certaines conditions soient remplies.
a)La qualité réquise pour l’auteur
L’auteur de l’infraction de constitution d’une juridiction répressive doit être
un militaire ou son assimilé. Les deux concepts militaire et assimilé ont été
précisé dans les lignes antérieures et postérieures.
b)L’acte incriminé
L’acte incriminé doit consister dans l’institution et le maintien d’une
juridiction militaire illégale196 . Il s’agit de l’instauration d’une juridiction
militaire illégale et de la composition illégale d’une juridiction militaire. Il est de
principe constitutionnel que les cours, tribunaux civils et militaires ainsi que les
parquets près ces juridictions ne peuvent être institués qu’en vertu de la loi. De
même, la nature, leur compétence, l’organisation, le fonctionnement et les
sièges de ces cours et tribunaux et des parquets ainsi que la procédure à suivre
sont fixés par la loi.
c)L’élément intellectuel
La constitution illégale d’une juridiction répressive doit être intentionnelle.
Elle procède d’un acte délibéré. Le dol général suffit à établir l’infraction. Il
doit être prouvé dans le chef de l’auteur un acte libre et conscient.

196 er
Il est stipulé à l’article 1 de la loi n°23/2002 du 18 novembre 2002 portant Co de
Judiciaire Militaire : « La justice militaire est rendue en République Démocratique du Congo
par les juridictions militaires ci-après : les tribunaux militaires de police, les tribunaux
militaires de garnison, les cours militaires et les cours militaires opérationnelles et la haute
cour militaire ».
Catalogue des infractions 125

II. Régime répressif

L’article 112 du code pénal militaire (art. 479 C.J.M ) dispose que tout militaire
qui, hors les cas prévus par la loi pénale militaire, établit et maintient une
juridiction répressive, sera puni. La sanction est de dix à vingt ans de servitude
pénale, sans préjudice de peines plus fortes pouvant être encourues du fait de
l’exécution des sentences prononcées.

84. Contamination délibérée d’un enfant du Vih/sida


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467-9.

85. Contravention aux dispositions de la loi du 10 janvier 2009


sur les pires formes de travail de l’enfant
Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467-10.

86. Contraventions routières


Les accidents de la route sont devenus un phénomène social. Ils causent
dégâts matériels, handicaps, infirmités, mutilations et pertes en vies humaines.
Pour les éviter, les agents qualifiés ou policiers de roulage donnent, dans
l’exercice de leur fonction, des injonctions aux usagers de la route. Ils règlent
ainsi la circulation. A cet effet, les agents qualifiés constatent des infractions197
relatives à la conduite des véhicules et des animaux, à l’usage des voies ouvertes
à la circulation publique, aux véhicules et à leurs équipements. Ils constatent,
aussi , les infractions ayant trait aux conditions administratives de circulation
des véhicules et de leurs conducteurs, au permis de conduire et aux
dispositions générales.
a) Base légale
La loi n°78-022 du 30 août 1978 portant nouveau code de la route est
le siège des contraventions routières, spécialement le livre III qui reprend par
catégories les contraventions de police , en matière de circulation routière et le
livre IV qui traite des sanctions diverses. Bon nombre de contraventions
routières se clôturent par des amendes transactionnelles en lieu et place des
peines privatives de liberté. Nous allons procéder par citer les principales et le
texte du nouveau code de la route y relatif198.

197
Nous allons nous limiter à nommer les principales, à indiquer la contravention routière, et
à en donner la référence légale. Nos divers commentaires sur la dépréciation des amendes
en général et des amendes transactionnelles en particulier demeurent, ici, d’application.
198
La nomenclature des contraventions routières proposée pourrait paraître peu heureuse.
Les dispositions légales évoquées peuvent également ne concerner parfois que
l’interdiction, sans évoquer la disposition porteuse de la peine. Nous sommes conscients de
cette non exhaustivité dont nous assumons l’entière responsabilité. En effet, l’incidence du
126
Catalogue des infractions

b) Principales contraventions routières

1. Abandon d’un véhicule en panne sur la voie publique


(art. 41-1° et 113-5°NCR) ;
2. Absence de plaque d’immatriculation (art. 60 et 115
al.1°NCR) ;
3. Apposition d’une fausse inscription ou de fausse plaque
sur un véhicule ou remorque (art. 60, 62 et 114-1°e t 2
NCR) ;
4. Arrêts et stationnements interdits (art. 23, 24-1° et 106-11°
NCR) ;
5. Avoir brûler le feu rouge
6. Changement brusque de bande (art.21, 2 NCR) ;
7. Chargement et déchargement des personnes sur la voie
publique ;
8. Chargement non conforme des véhicules (art. 42, 43 et
113-7° NCR) ;
9. Chevauchement(art. 13. 7.1 NCR), voir aussi (Marrques
routières), (art. 93.1 NCR)
10. Clignotant continue ;
11. Circulation en sens opposé (art. 10 et 106-1° p . 11 et 52
NCR) ;
12. Corruption ou tentatative de corruption d’un agent
qualifié, voir corruption n° 97 ;
13. Défaut de casque de protection (art. 54 et 113 al. 6 NCR) ;
14. Défaut de ceinture de sécurité (art. 53 et 113 al. 6° p.30 et
53 NCR) ;
15. Défaut defeux clignotant(art.21.2 NCR );
16. Défaut d’aasurance automobile (voir n° 127 ) ;
17. Défaut d’avertisseur sonore (art. 51, 64 al2°-2 et 113 al 1°
NCR) ;
18. Défaut d’éclairage réglementaire (art. 55, 64 al. 2° et 113
al. 1° NCR) ;
19. Défaut d’entretien de plaques d’immatriculation (plaques
illisibles) art. 66 al. 2° et 113 al. 3° NCR ;
20. Défaut d’extincteur(art. 113 NCR) ;
21. Défaut de dispositif anti-vol (art. 63 et 113 al. 1° NCR) ;
22. Défaut de dispositif réfléchissant(art. 43.2 (nuit) lors du
chargement ;

respect du code de la route sur la préservation de la vie humaine, la pratique des agents
qualifiés sur les routes congolaises et le souci d’oser systématiser nous ont largement
influencé. Pareilles insuffisances pourraient dans les prochaines éditions trouver solution.
Catalogue des infractions 127

23. Défaut d’essuie-glace (art. 63 et 113 al. 1° NC R) ;


24. Défaut d’indicateur de vitesse (Art. 63. et 113 al 1° NCR) ;
25. Défaut de permis de conduire (art. 11. 6) ; (art.118-136.1
NCR) ;
26. Défaut de rétroviseur(art. 113 .1.g NCR) ;
27. Défaut de pre-brise ou vitre (art. 113. 1.g NCR) ;;
28. Défaut de plaque d’immatriculation(art. 52.2) ; (art. 59
NCR) ;
29. Défaut de signe distinctif
30. Défaut des feux clignotants (art.art. 12.3 NCR) ;
31. Défaut des feux stop (art.11. 3 ;1 NCR) ;
32. Défectuosité du dispositif de signe de signalisation à
bord des automobiles (art. 63 et 113 al 1° NCR) ;
33. Défectuosité manifeste du dispositif d’échappement,
silencieux (art. 63 et 113 al 10° NCR) ;
34. Défectuosité des dispositifs réfléchissants (art. 35 al 5°, 64
al. 2° et 113 al 1 NCR°);
35. Défectuosité manifeste des freins (art. 63, 64 et 113 al 1°
NCR) ;
36. Défectuosité manifeste des signalisations sur des
véhicules (clignoteurs, feux de position, feux rouges, faux
croisements) art. 35 al, 2°, 55, 57, 64 al 2° et 11 3 al 1° NCR;
37. Dégradation de la chaussée(art.105, 106 NCR);
38. Délit de fuite (art. 105, voir n°138 );
39. Distance de sécurité insuffisante entre véhicules (art.17 et
106al2° NCR) ;
40. Dommage causé à une voie publique ou ses dépendances
(art. 7 al 1° et 108 NCR) ;
41. Entrave à la circulation des piétons (art. 31 ,32 et 111
NCR) ;
42. Entrave à la circulation par vitesse anormalement réduite
(art. 16 al 4°, 19 al 2° et 106 al 2° NCR) ;
43. Entrave ou tentative d’entrave sur une voie ouverte à la
circulation publique (art. 7, 9 et 110 NCR) ;
44. Excès de vitesse (art. 16 al 2°, 18 al 1° 2° et 106 al 2°
NCR) ;
45. Exposition des personnes en danger ;
46. Fausse plaque ‘immatriculation ;
47. Fausse manœuvre (art. 12. Al1-2 NCR) ;
48. Gène de la circulation (art.72 , 110 NCR);
49. Imprudence au volant ((art 16 al. 2°, et 106 NC R) ;
50. Imprudence du pièton (art.31
128
Catalogue des infractions

51. Incommodation par bruit, poussière, fumée ou gaz nocif


(art. 42 al 2° point 5. 113 al 4° NCR) ;
52. Ivresse au volant (voir n° 330)
53. Manque de miroir rétroviseur (art. 52, 65 al 2° 3 et 113 al 1°
NCR) ;
54. Manque de para-brise et vitres (Art. 63 et 113 al 1° NCR) ;
55. Mauvais arrêt(embarquement ou débarquement des
personnes sur la chaussée) (art. 23. 1. 2 NCR);
56. Mauvais croisement (Art. 15 et 106 al 3° NCR) ;
57. Mauvais dépassement (Art. 13 et 106 al 4° NCR) ;
58. Mauvais stationnement(art. 106 NCR) ;
59. Mauvaise conduite des véhicules et des animaux (Art. 16,
46 et 107 NCR) ;
60. Mauvaise manœuvre de marche en arrière(art.12,2 NCR) ;
61. Mauvaise manœuvre de se porter à gauche ou à droite,
cfr mauvais croisement (art.12.1, 25 NCR).
62. Modification du gabarit des véhicules et leur signalisation
(Art. 68 et 113 al 2° NCR) ;
63. Non-conformité des dimensions des plaques
d’immatriculation (aux plaques officielles) Art. 60 al 3°, 66,
67 al 4° et 113 al 3° NCR ;
64. Non-conformité du signe distinctif sur les plaques (Kn-
KV-KAT-B...) Art. 61 al 2°, 67 et 113 al 3° NCR ;
65. Non détention du permis de conduire approprié (Art. 69,
70 et 108 NCR) ;
66. Non détention des autorisations, pièces administratives
(autorisation de transport, expertise etc.) Art. 116 ;
67. Non fixation de plaque d’immatriculation (art.59, art. 60.1
NCR) ;
68. Non manifestation d’intenetion de virer à gauche ou à
droite( art. 21 al 1-2 NCR) ;
69. Non port de ceinture de sécurité(art. 53, 113.-6 NCR) ;
70. Non prorogation du permis de conduire (Art. 69, 70 ,71 et
119 NCR) ;
71. Non respect de distance entre deux véhicules (art.17.1.2,
106 NCR) ;
72. Non respect de la place sur la chaussée(art. 10.1.2 NCR) ;
73. Non respect de sens à la circulation(art.10.6 NCR) ;
74. Non respect de sens giratoire(art.81.2 NCR) ;
75. Non respect des marques routières et lignes continues
(Art. 93, 79 et 106 al 10° NCR) ;
76. Non respect du signal « STOP » (Art. 79 et 1O6 al 7°
NCR) ;
Catalogue des infractions 129

77. Non respect des signaux lumineux (Art. 3, 79 et 106 al 9°


NCR) ;
78. Non respect des signaux routiers (Art. 3, 79 et 106 al 3°
NCR) ;
79. Obtention ou tentative d’obtention frauduleuse du permis
de conduire (Art. 70, 71, 72, 73 et 123 al 1° NCR) ;
80. Organisation non autorisée de course des véhicules
motorisés (Art. 112) ;
81. Panne techniqu e sur la voiepublique(art.41.1,2) ;
82. Passager de moins de douze ans au siège avant du
véhicule(art. 38.2 NCR);
83. Permis de conduire non valide (art. 69.5 NCR) ;
84. Permis de conduire expiré(art. 69.3 NCR) ;
85. Plaque d’immatriculation étrangère (art. 59 NCR)
86. Plaque d’immatriculation illisible(art. 113, 3 NCR)
87. Plaque d’immatriculation non conforme(art. 114. 2 NCR)
88. Pneus usés
89. Portières ou coffres ouvertes (art.27 NCR) ;
90. Ralentissement non motivé (art.19.2 NCR)
91. Refus de céder le passage (Art. 20, 79 et 106 al 5° NCR) ;
92. Refus de dégager la voie publique d’objets de nature à
distraire l’attention du conducteur (art.43 NCR) ;.
93. Réfus d’amener le véhicule au bureau(art. 6.1 NCR)
94. 48 . Refus d’exhiber les documents de bord (art. 63 NCR)
95. Refus d’obtempérer à la décision d’interdiction de
conduire (Art. 70, 71, 72, 73 et 123 al 1° NCR) ;
96. Refus d’obtempérer aux injonctions des agents qualifiés
(Art. 4, 5,6 et 127 NCR) ;
97. Refus d’obtempérer aux injonctions visant à dégager la
circulation (Art. 6,7 al 2° et 109 NCR) ;
98. Refus de priorité (Art. 20, 79 et 106 al 6° NCR ) ;
99. Refus de restituer le permis de conduire annulé ou
suspendu (Art. 70, 71, 72, 73, 119 NCR) ;
100. Refus de se soumettre aux opérations de dépistage
d’alcool(Art. 104 al 3° et 2, 7 NCR) ;
101. Surchargement des personnes et marchandises
dans la carrosserie (art. 42) ;
102. Trafic d’influence (voir n° 527 ) ;
103. Transport illicite(art. 116 NCR) ; Ord.Loi n° 62/236
104. Usage des dispositifs ou équipement non conforme
au type homologué (Art. 51 à 56, 63 et 120 NCR) ;
105. Usage des autorisations et pièces fausses ou
altérées (Art. 117 NCR) ;
130
Catalogue des infractions

106. Utilisations des pneus incommodes (Art. 63,65 al 2°


et 113 NCR) ;
107. Vente de dispositif ou équipement non conforme au
type homologué (art.51 à 56, 63 et 128 NCR)…
108. Véhicule en mauvais état sur la chaussée (art. 113
NCR) ;
109. Violation de sens unique (art.106.1) ;
110. Violation des sens opposés à la circulation ;
111. Virage sans manifester l’intention (art. 21.1 NCR) ;

c)Sanctions

1. Amende199
Comme dit plus haut, les contraventions routières sont généralement
punies d’amende. En cas de récidive, l’amende est doublée. Il s’agit d’une
amende appelée transactionnelle. L’amende est dite transactionnelle, car son
payement fait l’objet d’un accord entre l’officier de police judiciaire et l’inculpé.
L’inculpé reste libre d’accepter ou de refuser. L’amende transactionnelle est
donc proposée. L’officier de police judiciaire de la police spéciale de roulage ne
peut , ni l’imposer , ni contraindre l’auteur présumé d’une contravention
routière à la payer. Le refus de la proposition conduit uniquement à en dresser
procès-verbal.
L’amende transactionnelle peut, en outre, être payée par le civilement
responsable200 . Le payement de l’amende fait au niveau de l’opj éteint l’action
publique. A la condition que ledit payement soit approuvé par l’officier du
Ministère public. Le payement de l’amende n’implique nullement pas la
reconnaissance par l’inculpé de sa culpabilité (art.9 du CPP). Néanmoins, il
produit les effets suivants :

199
La peine d’amende consiste en une somme d’argent que le condamné a l’obligation de
verser au Trésor public à titre de sanction. L’article 10 du code pénal dispose que l’amende
est de un Zaïre au moins. Elle est perçue au profit de l’Etat. Pour qu’elle atteigne le
maximum de son efficacité, l’on devrait résoudre le problème de son adaptation à la fortune
du condamné et son recouvrement effectif.
200
Les personnes qui d’après les règles du droit civil, sont civilement responsables des
personnes poursuivies, peuvent être appelées devant la juridiction répressive et
condamnées à répondre civilement des indemnités allouées à la victime(à la suite de
l’action civile portée par celle-ci devant le juge répressif), et du paiement des frais du procès
pénal. Dans certains cas exceptionnels (droit pénal économique…), elles peuvent même
être déclarées civilement responsables du paiement des peines pécuniaires. Elle peut alors
pour éviter sa propre condamnation, soit soutenir que l’infraction n’a pas été commise, soit
que les conditions du lien de responsabilité civile font défaut.
Catalogue des infractions 131

- le Ministère public qui a approuvé l’amende payée ne peut plus poursuivre


l’action publique ;
- celui qui a payé une amende transactionnelle entérinée ne peut plus être
attrait201 par citation directe ;
- celui qui a exécuté les conditions lui proposées par l’officier de police
judiciaire ne peut plus revenir sur son option et demander d’être jugé.
L’amende transactionnelle payée auprès du magistrat instructeur, pour
produire les effets ci-haut cités, doit avoir été approuvée par le chef
hiérarchique.
2. La suspension du permis de conduire
Tout véhicule en mouvement ou tout ensemble de véhicules en
mouvement doit avoir un conducteur. Celui-ci doit posséder les qualités
physiques et psychiques nécessaires et être en état physique et mental de
conduite. Il doit se faire délivrer un permis de conduire. Le permis de conduire
est délivré par une commission ad hoc. Le permis de conduire sera rétiré après
jugement , à un conducteur qui commet une infraction grave susceptible
d’entraîner le retrait.

3. L’immobilisation, la mise en fourrière et le retrait de certains véhicules de


la circulation.
L’immobilisation peut être prescrite (art. 136), notamment lorsque le
conducteur est présumé en état d’ivresse, sous l’empire d’un état alcoolique ou
sous l’effet des stupéfiants. Il en est de même s’il n’est pas titulaire du permis
exigé pour la conduite du véhicule ou ne justifie pas d’une autorisation pour
un transport exceptionnel prévu. De même, le véhicule sera immobilisé quand
il provoque des détériorations à la route ou à ses dépendances etc.
La mise en fourière est prescrite (art.142) par l’officier de police
judiciaire compétent, notamment en cas de stationnement d’un véhicule à
proximité d’une intersection de routes, d’abandon d’un véhicule pendant
quinze jours au moins sur une voie publique ou ses dépendances, de défaut de
soumission à un contrôle technique obligatoire, de circulation d’un véhicule de
transports en commun de personnes sans autorisation de mise en circulation
etc.. Le véhicule sera rétiré de la circulation lorsque, après expertise, il est
constaté qu’il compromettrait gravement la sécurité des usagers(art. 156).
d) Les victimes des accidents de circulation
Une personne peut être lésée dans ses intérêts ou dans sa chair par la
contravention routière. Elle est alors appelée la victime de la contavention
201
En application du principe « non bis in idem », il ne peut plus lui être demandé compte
pour les faits qui ont donné lieu à la peine déjà exécutée. L’exécution de la peine est le
mode normal de son exécution. Lorsqu’elle est réalisée, le délinquant est quitte vis-à-vis de
la société ; il a payé sa dette.
132
Catalogue des infractions

routière. La victime peut porter, devant la juridiction répressive, son action


civile en réparation du dommage subi. Elle est alors appelée « la partie civile202
».

87. Contrefaçon

Les inventions, les dessins et modèles industriels, les signes distinctifs, les
dénominations commerciales et géographiques déposés au Ministère de
l’Economie et Industrie sont protégés.
I. Eléments constitutifs

Pour exister l’infraction de contrefaçon requiert :


- 1° l’existence d’un droit intellectuel régulièrement déposé et enregistré ;
- 2° la vente, la détention, l’exposition à des fins commerciales ou
industrielles de produits ayant un aspect identique au dessin protégé ou
présentant des différences secondaires ;
- 3° l’intention coupable du contrefacteur.

II. Poursuites

En matière de contrefaçon, le Ministère public n’exerce l’action


publique que sur demande de la personne lésée (art 94 alinéa 1). L’action civile
fondée sur la contrefaçon n’est recevable que si le délit de contrefaçon est
établi pénalement (art.94 alinéa 2).
a) Quel est le texte légal en la matière ?
Il s’agit de l’ordonnance n°89/173 du 07/08/1989 portant application
de la loi n°82-001 du 7 janvier 1982 régissant la propriété industrielle. C’est le
texte qui prévoit et réprime l’infraction de contrefaçon.
b) Quelles pénalités sont-elles prévues ?
En guise de pénalités, le législateur a prévu un à six mois de servitude
203
pénale et une amende ou une de ces peines seulement. D’autres sanctions
sont prévues :

202
Il ya des conditions nécessaires pour se porter partie civile. Pour pouvoir se porter partie
civile, il faut avoir été lésé par l’infraction. Mais cette lésion ne suffit pas ; il faut que le
préjudice subi (qui peut être matériel ou moral) soit actuel, personnel et direct.
203
La peine de servitude pénale est réglementée par les articles 7 à 9 de notre code pénal.
La servitude pénale est soit à perpétuité soit à temps. La servitude pénale à temps peut
varier entre un jour et vingt ans. La servitude pénale remplace la peine d’amende à défaut
Catalogue des infractions 133

- ordonner la cessation , par le contrefacteur, de toute activité portant


atteinte aux droits de la partie lésée ;
- confiscquer les objets reconnus contrefaits et les instruments ou
ustensiles destinés spécialement à la fabrication des objets contrefaits.
Le contrefacteur récidiviste est puni du double des peines maximum
prévues. Sont également sanctionnés :
- le fait de se prévaloir indûment d’une demande de brevet ou de
certificat d’encouragement ou de se prévaloir indûment titulaire d’un
brevet, d’un certificat d’encouragement ou d’une licence d’exploitation
(art.104 de l’ordonnance précitée). La peine est de trois mois à un an et
d’une amende. En cas de récidive, ces peines peuvent être portées au
double ;
- le fait de rendre publique l’invention ou la découverte objet de la
demande de brevet ou de certificat d’encouragement (art.105 de
l’ordonnance précitée), le fait de divulguer le secret de fabrique, le fait
de délivrer copie des dépôts secrets, le fait d’exploiter librement une
invention ou une découverte secrète. La peine est d’amende, sans
préjudice des peines en matière d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Si la
violation porte préjudice à la défense nationale ou à la sécurité d’Etat,
l’auteur sera puni d’un à trois ans de servitude pénale. Sont punis, aux
termes des articles 125 et 126 de l’ordonnance n° 89/173 du 07 août
1989 :
1° le fait de fabriquer, d’importer, de vendre, d’offrir en vente, de livrer, d’user
ou détenir à l’une de ces fins, dans un but industriel ou commercial, un produit
ayant un aspect identique au dessin, au modèle industriel déposé ou ne
présentant avec celui-ci que des différences secondaires ;
2° le fait de fabriquer indûment une demande d’enregistrement d’un dessin ou
d’un modèle industriel ou de se prévaloir indûment titulaire d’un dessin ou
d’un modèle industriel. La peine est d’un à six mois et une amende ou une de
ces peines seulement. En cas de récidive, ces peines seront portées au double.

88. Contrefaçon de la propriété industrielle

La propriété industrielle est un ensemble des droits subjectifs sur des


œuvres qui sont des inventions ou des découvertes, les dessins et modèles
industriels, les signes distinctifs, les dénominations commerciales et
géographiques ainsi que les enseignes204 .En effet, les conditions et les
modalités d’octroi et d’enregistrement des œuvres sont réglementées. Le

de paiement dans les délais légaux. Dans ce dernier cas, elle prend le nom de servitude
pénale subsidiaire.
204
Article 2 de la loi n°82-001 du 7 janvier 1982.
134
Catalogue des infractions

titulaire de ces droits protégés se voit réserver , par la loi n°82-001 du 7 janvier
1982, l’exclusivité de la reproduction et de l’usage de ses créations ou de signes
distinctifs permettant à un producteur ou à un commerçant de rassembler et de
retenir une clientèle. Sont donc interdits et sanctionnés205 les faits de la
contrefaçon de ces droits, notamment la contrefaçon des dénominations
commerciales, géographiques, des insignes, des dessins, des modèles
industriels, des inventions, des découvertes, des marques des fabriques, des
services, des œuvres littéraires et artistiques.

89. Contrefaçon des bulletins de vote


Voir élections, n° 199-II, 9.

90. Contrefaçon des dénominations commerciales,


géographiques et des enseignes
Le texte légal demeure la loi n°82/001 du 07 janvier 1982 régissant la
propriété industrielle. Divers articles de cette loi définissent et assortent des
sanctions les faits constitutifs de contrefaçon que nous allons énumérer dans le
texte. Une personne exerçant l’industrie ou le commerce peut choisir une
dénomination commerciale en vue d’identifier son entreprise (art.153). C’est le
nom commercial du commerçant, personne physique, une dénomination
sociale ou une raison sociale lorsque le commerçant est une personne morale
(art.155).
Pour se prévaloir d’un titre de propriété, il faut avoir, le premier, effectué le
dépôt suivi de l’enregistrement de ladite dénomination commerciale auprès du
Ministère de l’industrie. Le titre d’enregistrement confère au titulaire un droit
d’usage exclusif.
Agissements répréhensibles et élément moral
Le propriétaire d’une dénomination commerciale, géographique ou
d’une enseigne jouit du droit exclusif de l’exploiter, de la vendre ou de la faire
vendre. Il a le droit de s’opposer à toute reproduction, vente, usage ou
détention dans un but industriel ou commercial. Aux termes de l’article 158 de
la loi n° 82-001 du 07 janvier 1982 l’utilisation illicite, d’une manière indirecte
ou directe d’une indication commerciale (c’est-à-dire d’un nom commercial
pour les commerçants ou industriels personnes physiques ou d’une
dénomination sociale ou raison sociale pour les personnes morales ainsi que
l’indication géographique ou d’une enseigne) appartenant à un tiers, constitue
un acte de concurrence déloyale passible des sanctions (Article 165).

205
Par l’intervention des sanctions répressives se superposant à l’action en dommages et
interêts , le législateur entend protèger le fruit de travail et de l’esprit de recherche de l’être
humain, tout comme , en matière de vol, il garantit la propriété des choses mobilières.
Catalogue des infractions 135

91. Contrefaçon des dessins et des modèles industriels

a) Le texte légal est la loi n° 82-001 du 7 janvier 1982.


Les personnes qui , en application de leur esprit inventif, ont procédé à
la mise en place des dessins et modèles originaux et nouveaux susceptibles
d’être exploités comme objet d’industrie ou de commerce (art.106) ont un
monopole d’exploitation temporaire. Il faut que le dessin ou le modèle ait fait
régulièrement objet du dépôt, pour qu’il jouisse du bénéfice du monopole
(art.10)
Tout propriétaire d’un dessin ou d’un modèle industriel régulièrement
déposé et enregistré ou son ayant droit, jouit pendant une durée de cinq ans
renouvelable une fois, du droit exclusif d’exploiter ou de faire exploiter, de
vendre ou de faire vendre le dessin ou le modèle, dans les conditions prévues
par la loi, sans préjudice des droits.
b) Eléments constitutifs de l’infraction
L’infraction de contrefaçon s’analyse en trois éléments constitutifs.
1.L’objet protégé
L’objet protégé est un dessin ou un modèle protégé, régulièrement
déposé. Il s’agit d’objets matériels en lesquels s’incarne l’idée inventive de
l’auteur.
2.Les agissements illicites.
Quand le dépôt est effectué, l’auteur du dessin ou du modèle peut
exiger de toute personne le respect de sa propriété. Il peut exercer contre celui
qui méconnaîtrait ses prérogatives une action en contrefaçon. Ce qui est
interdit, c’est toute reproduction, même partielle, même grossière de nature à
provoquer une confusion dans le public avec le dessin ou le modèle imité. A la
reproduction punissable, on assimile la vente des objets contrefaisants ou leur
exposition en vue de la vente, le recel, la livraison, l’usage, la détention de ces
objets ou leur achat effectué de mauvaise foi, c’est-à-dire à l’une de ces fins,
dans un but industriel ou commercial (art.19), ainsi que leur introduction sur le
territoire congolais (art.125).

3. L’intention coupable.
La contrefaçon des dessins et modèles est une infraction intentionnelle. A
partir du dépôt reçu et suivi de l’obtention du certificat d’enregistrement, il
existe une présomption de connaissance de ce dépôt. Il appartient à l’imitateur
poursuivi d’établir sa bonne foi.

92. Contrefaçon des inventions et des découvertes

La protection légale organisée pour les inventions résulte de la loi n° 82-


001 du 07 janvier 1982. Une invention peut faire l’objet d’un titre de propriété
136
Catalogue des infractions

industriel appelé « brevet » (art. 4 de la loi n°82-001 du 7 janvier 1982). Le titre


confère à son titulaire un droit exclusif d’exploitation temporaire.

I. Eléments constitutifs
Il y a trois éléments constitutifs au regard des dispositions des articles
88, 104 et 105 de la loi précitée, à savoir :
- l’objet doit être une invention ou une découverte ;
- les faits manifestant l’activité du contrefacteur ;
- l’intention coupable.

a) L’objet protégé
1. Une invention , c’est-à-dire une invention nouvelle résultant d’une activité
inventive susceptible d’être exploitée comme objet d’industrie ou de
commerce (art.6) ;
2. Une découverte , c’est-à-dire une activité non inventive aboutissant au
constat de l’existence d’un objet déjà existant mais dont l’exploitation n’a
jamais été rendue publique (art.13).
b) Faits manifestant l’activité du contrefacteur
Nous avons dit que le brevet d’inventions ou de découvertes confère à
son titulaire un droit exclusif d’exploitation temporaire.
1. Le titulaire a le droit d’interdire, à toute personne, l’exercice des activités
couvertes par un brevet. Il peut s’agir, notamment de fabriquer le produit
concerné, de détenir celui-ci et l’utiliser aux fins de vente ou de le transformer
aux fins de vente sous autre forme, employer ou mettre en œuvre et même
vendre le procédé breveté (art.48) ;
2. Le fait de se prévaloir indûment d’une demande de brevet, d’une demande
de certificat d’encouragement, de la qualité de titulaire d’un brevet, d’un
certificat d’encouragement ou d’une licence d’exploitation (art.104) ;
3. Le fait de rendre public, de divulguer les inventions et les découvertes
déclarées secrètes sans autorisations, de divulguer le secret de fabrique, de
délivrer copie des dépôts secrets, d’exploiter librement des telles inventions
ou découvertes (art.40). Ce délit est passible de trois mois à un an et d’une
amende.

c) Ces délits sont des infractions intentionnelles.


Les agissements illicites de la personne coupable doivent avoir été
réalisés de mauvaise foi. La mauvaise foi doit être prouvée.

II. Régime répressif


Catalogue des infractions 137

L’action publique ne peut être exercée par le Ministère public que sur
demande de la partie lésée (art.94 al 1). L’action civile fondée sur la
contrefaçon n’est recevable que si le délit de contrefaçon est établi pénalement
(art.94 al 2).
Le tribunal ordonnera la cessation par le contrefacteur de toute activité
portant atteinte aux droits de la partie lésée ainsi que la confiscation206 des
objets reconnus contrefaits et des instruments ou ustensiles destinés
spécialement à leur fabrication (art.95 al 2).

93. Contrefaçon des marques de fabrique et service

I. Objets protégés

Une marque est un signe distinctif qui permet de reconnaître ou


d’identifier divers objets ou services d’une entreprise quelconque (art. 128). Il
peut s’agir d’un signe quelconque, soit nominal, soit figuratif permettant de
distinguer les produits commerciaux ou les services assurés par une entreprise.
On distingue les marques de fabrique, de commerce et de service, mais aussi la
marque nationale de garantie qui a pour objet de certifier la qualité des
marchandises congolaises. Les marques de fabriques relèvent de la loi n° 82-
001 du 7 janvier 1982 régissant la propriété industrielle. Elles sont reprises sous
la troisième partie intitulée : « Des signes distinctifs et des dénominations ».
La protection n’est prévue que pour les marques spéciales, c’est-à-dire
celles qui bénéficient d’une autorité dans un secteur commercial déterminé.
Une marque est protégée non en raison de l’usage qui en est fait mais
uniquement parce qu’elle a été l’objet d’un dépôt suivi d’obtention de
l’enregistrement. L’enregistrement est attributif de la propriété sur la marque. Il
permet au déposant de poursuivre ceux qui sont auteurs des agissements
répréhensibles.

II. Agissements répréhensibles et élément moral

Le propriétaire d’une marque jouit du droit exclusif de l’exploiter, de la


vendre ou de la faire vendre et de s’opposer à toute reproduction, vente usage,
ou détention dans un but industriel ou commercial. Les articles 125 et 126 de la
loi du 7 janvier 1972 érigent en infractions les violations concernant les

206
La confiscation spéciale est prévue par l’article 14 du code pénal. Elle porte sur les
choses ayant un rapport avec l’infraction. Jusqu’à une période récente, il existait la
confiscation générale (en condamnant l’auteur du détournement aux travaux forcés, le juge
devait prononcer en outre la confiscation de tous les biens du coupable) qui a été
supprimée. La confiscation spéciale, qui est une mesure de sûreté (art14 du code pénal)
peut être exécutée même après la mort du condamné, à condition qu’elle ait été prononcée
par un jugement coulé en force de chose jugée du vivant du condamné.
138
Catalogue des infractions

marques. L’utilisation illicite, directement ou indirectement, d’une marque de


fabrique ou de service constitue un acte de concurrence déloyale. Elle est punie
des sanctions prévues à l’article 165 et celles contenues dans d’autres
législations particulières (voir aussi l’article 163).
L’intention coupable. L’agent doit avoir agi avec une intention
délictueuse, frauduleuse. La faute et l’imprudence de l‘auteur de la contrefaçon
seront considérées. Le prévenu peut invoquer sa bonne foi lorsqu’il prouve
qu’il a été trompé, par exemple, sur l’identité de celui pour qui il a fabriqué la
marque ou que les Autorités et Services du Département de l’Industrie, lors du
dépôt de la demande de l’enregistrement, ont implicitement autorisé
l’utilisation d’ores et déjà de la propriété industrielle projetée. Tous les signes
susceptibles d’une représentation graphique, notamment les mots, peuvent
constituer des marques, à condition qu’ils soient propres à distinguer les
produits ou les services d’une entreprise de ceux d’autres entreprises207 .

94. Contrefaçon des œuvres littéraires et artistiques

La contrefaçon est à la fois la reproduction, la représentation et la


diffusion illicite des œuvres de l’esprit ainsi que leur débit, leur importation ou
leur exportation208 . L’infraction de contrefaçon des œuvres littéraires et
artistiques est une atteinte à l’exclusivité que l’auteur détient sur ses propres
œuvres. Tout être humain possède des droits sur les créations de son
intelligence. Ainsi, la loi reconnaît et protège une véritable propriété de
l’individu sur ses œuvres littéraires.

I. Eléments constitutifs

a)Source légale de l’infraction


L’infraction sous étude est créée à titre de protection des auteurs et des
artistes. Les législations calquées sur la colonisation se sont succedées les unes
après les autres. Le droit pénal en la matière , résulte des dispositions pénales
consacrées par les articles 96 à 103 de l’ordonnance-loi n° 86-003 du 05 avril
1986.
b) Eléments constitutifs propremendits

207
Bruxelles ,9eme ch .,27 juin 2003 p.872 in Revue de Jurisprudence de liège, Mons et
Bruxelles ,31 décembre2004,110eme année ,Hebdomadaire p.2023.

208
LUKOMBE NGHENDA. , Le Règlement du contentieux commercial. Tome I, Les
tribunaux de commerce. Publications des Facultés de Droit des Universités du Congo,
Février 2005, p.623.
Catalogue des infractions 139

Pour être consommée, la contrefaçon des œuvres littéraires et


artistiques exige la réunion de trois éléments distincts. Ceux-ci ont trait
d’abord aux œuvres sur lesquelles a porté l’infraction, ensuite aux actes
matériels par lesquels il s’est manifesté et enfin à l’intention coupable.
1.Les œuvres littéraires
Aux termes de l’article 4 de l’ordonnance –loi n°86-003 du 5 avril 1986,
les droits d’auteurs protégés sont toutes les œuvres de l’esprit quels qu’en soit
le genre, la forme d’expression, le mérite ou la destination. Il s’agit
notamment209 :
1° des livres, brochures et autres écrits littéraires, artistiques et scientifiques ;
2° des conférences, allocutions, plaidoiries, sermons, leçons, mémoires,
commentaires et autres œuvres de même nature tant sous forme orale que sous
forme écrite ou enregistrée ;
3° des œuvres dramatiques, dramatico-musicales et des œuvres théâtrales
en général de même que les œuvres chorégraphiques et les pantomimes
dont la mise en scène est fixée ;
4° des compositions musicales avec ou sans paroles ;
5° des œuvres cinématographiques ;
6° des journaux, revues ou autres publications de même nature ;
7° les œuvres de dessin, de peinture, d’architecture, de gravure, de
lithographie ;
8° des œuvres photographiques ;
9° des œuvres d’arts appliqués ;
10° des illustrations, les cartes géographiques ainsi que les ouvrages
plastiques relatifs à la géographie, à la topographie, à l’architecture ou à
toute autre science ;
11° des plans, croquis et maquettes d’architectes ;
12° des adaptations, traductions, arrangements de musique et autres
transformations autorisées par l’auteur de l’œuvre originale lorsque celle-ci
n’appartient pas au patrimoine culturel commun ;
13° des recueils d’œuvres littéraires ou artistiques (encyclopédies, guides,
dictionnaires et anthologies) ;
14° de folklore et des œuvres inspirés du folklore.
Rien, cependant n’empêche un auteur de traiter le même sujet qu’un
concurrent, s’il sait marquer son travail des traits de son propre génie210 . Il
importe que l’œuvre contrefaite ait été éditée au Congo ou à l’étranger. L’article
3 précise que la protection des œuvres consacrée par l’ordonnance-loi n°86-
033 du 5 avril 1986 est applicable aux œuvres des congolais. Elle ne s’applique

209
Nous tenons à porter la précision que cette liste bien qu’énumérative n’est pas limitative.
210
LUKOMBE NGHENDA. , op. cit .p.623.
140
Catalogue des infractions

pas aux œuvres des étrangers, sauf réciprocité ou convention internationale ou


si elles ont été publiées au Congo. Toutefois, aucune atteinte ne peut être
portée, ni à l’intégrité, ni à la paternité des œuvres publiées à l’étranger même
en l’absence de réciprocité ou de convention internationale.
Quant aux œuvres littéraires, la loi congolaise protège contre les imitations de
l’œuvre originale. L’œuvre est originale quand elle est présentée sous sa forme
primitive de création. La loi ne protège pas les idées, les pensées ou les thèmes
qui alimentent l’œuvre.
2. Les actes matériels constitutifs de la contrefaçon
Les actes matériels constitutifs de la contrefaçon sont décrits par les
articles 96 à 99. Ce sont la reproduction, la vente, l’exposition, la location, la
détention des ouvrages ou objets contrefaits.
c) L’élément moral de la contrefaçon.
L’infraction de contrefaçon suppose chez le coupable l’intention
délictueuse.

II. Régime répressif

L’atteinte méchante ou frauduleuse portée en connaissance de cause


aux droits d’auteur (art.96) est punie d’une servitude pénale d’un mois à un an
et d’une amende (art.97). La vente, l’exposition, la location, la détention,
l’importation et l’exportation des ouvrages ou objets contrefaits lorsque ces
actes auront été posés en connaissance de cause et dans un but commercial
(art.98), sont assimilées à la contrefaçon et punies des mêmes peines. Les
infractions prévues aux articles 96 et 97 ne peuvent être poursuivies que sur
plainte de la victime (art.102). Le tribunal saisi peut à la demande de la partie
lésée ordonner la publication du jugement dans un journal qu’il désigne et aux
frais du coupable (art.103).
Le juge ordonne, en outre, la confiscation des objets contrefaits, le
matériel spécialement installé en vue de la reproduction illicite. Il confisque
aussi les sommes d’argent égales à la partie des recettes produites pour la
reproduction ou représentation illicite. Il revient de l’article 101 que les objets
saisis peuvent être attribués au réclamant constitué partie civile en proportion
de la part que son œuvre aura dans le montant des sommes perçues.

95. Contrefaçon, falsification ou altération des


documents délivrés par les autorités militaires

L’article 79 du code pénal militaire réprime quiconque aura contrefait,


falsifié ou altéré des documents délivrés par les autorités militaires. Les buts de
ces documents sont de constater un droit, une indemnité ou une qualité ou
d’accorder une autorisation. L’article 80 du même code prévoit des pénalités.
Catalogue des infractions 141

Celles-ci seront infligées à celui qui se sera fait délivrer indûment ou aura tenté
de se faire délivrer indûment des documents contrefaits, falsifiés ou altérés, soit
en faisant de fausses déclarations, soit en prenant un faux nom ou une fausse
qualité, soit en fournissant de faux renseignements, certificats ou attestations.

I. Eléments constitutifs proprement dits

1. De l’article 79 du code pénal militaire


L’incrimination de contrefaçon des documents délivrés par les autorités
militaires comprend, pour être établie, les éléments matériels, les actes interdits
et l’intention criminelle.
a)L’élément matériel
L’élément matériel est fait d’altération, de contrefaçon et de
falsification.
- L’altération. L’analyse consacrée à l’élément d’altération dans les cas de
l’infraction de faux en écriture demeure valable.
- La contrefaçon d’un document d’une autorité militaire. Il peut s’agir d’imiter
seulement et librement une œuvre au préjudice de son auteur et ce, dans une
intention frauduleuse. Est constitutif également de la contrefaçon, le fait de
plagier, changer ou modifier l’apparence de quelque chose pour tromper211 .
Il peut s’agir d’imitation de signature ou de sceau. Tel a été le cas d’une note
d’affectation. Cette note était réputée provenir de l’Etat Major Général des
Forces Armées Congolaises pour désigner un officier d’administration
responsable du personnel du 513ème bataillon de la 50ème brigade infanterie.
Déposée par le bénéficiaire au secrétaritat de cette unité, l’on s’est vite
aperçu que ladite note était contrefaite par l’imitation de la signature du chef
d’état –major général ; de même le sceau sec était remplacé par le sceau à
l’encre212 .
- La falsification d’un document d’une autorité militaire.
- L’usage des documents altérés, contrefaits ou falsifiés.
C’est, par exemple, le cas d’un militaire qui se sert d’une autorisation de
sortie altérée ou contrefaite ou falsifiée ou encore contenant des mentions
incomplètes ou inexactes, laquelle autorisation était obtenue suite à un
arrangement personnel entre le bénéficiaire et un agent du secrétariat de son
unité213 .
b) Les actes interdits
Les actes prohibés doivent avoir pour but de constater un droit (sur un
bulletin de paie) de constater une indemnité (contrefaçon d’une lettre remise à

211
Laurent MUTATA LUABA ; op. cit. ,p.211.
212
Com Kin 04 avril 1999,inédit, cité par Laurent MUTATA LUABA, p.211.
213
Laurent MUTATA LUABA. , op. cit., p.212.
142
Catalogue des infractions

monsieur x par l’Etat Major Général en vue d’être indemnisé par suite de la
réquisition de son automobile), de constater une qualité (altérer une décision de
dissipation d’un commandant d’unité, de bataillon ou de brigade) ou d’accorder
une autorisation (altération d’un bon de retrait d’armement, de fonds, d’une
carte d’accès dans un restaurant militaire).
c)L’intention criminelle.
Le dol général suffit à établir la culpabilité de l’agent. Le préjudice subi
par les Forces Armées, des services apparentés ou l’Etat congolais peut même
ne pas exister.
2. De l’article 80 du code pénal militaire
Pour être punissable, l’auteur de l’infraction prévue par l’article 80 du code
pénal militaire peut être :
a) le requérant des documents faux effectivement ou pas, sans titre ni droit. ;
b) l’utilisateur desdits documents même s’il ne les a pas sollicité, dès lors
qu’aucune norme légale n’a été respectée ;
c) l’auteur desdits documents ou celui qui en facilite l’octroi à un individu qui
n’y a aucun droit.
En premier lieu, l’auteur doit avoir tenté d’obtenir ou obtenu effectivement un
document militaire. En second lieu, il doit en avoir fait usage. Enfin, il doit
avoir octroyé ou provoquer l’octroi de ce document.
d) L’élément moral qui peut être aussi bien un dol général qu’un dol spécial
doit exister.
II. Régime répressif

L’auteur du faux de l’article 79 du code pénal militaire ou de son usage se


verra infligé une peine de servitude pénale principale dont le maximum est fixé
à dix ans et une amende n’excédant pas 15.000 francs congolais constants. Il en
sera de même de l’usage du même faux lorsque les mentions invoquées par
l’intéressé sont devenues incomplètes ou inexactes. Ceux qui, sans titre ni droit,
tentent d’obtenir, obtiennent ou utilisent des documents faux ou encore ceux
qui les octroient ou les font délivrer aux individus n’y ayant guère droit (article
80 du code pénal militaire) subiront six mois à cinq ans de servitude pénale et
une amende n’excédant pas 500 francs congolais.
Les mêmes peines seront subies par celui qui fera usage de ces documents
et par celui qui les aura établis sous un autre nom que le sien. L’individu qui
délivrera ou fera délivrer des documents faux à une personne qu’il sait n’y avoir
droit, sera sanctionné de six mois à dix ans de servitude pénale et d’une
amende qui n’excédera pas 10.000 francs congolais constants.

96. Correspondances avec un ressortissant


d’une puissance ennemie
Catalogue des infractions 143

Aux termes de l’article 192 du code pénal livre II, sera puni d’une servitude
pénale de un à cinq ans celui qui, en temps de guerre :
1. entretiendra, sans autorisation du Gouvernement, une correspondance ou
des relations avec les sujets ou les agents d’une puissance ennemie ;
2. fera directement ou par intermédiaire, des actes de commerce avec les sujets
ou les agents d’une puissance ennemie, au mépris des prohibitions édictées.
L’infraction de correspondances avec un ressortissant d’une puissance
ennemie est une infraction d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat. Autrefois,
cette prévention était justiciable de la Cour de Sûreté de l’Etat, actuellement
dissoute. Etant donné que l’infraction de correspondances avec un
ressortissant d’une puissance ennemie n’a pas été supprimée et qu’aucune
incrimination ne peut manquer de juge, elle est désormais de la compétence
matérielle de l’instance compétente, au regard du taux maximum de la peine
prévue.

97. Corruption

I. Définition
Le mot corruption vient du latin « corruptio » signifiant « avilissement,
vénalité, tare, vice ». Elle est inégalement répandue dans le monde et
différentes associations proposent des classements entre nations.

II. L’infraction : corruption active et passive

La corruption dans le système du code pénal congolais suppose que chacun des
deux agents qui concourent à l’infraction, l’un en corrompant, l’autre en se
laissant corrompre, joue un rôle égal et séparément qualifié. Il s’en suit ,de là,
que la corruption passive constitue une infraction distincte de la corruption
active. Il résulte de ce qui précède que la corruption active ne saurait constituer
un acte de complicité de la corruption passive. Le législateur a considéré la
corruption passive et la corruption active comme des infractions différentes.

III. Eléments constitutifs

a)L’élément légal
La corruption fut prévue et réprimée par les articles 147 à 150 du code pénal
livre II. Ces dispositions furent modifiées par l‘article 2 de la loi n°73/017 du
05 janvier 1973. L’article 2 cité a inséré l’article 149 bis. La loi du 05 janvier
1973 sera, par la suite, complétée par l’ordonnance-loi n°73/010 du 14 février
1973. Cette ordonnance-loi a injecté l’article 149 ter.
144
Catalogue des infractions

Le texte, de nos jours , en vigueur est la loi n°05- 006 du 29 mars 2005
modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal
congolais. Cette loi a modifié les articles 147, 148, 149, 149 bis, 149 ter du code
pénal. Elle a aussi inséré les articles 147 bis, 149 quater et 149 quinquies au
Code pénal .
b)L’élément matériel : L’acte de corruption
La définition de l’élément matériel de la corruption, soit active, soit
passive (agrément de propositions) porte sur, à tout moment, directement ou
indirectement, des offres214 , des promesses, des dons, des présents ou des
avantages quelconques. Il en est ainsi du fait de demander et de recevoir d’un
suspect la remise d’une somme d’argent pour ne pas procéder à son arrestation
ni ouvrir une instruction à sa charge215

1. Caractère illégitime
L’acte incriminé ne doit pas être commandé, permis ou autorisé par des
dispositions législatives ou réglementaires.

2. Corruption directe ou indirecte


La corruption directe ne met en présence que deux personnes : le
corrupteur et l’éventuel corrompu. Tel est le cas du délinquant que les policiers
verbalisateurs ont interpellé et qui, pour qu’ils le libèrent, leur offre une somme
d’argent216 . Il en est de même des entreprises qui proposent, pour obtenir les
marchés, de verser une récompense aux dirigeants chargés de passer les
commandes217 La corruption indirecte suppose l’intervention d’un tiers.

3. Notion de pacte de corruption


L’existence d’un pacte de corruption est caractérisé par l’accord qui
intervient entre le corrupteur (acte de corruption active : propositions,
sollicitations, dons, offres, etc ;) et le corrompu (qui agrée les offres et procure
le résultat demandé). L’infraction de corruption n’est caractérisée que si la
convention passée entre le corrupteur et le corrompu a précédé l’acte ou
l’abstention qu’elle avait pour objet de rémunérer. La simple sollicitation des
dons suffit à consommer l’infraction ; dès lors il n’importe que la
« perception » de ces dons ait été postérieure à l’obtention de l’avantage

214
Lorsqu’il n’existe aucun élément pour démontrer un commencement d’exécution ayant
consisté pour le prévenu à offrir une certaine somme d’argent destinée à corrompre un agent ;
il subsistera un doute quant à la culpabilité du prévenu (Tribunal de grande instance de
Kinshasa/ Gombe, R.P 263, Ministère public et partie civile République Démocratique du
Congo contre le prévenu Ajudiya Pravin Kumar, 18 décembre 2009, inédit. ).
215
C.S.J., RPA 12, 03 mars 1972, B.A. 1973.
216
Ibidem
217
Cass. crim. , 10 juin 1948, Bull. crim. n°154.15 no te carteret.
Catalogue des infractions 145

recherché218 La seule preuve à faire, tant dans le chef du corrupteur que du


corrompu, consiste dans la démonstration d’une adhésion préalable, par le
fonctionnaire, à des propositions vénales. Tel n’est pas le cas du fonctionnaire
qui reçoit comme marques de gratitude, des dons ou présents, sans qu’il n’y ait,
entre lui et le particulier reconnaissant, une convention préalable illicite219 .

4.Epoque de la corruption
La volonté du législateur est de ne pas restreindre la répression. La
corruption constitue une infraction instantanée constituée par l’acte incriminé.
En cas d’actes successifs et répétés, l’infraction se renouvelle à chaque nouvel
acte de corruption.

5.Nature des offres, dons et promesses


Il n’existe aucune restriction quant à la généralité des termes employés.
L’application de la loi est laissée à la souveraine appréciation des juges. Il s’agit
de « tout avantage » que l’agent, abusant d’une influence réelle ou supposée, a
pu se faire remettre à son profit. Ces offres, dons ou présents peuvent
porter sur 220 :
- des biens en nature, une montre en or, des arbres ou du fuel ;
- une rémunération ou une somme d’argent ;
- des facilités d’approvisionnements à des prix inférieurs aux cours normaux ;
- des commissions ou des ristournes ou sur une participation aux affaires
traitées ;
- l’exécution d’un travail gratuit ;
- la promesse de relations sexuelles.
c)L’élément moral
1.La qualité d’agent public
La qualité d’agent public est un élément de l’infraction. Cette qualité est
reconnue, non seulement aux fonctionnaires (personnels des carrières des
services publics de l’Etat) , mais aussi aux personnes chargées d’une mission de
service public. Elle est, en outre, reconnue aux personnes investies d’un
mandat électif public (membres du gouvernement, sénateurs, députés,
gouverneurs de province, maires, bourgmestres) et aux personnes ayant un rôle
dans le fonctionnement de la justice (magistrats, greffiers, huissiers, officiers et
agents de police), aux fonctionnaires des impôts etc. Ce sont les dépositaires de
l’autorité publique. La corruption, c’est le fait pour ces personnes, d’agréer ou
de recevoir des offres, promesses ou présents pour commettre une infraction221 .

218
C.S.J., RP 135, 17 mars 1973, B.A 1974, p. 51.
219
Crim. , 2 avril 1998, Bull.crim. n° 127. ; D.1999. S omm . 158, obs.Segonds.
220
Ces exemples non limitatifs sont extraits de la jurisprudence française.
221
Il a été jugé que pour tomber sous les coups des articles 147 et 150 du code pénal
congolais livre II, il faut qu’il y ait notamment entre l’agent actif et l’agent passif une
146
Catalogue des infractions

2.L’objet de la corruption
L’objet de la corruption peut être l’accomplissement ou l’abstention de
l’accomplissement d’un « acte entrant dans le cadre » de la fonction, de la
mission ou du mandat du dépositaire public. C’est aussi lorsque le but, ainsi
poursuivi, s’il n’entre pas dans le cadre strict de la fonction, est atteint grâce
aux « facilités » que lui donne sa fonction, ou sa mission, ou son mandat.

3.Les personnes assimilées aux dépositaires de l’autorité publique


L’article 147 du code pénal modifié par l’article 1er de la loi n°05- 006
du 29 mars 2005 modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 donne
une autre définition. Il est dit qu’il faut entendre, par agent public, tout
fonctionnaire ou tout employé de l’Etat ou des institutions, y compris ceux qui
ont été sélectionnés, nommés ou élus pour entreprendre des activités ou
exercer des fonctions au nom ou au service de l’Etat, à tout niveau de sa
hiérarchie.

IV. Actes constitutifs de la corruption

Les actes de corruption sont énumérés limitativement à l’article 147 bis.


Cette définition a été insérée par l’article 2 de la loi n°05- 006 du 29 mars 2005
modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal
congolais. Sont constitutifs d’actes de corruption :
1. le fait , pour un agent public ou toute autre personne, de solliciter ou
d’accepter directement ou indirectement, des sommes d’argent, tout bien
ayant une valeur pécuniaire ou tout autre avantage, tel qu’un don, une
faveur ,une promesse ou un gain pour lui-même ou pour autrui, personne
physique ou morale, en contre partie de l’accomplissement ou de l’omission
d’un acte dans l’exercice de ses fonctions ;
2. le fait d’offrir ou d’octroyer, directement ou indirectement, à un agent
public ou à toute autre personne des sommes d’argent , tout bien ayant une
valeur pécuniaire ou tout autre avantage , tel qu’un don, une faveur, une
promesse ou un gain pour lui-même ou pour autrui, personne physique ou
morale, en vue de l’accomplissement ou de l’omission d’un acte dans
l’exercice de ses fonctions;
3. le fait d’offrir , de donner ou de promettre directement ou indirectement un
avantage indu à toute personne qui dirige un organisme du secteur privé ou
est employé par ce dernier en quelque qualité que ce soit, ou le fait, pour
cette personne de solliciter ou d’accepter cet avantage indu, directement ou
er
coopération, c’est-à-dire une entente préalable ou qu’il y ait des promesses agrées (C.S.J ; 1
avril 1980, RPA 61, Aff. M.P. c/Kahuongo et consorts.
Catalogue des infractions 147

indirectement à titre personnel ou pour autrui pour qu’elle agisse en


contravention de ses devoirs ou qu’elle s’abstienne d’agir ;
4. le fait pour un agent public ou toute autre personne, de solliciter ou
d’accepter, directement ou indirectement un avantage indu pour lui-même
ou pour autrui afin d’abuser de son influence réelle ou supposée , en vue de
faire obtenir d’une administration ou d’une autorité publique un avantage
indu ;
5. l’usage, la dissimulation ou l’aliénation frauduleuse du produit ou des biens
tirés de l’un des actes visés au présent article ;
6. le fait d’utiliser la fraude pour échapper ou faire échapper autrui aux
obligations fiscales, douanières et administratives ;
7. l’enrichissement illicite.

V. Régime répressif et règles de poursuites

Le législateur a prévu des peines principales et des peines accessoires.

a)Sanctions principales
L’auteur d’un acte prévu à l’article 147 bis sera puni de six mois à deux
ans de servitude pénale principale et une amende de cinquante mille à deux
cents mille francs congolais (art 148 modifié par l’article 3 de la loi n° 05-006
du 29 mars 2005). La peine sera doublée en cas d’acte injuste ou abstention de
faire un acte qui rentre dans ses attributions. Si le coupable a reçu les dons pour
commettre dans l’exercice de ses fonctions, de son emploi ou de sa mission une
infraction (art. 149), il subira quinze ans de servitude pénale principale et une
amende de cinq cent mille à un million de francs congolais constants.
L’art 149 ter tel que modifié par l’article 3 de la loi du 29 mars 2005
punit de six mois à deux ans de servitude et d’une amende de vingt mille à cent
mille francs congolais constants ou une de ces peines, un agent public ou toute
autre personne qui aura directement ou par personne interposée sollicité don
ou offre pour faire un acte de sa fonction, de son emploi ou de sa mission
même juste, mais non sujet à salaire.
Les actes de représailles ou d’intimidation des témoins ou experts, déposant
contre les actes de corruption ou de trafic d’influence , les actes de représailles
ou d’intimidation à l’endroit des parents de ces témoins ou experts sont
réprimés. L’article 149 quinquies inséré dans le code pénal par l’article 5 de la
loi n°05-006 du 29 mars 2005 prévoit une servitude pénale de trois à cinq ans
et une amende ne dépassant pas deux cents mille francs congolais constants.
L’article 150 punit ceux qui par menaces ou violences, corrompent un agent
public. Ils seront punis de peines portées à l’article 149 quinquies selon qu’ils
visaient un acte injuste, une infraction ou une abstention.
b) Sanctions accessoires
148
Catalogue des infractions

L’article 149 bis prescrit les peines accessoires communes à la corruption


passive et active. La juridiction compétente prononcera , au profit de l’Etat, la
confiscation du produit ou moyen de la corruption de la personne condamnée
ainsi que la rétribution perçue. Elle ordonnera le gel, la saisie, la confiscation et
le rapatriement du produit de la corruption, en conformité avec la législation.
En outre, le coupable sera condamné à :
- l’interdiction pour cinq ans au moins et de dix ans au plus du droit de vote et
d’éligibilité, après exécution de la peine ;
- l’interdiction, pour la même période, du droit d’accès aux fonctions
publiques et paraétatiques, d’exercer la profession de banquier, d’agent de
change, d’agent comptable, d’importateur ou d’exportateur ;
- l’interdiction de soumissionner dans tous les marchés publics pour une
période de cinq ans ;
- la privation du droit à la condamnation ou à la libération conditionnelle ;
- l’expulsion définitive du territoire de la république démocratique du Congo,
après l’exécution de la peine, si le condamné est étranger.
c) Circonstances aggravantes de la corruption
1. Les actes de corruption en vue d’entraver au bon fonctionnement de la
justice, notamment promettre, offrir ou accorder un avantage indu pour :
- obtenir un faux témoignage, empêcher un témoignage ou la présentation
d’éléments de preuve dans une procédure en rapport avec la commission
d’un acte de l’article 147 bis222 ;
- empêcher d’exercer ses fonctions en rapport avec les faits de l’article
147 bis à un membre de la Commission de l’Ethique et de la Lutte contre
la Corruption, un magistrat, un officier de police judiciaire, un agent des
service de détection et de répression.
2 .Les actes de corruption commis en vue de:
- gagner des marchés publics en violation de la législation en matière de
passation des marchés ;
- obtenir des droits miniers ou des carrières en violation du règlement minier ;
- violer les lois de privatisation ou de désengagement de l’Etat des Entreprises
publiques ;
- soustraire les contribuables aux obligations de la législation fiscale, parafiscale
et douanière ;
- obtenir des concessions forestières en violation du code forestier ;
- faciliter ou dissimuler le blanchiment du produit du crime ;
222
Cette disposition de l’article 147 bis a été insérée au code pénal par l’article 2 de la loi
n°05- 006 du 29 mars 2005 modifiant et complétant l e décret du 30 janvier 1940 portant
code pénal congolais.
Catalogue des infractions 149

- obtenir des avantages fiscaux en violation du code des investissements ;


- financer les activités des partis politiques.
3. Les actes de corruption commis dans le cadre d’une organisation
criminelle.
Les tribunaux de grande instance demeurent les juridictions habilitées pour
connaître des circonstances aggravantes de la corruption. Ils puniront leurs
auteurs de quinze ans de servitude pénale principale et d’une amende de cinq
cent mille à un million de francs congolais constants.
d)Tribunal compétent.
La répression de la corruption de l’article 149 ter et celle constitutive
des actes prévus à l’article 147 bis, deux dispositions insérées223 au code pénal,
est de la compétence du tribunal de paix au regard des peines prévues à l’article
148 alinéa 1er du code pénal modifié par l’article 5 de la loi n°05-006 du 29
mars 2005. Les autres cas relèvent de la compétence du tribunal de grande
instance224 .

e) Prescription de l’action publique


Lorsque l’infraction de corruption est caractérisée par la perception
illicite de dons, présents, commissions ou primes, c’est seulement du jour de
cette perception que court le délai de prescription225 . Elle commence à courir à
compter du jour de la sollicitation ou de l’acceptation. La corruption peut
parfois être une infraction continue226 . En cas de succession de services rendus
et de rémunérations, c’est à compter de la dernière rémunération que
commencera à courir la prescription.

f) Complicité en matière de corruption.

223
Journal officiel de la République démocratique du Congo, 47eme année, Numéro spécial,
05 octobre 2006, p.41et 43.
224
Le Tribunal de Grande Instance juge au premier degré des infractions dont la peine
applicable est supérieure à cinq ans ou la peine de mort ou encore la peine des travaux
forcés (art 91 du COCJ). Au second degré, il connaît des appels des jugements rendus en
premier ressort par les tribunaux des Paix et des décisions prises en matière d’enfance
délinquante (art 92 du COCJ).
La cour d’appel connaît au premier degré des infractions commises par les magistrats (Le
magistrat à titre provisoire, le substitut du Procureur de la République, le juge de paix, les
magistrats du parquet général et de la cour d’appel), les fonctionnaires des services publics
ou para-étatiques revêtus au moins du grade de directeur ou du grade équivalent (art 94 al.
2 du COCJ). Elle connaît également des jugements rendus en premier ressort par les
tribunaux de grande instance (art 94 al. 1 du COCJ).

225
Crim. , 13 décembre 1972, Bull. crim. n°391 ; Gaz. Pal.,1973.I.Somm. 94(corruption).
226
Crim. , 27 octobre 1977,Bull.crim. n°352.
150
Catalogue des infractions

Les règles de la complicité sont d’application en matière de corruption.


Celui qui, n’étant ni le corrupteur, ni le corrompu qui a, avec connaissance, aidé
l’un ou l’autre dans la perpétration de l’infraction est un complice. L’avocat
peut être déclaré complice de la corruption. Tel est le cas lorsqu’il élabore, pour
le compte du corrupteur , le montage financier pour masquer le versement des
commissions occultes prévues par l’acte. Il en est de même lorsqu’il donne au
corrompu des instructions pour commettre l’action délictuelle et qu’ensuite, il
l’aide. Il y a complicité, enfin, lorsque l’avocat assiste l’auteur du délit, afin de
permettre le paiement des « pots-de-vin ».

VI. Particularités

Le Ministère public, les officiers de police judiciaire et les membres de


la Commission de l’Ethique et de la Lutte contre la Corruption obtiennent, sur
demande, de tout agent public et de toute autre personne physique ou morale,
la communication des informations et des documents, dans le cadre des
investigations entreprises à la suite d’une déclaration de soupçon ou de
dénonciation de corruption (art.149 quater). Ils sont tenus au secret des
informations et déclarations reçues. Ces informations ne peuvent être utilisées
à d’autres fins que celles nécessitées par la procédure judiciaire.
Celui qui, de bonne foi, en qualité de témoin, d’expert ou de victime,
transmet des informations ou dépose contre les actes de trafic et de corruption
devant l’autorité judiciaire compétente, dans le cadre d’une procédure judiciaire
ou devant la Commission de l’Ethique et de la Lutte contre la Corruption, ne
peut être poursuivi pour dénonciation calomnieuse (article 149 quinquies alinéa
2).

98. Corruption active

La corruption active est le comportement de n’importe quelle personne


publique ou privée qui, par contrainte ou par corruption , conduit l’agent
public à trafiquer de sa fonction. Pour qu’il y ait corruption active, il
faut l’usage de violences ou menaces, des offres, promesses, dons ou présents,
les personnes visées, l’acte de la fonction et l’élément moral.
a)L’usage des violences ou menaces, des offres, promesses, dons
ou présents
Il faut que l’agent corrupteur ait usé de violences ou menaces, des offres,
promesses, dons ou présents. La corruption par promesses, dons ou présents,
nous en avons déjà fait état. La corruption par violences ou menaces, c’est
lorsque la volonté d’une partie est totalement viciée suite aux voies de fait
exercées ou menaces proférées par l’autre partie, il n’y a plus de consentement
Catalogue des infractions 151

possible ni trafic de fonction. Dans ce cas, le corrupteur sera poursuivi pour


corruption sans qu’il n’en soit de même pour le fonctionnaire contraint à faire
un acte de sa fonction.
b)Les personnes visées
La qualité des personnes à l’égard desquelles s’exercent la contrainte ou la
corruption. Nous renvoyons à la qualité de l’auteur de l’infraction de
corruption passive.
c) un acte de la fonction ou de l’emploi ou l’abstention d’un acte
rentrant dans l’ordre des devoirs du fonctionnaire corrompu.
La contrainte ou la corruption du fonctionnaire doit être faite dans le but
d’obtenir la commission d’un acte ou l’abstention d’un acte de la fonction. Le
fait pour un délinquant de présenter une somme d’argent à un inspecteur des
finances dans le but d’étouffer le contrôle que celui-ci doit exercer , mais qui
est repoussée, constitue une tentative de corruption. Le corrupteur a tenté,
dans ce cas, d’obtenir l’abstention d’un acte qui entre dans l’ordre des devoirs
de la personne sollicitée. La corruption active demeure punissable même
lorsqu’elle n’a pas été suivie d’effet. Il importe peu, par exemple, que le
fonctionnaire ait accompli ou se soit abstenu de l’acte auquel il s’était engagé.
d) L’élément moral.
L’infraction de corruption active est intentionnelle. Pour être établie, cette
infraction n’exige que la connaissance et la volonté.

99. Corruption dans le secteur privé


Voir rémunérations illicites, n° 513.

100. Corruption des agents des services publics de l’Etat


habilités à procéder aux opérations minières
Voir corruption passive, n° 101.

101. Corruption passive

La corruption passive est l’attitude de l’agent public qui trafique de son


autorité, de sa fonction. Trois éléments sont nécessaires pour que la corruption
passive soit établie :

a)L’auteur de l’infraction doit être un agent public


L’agent public est fonctionnaire ou officier public. Il est une personne
chargée d’un service public ou parastatal, une personne représentant les
intérêts de l’Etat ou d’une société étatique au sein d’une société privée,
parastatale ou d’économie mixte, en qualité d’administrateur, de gérant, de
152
Catalogue des infractions

commissaire aux comptes ou à tout autre titre. Il peut être mandataire ou


préposé des personnes énumérées ci-dessus, un arbitre ou un expert commis
en justice. Cette énumération est purement exemplaire et indicative.

b)Sollicitation, agréation d’offres ou de promesses ; sollicitation,


réception de dons ou de présents
- L’infraction est consommée dès qu’un accord, même tacite, lie le corrupteur
et le corrompu. C’est un pacte frauduleux, un contrat illicite. Le corrupteur
s’engage , par des offres ou des promesses ou par des remises expresses de
dons ou de présents. Le corrompu agrée ces mêmes offres ou promesses ou
reçoit de dons ou des présents. Ainsi donc, en l’absence d’entente préalable
entre le magistrat et la personne qui lui a donné l’argent, la prévention de
corruption passive n’est pas établie227 .
- La sollicitation, par le fonctionnaire, des offres, promesses dons ou
présents.

c)L’acte de la fonction
L’acte de la fonction est le but de la sollicitation, de l’agréation des
offres ou promesses, de la sollicitation, de l’agréation ou de la réception des
dons ou des présents. Ce but peut consister , soit en l’accomplissement, soit
en l’abstention d’un acte de la fonction. N’est pas corrompu un fonctionnaire
qui s’engage à faire un acte qui sort de sa compétence. Le législateur a
distingué les actes de la fonction.

1.L’acte juste
L’article 148 modifié par l’article 3 de la loi n°05- 006 du 29 mars 2005
modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal
congolais punit la corruption d’un fonctionnaire en vue d’un acte, de sa
fonction, juste mais non sujet à salaire. A commis l’infraction de corruption par
l’agréation de l’offre, pour accomplir un acte juste de ses fonctions, le
fonctionnaire qui, dans le cadre de ses fonctions, a recommandé expressément
et exclusivement la conclusion d’un marché à un fournisseur qui l’a gratifié à
cet effet228 .

2.L’acte injuste ou abstention d’un acte juste


L’article 148 alinéa 2 modifié par l’article 3 de la loi n°05- 006 du 29 mars
2005 modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal

227
C.S.J., 4.9.1981 –RPA.65, in Dibunda cité par KATUALA KABA KASHALA., Code pénal
zaïrois annoté, 1995, p.98.

228
C.S.J., R.P.A 22, 1er fèvrier 1973, B.A. 1974 p.17.
Catalogue des infractions 153

congolais réprime la corruption qui a pour but l’acte injuste ou l’abstention


d’un acte juste. L’acte injuste est celui qui consiste dans un abus de la fonction.
On exécute la fonction d’une manière contraire aux devoirs professionnels.
Constituent une abstention de l’acte juste229 :
- le fait de s’abstenir d’exercer sur des travaux la surveillance et le contrôle qui
incombent à l’auteur ;
- le fait de s’abstenir d’arrêter un déserteur ;
- l’abstention de dresser un procès-verbal.

3.L’acte infractionnel
L’article 149 modifié par l’article 3 de la loi n°05- 006 du 29 mars 2005
modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal
congolais réprime sévèrement la corruption qui a pour but la commission
d’une infraction. L’exemple est celui du faux commis par un fonctionnaire.

d) L’élément moral.
Dès que sont réunis les trois éléments essentiels cités ci-haut, l’élément
moral est constitué par le dol simple . Il suffit que l’agent public,
volontairement et sciemment, sollicite et agrée des offres ou promesses,
sollicite et reçoive des dons ou présents pour faire un acte de sa fonction. Il a
été jugé qu’il y a infraction de corruption après entente préalable l’agréation des
dons et promesses, la réception des dons ou présents pour :
- accomplir un acte de sa fonction juste, mais non sujet à salaire ;
- accomplir dans le cadre de son emploi un acte injuste ;
- s’abstenir de faire un acte qui entre dans le cadre de ses devoirs ;
- commettre une infraction dans l’exercice de sa charge230 .
Le code minier prévoit à son article 307, la corruption des agents des
Services publics de l’Etat habilités à procéder aux opérations minières (Loi n°
007/2002 du 11 juillet 2002). La sanction, en plus des peines prévues aux
articles 147 à 149, est aussi l’amende. Elle est fixée à l’équivalent de 1000$ US.

102. Coups et blessures

I. Définition
Le coup est un choc, un heurt produit contre le corps d’une personne.
La blessure est une lésion externe ou interne faite au corps humain quel que
soit le moyen employé. Les coups et blessures sont volontaires lorsqu’ils
sont administrés sciemment, en connaissance de cause. Ils sont des atteintes

229
Novelles, Droit pénal, Tome III, Larcier, 1972, n°4 362.
230
C.S.J., R.P.A 22, 1er février 1973, B.A. 1974, p.17.
154
Catalogue des infractions

volontaires à l’intégrité corporelle d’autrui. Les « coups » désignent les contacts


physiques violents n’ayant pas causé d’effusion de sang. Les « blessures » sont
réservées aux plaies et saignements, à la rupture de tissus, aux fractures.

II. Les éléments constitutifs


a)L’élément légal.
Les coups et blessures sont prévus et punis par les articles 43, 46, 47 et 48
du code pénal Livre II. Ce sont des infractions de violence, selon leurs
résultats. Seul le résultat distingue ces infractions les unes des autres, car les
éléments matériels et intentionnels sont identiques à toutes ces qualifications.
b)L’élément matériel.
L’infraction repose nécessairement sur la commission d’un acte volontaire.
Il doit s’agir d’un acte positif et matériel. Un acte positif s’oppose à une
ommission , à une inaction. Un acte matériel peut être un coup porté avec la
main, les pieds, une arme ou tout autre objet ou instrument. Ceci exclut de
l’infraction des coups et blessures des violences ou souffrances morales
infligées à quelqu’un. Doivent être considérés comme des coups : le fait de
donner une gifle, un coup de poing, un coup de bâton, le fait de saisir un
individu et de le jeter contre un mur , un arbre , une table ; le fait de heurter
quelqu’un pour le faire tomber ; le fait d’administrer une peine corporelle,
prévue par un règlement disciplinaire, sans se conformer aux dispositions de
ce règlement231. Constitue l’infraction de l’article 46 le fait de lancer un corps
dur sur une personne232.
Les coups et blessures peuvent être caractérisés par des comportements
divers, un choc par exemple . Le tribunal ne retiendra pas l’infraction lorsque il
ne réussit pas à établir la certitude des coups ; il doit alors disqualifier plutôt en
voie de fait et violences légères233. Le résultat, comme la mort, résultat plus
grave entraîne l’infraction. Cependant un lien de causalité certain est nécessaire
afin de qualifier la responsabilité pénale de l’auteur des violences, mais son
caractère direct et immédiat n’est pas exigé.
Il a été jugé que le fait matériel de l’infraction des coups et blessures
consiste soit en des coups, soit en des blessures, qui peuvent d’ailleurs
s’accomplir en un seul acte234. L’écorchure ou l’éraflure sont indépendamment
de toute gravité une blessure235.

c)La personnalité humaine de la victime


231
Boma, 04 mars 1902, Jur.Etat, tome I, p.257.
232
Boma, 10 mai 1904 Jur.Etat, I, p.344.
233
Tgi Bukavu., RP 6911, 03 décembre 1991, ministère public et partie civile Mweze
Bashimbe contre le prévenu Malengera kavughe, inédit.
234
Haute cour militaire RP 00I/2004, 05 octobre 2004, Col Alamba et consorts, inédit.
235
Cass.,28 novembre 1949, Rev. Dr. Pen.P ;455.
Catalogue des infractions 155

Les coups et blessures ne sont punissables , c’est-à-dire coupablement


établis que s’ils sont adressés à une personne humaine autre que soi-même. Les
coups sont portés sur la personne d’autrui, ce qui exclut de la sphère de
l’infraction les coups portés sur soi-même. La personne victime des coups doit
être née et vivante. Les coups portés sur un cadavre ne tombent pas sous cette
prévention.

d) L’élément moral.
L’élément moral est nécessaire. L’infraction comprend l’intention de
commettre l’acte volontairement et la volonté d’obtenir un résultat
préjudiciable à la victime (dol général et spécial). Cependant, les violences sont
volontaires et non leur résultat. Le mobile est indifférent à la qualification
juridique.
L’infraction de coups et blessures sera dite établie lorsque, de par les aveux
libres et spontanés, le prévenu reconnait avoir administré des coups à la partie
civile236 .
III. Les causes d’irresponsabilité
Les causes d’irresponsabilité jouent un rôle important dans le cadre des
violences volontaires, car elles aboutissent à l’exonération de la responsabilité
pénale. La provocation émanant de la victime, elle, ne constitue pas une cause
d’irresponsabilité237 .
a)La légitime défense.
Elle exonère l’auteur des violences volontaires de sa responsabilité sous
certaines réserves. Ne sont pas justifiées, les violences volontaires alors qu’il n’y
avait pas de nécessité actuelle ou une attaque imminente ou que la riposte
n’était pas proportionnelle à l’attaque. Cependant, les juges ont pu considérer
qu’une attaque verbale grave pouvait justifier une légère riposte physique238 .
Notons qu’une présomption simple de légitime défense peut être combattue
par la preuve contraire.
b)L’ordre de la loi et le commandement de l’autorité.
N’est pas pénalement responsable, la personne qui accomplit un acte
prescrit ou autorisé par des dispositions législatives ou réglementaires. Même si
les textes permettent la violence, celle-ci doit toujours être utilisée avec
modération, sans excès et dans la seule mesure où elle se révèle indispensable.
236
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 8212/8231, 11 octobre 1994, Ministère
public et partie civile Muhimuzi contre le prévenu Mugula Cirhuza, inédit.

237
Crim. , 29 mars 2006, AJ Pénal 2006, p.311, obs.Roussel.
238
Crim. , 12 octobre 1992, Dr. pén.1994,comm,n°35,obs ,Veron.
156
Catalogue des infractions

La loi autorise tous les citoyens à agir à l’encontre de l’auteur d’une infraction,
sous réserve du respect des conditions. L’acte de violence, pour interrompre
une agression ou pour empêcher la fuite de son auteur, est autorisé par la loi et
neutralise la responsabilité pénale de la personne l’ayant commis.
L’acte justifié doit être normalement exercé. Les dépassements des
autorisations ou permissions accordées par la loi retrouvent une qualification
pénale et donnent lieu à la répression.

c)Les droits des forces de l’ordre.


Ces droits renvoient indirectement à la notion de « recours à la force
rendu absolument nécessaire ». Les personnes exerçant les prérogatives de la
force publique doivent exercer leur mission dans le respect des limites des
infractions de droit commun.

d)L’exercice de la médecine.
Chacun a droit au respect de son corps et il ne peut y être porté atteinte
qu’en cas de nécessité thérapeutique pour la personne elle-même et lorsque le
consentement de la personne a été recueilli au préalable.
e)Le droit de correction.
Le droit de correction tient à la fonction éducative. Notre société
reconnaît un droit de correction aux parents et aux enseignants. L’évolution
des mœurs et la protection des mineurs doivent conduire à une limitation
importante de ce droit. Si donner une gifle à un enfant est encore toléré,
certains actes constituent l’une des infractions des violences volontaires. Tout
dépend des circonstances de l’espèce et relève du pouvoir souverain
d’appréciation des juges. Il a été jugé que le droit de correction est légitime
dans une action exercée par un enseignant dans la cour de récréation
« lorsqu’elle a comme but de faire cesser, avec l’autorité physique nécessaire un
chahut, une dispute, une bagarre, une chamaillerie »239 ou lorsque le père utilise
« son pouvoir de direction et de correction exercé de manière très brève et
ponctuelle »240 .
En revanche, la qualification pénale est acquise lorsque le
comportement violent des parents a entraîné des lésions graves traduisant une
disproportion évidente entre le droit éducatif de correction et les violences
infligées aux enfants.

IV. Les circonstances aggravantes

239
Cour d’Appel Versailles 16 juin 2003, RSC, 2005, p.87, obs. y. Mayaud.
240
Cour d’Appel Paris 4 mai et 11 mai 2004, Dr. Pén. 2004, comm. n° 158, obs. Veron.
Catalogue des infractions 157

Les circonstances aggravantes traduisent des tendances actuelles de la


sévérité de la répression. De façon générale, ces circonstances sont de deux
ordres. Les circonstances aggravantes simples et les circonstances aggravantes
complexes.
Les circonstances aggravantes simples tiennent, d’abord, à la qualité de
la victime(mineur d’âge, la victime d’une particulière vulnérabilité , due à son
âge, à une maladie, à une infirmité , à une déficience physique ou psychique ou
à un état de grossesse, l’ascendant légitime ou naturel ou le père et mère
adoptif), à la qualité professionnelle de la victime (Président de la République,
Magistrat, Ministre, Député, Sénateur). Elles tiennent ensuite à la qualité de
l’auteur (violences commises par une personne dépositaire de l’autorité
publique ou chargée d’une mission de service public dans l’exercice ou à
l’occasion de l’exercice de ses fonctions).
D’autres circonstances simples tiennent au mode de commission de
l’infraction (auteurs ou complices, la préméditation, l’usage ou la menace d’une
arme).
Les circonstances aggravantes complexes par un majeur avec l’aide et
l’assistance d’un mineur (voir protection de l’enfant). Elles tiennent compte à la
fois de la qualité de la victime et de celle de l’auteur : lorsque les violences ont
été commises sur un mineur par un ascendant ou par toute autre personne
ayant autorité sur le mineur. La protection est accordée aux mineurs. La loi
relative à la protection de l’enfant met en place un mécanisme d’aggravation.

103. Coups et blessures aggravés

Des coups et blessures sont qualifiés aggravés241 :


1° lorsqu’ils entraînent une maladie, une incapacité de travail personnel, la
perte de l’usage absolu d‘un organe ou une mutilation grave (art. 47 du code
pénal livre II) ;
a) Maladie : il faut qu’il s’agisse d’une maladie sérieuse ;
b) Incapacité de travail personnel : il faut une incapacité totale, temporaire
atteignant deux mois ou une incapacité définitive dépassant 20% ; il est jugé
qu’en cas de poursuites du chef des coups ayant entraîné une incapacité de
travail, un certificat médical ne peut suffire pour baser une condamnation
pénale et une condamnation à des dommages –intérêts : il faut ordonner une
expertise242 .
c) Perte de l’usage absolu d’un organe : perte de la vue, d’un œil, de l’ouïe,
d’une oreille, paralysie d’un membre, perte des facultés mentales, etc.. ;

241
Article 47 du code pénal livre II.
242
Terr. Matadi, 17 mars 1906, Jur. Etat II, p.85.
158
Catalogue des infractions

d) Mutilation grave : perte d’un œil, tympan crevé, perte de la main. La perte du
doigt ne rentre pas dans cette catégorie.
2° lorsqu’ils ont été donnés avec préméditation (art 46 alinéa 2). C’est
l’intention conçue préalablement à l’action de faire du mal à la victime.
3° lorsqu’ils ont causé la mort sans intention de la donner (art 48 alinéa 2).
L’auteur a porté des coups et blessures volontaires ; il n’avait pas l’intention
de tuer mais la victime en est morte. Le fait d’asséner un coup qui d’après le
rapport médical a provoqué un état de coma avant de causer le décès de la
victime243.
Il est de la jurisprudence de la Cour Suprême de Justice qu’est établie
l’infraction de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort, reprochée
au prévenu qui, pour ce faire, a agi avec lucidité et par calcul, par abus
d’autorité, caractérisé par la transmission des instructions et ordre illégal et qui
a fourni les menottes pour l’arrestation de la victime dont le décès est attesté
par un certificat médical244 ;
- Ce décès peut intervenir peu importe le délai entre la commission de
l’infraction et le décès. Peu importe que le coup soit insignifiant, porté par
erreur245 et le fait que le décès soit dû principalement à une déficience
physique de la victime ;
L’auteur d’une gifle provoquant la mort d’un cardiaque sera puni des
peines de l’article 48 ;
- Il faut un lien direct de causalité entre les violences et le décès ;
4° lorsqu’ils sont portés sur l’auteur d’un accident de circulation (article 1 du
décret du 03/12/1956). Quand les coups et blessures volontaires
administrés à une personne par une foule en fureur lui ont causé la mort, le
doute peut être retenu au profit du prévenu dont la participation comme
auteur n’a pas été suffisamment prouvée246 .
I. Eléments constitutifs

a)L’élément légal.
L’article 43 définit les coups et blessures tandis que l’article 46 en
donne les éléments matériels.
b)Les Eléments matériels

243
Tribunal de grande instance de Luebo, siègeant en chambre foraine à Tshikapa, RP25
70/RTE, 20 septembre 2004, ministère public contre le prévenu Ilunga Kalonji, inédit.
244
C.S.J. , R.P.A. 123, 30 janvier 1987, B.A. Années 1985 à 1989, édition 2002, p. 251.
245
Tribunal de grande instance du Nord Kivu à Goma, RP 15354, Ministère Public contre le
prévenu Zaire Nziyumvira , 16 novembre 2000, inédit.
246
C.S.J., R.P.A 53, 23 février 1979, B.A 1984, p.17.
Catalogue des infractions 159

- Il faut un acte positif et un acte matériel constitués des coups et blessures ;


- La victime doit être une personne humaine et vivante.

C)L’élément moral
L’intention d’attenter à la personne d’autrui. Il a été jugé que celui qui
pousse fortement ou donne un coup de poing à un autre, dans l’intention de
faire cesser une lutte à laquelle cet autre se livrait avec un tiers, sans avoir
l’intention criminelle d’attenter à sa personne, de lui faire du mal, ne se rend
pas coupable de l’infraction de coups et blessures247 .

II. Des poursuites

La victime des coups et blessures ainsi que l’organe de la loi (parquet)


peuvent exercer les poursuites. Les bagarres, les coups et blessures pourront
être dénoncés par tout citoyen aux fins de sauvegarder l’ordre et la tranquillité
publique. La difficulté commune à toutes les catégories des coups et blessures
repose sur la difficulté de la preuve. Si les certificats médicaux peuvent établir
l’existence des violences, ils ne peuvent en désigner le responsable248 .

a)Texte légal
Les infractions des coups et blessures sont prévues et punies par les
articles 43, 46, 47 et 48 du code pénal Livre II.

b) Peines prévues
Les coups et blessures simples (art. 46 al 1) sont punis de six mois de servitude
pénale principale maximum et/ou amende ;
Les coups et blessures donnés avec préméditation (art 46 al 2) sont sanctionnés
d’un mois à deux ans de servitude pénale principale et d’amende ;
Les coups et blessures ayant entraîné une maladie, une incapacité de travail
personnel, la perte de l’usage absolu d’un organe ou une mutilation grave (art.
47) seront réprimés de deux ans à cinq ans de servitude pénale principale et
d’amende. Les deux peines seront appliquées obligatoirement ;
Les coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner (art.
48) sont passibles de cinq ans à vingt ans de servitude pénale principale et
d’amende. Le deux peines seront cumulatives obligatoirement ;
Les coups et blessures portés sur l’auteur d’un accident de circulation sont
punissables de six mois à trois ans de servitude pénale principale. La peine
d’amende n’est pas prévue.
c) La tentative
247
Boma 13 août 1912, Jur. Congo1914-1919, p. 174.
248
Crim. 21 février 2006, AJ Pénal 2006, p.263, obs, Girault.
160
Catalogue des infractions

La tentative des coups et blessures n’est pas expressément incriminée


par le code pénal. Le processus de qualification rend également impossible la
tentative des coups et blessures. En effet, la qualification des coups et blessures
dépend entièrement du résultat.
d) Le tribunal compétent
Le tribunal de paix est compétent lorsque la peine maximale prévue par
le législateur est de cinq années. Le tribunal de grande instance est compétent
lorsque le maximum de la peine est au delà de cinq ans.
e) L’action civile
La victime des coups et blessures peut exercer l’action civile de droit
commun pour obtenir réparation du dommage subi. Le juge pénal est
compétent pour connaître de cette action lorsque les dommages découlent des
faits de la poursuite. Il a été jugé que tous les dommages causés par les coups et
blessures sont du ressort du juge répressif249 .
f) La prescription de l’action publique
Les coups et blessures simples (art. 46) se prescrivent dans le délai
d’une année. Pour les faits de coups et blessures prévus par l’article 46 du code
pénal, prescrits après un an , l’infraction est prescrite , vu qu’aucun acte
interruptif n’est intervenu pendant une période supérieure à un an250 . Lorsque
les coups ont été donnés avec préméditation (art. 46 al2) ou qu’ils ont entraîné
une maladie, incapacité… la perte de l’usage absolu d’un organe ou une
mutilation grave (art. 47), la prescription est de trois ans. Par contre, quand les
coups ont été suivis d’une mort sans intention de la donner (art. 48), la
prescription de l’action publique est de dix ans. Il est jugé qu’aucun acte
interruptif n’étant intervenu sur une période dépassant un an à l’égard des faits
qualifiés de coups et blessures, la prescription de l’action publique est acquise251
.
104. Coups et blessures ayant entraîné la mort
Voir Coups et blessures aggravés, n°103.

105. Coups et blessures ayant entraîné une maladie


Voir Coups et blessures aggravés, n° 103.

106. Coups et blessures donnés avec prémédition


Voir coups et blessures aggravés, n°103.

249
Crim. 8 novembre 1960. Bull. n°57.
250
Ibidem
251
C.S.J., RPA 41, 14 janvier 1975, Bull. 1976, p. 5 ; Bull. 1977, p. 7 et RJZ. 1978, p. 82
mentionnant que cet arrêt a été rendu le 16 janvier 1976 cité par DIBUNDA KABUINJI. , op
cit ., p. 179.
Catalogue des infractions 161

107. Coups et blessures Involontaires


Voir lésions corporelles involontaires, n°339.

108. Coups et blessures par imprudence


Voir lésions corporelles involontaires, n° 339.

109. Coups et blessures portés sur l’auteur d’un accident de


circulation
Voir coups et blessures aggravés, n°103.

110. Coups et blessures portés sur les membres des corps


constitués
Les personnes concernées sont :
a) les membres du Parlement (assemblée nationale et sénat), du
Gouvernement et de la Cour suprême de justice (art. 138) ; au - delà de ces
personnes, le législateur protège aussi :
b) les membres des cours et tribunaux, les officiers du ministère public, les
officiers supérieurs des Forces Armées, de la Police Nationale et les
Gouverneurs de province ;
c) les dépositaires de l’autorité publique ou de la force publique.

I. Eléments constitutifs
Les éléments constitutifs de coups et blessures, développés plus haut,
s’appliquent ici. La spécificité est que les coups doivent être portés sur ces
personnes désignées, dans l’exercice de leurs fonctions, à défaut, c’est le droit
commun qui sera appliqué avec circonstances aggravantes.

II. Régime répressif applicable


Le régime répressif de l’infraction des coups et blessures portés sur les
membres des corps constitués connaît une particularité. Les poursuites ne
seront engagées que sur plainte de la personne lésée ou du corps dont elle
relève.
a)Disposition légale
Les actes des coups et blessures portés sur les membres des corps
constitués sont répréhensibles. Ils se trouvent punis par les articles 138 à 139
du Code pénal LII de différentes sanctions.
1. Lorsque les coups sont portés sans blessures ni effusion de sang :
- sur les personnes prévues au point a) : les peines à infliger seront de six à
trente mois de servitude pénale principale et d’une amende ;
162
Catalogue des infractions

- sur les personnes prévues au point b) : la sanction est de six à vingt quatre
mois et d’une amende ;
- sur les personnes prévues au point c) : on appliquera six à huit mois de
servitude pénale principale et une amende.
2. Lorsque les coups sont portés avec blessures ou effusion de sang ou s’ils ont
causé une maladie :
- sur les personnes prévues au point a) : l’auteur encourt quatre à dix ans de
servitude pénale principale et l’amende ou une de ces peines seulement ;
- sur les personnes prévues au point b) : une servitude pénale de un à trois
ans et une amende ou une de ces peines ;
- sur les personnes prévues au point c) : six mois à deux ans de servitude
pénale principale et une amende ou une de ces peines uniquement.

b) De l’instance judiciaire compétente


Les coups sans blessures ou effusion de sang sont de la compétence du
tribunal de paix. Les coups avec blessures ou effusion de sang sur les
personnes visées au point a) relèvent de la compétence du tribunal de grande
instance.

111. Coups et blessures simples


Les coups et blessures simples252 peuvent être définis comme tout acte
matériel et positif porté contre la victime et qui lui cause une lésion corporelle
interne ou externe. Les coups peuvent être administrés directement par une
partie du corps ou indirectement à l’aide d’un objet donné sur n’importe quelle
partie du corps. Donner un coup de poing, un coup de pied sur un individu,
porter des coups de couteaux, de matraque, de bâton sur le bras d’une
personne déterminée constituent des exemples de coups et blessures simples.
Il a été jugé et reconnu que la virginité du casier judiciaire, le jeune âge, le
désistement de l’action civile par la partie civile et les relations de famille
peuvent constituer des circonstances atténuantes dans la fixation de la peine253
et de même, lorsque le prévenu est père d’une famille nombreuse254 .

252
Article 46 du code pénal livre II.
253
Tribunal de Grande Instance de Bukavu, R.P 7528, 18 septembre 1992, Ministère public
et partie civile Nyota Chondo contre le prévenu Mulume Chiragarhula, inédit.

254
Idem, R.P 8212/8231, 11 octobre 1994, Ministère public et partie civile Masumbuko
Bunyasi contre le prévenu Mweze Marhegane et Alphonse Muhindo, inédit.
Catalogue des infractions 163

112. Coups et blessures volontaires


Voir coups et blessures, n°102.

113. Coups et blessures volontaires, ayant entraîné la mort, sur


un enfant
Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467-11.

114. Coups et blessures volontaires, ayant entraîné une


incapacité, sur un enfant
Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467-12.

115. Coups et blessures volontaires, ayant entraîné une


mutilation, sur un enfant
Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467-13.

116. Coups et blessures volontaires portés sur un enfant


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n°467-14.

117. Coups et blessures volontaires portés sur une femme


enceinte
Voir protection pénale de l’enfant avant sa naissance, n°468-2.

118. Crédit
L’immixtion du droit pénal dans la sphère des Coopératives d’Epargne et
de Crédit vise à protéger l’épargne et les intermédiaires financiers. Le texte légal
est la loi n° 002/ 2002 du 02 février 2002 portant dispositions applicables aux
Coopératives d’Epargne et de Crédit255 . Il prévoit des sanctions pénales à
l’endroit de toute personne qui participe directement ou indirectement à
l’administration, à la gestion ou au contrôle.
I. Infractions proprementdites
Sont incriminés et définis infractionnels, certains comportements qui sont :
- se prévaloir d’une dénomination ou raison sociale de l’une des appellations ou
d’une combinaison de « Coopérative d’Epargne et de Crédit », « Coopérati
ve Primaire d’Epargne et de Crédit » ou coopec, « Coopérative Centrale
d’Epargne et de Crédit « ou COOCEC » et Fédération des Coopératives
255
Journal Officiel de la République Démocratique du Congo ; 49 ème Année, Numéro
spécial, 20 janvier 2008, P.21 à 44.
164
Catalogue des infractions

Centrales d’Epargne et de Crédit » sans avoir été préalablement agrée


(art.100,1) ;
- utiliser pour ses activités l’une des appellations ou une combinaison de
« coopérative d’épargne et de crédit », « coopérative primaire d’Epargne et de
Crédit » ou coopec, « coopérative centrale d’Epargne et de Crédit « ou
COOCEC » et Fédération des coopératives centrales d’épargne et de crédit »
sans avoir été préalablement été agrée (art.100,1) ;
- créer l’apparence de « Coopérative d’Epargne et de Crédit », « Coopérative
Primaire d’Epargne et de Crédit » ou coopec, « Coopérative Centrale
d’Epargne et de Crédit « ou COOCEC » et Fédération des Coopératives
Centrales d’Epargne et de Crédit » sans avoir été préalablement été agrée
(art.100,1) ;
- exercer une activité autre que collecter l’épargne et consentir du crédit ;
- être dirigeant d’une coopec en contravention de l’article 49 de la loi
n°002/2002 du 02 février 2002 ;
- obstacle à la mission des personnes mandatées par la Banque Centrale pour
effectuer une inspection (art.100 a) ;
- obstacle à la mission du représentant provisoire (art100 b) ;
- communication des renseignements inexacts ou incomplets (art100c) ;
- contravention aux dispositions des articles 13, 49 à 79 et 83 ; (art. 100, 3) ;
- refus de soumettre livres, comptes et dossiers à l’examen de la Banque
Centrale (art.100, 3).
II. Régime des poursuites
a) Régime des sanctions
La peine prévue est d’une servitude pénale d’un mois à un an et d’une
amende de trente mille à trois cents mille francs congolais ou de l’une de ces
peines seulement (article 100). Les coopératives d’épargne et de crédit sont
civilement responsables des condamnations d’amende prononcées (art.101).
Cette responsabilité civile ne joue pas en ce qui concerne les administrateurs,
gérants et représentants provisoires ainsi que les commissaires aux comptes
désignés par la Banque Centrale du Congo.
b) Particularités des poursuites
Les infractions relatives aux coopératives d’épargne et de crédit doivent
être portées à la connaissance de la Banque Centrale par l’autorité judiciaire ou
administrative qui en est saisie (art.102). En tout état de la procédure, les
autorités judiciaires saisies des poursuites peuvent requérir la Banque centrale
du Congo pour tous avis et informations utiles. La Banque Centrale du Congo
peut se constituer partie civile en application de la loi (art103 alinéa 2).
La Banque transige et fixe, elle-même, les conditions de la transaction
pour les infractions relatives aux coopératives (art 104). La transaction acceptée
Catalogue des infractions 165

par le Ministère public éteint l’action publique, même en ce qui concerne les
peines de servitude pénale (art. 104 alinéa 2).

119. Crime de génocide

Le terme « génocide » est apparu à la fin de la seconde guerre mondiale. Il


vient de la connexion entre l’expression grecque genos désignant la race, le
groupe humain et l’expression latine « caeder » qui signifie tuer. Cette
connexion exprime l’extermination du groupe humain.
Le génocide est un complot visant à annihiler ou à affaiblir des groupes.
L’auteur n’agit pas en raison d’une animosité personnelle, mais en vertu d’une
politique systématiquement suivie ayant pour but l’extinction d’un groupe
revêtant un caractère massif. L’acte dont il s’agit doit avoir été réalisé en
exécution d’un plan concerté, tendant à la destruction totale ou partielle d’un
groupe national, ethnique, racial ou religieux ou d’un groupe déterminé à partir
de tout autre critère arbitraire.
Le crime de génocide, les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre
sont généralement qualifiés de crimes internationaux256.

256
Crimes internationaux
a)Les dispositions de droit qui régissent en République Démocratique du Congo les
principales violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire.

Ces dispositions concernent d’une part l’affirmation des principaux droits de l’homme dont la
violation est à la base des crimes internationaux, la définition et les éléments constitutifs des
crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide et d’autre part les
normes internationales qui permettent de compléter et d’interpréter les dispositions des lois
nationales congolaises en matières des crimes évoqués. En droit congolais , c’est au régime
du droit militaire qu’a été confiée la répression des crimes internationaux. Le législateur
congolais n’a inséré aucune disposition relative aux crimes de guerre, crimes contre
l’humanité ou au crime de génocide dans le code pénal ordinaire.

Les lois congolaises définissant les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le
crime de génocide applicables aux violations ont été autrefois dans le code de justice
militaire de 1972 et sont actuellement dans le code pénal militaire et dans le code judiciaire
militaire du 18 novembre 2002.

b)La compétence des cours et tribunaux militaires

Seules les juridictions militaires ont la compétence de juger les crimes internationaux, soit
les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le crime de génocide. Dépuis leur
réconnaissance en droit congolais, les crimes internationaux ont toujours relevé de la
législation pénale militaire. Leur définition est prévue au code pénal militaire de 2002. Leur
répression est attribuée aux cours et tribunaux militaires par l’article 76 du Code de justice
militaire de 2002 et par les articles 161 et 162 du code pénal militairede 2002.
166
Catalogue des infractions

1. La compétence matérielle(ratione materiae)

La compétence matérielle des cours et tribunaux militaires sur les crimes internationaux
découle actuellement de l’article 76 du code de justice militaire de 2002 qui stipule que
« Les juridictions militaires connaissent, sur le territoire de la République des infractions
d’ordre militaire ». Stricto sensu, les crimes internationaux ne constituent pas des
‘infractions d’ordre militaire », mais leur définition en droit congolais n’est prévue qu’au seul
code pénal militaire. En plus, l’article 161 du code de justice militaire affirme qu’en cas
d’indivisibilité ou de connexité d’infractions avec des crimes de génocide, des crimes de
guerre ou des crimes contre l’humanité, les juridictions militaires sont seules compétentes.

2. La competence personnelle (ratione personae)

La compétence personnelle des cours et tribunaux militaires établit la nature des personnes
qui seront justiciables devant la justice militaire. La compétence est limitée aux seules
personnes physiques(article 73 du code de justice militaire) âgées d’au moins di-huit
ans(article 114) et peut s’exercer par défaut(article 326). Bien évidemment, les juridictions
militaires auront compétence sur les « militaires des forces armées congolaises et
assimilés » inclus les membres de la police nationale(article 106), de même que les
employés civils au service de l’armée, de la police, du ministère de la défense et du service
national(article 108). L’article 112 élargit la compétence personnelle des juridictions
militaires à plusieurs groupes de personnes qui ne sont pas liés aux forces armées ou à la
police nationale, notamment :

- les prisonniers de guerre ;

- les membres des bandes insurrectionnelles ;

- ceux qui même étrangers à l’armée provoquent, engagent ou assistent un ou


plusieurs militaires , ou assimilés à commettre une infraction à la loi ou au
règlement militaire ;

- ceux qui , même étrangers à l’armée, commettent des infractions dirigées contre
l’armée, la police nationale, le service national, leur matériel, leurs établissements,
ou au sein de l’armée, de la police nationale ou du service national .

Les attributions de compétence personnelle aux cours et tribunaux militaires s’appliquent


aux crimes internationauxdéfinis en droit militaire. Le code pénal militaire étend la
compétence personnelles des juridictions militaires à toutes personnes « au service de
l’ennemi…qui se sont rendues coupables de crimes commis dépuis l’ouverture des
hostilités… soit à l’encontre d’un national, d’un étranger ou d’un réfugié…soit au préjudice
des biens de toutes les personnes physiques visées ci-dessus et de toutes les personnes
morales nationales , lorsque ces infractions , même accomplies à l’occasion ou sous
prétexte de l’état de guerre, ne sont pas justifiées par les lois et coutumes de
guerre »(article 174du CPM).
Catalogue des infractions 167

I. Eléments constitutifs
a)L’élément légal
Le génocide est le « crime des crimes257 ». Il peut être considéré comme
la forme la plus grave de crime contre l’humanité. Le statut de Rome de la CPI
à son article 6 a repris intégralement la définition258 du génocide établie par
l’article 2 de la convention de 1948 pour la prévention et la répression du
crime de génocide. Le crime de génocide est prévu et défini par l’article 164 de
la loi 024 du 18 novembre 2002 portant code pénal militaire.
Essentiellement, le génocide exige la preuve de deux éléments
dinstincts : la commission d’un acte énuméré à l’encontre d’un groupe national,
ethnique, racial ou réligieux dans l’intention spécifique de détruire en tout ou
en partie le groupe prtégé .
b)Les actes énumérés
Il s’agit des comportements pouvant conduire à la qualification de
génocide, des actes positifs de commission en exécution du plan concerté. Il
faut entendre par là l’un des actes ci-après commis dans l’intention de détruire,

Le code judiciaire militaire étend cette compétence à tous les crimes internationaux dans la
mesure où ils constituent « des infractions commises, dépuis l’ouverture des hostilités par
les nationaux…soit à l’encontre d’un national ou d’un protégé congolais…soit au préjudice
des biens de toutes les personnes physiques visées ci-dessus… lorsque ces infractions…ne
sont pas justifiées par les lois et coutumes de guerre »(article 80 CJM-2002).

c)La responsabilité pénale individuelle

Le code pénal militaire punit les auteurs et co-auteursdes infractions(article 5), les complices
des infractions(article 6), et également les auteurs des tentatives de commettre une
infraction(article 4). En matière de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, le principe
du défaut de pertinence de la qualité officielle et des immunités connexes à telle qualité est
prévu àl’article 163 du code pénal militaire. La notion de la responsabilité du supérieur est
prévue à l’article 175. L’article 81applique cette même notion de la responsabilité à tous les
crimes internationaux qui constituent des infractions selon l’article 80 , soit celles
« commises par les nationauxdépuis l’ouverture des hostilités à l’encontre d’un national ou
d’un protégé congolais… ».

257
La Cour pénale internationale, Manuel de ratification et de mise en œuvre du Statut de
Rome, Vancouver, Mai 2000.
258
Le crime de génocide est défini « comme l’un quelconque des actes ci-après commis
dans l’intention de détruire, en tout ou en partie , un groupe national, ethnique, racial ou
religieux comme tel ». Cette définition est suivie d’une série d’actes qui representent de
graves violations du droit à la vie et à l’intégrité physique ou mentale des membres du
groupe.
168
Catalogue des infractions

en tout ou en partie, un groupe national, politique, racial, ethnique ou religieux


notamment :
1. meurtre des membres du groupe ;
2. atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale des membres du groupe ;
3. soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant
entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;
4. mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
5. transfert forcé d’enfants d’un groupe à un autre groupe.

c)Les actes énumérés sont commis à l’encontre d’un groupe


national, ethnique, racial ou réligieux

Les victimes doivent appartenir à un groupe national, ethnique, racial ou


réligieux. Par groupes nationaux, il faudrait entendre les personnes qui
possèdent une identité distincte en termes de nationalité ou d’origine nationale.
Les groupes ethniques comprendraient les personnes partageant une même
langue et ayant des traditions communes ou un patrimoine culturel commun.

d)L’élément moral
L’intention spécifique de détruire , en tout ou en partie, le groupe
protégé. C’est l’élément clef du crime de génocide souvent décrit comme un
crime d’intention requérant un dol criminel aggravé. L’élément moral réside en
ce que le génocide constitue la destruction physique et biologique d’un groupe.
Les victimes sont ciblées en raison de leur appartenance à un groupe ; c’est
donc le groupe qui est visé à travers la victime.
L’intention spécifique tend en la destruction d’un groupe humain .Le
niveau d’intention coupable requis est très élevé. Il faut démontrer chez la
personne l’intention de détruire un groupe. Un génocide ne peut pas être
commis par négligence.Les termes « en tout ou en partie » signifient qu’un acte
isolé de violence raciste ne peut constituer un génocide. Il faut avoir l’intention
d’éliminer un nombre cnsidérable de représentants du groupe, sans qu’il ne soit
nécessaire de détruire le groupe au complet.
La preuve de l’intention de détruire un groupe comme tel , en tout ou
en partie pose le plus de difficultés. La preuve doit établir l’existence du but
spécifique qu’avait l’auteur en commettant le crime.

II. Régime juridique


a)Tribunal compétent
Les tribunaux militaires , tout comme les tribunaux ordinaires, peuvent
juger les crimes décrits au Statut. Le Statut n’établit aucune distinction à cet
égard et les Etats parties sont libres de déterminer quels tribunaux internes
Catalogue des infractions 169

auront juridiction pour juger ces crimes259. En République Démocratique du


Congo, à l’état actuel de la législation, seules les juridictions militaires sont
compétentes pour connaître du crime de génocide (article 161 de la loi 024 du
18 novembre 2002)260. Aux termes de pénalités, le génocide est puni de mort
(article 164 du code pénal militaire). Notons aussi que le traité de Rome du 17
juillet 1998 ratifié par notre pays par le décret-loi du 30 mars 2002 s’attribue la
compétence à l’égard des crimes de génocide,de crime contre l’humanité, de
crime de guerre et de crime d’agression.

b)La complémetarité de la juridiction de la cPI


Le Statut ne rétire pas aux Etats leur pouvoir de juger eux-mêmes les auteurs
de crimes internationaux. Aussi, la juridiction de la Cour n’est que
complémentaire à cellle des Etats parties. Le Statut ne rétire pas aux Etats la
faculté de poursuivre les auteurs de crimes qui y sont décrits, mais institue une
Cour qui, s’ils négligent ou ne possèdent pas les moyens de le faire, les
poursuivra à leur place.

En vertu du principe de la complementarité , la CPI n’exerce sa juridiction que


lorsque les Etats parties n’enquêtent pas et n’engagent pas de bonne foi des
procédures judiciares alors qu’un crime décrit au Statut a été commis. La cour
ne peut donc pas se saisir d’une affaire lorsqu’un Etat décide de s’en occuper.
Exceptions au principe
Cependant, il est essentiel que les procédures engagées par l’Etat en question
soient entreprises de bonne foi, c’est-à-dire dans le respect du droit
international. Ces exceptions sont prévues à l’article 17 , notamment :
- lorsque l’Etat en question n’a pas la véritable volonté de mener
véritablement à bien l’enquête ou la poursuite ;
- lorsque l’Etat se trouve dans l’incapacité véritable de mener à bien
l’enquête ou la poursuite ;
- lorsque la décision d’un Etat de ne pas poursuivre une personne après
avoir enquêté est motivée par une volonté de soustraire cette personne
à lo a justice ;

259
Devant les tribunaux militaires, les procédures sont parfois plus expéditives et , dans
certaines juridictions, les garanties procédurales sont moins bien protégées que devant les
tribunaux ordinaires. Toutefois, la CPI ne peut se saisir d’une affaire traitée par des
juridictions nationales que si les procédures menées visaient la soustraction de la personne
accusée à sa responsabilité pénale ou étaient incompatibles avec l’intention de traduire la
personne accusée en justice.
260
L’exercice en pratique de la compétence exclusive des juridictions militaires sur les
crimes internationaux révéle de nombreux problèmes en RD Congo. En effet, à lire l’exposé
des motifs de la loi n° 23/2002 du 18 novembre 2002 portant code judiciare militaire , vite
l’on y découvre que la justice militaire est « un instrument du pouvoir judiciaire au service du
commandement », ce qui conforte l’impunité quasi-totale en matières des crimes
internationaux.
170
Catalogue des infractions

- lorsque la décision d’un Etat de ne pas poursuivre une personne après


avoir enquêté est motivée par son incapacité de mener des poursuites
judiciares etc.
On remarque ainsi que c’est soit le manque de volonté d’un Etat, soit son
incapacité qui est susceptible d’entraîner l’intervention de la CPI.. Il ya
incapacité d’un Etat lorsque :
1° la totalité ou une partie importantede son appareil judiciaire s’est effondrée ;
2° son appareil judiciaire n’est pas en mesure de se saisir de l’accusé, de reunir
les éléments de preuve nécessaires ou de mener autrement à bien la procédure.
La possibilité pour la Cour de juger à nouveau un individu ayant subi un
simulacre de procès devant une juridiction nationale constitue techniquement
une exception au principe de droit pénal selon lequel une personne ne peut
être jugée deux fois pour un même crime(Ne bis in idem). Ainsi, pour qu’on
considère que la justice criminelle a été rendue , il faut qu’elle l’ait été selon les
règles établies et conformément aux normes internationales.

c) Règles communes à tous les crimes contre l’humanité


1 . Ni l’ordre de la loi ni le commandement de l’autorité légitime ne sont des
faits justificatifs, (Crim., 1997) rejetant ainsi l’irresponsabilité pour
contrainte. Néanmoins, l’ordre de la loi et le commandement de l’autorité
légitime peuvent seulement être pris en compte par le juge dans la
détermination de la peine ;
2. En cette matière, l’action publique et les peines sont imprescriptibles ; il en est
de même pour l’action civile (Crim., Lyon, 1999). D’où l’importance de la
qualification : dès lors qu’il ya crime contre l’humanité, la prescription ne peut
jouer (aff. Touvier : Crim., 1992, 1993 ; aff. Barbie, Crim., 1984, 1988, 1995) ;
3. La participation à un groupement formé ou à une entente établie en vue de
la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, à l’un des
crimes contre l’humanité, est punie comme ces crimes ;
4. La convention pour la prévention et la répression du crime de génocide
prévoit que sont punissables non seulement l’exécution en tant que telle,
mais aussi l’entente en vue de commettre le génocide, l’incitation directe et
publique, la tentative et la complicité.

120. Crimes contre l’humanité

I. Définition

La définition du crime contre l’humanité s’est précisée dépuis sa


première formulation en droit international dans le statut du tribunal militaire
international de Nuremberg du 8 août 1945. Sa codification au paragraphe 1 de
l’’article 7 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale énumère des
actes qui , lorsqu’ils sont commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou
Catalogue des infractions 171

systématique lancée contre toute population civile et en connaissance de cette


attaque constituent des crimes contre l’humanité.
Les crimes contre l’humanité sont donc des violations graves du droit
international humanitaire commises contre toutes populations civiles avant ou
pendant la guerre261. Ils peuvent se commettre entre personnes de nationalité
différente, mais même entre sujets du même Etat. Ce sont de multiples actes
inhumains commis de façon généralisée ou systématique à l’encontre d’une
population civile, en temps de paix ou en temps de guerre262.

II. Eléments constitutifs

a)L’élément légal
L’élément légal fait du crime contre l’humanité, en premier lieu, une
infraction internationale. Il sanctionne la coutume internationale, les
conventions internationales, les principes généraux du droit reconnus par
l’ensemble des nations civilisées.
Le crime contre l’humanité est aussi une infraction classique de droit
interne. En France, la cour de cassation le qualifie de « crime de droit commun
commis dans certaines circonstances et pour certains motifs précisés dans le
texte qui le définit »263 .
Le code pénal congolais consacre l’autonomie et la gravité extrême de ces
comportements particulièrement odieux. Les articles 165 à172 de la loi 024 du
18 novembre 2002 portant code pénal militaire incriminent divers actes au titre
des crimes contre l’humanité.
Trois éléments principaux doivent coexister dans la qualification du crime
contre l’humanité en plus de l’élement de la connaissance de cette attaque qui
sert à établir la responsabilité pénale individuelle.

a)Les actes énumérés


Infractions constitutives des crimes contre l’humanité
La perpétration d’actes inhumains. Le Statut énumère les actes susceptibles
de constituer un crime contre l’humanité dans le contexte d’une attaque.
Il s’agit d’actes portant atteinte, par action ou par omission , aux
personnes et aux biens notamment :

261
Ce sont finalement les Statuts des tribunaux internationaux qui sont venus cristaliser la
définition du crime contre l’humanité en droit international (article 3 du Tribuinal pénal
international pour l’ex-Yougoslavie(TPIY) et l’article 3 du Tribunal pénal international pour le
Rwanda (TPIR)) avant qu’elle ne soit définitivement codifiée à l’article 7 du Statut de Rome
de la Cour pénale internationale en juillet 1998. Essentiellement, cet arrticle a consolidé la
notion de crime contre l’humanité, qui trouve son fondemént dans les principes généraux du
droit pénal reconnus par toutes les nations civilisées et qui fait partie du droit international
coutumier.
262
Article 7 du Statut de Rome.
263
Crim., 6 février 1975, Touvier, Bull, n°42 ;D.1975,p .186,rapp ;Chapart, note coste-
Floret,RSC, 1976,p.97,obs.A. Vitu.K.
172
Catalogue des infractions

1. les tortures ou autres traitements inhumains, y compris les expériences


biologiques ;
2. le fait de causer intentionnellement de grandes souffrances ou de porter des
atteintes graves à l’intégrité physique ou la santé ;
3. le fait de contraindre un prisonnier de guerre ou une personne civile à servir
dans les forces armées de la puissance ennemie ou de la partie adverse ;
4. le fait de priver un prisonnier de guerre ou une personne civile de son droit
d’être jugé régulièrement et impartialement ;
5. la déportation, le transfert ou le déplacement illicites, la détention illicite
d’une personne civile ;
6. la prise d’otages ;
7. la destruction ou l’appropriation des biens, non justifiés par des nécessités
militaires et exécutées sur une grande échelle de façon illicite et barbare ;
8. les actes et omissions non légalement justifiés susceptibles de compromettre
la santé et l’intégrité physique ou mentale des personnes ;
9. les actes consistant à pratiquer sur des personnes des mutilations physiques,
des expériences médicales ou scientifiques ou des prélèvements des tissus
ou d’organes pour des transplantations ;
10.le fait de soumettre la population civile ou des personnes civiles à une
attaque ;
11.le fait de lancer une attaque sans discrimination atteignant la population
civile ou des biens de caractère civil ;
12.le fait de lancer une attaque contre des ouvrages ou installations contenant
des substances dangereuses en sachant qu’elle causera des pertes excessives
par rapport à l’avantage militaire concret et direct attendu ;
13.le fait de soumettre, à une attaque, des localités non défendues ou des zones
démilitarisées ;
14.le fait de soumettre une personne à une attaque tout en la sachant hors de
combat ;
15.le transfert ,dans un territoire occupé , d’une partie de la population civile de
la puissance occupante ;
16.le fait de retarder sans justification le rapatriement des prisonniers de guerre
ou des civils ;
17.pratiques d’apartheid ou inhumaines ou dégradantes fondées sur la
discrimination raciale donnant lieu à des outrages à la dignité humaine ;
18.le fait de diriger des attaques contre les monuments historiques, les archives,
les œuvres d’art ou les lieux de cultes alors qu’il n’existe aucune preuve de
violation de l’interdiction d’utiliser ces biens à l’appui de l’effort militaire, et
que ces biens ne sont pas situés à proximité immédiate des objectifs
militaires.

Il a été jugé qu’est établi et constitue un crime contre l’humanité punissable de


la servitude pénale àperpétuité , le viol collectif commis systématiquement par
Catalogue des infractions 173

un groupe des militaires sur plusieurs femmes, filles, fillettes et vieillards


indistinctement après les avoir intimidé, terrorisé en paralysant ainsi toute sorte
de résistance de leurs parts et leurs maris et proches maîtrisés, mis hors d’état
de toute résistance avec la circonstance aggravante que ces viols ont inoculé
des maladies sexuellement transmissible pour certaines incurables264.
Ces infractions se rapprochent des crimes contre l’espèce humaine.Un
crime contre l’humanité peut être commis en temps de paix comme en temps
de guerre.

b) Une attaque généralisée ou systématique


Pour que les actes énumérés précedemment soient qualifiés de crimes contre
l’humanité , ils doivent être commis dans le cadre d’une attaque généralisée
ou systématique. L’attaque ne doit pas obligatoirement consister en une
attaque militaire ou un conflit armé. Néanmoins, le meurtre d’un seul civil
peut constituer un crime contre l’humanité s’il est établi qu’il a été commis
dans le cadre d’une attaque systématique ou s’il fait partie d’une attaque plus
importante.
Le caractère généralisé de l’attaque découle de son ampleur , du nombre de
personnes visées ou de l’effet cumulé d’une série d’actes inhumains ou par
l’effet singulier d’un seul acte de grande ampleur.
Le caractère systématique s’infère du « caractère organisé des actes commis et
de l’improbabilité de leur caractère fortuit ».
Le caractère généralisé signifie que le nombre de victimes est élevé alors que le
caractère systématique se rapporte à un haut degré d’organisation découlant de
la mise en ouevre d’un plan méthodique ou d’une politique.

c) Une attaque généralisée ou systématique lancée contre une


population civile.
La notion de crime contre l’humanité vise à protéger les populations civiles,
d’où l’exigence que l’attaque généralisée ou systématique soit lancée contre
elles. Par population civile , on entend non seulement les personnes sans
uniforme et sans lien avec l’autorité publique mais toutes les personnes « hors
combat » qui ne participent pas ou plus aux activités du conflit. Une population
peut être qualifiée de civile même si des non civils en font partie, dès lors
qu’elle est en majorité composée de civils. Ainsi les réfugiés dans les camps
constituent une population civile même si des élements armés y sont présents.
Les liens de nationalité ou autres pouvant unir l’auteur et la victime
n’importent pas.

d)L’élément moral
L’élément moral est l’intention de détruire, d’affaiblir ou de persécuter un
groupe ou une communauté. La connaissance d’une attaque généralisée ou

264
Tribunal militaire de Mbandaka siégeant à Songo mboyo, 12 avril 2006, inédit.
174
Catalogue des infractions

systématique contre une population civile. Pour les actes de persécution, un


mobile d’ordre polique, racial, national, ethnique, culturel, religieux, ou tout
autre mobile universellement reconnu doit être démontré. L’auteur vise sa ou
ses victime(s) en tant que personne(s) appartenant à une certaine race, nation,
ou possédant des convictions politiques ou religieuses. Le fait de prendre part à
l’exécution d’un plan concerté en accomplissant de façon systématique les actes
inhumains et les persécutions incriminées.

III. Sanctions265

Les infractions prévues sont punies de servitude pénale à perpétuité. Si


celles prévues aux points 1, 2, 5, 6, 10 entraînent la mort ou causent une
atteinte grave à l’intégrité physique ou à la santé, leurs auteurs subiront la peine
de mort. Celles prévues aux points 8 et 9 sont punies de la peine de mort
lorsqu’elles entraînent une maladie incurable, une incapacité permanente de
travail, la perte de l’usage absolu d’un organe, ou une mutilation grave. S’ils (les
faits) ont entraîné des conséquences graves pour la santé publique la peine
capitale sera appliquée. Constituent également un crime contre l’humanité les
actes ci-dessous énumérés, perpétrés en temps de paix ou de guerre, dans le
cadre d’une attaque généralisée ou systématique contre la République ou la
population civile :
1. meurtre ;
2. extermination ;
3. réduction en esclavage ;
4. déportation ou transfert forcé des populations ;
5. emprisonnement ou autre forme de privation grave de liberté physique ;
6. torture ;
7. viol, esclavage sexuel, prostitution forcée, grossesse forcée, stérilisation
forcée et autres formes de violence sexuelle de gravité comparable ;

265
Le cadre juridique permettant d’identifier le droit applicable par les juridictions internes
pour poursuivre et juger les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le crime de
génocide provient de la hierarchie des sources de droit prévue par la constitution du 18
février aux articles 153, 213, 214 et 215. L’alinéa 4 de l’article 153 de la constitution stipule
que « Les cours et tribunaux , civils et militaires appliquent les traités internationaux dûment
ratifiés, les lois , les actes réglementaires pour autant qu’ils soient conformes aux lois ainsi
que la coutume pour autant que celle-ci ne soit pas au contraire à l’ordre public ou aux
bonnes mœurs » L’article 215 de la constitution établit clairement la suprématie des normes
découlant des traités et accords internationaux en ces termes : « Les traités et accords
internationaux régulièrement conclus ont, dès leur publicatiuon, une autorité supérieure à
celle des lois, sous réserve pour chaque traité ou accord , de son application par l’autre
partie ». Ces dispositions constitutionnelles sont en harmonie avec le principe du monisme
qui caractérise l’ordre juridique congolais. Elles opèrent une incorporation des traités dans
l’ordre juridique interne congolais dès leur publication au Journal officiel.
Catalogue des infractions 175

8. persécution de groupe ou de collectivité identifiable pour des motifs d’ordre


politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux, ou sexiste ou en
fonction d’autres critères.
9. dévastation grave de la faune, de la flore, des ressources du sol ou du sous-
sol ;
10.destruction du patrimoine naturel ou culturel universel.

Tout empoisonnement des eaux ou des denrées consommables, tout dépôt,


aspersion, ou utilisation de substances nocives destinées à donner la mort, en
temps de guerre ou sur une région sur laquelle l’état de siège ou d’urgence aura
été proclamé ou à l’occasion d’une opération de police tendant au maintien ou
au rétablissement de l’ordre public, sera puni de mort (art. 170). La mise à
mort par représailles est assimilée à l’assassinat (art.71). L’emploi de prisonniers
de guerre civils à des fins de protection contre l’ennemi est puni de quinze à
vingt ans de servitude pénale. En temps de guerre ou pendant les circonstances
exceptionnelles, le coupable est puni de mort (art.172).

121. Crimes de guerre

I. Définition

Le crime de guerre est défini comme une violation des lois et coutumes de
guerre les plus fondamenetales. Traditionnellement,la notion de « crimes de
guerre » était utilisée en référence aux conflits armées internationaux, et
désignait plus précisement les « infractions graves » aux quatre conventions de
génève de 1949 et à leur premier Protocole Additionnel de 1977. Les
comportements incriminés sont énoncés dans des nombreux instruments
internationaux. Par crime de guerre, il faut ainsi entendre toutes infractions aux
lois de la République commises pendant la guerre et qui ne sont pas justifiées
par les lois et coutumes de la guerre266.

II. Les éléments constitutifs

a) Texte légal
Les crimes de guerre découlent essentiellement des conventions de génève
du 12 août 1949 et de leurs Protocoles additionnels I et II de 1977 et des
Conventions de la Haye de 1899 et 1907. Leur codification la plus récente se
trouve à l’article 8 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale de 1998.

266
Article 173 de la loi n° 024 du 18 novembre 2002 por tant code pénal militaire.
176
Catalogue des infractions

Les articles 173 à 175 de la loi n° 024 du 18 novembre 2002 portant code pénal
militaire définissent cette incrimination.267

Il ressort des définitions que la commision d’un crime de guerre nécessite la


preuve de quatre éléments principaux, en plus de l’élément mental requis pour
chaque accusé. Les quatre éléments sont les actes prohibés, la commission à
l’encontre de personnes protégées, la péroide de conflit armé et l’existence
d’un lien de connexité entre le conflit armé et l’acte posé.

b)Les actes prohibés


Parmi les multiples actes prohibés en vertude la définition des crimes de
guerre, on trouve ceux qui constituent l’essentiel des plus graves violations
desdroits de l’homme , notamment les violations du droit à la vie, à l’intégrité
physique et morale d’une personne, à la liberté et à la sûreté d’une personne.
En droit international humanitaire, les violations sont traitées comme graves-
et par conséquent comme des crimes de guerre- lorsqu’elles mettent en danger
des personnes ou des biens protégés , ou lorsqu’elles enfreignent des valeurs
importantes.
Les actes commis lors d’un conflit armé international et définis comme des
crimes de guerre sont :
1° les infractions commises à l’encontre de membres de forces armées blessés,
malades ou nuafragés, de prisonniers de guerre ou des civils
2° les violations graves de lois et coutumes applicables auc conflits armés
internationaux..
Des approfondissements récents ont cependant élargi le concept pour y inclure
les violations graves des lois et coutumes de la guerre commises dans un conflit
armé, qu’il soit de nature internationale ou interne268.
Les actes pouvant être considérés comme crimes de guerre sont un
ensemble des crimes de guerre commis au cours d’un cnflit armé international
ou non international269. A titre illustratif et en s’inspirant du Règlement de
procédure et de la preuve270 de la justice pénale internationale, peuvent être
notamment considérés comme crimes de guerre l’homicide intentionnel, la
267
Il est important de rappeler que les normes internationales ont la primauté sur les normes
internes en vertu de l’article 215 de la Constitution du 18 février 2006. Ainsi, en cas de
conflit entre les dispositions du droit interne et les disposotions du droit international,
notamment en matière de garanties fondamentales, ce sont les normes internationales qui
devraient être appliquées par les juges.
268
Me Charles-M. MUSHIZI., Justice transitionnelle . Principes-Contenu-Illustrations,
Editions Ethan, p.55.
269
Il y a là une innovation, opérée par le Statut quant au crime de guerre, consistant à
consacrer l’évolution récente de la jurisprudence internationale favorisant l’incrimination des
crimes de guerre commis au cours d’un conflit armé non international.
270
Il s’agit du règlement du 10 septembre 2002 adopté à Nex-York le 10 septembre 2002.
Notons qu’il n’a pas fait l’objet d’une publication au Journal officiel de la République
Démocratique du Congo.
Catalogue des infractions 177

torture, le traitement inhumain, les expériences biologiques, le fait de causer


intentionnellement de grandes souffrances, la contrainte de servir dans les
forces d’une puissance ennemie, les prises d’otages, les attaques contre les
personnes civiles, l’emploi de poison ou d’armes empoisonnés, l’emploi de gaz,
liquides, matières ou procédés prohibés, le viol, l’esclavage sexuel, la grossesse
forcée, la stérilisation forcée, le fait d’affamer des civils comme méthode de
guerre, l’utilisation des boucliers humains etc271.

c)Les personnes protégées


Un deuxième élement nécessaire à la qualification des crimes de guerre
concerne la nature des victimes des actes prohibés(ou des biens visés), qui
doivent faire partie des groupes protégés tels que définis par les conventions de
Génève. Généralement, la définition de ces personnes varie selon les
différentes conventions , la nature du conflit et les actes prohibés à leur
encontre. Il s’agit notamment des personnes qui ne participent pas aux
hostilités , partivulièrement les populations civiles, ainsi que celles mises hors
combat par maladie, blessure, détention ou par toute autre cause , y compris un
combattant ayant déposé les armes.

d)Le conflit armé


Les actes prohibés à l’encontre d’un groupe protégédoivent être commis au
cours d’un conflit armé. On parle de conflit armé lorsqu’un ou plusieurs Etats
ont recours à la force armée contre un autre Etat, lorsque des forces armées
gouvernementales sont opposées à des groupes armées non gouvernementaux
ou lorsqu’il y a un conflit armé entre certains groupes272.

d)Le lien de connexité


Finalement , il doit exister un lien de connexité entre l’acte prohibé et le
conflit armé.On exige ainsi que l’auteur de l’acte soit conscient de l’existence
d’un conflit armé au moment où il commet l’acte, que son acte ait lieu dans le
contexte du conflit armé et y soit associé.

e)Personnes susceptibles de commettre ces infraction.s


Les crimes prévus au Statut sont des infractions commises, la plupart du
temps, par plusieurs personnes. Le crime contre l’humanité et le génocide sont
des infractions généralement commises par un nombre élevé de personnes et
qui impliquent une organisation criminelle complexe. La pluaprt du temps, les

271
La liste est exhaustive au Code Larcier République Démocratique du Congo, Tome II,
Droit pénal, Larcier-Afrique Editions 2003, pp139-153.
272
Dans son premier arrêt de 1995, la Chambre d’appel du TPIY affirmait « que les
principales dispositions du droit international humanitaire s’appliquaient aussi aux conflits
internes au titre du droit coutumier et qu’en outre les violations graves de ces règles
constituaient des crimes de guerre ».
178
Catalogue des infractions

personnes les plus responsables de ces crimes sont des personnes en situation
d’autorité qui n’ont eu aucun contact direct avec les victimes. Elles ont soit
ordonné ces crimes, soit incité des personnes à les commettre, soit fourni les
moyens de les commettre.
Les fonctionnaires, les militaires ou assimilés, les agents ou préposés
chargés d’une mission quelconque qui, lors des faits, sont au service de
l’ennemi ou d’un allié de l’ennemi et qui se sont rendus coupables de crimes,
depuis l’ouverture des hostilités, à l’encontre des personnes physiques ou
morales ou de leurs biens lorsque ces infractions ne sont pas justifiées par les
lois et coutumes de la guerre.
L’article 33 du Statut indique que le fait qu’un crime relèvant de la
compétence de la Cour ait été commis sur l’ordre d’un supérieur hiérarchique ,
militaire ou civil, n’exonère pas la personne qui l’a commis de sa responsabilité
pénale. L’ordre de commettre un génocide ou un crime contre l’humanité est
toujours manifestement illégal273.
Lorsqu’un subordonné est poursuivi comme auteur principal d’un crime
de guerre, ses supérieurs hiérarchiques non co-auteurs seront considérés
comme complices dans la mesure où ils ont toléré les agissements criminels de
leur subordonné274.

II. Régime répressif

La sanction et le tribunal compétent pour sanctionner l’infraction de


crimes de guerre sont repris à l’infraction crime de génocide. Tant pour les
crimes de génocide, les crimes de guerre que les crimes contre l’humanité,
l’immunité attachée à la qualité officielle d’une personne ne l’exonère pas des
poursuites (art.163 du code pénal militaire). Les crimes contre l’humanité, les
crimes de guerre, les crimes de génocide ne sont pas prescriptibles275 .

III. Complementarité de la juridiction de la Cpi

a)L’imprescriptibilité des crimes prévus au Statut


La CPI n’a pas de juridiction pour juger les crimes qui ont été commis avant
l’entrée en vigueur du Statut. Toutefois, à compter de son entrée en vigueur,
les auteurs des crimes décrits au Statut pourront toujours être jugés et punis
par la Cour, quel que soit le nombre d’années écoulées entre le crime et l’acte
d’accusation. En d’autres termes, en vertu de l’article 29, les crimes soumis à la
juridiction de la CPI ne seront sujets à aucune forme de prescription

273
La cour pénale internationale. Manuel de ratification et de mise en œuvre du Statut de
Rome, vancouver , mai 2000.
274
Article 175 de la loi n° 024 du 18 novembre 2002 por tant code pénal militaire.
275
L’Assemblée Générale des Nations Unies a approuvé par la résolution RES/2391 (XXIII)
la convention du 26 novembre 1968 sur l’imprescriptibilité des crimes de guerre.
Catalogue des infractions 179

L’imprescriptibilité des crimes prévus au Statut est conforme à l’esprit de la


Convention sur l’imprescriptibilité des crimes de guerre et des crimes contre
l’humanité, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1968. La
législation de mise en œuvre du Statut doit prévoir la possibilité de remettre un
accusé à la Cour, même si le crime dont il est accusé est prescrit en vertu du
droit national.

b)L’absence d’immunité pour les chefs d’Etat.


Généralement , dans des nombreuses constitutions, il est prévu que les chefs
d’Etats jouissent d’une immunité face aux poursuites pénales relatives aux actes
posés dans l’exercice de leurs fonctions officielles. D’autres constitutions vont
jusqu’à protèger également des membres du gouvernement ainsi que des
agents de l’Etat. En vertu de l’article 27 du Statut, tout chef d’Etat ou agent de
l’Etat qui commet uncrime tombant sous la juridiction de la Cour perdra son
immunité pour ce crime et pourra être jugé par la CPI. L’article 27 précité
confirme la règle selon laquelle des individus ne peuvent se soustraire à leur
responsabilité pénale en alléguant qu’un crime international a été commis par
un Etat ou au nom d’un Etat, car en se conférant ce mandat, ils outrepassent
les pouvoirs qui leur sont reconnus par le droit international276.

c)La remise à la Cour par un Etat de ses propres ressortissants


Généralement, la constitution interdit expressement aux Etats l’extradition de
leurs propres ressortissants. Mais, le caractère particulier de la Cour (article
91(2)c) établit des mesures qui permettent aux Etats parties d’assurer que la
nationalité d’un accusé n’empêche pas sa remise à la CPI.. Lorsque
conformément aux dispositions du Statut et eu égard au principe de la
complémentarité , la Cour demande à un Etat de lui remettre l’un de ses
ressortissants , cet Etat est dans l’obligation d’agréer à cette demande.

d)La responsabilité pénale individuelle


La responsabilité pénale pour les crimes prévus au Statut(crime de génocide, de
guerre, contre l’humanité, crime d’agression) est imputée non seulement aux
personnes ayant directement commis ces crimes, mais également à celles qui y
ont pris part indirectement. En vertu de l’article 25, une personne est
pénalement responsable si :

276
A propos de l’immunité des anciens chefs d’Etat pour les actes commis lorsqu’ils étaient
au pouvoir, la chambre des Lords du Rauyaume Uni a décidé que le sénateur Augusto
Pinochet ne disposait d’aucune immunité pour les actes de torture commis sous ses ordres
lorsqu’il était chef de l’Etat au Chili. La Chambre a indiqué que puisque les actes de torture
allégués ne pouvaient pas faire partie de l’exercice des fonctions d’un chef de l’Etat, ces
actes n’étaient couverts par aucune immunité.
180
Catalogue des infractions

- elle commet un crime individuellment, conjointement avec d’autres


personnes ou par l’intermediaire d’une autre personne, que cette autre
personne soit ou non pénalement responsable ;
- elle ordonne, encourage ou sollicite la commission d’un tel crime, dès
lors qu’il y a commission ou tentative de commission du crime ;
- elle apporte son aide, son concours ou toute autre forme d’assistance à
la commission ou à la tentative de commisiion d’un crime , y compris
en fournissant les moyens de cette commission ;
- elle contribue intentionnellement à la commission ou à la tentative de
commission d’un tel crime par un groupe de personnes agissant de
concert. Cette contribution doit être intentionnelle et , selon le cas viser
à faciliter l’activité criminelle ou le dessein criminel du groupe ou être
faite en pleine connaissance de l’intention du groupe de commettre ce
crime ;
- s’agissant du crime de génocide, elle incite directement et publiquement
autrui à le commettre ;
- elle tente de commettre un crime.

e)La responsabilité des commandants et des autres supérieures


Le droit international impose aux supérieurs hiérarchiques l’obligation
d’empêcher les personnes sous leurs ordres d’enfreindre les règles du droit
international humanitaire277. Les commandants militaires doivent enseigner
correctement à leurs soldats les règles du droit humanitaire international,
s’asurer que les décisions relatives aux opérations militaires en tiennent compte
et établir un réseau de communication leur permettant d’être rapidement
informés de toute violation du droit de la guerre commise par leurs soldats. Ils
devront ainsi prendre les mesures de correction à l’égard de chaque violation
du droit international humanitaire.
1. Commandants militaires
Les commandants militaires sont tenus responsables des crimes commis par
leurs soldats s’ils savaient ou auraient dû savoir que ces crimes étaient commis
et s’ils ont omis de prendre les mesures nécessaires pour prévenir ou réprimer
ces crimes. La responsabilité des commandants militaires comporte trois
éléments constitutifs essentiels :
- le supérieur a sous son commandement et son contrôle effectifs les
personnes commettant les crimes ;
- le supérieur savait ou aurait dû savoir qu’un crime était sur le point
d’être commis ou avait été commis ;
- le superieur n’a pas pris toutes les mesures nécessaires et raisonnables
pour prévenir le crime ou en punir l’auteur.

277
Les articles 86(2) et 87 du Premier protocole additionnel aux Conventions de Génève ont codifié
ce pirncipe.
Catalogue des infractions 181

2. Supérieurs non militaires


Les supérieurs civils visés par la disposition du paragraphe 28(b) du Statut sont
les leaders politiques, les hommes d’affaires et les hauts fonctionnaires. Les
supérieurs non militaires seront tenus responsables des crimes commis par
leurs subordonnés :
- lorsqu’ils savaient ou ont volontairement fermé les yeux sur des
informations indiquant clairement que les subordonnés étaient en train
de commettre ou sur le point de commettre des crimes relevant de la
juridiction de la CPI. ;
- lorsque ces crimes sont liés à l’activité sous le contrôle des supérieurs,
et que ces derniers ont omis de prendre les mesures nécessaires pour
prévenir ou réprimer ces crimes ou ont omis d’en saisir les autorités
civiles compétentes pour enquêter et entreprendre les procédures
judiciaires appropriées.
3.Relation de subordination
Le pouvoir hiérarchique est une condition nécessaire à la mise en cause de la
responsabilité d’un supérieur. Le facteur déterminant est la possession réelle
d’un pouvoir de contrôle et d’autorité sur les agissements des subordonnés. Ce
pouvoir peut être exercé de droit ou uniquement de fait.

122. Crime en col blanc

L’expression crime en col blanc désigne les activités illégales déployées


par des personnes respectables et de classe sociale élevée qui normalement
portent le « col blanc » en relation avec leurs activités professionnelles.
Il s’agit d’une criminalité des hommes puissants et fortunés, les
« délinquants en redingote ». C‘est le problème de l’existence d’une criminalité
largement répandue et pourtant peu ou pas sanctionnée : la criminalité d’une
classe privilégiée qui se sert de sa puissance économique et sociale pour
commettre une série d’abus. L’expression crime en col blanc n’est pas
caractéristique d’une infraction donnée, elle ne constitue pas non plus une
infraction légalement définie.
182
Catalogue des infractions

123. Débauche
Voir prostitution, n° 463.

124. Débauche, prostitution, jeu et trafic


L’infraction sous étude, infraction de débauche, prostitution, jeu et trafic
ne concerne que les mineurs. Au sens de l’article 1er du décret du 06 décembre
1950 relatif à l’enfance délinquante, le mineur est l’enfant âgé de moins de seize
ans accomplis au moment des faits.
Il s’agit ici des mineurs qui se livrent à la débauche ou cherchent leurs
ressources dans le jeu ou dans les trafics ou occupations qui les exposent à la
prostitution, à la mendicité, au vagabondage ou à la criminalité (art 4 du décret
précité). Le régime répressif de la débauche, prostitution, jeu et trafic est
identique à celui de l’infraction de mendicité et vagabondage.

125. Débits de boissons et Night-clubs


L’ordonnance 75-153 du 31 mai 1975 porte réglementation des heures
d’ouverture des débits de boissons et interdiction des night-clubs sur toute
l’étendue de la République. Les débits de boissons sont l’ensemble des cafés,
bars, bars-dancings, buvettes, brasseries, bars d’hôtel, bars de restaurant et
assimilés, bars de cantines, de mess, de casino, de clubs privés même constitués
en association sans but lucratif, A.S.B.L en sigle etc..278
Les night-clubs sont des établissements de plaisir ouverts la nuit. L’on y
débite et consomme des boissons alcooliques ; l’on y danse et y assiste à des
spectacles de tous genres. Les maisons de passe ou de tolérance sont des
établissements aménagés pour la prostitution. Les night-clubs (boites de nuit)
et les maisons de passe et de tolérance sont interdits sur tout le territoire de la
République Democratique du Congo (art. 6 de l’ordonnance ci-haut indiquée).

a) Les heures d’ouverture de débits de boissons sont fixées :

278
Article 3 de l’ordonnance 75-153 du 31 mai 1975.
Catalogue des infractions 183

1. de 18 heures à 23 heures, du lundi au vendredi , la vente des boissons


devant prendre fin dès 22 heures ;
2. le samedi et veille de jours fériés légaux à partir de 18 heures jusqu’au
lendemain à 6 heures du matin ;
3. le dimanche et jours fériés légaux à partir de 11 heures du matin
jusqu’à 24 heures, la vente de boisson devant prendre fin dès 23
heures.
b) Exceptions
Bien que non concernés par l’ordonnance n° 75-153 du 31 mai 1975, les
bars destinés aux voyageurs dans les aérodromes et installations portuaires à
l’usage de voyageurs sont soumis à l’interdiction de boissons alcooliques, avant
18 heures, du lundi au vendredi et avant 18 heures, le samedi et veille de jours
fériés légaux (art.4).
Le débit et la consommation des boissons alcoolisées sont autorisés chaque
jour :
- dans les restaurants et snack-bars, entre 12 heures et 15 heures et entre
18 heures et 24 heures.
- dans les bars-dancings attenant aux établissements hôteliers et aux
restaurants de classe internationale ou semi-internationale, au-delà des
heures réglementaires.
Exceptionnellement, l’autorité (le bourgmestre dans les communes
urbaines, le chef de collectivité dans les territoires ruraux) peut autoriser le
débit et la consommation des boissons au-delà des heures réglementaires.

c)Pénalités
Ceux qui contreviennent à la réglementation sur les débits de boissons sont
susceptibles de peines. Ils peuvent être punis d’une peine de servitude pénale
de six mois à cinq ans et d’une amende ou d’une de ces peines seulement. Il
s’agit des gérants ou des débitants. Indépendamment de la peine, l’autorité
territoriale peut procéder au retrait de la licence d’exploitation.

126. Défaitisme
Voir capitulation, n° 63.

127. Défaut d’assurance automobile


Les véhicules automoteurs ne sont admis à circuler sur le territoire de la
République Démocratique du Congo que si la responsabilité civile à laquelle ils
peuvent donner lieu est couverte par une assurance. L’obligation de contracter
l’assurance incombe au propriétaire du véhicule. L’assurance doit couvrir la
184
Catalogue des infractions

responsabilité civile du propriétaire du véhicule et de toute personne ayant,


avec son assentiment exprès ou tacite, la garde ou la conduite du véhicule.
L’assurance doit comprendre les dommages causés aux personnes et aux
biens. Elle doit obligatoirement être contractée auprès de la Société Nationale
d’Assurance, Sonas en sigle, qui est seule habilitée. En effet, la Sonas est une
société d’Etat. Elle jouit du monopole279 en matière d’assurance.

I. Des éléments constitutifs


Pour que l’infraction de défaut d’assurance automobile existe, elle requiet
trois éléments.
a)L’existence d’un véhicule automoteur
Par véhicule automoteur, il faut entendre tout véhicule pourvu d’un moteur
de propulsion et circulant sur route par ses propres moyens. Le terme
automobile désigne ceux des véhicules à moteur qui servent normalement au
transport sur route de personnes ou de choses ou à la traction sur route de
véhicules utilisés pour le transport de personnes ou de choses.

b)L’existence des dommages.


Il s’agit des dommages résultant à l’occasion de la circulation ou du
stationnement du véhicule. Ils sont causés aux personnes et aux biens. Par
dommage, il faut entendre une lésion effectivement réalisée : mort
d’homme(art.53.CP) ; lésion corporelle(art.54 CP) ; incendie(art. 109 CP) etc.
Le fait fautif et le dommage sont insuffisants s’ils ne sont pas liés entre eux par
un rapport causal. Il y a donc nécessité du lien de causalité.

c)L’inexistence d’un certificat d’assurance en cours de validité.


Le certificat d’assurance est exigé pour tout vévicule circulant sur les routes
de la République Démocratique du Congo. En effet, l’assurance est obligatoire.
Le certificat d’assurance dont est porteur un véhicule doit surtout être en cours
de validité, si non il est inéxistant.

II. Des poursuites

La victime qui a subi des dommages ainsi que ses ayants-droits peuvent
saisir l’instance compétente. Le Ministère public , même d’office, a qualité pour
exercer l’action publique.

279
Des propositions et des pressions pour mettre fin à ce monopole existent. En effet, le
monopole ne se justifie plus au regard de l’environnement international et de la
mondialisation des échanges. Le monopole dont jouit la Société Nationale d’Assurance est
même mis en mal. Des courtiers d’assurance sont agrées. Cependant les textes légaux en
vigueur n’ont toujours pas subi de modification. Le monopole de la société nationale
demeure légalement consacré.
Catalogue des infractions 185

a) Soutien légal
L’infraction de défaut d’assurance automobile est prévue et punie par
un texte de loi. Il s’agit de la loi n°73 –013 du 05 janvier 1973 portant
obligation de l’assurance de responsabilité civile en matière d’utilisation des
véhicules automoteurs280 .

b) Quelles sont les pénalités et à qui s’appliquent-elles ?


L’article 14 de la loi précitée désigne les personnes punissables et les
sanctions.
1. Le conducteur sera passible d’une peine d’amende ;
2. Le propriétaire encourra deux mois de servitude pénale principale maximum
et une amende ou l’une de ces peines seulement. D’autres sanctions ont été
prévues par le législateur :
1. conduire le véhicule au poste de police de roulage le plus proche ;
2. procéder à la saisie dudit véhicule ;
3. retenir le véhicule jusqu’à la contraction de l’assurance obligatoire ;
4. la saisie du certificat d’assurance irrégulier.
L’Etat et les organismes parastataux désignés par le Président de la
République sont dispensés de l’obligation de contracter une assurance pour les
véhicules dont ils sont propriétaires, à la condition de couvrir eux mêmes la
responsabilité civile du propriétaire du véhicule, du gardien ou du conducteur
du véhicule (art 3 de la même loi).
La réparation des dommages corporels résultant de l’utilisation d’un véhicule
non couvert de police d’assurance de responsabilité civile automobile sera
couverte par le « Fonds National de Garantie pour les victimes des accidents
de la route ». Il ressort de la loi que ce fonds sera institué par ordonnance du
Président de la République (art 16 de la loi précitée).
c)Tribunal compétent et prescription de l’action publique
Le défaut d’assurance est jugé par le tribunal de paix. L’infraction de
défaut d’assurance est prescriptible dans le délai d’une année. La peine, elle, est
prescriptible dans le délai double de la peine prononcée , sans que ce délai soit
inférieur à deux ans.

128. Défaut d’assurance obligatoire de la responsabilité civile


des constructeurs pendant la période décennale

a)Quel est le texte légal ?


Les articles 12 et 17 de la loi particulière n° 74-007 du 10 juillet 1974
portant assurance obligatoire de la responsabilité des constructeurs organisent
280 er
J.O. n°5 du 1 mars 1973, pages 301 et 302.
186
Catalogue des infractions

l’infraction en étude. Tout constructeur est tenu de souscrire une police


d’assurance couvrant sa responsabilité civile (articles 258 à 260 du code civil,
livre III). La garantie d’assurance de la responsabilité civile des constructeurs
cesse de plein droit dix ans après la réception définitive de l’ouvrage par le
maître de l’ouvrage ou son mandataire.

b) Quelles sont les pénalités à infliger ?


L’amende est la sanction prévue à l’endroit du constructeur défaillant.
Le Ministère public suivant que les ouvrages sont situés dans son ressort
territorial est l’organe compétent pour infliger et percevoir l’amende.

c)Quel est le taux de l’amende ?


L’amende transactionnelle ne pourra pas être supérieure au montant de la
prime d’assurance. Elle sera versée par moitié au Trésor Public et au poste
Recettes Primes de la branche Risques techniques de la Société Nationale
d’Assurance (Article 17 alinéa 2).

129. Défaut d’assurance obligatoire de la responsabilité civile


des constructeurs pendant la période de construction

Les articles 7 et 17 de la loi particulière n° 74-007 du 10 juillet 1974


portant assurance obligatoire de la responsabilité des constructeurs sont les
dispositions légales.
Tout constructeur est tenu de souscrire une police d’assurance couvrant
sa responsabilité civile (articles 255 à 260 du livre III du code civil) pour toute
la durée des travaux jusqu’à leur réception définitive par le maître de l’ouvrage
ou son mandataire. La sanction applicable en cas d’irrespect de cette obligation
est l’amende.

130. Défaut d’assurance obligatoire de la responsabilité


décennale des constructeurs

Tout constructeur est tenu de souscrire une police d’assurance couvrant la


responsabilité décennale telle qu’elle résulte de l’article 439 du code civil livre
III. Cette garantie court à la date de la réception définitive de l’ouvrage par le
maître de l’ouvrage ou son mandataire. Elle s’étend pendant une période de dix
années calendrier sans interruption. Cette infraction est prévue et punie par les
articles 8 et 17 de la même loi n° 74-007 du 10 juillet 1974. Elle est punie de la
peine d’amende.
Catalogue des infractions 187

131. Défaut d’assurance obligatoire des risques d’incendie de


bâtiments
La loi n° 74-008 du 10 juillet 1974 particulière portant assurance obligatoire
des risques d’incendie de certains bâtiments caractérise l’infraction. Les
bâtiments concernés, qui doivent être obligatoirement assurés sont :
1. tout immeuble à usage administratif, culturel, sanitaire ou scolaire ;
2. les salles de spectacles et/ou de loisirs ;
3. les immeubles à usage industriel, agro-industriel, artisanal ou commercial en
général.
La police d’assurance obligatoire couvre les risques d’incendie. Le contenu
des bâtiments doit aussi faire l’objet d’une police d’assurance contre les risques
d’incendie.
L’obligation d’assurance incombe au propriétaire-exploitant. Dans le cas
d’un tiers exploitant, l’obligation incombe à ce dernier. Pour les bâtiments
publics à usage administratif, scolaire, sanitaire et culturel, l’obligation
d’assurance incombe aux organes dont les services utilisent effectivement le
bâtiment à moins que l’Etat ne souscrive une police d’assurance collective qui
couvrirait tous les risques qui surviendraient à ces immeubles. L’article 28 punit
d’une amende transactionnelle qui ne pourra être supérieure au montant de la
prime d’assurance tout contrevenant à cette prescription. La compétence
d’infliger et de percevoir cette amende appartient exclusivement au Ministère
public près les tribunaux de grande instance.

132. Défaut d’assurance tous risques chantiers

L’infraction de défaut d’assurance tous risques chantiers est aussi appelée


assurance obligatoire de l’ouvrage. Elle incombe aux constructeurs, c’est-à-dire
les architectes, ingénieurs et bureaux d’études, ingénieurs-conseils,
entrepreneurs. Tout constructeur est tenu de souscrire une police d’assurance
garantissant le maître de l’ouvrage contre les dommages qui affecteraient , en
tout ou en partie, l’ouvrage en cours de construction et ce, jusqu’à sa réception
définitive par le maître de l’ouvrage.
La garantie doit couvrir les dommages résultant de l’emploi des matériaux
impropres ou défectueux, le travail défectueux, les erreurs de dessin ou de
calcul, les dommages dus au vol ou au sabotage. Cette garantie s’étend aussi
aux dommages résultant des intempéries, tempêtes, ouragans, foudre,
tremblement de terre, affaissement de terrains, éboulement de terrains, chute
de rocher, incendie, cyclones, typhons et raz de marées. Le texte légal et la
sanction à infliger sont identiques à ceux prévus en cas de défaut d’assurance
des constructeurs pendant la période décennale.
188
Catalogue des infractions

133. Défaut de carte d’identité


Voir Carte nationale d’identité, n° 62.

134. Défaut de déclaration de naissance ou fausse déclaration


devant l’officier de l’état civil

I. Définition de l’infraction

L’infraction concerne ici toute personne qui est obligée de faire la


déclaration de naissance ou de décès et qui ne le ferait pas dans le délai légal.
En effet, dans le code de la famille le délai, pour déclarer une naissance,
est de trente jours à dater de la naissance. La loi n° 09/001 du 10 janvier 2009
portant protection de l’enfant en son article 16 a ramené ce délai à quatre-vingt
dix jours281 . Quelle est donc la personne responsable pénalement du défaut ou
de la fausse déclaration ? Il peut s’agir :
- du père ou de la mère à défaut du père ;
- de la personne présente à l’accouchement ou au décès (médecin, sage-
femme, aide-accoucheuse, …) ;
- de la personne munie de la procuration du père ou de la mère, etc.
L’infraction concerne également toute personne tenue ou non à cette
obligation, qui fait des fausses déclarations devant l’officier de l’état civil sur les
énonciations que doit contenir l’acte, mais aussi toute personne qui aura donné
la mission de commettre de fausses déclarations devant l’officier de l’état civil.
Sera punie, des peines portées par cette infraction , toute personne qui,
convoquée par l’officier de l’état civil pour faire une déclaration ou pour
témoigner, aura volontairement refusé de comparaître. L’officier de l’état civil
qui aura refusé de recevoir une déclaration pourra être poursuivi sur base des
articles 147 et 148 du code pénal livre II relatifs à l’abstention coupable du
fonctionnaire. Lorsqu’il aura acté une fausse déclaration, il pourra être
poursuivi sur base des articles 124 à 126 du code pénal livre II relatifs aux faux
et usage de faux en écritures.

II.Poursuites

L’officier de l’état civil ou toute personne lésée par la déclaration faite


ainsi que le Ministère public pourront poursuivre le faux déclarant.

281
Journal Officiel de la République Démocratique du Congo, Kinshasa, 12 janvier 2009
p.17-18.
Catalogue des infractions 189

a)Dispositions légales
Les articles 153, 154 du code pénal Livre II et 114, 115 du code de la
famille sont la base légale.

b) Pénalités applicables
Le défaut de déclaration, dans le délai légal , est sanctionné de sept jours
de servitude pénale principale et d’une amende ou d’une de ces peines
seulement (art. 114 du code de la famille). Le défaut de déclaration est puni
d’une amende.
Les fausses déclarations faites devant l’officier de l’état civil sont
punissables de huit jours à un an et d’une amende ou d’une de ces peines
seulement. Ces mêmes peines s’appliquent à celui qui a donné mission de
commettre de fausses déclarations si cette mission a reçu son exécution (art.
115 du code de la famille).

c)Le tribunal compétent


Le tribunal compétent est le tribunal de paix. L’infraction de défaut de
déclaration de naissance ou fausse déclaration devant l’officier de l’état civil se
prescrit dans le délai d’une année.

135. Défaut de qualité pour exercer la profession de


commerçant
Voir Registre de commerce, n°551- 1 .

136. Délaissement d’un enfant


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n°467-15.

137. Délit d’audience

Le délit d’audience282 n’est pas à proprement parler une infraction. Il est


plutôt une procédure qui permet de juger sur le champ toute infraction
commise à l’audience. En effet, ceux qui assistent aux audiences doivent se
tenir découverts, dans le respect et le silence. Si quelque irrespect,
désobligeance ou infraction arrive à survenir en pleine audience, il est de la
nature même de ses fonctions que le juge ou le président de la juridiction qui
dirige les débats en exerce la police d’audience.

282
Ordonnance-loi n° 70-012 du 10 mars 1970 (M.C n°10 de 1970). Voir aussi Jean
Jacques YOKA MAMPUNGA., Codes Congolais de procédure pénale, Editions yoka, 1999,
p. 91.
190
Catalogue des infractions

Il lui appartiendra, dans ce cas, de rappeler à l’ordre, d’expulser ceux qui


troublent le cours normal des débats, de faire arrêter les perturbateurs et, au
besoin, de voir la juridiction condamner sans désemparer les infractions dont
elle est le témoin (principe général de droit).

138. Délit de fuite

Le délit de fuite est le fait, pour un conducteur de véhicule ou engin


terrestre, fluvial ou maritime sachant qu’il vient de causer ou d’occasionner un
accident, de ne pas s’arrêter et de tenter ainsi d’échapper à la responsabilité
civile ou pénale qu’il peut avoir encourue.
Le délit de fuite est une infraction qui possède une nature hybride283. Elle
est tantôt une infraction autonome tantôt une circonstance aggravante.
L’infraction de délit de fuite est une infraction de conséquence, car elle suit
toujours une première infraction.

a)Texte légal et peine


L’article 105 de la loi n° 78-022 du 30 août 1978 portant nouveau code
de la route définit, prévoit et punit le délit de fuite. La peine prévue pour
l’infraction de délit de fuite par le législateur est une amende. L’infraction de
délit de fuite est de la compétence du tribunal de paix. Pour qu’elle
(l’infraction) soit constituée, il faut des éléments sans lesquels elle n’existera
pas.

b)Un accident
Le délit de fuite est une infraction de conséquence. Il faut au préalable un
accident causé par l’auteur. L’infraction première est donc une infraction non
intentionnelle : homicide involontaire ou des blessures involontaires.
- L’accident doit être corporel ou même matériel. Il suffit de l’apparence
d’accident, même si aucun dommage ne paraît exister ;
- L’accident doit être causé ou occasionné par n’importe quel type
d’accident(véhicule), par exemple : voiture, moto, bicyclette, bateau,
navire ; que l’accident ait été causé (dommage occasionné a une personne, à
un animal, à une chose inanimée, etc.) ; que l’accident ait été causé par un
véhicule (automobile, motocyclette, voiture attelée, etc.) ;
- L’accident doit pouvoir engager la responsabilité pénale ou civile, même si
le conducteur, dans la même poursuite ou dans une poursuite distincte, est
reconnu non responsable de l’accident ; il suffit de l’apparence de

283
Coralie Ambroise-castérot.,Droit pénal spécial et des affaires, Gualino éditeur, Lextenso
éditions, Paris 2008, p. 119.
Catalogue des infractions 191

responsabilité. Le texte s’applique même pour une voie privée, même si le


véhicule est en situation anormale.

c)L’Absence d’arrêt du conducteur permettant l’identification .


L’arrêt doit être immédiat, volontaire, destiné à permettre
l’identification, même si l’on nie sa responsabilité. L’arrêt est suffisant pour
permettre l’identification. Il a été jugé qu’il y a délit de fuite si l’on tente
d’échapper à sa responsabilité, même si on laisse son véhicule en
stationnement pendant qu’on fait son marché (crim. , 1997) ou si l’on
« maquille » les traces d’un accident pour entraver les recherches de la
gendarmerie284 .
Il faut que l’auteur de l’accident ne se soit pas arrêté. La volonté du
législateur est que lorsqu’un accident a lieu, l’auteur s’arrête pendant un temps
suffisant pour permettre à celui qui a été atteint dans sa personne ou dans ses
biens ou à des tiers de recueillir tous les renseignements utiles sur son identité.

d) L’élément moral

L’infraction est intentionnelle. En effet, l’auteur prend fuite « sachant qu’il


vient de causer ou d’occasionner un accident ». L’intention doit être
démontrée, mais elle requiert un dol spécial en sus du dol général. En effet,
tout d’abord, il faut démontrer un dol général qui consiste en une volonté de
fuir : l’auteur de l’infraction doit volontairement ne pas s’arrêter et ainsi quitter
les lieux du délit. Ensuite, un dol spécial est réquis, c’est-à-dire qu’il faut que
cette fuite(dol général), soit réalisée avec un mobile particulier(dol spécial).
- Il faut avoir eu conscience de l’accident ; que, par exemple, on a causé
l’accident en éblouissant l’auteur direct de la collision avec un tiers ;
- Il faut un mobile (dol spécial) : le dessein d’échapper à la responsabilité
pénale ou civile que l’on peut avoir encourue (même si en réalité l’on n’est
pas responsable).
Prise en compte du mobile de la fuite. L’individu n’est coupable de
l’infraction de délit de fuite que s’il fuit dans le but précis d’échapper à ses
responsabilités. A contrario, s’il fuit pour d’autres raisons(par exemple
échapper à la vindicte populaire, la foule des témoins de l’accident de la
circulation se précipite sur lui en menaçant de l’agresser), l’infraction n’est pas
constituée. C’est un des cas rare où la loi prend en compte les mobiles dans les
élements constitutifs.
Sera tenu , pour complice, le propriétaire d’une voiture automobile qui aura
donné l’ordre à son chauffeur de poursuivre sa route, après avoir occasionné
l’accident.

284 ème
Crim., 2004 tiré in Mementos, Droit Pénal Spécial, 14 édition 2008, Dalloz, p. 347.
192
Catalogue des infractions

139. Délit de souteneur

I.Définition de l’infraction

Le souteneur est celui qui vit, en tout ou partie, aux dépens d’une
personne dont il exploite la prostitution.
Il en est ainsi de :
- celui qui surveille et protège une femme en quête des clients sexuels pour
éventuellement contraindre le partenaire récalcitrant à payer le prix convenu
ou fixé ;
- du mari qui protège sa femme qui se livre à la prostitution et fixe avec elle le
prix à exiger de ses clients ;
- des parents qui aident leurs enfants à récupérer le produit de la
prostitution285
Le souteneur doit tirer profit du produit de la prostitution d’autrui. S’il n’y a
pas prostitution, il n’y a pas infraction. Ne sera donc pas poursuivi celui qui tire
profit d’un acte sexuel isolé même s’il a assisté ou protégé la personne qui a eu
ces relations.

II.Poursuites

L’action publique est exercée par le Ministère public.

a) Disposition légale
Le délit de souteneur était prévu autrefois par l’ord-loi n°79/007 du
06/07/79. Il est actuellement défini et puni par l’article 174 b point 3 du code
pénal livre II tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006
modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal
congolais.

b) Pénalités
La disposition de l’article 174 b point 3 du code pénal livre II tel que
modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et
complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais édicte
une sanction. Elle est de trois mois à cinq ans de servitude pénale principale et
une amende ou une de ces peines seulement à l’endroit du souteneur.
Le souteneur est justiciable du tribunal de paix. L’infraction de délit de
souteneur se prescrit (action publique) après trois ans.

285
LIKULIA BOLONGO. , op. cit. , p. 365.
Catalogue des infractions 193

140. Délit d’initié

Le délit d’initié comme infraction boursière relève du domaine monétaire et


financier. Il appartient au domaine des infractions boursières. Il n’appartient
au droit pénal des sociétés commerciales, que dans le sens où il va perturber
les marchés financiers et par voie de conséquence la vie des sociétés
commerciales.
Le droit congolais ne connait pas encore cette infraction. La République
démocratique du Congo ne connait pas encore l’organisation des bourses et de
l’autorité des marchés financiers y relatif.
En France, par contre , le délit d’initié est réprimé par l’article 465-1 du code
monétaire et financier286. En fait, il y a plusieurs délits d’initié plutôt qu’un seul.
En effet, sont sanctionnés pénalement plusieurs sortes de comportements
prohibés, illicitement adoptés par plusieurs variétés d’initiés. Mais tous
concenent la circulation de l’information privilégiée, élement commun
préalable et élement clef de l’ensemble des délits d’initiés.
a)Une information privilégiée
L’information privilégiée est tout d’abord une information confidentielle. Elle
possède donc une sorte de caractère secret et ne doit pas être révelée ou
utilisée par les initiés, c’est-à-dire ceux qui la connaissent, tant qu’elle n’est pas
rendue publique.Dès lors que l’information est circonscrite à un cercle, le délit
d’initié peut être carctérisé. En revanche, dès que les investisseurs, les acteurs
de la bourse et les épargnants sont informés(communiqué de presse, journaux
borsiers spécialisés, etc.), l’information devient publique et n’est plus protégée.
Ensuite, cette information doit être également précise. Une information
privilégiée n’est donc pas une rumeur. En revanche, l’information n’a pas
besoin pour autant d’être certaine ; dans le domaine de la bourse, où prévaut
l’aléa, une telle exigence risquerait d’annihiler l’infraction.
L’objet de cette information est relative aux perspectives ou les perspectives
d’évolution d’un instrument financier admis sur un marché reglementé. Ainsi,
toute information sur les comptes, les pertes, les bénéfices éventuels, la
restructuration, la signature d’importants contrats, ou encore les projets de la
société(fusion, acquisition, par exemple) sont des informations privilégiées,
confidentielles qui ne doivent pas être utilisées par les initiés avant qu’elles ne
fassent l’objet d’une publicité.
Enfin, elle doit être aussi déterminante- c’est-à-dire permettre de réaliser une
opération illicite sur le marché boursier- et objectivement privilégié. Autrement
286
Article modifié par la loi du 26 juillet 2005 ; Cordalie Ambroise –Castérot., Droit pénal
spécial et des affaires, Gualino éditeur Lextenso éditions , Paris 2008, p.470.
194
Catalogue des infractions

dit , la qualité de l’information ne doit pas être appréciée en fonction de la


qualité de la personne qui la réçoit : que ce soit la personne mise illicitement
dans la confidence, le délit d’initié est caractérisé.
b)Les initiés
Le cercle des initiés s’est élargi. Il peut s’agir du président, des directeurs
généraux, des membres du directoire d’une société, les administrateurs etc. Ces
personnes sont des initiés primaires, des initiés « de droit », celles sur lesquelles
pèse une présomption irréfragable de connaissance de l’information privilégiée.
Il leur est impossible de prétendre ne pas connaître l’ensemble des
informations confidentielles de la société qu’ils dirigent. Il y a aussi des « initiés
de fait, de seconde main (secondaires) »287. Ils sont informés ponctuellement ou
par hasard, du fait de l’exercice de leurs fonctions. Ce sont les employés
d’entreprise (de la société concernée ou d’autres groupes), des agents de
change, des journalists financiers etc..Toute personne peut devenir en fonction
des circonstances, un initié.
c)Les comportements incriminés
Deux types de comportements peuvent être réprimés : d’une part l’utilisation
des informations privilégiées , et d’autre part, la communication de ces
informations.
1.Le délit d’utilisation d’information privilégiée. Est ici prohibé le fait
pour l’initié de réaliser des opérations boursières directement lui-même ou par
personne interposée. Le délit peut donc être réalisé par l’initié primaire, l’initié
secondaire, mais également par un tiers puisque si l’initié communique des
informations confidentielles à un tiers -- ce qui est en soi un délit – et que ce
tiers les utilise (en spéculant en bourse ) l’infarction est constituée. L’opération
illicite doit, d’une part, être réalisée sur un marché réglementé et, d’autre part,
elle n’est interdite que tant que le public n’a pas connaissance des informations
confidentielles.
2. Le délit de communication d’information privilégiée. Il est le fait pour
une personne disposant dans l’exercice de sa profession ou de ses fonctions
d’une information privilégiée de la communiquer à un tiers en dehors du cadre
normal de sa profession Il s’agit de se livrer à des confidences , des bavardages
mondains, en violation du devoir de discrétion. L’infraction est caractérisée,
quelle que soit la réaction du tiers, que celui-ci profite ou non de la confidence.
d)L’intention

287
J.-H. Robert et H. Matsopoulou.,Traité de droit pénal des affaires, PUF, coll. « Droit
fondamental » ,2004, n° 276.
Catalogue des infractions 195

Les comportements incriminés doivent être, bien enetendu, intentionnels.La


conscience de violer les règles du marché suffit. La fonction occupée par la
personne poursuivie suffit grandement à le démonter.

141. Délits de presse

I. Définition

Les délits de presse sont des infractions sui generis commises par voie
de presse écrite ou audiovisuelle (article 74 de la loi n°96-002 du 22 juin 1996
fixant les modalités de l’exercice de la liberté de la presse) par les
professionnels de la presse, les entreprises de presse, les personnes physiques
ou morales concernées par des écrits ou des messages audiovisuels (article 1er).
L’objectif du législateur est de ramener les usagers de la presse à respecter la
loi, l’ordre publique, les droits d’autrui et les bonnes mœurs.
Outre les infractions et sanctions prévues au code pénal ordinaire pour
les infractions de droit commun (imputations dommageables et calomnieuses,
injures, etc.) auxquelles il s’expose, le professionnel de la presse peut
commettre des infractions et encourir des peines que prévoit spécialement le
législateur, en cas de délit de presse288 .
• Seront punis, comme complices d’une action qualifiée infractionnelle
conformément aux articles 22 et 23 du code pénal, livre I, tous ceux qui, soit
par des discours, écrits, imprimés, dessins, gravures, images, peintures,
emblèmes ou tout autre support de l’écrit, de la parole ou de l’image, vendus,
distribués, diffusés ou exposés dans les lieux ou réunions publics, auront
directement incité l’auteur ou les auteurs à commettre ladite action, si la
provocation a été suivie d’effet (Article 76 de la loi précitée).
• Seront punis conformément aux dispositions de cet article 76 :
- ceux qui auront directement incité au vol, au meurtre, au pillage, à
l’incendie, à l’une des infractions contre la sûreté extérieure et intérieure de
l’Etat y compris dans le cas où cette incitation n’a pas été suivie d’effet ;
- ceux qui auront directement incité à la discrimination, à la haine ou à la
violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes, en raison
de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non appartenance à une
ethnie, une nation, une race, une idéologie ou une religion déterminée ;

288
NIEMBA LUBAMBA Vincent-David. , « La répression des délits de presse en droit pénal
congolais » in Justice et ordre public, publication de l’Institut de Formation et d’Etudes
Politiques sous la direction de Lukieni Lu Nyimi et Masiala Muanda, Kinshasa 1999, p.151.
196
Catalogue des infractions

- ceux qui auront fait, par l’un des moyens énoncés ci-dessus, offense à la
personne du Chef de l’Etat ;
- ceux qui auront, par l’un des moyens énoncés à l’article 76, incité les
membres des forces armées et des services de l’ordre, dans le but de les
détourner de leurs devoirs (article 77).
• Seront punis, pour trahison, ceux qui, en temps de guerre, ont par les
moyens cités à l’article 76 :
- incité les forces combattantes à passer au service d’une puissance étrangère ;
- sciemment participé à une entreprise de démoralisation de l’armée ou de la
population dans le but de nuire à la défense nationale ;
- livré (directement ou indirectement) à une puissance étrangère, un
renseignement, document ou procédé qui doit être tenu secret, dans l’intérêt
de la défense nationale (Article 78).
Au risque de tomber sous le coup de l’infraction à la présente loi, il est
interdit :
1° de publier les actes d’accusation et tous actes de procédure judiciaire avant
qu’ils n’aient été lus en audience publique ;
2° de divulguer les délibérations des cours et tribunaux. Il en est de même des
informations sur les travaux et les délibérations du Conseil Supérieur de la
Magistrature sans l’autorisation du Conseil lui-même ;
3° de reproduire la photographie, dessins ou portraits de tout ou partie des
circonstances des crimes de sang, des crimes ou délits tournant aux mœurs,
sauf demande expresse du chef de la juridiction saisie du cas. Cette
interdiction s’applique également à toute illustration concernant le suicide
des mineurs, sauf autorisation écrite du Procureur de la République ;
4° d’enregistrer, de fixer ou de transmettre la parole ou l’image aux audiences
des cours et tribunaux, sauf autorisation du chef de la juridiction. Il en est
de même pour les procès en diffamation lorsque les faits incriminés
concernent la vie privée des personnes ;
5° de publier ou de diffuser des informations sur un viol ou sur un attentat à la
pudeur en mentionnant le nom de la victime ou en faisant état de
renseignements pouvant permettre son identification, à moins que la
victime n’ait donné son accord écrit ;
6° d’ouvrir ou d’annoncer publiquement des souscriptions ayant pour objet de
payer des amendes, frais et intérêts prononcés par des condamnations
judiciaires sous peine des poursuites (Article 79).
Catalogue des infractions 197

De ce qui précède, la diffusion d’informations, même exactes, est interdite289


.
Les infractions prévues à l’article 79 ainsi que tous les délits de presse non
expressément assortis de sanctions précises sont punis. La sanction est au
maximum de quinze jours de servitude pénale et d’une amende ou d’une de ces
peines seulement, à moins que les faits ne soient constitutifs d’une infraction
passible de peines fortes (article 81).

L’auteur d’une diffusion ou d’une émission contraire à la loi, à la tranquillité


et à l’ordre public ainsi qu’aux bonnes mœurs est passible des peines. Ces
dernières sont prévues par la loi, sans préjudice de dommages intérêts auxquels
le fait commis peut donner lieu, notamment à la constitution des sociétés
commerciales et à la concurrence déloyale ;
En cas de récidive, l’entreprise de radio diffusion sonore et de télévision, de
la station fautive concernée se verra retirer sa licence d’exploitation. L’organe
compétent, pour ce faire , est le tribunal de grande instance compétent, à la
demande du membre du gouvernement ou de l’éxécutif provincial (art. 82).
Sans préjudice des poursuites judiciaires, le membre du gouvernement ou de
l’éxécutif provincial peut :
a) requérir la saisie des documents, films ou vidéo cassettes ;
b) interdire la diffusion d’une ou de plusieurs émissions incriminées ;
c) suspendre une station de la radio diffusion sonore ou de la télévision pour
une période n’excédant pas 3 mois, notamment dans les cas de :
- refus de diffuser un droit de réponse, une réplique ou une rectification
conformément au prescrit de cette loi ;
- diffusion des documents, films ou vidéo cassettes contraires aux lois, aux
bonnes mœurs et à l’ordre public.
L’auteur d’une diffusion ou d’une émission contraire à la loi ou à l’ordre
public (art 83) ou aux bonnes mœurs, est passible de peines prévues par la loi
(art 84).
En cas d’urgence dictée par les exigences de l’ordre public, les autorités
administratives compétentes sont habilitées à prendre des mesures
conservatoires. Elles peuvent interdire d’émettre et de diffuser une émission ou
un programme incriminé, à condition d’en informer , dans les 48 heures, par
avis motivé le tribunal de grande instance du ressort qui prononce la
confiscation (art. 85).
Outre ces dispositions répressives, la loi sur la presse contient aussi diverses
dispositions. Celles-ci prévoient des pénalités qui frappent les professionnels de
la presse lorsqu’ils commettent des faits répréhensibles, notamment en cas de :

289
CFPJ (Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes). , « Les droits et les
devoirs du journaliste ». Textes essentiels, co-édition : Presse et formation /les éditions du
CFPJ, Ecole Supérieure du Journalisme de Lille, 1992, p.13.
198
Catalogue des infractions

- refus de publication d’un droit de réponse (arts. 42 et 43) ;


- refus de déclaration de son activité à l’autorité administrative compétente
prévue à l’article 46 (art. 47) ;
- diffusion d’une émission ou d’une diffusion contraire aux prescrits de la loi
(art. 65).

II. Responsabilité pénale

La responsabilité des professionnels de la presse est réglée aux articles 28


et suivants du chapitre I, section 3 du titre 2 de la même loi n°96-002 du 22
juin 1996.
A titre principal, pourront être punis dans l’ordre suivant :
1. l’auteur de l’article ;
2. à défaut de l’auteur, le directeur de publication ou l’éditeur ;
3. l’imprimeur lorsque, ni l’auteur, ni le directeur de la publication, ni
l’éditeur ne sont connus.
Lorsque le directeur de la publication et le propriétaire forment une seule et
même personne, celle- ci est :
1° pénalement responsable du non respect des conditions requises pour la
publication d’un journal ou écrit périodique ;
2° pénalement responsable du contenu du journal ou écrit périodique ;
3° civilement responsable, solidairement avec l’auteur de l’écrit, des
condamnations prononcées contre le journal ou contre l’écrit périodique.
Lorsque le directeur de la publication n’est pas propriétaire, le propriétaire
est civilement responsable. Il est civilement responsable solidairement avec le
directeur de la publication et l’auteur de l’écrit, des condamnations prononcées
contre le journal ou contre l’écrit périodique (art. 30).

III. Droit de réponse, rectification et rétractation

a)Le droit de réponse


1. Le droit de réponse dans la presse écrite
Toute personne doit pouvoir, lorsqu’elle est citée dans un journal ou dans
un écrit périodique nominativement ou indirectement, faire insérer une
réponse ou une rectification290 . Cette insertion est obligatoire et gratuite à la
même place et dans les mêmes caractères. Toutefois, les termes d’une réponse
ne doivent pas être contraires à l’ordre public, aux lois et aux bonnes mœurs.
2. Le droit de réponse à la radio ou à la télévision

290
NZANGI BATUTU (M). , « La diffamation et l’injure dans les médias », Collection
Informations juridiques, Kinshasa, janvier 1997, p.24.
Catalogue des infractions 199

Le demandeur précise les imputations sur lesquelles il désire répondre. Cette


réponse ne peut excéder la durée réelle de l’imputation à laquelle on veut
répondre.
b) Le droit de rectification
1. Le droit de rectification consécutif à la diffusion des actes des
dépositaires de l’autorité.
Ce droit se limite à redresser les actes des dépositaires de l’autorité
publique accomplis dans l’exercice de leurs fonctions et qui ont été
inexactement rapportés par un journal ou périodique. Cette rectification ne
doit pas dépasser le double de l’article auquel elle répond ;
2. Le droit de rectification consécutif à la diffusion des actes de dépositaires
de l’autorité à la radio ou à la télévision.
Si ,dans l’exercice de leur fonction, les actes des dépositaires de
l’autorité ont été diffusés de façon inexacte, le droit de faire diffuser une
rectification se limitera à redresser les faits, paroles, images, inexactement
diffusés.
c) La rétractation des écrits diffamatoires
Elle consiste à revenir sur ce qu’on a écrit dans un bref délai.
Néanmoins, la rétractation n’efface pas les infractions résultant de la
publication, car le préjudice subsiste. La rétractation qui, dès lors , constitue
une circonstance atténuante laisse subsister l’infraction de diffamation.

IV. Tribunal compétent

a. Matériellement
En matière de délit de presse, la compétence matérielle revient à
l’instance compétente pour l’infraction commise, ce, conformément aux
prescrits des articles 86, 91 et 96 du code de l’organisation et de la compétence
judiciaires.
b. Territorialement
La compétence territoriale du tribunal répressif est fixée par l’article
104 du code de l’organisation et de la compétence judiciaires. Pour les articles
de presse rédigés en vue de leur diffusion à un large public291 , qui franchissent
les frontières nationales, il va de soi que la distribution et la publication
réalisent tant sur le territoire national qu’à l’étranger l’élément de publicité exigé
par l’article 74 du code pénal.
Le problème ne reste pas moins délicat lorsqu’il s’agit de la répression
du délit de presse, car la publicité est faite en tous lieux où le journal a été

291
KILENDA KAKENGI BABITA, in Le Bulletin juridique n°2, avril 1 989, pp 3 et 4.
200
Catalogue des infractions

publié, vendu ou exposé, et l’infraction commise en tous ces endroits. Le


délinquant doit répondre de son fait partout où son article a sapé l’honneur et
la considération de l’individu diffamé, par exemple, et dès lors il doit être
réparé partout. N’a-t-il pas été jugé que le délit d’imputation dommageable est
réalisé partout où a été vendu et publié l’écrit litigieux292 ? Pour Georges
Mineur, les tribunaux congolais sont compétents pour connaître de l’infraction
de diffamation ou d’injures contenues dans un journal publié à l’étranger et
diffusé au Congo293 .
S’il est légitime et salutaire pour un journaliste d’assumer pleinement un
regard critique dans le traitement de l’information, il lui faut, toutefois, faire
preuve de vigilance dans l’exercice de celui-ci. La désinformation constitue une
véritable stratégie de conquête des esprits par le mensonge et requiert un haut
degré de préméditation294 .

142. Déni de justice


Il y a déni de justice lorsque le magistrat refuse de procéder aux devoirs de
sa charge ou néglige de juger les affaires en état d’être jugées. Le constat en est
fait par deux sommations faites par l’huissier au magistrat concerné à huit jours
d’intervalle au moins (article 59 ordonnance-loi n° 82-017 du 31 mars 1982)295 .
S’agissant du refus de remplir un devoir de sa charge, il vise, non
seulement les affaires en état, mais également les requêtes en vue d’obtenir une
ordonnance de juridiction gracieuse ainsi que les actes nécessaires au Ministère
public. Il faudrait pour cela un refus caractérisé, persistant après les deux mises
en demeure prescrites par la loi. Il est jugé que viole les formes substantielles
prévues par la loi et la coutume, le tribunal qui ne statue pas sur l’objet réel de
la demande296 .
Il faut, en premier lieu, que le juge ait refusé soit de statuer, sous prétexte
du silence ou de l’obscurité de la loi, soit de répondre à une requête présentée,
ou de juger les affaires en état, et en cours d’être jugées.
En second lieu, le juge doit avoir été mis en demeure de statuer par deux
sommations faites par l’huissier. Enfin, le juge a dû recevoir un avertissement
de ses chefs hiérarchiques. Il est de jurisprudence constante que sont coupables
de déni de justice les juges qui, en dépit de deux sommations, d’une part n’ont
accompli aucune démarche, soit pour refixer la cause qui était pendante devant
leur siège en passant par le greffe, soit pour faire savoir aux parties qu’il leur

292
Tripaix pont Kasa-vubu, jugement R.P10 427, 14 avril 1988, inédit.
293
Georges Mineur. , op.cit., p.179 et suivants.
294
Corr. Dinant ,20 avril 2004 p.799 in Revue de jurisprudence de Liège ,Mons et Bruxelles
e
,31 décembre 2004, 110 me année ,Hebdomadaire p.1932.
295
C’est l ‘ordonnance – loi relative à la procédure devant la Cour Suprême de Justice.
296
Parquet Lwalaba , 22 octobre 1951, J.T.O. , n°29, p. 155, a.n.
Catalogue des infractions 201

incombait de contacter le greffier de leur juridiction pour faire revenir l’affaire


ainsi que l’exige l’article 69 du code de procédure civile , et d’autre part, après
avoir décidé d’office la surséance en vertu du principe « le criminel tient le civil
en état », n’ont rien fait pour s’enquérir auprès des autorités du Ministère
public , afin de connaître l’issue de l’action répressive qui avait justifié la
surséance297 .
Le déni de justice peut être commis, soit par des juges proprement dits,
tant en matière civile qu’en matière répressive, soit par les magistrats du
parquet. L’Etat est civilement responsable des condamnations aux dommages
intérêts qu’il encourt. Si le magistrat a été poursuivi avec légèreté ou mauvaise
foi, le requérant sera condamné aux dommages intérêts pour procès téméraire
et vexatoire.

143. Dénonciation calomnieuse


La dénonciation calomnieuse est le fait de porter, à la connaissance d’une
autorité judiciaire, d’un fonctionnaire chargé de saisir cette autorité, un fait que
l’on sait être faux et qui s’il était vrai, est de nature à provoquer des sanctions
pénales contre une personne déterminée298 .

I. Eléments constitutifs
L’infraction prévue par l’article 76 du code pénal livre II requiert à la fois un
élément matériel et un élément moral qui, s’ils sont réunis, sont susceptibles
d’entraîner la répression.
a) Eléments matériels
L’acte de dénonciation. La dénonciation peut être effectuée , selon l’article
76, par tout moyen.Peu importe la forme, donc , qu’elle soit orale ou écrite, ce
qu’elle sera le plus souvent(lettre anonyme, plainte signée, etc.). Peu importe
également que la victime de la dénonciation soit clairement nommée ou qu’elle
soit seulement identifiable299, qu’elle soit une personne physique ou une
personne morale300 : dans tous les cas l’infraction est constituée.
1. Une accusation déterminée par écrit ou verbale à l’autorité judiciaire ou à un
fonctionnaire public sous forme de plainte ou de procès-verbal. Elle est
adressée à l’autorité à laquelle les faits ont verbalement été relatés ;
2. L’accusation doit être portée contre une personne déterminée. Si la
personne (la victime) n’est pas expressément désignée, il suffit qu’il y ait
assez d’indications pouvant l’identifier ;
297
C.S.J., R.P.P.2, 4/ 7/1980, Inédit.
298
Tribunal de paix de Lubumbashi/ Kamalondo. , 24 janvier 1997, inédit.
299 e
M. Véron., Droit pénal spécial, Sirey, 12 édition, 2008, n° 275.
300
Crim.,22 mai 1959, Bull. crim., n° 265.
202
Catalogue des infractions

3. L’accusation doit être spontanée301, c’est-à-dire formulée sans aucune


invitation. Si elle est provoquée avec invitation par un interrogatoire auprès
de l’officier de police judiciaire, de l’officier du Ministère public, du juge,
d’une autorité publique ou par une audition en qualité de témoin, elle n’est
plus spontanée et donc non constitutive de l’infraction. A défaut de
spontanéité, c’est-à-dire si la dénonciation résulte , par exemple, de
l’exécution d’un devoir de rapport à l’autorité hiérarchique ou d’une
obligation professionnelle, l’infraction n’est pas constituée ;
4. La dénonciation doit imputer un fait à une personne qui est susceptible
d’avoir de graves répercussions sur elle : le fait doit être de nature à
entraîner des sanctions judiciaires, administratives ou disciplinaires ;
5. La dénonciation doit être faite aux autorités judiciaires ou aux
fonctionnaires qui ont le devoir de saisir l’autorité judiciaire.
Une dénonciation à l’autorité compétente. Les autorités compétentes
sont les officiers de justice, les autorités administratives ou judiciares. Par
exemple, sont autorités judiciaires les magistrats civils et militaires du parquet
et du siège, les officiers de police judiciaire. Sont autorités administratives les
fonctionnaires ayant le devoir de saisir l’autorité judiciaire. Par exemple, les
membres du gouvernement, l’éxécutif provincial, les secrétaires généraux de
l’administration, les mandataires de l’Etat, les ambassadeurs, les officiers de
l’armée et de la police etc.
6. Le fait dénoncé doit être mensonger, faux ou une accusation réelle
faussement imputée à une personne qui n’en est pas l’auteur. La fausseté
des faits dénoncés. Le fait dénoncé doit être « totalement ou partiellement
inexact ». Le caractère mensonger peut s’apprécier, d’une part à l’aune de la
vérité judiciare. C’est le cas lorsque la fausseté du fait dénoncé résulte
nécessairement de la décision, devenue définitive , d’acquittement, de relaxe
ou declarant que la réalité du fait n’est pas établie ou que celui-ci n’est pas
imputable à la personne dénoncée. Ainsi, en présence d’une de trois
décisions judiciaires mentionnées302 , le juge saisi de la dénonciation
calomnieuse doit se plier, son jugement devant respecter l’autorité de la
précedente décision. Il importe peu que la relaxe(ou l’acquittement ) soit
prononcée « au bénéfice du doute »., c’est une décision qui permet de
constater la fausseté des fauts dénoncés. J’estime néanmoins pour ma part
qu’en présence d’une transaction ou d’une plainte classée sans suite, le juge
n’est pas lié, car de telles décisions n’impliquent pas la fausseté des faits
dénoncés.
Et si les faits objets de la dénonciation sont prescrits, les juges doivent
cependant apprécier la pertinence des accusations, ainsi que la mauvaise foi

301
Crim.,16 octobre 1969, Bull. crim.,n° 254.
302
A la condition que la décision soit devenue définitive.
Catalogue des infractions 203

de l’auteur : le constat de l’acquisition de la prescription relative aux faits


dénoncés ne permet pas d’entraîner ipso facto une condamnation pour
dénonciatioon calomnieuse.
7. La jurisprudence reconnaît que l’infraction de dénonciation calomnieuse
suppose que soit établie préalablement la fausseté des faits dénoncés ; dès
lors, n’établit pas cet élément la motivation du jugement qui se borne à
apprécier les faits par un raisonnement à caractère hypothétique303 . Il a été
jugé que lorsque le fait dénoncé s’est révélé faux, le prévenu l’a certainement
fait dans l’intention de nuire304 ; que lorsque il appert des éléments du
dossier notamment d’un jugement RPA 1996 que la partie civile poursuivie
pour recel a été acquittée, le tribunal retiendra l’infraction de dénonciation
calomnieuse à charge du prévenu et l’en condamnera quant à ce305 ;
L’autorité judiciaire compétente, pour déclarer le fait dénoncé faux ou
mensonger, est le juge saisi de l’action. Le refus de poursuivre du Procureur ne
peut justifier l’application de l’article 76 du code pénal livre II ; une décision de
classement sans suite qui n’établit pas la fausseté des faits
dénoncés n’autorisera pas la victime à saisir le juge.

b) Elément moral
La dénonciation calomnieuse est une infraction intentionnelle qui
requiert donc la mauvaise foi de l’agent. Le dénonciateur doit connaître la
fausseté totale ou partielle de ses allégations. Volontairement, il a dénaturé ou
exagéré les faits, peut-être pour se rendre intéressant. Tout compte fait, il
connaît la fausseté des faits qu’il allègue. Il a été jugé qu’un jugement qui
retient, dans le chef du prévenu, l’infraction de dénonciation calomnieuse sans
établir l’élément moral du délit, alors que celui-ci requiert, outre la
connaissance par l’agent des faits incriminés, l’intention de nuire n’est pas
légalement motivé et doit être cassé306 . De même, l’intention méchante requise
à l’article 76 peut résulter de l’esprit de vengeance qui animait le prévenu, qui
cherchait par cette dénonciation, à se protéger contre les poursuites judiciaires
engagées contre lui307 .
Un travailleur qui, pour se venger de son patron qui vient de mettre fin
à son contrat de travail, s’invite devant le Procureur et déclare que son patron
est pédophile ou trafiquant des drogues, déposer une plainte au tribunal sans
303
C.S.J., RP 93, 04 juillet 1975, B.A 1976, p.168.

304
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 5944, 23 juin 1989, Ministère public et partie
civile Byumanine Ochidose contre le prevenu Selemani Songa, inédit.
305
Tribunal de paix de Lubumbashi/ Kamalondo . , 24 janvier 1997, inédit.
306
C.S.J. , R.P ; 47, 4 avril 1973, B.A. 1974, p.91.
307
C.S.J., 12 août 1988, RPA 144, aff. M.P. c/ MUNYOLOLO.
204
Catalogue des infractions

preuves sérieuses, une accusation sans fondement, faite par jalousie ou par
vengeance constituent des exemples de dénonciation calomnieuse.

II. Régime répressif


L’infraction de dénonciation calomnieuse n’est consommée que lorsque
la dénonciation parvient à son destinataire. La poursuite du dénonciateur n’est
pas subordonnée à la plainte de la victime. La victime peut porter plainte ou se
constituer partie civile. Mais l’officier du Ministère public308 peut également se
saisir d’office, sans même que la personne lésée ait porté plainte.

a) Texte incriminateur et pénalités


L’article 76 du code pénal livre II sanctionne l’infraction de
dénonciation calomnieuse. La peine est de cinq années maximum de servitude
pénale et d’une amende. Toutefois, le juge a la latitude d’infliger à l’auteur de la
dénonciation calomnieuse une seule de ces peines.

b) La prescription de l’action publique


La prescription de l’action publique relative à l’infraction de
dénonciation calomnieuse court du jour où la dénonciation est parvenue à
l’autorité judiciaire et non du jour où la fausseté des faits dénoncés est établie309
. Mais elle est suspendue pendant la procédure tendant à en démontrer la
fausseté. La prescription de la peine est du double de la peine prononcée sans
que celui-ci (double de la peine prononcée) ne soit inférieur à deux ans.

308
Dans le cadre des poursuites, le Ministère public a un rôle essentiel quoique non
exclusif. C’est lui qui met en mouvement l’action publique et en suit le développement. Peu
importe qu’il y ait ou non plainte de la partie victime ou lésée. Dès qu’il réunit les éléments
de preuve à charge du prévenu, il le défère devant le juge répressif. Après examen et
instruction à l’audience, le juge prononce soit la condamnation si les faits sont établis en se
conformant à la loi, soit l’acquittement dans le cas contraire. Au sujet de la preuve, il faut
souligner qu’elle peut être matérielle, consister en des témoignages, en indices et même en
présomptions du fait de l’homme pourvu que ces dernières soient graves, précises et
concordantes. Il sied néanmoins de préciser qu’en matières répressives, il n’existe point
d’hiérarchisation de preuves comme en matières civiles, la seule preuve qui lie le juge
répressif étant son intime conviction. Le Ministère public ne peut dans certains cas, exercer
les poursuites sans :
- la plainte de la victime comme il en est en matière des infractions d’adultère, de
grivèlerie…
- la demande expresse de la Banque Centrale du Congo pour les infractions à la
réglementation de change.

309
LIKULIA BOLONGO ; op.cit., p.250.
Catalogue des infractions 205

c) La dénonciation calomnieuse
L’infraction de dénonciation calomnieuse est de la compétence matérielle
du tribunal de paix. Le jugement sur la fausseté du fait dénoncé est un
préalable au jugement de l’action en dénonciation calomnieuse.

144. Denrées alimentaires


En matière de fabrication et de commerce de denrées alimentaires, le
législateur a érigé en infractions plusieurs comportements (Décret du 26 juillet
1910). Parmi les comportements interdits figurent :
- la falsification des denrées alimentaires (art.1er, 1°) ;
- la vente, la détention des denrées alimentaires falsifiées (art.1er, 2°) ;
- la vente, la détention des denrées alimentaires déclarées nuisibles par une loi
ou un règlement de l’autorité compétente (art.1er, 3) ;
- la vente ou l’exposition en vente des denrées alimentaires gâtées ou
corrompues (art.2)310 ;
- la vente, la détention, l’exposition pour la vente sans intention frauduleuse
des substances alimentaires quelconques falsifiées (art.3).

I. Eléments constitutifs

Les faits illicites en matière de fabrication et de commerce des denrées


alimentaires devront comprendre, pour être établis en fait comme en droit, les
éléments matériel et intentionnel.

a)L’élément matériel
L’élément matériel s’entend d’un des actes ou comportements
répréhensibles décrits posé par le coupable.

b)L’élément moral
L’élément moral sera reconnu chaque fois qu’une intention frauduleuse
est susceptible d’être prouvée dans le chef de l’auteur du fait interdit.

II. Pénalités

Les infractions en matière de fabrication et de commerce des denrées


alimentaires sont définies. Elles sont punies par le décret du 26 juillet 1910311 .

310
La circonstance d’avoir vendu des grains sans cacher qu’ils fussent avariés, n’est pas
er
une raison de justification, pour l’infraction prévue par l’article 1 , 2° du décret du 26 juillet
1910, car l’infraction ne consiste pas dans le fait d’avoir trompé l’acheteur, mais bien dans le
fait d’avoir exposé en vente et vendu des denrées alimentaires gâtées(App.Elis., 14
septembre 1915, RDJC 1915, p. 34).
206
Catalogue des infractions

La falsification des denrées alimentaires, la vente, la détention des denrées


falsifiées, la vente, la détention des denrées déclarées nuisibles par une loi ou
un règlement de l’autorité compétente (art.1er, 1°,2° et 3°) sont chacune punies
de six mois de servitude pénale au maximum et d’une amende ou d’une de ces
peines. La vente ou l’exposition en vente des comestibles gâtés ou corrompus
(art.2) est punie. La peine prévue est d’une servitude pénale de trois mois au
maximum et d’une amende ou d’une de ces peines.
Dans les cas prévus aux articles 1, 2 et 3, les denrées, boissons,
substances alimentaires falsifiées, nuisibles, la vente, l’exposition, la détention
des comestibles, boissons, denrées ou substances alimentaires quelconques
falsifiées sans intention frauduleuse sont punies. La sanction est d’une
servitude pénale de sept jours au maximum et d’une amende ou d’une de ces
peines. Au cas où le juge constate qu’aucune faute n’est imputable au prévenu,
il pourra prononcer seulement la confiscation des denrées falsifiées.
Dans les cas prévus aux articles 1, 2 et 3, les denrées, boissons,
substances alimentaires falsifiées, nuisibles, gâtées ou corrompues trouvées en
possession du coupable seront saisies et confisquées. Dans les cas prévus aux
articles 1et 2, le tribunal pourra ordonner que le jugement soit affiché dans les
lieux désignés pendant un délai n’excédant pas un mois.

145. Déplacement ou rétention illicite de l’enfant à l’étranger


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467-16.

146. Déportation
Voir Travail obligatoire des civils, n°555.

147. Désarmement ou démoralisation de la troupe


L’infraction de désarmement ou démoralisation de la troupe est définie.
C’est le fait pour tout militaire ou assimilé de désarmer ou de démoraliser la
troupe en répandant la peur ou en causant la panique, le désordre et la
confusion, ce, pendant les circonstances exceptionnelles.

a) Base légale et répression


L’infraction de désarmement ou démoralisation de la troupe est prévue et
sanctionnée par l’article 59 du code pénal militaire. La peine est de cinq à vingt
ans de servitude pénale. En cas de gravité de l’infraction et de ses effets, le
tribunal peut prononcer la servitude pénale à perpétuité ou la peine de mort. Si

311
B.O., p.657, Codes Larcier R.D.C, Tome III, Droit Commercial et Economique, vol 2-Droit
Economique, Larcier-Afrique Editions 2003, p.817.
Catalogue des infractions 207

le coupable est, dans tous les cas, un officier, le juge prononce, en outre, la
destitution.

b) Conditions préalables
Pour que l’infraction de désarmement ou démoralisation de la troupe
s’établisse, deux préalables s’imposent.
1. La période exceptionnelle
L’infraction de désarmement ou démoralisation de la troupe ne peut être
commise que pendant une période exceptionnelle. D’une part, l’infraction sera
caractérisée au moment des graves menaces d’agression armée ou d’invasion,
de déploiement des forces ennemies aux frontières nationales… bref, le
moment immédiatement antérieur à une guerre. D’autre part, l’infraction ne se
commet que pendant la guerre, la période des hostilités, d’occupation effective
de l’espace géographique national par les forces ennemies au mépris des
instruments juridiques internationaux. Enfin, elle se commet au moment d’une
opération de police tendant au maintien ou au rétablissement de l’ordre public.
2. La qualité de l’agent
L’auteur de l’infraction ne peut être qu’un militaire ou assimilé. La personne
dont la mission consiste à veiller à la subsistance pacifique ainsi qu’à l’intégrité
de l’Etat congolais 312 .

c) Eléments proprement constitutifs


Outre les préalables ci-haut évoqués, la réalisation de la prévention de
désarmement ou démobilisation de la troupe suppose la réunion des éléments
constitutifs ci-dessous :
1. Les actes matériels
Des actes matériels de désarmement ou de démobilisation. Par désarmement,
il faut entendre toute dépossession illégitime, toute réduction ou tout
affaiblissement des moyens de défense dont disposent les troupes loyales
engagées dans les hostilités. Il s’agit d’hostilités en vue de la sauvegarde de la
superficie nationale et des attributs de souveraineté de la patrie. L’acte du
prévenu doit tendre à mettre en déroute des troupes régulières quelle que soit
leur détermination. Par exemple, affaiblir les moyens de défense. Ainsi, subira les
peines dues à cette infraction l’agent qui, croyant que la suppression du courant
électrique dans une région affaiblirait les moyens de défense de son pays, mettrait
hors d’usage l’usine centrale ou celui qui ferait sauter un pont sur la route parce
qu’il croit que des troupes armées se trouvant dans son voisinage pourraient s’en
servir313 .

312
Laurent MUTATA LUABA., op.cit. , p.113.
313
Commentaire du code pénal congolais, 2ème éd. Bruxelles 1953, p.395.
208
Catalogue des infractions

Par démoralisation, il faut entendre le fait de décourager, de démotiver ou


d’ébranler moralement.. C’est un acte d’ébranlement de la foi des troupes dans
leurs capacités de résister aux forces ennemies ou de les vaincre en cas
d’affrontements armés. Il a été jugé que se rendra coupable de démobilisation
de la troupe, un élément d’un bataillon opérationnel qui, après s’être retranché
seul dans la forêt non loin d’une position armée, simule une attaque surprise
des forces ennemies en tirant des rafales à la hauteur des compagnons d’armes,
contraints d’abandonner immédiatement la position, d’autant plus que cet
agent rusé, ressorti en catastrophe de son isoloir, crie au débordement de ladite
position par les assaillants314 .
2. Les actes de réalisation de l’infraction répandus par l’agent.
Les actes ne sont pas limités par la loi. Il en est ainsi du fait de répandre la
peur, la panique, le désordre et la confusion au sein des troupes. Divers
moyenspeuvent être utilisés : à travers une causerie, s’il s’agit d’un chef
militaire, par une annonce tapageuse d’un péril imaginaire, par des tracts
annonçant la débandade supposée de membres de l’Etat Major Opérationnel,
par des affiches mensongères d’une infiltration ennemie, par l’administration
des breuvages enivrants aux troupes à l’approche des assaillants etc.
3. L’élément intellectuel
L’élément intellectuel consistant dans la connaissance du caractère illégal de
l’acte posé et dans la matérialisation d’une manière délibérée et consciente.

148. Désertion
La désertion est une infraction purement militaire. Elle consiste en une
absence non autorisée, telle que, par sa durée ou les circonstances qui
l’entourent, elle équivaut à la rupture du lien qui rattache le militaire à la
hiérarchie. La désertion est la plus fréquemment commise des infractions
proprement militaires. Le fait, pour un militaire, d’abandonner son corps sans
esprit de retour constitue le délit de désertion315 .
Les articles 44 à 52 du code pénal militaire sont la base légale de la désertion.
En temps de paix, la sanction est de deux mois à dix ans de servitude pénale.
En temps de guerre, d’état de siège, d’urgence ou d’opération, la peine de
servitude pénale à perpétuité ou la peine de mort est d’application.

I. Eléments constitutifs
La réalisation de la désertion exige la réunion de trois éléments, à savoir la
qualité de militaire, la rupture définitive de ses liens avec l’armée et l’intention
coupable.

314
COM Wenga (Basankusu), 21 décembre 1999, in Laurent MUTATA LUABA, op. cit.,
p.115.
315
Idem .
Catalogue des infractions 209

a)La qualité de militaire pour l’agent


La désertion est une infraction continue. Le déserteur conserve sa qualité de
militaire. Il reste totalement soumis à la rigueur de la loi militaire pour toute
délinquance dont il pourrait être responsable.
b)La rupture définitive de ses liens avec l‘armée
La présomption légale découle des délais de grâce clairement déterminés. La
rupture des liens dans le chef du militaire est présumée sept jours au moins
après le constat de son absence.
c)L’intention délictueuse
La responsabilité morale de l’agent pour la consommation de l’infraction
réside dans le dol général : la résolution de rompre ses liens avec l’armée ou
celle d’abandonner son service sous le drapeau et de se soustraire
définitivement à ses obligations militaires.
Il y a désertion d’un militaire :
- après six jours d’absence, sans autorisation de son corps, du détachement,
de la base ou formation, de son établissement, de l’hôpital où il est en
traitement ;
- douze jours après expiration de la mission, du congé ou de la permission
sans se présenter au corps, au détachement, à la base ou formation ou à
l’établissement fixé pour l’arrivée ou le retour en cas de voyage ;
- après absence sans permission sur le territoire de la République au moment
du départ pour une destination hors du territoire.
En temps de guerre, d’état de siège ou en cas d’état d’urgence, lors d’une
opération de maintien ou de rétablissement de l’ordre public les délais seront
réduits de deux tiers. Il a été jugé qu’il peut y avoir désertion, non seulement
lorsque le militaire a quitté les rangs pour se soustraire au service, mais encore
lorsqu’il a voulu simplement s’absenter du corps auquel il était attaché ou a
quitté le corps dans le but de changer de garnison alors que cette faveur lui a
été refusée316 .
Notons que l’on distingue la désertion simple, avec complot, à l’étranger, à
bande armée et en présence de l’ennemi. La provocation à la désertion, et le
recel de déserteur sont également définis et réprimés.

II. Autres désertions


La désertion à bande armée. Elle est prévue par l’article 49 du code
pénal militaire. Par bande armée, il faut entendre un groupe de plus de deux

316
C.G, app 19 janvier 19O1, Jur. Etat I p.113 ; C.G app.25 avril 1901.Jur. Etat p143 ; C.G.
app.5 juillet 1914, jur.Col. 1925, p.246.C.G. app.18 novembre 1901, Jur.Etat I p.162.
210
Catalogue des infractions

militaires dont l’un, au moins, est porteur d’arme. Pour être réalisée, la
désertion à bande armée suppose l’existence d’une bande armée, l’intégration
de ladite bande par l’agent. Cette intégration doit être libre et consciente. Tout
militaire ou assimilé, qui déserte à bande armée sera puni de dix à vingt ans de
servitude pénale principale.
La désertion à l’étranger. Elle est prévue par l’article 48 du code pénal
militaire.
En temps de paix, la désertion à l’étranger est punie de la servitude pénale dont
le taux varie entre un et cinq ans. En temps de guerre ou pendant les
circonstances exceptionnelles, la peine prévue est la servitude pénale à
perpétuité ou même la peine capitale.
La désertion à l’ennemi ou en présence de l’ennemi. Elle est
prévue par l’article 50 du Code Pénal Militaire. Pour être établie, il faut
l’existence d’un ennemi, la qualité requise et l’élément moral.
S’agissant de la qualité requise, il y a le militaire et l’assimilé, mais aussi toute
personne qui fait partie de l’équipage d’un aéronef ou navire militaire. Quant à
l’élément moral, il ne suffit pas que l’agent ait intégré les rangs de l’ennemi ou
rompu ses liens avec l’armée, il faut également qu’il ait posé l’acte de manière
délibérée. L’agent coupable de désertion à l’ennemi ou en présence de l’ennemi
encourt la peine de mort.
La désertion avec complot. Elle est prévue par l’article 46 du code pénal
militaire. Pour exister, il faut la résolution concertée, arrêtée et la résolution
criminelle doit porter sur la désertion. La désertion doit constituer le but d’une
résolution libre et consciente, débattue et arrêtée par au moins trois agents en
vue de rompre leurs liens avec les forces armées ou les services apparentés.
En temps de paix, la désertion avec complot est sanctionnée de deux à dix
ans de servitude pénale principale. En temps de guerre ou de circonstances
exceptionnelles, la sanction est élevée à la servitude pénale à perpétuité et
même à la peine capitale.
La provocation à la désertion (article 53 du cpm) est punie, en temps de
paix, de deux mois à cinq ans de servitude pénale. En temps de guerre ou
pendant les circonstances exceptionnelles, la peine est de cinq à vingt ans de
servitude pénale. Si le coupable est officier, la peine de mort est prononcée. En
plus de la servitude pénale, les individus non militaires ou non assimilés à ces
derniers subiront, en outre, une peine d’amende de 5.000 à 10.000 francs
congolais.
Le recel de déserteur (article 54 du cpm). Il concerne tout individu
reconnu coupable d’avoir sciemment recélé ou soustrait des poursuites un
déserteur. Il est sanctionné, en temps de paix de deux mois à cinq ans et, en
temps de guerre ou pendant les circonstances exceptionnelles, de cinq ans à
vingt ans de servitude pénale. L’auteur peut, en outre, s’il n’est ni militaire ni
assimilé être puni d’une amende de 5.000 à 10.000 francs congolais constants.
Catalogue des infractions 211

Prescription de l’action publique


La désertion constituant une infraction continue, la prescription ne
commence à courir que du jour où le délinquant rentre dans les rangs317.

149. Désertion à bande armée


Voir désertion, n° 148.

150. Désertion à l’ennemi ou en présence de l’ennemi


Voir désertion, n° 148.

151. Désertion à l’étranger


Voir désertion, n° 148.

152. Désertion avec complot


Voir désertion, n° 148.

153. Désertion simple


Voir désertion, n° 148.

154. Destruction
Les destructions, dégradations et détériorations s’inscrivent dans le cadre
des infractions contre les biens appartenant à autrui. Généralement, elles
comportent un élément matériel et un élément moral.
a)L’élément matériel
L’élément matériel désigne tout moyen de destruction matérielle. La
nature du moyen est indifférente, car elle est définie par rapport au résultat
produit. Il peut s’agir d’un meuble ou d’un immeuble. L’infraction de
destruction ou de dégradation méchante de biens mobilier ne peut être établie
s’il n’a pas été établie l’existence de l’élément matériel de cette infraction, à
savoir, le bien mobilier endommagé318. L’infraction s’applique à la dévastation
des récoltes. Elle peut porter sur les biens meubles de valeur moindre. La
gravité du dommage est indifférente, car sont incriminées aussi bien la
destruction équivalant à l’anéantissement du bien, que la dégradation et la
détérioration visant à compromettre l’usage , à mettre en mauvais état ou à
abimer le bien.

b)L’élément moral

317
C.G.app. 14 octobre 1901, Jur. Etat I, p. 163.
318
C.S.J.,10 avril 1976, RP 144, aff. Gema c/ M.P et Kingu, B.A., 1977, p. 92.
212
Catalogue des infractions

L’élément moral se caractérise par la volonté délibérée de détruire le bien.


L’auteur doit avoir connaissance de son défaut de propriété. Il doit être
conscient du fait que le bien appartenait à autrui. Lorsque les agissements
portent sur un bien propre, l’auteur du comportement exerce simplement son
« abusus » sur sa propriété. Il a été jugé que la destruction des biens
appartenant à la communauté des époux conduit à la qualification de
l’infraction319 .

155. Destruction d’actes ou de titres


L’infraction de destruction d’actes ou de titres concerne les
fonctionnaires, les agents de l’Etat et toute personne chargée d’un service
public. Les actes ou les titres concernés sont des documents, des écrits qui
servent à prouver des droits : un acte de naissance, par exemple.

I. Eléments constitutifs

Pour que l’infraction soit établie, l’agent public doit avoir posé un acte
matériel de destruction, dans une intention méchante. Détruire un document,
c’est l’anéantir, le réduire à néant et, par ricochet, le faire disparaître. Le lacérer,
c’est le déchirer, le mettre en pièces320.

a)La qualité de fonctionnaire dans le chef de l’auteur


La qualité d’agent public est un élément de l’infraction. Cette qualité est
reconnue, non seulement aux fonctionnaires (personnels des carrières des
services publics de l’Etat), mais aussi aux personnes chargées d’une mission de
service publique et aux personnes investies d’un mandat électif public(
membres du gouvernement, sénateurs, députés, gouverneurs de province,
maires, bourgmestres), aux personnes ayant un rôle dans le fonctionnement de
la justice (magistrats, greffiers, huissiers, officiers et agents de police), aux
fonctionnaires des impôts etc. Ce sont les dépositaires de l’autorité publique

b)L’acte matériel de destruction


C’est soit la destruction ou la suppression (la perte) des actes et titres dont
les fonctionnaires sont dépositaires au titre de leur fonction. Détruire, c’est
démolir, brûler, abîmer, déchirer etc.

c)L’élément moral
La destruction ou suppression doit être faite méchamment dans le but de
causer du tort ou d’en tirer un bénéfice. Sera poursuivi, pour infraction de
destruction méchante ou frauduleuse commise par un fonctionnaire public
319
Crim . , 9 mars 1994, Bull., n°94.
320
Haute cour militaire., RP 001/2004 du 05 octobre, inédit.
Catalogue des infractions 213

prévue par l’article 145 bis du code pénal livre II, tel que modifié par
l’ordonnance-loi du 12 mai 1968, le greffier d’une juridiction qui détruit et
supprime frauduleusement un dossier judiciaire dont il avait la garde321 .
La perte des dossiers dans l’administration, résultat d’une action méchante
ou frauduleuse (et non de la négligence), peut donner lieu aux poursuites. Elle
peut être l’objet des sanctions prévues par l’article 145 bis du code pénal livre
II.

II. Poursuites

L’administration dont relève l’auteur de ces faits et la victime de l’acte


peuvent porter plainte auprès de l’officier de police judiciaire. Elles peuvent
saisir le parquet ou intenter des actions au tribunal. Le parquet également peut
d’office se saisir. La prévention de destruction d’actes ou de titres est prévue
par l’article 145 bis du code pénal livre II. Elle trouve sanction au sein du
même article. Le législateur a été particulièrement rigoureux. Il a réservé la
peine de servitude pénale de deux à vingt ans à tout fonctionnaire qui détruirait
les actes ou titres.
Le tribunal de grande instance est compétent matériellement pour connaître
de l’infraction de destruction d’actes ou de titres. L’action publique se prescrit
dans le délai de dix ans, à partir de la commission de l’acte délictueux. La peine,
elle, sera prescrite, après vingt ans, conformément aux articles 27 à 34 du code
pénal.

156. Destruction d’animaux


Voir destruction méchante d’animaux, n° 165.

157. Destruction des bulletins de vote


Voir élections, n° 199- II, 10.

158. Destruction des constructions, machines ou autres objets


d’utilité publique
Voir destruction des constructions, machines, tombeaux et monuments-
destruction et dégradation d’arbres, récoltes et autres propriétés n° 159.

321
Kisangani. , 20.8.1970, RJC., 1970, n°3, p.285.
214
Catalogue des infractions

159. Destruction des constructions, machines, tombeaux et


monuments - destruction et dégradation d’arbres, récoltes et
autres propriétés
Sous cet intitulé, nous regroupons diverses préventions des articles 110,
111, 112 et 113 du code pénal congolais livre II. En effet, le législateur
distingue :
- le fait de détruire, renverser ou dégrader volontairement, même sans
intention méchante des bâtiments, des ports, des digues, des chaussées, des
chemins de fer, des machines ou toutes autres constructions d’utilité
publique (art 110 CPL II) ;
- le fait de détruire ou endommager volontairement des tombeaux, des signes
commémoratifs, des monuments, des statues ou autres objets de décoration
ou d’utilité publique (art 111 du CPL II) ;
- le fait de détruire ou de dégrader volontairement des arbres, des récoltes,
des instruments d’agriculture ou autres biens meubles ou immeubles
appartenant à autrui (art 112 et 113 du CPLII).
Les biens sans maîtres et les biens abandonnés ne sont pas concernés.

I. Eléments constitutifs

a)Destruction de constructions, machines (art 110), tombeaux


et monuments (art 111)
• Cette infraction, pour être établie, exige la réunion des éléments ci-
après :
• - une détérioration matérielle, peu importe le moyen employé ;
• - une chose définie par la loi .
• Au delà des choses énumérées aux articles 110 et 111
(bâtiments, ponts, digues, chaussées, chemins de fer, machines, appareils
télégraphiques ou téléphoniques), le juge peut appliquer l’article 110, dès qu’il y
a détérioration d’une construction. L’intention de nuire n’est pas requise. Seule
la volonté de détruire ou tout au moins de détériorer suffit. L’auteur doit savoir
qu’il s’agit d’une chose appartenant à autrui.
• Une protection spéciale de la part du législateur entoure certains biens.
C’est le cas, notamment, des sites, monuments et productions de l’art des
autochtones, des documents du travail, des palmiers élaeis etc dont la
destruction est infractionnelle.

• 1. Protection des sites, monuments et production de l’art des autochtones
• La destruction, la mutilation ou la dégradation d’immeubles à l’instar
des sites, grottes historiques ou des peintures, sculpture classées ou assimilées
Catalogue des infractions 215

est infractionnelle. Aux termes du décret du 16 août 1939, l’auteur encourt une
servitude pénale de deux ans au maximum et une amende ou une de ces peines
seulement.

• 2.Protection des documents de travail
• La destruction volontaire ou lacération d’un contrat écrit ou le fait de
rendre illisibles les inscriptions qui y sont portées, de les altérer ou de les
modifier est punie. Il en est de même de la destruction La peine est d’un mois
de servitude pénale et d’une amende.

• 3. La protection du palmier élaeis
• Détruire ou abattre des palmiers élaeis en dehors des cas déterminés
par le décret du 19 juillet 1926 est infractionnel. L’auteur encourt une peine de
servitude pénale de deux mois et une amende ou une de ces peines seulement.

b)Destruction et dégradation d’arbres, récoltes et autres
propriétés (art 112 – 113)
L’infraction de destruction et dégradation d’arbres, récoltes et autres propriétés
pour se trouver établie, doit remplir, dans le chef de son auteur , les conditions
qui suivent :
- la détérioration, peu importe le moyen employé ;
- une chose définie par la loi, le juge ayant un large pouvoir d’appréciation ;
- l’existence d’une volonté de détruire ou de détériorer ;
- la connaissance, par l’auteur, que la chose est une propriété d’autrui.
L’infraction de destruction ou de dégradation méchante de biens mobiliers
ne peut être établie, s’il n’a pas été constaté l’existence de l’élément matériel, à
savoir le bien mobilier endommagé322 . Quant à l’élément moral de l’infraction,
il est de jurisprudence que n’est pas légalement motivé et doit être cassé le
jugement qui, pour justifier l’existence de l’infraction de destruction méchante
et volontaire, se borne à constater, sans relever l’élément moral du délit que le
prévenu a reconnu avoir brisé la vitre de l’appartement qui lui avait été donné
en location par la partie civile323 .

II. Poursuites

Les faits décrits à l’article 110 du code pénal livre II sont punis au maximum
de cinq ans de servitude pénale principale et d’une amende ou de l’une de ces

322
C.S.J., R.P. 144, 10 avril 1976, B.A. 1977, p.94.
323
C.S.J., R.C 47, 04 avril 1973, B.A. 1974, p.90.
216
Catalogue des infractions

peines. Les faits de l’article 111 du code pénal livre II sont réprimés d’un mois
à un an de servitude pénale principale et d’une amende ou une de peines
seulement.
Quant aux faits de l’article 112 du code pénal livre II, ils seront
sanctionnés comme à l’article 110. L’article 113 du code pénal livre II permet
de sanctionner les destructions d’arbres, récoltes ou autres propriétés. Les
pénalités sont de sept jours de servitude pénale principale au maximum et
d’amende ou d’une de ces peines uniquement.

160. Destruction des récoltes


Voir destruction des constructions, machines, tombeaux et monuments-
destruction et dégradation d’arbres, récoltes et autres propriétés, n° 159.

161. Destruction des tombeaux, monuments et autres objets de


décoration publique
Voir destruction des constructions, machines, tombeaux et monuments-
destruction et dégradation d’arbres, récoltes et autres propriétés, n° 159.

162. Destruction du matériel de vote


Voir élections, n° 199-II,11.

163. Destruction et dégradation d’arbres, récoltes ou autres


propriétés
Voir destruction des constructions, machines, tombeaux et monuments-
destruction et dégradation d’arbres, récoltes et autres propriétés, n° 159.

164. Destruction méchante


Voir destruction des constructions… n° 159.

165. Destruction méchante des animaux


La destruction méchante des animaux est le fait de tuer ou de blesser sans
nécessité des bestiaux ou animaux domestiques appartenant à autrui. Par
animal domestique, il faut considérer les animaux de la basse-cour, mais aussi
les animaux sauvages domestiqués. Un animal, sous le contrôle de son maître,
rentre dans cette catégorie, le gros bétail y compris. Par bestiaux, il faut
entendre les animaux entretenus pour la production agricole dans une
exploitation.
Le mauvais traitement infligé aux animaux est à comprendre comme le
fait de maltraiter publiquement, sans motifs et sans nécessité, les animaux
domestiques. Ce mauvais traitement doit dépasser les limites des actes
Catalogue des infractions 217

normaux de correction. Sont ici concernés les animaux domestiques, les


animaux apprivoisés ou tenus en captivité.
Les actes de cruauté infligés aux animaux supposent la réunion de deux
conditions. Il y a, d’une part l’absence de nécessité et d’autre part l’existence de
souffrances. Le mauvais traitement et les actes de cruauté infligés aux animaux
visent toute personne. Cette personne peut être propriéraire ou non, gardienne
ou pas de la bête.

I. Eléments constitutifs

Pour sa consommation, l’infraction de destruction méchante des animaux


exige la réunion des divers faits.

a)L’acte matériel de destruction.


L’acte matériel de destruction consiste en ce que l’animal a perdu la vie ou a
été blessé gravement. C’est-à-dire que l’acte posé sur l’animal doit l’avoir tué ou
l’avoir gravement blessé.
Tuer c’est priver, ôter la vie, abattre, assommer, décimer, massacrer, détruire.
Blesser gravement, c’est altérer l’état physique, porter atteinte à l’intégrité
physique de l’animal. Compromettre, même momentanément, l’existence de
l’animal ou le priver d’un organe ou d’un membre ou même le défigurer, c’est
blesser gravement un animal.
Le moyen employé, pour tuer ou blesser gravement , est indifférent : par
arme, poison, piège peu importe.

b)Les animaux protégés


Les animaux concernés sont les bestiaux et les animaux domestiques. Les
bestiaux sont des animaux qu’on entretient pour la production agricole dans
une exploitation rurale à l’exclusion des animaux de basse-cour324. Les vaches,
chèvres, moutons, porcs sont des bestiaux. Les animaux domestiques sont
ceux qui sont apprivoisés par l’homme ou élévés, nourris, soignés par lui,
vivent sous son toît ou dans les dépendances de son habitation. Les chiens,
lapins, chats, animaux de la basse-cour sont des animaux domestiques.

c)La propriété d’autrui de l’animal


L’animal doit appartenir à autrui. Dans la visée du législateur, l’infraction de
destruction méchante des animaux concerne la protection des animaux,
notamment des animaux appartenant à autrui. Ainsi, celui qui tue sa propre
bête ne commet pas l’infraction sous étude.

d)L’ élément moral.

324
Pandectes,V° Bestiaux.
218
Catalogue des infractions

L’élément moral consiste en ce que l’animal a été tué ou blessé gravement,


méchamment et sans nécessité, sans motif légitime, sans aucune justification
plausible.
L’auteur agit méchamment et sans nécessité. Il agit par vengeance ou par
intention de nuire à quelqu’un. Ou bien, en tuant ou en blessant un animal, il
n’agit pas pour la défense des personnes ou des propriétés.
Lorsqu’on assomme, à l’aide d’un bâton, un chien d’autrui ou lorsqu’on
enlève des cornes à une chèvre d’autrui, on commet l’infraction de destruction
méchante des animaux. N’est pas coupable de l’infraction de destruction
méchante des animaux celui qui abat un chien qui tentait de le mordre. Il en est
de même de celui qui tue ou blesse gravement une chèvre qui détériorait ses
plantations, une poule qui picorait dans son jardin.

II. Poursuites

Le propriétaire de l’animal peut porter plainte. L’acte peut être dénoncé


par tout celui qui a vécu l’acte ou en a été informé. Les associations de
protection desdits animaux peuvent porter plainte. Le Ministère public peut se
saisir d’office.

a)Le texte légal en matière de destruction méchante des animaux


L’article 114 du code pénal livre II réglemente la destruction méchante
des animaux. Cette disposition légale prévoit des peines d’un mois à deux ans
de servitude pénale principale et une amende. Toutefois, une de ces peines
seulement peut être infligée. Notons également que le législateur a entouré
d’une protection les animaux. Il a, à cet effet, puni d’une servitude pénale d’un
mois au maximum et d’une amende ou d’une de ces peines seulement (Décret
du 27 novembre 1934) :
- ceux qui imposent à un animal un travail douloureux ou dépassant
manifestement ses forces (art. 1er, 2) ;
- ceux qui organisent des combats d’animaux (article 1er 3).
La destruction d’animaux n’est pas punissable si elle a été motivée par la
nécessité. Ce peut être ou la défense de sa propre personne ou même la
protection d’autres animaux ou des biens. Il y a, néanmoins, des cas où un fait
normalement puni par la loi doit être considéré comme objectivement légitime.
C’est le cas, lorsqu’il apparait comme l’exercice d’un droit, voire comme
l’accomplissement d’un devoir. L’acte qui présente toutes les apparences d’une
infraction punissable cesse d’en être une en raison des circonstances dans
Catalogue des infractions 219

lesquelles il a été accompli. On appelle de telles circonstances des causes de


justification325 .
325
Le code pénal congolais ignore les causes de justification. Elles sont une création de
la jurisprudence. Les cours et tribunaux retiennent la légitime défense, l’état de nécessité et
l’ordre de la loi ou le commandement de l’autorité comme des causes de justification et à
titre de principes généraux de droit.
La légitime défense. « Il n’y a ni crime ni délit lorsque l’homicide, les blessures et les coups
étaient commandés par la nécessité actuelle de la légitime défense de soi-même ou
d’autrui ». Pour que la légitime défense soit retenue :
1° l’attaque qui a provoqué la riposte doit être ac tuelle ou imminente. Si en effet on est en
présence d’une simple menace, il est possible de prévenir la police et l’on n’a pas à se faire
justice soi-même ;
2° l’attaque doit être injuste. Il n’ya pas de légi time défense contre celui qui ne fait
qu’exercer un droit. Nous estimons que la résistance à un policier qui procède à une
arrestation ou à la dispersion d’une manifestation, par exemple, n’est pas de la légitime
défense. Elle constitue l’infraction de rébellion, quand bien même l’action policière serait
entachée d’irrégularité, voire d’illégalité ;
3°la riposte doit être proportionnée à l’attaque ; mais la proportionnalité de la défense à
l’agression ne peut certes être extrêmement rigoureuse. Si la défense est manifestement
excessive, l’acte ne se trouve plus justifié ;
4° la riposte doit être concomitante à l’attaque. Si le mal a déjà été accompli et que le
danger a cessé, la violence privée est condamnable. La défense est légitime mais la
vengeance ne l’est pas ;
5° La riposte est justifiée non seulement à l’agres sion dont on est soi-même victime, mais
encore à l’agression dont un tiers quelconque est victime ( et le policier a le devoir
d’intervenir en l’occurrence).
Sur le plan civil aucune indemnité ne pourra être accordée à l’agresseur qui aurait pu subir
un préjudice du fait de la légitime défense. Le dommage qu’il subit est dû exclusivement en
effet à l’agression dont il avait pris l’initiative. Il y a faute de la victime et les règles de la
responsabilité civile suppriment alors toute possibilité de dommages-intérêts. Il appartient à
celui qui invoque la légitime défense de prouver que les conditions de celle-ci s’appliquent à
l’acte qu’on lui reproche.
L’état de nécessité. Il est la situation dans laquelle une personne commet volontairement
une infraction afin d’éviter pour elle-même ou pour autrui un mal grave et imminent. Le mal
dont on est menacé résulte d’un concours de circonstances tandis que dans la légitime
défense il résulte d’un tiers. Ce sera par exemple, le cas pour la mère indigente qui vole un
pain afin d’éviter que son enfant meurt de faim.
Pour que l’état de nécessité puisse être invoqué, il faut que soient réunies plusieurs
conditions :
1° il faut que la commission de l’infraction appara isse comme le moyen indispensable
d’éviter le mal dont l’agent est menacé ;
2° il faut que le mal redouté soit imminent. C’est parce que ce caractère n’apparaissait pas
nettement dans les espèces jugées que la jurisprudence a refusé généralement de
considérer comme nécessaire l’action des squatters (Nantes, 12 novembre 1956, D. 1957.
30) ;
3° il faut que le mal écarté soit grave, et plus gr ave que celui qui résulte de l’infraction. Mais
ce mal peut être d’ordre moral et pas seulement matériel (Colmar, 6 déc.1957, Gaz. Pal.
1958. I. 202). L’évaluation de la gravité du mal est parfois très délicate à faire lorsque l’on
doit mettre en balance l’intérêt général et des intérêts particuliers ;
220
Catalogue des infractions

b) Le tribunal compétent e tla prescription de l’action publique


Le tribunal compétent pour juger la destruction méchante des animaux
est celui de paix. Ceci relève de la compétence matérielle dévolue à cette
juridiction. L’action publique de l’infraction de destruction méchante des
animaux est prescrite après trois ans. La peine, elle, est prescrite au délai double
de la peine prononcée, mais à tout le moins deux ans.

166. Destruction méchante des biens d’un enfant


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467-18.

167. Détention d’enfants dans le but d’abuser d’eux


sexuellement
Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467-17.

168. Détention des animaux sauvages


Le législateur interdit de détenir des animaux sauvages réputés dangereux
ou nuisibles. Il s’agit, notamment , des lions, léopards, hyènes, crocodiles,
serpents venimeux, pythons, chiens sauvages, grands oiseaux de proie, chacals,
chats sauvages et autres petits félins etc.. Toutefois, dans un but scientifique ou
dans un intérêt supérieur d’administration, le gouverneur de province peut
donner autorisation de détenir un animal sauvage. Il prescrit, alors, dans
chaque cas les mesures de précaution à prendre dans l’intérêt général ainsi que
toutes autres mesures utiles . Ces autorisations sont toujours révocables.

4° il faut que le mal écarté soit injuste : le sold at qui fuit le combat ne pourrait invoquer l’état
de nécessité.
L’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime. « Il n’y a ni crime ni délit
lorsque l’homicide, les blessures et les coups étaient ordonnés par la loi et commandés par
l’autorité légitime » Celui qui a obéi à la loi et à l’autorité n’a, en effet, accompli que son
devoir et il serait d’une criante injustice de le poursuivre pour cela. Le médecin qui dénonce
une maladie contagieuse que la loi lui ordonne de signaler aux autorités sanitaires ne peut
pas être poursuivi pour violation du secret professionnel. L’huissier qui fait ouvrir une porte
par un serrurier pour opérer une saisie ordonnée par l’autorité judiciaire ne peut être
poursuivi pour violation de domicile.
On assimile au commandement de la loi la simple permission expresse ou tacite de la loi.
Lorsque l’acte incriminé a été accompli en vertu d’un commandement illégal émanant d’une
autorité légitime, le fonctionnaire est délié de l’obligation d’obéir à un tel supérieur car un tel
ordre est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public.
Le commandement de l’autorité légitime ne constitue pas, à lui seul, le fait justificatif. Il
requiert cumulativement l’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime.
Catalogue des infractions 221

a)Quel est le texte légal qui réglemente la détention des animaux


sauvage ?
L’ordonnance 54bis/Agri du 05 mai I936 porte divagation des animaux
et détention des animaux sauvages réputés dangereux ou nuisibles. Les articles
10 et 13 de cette ordonnance sont les dispositions pénales légales.

b) Quelles sanctions, les auteurs de l’infraction peuvent-ils encourir ?


L’auteur de l’infraction de détention des animaux sauvages encourt une
servitude pénale de sept jours au maximum et une amende ou l’une de ces
peines seulement. Si l’auteur de l’infraction de détention d’animaux sauvages ne
bénéficie pas de privilège de juridiction, il sera justiciable du tribunal de paix.

169. Détention d’ivoire brut

L’ord- loi n° 73 – 003 du 05 janvier 1973 est relative à la réglementation et


à la protection de l’ivoire. Les articles 27 et 31 de cette ordonnance sont les
dispositions pénales légales en matière de détention de l’ivoire. La détention, le
trafic, l’achat sans autorisation ni permis de détention légitime d’ivoire brut
sont punis d’une servitude pénale de deux mois au maximum et d’une amende
ou de l’une de ces peines.
Il a été jugé que lorsque le prévenu n’a détenu ni pour lui-même ni pour
autrui, des pointes dont la détention est illicite, mais saisi en cours de transport
, il doit être renvoyé des poursuite. Toutefois, les pointes doivent être
confisquées, leur seule détention constituant une infraction326 . Si le prévenu a
été trouvé détenteur d’une défense d’un éléphant qu’il avait tué pour
sauvegarder ses plantations, et sans avoir accompli les formalités prescrites, il
tombe sous l’application de cette ordonnance-loi327.

170. Détention et rétention des stocks


Voir prix, n° 457-3.

171. Détention illégale d’armes et munitions

I. Considérations

A l’exception des membres des Forces armées de la République


Démocratique du Congo(FARDC), de la Police Nationale Congolaise (PNC),
conformément aux règlements et instructions en vigueur et des personnes
porteuses des autorisations légales ou administratives, la loi interdit la détention
d’armes et munitions de guerre.

326
Elis. , 25 juillet 1922, Jur. Kat. I p.296.
327
Elis. ,1 Août 1913, Jur. Congo 1921, p.208.
222
Catalogue des infractions

II. Eléments constitutifs

Pour sa consommation, l’infraction de détention d’arme ou munitions


de guerre exige des éléments constitutifs. Il a été décidé que l’infraction de
détention illégale d’armes et munitions étant matérielle , le seul fait de la
détention suffit à lui seul pour rendre parfaite la matérialisation de
l’infraction328 .

a)Les éléments matériels


1. La détention, la fabrication, la réparation, l’abandon, l’exposition en
vente, la cession, la distribution, le transfert, l’importation, le dépôt des
armes de guerre ou leurs accessoires ainsi que les munitions conçues
pour ces armes ;
2. La détention, la fabrication, la réparation, l’abandon de toutes armes
offensives et secrètes ;
3. La fabrication, la détention ou le port des armes blanches
empoisonnées.

b)Le défaut d’un titre ou d’un droit


Il est une obligation légale que la détention et tous les autres actes
matériels ci-haut cités ne peuvent se réaliser qu’en vertu d’un titre ou d’un
droit. On est donc exposé à la sanction par suite du défaut de titre ou d’un
droit. Logiquement, on est également exposé par défaut de qualité ou par
défaut d’acte de l’autorité compétente.
Il est de jurisprudence que la simple détention d’arme à feu sans permis
de port d’arme est punissable, la loi ne requérant ni dol spécial, ni même une
quelconque volonté de délinquer329

III. De la répression

Ceux qui violent cette interdiction seront poursuivis conformément à


l’ordonnance-loi n°85/035 du 03/09/1985. Ils seront punis d’un mois à dix
ans de servitude pénale principale et d’une amende.

172. Détention illicite des documents


Voir rétention illicite des documents, n° 515.

173. Détention illicite des substances minérales


Voir code minier, n° 73-5.

328
Haute cour militaire., RP 001/2004, 05 octobre 2004, inédit.
329
C.S.J., RP 2, 10 juin 1972, B.A. 1973 , p. 88 ; RJZ. 1972, p. 135.
Catalogue des infractions 223

174. Détournement d’aéronef


Voir Terrorisme, n° 542.

175. Détournement de main-d’œuvre


Le détournement de main d’œuvre est le fait pour un préposé, d’utiliser à
son profit ou au profit d’un tiers, sans l’accord de son patron, les travailleurs
placés sous ses ordres pour exécuter un travail déterminé (G. Mineur)330.
L’infraction de détournement de main-d’œuvre est également appelée
« détournement des travailleurs ».

I. Eléments constitutifs

Pour qu’il y ait infraction de détournement de main-d’œuvre, il


faut l’existence d’éléments constitutifs.

a)Un lien de service avec l’auteur de l’infraction


Ce lien de service peut être une subordination découlant d’un contrat de
travail ou d’un statut. Il y a, d’un côté, les engagés (contrat de travail) ou les
personnes sous statut et de l’autre le maître. Les premiers doivent être sous les
ordres du délinquant.

b)L’utilisation de la main d’œuvre


Les travailleurs placés sous ordre pour exécuter un travail déterminé sont
utilisés pour un autre travail. Ils éxécutent le travail au profit du délinqunat ou
d’un tiers sans l’accord du maître. La qualité ou la quantité du travail exécuté
importe peu, sa nature également . Le détourneur utilise les travailleurs mis à sa
disposition pour des travaux autres que ceux de l’employeur et aux frais de ce
dernier.
Lorsqu’un chef de chantier prélève des ouvriers parmi ceux mis à sa
disposition331 pour se faire construire une maison ; lorsqu’un architecte envoie
des ouvriers travailler (gratuitement ou pour faire plaisir à un ami) dans une
autre entreprise que celle qui l’emploie, ils peuvent être poursuivis et
condamnés pour détournement de main d’œuvre.
c)L’élément moral

330
Le professeur LIKULIA dans son livre « Droit pénal spécial Zairois, tome I» en page 469
définit le détournement de main d’œuvre comme le fait d’utiliser frauduleusement à son
profit ou au profit d’un tiers les services d’engagés mis sous ses ordres.
331
C.S.J. , 10 mai 1978, inédit cité par LIKULIA. , op. cit. ,p. 468.
224
Catalogue des infractions

L’intention frauduleuse est réquise. Elle est faite de la volonté de s’enrichir


injustement ou de procurer à autrui un bénéfice illicite. On estime que le fait de
ne pas tenir le maître de l’entreprise au courant de l’emploi fait de sa main
d’œuvre constitue une présomption d’intention frauduleuse332.

II. Poursuites

a)Quel est le texte légal en la matière ?


L’article 97 du code pénal Livre II est le siège de cette incrimination. La
disposition légale définit les faits constitutifs du détournement de main
d’œuvre et réprime l’infraction.

b) Qu’en est-il des pénalités et de la prescription ?


L’auteur du détournement de main d’œuvre est passible des sanctions allant de
trois mois à cinq ans de servitude pénale principale et d’une amende ou d’une
de ces peines seulement. Il pourra être traduit par-devant le tribunal de paix. Si
dans les trois années qui suivent la commission de l’infraction, aucune
poursuite n’est engagée, l’action publique sera éteinte.

176. Détournement des deniers publics ou privés

Pour parler de détournement, il faut que le fonctionnaire ait eu l’argent ou


les biens à sa disposition. Ces choses doivent lui avoir été confiées à l’occasion
de l’exercice de ses fonctions, soit par l’Etat ou une autre collectivité publique,
soit par les particuliers (administrés, redevables, contribuables etc.), soit enfin
par les utilisateurs d’un service public qui peut opérer des transferts de fonds.
Le détournement suppose que le fonctionnaire sait pertinemment qu’il n’a
pas un droit de propriété sur les fonds ou sur les choses, mais qu’il en est
comptable et qu’il doit veiller à leur conservation ; il ne doit pas se les
approprier, ni les utiliser à des fins personnelles.

I. Eléments constitutifs

En République Démocratique du Congo, les articles 145, 145bis, 145ter


du code pénal LII prévoient et répriment le détournement des deniers publics
ou privés. L’infraction de détournement des deniers publics comporte cinq
éléments constitutifs : la qualité de l’agent, l’objet de l’infraction, la victime,
l’acte incriminé et l’intention criminelle.

332
C.S.J.,10 mai 1978, inédit.
Catalogue des infractions 225

a)La qualité de l’agent


Au début, la qualité de fonctionnaire était autant que possible
strictement limitée aux personnes qui bénéficiaient du statut de la fonction
publique. La jurisprudence semble avoir étendu la qualité de fonctionnaire aux
agents des personnes morales de droit public ou même aux personnels des
personnes morales de droit privé d’utilité plus ou moins publique, ou même à
des particuliers dans certains cas.

1.Les personnes ayant la qualité juridique de fonctionnaire public


Pour déterminer la qualité de l’agent de l’infraction de détournement
des deniers publics, la notion de fonctionnaire est largement étendue. La
qualité des coupables de l’infraction de détournement de deniers publics n’est
pas limitée aux seuls « dépositaires ou comptables publics, et percepteurs ou
commis à une perception publique, mais s’étend, outre tous les fonctionnaires
publics et les officiers publics, à toute personne chargée d’un service public333.
Les auteurs et la jurisprudence donnaient à ces expressions un sens : « les
fonctionnaires publics sont les personnes qui participent à un service d’Etat
d’intérêt public, après un acte de nomination et une prestation de serment,
tandis que « les officiers publics sont les personnes chargées d’un emploi
public, dont le concours est nécessaire pour des actes d’intérêt public ou
privé334. Les personnes chargées d’un service public sont les dépositaires ou
comptables qui, sans être fonctionnaires ou officiers publics sont institués pour
un intérêt d’ordre public, et qui reçoivent des deniers ou effets en vertu de leur
charge. Quoiqu’il en soit, la qualité de l’agent de l’infraction de détournement
des deniers publics permet de réprimer les détournements commis par les
fonctionnaires ou employés des « services publics » au sens du droit
administratif. Cette qualité peut prêter à confusion. A ce sujet, il a été dit qu’un
batelier de l’ONATRA, organisme de droit public est un fonctionnaire au sens
de l’article 145 du code pénal livre II, tandis qu’un inspecteur engagé par une
congrégation religieuse, chargé d’un enseignement subsidié, n’a pas qualité de
fonctionnaire public335. Le tribunal devra le juger sur base de l’infraction d’abus
de confiance prévue et punie par l’article 95 du même code336.

2.les personnes assimilées

333
Article 145 du code pénal du Congo belge.
334
Cf. PAND. B.V° Officier public, n°1 et Servais, code pé nal interprété, article 240, n°1.
335
Kinshasa. , 06 août et 07 septembre1973, RJZ 1973, Septembre-décembre n° 3 p.269 et
272.
336
C.S.J., R.P 271, 27 juin 1979, B.A 1984.
226
Catalogue des infractions

La loi se contente d’étendre la définition de fonctionnaire telle que donnée


par le droit administratif au plus grand nombre possible d’agents du secteur
public. La loi du 5 janvier 1973 vise expressément les agents des personnes
morales de droit privé, c’est-à-dire des sociétés, entreprises et organismes de
droit privé appartenant à l’Etat, ou encore qui sont déclarés ou jugés d’utilité
publique. En substance : « toute personne représentant les intérêts de l’Etat ou
d’une société étatique au sein d’une société privée, parastatale ou d’économie
mixte, en qualité d’administrateur, de gérant, de commissaire aux comptes, ou à
tout autre titre, tout mandataire ou préposé des personnes énumérées ci-
dessous337. Bref, dans les termes de l’incrimination, la loi s’applique à :
- tout fonctionnaire ou officier public ;
- toute personne chargée d’un service public ou parastatal ;
- toute personne représentant les intérêts de l’Etat ou d’une société étatique
au sein d’une société privée, parastatale ou d’économie mixte en qualité
d’administrateur gérant, commissaire aux comptes ou à tout autre titre, tout
mandataire ou préposé des personnes énumérées ci-dessus.

b)L’objet de l’infraction.
Pour que l’infraction de détournement des deniers publics soit
constituée, il faut qu’il s’agisse de certains biens, c’est-à-dire d’une nature
donnée, et que ces biens aient été confiés à celui qui les a détournés.
1.La nature des biens détournés
Le texte parle des « deniers ». Le denier est une ancienne monnaie
française d’or ou argent. L’extension progressive en donne le sens large
d’ « espèce monnayée ». Le législateur congolais parle des « deniers publics ou
privés ». Il importe que les deniers qui sont l’objet de l’infraction, soient la
propriété de l’Etat, d’une province, d’un ministère, d’une commune, d’un
territoire, d’un établissement public ou de simples particuliers. Le texte
incrimine celui qui aura détourné des deniers publics ou privés, « des effets en
tenant lieu, des pièces, titres, actes, effets mobiliers »338. Le détournement peut
concerner des choses non appréciables en argent et des choses appréciables en
argent.
2. La détention préalable des biens détournés.
Il faut que les biens aient été remis ou confiés au fonctionnaire ou
agent assimilé, qui les a détournés, et que cette remise ait eu lieu à raison des
fonctions officielles ou de l’emploi dont il était investi. L’article 145 exige que
les biens publics ou privés soient entre les mains du coupable en vertu ou à
raison de sa charge. En matière de détournement des deniers publics par un
fonctionnaire public, la remise peut être opérée uniquement en vertu de la

337 er
J.O.R.Z.,n°5, du 1 mars 1973, p.322.
338
Article 145 du code pénal congolais.
Catalogue des infractions 227

fonction ou de la charge. C’est le cas, par exemple, du versement à l’huissier de


la somme qui représente les frais de mise au rôle. Elle peut aussi être opérée à
titre de mandat, lequel mandat trouve son fondement dans la fonction ou la
charge du mandataire ; par exemple un greffier qui détourne les deniers qui lui
sont confiés pour payer les amendes et les frais de justice.
La détention doit s’expliquer très exactement par la fonction de l’agent, car le
détournement des deniers publics ne se conçoit qu’à cette condition. C’est ainsi
qu’un inspecteur engagé par une congrégation religieuse chargée d’un
enseignement subsidié n’a pas la qualité de fonctionnaire. La fonction en vertu
de laquelle il détenait les deniers publics n’est pas celle que visent les articles du
code réprimant l’infraction. Il ne peut donc commettre l’infraction de
détournement de deniers
Par ailleurs, il n’est pas nécessaire que la remise des deniers ait été faite
directement au prévenu par l’Etat qui a conclu avec le coupable un contrat de
louage de service. Il y a donc remise au sens de l’article 145 du Code Pénal
Congolais, livre II, lorsque le prévenu avait été constitué, d’une manière
quelconque, possesseur précaire de la somme détournée339.

c) La victime de l’infraction
La victime de l’infraction de détournement des deniers publics ou
privés est généralement l’Etat et les collectivités publiques qui sont les
démembrements de l’Etat. La victime peut aussi, dans certains cas, être une
personne morale semi-publique, ou même, à la limite, un particulier.

1. L’Etat et les collectivités publiques


L’Etat ou les collectivités publiques sont généralement, soit
propriétaires des deniers ou des objets, soit bénéficiaires des titres ou des
valeurs, etc. La victime de l’infraction, c’est essentiellement l’Etat et très
accessoirement les collectivités publiques ou les établissements publics.

2. Les personnes morales semi-publiques


La victime peut également être une personne juridique de nature mixte,
au sens que ce n’est ni l’Etat lui-même ou une administration de l’Etat, ni un
particulier proprement privé, mais une personne morale dans laquelle l’Etat
possède des intérêts, soit seul (sociétés et entreprises d’Etat), soit en
association avec d’autres personnes morales de droit privé (sociétés
d’économie mixte), qui souffre dans son patrimoine du fait des agents publics.
L’article 145 du code pénal livre II n’assimile pas les personnes morales semi-
publiques à l’Etat et aux collectivités publiques ni les biens des premières à

339
Kinshasa., 30 décembre 1973, R.J.Z., 1974, n°2, p.9 9.
228
Catalogue des infractions

ceux des seconds, mais il protège les biens de ces personnes contre les
agissements malhonnêtes des fonctionnaires publics qui sont appelés à y
représenter les intérêts de l’Etat ou d’une société étatique.

3. Les particuliers
La victime du détournement peut, en effet, être une personne privée,
c’est-à-dire un tiers, un administré, un redevable, un justiciable, une société
privée qui avait confié la chose, le titre, le document ou parfois les fonds, au
fonctionnaire ou à la personne assimilée, mais sans perdre son droit de
propriété sur cette chose.
L’article 145 du code pénal congolais livre II vise les « deniers privés »,
c’est-à-dire les deniers appartenant en propriété à des particuliers, à des
personnes privées, en même temps que les « deniers publics », c’est-à-dire ceux
appartenant à l’Etat ou aux personnes morales de droit public. Il existe de
nombreux cas où ce sont les particuliers qui souffrent des dommages
occasionnés par les actes malhonnêtes des fonctionnaires. Un ouvrier dont le
fonctionnaire chargé de la paie en espèces a détourné le salaire, ou un créancier
saisissant dont le greffier ou l’officier public a détourné les sommes provenant
de la vente aux enchères des biens saisis, ou encore un client qui remet à
l’administration des postes pour le transmettre à un destinataire déterminé, un
pli chargé dont un agent de cette administration détourne le contenu, etc. Le
même détournement peut porter atteinte à la fois à la fortune publique et à la
propriété privée, comme c’est le cas dans le dernier exemple ci – dessus : le
détournement des taxes ou amendes perçues, sans délivrance de reçu, prive
l’Etat de rentrées de fonds et oblige le redevable à opérer de nouveaux
prélèvement sur son patrimoine.

d) L’acte incriminé
1.Notions
L’acte incriminé est le détournement. Le détournement est un élément
matériel qui caractérise l’infraction de détournement de deniers publics. Le
détournement est aussi l’élément matériel d’autres infractions telles que l’abus
de confiance. On entend par détournement l’usage ou la disposition d’objets
ou de deniers qui sont dans les mains ou au pouvoir de l’auteur, à une fin qui
ne leur était pas assignée. Il y a détournement dès que l’objet a été distrait de sa
destination et est sorti de la droite voie340.
2.Consommation de l’élément matériel de détournement

340
Ainsi, il n’y a pas de détournement de derniers publics, quand les sommes prétendues
détournées ont été versées au prévenu à titre de salaire se rapportant à une période de
service actif : cfr KIN, 7 juin 1974, RJZ 1974, n°3, p. 2364 ; novelles, op cit ., n°3357
Catalogue des infractions 229

Que le détournement soit une dissipation mettant l’auteur dans


l’impossibilité de restituer ou un usage abusif suivi d’un refus de restituer, il est
toujours consommé, en tant qu’élément matériel , dès que l’objet quitte la
« droite voie », c’est-à-dire la place qu’il doit occuper à tel moment. C’est
l’objet qui est dissipé, distrait, caché, « mis à l’ombre », ou déposé chez un tiers.
Peu importe la possibilité de réparation ou de remise en état, la restitution
effective ou l’impossibilité ou refus de restituer, elles sont indifférentes à la
réalisation de l’infraction. Que l’auteur du détournement ait des ressources
suffisantes pour rembourser les sommes détournées, qu’il ait offert de les
rembourser, qu’il se soit même libéré, tout cela est indifférent341. Il a été jugé
que le détournement de deniers publics est une infraction instantanée et que le
remboursement de la somme détournée, dès la toute première réquisition, est
par conséquent inopérant quant à l’existence de cette infraction342.

e) L’intention criminelle
1.Dol spécial et volonté d’appropriation
Il s’agit d’une appropriation injuste ou une rétention injuste. Le
détournement, comme la soustraction, impliquent nécessairement l’idée de
fraude343. Il faut donc la preuve de la décision unilatérale et volontaire
d’appropriation ou de rétention, ou, si l’on veut, la preuve de l’intention
dolosive ou frauduleuse. Ainsi, il a été jugé :
- que le détournement de deniers publics est caractérisé par l’utilisation
privative des deniers contrairement à leur destination, dans la conscience
que cet acte de disposition causait ou pouvait causer préjudice et que le fait
reste punissable même si le prévenu n’avait pas eu l’intention de
s’approprier définitivement les fonds344 ;
- que l’allégation mensongère d’un vol fantaisiste invoqué par celui qui avait
la garde des biens, est révélatrice de l’intention frauduleuse de détournement
commis par une personne chargée d’un service public345.
Pour tomber sous le coup de la loi, le fonctionnaire prévenu de
détournement doit avoir agi avec une intention frauduleuse. Cela signifie qu’il
faut un dol spécial. Celui-ci s’analyse en une volonté d’appropriation, mais peut
aussi, plus spécialement en matière de détournement par fonctionnaire public,
se ramener à une simple volonté d’utilisation momentanée de la chose. En

341
Cf.Novelles n° 3372 ; Nyppels et Servais, op. cit ., T.II, p.94, n°8.
342
Kisangani, 2 mars 1973, R.J.Z., 1974, n°s 1 et 2, P. 48. Voir aussi, cass. Belge, 17
novembre 1952, Pas., 1953, I, 168.
343
cf Novelles, op cit T. III, n°3384 bis ; R Vouin, o p. cit. ,par M.L. Rassat, n° 57
344
Cf Kin., 29 décembre 1966, R.J.C. 1967,2 ,128.
345
Kin., 6 août 1973, R.J.Z, 1973-3-269.
230
Catalogue des infractions

générale, les seules connaissance et conscience du détournement ne suffisent


pas à constituer l’intention frauduleuse, l’auteur doit être mu par une volonté
dolosive. Celle-ci exige, pour la réalisation de l’infraction de détournement,
entre autres, que l’agent ait agi avec une volonté libre. Il en est autrement d’un
fonctionnaire qui, chargé de payer les traitements d’un mois, en paie pour deux
mois sous la pression et les menaces des travailleurs346. De même, des déficits
de caisse dus à des erreurs commises dans la tenue de la comptabilité ne
suffisent pas, en l’absence de toute intention frauduleuse, à constituer
l’infraction de détournement de derniers publics347 , autrement dit , un simple
déficit de caisse imputable à un agent de l’Etat ne constitue pas un
détournement, si la preuve de l’intention frauduleuse de s’approprier les fonds
manquants n’est pas établi à suffisance348.
L’intention frauduleuse exigée par l’article 145 précité pour l’établissement
de l’infraction de détournement doit être prouvée et non supposée. Le simple
défaut de représentation des fonds ne l’établit pas. Tel est le cas, si par erreur et
bonne foi, le possesseur avait cru faire des fonds un emploi convenu, vu la
confiance spéciale que lui inspirait celui à qui il remettait ceux-ci349. Le
caractère frauduleux du détournement réside uniquement dans l’appropriation
injuste ou la détention injuste.

2.Dol spécial et volonté d’utilisation


Le fonctionnaire ou assimilé peut ne pas avoir eu l’intention de
s’approprier les biens qui lui avaient été confiés. Il avait simplement l’intention
de les utiliser à son profit en comptant les remettre en place ou les rembourser
avant que ne soit découvert l’emploi irrégulier qu’il en a fait. Ce comportement
constitue un manquement grave à la probité. Aux termes de la jurisprudence la
plus répandue, le législateur punit toute personne précitée qui aura détourné
des deniers publics ou privés, des effets tenant lieu de pièces, titres, actes, effets
mobiliers qui étaient entre ses mains, soit en vertu, soit en raison de sa charge.
C’est pourquoi , le détournement de deniers publics n’est pas établi dans le
chef du prévenu quand les fonds ont été gérés uniquement par la caissière sans
que le prévenu en ait la détention matérielle ni qu’il ne les ait non plus utilisés350
.
Par contre, l’infraction est établie dans le chef d’un commissaire d’Etat
(Ministre) qui a donné ordre à un officier placé sous tutelle de son département

346
Cf lub., 11 décembre 1969, RJC. ; 1970-1-51.
347
C. S.J. , de Kin ; 7 juin 1974, penant, 1975-4-541.
348
Kin, 11 juin 1973, RJZ. ; 1973-3-364.
349
Kin., 12 octobre 1973, R.J.Z., 1973-36277.
350
C.S.J., R.P.A 56, 29 juin 1979, B.A. 1984, p.139.
Catalogue des infractions 231

de payer une facture adressée à ce département, si ce payement a été sans


contrepartie et que les sommes payées ont été partagées entre l’auteur de
l’ordre et l’auteur de la facture351.
Les fonds déposés dans un compte bancaire dont le retrait ne peut être
effectué que sous la seule signature du prévenu sont entre les mains du
prévenu et peuvent faire l’objet d’un détournement352.

II. Régime répressif et poursuites

Les poursuites peuvent être engagées par le parquet ou sur


dénonciation. La plainte de la victime de l’infraction de détournement des
deniers publics ou privés n’est pas nécessaire. L’action publique peut être mise
en mouvement contre l’auteur de cette infraction par le Ministère public, même
d’office.
Les articles 145, du code pénal Livre II modifié par l’art 2 de la loi
n°73/017 du 5/1/1973, 145bis, 145ter du code pénal LII répriment353
l’infraction de détournement des deniers publics ou privés de la peine des
travaux forcés (d’une année à 20 ans), et d’autres peines accessoires :
• L’article 145 édicte :
1) l’interdiction pour cinq ans au moins, de dix ans au plus, après expiration de
la peine du droit au vote et du droit d’éligibilité ;
2) l’interdiction d’accès aux fonctions publiques et paraétatiques quel qu’en
soit l’échelon ;
3) la privation du droit à la condamnation ou à la libération conditionnelle et à
la réhabilitation ;
4) l’expulsion définitive du territoire national, après l’exécution de la peine, si le
condamné est un étranger ;
5) Ces peines s’appliquent aussi à toute personne qui, sciemment, dissimule ou
cache les biens du condamné, en vue de les soustraire à la confiscation.

351
C.S.J., R.P 20/ C.R. ,15 août 1979, R.J.Z 1979, p.56 ; B.A. 1984, p .194.
352
C.S.J., R.P 2O/ C.R ; 15 août 1979 B.A. 1988 p. 194.
353
Qu’adviendrait-il si le prévenu condamné venait à décéder ? Le décès du délinquant
éteint l’action publique, qu’il survienne avant le déclenchement des poursuites ou après
celui-ci, avant la décision définitive. Par contre l’action civile peut être poursuivie contre les
héritiers du de cujus. La mort du condamné est l’issue normale des peines perpétuelles. La
mort met fin à l’exécution des peines temporaires. Cela est conforme au principe de la
personnalité des peines qui s’oppose à ce qu’on étende l’application de la peine aux
héritiers. Par contre, les condamnations civiles (restitutions, dommages-intérêts, frais) ne
constituent pas des sanctions pénales, et peuvent être exécutées contre les héritiers. De
même, dans le cas où la loi prévoit des civilement responsables de l’amende, ces derniers
restent tenus de la payer en cas de décès du condamné. La confiscation spéciale pourra
être exécutée même après la mort du condamné, à condition que le jugement la prononçant
soit coulé en force de chose jugée du vivant du condamné.
232
Catalogue des infractions

L’article 145 bis prévoit que toute personne citée à l’article 145 qui aura
méchamment ou frauduleusement détruit ou supprimé, dissimulé ou caché des
actes, des titres ou tout autre document dont il était dépositaire en sa qualité ou
qui lui avaient été communiqués en raison de sa charge, sera punie d’une
servitude pénale principale de deux à vingt ans.
Au regard et partant de l’article 145 ter, les infractions du code pénal livre II
visées aux articles 79 à 81 (vol), 89 à 94 (banqueroute) 98 à 100 (escroquerie et
tromperie), 101 à 102 (recel et cel frauduleux), 124 à 127 (faux et usage de
faux) seront punies des peines doubles de celles prévues par la loi lorsqu’elles
ont pour but de réaliser ou de dissimuler le détournement. Il faut signaler d’une
part que l’article 145 prévoit une peine des travaux forcés, tandis que son bis
punit d’une servitude pénale principale. D’autre part, le minimum de la
servitude pénale est de un jour alors que celui des travaux forcés est de un an
(art 6 du code de procédure pénale modifié par la loi vantée).
Le détournement se prescrit après 10 ans. La peine de la confiscation
spéciale se prescrit dans le même délai que la peine dont elle est l’accessoire
(art. 31 du CPL Ier).

III. Restitutions et dommages-intérêts

Aux termes de l’article 15 du code pénal, toute condamnation pénale est


prononcée sans préjudice des restitutions et dommages-intérêts qui peuvent
être dûs aux parties. Il a été jugé :
- conformément à l’article 105 du code de l’organisation et de la compétence
judiciaires que la restitution des fonds détournés suppose que ces fonds ont
été retrouvés354;
- qu’une entreprise publique, victime du détournement de deniers publics, a
droit à la restitution des montants détournés355.

177. Détournement des effets militaires


L’infraction de détournement des effets militaires est à définir comme le
fait de disposer des effets auxquels on accède, dans le but de s’en emparer, en
violation de l’obligation de les rendre au service, de les remettre au destinataire
ou soit de procurer à autrui un avantage illégitime au préjudice de l’Etat, de
l’armée ou des services apparentés, voire des militaires. Le détournement des
effets militaires est puni par l’article 74 du code pénal militaire.

I. Eléments constitutifs spécifiques

354
CSJ., 26 août 1980- RP 22/CR, in Dibunda, Op. cit., V° restitutions.
355
CSJ. , 13 avril 1981-RPA 69- in Dibunda, op.cit. ,V° restitution, n° 5,p.213.
Catalogue des infractions 233

Les indispensables éléments qui suivent doivent être réunis pour que soit
établie l’incrimination de détournement des effets militaires ou des effets de
l’Etat.

a)L’acte de l’auteur
L’acte de l’agent est de s’emparer ou d’enrichir le patrimoine d’autrui des
armes et munitions de guerre, des véhicules à l’usage de l’armée ou des services
apparentés, des deniers publics, effets et autres objets à lui remis pour le
service ou à l’occasion du service, appartenant à l’Etat ou à des militaires.

b)L’intention frauduleuse
L’intention frauduleuse est à déduire du fait de se procurer, soit à soi-même,
soit à un tiers, un avantage quelconque au préjudice d’autrui, pendant que l’on
est en fonction. Il a été jugé que la bonne foi de l’agent exclut toute intention
frauduleuse356. Il en a été décidé d’un militaire qui bien qu’en possession
d’armes de guerre, les a simplement gardées chez lui deux jours durant, alors
qu’il lui était loisible, au regard de ses fonctions, d’accéder à tout moment au
magasin d’armement357.

II. Régime répressif

L’agent reconnu coupable de détournement des effets militaires ou des


effets de l’Etat peut encourir une peine d’un à dix ans de servitude pénale
principale. La confiscation spéciale est également prévue . Cette confiscation
est facultative et ne pourra porter que sur les biens déterminés par la loi, ou sur
ceux ayant servi à la commission de l’infraction. Aux termes de l’article 34 du
code pénal militaire, tout militaire ou assimilé condamné pour vol ou
détournement d’effets militaires, entre autres : les armes, munitions de guerre,
deniers, véhicules, bâtiments de guerre, aéronefs militaires, etc. sera d’office
renvoyé de l’armée ou de son service. Le renvoi intervient automatiquement,
peu importe le taux de la peine, ou encore que le juge l’ait prononcé ou non.

178. Détournement des substances minérales


Voir code minier, n° 73-4.

179. Détournement des travailleurs


Voir détournement de main-d’œuvre, n° 175.

356
CGG, 5 décembre 1978, RJF, Vol. 0002, 1985 ; éd. Audit Gén., Kinshasa 1986, p.106.
357
CGG, 3 mai 1985, idem, p.99.
234
Catalogue des infractions

180. Détournement d’objets saisis


Il y a détournement d’objets saisis par le fait de soustraire des objets sous
main de la justice. La saisie peut avoir été opérée par le juge, l’officier du
Ministère public ou l’officier de police judiciaire. L’auteur du détournement
peut être le gardien ou toute autre personne.

I. Eléments constitutifs

Pour se caractériser, le détournement d’objets saisis exige des éléments


constitutifs.

a)Un élément matériel de détournement


Un élément matériel de détournement ou de destruction d’objet saisi
entre ses mains et confié à sa garde ou à celle d’un tiers. Les juges doivent tenir
compte de toutes les situations dans lesquelles les immeubles et les meubles
ont été légalement placés sous l’autorité de la justice. Le refus d’une personne
de remettre les biens saisis ou la résistance persévérante et non motivée de s’y
opposer, en cas de disparition physique de l’objet , constitue l’infraction358 . Le
déplacement matériel et tout acte de disposition juridique (la donation, ou la
vente du bien ou des parts sociales) tombent sous le coup de la loi. Il a été jugé
que l’autorisation par la partie civile saisissante d’utiliser le véhicule saisi, n’est
pas élisive de l’infraction de détournement d’objets saisis359.

b) Il faut qu’une saisie ait été opérée sur les objets détournés.
L’infraction n’existe pas si l’objet n’a pas été placé sous main de justice.
Il nécessite que l’objet ait été détourné. Le détournement consiste dans
l’enlèvement, le déplacement, le transport dans un autre lieu, ou même le
simple recel ou la résistance non motivée et persistante à représenter l’objet. Le
détournement doit être le fait du propriétaire de l’objet ou du gardien. Peu
importe que le créancier saisissant soit une personne physique ou morale, qu’il
soit une personne de droit publique ou privée360. L’infraction existe même si la
saisie n’est pas aux yeux du droit civil valable et régulière361 ou même si elle a
été déclarée ultérieurement nulle en raison d’un vice de procédure ; ceci n’a
aucune incidence sur la culpabilité de l’agent362.

c)Le détournement d’objets saisis est nécessairement intentionnel.

358
Crim., 6 novembre 1956, Bull. 711 ; D.1957, p.5.
359
Cour d’appel Mbuji-Mayi, RPA 1411, 12 octobre 1995, in RAJ 1996, p. 59.
360
Léo.,26 août 1954, R.J.C.B.,1954, p.320.
361
R.J.A.C.,1963, p.46, avec note ; Léo, 18 décembre 1958,R.J.C.B, 1959 ;E.Lamy., « de
l’autononmie du droit pénal » in R.J.C. , 1964, p.5.
362
Léo.,18 décembre 1958, R.J.A.C.1959, p.149 ;V. R.J.A.C. 1961,p.66.
Catalogue des infractions 235

L’intention coupable consiste dans la connaissance par le prévenu que


l’objet avait le statut d’un objet saisi et qu’il l’avait enfreint sciemment. De
manière générale, la mauvaise foi est caractérisée par la conscience que le
détournement porte atteinte aux droits du créancier. L’intention frauduleuse
requise peut être manifestée par la discrétion entourant l’opération de vente
illicite363 . L’intention ferait défaut si le détournement avait été opéré avec le
consentement du saisissant. L’infraction, en effet, est établie en vue de la
protection des droits des tiers.
Notons que la jurisprudence reconnaît que la remise ultérieure du
produit de la vente effectuée par le coupable n’est pas élisive de l’infraction de
détournement d’objets saisis d’autant plus que cette remise ne fut même pas
spontanée364 . Aussi, en réalisant, au mépris de la procédure sur la vente
d’objets saisis et à l’insu du gardien constitué, la vente d’objets saisis,
l’infraction de détournements d’objets saisis est réalisée 365 La nullité de la
saisie ou sa main-levée ne justifie pas l’infraction.
Faire voyager une baleinière saisie, utiliser un véhicule saisi sans autorisation,
déplacer dans le but de les soustraire des meubles saisis sont là des exemples
constitutifs de la prévention de détournement d’objets saisis. L’infraction de
détournement d’objets saisis est établie à partir du moment où le prevenu qui a
connaissance de la saisie a néanmoins changé la destination de l’objet en le
plaçant momentanément hors de l’atteinte du créancier saisissant366.

II. Poursuites

a)Quel est le texte légal et quelles sont les sanctions ?


L’article 83 du code pénal livre II prévoit et réprime l’infraction de
détournement d’objets saisis. Cet article prévoit que l’auteur de cette infraction
sera puni de cinq ans maximum de servitude pénale et d’une amende ou d’une
de ces peines seulement.

b) Qu’en est-il du tribunal compétent et de la prescription ?


Le juge compétent est le tribunal de paix. Il a la faculté de prononcer
soit la peine de servitude pénale principale et l’amende, soit l’une de ces peines
seulement. L’infraction de détournement des biens saisis se prescrit dans le
délai de trois ans.

c)Particularités propres à l’infraction de détournement d’objets saisis.


La qualification pénale peut appréhender diverses situations dans
lesquelles se trouvent les objets sous mains de justice. Ces objets sont des

363
C.S.J., R.P.A, 12, 3 mars 1972, B.A. 1972 p.26.
364
C.S.J., R.P.A. 12, 3 mars 1972, B.A. 1973 p. 26, R.J.Z 1973 , p. 33.
365
C.S.J., idem.
366
Cour d’appel Mbuji-Mayi, RPA 1411, 12 octobre 1995, in RAJ 1996, p. 59.
236
Catalogue des infractions

immeubles ou des meubles concernés par l’autorité de la justice au moyen de la


saisie immobilière, la saisie arrêt, le séquestre ou même la saisie en vue de la
peine de confiscation prononcée par une juridiction pénale.

181. Détournement d’objets saisis, mis sous séquestre ou


confisqués
L’infraction de détournement d’objets saisis, mis sous séquestre ou
confisqués est définie aux articles 111 et 132 du code pénal militaire. Elle
requiert des éléments constitutifs propres.

I. Eléments constitutifs de l’infraction

a)L’auteur de l’infraction
Pour être consommée, cette incrimination doit avoir pour auteur dans
le cas de l’article 111 du code pénal militaire tout individu, militaire, assimilé ou
civil. Ce dernier doit avoir détourné des objets placés sous la main des
instances militaires ou des instances judiciaires militaires ou encore, il doit s’agir
du saisi constitué gardien des objets placés sous la main des instances militaires
ou des instances judiciaires militaires. Dans le cas de l’article 132 du code pénal
militaire, l’auteur est un officier du Ministère public militaire ou tout membre
de la Commission des Biens saisis, mis sous Séquestre ou Confisqués.

b)Acte incriminé
L’acte incriminé est un acte d’appropriation indue pour soi-même ou
pour un tiers, d’un bien placé sous la main de la justice ou détenu pour besoin
d’enquête, saisi mis sous séquestre, confisqué et dont on a la garde, la
surveillance ou la gestion ; au sens de l’article 132 du code pénal militaire, l’acte
incriminé consiste en l’utilisation, la jouissance illégitime d’un bien par un
officier du Ministère public, par un membre de la commission des biens saisis
comme s’il en était le véritable propriétaire. Il est jugé que cette infraction
suppose, pour sa réalisation, un acte matériel de détournement, une chose
saisie, mise sous séquestre ou confisquée. Le détournement ne peut être puni
sur base de l’article 11 du code pénal militaire que s’il porte sur un objet frappé
de la mesure de saisie, de la mise sous séquestre ou de la confiscation367.

Bref, il doit s’agir d’un détournement ou d’une utilisation illégitime de


biens saisis, mis sous séquestre ou confisqués.

c)Nature des biens


Il doit s’agir des biens saisis, placés sous séquestre ou confisqués.

367
Haute cour militaire., RP 001/2004 du 05 octobre 2004, inédit.
Catalogue des infractions 237

La saisie est soit une voie d’exécution, soit une mesure de précaution.
Le séquestre est un dépôt sous la conservation de l’Etat ou d’un tiers désigné à
cet effet, des biens appartenant à un individu poursuivi devant la justice
militaire et qui, sans motif d’excuse légitime, y fait défaut jusqu’à la décision du
juge du fond, et ce pour des infractions limitativement énumérées par la loi.
Les infractions concernées sont la trahison, la désertion à l’étranger, le
détournement des deniers publics ou des effets appartenant à l’Etat,
l’insoumission 368 .

La confiscation est une peine complémentaire et patrimoniale affectant


les biens du condamné l’ayant servi à la perpétration d’une infraction donnée
ou constituant le produit de cette infraction.

d)L’élément moral
L’élément intentionnel se réalise lorsque l’agent a consommé son acte
délictueux tout en sachant que l’objet concerné était sous la main de la justice.

II. Régime répressif

L’infraction de détournement d’objets saisis des articles 111 et 132 du


code pénal militaire est punie de deux ans de servitude pénale dans le chef du
saisi, du constitué gardien en vertu d’un procès-verbal. Elle est punie de cinq à
dix ans de servitude pénale dans le chef de l’officier du Ministère public ou du
membre de la commission des biens séquestrés.
Si les faits sont commis en temps de guerre ou sur une partie du
territoire où l’état de siège ou d’urgence a été décrété, la peine de mort sera
encourue.

182. Diffamation
Voir imputations dommageables, n° 300.

183. Diffamation et médias


Voir délits de presse, n° 141.

184. Discrimination
« Toute distinction » opérée entre les militaires ou assimilés, en raison de leur
origine, de leur appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une tribu, une
région ou une province, à une religion, à une association de fait ou de droit de

368
Laurent MUTATA LUABA. , op. cit. ,p.362.
238
Catalogue des infractions

quelque nature que ce soit constitue une discrimination (article 196 du code
pénal militaire).

I. Eléments constitutifs de l’infraction de discrimination

L’infraction de discrimination369, pour être caractérisée, exige la réunion


de trois éléments.
a)L’acte incriminé
L’acte incriminé consiste dans le fait d’opérer toute distinction fondée sur
l’origine, l’appartenance ou non appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie,
une tribu, une région ou province, à une religion, à une association de fait ou
de droit de quelque nature que ce soit.
b)La qualité de l’auteur
L’agent coupable doit être un militaire ou assimilé, c’est-à-dire les membres
des Forces Armées de la République Démocratique du Congo, les membres de
la Police nationale ou les Bâtisseurs de la République…
c)L’élément moral
L’intention criminelle est à tirer de la volonté libre et éclairée de recherche
d’une prétendue sécurité exigée. Elle est pour soi-même ou pour autrui, fondée
sur des sentiments négatifs vis-à-vis de la victime.

II. Régime répressif

Toute discrimination lorsqu’elle consiste à subordonner la fourniture d’un


bien ou d’un service à une condition fondée sur l’un des éléments visés à
l’article 196 du code pénal militaire est punissable de deux à quatre ans de
servitude pénale370. Il sied de préciser que le régime répressif de l’infraction de
discrimination est identique à celui de l’infraction de clientélisme. Nous
recommandons de s’y référer pour des plus amples détails.

185. Discrimination à l’endroit d’une personne vivant avec le


VIH/Sida
Voir stigmatisation à l’endroit d’une personne vivant avec le VIH/sida, n° 531.

186. Discrimination dans les magasins et autres lieux publics


L’infraction de discrimination dans les magasins et autres lieux publics est
créée par le décret du 13 juin 1960 et l’ordonnance-loi 25-491 du 1er octobre
1959.

369
La discrimination est une incrimination innovante issue de la récente réforme du code
pénal militaire. Elle est un fléau avilissant généralisé et affectant quasiment tous les
secteurs de la vie sociale. Aucun secteur n’est épargné : privé ou public, civil ou militaire.
L’accès à l’emploi et l’exercice effectif de la profession ne sont pas à l’abri de ce mal.
370
Article 198 du code pénal militaire.
Catalogue des infractions 239

a) Actes constitutifs de discrimination


En effet, le maintien, l’aménagement des installations distinctes (à l’instar
des guichets, entrées, comptoirs etc..) réservées à une race ou à une ethnie
déterminée dans les magasins et lieux publics est interdit. Pareil acte est
constitutif d’infraction de discrimination dans les magasins et autres lieux
publics. L’interdiction s’étend également au placement des inscriptions,
dessins ou signes indiquant les installations distinctes prohibées.

b) Quelles sont les pénalités que le législateur a prévues ?


Quiconque procède au maintien, à l’aménagement ou fait maintenir ou
aménager des installations distinctes réservées à une race ou ethnie déterminée
ou place des inscriptions ,dessins ou signes quelconques indiquant ces
installations distinctes visées sera puni. La sanction est une servitude pénale de
deux mois au maximum et une amende ou une de ces peines seulement. S’il y a
récidive, le juge pourra ordonner la fermeture de l’établissement pour une
durée déterminée n’excédant pas deux mois.

187. Dissipation des effets militaires ou des effets de l’Etat


Le droit militaire érige la dissipation (élément constitutif du détournement
en droit commun) en une infraction autonome. Ce qui signifie que l’infraction
de dissipation des effets militaires ou des effets de l’Etat est d’ordre militaire.

I. Eléments constitutifs propres

Une série d’éléments essentiels font établir l’incrimination de dissipation


d’effets militaires.

a)L’élément légal.
L’article 74 du code pénal militaire définit et réprime l’infraction de
dissipation des effets militaires ou des effets de l’Etat.
b)Les éléments matériels
Les éléments matériels sont faits d’actes de dissipation et d’objets
susceptibles de dissipation. Dissiper c’est dilapider, gaspiller, prendre en
dépenses, en prodigalités, utiliser abusivement, sans justification, ou à
l’occasion du service des effets appartenant à des militaires, à l‘armée ou à
l’Etat.

c)Les éléments intellectuels.


Le dol général suffit à établir l’infraction dès lors que l’objet protégé ne fait
plus partie du patrimoine de l’armée (ou services apparentés) ou de la puissance
par le fait de l’agent.
240
Catalogue des infractions

II. Régime répressif

Les infractions regroupées à l’article 74 du code pénal militaire


(détournement, dissipation et vol d’effets militaires) sont réprimées de la
servitude pénale principale d’un à dix ans, de la confiscation de l’ensemble des
biens résultats de l’acte délictueux et du renvoi de l’armée. En cas de
condamnation pour vol ou détournement d’effets militaires, peu importe le
taux de la peine, en vue de sauvegarder le patrimoine militaire et de décourager
les délinquants potentiels, le condamné est d’office renvoyé de l’armée ou de
son service.
Toutefois, le renvoi de l’armée ne peut jamais être prononcé ni
appliqué à l’auteur de la dissipation. La peine complémentaire de renvoi de
l’armée heurterait de front la loi.

188. Distillerie clandestine

Pour dire établie en fait comme en droit l’infraction de distillerie


clandestine, il faut la réunion des éléments constitutifs.

I. Eléments constitutifs

Il s’agit principalement de l’élément matériel, sans perdre de vue le


texte incriminateur. L’absence de l’élément intentionnel dans l’ordre des
éléments constitutifs conduit à qualifier l’infraction de distillerie clandestine
d’infraction non intentionnelle.

a)Elément légal
Divers textes de lois répriment la distillerie clandestine. D’un côté
l’ordonnance-loi n°395/Fine du 26 décembre 1942 modifiée par l’ordonnance-
loi n°30 de décembre 1958. De l’autre, l’ordonnance législative n°33/608 du 10
décembre 1959 et l’ordonnance -loi n°68/010 du 06 janvier 1968371 qui a
remplacé les textes antérieurs qu’elle a abrogés. Ce sont là les textes légaux
relatifs à l’infraction de distillerie clandestine.

b) Elément matériel.
La fabrication ou la préparation à des fins commerciales, les débits, la
cession et toutes opérations relatives aux alcools et aux boissons alcooliques
doivent être couverts par une licence ( art. 34). A cet effet, il est interdit le débit
et la consommation sur l’étendue de la République de toutes boissons
alcooliques titrant de plus de 45° (art.36°). C’est sous l’effet de cet article que la

371
Les codes Larcier République Démocratique du Congo, Edition 2003, Larcier-Afrique
Editions, tome V, p.298.
Catalogue des infractions 241

boisson coutumière « lotoko » ne peut être consommée ni débitée d’autant plus


qu’elle contient un degré d’alcool de loin plus élevé que 45°.

II. Poursuites et pénalités

L’article 51 de l’ordonnance-loi n°68/010 du 06 janvier 1968 relative aux


droits de consommation et régime des boissons alcooliques inflige une
servitude pénale de huit jours à un an et l’amende ou une de ces peines. Il y a
ensuite des sanctions administratives telles que la suspension ou le retrait de la
licence, la saisie des alcools, appareils et portions d’appareil de distillation ainsi
que les cuves, vaisseaux et autres machines. La distillerie clandestine est de la
compétence du tribunal de paix. L’action publique de l’infraction de distillerie
clandestine se prescrit dans le délai d’une année.

189. Divagation d’animaux

La divagation d’animaux est le fait pour le propriétaire ou la personne


responsable d’animaux domestiques ou de bétail, de les laisser errer sans
surveillance sur la voie publique ou sur le bien d’autrui, au risque de causer de
la perturbation ou un accident.

I. Eléments constitutifs

Pour exister l’infraction de divagation d’animaux requiert l’existence


des éléments suivants.
a)L’existence des zones urbaines ou des cités
L’infraction de divagation d’animaux est une infraction qui ne se
commet que dans les agglomérations, les zones urbaines ou les cités. C’est-à-
dire que dans les villes et les cités les animaux n’ont droit de cité que sous
certaines conditions.

b)Les animaux concernées


Les animaux domestiques, le bétail ou la volaille (animaux de basse
cour) ne peuvent se déambuler dans les villes et cités sans observer queleques
règles générales tant d’hygiène que de sécurité. Les animaux concernés sont les
bovidés, ovidés, capridés et suidés ainsi que tous las animaux sauvages
apprivoisés, non réputés dangereux ou nuisibles. Toutefois, dans les cités
indigènes des circonscriptions urbaines, l’interdiction ne s’applique aux ovidés,
capridés et suidés que sur décision de l’administrateur du terrirtoire.
c)L’errance sans surveillance
Les animaux en concerne ne peuvent se promener dans les
circonscriptions des villes et cités que sous la surveillance de leur maître et/ ou
gardien. Ceux –ci doivent scrupuleusement respecter les règles d’hygiene et de
242
Catalogue des infractions

sécurité. Les animaux ne doivent mettre ni en péril ni en insécurité la vie


humaine. Les animaux ne doivent non plus être mis en danger par la
négligeance de leurs propriétaire ou gardiens.

d) La voie publique ou dans la propriété d’autrui.


La divagation de animaux est interdite dans les circonscriptions
urbaines sur la voie publique, dans la propriété d’autrui et sur les biens d’autui.
Ils peuvent causer préjudice aussi bein à des personnes qu’aux biens si des
dispositions utiles ne sont pas préalablement prises. Dès qu’ils (animaux) sont
répèreés sous la voie publique ou sur les biens d’autrui alors qu’ils ne sont sous
la garde de leus maîtres et ou gardiens l’infraction se caractérise.

II. De la répression liée à cette infraction

a)Texte de loi, tribunal compétent et prescription


La divagation d’animaux s’enracine dans l’ordonnance n° 54-bis/AGRI
du 05 mai 1936 relative à la divagation des animaux et la détention des animaux
sauvages réputés dangereux ou nuisibles 372. Elle y est définie et assortie des
sanctions. Le propriétaire ou le responsable coupable encourt la servitude
pénale de sept jours maximum et l’amende ou l’une de ces peines seulement.
Le pénalement responsable de l’infraction de divagation d’animaux sera traduit
devant le tribunal de paix. La divagation d’animaux se prescrit dans le délai
d’une année. La personne lésée ainsi que le Ministère public pourront mettre
en mouvement l’action publique.
b)Cas particuliers des animaux domestiques morts
Aux termes de l’article 1er de l’ordonnance-loi du 26 février 1916373
seront punis d’une amende et d’une servitude pénale de un à sept jours ou
d’une de ces peines seulement :
- les propriétaires ou détenteurs d’animaux morts et sans destination
utile, qui auront négligé de les enfouir dans les vingt-quatre heures à un
mètre cinquante centimètres de profondeur, dans leur terrain ou au lieu
qui leur sera désigné par l’autorité territoriale ;
- ceux qui jetteront des bêtes mortes sur les chemins publics ou sur les
propriétés d’autrui, dans un cours d’eau, lac ou étang ;
- ceux qui auront déterré, en totalité ou en partie et n’importe pour quel
usage, des cadavres ou des débris d’animaux.

372
Les codes Larcier, République Démocratique du Congo, tome II, Droit pénal, Larcier-
Afrique Editions 2003, p. 27 ; Code pénal congolais, décret du 30 janvier 1940 tel que
modifié jusqu’au 31 décembre 2009 et ses dispositions complémentaires, 2010, p.179.
373
B.A.C. ,1918, p. 94; Les codes Larcier, République Démocratique du Congo, tome II,
Droit pénal, Larcier-Afrique Editions 2003, p. 27.
Catalogue des infractions 243

190. Divagation des chiens

Le législateur interdit la divagation des chiens dans les circonscriptions


urbaines. En effet, tous les chiens sont à identifier et tout propriétaire doit en
faire la déclaration au bureau de l’administration territoriale le plus proche de
sa résidence. Il faut pour cela, payer une somme et se faire remettre par
l’administration une médaille numérotée. En cas de divagation, l’animal sera
capturé par les soins de l’administration et mis en fourrière. A la fourrière,
l’animal sera nourri et gardé aux frais du propriétaire ou de toute personne
responsable de sa divagation. Si les chiens mis en fourrière ne sont pas
réclamés dans un délai de trois jours, au lieu d’être mis en vente ou abattus ils
pourront être mis à la disposition de tout établissement officiel aux fi ns de
servir à des recherches scientifiques.

L’infraction de divagation des chiens suppose le défaut de prévoyance des


conséquences normalement prévisibles ; qu’un propriétaire connaissant les
allures extravagantes de son chien manque d’en prévoir les conséquences374 .

L’ordonnance du 22 janvier 1918375 relative à la divagation des chiens est


le texte qui définit et réprime la divagation des chiens. L’article 1er de ce texte
légal dispose : « ceux qui, sans qu’il en soit résulté aucun mal ou dommage
auront excité ou n’auront pas retenu leurs chiens, lorsqu’ils attaquent ou
poursuivent les passants seront punis d’une amende et d’une servitude pénale
de un à cinq jours ou d’une de ces peines seulement ».

191. Divulgation des informations secrètes

L’incrimination de divulgation des informations sécrètes concerne en


réalité la divulgation des informations secrètes ou la réception illicite d’un
document ou écrit secret. L’article 150 du code pénal militaire parle de ceux qui
se rendent coupables de divulgation, diffusion ou reproduction des
informations visées ou ceux qui en fournissent les moyens. L’article 151 du
code pénal militaire dispose : « quiconque se fait remettre tout document ou
écrit qui, par sa nature, est secret… ». L’article 11 du décret-loi376 n°001/2002
du 26 janvier 2002 portant organisation générale de la défense et des forces
armées congolaises stipule : « quiconque aura utilisé ou divulgué, tenté d’utiliser
ou de divulguer des renseignements obtenus… ».

374
Ière inst. App. Elis .28 mars 1933, Rev. Jur. 1933. p.206.
375
B.A.C., P.94.
376
Codes Larcier, République Démocratique du Congo, tome VI-I, Droit public et
administratif, volume 1. Droit public, Larcier-Afrique Editions 2003, p. 234.
244
Catalogue des infractions

I. Eléments constitutifs

Pour que l’infraction de divulgation des informations secrètes soit


établie, elle nécessite la réunion de l’élément matériel et moral.
a)Les éléments matériels
Les éléments matériels sont constitués d’actes de divulgation, de
diffusion de publication, de reproduction et de la fourniture des moyens de
réalisation du fait punissable377. Il en est ainsi d’un responsable de radio privée
qui permet à un militaire de diffuser les informations secrètes a travers sa
chaîne, d’un éditeur de journal qui permet la publication de renseignements
secrets, du propriétaire d’une bureautique qui en autorise la production.
L’acte répréhensible, au regard de l’acte 151 du code pénal militaire est
la réception d’un document ou écrit de nature secrète. Les renseignements, les
procédés, les objets, les documents, les données informatisées ou les fichiers
intéressant la défense nationale présentent le caractère de secret de la défense
nationale lorsqu’ils ont fait l’objet de mesures de protection destinées à
restreindre leur diffusion.
b)L’élément moral
L’incrimination de divulgation des informations secrètes nécessite un
élément moral. La divulgation des informations secrètes est une infraction
intentionnelle. L’agent accomplit son acte d’une manière libre et consciente.
Celui qui sait révéler un secret ne peut pas être considéré comme n’ayant pas
l’intention de révéler. S’agissant de l’auteur de l’infraction de l’article 151 du
code pénal militaire, il se fait remettre librement un document ou écrit dont il
connait la nature secrète.

II. Pénalités afférentes

Aux termes de l’article 150 du code pénal militaire seront punis ceux
qui divulguent, diffusent, publient ou reproduisent des informations secrètes,
ceux qui en fournissent les moyens. La peine prévue est de vingt ans de
servitude pénale.
En temps de guerre ou dans une région où l’état de siège ou d’urgence
est proclamé ou à l’occasion d’une opération de police tendant au maintien ou
au rétablissement de l’ordre public, les coupables sont punis de cinq à vingt ans
de servitude pénale. Si les auteurs sont fonctionnaires ou agents de l’autorité ils
subiront un à cinq ans de travaux forcés.

192. Don aux membres des bureaux de vote


Voir élections, n° 199-II,12.

377
Ces actes sont répris in extenso par les articles 150 du code pénal militaire et 11 du
décret-loi du 26 janvier 2002 portant organisation générale de la défense et des forces
armées congolaises.
Catalogue des infractions 245

193. Drogues
I. Considérations générales

Depuis la plus haute Antiquité, l’homme a toujours cherché à accéder


aux « paradis artificiels » pour échapper aux contraintes du quotidien. Il a usé à
cet effet de l’alcool, du tabac, du chanvre à fumer et ses diverses formes
(marijuana, haschisch etc…), de la cocaïne, de l’opium, et des produits de
synthèse comme l’héroïne, dérivé de la morphine, comme les barbituriques et
tranquillisants tels que le valium, le rohypnol souvent appelé chez nous
« roche »378 .
Les drogues (dépresseurs, stimulants, hallucinogènes, les tranquillisants
etc.) peuvent avoir, à certaines doses, une action toxique sur l’organisme,
provoquer des troubles, des lésions, réversibles ou irréversibles, voire
mortelles. Elles peuvent également constituer le mode opératoire des crimes ou
sont le résultat des accidents mais encore déterminer chez l’intoxiqué des
perturbations plus ou moins graves dans le comportement familial et social379 .
En République Démocratique du Congo, ceux qui s’adonnent à la drogue sont
légion et de tous âges. Avec pincement au cœur l’on peut observer sans effort,
voir le spectacle des « colombiens au stade des Martyrs » et des drogués à
Matonge380 : des jeunes et vieux agglutinés aux coins des rues, perdus dans le
paradis artificiel ou commettant des crimes sous impulsion de la drogue ou
abandonnés en pleine journée au sommeil sous l’action du valium ou d’autres
produits consommés généreusement au risque même de leur vie.
L’usage et l’incitation à l’usage des stimulants à l’occasion de
compétitions sportives sont des pratiques dangereuses tendant aujourd’hui à se
développer dans la pratique du sport (dopage sportif). Ces substances destinées
à accroître artificiellement et passagèrement les possibilités physiques sont
susceptibles de nuire à la santé. Le trafic illicite des drogues, l’abus de drogues,
les intoxiqués qui s’administrent la drogue, la possession sans justification
médicale des drogues, la production et le commerce des drogues, la fabrication,
l’exportation, l’importation, la distribution et la détention des drogues au delà
des quantités nécessaires à la médecine et à la recherche scientifique sont des

378
NDELO di PHANZU (Toxicologue et Directeur de laboratoire de toxicologie de
l’Université de Kinshasa). , « La police et la lutte anti-drogue » in, Police et reconstruction
nationale, publications de l’Institut pour la Démocratie et le Leadership Politique, Kinshasa,
1999, p 95.

379
YAMARELLOS (E) KELLENS (G). , Le crime et la criminologie, Marabout université,
197O, p. 234.
380
Sont appelés colombiens au Stade des Martyrs de Kinshasa, les fumeurs de chanvre et
autres drogués. Ils se sont adjugés dans cette installation sportive des places et aires
réservées. Matonge est un quartier populaire de la Commune de Kalamu à Kinshasa,
capitale de la R.D.C.
246
Catalogue des infractions

fléaux. Ils se posent alors l’épineuse question d’empêcher ou de réduire l’abus


de drogues en limitant leur usage aux seules fins légitimes ou en interdisant
toute utilisation. Quel choix faut-il opérer ?

II. Poursuites

L’organisation des Nations Unies a mis sur pied depuis 1961 une
législation internationale sur les stupéfiants. Cette législation est régulièrement
complétée et modifiée. Quant à notre pays, les lois de mise en œuvre n’ont
toujours pas été édictées. La législation et la réglementation existantes au
Congo-Kinshasa ne sont pas à la mesure des attentes et de l’ampleur du
phénomène dévastateur qu’est la drogue. Les textes qui existent sont lacunaires
et inadaptés.

IV. Textes légaux et sanctions

1. L’ordonnance- législative du 22 janvier 1903 approuvée par le décret du 10


mars 1917 ne réprime que le chanvre à fumer. Il est bien certain que
d’autres drogues (stupéfiants et substances psychotropes) ne tombent pas
sous l’application de ce texte évoqué. Les mots « chanvre à fumer » ont
tellement un sens bien précis que ce serait aller à l’encontre du principe de
l’interprétation restrictive des lois en matière pénale que d’appliquer, sous
prétexte d’analogie, ce texte légal à l’opium et ses dérivés (morphine,
héroïne, codéine etc.) ou à toute drogue autre que celle désignée. L’élément
légal ferait sans ambages défaut.
2. L’article 195 du code pénal militaire punit tout militaire ou tout individu qui
dans une installation militaire ou assimilée se rend coupable de culture,
détention, trafic ou commercialisation de la drogue, du chanvre à fumer, des
stupéfiants ou d’autres substances narcotiques. Les sanctions prévues sont
celles applicables pour violation des consignes (trois à dix ans de servitude
pénale principale).
3. L’article 131 de l’ordonnance72-359 portant mesures d’exécution de
l’ordonnance-loi 72-046 du 14 septembre 1972 sur l’exercice de la
pharmacie interdit, sauf autorisation, la production, la transformation,
l’extraction, la préparation, la détention, l’offre, la distribution, le courtage,
l’achat, la vente, l’importation, l’exportation des stupéfiants et d’une manière
générale toutes opérations agricoles, industrielles et commerciales relatives à
ces substances inscrites à la liste « S » (stupéfiants et préparations qui les
contiennent)

IV. Propositions
Catalogue des infractions 247

Le législateur congolais a intérêt à intervenir pour que désormais la


production, la distribution, le commerce, l’usage, la détention en dehors des
buts médicaux et scientifiques soient constitutifs d’infractions. Il devra tenir
compte du fait que les peines actuelles sont dérisoires. Elles sont moins
dissuasives par rapport à l’ampleur et aux conséquences néfastes du
phénomène de la drogue. La répression du trafic et de l’usage des stupéfiants
par des sanctions pénales ne devrait pas néanmoins faire oublier de fournir une
aide sanitaire et d’opter en outre pour une prise en charge psycho-sociale des
intoxiqués.

194. Droit de correction

Traditionnellement la société admet un droit de correction inscrit dans le


cadre de l’éducation. Ce droit s’exerce dans deux domaines tenant à la fonction
éducative : les parents et les enseignants. L’évolution a conduit à une limitation
importante de ce droit. Si donner une gifle à un enfant ou lui tirer les oreilles
semble encore toléré par la loi, le battre avec un fouet, avec la pomme des
mains, avec un coup de poing constitue l’infraction des coups et blessures. Le
droit de correction est d’appréciation fort délicate en matière de coups et
blessures. Il dépend des circonstances de l’espèce relevant du pouvoir
souverain d’appréciation des juges de fond. Nous estimons qu’il y a lieu
d’accepter le principe selon lequel le droit de correction pourrait neutraliser la
responsabilité pénale lorsqu’il y a qualification pénale des violences légères,
sauf si les violences par leur nature ou conséquences dépassent ses limites. La
jurisprudence est quant à ce sans réserve. Le tribunal a jugé que même dans
les cas où il existe, le droit de correction ne peut justifier les coups volontaires
occasionnant des blessures381.
Le droit de correction est légitime dans une action exercée par un
enseignant dans la cour de récréation « lorsqu’elle a comme but de faire cesser,
avec l’autorité physique nécessaire un chahut, une dispute, une bagarre, une
chamaillerie » 382 ou lorsque le père utilise « son pouvoir de direction et de
correction exercé de manière très brève et ponctuelle » 383 . Les corrections
corporelles légères infligées aux enfants par les parents , tuteurs et maîtres,
dans le but de les rappeler à leurs devoirs, ne tombent pas osus l’application de
la loi pénale, ,l’intention d’attenter à la personne d’autrui faisant défaut384.
Il a été jugé que le droit des instituteurs d’infliger des corrections
corporelles à leurs élèves n’est reconnu par aucune loi et ne trouve pas son

381 ère
1 instance Bas-congo, 18 janvier 1907, Jur. Etat, II, p.163.
382
Cour d’Appel de Versailles 16 juin 2003, RSC, 2005,p.87, obs.Veron.
383
Cour d’Appel de Paris 4 mai 2004 et 11 mai 2004, Dr. Pen.2004, comm.
n°158,obs.veron.
384 ère
Boma, 09 octobre 1900, Jur. Etat, I, p.103 ; 1 Instance Léo., 23 janvier 1909, Jur. Etat,
II, p. 299.
248
Catalogue des infractions

fondement dans les principes juridiques dont s’inspire la législation congolaise.


Tout au plus pourrait-on soutenir que l’instituteur échappe à la sanction pénale
à raison de l’absence de dol général ou special385. N’a pas le droit de correction
un européen sur sa concubine386 . On ne peut reconnaître le droit de correction
à toute personne ayant une autorité à exercer sur une autre387. Ainsi n’a pas ce
droit un agent de l’Etat sur ses travailleurs388.
En revanche, la qualification pénale est acquise lorsque le comportement
violent des parents a entraîné des lésions graves traduisant une disproportion
évidente entre le droit éducatif de correction et les violences infligées aux
enfants.

195. Droits intellectuels

Les droits intellectuels font partie des droits patrimoniaux. Ils donnent à
son titulaire une double maîtrise : un droit de nature économique, à une part du
profit procuré par la reproduction de son œuvre, un droit moral à ce que sa
pensée ne soit pas communiquée d’une manière qui la défigure389 .

a) Quels sont les textes légaux ?


En République démocratique du Congo, les textes en matière des droits
intellectuels ont été pendant la colonisation, le décret du 29 octobre 1886,
modifié par l’ordonnance-loi n°122/A.E du 13 mars 1941 ; le décret du 26 avril
1888 ; le décret du 24 avril 1822 et le décret du 21 juin 1948. Cette législation
coloniale a été abrogée par la loi n° 82 -001 du 7 janvier 1982 et l’ordonnance
loi n° 86-033 du 05 avril 1986 portant protection des droits d’auteurs et des
droits voisins 390 .

b) Quelles sont les infractions proprement dites ?


Les infractions en matière des droits intellectuels consistent en
l’usurpation de la paternité d’œuvres ou de biens. Les auteurs de ces infractions
présentent des œuvres comme leur appartenant ou issues de leurs activités
personnelles pour en tirer des bénéfices illicites. Ces infractions se résument
principalement en celles de contrefaçons. La mention du nom de l’auteur ou
d’un signe permettant de l’identifier constitue une présomption de la qualité de
l’auteur mais son absence ne suffit pas pour denier à une personne la
possession du droit d’auteur. Celle-ci peut être établie par toutes voies de droit .

385
Boma, 18 février , Jur. Etat, II, p.218.
386
Boma.18 septembre 1914, Jur. Col.1925, p.161.
387
Boma, 26 octobre 1901, Jur. Etat, I, P.251.
388
Boma, 26 octobre 1901, idem.
389
LUKOMBE NGHENDA. , op. cit . , p. 609.
390
J.O. , 1982, n°2 p.9 et J.O. , 1986, p.31.
Catalogue des infractions 249

196. Duel

Le duel est un combat singulier entre deux personnes. Il se déroule


suivant les conditions déterminées à l’avance et a pour but de vider un
différend391 . La loi punit aussi bien celui qui se sera battu en duel que celui qui
aura provoqué au duel. La provocation au duel consiste dans tout fait
quelconque qui tend à amener l’adversaire sur le terrain pour autant que la
personne à qui la provocation est adressée en soit réellement touchée. Dans ce
cas la sanction sera différente selon que le provocateur l’aura fait par une injure
quelconque ou non.
Le duel est aussi aggravé lorsqu’il y a eu mort d’homme. La mort de
l’adversaire est l’élément caractéristique du duel aggravé. Les témoins et les
arbitres pourront aussi être poursuivis pour non assistance contre une
infraction. En cas de blessures, les duellistes seront passibles des peines
prévues par les articles 46 ou 47 du code pénal392.

I. Eléments constitutifs

Le duel, pour être établi, exige la réunion des divers éléments.


L’incrimination de duel ne sera avérée que s’il existe un élément matériel et un
élément moral.
a)L’élément matériel
Le duel comprend d’abord un acte positif c’est-à-dire un acte certain, réel,
concret et non une abstention. Il comprend ensuite des actes, des coups, des
coups de poings, des coups des pieds, des coups de bâton, etc. caractérisant le
combat ;
b)L’élément moral
L’élément moral comprend la volonté des parties de se livrer au combat, de
se battre en duel . Sans cette volonté de duel, il y a coups et blessures.
c) Les deux auteurs, les duellistes.
Le duel étant le fait pour deux hommes de se battre, selon des conditions
fixées à l’avance pour régler un différend, il y a nécessairement les duellistes.

391
Bruxelles 26/10/1913, Jur Col 1924 p.189 ; Boma, 26 octobre 1913, Jur. Col. 1924,
er
p.189 ; 1 inst. Coq 7 décembre 1950, J.T.O.M. 1952, p.21.
392
Ces dispositions légales sont respectivement relatives aux infractions de coups et
blessures volontaires et de coups et blessures aggravées. Pour l’article 46, les peines sont
d’une part de huit jours à six mois de servitude pénale et d’une amende. D’autre part, en cas
de préméditation, la servitude pénale est d’un mois à deux ans en plus d’une amende. Les
peines de l’article 47 sont la servitude pénale de deux à cinq ans et l’amende.
250
Catalogue des infractions

II. Poursuites

a) Disposition légale et Sanctions


La provocation en duel est punie d’amende (art.63 code pénal livre II).
Celui qui, par injure aura donné lieu à la provocation se verra infliger une
amende (art.64 du code pénal livre II). Aux termes de l’article 65 du code pénal
livre II, celui qui se sera battu en duel encourt un mois à trois ans de servitude
pénale principale et/ou une amende. En cas de duel simple, ces peines
frapperont exclusivement les deux adversaires pour autant que la rencontre se
soit produite. Celui qui dans un duel aura donné la mort à son adversaire sera
passible de trois mois à cinq ans de servitude pénale et d’une amende ou de
l’une de ces peines (art.66 du code pénal livre II).

b) Quelle est l’instance compétente ?


Au regard des peines, le tribunal de paix est la juridiction compétente
matériellement pour connaître de l’infraction de duel.

c) Comment cette infraction se prescrit-elle ?


Lorsque les faits sont punis d’amende ou d’une servitude pénale d’un
an au maximum, l’action publique se prescrit en une année. Par contre, elle se
prescrit en trois ans lorsque les faits sont punis de cinq ans au maximum.

197. Duel aggravé


Voir duel, n° 196.

198. Duel simple


Voir duel, n° 196.
Catalogue des infractions 251

199. Elections
Les opérations électorales comprennent des dispositions pénales créant
des infractions spécifiques. Sous d’autres cieux, ces infractions sont appelées
« délits électoraux ». Ce sont des infractions relatives à l’exercice des droits
civiques. En République Démocratique du Congo, il y a deux catégories
d’infractions électorales. Les infractions susceptibles d’une part d’être
commises lors de la préparation des élections, de l’identification et de
l’enrôlement des seuls congolais en âge (18 ans au moins) de prendre part aux
scrutins, et d’autre part à l’occasion de l’organisation des élections
présidentielles, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales.
Deux lois définissent et répriment les délits électoraux. Il s’agit d’un côté
de la loi n°04/028 du 24 décembre 2004 portant identification et enrôlement
des électeurs en République Démocratique du Congo393 et de l’autre de la loi
n°06/006 du 09 mars 2006 portant organisation des élections présidentielles,
législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales. Ces textes légaux
définissent certains faits, les qualifient d’infractionnels, en fixent et en
déterminent les sanctions. Par contre, la régularité et la sincérité de l’élection
sont garanties par un contrôle juridictionnel exercé suivant le cas, par la cour
suprême de justice, les cours d’appel, les tribunaux de grande instance, les
tribunaux de paix, suivant une procédure gratuite et simplifiée. Il revient au
juge de statuer sur les contestations concernant la recevabilité des candidatures,
les incompatibilités, la campagne électorale, le déroulement des opérations de
vote, de dépouillement et sur le recours mettant en cause le résultat de
l’élection ; bref le contentieux électoral.
Les dispositions pénales, elles, comprennent les infractions en matière de
préparation (identification et enrôlement des électeurs) des élections et les
infractions électorales proprement dites.

I. Infractions à l’occasion de l’identification et de l’enrôlement des


électeurs

1) Défaut de preuve de satisfaction aux obligations


d’identification et d’enrôlement des électeurs (art.52)
Peut commettre l’infraction de l’article 52, le témoin ou l’observateur.
Le témoin dont question doit être celui non désigné par un parti politique, non
accrédité par la commission électorale indépendante et non porteur de sa carte
de témoin.

393
Journal officiel de la République Démocratique du Congo, 45ème année, numéro spécial,
Kinshasa, 27 décembre 2004.
252
Catalogue des infractions

L’observateur concerné est celui non mandaté par une organisation nationale
ou internationale, ou non agrée par la commission électorale indépendante et
non porteur de sa carte d’accréditation. La sanction est d’une servitude pénale
de 30 jours maximum et/ou une amende n’excédant pas 50.000 Francs
Congolais constants.

2) Divulgation des renseignements individuels communiqués à


l’occasion d’opérations d’identification et d’enrôlement (art.50)
Les peines de l’infraction de Révélation du secret professionnel (art.73)
seront infligées à celui qui divulgue ou utilise dans un but autre qu’électoral les
renseignements individuels communiqués.

3) Entrée en armes dans un centre d’inscription (art.46)


L’arme peut être apparente ou cachée. Le coupable encourt une
servitude pénale d’un an à deux ans et une amende ne dépassant pas 100.000
Francs Congolais constants. Ne sont pas ici concernés les membres des Forces
Armées de la République Démocratique du Congo et de la Police Nationale
Congolaise.

4) Faux en écritures en matière électorale (art.45 de la loi citée)


Le faux en écriture en matière électorale est constitué du fait :
- de se faire identifier et enrôler sous un faux nom, sous une fausse qualité ;
- de se faire identifier et enrôler en dissimulant une incapacité prévue par la
loi ;
- de se faire inscrire frauduleusement sur une liste ;
- de se faire inscrire volontairement plus d’une fois.
Le coupable du faux en écriture en matière électorale sera puni des peines
du faux en écritures. La personne qui se fera inscrire volontairement plus d’une
fois sera rayée de toutes les listes électorales précédentes. Le coupable étranger
subira les mêmes peines.

5) Faux portant sur une carte d’électeur (art.49)


Les peines du faux (art.124) devront être appliquées lorsque, dans une
intention frauduleuse, il y a modification ou remplacement d’une carte
d’électeur.

6) Faux témoignage ou faux document à l’occasion d’opérations


d’identification et d’enrôlement (art. 48)
Il s’agit d’un faux témoignage ou d’une livraison d’un faux document
dans le but de conférer la qualité d’électeur à un tiers. L’auteur subira les
pénalités de l’article128 du code pénal livre II (faux témoignage).
Catalogue des infractions 253

7) Incitation à des déclarations fausses ou entraves aux


déclarations requises (art.55)
L’infraction peut se commettre à l’aide des voies de fait, de violence, de
menaces verbales ou écrites, d’intimidations ou faire craindre la perte d’un
emploi, d’une appartenance à une formation politique ou exposer à un
dommage sa personne, son ménage ou ses biens. La servitude pénale de deux
mois à trois ans et/ou d’une amende n’excédant pas 100.000 Francs constants
sont les pénalités prévues par le législateur. Ces infractions sont de la
compétence du Tribunal de paix.

8) Incitation à fausser les informations requises (art.54)


L’acte répréhensible est celui de donner, d’offrir, de recevoir ou de
promettre de l’argent, des valeurs, des biens, des faveurs ou d’autres avantages
en vue de fausser les informations requises. La sanction est de six mois à deux
ans et/ou amende de 100.000 Francs Congolais constants à l’endroit de celui
qui pose pareil acte.

9) Introduction des boissons alcoolisées ou des stupéfiants


dans un centre d’inscription art.47)
Elle est passible de sept jours à trois mois et une amende ne dépassant
pas 25.000 Francs Congolais constants ou une de ces peines.

10) Refus de fournir des renseignements exigés pour les


opérations d’identification et d’enrôlement (art.51)
Est ici concernée la personne qui, de manière directe ou indirecte,
refuse de fournir les renseignements exigés en vue de se faire identifier et
enrôler. Une servitude pénale maximale de 30 jours et/ou une amende
maximale de 25.000 francs Congolais constants sera encourue par le coupable.

11) Refus ou omission d’enregistrer les renseignements requis


(art.53)
Le préposé qui volontairement commet l’infraction de l’article 53 sera
puni d’une servitude pénale. Celle-ci ne dépassera pas deux mois. Le coupable
subira également une amende n’excédant pas 100.000 Francs Congolais
constants. L’auteur du refus ou de l’omission peut donc être puni de la
servitude pénale et de l’amende ou d’une de ces deux peines.

II. Infractions électorales proprement dites

La loi électorale n°06/006 du 09 mars 2006 portant organisation des


élections présidentielles, législatives, provinciales, urbaines, municipales et
locales, en ses articles 79 à 99 est le soubassement légal. Cette loi a été prise, en
application de l’article 5 de la constitution, en vue des élections régulières,
254
Catalogue des infractions

libres et transparentes. Dans la répression des faits infractionnels relatifs aux


opérations électorales, le code pénal congolais livre II demeure d’application
pour ce qui n’est pas repris par la loi du 09 mars 2006.

1) Actes de violence dans un bureau de vote (art88 al4)


L’infraction de l’article 88 alinéa 4 de la loi électorale n°06/006 du 09
mars 2006 se commet à l’occasion de l’usage à l’endroit d’un électeur des
violences en vue de le déterminer à s’abstenir de prendre part au vote ou
d’influencer son choix.
L’infraction est sanctionnée d’une servitude pénale de six mois à cinq
ans et d’une amende de cent mille à cinq cents mille francs congolais constants.
Sont aussi passibles de ces peines, ceux qui, dans le bureau de vote, incitent à
commettre les actes de violence, usent des menaces ou des injures ou des voies
de fait. Il en est de même de ceux qui engagent des individus en vue d’intimider
les électeurs ou de troubler l’ordre avant, pendant ou après le déroulement du
vote. Au regard du taux de la peine, les actes de violence dans un bureau de
vote sont de la compétence du tribunal de paix.

2) Abstention de remplir ses fonctions (art.82)


Le membre du bureau de vote qui, sans motifs légitimes ne remplit pas
les fonctions qui lui sont confiées commet l’infraction d’abstention de remplir
ses fonctions. Il sera puni d’une servitude pénale principale ne dépassant pas
trente jours et d’une amende de cinquante mille à cent mille francs congolais
constants. Le juge a la latitude de ne sanctionner que d’une de ces peines
seulement.

3) Apposition d’empreinte digitale à la place d’autrui (art.97)


Celui qui appose intentionnellement sa signature ou son empreinte
digitale à la place d’autrui ou de la personne dont les noms se trouvent sur les
actes de présentation ou d’acceptation de candidatures est punissable des
peines de faux en écritures.

4) Apposition de signature à la place d’autrui (art.97)


Voir apposition d’empreinte digitale à la place d’autrui.

5) Campagne électorale en dehors de la période légale (art.80)


Se livrer à la campagne électorale en dehors de la période légale est
punissable. La peine est d’une amende de dix mille à cinquante mille francs
congolais constants.
Catalogue des infractions 255

6) Chercher à connaître l’option de vote d’un électeur (art. 85,


point 2)
Quiconque, sur les lieux d’un bureau de vote cherche à connaître
l’option en faveur de laquelle un électeur se propose de voter ou pour laquelle
il a voté s’expose à la rigueur de la loi. Cette dernière prévoit une servitude
pénale principale de sept jours et une amende ne dépassant pas vingt mille
francs constants. Le juge peut se limiter à n’appliquer que l’une de ces peines
seulement. L’électeur qui fait connaître son option de vote ou l’option pour
laquelle il a voté est aussi en infraction. Il pourra subir les mêmes peines.
L’électeur qui apporte assistance à un autre électeur, communique le choix
pour lequel cet électeur a voté ou abuse de la confiance de la personne assistée
en modifiant son vote est poursuivable. Il est sanctionnable d’identiques
peines. Le membre du bureau de vote qui commettrait les mêmes infractions
subira le double de ces peines.

7) Communication du choix d’un électeur (art.85 al2)


Se référer à l’infraction de chercher à connaître l’option de vote d’un
électeur, n° 199, 6).

8) Confiscation des matériels de vote affectés au bureau (art.83)


Voir Destruction du matériel de vote affecté au bureau, n° 199, 11).

9) Contrefaçon des bulletins de vote (art.96)


Contrefaire les bulletins de vote équivaut au faux en écritures. L’acte est
punissable comme tel conformément au code pénal. En plus, il est ajouté une
amende de cent mille à deux cents cinquante mille francs congolais constants.

10) Destruction des bulletins de vote avant la fin des délais de


contestation de l’élection (art. 95al 3).
L’individu qui sciemment, en connaissance de cause, détruit un bulletin
de vote avant la fin des délais de contestation de l’élection ou celui qui falsifie
le relevé du dépouillement ou le procès-verbal des opérations électorales
commet l’infraction. Il subira une servitude pénale principale de cinq ans et une
amende de cent mille à cinq cents mille francs congolais. Il sera, en outre, privé
de ses droits politiques pour une durée de six ans.

11) Destruction du matériel de vote affecté au bureau (art.83)


Le membre du bureau peut revendiquer ses droits. Toutefois, sous ce
prétexte, il ne peut détruire ou confisquer les matériels de vote affectés au
bureau dont il fait partie ou dont il a la charge. S’il contrevient à cette
interdiction, il sera sanctionné de trente jours et d’une amende de cinquante
mille à cent mille francs congolais constants. Le juge peut lui faire subir une de
ces peines uniquement.
256
Catalogue des infractions

12) Don aux membres du bureau de vote (art.87)


Les personnes qui, directement ou indirectement donnent, offrent,
promettent de l’argent, des valeurs, des biens ou des avantages aux membres
d’un bureau de vote et de dépouillement commettent l’infraction. La sanction à
encourir est une servitude pénale principale de six mois à cinq ans et une
amende de cent mille à cinq cents mille francs congolais constants. Les
personnes coupables seront, en outre, privées de leurs droits politiques pour
une durée de six ans. Le membre du bureau de vote qui sollicite ou accepte les
avantages cités ci-haut s’expose au double de ces peines. Dans ce dernier cas,
contrairement à beaucoup d’autres infractions électorales, ces infractions sont
assorties de lourdes peines. En conséquence, le tribunal de grande instance est
la juridiction matériellement compétente.

13) Engagement d’individus pour intimider les électeurs avant,


pendant ou après le déroulement du vote (art.88 al3)
Pour une meilleure appréhension, il sied de consulter l’incrimination
d’actes de violence dans un bureau de vote.

14) Engagement d’individus pour troubler l’ordre avant, pendant


ou après le déroulement du vote (art.88 al3)
Voir actes de violence dans un bureau de vote, n° 199,1) .

15) Entrave à manifestation, rassemblement ou expression


d’opinions pendant la campagne électorale (art.81)
Les droits de manifestation, de rassemblement, ou d’expression
d’opinions sont légalement reconnus. Y porter atteinte pendant la campagne
électorale est constitutif d’infraction. La tentative d’interdiction ou de faire
cesser l’exercice de ces droits est également punissable. Il est prévu à titre de
sanctions une servitude pénale principale de douze mois au maximum et une
amende de cinquante mille à cent mille francs congolais constants.

16) Etat d’ébriété dans le bureau de vote ou de dépouillement


lors des opérations électorales (art.91)
L’infraction d’ébriété dans le bureau de vote ou de dépouillement lors
des opérations électorales concerne les membres de l’organe habilité à
organiser les élections. Le membre du bureau de vote, ou de dépouillement
trouvé ivre dans le bureau de vote ou de dépouillement lors des opérations
électorales commet l’infraction. Il pourra, en conséquence, être puni de quinze
à un an de servitude pénale principale et d’une amende de cinquante mille à
cent mille francs congolais constants. Celui qui introduit des boissons
alcoolisées ou des stupéfiants dans un bureau de vote est réprimé des mêmes
peines. La tentative d’introduction des boissons alcoolisées ou des stupéfiants
dans ce lieu est aussi punissable.
Catalogue des infractions 257

17) Facilitation de la fraude au cours de déroulement des


opérations électorales (art.89 al3)
Certaines personnes veulent à tout prix et par tous les moyens gagner
les suffrages. Des candidats véreux peuvent recourir aux services illicites des
membres de la commission chargée d’organiser les élections. Cela peut avoir
lieu au siège de l’organe d’organisation ou dans ses représentations locales.
Celui qui soustrait des bulletins ou pose des actes susceptibles de fausser les
résultats du vote encourt une servitude pénale principale de six mois à cinq ans
et d’une amende de cent mille à cinq cents mille francs congolais. Le cadre ou
l’agent qui s’adonne à cette facilitation sera puni des mêmes peines. Il est, en
outre, puni de la déchéance de ses droits politiques pendant une période de six
ans.

18) Faire connaître son option de vote (art.85 point1.


Cfr chercher à connaître l’option de vote d’un électeur, n° 199, 6).

19) Falsification du procès-verbal des opérations électorales


(art.95 al 2)
Voir Destruction d’un bulletin de vote avant la fin des délais de
contestation de l’élection, n° 199,10) .

20) Falsification du relevé du dépouillement des opérations


électorales (art. 95 al.2)
Voir Destruction d’un bulletin de vote avant la fin des délais de
contestation de l’élection , n° 199, 10).

21) Imitation des paraphes du président du bureau de vote


(art.93°)
Voir modification des paraphes du président du bureau de vote, n°
199,27).

22) Imitation sur une déclaration de candidature de la signature


d’une autre personne (art.92)
Il est interdit et puni des sanctions pénales l’imitation sur la déclaration
de candidature de la signature d’une autre personne. L’article 92 de la loi
électorale prévoit douze mois à cinq ans de servitude pénale principale. A la
peine de servitude peut s’ajouter une amende ne dépassant pas deux cents mille
francs congolais constants. Toutefois, le juge pourra infliger une de ces peines
seulement.

23) Injures à l’endroit d’un électeur en vue de déterminer son


vote ou son abstention (art.88 al 2)
Voir actes de violences dans le bureau de vote, n° 199, 1).
258
Catalogue des infractions

24) Interruption du déroulement du scrutin (art.84)


Le déroulement du scrutin débute à une heure précise. Le fait, d’un
membre du bureau, sans raison valable de retarder ou d’interrompre le
déroulement du scrutin constitue l’infraction. Cette dernière est punie d’une
amende de vingt mille francs congolais constants au maximum.

25) Introduction des boissons alcoolisées ou des stupéfiants


dans un bureau de vote (art 91)
Voir état d’ébriété dans le bureau de vote, n° 199, 16)..

26) Menaces à l’endroit d’un électeur en vue de déterminer son


vote ou son abstention (art.88 al 2)
Voir actes de violence dans un bureau de vote, n° 199, 1).

27) Modification des paraphes du président du bureau de vote


(art 93 al 3).
Commet une infraction celui qui modifie ou imite les paraphes d’un
président du bureau de vote. Il est punissable de douze mois à cinq ans et
d’une amende de deux cents mille francs congolais.

28) Modification du vote d’un électeur (art.85 al2)


Cfr chercher à connaître l’option de vote d’un électeur, n° 199, 6).

29) Pénétration dans les lieux de dépouillement pendant les


opérations (art.79)
Voir Pénétration dans les lieux de vote pendant les opérations (art.79),
n° 199.30).

30) Pénétration dans les lieux de vote pendant les opérations


(art.79)
L’entrée dans un bureau de vote ou de dépouillement est réglementée.
Elle est réservée aux membres de l’organe chargé des élections, du bureau des
opérations électorales, à l’électeur dans le ressort dudit bureau, au témoin, à
l’observateur, au journaliste accrédité, ou à toute autre personne autorisée par
le président du bureau. Pénétrer dans le bureau sans l’une de ces qualités vaut
expulsion sur ordre du président ou de son délégué.
En cas de résistance ou de récidive, la pénétration dans les lieux de vote
pendant les opérations sera punie. La peine est d’une servitude pénale
principale de dix à trente jours et d’une amende de dix mille à vingt mille francs
congolais constants ou de l’une de ces peines seulement. Un procès-verbal en
sera dressé par le président du bureau de vote ou de dépouillement. Celui-ci le
transmettra à l’autorité judiciaire compétente.
Catalogue des infractions 259

31) Pose des actes en vue de fausser les résultats du vote (art.89
al.2)
Voir Facilitation de la fraude au cours de déroulement des opérations
électorales, n° 199, 17).

32) Promesse d’argent aux membres du bureau de vote (art.87)


Voir Don d’argent aux membres du bureau de vote, n° 199, 12).

33) Représentation d’un candidat sur fausse procuration (art.93


de la loi citée)
Voir imitation des paraphes du président du bureau de vote, n°199, 21).

34) Retard du début du scrutin (art84)


Voir Interruption du déroulement du scrutin, n° 199, 24).

35) Révélation des résultats de vote avant la clôture des


opérations de vote (art.90)
Celui qui révèlera les résultats de vote à des tierces personnes avant la
clôture des opérations de vote commet une infraction. Font exception à cette
règle, les personnes autorisées par la loi électorale ou par le code pénal
ordinaire en matière de secret professionnel. Peuvent être auteurs de
l’infraction, le membre de la commission d’organisation de l’élection concernée
ou son représentant local. La servitude pénale principale à encourir en guise de
peine est de six mois.

36) Souscription d’une déclaration inexacte d’éligibilité (art.98)


De mauvaise foi, celui qui souscrit une déclaration inexacte sur son
éligibilité ou sur sa présence sur une liste commet cette infraction. La sanction
prévue est une servitude pénale principale de six mois à cinq ans et une
amende de trente mille à cinquante mille francs ou l’une de ces peines
seulement.

37) Souscription d’une déclaration inexacte sur sa présence sur


une liste (art.98)
Voir souscription d’une déclaration inexacte d’éligibilité, n° 199, 36).

38) Soustraction des bulletins en vue de fausser les résultats du


vote (art.89 al.2)
Voir Facilitation de la fraude au cours de déroulement des opérations
électorales, n°199,17).
260
Catalogue des infractions

39) Violences à l’endroit d’un électeur en vue de déterminer son


vote ou son abstention (art.88 al 2)
Voir actes de violence dans un bureau de vote, n° 199, 1).

40) Voies de fait à l’endroit d’un électeur en vue de déterminer


son vote ou son abstention (art.88 al 2)
Voir actes de violence dans un bureau de vote, n° 199, 1).

200. Emission de chèque sans provision


Est établie en fait comme en droit l’infraction d’émission de chèque sans
provision à charge de :
- celui qui émet un chèque pour lequel le tiré n’est pas ou est insuffisamment
provisionné au moment de la présentation dans les délais légaux394 ;
- du tireur qui, sauf opposition régulière en cas de perte ou de soustraction
frauduleuse du titre, de faillite du porteur ou de son incapacité de recevoir,
rend indisponible tout ou partie de la provision ;
- celui qui cède un chèque sachant qu’il n’y a pas de provision ou que la
provision est insuffisante ou qu’elle n’est pas disponible.

I. Eléments constitutifs

La commission de l’infraction d’émission de chèque sans provision


exige la réunion des éléments constitutifs.
a)L’émission d’un chèque.
Emettre un chèque c’est avoir mis en circulation un chèque : il a été jugé
que ne constitue pas un chèque, le titre même ainsi qualifié, ne comportant pas
de date ; par conséquent, l’émission d’un pareil titre non provisionné n’est pas
constitutive de l’infraction d’émission de chèque sans provision395 .
b)Absence de provision
Qu’il y ait défaut, insuffisance ou indisponibilité de la provision (fonds en
dépôt) ; il est de jurisprudence qu’est punissable le tireur d’un chèque
insuffisamment provisionné et présenté à l’encaissement le jour même de son
émission, même si le porteur n’a pas respecté le délai de présentation convenu
verbalement avec le tireur396 .
c)Moment de la constatation de l’infraction
Il y a infraction d’émission de chèque sans provision, le jour de la
présentation et non de l’émission du chèque.
394
C.S.J., R.P 16, 10 juillet 1976, B.A. 1977. p.148.

395
Idem
396
Kisangani. , 25 septembre 1969, RJC 1969, 45éme année, p.304.
Catalogue des infractions 261

d)L’élément moral
L’intention frauduleuse n’est pas requise. La simple faute ou la négligence
est suffisante. A titre illustratif, l’erreur commise par le tireur du chèque dans la
tenue de son compte. L’inexistence de la provision ; la provision existe mais ne
permet pas de désintéresser totalement le créancier ; la provision existe et elle
est suffisante mais le payement ne peut s’effectuer à cause d’une saisie arrêt qui
a été pratiquée.
Le délai légal de présentation du chèque varie selon qu’il est émis et
payable en République Démocratique du Congo ou émis à l’étranger et payable
en République Démocratique du Congo. Dans le premier cas, le délai est de
soixante jours. Dans le second cas, le délai est de cent vingt jours. En dehors
de ce délai le bénéficiaire n’exigera plus la provision et conséquemment
l’infraction est inexistante.
Le chèque contient des énonciations obligatoires : la signature, la date, le
lieu de paiement, d’émission et la mention chèque. L’établissement d’un chèque
ne contenant pas ces énonciations est constitutif d’infraction. Un chèque
postdaté, antidaté ou non daté, doit avoir de la provision. Ne constitue pas,
comme dit ci-haut, un chèque, le titre ne comportant pas de date ; en
conséquence pareil titre non provisionné n’est pas constitutif de l’infraction. Il
y a émission de chèque à partir de sa mise en circulation.

II. Poursuites

a)Quel est le texte légal en cas d’émission de chèques sans


provision ?
L’Ordonnance-loi n°68-195 du 3/05/1968 est la base légale de
l’infraction d’émission de chèque sans provision. La volonté du législateur a
paru de sévir, d’infliger de lourdes peines. Et pour cause, le législateur entend
veiller à la bonne sécurité et à la sécurisation des opérations bancaires.

b) Quelles sont les sanctions prévues par le législateur ?


Elles sont de cinq à vingt ans de servitude pénale principale et l’amende
quand l’auteur se procure des fonds en tirant un chèque sur une personne qui
n’existe pas ou qui n’est pas débitrice à l’échéance. Sera sanctionné de cinq à
dix ans l’auteur qui émet un chèque sans provision ou pour lequel la provision
n’est pas disponible.
La peine sera réduite au quart (cinq ans ou deux ans et demi) si le coupable
restitue les sommes à la victime. Le législateur a voulu punir moins sévèrement
le coupable qui désintéresse le porteur du chèque avant la saisine du tribunal397
.

397
L’ordonnance-loi n°68- 195 du 03 mai 1968 sur les chèques sans provision est une
excuse atténuante en faveur du tireur de chèque qui aura désintéressé le porteur avant que
262
Catalogue des infractions

c) Quel est le tribunal compétent et le mode de prescription ?


Le tireur du chèque sans provision est justiciable du tribunal de
commerce. Là où celui-ci n’est pas encore installé, le tribunal de grande
instance demeure compétent. Cela ressort de la compétence dévolue à la
juridiction de commerce par le législateur. Le point de départ de la prescription
court du jour de la présentation du chèque à l’encaissement, c’est-à-dire au
paiement et non du jour de son émission. Le délai est de dix ans. Si l’auteur de
cette infraction subit une servitude pénale de dix ans ou moins, cette peine va
se prescrire au délai double de la peine prononcée, sans être inférieur à deux
ans. Par contre, s’il encourt plus de dix ans, c’est dans le délai de vingt ans
qu’elle sera prescrite.

201. Emploi abusif de patrimoine militaire


L’utilisation ou la gestion non conforme aux règles techniques ou
administratives définies par les lois et règlements d’édifice, d’ouvrage, de
navire, d’aéronef, de véhicule, d’approvisionnement, d’ornement, de matériel
ou d’installation quelconque à l’usage des Forces armées ou concourant à la
défense sont constitutives de l’infraction.

I. Régime répressif

L’infraction d’emploi abusif de patrimoine militaire se trouve définie à


l’article 69 du code pénal militaire. Elle est punie de cinq à dix ans de servitude
pénale. En temps de guerre, la peine est portée à vingt ans de servitude pénale
ou à la peine de mort, si les faits portent des préjudices graves.

II. Eléments constitutifs

a)L’élément matériel.
L’élément matériel est fait de l’emploi abusif de tous les biens susceptibles
de protection légale. L’emploi est abusif lorsque l’utilisation ou la gestion du
bien s’effectue dans l’inobservance des normes techniques ou administratives
connues par les lois et règlements de chacun des biens visés. Les biens ou
objets d’emploi abusif peuvent être des biens meubles ou des biens
immeubles : édifice, ouvrage, navire, aéronef, véhicule, approvisionnements,
ornement, matériel ou toute installation à l’usage des Forces Armées ou
concourant à la défense.
b)Les éléments intellectuels

le tribunal ait été saisi. Dans ce cas, « la peine applicable ne dépassera pas le quart du
maximum de la servitude pénale et de l’amende prévues… (art.3)
Catalogue des infractions 263

Les éléments intellectuels sont caractérisés par l’appartenance à autrui ou à


soi-même du bien visé et par l’intention coupable. Les objets protégés doivent
se trouver à l’usage des Forces armées ou contribuer à la défense : biens loués,
affectés, réquisitionnés à cette double fin. L’agent peut donc se retrouver en
possession de son propre bien mis en location, réquisitionné etc.
c)L’intention coupable.
Le fait d’avoir posé son acte de manière libre et consciente rend l’agent
moralement responsable de l’acte répréhensible, sauf s’il apporte la preuve d’un
vice issu de la fabrication du bien ou de la construction de l’édifice ou encore la
preuve d’un cas de force majeure (accident, calamité naturelle, etc.).

202. Emploi d’effet de commerce tiré sans droit


L’emploi d’effet de commerce tiré sans droit est défini à l’article 1er de
l’ordonnance loi n°68- 195 du 03 mai 1968. Elle consiste à se faire
frauduleusement procurer des fonds, valeurs ou décharges au moyen d’un effet
tiré sur une personne qui n’existe pas ou dont on savait ne pas être sa débitrice
ou ne pas devoir l’être à l’échéance et qui ne l’avait pas autorisé à tirer sur ceci.
Le législateur sévit contre pareil comportement. Il inflige une servitude
pénale de cinq à vingt ans et une amende au coupable(article 1er)398.
Evidemment, l’infraction d’emploi d’effet de commerce tiré sans droit est de la
compétence du tribunal de commerce en vertu de l’article 17 de la loi du 3
juillet 2001 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de
commerce.

203. Emploi de l’emblème de la croix rouge


Le décret du 30 avril 1912399 relatif à la protection de la croix rouge ou
Croix-Rouge de Genève, a en son article 1er, réservé l’emploi de l’emblème de
la croix rouge sur fond blanc et des mots Croix-Rouge au service sanitaire de la
Force publique, ainsi qu’au personnel et au matériel des sociétés qu’y auront
droit en vertu de la convention de Genève du 6 juillet 1906 pour l’amélioration
du sort des blessés et des malades dans les armées en campagne.

a)Infractions proprement dites


1. Est constitutif d’infraction le fait pour une personne donnée qui n’a pas
droit en vertu de la convention du 6 juillet 1906 de se servir de l’emblème
ou de la dénomination de Croix-Rouge ou Croix de Genève.

398
Les codes Larcier, République Démocratique du Congo, tome III, volume I, Droit
commercial, Larcier- Afrique Editions 2003, p. 10.
399
B.O. , 1912, p.526 et Les codes larcier, République Démocratique du Congo, tome II,
Droit pénal, Larcier- Afrique Editions 2003, p. 25.
264
Catalogue des infractions

2. Il en est de même des emblèmes ou de dénominations analogues pouvant


prêter à confusion, soit pour faire appel à la charité publique, soit dans un
but commercial, soit pour toute autre fin.
3. Commet également l’infraction toute personne qui, en temps de guerre,
emploiera, sans y avoir droit, le brassard ou le drapeau de la Croix-Rouge.

b)Sanctions prévues par le législateur


L’article 2 du décret du 30 avril 1912 punit d’une amende qui ne sera
supérieure à 100 francs l’auteur de l’infraction (point 1° et 2°). Les tribunaux
pourront, en outre prononcer la confiscation spéciale des objets marqués
contrairement aux dispositions du Décret.
L’article 3 du même décret prévoit une servitude pénale maximale de trois
mois et une amende maximale de 200 francs pour l’auteur de l’infraction
(point3°).

204. Emploi de prisonniers de guerre

I. Conditions préalables

L’infraction est nommée « emploi de prisonniers de guerre ou de civils


à des fins de protection contre l’ennemi ». Elle est prévue et réprimée par
l’article 172 du code pénal militaire.

II. Eléments constitutifs

Pour que cette infraction soit consommée il faut, outre les éléments
constitutifs proprement dits, l’existence d’un affrontement armé et la
disponibilité de prisonniers de guerre ou de personnes civiles. Les prisonniers
de guerre ainsi que les personnes civiles ne doivent jamais constituer des
objectifs militaires. Le droit international humanitaire protège spécialement les
prisonniers de guerre et les personnes civiles contre les atteintes portées à leur
vie, à leur santé, à leur bien-être physique et mental. Ils sont également
protégés contre les traitements cruels tels que la torture, les mutilations ou
toutes formes de peine corporelle, contre les punitions collectives. L’emploi de
prisonniers de guerre figure parmi les actes constitutifs de crimes de guerre tels
que conçus par l’article 173 du code pénal militaire.
Pour être établie à suffisance de droit, l’incrimination d’emploi des
prisonniers de guerre requiert l’acte prohibé et l’élément moral ou intellectuel.

a)L’acte prohibé
L’acte prohibé consiste à faire des prisonniers de guerre ou des
personnes civiles des objectifs militaires.
Catalogue des infractions 265

b)L’élément moral
L’élément moral dans le chef de son auteur procède de l’intention de
l’agent d’adopter un comportement répréhensible et d’en rechercher les
conséquences. Il procède aussi de la connaissance de la vulnérabilité des
prisonniers de guerre, des personnes civiles concernées et de leur utilisation à
des fins inhumaines indépendamment des effets.

III. Répression
L’agent reconnu coupable de l’emploi de prisonniers de guerre ou de
personnes civiles à des fins de protection contre l’ennemi peut encourir la
peine de servitude pénale principale de quinze à vingt ans. Il peut encourir
également la peine capitale.

205. Emploi des enfants dans les bars et autres


lieux publics
Voir Travail de l’enfant , n°554.

206. Empoisonnement

L’empoisonnement est l’administration volontaire à une autre personne


d’une substance mortelle, avec intention de provoquer la mort de cette
personne400 . La manière dont la substance a été employée ou administrée ne
change pas grand-chose. Il peut s’agir de l’absorption, de l’inoculation, de
l’inspiration, de la piqûre, de l’ingestion d’un breuvage ou d’aliments…

I. Eléments constitutifs

Pour être établie, l’infraction d’empoisonnement requiert l’existence et


la réunion des éléments constitutifs ci-dessous.

a) L’élément légal
L’élément légal se trouve repris à l’article 49 du code pénal livre II.
L’empoisonnement constitue une infraction très actuelle pouvant connaître des
formes modernes très difficiles à identifier(les maladies, les traitements, les
irradiations).

b) L’élément matériel
L’élément matériel se définit par l’emploi ou l’administration des
substances de nature à entraîner la mort. Par « emploi ou administration », il

400
Jean LESUEUR. , op.cit., p.20
266
Catalogue des infractions

faut entendre notamment le fait de faire absorber, faire manger, injecter, faire
consommer ou faire boire des substances mortelles401. Attentat à la vie
d’autrui, l’empoisonnement est constitué par le fait de remettre à la victime,
pour qu’elle absorbe, des médicaments dont on sait que l’association peut
provoquer la mort (Crim., 1993)402 .
Avant la création d’une infraction spécifique et sous réserve de
l’élément tenant à l’intention coupable, le fait d’avoir des relations sexuelles
alors que l’on se savait porteur du virus du sida constituait l’infraction
d’empoisonnement ; la jurisprudence française en son dernier état préfère la
qualification d’administration de substances nuisibles403 . Sous cette même
réserve de l’intention coupable, se pose le problème de la transfusion de sang
contaminé, ou de l’administration d’hormones de croissance.
Il y a empoisonnement chaque fois qu’il y a réunion des faits ci-dessous :
1. Administration à une autre personne d’une substance mortelle. Il faut
exclure l’administration d’un poison à soi-même qui est une modalité du
suicide, non punissable en droit congolais.
2. Une substance mortelle. Il doit s’agir d’une substance reconnue comme
poison et capable de donner la mort : substance toxique ou vénéneuse, des
bacilles ou des virus.
Il faut recourir à l’expert pour la déterminer, à moins que la substance ne
soit reconnue telle dans le lieu de l’infraction. Le juge devra acquitter le
prévenu s’il y a impossibilité matérielle de prouver le caractère toxique de la
substance prétendue administrée pour donner la mort404 .
a) Le poison employé peut tuer à petit feu, lentement, ou bien rapidement. La
quantité employée peut être insuffisante ; l’infraction existe s’il s’agit d’une
substance capable de provoquer la mort.
b) Il suffit que le poison soit mis à la disposition de la victime. Si pour une
raison indépendante de la volonté de l’auteur, la victime n’absorbe pas le
poison, l’agent sera tout de même puni au même titre que l’infraction
consommée (tentative punissable). En cas d’administration d’un poison par
erreur, par maladresse, imprudence, négligence, inattention ou distraction
ou dans l’intention de guérir ou encore par inobservation des règlements, il
n’ya pas infraction d’empoisonnement.

401
Cour d’appel de Kisangani, 20 juillet 1974, in R.J.Z. 1977, p. 74 cité par LIKULIA
BOLONGO., op. cit.,P. 80.
402
Mémento de droit pénal spécial, 14 ème édition 2008, Dalloz, p. 18.
403
Tel n’est pas le cas en droit pénal spécial congolais où le législateur a érigé en infractions
autonomes la contamination d’un enfant du vih/ sida et la transmission délibérée du vih/
sida. Il a sanctionné la transmission délibérée du vih/ sida) sur base de l’article 45 de la loi
n° 08/011 du 4 juillet 2008 portant protection des droits des personnes vivant avec le
vih/sida et des personnes affectées. La peine est de cinq à six ans de servitude pénale
principale et d’une amende de cinq cents mille francs congolais.
404
Kisangani, 26 octobre .1972, RJZ, Janvier-août 1974 n°s 1, 2, p. 45.
Catalogue des infractions 267

Il a été jugé qu’à défaut d’apprécier et d’identifier la nature du produit


consommé ainsi que l’absence d’un examen médical et d’un rapport
d’expertise, l’infraction d’empoisonnement ne sera pas établie405.

c)L’élément moral
L’empoisonnement comporte indiscutablement un élément moral.
L’existence de la volonté de donner la mort ou la connaissance que la
substance administrée peut donner la mort constitue l’élément moral. Il ne doit
donc pas s’agir d’un acte posé par erreur ou imprudence, inattention,
maladresse ou négligence. Il ne doit pas non plus s’agir d’administrer
volontairement de substances nuisibles à la santé mais non mortelles. Il
appartient au ministère public de prouver cet élément moral. L’élément moral
est déduite des circonstances matérielles de la perpétration de l’infraction
notamment de la quantité ou la qualité des substances mortelles406.
1. Le poison administré doit produire son effet à savoir la mort de la victime.
Ce résultat (la mort) est un élément constitutif de l’infraction
d’empoisonnement.
2. Si le résultat ne s’est pas produit par intervention d’un tiers ou de l’agent lui-
même qui administre un contrepoison, un antidote, il sera poursuivi pour
tentative d’empoisonnement.
3. La victime doit être une personne humaine née et vivante. En effet,
administrer un poison à un animal domestique tombe sous le coup de
l’article 114 du code pénal (destruction d’animaux domestiques).
II. Poursuites

L’action publique est mise en mouvement par le Ministère public qu’il y


ait ou non plainte de la partie lésée. Ce qui n’exclut pas la dénonciation par sa
plainte.
a)Quel texte réprime l’empoisonnement ?
L’infraction d’empoisonnement est prévue et réprimée de la peine de
mort par l’article 49 du code pénal livre II. Notons que l’administration des
substances nuisibles de l’article 50 est sanctionnée d’un an à vingt ans de
servitude pénale et d’une amende. Le législateur n’a pas manqué de sanctionner
de la même peine la tentative d’empoisonnement. Le tribunal de grande
instance est compétent matériellement pour juger les infractions
d’empoisonnement et d’administration des substances nuisibles. Le délai de
prescription de l’action publique relative à l’infraction d’empoisonnement est

405
Tribunal de grande instance d’Uvira, siège secondaire de Kavumu, RP 1818/Flag, 23
juillet 2004, inédit.
406
LIKULIA BOLONGO., op cit . ,p. 80.
268
Catalogue des infractions

de dix ans. Quant à la peine de mort, dont est puni l’auteur de


l’empoisonnement, elle est imprescriptible.
b) Conséquences quant au moment où l’infraction est commise
L’infraction d’empoisonnement est consommée par le fait de tuer avec
une substance mortelle, par le fait d’administrer celle-ci. Donc faire absorber la
substance n’est pas une simple tentative. La tentative se place à un stade
antérieur (par exemple présenter des mets empoisonnés ; mais la fabrication du
poison n’est qu’un acte préparatoire). Si la mort survient malgré
l’administration d’un contrepoison par le coupable à sa victime cela n’est qu’un
repentir actif tardif, intervenant après consommation de l’infraction, donc sans
effet sur l’infraction elle-même. Si la mort ne s’est pas produite par suite de
l’intervention d’un tiers et indépendamment de la volonté de l’empoisonneur, il
y a tentative d’empoisonnement.
c)Problème de la substance remise à un tiers chargé de l’administrer
Si le tiers est de bonne foi, l’auteur est le remettant (la remise est un
commencement d’exécution, Crim., 1886). Si le tiers est au courant, il est
l’auteur principal, le remettant étant complice par aide ou assistance (donc le
remettant n’est pas punissable si le tiers se désiste avant d’administrer la
substance, sauf application des règles de la tentative).

207. Empoisonnement des eaux ou des denrées


consommables
L’article 170 du code pénal militaire définit le fait d’empoisonner des eaux
ou des denrées consommables. Les faits définis par le législateur font de cette
infraction une infraction d’ordre militaire. Pour être établie, l’infraction
d’empoisonnement des eaux ou des denrées consommables exige ,avant tout,
des préalables. La consommation de l’infraction est subordonnée à l’existence
d’une situation exceptionnelle et au statut de l’agent. D’une part, en temps de
guerre, d’état de siège ou d’urgence ou d’opération de police et d’autre part,
l’agent concerné est tout membre des forces régulières, tout congolais non
combattant ou encore tout sujet même étranger qui perpètre l’acte. Il ne faut
pas non plus oublier les forces ennemies.

I. Eléments constitutifs

Pour être donc établie, outre ces préalables, l’infraction requiert des
éléments matériels et l’élément moral car une décision judiciaire qui ne
Catalogue des infractions 269

constate pas l’existence des divers éléments de l’infraction retenue par elle,
n’est pas motivée407.

a)Les éléments matériels


Les éléments matériels sont faits d’actes répréhensibles. C’est-à-dire de
l’empoisonnement des eaux potables et des denrées alimentaires et du dépôt,
de l’aspersion ou de l’utilisation des substances qui peuvent donner la mort.
b)Les biens susceptibles de protection.
Il s’agit « des biens indispensables à la survie de la population civile ». Les
eaux en concerne sont soit des eaux à l’état naturel soit des eaux après
purification à l’usine. Les denrées visées par le législateur sont celles propres à
la consommation. Que ces denrées soient crues, cuites ou à un autre état cela
importe peu.
c) L’élément moral.
L’élément moral est une intention homicide. Il est caractérisé par la parfaite
connaissance du caractère de l’acte perpétré et la démarche délibérée et
consciente visant à donner la mort par l’empoisonnement des eaux ou des
denrées consommables.

II. Régime répressif

L’article 170 du code pénal militaire408 dispose que « tout


empoisonnement des eaux ou des denrées consommables, tout dépôt,
aspersion ou utilisation de substances nocives destinées à donner la mort, en
temps de guerre ou sur une région sur laquelle l’état de siège ou d’urgence aura
été proclamé ou à l’occasion d’une opération de police tendant au maintien ou
au rétablissement de l’ordre public, sera puni de mort ». Cette infraction vise à
protéger le droit à la vie inhérent à la personne humaine, l’eau étant la vie, dit-
on.

208. Engagement d’individus pour intimider les


électeurs
Voir élections, n° 199-13.

407
C.S.J., RP 171, 18 mars 1975, Bull. Arrêt, 1976, p. 98.
408
Cette infraction est issue du code pénal militaire comme on peut le constater. Voir Les
codes larcier, République Démocratique du Congo, tome II, Droit pénal, Larcier- Afrique
Editions 2003, p. 57.
270
Catalogue des infractions

209. Enlèvement
Voir arrestation arbitraire , n° 34.

210. Enlèvement ou déplacement des bornes

L’enlèvement ou déplacement des bornes409 est le fait de changer, de


détruire, de supprimer des bornes délimitant une terre légalement occupée sans
autorisation de l’autorité, avec l’intention méchante. Les bornes indiquent les
limites entre des terres légalement occupées.

I. Eléments constitutifs

Les éléments matériels et moral doivent être prouvés pour que


l’infraction d’enlèvement ou déplacement des bornes soit établie.

a)Eléments matériels
1. L’enlèvement, le déplacement, la destruction ou la détérioration d’une
borne;
2. Il doit s’agir d’une borne délimitant des terres légalement occupées par soi-
même ou par autrui : généralement, c’est un bornage cadastral, amiable,
judiciaire, entre parties et indiquant la limite entre les propriétés410 . Les
bornes peuvent consister en pierre, en arbres, en piquets, en piliers etc., peu
importe.
3. La borne enlevée ou détruite doit l’être sans autorisation de l’autorité
compétente (un géomètre du cadastre ou un géomètre arpenteur agrée par
exemple). Peu importe que l’auteur soit ou non propriétaire des terres
légalement occupées. L’agent qui enlève sans autorisation les bornes qui
délimitent les terres qu’il occupe légalement commet l’infraction d’enlèvement
des bornes.

b)Elément moral
L’élément moral est constitué de la volonté de causer préjudice ou
l’intention coupable. Il suffit que l’on agisse sans autorisation valable, et que
soit établi que l’auteur savait que la borne enlevée délimitait légalement des
terres occupées. La dégradation implique nécessairement de la part de l’agent la
volonté de causer un préjudice à autrui.Peu importe l’importance du dommage.
Peu importe aussi le mobile invoqué par l’agent. Ainsi, il a été jugé que
celui qui enlève ou déplace les bornes en prétendant qu’il a un droit de passage
409
Lorsque l’infraction porte sur des signaux géodésiques ou topographiques, les éléments
décrits ici s’appliquent. La différence réside en ce qu’en cas de détérioration l’intention
méchante n’est plus requise pour que l’infraction soit constituée.
410
D’après Mineur, c’est tout signe extérieur planté pour indiquer la limite, op. cit. , p. 270.
Catalogue des infractions 271

commet l’infraction. Il en est de même de celui qui dégrade les bornes des
terres occupées par un voisin à la suite d’une dispute résultant d’un conflit de
parcelles. Tel est aussi le cas de celui qui agit par vengeance. Par contre
dégrader des bornes par simple négligeance ou par défaut de précaution n’est
pas constitutif d’infraction d’enlèvement ou de déplacement des bornes.

II. Poursuites
Si tous les éléments constitutifs de l’infraction de déplacement des
bornes sont réunis, l’auteur sera poursuivi et sanctionné sur base de l’article
115 du code pénal Livre II. La sanction est une servitude pénale de cinq ans au
maximum et une amende ou une de ces peines seulement. Le tribunal de paix
matériellement compétent est susceptible d’infliger ces peines. Il peut les
assortir des circonstances atténuantes selon le cas411. En cas d’autorisation
d’enlèvement des bornes, il n’y a pas infraction. La question demeure celle de
savoir qui doit délivrer cette autorisation. Il semble que c’est le géomètre du
cadastre sur invitation du conservateur des titres fonciers ou un géomètre agrée
qui est habilité à délivrer l’autorisation.
L’action publique de l’enlèvement de borne se prescrit après trois ans. La
peine infligée à l’enleveur des bornes ne sera plus appliquée au délai double de
la condamnation. Toutefois ce délai ne sera pas inférieur à deux ans.

211. Enlèvement des personnes


Voir arrestation arbitraire et détention illégale, n° 34.

212. Enlèvement d’un enfant


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n°467-19.

213. Enlèvement d’un enfant en procédure devant


le tribunal
Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467-20.

214. Enrôlement d’enfants dans les forces, groupes


armés et police
Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467-21.

411
Les circonstances atténuantes sont facultatives et laissées à l’appréciation souveraine du
juge (CSJ.,RP 83, 8 août 1974, Bull. Arrêt 1975, p. 30). Le tribunal peut retenir l’aveu
spontané du prévenu et le fait de l’absence d’antécédent judiciaire. La jurisprudence pose à
cet égard principe que « … dans l’application de la peine, des larges circonstances
atténuantes existent, telles que l’absence d’antécedent connu, la bonne foi manifestée par
la franchise de démarches… »(CSJ.,RP 2, 17, C.R.05 avril 1978, Bull. Arrêt 1979, p.57).
272
Catalogue des infractions

215. Enrôlement non autorisé des militaires


L’article 198 du code pénal ordinaire livre II punit ceux qui auront engagé
ou fait engager ou enrôlé ou fait enrôler des soldats sans ordre ni autorisation
du gouvernement412. Le même article punit le seul fait d’enrôler les soldats
qu’on sait être ou faisant partie de l’armée régulière. Cette infraction requiert
des éléments constitutifs.
I. Les éléments constitutifs

Pour exister, l’infraction d’enrôlement non autorisé des militaires exige des
éléments constitutifs matériel et moral.
a)L’acte matériel de l’enrôlement ou de l’engagement
Usuellement, enrôler , c’est inscrire sur les rôles de l’armée.Faire entrer dans
un groupe. L’acte matériel d’enrôlement d’un militaire est l’incorporation,
l’insertion ou l’intégration d’un militaire.
b)La qualité des personnes enrôlées
Les personnes enrôlées doivent être des militaires ou assimilées .
C)L’élément moral
L’intention criminelle de l’agent doit être prouvée. Il doit s’agir d’incorporer,
d’insérer ou d’intégrer un ou des militaires dans un mouvement dont les
activités sont dirigées contre l’ordre institutionnel en place. Le mouvement a
pour but de porter atteinte à la sûreté de l’Etat ou à la tranquillité publique.
II.Régime répressif
a)Peines prévues
La peine est prévue par l’article 198 du code pénal livre II : « seront
punis d’une servitude pénale de cinq à vingt ans ceux qui auront levé ou fait
lever des troupes armées, engagé ou enrôlé, fait engager ou enrôler des soldats,
ou leur auront fourni des armes ou munitions , sans ordre ni autorisation du
gouvernement ».
b)Cas particulier de l’enrolement par l’ennemi
L’article 190 du code pénal militaire sanctionne tout enrôlement par
l’ennemi ou ses agents. La sanction est la peine capitale. Cet enrôlement est
fait pendant l’existence d’une situation exceptionnelle et d’un ennemi.
L’objectif est d’intégrer les rangs de l’ennemi au détriment des forces ou
services loyalistes et par voie de conséquence au détriment de toute la nation
entière.

412
Voir Les codes larcier, République Démocratique du Congo, tome II, Droit pénal,
Larcier- Afrique Editions 2003, p. 21.
Catalogue des infractions 273

216. Entraînement, embauchage, et détournement


en vue de la débauche ou de la prostitution
I. Eléments constitutifs

Pour que l’infraction d’entraînement, embauchage, et détournement en vue


de la débauche ou de la prostitution soit consommée, il faut des actes
constitutifs.
a)L’acte matériel
L’acte matériel est constitué d’embauchage, d’entraînement et de
détournement c’est-à-dire recrutement, entraînement, enlèvement.
b)Le but de l’acte
L’acte d’embauchage, d’entraînement et de détournement doit être
accompli en vue de la débauche ou de la prostitution.
c)La victime
La victime, peu importe son sexe, doit être âgée de plus dix-huit ans (article
174b-1 du code pénal tel que modifié et complété la loi n°06/018 du 20 juillet
2006). L’âge de la victime est déterminable à défaut d’acte d’état civil par
examen médical, certificat de baptême… L’agent doit avoir cherché à satisfaire
les passions d’autrui. Celui qui satisfait ses propres passions n’est pas
punissable.
d)L’élément moral
L’agent doit avoir eu la conscience de commettre des actes tendant à
favoriser la prostitution, même si la victime est consentante.

II. Régime répressif

a) Quelle est la base légale de cette prévention ?


L’entraînement, l’embauchage et le détournement en vue de la
débauche ou la prostitution est prévu et réprimé par l’article 174b-1 du code
pénal tel que modifié par l’article 3 de la loi n°06/018 du 20 juillet 2006.
L’infraction consiste à embaucher, entraîner ou détourner pour satisfaire les
passions d’autrui, une personne âgée ou apparemment âgée de plus de dix-huit
ans en vue de la débauche ou de la prostitution, même avec son consentement.

b) Quelle est la sanction prévue par le législateur ?


L’article 174b-1 du code pénal tel que modifié par l’article 3 de la loi
n°06/018 du 20 juillet 2006 punit de trois mois à cinq ans et d’une amende
l’auteur de l’infraction d’eentraînement, embauchage, et détournement en vue de
la débauche ou de la prostitution.
274
Catalogue des infractions

217. Entraves à l’activité de l’administration des


mines
Voir Code minier, n° 73-6.

218. Entraves à la liberté des transactions ou


troubles au marché public
L’article 9 de l’ordonnance loi n° 41-398 relative à la police des marchés
publics définit cette infraction. Elle est punie d’amende et d’une servitude
pénale n’excédant pas sept jours ou d’une de ces peines seulement.

219. Entraves à l’exécution des travaux publics


Les entraves à l’exécution des travaux publics est le fait de s’opposer par
voies de fait ou menaces ou par attroupement et violences à l’exécution des
travaux ordonnés ou autorisés par le pouvoir compétent.

I. Eléments constitutifs

L’infraction d’entraves à l’exécution des travaux publics suppose :

a)Les actes matériels.


Il s’agit des actes matériels de voies de fait, de menaces, d’attroupement
et violence.Les définitions de voies de fait, de menaces, d’attroupement et
violence données ailleurs s’appliquent mutatis mutandis ici.
b)Le but poursuivi
Pour que l’infraction d’entraves à l’éxécution des travaux publics soit
caractérisée, le but de l’auteur des faits doit consister à empêcher que soient
exécutés des travaux d’intérêt public.
c)Les travaux publics
L’existence des travaux publics est nécessaire pour la commission de
l’infraction. Les travaux publics sont des travaux, œuvre du pouvoir
(Gouvernement, Province, commune, territoire) ou exécutés en régie ou à
l’entreprise.

L’infraction suppose que le coupable exerce des voies de fait , des menaces ou
des violences en sachant qu’il s’oppose à l’éxécution de travaux publics. Mais, il
a été jugé que les actes répréhensibles imputés au prévenu ne sauraient être
légitimés par l’irrégularité, alléguée ou réelle, des procédures ayant abouti à la
réalisation des travaux413

413
Crim.,30 avril 1974,Bull. n°155.
Catalogue des infractions 275

II. Poursuites

a)Légalité
Le texte de loi est le code pénal livre II en ses articles 141 et 142. Ces
dispositions légales sanctionnent l’auteur des entraves de huit jours à trois
mois de servitude pénale principale et d’une amende ou de l’une des peines
seulement. La peine est appliquée à condition que l’entrave soit accompagnée
des voies de fait ou menaces. En cas d’attroupement ou violences, la peine est
de trois mois à deux ans de servitude pénale et d’amende ou de l’une de ces
peines uniquement.
b)Tribunal et prescription de l’action publique
Les faits d’entraves à l’exécution des travaux publics seront portés
devant le tribunal de paix. L’action publique de l’infraction d’entraves à
l’exécution des travaux publics sera acquise après trois ans. La peine se prescrit
à tout au moins deux ans ou au délai double de la condamnation.

220. Entraves à manifestation pendant la campagne


électorale
Voir élections , n° 199-15.

221. Entraves à une décision de fermeture d’un


établissement du siège, d’une succursale ou
d’une agence pour non immatriculation au
Registre de Commerce
Voir Registre de commerce, n°511-2.

222. Entraves volontaires à l’exercice des fonctions


des agents commissionnés
Voir Prix, n°457-2.

223. Entraves volontaires à l’exercice des fonctions


des agents des affaires économiques
Voir Prix, n°457-2.

224. Entrée en armes dans un centre d’inscription


ou dans un bureau de vote
Voir élections, n° 199-3.
276
Catalogue des infractions

225. Entreprise de démoralisation de l’armée


L’entreprise de démoralisation de l’armée414 est une infraction proche de
la trahison. Elle est prévue et punie par l’article 146 du code pénal militaire.
« Le fait de participer à une entreprise de démoralisation de l’armée en vue de
nuire à la défense nationale est puni de dix à vingt ans de servitude pénale.
Lorsque les faits sont commis en temps de guerre, ils sont punis de mort ».

I. Personnes susceptibles de commettre l’infraction.

Sont visés tout congolais, tout militaire au service du Congo ou tout


individu au service de l’armée qui en temps de guerre aura participé sciemment
à une entreprise de démoralisation de l’armée avec pour but de nuire à la
défense nationale. L’institution de cette infraction a pour but d’atteindre des
propagandes nuisibles à la défense de la Patrie.

II. Eléments constitutifs

Pour être établie, l’infraction d’entreprise de démoralisation de l’armée


suppose que soient réunies quatre conditions.
a)L’existence d’une organisation
Pour que l’infraction d’entreprise de démoralisation de l’armée soit établie, il
faut que soit établie l’existence d’une entreprise, d’une organisation poursuivant
selon un plan concerté un résultat déterminé. Cette organisation peut être
occulte ou non. Le terme « entreprise » exclut l’hypothèse d’actes isolés qui ne
tomberaient par conséquent pas sous l’application de cette prévention.
b)L’objet de l’organisation
Il faut en outre que cette entreprise ait pour objet de nuire à la défense
nationale. Il en sera ainsi de tous actes tendant à diminuer le sentiment
patriotique, la confiance ou la capacité de résistance de l’armée.

c)L’élément moral
L’infraction d’entreprise de démoralisation de l’armée est intentionnelle. Il
faut une intention coupable de la part de l’auteur se définissant par une
participation voulue et consciente de sa part à l’entreprise et à sa mise en
œuvre.

414
Cette incrimination diffère de l’infraction de l’article 59 du code pénél militaire, le
désarmement ou démoralisation de la troupe. Cette infraction elle, consiste pour le militaire
ou assimilé, pendant les circonstances exceptionnelles de désarmer ou de démoraliser la
troupe en répandant la peur ou en causant la panique, le désordre et la confusion.
Catalogue des infractions 277

d)Moment et circonstances de commission


Il faut enfin pour que l’infraction d’entreprise de démoralisation de l’armée
soit établie que les faits se situent soit en temps de paix soit en temps de
guerre.

II.Pénalités

L’infraction d’entreprise de démoralisation de l’armée est assortie des peines


suivantes. En temps de paix la peine de servitude pénale principale de dix à
vingt ans pourra être appliquée. En temps de guerre, chacun des participants à
une entreprise de démoralisation de l’armée pourra être punissable de la peine
capitale.

226. Epreuves superstitieuses commises sur un


enfant
Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 447-22.

227. Epreuves superstitieuses ou pratiques


barbares
Les épreuves superstitieuses415 consistent à soumettre de gré ou de force
une personne à un mal physique réel ou supposé, en vue de déduire des effets
produits, l’imputabilité d’un acte ou d’un événement ou toute autre conclusion
(article 57 du code pénal livre II).

I. Eléments constitutifs

L’infraction d’épreuves superstitieuses ou pratiques barbares existe


lorsqu’il est établi très nettement l’existence de deux éléments constitutifs faits
de la soumission d’une personne à un mal physique et du dessein de tirer des
conclusions du résultat de l’épreuve.
a)L’élément matériel
Il faut la soumission d’une personne à des pratiques, sévices ou souffrances
de toute nature fondées sur la croyance (acte matériel d’épreuves). C’est un mal
physique réel ou supposé car le consentement de la victime ne fait pas
disparaître l’infraction.

415
Les articles 57 à 60 du code pénal distinguent les épreuves superstitieuses simples des
épreuves superstitieuses accompagnées de circonstances aggravantes.Ce qui caractérise
les épreuves superstitieuses aggravées, c’est la réalisation d’une des conséquences
prévues par la loi, à savoir une maldie, une incapacité de travail personnel, la perte de
l’usage absolu d’un organe, une mutilation grave ou la mort.
278
Catalogue des infractions

Les pratiques dont question sont directement exercées sur une personne
humaine. Le mal physique infligé à la personne humaine peut être de nature
très diverse. On peut lui avoir administré du poison, du chamvre à fumer, des
brulures ou des coups etc..
Les pratiques constitutives d’épreuves superstitieuses causent un mal
physique. Elles ont un résultat dommageable sur la personne de la victime. Le
dégré du mal infligé importe peu.
b)L’élément moral
On déduit des effets produits par ces épreuves qu’une personne est
responsable ou non d’un évènement (décès, maladie, malheur, accident etc.) ou
on en déduit une autre conclusion. L’épreuve physique est infligée dans le but
de tirer des conclusions de son résultat : connaître la cachette du produit d’un
vol, le sort d’un disparu, prouver la culpabilité ou l’innocence de quelqu’un etc.
Le consentement de la victime importe peu. Il n’enlève pas le caractère
infractionnel de l’épreuve. Tombe également sous le coup de l’infraction
d’épreuves superstitieuses ou pratiques barbares, le fait par exemple de traiter
publiquement des personnes de sorcières et de faire naître ainsi chez le chef du
village, la résolution de réclamer ou d’ordonner une épreuve superstitieuse416 .
De même a été jugé comme coauteur de l’infraction d’épreuve superstitieuse
« l’indigène qui a accusé un autre de sortilège et l’a défié de boire le poison
d’ordalie417 ».
II.Circonstances aggravantes
Le législateur distingue les épreuves superstitieuses simples des
épreuves superstitieuses aggravées. Les premières n’occasionnent pas de
conséquence grave. Les secondes réalisent une conséquence grave telle que la
maladie, une incapacité de travail, la perte de l’usage absolu d’un organe ou une
mutilation grave. L’épreuve peut avoir causé la mort de la personne qui y était
soumise.

III. Poursuites

Le législateur vise les sorciers, les devins et autres féticheurs sans


scrupules qui abusent des esprits faibles. Le texte qui sanctionne est l’article 57
du code pénal livre II. Les épreuves superstitieuses simples sont punies d’un
mois à deux ans de servitude pénale principale et d’une amende ou d’une de
ces peines.
Les épreuves superstitieuses aggravées sont punies de deux mois à vingt
ans de servitude pénale principale et d’une amende ou d’une de ces peines. La
peine de mort ou peine capitale sera appliquée si les épreuves ont causé la

416 ère
1 Inst. App. Kasaï, 27.1.1951, RPA .1669.
417 ère
1 Inst. Buta ,18.1.1930, RJCB, 1930, p. 217.
Catalogue des infractions 279

mort. Les articles 58 et 60 du code pénal livre II règlent essentiellement les cas
de la participation criminelle en matière d’épreuves superstitieuses et de
pratiques barbares.
L’article 58 dispose : « Sont auteurs ou complices de l’épreuve
superstitieuse visée à l’article 57 ceux qui y ont participé selon les modes
prévus aux articles 21 et 22 du livre 1er du code pénal ». L’article 60 renchérit :
« Sont considérés comme ayant participé à l’épreuve superstitieuse non
constitutive d’infraction visée à l’article 59 ceux qui y ont prêté leur concours
selon les modes prévus aux articles 21 et 22 du livre 1er du code pénal et ceux
qui, de quelque façon que ce soit, ont à dessein fait naître la résolution de
réclamer, d’ordonner ou de pratiquer l’épreuve ». Les épreuves superstitieuses
simples sont de la compétence du tribunal de paix. Les épreuves superstitieuses
aggravées sont de la compétence du tribunal de grande instance. Les premières
se prescrivent après trois ans. Les secondes se prescrivent après dix ans (action
publique). Lorsque la peine est capitale ; elle est alors imprescriptible.

228. Esclavage
L’esclavage défini comme asservissement, oppression, servitude est une
négation de la personnalité de celui qui en est l’objet418 . On peut autrement
définir l’esclavage comme le fait de considérer un être humain comme une
chose sur laquelle on a une puissance absolue et dont on peut disposer. Nos
différentes constitutions ont toujours prohibé l’esclavage car celui-ci est une
pratique avilissante. L’une des constitutions en son article 18 al 2 prescrivait
que nul ne peut être tenu en esclavage, servitude ou dans une condition
analogue 419 .

I Eléments constitutifs

La disposition répressive du code pénal qui prévoit l’esclavage est l’article 68


du livre second. L’infraction d’esclavage suppose d’une part une série
d’éléments matériels et d’autre part un élément moral.
a)Les éléments matériels
Sont constitutifs d’éléments matériels :
1. Le fait d’enlever, d’arrêter ou de détenir une personne en vue de la revendre
comme esclave ;
2. Le fait de vendre comme esclaves des personnes placées sous son autorité.
Toute opération de traite. A bon droit, il a été reconnu par jugement qu’il

418
Général LIKULIA BOLONGO. , op.cit, p.182
419
Constitution de la transition issue de l’Accord global et inclusif sur la transition en
e
République Démocratique du Congo, J.O 44 année, Numéro Spécial 05 avril 2003.
280
Catalogue des infractions

doit s’agir des personnes placées sous la garde du vendeur et sur lesquelles il
exerce une autorité légale420 .
b)L’élément moral
Pour être établie comme infraction d’esclavage, il faut l’intention coupable.
Elle est requise. Dans le chef de celui qui a enlevé, arrêté, détenu ou fait
enlever, arrêter ou détenir une personne pour la vendre comme esclave, il faut
trouver l’intention d’agir sciemment. Par exemple, le fait que l’auteur a agi en
connaissance de cause. Le mobile, l’erreur sur la personne et le consentement
de la victime importent peu. Il convient de relever que le motif de la vente, le
consentement et l’erreur sur la personne n’ont pas d’influence sur la
qualification à retenir.

II. Régime répressif



• Pour réprimer l’esclavage, le législateur renvoie aux dispositions
de l’article 67 du code pénal livre II. Les dispositions relatives aux
circonstances aggravantes des alinéas 2 et 3 de l’article 67 s’appliquent contre
le coupable si la personne arrêtée, enlevée ou détenue pour être vendue comme
esclave a été torturée ou en est morte.
• L’auteur de l’infraction d’esclavage est passible d’une servitude pénale
d’un an à cinq ans. A l’exception du cas qui relève de la compétence du tribunal
de paix les autres cas qui suivent (situations aggravantes) sont de la compétence
du tribunal de grande instance. Les peines sont de cinq à vingt ans en cas de
tortures corporelles, non suivies de mort ; la perpétuité ou châtiment suprême
en cas de mort de la victime.
La victime de l’infraction de l’esclavage dispose d’une action en réparation
du dommage subi. Cette action civile peut être exercée devant le tribunal
répressif comme devant le tribunal civil. Le juge pénal peut accorder d’office
des dommages-intérêts à la partie civile. Quant à la prescription, l’esclavage
sans circonstances aggravantes se prescrit en trois ans, celui avec circonstances
aggravantes en dix ans.

229. Esclavage sexuel


Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude. L’esclavage et la traite des
esclaves sont interdits sous toutes leurs formes. Nul ne peut être tenu en
esclavage ni dans une condition analogue421. L’infraction d’esclavage sexuel422

420
Elis., 23 décembre1913,Jur.Col. 1924. p. 180 ; Elis, 26 mai 1914, Jur. Col.1925 p .29.
421
Article 16 point 3 de la constitution du 18 février 2006.
Catalogue des infractions 281

est une nouvelle forme de violences sexuelles. Comme telle, elle est créée par la
loi n°06/018 du 20 juillet 2006. L’esclavage sexuel est le fait d’exercer l’un ou
l’ensemble des pouvoirs associés au droit de propriété sur une personne. Il
peut s’agir notamment de détenir, d’imposer une privation similaire de liberté,
d’acheter, vendre, prêter, troquer une personne pour des fins sexuelles et de la
contraindre à accomplir un ou plusieurs actes de nature sexuelle.
L’esclavage sexuel est une pratique courante des envahisseurs dans la
partie orientale de la république. Des rebelles font irruption dans les villages et
emportent femmes et filles qu’ils soumettent à l’esclavage sexuel dans leur
rétranchement en forêt.
I.Eléments constitutifs de l’infraction

Pour sa consommation, l’infraction d’esclavage sexuel requiert des


éléments matériels et intellectuels. Au titre d’éléments matériels il y a les points
a et b ci-dessous.
a)L’exercice d’un des droits de propriété sur une personne et la
privation de la liberté.
Les pouvoirs du maître associés au droit de propriété sont notamment
le pouvoir d’usage, de jouissance et de disposition. La réduction de l’humain à
l’état d’une chose dont on peut disposer à volonté.
b)La soumission des victimes à l’accomplissement d’un acte sexuel
Il s’agit de procéder à des actes sexuels ou de nature sexuelle sur la
personne. Des actes dont la réalisation ne vise que le sexe. Astreindre la
personne aux relations sexuelles, naturelles ou contre nature (homosexualité,
zoophilie, attouchements ennuyeux et excessifs des parties intimes). Le lieu
importe peu car ces actes peuvent se commettre à domicile, en forêt ou
ailleurs.
c)L’élément intellectuel fait de la finalité visée et de l’intention
délictueuse.
L’agent exerce l’un des pouvoirs associés au droit de propriété pour des
fins sexuelles. Il y a la contrainte à accomplir un ou plusieurs actes de nature
sexuelle. L’intention délictueuse réside en ce que le coupable connaît le
caractère illégal et illicite de son acte à exercer un des pouvoirs associés au droit
de propriété sur sa victime.

II. Régime répressif

a)Quel est le mode de répression de l’infraction d’esclavage sexuel ?


L’esclavage sexuel comme nouvelle forme de criminalité est rattachée
aux violences sexuelles. Le législateur a particulièrement renforcé la protection

422
Vu la nature complexe de ce crime, il est entendu que sa commission pourrait impliquer
plusieurs auteurs ayant une intention criminelle commune.
282
Catalogue des infractions

des victimes. Il a adapté la peine à la gravité du crime. Il ne fait pas place à des
peines dérisoires. Les règles relatives à la répression sont développées sous
l’intitulé « violences sexuelles ».
b) Quelles sont les pénalités prévues ?
L’article 174 e du code pénal tel que modifié par le texte de loi de 2006
réprime l’esclavage sexuel. Le coupable peut encourir une servitude pénale de
cinq à vingt ans et une amende de deux cent mille francs congolais constants.
La loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 organise l’esclavage sexuel d’un enfant423.
Il est puni d’ une peine allant de dix à vingt ans de servitude pénale principale
et une amende de huit cent mille à un million de francs congolais424.
Lorsque le père ou la mère ou le parâtre ou la marâtre ou toute
personne exerçant l’autorité parentale sur l’enfant est condamné pour cette
infraction, le juge a la faculté de le déchoir de l’autorité parentale (article 184).
c)Quel est le tribunal compétent et comment l’infraction se prescrit-t-
elle ?
L’infraction d’esclavage sexuel est de la compétence du tribunal de
grande instance, une juridiction nationale. Mais faut-il encore qu’elle ne soit pas
constitutive d’un crime contre l’humanité ou d’un crime de génocide pour ne
pas échapper à la juridiction nationale de droit commun. La prescription de
cette infraction est décennale.
L’infraction d’esclavage sexuel est imprescriptible lorsqu’elle constitue un
élément des crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou de crime de
génocide425.

230. Esclavage sexuel d’un enfant


Voir esclavage sexuel et protection pénale de l’enfant., n° 229, 467-23

231. Escroquerie
Selon le dictionnaire Littré, « escroquer » signifie « soustraire par
fourberie ». Cette définition rapproche considérablement cette infraction du
vol. Les formes d’escroquerie sont très diversifiées. L’escroc ne soustrait pas,
ne déplace pas, ne ravit pas la chose d’autrui. Il est rusé et réussit à obtenir, à se
faire remettre la chose par des moyens intellectuels. On peut donc définir
l’escroquerie comme le fait de se faire remettre, volontairement, par le

423
Article 183 de la loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.
424
Notons également qu’à l’article 183 de la loi du 10 janvier 2009 évoquée , il est prévu une
peine allant de dix à vingt ans de servitude pénale principale et une amende de huit cent
mille à un million de francs congolais.
425
Le tribunal pénal international pour le Rwanda, TPIR en sigle dans les affaires Semanza
et Akayezu a retenu l’esclavage sexuel comme élément de crime de génocide . De même,
le tribunal pénal international pour la Yougoslavie, TPIY en sigle l’a retenu comme élément
de crime de guerre dans l’affaire Tapovolki.
Catalogue des infractions 283

détenteur en vue de se les approprier des fonds, décharges, quittances,


obligations, et meubles, en faisant usage de faux noms,de fausses qualités, ou
en employant des manœuvres frauduleuses pour persuader l’existence d’un
pouvoir, d’un crédit imaginaire ou pour faire naître l’espérance ou la crainte
d’un succès, d’un accident, de tout événement chimérique ou encore pour
abuser autrement de la confiance ou de la crédulité426.

I. Eléments constitutifs
L’escroquerie est une infraction complexe mettant en œuvre des
moyens de commission fort divers.
a)L’élément légal
L’article 98 du code pénal livre II incrimine « le fait, soit par l’usage d’un
faux nom ou d’une fausse qualité, soit par l’abus d’une qualité vraie, soit par
l’emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une personne physique ou
morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice d’un tiers » à
effectuer une remise. La définition simplifiée vise le fait de se faire consentir
une remise par des moyens frauduleux.
b)L’élément matériel,
Dans l’élément matériel le mécanisme consiste à utiliser des procédés de
tromperie. Le but est d’induire la victime en erreur et de déterminer ainsi une
remise au préjudice de celle-ci. En effet, l’escroquerie est une infraction de
commission qui requiert l’accomplissement d’un ou plusieurs actes positifs427 .
La nature complexe de l’élément matériel conduit à en étudier plusieurs
éléments distincts.
1.Les moyens de la tromperie
1° L’usage de faux nom et de fausse qualité
L’usage de faux nom.
User d’un faux nom conduit à prendre un nom auquel on n’a pas le
droit. La méthode est indifférente que l’on change de nom ou que l’on se
présente sous le nom d’autrui. Le nom usurpé peut être réel ou imaginaire. Se
faire appeler Nyamulinduka, grand commerçant de renom, pour se faire
consentir un crédit par une banque alors que l’on se nomme Kabazane, un
petit marchand du village est un exemple typique de l’usage de faux nom.
2° L’usage de fausse qualité.
L’usage de fausse qualité suffit pour constituer l’escroquerie. Il ne doit
pas être renforcé par des manœuvres extérieures, mais il doit nécessairement
déterminer la remise. Il est impératif que l’auteur se soit attribué lui-même la
426
Cette définition ressort clairement de la rédaction de l’article 98 du code pénal. Elle est en
outre citée par le professeur LIKULIA BOLONGO. , op.cit. ,p.403.
427
Crim. , 30 avril 2003, Dr.pén.2003, comm. N°19,obs. Veron.
284
Catalogue des infractions

fausse qualité, qu’elle soit totalement inventée ou simplement perdue. L’état


des personnes peut donner lieu à une prise de fausse qualité (se déclarer mère
de soldat décédé à la guerre alors qu’il était déserteur, se présenter faussement
comme ayant des enfants mineurs à sa charge, arguer d’un faux lien de filiation)
La profession donne lieu au plus grand nombre d’illustrations. La
qualification pénale est incontestable lorsque la fausse qualité porte sur des
professions réglementées (prêtre et évêque, médecin ou docteur en médecine,
conseiller financier, militaire) ou sur des titres universitaires ou des personnes
inscrites comme experts, concessionnaire exclusif d’une maison de commerce,
représentant d’un service officiel. Il en est du greffier qui, en vue de se faire
remettre de l’argent, fait usage de la fausse qualité d’envoyé du procureur de la
République et fait croire à son pouvoir d’obtenir auprès de ce dernier la
libération imminente d’un prévenu428 . La jurisprudence a considérablement
étendu le domaine de la fausse qualité en l’appliquant au salarié ou ancien
salarié429 , au chef d’entreprise430 et au chômeur431 . La fausse aptitude
professionnelle peut donner lieu à la qualification pénale432 .
2° L’abus d’une qualité vraie
Ici, il s’agit de sanctionner le fait pour un individu d’abuser d’une qualité
réellement possédée. Cette qualité inspire la confiance et la sincérité, afin de
conférer à ses allégations mensongères une crédibilité de nature à tromper ses
dupes. Les qualités vraies protégées font référence à l’usage de fausse qualité
(prêtre, maire, avocat, conseiller juridique, receveur principal des impôts).C’est
l’usage déloyal de la fonction possédée qui est sanctionnée. Il en est ainsi d’un
agent de la Regideso se faisant remettre de l’argent pour exempter l’abonné du
paiement d’une pénalité, ce qui ne rentre aucunement dans ses attributions.
3° L’emploi de manœuvres frauduleuses.
Les manœuvres frauduleuses doivent avoir pour but de tromper la victime et
de déterminer la remise. Elles sont intrinsèquement un acte exercé dans un but
précis. L’emploi de manœuvres frauduleuses peut se réaliser par la production
d’écrits, la mise en scène ou l’intervention d’un tiers.

La production d’écrits
La production des documents écrits attestant la véracité du
mensonge initial est le moyen le plus fréquent pour commettre l’escroquerie.

428
Kisangani., 20 août1970 –RJC –n°3, 1970,p.285.
429
Crim. , 4 juin 1995, Bull., n°279 ;Crim. 12 décembre 1988, Bull., n°421
430
Crim. , 15 mars 2000, JCP 2000, IV, 2013.
431
Crim. ,30 novembre 1981, Bull., n° 315
432
Crim. , 11 janvier 2006, RSC, 2006, p.598, obs. Fortis.
Catalogue des infractions 285

La nature du document utilisé est indifférente, de même que son origine et le


procédé de falsification employé. Le fait d’utiliser des fausses factures sert à
commettre une escroquerie par l’obtention de prêts ou de crédits auprès
d’organismes financiers trompés par une apparence d’activité ou la production
de bordereaux.
L’escroquerie à l’assurance est constituée par des manœuvres
frauduleuses. Ces manœuvres peuvent porter sur la réalité du sinistre. Tel est le
cas de porter plainte pour un vol de véhicule simulé ou détruit, avec avis de
recherche de la police spéciale de roulage. Elles peuvent également porter sur
l’importance du sinistre. Il en est ainsi de présenter de fausses factures dans le
but d’obtenir des indemnités supérieures à la valeur réelle des objets assurés
disparus ou volontairement détruits. L’escroquerie au jugement est constituée
par la présentation de fausses pièces produites à l’appui d’une action en justice,
forgées par l’agent ou sous sa direction et qui sont destinées à tromper la
religion du juge et à faire condamner son adversaire433 .

La mise en scène
Les termes pour décrire cette manœuvre frauduleuse sont multiples : mise en
scène, machinations, simulations, truquage d’instruments, substitution, trucage,
falsification, arrangement de stratagèmes etc... La mise en scène peut être
simple ou reposer sur un mécanisme plus élaboré (art divinatoire, ou de guérir,
à la charité). Les actes perpétrés doivent être utilisés pour persuader la victime
d’effectuer la remise.
Exemples : se blesser soi-même pour simuler un accident de travail ; les faux
guérisseurs ; le fait pour un chauffeur de taxi de truquer son compteur ; une
personne avec son complice qui se cambriole elle-même pour se faire
indemniser par son assureur.
1. L’existence des fausses entreprises. Le cas des entreprises fausses,
inexistantes, ayant une apparence gonflée ou mensongère ou maintenues
artificiellement en vie peut avoir un effet direct sur l’importance des crédits
bancaires. L’entreprise peut être entièrement (sociétés fictives, projet de
reprise industrielle de pure façade) ou partiellement (des parties essentielles,
des opérations frauduleuses, faire croire à sa prospérité par la distribution
des dividendes fictives) fausse.
2. Le pouvoir ou le crédit imaginaire. Il s’agit des manœuvres tendant à faire
croire à l’existence des biens en vue d’obtenir l’octroi d’un prêt434 . Les
remises alternées de chèques sans provision aboutissant à la création d’une
trésorerie artificielle, caractérisant les manœuvres frauduleuses combinées

433
Crim. , 14 mars 1972, Bull, n°96 ; Crim. 22 mars 19 73, Bull, n° 147.
434
Crim. , 6 juin1902, Bull. n°210.
286
Catalogue des infractions

avec des tiers pour persuader la victime d’un crédit imaginaire, constituent le
délit d’escroquerie435 . Exemple : un commerçant qui présente des bilans
truqués pour vendre son commerce à un bon prix .
3. L’espérance ou la crainte d’un succès, d’un accident ou de tout autre
événement chimérique. Les escroqueries financières reposent toujours sur
l’espérance chimérique d’un excellent rapport du capital placé par les
victimes. Parvenir à se faire consentir par un banquier des avances de fonds
sous prétexte de faire un commerce de grains, et réitérer à chaque
versement l’assurance que l’on a acheté des grains. Les moyens dolosifs
doivent avoir pour résultat ou, au moins, pour but, s’il n’y a eu que
tentative, la remise par la victime de certaines choses.
2. Publicité mensongère pour faire croire à l’existence d’une société fictive :
3. Fausses entreprises de construction escroquant les apports des
souscripteurs ;
4. Par annonces dans les journaux ou communiqués dans la presse, on recrute
un gérant pour une entreprise imaginaire et on réclame aux candidats le
versement d’un cautionnement.

L’intervention d’un tiers


Les escrocs font souvent intervenir un tiers pour fortifier leurs
allégations et donner force et crédit à leurs mensonges dans l’esprit des
victimes. Ce tiers est certificateur car il atteste de l’exactitude des allégations
mensongères. L’intervention du tiers peut être réalisée par écrit, verbalement,
par geste ou simple attitude.
- Un marchand des véhicules. Une tierce personne arrive et fait des
compliments pour la voiture de même marque qu’il dit avoir achetée il y a 5
ans et en achète une autre. Il paie sans hésiter le prix réclamé. Ce qui incite
le témoin de la scène à acheter aussi une de ces voitures qui ne lui donnera
certainement pas la satisfaction promise et qu’il attendait.
L’esprit inventif des escrocs est tellement fertile que l’énumération faite
ne donne qu’un aperçu de la multitude de modes possibles d’escroquerie. Il a,
par exemple, été jugé le fait, pour un greffier ou un avocat, après réception
d’une somme d’argent à devoir remettre à un magistrat, d’entrer dans le bureau
de ce dernier et d’en sortir en faisant croire que l’argent a été remis436 .
Relevons également le cas du policier qui, sous le fallacieux prétexte que la
victime a offensé le chef de l’Etat et outragé le drapeau national, ordonne à un
chauffeur de taxi de la rattraper, l’arrête et puis la relâche moyennant une

435
Crim. , 17 juin1971, RSC 1972, p.121, obs. Bouzat.
436
C.S.J., 23 octobre 1978, RPA. 49,B.A. 1979, p.110 .
Catalogue des infractions 287

somme d’argent437 . Un individu qui avec sa carte d’identité réclame à une


société de télécommunication un numéro de téléphone pourtant appartenant à
son homonyme. En tout état de cause les manœuvres frauduleuses
constitutives de l’escroquerie doivent être de nature à déterminer la confiance
de la personne qu’il s’agit de léser 438
2.La remise
La remise caractérise l’infraction d’escroquerie. Le moment de la remise est
important car il faut établir un lien de cause à effet entre les moyens frauduleux
et la remise. La remise du bien est obligatoirement postérieure à la tromperie
qui doit avoir joué un rôle déterminant. On peut se faire délivrer par la poste,
par un transporteur ou du détenteur à l’agent.

L’objet de la remise
La remise volontaire et consciente constitue un acte positif portant sur une
liste de biens. Ces biens sont limitativement énumérés par le texte légal
d’incrimination. Les biens susceptibles de faire l’objet d’escroquerie sont les
meubles, les fonds (argent) obligations, quittances, décharges, les valeurs et les
biens quelconques. Le mot « fonds » désigne généralement les espèces. Mais il
y a lieu d’assimiler aux espèces les paiements effectués en monnaie scripturale,
quelques que soient les techniques utilisées (chèque, carte bancaire et
virement). Par contre les immeubles, les écrits ne portant pas obligation,
quittance ou décharge comme des simples correspondances ou l’usage d’une
fausse qualité en vue d’un service sont exclus des objets possibles de
l’infraction d’escroquerie. Il a été reconnu par jugement qu’en matière
d’escroquerie, le premier élément constitutif à retenir est la remise d’une chose
mobilière par la personne escroquée439 . A défaut de cette remise, l’infraction
d’escroquerie ne peut être retenue440 . Seuls les immeubles441 sont encore exclus
du champ d’application de l’escroquerie .

Les modalités de la remise


Il n’est pas imposé des modalités ou des bénéficiaires spécifiques de la
remise. La remise de l’objet ne doit pas être nécessairement faite entre les
mains des coauteurs ou des complices de l’escroquerie442 . La remise indirecte
ou effectuée entre les mains d’un tiers caractérise l’infraction à condition d’être
la conséquence de l’utilisation des moyens de la tromperie.

437
Kin., 24 mars 1972, RJZ.,1973, n°2, p.175.
438
Boma, 7 janvier 1913,Jur. Congo 1914-1919 , p.295.
439
Tribunal de paix de Kinshasa/ Gombe, RP 16.733/IV, 2001, Inédit.
440
C.S.J., RP 130, 15 avril 1975, B.A. 1976; p.119.
441
Crim. , 15 juin 1992, Bull. n°235 ; Crim.23 janvier 1997, Bull. n°34 ; D.1999, somm.p.157.
442
Crim. , 6 octobre 1977, Bull, n° 293, Crim, 26 octo bre 1995, Bull. n° 326.
288
Catalogue des infractions

Le préjudice
En absence de tout préjudice, l’un des éléments de l’escroquerie fait
défaut, car elle ne porte pas atteinte à la fortune d’autrui. Le préjudice n’est
plus nécessairement matériel, mais simplement moral, s’analysant comme
l’extorsion du consentement à la remise.

c) L’élément moral.
L’élément moral consiste en ce que l’escroquerie est nécessairement
une infraction intentionnelle. Elle est une infraction caractérisée par la volonté
d’obtenir une remise par l’un des moyens de la tromperie réprimés par la loi.
C’est le but frauduleux de s’approprier la chose d’autrui soit pour soi-même,
soit pour un tiers. L’élément moral se compose nécessairement d’un dol
général caractérisé par la conscience de l’agent d’user d’un des moyens
frauduleux spécifiquement définis, qu’il s’agisse d’un mensonge caractérisé
(l’usage d’une fausse qualité) ou de l’emploi de manœuvres élaborées
(machination ou montage frauduleux). Le mobile est indifférent à la
qualification pénale, conformément aux principes classiques du droit pénal
général. L’escroquerie n’existera pas quand les manœuvres employées l’ont été
pour récupérer une chose dont on est propriétaire. Un tribunal a reconnu que
l’escroquerie suppose l’intention de s’approprier une chose appartenant à
autrui, et non une chose dont on est créancier443 . Il a aussi été jugé que
l’escroquerie suppose l’intention de s’approprier une chose appartenant à
autrui, cette infraction ne sera pas retenue dans le chef de celui qui est créancier
de la chose supposée escroquée444 .
Autres exemples d’escroquerie :
- Le fait de vendre des produits médicamenteux prétendument capables de
donner la puissance sexuelle ;
- Le fait de s’attribuer la qualité de guérisseur et prétendre guérir ou soulager
telle maladie en faisant des invocations, des gestes mystérieux et se faire
ainsi remettre des fonds comme prix de ces consultations ;
- L’exhibition d’un portefeuille ou d’un sac bourré de papiers sans valeur
pour faire croire à une solvabilité imaginaire ; tel est le cas de l’infraction
improprement appelée « vol à l’américaine ».

II Poursuites

L’action publique pour être exercée n’est pas subordonnée à la plainte


de la partie lésée. Elle peut être intentée d’office par le Ministère public, qu’il y
ait eu plainte ou non, que la chose escroquée ait ou non été restituée.

443
Elis. , 5 janvier 1915, Jur. Col. 1925, p.309.
444
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 10096, 28 septembre 2001, Ministère public
et partie civile Selemani Idi falay contre le prévenu Alimasi Mulimbi.
Catalogue des infractions 289

a)Texte et pénalités
L’escroquerie est prévue et punie par l’article 98 du code pénal livre II.
La peine est de trois mois à cinq ans de servitude pénale et d’une amende. La
loi donne au juge la faculté d’infliger soit la servitude pénale soit l’amende.

b)Tribunal compétent et prescription


Matériellement l’escroquerie est une infraction de la compétence du
tribunal de paix. Le délai de prescription de l’action publique court à compter
du jour de la remise ou en cas de tentative, du jour de la dernière demande de
remise (du jour des dernières manœuvres). La prescription en matière
d’escroquerie, ne court que du jour ou la remise des fonds, meubles,
obligations, dispositions, quittances ou décharges a été obtenue par l’emploi du
faux nom, de la fausse qualité ou des manœuvres frauduleuses445 . Les
escroqueries donnant lieu à des remises successives bénéficient d’un report du
point de vue de la prescription. La prescription commence à courir à partir du
dernier versement consommant totalement la remise. La peine, elle, se prescrit
au délai double de la peine prononcée. Mais le délai ne pourra pas être inférieur
à deux ans.

c) La complicité
La complicité est très fréquente en matière d’escroquerie. En effet, la
complicité est comprise dans un des éléments constitutifs qui est la manœuvre
frauduleuse par intervention d’un tiers. Les modes de complicité sont divers :
faux expert, faux acquéreur pour faire monter les enchères, faux garant pour
garantir la solvabilité d’un individu insolvable, organisateur d’une fraude
concertée entre plusieurs participants.

232. Escroquerie au préjudice d’un enfant


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467-24, 232.

233. Espionnage
L’espionnage rappelle la trahison . Les deux infractions relèvent, en effet,
des atteintes à la sûreté extérieure de l’Etat. La distinction entre l’espionnage et
la trahison est pourtant certaine. Cependant, les mêmes faits sont constitutifs
de l’une et l’autre infraction selon que l’auteur est congolais ou étranger. A cet
effet, il a été jugé que la disposition concernant l’espionnage ne peut être
appliquée à un congolais446 . Lorsque les faits décrits en matière de trahison
sont commis par un étranger, l’infraction sera qualifiée d’espionnage.

445
Crim . , 4 janvier 1935, D.P1936 .1.55, note de M.Hamel ; 7 janvier .1944, D.A 1944 ,47
in Dalloz, Code de procédure pénale, code de justice militaire, Paris, Librairie Dalloz 1962,
p.6.
446
Cour de sûreté de l’Etat. , Arrêt R.P. 2448, 07 décembre 2001, inédit.
290
Catalogue des infractions

a)Quelle est la base légale et les sanctions à être infligées ?


Aux termes de l’article 185 du code pénal livre II, le coupable de
l’infraction d’espionnage est puni de mort.

b)Quels sont les éléments constitutifs ?


L’infraction d’espionnage exige la réunion de quatre éléments
constitutifs à savoir primo la nationalité étrangère du prévenu ; secundo le
temps de guerre ; tertio l’élément matériel et quarto l’élément moral.

c) Actes d’espionnage
L’acte matériel tient en des « intelligences » c’est-à-dire nécessairement en
des relations, lesquelles sont susceptibles d’une infinité d’aspects447 . Entretenir
des intelligences c’est entretenir des relations secrètes, nuisibles aux intérêts du
Congo (RDC). Ces relations peuvent se manifester par la fourniture des
renseignements secrets ; tel serait par exemple les renseignements relatifs à la
position de divers corps448 .

234. Etat d’ébriété dans le bureau de vote


Voir élections, n° 199-16.

235. Euthanasie
Etymologiquement, l’euthanasie définit « la mort douce ». Le concept
vient d’eu, signifiant « bien » en grec, et thanatos, faisant référence à la mort.
Mais cette définition est limitée à un moment particulier de la vie d’un individu.
Elle vise exclusivement les cas de maladie incurable en phase terminale, lorsque
la science a atteint ses limites curatives, à l’exclusion du mal-être existentiel ou
des situations dépressives.
L’euthanasie est le fait de provoquer délibérément la mort du malade incurable
pour abréger ses souffrances. L’euthanasie c’est aussi le fait de supprimer les
déficients qui souffrent physiquement ou moralement de leur état. Bien qu’un
mouvement d’opinion de plus en plus grand se développe surtout en Europe
en faveur du « droit de mourir », l’euthanasie est condamnée par la doctrine
dominante, la plupart des législations et des codes de déontologie médicale449 .
Provoquer délibérément la mort d’un malade quelle qu’en soit la motivation est
un acte criminel. La pratique de l’euthanasie est interdite450 .

447
Louis LAMBERT. , Traité de droit pénal spécial, édit. Police- Revue, 1968, p.781.
448
Georges MINEUR. , op. cit. , p. 386.
449
Dr NYABIRUNGU MWENE SONGA. , Responsabilité pénale et civile du médecin en droit
Zaïrois, DES, Kinshasa, 1995, p.39.
450
Art. 19 du code de déontologie médicale, annexe à l’ordonnance n°70/158 du 30 avril
1970 déterminant les règles de la déontologie médicale.
Catalogue des infractions 291

Sera poursuivi pour meurtre, celui qui tue par pitié pour mettre fin à
une agonie accompagnée d’intolérables souffrances fût-ce à la demande de la
victime elle-même et même si la mort est prévisible, prochaine et certaine
(euthanasie)451 . Ainsi donc, juridiquement, l’euthanasie reçoit la qualification de
meurtre, même si elle est inspirée par la pitié, la charité ou l’amour. La
jurisprudence considère que le consentement de la victime à subir l’infraction
n’entraîne pas la disparition de la qualification pénale. La vie est une valeur
absolue, même sa fin douloureuse mérite un accompagnement spécifique, sans
acharnement thérapeutique, conduisant au développement des unités des soins
palliatifs. Le droit a toujours reconnu un droit à la vie, mais jamais un droit à la
mort.

236. Evasion de détenus


L’évasion est l’acte par lequel un individu se soustrait à une mesure de
privation de liberté prise contre lui par l’autorité habilitée (politique,
administrative, officier de police judiciaire, officier du ministère public ou juge
etc.). Le fait de quitter frauduleusement le lieu où on est régulièrement détenu
constitue l’infraction d’évasion de détenus. La loi punit :
1. le détenu qui s’évade ou tente de s’évader d’une maison de détention ou
d’un établissement hospitalier ou sanitaire où il a été transféré ;
2. le détenu employé à l’extérieur d’un établissement pénitentiaire ou qui
bénéficie d’une permission d’en sortir et qui s’évade452 ;
3. la personne qui contrevient à l’obligation de s’éloigner de certains lieux ou
d’une certaine région ou d’habiter dans un lieu déterminé suite à une
décision judiciaire ;
4. les personnes préposées à la conduite ou à la garde des détenus si l’évasion
est arrivée par leur négligence ou de connivence avec eux ;
5. la personne qui, sans être chargée de la conduite ou de la garde des détenus
aura procuré, facilité, tenté de procurer ou tenté de faciliter l’évasion dans le
cas où l’évasion a été réalisée.

I. Eléments constitutifs

L’établissement de l’infraction d’évasion des détenus nécessite la


réunion de plusieurs éléments. Il faut :
a)L’évasion d’une personne en état de détention légale.

451
LIKULIA BOLONGO. , op.cit ., p.57.
452
Le tribunal de grande instance de Kisangani a reconnu établie l’infraction d’évasion de
détenu dans le chef du prevenu Lise Libegele qui s’est soustrait subtilement alors qu’il était
employé en dehors de l’établissement pénitentiaire où il était gardé en détention(RP 10.717,
11 octobre 2004, ,inédit).
292
Catalogue des infractions

Sont considérés tels les condamnés en prison, les inculpés, prévenus ou


accusés détenus provisoirement.
b)L’évasion d’une prison
La prison est un lieu affecté à la garde des détenus et prévenus. Il peut s’agir
de chambre de sûreté d’une caserne, de l’hospice où le détenu malade a été
transporté, au cours d’un transfèrement.
c)Les moyens d’évasion
L’évasion doit avoir eu lieu par bris de prison. Le détenu a détruit ou
démoli l’obstacle matériel qui s’opposait à son évasion. L’évasion a eu lieu par
violence. Le détenu s’est livré à des voies de fait ou à des menaces sur la
personne de ses gardiens. L’évasion s’est produite dans un établissement
sanitaire ou hospitalier.
d)La régularité de la détention et la légalité du lieu de détention.
L’on ne peut parler d’évasion de détenus lorsque le prévenu qui quitte le lieu
de détention a été irrégulièrement gardé. Du reste, il est de jurisprudence de la
Cour Suprême de Justice que « doit être cassé sans renvoi, la décision d’une
juridiction ayant condamné pour évasion sans avoir préalablement vérifié la
régularité de la détention »453. Selon Messieurs Cheveau et Hélie, « il ne peut y
avoir d’infraction donnant lieu à la répression lorsque l’individu qui s’est évadé
n’était pas légalement dans les endroits destinés à cette fin ». les endroits
destinés à la détention sont tous les amigos ou cachots sous le contrôle des
parquets, de toutes autres maisons de détention institués par les lois et
règlements en vigueur.

e) L’élément moral est impérativement requis.


Dans le cas du tiers, auteur de l’évasion, il est requis l’intention de procurer
ou de faciliter l’évasion, alors que dans le chef de l’évadé lui-même, il est exigé
l’intention de se soustraire à l’endroit de détention.
Dans l’hypothèse d’une perpétration de l’évasion par négligence, la
connivence du préposé « dénote une intention criminelle affirmée ». Ne
tomberait pas sous le coup de la loi, l’ouvrier qui, travaillant à l’intérieur d’une
prison, qui oublierait par mégarde une échelle grâce à laquelle un détenu
parviendrait à s’évader, mais il pourrait être poursuivi si cet oubli était
volontaire soit qu’il ait agi de connivence avec un détenu, soit même qu’il ait
agi dans le but de faciliter l’évasion de n’importe quel prisonnier454.

II. Poursuites

453
Laurent MUTATA LUABA., op. cit . , p.582.
454
Georges Mineur cité par Laurent MUTATA LUABA . , op.cit , p.584.
Catalogue des infractions 293

Les articles 161 à 164 du code pénal LII modifié par l’ord-loi n°73/012 du
14/02/1973 punissent l’évasion de détenus. Le directeur de la prison et le
Ministère public ont la charge de déclencher les poursuites.
L’article 161 – cas prévus aux points 1, 2 etc…prévoit la peine d’un an de
servitude pénale principale au maximum. Le tribunal de paix est compétent et
la prescription est d’une année ;
Le cas prévu au point 4 . L’auteur subira un an à six mois servitude pénale
principale en cas de négligence et de six mois à deux ans en cas de connivence
si l’évadé était poursuivi ou condamné du chef d’une infraction punissable de
cinq ans de servitude pénale principale maximum ou s’il avait été mis à la
disposition du gouvernement avec internement. L’auteur sera puni de deux
mois à un an de servitude pénale principale en cas de négligence. En cas de
connivence, il subira deux ans à cinq ans si l’évadé était poursuivi ou condamné
du chef d’une infraction punissable de cinq ans de servitude pénale principale,
des travaux forcés ou de la peine de mort.
Le cas prévu au point 5 . L’auteur sera puni de deux mois à un an de servitude
pénale principale si l’évadé était poursuivi ou condamné du chef d’une infraction
punissable de cinq ans de servitude pénale principale au maximum. La peine sera
de six mois à deux ans de servitude pénale principale si l’évadé était poursuivi ou
condamné du chef d’une infraction punissable de plus de cinq ans de servitude
pénale principale, des travaux forcés ou de la peine de mort. Le cas où l’évasion
a été réalisée ou tentée de l’être avec violences, menaces ou bris de prison, les
personnes qui l’auront favorisée seront punies de deux à cinq ans de servitude
pénale principale. Si celles-ci sont préposées à la garde ou à la conduite des
détenus la peine sera de cinq à dix ans de servitude pénale principale.
Ceux qui auront recelé ou fait receler les personnes qu’ils savaient être
poursuivies ou condamnées du chef d’une infraction punissable de cinq ans de
servitude pénale principale au moins, de mort ou des travaux forcés seront
punis de six mois à deux ans de servitude pénale principale. Les ascendants ou
descendants, époux ou épouse même divorcés, frères et sœurs aux mêmes
degrés sont exemptés dans le dernier cas.

Recel ou prise à son service d’une personne recherchée pour évasion


Aux termes de l’article 186 du code pénal militaire455 celui reconnu
coupable d’avoir sciemment recélé ou pris à son service une personne
recherchée pour évasion sera puni de dix ans au maximum de servitude pénale
et d’une amende qui n’excédera pas dix mille Francs Congolais constants. Il en
est de même d’un pilote qui accepte volontairement de poser son hélicoptère
dans la cour de la prison.
Quel est le délai de prescription des travaux forcés ? Nous faisons remarquer
que ce délai n’est pas fixé. La loi n’a pas encore organisé l’exécution de la peine
des travaux forcés.

455
Anciennement, article 517 du code de justice militaire .
294
Catalogue des infractions

La tentative est punissable. La tentative est punissable même si le projet


d’évasion est peu réaliste.

237. Evasion de détenus ou de prisonniers de


guerre
Les articles 176 – 177 du code pénal militaire456 répriment les évasions de
détenus ou de prisonniers de guerre. On entend par prisonnier de guerre, tout
combattant qui tombe au pouvoir d’une partie ennemi et qui est protégé par le
droit de la guerre.
En dépit des exigences du bénéfice de respect et de dignité en faveur des
prisonniers de guerre , l’évasion du prisonnier de guerre est réprimée au même
titre que celle de tout autre individu, militaire , assimilé ou civil poursuivi ou
reconnu coupable.

I. Eléments constitutifs

Toutes les formes d’évasion, pour être réalisée supposent la réunion des
éléments qui suivent : l’auteur de l’évasion, l’acte incriminé et l’élément moral.
a)L’auteur de l’évasion
L’évasion peut être commise par une tierce personne (chargée ou non
de la garde, de la conduite ou du transport de l’évadé) ou par le détenu lui-
même qui parvient à s’en aller sans assistance extérieure. Dans l’hypothèse de
la tierce personne, il faut envisager le préposé à la garde, à la conduite ou au
transport du détenu. Il peut ainsi s’agir des commandants ou directeurs de
prison, tout militaire ou assimilé servant d’escorte ou garnissant les postes, tout
gardien, geôlier etc.
b)L’acte incriminé
L’évasion suppose un acte matériel, positif ou négatif. Le but est de
s’échapper de l’endroit où l’on est privé de liberté contre son gré (garde à vue,
détention préventive, condamnation).

c)L’élément moral
L’agent doit avoir posé son acte en toute conscience et liberté, et ce, de
manière formelle ou du moins implicite.

456
Autrefois, article 506-507 du code de justice militaire.
Catalogue des infractions 295

II. Régime répressif


a) Les peines à l’endroit des tiers-délinquants
Aux termes du code pénal militaire, les préposés à la garde ou à la
conduite d’un détenu ou prisonnier de guerre poursuivi ou condamné par les
instances judiciaires militaires, seront condamnés à une « peine égale à celle à
raison de laquelle l’évadé était détenu (article 177). En cas de connivence c’est-
à-dire lorsqu’il y a eu entente secrète entre l’évadé et une autre personne
chargée ou non de sa garde, de sa conduite ou de son transport (article 176
alinéa 2), au cas où il y a eu aide à l’évasion consistant en une abstention
volontaire, (article 176 alinéa 3°), en cas de négligence (article 177 alinéa 3 ), en
cas de connivence par corruption à l’endroit des préposés à la garde ou
conduite(article 178 alinéa 2 ) la peine est encourue.
Une peine d’amende de l’ordre de 3.000 à 20.000 francs congolais sera
également prononcée. La connivence par bris de prison ou violence, ceux qui
l’auront favorisé par la fourniture d’instruments à l’opérer encourent le double
de la peine prévue sans qu’elle excède vingt ans (art. 179 alinéa 1er ). Lorsque
l’évasion avec bris ou violence a été favorisée par la transmission d’armes, les
préposés, gardiens et conducteurs qui y ont participé seront sanctionnés de la
peine de mort (article 179 alinéa 2 ).
Au regard de l’article 180 du même code pénal militaire, les participants
à l’évasion d’un détenu ou d’un prisonnier de guerre seront solidairement
condamnés à titre de dommages –intérêts, à tout ce que la partie civile du
détenu aurait eu droit d’obtenir contre lui.

b)Les peines à l’encontre des évadés eux-mêmes


L’évadé a été récupéré après s’être échappé du lieu de détention par bris
de prison ou par violence. Le prévenu peut s’être évadé ou tenté d’évader dans
un établissement sanitaire ou hospitalier, ou lorsqu’il était employé à l’extérieur
de l’établissement pénitentiaire. L’évasion d’un détenu condamné par les
juridictions militaires ou d’un prisonnier de guerre est punie. Les préposés à sa
garde ou conduite seront punis, en cas de négligence à une peine égale à celle
en raison de laquelle l’évadé était détenu ou s’il était détenu préventivement à
celle attachée par la loi à l’inculpation qui motivait la détention sans qu’elle
puisse dans l’un ou l’autre cas excéder vingt ans de servitude pénale ni être
inférieure à six mois de servitude pénale.
Si des détenus sont prévenus ou accusés de crimes pouvant entraîner la
peine de mort ou condamnés à cette peine leurs préposés conducteurs ou
gardiens seront punis de la servitude pénale à perpétuité.
296
Catalogue des infractions

238. Excision457
I. Définition

L’excision est une forme de violences commises sur les enfants,


principalement les mutilations génitales féminines ou d’autres pratiques
traditionnelles nocives. Les mutilations vont de l’intromission de substances
étrangères dans l’orifice vaginal à l’ablation pure et simple de certains organes
génitaux tels le prépuce, le clitoris ou les petites lèvres.

II. Poursuites458

L’excision est poursuivable dans le chef des auteurs et complices sur


base de l’incrimination de coups et blessures prévues à l’article 46 du code
pénal. Elle est punie de huit jours à six mois de servitude pénale
cumulativement ou alternativement à une amende.
L’on retiendra des circonstances aggravantes tenant soit aux conditions
de perpétration (préméditation par exemple) de cette infraction, soit de la
gravité du préjudice causé (maladie ou incapacité de travail personnel, perte de
l’usage absolu d’un organe, mutilation grave). La peine est une servitude pénale
de deux ans à cinq ans et une amende. Les mutilations suivies de mort sont
punies d’une servitude pénale à perpétuité conformément à l’alinéa 2 de l’article
174g du code penal tel que modifié et complete par la loi n°06/018 du 20
juillet 2006 qui réprime la mutilation sexuelle.
L’on retiendra également l’empoisonnement et l’administration des
substances qui peuvent donner la mort ou altérer gravement la santé (article 49
et 50 du code pénal) pour sanctionner ceux ou celles qui auront introduit dans
les organes génitaux des plantes pour les resserrer ou les rétrécir ou qui auront
introduit des substances corrosives. L’article 49 punit l’auteur de
l’empoisonnement de mort. L’article 50 réprime d’un an à vingt ans de
servitude pénale et d’amende, l’agent qui aura administré des substances
nocives. Les parents qui n’auront pas empêché la commission de l’infraction
seront poursuivis pour non assistance à personne en danger (article 66 bis du
CP). Il est de même de ceux qui se seraient abstenus de porter assistance
(article 66 ter) à leur enfant.

457
Certes à l’état actuel de la législation, l’excision n’est pas à proprement parler une
infraction en droit positif congolais. Toutefois, l’organe de la loi n’est pas sans armes légales
pour réprimer ce comportement violent que d’autres législations ont par ailleurs déjà
spécifiquement pénalisé.
458
Voir aussi l’article 174g du code penal tel que modifié et complete par la loi n°06/018 du
20 juillet 2006 qui réprime la mutilation sexuelle.
Catalogue des infractions 297

239. Excitation des mineurs à la débauche


L’excitation des mineurs à la débauche est entendue comme le fait de
favoriser la débauche d’enfants âgés de moins de dix-huit ans, pour satisfaire
les passions d’autrui. Elle est donc une corruption des personnes mineures de
l’un ou l’autre sexe.

I. Eléments constitutifs
L’infraction d’excitation des mineurs à la débauche suppose un acte
matériel favorisant la débauche d’une personne âgée de mois de dix-huit ans
pour satisfaire les passions d’autrui. Elle comprend quatre éléments
constitutifs.
a) Un acte matériel.
Il s’agit d’acte destiné à exciter, stimuler, encourager ou provoquer.
b)La victime.
L’excitation de mineurs à la débauche ne peut avoir pour victime
qu’une personne âgée de moins de dix-huit ans. Le sexe de la victime est
indifférent,car il peut s’agir d’un garçon ou d’une fille. L’état des mœurs
réprochables ou irréprochables importe peu aussi car il peut s’agir
d’un(e)prostitué(e) ou pas.

c)La satisfaction des passions d’autrui .


C’est la stimulation. Georges Mineur évoque le cas de celui qui
recherche de la satisfaction pour soi-même en s’accordant le plaisir de relations
sexuelles sous les yeux d’un mineur459.
d)L’intention coupable.
C’est la conscience qu’a eu l’agent de servir d’intermédiaire pour la
débauche ou la corruption d’un mineur. Peu importe le rôle joué par le mineur.
Le professeur Likulia dit que sera poursuivi celui qui fournit aux mineurs des
préservatifs ou des contraceptifs même à la demande de ceux-ci460.

II. Régime répressif


a)Quel est le texte de loi qui réprime l’infraction ?
La prévention d’excitation des mineurs à la débauche est une marque
des violences sexuelles. Elle est définie et réprimée par le code pénal congolais.
Il s’agit spécialement des articles 172, 173 et 174 de la loi n° 06/018 du 20
juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant code
pénal congolais.
459
Georges Mineur. , op.cit., p. 365.
460
LIKULIA BOLONGO. , op. cit. , p. 359.
298
Catalogue des infractions

b)Quel est le régime juridique ?


L’infraction d’excitation des mineurs à la débauche est sanctionnée aux
termes de l’article 172 susnommé. La peine est une servitude pénale de trois
mois à cinq ans et une amende de cinquante mille francs congolais constants.
Lorsque l’excitation a été commise envers un enfant âgé de moins de dix ans
accomplis, l’auteur encourt, dispose l’article 173 d’une servitude pénale de dix
ans à vingt ans et une amende de cent mille à deux cent mille francs congolais
constants.
Si l’excitation a été commise par le père, la mère ou le tuteur, le
coupable est en outre stipule l’article 174, déchu de l’autorité parentale ou
tutélaire conformément à l’article 319 du code de la famille.

c) Quel est le tribunal compétent et la prescription de l’infraction ?


Le tribunal de paix est compétent pour autant que la peine maximale
est de cinq ans de servitude pénale. Le tribunal de grande instance est
compétent lorsque la peine à infliger est au delà de cinq ans ou lorsqu’elle est la
peine capitale. Les juridictions militaires se conforment à leurs compétences
respectives. La prescription de l’action publique relative à l’infraction
d’excitation des mineurs à la débauche est de droit commun. Elle est
décennale.

240. Exercice du commerce sans être immatriculé


au registre de commerce
Voir Registre de commerce, n°511-3.

241. Exercice du commerce sans remplir les


conditions
Voir Registre de commerce, n° 511-4.

242. Exercice du petit commerce sans patente en


cours de validité
Voir Registre de commerce, n° 551-5.

243. Exercice illégal de l’art de guérir


Ceux qui sont appelés à exercer l’art de guérir doivent posséder, outre des
acquis académiques, des vertus pouvant leur permettre d’accomplir à bien leur
tâche.

I. Eléments constitutifs
Catalogue des infractions 299

L’infraction dexercice illégal de l’art de guérir, pour exister, exige un certain


nombre d’éléments constitutifs.

a)L’acte matériel d’exercice de l’art de guérir .


Cet acte consiste à donner des consultations, poser un diagnostic, prescrire
un médicament, administrer des traitements. Il s’agit de poser un acte de la
fonction de médecin, de dentiste, d’infirmier, d’assistant infirmier, d’agent
sanitaire, d’accoucheuse, d’asistant médical, d’aide infirmier, d’aide
accoucheuse, de gérant de pharmacie et de la droguerie, bref du personnel
médical.

b)La non détention d’un diplôme ou titre reconnu.


La loi détermine les diplômes et les certificats légalement réquis461 :
- le diplôme de docteur en médecine ou le diplôme spécial de médecine
tropical et un certificat d’un stage pour les médecins ;
- le diplôme de dentiste pour les dentistes ;
- le diplôme autorisant à porter le titre, le certificat d’aptitude et un certificat
d’un stage pour les infirmiers ;
- le grade légal d’assistante infirmière ou le diplôme équivalent pour les
asistants(es) infirmiers(ères) ;
- le certificat d’aptitude et le certificat d’un stage pour les agents sanitaires ;
- le diplôme autorisant à porter le titre ou le diplôme équivalent, le certificat
d’aptitude et le certificat d’un stage pour les accoucheuses ;
- le diplôme de pharmacien permettant l’exercice de la profession de gérant
de pharmacie ou un diplôme équivalent.
c)La non inscription au tableau de l’Ordre des Médecins .
Nul ne peut exercer la profession de médecin s’il n’est inscrit au
tableau de l’ordre. Nul ne peut être inscrit au tableau de l’ordre s’il ne possède
les diplômes et certificats légalement réquis pour l’exercice de la profession de
médecin et s’il n’est d’une parfaite moralité462.
d)La volonté de poser des actes médicaux sans habilitation.
La connaissance de ne pas détenir les diplômes et certificats réquis et
l’absence de l’inscription au tableau de l’ordre dans le chef du prévenu rendent
établi l’élément moral.

461
Les textes de loi sont principalement le décret du 19 mars 1952 sur l’exercice de l’art de
guérir, l’ordonnance 71-81 du 19 février 1958 portant exercice de l’art de guérir- conditions
er
et modalités d’application, l’ordonnance-loi n°68-0 70 du 1 mars 1968 créant l’Ordre des
Médecins et l’ordonnance 70-158 du 30 avril 1970 sur le déontologie médicale.
462
Les Codes Larcier République Démocratique du Congo , tome VI, Droit Public et
administratif, Volume 2, Larcier-Afrique Editions 2003, article 6 à 9, p. 404.
300
Catalogue des infractions

II. Poursuites

Deux textes légaux constituent le siège de la matière ; d’un côté le


décret du 19 mars 1952 sur l’exercice de l’art de guérir et de l’autre l’ord-loi
n°68-070 du 1er mars 1968 créant l’Ordre des Médecins. La personne lésée,
l’organe légalement constitué de la profession médicale concernée (Ordre des
Médecins, association des infirmiers…) et le ministère public peuvent mettre
en mouvement l’action publique.

a) Qui peuvent commettre cette infraction ?


Peuvent commettre l’infraction d’exercice illégal de l’art de guérir :
1. La personne qui, sans justifier des conditions requises, exerce l’art de guérir ;
2. Les personnes formées à l’art de guérir qui ne remplissent pas une des
conditions prescrites, à peine de déchéance. Il peut ainsi s’agir des médecins,
chirurgiens et leurs aides, dentistes ; des infirmiers, accoucheuses, garde-
malades, employés de laboratoires d’analyses médicales, masseurs
kinésithérapeutes ; des directeurs d’hôpitaux et d’hospices, de directeurs de
maternités ; des étudiants en médecine, en sciences infirmières.
3. Les guérisseurs appelés aussi tradi-praticiens.

b) Quelles sont les sanctions prévues ?


Aux articles 17 à 20 du décret précité trois mois à deux ans de servitude
pénale et une amende ou l’une des peines (art.17) ; la fermeture temporaire ou
définitive de l’établissement dans lequel l’infraction a été commise(art. 18 al 1) ;
l’interdiction temporaire ou définitive de l’auteur de l’infraction (art. 18 al 3)
sont les sanctions applicables. En cas de violation de l’interdiction, l’auteur de
la violation subit un à six mois de servitude pénale principale et l’amende ou
une de ces peines (art. 18 al 4). En cas de récidive dans le délai de deux ans
après condamnation, les peines prévues peuvent être portées au double
(art.19). Il est en outre prévu la confiscation des substances saisies (art. 20).
Les patrons et employeurs sont responsables du paiement de l’amende
et des frais auxquels sont condamnés les personnes à leur service, à moins
qu’ils ne prouvent qu’ils n’ont pu empêcher l’infraction(article 21).

c)Quel est le tribunal compétent ainsi que les délais de prescription ?


Au regard de la peine prévue par le législateur, matériellement cette
infraction est de la compétence du tribunal de paix. L’action publique, elle, sera
prescrite dans le délai de trois ans. Les peines une fois prononcées mais non
exécutées se prescriront au délai double de celles prononcées sans que ledit
délai soit inférieur à deux ans.

244. Exercice illégal de la pharmacie


Catalogue des infractions 301

La préparation des médicaments est protégée par le législateur463 . Les


préparateurs en pharmacie sont les seuls habilités à préparer tous médicaments,
à manipuler les produits toxiques et les stupéfiants. Nul ne peut exercer la
pharmacie au Congo s’il n’est inscrit au tableau de l’Ordre des Pharmaciens.
Les textes légaux réglementant l’exercice de la pharmacie au Congo sont
l’ordonnance –loi n°72/046 du 14 septembre 1972 sur l’exercice de la
pharmacie, l’ordonnance-loi n°91/018 du 30 mars 1991 portant création d’un
Ordre des Pharmaciens en République du Zaïre et le code de déontologie
pharmaceutique (annexe à l’ordonnance n° 91-018 du 30 mars 1991).

I. Eléments constitutifs

Ne peut être l’auteur de l’infraction d’exercice illégal de la pharmacie et


subir les peines que la personne qui :
- pose des actes de préparateur en pharmacie : elle manipule, rassemble les
produits toxiques, les stupéfiants et autres produits en vue de préparer les
médicaments ;
- pose les actes ci-haut cités sans être détentrice de diplôme ou de titre
approprié ;
- pose lesdits actes sans offrir de garantie de moralité professionnelle ou sans
autorisation ;
- n’est pas inscrite au tableau de l’ordre des pharmaciens.
Tout pharmacien qui aura exercé la profession sans être inscrit au tableau de
l’Ordre des Pharmaciens ou qui l’aura exercé pendant la durée de l’interdiction
temporaire ou définitive sera puni des peines prévues aux articles 17 à 20 du
décret du 19 mars 1952 sur l’art de guérir. Il s’agit notamment d’une servitude
pénale de trois mois à deux ans et d’une amende ou d’une de ces peines
seulement.

II. Poursuites

a)Peines prévues par le législateur


Les articles 13, 14 et 15 de l’ordonnance-loi du 14 septembre 1972 sur
l’exercice de la pharmacie sanctionnent :
- d’une peine d’amende (art. 13) ;
- de la fermeture temporaire ou définitive de l’établissement dans lequel
l’infraction a été commise (art.14 al 1er);

463
Textes légaux réglementant l’exercice de la pharmacie au Zaïre, Copyright. Apharza
1991.
302
Catalogue des infractions

- de l’interdiction temporaire ou définitive de l’auteur de l’infraction (art.14 al


3) ;
- en cas de violation de l’interdiction, d’une servitude pénale de un à six mois
et/ou amende (art.14 al 4) ;
- en cas de récidive dans le délai de deux ans, les peines peuvent être portées
au double (art.15).
b)Tribunal compétent et prescription de l’action publique
Le tribunal compétent et les délais de prescription sont identiques à ceux
repris en matière d’exercice illégal de l’art de guérir.

245. Exhibition sexuelle


L’exhibition sexuelle ou outrage public à la pudeur est une atteinte à la
liberté et à la moralité d’une personne donnée. Elle est atteinte à la liberté et à
la moralité humaine avant d’être une atteinte à l’intégrité. Le but de
l’incrimination de l’outrage public à la pudeur est de protéger autant la moralité
publique que l’intégrité morale d’une personne464 . C’est pourquoi, le
comportement est réprimé même s’il n’y a pas de victime déterminée.

I. Eléments constitutifs

Pour exister l’infraction d’exhibition sexuelle cumule l’élément matériel


et l’élément moral.

a) L’élément matériel
1.L’exhibition sexuelle.
Couramment l’exhibition est assimilée à la présentation, au déploiement, à
l’étalage ou à l’exposition avec une idée d’ostentation ou d’impudeur.
L’exhibition punissable a nécessairement un caractère sexuel. Elle est destinée à
faire naître chez les destinataires une sensation de nature sexuelle, qu’elle soit
de répulsion ou de désir465 . C’est donc montrer tout ou partie de ses parties
sexuelles à la vue du public dans le but de choquer, d’injurier ou d’attirer la
victime. La nudité est un élément nécessaire à la qualification de l’exhibition
sexuelle. Il a été jugé que l’exhibition peut consister soit dans le fait d’exposer
des relations sexuelles au regard des autres, ou bien la nudité466. Autrementdit,
l’exhibitionniste(ou les exhibionnistes, s’il s’agit d’un couple qui a des relations

464
Crim. , 27 octobre 1932, Bull. n°20
465
CA Limoges 13 juin 1975, D.1976, somm., p.17

466
Crim., 04 janvier 2006, cité par Coralie Apmbroise-Castérot.,Droit pénal spécial et des
affaires, Gualino éditeur,Lextenso éditions, Paris 2008, p. 81.
Catalogue des infractions 303

sexuelles sur la plage, par exemple) impose à autrui cette vision. Mais , il faut
encore que cette exhibition s’impose au regard d’autrui pour qu’elle puisse être
réprimée.
2.La publicité.
La publicité imposée à la vue du public. La publicité est un élément
constitutif de l’infraction, car elle détermine l’application de l’incrimination. Le
même comportement dans un endroit intime échappe à la qualification pénale.
La publicité existe lorsque les personnes ont été, involontairement, objets et
témoins des actes obscènes.
3.Le lieu accessible aux regards du public.
L’exhibition sexuelle est toujours punissable lorsqu‘elle se produit dans un
lieu public. Il peut s’agir d’un lieu public, c’est-à-dire accessible à tous, mais
aussi d’un lieu privé(chez soi, toutes fenêtres ouvertes , par exemple), à la
condition que des tiers aient pu être les témoins involontaires de cette
exposition de nudité ou d’actes sexuels467. Mais, par définition un lieu public,
ce sont les rues, les chemins, les sentiers, les jardins publics. Il peut aussi y
avoir exhibition sexuelle dans les endroits clos où il y a permanence humaine.
C’est le cas de celui qui expose ses organes intimes dans une salle de séjour
occupée.

b) L’élément moral
L’exhibition sexuelle se caractérise par la volonté de blesser la pudeur
d’autrui en portant atteinte à sa liberté. Le simple fait de savoir que le lieu est
accessible au public et qu’il existe un risque d’être vue cractérise l’élement
intentionnel.

II. Répression de l’infraction d’exhibition sexuelle

A l’état actuel de notre législation, l’exhibition sexuelle- différente de


l’exhibition sexuelle d’un enfant - est une qualification légale inexistante. Ce
comportement est sanctionné sous la qualification légale de l’outrage public à la
pudeur. Ce qui est sanctionné ce n’est pas l’immoralité mais le fait d’imposer
une exhibition à la vue d’autrui.

246. Exhibition sexuelle d’un enfant


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467-25.

247. Exigence des frais scolaires exorbitants


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467-26.

467
Crim., 12 mai 2004, Bull, crim.,n°119,D.2004, sommp. 2750,obs. Roujou de Boubée,RSC
2004, p. 879, obs. Mayaud.
304
Catalogue des infractions

248. Expérimentation médicale sur un enfant


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467-27.

249. Exploitation des personnes vivant avec le


Vih/Sida
L’infraction, comme dit l’intitulé, consiste à exploiter les personnes vivant
avec le vih/sida. Cette exploitation peut être à des fins de propagande, de
marketing, d’enrichissement. Elle peut également consister à soumettre la
personne vivant avec le vih/sida à toute forme de torture morale ou physique
pour des raisons de pratique religieuse à des fins de guérison.
L’article 44 de la loi n°08/011 du 14 juillet 2008 portant protection des
droits des personnes vivant avec le vih/sida et des personnes affectées réprime
cette infraction. L’exploitation des personnes vivant avec le vih/sida est
sanctionnée par le législateur. La peine est d’une servitude pénale principale
d’un à six mois et d’une amende de cinquante mille francs congolais ou de
l’une de ces peines seulement.

250. Exploitation habituelle de la débauche ou


prostitution
L’exploitation habituelle de la débauche ou prostitution a autrefois été
prévue par l’article 174 bis alinéa 4. Le législateur a modifié et complété en
2006 le code pénal par la loi sur les violences sexuelles468. Ce comportement
illégal relève désormais de l’article 174 b point 4.

I. Eléments constitutifs

1. L’acte matériel est fait d’actes à l’instar de vivre aux dépens d’une personne
qui se livre à la prostitution ; vivre, pour un mari, des produits de la
prostitution de sa femme ; héberger une femme qui se livre à la prostitution
et d’en tirer profit ; demander à sa fille de se livrer à la prostitution ;
2. Le fait de tirer profit de la prostitution d’autrui ;
3. L’habitude d’exploiter la prostitution d’autrui. Le fait d’exploiter une seule
fois la prostitution d’autrui ne suffit pas à constituer cette infraction469 ;
4. Le profit doit provenir de la prostitution ou de la débauche
5. La victime peut être un homme ou une femme ;

468
Il s’agit de la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 30
janvier 1940 portant code pénal congolais.
469
LIKULIA BOLONGO. , op. cit., p.366.
Catalogue des infractions 305

6. Le coupable peut être un homme ou une femme ; tel est le cas d’un père ou
d’une mère qui vit aux dépens de sa fille prostituée
7. L’intention coupable. Elle est réquise. Consciemment, le prévenu doit
connaître l’origine de fonds perçus. N’est pas coupable de l’infraction
d’exploitation habituelle de la débauche ou prostitution, parce que justifié
par l’état de nécessité, un enfant né hors mariage vivant de la prostitution de
sa mère.

II. Régime répressif


L’agent reconnu coupable de l’exploitation habituelle de la débauche est
passible des peines. Celles-ci sont d’une servitude pénale de trois mois à cinq
ans et d’une amende (art. 174 b point 4). L’infraction d’exploitation habituelle
de la débauche ou prostitution est matériellement justiciable du tribunal de
paix.

251. Extorsion
L’extorsion est le fait de se faire remettre ou d’obtenir à l’aide des
violences ou menaces un objet appartenant à autrui ou une signature d’un
document de nature à modifier l’état des biens de la victime. Elle suppose une
remise forcée de la part de la victime par un moyen violent. De façon générale,
les extorsions se définissent comme des procédés illégaux pour obtenir une
contrepartie de la victime.

I. Eléments constitutifs

L’extorsion, infraction intentionnelle, requiert la réunion de deux


éléments matériel et moral..

a) L’élément légal
L’élément légal de l’extorsion consiste en l’article 84 du code pénal livre
II. Celui-ci définit l’extorsion et fixe les peines l’assortissant. La structure de
l’infraction est complexe.
b) L’élément matériel
L’élément matériel de l’infraction d’extorsion est double. L’article 84
définit, à la fois, les moyens employés et le but poursuivi.
Les moyens employés. L’auteur doit user , soit de violence, soit de
menace de violence, soit de contrainte physique ou morale, soit du chantage Par
exemple , frapper , deshabiller et humilier un garçon dans le but de lui soutirer
de l’argent caractérise l’infraction. Le moyen de coercition n’est pas
306
Catalogue des infractions

exclusivement de nature matérielle. Les violences seront appréciées par les


tribunaux in concreto, c’est-à-dire en fonction de la victime : l’âge, le handicap, la
maladie , entre autres , peuvent permettre une caractérisation plus aisée de
l’infraction470.
Les moyens violents visent à obtenir des buts. D’une part « la remise des
fonds, de valeurs ou d’un bien quelconque, d’autre part « une signature, un
engagement ou une renonciation ». Enfin, la révélation d’un
secret professionnel, d’un secret du monde des affaires, d’un secret de
l’instruction ou de la confession.
c)L’élément moral
Il est caractérisé par la conscience d’obtenir par la force, la violence ou
la contrainte ou le chantage ce qui n’aurait pu être obtenu par un accord
librement consenti471. L’extorsion constitue une infraction intentionnelle.
L’intention consiste dans la conscience d’employer un moyen violent pour
arriver à ses fins. La victime n’aurait pas conc édé l’avantage si elle avait été
libre de choisir. Le mobile est indifférent à la qualification pénale. L’emploi du
moyen violent ne peut être justifié par le caractère prétendument légitime des
exigences de l’auteur à l’égard de la victime472 . L’emploi d’un moyen de
coercition ou de violence à l’encontre des personnes ne peut jamais être réputé
de bonne foi.
Le but poursuivi. Les moyens mis en œuvre tendent à obtenir de la victime
qu’elle accomplisse l’un des trois actes qui sont la signature, l’engagement ou la
rénonciationd’une part, la révélation d’un secret d’autre part et enfin la remise
de fonds, valeurs ou biens quelconques. Les moyens déployés par
le « racketteur » doivent conduire la victime à lui obéir. Autrement dit,
l’infraction est matérielle. Elle suppose la réalisation d’un préjudice
effectivement subi par la victime. A défaut, il ne s’agit que d’une tentative
d’extorsion. La victime doit :
- soit signer un document ou se soumettre un engagement ou à une
renonciation, en faveur de l’auteur de l’infraction. Par exemple, signer une
promesse de contrat, une reconnaissance de dette fictive, ou embaucher un
salarié sous la menace 473 ;
- soit réveler un secret. S’agissant de la révélation d’un secret, il s’agit là d’une
extension envisageable. Peu importe la nature du secret révélé :

470
Coralie Ambroise-Castérot., op.cit, p. 250.
471
Crim., 09 janvie 1991, cité par Michel Véron., op.cit., p. 269
472
Crim. , 4 novembre 1997, Bull. n°372.
473
Paris, 23 février 1990, Dr. Pénal 1990, comm.323.
Catalogue des infractions 307

professionnel, médical ou autre, secret de fabrication, secret sur des


négociations en cours etc. ;
- soit remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque au délinquant.
En d’autres termes, l’extorsion suppose :
1. un acte de transfert de la propriété d’une chose : remise d’un objet,
reconnaissance d’une dette, d’une quittance etc.
2. la contrainte de la violence, des menaces ou du chantage. A cet effet, il
est attesté que la prévention d’extorsion n’est pas fondée lorsqu’il n’est
pas établi que l’auteur s’est fait remettre des effets mobiliers à la suite
de quelque violence ou menace qu’il aurait exercée sur le gardien. Il en
est de même de l’extorsion de la signature qui n’est pas non plus établie
lorsque fait défaut la preuve de la violence ou de la contrainte morale
exercée sur la victime474 .
3. un auteur agissant pour s’enrichir injustement, se faisant remettre des
biens auxquels il n’a pas droit. Il a été jugé que le prévenu ne sera pas
tenu dans les liens de l’infraction d’extorsion s’il a utilisé la ruse ou la
violence non pour s’enrichir mais pour se faire remettre un bien auquel
il croyait avoir droit475 .
Sont actes d’extorsion : arracher, spolier, dépouiller, tirer par force. Se faire
remettre un objet, la victime craignant d’être arrêtée. Se faire remettre de
l’argent par une femme adultère sous menace de la dénoncer auprès de son
mari.
Menacer quelqu’un de l’arrêter, de l’envoûter, de le tuer pour se faire remettre
une somme d’argent constitue l’extorsion. Le fait de manière agressive, ou
sous la menace d’un animal dangereux, de solliciter , sur la voie publique, la
remise de fonds, de valeurs ou d’un bien est aussi constitutif d’extorsion.
L’infraction d’extorsion existe même si le titre extorqué est nul, même si
l’engagement n’a pas d’effet pécuniaire. Par contre, ne commet pas l’extorsion
celui, qui pour obtenir la restitution de l’objet lui volé, menace le voleur de le
dénoncer au commissariat de police.

II. Poursuites

a)Peines et prescription de l’action publique


La personne lésée, mais aussi le parquet ont droit d’exercer les
poursuites. L’extorsion est prévue et punie par l’article 84 du code pénal livre
II. La sanction est de cinq à vingt ans de servitude pénale et d’une amende.
L’extorsion est jugée par le tribunal de grande instance. L’action publique
474
C.S.J., R.P.A. 4, 22 juin 1972 B.A. 1973 p. 95 ; C.S.J., R.P.A .62, 9 juillet 1980, inédit
cités par Dibunda. , op. cit. , p. 87.
475
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.p 7443, Ministère public et partie civile Nabintu
M’Mutalemba et Nabintu M’ Buranga contre le prévenu Dunia Tanganyika, inédit.
308
Catalogue des infractions

résultant de l’infraction d’extorsion sera prescrite après un délai de dix ans. La


peine se prescrira par un délai de vingt ans.
b)Particularités de procédure
La tentative d’extorsion est punissable comme l’extorsion elle-même.
Les règles de complicité sont applicables à l’extorsion.
c) Complicité d’extorsion.
Il peut y avoir complicité punissable dans le fait, par exemple de
provoquer l’extorsion, par abus d’autorité, en donnant l’ordre à un subordonné
d’aller encaisser des sommes impayées (Crim ; 1993) ; de même si l’on remet
des armes (complicité par aide ou assistance) à un émissaire pour qu’il
impressionne un débiteur récalcitrant(en cas d’échec, il y aurait complicité de
tentative d’extorsion476 ).

252. Fabrication et mise en circulation de fausses


monnaies métalliques
La fabrication et mise en circulation de la fausse monnaie métallique est
une infraction de l’article 116 du code pénal livre II. Cette disposition légale est
issue du décret du 14 juin 1953 qui punit la fabrication et mise en circulation de
la fausse monnaie métallique.

I. Eléments constitutifs
Pour son accomplissement, cette infraction nécessite les éléments matériel
et moral. L’infraction sera établie lorsqu’il y a :
1. la fabrication d’une fausse monnaie ressemblant à une monnaie ayant cours
légal (contrefaçon) ;
La vraie pièce de monnaie dont on a dérobé le métal par procédé mécanique
ou chimique (altération); l’introduction et la mise en circulation sur le territoire
national (introduction et émission) ; Il peut s’agir de : contrefaçon, altération,

476
Mémentos, Droit pénal spécial, 14 ème édition 2008, Dalloz p.190.
Catalogue des infractions 309

introduction ou émission d’une monnaie métallique ayant cours légal en


République Démocratique du Congo ou à l’étranger.
2 . La connaissance de la fausseté de la pièce de monnaie (élément moral). Il en
est ainsi du contrefacteur ou de l’altérateur qui connaît avec évidence la
fausseté de la pièce de monnaie. Par contre l’importateur et l’émetteur peuvent
ignorer qu’il s’agit de fausse monnaie.

II. Régime répressif

L’auteur qui fabrique et met en circulation de fausse monnaie


métallique est punissable. Le législateur prévoit des peines de servitude pénale
allant de deux ans à quinze ans et une amende. L’infraction est prescriptible
après un délai de dix ans. La fabrication et mise en circulation de la fausse
monnaie métallique est de la compétence matérielle du juge de grande instance.

253. Fabrication et mise en circulation de faux


billets de banque
I. Eléments constitutifs

Pour être caractérisée, l’infraction de fabrication et mise en circulation


de faux billets de banque exige des éléments constitutifs. Ceux-ci sont
identiques à ceux de la fabrication et mise en circulation de fausses monnaies
métalliques. Un élément nouveau vient s’ajouter : l’infraction porte uniquement
sur des billets de banque congolais ou étrangers.

II. Régime répressif

a)Texte légal et peines prévues


L’infraction est prévue et punie par l’article 117 du code pénal livre II :
« Sont punis d’une servitude pénale de cinq à vingt ans et d’une amende de
cinq mille à vingt mille francs, ceux qui ont frauduleusement contrefait ou
falsifié des billets au porteur ayant cours légal en République Démocratique du
Congo ou à l’étranger, et ceux qui ont introduit ou émis en République
Démocratique du Congo des billets ainsi contrefaits ou falsifiés ».

b)Prescription de l’action publique


Tel qu’il ressort de l’article 117 du code pénal livre II, la peine est donc
de cinq à vingt ans de servitude pénale et d’amende. Quant à la prescription de
l’action publique, l’infraction de fabrication et mise en circulation de faux
billets de banque se prescrit en dix ans.
310
Catalogue des infractions

254. Fabrication et mise en circulation d’objets


ressemblant aux signes monétaires
I. Définition

Fabriquer, distribuer ou mettre en circulation des objets métalliques ou


en papier présentant une ressemblance avec les monnaies légales congolaises
ou étrangères est prohibé. Cette pratique est interdite car elle est de nature à
tromper la partie de la population la moins instruite.

II. Répression de l’infraction


La fabrication et mise en circulation d’objets ressemblant aux signes
monétaires est punie dans le chef de son auteur. Toutefois, avant toutes
poursuites et répressions, il faudra :
- se rassurer de la grande ressemblance avec les monnaies ou billets ayant
cours légal sur le territoire national ou à l’étranger pour appliquer les
sanctions frappant les monnaies contrefaites ou altérées ;
- qu’il y ait assez de ressemblance pour que l’infraction existe.
Les articles 119 - 120 du code pénal livre II prévoient des peines à l’endroit des
auteurs de cette infraction. Elles sont d’un an maximum et d’une amende ou de
l’une de ces peines. Pareille peine relève de la compétence du tribunal de paix.
La prescription de l’action publique est acquise dans le délai d’une année.

255. Facilitation de la fraude électorale


Voir élections, n° 199-II,17.

256. Falsification de sceaux


Il est interdit de fabriquer des cachets en imitant des sceaux officiels. On
entend par sceaux officiels les cachets, les tampons qui ont pour fonction de
garantir la valeur d’un acte écrit.

I. Personnes susceptibles de commettre l’infraction

Sont passibles des peines :


- ceux qui auront imité ou modifié (contrefaire ou falsifier) les cachets
officiels, timbres, poinçons ou marques de l’Etat, des administrations
publiques ;
- l’utilisation des cachets contrefaits ou falsifiés ;
- la mise en vente des cachets contrefaits ou falsifiés.
Catalogue des infractions 311

II. Régime répressif

L’article 121 du Code pénal LII prévoit et punit l’infraction de


falsification de sceaux. La sanction est de quinze ans maximum de servitude
pénale principale et d’une amende ou de l’une de ces peines. Il s’agit ici d’une
infraction de la compétence du tribunal de Grande Instance. La falsification de
sceaux est prescriptible dans le délai de dix ans.

257. Falsification du procès-verbal des opérations


électorales
Voir élections, n° 199-II,19.

258. Falsification du relevé du dépouillement des


opérations électorales
Voir élections, n° 199-II,20.

259. Fausses déclarations dans une demande


d’immatriculation au registre de commerce
Voir Registre de commerce, n° 511-6.

260. Fausses déclarations devant les officiers de


l’état civil
Voir défaut de déclaration de naissance ou fausse…, n° 134.

261. Fausses déclarations émanant d’interprètes et


d’experts

L’infraction consiste pour l’interprète d’une part de, dans une intention
criminelle, faire devant un tribunal une traduction inexacte, susceptible d’avoir
une influence sur l’issue du procès et, d’autre part, d’attester dans une même
intention, comme exactes certaines constatations fausses.

I. Conditions et sanctions

a) conditions essentielles
Certaines conditions sont requises pour que les fausses déclarations soient
dans le chef des interprètes et d’experts constitutives d’infractions.Pareilles
312
Catalogue des infractions

fausses déclarations sont passibles de cinq ans de servitude pénale au


maximum lorsque :
1. elles doivent avoir été faites devant une juridiction de jugement ;
2. l’auteur doit avoir prêté serment ou est assermenté.
Si ces formalités ne sont pas remplies, l’auteur sera puni de huit jours à un an et
d’une amende ou de l’une de ces peines (article 130.)
b)Texte légal
Les articles 130 -131 du code pénal livre II sont le siège de cette matière. Aux
termes de l’article 131 précité, l’interprète et l’expert coupables de fausses
déclarations en justice seront punis comme faux témoins.

II. Compétence et prescription

Le tribunal de paix est l’instance compétente matériellement pour juger


l’infraction de fausses déclarations émanant d’interprètes et d’experts. La
prescription de l’action publique est acquise dans le délai de trois ans.

262. Fausses déclarations en justice


L’infraction de fausses déclarations en justice frappe toute personne qui,
appelée en justice pour donner de simples renseignements, se rend coupable de
fausses déclarations.

I. Eléments constitutifs

Les fausses déclarations en justice pour être établies exigent nombre de


conditions ; plus précisément trois.
1. Que l’on soit appelé par une autorité judiciaire, c’est-à-dire un officier de
police judiciaire, un magistrat ou un juge ;
2. Qu’il y ait des renseignements à donner en vue d’éclairer la justice ;
3. Que les renseignements donnés soient faux.

II. Poursuites

La personne lésée ou victime de fausse déclaration peut porter plainte.


Le Ministère public peut poursuivre. Les fausses déclarations en justice sont
réprimées par l’article 130 du code pénal congolais livre II. La sanction est de
huit jours à une année de servitude pénale principale et d’une amende ou
carrément une de ces peines seulement. Matériellement, l’infraction de fausses
Catalogue des infractions 313

déclarations en justice est de la compétence du tribunal de paix. Elle se prescrit


(action publique) dans le délai d’une année.

263. Fausses déclarations en matière de transport

Toute fausse déclaration sur la nature, l’espèce, le poids ou la quantité des


marchandises expédiées même en vrac, par tous moyens de transport public,
est infractionnelle. Il en est de même de toute fausse déclaration qui aurait
pour objet d’éluder l’application des tarifs réglementaires.
L’infraction de fausses déclarations en matière de transport est définie et
sanctionnée par le Décret du 24 mai 1939 relatif aux fausses déclarations en
matière de transport. Ce décret, en son article unique, punit d’une servitude
pénale d’un à sept jours et d’une amende ou d’une de ces peines seulement
l’auteur de la prévention. En plus de cette sanction, le coupable devra payer les
taxes supplémentaires prévues par les conditions réglementaires du transport.

264. Faux bruits


L’infraction de faux bruit consiste au fait de répandre sciemment de faux
bruits, de fausses nouvelles, qui sont de nature à alarmer les populations, à les
inquiéter ou à les exciter contre les pouvoirs établis, dans le but de semer les
troubles dans l’Etat.

I. Eléments constitutifs

Quatre conditions doivent être réunies pour qu’il y ait infraction de faux
bruits.
1. Il doit s’agir des bruits, de fausses nouvelles ; il y a fausse nouvelle, lorsqu’il
y a présentation comme vrai d’un fait qui ne l’est pas, ou dénaturation
complète d’un fait ;
2. Que les bruits répandus soient faux, c’est-à-dire que la nouvelle publiée,
diffusée ou reproduite soit fausse ;
3. Que la publication de la fausse nouvelle soit de nature à troubler la paix
publique. Il doit s’agir d’un trouble réel et profond ;
4. Il faut enfin la mauvaise foi ; une double connaissance que la nouvelle était
fausse et qu’elle était de nature à troubler la paix publique.
Toutefois, celui qui répand des faux bruits sans intention de porter le
trouble dans l’Etat est aussi puni mais moins sévèrement.

II. Poursuites
314
Catalogue des infractions

Les poursuites de l’infraction de faux bruits sont faites sur base de la loi
n°75/013 du 14/05/1975477. C’est actuellement l’article 199 bis du code pénal
livre II478. Cette disposition légale sanctionne de :
- deux mois à trois ans de servitude pénale principale et l’amende ou une de
ces peines uniquement lorsque l’infraction a été commise dans le but de
porter le trouble dans l’Etat,
- un mois à un an de servitude pénale principale et l’amende ou l’une des
peines citées lorsqu’il n’y a pas eu l’intention de porter le trouble dans l’Etat.
Le tribunal de paix est la juridiction compétente. Dans le 1er cas, la
prescription de l’action publique est de trois ans tandis que dans le second
cas, elle est d’une année.

265. Faux certificats délivrés par un fonctionnaire


L’infraction de faux certificats délivrés par un fonctionnaire concerne le
fonctionnaire (officier public, agent public). Dans l’exercice de ses fonctions,
l’agent public délivre un faux certificat, falsifie un certificat, fait usage d’un
certificat faux ou falsifié.

I. Eléments constitutifs

Pour être établie, cette incrimination requiert :


1. la délivrance de faux certificat. Le certificat est toute attestation écrite
d’un fait ou d’une appréciation de nature à influencer des intérêts publics ou
privés.
Les certificats ou attestations sont des documents écrits comportant des
déclarations mensongères effectuées en faeur d’un tiers. Ces déclarations
écrites témoignent des faits ou d’élements susceptibles d’avoir des
conséquences juridiques ou qui sont producteurs des droits ou avantages en
faveur d’un tiers
2. la délivrance d’un faux certificat par un fonctionnaire ou officier public dans
l’exercice de ses fonctions (notaires, officiers de l’état civil, huissiers, etc...)
Sont à considérer comme des exemples, la fabrication d’un faux certificat
d’indigence, de bonne conduite etc., la fabrication d’un faux certificat de
maladie, d’infirmités, établies par un médecin fonctionnaire ; la falsification
d’un certificat officiel en modifiant le nom.

477
Journal officiel. ,1975, p. 577.
478
Le code pénal zaïrois . Dispositions législatives et réglementaires mises à jour au 31 mai
1982, Service de Documentation et d’Etudes du Département de la Justice, 1983, p.60.
Catalogue des infractions 315

II. Poursuites

L’article 125 du code pénal livre II réprime les faux commis par un
fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions. L’article 126 autorise les
poursuites de l’usage de faux, œuvre du fonctionnaire. L’article 127 est la
disposition légale en matière de faux certificats délivrés par un fonctionnaire.
Le fonctionnaire auteur de l’infraction encourt trois mois à cinq ans de
servitude pénale. Le tribunal de paix, au regard du taux de la peine, est la
juridiction compétente. L’infraction se prescrit dans le délai de trois ans.

266. Faux commis par un fonctionnaire dans


l’exercice de ses fonctions
Voir faux en écritures, n° 267.

267. Faux en écriture


Le faux en écriture est une altération de la vérité dans un écrit quel qu’il
soit, avec une intention frauduleuse ou à dessein de nuire et susceptible de
causer un préjudice479 .

I. Eléments constitutifs

Le faux en écriture comporte trois éléments : l’altération de la vérité, le


préjudice et l’intention frauduleuse.

a)L’altération de la vérité.
L’altération de la vérité est l’élément matériel du faux. Si l’altération de
la vérité est l’élément essentiel du faux, toute altération de la vérité n’est
cependant pas un faux. Il est nécessaire pour qu’il y ait faux, que l’altération de
la vérité se produise dans un écrit, qu’elle soit réalisée par faux matériel ou par
faux intellectuel, qu’enfin, l’écrit sur lequel elle porte présente certains
caractères :

1. L’altération de la vérité doit se produire dans un écrit


Peu importe que l’écrit soit manuscrit ou imprimé. Il est de doctrine qu’en
cas de faux et usage de faux le corps même de l’infraction est un écrit480 Ne
constitue pas un faux :
• 1° le boulanger qui altère une taille ;
• 2° l’altération verbale de la vérité (faux serment, faux témoignage)

479
G. Mineur. , commentaire du Code Pénal congolais, Larcier, Bruxelles, 1953, p. 285.
480
A. RUBBENS. , Droit judiciaire T III, Instruction criminelle et procédure pénale n° I68
p.185.
316
Catalogue des infractions

2. L’altération de la vérité doit être faite par faux matériel ou par faux
intellectuel.
• 1° le faux est dit matériel lorsqu’il se consomme par une altération
physique d’un écrit et laisse des traces corporelles.
• 2° le faux est dit intellectuel lorsqu’il porte sur le contenu d’un acte et ne
laisse aucune trace matérielle. C’est alors un simple mensonge qu’aucun
indice apparent ne révèle481 . Il a été jugé que le président de la juridiction
qui modifie, à l’insu de ses collègues, sur la minute du jugement, la décision
prise collégialement en délibéré au sujet des dommages intérêts à allouer à
des parties civiles, commet un faux en écriture intellectuel dans l’exercice de
ses fonctions482 .
Commet de même un faux intellectuel par pression, ascendant moral et
abus d’autorité, le magistrat, supérieur hiérarchique d’un agent de ventes
publiques, qui le contraint à rédiger un acte de son ministère en dénaturant
frauduleusement la substance et les circonstances, en l’espèce une attestation
fausse de vente publique pour une vente de gré à gré de biens saisis483 .

3.Le document sur lequel porte l’altération de la vérité doit être un titre
Il faut qu’il puisse constituer la source ou la preuve d’un droit, qu’il ait une
valeur probatoire, une portée juridique. Ainsi constitue un faux, la fausse
mention d’un paiement porté sur un livre de commerce, celui-ci ayant une
valeur probatoire. Il a été jugé en France que ne constituent pas des faux la
falsification de la copie d’un document, parce que cette copie ne peut faire la
preuve ou constituer la source d’un droit ; la production de factures falsifiées à
une compagnie d’assurances, en vue de se faire allouer des indemnités non
dues (il peut seulement y avoir délit d’escroquerie) ; l’altération de la vérité dans
un rapport administratif484 . Dans ces hypothèses, l’altération de la vérité est
incluse dans des documents ne pouvant engendrer aucun droit. On est même
allé plus loin : la falsification entachant un acte ayant une portée probatoire,
une valeur juridique n’est pas constitutive d’un faux si elle concerne des
énonciations accessoires et non la substance de l’acte. Ainsi ne constituent pas
des faux : la fausse déclaration faite dans l’acte de naissance que le père et la
mère d’un enfant sont mariés ; la fausse déclaration par le déclarant, dans un
acte de décès, qu’il était l’époux du défunt ; la prise de la fausse qualité de veuf
par un futur époux.

481 ème
GOYET. , Droit Pénal Spécial, 8 édition par M. ROUSSELET, J. PATIN et P.
ARPAILLANCE, Paris, 1972, p.118 .
482
C.S.J. , 9. Mai 1977-B.A.1978, p.40.
483
C.S.J. , 8. 12. 1978 –RPA.50, B.A. 1979, p.136.
484
Cass. , 30/05/1924, DH 1924.431; cass. , 18/06/1925, S. 1926.1.92D1927; 20/12/1928,
S. 1930.1.357; cass. , 1/02/1939, B 21 cité par GOYET, op.cit. , p 121-122.
Catalogue des infractions 317

On comprend en effet, que des mensonges ne s’accompagnant d’aucune


manœuvre matérielle ne soient punis que lorsqu’ils sont insérés dans un
document probant ayant une valeur juridique. La jurisprudence tend à admettre
que le faux est constitué quelle que soit la valeur de l’écrit, pourvu qu’un
préjudice puisse en résulter et qu’il n’y ait aucune intention criminelle485 .

4.Quelques procédés d’altération de la vérité


1° Apposition d’une fausse signature (faux matériel)
Il peut s’agir de la signature d’une personne existante, imaginaire ; que
cette signature soit manuscrite ou imprimée. Il y a fausse signature toutes les
fois qu’une personne signe un acte d’un nom qui ne lui appartient pas, en
usurpant un prénom, en signant de son propre nom aux lieux et places d’un
homonyme pour faire croire que la signature émanait de ce dernier. Une
signature n’est vraie que si elle provient de celui auquel elle se rapporte en
réalité.
L’apposition frauduleuse d’une signature au moyen d’un procédé non
manuscrit constitue également un faux.

• 2° Altération d’écritures (faux matériel)


Il s’agit des changements matériels portés après coup aux actes sans
contrefaçon d’écritures. C’est le cas de :
- une surcharge modifiant un nom ou une date ;
- une addition ou une intercalation qui change la portée de l’acte :
exemple, l’ajout du mot « dix » avant le mot « mille » initialement inscrit sur
un document.
- une suppression d’une phrase, d’un mot, d’un chiffre par rature ou biffure,
par emploi d’un procédé chimique, par tâche d’encre sur un mot.
Ces opérations interviennent généralement après rédaction de
l’acte, il est possible aussi que l’altération d’écritures soit faite pendant la
confection de l’acte à l’insu d’une des parties.
3° Contrefaçon d’écriture (faux matériels)
Elle ne se conçoit guère qu’entre particuliers et consiste à faire attribuer
la confection de l’acte à celui dont on imite l’écriture. Elle peut s’accompagner
d’une fausse signature.
4° Fabrication de conventions, dispositions ou décharges
L’agent crée un titre renfermant une convention, une obligation, une
disposition, une décharge au préjudice de celui à qui il l’attribue. Cette
fabrication du titre peut être réalisée après coup et s’accompagner de fausses
signatures (faux matériel). Si la fabrication s’opère lors de la confection de
l’acte, on est en présence d’un faux intellectuel.

485
Garçon (E). , Code pénal annoté art 145 (Nouvelle édition par Marcel ROUSSELET, M.
PATIN et M. ANCEL), Paris, n°189.
318
Catalogue des infractions

5°Supposition de personne
Généralement, le faux par supposition de personne est intellectuel. Il
est matériel lorsqu’il s’accompagne de grattages ou surcharges en vue d’ajouter
ou de remplacer un nom. Il se confond alors avec la fausse signature ou
l’altération d’écritures.
Il y a supposition de personne lorsque le rédacteur d’un acte y mentionne la
comparution d’une personne alors que c’est une autre qui a comparu, ou
lorsqu’ il y fait figurer une personne qui n’y assistait pas.

6° La fabrication de conventions autres que celles qui ont été dictées ou


voulues par les parties (faux intellectuel)
Sa réalisation est concomitante à la confection de l’acte et porte uniquement
sur le contenu de l’acte. C’est par exemple un notaire qui certifie faussement
qu’un paiement a eu lieu en sa présence.

7° La constatation comme vrais de faits faux dans un acte ayant pour objet
cette constatation (faux intellectuel)
C’est un cas de faux intellectuel plus fréquent que le précédent. Tel est le cas
d’un officier de l’état civil qui atteste mensongèrement qu’un mariage a été
précédé de publications légales ou d’un notaire qui affirme faussement le
consentement d’une partie.
Il peut également être commis par des particuliers , c’est , par exemple, le cas
de celui qui déclare un enfant comme né d’une femme qui n’est pas sa mère.
Commet aussi le faux intellectuel le caissier qui altère frauduleusement les livres
qu’il a la charge de tenir, si ces attestations sont opérées au moment même où
l’inscription est effectuée. Le médecin qui établit faussement des certificats
permettant au bénéficiaire d’une assurance-vie de faire établir l’acte de décès de
la personne sur laquelle repose l’assurance et de toucher ainsi le montant de
cette assurance.
Il a de même été jugé que le citant ne peut valablement qualifier de
faux un acte de vente consécutif à celui sur lequel il a signé comme témoin486 .
Il a en outre été décidé par le tribunal de grande instance de Bukavu que les
actes attaqués en faux contre un prévenu doivent être versés au dossier, à
défaut de le faire, le tribunal est dans l’impossibilité d’apprécier l’altération de la
vérité et doit écarter cette prévention487 .

486
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 10041,13 octobre 2001, Ministère public et
partie civile Mossi Ramson contre Faida Simwerayi, inédit.
487
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 10638, 26 mars 2004, Ministère public et
partie civile contre Mayutho et le conservateur des titres immobiliers.
Catalogue des infractions 319

b)Le préjudice
L’altération de la vérité n’est pas incriminée si elle est inoffensive. Le
faux n’existe que si l’altération de la vérité dans un écrit est susceptible de
porter préjudice à autrui. Aussi, ne constitue pas de faux, l’altération d’un acte
non signé. L’infraction de faux en écritures existe dès qu’il y a altération de la
vérité et possibilité d’un préjudice pour autrui488 . Toutefois, il n’est pas
nécessaire que le préjudice ait été réalisé ; il suffit que, lors de l’acte, il ait été
possible. Dès lors que le préjudice est possible, le faux doit être retenu. Le faux
est donc punissable même si l’acte est entaché de nullité, car le vice dont l’acte
est atteint peut passer inaperçu aux yeux des tiers et un préjudice peut par suite
être éventuellement causé. Le préjudice est de plusieurs ordres.

1. Préjudice matériel
Le préjudice est généralement d’ordre matériel. Le faux lèse une
personne dans son patrimoine. Par exemple, le créancier se voit opposer une
fausse décharge par l’effet de laquelle le débiteur se prétend libéré.

2.Préjudice moral
Le préjudice peut être simplement moral. Il suffit que le faux porte
atteinte à l’honneur ou à la considération d’autrui : Ainsi, constitue un faux,
l’inscription d’un enfant né hors mariage sous le nom d’une jeune fille qui n’est
pas la mère, pour la déconsidérer. Notons que le faux peut porter préjudice à la
société sans porter atteinte à un intérêt privé ; il n’en est pas moins punissable.
Un faux commis dans un acte de l’état civil est punissable même en l’absence
de tant de préjudice matériel. Il en de même encore, pour celui qui altère un
diplôme universitaire.

c)L’intention frauduleuse
L’auteur doit avoir agi non seulement en sachant qu’il altérait la vérité,
mais aussi dans la connaissance que cette altération de la vérité était susceptible
de nuire soit matériellement, soit moralement à un tiers ou à la société. N-a-t-
on pas jugé que ne commet pas le faux, la personne qui légalise un document
dont elle ignore le caractère faux489 ?
Il n’est pas nécessaire qu’il ait l’intention de nuire et encore moins celle
de tirer un profit personnel de son action coupable.

II. Poursuites

a)Texte légal et sanctions

488
C.S.J., RPA 78, 15 juillet 1983, B.A. 1980-1984, p.405.
489
Tribunal de paix de Kinshasa / Gombe, RP 16.990/IV, 24 octobre 2000, inédit.
320
Catalogue des infractions

L’action publique sera exercée par toute personne lésée ou par le ministère
public. Le faux en écritures est prévu et réprimé par l’article 124 du code pénal
congolais livre II de :
- six mois à cinq ans de servitude pénale principale et une amende ou l’une
des peines seulement;
- si le faux a été commis par un fonctionnaire dans l’exercice de ses
fonctions, la peine sera de dix ans de servitude pénale principale au
maximum et d’une amende (art 125 du code pénal livre II). Dans ce cas, le
tribunal de grande instance est la juridiction compétente.
- si le fonctionnaire ou l’officier public a délivré un faux certificat dans
l’exercice de ses fonctions, la peine sera de trois mois à cinq ans de servitude
pénale principale et d’une amende ou de l’une des peines (art 127 du code
pénal livre II).
b)Tribunal compétent
Le tribunal de paix est matériellement compétent pour connaître du
faux. Ce dernier est punissable de cinq années de servitude pénale maximum.
Dans les autres cas, notamment quand le faux a été commis par un
fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions et punissable de dix
ans maximum, le tribunal de grande instance est l’instance compétente. Le faux
est une infraction instantanée consommée par l’altération de la vérité. La
prescription commence à courir à compter du jour de la commission de
l’infraction. Elle est de trois ans pour la peine de cinq ans maximum et de cinq
ans pour celle de dix ans maximum.

268. Faux en écriture en matière électorale


Voir élections, n° 199-4.

269. Faux portant sur une carte d’électeur


Voir élections, n° 199-5.

270. Faux-monnayage

Le faux-monnayage comprend différentes incriminations particulières qui


sont des infractions contre la foi publique. Le faux-monnayage englobe la
contrefaçon, la falsification et l’imitation des signes monétaires, ainsi que la
falsification des sceaux, timbres, poinçons, marques etc.. de l’Etat.
L’appellation de faux-monnayage a trait aux signes monétaires, quelle que soit
leur nature (monnaie métallique ou billets de banque). Les infractions que le
faux-monnayage regroupe font partie intégrante de la législation économique.
Elles sont de la compétence des tribunaux de commerce conformément au
Catalogue des infractions 321

prescrit de l’article 17 de la loi du 03 juillet 2001 portant création, organisation


et fonctionnement des tribunaux de commerce.

271. Faux serment


I. Champ d’application

En matière civile, le serment judiciaire est un moyen de preuve auquel a


recours le demandeur ou le défendeur lorsqu’il n’y a pas d’autres preuves. Le
juge civil peut également, pour compléter une preuve qui lui parait insuffisante,
déférer d’office le serment à l’une des parties. La partie à laquelle le serment a
été déféré peut évidemment effectuer une fausse déclaration. Cette dernière
faite sous serment expose son auteur aux sanctions pénales de l’article 132 du
code pénal, s’il s’avère dans l’avenir qu’il a menti. En effet, l’article 132490
dispose : « celui à qui le serment aura été déféré ou référé en matière civile et
qui aura fait un faux serment sera puni d’une servitude pénale de six mois à
trois ans et d’une amende ou d’une de ces peines seulement ».

II. Eléments constitutifs

Pour l’existence de l’infraction de faux serment :


1. En premier lieu, il doit y avoir eu serment prêté devant une juridiction civile.
2. En deuxième lieu, la déclaration appuyée par le serment doit être fausse.
3. En troisième lieu, le faux serment doit avoir été prêté de mauvaise foi.

Les modes de preuve sont très rarement utilisés de nos jours.L’infraction


suppose que soit rapportée la preuve de la fausseté de ce qui a été affirmé sous
serment et cette preuve doit être administrée selon les règles du droit civil,
c’est-à-dire par écrit, sous réserve des hypothèses dans lesquelles le code civil
admet la preuve testimoniale491.

III. Compétence et prescription

Matériellement l’infraction de faux serment relève du tribunal de paix. Le


délai de prescription de l’action publique est de trois ans. La peine, elle, sera
prescrite après un délai double de la peine prononcée. Cependant, ce délai ne
pourra pas être inférieur à deux ans.

490
Le code pénal zaîrois. Dispositions législatives et réglementaires mises à jour au 31 mai
1982, Service de Documentation et d’Etudes du Département de la Justice, 1983, p. 40.
491
Michel Véron.,Droit pénal spécial, 12 ème édition, Sirey Université, Editrions Dalloz 2008,
p.414.
322
Catalogue des infractions

272. Faux témoignage


Témoigner, c’est affirmer ce qu’on a vu, entendu ou senti , ou infirmer ce
qu’on n’a pas vu, entendu ou senti. Le faux témoignage devant les tribunaux
est puni de servitude pénale. La peine peut s’élèver à cinq ans492. Constitue le
faux témoignage :
1. l’altération de la vérité dans une déclaration verbale faite, devant les
tribunaux, sous la foi du serment ;
2. dans la cause d’autrui ; il doit s’agir d’une altération susceptible de causer
préjudice.

I. Eléments constitutifs
Pour que l’infraction de faux témoignage puisse être retenue, cinq
conditions outre l’intention coupable doivent être réunies.

a)L’existence d’un témoignage.


Le témoin est la personne appelée à déposer, sous la foi du serment. La
prestation de serment est la condition nécessaire de cette infraction. La
personne entendue à titre de renseignement n’est pas un témoin soit en raison
de sa parenté avec l’une des parties au procès, soit pour n’avoir préalablement
pas prêté serment, soit parce qu’elle était mineure etc.
Les personnes entendues comme « simples renseignants », les condamnées à
la privation du droit de témoigner en justice, les mineurs ne peuvent donc pas
commettre l’infraction. Il y a là une entorse dès lors que le principe d’intime
conviction permet au juge de tenir compte de déclarations de cette catégorie de
personnes comme de celles des véritables témoins.
b)Le témoignage devant les tribunaux.
Le témoignage a dû être reçu à l’audience d’un tribunal493. Il a néanmoins
été jugé que l’on ne peut affirmer qu’il est de principe que le faux témoignage
constitue un délit d’audience494. L’infraction ne peut être commise que par une
personne déposant « sous serment ». Ne peuvent donc être poursuivies les
personnes dispensées du serment et qui fournissent de simples renseignements.
En revanche, peu importe la nature de la juridiction qui aura recueilli le
témoignage mensonger ,l’infraction sera établie.
c)L’altération de la vérité dans le but d’égarer la justice.
L’altération de la vérité a pour but d’amener les personnes qui ont pour
mission de dire le droit à mal le dire. Elle (cette altération de la vérité) consiste

492
Il s’agit là du prescrit de la disposition légale de l’article 128 du code pénal congolais livre
II.
493
De ce qui précède , il est logique que les fausses déclarations effectuées pendant
l’instruction préjuridictionnelle au parquet ne constituent pas un faux témoignage . Il faut
qu’elles aient été faites devant un tribunal, sous la foi du serment.
494
Boma, 10 décembre 1907, Jur . Etat II p. 207.
Catalogue des infractions 323

à induire en erreur les personnes appelées à rendre justice. Un témoignage


mensonger. Si le faux témoignage suppose nécessairement que la déposition du
témoin est mensongère, toute altération de la vérité n’est pas constitutive d’un
faux témoignage. La jurisprudence ne retient que les mensonges portant sur
des faits matériels que le témoin vient rapporter et non les erreurs
d’interprétation ou d’appréciation qu’il peut porter sur ces faits495. Il faut en
outre que les mensonges portent sur un élément essentiel , c’est-à-dire sur un
élément de nature à emporter la conviction du juge induit en erreur et non sur
des circonstances accessoires ou sécondaires.
d) Le caractère irrévocable de la déposition.
Le témoin échappe à toute poursuite s’il est revenu sur ses fausses
déclarations avant qu’elles fussent irrévocables496.
e)Le préjudice éventuel.
Une déposition mensongère doit être de nature à causer un préjudice à des
particuliers ou à la société. Il n’est pas nécessaire que le préjudice ait été causé
(le tribunal peut n’avoir pas tenu compte du témoignage), il suffit qu’il ait été
rendu possible par la fausse déclaration. Le témoignage doit être préjudiciable
et irrévocable. Le juge répressif ne peut entrer en condamnation sans relever
l’existence d’un préjudice497ou d’un préjudice au moins éventuel.. Et ce
préjudice est acquis lorsque le témoignage est devenu irrévocable.
f)L’intention coupable.
Elle est une condition nécessaire à l’établissement de l’infraction de faux
témoignage. Il faut que l’auteur sache qu’il altère la vérité. S’il se trompe de
bonne foi, il n’est pas coupable de faux témoignage. Il n’y a pas infraction de
faux témoignage par distraction, oubli ou imagination excessive. L’intention
coupable est une condition suffisante, peu importe le mobile. Toutefois, se
pose le problème de la personne qui ment pour se défendre contre une
éventuelle condamnation, la répression risque d’aller contre le droit de mentir
de la personne poursuivie en justice.La déclaration faite par une personne dans
sa propre cause n’est pas un témoignage.

V. Poursuites
a) Textes légaux et peines assorties
Les poursuites en matière de faux témoignage sont faites sur base des
articles 128 - 129 - 130 - 131 - 132 du code pénal livre II. Ces dispositions
légales définissent et punissent les différentes formes de faux témoignage. A
l’article 128 du code pénal livre II, le faux témoignage est sanctionné de cinq
ans de servitude pénale principale au maximum. Si l’accusé contre lequel le

495
Crim., 25 février 1964,Bull. n°65.
496
L’infraction n’est consommée que lorsque le témoin n’a plus la possibilité de se retracter,
possibilité qu’il conserve jusqu’à la clôture des débats.
497
Crim.,06 mars 1973, Bull.n° 108.
324
Catalogue des infractions

faux témoignage a été porté est condamné à mort ou à la servitude pénale à


perpétuité, le faux témoin encourra une servitude pénale à perpétuité.
Quant à l’article 129, il punit de cinq ans de servitude pénale maximum la
subornation de témoins. L’article 130 du code pénal livre II sanctionne de huit
jours à un an de servitude pénale principale et d’une amende ou d’une de ces
peines seulement toute personne appelée en justice pour donner des simples
renseignements qui se sera rendue coupable de fausses déclarations498. Selon
l’article 131 du code pénal livre II, l’interprète et l’expert coupables de fausses
déclarations en justice seront punis comme faux témoins. A l’article 132 du
même code, les fausses déclarations du témoin en matière civile sont
sanctionnées de six mois à trois ans de servitude pénale principale et d’amende
ou d’une peine de celles citées simplement.
b)Tribunal compétent et prescription de l’action publique
Le faux témoin sera traduit par devant le tribunal de paix. L’action
publique est prescriptible dans le délai de trois ans. Le faux témoignage est
consommé au moment de la déposition mensongère. Cette date constitue le
point de départ du délai de prescription de l’action publique, non au moment
où il est devenu irrévocable. Pour le témoin qui se rétracte spontanément avant
la décision, il bénéficiera de l’exemption de peine.

273. Feu de brousse


Sont prohibés les feux de brousse ou incendies de broussailles, taillis, bois
végétaux sur pied ou couvertures mortes n’ayant pas pour but immédiat
l’aménagement ou l’entretien de cultures. L’interdiction ressort clairement de la
volonté du législateur par le biais de l’ordonnance n°52/175 du 23 mai 1953.
Ce texte sanctionne, en son article 5 le feu de brousse, de deux mois de
servitude pénale principale au maximum et/ou d’amende. Le feu de brousse est
de la compétence du juge de paix. L’action publique de l’infraction de feu de
brousse est prescriptible dans le délai d’une année.

274. Filouterie
Voir grivèlerie, n° 277, 278,279 , 280.

275. Financement du terrorisme


I. Définition
a) Considérations générales
Le terrorisme menace la paix et la sécurité internationales par la
multiplication, dans diverses régions du monde, des actes terroristes motivés
498
Cet article 130 du code pénal a prévu pour les faux renseignements qui pourraient ainsi
être fournis des peines moins sévères que pour les faux témoignages effectués sous
serment.
Catalogue des infractions 325

notamment par l’intolérance et l’extremisme. Constitue le financement du


terrorisme le fait d’une part de fournir, de collecter, de réunir ou de gérer par
quelque moyen que ce soit, directement ou indirectement des fonds, des
valeurs ou des biens dans l’intention de les voir utilisés ou en sachant qu’ils
seront utilisés en tout ou en partie, en vue de commettre un acte de terrorisme
indépendamment de la survenance d’un tel acte499.
b) Quel est le texte légal qui réprime le financement du terrorisme ?
De création récente, cette infraction se trouve définie, prévue et
réprimée par les articles 2 et 41 de la loi n°04/016 du 19 juillet 2004 portant
lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
II.De la répression du financement du terrorisme
a) Quelles sanctions encourt celui qui finance le terrorisme ?
L’article 41 de la loi n°04/016 du 19 juillet 2004 portant lutte contre le
blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme sanctionne de la
peine de cinq à dix ans de servitude pénale et d’une amende en Francs
congolais, équivalente à 50.000 dollars américains, le coupable de financement
du terrorisme. La personne morale impliquée dans le financement d’activités
terroristes, sans préjudice de la responsabilité pénale individuelle des dirigeants
prévue sera condamnée à une amende en francs congolais pouvant aller de
l’équivalent de 100.000 à 500.000 dollars américains (art. 42).
L’auteur subira le maximum de vingt ans de servitude pénale et une
amende en francs congolais équivalente à 100.000 dollars américains500 :
1° lorsque le financement du terrorisme est commis en utilisant les facilités
que procure l’exercice d’activités profesionnelles ;
2° lorsque l’infraction est commise dans le cadre d’une organisation
criminelle ;
3° en cas de récidive.
Aux termes de l’article 44, la personne coupable de financement du
terrorisme subit, en outre la confiscation des biens qui sont l’instrument ou le
produit de l’infraction.
b)Cas particuliers
Toute personne qui a connaissance des projets ou d’actes de
financement du terrorisme doit en faire la déclaration aux autorités
compétentes, le moment où elle les a connus. A défaut, elle subira une
servitude pénale de cinq à dix ans501. Lorsque la dénonciation a eu lieu après

499
Article 2 de la loi n° 04/016 du 19 juillet 2004 po rtant luttre contre le blanchiment des
capitaux et le financement du terrorisme, Journal Officiel de la République Démocratique du
Congo, 45 ème Année, Numéro spécial, 05 août 2004, p. 10.
500
Il s’agit là des peines prévues à l’article 43 de la loi du 19 juillet 2004.
501
Article 45 alinéa 1.
326
Catalogue des infractions

l’infraction, la peine est diminuée de moitié pour l’auteur, le co-auteur ou le


complice qui se présente d’office aux autorités compétentes ou qui dénonce les
co-auteurs ou les complices de l’infraction502.
Lorsque les parents ou alliés au quatrième dégré ont fourni à l’auteur,
co-auteur ou complice du financement du terrorisme logement ou moyens de
subsistance personnels, la juridiction peut les exempter de la peine à
encourir503. Les fonds et autres ressources financières suspectés de provenir de
l’acomplissement du financement de terrorisme ou d’en être liés, qu’ils
appartiennent à une personne physique ou morale seront gélés504.

276. Fourniture de fausses informations


Le code pénal militaire réprime le fait de fournir aux autorités civiles ou
militaires de la République Démocratique du Congo des informations fausses
de nature à les induire en erreur et à porter atteinte aux intérêts fondamentaux
de l’Etat, en vue de servir les intérêts d’une puissance étrangère, d’une
entreprise ou d’une organisation étrangère ou sous contrôle étranger.

I. Éléments constitutifs

L’infraction de fourniture de fausses informations requiert pour son


existence des éléments constitutifs faits d’actes matériels et d’intention
délictuelle.
a)Les actes matériels.
Ils sont constitués de la fourniture des informations fausses ou de faux
renseignements ou de la livraison de fausses déclarations, quels que soient les
moyens utilisés.
b)L’élément délictuel
Le but visé par l’agent doit consister à servir les intérêts de toute puissance
étrangère, de toute entreprise ou organisation étrangère ou sous contrôle
étranger, peu importe que cette puissance, entreprise ou organisation soit
ennemie ou entretienne des relations amicales ou paisibles avec l’Etat
congolais.

II. Régime répressif

L’auteur de l’infraction de l’article 134 du code pénal militaire encourt


en temps de paix, une peine de servitude pénale principale dont le taux
maximum est fixé à vingt ans. En temps de guerre, le coupable de fourniture
des fausses informations est passible de la peine de mort.

502
Article 45 alinéa 2.
503
Article 45 alinéa 3
504
Article 46.
Catalogue des infractions 327

277. Grivèlerie
I. Considérations générales relatives à toutes les grivèleries

Aussi appelée filouterie, la grivèlerie est le fait pour une personne de se


faire servir dans un établissement spécialisé des boissons ou des aliments
qu’elle consomme en tout ou en partie, de se faire loger dans un hôtel où elle
s’est présentée comme voyageur, ou de prendre une voiture en location, alors
qu’elle se sait être dans l’impossibilité de payer.
De cette définition l’on distingue clairement trois types de filouteries505 :

505
On peut rapprocher avec les excuses absolutoires la cause d’exonération retenue par
l’article 102 bis du code pénal relative à la grivèlerie : « Les infractions prévues à l’alinéa
précédent ne pourront être poursuivies que sur plainte de la partie lésée. Le paiement du
prix et des frais de justice avancés par la partie plaignante ou le désistement de celle-ci
éteindra l’action publique »
328
Catalogue des infractions

- La grivèlerie d’aliments ou de boissons ;


- La grivèlerie de logement ;
- La grivèlerie de voiture de louage.
D’autres droits, contrairement au droit positif congolais, reconnaissent la
grivèlerie de carburants et lubrifiants. Elle consiste dans le fait de se faire
remplir tout ou partie du réservoir par un professionnel de la distribution.
Seules les stations-services offrant ce type de service remplissent ces critères.
Lorsque le client se sert seul et part sans payer, il se rend coupable de vol car il
effectue une soustraction frauduleuse de la chose d’autrui. Les infractions de
grivèlerie se caractérisent par un élément moral commun mettant l’accent sur la
connaissance de l’impossibilité de payer le service obtenu. L’élément moral de
l’infraction est relativement difficile à caractériser. La preuve de la connaissance
ou, tout au moins la conscience de la personne « qui se sait être dans
l’impossibilité absolue de payer » est difficile à apporter. On vise dans ce même
élément moral la personne « déterminée à ne pas payer », la personne de
mauvaise foi dont le comportement traduit la volonté de commettre la
grivèlerie.

II. Procédure

L’infraction de grivèlerie ne trouble que très peu légérement l’ordre social. La


poursuite du coupable de grivèlerie a un lieu avant tout dans l’intérêt de la
partie lésée. L’action publique ne peut être mise en mouvement que sur plainte
de la victime. De ce qui précède et au regard des mêmes considérations,
l’action publique s’éteint automatiquement, et l’auteur échappe à toute sanction
pénale, si cet auteur régle ce qu’il doit ou si la victime se désiste de sa plainte.
278. Grivèlerie d’aliments ou de boissons
La grivèlerie d’aliments consiste dans le fait de se faire servir des aliments ou
des boissons506 . L’infraction ne protège que les professionnels de la
restauration, puisque seuls les établissements autorisés à le faire sont visés.
L’infraction de grivèlerie d’aliments ou des boissons existera lorsque :
1. l’agent se fait servir des boissons ou aliments commandés par lui-même ;
2. dans un établissement spécialisé (hôtel, flat-hotel, restaurant, auberge, bar
etc.) ;
3. la consommation en tout ou partie des boissons ou aliments ; il suffit que la
nourriture ou la boisson soit perdue pour le propriétaire.
4. l’auteur connait en se faisant servir qu’il ne pourrait pas payer (Elément
moral).

506
Crim. ,17 mars 1987, Gaz. Pal. 1987, 2, somm. p. 249, obs. Doucet.
Catalogue des infractions 329

L’oubli du portefeuille ou l’omission de se munir d’argent, le refus de payer


à cause de la mauvaise qualité du repas servi rendent inexistante l’infraction de
grivèlerie.

279. Grivèlerie de logement


La grivèlerie de logement consiste dans le fait de se faire attribuer ou
d’occuper effectivement des chambres dans un établissement destiné à cet
effet. Seuls les professionnels sont protégés. Si les juges punissent l’occupation
de la chambre, ils n’étendent pas l’incrimination au non-paiement des
prestations annexes, telles que les communications téléphoniques507 . La
grivèlerie de logement, elle, ne sera établie que si et seulement si :
1. l’agent a commandé et effectivement occupé un logement ; la durée importe
peu ;
2. cette occupation a eu lieu dans un établissement spécialisé (hôtel, auberge,
etc..) ;
3. l’agent s’est présenté comme un voyageur ;
4. il y a connaissance par le filou au moment de la commande du logement
qu’il ne pourra pas payer (Elément moral).

280. Grivèlerie de voiture de louage


La filouterie de voiture consiste à se faire transporter en taxi ou en voiture
de place par un professionnel. Seuls les professionnels sont protégés. En droit
comme en fait, la grivèlerie de voiture de louage est consommée à conditions :
1. d’avoir commandé une voiture ;
2. une voiture destinée au louage, taxis, voiture d’hôtel ou de loueurs ;
3. s’être fait véhiculer ;
4. savoir au moment de monter dans la voiture qu’on ne pourra pas payer
(Elément moral).
Le champ est limité par le fait que les grivèleries s’appliquent exclusivement
aux professionnels. Les poursuites relatives aux infractions de grivèlerie sont
subordonnées à la plainte préalable de la victime. Si l’auteur de l’infraction paie
une partie de ce qu’il doit, l’infraction ne disparaît pas. Par contre, s’il paye la
totalité du prix ainsi que les frais de justice avancés par la victime, l’action
publique sera éteinte.
L’article 102 bis du code pénal livre II est le texte qui réprime de huit jours à
six mois de servitude pénale principale et l’amende l’infraction de grivèlerie.
L’une de ces peines seulement peut être appliquée. La grivèlerie est de la
compétence matérielle du tribunal de paix. L’action publique de l’infraction de

507
Idem .
330
Catalogue des infractions

grivèlerie de voiture de louage se prescrit dans le délai d’une année. La peine


sera prescrite, elle, dans le délai de deux ans. La tentative de filouterie n’est pas
punissable508.

281. Grossesse forcée


I. Définition
En droit international pénal, la grossesse forcée est définie comme « la
détention illégale d’une femme mise en enceinte de force, dans l’intention de
modifier la composition ethnique d’une population ou de commettre d’autres
violations graves du droit international509.
En droit congolais, la détention d’une ou plusieurs femmes pour les
rendre enceintes de force ou par ruse constitue l’infraction de grossesse forcée.
Cette détention de la femme en vue d’une grossesse peut être réalisée par la
force, la contrainte ou la ruse. Il s’agit d’une atteinte à la liberté de la femme,
« une agression et une atteinte sexuelles » se caractérisant par l’emploi de la
contrainte, de la ruse, de la violence, des menaces ou de la surprise. L’analyse
de l’infraction de grossesse forcée s’articule autour des éléments constitutifs et
des pénalités .

II. Les éléments constitutifs de la grossesse forcée


a) L’élément légal.
La grossesse forcée est définie par l’article 174K de la loi n° 06/018 du
20 juillet 2006 modifiant et complétant le code pénal congolais510. Y sont
réprimés de dix à vingt ans, les actes imposés à la victime contre sa volonté.
L’acte devient criminel du fait de l’absence de consentement de la victime.

b) Les éléments matériels.


1° Certes la femme peut être complice d’une grossesse forcée, mais en
définitive, l’homme seul peut être auteur d’une grossesse forcée. La femme
n’en est que victime. Une femme qui détiendrait un mineur ou même un adulte
pour des relations sexuelles qui finissent par générer une grossesse que la
femme a recherchée ne peut faire l’objet de la préoccupation légale de l’article
174K de la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 . Elle pourra à la rigueur faire
l’objet d’une autre incrimination, en l’occurrence le viol.

508
Il nous parait important de faire remarquer qu’en dépit de ce que la grivelèrie est souvent
une infraction d’habitude, le législateur congolais n’a pas pour autant prévu de disposition
concernant la récidive.
509
Article 7, paragraphe 2, lettre f du statut de la cour pénal international.
510
La formulation portée au journal officiel est peu heureuse et ne reflète pas l’esprit et la
lettre du législateur. Nous osons croire qu’il s’agit d’une erreur matérielle.
Catalogue des infractions 331

2° L’acte matériel de la grossesse forcée n’est caractérisé que si un acte de


pénétration sur une femme est réalisée et que grossesse s’ensuive. On met
l’accent sur la connotation sexuelle de l’acte et une résultante exprimée par
l’expression « grossesse ». Il est question des grossesses attrapées dans un état
d’impuissance totale et dans des conditions de précarités manifestes. L’agent ne
doit pas avoir forcément recherché la grossesse parce qu’il ne maîtrise pas
forcément les cycles menstruels. Le fait d’avoir utilisé la force ou la ruse suffit
amplement.
3° L’acte réprimé c’est aussi la détention, la privation de liberté faite à une
personne. Evidemment en cas de condamnation pour une quelconque
infraction pareille détention n’est pas la concernée. La personne est gardée,
tenue en possession de l’agent , retenue , incarcérée par l’agent. Le lieu de
détention est indifférent. Que ce soit en plein air ou dans une maison, en fôret
ou en brousse. Que ce soit dans la propre habitation de la victime ou de
l’agresseur, dans une maison habitée ou inhabitée, dans une maison en paille ,
en cabane, en matériaux durables ou sémi-durables, dans une maison non
gardée ou surveillée, par des personnes armées ou non armées.
Une certaine doctrine considère que les femmes détenues légalement
qui seraient rendues enceintes, compte tenu de leur fragilité et vulnérabilité
bénéficieraient de la même protection légale.
4° Le défaut du libre consentement. Il se trouve au niveau de l’acte sexuel
auquel est soumise une femme, de force ou par ruse. Il se trouve également au
niveau de la conception d’un enfant non désiré, c’est-à-dire le fruit d’une
grossesse imposée ou celle de la honte.

c) L’élément moral
La grossesse forcée est une infraction nécessairement intentionnelle
caractérisée par l’absence de consentement de la victime et la nature sexuelle
d’une relation ayant pour but d’imposer une grossesse. L’intention coupable de
l’auteur résulte de la connaissance du caractère délictueux de l’acte perpétré. Il
résulte aussi de la volonté démontrée d’agresser sexuellement les personnes
privées de leur liberté illégalement et même légalement. L’article 174K
énumère une liste de caractéristiques des modes d’imposition de la grossesse
forcée : force, contrainte ou ruse.
III. Régime juridique

a)Procédure de répression
En tant qu’infraction de violence sexuelle, la grossesse forcée est
réputée infraction flagrante. Elle doit être réprimée avec célérité. A ce titre, elle
exige une enquête sans désemparer de manière à fournir les principaux
éléments d’appréciation. Dès la mise en mouvement de l’action publique,
l’enquête préliminaire se fait dans le délai d’un mois maximum. L’instruction et
le prononcé du jugement doivent intervenir dans les trois mois maximum à
332
Catalogue des infractions

compter de la saisine de l’autorité judiciaire. Requérir un médecin et un


psychologue peut s’avérer nécessaire pour apprécier l’état de la victime. C’est le
cas lorsqu’il faut déterminer les soins appropriés, évaluer l’importance du
préjudice et l’aggravation ultérieure.
b)Pénalités et juridictions compétentes
L’infraction de grossesse forcée est réprimée de dix à vingt ans de
servitude pénale. Le tribunal de grande instance est compétent matériellement
pour connaitre de cette infraction. Les juridictions militaires en matière de
violences sexuelles se conforment à leurs compétences respectives. Quant à
l’action publique, elle se prescrit dans le délai de dix ans.

282. Haine et aversion raciale


I. Textes légaux et bref aperçu historique

Depuis la colonisation, le législateur s’est préoccupé de la protection de


la considération personnelle. Il a d’abord protégé les européens par
l’ordonnance n°153/J du 22 novembre 1932. Il s’est avéré que ne protéger que
les seuls européens était une discrimination ; d’où la protection va s’étendra aux
autres races et en particulier aux autochtones. Ensuite, le décret du 02
décembre 1957511 prévoyait et réprimait la manifestation de l’aversion ou de la
haine raciale ou ethnique. Avec la décolonisation caractérisée par des troubles,
des sécessions, des guerres tribales, ethniques et l’aversion raciale deux textes
sont intervenus :
511
Il s’agit là de dispositions tout à fait spéciales prises peu de temps avant l’indépendance
par le Gouvernement Belge. Le Gouvernement Belge était soucieux d’éviter les faits de
discrimination injurieuse non seulement entre congolais et européens mais également entre
les différents groupes ethniques de la population congolaise.
Catalogue des infractions 333

1. l’ordonnance législative n°25-131 du 25 mars 1960 portant répression des


manifestations de racisme ou d’intolérance religieuse ;
2. le décret du 13 juin 1960 portant répression de toute forme de
discrimination dans les magasins et lieux publics.
Enfin, après l’indépendance, pour prévenir tout acte discriminatoire,
injurieux ou susceptible de compromettre l’ordre public, l’ordonnance-loi
n°66-342 du 07 juin 1966512 fut prise pour réprimer toute forme de racisme et
de tribalisme. Ce texte abrogea et remplaça l’article 75bis du code pénal
introduit par le décret du 02 décembre 1957. Cet article abrogé définissait et
réprimait l’incitation à la haine raciale. Cette ordonnance-loi est le texte
aujourd’hui en vigueur.

II. Éléments constitutifs

L’infraction de racisme et tribalisme se présente matériellement sous diverses


formes.
1ère forme : manifester ou extérioriser son mépris, son dégoût ou son hostilité,
sa vive inimitié à l’égard d’un individu, du fait de son appartenance raciale,
ethnique, tribale ou régionale. Ces divers actes doivent se réaliser :
- par paroles (injures, propos blessants) ;
- par gestes (attitude offensante, injurieuse ou méprisante) ;
- par écrits (confection, diffusion des documents discriminatoires) ;
- par images ou emblèmes (dessins, gravures, photographies, etc.) ou par tout
autre moyen.
2ème forme : tout acte de nature à inciter autrui à manifester de l’aversion ou de
la haine par gestes, paroles, écrits, usages, etc.
3ème forme : la participation au maintien des associations, groupements à
caractère racial, tribal, régional ou ethnique ;
4ème forme : assumer à un titre quelconque la direction ou l’administration
d’une association ou groupement tribal à caractère politique. L’infraction de
haine et aversion raciale suppose également un élément moral. La volonté de
poser un acte discriminatoire ou susceptible de provoquer le désordre ou de
troubler l’ordre public.

III. Modalités de répression

Le racisme et le tribalisme sont punis d’un mois à trois ans de servitude


pénale et d’amende ou de l’une des peines513. Si l’auteur est dépositaire de

512
M.C., n° 15 du 15 août 1966, p. 559.
513
Cette peine est issue de l’ordonnance-loi n° 66- 3 42 du 07 juin 1966 relative à la
répression du racisme et du tribalisme. C’est le texte légal qui crée et réprime l'infraction de
racisme et tribalisme.
334
Catalogue des infractions

l’autorité publique, la peine sera de six mois au moins de servitude pénale


principale et d’une amende lorsque l’infraction a été commise dans l’exercice de
ses fonctions.
Si l’infraction a causé une désorganisation des pouvoirs publics, des
troubles graves, un mouvement sécessionniste ou une rébellion, le coupable
sera puni de servitude pénale à perpétuité ; ceux qui auront participé au
maintien d’un cercle, club, association ou groupements visés par cette loi
seront punis d’un mois à deux ans de servitude pénale principale et d’une
amende ou d’une de ces peines seulement.
La non dénonciation de l’infraction de haine et aversion raciale est punie de
quinze jours à une année de servitude pénale principale et d’une amende ou de
l’une des peines uniquement.
Dans ce dernier cas, si l’auteur est dépositaire de l’autorité publique, la
peine sera de six mois à deux ans de servitude pénale principale et d’une
amende ou de l’une de ces peines. Il sera décidé l’expulsion du territoire
national si l’auteur est un étranger.

283. Harcèlement sexuel


L’incrimination de harcèlement sexuel a été introduite dans notre code
pénal par la loi du 20 juillet 2006. Elle permet de tenir compte d’agissements
divers.

I. Les éléments constitutifs

La coexistence des éléments légal, matériel et moral établit en fait


comme en droit l’infraction de harcèlement sexuel.

a)L’élément légal.
L’usage de menaces, d’ordres, l’abus d’autorité et le comportement qui
consiste à exercer une pression sur un salarié afin d’obtenir des faveurs
sexuelles existe depuis fort longtemps.
L’article 174d de la loi du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le code pénal
congolais définit l’incrimination de harcèlement sexuel. C’est l’adoption d’un
comportement persistant envers autrui, se traduisant par des paroles, des gestes
soit en donnant des ordres ou en proférant des menaces ou en imposant des
contraintes, soit en exerçant des pressions graves, soit en abusant de l’autorité
que confère les fonctions pour obtenir des faveurs de nature sexuelle.
b)L’élément matériel.
Le texte n’est pas explicite dans la définition de l’élément matériel car il
se contente d’incriminer le fait de harceler autrui dans le but d’obtenir des
faveurs de nature sexuelle. Nous estimons néanmoins que l’auteur ne peut être
qu’une personne qui menace, supérieur hiérarchique ou ayant un pouvoir sur
ses victimes, abuse de l’autorité que lui confère ses fonctions. Les
Catalogue des infractions 335

comportements constituant le harcèlement sont ceux consistant à donner des


ordres, proférer des menaces, imposer des contraintes ou exercer des
pressions. Le fait de harceler suppose cependant, au regard du sens des mots
de la langue française, l’idée d’une répétition.
Mais, il a été jugé que toute « drague », toute séduction, même maladroite
ou grossière, ne signifie pas ipso facto qu’un harcelement est constitué514.
L’appréciation est au gré des juges et à leur interprétation souveraine. toutefois,
lorsqu’un professeur fait une déclaration d’amour à une jeune élève, l’invite
dans son bureau, la prend dans ses bras et l’embrasse trois fois sur la bouche, la
qualification adaptée ne peut pas être le harcèlement.
c)L’élément moral.
L’infraction est commise « dans le but d’obtenir des faveurs
sexuelles ».La recherche de la satisfaction des désirs sous la forme de
l’obtention de faveurs sexuelles. Pour que l’infraction soit caractérisée, il faut
que le prévenu essaie d’obtenir « un acte de nature sexuelle »515 . Aucune
condamnation ne peut être prononcée sans le constat que le harcelement
incriminé poursuivait un tel but516.

L’attitude dela victime est indifférente. L’infraction est caractérisée par la


mise en œuvre de comportements incriminés, peu importe que la victime
cède sous la pression ou qu’elle s’y refuse.

II. Régime juridique

a)Texte légal et sanctions


Le harcèlement sexuel est une infraction récemment créée. Elle est
punie de servitude pénale d’un an à douze ans et d’une amende de cinquante
mille francs congolais constants. Cela ressort des prescrits de l’article 174d de
la loi du 20 juillet 2006 sur les violences sexuelles. Le juge a la latitude d’infliger
l’une de ces peines seulement. L’amende transactionnelle n’est pas
d’application.
b)Procédure et tribunal compétent
La poursuite de l’infraction de harcèlement sexuel est subordonnée à la
plainte de la victime. La plainte de la victime est donc un préalable à toute
poursuite. Il n’y a donc pas de saisine d’office en matière de harcèlement
sexuel. Le tribunal de grande instance est l’instance répressive compétente.

284. Harcèlement sexuel sur un enfant


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467-28, 283.
514
Cour d’appel de Versailles, 29 novembre 1996 et 31 janvier 1997, RSC 1998, p. 105,
obs, Mayaud ; Crim.,22 janvier 1997, Bull. crim., n° 22, RSC 1998, p. 325, obs. Mayaud.
515
Cour d’appel Paris, 18 janvier 1996, Gaz.Pal.1996, 1, p.267, note Katz.
516
Crim.,10 novembre 2004,Bull. n°280 ; Dr.pénal 2005,c omm. 53, Rev.sc.crim.2005,
78,obs. Y. Mayaud.
336
Catalogue des infractions

285. Hausse ou baisse des prix


Voir Prix, n°457-5.

286. Haute trahison


Il y a haute trahison lorsque le Président de la République a violé
intentionnellement la Constitution ou lorsque lui ou le Premier ministre sont
reconnus auteurs, co-auteurs ou complices de violations graves et caractérisées
des Droits de l’homme, de cession d’une partie du territoire national (article
165 alinéa 1er de la constitution).
Il y a atteinte à l’honneur ou à la probité notamment lorsque le
comportement personnel du Président de la République ou du Premier
ministre est contraire aux bonnes mœurs ou qu’ils sont reconnus auteurs, co-
auteurs ou complices de malversations, de corruption ou d’enrichissement
illicite. Il y a délit d’initié dans le chef du Président de la République ou du
Premier ministre lorsqu’il effectue des opérations sur valeurs immobilières ou
sur marchandises à l’égard desquelles il possède des informations privilégiées et
dont il tire profit avant que ces informations soient connues du public. Le délit
d’initié englobe l’achat ou la vente d’actions fondés sur des renseignements qui
ne seraient jamais divulgués aux actionnaires.
Il y a outrage au parlement lorsque sur des questions posées par l’une ou
l’autre chambre du Parlement sur l’activité gouvernementale, le Premier
ministre ne fournit aucune réponse dans un délai de trente jours. La décision
de poursuites ainsi que la mise en accusation du Président de la République et
du Premier ministre sont votées à la majorité des deux tiers des membres du
Parlement composant le Congrès suivant la procédure prévue par le Règlement
intérieur (article 166 de la constitution).
En cas de condamnation, le Président de la République et le Premier
ministre sont déchus de leurs charges. La déchéance est prononcée par la Cour
constitutionnelle517. Pour les infractions commises en dehors de l’exercice de
leurs fonctions, les poursuites contre le Président de la République et le
Premier ministre sont suspendues jusqu’à l’expiration de leurs mandats.
Pendant ce temps, la prescription est suspendue (article 167 alinéa 2)

287. Homicide involontaire


L’homicide involontaire est aussi appelé homicide par imprudence. L’on
peut définir l’homicide involontaire comme la mort d’une personne, mort non
voulue par l’auteur, mais qui arrive par sa faute. C’est l’homicide
préterintentionnel. Est ainsi coupable de cette prévention, le propriétaire d’un
chien enragé qui a causé la mort de la victime des morsures, s’il est établi que
517
Il s’agit toujours de la constitution, en son article 167.
Catalogue des infractions 337

ce chien n’était pas vacciné et qu’il a profité de la liberté lui accordée par son
maître qui n’avait pas pris les précautions d’enfermer son chien dans sa maison
ni de le tenir en laisse518 . La faute de l’auteur est requise pour que l’infraction
d’homicide involontaire soit imputée à une personne déterminée. Cette faute
peut consister dans :
- la négligence, c’est-à-dire l’insouciance, l’inaction, l’abstention ou l’omission;
- l’inattention, c’est-à-dire le manque d’entretien, l’étourderie ;
- l’imprudence, c’est-à-dire un défaut de prudence ou une imprévoyance ou
encore une témérité ;
- la maladresse, c’est-à-dire un manque d’adresse, d’habilité ou de dextérité ;
- l’inobservance des règlements, c’est-à-dire la violation des prescriptions qui
réglementent la circulation routière. L’infraction d’excès de vitesse constitue
un des éléments de l’infraction d’homicide involontaire par accident de
roulage et le tribunal peut toujours s’y appuyer pour démontrer le défaut de
prévoyance519 . L’excès de vitesse imprimé à un véhicule est suffisamment
prouvé par l’étendue des traces de freinage, soit en l’occurrence, 15
mètres520 .

I. Eléments constitutifs de l’homicide involontaire

a)L’élément légal
L’article 53 du code pénal dispose que : « quiconque aura involontairement
causé la mort d’une personne sera puni… ». Il précise l’élément matériel et
moral. L’homicide involontaire est soumis à la définition commune de la faute
en lien de causalité avec le dommage. L’homicide involontaire est une atteinte à
la vie et à l’intégrité de la personne. La répression n’est envisagée qu’en cas de
préjudice. L’homicide involontaire est une infraction matérielle. Le dommage
est un élément constitutif à part entière de l’infraction.
Pour que l’infraction d’homicide involontaire soit établie, elle doit
réunir différents autres éléments.
b) Un fait matériel d’homicide, la mort de la victime.
Le décès de la victime reçoit une définition scientifique objective. Il est
facile à qualifier par les juges. L’infraction impossible d’homicide involontaire
sur cadavre n’est pas punissable, car l’élément constitutif de la mort de la
victime fait défaut.
c) Après une faute, même non intentionnelle de l’agent.
La faute doit nécessairement avoir causé la mort de la victime, élément
constitutif à part entière de l’infraction. Il en a été ainsi des prévenus qui ont
soumis une fillette à un jeûne et à la prière aux fins de la délivrer et mort s’en

518
C.S.J., R.P 288, 25 mars 1980 cité par Dibunda. , op. cit. , p. 102.
519
C.S.J., R.P. 311,15 avril 1980 cité par Dibunda ,op. cit. , p.84.
520
C.S.J., T S .R.R.n°2, 6 avril 1978 R.J.Z. 1979 p.38 c ité par Dibunda. , idem, p.85.
338
Catalogue des infractions

est suivie521. Si le décès apparaît postérieurement comme une manifestation de


l’aggravation des blessures initiales, l’auteur de la faute subira cette
conséquence pendant la durée de la procédure. Le juge doit privilégier la
qualification pénale en tenant compte du dommage au jour où il statue et
retenir l’infraction sous sa haute expression pénale.

d) Le lien de causalité entre la faute commise et le dommage subi


par la victime, c’est-à-dire la mort.
Le législateur exige l’existence d’un lien de causalité entre la faute
commise et la mort survenue. Cette cause peut être directe ou indirecte,
médiate ou immédiate.
Le lien de causalité doit être certain, mais il ne doit pas relier la faute au
dommage par une relation directe, exclusive et immédiate. La responsabilité
pénale de l’agent doit être retenue. Il a été jugé qu’est coupable d’homicide
involontaire le propriétaire d’un chien enragé qui a causé la mort de la victime
des morsures, s’il est établi que ce chien n’était pas vacciné et qu’il a profité de
la liberté lui accordée par son maître qui n’avait pas pris les précautions de
l’enfermer dans sa maison ou de le tenir en liasse522.

Quelques exemples d’homicide involontaire.


Un infirmier qui néglige de prévenir le médecin de la gravité de l’état de
santé d’un malade qui finit par mourir de ce fait ; un médecin qui prescrit à un
malade un produit toxique qui lui cause la mort ; un féticheur qui utilise
comme remède une substance vénéneuse qui finit par procurer la mort ; un
chasseur qui vise un gibier et atteint une personne mortellement ; l’excès de
vitesse, le mauvais croisement qui provoque la mort etc.

II. Poursuites

a)Texte légal et peines


L’article 53 du code pénal livre II définit et punit l’homicide
involontaire. La sanction est de trois mois à deux ans de servitude pénale
principale et une amende. Le législateur n’a pas laissé de possibilité d’infliger la
seule peine d’amende.

b)Tribunal compétent et prescription de l’action publique


Le tribunal de paix, compétent matériellement pour cette infraction, peut
également ordonner la réparation civile du préjudice occasionné. L’action
publique de l’infraction d’homicide involontaire se prescrit en trois ans.

521
Tribunal de paix de kisangani/Makiso., RP 1633, 07 novembre 2003, ministère public
contre les prévenus Meshake Singwadi et José Yaluli Elie, inédit.
522
C.S.J.,RPA 77, 25 mars 1983, R.J.Z, 1983,p.15.
Catalogue des infractions 339

L’infraction d’homicide, comme celui de blessures par imprudence, n’est


commise que le jour où la mort ou les blessures ont été occasionnées. Dès lors,
c’est de cette date que commence à courir la prescription et non du jour ou a
été commise la faute ou l’imprudence d’où a pu ultérieurement résulter
l’infraction523 . Le décès marque le point de départ de la prescription de l’action
publique.

288. Homicide par imprudence


Voir Homicide involontaire, n° 287.

289. Homicide préterintentionnel


Voir homicide involontaire, n° 287.

290. Homicide volontaire


Voir meurtre, n° 359 .

291. Homosexualité
L’homosexualité peut être définie comme une perversion sexuelle dans la
mesure où la libido est détournée de son objet naturel. Elle consiste en des
rapports contre nature entre deux femmes ou deux hommes. Le terme
homosexualité est plutôt réservé aux aspects physiques de l’homophilie qui est
une attirance érotique pour les individus du même sexe.
Au Congo, l’homosexualité n’est pas en soi érigée en infraction. Seul le
mariage homosexuel est prohibé. Il est érigé en infraction punissable d’amende
(articles 330,349, 395 alinéa2 du code de la famille). Néanmoins, les
manifestations de l’homosexualité tombent sous le coup de la loi lorsqu’elles
portent atteinte à la pudeur publique. C’est-à-dire lorsqu’ elles présentent un
caractère de publicité choquante au même titre d’ailleurs que les débordements
publics d’une activité sexuelle normale. Tel est le cas lorsqu’ elles constituent
un outrage public aux mœurs ou un appel à la prostitution. L’homosexualité
peut être également le mobile ou l’occasion des infractions contre les biens. Le
caractère honteux et quasi clandestin de l’homosexualité en fait un terrain
d’élection pour le chantage. Elle peut aussi être l’occasion des crimes de sang.
Le « milieu » homosexuel parce qu’assez fermé et favorable à la délinquance est
une sorte de « bouillon de culture » où éclosent les virus criminels.

292. Hôtel

523
Crim. , 10 mars 1932, D.H 1932.189 –Aix ,12 janvier 1954, D 1954.338 et la note in
Dalloz op.cit. , p.6.
340
Catalogue des infractions

Toute personne est libre d’ériger un hôtel à la condition de se conformer


aux prescriptions légales. Il est interdit d’exploiter un établissement hôtelier
sans autorisation et homologation préalables, sans conditions techniques
nécessaires ainsi que des garanties de moralité. Le texte légal est la loi n°78-015
portant statut d’établissements hôteliers au Zaïre524. L’hôtelier qui ne respecte
pas les conditions d’hygiène et d’autres exigées se verra retirer, refuser ou
suspendre l’autorisation (art. 4).
Tout exploitant ou l’un de ses préposés qui fait ou tente de faire obstacle
à l’exercice des fonctions des inspecteurs des hôtels est passible d’une servitude
pénale principale de vingt jours maximum et d’une amende ou d’une de ces
peines seulement (art. 12). Le tribunal de paix est la juridiction compétente
pour juger des infractions relatives à l’exploitation d’un établissement hôtelier.
La prescription de l’action publique est d’une année.

293. Images et écrits contraires aux bonnes mœurs


La baisse généralisée de la moralité dans le pays nous amène à retenir
cette incrimination , qui en réalité est une infraction d’outrage aux bonnes
mœurs. Ceci permet de mettre à disposition de ceux qui ont réçu mission
d’assurer l’ordre et la moralité publics une panoplie d’outils pour sévir.
En effet, chaque société possède un ensemble de règles de conduite
imposées par son code moral. Tout ce qui porte atteinte aux bonnes mœurs
met ces règles en péril. Il en est ainsi de la distribution, de l’exposition, de la
mise en vente, du transport en vue de la vente des images, photos, chansons,
écrits contraires aux bonnes mœurs qui constituent une infraction. L’infraction
qualifiée d’images et écrits contraires aux bonnes mœurs est une création de
l’ordonnance-loi n°79-007 du 6 juillet 1979525.Elle est prévue et réprimée par
l’article 175 du code pénal qui dispose que :
« Quiconque aura exposé, vendu ou distribué des chansons, pamphlets ou
autres écrits, imprimés ou non, des figures, images, emblèmes ou autres objets
contraires aux bonnes mœurs, sera condamné à une servitude pénale de huit
jours à un an et à une amende de vingt-cinq à mille zaïres ou à l’une de ces

524
J.O.Z., n° 14, 15 juillet 1978, p. 12.
525
Cette ordonnance-loi est citée à maintes reprises par le Professeur LIKULIA
BOLONGO.,op.cit,p.350.
Catalogue des infractions 341

peines seulement », l’action publique se prescrit, pour cette infraction relevant


de la compétence matérielle du tribunal de paix, dans le délai d’une année.

294. Importation et commerce des articles de


vêtements usagers
Le commerce de vêtements usagés est de nos jours très répandu. Ce
commerce est licite. Ce qui est interdit, c’est l’importation et le transit d’articles
de vêtements et hardes usagés qui n’auront pas été préalablement désinfectés.
La désinfectation doit se faire suivant les procédés classiques et scientifiques en
usage. Il appartient à l’importateur ou au transitaire de faire la preuve du
traitement de désinfection et de désinsectisation par la production du certificat
ad hoc. Le texte légal est l’ordonnance 74-359 du 5 novembre 1957526. Elle est
relative à l’importation et au commerce des articles de vêtements usagés.
Les infractions y relatives sont punies d’une servitude pénale de deux
mois et d’une amende qui ne sera pas supérieure à 2.000 francs ou de l’une de
ces peines seulement (art.5). Si l’infraction a eu une épidémie pour
conséquence, la servitude pénale sera toujours appliquée (art.5).

295. Imposition d’amendes collectives


Même en temps de guerre ou pendant les circonstances exceptionnelles, le
législateur a érigé des garde-fous. Ceux-ci sont susceptibles de contenir tout
élan d’extravagance de la part des détenteurs d’une certaine parcelle de
pouvoir. Le législateur veille en conséquence à la sauvegarde des droits et
libertés fondamentaux de plus faibles. Il a par exemple interdit de profiter de
l’existence d’une situation exceptionnelle pour infliger, mieux imposer des
amendes. L’incrimination de l’imposition d’amendes collectives est prévue et
sanctionnée par l’article 191 du code pénal militaire. La pénalité susceptible
d’être encourue est de dix à vingt ans de servitude pénale.

I. Conditions préalables

Pour se trouver établie l’infraction d’imposition d’amendes collectives est


subordonnée à la réalisation de deux conditions préalables.
1. Les faits doivent être commis au moment de la proclamation de l’état de
siège ou d’urgence, ou à l’occasion d’une opération de police tendant au
maintien ou au rétablissement de l’ordre public (en temps de guerre ou
pendant les circonstances exceptionnelles) ;
2. Les auteurs ne peuvent être que les détenteurs d’une parcelle de pouvoir, les
autorités judiciaires, politico-administratives, policières ou militaires.

526
B.A. , 1957, p.2168 ; Codes Larcier, République Démocratique du Congo, tome III,
volume 2, Larcier-Afrique Editions 2003, p. 888.
342
Catalogue des infractions

II. Eléments constitutifs proprement dits


a)L’élément légal.
L’infraction de l’article 191(imposition d’amendes collectives) du code pénal
militaire exige la réunion des éléments constitutifs ; l’élément matériel et
l’élément moral.
b)L’élément matériel
L’élément matériel est fait d’actes autonomes de punitions collectives qui
sont susceptibles d’aggraver périlleusement la précarité de la situation socio-
économique d’un groupe donné ou d’une communauté déterminée ;
c)L’élément moral
L’élément moral comme intention frauduleuse résulte de la connaissance de
l’illicéité de l’acte posé. Il résulte aussi de la recherche d’un gain illégitime pour
soi-même ou pour autrui, peu importe le mobile de l’agent.

III. Régime répressif


Outre la peine de servitude pénale de dix à vingt ans, le législateur a prévu
également la peine de mort. Celle-ci sera appliquée à l’encontre des agents
coupables de l’incrimination d’imposition d’amendes collectives qui auront en
même temps commis des sévices ou perpétré une autre infraction lors de sa
matérialisation.

296. Imputations calomnieuses


L’infraction d’imputations calomnieuses est le fait de dénoncer
calomnieusement un subordonné à son supérieur. Cette dénonciation peut être
faite verbalement ou par écrit.

I. Eléments constitutifs

L’infraction d’imputations calomnieuses est constituée des mêmes


éléments que la dénonciation calomnieuse mais diffère de celle-ci.
a) Eléments matériels des imputations calomnieuses.
1. La dénonciation doit être faite devant le supérieur hiérarchique de la
victime. Il s’agit d’une hiérarchie dans l’administration publique, dans les
entreprises ou chez les privés, etc.;
2. Les faits constituant l’infraction d’imputations calomnieuses ne doivent pas
nécessairement provoquer des sanctions pénales ; il peut s’agir des fautes
professionnelles ; des faits concernant le comportement personnel de
l’intéressé et de nature à faire cesser la confiance qu’avait en lui son
supérieur ;
Catalogue des infractions 343

3. L’inexactitude du fait. Pour qu’il y ait infraction d’imputations calomnieuses,


le fait imputé doit être faux527 ; il n’est pas nécessaire que ce fait constitue
une infraction ;
4. L’existence d’un lien de subordination entre celui qui reçoit les imputations
calomnieuses et celui à qui ces dernières sont imputées.

b) Elément moral
L’auteur doit avoir la connaissance de la fausseté des faits imputés. Peu
importe qu’il ait agi par désir de nuire, pour se rendre intéressant, pour obtenir
de la considération ou pour toute autre raison. Les exemples propres
d’imputations calomnieuses sont le fait de dire à un directeur général que le
comptable est criblé des dettes et celui d’écrire une lettre à un patron pour lui
annoncer que son chauffeur s’enivre fréquemment.

II. Poursuites

Les imputations calomnieuses sont prévues et sanctionnées par l’article 76


al 2 du code pénal livre II. Les sanctions, le tribunal compétent ainsi que la
prescription sont les mêmes que ceux prévus pour l’infraction de dénonciation
calomnieuse.

297. Imputations calomnieuses de nature à inciter


autrui à commettre une infraction
Celui qui, abusant des croyances superstitieuses des autres (des villageois
par exemple), aura sans fondement réel, imputé à quelqu’un un acte ou un
événement vrai ou imaginaire, sachant que cette imputation inciterait un tiers à
commettre une infraction, commet l’infraction. Les imputations calomnieuses
de nature à inciter autrui à commettre une infraction sont aussi appelées abus
de croyances superstitieuses.

I. Eléments constitutifs

Pour être retenue à l’égard de quiconque, l’infraction d’abus de croyances


superstitieuses exige :
a) une imputation précise ;

527
Les termes mêmes employés par le code pénal « imputations calomnieuses » plaident
pour la fausseté du fait imputé. Il me semble donc que l’intention de nuire n’est pas à elle
suffisante pour établir l’infraction. La fausseté du fait est impérative et obligatoire.
344
Catalogue des infractions

b) à l’endroit d’une personne humaine et vivante ;


c) l’agent doit savoir que ses allégations peuvent provoquer la commission de
l’infraction.
Exemples typiques des imputations calomnieuses de nature à inciter autrui à
commettre une infraction :
- Imputer, dans un village déterminé, à une personne d’être sorcière
exterminant ses propres enfants alors que le sort réservé à cette catégorie
d’hommes est l’incendie de ses biens et propriétés ou même la mort.
- Manyanga dit dans le village que Makatuka a jeté un mauvais sort à l’enfant
de Sibutu. Si à la suite de ces propos Sibutu tue Makatuka, Manyanga sera
complice du meurtre. Si Sibutu incendie la maison de Makatuka, Manyanga
sera complice d’incendie volontaire…
- Dire de Boku qu’il a mangé la chair d’Apomolia alors que le sort réservé au
cannibale est le supplice du collier.

II. Régime répressif

L’infraction d’imputations calomnieuses de nature à inciter autrui à


commettre une infraction a été prévue, définie et réprimée par l’article 78 du
code pénal livre II. Cette disposition en fixe en outre les pénalités.

Le coupable, dit l’article 78 précité, sera puni comme complice de l’infraction


provoquée. La complicité est une modalité atténuée de la participation
punissable528 . Le complice sera poursuivi conformément à l’article 22 du code
pénal. Il subira une peine identique à celle de l’auteur de l’infraction.

298. Imputations de sorcellerie


L’accusation de sorcellerie est courante, grave et injurieuse. Elle a fait
l’objet de notre attention. En effet, les tribunaux de paix de la périphérie de la
ville-province de Kinshasa mais aussi d’autres villes de l’ensemble de la
République démocratique du Congo sont inondés d’accusation de sorcellerie.
L’accusation de sorcellerie peut porter atteinte à l’honneur ou à la
considération d’une personne ou bien l’exposer au mépris public. Elle est
devenue surtout de nature à exposer à la vindicte populaire, et même au
lynchage, dans les citées populaires et dans les villages.
Si la sorcellerie, comme phénomène parapsychologique dont la preuve
est difficile à administrer, n’est pas érigée en infraction et conséquemment
impunissable par le droit écrit, les imputations de sorcellerie, elles, sont
réprimées. Le législateur a crée récemment l’infraction d’accusation de
sorcellerie à l’égard d’un enfant. Le siège légal de cette prévention est la loi
528 ème
NYABIRUNGU MWENE SONGA. , op.cit., 2 édition, p.206.
Catalogue des infractions 345

n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant, en son article 160.


L’auteur est puni de un à trois ans de servitude pénale principale et d’une
amende de deux cents mille à un million de francs congolais.
Au regard du droit écrit, l’imputation de sorcellerie peut être une imputation
d’un fait précis dommageable si elle est méchante ou publique (art.74) ou une
injure publique (art.75) ou une injure simple (art.77). Il est de jurisprudence que
doit être puni du chef d’injure publique le fait de qualifier quelqu’un de
sorcier529 .
L’imputation de sorcellerie peut-elle tomber sous le coup d’infraction
d’injures publiques ? Mineur répond affirmativement : « Le caractère primitif
des populations africaines, leurs croyances aux esprits, au pouvoir des sorciers,
donne à cette question un intérêt particulier »530 . Le tribunal d’appel de Boma
s’est prononcé dans ce sens le 4 janvier 1916, en décidant que tombe sous
l’application du code pénal, le fait d’imputer méchamment et publiquement à
un indigène d’avoir ensorcelé et fait mourir une autre personne (fait précis)
alors que cette imputation est faite dans un pays où la croyance aux sorciers est
générale et expose celui qui est l’objet de cette imputation au mépris public531 .
Enfin l’article 78 qui se rattache aux dispositions réprimant les épreuves
superstitieuses, barbares donne à certaines imputations graves de sorcellerie la
qualification de complicité pour toutes les infractions que cette infraction aura
ainsi provoquées. Cette complicité de type spécial exige que l’auteur abuse des
croyances superstitieuses d’autrui, impute sans fondement réel à une personne
un acte ou un événement réel ou imaginaire et sait ainsi que cette imputation
incitera autrui à commettre une infraction. Une fois les trois conditions
réunies et après avoir abouti au résultat infractionnel, l’article 78 est applicable.
Comme telle, cette infraction vise une imputation précise tout comme l’article
74 du même code et réclame aussi l’exécution au moins tentée de l’infraction
qu’elle a suscitée. Dès lors dire seulement d’une personne qu’elle est sorcière
n’est pas lui imputer un acte ou un événement vrai ou imaginaire au sens de
l’article 78532 .

299. Imputation dommageable à un enfant


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467-29.

300. Imputations dommageables ou diffamation


Le fait d’imputer méchamment et publiquement à une personne un fait
précis qui est de nature à porter atteinte à l’honneur ou à la considération de

529
Parquet Lulua , 22 octobre 1951 , J.T.O 1953 p.44.
530
MINEUR cité par MM Kalambay G., Kapeta-Nzovu H. et Lamy E. , in Revue Juridique du
Congo , 1ère partie : Droit écrit , Janvier-Février- Mars-Avril 1969 p. 107.
531
Boma, 11avril 1916, Jur.Congo, 1926, p. 301
532
Ière inst. 29 janvier 1936 RJCB, p.198.
346
Catalogue des infractions

celle-ci ou à l’exposer au mépris public constitue l’infraction d’imputations


dommageables.

I. Préalables

L’infraction d’imputations dommageables ou diffamation pour être


établie exige des préalables. Comme préalables, l’infraction suppose la publicité
d’une part et ne concerne d’autre part que des personnes physiques, les
particuliers. Ce qui veut dire qu’à défaut de publicité, il n’y a pas infraction de
diffamation (imputation dommageable) et qu’il n’y a pas de diffamation au
préjudice des personnes morales.

a) La publicité.

Pour qu’il y ait publicité :


1. Les faits doivent avoir été déclarés en présence des témoins ; il a été
jugé que l’élément de publicité requis dans la réalisation de l’infraction
d’imputation dommageable est établi dès lors que le juge constate dans
la motivation du jugement que « le prévenu a déclaré en présence des
témoins » des faits précis de nature à constituer une imputation
dommageable 533 . S’il s’agit d’écrits ou images, ils doivent être
distribués, vendus ou exposés dans des lieux publics ou des réunions
publiques ;
2. S’il s’agit de propos, ils doivent être prononcés de façon à être entendus
par d’autres personnes ;
3. s’il s’agit des paroles (ou discours) elles doivent être proférées à haute
voix en présence de la victime et d’une autre personne en des lieux affectés
à l’usage de tous et accessibles.
b).Les particuliers.
La personne protégée, c’est la personne physique, l’individu
suffisamment désigné et reconnaissable. Il a été jugé que pour être constitutive
de l’infraction visée à l’article 74 du code pénal, l’imputation dommageable doit
être dirigée contre une personne nommément désignée ou tout au moins
pouvant être identifiée534 .

II. Eléments constitutifs proprement dits

Les éléments qui suivent déterminent l’infraction d’imputation dommageable


ou diffamation.
a)Un acte matériel d’imputation

533
C.S.J., RP 93, 04 juillet 1975, B.A. 1976, p. 167.
534
Tribunal de paix de Kinshasa/ Gombe, RP 16.879/ IV, 16 mars 2001, Inédit.
Catalogue des infractions 347

L’allégation ou l’imputation. Lallégation ou l’imputation suppose de


reprocher un acte particulier ou un comportement précis à un individu, ou à un
groupe d’individus. Peu importe la forme de l’imputation ou de l’allégation,
qu’elle soit faite de manière affirmative , interrogative , par insinuation535, etc.
Cette allégation doit être évidemment publique. L’acte matériel d’imputation
consiste à attribuer, à mettre au compte de la personne physique un fait donné,
vrai ou faux ; même de façon interrogative, négative, conditionnelle ou
hypothétique.
La champ d’application de l’infraction de diffamation ou imputations
dommageables est large et dépasse le seul cadre de la presse écrite. Les moyens
tels que l’écrit informatique, la parole et l’image entrent dans le champ
répressif. En effet, la loi doit s’appliquer aussi à la radio, la télé, et même
l’internet.
b)Un fait précis.
Un fait allégué ou imputé. La diffamation, c’est imputer un fait précis à
autrui . C’est ce critère qui permet de distinguer l’imputation dommageable de
l’injure. Par fait précis, il faut entendre un fait déterminé dont la véracité ou la
fausseté peut faire l’objet d’une preuve directe ou contraire536 . C’est-à-dire un
acte , un comportement, qu’il serait possible de prouver s’il était vrai537. (d’où
l’exception veritas) La détermination, la précision du fait exclue des
déclarations d’ordre général qui relèvent de l’injure (article 75). Ainsi par
exemple, lorsqu’une personne déclare qu’à telle date, tel individu, comptable
public des dépenses à tel ministère, a détourné des fonds publics de tel
montant. Il s’agit là d’un fait précis et par la suite d’une diffamation
caractérisée538 .
c)Un préjudice.
Le fait allégué ou imputé doit porter atteinte à l’honneur ou à la
considération. C’est-à-dire l’imputation d’un fait précis doit être de nature à
porter atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne, à l’exposer ou
susceptible de l’exposer au mépris public, à la diminution ou à la destruction de
l’estime dont elle jouit, à compromettre les égards dus au rang occupé par la
victime dans la société.
Il est difficile de savoir ce qui porte atteinte à l’honneur (personnel) ou à la
considération(au regard du public). C’est le juge qui statuera au cas par cas ,
mais en référence au bon père de famille. Pour le juge, l’appréciation objective
est nécessaire car il n’est pas question que certaines personnes puissent abuser

535
Par exemple, des allusions à des malversations financières : crim., 19 décembre 2000,
Dr. Pénal 2001, comm, 56, obs. Veron.
536
C.S.J., 4 avril, Bull. 1974, p. 91.
537
L. François., « Preuve de la vérité des faits diffamatoires et convention européenne des
droits de l’homme : confrontation des conceptions françaises et européennes », D.2005, p.
1388.
538
NZANGI BATUTU. , op cit. , p. 13.
348
Catalogue des infractions

de cette voie au pretexte que personne n’a le droit de les critiquer ou d’avoir
une opinion différente d’eux.
Par exemple, dire d’un écrivain que ce n’est pas lui qui écrit ses livres, c’est le
diffamer.539 De même, le fait d’insinuer qu’une journaliste n’est que la porte
parole occulte d’un musicien.
d)L’élément moral ou l’intention de nuire.
L’élément moral résulte du mot méchamment employé par le législateur.
L’intention de nuire est toujours présumée. La bonne foi ne peut être déduite
de faits postérieurs à la diffusion des propos litigieux. C’est au moment où se
commet l’infraction, au moment où les propos diffamatoires sont dits ou écrits
que doit s’apprécier la bonne foi.
Cependant si le diffamateur établit une cause justificative prouvant sa bonne
foi, il ne subira pas la peine. C’est le cas d’actes posés dans le cadre de la
fonction : les journalistes, les critiques littéraires ou d’art pour autant qu’ils
n’outrepassent pas les droits de la critique.
L’infraction d’imputation dommageable sera établie dans le cas du prévenu à
qui la victime a révélé qu’elle est réputée dans des matières supersitieuses, si le
prévenu l’expose au mépris du public et souille son honneur en informant
plusieurs autorités dans l’intention de nuire540.
Sont exemples d’imputations dommageables ou diffamation le fait de
dire de quelqu’un qu’il est coureur de jupon, qu’il pisse dans son pantalon. Dire
ou écrire qu’un politique est l’auteur du détournement des deniers publics, qu’il
est corrompu. Le fait de traiter quelqu’un de sorcier. Le fait de dire d’un prêtre
catholique qu’il vit en concubinage ; par contre, un ancien patron qui donne
des renseignements en toute bonne foi et dans la discrétion, ne commet pas de
diffamation.

III. Poursuites

La plainte pour diffamation peut être initiée ou être l’œuvre de la


victime. Le Ministère public peut également poursuivre.

a)Y a-t-il des immunités en matière de diffamation (ou imputations


dommageables) ?
Certaines personnes échappent aux poursuites parce qu’elles jouissent des
immunités :
- le chef de l’Etat pour ses opinions et discours prononcés durant tout son
mandat, car sa personne est inviolable ;

539
Crim.,10 octobre 1972, Bull. crim., n° 351, RSC 1974 , p. 599, obs. Levasseur.
540
Tribunal de paix de Kananga., siègeant en chambre foraine à Ndekesha/territoire de
Kazumba, RP 016, 26 février 2005, ministère public et partie civile Bambala Mudipanu
contre le prévenu Tshitoko Kena Bantu, inédit.
Catalogue des infractions 349

- le membre du Parlement (Assemblée nationale et Sénat) pour les opinions


émises dans l’exercice de ses fonctions ; Cependant elle est régulière
l’arrestation d’un commissaire du peuple (aujourd’hui député ou sénateur)
après la levée de l’immunité décidée conformément à la constitution541 .
- dans la pratique, les plaideurs, les inculpés ou prévenus, la partie civile, le
civilement responsable, le tiers intervenant ainsi que les avocats et
défenseurs judiciaires pour les propos, les interventions ou les plaidoiries
qu’ils tiennent au cours de l’audience.
b) Quelles sont les sanctions à l’endroit de l’auteur de diffamation ?
Les imputations dommageables ou diffamation sont sanctionnées par
l’article 74 du code pénal livre II. Elles sont réprimées de huit jours à un an de
servitude pénale et d’une amende. Le juge a la faculté d’infliger les deux peines
ou l’une d’elles seulement.
c)Prescription de l’action publique
L’action publique de l’infraction de diffamation est prescrite endéans une
année à compter de la commission de l’infraction si aucune poursuite n’a été
engagée. La personne condamnée pour cette infraction verra aussi sa peine ne
plus être exécutée au cas où elle s’est soustraite durant deux ans à son
exécution. Le Tribunal de paix est l’instance judiciaire compétente pour
connaître des faits d’imputations dommageables.

301. Imputations dommageables et médias


Voir diffamation et médias, n° 183, 141.

302. Incendie de la chose d’autrui


Le législateur punit ceux qui auront mis le feu à des édifices, magasins ou
maisons ou tous autres lieux quelconques servant à l’habitation et contenant
une ou plusieurs personnes au moment de l’incendie (art 103 code pénal
congolais livre II). Il sanctionne aussi ceux qui auront mis le feu à des édifices
ou à tous bâtiments quelconques appartenant à autrui et construits en
matériaux durables mais inhabités au moment de l’incendie (art 104 CPLII).

I. Eléments constitutifs

Pour que l’infraction d’incendie de la chose d’autrui soit coupablement


établie, il faut recourir à quatre éléments constitutifs de l’infraction.
a)L’acte matériel d’incendie

541
C.S.J., Chambre du conseil, 13 janvier 1981, MPC/ LUM, KY, KAS, BI et DI, inédit.
350
Catalogue des infractions

L’acte d’incendie doit exister. Il consiste à allumer le feu sur une chose ; que
ce feu se répande ou pas, qu’il consume ou pas la chose, en partie542 ou en
tout;
b)La chose objet de l’incendie.
La loi a énuméré ces choses en l’article 130 :
1. Les lieux habités ou servant à l’habitation : il peut s’agir d’édifices, de
navires, de magasins ; tout ce qui sert à l’habitation (cabane, case, huttes,
même l’abri le plus primitif) contenant une ou plusieurs personnes au
moment de l’incendie ; il s’agit aussi de tous lieux même inhabités mais
considérés par l’incendiaire comme habités au moment de l’incendie.
2. Les édifices ou tous bâtiments quelconques construits en matériaux
durables mais inhabités au moment de l’incendie ;
3. Les édifices non construits en matériaux durables ;
4. Les forêts, les bois, les récoltes sur pied, les bois abattus ou récoltes
coupées (comme les fruits, les produits de la terre, du bois et même les
herbes et autres végétaux sur pied).
S’agissant d’incendies des herbes et des végétaux, ne sont pas infractionnels :
- les feux préventifs, les feux hâtifs pratiqués selon la coutume pour prévenir
l’incendie de certains périmètres ou pour atténuer les ravages des feux
sauvages. Cette pratique est courante en début de saison sèche ;
- les feux de brousse autorisés par le chef de l’entité administrative
compétente ou son délégué ;
- l’incendie des végétaux sur pied ou couvertures mortes dans les terrains
propres, sauf interdiction expresse des autorités responsables ;
- les contre-feux en vue de combattre un incendie menaçant.
c)La chose incendiée.
La chose incendiée est spécifiée par la loi. (Cfr énumération ci-haut ,
conforme à l’article 130 du code pénal). Cette chose doit appartenir à autrui.
L’infraction sera également retenue en cas de copropriété.
d)Que le feu soit mis volontairement à la chose.
Que ce soit même par vengeance, cupidité ou plaisanterie que le feu a été
mis volontairement à la chose, l’infraction sera établie. Les raisons et mobiles
importent peu.

II. Poursuites

542
Pour la jurisprudence, l’infraction est consommée dès que l’agent a mis le feu à
l’habitation, même si à raison de circonstances indépendantes de sa volonté, l’incendie n’a
ère
causé que des dégâts minimes (1 inst. Kas. 2 juillet 1952, J.T.O. 1955, p. 7, avec note ;
ère ère
1 inst. Eq. 2 avril 1955, J.T.O.1956, p. 4 ; 1 Inst. Stan. 31 mai 1955, J.T.O. 1956, p.
ère
173 ; 1 Inst.Kas.8 avril 1954, R.J.C.B. 1955, p. 210 cités par LIKULIA., op. cit ., p.521).
Catalogue des infractions 351

En matière d’incendie de la chose d’autrui, la victime, l’autorité


compétente ainsi que le Ministère public peuvent déclencher les poursuites.

a) Siège de la matière
Les articles 103,104, 105, 107 et 108 du code pénal, l’ordonnance-loi n°79-007
du 6 juillet 1979 et l’ordonnance n°52/175 du 23 mai 1953 sur l’incendie des
herbes et des végétaux sur pied en ses articles 2 et 5 définissent et répriment
l’incendie de la chose d’autrui.
b)Régime des sanctions applicables
L’article 103 du code pénal punit l’incendie des lieux habités ou servant à
l’habitation de quinze à vingt ans de servitude pénale principale. Il punit
également l’incendie des lieux inhabités dont la présence des personnes est
certaine ou présumée de dix à quinze ans de servitude pénale principale.
L’article 104 du code pénal réprime en son alinéa 1er l’incendie des édifices
inhabités construits en matériaux durables de cinq à quinze 15 ans. L’article
104 en son alinéa 2ème sanctionne l’incendie des édifices inhabités construits en
matériaux non durables de trois mois à cinq ans et d’une amende ou de l’une
des peines.
L’article 105 du code pénal sanctionne l’incendie des forêts, bois, récoltes sur
pied, bois abattus ou récoltes coupées de trois mois à cinq ans et d’une
amende. L’une de ces deux peines pourra être uniquement infligée.
L’article 108 du code pénal prévoit de prononcer toujours une peine de
servitude pénale en cas d’incendie qui a causé une blessure à la personne qui se
trouvait dans les lieux incendiés lorsque l’incendiaire avait connaissance de
cette présence (alinéa 2). L’incendie qui a causé la mort à la personne qui se
trouvait, à la connaissance de l’incendiaire, dans les lieux incendiés est punie
dans le chef de son auteur de la peine de mort ou de la servitude pénale à
perpétuité. Les peines de l’article 108 ne seront appliquées que si l’incendie a
causé la blessure ou la mort ou si les victimes étaient dans les lieux incendiés au
moment où le feu y a été mis.
La blessure ou la mort doivent trouver leur origine dans l’incendie.
C’est le cas de celui qui se blesse ou se tue en se jetant d’un étage pour
échapper à l’incendie. Peu importe que la mort arrive sur le champ ou des jours
après l’incendie. Par contre l’article 108 n’est pas applicable aux personnes
blessées ou décédées venues aux secours pour circonscrire le feu et éteindre
l’incendie. Tel est le cas des sapeurs pompiers et autres sécouristes.

b) Tribunal compétent et prescription


Le tribunal de paix sera compétent selon la nature et les circonstances
des incendies. Il est compétent pour les incendies des édifices inhabités
construits en matériaux non durables prévus par l’article 104 alinéa 2. Il juge
également les incendies de forêts, bois, récoltes sur pied, bois abattus ou
récoltes coupées prévus par l’article 105. Il connait enfin des incendies qui ont
352
Catalogue des infractions

causé une blessure à la personne qui se trouvait dans les lieux. Ce sont les
incendies prévus par l’article 108 alinéa 2. Dans les autres cas, le tribunal de
grande instance est la juridiction compétente.
La prescription de l’action publique est de trois ans pour les incendies de
la compétence du tribunal de paix. Elle est de dix ans pour les incendies de la
compétence du tribunal de grande instance. La prescription des peines est de
vingt ans pour les servitudes pénales de plus de dix ans. Elle est de vingt cinq
ans pour les peines perpétuelles. Quant à la peine de mort, elle est
imprescriptible.

303. Incendie de sa propre chose


En principe, incendier sa propre chose n’est pas infractionnel. Toutefois, le
législateur a limitativement érigé en infraction, l’incendie de certaines choses
personnelles. Il s’agit de l’incendie des :
- édifices ou bâtiments construits en matériaux durables mais inhabités au
moment de l’incendie ;
- édifices ou bâtiments construits en matériaux non durables ;
- forêts, bois, récoltes sur pied, bois abattus ou récoltes coupées.
Seront donc coupables, les propriétaires exclusifs s’ils ont mis le feu dans
une intention méchante ou frauduleuse.

I. Eléments constitutifs
Pour l’existence de l’infraction d’incendie de sa propre chose, il faut qu’il y ait :
a) un acte matériel d’incendie ou l’action de brûler543;
b) une chose objet de l’incendie, telle que définie ci-haut;
c) un propriétaire de cette chose qui y met le feu ou en donne l’ordre à
autrui ; (Celui qui exécutera un tel ordre sera également poursuivi comme
auteur principal de l’incendie de la chose d’autrui)
d) incendie de la chose personnelle pour s’enrichir injustement, pour porter
préjudice à autrui, nuire à autrui, bref avec l’idée de fraude ou de
méchanceté.
Quelques exemples d’incendie de sa propre chose au sens de l’article 106 du
code pénal livre II sont : le fait d’incendier son immeuble assuré pour obtenir
des indemnités dues au sinistre de la part de la société d’assurance , de mettre le
feu à son bien hypothéqué ou grevé d’un privilège pour porter préjudice au
créancier, de brûler sa maison pour trouver moyen d’accuser de façon
mensongère les agents de la police venus procéder à une arrestation544.

543
L’agent doit avoir incendié, c’est-à-dire brûlé, consumé par le feu, mis feu à une des
choses spécifiées par la loi.
544 ère
1 Instance appel Coq. 24 février 1943, R.P.A., n° 759 cité par LIKULIA., op. cit., p. 530.
Catalogue des infractions 353

II. Poursuites
a)Quel est le texte légal qui définit l’incendie de sa propre chose ?
L’incendie de sa propre chose est l’objet de l’article 106 du code pénal
livre II. Cette disposition stipule : « Seront punis des mêmes peines les
propriétaires exclusifs des choses désignées aux articles 104 et 105 , qui y
auront mis le feu dans une intention méchante ou frauduleuse ».

b) Quelles sont les pénalités prévues ?


Le législateur a prévu cinq à quinze ans de servitude pénale pour
incendie de son édifice ou bâtiments construits en matériaux durables mais non
habité au moment de l’incendie. La loi fait encourir trois mois à cinq ans de
servitude pénale :
1° en cas d’incendie de ses édifices ou bâtiments construits en matériaux non
durables ;
2° en cas d’incendie de ses forêts, bois, récoltes sur pied, bois abattus ou
récoltes coupées.
L’auteur de l’incendie de sa propre chose sera puni de deux mois de servitude
pénale principale au maximum et d’une amende ou l’une d’elles :
1° en cas de feux de brousse ou incendies de ses herbes, de ses broussailles,
taillis, bois, végétaux sur pied ou couvertures mortes n’ayant pas pour but
immédiat l’aménagement ou l’entretien de cultures ;
2° si le propriétaire a occasionné, en incendiant sa propre chose avec l’idée de
fraude, une blessure ou a causé la mort d’une ou plusieurs personnes. Dans
ce cas, l’article 108 s’applique. Cette disposition prévoit de prononcer une
peine de servitude pénale (s’il y a blessure), la peine de mort ou la servitude
pénale à perpétuité (en cas de mort d’homme) ;
3° pour ce qui concerne l’instance judiciaire compétente et la prescription l’on
se référera utilement à l’incendie de la chose d’autrui.

304. Incendie involontaire de la propriété d’autrui


L’incendie involontaire de la propriété d’autrui se réalise par le fait de
mettre le feu à des propriétés mobilières ou immobilières d’autrui par défaut de
prévoyance ou de précaution.

I. Eléments constitutifs

Pour qu’il y ait infraction d’incendie involontaire de la propriété d’autrui, il


faudra :
354
Catalogue des infractions

a. une destruction même partielle par le feu d’une chose545 ;


b. une chose incendiée, en l’occurrence toute propriété, mobilière ou
immobilière ;
c. la propriété d’autrui sur la chose incendiée : un bien des parents, exclusif à
l’un des époux, à un ami, à une concubine, à un fiancé, à un domestique ;
l’incendie involontaire de sa propre chose n’est pas infractionnel.
d. que l’incendie soit occasionné par défaut de prévoyance ou de précaution.
C’est-à-dire que l’incendie est le fait de la négligence ou de l’imprudence.
Quelques exemples de défaut de prévoyance ou de précaution sont le fait de
jeter de la cigarette allumée par terre près d’un objet inflammable ; de fumer
dans un endroit dangereux, à une station d’essence ; de laisser allumer une
bougie la nuit à côté des bois.

II. Poursuites

La victime d’un pareil acte d’incendie par négligence ou par imprudence


peut saisir la police, le parquet ou le tribunal compétent. Le Ministère public,
même sans plainte ni dénonciation, pourra mettre l’action publique en
mouvement.
a) Texte applicable
L’article 109 du code pénal est le texte qui incrimine l’incendie
involontaire de la propriété d’autrui. Il y a lieu de relever cependant que
l’ordonnance n°61/185 du 24 juin 1957546 a institué un règlement portant
mesures préventives à prendre contre l’incendie dans les immeubles à
logements multiples servant de bureaux ou de commerce, foires, salles de
spectacles, etc. Ce règlement prévoit des sanctions allant jusqu’à sept jours
maximum de servitude pénale et une amende ou d’une de ces peines
seulement.
b) Peines prévues et prescription
La sanction est de sept jours à trois mois et l’amende ou une peine
uniquement547 . Le juge pourra infliger les deux ou l’une d’elles. Ces peines
rentrent dans la compétence matérielle du tribunal de paix. Au-delà d’une
année, à partir de l’incendie involontaire de la chose d’autrui, l’auteur ne sera
plus poursuivi. S’il est condamné dans les deux années et qu’il n’a pas exécuté
sa peine, celle-ci ne lui sera plus appliquée.

545
Mineur, lui exige que la chose soit détruite pour que l’infraction soit caractérisée (op. cit. ,
p. 262). Le professeur LIKULIA pense qu’une destruction même partielle est susceptible
d’entraîner des sanctions pénales à l’encontre de l’auteur de cet incendie (op. cit. , p. 534).
Je suis quant à moi du dernier avis.
546
LIKULIA BOLONGO . , op. cit. ,p. 535.
547
Ordonnance-loi n°79-007 du 6 juillet 1979.
Catalogue des infractions 355

305. Incendie involontaire des herbes et végétaux


sur pied
Le fait, par défaut de précaution ou de surveillance, de laisser se propager
aux endroits où il est défendu de brûler les herbes ou aux propriétés privées,
les incendies illicitement allumés constitue l’infraction d’incendie involontaire
des herbes et végétaux sur pied. L’exemple classique est celui d’un citoyen
autorisé à faire les feux de brousse qui ne prend aucune précaution pour
empêcher l’incendie de se propager.
Il est à faire remarquer que l’incendie n’est pas accidentel, car le feu a été mis
volontairement par l’agent conformément à la loi en vigueur.
L’incendiaire de ce genre peut encourir deux mois de servitude pénale
au maximum et une amende ou l’une de ces peines. Le texte qui incrimine
l’incendie involontaire des herbes et végétaux sur pied est l’ordonnance
n°52/175 du 23 mai 1953, en son article 5 alinéa 2.

306. Incendie par communication


L’incendie par communication se définit comme le fait de mettre le feu à
des objets quelconques placés de manière à communiquer le feu à la chose que
l’on veut détruire548. L’incendiaire sera puni comme s’il voulait directement
mettre le feu à cette dernière chose.

I. Eléments constitutifs

Pour que cette infraction soit coupablement établie, il faut :


a) un acte matériel d’incendie ;
b) la chose visée indirectement et placée de façon à lui communiquer
l’incendie ;
c) l’appartenance de la chose importe peu ;
d) l’intention criminelle d’incendier une chose mobilière ou immobilière
spécifiée par les articles 103, 104, 105 et 106 du code pénal livre II549.
Le fait de qui, voulant incendier une maison d’habitation, met le feu à une
matière combustible placée de manière à communiquer le feu à la maison
commet l’infraction d’incendie par communication. La possibilité de
communiquer le feu est déterminante. L’infraction sera établie même si
l’incendiaire n’a pas pris des dispositions nécessaires pour détruire l’objet

548
Cette définition résulte des termes mêmes de l’article 107 du code pénal.
549 ère
L’intention criminelle est requise. L’agent doit avoir agi volontairement. 1 Inst. Eq. 7
septembre 1950, R.J.C.B. 1951, p. 25 cité par LIKULIA . , op. cit . , p. 524.
356
Catalogue des infractions

protégé, même s’il s’est trouvé par hasard ou fortuitement à côté de l’objet
protégé.

II. Poursuites

L’article 107 du code pénal livre II est le texte légal. Les sanctions sont
celles prévues aux articles 103, 104, 105, 106 et 108. Les règles de compétence
et de prescription sont celles décrites dans les cas précédents.

307. Incendie volontaire


Il y a incendie volontaire, lorsque le feu a été mis volontairement à une
des choses spécifiées par la loi. L’incendie volontaire est réprimé par les articles
103, 104, 105, 106, 107 et 108 du code pénal. Dans l’incendie volontaire on
distingue l’incendie de la chose d’autrui, l’incendie de sa propre chose et
l’incendie par communication. Ces matières (infractions) ont été traitées dans
les pages précédentes.

308. Inceste
I. Considérations générales

L’inceste consiste en des relations sexuelles entre personnes de proche


parenté entre lesquelles le mariage est légalement interdit. Il s’agit notamment
des parents et enfants ainsi que des frères et sœurs. L’inceste est un tabou
sexuel des plus dissimulés. Dans l’inceste entre frère et sœur, il est parfois
difficile de distinguer un auteur et une victime. Par contre, il est aisé de
discerner la victime dans les relations incestueuses entre parents et enfants.
Dans le cadre des relations sexuelles imposées par les parents à leurs
enfants, la dimension sociale devient prépondérante. Les parents exercent leur
autorité naturelle et juridique afin d’assouvir leurs propres désirs en ignorant
l’intérêt et le bien-être des enfants. L’inceste reflète une manipulation physique,
affective et psychologique, mais surtout un abus sexuel sur un enfant ou un
adolescent représentant un être vulnérable, dépendant et sans défense.

II.Répression de l’inceste550

Dans la plupart des législations, l’inceste n’est réprimé qu’à titre de


variété du viol, de l’attentat à la pudeur ou de l’outrage aux mœurs, soumise à

550
Le législateur ferait œuvre utile à incriminer spécifiquement et sanctionner au plutôt et
sévèrement l’inceste. Cet acte immoral demeure à plus d’un point choquant et répugnant
pour la société congolaise.
Catalogue des infractions 357

certaines règles spéciales en fonction de l’âge de la victime. Exceptionnellement


certains codes ont réprimé l’inceste par une infraction spéciale. C’est le cas du
code pénal italien de 1930 qui a incriminé à titre de « délit contre la morale
familiale », le fait de commettre un inceste de telle manière qu’il en résulte un
scandale public (article 564). L’incrimination d’inceste n’existe pas de façon
autonome en droit français551 . Le terme est ignoré par le code pénal552
S’agissant particulièrement du droit congolais, ce qui est formellement
réprimé ce n’est pas l’inceste lui-même mais le mariage incestueux. L’article 353
du code de la famille prohibe le mariage entre ascendants et descendants ;
frères et sœurs germains, consanguins et utérins ; entre alliés ou d’autres
parents pour autant que la coutume l’interdit ; et entre adoptant et adopté.
L’inceste, comportement d’une grande complexité sociale, doit être transposé
dans le moule des violences sexuelles, particulièrement du viol par la
jurisprudence. Les juges doivent qualifier un des éléments constitutifs du viol.
Si la contrainte semble évidente pour les jeunes enfants, des efforts de
qualification de la violence, de la menace ou de la surprise sont nécessaires.

309. Incitation à des manquements envers l’autorité


publique
Voir provocation à des manquements envers l’autorité publique, n° 469, 471.

310. Incitation à la désobéissance civile


Voir provocation à la désobéissance civile, n° 471.

311. Incitation à la haine raciale


Voir haine et aversion raciale, ethnique, tribale ou régionale, n° 282.

312. Incitation de militaires à commettre des actes


contraires aux devoirs et à la discipline
« Tout militaire ou tout individu qui, par quelque moyen que ce soit, incite un
ou plusieurs militaires à commettre des actes contraires au devoir ou à la
discipline est puni de… »553 .
A titre d’exemples, utiliser un militaire en tenue ou armée pour se faire
payer une créance ; se payer les services d’un militaire pour menacer la

551
MAYER D . , La pudeur du droit face à l’inceste, D. 1988, chron, p.33.
552
Michel Véron.,op.cit., p.247.
553
Ce sont là les termes de l’article 88 du code pénal militaire issu de la loi n° 024/2002 du
18 novembre 2002. C’est ce texte qui définit et réprime les faits d’incitation des militaires à
commettre des actes contraires aux devoirs et à la discipline.
358
Catalogue des infractions

personne d’avec laquelle on est en conflit parcellaire ou pour détruire les


constructions entamées ; amener des militaires à commettre des infractions.

I. Les éléments constitutifs

L’infraction d’incitation des militaires à commettre des actes contraires


aux devoirs et à la discipline nécessite divers éléments constitutifs pour se
caractériser.
a)La qualité requise pour l’agent.
Le législateur est indifférent car il parle de « quiconque » ou encore de
« tout militaire ou tout individu ». Les personnes concernées sont donc tout
individu. D’abord il peut s’agir d’un non militaire ou d’un non assimilé au
militaire, c’est-à-dire un civil. Ensuite, le militaire peut aussi commettre cette
infraction, il s’agira d’officiers, sous-officiers, gradés et soldats. Enfin, l’individu
au service de l’armée peut être auteur de l’infraction d’Incitation de militaires à
commettre des actes contraires aux devoirs et à la discipline.
b)Les éléments matériels.
Les éléments matériels sont constitués de faits d’incitation et de
moyens de leur matérialisation. Il peut donc s’agir de provocation (exciter,
exhorter, encourager, entraîner, occasionner, porter à la réalisation d’un acte
donné). Il peut s’agir aussi d’engagement (amener quelqu’un à faire quelque
chose, en le liant par exemple par une promesse ou une convention). Il peut
s’agir enfin d’assistance (aider, secourir, soutenir, appuyer ou se tenir auprès de
quelqu’un pour le seconder). Les moyens de réalisation de l’incitation sont la
méthode employée pour parvenir au résultat escompté; tout moyen utilisé pour
matérialiser l’infraction.

c)L’élément moral.
L’incitateur agit, réalise son acte d’une manière libre et consciente, peu
importe qu’il ait ou non connu la possibilité de survenance d’une infraction
dans le chef du militaire incité ou que l’incité se soit exécuté ou non.

II. Régime répressif


Les auteurs de l’infraction d’incitation de militaires à commettre des
actes contraires aux devoirs et à la discipline peuvent encourir des peines. Le
taux de la peine varie soit selon que l’on est en temps de paix, de guerre ou en
toute circonstance exceptionnelle soit encore au regard du grade supérieur du
délinquant.
Catalogue des infractions 359

En temps de paix, l’agent coupable encourt la peine de servitude pénale


variant de cinq à vingt ans. En temps de guerre ou toute autre situation
exceptionnelle, la peine capitale est applicable. Lorsque le coupable est militaire
et qu’il est revêtu du grade plus élevé que celui des militaires incités, la loi
impose le maximum de la peine, soit vingt ans.

313. Incitation des mineurs à la débauche


En matière d’incitation des mineurs à la débauche, le législateur congolais
est très prolifixe. Il est même devenu ennuyeux pour le praticien (magistrat,
auxiliaires de la justice etc ;) et plus encore pour le justiciable de savoir à quel
texte se réferér. Après la modification de l’article 172 du code pénal par la loi
de 2006, est intervenu la loi du 10 janvier 2009. Celle-ci en son article 173 a
abrogé tacitement les articles 172, 173, et 174 en les englobant.
Désormais l’article 173 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 est la
référence en matière d’incitation des mineurs à la débauche. L’incitation à la
débauche est le fait de faciliter , exciter ou favoriser la débauche d’un enfant.
Pour la réalisation de l’infraction, il faut la réunion des éléments constitutifs
faits des faits d’incitation, l’enfant protégé, le but de l’acte répréhensible et
l’élément moral.

I. Eléments constitutifs de l’infraction

a)Les faits d’incitation


Les faits d’incitation sont la facilitation de la débauche et l’excitation ou
la favorisation de la débauche.
1° La facilitation de la débauche est le fait de rendre un autre apte à matérialiser
la débauche.C’est aussi prendre le moyen ou la possibilité de concrétiser la
débauche. L’infraction est punissable que l’incitation ait été ou non suivie
d’effet554. Amener un individu âgé de moins de dix-huit ans à une recherche
effrenée des plaisirs sensuels. Occasionner ou encourager la débauche. Par
exemple fournir un lieu de rencontre à un mineur ou à plusieurs pour
s’adonner à des actes impudiques. Donner un logement à un homme marié
amant d’une fille mineure, devenue sa maîtresse et les logés ensemble dans
un même lit555.
2° La favorisation de la débauche . C’est l’exhortation, l’incitation. Il s’agit de
pousser, entraîner ou occasionner la réalisation d’un acte de débauche.
b) Le protégé
Le protége est un enfant mineur de tout âge et de tout sexe.
Souverainement, le législateur ne protège que des enfants âgés de moins de dix-
554
DELMAS-MARTY,M., Droit Pénal des Affaires, Infractions , tome 2, 3ème edition, PUF,
Paris1990.
555
LIKULIA BOLONGO., op. cit. , p. 358.
360
Catalogue des infractions

huit ans. Les anciennes dispositions fixaient à vingt et un ans l’âge de la


personne protégée. Le protègé est bien sûr l’incité. L’enfant qui incite d’autres
enfants ( mineurs ) est en conflit avec la loi.
c)l’objectif de l’acte prohibé
La satisfaction des passions d’autrui est le but recherché par l’agent au
moyen de la débauche ou la corruption de l’enfant. L’absence de rétribution ou
avantage ne l’exonère pas de sa responsabilité pénale.
d)L’élément moral
L’intention de l’incitateur est qualifiée délictueuse lorsqu’elle résulte dans la
volonté consciente et délibérée d’exhorter un enfant mineur à la débauche ou à
la corruption.

II. Régime répresssif

a)Pénalités
Pourra subir une sanction de trois à cinq ans de servitude pénale
principale et une amende de cinq cent mille à un million de francs congolais
quiconque attente aux mœurs en incitant, en facilitant ou en favorisant pour
satisfaire les passions d’autrui la débauche ou la corruption des enfants.
b)Circonstances aggravantes
Si cet acte est commis envers un enfant âgé de moins de dix ans, la
sanction sera d’une servitude pénale principale de dix à vingt ans et d’une
amende de deux cent mille à quatre cent mille francs congolais.
c)Qualité des délinquants
Si l’incitation à la débauche est le fait du père, de la mère, du parâtre, de la
marâtre, du tuteur ou de toute personne exerçant en droit ou en fait l’autorité
sur l’enfant, la servitude pénale passera de cinq à dix ans de servitude pénale
principale et de l’amende de un million à deux millions de francs congolais.
L’auteur sera, en outre, déchu de l’autorité parentale ou tutélaire.

314. Incitation d’un enfant à des relations sexuelles


avec un animal
Voir protection pénale d’un enfant après sa naissance, n° 467-30.

315. Incitation d’un enfant à la débauche ou


à la corruption
Voir protection pénale d’un enfant après sa naissance, n°467-31.

316. Incitation d’un enfant au suicide


Voir protection pénale d’un enfant après sa naissance, n° 467-32.
Catalogue des infractions 361

317. Inconduite et indiscipline notoires


L’inconduite notoire est un comportement illicite ou blâmable qui couvre
une variété de comportements tels que la débauche, la prostitution, les
mauvaises fréquentations, les sorties nocturnes non autorisées. L’indiscipline
notoire est une insoumission de l’enfant à l’autorité des parents ou de ceux qui
ont sa garde de droit ou de fait. Cette insoumission peut se manifester
notamment par des propos injurieux, des voies de fait, le refus d’obéir aux
parents.
L’infraction d’inconduite et indiscipline notoires ne concerne que les
mineurs au sens du décret sur l’enfance délinquante, c’est-à-dire, les enfants
âgés de moins de seize ans accomplis au moment des faits. Sont ici concernés
des mineurs qui donnent, par leur inconduite ou leur indiscipline, de graves
sujets de mécontentement à leurs parents, à leurs tuteurs ou aux autres
personnes qui en ont la garde (art 3 du décret du 06 décembre 1950 relatif à
l’enfance délinquante).
Avec la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant,
spécialement son article 201 abrogeant les dispositions antérieures contraires, il
doit désormais s’agir d’enfants âgés de moins de 18 ans au moment des faits.
Pour les éléments constitutifs, le régime répressif ainsi que la prescription, il
sied de se reporter à la mendicité et au vagabondage.

318. Infanticide
Le droit congolais ignore l’incrimination d’ « infanticide ». Il y a peu, les
actes d’homicide perpétrés sur un mineur ou même sur un enfant nouveau-né
étaient sanctionnés à l’instar de n’importe quel acte d’homicide commis sur une
personne majeure. Ainsi, le législateur la punissait au moyen des infractions
d’homicide préterintentionnel (lorsque la mort de l’enfant bien que causée par
des violences volontairement exercées par l’agent n’était pas le résultat de sa
volonté (art.48 CPLII). Il punissait par l’infraction de meurtre (lorsque l’acte
homicide sur un enfant traduisait une intention manifeste de tuer (article 44 et
45 du code pénal)). L’auteur pouvait encourir les peines de l’infraction
d’assassinat (lorsqu’il s’avérait que le crime a été prémédité). Enfin il appliquait
les peines prévues pour l’infraction d’empoisonnement (lorsque le délinquant
tuait l’enfant en lui administrant des substances susceptibles de donner la
mort).
Avec l’adoption et la promulgation de la loi n°09/001 du 10 janvier 2009
portant protection de l’enfant, les articles 147 à 159 ont innové et créé de
nouvelles incriminations556 . Celles-ci sont assorties des sanctions plus sévères

556
Journal officiel de la République démocratique du Congo, 50 ème année, Numéro
spécial, 25 mai 2009, page 35 à36, chapitre II : de la protection de l’enfant après sa
362
Catalogue des infractions

et diversifiées.L’intitulé « protection pénale de l’enfant » a développé ces


infractions.

319. Infraction flagrante ou réputée telle


L’intitulé « infraction flagrante ou réputée telle » n’est pas à proprement
parler une infraction spécifique. Elle est toute infraction qui se commet
actuellement ou qui vient de se commettre557 .
En effet, lorsqu’une personne est poursuivie par la clameur publique ou
est trouvée porteuse d’effets, d’armes, d’instruments ou papiers faisant
présumer qu’elle est l’auteur ou complice dans un temps voisin de l’infraction,
cette dernière est réputée flagrante (art. 2 alinéa 2). Cette personne sera aussitôt
déférée au parquet et traduite sur le champ à l’audience du tribunal qui siègera
spécialement le jour même ou au plus tard le lendemain. Toute personne en
l’absence de l’autorité judiciaire chargée de poursuivre peut se saisir de l’auteur
présumé et le conduire immédiatement devant l’autorité judiciaire la plus
proche (art 3). Les témoins de l’infraction sont tenus de suivre le prévenu à
l’audience et d’y déposer sous peine d’être poursuivis pour refus de témoigner.
L’infraction est flagrante (ou considérée comme telle) dans les cas suivants :
- l’infraction se commet actuellement, elle est en cours d’exécution et sa
commission se manifeste extérieurement par un signe positif, un indice
apparent perçu au moment de l’intervention soit de la police, soit d’un
tiers558;
- l’infraction vient de se commettre, elle est consommée mais les effets en
sont encore visibles et toutes choses et toutes personnes sont encore en
place ou à peu près559;
- la personne soupçonnée est, dans un temps très voisin de l’action,
poursuivie par la clameur publique ; ainsi le voleur a pris la fuite mais les cris
« au voleur » marquent son passage, il est en état de flagrant délit ;
- la personne soupçonnée est, dans un temps voisin de l’action, trouvée en
possession d’objets, ou présente des traces ou indices, laissant penser qu’elle
a participé à l’infraction560.
Est assimilée à l’infraction flagrante celle qui a été commise dans une
maison dont le chef requiert le procureur de la République ou un officier de
police judiciaire de venir la constater. Le but du législateur est d’intimider

ère
naissance, section 1 : des atteintes volontaires à la vie et à l’intégrité physique ou mentale
de l’enfant.
557 er
Article 2 alinéa 1 de l’ordonnance-loi n° 78/001 du 24 février 1978. J.O. , n° 6 du 15
er
mars 1978, p. 15 modifié par l’ordonnance-loi n° 79 - 020 du 25 juillet 1979, J.O. ,n° 15 du 1
août 1979, p. 13.
558
Cass. Crim 30 mai 1980, bull. n° 165---V. Montreuil , Flagrant délit.
559
V. cass. Crim. 8 octobre 1985 :J.C.P.85, IV, 363.
560
V. cass. Crim, 4 janvier 1982 : Bull. crim,n° 2.
Catalogue des infractions 363

davantage les criminels, de rétablir l’ordre social rompu et d’accélérer la


répression. La base légale est l’ordonnance- loi n° 78/001 du 24 février 1978.

320. Inhumations irrégulières


Par inhumation, on entend tout mode de sépulture, tel qu’incinération ou
immersion. Il faut qu’il s’agisse de l’inhumation d’un être humain, même d’un
enfant mort-né. Aucune inhumation ne pourra avoir lieu que dans les terrains
affectés par l’autorité aux inhumations. Chaque inhumation aura lieu dans une
fausse séparée, aura une profondeur de 1m 50 sur 80 centimètres de largeur et
2 mètres de longueur561 . Les fosses sont distantes entre elles d’au moins 30
centimètres sur tous les côtés (art. 5).
Il est interdit de procéder à l’inhumation sans qu’un permis ait été délivré
par l’officier de l’état civil de la localité ou à son défaut, par l’autorité
administrative au vu d’un certificat médical dressé par un médecin qui aura
procédé aux constatations utiles. A défaut du médecin, l’autorité administrative,
avant de délivrer le permis, se transportera auprès de la personne décédée pour
s’assurer du décès. S’il y a signe ou indice de mort violente, l’autorisation ne
pourra être délivrée qu’après autopsie et avis conforme de l’officier du
Ministère public ou à son défaut, de l’officier de police judiciaire à compétence
générale.
Le législateur par ces dispositons a voulu d’une part permettre à la justice
de s’assurer qu’il n’y a pas eu crime, d’autre part éviter qu’un ensevelissement
ait lieu avant que le décès soit certain. Les frais d’inhumation sont régis par
l’ordonnance du 15 novembre 1952. Ils sont perçus par les officiers de l’état
civil ou, dans les localités où il n’en existe pas, par l’autorité administrative.
L’exemption totale de ces frais ou leur réduction à la moitié pourra être
accordée aux indigents par l’autorité administrative qui appréciera le degré
d’indigence562 .

a) Quel est le texte légal qui incrimine les inhumations irrégulières ?


La base légale de l’infraction d’inhumations irrégulières est
l’ordonnance du 14 février 1914 portant service des inhumations et police des
cimetières (B.O., 1914, p.539).
b) Quelle est la sanction applicable au contrevenant aux mesures
prévues ?
Tout contrevenant sera puni d’une servitude pénale de un à sept jours et
d’une amende ou de l’une de ces peines seulement (art. 22 de l’ordonnance du
14 février 1914)

561
Article 4 de l’ordonnance du 14 février 1914- Services des inhumations et police des
cimétières (B.O. , 1914, p. 539). Voir aussi les Codes Larcier République Démocratique du
Congo, tome VI, Volume 2, Larcier-Afrique Editions, p. 291.
562
Ordonnance du 11 avril 1957, article 4.
364
Catalogue des infractions

321. Injure
Une injure est une qualification méchante plus ou moins vague de nature
à porter atteinte à l’honneur d’une personne ou à exposer cette personne au
mépris public563 . Constituent une injure les propos qui sont une imputation
méchante susceptible de porter atteinte à l’honneur ou à la considération de la
victime de cette infraction564 . L’injure se consomme par le seul fait d’offenser
une personne par des expressions blessantes, même imprécises, outrageantes,
par mépris ou invective. Le législateur prévoit deux formes d’injure : l’injure
publique et l’injure simple.

322. Injure publique ou privée


L’injure est publique lorsqu’elle est proférée publiquement, ou en public,
c’est-à-dire à haute voix en présence des témoins. L’injure est privée ou non
publique lorsqu’elle est lancée à la victime en dehors de tout autre témoin.
Cette dernière injure réprimée par l’article 77 du code pénal peut se réaliser
même par téléphone565 .

I. Conditions préalables

L’injure publique ne sera coupablement établie que si elle est perpétrée


publiquement et contre des particuliers. En d’autres termes, il n’ya pas d’injures
punissables sans publicité, il n’y a pas d’injures punissables au préjudice d’une
personne morale.
a) La publicité.
Elle dépend , soit de la nature du lieu où les injures sont proférées, soit de la
composition du groupe destinataire des écrits ou auditeurs des propos
injurieux. Il y a publicité :
1. Pour les propos injurieux : s’ils sont proférés à haute voix de manière à
être entendus dans les lieux publics en présence de la victime et d’autres
personnes. Telle est d’ailleurs la motivation qui ressort de cette décision
judiciaire : qu’elles aient été entendues par une seule personne présente sur
les lieux et par la victime de ces injures566 .
2. Pour les écrits injurieux : s’ils sont mis en vente, distribués et adressés à
plusieurs personnes ;
3. Pour les images : si elles sont diffusées en lieu public, distribuées ou
vendues par tout autre moyen moderne de diffusion.

563
G. Mineur. , op.cit . , p.180.
564 3 er
C.S.J., RPA 61, 1 avril 1980, Inédit.
565
C.S.J., RPA 16, 12 mai 1972, B.A. 1973, p. 63.
566
Tribunal de paix de Kinshasa / Gombe, RP 15.982 / IV, 20 mai 1999, inédit.
Catalogue des infractions 365

Il a été jugé que l’injure contenue dans une lettre missive, mais concernant un
tiers, conserve un caractère confidentiel exclusif de toute publicité567.
b) Les particuliers
Les particuliers concernés sont les personnes physiques par opposition
aux personnes morales (par exemple les sociétés) et aux corps constitués. Il
n’est pas nécessaire qu’elle soit désignée nominativement : il suffit qu’elle soit
suffisamment désignée pour être identifiée.

II. Eléments constitutifs proprement dits

a)L’élément légal.
Le texte qui sanctionne l’injure publique est l’article 75 du code pénal livre II.
b)L’acte d’injure.
L’existence d’une expression outrageante ou offensante (elle n’a pas à
être précisée ni déterminée, ni prouvée). Expression outrageante, termes de
mépris ou invective. Il n’est pas possible de dresser la liste des termes ou
expressions considérées comme injurieuses. Les tribunaux retiennent le
caractère grossier des termes employés. Tout peut dépendre du contexte, du
ton et des circonstances. Il n’est pas exigé que l’expression porte atteinte à
l’honneur ou à la considération de la victime. L’injure se caractérise seulement
par des insultes, des propos grossiers, sans imputer un fait précis.
c)L’élément moral.
La volonté d’offenser : l’agent pose son acte dans le but d’offenser
(intention coupable). Autrement dit l’animus injuriandi.
Le fait de traiter de bandit son employé en présence d’autres employés ;
le fait de qualifier dans un écrit paru dans un journal imprimé, vendu et
distribué, un leader de voyou ; le fait dans une émission radiophonique ou de
télévision en direct, de dire de quelqu’un qu’il est sale sont des faits
infractionnels d’injures publiques punissables.

III. Poursuites

Les poursuites en matière d’injures ne sont pas subordonnées à la plainte


de la victime568 . Le législateur punit de huit jours à deux mois et d’une amende
ou de l’une de ces peines seulement, l’auteur de propos injurieux(injures
publiques). Nous recommandons aux lecteurs de recourir à l’infraction
d’imputations dommageables en ce qui concerne les immunités, la prescription
et le tribunal compétent.

567
Crim.,17 janvier 1995, Dr.pénal 1995, comm.120.
568 er
C.S.J . ,RPA 61, 1 avril 1980, inédit.
366
Catalogue des infractions

323. Injure simple


L’infraction d’injure simple concerne les injures faites directement
d’individu à individu, sans témoins. L’absence de témoins rend la poursuite de
cette catégorie d’injures difficile à s’exercer si ce n’est dans le cas d’injures par
écrit569 .

I. Eléments constitutifs
L‘infraction d’injure simple prévue et sanctionnée par l’article 77 de
notre code pénal en son livre II, exige la réalisation et la réunion d’éléments
constitutifs pour être établie.
a)L’acte matériel d’injures
L’injure simple suppose une expression offensante, l’intention de nuire.
L’injure simple se consomme par le seul fait d’offenser une personne par des
expressions blessantes, outrageantes, par mépris ou invectives. La
détermination ou la précision du fait d’injure n’est pas requise. Une expression
plus ou moins vague suffit à retenir l’infraction. Il n’est pas requis que
l’expression porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la victime.
Traiter quelqu’un de bandit, de sorcier, macaque, musenzi, de voyou …c’est
déjà l’injurier.
b)la catégorie de la personne injuriée
L’injure simple requiert la personne injuriée. Elle doit viser avec précision
une personne ou un groupe de personnes déterminées. Des attaques vagues et
imprécises contre des collectivités ne constituent pas le délit d’injure570. Il faut
une personne précise même si elle n’est pas citée nominativement. Il n’est
donc pas nécessaire que la personne injuriée soit citée nominativement.
L’injure non publique réprimée par l’article 77 du code pénal peut se réaliser
par téléphone.
c)L’élément moral
L’injure simple exige l’intention de nuire (animus injuriandi), dans le chef de
celui qui l’a proférée. Elle suppose que moralement l’auteur a conscience qu’il
pose un acte de nature à offenser ou à blesser. Ainsi donc des propos adressés
par plaisanterie ne peuvent pas être considérés comme des injures simples. Il
faut donc prouver l’intention coupable. Elle est toujours présumée quand
l’auteur n’établit pas un fait justificatif qui prouve sa bonne foi. La
jurisprudence fait pèser sur l’auteur de l’injure une présomption de mauvaise
foi571.

569
Dans la plupart des cas d’injures d’individu à individu, les tribunaux se sont toujours buté
au problème d’administration de la preuve. Devant la négation des faits par le prévenu et
faute de preuve contraire, le tribunal a toujours acquitté au bénéfice du doute.
570
Crim.16 décembre 1954,S.1955.287, rapport Patin.
571
Michel véron., op.cit, p. 184.
Catalogue des infractions 367

La publicité. L’absence de publicité fait de l’injure simple une injure non


publique. L’infraction d’injure simple n’exige pas la publicité. Elle sera établie
dès que l’injure a été perpétrée, sans qu’elle revête le caractère public,
généralement en l’absence de témoins. Les injures par téléphone, par
correspondance à condition que la lettre ne soit pas lue en public ou répandue ;
traiter quelqu’un d’hypocrite, de maffieux dans une lettre adressée au
destinataire seul sont des injures simples punis par l’article 77 cité.

II. Poursuites

Les poursuites du chef d’injure simple ne sont pas subordonnées au dépôt


d’une plainte572 . Le Ministère public peut exercer d’office les poursuites.
L’article 77 du code pénal livre II introduit par le décret du 19 juin 1917
sanctionne l’infraction d’injures simples. La peine dont est puni l’auteur d’une
injure simple est de huit jours de servitude pénale principale maximum et
d’amende ou de l’une de ces peines. Le tribunal de paix est la juridiction
compétente pour réprimer l’injure non publique.

324. Insoumission
L’insoumission est une infraction tendant à soustraire son auteur de ses
obligations militaires. Tout citoyen est susceptible de la commettre.
L’insoumission est un délit que commet un individu qui, régulièrement appelé
à rejoindre son corps de troupe, ne se rend pas dans les délais légaux à la
destination qui lui est assignée573 . L’insoumission n’est infractionnelle que par
rapport aux lois sur le recrutement. Elle est prévue et réprimée par les articles
41-42 du code pénal militaire.

I. Eléments constitutifs

L’infraction d’insoumission suppose pour sa réalisation, la nationalité de


l’agent, le refus ou l’abstention d’observer le délai de grâce et l’élément moral.

a)La nationalité congolaise de l’auteur


Le lien de rattachement de l’individu à l’Etat est requis pour que l’infraction
soit établie. Ainsi donc, l’infraction d’insoumission n’est commise que par un
agent dont la nationalité est congolaise.
b) le refus ou l’abstention d’observer le délai de grâce imparti par
l’autorité compétente

572
C.S.J. , R.P.A 61, 01 avril 1980 in Dibunda . , op. cit . , p.110.
573
JEL 1974, cité par Laurent MUTATA., op. cit . , p. 53.
368
Catalogue des infractions

Le délai imparti est l’ultimatum que l’autorité chargée de recrutement


adresse au candidat pour accomplir un devoir précis. L’agent refuse ou
s’abstient d’observer le délai de grâce imparti par cette autorité compétente.
c)l’élément moral
L’agent refuse ou s’abstient ou encore il omet, en toute liberté et conscience
de se soumettre à la mise en demeure ou aux échéances du délai de grâce.

II. Régime répressif

En temps de paix tout citoyen coupable d’insoumission aux termes des


lois sur le recrutement des Forces armées est puni de deux mois à cinq ans de
servitude pénale. En temps de guerre, la peine est de vingt ans au maximum de
servitude pénale. Le coupable pourra en outre être frappé de l’interdiction de
l’exercice des droits civiques et politiques pour cinq ans au moins et pour vingt
au plus. La dégradation ou la destitution selon le cas, pourra, par ailleurs, être
prononcée par le tribunal.
La provocation à l’insoumission par quelque moyen que ce soit, suivie
ou non d’effets, est punie, en temps de paix, de deux mois à cinq ans de
servitude pénale. En temps de guerre, elle est sanctionnée de vingt ans, au
maximum. Les individus non militaires ou non assimilés aux militaires sont en
outre punis d’une peine d’amende de 5.000 à 10.000 francs congolais constants.

325. Intelligences avec l’agent d’une puissance


ennemie
Aux termes de l’article 191 du code pénal livre II, sera puni de un à cinq
ans quiconque aura entretenu des intelligences avec un ressortissant d’une
puissance étrangère ennemie en vue de favoriser l’entreprise de cet agent
contre la République Démocratique du Congo.

a)Qu’appelle-t-on intelligences avec l’agent d’une puissance


ennemie ?
Les intelligences avec l’agent d’une puissance ennemie concernent les
actions de nuire, soit à la situation militaire, soit à la situation diplomatique du
Congo. Le terme « intelligence » doit être pris dans son sens le plus large. Il
comprend en fait toutes les relations qu’un individu peut entretenir avec une
puissance étrangère ou avec ses agents ; laissant au juge du fait le soin de
constater souverainement les actes constitutifs du crime574 .

b) A quelle juridiction revient la compétence de connaître de ces


infractions ?

574 ème
GOYET (F) . , Droit pénal spécial, 8 éd. Sirey 1972 p.4.
Catalogue des infractions 369

Les infractions d’intelligences avec l’agent d’une puissance ennemie sont


des infractions d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat. Elles étaient autrefois
de la compétence de la cour de sûreté de L’Etat. La dissolution de celle-ci a
rendu, compétents matériellement, les tribunaux ordinaires. Cette compétence
relève des attributions propres desdits tribunaux telles que contenues dans le
Code de l’Organisation et de la Compétence Judiciaires575 .

326. Interdiction des maisons de prostitution


Le législateur en interdisant les maisons de prostitutions entend garantir
les bonnes mœurs dans la société. Le fait de posséder, diriger ou gérer un
établissement destiné à la prostitution, le fait pour un tenancier d’hôtel de louer
des chambres pour des rencontres de passage sont constitutifs d’infraction.

I. Eléments constitutifs de l’infraction


a)L’acte matériel
Il consiste à posséder, diriger ou gérer un établissement destiné à la
prostitution.
b)L’élément moral.
En plus de l’acte matériel, cette infraction exige l’élément intentionnel qui
s’entend de la volonté, de la connaissance de cause dans le chef de l’auteur, de
l’hôtelier ou de la tenue d’une maison de prostitution. Tel n’est pas le cas d’un
hôtelier qui reçoit un couple qu’il croit régulier.

II. Régime répressif

L’infraction de tenue d’une maison de prostitution est prévue par l’article


174 bis du code pénal, livre II et par un autre texte576 . Elle est punie de trois
mois à cinq ans de servitude pénale principale et d’amende. L’auteur qui
commet l’infraction à l’interdiction des maisons de prostitution est justiciable
du tribunal de paix. La prescription de l’action publique relative à cette
incrimination survient endéans trois ans de la commission de l’infraction.

327 . Interdiction des produits cosmétiques


contenant de l’hydroquinone
a) Texte légal en la matière

575
Articles 86 à 103 du Code de l’Organisation et de la Compétence Judiciaires.
576
Cette infraction est aussi prévue par l’ordonnance n° 75/153 du 31 mai 1975
réglementant les heures d’ouverture des débits de boisson et portant interdiction des nights-
clubs sur toute l’étendue de la République.
370
Catalogue des infractions

L’arrêté ministériel n° MS.1250/MIN/CAB/S/010/EKA/2006 du 27


juin 2006 est le soutien réglementaire de cette prévention.
Il est prohibé la fabrication, l’importation, la distribution, la vente en gros
ou en détail et l’utilisation des produits contenant l’hydroquinone en
République Démocratique du Congo. Ces produits sont susceptibles de saisie
et de destruction (article 2).
b) Actes prohibés et sanctionnés
L’article 1er définit les formes des produits cosmétiques contenant de
l’hydroquinone interdits. Il peut s’agir de crèmes, de laits, de lotions,
d’onguents, de pommades et savons.

c) Sanctions prévues par le législateur


Les infractions relatives aux actes interdits sur les produits contenant de
l’hydroquinone sont punies des peines prévues par l’ordonnance n° 27 bis/
Hyg du 15 mars 1933 à son article 64.

328. Interdiction du commerce d’alcools, eau- de-


vive et liqueurs conditionnés dans les sachets
De nos jours, les textes qui répriment les infractions relatives au
commerce d’alcools, eau-de-vie et liqueurs conditionnés dans les sachets sont
les arrêtés interministériels. Il s’agit respectivement des arrêtés n°
001/CAB/MIN-EC0/2007 et 001/CAB/MIN/IND/2007 du 12 avril 2007.
En effet, sur toute l’étendue de la République Démocratique du Congo, il
est interdit le commerce d’alcools, eau-de-vie et liqueurs conditionnés dans les
sachets. Les peines qu’encouriront les contrevenants sont prévues à l’article 1,
3° du décret du 26 juillet 1910 relatif à la fabrication et au commerce des
denrées alimentaires. Le lecteur se référera utilement à l’intitulé « Denrées
alimentaires ».

329. Introduction des boissons alcoolisées ou des


stupéfiants dans un centre d’inscription
Voir élections, n° 199-25.

330. Ivresse au volant


L’ivresse au volant est le cas d’une personne qui aura conduit un véhicule
alors qu’elle se trouvait en état d’ivresse manifeste ou se trouvait sous l’empire
d’un état alcoolique.

I. Eléments constitutifs de l’ivresse au volant


Catalogue des infractions 371

a)L’élément légal
La loi congolaise définit et réprime l’ivresse au volant. C’est
l’ordonnance législative n°2/544 du 20 décembre 1958.
b)L’élément matériel
L’élément matériel est exclusivement caractérisé par le comportement
et les signes extérieurs présentés par le conducteur, même en l’absence de toute
autre contravention aux règles de la circulation ou de tout accident.
L’infraction pourra être constituée même si le taux d’alcoolémie
constaté est inférieur aux taux légaux, et même si le prélèvement sanguin a été
refusé par le conducteur. Il est de la pratique des tribunaux de trancher que la
loi n’établit pas un mode de preuve spécial de l’état d’ivresse. Le juge de fond
peut déduire cet état de tous les éléments qui lui sont régulièrement soumis et
que les parties ont pu contredire577 .

II. Régime répressif

La sanction de l’ivresse au volant est de sept jours à trois mois de


servitude pénale principale et d’une amende ou de l’une de ces peines. L’auteur
de cette contravention routière pourra être déféré devant le tribunal de paix. La
suspension du permis de conduire peut s’ensuivre, et dans tous les cas, le
véhicule pourra être immobilisé.

331. Ivresse publique


I. Définition

L’ivresse est définie comme un trouble cérébral passager causé par


l’absorption d’un excitant quelconque : alcool, chanvre, opium etc.578 . L’ivresse
devient publique lorsqu’une personne apparemment ivre est trouvée dans les
rues, places, chemins, débits de boissons, salles de spectacles et autres lieux
publics ainsi que dans les lieux non clôturés sur lesquels le public peut avoir
directement vue.

II. Eléments constitutifs

Pour que l’infraction d’ivresse publique soit caractérisée, il faut d’une


part, que l’état d’ivresse soit « manifeste » et, d’autre part, qu’il soit constaté
dans « un lieu public ». Il est jugé que l’ivresse publique est punissable même
lorsqu’elle est causée par un autre excitant que l’alcool, soit lorsqu’elle est

577
Cass., 2ème. ch., 21 janvier 2004 p.1383 (som).
578
R.J.C.B 269, codes Piron et Devos, T1 345.
372
Catalogue des infractions

apparente, soit lorsqu’elle revêt un aspect scandaleux ; il n’y a donc pas d’égard
aux causes déterminantes579 .

III. Poursuites

La constatation de l’infraction par procès-verbal n’est pas


indispensable. La poursuite est possible et la preuve peut se faire par tous
moyens.
a) Quelles sont les personnes punissables?
1. La personne trouvée en état apparent d’ivresse ;
2. Les débitants de boissons et leurs préposés qui ont servi dans l’exercice
de leur commerce des boissons enivrantes à des personnes manifestement
ivres580 . Il est donc interdit de servir à boire à des personnes en état
d’ivresse.
b) Quels sont les textes légaux en vigueur ?
L’ordonnance du 8 mai 1923 sur l’ivresse publique a été abrogée par
l’ordonnance 57/APAJ du 10 juin 1939, actuellement en vigueur. En ses 1er et
2ème articles, l’ordonnance citée prévoit des sanctions.

c)Sanctions prévues par la législation


L’article 1er inflige à la personne trouvée en état apparent d’ivresse deux
mois de servitude pénale principale au maximum et une amende ou l’une des
peines. Les débitants des boissons ainsi que leurs préposés subiront les
mêmes peines, stipule l’article 2. L’infraction d’ivresse publique est de la
compétence du tribunal de Paix. L’action publique est prescriptible dans un
délai d’une année. La peine, elle, se prescrit dans un délai de deux ans.

579
Terr. Lulua, 28 décembre 1912, Jur. Kat. II p.18 ; Ière inst.App Elis. 11 Août
580
Article 2 de l’ordonnance n° 57/APAJ du 10 juin 1939, B. A. ,p. 491.
Catalogue des infractions 373

332. Jet de bouteilles et fragments de verres sur la


voie publique
Le législateur a érigé en infraction le fait pour une personne :
- de jeter ou déposer sur ou à coté des voies de communication ou aux
endroits non réservés à cet effet des bouteilles, des fragmentsde verres ;
- des bouteilles vides et tous autres objets en verre et fragments de verres
susceptibles de causer des blessures aux piétons ou aux animaux
domestiques.
Le jet de bouteilles et fragments de verres sur la voie publique est une
infraction de l’ordonnance du 27 mars 1911. La sanction est d’une servitude
pénale de un à sept jours et d’une amende ou de l’une de ces peines seulement
à l’endroit de l’auteur de cette infraction.

334. Jet de débris le long des voies ferrées

Il y a infraction de jet de débris le long des voies ferrées lorsque quelqu’un


aura, sans autorisation de l’administration du chemin de fer, jeté, déposé,
abandonné ou fait jeter des boîtes, bouteilles vides et autres objets quelconques
de nature à blesser toute personne longeant la voie ferrée. L’infraction de jet
de débris le long des voies ferrées est définie, prévue et sanctionnée par
l’ordonnance du 10 décembre 1910. La peine est d’un à quatre jours de
servitude pénale et d’amende ou de l’une de ces peines.

335. Jet imprudent


Voir jet sur une personne d’une chose de nature à l’incommoder ou à la
souiller, n° 336.

336. Jet sur une personne d’une chose de nature à


l’incommoder ou à la souiller
La présente infraction est aussi qualifiée de jet imprudent. L’infraction de
jet sur une personne d’une chose de nature à l’incommoder ou à la souiller est
prévue par l’article 56 du code pénal livre II. L’article 56 dispose : « sont
punissables … ceux qui, imprudemment auront jeté sur une personne une
chose quelconque pouvant l’incommoder ou la souiller »581 . Il ressort de
l’analyse de cette disposition que l’infraction de jet sur une personne d’une
chose de nature à l’incommoder ou à la souiller se réalise par imprudence, par
inattention, par maladresse ou par erreur.

581
R.C. B.J. 269, codes Piron et Devos, TI 345 .
374
Catalogue des infractions

I. Eléments constitutifs

Pour se caractériser dans le chef d’un auteur, l’infraction de jet imprudent


requiert :
1. un acte matériel de jet d’une chose de toute nature sur une personne
humaine et vivante ;
2. par la faute de l’agent : imprudence, inattention, maladresse ou par
erreur ;
3. l’existence d’un lien de causalité entre la faute commise et le dommage
subi par la victime ;
4. un dommage consistant en l’incommodité ou en la souillure.
Est un exemple de l’infraction de jet sur une personne d’une chose de
nature à l’incommoder ou à la souiller le fait de jeter imprudemment par la
fenêtre de l’eau sale qui atteint une personne donnée. Il en est de même dans le
chef d’un automobiliste qui, après une pluie abondante sur une mauvaise route,
éclabousse les passants.

II. Poursuites

Le mode de projection ou d’émission est inopérant dans


l’accomplissement de l’infraction de jet imprudent. La nature de la chose
importe également peu. Il suffit que la chose jetée, malpropre, salissante,
puante, malodorante, etc. soit de nature à incommoder ou à souiller, à causer
de la gêne ou du malaise à une personne humaine.
a) Quel est le texte légal et la sanction prévue ?
L’infraction de jet sur une personne d’une chose de nature à
l’incommoder ou à la souiller est prévue comme dit ci-haut par l’article 56 du
code pénal livre II. Elle est punie d’une servitude pénale de deux jours ou
d’une amende.
b) Quel est le tribunal compétent et le mode de prescription ?
L’infraction de jet sur une personne d’une chose de nature à
l’incommoder ou à la souiller est de la compétence matérielle du tribunal de
paix. Comme la prescription de l’action publique s’impose à tous, l’auteur de
cette infraction,non attrait en justice dans un délai d’une année, ne sera plus
poursuivi. La peine prononcée sera prescrite dans un délai de deux ans. La
personne condamnée peut bénéficier d’une libération conditionnelle582 .

582
La libération conditionnelle est une mise en liberté que l’administration accorde au
condamné pour stimuler son amendement par la perspective d’une libération définitive en
cas de bonne conduite. La libération conditionnelle est prévue et réglementée par les
articles 35 à 41 du code pénal et par l’ordonnance n°344 du 17 septembre 1965 portant
organisation du régime pénitentiaire. La libération conditionnelle a un caractère facultatif ;
Catalogue des infractions 375

337. Jeux de hasard


Les jeux de hasard désignent les jeux dans lesquels, soit par eux mêmes,
soit en raison des conditions dans lesquelles ils sont pratiqués, le hasard est
l’élément prépondérant, c’est-à-dire prédomine sur l’adresse et les
combinaisons de l’intelligence583 .
Les jeux de hasard sont interdits dans les lieux publics ou ouverts au public ou
dans tout autre lieu non clôturé sur lequel le public peut avoir directement vue
584
.

I. Eléments constitutifs

Les éléments constitutifs sont au nombre de trois, outre l’intention qui est le
quatrième :

même lorsque toutes les conditions sont remplies, l’autorité compétente peut la refuser.
L’article 35 du code pénal précise les conditions d’octroi de cette mesure :
1° Il faut que le condamné à une peine comportant privation de liberté ait exécuté une
partie de la peine : un quart de la peine, et à condition que la durée de l’incarcération déjà
subie dépasse trois mois.
2° Il faut que le détenu donne des signes d’amendem ent et de bonne conduite. La libération
conditionnelle peut être révoquée pour cause d’inconduite (art 36 du code pénal).
3° Il faut que le détenu accepte les conditions pos ées par l’administration pénitentiaire.
La libération conditionnelle est accordée par le Ministre de la Justice pour les condamnés
des juridictions civiles. Le Ministre de la Défense nationale est l’autorité de décision pour les
condamnés par les juridictions militaires. Avant toute décision de libération conditionnelle, il
ya consultation préalable du Ministère public, du directeur de la prison, du gouverneur de
province ou son délégué et le chef de division provinciale qui a l’inspection des services
pénitentiaires dans ses attributions.
La libération conditionnelle est destinée à ménager une période de transition entre le régime
de détention et la liberté totale. La libération définitive est acquise au condamné si la
révocation n’est pas intervenue avant l’expiration d’un délai égal au double du terme
d’incarcération que le condamné avait encore à subir à la date à laquelle la mise en liberté a
été accordée en sa faveur. Si le libéré conditionnel se comporte bien et respecte les
conditions imposées par l’administration, il verra sa libération confirmée à l’issue du temps
d’épreuve (art. 37 du code pénal).
Si par contre, pendant ce temps, il commet des actes d’inconduite (ivresse, débauche,
mauvaise fréquentation..) ou de manquements aux conditions énoncées dans le permis de
libération, celle-ci pourra être révoquée (art. 36 du code pénal), sur avis du parquet. Dans
ce cas, le libéré conditionnel regagnera la prison et exécutera le restant de la peine. Les
auteurs de détournement, de concussion et de corruption ne peuvent bénéficier de la
libération conditionnelle.

583
Cass. , 30 novembre 1953, J.T. ,1954, p. 79.
584 er
Pour le professseur LIKULIA BOLONGO, c’est l’article 1 de l’arrêté du 19 janvier 1901
tel que modifié par l’ordonnance du 21 avril 1945. Ces deux textes de lois, que nous n’avons
trouvé publiés nulle part, sont largement évoqués par le professeur.
376
Catalogue des infractions

1. Il doit y avoir jeux de hasard ;


2. Les jeux pratiqués doivent être des jeux dans lesquels le rôle du hasard
est prédominant.
3. Le public doit y avoir accès, soit librement, soit sur présentation des
affiliés.
4. L’intention s’analyse dans la conscience de prêter son concours à
l’organisation ou à l’administration d’une maison de jeux de hasard. Il
s’agit ici de la publicité. Les jeux ont lieu dans l’habitation réputée
ouverte au public ou dans l’habitation où toute personne désireuse de
jouer peut accéder.
Ne constitue pas un lieu ouvert au public, une habitation privée dans
laquelle des joueurs, unis par des liens de camaraderie, décident de pratiquer
entre eux un jeu de hasard. Il a été jugé par contre que cette habitation sera
réputée ouverte au public si tout individu désireux de jouer peut y pénétrer585 .

II. Régime répressif

a) Texte légal
L’infraction de jeux de hasard est créée par l’arrêté du Gouverneur
Général du 19 janvier 1901 modifié par les ordonnances n° 93/AIMO du 28
septembre 1942586 et 92/AIMO du 21 avril 1945587. Les pénalités prévues par
l’article 2 sont l’amende et la servitude pénale n’excédant pas deux mois ou
une de ces peines588.

b) Personnes susceptibles de subir les peines


1. Tout individu qui aura tenu des jeux de hasard dans les lieux publics ou
ouverts au public ou dans tout autre lieu non clôturé sur lequel le public
peut avoir directement vue.
2. Tout individu qui aura joué à des jeux de hasard dans ces mêmes endroits.
c)Juridiction compétente et prescription de l’action publique
Le tribunal de paix est compétent pour juger les auteurs de l’infraction
de jeux de hasard. Si après la commission, l’infraction de jeux de hasard n’est
pas poursuivie dans un délai d’une année, l’action publique s’en trouvera
éteinte.

585 ère
1 Inst. Elis, 17 août 1925 (Kat. 1, p. 200) ; Parq. Haut shaba, 28 septembre 1953.
586
B.A., p. 369.
587
B.A., 531.
588
Les textes relatifs aux jeux de hasard sont aussi trouvables dans les codes Larcier
République Démocratique du Congo, tome II , Edition 2003 Larcier- Afrique Editions, page
40.
Catalogue des infractions 377

338. Lâcheté
La lâcheté s’entend de la fuite devant les forces ennemies ou bandes
insurrectionnelles, ou de l’emploi de moyens irréguliers pour se soustraire à un
378
Catalogue des infractions

danger. L’article 57 du code pénal militaire est le fondement légal de


l’infraction de lâcheté.

I. Eléments constitutifs

La lâcheté repose sur des éléments essentiels, sans lesquels il n’y a pas
infraction.
La qualité requise pour l’auteur, c’est-à-dire un militaire ou son assimilé ;
Les éléments matériels qui sont de deux ordres : il y a d’une part l’existence
préalable des forces ennemies ou des bandes insurrectionnelles, et d’autre part
la fuite devant lesdites forces ou l’emploi des moyens irréguliers pour se
soustraire à un danger ;
La volonté coupable doit être établie. Le dol général suffit à établir cette
culpabilité dès lors que l’agent a posé son acte d’une manière libre et
consciente, peu importe le mobile ou que son acte ait été préjudiciable ou
non à l’Etat congolais, à ses Forces Armées, à la Police Nationale ou au
Service National. Il a été jugé d’une part que l’infraction de lâcheté ne vise
pas le chef de poste qui a fui devant des forces supérieures, s’il est établi que
toute résistance aurait été impossible. D’autre part il a été également jugé
que le fait pour un militaire d’abandonner un poste attaqué par des
indigènes, sans rien tenter pour les repousser, constitue l’infraction de
lâcheté devant l’ennemi589 .

II. Pénalités prévues

Celui qui se rend coupable de lâcheté, c’est-à-dire le militaire ou l’assimilé,


sera puni de mort . Il y a là une rigueur légale dont le but pour le législateur est
aussi de prévenir les conséquences désastreuses auxquelles le pays peut être
exposé en cas de lâcheté : atteinte à sa superficie, à l’intégrité territoriale, aux
biens des paisibles citoyens etc.

339. Lésions corporelles involontaires


Les lésions corporelles involontaires sont aussi appelées coups et
blessures involontaires ou coups et blessures par imprudence. Ce sont des
infractions qui consistent à causer involontairement à autrui des blessures par
maladresse, imprudence, négligence, inattention ou par inobservation des
règlements590.
589
Ière Inst. Bas-Congo, 16 novembre 1901, Jur.Etat. I p. 171 ; Boma, 2août 1902 Jur. Etat I
p. 206.
590
Bien qu’involontaires, ces lésions sont tout de même sanctionnées par notre code aux
articles 52 à 56 du code pénal ordinaire.
Catalogue des infractions 379

I Eléments constitutifs
Pour se caractériser, l’infraction de lésions corporelles involontaires, outre
l’élément légal, exige la réunion d’un fait matériel, d’une faute de l’agent et
d’une relation de cause à effet.
1. Texte légal
Les lésions corporelles involontaires sont définies par l’article 52 du code
pénal livre II. Les sanctions sont prévues par l’article 54 du même code. Aux
termes de ce dernier article, l’auteur de coups et blessures par imprudence
pourra subir une servitude pénale de huit jours à un an et une amende ou l’une
de ces peines seulement.
2. Un fait matériel de coups et blessures.
Ce fait matériel peut consister en des coups, en abstention, omission,
négligence ou défaut de prévoyance. Dès qu’il y a atteinte à l’intégrité physique
de la victime même légèrement, il y a lésion corporelle.
3. Une faute de l’agent.
Cette faute doit être non intentionnelle, sans vouloir ni prévoir le résultat ou
le fait générateur de celui-ci. La faute de l’auteur de l’infraction peut revêtir
plusieurs formes : maladresse, imprudence, inattention, négligence,
inobservation des règlements. Il a été jugé que commet une blessure par
imprudence celui qui confie sa voiture à un tiers qu’il sait être en état physique
déficient, insuffisamment apte à cette conduite et dès lors susceptible de
provoquer un accident591.
Dans le cadre médical, il a été aussi jugé qu’un médecin qui a mis en danger
la vie d’un malade par suite de l’abandon ou du défaut de surveillance du
malade commet l’infraction en étude. Un chirurgien qui oublie dans une plaie
une compresse, laquelle provoque une suppuration qui retarde la guérison,
commet ainsi une blessure par imprudence592.

4. Une relation de cause à effet


La relation de cause à effet entre la faute commise par l’auteur et le
préjudice subi par la victime. La faute doit être la cause directe du dommage
subi par la victime mais il n’est pas nécessaire que l’auteur ait agi lui-même. Il a
été jugé que l’infraction de lésions corporelles involontaires suppose un agent
responsable qui a agi librement, mais sans intention d’attenter à la personne
d’autrui, et qui a causé le mal par défaut de prévoyance ou de précaution593 ou
par inobservance des règlements en matière de circulation routière en
l’occurrence par mauvais dépassement594 . Un instituteur qui a laissé, à l’école,

591
Mineur., p. 145 cité par Likulia Bolongo., op. cit , p. 116.
592
Elis., 19 avril 1949, RJCB.,p.131.
593
Boma, 19 mars 19O1, Jur. Etat p. 117.
594
Tribunal de paix de Kisangani/Makiso.,RP 1589, 31 octobre 2003, ministère public et
partie civile Kote Akake contre le prevenu Bambalatiwe Lowa, inédit.
380
Catalogue des infractions

les écoliers jouer avec une arme chargée commet l’infraction de lésions
corporelles involontaires lorsque ceux-ci blessent un passant.
Parfois il arrive que la victime ait également commis une faute : il y a
alors cumul de la faute de la victime avec celle de l’auteur. C’est le cas d’un
conducteur de véhicule qui roule en excès de vitesse dans une agglomération,
renverse et blesse un cycliste qui a brusquement tourné à gauche sans prévenir.
Dans ce cas, il y aura partage de la responsabilité civile mais la responsabilité
pénale de l’automobiliste reste entière.

Exemples595
Commet une blessure par imprudence celui qui confie sa voiture à un
tiers qu’il sait être en état physique déficient, insuffisamment apte à cette
conduite et dès lors susceptible de provoquer un accident ;
Un chirurgien qui oublie dans une plaie une compresse, laquelle
provoque une suppuration retardant ainsi la guérison, commet une blessure par
imprudence ;
Le seul fait de posséder un animal que l’on sait être d’un naturel malfaisant est
caractéristique d’une imprudence susceptible de provoquer la responsabilité
pénale de son maître en cas de morsure ;
Est condamnable pénalement, le propriétaire d’un singe qui connaît la
méchanceté de son animal à l’égard des personnes étrangères mais, qui ne
l’attache qu’à l’aide d’une simple corde dont l’animal a pu aisément se
débarrasser pour se précipiter sur Monsieur Mputu et le mordre ; un maçon
perché sur un mur qui laisse tomber une brique sur un passant.

II. Poursuites

L’infraction de lésions corporelles involontaires (ou la contravention


routière si tel est le cas) est de la compétence du tribunal de paix. Le coupable
de lésions corporelles involontaires est puni de huit jours à une année et
d’amende. Les peines sont moins graves et le juge a la faculté de prononcer
seulement une des peines prévues . C’est-à-dire que seule la servitude pénale ou
l’amende peut être infligée. Elle sera prescrite dans le délai d’une année.

340. Lésions corporelles volontaires


Voir coups et blessures volontaires, n° 112, 102.

595
Certains exemples sont tirés de l’ouvrage intitulé « Droit pénal spécial zaïrois » du
Professeur LIKULIA BOLONGO.
Catalogue des infractions 381

341. Loterie
Les loteries sont interdites en République Démocratique du Congo par le
décret du 17 août 1927596. Sont réputées loteries toutes opérations offertes au
public et destinées à procurer un gain par la voie du sort597 .

a)Opérations prohibées

Les loteries interdites sont toutes opérations. Il peut s’agir de ventes.


Par exemple les ventes d’immeubles, des meubles ou des marchandises
effectuées par voie du sort. Sont aussi concernés les concours organisés par un
commerçant pour la vente de ses marchandises lorsque le hasard a sa part dans
l’attribution des prix. Il peut s’agir également des combinaisons à titre onéreux
faisant naître l’espérance d’un gain acquis par la voie du sort.

b)Personnes susceptibles de subir des peines


Seront punissables les auteurs, les entrepreneurs, les administrateurs
préposés ou les agents de loterie. Encourent des peines également ceux qui
auront placé, colporté ou distribué des billets de loterie. Ceux qui par des avis,
des annonces, des affiches ou par tout autre moyen de publication auront fait
connaître l’existence des loteries ou facilité l’émission de leurs billets pourront
aussi être sanctionnés.
c) Texte légal et sanctions
La loterie est érigée en infraction par le décret du 17 août 1927,
spécialement ses articles 2 et 3. Les entrepreneurs, les administrateurs préposés
ou les agents de loterie coupables de loterie encourent huit jours à trois mois et
une amende ou une de ces deux peines seulement. Ils encourent ensuite
confiscation des objets mobiliers mis en loterie et ceux employés ou destinés à
son service. Lorsqu’un immeuble a été mis en loterie, il ne sera pas confisqué
mais l’auteur payera en contrepartie une amende.
Seront exempts de ces peines, les crieurs et les afficheurs qui auront fait
connaître la personne de laquelle ils tiennent les billets ou les écrits de loterie.
d)Loteries non infractionnelles
Il est indispensable de relever que toutes les loteries ne sont pas
infractionnelles. Il en est ainsi :
1. des loteries exclusivement destinées à des actes de piété ou de bienfaisance,
à l’encouragement de l’industrie ou des arts ou à tout autre but d’utilité
publique lorsqu’elles auront été autorisées (article 5 du décret du 17 août
1927) ;

596
B.O. , p.1487, cité par LIKULIA. , op. cit. ,p. 513.
597 er
Article 1 du décret du 17 août 1927 tiré du code Larcier République Démocratique du
Congo, tome II, Droit pénal, Larcier-Afrique Editions 2003, p. 40.
382
Catalogue des infractions

Par exemple, sont de ce genre les tombolas organisées dans le cadre des
colonies des vacances pour la jeunesse ou dans le cadre de la publicité (sociétés
brassicoles) ou les tombolas organisées par les associations philanthropiques
des opérations financières de l’Etat faites avec primes, ou remboursables par la
voie du sort ;
des opérations financières des pays étrangers de même nature autorisées par
l’autorité compétente ; des opérations financières de même nature faites par les
provinces, districts, communes, territoires ainsi que les opérations des sociétés
de même nature lorsqu’elles ont été autorisées.
Il est à noter que l’attribution à titre publicitaire d’un cadeau au public par la
voie du sort n’est pas une opération interdite et punissable.
Catalogue des infractions 383

342. Manifestations de racisme ou d’intolérance


religieuse
L’infraction de manifestation de racisme ou d’intolérance religieuse est
créée par l’ordonnance-loi 25-131 du 25 mars 1960598. Aux termes de l’article
premier de l’ordonnance-loi citée, les inscriptions murales ou autres, le port
d’emblèmes, les gestes, les paroles ou les écrits susceptibles de provoquer,
d’entretenir ou d’aggraver la tension entre races, ethnies ou confessions sont
constitutifs d’infraction.
Le législateur sanctionne l’auteur de l’une de ces infractions de la peine de
servitude pénale d’un mois à un an et d’une amende ou d’une de ces peines
seulement.

343. Manifestations et réunions publiques


Le décret-loi 196 du 29 janvier 1996 réglemente les manifestations et
les réunions publiques. En effet, les congolais ont le droit d’organiser des
manifestations, des réunions pacifiques. Chaque individu peut y participer
individuellement ou collectivement, publiquement ou en privé. Il importe
cependant de respecter les lois, l’ordre public et les bonnes mœurs599.
Réglementation des manifestations.
Sont soumises à l’obligation d’une déclaration préalable à l’autorité politico
administrative compétent :
- les manifestations et réunions organisées sur la voie publique ;
- les manifestations et réunions organisées dans les lieux publics ouverts, non
clôturés ;
- les manifestations et réunions organisées auxquelles le public est admis ou
invité.
Les manifestations et réunions organisées sur le domaine public peuvent
être subordonnées à l’autorisation préalable. L’autorité investie de ce pouvoir
est :
1. le gouverneur de province ou celui de la ville de Kinshasa pour la province,
les chefs-lieux de province et la ville de Kinshasa ;
2. le maire pour les autres villes ;
3. le bourgmestre pour la commune ;
4. l’administrateur de territoire pour le territoire ;
5. le chef de collectivité pour la collectivité ;
6. le chef de cité pour la cité.

598
M.C. ,1960, p. 946. Voir aussi les Codes larcier République Démocratique du Congo,
tome II, Droit pénal, Larcier-Afrique-Editions, p. 38. Ce texte de loi de deux articles est entré
en vigueur le jour de sa publication (article 2).
599 er
Article 1 du décret-loi 196 du 29 janvvier 1996.
384
Catalogue des infractions

L’autorité compétente dispose de trois jours à dater du dépôt pour prendre


acte de la déclaration préalable. Quant aux manifestations et réunions
organisées sur le domaine public, l’autorité dispose de cinq jours à dater du
dépôt de la déclaration pour répondre à la requête. Le dépassement des délais
emporte pour le premier cas prise d’acte et pour le second cas octroi d’office
de l’autorisation (article 4).
Quiconque aura organisé les manifestations ou réunions publiques en
violation de l’article précité commet l’infraction. Il est passible d’une amende
de 3.000 à 5.000 Francs congolais et d’une servitude pénale de un à trois mois
ou de l’une de ces peines. L’organisateur subira en outre pour les dommages
éventuels causés par les participants à la manifestation ou à la réunion
incriminée des condamnations civiles (article 9).
Les faits et actes infractionnels commis à l’occasion des manifestations ou
réunions publiques sont réprimés conformément au droit pénal commun. Les
organisateurs seront tenus civilement responsables et condamnés aux
réparations dues solidairement avec les auteurs desdits faits.

344. Maraudage
Voir vol dans le champ, n°599.

345. Mariage avant l’expiration du délai d’attente


Voir mariage illicite, n°351.

346. Mariage d’un enfant ou mariage forcé d’un


enfant
Voir protection pénale d’un enfant après sa naissance, n° 467-33.

347. Mariage d’un interdit


Voir mariage illicite, n° 351.

348. Mariage d’un mineur


Voir mariage illicite, n° 351.

349. Mariage d’une fille impubère


Voir mariage illicite, n° 351.

350. Mariage forcé


Catalogue des infractions 385

A partir de l’âge nubile, l’homme et la femme, sans aucune restriction


quant à la race, la nationalité ou la réligion, ont le droit de se marier et de
fonder une famille. Ils ont des droits égaux au regard du mariage, durant le
mariage et lors de sa dissolution. Le mariage ne peut être conclu qu’avec le
libre et plein consentement des futurs époux.600L’usage de l’autorité parentale
ou tutélaire pour contraindre une personne à se marier constitue le mariage
forcé. L’infraction de mariage forcé s’entend de toute personne qui, exerçant
l’autorité parentale ou tutélaire sur une personne mineure ou majeure, l’aura
donnée en mariage, ou en vue de celui-ci ou l’aura contrainte à se marier.

I.Les éléments constitutifs du mariage forcé


La réalisation de l’infraction de mariage forcé suppose la réunion des
éléments constitutifs. Ils sont faits de l’élément légal, de la qualité requise
pour l’auteur, de l’acte réprehensible, du défaut de consentement et de
l’élément moral.
a)Textes incriminateurs et tribunal compétent
L’infraction de mariage forcé relève de l’article 336 du code de la
famille. Elle est aussi également prévue par l’article 174f du code pénal
congolais tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006.
Partant de la disposition du code de la famille, l’infraction est de la compétence
du tribunal de paix. Par contre au regard de l’article 174f du code pénal
congolais tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006,
cette infraction est une des catégories des violences sexuelles. Elle a pour juge
le tribunal de grande instance.
b)La qualité requise pour l’auteur
Selon l’article 336 , il doit s’agir d’une personne autre que le père, la
mère, le tuteur ou un individu exerçant l’autorité en droit sur la victime de tout
sexe . Peu importe l’âge. L’auteur sera un membre de famille, proche ou
lointain, d’un ami ou d’une amie, d’un voisin ou d’une voisine, d’un pasteur,
d’ « un frère ou sœur en christ », d’un chef de quartier ou d’avenue etc.
Selon l’article 174f du code pénal livre II, il doit s’agir de toute
personne exerçant une autorité parentale ou tutélaire, c’est-à-dire le père, la
mère ou le tuteur.
c)L’acte réprehensible
Comme pour la qualité requise, il y a une différence entre les actes
prévus par l’article 336 du code de la famille et ceux de l’article 174f du code
pénal livre II.
1° D’une part la contrainte d’une personne à se marier ou l’empêchement de
mauvaise foi d’un mariage régulier. C’est le cas d’un frère d’une fille qui la
flagelle pour l’obliger à épouser un homme déterminé.ou faire obstacle à la

600
Article 16 point 1 et 2 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
386
Catalogue des infractions

conclusion d’un mariage régulier par malhonnetété, en débitant des mensonges


contre l’un des partenaires.
2° D’autre part le don en mariage ou en vue du mariage d’une fille par un
parent ou un tuteur sans rien exiger en contrepartie et contre le gré de la
victime ainsi que la contrainte à se marier. Un père qui oblige son fils à épouser
la fille du voisin pour consolider son amitié. Un tuteur qui impose à une fille de
se marier avec son coreligionnaire au détriment du fiancé membre d’une autre
communauté religieuse.

d)Le défaut de consentement


Le défaut de consentement pour les mineurs est présumé. Pour les
personnes adultes, le défaut de consentement résulte de la violence, des
menaces, de la ruse ou d’un environnement coercitif.
e)L’élément moral
L’agent est conscient du caractère délictueux de son acte. Il y a dans le
chef de l’auteur la volonté avérée de contraindre une personne à se marier, de
l’offrir en mariage ou aux fins du mariage. C’est aussi l’existence en lui de la
volonté avérée de provoquer l’empêchement dudit mariage et ce par mauvaise
foi.

II. Régime répressif

a)Les pénalités
Selon l’article 336 du code de la famille, l’auteur du mariage forcé
encourt une peine de servitude pénale d’un à trois mois et d’une amende ou
l’une de ces peines seulement. L’article 174f punit l’auteur de l’infraction de
mariage forcé d’une peine de servitude pénale de un à douze ans et d’une
amende ne pouvant être inférieure à cent mille francs congolais constants.
Lorsqu’il s’agit d’une personne âgée de moins de dix-huit ans, le minimum de
la peine prévue - à savoir un an - sera doublé.
b)Prescription de l’action publique
Dix ans après la commission de l’infraction, l’auteur du mariage forcé
ne sera plus poursuivi (prescription de l’action publique), l’action publique
étant dès lors éteinte.
En matière de prescription, le moyen tiré de la prescription doit être
soulevé d’office par les juges et le délinquant ne peut nullement y renoncer.

351. Mariage illicite


Le mariage entre conjoints dont les liens de parenté ou d’alliance ne le
permettent pas ; en d’autres termes, le mariage incestueux est interdit. Le
mariage d’une femme divorcée avant l’expiration du délai d’attente est
également prohibé. Ce délai est de 300 jours à compter du jour du divorce. Le
Catalogue des infractions 387

mariage d’une jeune fille impubère, c’est-à-dire de moins de quinze ans est
interdit. En effet, ne peuvent contracter mariage l’homme avant dix-huit ans
révolus, la femme avant quinze ans révolus sauf dispenses601. Le mariage d’un
interdit est aussi prohibé.

a) Quelles sont les dispositions du code de la famille y relatives ?


Définies par les articles 352 à 356, les infractions ci-haut citées sont
consignées dans les articles 395, 406, 407, 415 à 425 du code de la famille.
b) Qui peut poursuivre ?
Les époux eux–mêmes, la personne qui justifie d’un intérêt ainsi que le
Ministère public du vivant de deux époux ont qualité pour enclencher les
poursuites.
c)Quelles sanctions le code la famille prévoit-il ?
Le législateur a prévu sept jours à deux mois de servitude pénale et/ou
amende602 ainsi que deux mois de servitude pénale maximum et une amende ou
l’une de ces peines seulement pour le mariage d’une fille impubère.
d) Qui seront punis ?
1. En cas de mariage incestueux (articles 353,415, 416), subiront des peines
l’officier de l’état civil qui célèbre ou enregistre pareil mariage, les personnes
qui ont consenti à ce mariage, les époux eux-mêmes et les témoins qui ont
agi en connaissance de cause.
2. En cas de mariage d’une divorcée avant l’expiration du délai d’attente
(articles 355, 395), pourront être punis l’officier de l’état civil qui célèbre ou
enregistre pareil mariage, les époux eux – mêmes ainsi que les personnes qui
ont consenti à ce mariage.
3. En cas de mariage d’un mineur (articles 352, 357, 395, 407,
419), encourent des peines l’officier de l’état civil qui a célébré ou enregistré
ce mariage, le conjoint du mineur ainsi que les témoins de ce mariage.
4. En cas de mariage d’une fille impubère (articles 420 à 423), sera puni
celui qui a la garde de la jeune fille impubère. Par contre il n’ya pas de
sanction pour l’officier de l’état civil ni pour le conjoint de la jeune fille
impubère.
5. En cas de mariage d’un interdit (articles 356, 425), peuvent se voir
appliqués des peines l’officier de l’état civil qui aura célébré ou enregistré ce
mariage, le conjoint de l’interdit et les témoins de ce mariage lorsqu’ils ont
agi en connaissance de cause.
e)Quel est le tribunal compétent ?
Toutes les personnes susceptibles d’encourir les sanctions seront
conduites devant le juge de paix. Si une année après la commission de

601
Prescrits de l’article 352 du code de la famille.
602
Article 395 du code de la famille.
388
Catalogue des infractions

l’infraction ou tant qu’elle continue à se commettre les poursuites n’ont pas été
engagées, l’action publique sera éteinte.

352. Mariage incestueux


Voir mariage illicite, n° 351.

353. Mariage homosexuel


Voir homosexualité, n° 291.
354. Mauvais traitement au veuf ou à la veuve
L’infraction de mauvais traitement au veuf ou à la veuve consiste en la
violation des obligations de respect, d’affection, de soins et d’assistance que
l’on doit à l’époux survivant après le décès de l’autre époux.
a)Les actes interdits
Il est interdit d’imposer à l’époux survivant d’accomplir des rites
incompatibles avec l’esprit de dignité humaine ou avec le respect dû à la liberté
individuelle ou à la vie privée. Est prohibé le traitement indigne imposé à la
veuve ou au veuf et le fait de prescrire au veuf ou à la veuve le paiement
d’indemnités de décès à l’occasion de la mort du conjoint.
b) Texte légal et sanctions
L’infraction de mauvais traitement au veuf ou à la veuve est prévue et
définie par les articles 544 et 545 du code de la famille603. La sanction est d’une
servitude pénale maximum d’un mois et de l’amende ou de l’une de ces peines
seulement. Le tribunal compétent est le tribunal de paix. L’action publique se
prescrit dans le délai d’une année. La peine, elle, se prescrit dans le délai de
deux années.

355. Mauvais traitement et actes de cruauté infligés


aux animaux
Voir Destruction des animaux, 156, 165.

356. Menaces
Par menaces, il faut comprendre des paroles, gestes ou écrits dont on se
sert pour manifester à quelqu’un sa colère, son ressentiment, pour lui faire
craindre le mal qu’on lui prépare. C’est donc une promesse d’un mal qu’on se
propose de causer. Les menaces peuvent être faites par écrit, verbalement, par
gestes ou par emblèmes.

603
C’est la loi n° 87-010 portant code de la famille.
Catalogue des infractions 389

I. Eléments constitutifs
a)L’élément légal.
Les articles 159 et 160 du code pénal congolais livre II incriminent les
menaces. Celles-ci appartiennent à la catégorie des atteintes volontaires à
l’intégrité de la personne. L’infraction de menaces s’attache exclusivement à la
protection de l’intégrité morale. Certaines menaces sont étudiées séparément
du fait de la qualité des victimes ou du fait d’être dirigées contre les biens.
b)L’élément matériel.
La menace doit revêtir un caractère pénal et ne doit pas être l’expression
d’une simple colère à l’égard d’un tiers. Il s’agit des paroles, gestes, écrits signés
ou anonymes exprimant la colère ou le ressentiment destinés à inspirer la
crainte d’un mal grave qu’on prépare contre la personne visée ou un des siens.
La menace peut être effectuée devant des tiers, en l’absence de la personne
menacée. Il a été jugé que la partie civile et le ministère public doivent
rapporter la preuve pour établir les propos menaçants proférés par le
prevenu604.
Menace réitérée ou matérialisée. La menace constitue une infraction contre
les persones dont la tentative est punissable lorsqu’elle est soit réitérée(menace
verbale), soit matérialisée par un écrit, une image ou tout autre objet. Peu
importe le support dès l’instant qu’il est de nature à faire impression sur le
destinataire des menaces. Les menaces ne doivent pas être équivoques.

La matérialisation peut découler de desseins suggestifs, cercueils, revolvers,


figurines transpercées d’aiguilles ou de couteaux605.

La menace doit viser une personne déterminée ou au moins déterminable, ce


qui n’est pas le cas de paroles lancées en l’air et dont on ne peut préciser à qui
elles s’adressent : menace « de mettre du plomb dans les fesses de toute
personne qui touchera à ma voiture »606.
Il n’est cependant pas nécessaire que les menaces soient adressées directement
à la personne visée. Elles peuvent être proférées en présence de tiers ou
adressées à des personnes qui les transmettront à l’intéressé.
Menace avec ordre de remplir une condition. La menace constitue une
infraction contre les persones lorsqu’elle est faite avec l’ordre de remplir une
condition. Si elle est assortie de l’ordre de remplir une condition, la menace est
punissable, même si elle n’est ni réitérée ni matérialisée, encore que la preuve
d’une simple menace verbale sera difficile à rapporter. L’ordre peut imposer à

604
Tribunal de grande instance de Luebo, siègeant en chambre foraine à Tshikapa, RP
2600, 20 décembre 2004, ministère public et parties civiles Mpoyi Moise et consorts contre
le prevenu Monga Mongali, inédit.
605
Michel Véron., op. cit., p.64.
606
T.corr. Paris, 26 février 1973,JCP 1973, JCP 1973. II. 17408, note J.A., et Rev. Sc. Crim.
1973. 903, obs. Levasseur.
390
Catalogue des infractions

la personne menacée l’accomplissement d’un acte positif607 : par exemple, un


détenu menaçant de mort son amie « si elle ne se dépêche pas de lui écrire »
mais aussi une abstention. Toutefois, si la menace de violences tend à obtenir
une signature, un engagement ou une rénonciation », il faut poursuivre pour
extorsion.
La menace est punissable :
1° Lorsqu’elle est faite avec ordre ou sous condition. L’auteur ordonne à la
personne menacée de faire ou de s’abstenir de faire quelque chose. Exemples608
- Si tu ne me donnes pas 100.000 francs congolais je te tue (ou je mets le feu
à ta maison) ;
- Si tu ne m’épouses pas, je te tue ;
- Si tu l’épouses, je vous tue tous les deux.
2° Lorsque le mal qu’elle annonce consiste dans un attentat contre les
personnes ou les propriétés, punissable d’au moins cinq ans de servitude pénale
principale ;
Les simples agressions ou violences morales ne constituent pas les menaces
punissables ; il en est ainsi du fait de réclamer le remboursement d’une créance
avec des vociférations.
Par contre quiconque promet d’incendier une maison si le propriétaire
ne réalise pas telle ou telle condition, sera punissable. En effet, l’incendie d’une
maison est un attentat contre les propriétés punissable de 15 à 20 ans de
servitude pénale. Celui qui menace de tirer sur une personne déterminée si
celle- ci ne disparaît pas de ses yeux commet également cette infraction. Il est
de jurisprudence que la menace existe indépendamment de toute intention
criminelle, par le seul trouble que la menace a causé à la sécurité de celui qui en
a été l’objet ; si la menace a pu être considérée comme sérieuse609 .
c)L’élément moral.
L’élément intentionnel. Une intention méchante. L’infraction de menace
est intentionnelle. Pour que l’infraction soit constituée, l’auteur doit avoir
l’intention d’intimider, mais il n’est pas nécessaire qu’il ait l’intention de mettre
sa menace à exécution. L’auteur doit avoir conscience de la pression exercée
sur la volonté de la victime.
Cet élément intentionnel peut être défini comme le fait d’agir volontairement
en ayant en conscience du trouble apporté par la menace dans l’esprit de la
victime. La preuve en sera aisée en cas de menace réitérée voire mûrement
réfléchie.

607
Crim.,25 avril 1990, Dr.pénal 1990, n° 289.
608
Nous tirons ces exemples de l’ouvrage de Georges Mineur, en page 117.
609
Boma, 24 juillet 1899, Jur. Etat I p. 73 .
Catalogue des infractions 391

Le mobile qui anime le coupable n’entre pas en considération. Peu importe que
les menaces soient justes ou injustes, qu’elles aient ou non pour but la défense
d’un droit, de la société, de l’ordre ou de la morale publique, qu’elles ne soient
que plaisanteries d’un goût douteux ou que leur auteur n’ait ni la volonté
véritable, ni les moyens de les mettre à exécution.

II. Régime répressif

a)Texte légal et sanctions


L’infraction de menaces est prévue et réprimée par les articles 159 et
160 du code pénal congolais livre II. Si la menace est purement verbale, par
gestes ou emblème, la peine sera de huit jours à une année et l’amende ou l’une
de ces peines seulement. Si la menace est faite par écrit anonyme ou signé la
peine est de trois mois à deux ans de servitude pénale et l’amende ou l’une de
ces peines seulement.
b) Délai de prescription et tribunal compétent
En cas de menace verbale, la prescription de l’action publique est
acquise en un an. La prescription sera de trois ans lorsqu’il s’agira d’une
menace par écrit. Le tribunal de paix est la juridiction compétente. La peine
sera éteinte dans le délai double de la peine prononcée en cas de prescription
de celle-ci. Ce délai ne sera pas inférieur à deux ans.

c)Cas particulier de la menace par geste ou emblème


Dans l’article 160, le code pénal prévoit la menace par geste ou
emblème. Le code exige pour qu’elle soit punissable, qu’elle soit uniquement
suffisamment explicite pour faire craindre à la victime la commission à son
encontre d’une infraction punie d’au moins cinq ans de servitude pénale.
Exemples
- menace d’un fusil chargé (ou que la victime peut croire chargé ) ;
- approcher une torche enflammée d’une maison , d’un champ, de récoltes ;
- ériger un tas de vêtements dans un champ , si dans l’usage local c’est un
signe de mort

357. Menaces d’attentat


Voir menaces, n° 356.

358. Mendicité et vagabondage


Avec l’avènement de l’industrialisation et de l’urbanisation, il s’est
développé le phénomène de la déviance et de la délinquance juvéniles.
Autrefois ce phénomène était inexistant dans les milieux traditionnels. La
392
Catalogue des infractions

cellule familiale traditionnelle, parce que déracinée du milieu clanique et


ancestrale, ne s’adapte que très difficilement au nouveau monde. Dans les
villes, l’insécurité et l’instabilité battent le plein. La solidarité familiale s’effrite.
Ces situations se répercutent sur les enfants qui réagissent par des
comportements déviants et délinquants, notamment l’inconduite et
l’indiscipline notoires, la débauche, la prostitution, le jeu et les trafics ainsi que
la mendicité et le vagabondage.
Plusieurs textes légaux et réglementaires ont trait à la mendicité et au
vagabondage. Nous pouvons citer à titre d’exemples :
- le décret du Roi souverain du 23 mai 1896 sur le vagabondage et la
mendicité ;
- l’arrêté du 5 mai 1896 sur le vagabondage et la mendicité. Il créait un régime
spécial pour l’internement des jeunes vagabonds et mendiants610 ;
- le décret du 06 décembre 1950 sur l’enfance délinquante ;
- la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.

I. Eléments constitutifs

Le décret du 06 décembre 1950 sur l’enfance délinquante incriminait des


faits, des conduites déviantes assimilées aux infractions, en l’occurrence la
mendicité et le vagabondage. Par contre, la loi n° 09 /001 du 10 janvier 2009
portant protection de l’enfant,considere désormais l’enfant comme en
situation difficile et comme devant bénéficier d’une protection spéciale
lorsqu’il est rejeté, abandonné, exposé à la négligence, au vagabondage et à la
mendicité ou trouvé mendiant, vagabond ou qui se livre habituellement au
vagabondage ou à la mendicite( article 62, point 1) La mendicité et le
vagabondage sont désormais des situations difficiles dans lesquelles
l’enfant est trouvé et non plus des conduites déviantes. Pour appréhender
la situation difficile de mendicité et de vagabondage,en vue d’une protection
spéciale de l’enfant :
1. Il faut que ce soit un mineur. Est mineur l’enfant âgé de moins de 18
ans accomplis au moment des faits (article 2, point 1 de la loi n° 09 /001 du
10 janvier 2009 portant protection de l’enfant..
2. Le mineur doit être trouvé mendiant ou vagabond ou se livrer
habituellement à la mendicité ou au vagabondage.
Les personnes concernées sont les mineurs qui ont déserté le toit conjugal.
Ce sont aussi les enfants qui font la ronde de la ville, quémandant le long de

610
« La problématique liée à l’application du décret du 6 décembre 1950 sur l’enfance
délinquante », par OLELA OKONDJI, Avocat Général, séminaire des magistrats des
tribunaux de paix de Kinshasa, session 2002, p.7.
Catalogue des infractions 393

marchés, de rues et avenues. Ils sont communément appelés « enfants de rue


611
». Est ainsi qualifié de vagabond, le jeune désœuvré ( sans travail certain),
celui qui fait l’école buissonnière, vend des « petits riens » ou exerce des petits
riens aux ressources dérisoires et incertaines, vit sans soutien et surveillance
efficaces, viole le règlement sur la circulation nocturne des jeunes, pratique des
fugues …, tire ses ressources de la débauche ou des métiers prohibés de
manière générale ou de façon particulière vu son âge612.

Certes les enfants qui se livrent à la mendicité ne peuvent être que l’objet
d’une protection spéciale ,mais ceux qui organisent ou exploitent la mendicité
d’autrui doivent être sanctionnés. Mais le but à intensifier est celui de lutter
contre les réseaux de mendicité qui se multiplient, notamment dans les grandes
villes, et qui semblent être financièrement profitables à ceux qui les mettent en
place.

II. Poursuites

La brigade spéciale de protection de l’enfant a la mission de


surveillance et de prévention générale(article 77 de la loi n°09/001 du 10
janvier 2009 portant protection de l’enfant). En vertu de l’article 112 de la loi
n°09/001 du 10 janvier 2009 précitée lorsque le fait commis par l’enfant est
connexe à celui qui peut donner lieu à une poursuite contre un adulte, les
poursuites sont disjointes et l’enfant est poursuivi devant le juge des enfants.
a) Personnes pouvant être sanctionnées
Les mineurs mendiants et vagabonds encourent des mesures de
protection spéciale . Ceux qui organisent ou exploitent la mendicité d’autrui
doivent être sanctionnés. Les parents qui soustraient leurs enfants à la
procédure intentée à leur charge sont ,eux , passibles des peines.

b) Pénalités prévues
L’auteur d’infractions est passible de sanction pénale. Pour les mineurs
mendiants et vagabonds, les peines proprement dites sont abandonnées et
remplacées par les mesures613 ci-après :

611
Les enfants de rue sont indifféremment appelés dans les villes de la République
Démocratique du Congo. A kinshasa,à Lubumbashi et à Kisangani on les nomme
« shégués », à Mbuji-Mayi « Bana ba mu tshisalu », à Bukavu et Goma « Maibobo ». Le
vocable « shégué »tend à supplanter les autres vocables.
612
IDZUMBUIR ASSOP (J)., « La Justice pour mineurs au Zaïre : Réalités et perspectives »,
Kinshasa, Editions Universitaires Africaines, 1994, p. 45
613
Articles 106 à 109 de la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de
l’enfant(autrefois article 2, 3, 7 et 8 du décret du 06 décembre 1950 sur l’enfance
délinquante).
394
Catalogue des infractions

1. Les mesures provisoires


Les mesures provisoires nécessaires à prendre par voie d’ordonnance avant de
statuer sur le fond (art 106 de la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant
protection de l’enfant ) consistent à :
- placer l’enfant chez ses père et mère ou chez un autre parent ou chez
le particulier qui en a la garde ;
- assigner à résidence l’enfant sous la surveillance de ses père et mère ou
de ceux qui en ont la garde ;
- soustraire l’enfant à son milieu, en le confiant provisoirement à un
couple de bonne moralité ou à une institution publique ou privée
agréeé à cractère social ;
Si le mineur est vicieux ou qu’aucun couple , aucune institution n’est en mesure
de l’accueillir, il pourra être gardé préventivement dans un établissement de
garde et d’éducation de l’Etat, sans que cette garde préventive ne dépasse deux
mois.
2. La décision
Dans les huit jours de la prise en délibérée, les décisions à prendre
sont :
- réprimander l’enfant et le remettre à ses parents ou aux personnes qui
exercçaient sur lui l’autorité parentale en leur enjoignant de mieux le
surveiller à l’avenir (art 113, point 1) ;
- confier l’enfant à un couple de bonne moralité ou à une institution
privée agréeé à cractère social pour une période ne dépassant pas sa
dix-huitième année d’âge ;
- mettre l’enfant dans une institution publique à caractère social pour une
période ne dépassant pas sa dix-huitième année d’âge. Ceci ne concerne
pas l’enfant âgé de plus de seize ans ;
- placer l’enfant dans un centre médical ou médico-éducatif approprié ;
- mettre l’enfant dans un établissement de garde et d’éducation de l’Etat
pour une période ne dépassant pas sa dix-huitième année d’âge.

3. Les sanctions pénales proprement dites


Quiconque utilise un enfant aux fins de mendicité commet l’infraction.
Il est punissable d’une amende de cinquante mille à cent mille francs congolais
tel que prévu à l’article 194 de la loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 portant
protection de l’enfant.
Quant aux autres infractions, voir l’intitulé « protection de l’enfant après sa
naissance »(voir n° 468-19, 20,37,43, 45).
Catalogue des infractions 395

Il a été jugé que déclarer pénalement responsable un délinquant mineur en


prétendant que celui-ci avait agi avec discernement est une violation de l’esprit
et de la lettre du Décret du 6 décembre 1950 sur l’enfance délinquante614
c) Compétence
La matière de l’enfance délinquante fut d’abord confiée au juge du
tribunal de district devenu par la suite tribunal de sous-région. La loi n°77/030
du 28/12/1977 portant création du conseil judiciaire est venue conférer cette
matière aux tribunaux de paix dès leur installation. Par la suite, l’ordonnance-loi
n°82/020 du 3/3/1982 attribua aux tribunaux de paix cette compétence. La
fonction de juge des enfants était dévolue au président de la juridiction qui la
confiait à tour de rôle à tous les juges. Avec la loi n°09/001 du 10 janvier 2009
portant protection de l’enfant, les tribunaux compétents sont les tribunaux
pour enfants. L es tribunaux pour enfants seront installés et fonctionneront au
plutard dans les deux ans qui suivent la promulgation de la loi615. Celle-ci a été
promulguée le 10 janvier 2009. La où, les tribunaux pour enfants ne sont pas
encore opérationnels, les tribunaux de paix et les tribunaux de grande instance
restent compétents pour connaître respectivement en premier et dernier ressort
des affaires qui relèvent de la compétence des tribunaux pour enfants616.

En vertu de l’article 102 de la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant


protection de l’enfant , le tribunal pour enfants est saisi par :
- la requête de l’officier du Ministère public du ressort dès qu’il a
connaissance des faits portés contre l’enfant ;
- le requête de l’Officier de police judiciaire dès qu’il a connaissance
des faits portés contre l’enfant ;
- la requête de la victime ;
- la requête des parents ou du tuteur ;
- le requête de l’assistant social ;
- la déclaration spontanée de l’enfant ;
- la saisisne d’office du juge.

d) Prescription
Après l’écoulement d’un délai d’une année, l’action publique contre le
père ou la mère qui ont commis une infraction à la procédure intentée contre
leur enfant mineur, sera éteinte. La peine, elle, si elle n’a pas été appliquée sera

614
C.S.J., RP.1.154, 25 juillet 1989, B.A. années 1985 à 1989, édition 2002, p. 502.
615
Article 200 de la loi du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.
616
En vertu de l’article 101 de la loi du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant , est
territorialement compétent, le tribunal de la résidence habituelle de l’enfant, de ses parents
ou tuteur, du lieu des faits, du lieu où l’enfant aura été trouvé, ou du lieu où il a été placé, à
titre provisoire ou définitif.
396
Catalogue des infractions

éteinte au délai double de la peine prononcée. Ce délai ne sera pas inférieur à


deux ans.
Autres infractions en matière de presse et médias
La loi n° 04 /017 du 30 juillet 2004 portant organisation, attribution et
fonctionnement de la Haute Autorité des médias a crée et réprimé des
infractions spécifiques.
En effet, en matière de presse et médias , les violations des règles
d’éthique sont passibles des sanctions d’amende, de la suspension de la station
de radio, de la chaîne de télévision publique ou privée ou de l’organe de presse
pour une période n’excédant pas trois mois, et ce , suivant la gravité des faits.
- Toute entreprise de presse qui aura fait usage illicite de la raison
sociale ou sa dénomination, en violation de la loi, sans préjudice
de la législation en matière des sociétés commerciales sera punie
d’une amende de 2.000 francs fiscaux(article 53) ;
- L’entreprise de presse qui aura fait usage illicite de la raison sociale
ou de la dénomination d’une autre sera passible d’une amende de
2.000 francs fiscaux(article 53 alinéa 2) ;
- Toute personne qui aura tiré un avantage quelconque d’une
opération d’usage illicite de la raison sociale ou de la
dénomination subira une amende de 2.000 francs fiscaux(article
53 alinéa 3) ;
- Toute peronne physique ou morale qui n’aura pas fourni à la
Haute autorité des médias les informations auxquelles elle est
tenue en vertu des dispositions de la loi n° 04 /017 du 30 juillet
2004 précitée sera punie d’une amende de mille francs
fiscaux(article 54);
- Le prestataire des services de presse et de communication audio-
visuelle qui n’aura pas porté à la connaissance des utilisateurs des
tarifs applicables, lorsque ces services donnenet lieu à une
rémunération sera puni d’une amende allant de mille à quatre mille
francs fiscaux(article 55);
- Toute personne qui aura exercé quelque métier de presse ou de
communication audio-visuelle sans avoir satisfait préalablement
aux formalités prévues par les dispositions de la loi sur l’exercice
de la presse sera punie d’une amende de mille à neuf mille francs
fiscaux(article 56);
- Sera punie d’une amende de quatre mille à dix mille francs
fiscaux, l’entreprise qui aura émis ou diffusé , fait émettre ou fait
diffuser :
Catalogue des infractions 397

1° sans enregistrement prélable auprès de la Haute autorité des


médias ou en violation d’une décision de suspension ou de retrait
prononcée(article 57, a);
2° sur une fréquence autre que celle qui lui a été attribuée
(article 57, b);
3° en violation des dispositions concernant la puissance des
équipements ou le lieu d’implantation de l’emetteur(article 57, c.
En cas de récidive ou lorsque l’émission irrégulière aura perturbé
les émissions ou liaisons hertziennes ou satellitaires d’un service
public, d’une société nationale de programme ou d’un service
autorisé, l’auteur de la violation pourra être puni d’une amende de
dix mille à vingt mille francs fiscaux.

359. Meurtre
Le meurtre est l’acte d’une personne qui consiste à donner volontairement
la mort à autrui. Il est l’homicide intentionnel sur la personne d’autrui. Le
meurtre peut aussi être défini comme un homicide commis avec l’intention de
donner la mort617. Lorsque le meurtre est aggravé, on l’appelle assassinat.

I. Eléments constitutifs
Le meurtre obéit à la structure commune des infractions en droit pénal.
Les éléments constitutifs traditionnels sont réquis pour l’établissement de
l’infraction du meurtre.
a)L’élément légal.
Les articles 43 et 44 du code pénal congolais livre II définissent le
meurtre. En suivant une définition étymologique, le meurtre est le fait de tuer
(caedere) une personne humaine (homo). En interprétant strictement la loi
pénale, le meurtre est le fait de donner la mort à autrui, ce qui semble exclure le
fait de se donner soi-même la mort.
b)L’élément matériel
Le meurtre est une atteinte à la vie d’autrui. Il suppose donc le « le fait
de donner la mort » à « autrui ».Le fait de donner la mort. L’élément matériel
est un acte positif de toute nature s’apparentant à des violences ayant entraîné
la mort de la victime. Le meurtre se traduit nécessairement par un acte positif,
l’expression « donner la mort » exigeant une action. Comme nature de l’acte
matériel, il doit s’agir obligatoirement d’un acte matériel de violence physique.
Les actes matériels sont entendus comme l’accomplissement à l’encontre d’une

617
Article 1er de l’ordonnance-loi n° 68-193 du 3 mai 1968 qui a remplacé les anciens
articles 44 et 45 du code pénal.
398
Catalogue des infractions

personne vivante d’un acte quelconque de nature à causer la mort et l’ayant


effectivement et matériellement entraînée.

Il n’est pas indiqué les moyens à employer pour donner la mort. Les moyens
déployés doivent être positifs, et non pas résulter d’une omission. Laisser
mourir une personne en restant inactif, alors que l’on n’a pas participé à la
situation qui l’a mise en danger , résulte de l’infraction de non asistance à
personne en danger.

1) L’existence d’un acte matériel positif ou acte négatif susceptible de


donner la mort, comme par exemple donner un coup de machette et que
mort s’ensuive , tuer par pitié pour abréger les souffrances d’une
personne dont la mort est certaine et prochaine (euthanasie) ;
2) Cet acte matériel est commis sur une personne vivante, la personne
d’autrui. Si la personne était déjà morte ce n’est plus le meurtre mais
plutôt la mutilation de cadavre. La victime doit donc être humaine, née et
vivante. Peu importe que le corps ne soit pas retrouvé ou que la victime
ne soit pas identifiée. L’identité de la victime est indifférente à la
répression, les juges ne devant qualifier uniquement que la volonté de
tuer « autrui ».

c)L’élément moral618
L’élément moral est principal car le meurtre est une infraction
intentionnelle.L’animus necandi. En effet, le meurtre est un homicide
volontaire. L’élément moral contient cumulativement un dol général (caractère
volontaire de l’atteinte portée et de la violation de la loi pénale) et un dol
spécial (la volonté de donner la mort, désignée sous la locution latine d’animus
necandi). L’intention meurtrière est réquise. Il faut une volonté de tuer.
Il faut l’intention de donner la mort. C’est une condition suffisante.
La volonté de tuer est consubsatantielle à l’infraction de meurtre.Laplupart du

618
L’élément moral exige la capacité de comprendre et de vouloir. Celle-ci n’existe pas
lorsque l’acte a été accompli par un très jeune enfant (Crim. 13 déc. 1956, D.1957, 349,
note Patin), il importe de voir à ce sujet les développements repris à l’infraction de mendicité
et vagabondage. Elle n’existe pas non plus lorsque la présence d’une cause de non
imputabilité est constatée. La cause de non-imputabilité fait disparaître la culpabilité de
l’auteur. D’autres causes de non-imputabilité peuvent être la démence, la contrainte
irrésistible, l’erreur invincible. Pour entraîner l’irresponsabilité de l’agent, la démence doit
être contemporaine à l’acte incriminé et être totale (annihilation complète de toutes les
facultés de discernement et de volonté). La contrainte irrésistible existe lorsque l’agent
n’avait d’autre possibilité que de commettre l’infraction. Pour supprimer l’imputabilité, la
contrainte physique ou morale doit être irrésistible et extérieure au prévenu. L’erreur
invincible, qu’elle soit de fait ou de droit, doit être invincible et porter sur un élément
constitutif de l’infraction.
Catalogue des infractions 399

temps, la preuve sera rapportée par l’étude de l’acte matériel : un coup de


couteau porté au pied ne démontre pas l’intention homicide, alors qu’un coup
au cœur, si. La jurisprudence examine toujours la partie du corps de la
victime(région vitale ou non) qui a été exposée aux coups ainsi que le choix de
l’arme. Par exemple , deux coups de fusil tirés à 1 m 50 et dirigés vers les
régions vitales(poumons, foie, rein, cage thoracique) permettent de retenir
l’intention criminelle, la victime étant morte sur le coup619.L’animus necandi
doit être relevé au moment de la commission de l’acte. Sa caractérisation
antérieure permet de retenir l’aggravation d’assassinat.620.

Il a été jugé qu’un prévenu parti pour venger son grand frère tué
quelques heures auparavant qui administre des coups à la victime qui en meurt
était animé de l’intention de tuer621.
A défaut d’intention de tuer, il s’agira d’une autre qualification telle les coups et
blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner (art.
48), l’homicide involontaire (art. 52) ou d’une mort n’entraînant aucune
responsabilité pénale. L’auteur ne doit pas rechercher la mort d’une personne
déterminée. Il est simplement animé de l’intention de tuer une personne
(mitrailler une classe, égorger les participants à une manifestation sportive).
Indifférence de l’erreur sur la victime. L’erreur sur la victime est
totalement indifférente. L’erreur sur la personne ne compte pas. Il en est de
celui, qui au lieu de tuer Pierre, se trompe et tue Jean. Le consentement de la
victime n’enlève pas non plus le caractère infractionnel du meurtre. Peu
importe qu’il y ait erreur du coup. L’intention peut s’induire de la nature de
l’arme ou du coup, de la région du corps frappée par l’agent (induction relevant
de l’intime conviction du juge : Crim., 2006) Indifference des mobiles. Le
mobile du meurtrier n’efface pas l’infraction. Le mobile est indifférent à la
qualification. Le mobile politique est indifférent à la qualification juridique. Le
meurtre est par nature un crime de droit commun et aucune circonstance
particulière de commission ne peut changer sa qualification juridique622 .
D’ailleurs, pour l’existence de cette infraction, le mobile de l’acte
criminel ne doit pas nécessairement être déterminé ou connu par le juge

619
Crim.,08 janvier 1991, Bull.crim., n°14,D.1992, p. 1 15, note croisier-Nerac, RSC
1991,748 et RSC 1992,p. 748,obs. Levasseur.
620
Coralie Ambroise-Castérot.,Droit pénal spécial et des affaires, Gualino éditeur, Lextenso
éditions, paris, 2008, p.26.
621
Tribunal de grande instance de Kananga, RP 9478/9500, 27 août 2004, inédit.
622
L’affaire Gorgulov, en France, a posé le principe de l’indifférence des mobiles à la
qualification juridique de l’infraction. Gorgulov a assassiné le Président de la république
Française Paul Doumer. Il soutenait avoir commis son acte pour des convictions politiques
et essayait de faire admettre la nature politique de son crime. La chambre criminelle a
rejeté son argumentation car l’élément moral du meurtre est de donner la mort à quelqu’un.
400
Catalogue des infractions

L’auteur peut avoir tué par amour, par haine,par jalousie, par passion,par
vengeance, par idéologie ou pour un motif crapuleux. La qualification
juridique du meurtre reste inchangée et, par voie de conséquence, la peine
encourue aussi.
De même, le consentement de la victime est sans incidence sur le
meurtre. Ainsi, l’asistance active au suicide et l’euthanasie restent des meurtres.
Il a été jugé que l’infraction de meurtre est établie lorsqu’il ressort des éléments
du dossier et en dépit des dénégations du prévenu, qu’il avait tiré dans la foule
même sans avoir visé la victime dont le décès est , selon le rapport médical et la
déposition du médecin légiste , dû à la perforation de l’intestin par la balle qu’il
a tirée. En outre, l’intention homicide est établie par l’emploi d’un couteau et le
fait de porter le coup à une partie vitale de la victime623 .
En cas de meurtre par arme à feu, l’intention homicide résulte de l’arme
à feu employée et de l’endroit du corps où le coup a été porté624 .
d) L’absence des faits justificatifs
Le meurtre peut ne pas être puni lorsqu’il est entouré de faits
justificatifs. L’étude des faits justificatifs se fait en droit pénal général. Il peut y
avoir, justifiant le meurtre, l’ordre de la loi ou commandement de l’autorité
légitime, la légitime défense, et l’’état de nécessité.

II. Poursuites

a)Tribunal compétent
Le meurtre est par priorité poursuivi et jugé dans un délai d’un mois
maximum. Les articles 43 et 44 du code pénal livre II définissent et
sanctionnent l’infraction de meurtre de la peine de mort. Le tribunal compétent
est celui de Grande Instance.
b) Prescription de l’action publique
L’infraction de meurtre est prescriptible dans un délai de dix ans. Bien que
la loi soit silencieuse, la peine de mort n’est pas prescriptible. La découverte
d’un cadavre plus de dix ans après que la disparition a été signalée pose des
problèmes de prescription de l’action publique, en l’absence d’actes interruptifs
pendant ce délai (Crim., 2006)625
c) Les particularités
La répression connaît quelques règles particulières s’appliquant à tous
les homicides volontaires. La tentative de meurtre est toujours punissable en
vertu de l’application des principes de droit pénal général. L’infraction
623
C.S.J., R.P. 27/CR, 30 juillet 1985, B.A. Années 1985 à 1989, édition 2002, p.39. Cour
er
d’appel de Kinshasa, 1 février 1968, M.P c/ L.
624
C.S.J., 8 août 1969, Affaire Bangala , R.C.D.1970,II ,p.15, R.J.C. 1970 p.4 in Dibunda. ,
op. cit . , p.124.
625
Mementos, Droit pénal spécial, 14ème édition 2008, Dalloz, P.10.
Catalogue des infractions 401

impossible a été assimilée à la tentative pour les besoins de la répression. Les


complices du meurtre sont punis, qu’ils aient agi par aide ou assistance ou par
instigation. La plupart de ces particularités répressives s’appliquent aussi à
l’assassinat.
Lorsqu’au cours d’une même scène de violence, plusieurs auteurs portent
des coups à la victime qui décède, il est impossible de déterminer avec
précision quel est l’auteur du coup mortel. En toute logique, une seule
personne est l’auteur du meurtre alors que les autres ont simplement frappé un
cadavre. La jurisprudence abonde et tranche : les jugent doivent les qualifier de
coauteurs626 .

360. Meurtre aggravé


Il existe trois sortes de meurtres aggravés. Tout d’abord, l’infraction peut
être aggravée par l’élaboration du dessein criminel : en effet, si le meurtre est
prémédité, il devient un assassinat, plus sévérement réprimé. L’assassinat , c’est
le meurtre avec préméditation627.
Ensuite, le meurtre peut être plus sévèrement sanctionné lorsqu’il est commis
en même temps qu’une autre infraction. Le meutre qui précede , accompagne
ou suit une autre infraction est sévérement puni. La concomitance du meutre
avec une autre infraction aggrave donc la répression. La nature de l’infraction
importe peu : il ne s’a git pas nécessairement de deux meurtres successifs.(par
exemple, le viol suivi du meurtre..). Peu importe que les deux crimes
concomitants aient été réussis ou simplement tentés, la répression est
encourue628.
Enfin, l’aggravation peut résulter de la qualité de la victime.Par exemple, le
meutre commis sur un mineur de 15 ans. Certes le parricide n’est pas aggravé,
mais les personnes particulièrement vulnérables en raison de leur âge, une
maladie, une infirmité, une grossesse, ou une déficience quelconque devraient
être prises en compte par le législateur. Celui-ci devra en outre tenir compte
des meurtres commis sur des agents publics dans ou à l’occasion de l’exercice
de leurs fonctions. L’aggravation devrait être appliquée en raison de
l’appartennance réelle ou supposée de la victime à une ethnie, une religion, une
race etc.

361. Meurtre commis pour assurer l’impunité


Voir meurtre commis pour faciliter un vol, n° 362.

626
Crim. , 18 novembre 1978, Bull. n° 258.
627
La préméditation peut être définie comme le desein formé avant l’action de commettre un
crime.
628
Crim.,12 juillet 1982,RSC 1983,p.261,obs. Levasseur.
402
Catalogue des infractions

362. Meurtre commis pour faciliter un vol

Le meurtre commis pour faciliter le vol est communément appelée


meurtre commis pour assurer l’impunité, une extorsion ou pour faciliter un
vol.

a) Considérations générales
Comme l’expression « meurtre commis pour faciliter un vol » l’indique,
l’infraction de meurtre commis pour faciliter un vol se réalise lorsque, pour
commettre un vol ou une extorsion, l’auteur tue la personne qui constitue un
obstacle ou alors la personne qui serait un témoin gênant. C’est une
circonstance aggravante réalisée avant ou après la consommation de l’infraction
de vol ou d’extorsion. Les exemples sont classiques : s’introduire dans une
maison et y tuer l’occupant pour voler un coffre-fort ; celui qui, après avoir
réalisé son vol s’aperçoit qu’il a été vu par un témoin qui le connaît et tue ce
témoin629 .
b) Poursuites
Le meurtre commis pour faciliter le vol est une circonstance aggravante
prévue par l’article 85 du Code Pénal. La disposition légale précitée dispose :
« le meurtre commis soit pour faciliter le vol ou l’extorsion, soit pour en
assurer l’impunité, est puni de mort ».

c) Qu’en est-il de la prescription ?


Au regard de la peine de mort rattachée à sa commission, l’infraction de
meurtre commis pour faciliter un vol est de la compétence du tribunal de
grande instance. L’action publique est prescriptible dans un délai de dix ans. La
peine est imprescriptible parce qu’elle est capitale.

363. Meurtre commis pour faciliter une extorsion


Voir meurtre commis pour faciliter un vol, n°362.

364. Meurtre simple


Voir Meurtre, n° 359.

365. Milices privées


On entend par milices privées630:

629
Cour de Sûreté de l’Etat. , 21 juin 1974, R.J.Z 1979, p.98
630 er
Ce sont là des termes des définitions des articles 1 , 2 et 3 de l’ordonnance-loi 11/130
du 25 mars 1960 portant mesures intéressant la sécurité publique (Milices privées).
Catalogue des infractions 403

- l’organisation de particuliers ou toutes milices privées dont l’objet est de


recourir à la force ou de suppléer l’armée ou la police, de s’immiscer dans
leur action ou de se substituer à elles (art. 1er);
- les exhibitions en public de particuliers en groupe qui, soit par les exercices
auxquels ils se livrent, soit par l’uniforme ou les pièces d’équipement qu’ils
portent, ont l’apparence de forces militaires (art.2) ;
- les porteurs d’un objet dangereux pour la sécurité publique au cours d’une
manifestation, à l’occasion d’une manifestation, au cours d’une réunion ou à
l’occasion d’une réunion (art.3).
a) Quel texte légal prévoit l’infraction de milices privées?
L’ordonnance-loi 11/130 du 25 mars 1960 portant mesures intéressant
la sécurité publique (Milices privées)631 est le texte légal qui organise et réprime
l’infraction des milices privées. Elle en détermine et en fixe les peines.
b) Quelles sanctions les coupables subiront-ils ?
Les coupables de l’infraction des milices privées subiront quinze jours à
six mois et l’amende ou l’une de ces peines seulement. Encourent la peine
ceux qui créent une milice ou une organisation en violation de l’article 1er. La
sanction s’applique aussi à ceux qui organisent une exhibition en violation de
l’article 2. Seront enfin punis ceux qui prêtent concours et les membres de la
milice. D’autres sanctions ont été prévues par le législateur.
1) La saisie des uniformes et insignes distinctifs de groupements illicites, des
armes, véhicules, matériels et autres objets destinés à leur servir ;
2) La confiscation des objets cités même s’ils n’appartiennent pas aux
condamnés. Les porteurs d’objets dangereux pour la sécurité publique
seront punis de huit jours à six mois de servitude pénale ou d’amende.
c) Quel est le tribunal compétent ?
En temps de paix, les infractions de milices privées et mouvements
insurrectionnels relèvent des juridictions de droit commun, sous réserves des
compétences particulières des juges militaires. En temps de guerre, la
compétence est revendiquée par les juridictions militaires.

366. Mise à mort par représailles


a)Elément légal et notions de représailles
L’infraction de mise à mort par représailles est prévue à l’article 171 du
code pénal militaire. Elle est assimilée à l’assassinat. Elle est punie de la peine
de mort. Elle a comme élément principal les représailles. Les représailles se
définissent généralement comme une mesure de violence, illicite en soi, que
prend un Etat pour répondre à un acte également illicite violant les droits des
631
M.C., 1960, p.944 ; Les codes larcier République Démocratique du Congo, tome II,
Edition 2003, Larcier-Afrique éditions, p.157
404
Catalogue des infractions

gens, accompli par un autre Etat. Elles s’entendent également de toute riposte
individuelle à un mauvais procédé632 .
Lorsqu’elles sont permises, les représailles doivent demeurer le dernier
recours pour rétablir le respect du droit de la guerre. L’action à engager devra
respecter la condition de la proportionnalité.
b) Eléments constitutifs
L’infraction de mise à mort par représailles suppose pour sa
consommation un acte positif et matériel d’homicide. Au plan de l’élément
moral, elle exige l’existence de la volonté de donner la mort. Il peut s’agir d’une
volonté spéciale qui se construit à partir d’un mobile de vengeance réagissant à
un mauvais procédé utilisé par la victime ou par les membres de son groupe.
On suppose que cette volonté est réfléchie et préméditée, car l’activité
incriminée est assimilée à l’assassinat.
c)Remarques
Les représailles sont interdites lorsqu’elles sont dirigées contre les
personnes civiles et les biens civils. Elles sont également prohibées lorsqu’elles
sont dirigées contre les prisonniers de guerre. Elles sont prohibées contre les
blessés, les malades et les naufragés. Le législateur interdit en outre, les
représailles contre les personnes et les biens particulièrement protégés, contre
les biens indispensables à la survie de la population civile, contre
l’environnement nature etc.
L’article 171 du code pénal cité précité n’incrimine que les représailles
exercées sur les personnes, quelles qu’elles soient, et ayant comme résultat la
mort de la victime.

367. Mise en danger de la personne


Les infractions de mise en danger tiennent plus d’un souci de prévention
que du désir classique de répression de la délinquance. De nombreuses
infractions de nature diverse sont regroupées au sein de cette catégorie. Elles
présentent une caractéristique commune qui est celle de viser fréquemment les
abstentions, même sous leur définition minimale réduite à l’abstention de
prendre les mesures nécessaires pour que le dommage ne se réalise pas.
Certaines infractions sont d’ordre général assurant une protection globale
de la population. D’autres revêtent une nature particulière et sont motivées par
la protection accrue de certaines catégories de la population, en raison de leur
spécificité et de leur vulnérabilité. Particulièrement, la mise en danger de

632
AKELE ADAU Pierre. , « Le citoyen- justicier, la justice privée dans l’Etat de droit », ODF
Editions, Kinshasa, décembre 2002, p.79.
Catalogue des infractions 405

l’enfant est prévue et définie par la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant
protection de l’enfant, au titre cinquième, quatrième section633. Elle comprend :
- la discrimination à l’égard de l’enfant (art.185) ;
- le déplacement ou rétention illicites de l’enfant à l’étranger par un parent ou
un tiers(186) ;
- les contraventions aux dispositions de la loi sur les pires formes du travail
de l’enfant (art.187) ;
- l’enrôlement ou utilisation des enfants de moins de dix-huit ans dans les
forces et groupes armés et police (art.187) ;
- l’utilisation d’un enfant dans les différentes formes de criminalité (art.188) ;
- le délaissement d’un enfant (art.190) ;
- le don en mariage d’un enfant, le mariage forcé (art. 189) ;
- l’abstention de porter secours à un enfant (art.191) ;
- la non dénonciation des violences commises sur un enfant (art.192) ;
- l’abstention volontaire d’accomplir un acte de sa fonction requis pour un
fonctionnaire en cas d’abus ou de mise en danger d’un enfant (art. 193) ;
- l’utilisation d’un enfant aux fins de mendicité (art. 194).

368. Mise en danger d’un enfant


Voir mise en danger de la personne, n°367.

369. Mise en exécution d’une mission de combat


sans motifs offensifs adéquats
L’incrimination de mise en exécution d’une mission de combat sans
motifs offensifs adéquats concerne tout militaire ou assimilé appelé à
commander ses pairs. L’auteur commet l’infraction si par négligence, il fait
exécuter une mission de combat sans avoir pris des dispositions utiles à la
réussite de celle-ci, notamment en ce qui concerne l’adéquation entre les armes
et les munitions, la dotation nécessaire pour engager le combat ou résister, la
qualité et l’état du matériel.

I.Base législative et répression

Le comportement de tout officier, commandant d’une formation, d’un


navire ou d’un aéronef militaire impliqué dans la mise en exécution d’une
mission de combat sans moyens offensifs adéquats est prévu à l’article 61 du
Code Pénal Militaire. La peine est de vingt ans de servitude pénale. S’il est

633
Cette mise en danger est consignée aux articles 185 à 194 de la loi n° 09/001 du 10
janvier 2009 portant protection de l’enfant.
406
Catalogue des infractions

établi que cette attitude a été déterminée par la volonté délibérée de l’agent de
se débarrasser de la mission, sans y prêter l’attention responsable nécessaire ou
s’il en est résulté des conséquences graves sur les hommes ou sur le matériel, la
peine de mort est prononcée.
La réalisation de l’infraction est subordonnée à deux conditions préalables.
D’un côté l’on cite l’existence d’une mission de combat (affrontement armé,
conflit armé ou opération tendant au maintien ou au rétablissement de l’ordre
public). De l’autre, on retient le statut de l’agent (un officier, un commandant
d’une formation, d’un navire ou d’un aéronef militaire).

II. Eléments constitutifs proprement dits

a)L’élément matériel.
Il consiste en la mise en exécution d’une mission de combat sans
prendre des dispositions utiles à sa réussite. Il faut ainsi qu’il y ait adéquation
entre les armes et munitions, la dotation nécessaire pour engager les combats
ou résister, la qualité et l’état du matériel. En effet, il est interdit de préparer ou
envoyer au front des armes sans les munitions y afférentes. On ne peut
déclencher les hostilités ni prétendre défendre ses positions avec un armement
inférieur à celui de l’ennemi. Il est également prohibé de déclencher des
hostilités sans moyens de communication suffisants pour assurer la liaison
entre les troupes amies ou encore sans ration alimentaire adéquate. Défendre
ses positions ou déclencher des hostilités avec des effectifs en hommes réduits
par rapport aux forces ennemies rentre dans l’élément légal de l’infraction.
b)La négligence dans le chef de l’agent.
Toute attitude négative caractérisée notamment par une imprudence, une
maladresse, une inattention ou mégarde dont fait montre un agent dans
l’accomplissement de son devoir. Une négligence punissable dont la
conséquence consiste dans l’inadéquation entre les armes et les munitions, la
non-prévision d’une dotation nécessaire, la programmation d’un matériel non
performant…

370. Mouvements insurrectionnels


Par mouvement insurrectionnel, il faut entendre un mouvement collectif
qui s’extériorise, soit par des actes portant atteinte au Pouvoir ou à l’ordre
établi, soit par des agressions contre les personnes, la dévastation ou le pillage.
En droit pénal militaire, constitue un mouvement insurrectionnel toute
Catalogue des infractions 407

violence collective de nature à mettre en péril les institutions de la République


ou à porter atteinte à l’intégrité du territoire634.

a) Quel est le texte qui prévoit cette infraction ?


Les articles 206 à 208 du code pénal ordinaire définissent et
sanctionnent ce comportement infractionnel de mouvements insurrectionnels..
Les articles 136, 137 et 138 du code pénal militaire définissent et prescrivent
des sanctions.

b) Actes punissables
Sont punis sur base des articles 206 et 208 du code pénal ordinaire :
- la confection des barricades, retranchements ou tous autres travaux ayant
pour objet d’entraver ou d’arrêter l’exercice de la force publique ;
- le fait d’empêcher à l’aide de violences ou de menaces la convocation ou la
réunion de la force publique, ou de provoquer ou faciliter le rassemblement
des insurgés ;
- l’envahissement ou l’occupation d’édifices publics ou privés pour faire
attaque ou résistance envers la force publique.

c) Eléments constitutifs
En partant de la définition légale, deux types d’actes constituent les
éléments matériels au sens du code pénal militaire. Il y a la violence collective
et la possibilité ou concrétisation de la mise en péril des institutions nationales
ou de l’atteinte à l’intégrité du territoire national. Quant à l’élément intellectuel,
le mouvement insurrectionnel ne peut être consommé que si la violence
collective résulte d’une volonté libre et convergente des agents. Ils sont
conscients de prendre part librement à un mouvement subversif. Ils savent
bien que leur mouvement est susceptible de menacer ou compromettre
l’existence des institutions légitimes du pays, ou de porter atteinte à l’intégrité
du territoire national.

d) Quelles sont les pénalités prévues ?


Aux termes de l’article 206 du code pénal livre II, les auteurs des faits
de mouvements insurrectionnels seront punis d’une servitude pénale de deux à
dix ans. S’ils s’emparent ou portent des armes, munitions ou matériels de
toutes espèces, ils seront punis d’une servitude pénale de cinq à vingt ans
(art.207 du code pénal ordinaire). Les individus qui auront fait usage de leurs
armes seront punis de mort. Les dirigeants et organisateurs d’un mouvement
insurrectionnel subiront la peine capitale (art. 208 du code pénal ordinaire).

634
Laurent MUTATA LUABA . , op.cit . , p.448
408
Catalogue des infractions

L’article 137 du code pénal militaire sanctionne, en temps de paix, de la


servitude pénale principale de cinq à vingt ans les auteurs des actes de
mouvements insurrectionnels. En temps de guerre, lorsque les insurgés,
auteurs d’actes susvisés sont porteurs d’armes, ils seront punis de mort635 . Le
fait de diriger, d’organiser ou de commander un mouvement insurrectionnel est
puni de mort636.

371. Mutilation de cadavre


La mutilation de cadavre est tout outrage au corps humain privé de vie
(cadavre), par des atteintes matérielles contraires au respect généralement dû
aux morts637.
Il s’agit notamment d’assouvir une vengeance sur le cadavre d’un adversaire
déjà mort. Il peut s’agir également de croyances erronées du genre empêcher
un ennemi déjà mort de ressusciter et de revenir indemne reprendre la lutte etc.

I. Eléments constitutifs

a) Elémént légal
Les poursuites du coupable de mutilation de cadavre sont faites sur la base
légale de l’article 61 du code pénal livre II. L’article 61 sanctionne l’auteur de
pareille infraction de deux mois à deux ans de servitude pénale et d’amende ou
d’une de ces peines seulement.
b) Elément matériel
1. Il faut physiquement avoir mutilé un cadavre humain ; en d’autres termes
agir sans respect dû aux morts sur les dépouilles humaines.
2. La mutilation n’est pas à restreindre au simple fait de retrancher ou de
priver un cadavre de quelque membre, il faut l’entendre dans un sens très
large.
3. Il doit s’agir d’un cadavre humain, une personne déjà morte. Les ossements
ne sont pas à considérer comme un cadavre638.

635
Article 138 du code pénal militaire.
636
Article 208 du code pénal ordinaire
637
L’infraction réprimée par l’article 61 du code pénal livre II est l’action d’attenter , avec de
mauvaises intentions, à l’intégrité du corps d’un être humain déjà mort.
638
Le mot cadavre désigne le corps humain privé de vie, aussi longtemps qu’il peut être
considéré comme un corps humain. Par contre, quelques ossements ne peuvent être
considérés comme constituant un cadavre.
Catalogue des infractions 409

c) Elément moral
L’élément moral est doublement caractérisé. L’agent doit agir
intentionnellement et méchamment. D’une part le coupable a conscience qu’il
pose un acte interdit par la loi et, d’autre part, il pose cet acte interdit avec
penchant à faire du mal. Cette méchanceté caractéristique exclut les cas
accidentels et les cas où un but scientifique ou sanitaire est poursuivi (étude
anatomique, autopsie légale, incinération de cadavres en cas d’épidémie etc.)
N’est pas aussi infractionnelle la mutilation résultant des pratiques
religieuses admises (incinération) ou du respect des dernières volontés du
défunt ou de sa famille.
Peuvent être pris comme infractionnels les exemples ci-après de
mutilation de cadavre :
- Porter des coups et faire des blessures à une personne déjà morte (ces actes
doivent être accompagnés d’une méchanceté) ;
- Incinérer un cadavre humain sans que la personne soit décédée d’une
maladie dangereuse susceptible de contaminer les vivants ;
- Traîner par terre ou projeter violemment un cadavre ;
- N’est pas constitutif de cette infraction l’acte posé sur le cadavre dans un
but médical, scientifique, hygiénique ou médico-légal.
Il sied de faire remarquer qu’il a été jugé que tombe sous le coup de
l’infraction une mutilation de cadavre, pratiquée même dans une intention
louable d’après la mentalité, chaque fois qu’elle constitue une atteinte au
respect dû aux morts639 . Est qualifié d’intention méchante le fait de porter des
coups de lance ou de pierres à quelqu’un qui vient d’être tué, de l’amputer d’un
organe, de brûler son cadavre sans motif d’hygiène ou de réligion etc.

II. Poursuites

L’action publique de l’infraction de mutilation de cadavre dont le Tribunal


de paix est matériellement compétent est prescrite en trois ans. La prescription
de la peine sera portée au double de la peine subie. En cas de condamnation à
deux ans de servitude pénale maximum, la prescription de la peine sera de
quatre ans. Par contre, cette prescription ne sera pas inférieure à deux ans si la
condamnation était minimale.

372. Mutilations génitales


Voir excision, n° 238.

639
District Arwimi , 4 février 1930, Rev. Jur. 1930 , p. 218.
410
Catalogue des infractions

373. Mutilation sexuelle

La mutilation sexuelle est le fait de dénaturer l’organe sexuel d’une


personne. La dénaturation peut l’être au nom des traditions.Par exemple
exciser certains organes génitaux, atrophier ou allonger d’autres, castrer des
hommes etc. La mutilation peut se faire par divers procédés. La mutilation
sexuelle peut être définie comme le fait de poser un acte qui porte atteinte à
l’intégrité physique ou fonctionnelle des organes génitaux d’une personne640 .
L’infraction de mutilation sexuelle est de création récente. Elle est érigée
en infraction autonome. Elle est une forme de violences sexuelles. Elle est
créée par la loi n°06/018 du 20 juillet 2006 complétant et modifiant le Décret
du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais.

I.Les élements constitutifs de l’infraction

Pour qu’elle soit établie l’infraction de mutilation sexiuelle requiert la


réalisation des éléments constitutifs qui sont le tiers qui procède à la mutilation
sexuelle, l’acte qui attente à l’intégrité physique ou fonctionnelle de l’organe
génital, le défaut de consentement et l’élément moral.
a) Le tiers , auteur de la mutilation sexuelle
La mutilation est une atteinte à l’intégrité physique ou à la fonction de
l’organe génital, du fait d’autrui. Ce qui exclut que la mutilation soit commise
par la victime elle-même. Ce tiers peut être un proche parent de la victime.
C’est le cas lorsque ce parent, ce proche fait de la mutilation sexuelle pour des
motivations tirées des coutumes. Il peut s’agir d’autres agresseurs sexuels,
même inconnus.
b)L’acte matériel
Il est fait de toute atteinte à l’intégrité physique ou fonctionnelle de
l’organe génital de l’homme, de la femme ou de l’enfant. Chez la femme, l’acte
matériel est essentiellement fait de l’ablation partielle ou totale des organes
génitaux externes. Il peut s’agir aussi d’une lésion pratiquée sur des organes
génitaux pour des raisons non thérapeutiques. C’est les cas de l’allongement du
clitoris, de l’ablation des vulves entières, de l’excision du clitoris ou encore de
l’ablation des petites lèvres.
Chez le masculin, on dénombre le sectionnement des membres virils,
de l’étreinte des testicules, des lésions barbares et traumatisantes sur le pénis
etc. Il demeure établi si cela est vérifié que la pratique d’ « arrachement

640
Article 153 alinéa 3 de la loi n° 09/001 du 10 janvi er 2009 portant protection de
ème
l’enfant(cfr Journal Officiel de la République Démocratique du Congo, 50 année, Numéro
spécial, 25 mai 2009, p. 37).
Catalogue des infractions 411

mystérieux des organes sexuels »(dont on parle tant) par des femmes
prostituées non totalement désintéressées par le partenaire occasionnel est une
mutilation sexuelle.

c)le défaut de consentement


La mutilation sexuelle est généralement pratiquée sur le sujet par
contrainte, violence, ménace ou à la faveur d’un environnement coercitif. Le
consentement de la victime est plutôt rare. Il ne doit d’ailleurs pas exister. Et
s’il existe, il est inopérant à défaut de motivations médicales ou thérapeutiques.
Pour les enfants, il y a défaut absolu de consentement en raison de l’incapacité
de donner consentement libre tel que le veut, au regard de l’âge, le législateur.
c)L’élément moral
L’agent est libre et conscient qu’il attente à l’intégrité physique et
fonctionnelle des organes génitaux d’autrui. Il agit sans droit ni raison car il
viole la loi. Le médecin est exonéré d’avoir excisé un utérus affecté d’un cancer.

II.Régime répressif

a)Quelles sont les peines prévues à l’encontre de l’auteur ?


L’article 174 du code pénal tel que modifié par le texte de loi précité
réprime la prévention de mutilation sexuelle. Le coupable peut encourir une
servitude pénale principale allant d’un minimum de deux ans à un maximum de
cinq ans et une amende de deux cent mille francs congolais constants. Il n’y a
pas lieu à classer le dossier par le paiement d’une amende transactionnelle.
Lorsque la mutilation a entraîné la mort, la peine est aggravée. Elle est d’une
servitude pénale à perpétuité.
b) Qu’en est-il du tribunal compétent et de la prescription ?
L’infraction de mutilation sexuelle est de la compétence du tribunal de
paix. Elle est prescrite dans le délai de trois ans. Quand la mutilation a eu pour
conséquence la mort, vu les peines assorties , le tribunal de grande instance est
l’instance juridictionnelle compétente.
c) Quelles sont la procédure et la répression ?
Le législateur a particulièrement renforcé la protection des victimes de
mutilation sexuelle. Celle-ci est classée comme une des formes de violences
sexuelles. La loi a adapté la peine à la gravité de l’infraction par une efficace
répression. Les règles relatives à ces procédures et répression sont exposées
sous le titre de « violences sexuelles ». Le lecteur s’y référera utilement.

373. Mutilation sexuelle d’un enfant


Voir protection pénale d’un enfant après sa naissance, n°467-34.
412
Catalogue des infractions

374. Mutilation volontaire


Le fait pour un militaire ou assimilé de se rendre volontairement impropre
ou inapte au service, soit d’une manière temporaire, soit d’une manière
permanente, dans le but de se soustraire à ses obligations militaires constitue la
mutilation volontaire.

a) Elément légal et sanctions


L’infraction de mutilation volontaire a comme dispositions légales les
articles 55 à 56 du code pénal militaire. En temps de paix, la mutilation
volontaire est punie de dix à vingt ans de servitude pénale. Le coupable encourt
en outre l’interdiction pour une durée de cinq à dix ans de l’exercice des droits
civiques et politiques.
En temps de guerre ou en périodes exceptionnelles, cette prévention
est passible de la servitude pénale à perpétuité ou de la peine de mort. La peine
de mort sera appliquée si le coupable était en présence d’une bande armée ou
de l’ennemi.

b) Complicité de mutilation volontaire


Peuvent être complices de l’infraction de mutilation volontaire les
médecins, pharmaciens, assistants médicaux, infirmiers, guérisseurs, tradi-
praticiens ou autres professionnels de la santé. Dans ce cas, ils subiront la
servitude pénale à perpétuité, en temps de paix, et la peine de mort en temps
de guerre, d’état de siège ou d’urgence ou à l’occasion d’une opération de
police tendant au maintien ou au rétablissement de l’ordre public. Pour les
individus non militaires ou non assimilés, la peine d’amende de 50.000 à
100.000 francs congolais constants est obligatoirement prononcée. Le tribunal
peut en outre prononcer la destitution ou la dégradation et l’interdiction de
l’exercice des droits civiques et politiques.
Catalogue des infractions 413

375. Nom a consonance étrangère…


Voir usurpation du nom, n° 564.

376. Non accomplissement de l’obligation scolaire


Ce délit est puisé dans la loi cadre n°86/005 du 22 septembre 1986 sur
l’Enseignement National. En effet, l’enseignement scolaire est obligatoire sur
toute l’étendue de la République Démocratique du Congo. Aussi, le législateur
oblige-t-il tous les établissements de l’Enseignement National d’accueillir sans
distinction de lieu, d’origine, de religion, de race, d’ethnie, tout élève ou
étudiant remplissant les conditions requises.
1. un chef de famille qui ne confie pas ses enfants à un établissement
d’enseignement public ou privé agréé est passible d’un mois maximum de
servitude pénale et/ou amende641. Il pourra toutefois échapper à la
répression sous trois conditions :
- l’inexistence dans un rayon de 5 Km de sa résidence d’un établissement ;
- le refus justifié d’accès à ses enfants ;
- l’indigence dûment constatée.
Ceux qui recrutent des élèves et étudiants par dénigrement ou attaques
contre d’autres établissements d’enseignement sont passibles d’amende642. La
contrainte faite à un père de famille de placer son enfant dans un établissement
d’enseignement ou de l’en retirer ou de l’amener à ne pas le scolariser parce
qu’il est de tel ou tel sexe est sanctionnée de trois mois maximum de servitude
pénale et/ou amende. Si l’auteur est un membre du personnel de
l’enseignement, les peines seront portées au double643 .
Le fait d’attenter à la liberté du personnel de l’enseignement en vue d’obtenir
pour soi même ou pour son/sa protégé(e) un avantage scolaire ou académique
(art 141) est puni de six mois maximum de servitude pénale et/ou amende. Si
l’auteur est chef de famille, ces sanctions seront portées au double.
Les personnels de l’Enseignement National qui auront utilisé les élèves ou
étudiants à des fins personnelles (art 142) subiront une amende.

641
Article 137 de la loi cadre 86-005 du 22 septembre 1986, in Codes Larcier République
Démocratique du Congo, tome VI, volume 2, Larcier-Afrique Editions 2003, p. 73.
642
Article 139 du même texte de loi cadre sur l’enseignement.
643
Article 140 de la loi cadre 86/005 du 22 septembre 1986.
414
Catalogue des infractions

Ceux qui ouvrent un établissement d’enseignement en violation des articles


45 à 49 de la loi cadre n°86/005 de l’Enseignement National sont passibles des
peines.

377. Non accomplissement d’une mission relative


aux opérations de guerre
L’incrimination consiste, pour un commandant, un militaire, un individu
au service des Forces Armées, à ne pas remplir la mission dont il a été chargée.
Mais il faut que cette mission soit relative aux opérations de guerre. C’est le
non accomplissement d’une mission intimement liée aux opérations de guerre.

a)Elément légal et peines applicables


Les articles 114 et 115 du code pénal militaire définissent cette
incrimination. Ils l’assortent de la pénalité extrême, la peine de mort644 . Si la
mission a été marquée par négligence ou si le coupable s’est laissé surprendre
par l’ennemi ou a été la cause de la prise par l‘ennemi d’un navire ou aéronef
militaire placé sous ses ordres ou à bord duquel il se trouve, il sera puni de cinq
à dix ans de servitude pénale. Si le coupable est officier, il est en outre puni de
la destitution.

b) Eléments constitutifs de cette infraction


1. L’acte incriminé doit être un refus manifeste de remplir une mission ou
encore le non accomplissement par négligence d’une mission inhérente à un
conflit armé ou à la guerre ou à une opération de police tendant à maintenir
ou à rétablir la paix.
2. L’élément intentionnel ou attitude négative voulu par l’agent qui s’oppose
manifestement à l’accomplissement de la mission précise reçue de la
hiérarchie. L’élément intentionnel est également caractérisé dans le chef
d’un agent qui a fait preuve de négligence.

378. Non assistance à personne en danger


Le législateur a associé tous les citoyens à la sécurité d’autrui et à la justice
en leur imposant certains devoirs dont l’omission est pénalement réprimée.
Ainsi, il est fait obligation à tout citoyen de porter secours aux personnes dont
la vie est en danger dès lors que le secours peut être fourni sans risque pour soi
et pour les tiers. La non assistance à personne en danger est le fait pour celui
qui est témoin d’une agression contre une personne, ou celui qui découvre une
personne en danger de mort, qui a la possibilité de porter secours à la victime

644
Article 114 du code pénal militaire.
Catalogue des infractions 415

sans risque pour lui même ou pour un tiers, de s’abstenir volontairement de


porter secours.
Il a été décidé qu’est coupable de non –assistance à personne en danger, le
prévenu qui, conscient du triste sort de ses détenus privés de vivres, les
abandonne pour un long voyage et se comporte vis-à-vis d’eux avec
indifférence et légèreté inqualifiables d’où résultent des présomptions graves et
concordantes de son intention de nuire645 .

I. Les éléments préalables

La caractérisation des éléments constitutifs exigent de prime à bord des


conditions préalables. Ces préalables se résument en l’existence d’une personne
humaine (victime) en danger et en l’absence de risque pour le sauveteur et les
tierces personnes.
Le danger est constitué exclusivement par une atteinte à l’intégrité physique de
la personne. La personne en péril doit être vivante, afin que l’assistance
présente une utilité sociale. Le péril peut avoir une cause quelconque , par
exemple une infraction, un accident, une catastrophe naturelle. L’origine est
indifférente à la qualification pénale.
L’absence de risque, élément essentiel de l’infraction, doit être expressément
constatée. La loi n’impose pas l’héroïsme et n’exige qu’une assistance qui soit
sans risque pour celui qui intervient ou pour les tiers. Seul un risque sérieux
pour la vie ou la santé peut justifier l’abstention. Mais, ni la fatigue, ni
l’éloignement ne peut justifier l’inaction. Des brutalités commises inutilement
envers un tiers pour défendre une personne attaquée constituent l’infraction de
coups et blessures par imprudence646 . La jurisprudence constante exige que « le
péril soit imminent et constant et qu’il nécessite une intervention immédiate647
».
La loi impose aussi le secours moral apporté à un moribond en l’assistant lors
de ses derniers jours.

II. Les éléments constitutifs

Les éléments préalables de l’infraction dessinent un contexte spécial


permettant à l’infraction de se manifester. La non-assistance à personne en
danger se caractérise par des éléments matériel et moral classiques.

645
C.S.J., R.P.A 77, 25 mars 1983 in Revue Pénale Congolaise, Editions Droit et Société
« DES »n°1, janvier -juin 2004 p.24.
646
Alger, 9 novembre 1953, D.1950.369, note Pageaud , concernant un passant qui pouvait
se borner à s’interposer, cause une fracture à l’agresseur. Cass.16 novembre 1955, B.489
cité par GOYET. , op. cit . , p.184.
647
Crim. , 31mai 1949, Bull. n°202 ; JCP 1949, II, 4945, note Magnol.
416
Catalogue des infractions

a)L’abstention
L’abstention d’apporter le secours nécessaire constitue l’élément
matériel de l’infraction d’omission de porter secours. L’infraction est
caractérisée dès lors que le prévenu s’est volontairement abstenu de porter
secours à la victime, alors même qu’il ne pouvait ignorer la gravité du péril
auquel elle était exposée648 . Le refus d’assistance est une infraction formelle
constituée indépendamment du résultat. L’omission de conjurer le danger ou
de provoquer un secours alors que l’on a eu conscience du péril et de la
nécessité d’une action immédiate. Pour déceler cette abstention volontaire, on
comparera l’attitude du prévenu à celle d’un individu normal placé dans les
mêmes conditions.

L’obligation est d’assistance. Résultat de l’assistance. C’est une obligation de


moyens.La loi n’impose pas un résultat- sauver la personne en danger. Les
juges ont le droit d’apprécier les moyens mis en œuvre et de vérifier s’ils sont
suffisamment adaptés à la situation. Si le prévenu a mis en œuvre tous les
moyens à sa disposition ou s’il a choisi les moyens les mieux adaptés, il ne sera
pas coupable, même si finalement il n’arrive pas à sauver la personne en danger
et à empêcher que le péril ne se réalise.
b) L’intention
Le caractère volontaire de l’abstention constitue l’élément moral de la
non assistance à personne en danger. Ne sont pas sanctionnées, les simples
négligences, erreurs ou autres fautes, même lourdes, mais uniquement le
comportement intentionnel649 . Si la victime refuse le secours, l’infraction n’est
pas caractérisée.
L’intention peut être qualifiée dans le manquement volontaire au devoir
d’humanité qui commande de secourir un tiers en danger. Ainsi a-t-on
condamné une femme qui, voyant sa fille étouffer l’enfant qu’elle venait de
mettre au monde, n’avait pas porté secours au nouveau-né650 .
c) Quelques exemples de non assistance à personne en danger
Un passant qui voit un enfant nouveau-né jeté dans une rivière et
n’intervient pas pour le sauver ; celui qui, par conviction religieuse, s’abstient
de faire appel à un médecin pour conjurer le péril menaçant un adepte malade ;
un guérisseur incapable de soigner un malade et qui s’abstient de faire appel à
une personne plus qualifiée.

648
Crim. , 17 février 1972, Bull. n°68.
649
CA Paris 18 février 1964,Gaz.Pal.,1964,1,p 443.
650
Cass. , 23 mars 1953.D.1953.371 cité par GOYET. , idem.
Catalogue des infractions 417

III. Régime répressif


a) Texte légal
Le texte qui sanctionne la non assistance à personne en danger est
l’article 66 ter et quater du code pénal livre II. Cette disposition légale est issue
de l’ordonnance -loi n°78/015 du 4 juillet 1978. Indépendamment de la plainte
de la victime, le parquet exerce l’action publique.
b) Sanctions susceptibles d’être encourues
L’auteur de la non-assistance à personne en danger est puni de trois
mois à deux ans de servitude pénale principale et d’amende ou d’une de ces
peines (art. 66 ter). Lorsque le coupable est chargé par état ou par profession
de porter assistance aux personnes en danger, la peine sera de trois mois à cinq
ans et d’une amende651 (art 66 quater). Sont concernés et peuvent être objet des
circonstances aggravantes :
- les parents qui ont un devoir alimentaire à l’égard de leurs jeunes enfants ;
- les enfants majeurs qui ont une obligation d’assistance à l’endroit de leurs
parents nécessiteux ;
- les responsables de prisons, d’internats ;
- les commandants d’unité de campagne ;
- les personnes chargées de veiller à la sécurité des personnes et de leurs biens
(magistrats, officiers et agents de la Police Judiciaire, la Police, les membres
de Forces Armées…) ;
- les praticiens de l’art de guérir : médecins, guérisseurs, infirmiers,…

c) Juridiction compétente
Matériellement, la juridiction compétente est le tribunal de paix. Qu’il
s’agisse de l’omission de porter secours simple (art 66 ter) ou de l’omission de
porter secours aggravée (art 66 quater), au regard des peines, le juge de paix est
compétent.. Indemnisation de la victime La personne en péril qui a subi un
dommage du fait de l’abstention- ou ses ayants droit en cas decès- peut
demander réparation à celui qui aurait du agir.

d) Qu’en est-il de la prescription ?


L’action publique est acquise dans les deux cas en trois ans lorsque
l’infraction est punie d’une peine de servitude pénale de deux ans (art 66 ter) et
de cinq ans (art 66 quater) au maximum. Les peines, quant à elles, se
prescrivent au délai double de la peine prononcée, sans que ce délai soit
inférieur à deux ans.

651
Article 66 quater du code pénal livre II.
418
Catalogue des infractions

379. Non assistance à personne en danger de se


perdre
La non-assistance à personne en danger de se perdre réprime le refus
d’assistance et de sauvetage maritime, fluvial et lacustre des personnes en
danger de se perdre ou en péril quelconque.

I. Conditions préalables

Pour être retenues ces infractions (refus d’assistance et refus de sauvetage)


exigent :
1. l’existence d’un danger de se perdre, la personnalité humaine de la victime.
Il s’agit de toute situation ou circonstance qui met en péril la vie ou la santé
d’une personne humaine, même ennemie, jeune ou vieille etc... ;
2. la personne à sauver doit se trouver en mer ou dans les eaux maritimes,
dans les eaux fluviales ou lacustres ;
3. l’absence de danger pour le sauveteur, le navire ou les personnes
embarquées.

II. Eléments constitutifs proprement dits

1. L’infraction de non assistance à personne en danger de se perdre est prévue


par l’article 393 de l’ord-loi 66 – 98 du 14 mars 1966 portant code de la
navigation maritime et l’article 128 de l’ord-loi 66 – 96 du 14 mars 1966
portant code de la navigation fluviale et lacustre652 . Il y a en réalité deux
textes pour deux infractions identiques.
2. L’acte d’abstention doit être entendu comme l’omission de secourir une
personne en danger de se perdre.
3. Il doit exister une volonté coupable, c’est-à-dire que l’auteur s’est abstenu
volontairement, sans motif valable.
4. L’infraction de non assistance à personne en danger de se perdre ne peut :
- avoir pour auteur coupable qu’un capitaine de navire ou tout conducteur
d’un bâtiment ;
- se commettre qu’en mer ou dans les eaux maritimes (art 393 du code la
navigation maritime) et que dans les eaux fluviales et lacustres (art 128
du code de la navigation fluviale et Lacustre).

III. Poursuites et pénalités

652
Les codes Larcier, République Démocratique du Congo, Tome III, Droit commercial et
économique, Volume I, Larcier- Afrique Editions, 2003, p. 240 et 289 et suivants.
Catalogue des infractions 419

Lorsqu’une infraction est commise pendant le voyage, le capitaine,


assisté d’un officier, a toujours été habilité à procéder à l’information
sommaire. Il reçoit les dépositions des témoins, dresse procès verbal et en fait
mention au livre de bord. Lorsque c’est le capitaine qui est concerné, les
commissaires maritimes, les conseils ainsi que les agents de l’autorité
compétente peuvent agir d’office ou sur dénonciation. Ils saisissent le parquet,
celui du port de débarquement. Le capitaine peut encourir un mois à deux ans
de servitude pénale principale et une amende. Obligatoirement,
l’emprisonnement et l’amende seront prononcés (art 393 précité).
Si le capitaine en abandonnant son navire néglige de sauver les
personnes embarquées, il est passible de six mois à trois ans de servitude
pénale. Le conducteur d’un bâtiment auteur de cette infraction est puni d’une
servitude pénale d’un an à deux ans (art 128 précité). Apparemment, la
sanction est plus sévère. Quant à la prescription, le droit commun s’applique.

380. Non dénonciation d’attentats contre la sûreté


extérieure et intérieure de l’Etat
L’article 215 du Code Pénal introduit par l’ordonnance-loi du 16
décembre 1963 prévoit et réprime la non dénonciation d’atteintes contre la
sûreté extérieure et intérieure de l’Etat.
Quiconque a connaissance de projets ou d’actes de trahison, d’espionnage
ou d’autres activités de nature à nuire à la défense nationale, d’attentats ou de
complots contre la sûreté de l’Etat, mais n’en fait pas la déclaration aux
autorités administratives ou judiciaires, dès le moment où il les aura connus,
commet l’infraction de non dénonciation d’attentats contre la sûreté extérieure
et intérieure de l’Etat. Les sanctions prévues par l’article 215 de notre code
pénal livre II sont de trois mois à deux ans de servitude pénale et d’une
amende ou d’une de ces peines seulement.

En général, toute personne qui a connaissanced’un crime dont il est encore


possible de prévenir ou de limiter les effets, ou dont les auteurs sont
susceptibles de commettre de nouveaux crimes qui pourraient être empêchés ,
de ne pas en informer les autorités judiciares ou administratives commet la
non-dénonciation d’un crime653. Il existe un principe général qui oblige toute
personne à dénoncer toute infraction654.

653
Le but est moins de contraindre à révéler une infraction passée que d’en prévenir les
conséquences dommageables ou l’éventuelle réitération en permettant aux autorités d’agir
de façon efficace.
654
L’obligation n’est pas de révéler l’identité ou le réfuge des auteurs des
infractions(Crim.,26 février 1959, D.1959, 301 ; 02 mars1961, Bull. n° 137 ; D. 1962, 121,
noteP. Bouzat ; JCP 1961,II. 12092, note J. Larguier).
420
Catalogue des infractions

381. Non dénonciation des violences commises sur


un enfant
Voir protection pénale d’un enfant après sa naissance, n° 467-35.

382. Non dénonciation du racisme ou du tribalisme

Celui qui connaît :


1. une manifestation de la haine ou de l’aversion raciale, ethnique, tribale ou
régionale par des paroles, gestes, écrits, images, emblèmes ou par tout autre
moyen ;
2. tout acte de nature à provoquer cette aversion ou cette haine ;
3. un fait de participer au maintien des cercles, clubs, associations ou
groupements dont les buts réels ou les agissements sont inspirés par une
volonté de discrimination raciale, ethnique, tribale ou régionale ;
4. mais ne les dénonce pas à l’autorité judiciaire dès le moment où il les
connaît, commet l’infraction de non dénonciation du racisme ou du
tribalisme.

I. Eléments constitutifs

a) Le texte légal prévoit-il des sanctions ?


L’infraction de non dénonciation du racisme ou du tribalisme est
prévue par l’article 6 de l’ord – loi n°66 – 342 du 07 juin 1966. Elle est
réprimée de quinze jours à un an et d’une amende ou d’une de ces peines
seulement. Si le coupable est un dépositaire de l’autorité publique, la servitude
pénale sera de six mois à deux ans et l’amende.
b) Quelles sont les éléments matériels et moral ?
Pour être établie, la non dénonciation du racisme et du tribalisme exige
:
1. d’avoir connaissance des faits de racisme et de tribalisme ;
2. dans l’exercice des fonctions habituellement assumées ;
3. de s’abstenir de les dénoncer auprès de l’autorité qui participe à la
distribution ou à l’administration de la justice ;
4. de s’abstenir volontairement, en connaissance de cause, pour une raison
quelconque (élément moral).
Ce qui est sanctionné, c’est un véritable réfus de dénoncer opposé par une
personne qui a connaissance de l’infraction et conscience de l’utilité de son
intervention655. Il n’est pas permis au prévenu d’invoquer une excuse tirée du
risque que la dénonciation lui ferait courir.
655
Crim., 07 novembre 1990, Bull., n° 372, et Rev. Sc. Crim.1991, 589, obs. Levasseur.
Catalogue des infractions 421

II. Poursuites

Toute personne qui s’abstient de dénoncer un fait de racisme et de


tribalisme, un particulier ou un dépositaire de l’autorité publique est susceptible
de commettre cette infraction. L’infraction de non dénonciation de racisme et
de tribalisme doit être poursuivie et jugée par priorité.

383. Non dénonciation du terrorisme


Voir terrorisme, n°542.

384. Non envoi d’un enfant à l’école


Voir protection pénale d’un enfant après sa naissance, n° 467-36.

385. Non présentation d’enfant

Il est fait obligation à toute personne qui aura trouvé un enfant nouveau-
né de le présenter et d’en faire la déclaration à l’officier de l’état civil du lieu de
la découverte. Le but du législateur en créant cette infraction est de sanctionner
un comportement passif dans le chef de celui qui a, avec lui, l’enfant mineur
mais refuse de le présenter.

I. Eléments constitutifs de l’infraction

a)Elément légal.
L’article 120 du code de la famille est le texte légal de l’infraction de
non présentation d’enfant. L’attitude contraire ou l’intention coupable ou
intéressée de celui qui aura amené ailleurs qu’au siège du conseil de tutelle656 le
plus proche ou aux autorités des localités ou collectivités, un enfant trouvé,
abandonné ou sans famille sera punie de la même peine que celui qui lui en a
donné mission.

b)Elément intentionnel.
Les termes de la loi marquent bien que l’infraction est intentionnelle.
La mauvaise foi est ainsi mise en évidence. Sans l’existence de l’intention
malveillante, l’infraction de non présentation ne sera pas établie.

656
N’existant pas à proprement parler dans les communes et territoires, ce sont les services
sociaux des communes qui en font office.
422
Catalogue des infractions

II. De la répression

L’article 276 du code de la famille punit l’infraction de non présentation


d’enfant d’une servitude pénale de sept à trente jours et d’une amende ou de
l’une de ces peines seulement. L’infraction est de la compétence du juge de
paix. Après l’écoulement d’un délai d’une année si les poursuites n’ont pu être
engagées contre l’auteur, celui-ci ne sera plus pénalement poursuivi.

386. Non présentation d’un enfant à ceux qui ont le


droit de le réclamer
Voir protection pénale d’un enfant après sa naissance, n°467-37.

387. Non publicité des prix


Voir Publicité des prix, n°479-10.

388. Non publicité du Numéro d’identification


Nationale
Voir Numéro d’identification Nationale, n° 389.

389. Numéro d’identification nationale

Le numéro d’identification est un chiffre à sept caractères qui sert à


identifier les entreprises. Ce numéro est attribué par le Ministère de l’Economie
Nationale à chaque personne physique ou morale exerçant une activité
commerciale, industrielle, agricole, libérale ou de service sur le territoire de la
République Démocratique du Congo. Le numéro d’identification national doit
être obligatoirement porté sur toutes les entêtes des lettres et factures, sur tous
les reçus et quittances délivrés. Il est reproduit à la suite du nom ou de la
raison sociale sur toutes les déclarations, accises et autres pièces produits, émis
ou passés dans les relations avec les services et entreprises des secteurs public
ou privé.

1) Absence du numéro d’identification nationale ou sa non-


reconfirmation :
L’octroi du numéro d’identification est soumis au payement d’une taxe,
la reconfirmation pour celui qui l’a obtenu avant le 1er février 1998 au paiement
d’une redevance. Aussi, l’absence et le défaut de reconfirmation ainsi que le
défaut de publicité sont-ils érigés en infraction.
L’infraction d’absence de numéro d’identification nationale ou sa non
réconfirmation est prévue par l’arrêté ministériel 023/CAB/MINSEC/98 du 3
Catalogue des infractions 423

octobre 1998 portant renouvellement ou octroi du numéro d’identification


nationale (Ministère de l’Economie) . La sanction prévue à l’article 6 de l’arrêté
précité est d’une amende égale à dix fois le montant de la redevance. Selon les
travaux préparatoires de l’ordonnance n°73/236, une société dépourvue de ce
numéro ne pourra entrer en contact avec l’administration publique. La Banque
Centrale du Congo et d’autres banques ne pourront accorder un crédit à une
société dépourvue de numéro d’identification.

2) Non publicité du numéro d’identification nationale


Les textes légaux sont l’ordonnance loi n° 73-236 du 13 août 1973
portant création d’un numéro d’identification nationale en son article 2, et
l’article 7 de l’arrêté ministériel 023/CAB/MINEC/98 du 3 octobre 1998. La
sanction prévue est une amende.
L’obligation est faite aux personnes physiques ou morales exerçant une
activité commerciale, industrielle, agricole, libérale ou de service, de se faire
attribuer un numéro d’identification national. Cette obligation procède de la
législation économique et commerciale. Les infractions à cette législation sont
donc de la compétence des tribunaux de commerce657.

657
Article 17 de la loi du 03 juillet 2001 qui a introduit en République Démocratique du
Congo les tribunaux de commerce.
424
Catalogue des infractions

400. Objets contraires aux bonnes mœurs


En vue d’assurer le bonheur et la tranquillité à tous, chaque société
organisée impose à ses membres des règles de conduite appelées bonnes
mœurs. La violation de ces règles est infractionnelle.
a) Actes et faits constitutifs
Au sens de l’article 175 du code pénal livre II, il y a infraction d’objets
contraires aux bonnes mœurs lorsqu’il s’agit :
1. de la mise en vente, de l’exposition, de la distribution de chansons, de
pamphlets, d’écrits, d’images, photos, brochures ou autres objets contraires
aux bonnes mœurs ;
2. de l’importation, du transport, de la distribution, de la détention en vue du
commerce, de la publicité en vue de la diffusion de chansons, pamphlets,
écrits, figures, images, emblèmes ou objets contraires aux mœurs ;
3. du compositeur des chansons, de l’auteur de l’écrit, de la figure, de l’image,
de l’imprimeur ou du reproducteur et du fabricant de l’emblème ou de
l’objet ;
4. de chanter, lire, réciter, faire entendre ou proférer des obscénités dans des
réunions ou lieux publics.
b) Peines applicables
L’infraction d’objets contraires aux bonnes mœurs est prévue et
réprimée par l’article 175 du code pénal Livre II. La sanction est de huit jours à
un an de servitude pénale principale et d’une amende ou d’une de ces peines.
Le compositeur, l’auteur, l’imprimeur ou le reproducteur ainsi que le fabricant
peuvent subir un mois à un an de servitude pénale principale et une amende ou
l’une de ces peines uniquement.
c)Prescription de l’action publique et tribunal compétent
L’infraction d’objets contraires aux bonnes mœurs est de la compétence
matérielle du tribunal de paix. Elle se prescrit en une année. Les peines se
prescrivent au délai double de celle prononcée, pour autant que ce délai ne soit
pas inférieur à deux ans.
Catalogue des infractions 425

401. Obligation de dépôt des publications


Aux termes de la loi n°74 - 003 du 2 janvier 1974658 relative au dépôt
obligatoire des publications, l’éditeur est tenu de déposer au Parlement et à la
Bibliothèque Nationale dans le mois qui suit l’enregistrement huit exemplaires
de chaque ouvrage ou publication qu’il fait paraître. Deux ouvrages seront
déposés au Parlement et six à la Bibliothèque Nationale. Les ouvrages de luxe
tirés à moins de 300 exemplaires sont déposés en trois exemplaires dont un au
Parlement national et deux à la Bibliothèque nationale. L’éditeur est toute
personne physique ou morale assumant les frais de l’édition qu’elle soit ou non
l’auteur de l’ouvrage (art.1).
Sont aussi soumises à la condition d’enregistrement et au dépôt légal
obligatoire, les publications faites à l’étranger par des ressortissants Congolais
et toutes autres publications éditées à l’étranger lorsqu’elles doivent être mises
en vente ou en distribution en République Démocratique du Congo (art.14).
Les poursuites relatives à cette contravention ne peuvent être exercées
qu’un mois après la mise en demeure par lettre recommandée émanant de
l’autorité compétente. L’action publique se prescrit par cinq ans courant du
jour de l’infraction (art.11). Les officiers du Ministère Public et les officiers de
Police Judiciaire à compétence générale sont chargés d’opérer la saisie des
ouvrages et publications qui seront en circulation en violation de l’obligation de
dépôt obligatoire. L’infraction résultant de l’atteinte à l’obligation de dépôt
obligatoire des publications est punie d’une amende (art.11).

402. Occupation illégale


L’infraction d’occupation illégale est tout acte, d’usage ou de jouissance
d’une terre quelconque qui ne trouve pas son titre dans la loi ou dans un
contrat. C’est aussi le fait de construire ou de réaliser n’importe quelle autre
entreprise sur une terre concédée en vertu d’un contrat frappé de nullité659.
Cette infraction est aussi nommée trouble de jouissance. Pour exister, elle
requiert des éléments constitutifs.

658
J.O.Z. n°6, 15 mars 1974.p.263.
659
Article 206 de la loi 021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime
foncier et immobilier et régime des sûretés.
426
Catalogue des infractions

I. Eléments constitutifs

a)Elément légal.
L’infraction d’occupation illégale est prévue et punie par la loi
n°73/021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et
immobilier et régime des sûretés telle que modifiée et complétée par la loi
n°80/008 du 18 juillet 1980 spécialement son article 207.
b)Elément matériel.
L’élément matériel de l’infraction d’occupation illégale se caractérise
par :
1. un acte d’occupation, d’usage ou de jouissance d’une parcelle (portion
de terre), d’un champ, d’une terre ou d’une maison. Il a été jugé que l’infraction
d’occupation illégale s’étend également aux immeubles autres que les terrains,
en l’occurrence une maison660 .
Procéder à des travaux d’aménagement, de construction dans une
parcelle, sans titre ni droit ; s’installer sur une portion de terre non lotie et non
attribuée sont des exemples typiques de l’occupation illégale.
2. un défaut de titre et de droits. Inexistence d’un titre (de droit écrit ou de
droit coutumier) ou l’existence d’un titre frappé de nullité. C’est aussi l’absence
des titres légaux ou contractuels661. Il a été jugé que l’acte de vente est un titre
justificatif du droit d’occupation d’un champ662 .
c)Elément moral.
L’élément moral est l’intention frauduleuse. Elle est entendue comme une
volonté de s’attribuer un terrain, une parcelle, une maison sans justifier d’un
titre conformément à la loi foncière et sans droits. La mauvaise foi est avérée
lorsque le prévenu n’a pas apporté la preuve de l’acte de cession coutumière
délivré par son père ou des décisions judiciaires coulées en force de chose
jugée le consacrant propriétaire663 .

II. Poursuites

Celui qui construit ou réalise quelque entreprise sur une terre concédée
en vertu d’un contrat frappé de nullité sera puni d’une servitude pénale de deux
660
Cour d’Appel de Kinshasa / Gombe, RPA 109.60 du 21 juillet 1994 ; C.S.J., R.P 1726 du
18 février 1998, inédit.
661
Tribunal de grande instance du nord-Kivu à Goma, R.P 17079/CD, jugement du 21
décembre 2007, inédit.
662
Idem , RP 18492/18676, 02 avril 2008, inédit.
663
Idem , R.P 16.046 et 16.060, 12 septembre 2002 ; RAN 518 et jugement principal de
Bweremana n° 17/87, inédits.
Catalogue des infractions 427

mois à un an et d’une amende de 100 à cinq cents francs ou de l’une de ces


peines seulement664. L’administration peut ordonner la démolition des
constructions ou toutes autres réalisations effectuées en vertu d’un contrat
frappé de nullité665. Faute par le contrevenant de s’exécuter, il pourra être
procédé d’office à cette démolition, le tout, à ses frais, par un entrepreneur que
désignera l’administration elle-même666. Le contrevenant ne pourra prétendre à
aucune indemnisation, à quelque titre que ce soit667

a) Sanctions prévues par le législateur


En cas d’acte d’usage ou de jouissance d’une terre qui ne trouve pas
son titre dans la loi, l’auteur subira deux à six mois de servitude pénale
principale et l’amende de 5 à 500 francs ou une de ces peines (article 207).
b) Quelle est la juridiction compétente
Le tribunal de paix est matériellement compétent pour l’infraction
d’occupation illégale. L’action publique se prescrit en une année. La
prescription commence à courir à partir du dernier acte d’occupation. La
prescription de la peine est de deux ans. Les coauteurs et complices seront
punis conformément au prescrit des articles 21 et 22 du code pénal.
c)Remarques
L’occupation illégale relève souvent des conflits parcellaires. Il est de
jurisprudence constante que le litige relatif à la vente d’une parcelle urbaine
relève du droit écrit et échappe à la coutume. Lorsque plusieurs personnes ont
des prétentions sur un même terrain, il y a un conflit parcellaire dont la
solution doit être demandée non à l’autorité administrative mais bien à
l’autorité judiciaire668 . Il est de jurisprudence également que le juge pénal doit
se déclarer incompétent quant à la demande relative au déguerpissement,
matière relevant du juge civil.

403. Offenses envers le chef de l’Etat


Le mot offense vise toutes les injures verbales, les actes d’irrévérence, les
manques d’égards, les grimaces, les imputations ou les allégations de fait et de
nature à froisser la susceptibilité. Le vocable « offense » vise aussi les menaces,
la diffusion ou la distribution d’affiches offensantes pour le chef de l’Etat ou la

664
Article 206 de la loi 021 du 20 juillet précitée.
665
Article 206 alinéa 3 de la loi dite foncière.
666
Article 206 alinéa 4 de la loi du 20 juillet 1973.
667
Article 206 alinéa 5.
668
C.S.J., RC 325, 10 avril 1985, inédit ; C.S.J., R.PA. 112, 20 novembre 1985, Inédit. Voir
Dibunda., op.cit. , p. 51.
428
Catalogue des infractions

distribution d’un journal, d’une revue contenant un article ou une gravure le


ridiculisant669.
C’est en qualité de Garant et de Représentant de la Nation que le chef de
l’Etat jouit d’une protection spéciale. A cet effet, le législateur a érigé en
infraction tout acte ou fait de nature à blesser le Chef de l’Etat dans sa dignité.

I. Eléments constitutifs

Pour qu’on parle d’offenses envers le chef de l’Etat, il faut trois


conditions :
a)Le fait matériel
Le fait matériel est une offense. C’est une expression outrageante, un terme
de mépris ou une invective renfermant ou non l’imputation d’un fait précis.
b)La publicité
L’expression ou offense doit être proférée publiquement. La publicité
donnée à l’acte importe beaucoup pour que soit établie cette infraction.
c)La personne visée
L’offense vise la personne du chef de l’Etat sans qu’il faille distinguer entre
sa vie privée et sa vie publique. Rentrent aussi dans le sens des ordonnances-
lois670 n°63/300 et 301 du 16 décembre 1963 l’offense commise publiquement
envers les chefs d’Etats et celle commise envers les chefs de gouvernement
étrangers. Il en est de même de l’outrage commis publiquement et dirigé dans
l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions contre les agents
diplomatiques accrédités auprès du gouvernement congolais. Ces offenses et
outrages trouvent également ici leur répression.

II. Régime répressif

Le texte qui prévoit et réprime l’offense envers le chef de l’Etat de la


République Démocratique du Congo est l’ordonnance-loi n°63/300 du 16
décembre 1963. L’ordonnance-loi n°63/3001 du 16 décembre 1963 réprime
l’offense envers les chefs d’Etats des gouvernements étrangers ainsi que
l’offense et outrages envers les agents diplomatiques accrédités auprès du
gouvernement congolais.
a) La poursuite
Les poursuites ont lieu à condition que le chef de l’Etat s’en plaigne ou
dénonce auprès d’une autorité militaire, administrative ou judiciaire.

669 ème
R.J.C. , Numéro spécial, 40 anniversaire, p. 212.
670
Ces deux ordonnances-lois portent respectivement répression des offenses envers le
chef de l’Etat et répresion des offenses envers les chefs d’Etat étrangers et outrages dirigés
contre les agents diplomatiques ; Voir code larcier République Democratique du
Congo,Edition 2003, Larcier-Afrique Editions tome II, p. 154.
Catalogue des infractions 429

b) Les sanctions applicables.


L’offense envers le chef de l’Etat est punie dans le chef de l’auteur de trois
mois à deux ans de servitude pénale et d’amende ou une de ces deux peines671.
Les offenses envers les Chefs d’Etat ou Chefs de Gouvernement Etrangers
sont punies de trois mois à deux ans et d’amende ou une de ces peines672.
Les outrages commis et dirigés contre les agents diplomatiques accrédités à
l’occasion et dans l’exercice de leurs fonctions sont sanctionnés de quinze jours
à six mois et d’amende ou d’une de ces peines seulement673 .
c) Le tribunal compétent
L’article 96 alinéa 2 et 3 de l’ord-loi 82-020 du 31 mars 1982 portant code de
l’Organisation et de la Compétence Judiciaires telle que modifiée donne la
compétence matérielle à la cour de sûreté de l’Etat pour les infractions relatives
aux offenses envers le chef de l’Etat, les Chefs d’Etats Etrangers et des
outrages dirigés contre les agents diplomatiques étrangers. La cour de sûreté de
l’Etat a été dissoute. Les tribunaux de droit commun, au regard des peines
prévues, redeviennent les juridictions compétentes.

404. Offenses envers les chefs de l’Etat ou chefs


des gouvernements étrangers
Voir offenses envers le Chef de l’Etat, n° 403.

405. Offenses envers les diplomates étrangers


Voir offenses envers le Chef de l’Etat, n°403.

406. Offenses envers l’emblème national


Voir outrages envers l’emblème national, n°422.

407. Omission de porter secours aux blessés


victimes d’accident de circulation
Il nous a paru opportun de mentionner cette abstention dommageable
résultant de la circulation routière, en dépit du fait que le Nouveau Code de la
route qui la prévoit n’en fixe aucune sanction pénale. En effet, le nouveau code
a repris les dispositions de l’ordonnance 62/12 du 17 janvier 1957 relative au

671 er
Article 1 de l’ordonnance-loi 63/300 du 16 décembre 1963.
672 er
Article 1 de l’ordonnance-loi 63/301 du 16 décembre 1963.
673
Article 2 de l’ordonnance-loi 63/301 du 16 décembre 1963.
430
Catalogue des infractions

règlement de la police de roulage et de la circulation. Ce texte prévoyait une


peine de servitude pénale de deux mois au maximum et une amende pour celui
qui ne porterait pas secours aux blessés victimes d’accident de circulation.

I. Conditions préalables

La prévention d’omission de porter secours aux blessés victimes d’accident


de circulation ne sera retenue que lorsqu’il y a :
1. accident de circulation de la route, ce qui sous-entend un véhicule
automoteur ;
2. des personnes humaines blessées à l’occasion d’un accident de circulation ;
3. l’auteur de l’infraction, c’est-à-dire le conducteur ou tout usager de la route
impliqué dans un accident ; le témoin de l’accident qui s’abstient de porter
secours tombe sous le coup de la non assistance à personne en danger674 .

II. Eléments constitutifs

L’omission de porter secours aux blessés victimes d’accident de


circulation ne sera coupablement retenue qu’à condition de satisfaire à
l’existence d’un élément matériel et d’un élément moral.

a)Elément matériel.
L’élément matériel est caractérisé par l’omission ou l’abstention de
porter secours aux blessés ou l’omission d’alerter les secours.
b)Elément moral.
L’élément moral est constitué de la volonté établie de l’abstentionniste
de ne pas porter secours au blessé. Le conducteur, qui pour éviter les réactions
qui suivent habituellement les accidents, n’est pas demeuré sur place mais s’est
présenté spontanément aux autorités pour porter les faits à leur connaissance
ou a alerté les tiers pour les prévenir, ne commet pas l’infraction.
Par contre, s’il est établi que le conducteur a fui pour échapper aux
poursuites pénales, il tombera sous le coup de cette loi pénale.

III. Régime répressif

L’officier du Ministère public peut se saisir d’office. Tout en imposant à


tout conducteur de porter secours aux blessés, d’alerter les secours, le Nouveau
Code de la Route n’a pas sanctionné la violation de cette obligation. L’article 40
du Nouveau Code de la Route, siège de la matière, est muet sur la sanction.

674
Article 66 ter du code pénal livre II.
Catalogue des infractions 431

Nous estimons que ce comportement peut être réprimé sur base de l’article 66
ter du code pénal livre II comme non assistance à personne en danger. La
sanction à subir est dès lors de trois mois à deux ans de servitude pénale et
d’une amende.

408. Omission de porter témoignage


Voir refus de témoigner, n° 507.

409. Omission de porter témoignage en faveur d’un


innocent
a) Notions d’omission de porter témoignage en faveur d’un innocent
Lorsqu’une personne connait la preuve de l’innocence d’un prévenu
incarcéré provisoirement ou gardé à vue dans une maison d’arrêt ou dans un
cachot, ou d’un prévenu déféré devant le juge, s’il n’est pas en détention pour
une infraction punissable d’au moins une année de servitude pénale principale
ou de travaux forcés, s’abstient volontairement d’en apporter aussitôt le
témoignage aux autorités de la justice ou de la police, elle commet l’infraction.

b) Existence légale de l’infraction


Celui qui acquiert la preuve de l’innocence d’un prévenu doit, aux
termes de la loi, en témoigner « aussitôt ». L’infraction sera consommée dès
qu’il a volontairement laissé passer le délai matériel nécessaire pour apporter le
témoignage à la justice ou à la police. Notons cependant que celui qui apporte
son témoignage tardivement mais spontanément n’est pas punissable. Ne sont
pas soumis à cette obligation de témoigner les vrais coupables eux mêmes, les
auteurs ou complices et leurs parents et alliés.

c)Eléments constitutifs

L’infraction suppose que l’on établisse que le prévenu connaissait la situation


de la personne jugée ou détenue et qu’il possédait avec certitutde la preuve de
son innocence675. Le but de l’incrimination est d’inciter à témoigner ceux qui
disposent d’éléments de preuve pour éviter les erreurs judiciaires.

d)Texte légal, sanction et prescription


L’article 66 quinquies du code pénal livre II est le texte légal. Il prévoit les
sanctions de trois mois à un an et une amende ou une de ces peines à l’égard de
l’auteur de l’omission de porter témoignage en faveur d’un innocent. Le juge de
paix est compétent pour connaître de cette infraction. L’action publique

675
Cour d’appel de Nancy, 02 février 2005, JCP 2005. II. 10065, note M-L. Rassat et , sur
pourvoi, Crim., 22 novembre 2005, Bull. n° 305 ; Dr. Pénal 2006, comm.34.
432
Catalogue des infractions

relative à l’omission de porter témoignage en faveur d’un innocent se prescrit


en une année. La peine, elle, sera prescrite dans le délai de deux ans.

410. Outrage à l’armée

On entend par outrage à l’armée toute expression injurieuse dirigée contre


les officiers, les sous-officiers et hommes de rang des Forces Armées de la
République Démocratique du Congo sans indiquer les personnes visées.
I. Les éléments constitutifs
La réalisation de l’infraction d’outrage à l’armée suppose la réunion des
éléments constitutifs.
a)Les éléments matériels.
Ils sont faits de l’acte prohibé et des procédés de perpétration. D’une
part l’outrage que l’agent commet à l’endroit de l’armée et d’autre part des
procédés qui peuvent se matérialiser par paroles, actes, gestes ou par écrits.
b)L’élément intellectuel.
Dès lors que l’acte a été commis de manière libre et consciente. Le dol
général suffit à l’établir.
L’injure ne tombe sous l’application de l’artice 87 du code pénal
militaire relatif à l’infraction d’outrage à l’armée, que si l’absence d’indication a
pour conséquence que chacun des militaires de la garnison est touché par ces
injures. Il y a aussi infraction lorsque ces injures atteignent en même temps
l’armée tout entière dans la personne de ses officiers, sous- officiers et hommes
de rang.

II. Régime répressif


L’infraction d’outrage à l’armée est prévue par l’article 87 du code pénal
militaire. Elle est sanctionnée de six mois à cinq ans de servitude pénale
principale. Tout militaire ou assimilé et toute personne même civile, comme on
dit, peut commettre cette infraction. Si le coupable est officier, il sera en outre
puni de la destitution ou de la privation de grade. Le juge peut également
prononcer la déchéance civique.

411. Outrage à magistrat


La loi réprime les outrages adressés aux magistrats par paroles, gestes ou
menaces, écrits ou dessins ou envoi d’objets fait dans une intention
outrageante676 . Le magistrat est un fonctionnaire investi d’une manière
676
Article 136 du code pénal livre II.
Catalogue des infractions 433

permanente du pouvoir de juger ou du pouvoir de prendre des mesures d’ordre


qui s’imposent à tous les citoyens. L’infraction est aussi appelée « outrage à la
magistrature »

I. Eléments constitutifs
L’infraction d’outrage à magistrat requiert des éléments constitutifs
pour être caractérisée.
a)La qualité de magistrat
L’outrage doit être adressé à un magistrat du siège ou du parquet ; les juges
consulaires des tribunaux de commerce, les assesseurs des tribunaux de paix et
de travail compris. Le magistrat à qui est adressé l’outrage doit être présent ou
l’écrit doit lui être adressé directement.

b)le fait matériel


Il faut un fait matériel d’outrage. Il est exigé que l’outrage soit de nature à
inculper l’honneur ou la délicatesse du magistrat concerné ; tout ce qui tend à
déprimer et à mépriser la fonction.L’élément matériel consiste également à
chercher à jeter le discrédit, publiquement, par actes, paroles, écrits ou images
de toute nature, sur un acte ou une décision juridictionnelle.
c)Le moment de la commission de l’infraction
L’outrage doit être adressé au magistrat dans l’exercice de ses fonctions ou à
l’occasion de cet exercice. Le but n’est pas de créer une sorte de privilège en
faveur du magistrat mais de faire respecter l’autorité de la fonction. Il importe
peu que le magistrat outragé ait lui- même commis quelque abus de pouvoirs
ou qu’il ait accompli un acte irrégulier. Peu importe que l’outrage ait pour cause
un acte de la fonction, ou qu’il se rapporte à la vie privée du magistrat. Si
l’outrage a lieu en dehors de l’exercice des fonctions, il n’est punissable que s’il
est reçu à l’occasion de cet exercice, que s’il est déterminé par la fonction
même ou par des actes accomplis par le magistrat en cette qualité ;
d)L’élément moral
En dernier lieu la personne qui outrage doit connaître la qualité du
magistrat. Elle sait que son acte tendait à amoindrir l’autorité du magistrat ;
c’est l’intention coupable. Le discrédit doit être exprimé « dans des conditions
de nature à porter atteinte à l’autorité de la justice ou à son indépendance ».
Autrementdit, l’infraction suppose que le magistrat ou l’autorité de la justice,
toute entière, prise, en tant qu’institution, soit atteinte à travers les critiques
visant l’acte ou la décision émanant de l’un de ses réprésentants ou d’une
juridiction déterminée. En revanche, si la critique, même vive ou polémique,
garde un ton mesuré exprimé par des termes modérés ne portant pas atteinte à
l’indépendance ou à l’autorité de la justice, les tribunaux en acceptent la validité
au nom de la liberté d’expression677.

677
Trib. Corr., Pontoise, 22 février 1985, Gaz. Pal 1985.2.589, obs. Doucet.
434
Catalogue des infractions

II. Régime répressif

Le régime répressif de cette infraction est identique à celui des outrages


aux fonctionnaires publics. Il a été jugé que constitue bien l’infraction
d’outrage à magistrat, le fait de dire à un magistrat dans l’exercice de ses
fonctions : « tu es corrompu », les mêmes faits ne pouvant pas avoir deux
qualifications juridiques (à la fois retenus pour l’infraction d’outrage à la
magistrature et d’imputation dommageable)678 .
L’infraction d’outrage à magistrat, conformément à l’article 24 alinéa 1er
du code pénal congolais, se prescrit dans le délai d’une année parce qu’il s’agit
d’une infraction punissable d’une servitude pénale de trois à neuf mois au
maximum. Il en a été ainsi des faits d’outrages passés au cours d’un skekch-
radio joué , en juillet 1998. Les prévenus avaient outragé les magistrats de
Bukavu dans l’exercice de leurs fonctions en disant « Les magistrats de Bukavu
sont des bourriques, ils aiment les manyanga, …ils tremblent dans leurs
pantalons lorsqu’ils voient des femmes.. ». Le tribunal en avait été saisi le 5
novembre 1999 soit plus d’une année après . En outre, le dernier acte
d’instruction avait été commis en septembre 1998, ainsi donc la prescription
demeurait acquise679. En matière d’outrages, l’article 138 in fine précise : « les
outrages prévus aux articles 136 et 138 du code pénal livre II ne donneront lieu
à aucune action, s’il est établi qu’ils ont été précédé de provocation de la part
des personnes protégés ». Ainsi le prévenu qui allègue la provocation doit
démontrer en quoi aura consisté la provocation dans le chef du magistrat.

412. Outrage au drapeau


Voir outrage envers l’emblème national, n° 422.

413. Outrage au parlement


Voir Haute trahison, n°286.

414. Outrage aux bonnes mœurs


Voir outrage public aux bonnes mœurs, n°425, 426, 427.

678
Tribunal de Grande Instance de Bukavu, R.P 10641, 5 mars 2004, Ministère public et
partie civile Saleh katamea contre le prévenu Byadunia Nyakahuga crispin, inédit.
679
Tribunal de grande instance de Bukavu , R.P 9738, 24 mars 2002, Ministère public
contre les prévenus Mushizi Nfundiko, Jules Bahati,Kamengele Omba, Aziza clotilde,
Gerard Chikuru, Solange Lusiku et Namegabe Nabintu, inédit.
Catalogue des infractions 435

415. Outrage aux dépositaires de l’autorité


publique
Voir outrage aux fonctionnaires publics, n° 416.

416. Outrage aux fonctionnaires publics


L’outrage consiste dans toute parole, geste, menace, écrit, dessin ou
expression de mépris de nature à blesser l’honneur ou la délicatesse du
représentant de l’autorité.

I. Eléments constitutifs

a)Textes légaux.
Les textes légaux qui répriment les outrages aux fonctionnaires publics
sont les articles 136 à 138 du code pénal livre II. Ces articles renferment
diverses sanctions bien déterminées selon les critères bien définis.
b)Elément matériel.
L’élément matériel de l’infraction d’outrage aux fonctionnaires publics est
constitué :
1. d’un fait matériel d’outrage. Le fait peut revêtir diverses formes. Il peut
s’agir :
a) d’une parole, c’est-à-dire des allégations diffamatoires, des sifflets, des
huées, des expressions grossières ;
b) Il peut aussi être question d’écrits ou de dessins de nature à
déconsidérer ou à blesser ;
c) Le fait peut en outre consister en des gestes ou menaces comme
signes d’expression de dédain ou de mépris ;
d) L’outrage peut revêtir la forme d’envoi de gris-gris etc..…
2. Le fait matériel d’outrage doit être adressé à un représentant de
l’autorité. Par représentant de l’autorité, il faut entendre ici un membre
du Gouvernement, de l’Assemblée Nationale, du Sénat, des Cours et
Tribunaux, des Forces Armées, de la Police ou les autres dépositaires de
l’autorité ou de la force publique.
3. L’outrage au représentant de l’autorité doit être fait dans l’exercice de la
fonction. C’est la fonction qui est protégée. Ne tombe pas sous le coup
de cet article celui qui outrage les personnes citées en dehors de
l’exercice de leurs fonctions.
4. L’outrage doit être reçu personnellement par l’offensé. L’outragé doit
être présent ou l’écrit lui être directement adressé ; ou bien s’il est absent,
436
Catalogue des infractions

l’auteur doit avoir invité ceux qui l’entendaient à rapporter les propos
outrageants à la personne visée. La publicité n’est pas requise.
c)Elément moral.
L’auteur doit connaître la qualité de sa victime, celle qu’il outrageait. Il doit
avoir eu l’intention de l’outrager et de la blesser dans sa dignité et dans sa
fonction. Ainsi, il est nécessaire pour l’infraction d’outrage à un agent de
l’autorité que l’animus injuriandi, c’est-à-dire la volonté et la conscience
d’outrager les agents de l’autorité comme tels, soit prouvée680. L’ivresse peut
être exclusive de la volonté d’outrager681.
Il a été jugé que le répresentant de l’autorité peut être outragé comme tel,
quoiqu’il ne soit pas en tenue ou ne porte aucun insigne, si le prevenu
connaissait la qualité de sa victime682. L’infraction ne sera pas établie si l’outrage
a été précédé de provocation.

II. Poursuites

La personne lésée comme le corps auquel il appartient peuvent porter


plainte contre tout acte d’outrage aux fonctionnaires publics. Le Ministère
public peut également se saisir d’office.
1. L’article 136 prévoit six à douze mois de servitude pénale principale et
l’amende ou l’une de ces peines en cas d’outrage par parole, faits, gestes ou
menaces commis envers un membre du gouvernement, du parlement, de la
cour constitutionnelle dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs
fonctions ;
2. L’article 136 alinéa 2 sanctionne de trois à neuf mois de servitude pénale
principale et d’amende ou l’une de ces peines lorsque l’outrage par paroles,
gestes, faits ou menaces est commis envers un membre des cours et
tribunaux ou un officier du ministère public, les autres dépositaires de
l’autorité ou de la force publique (outrages à magistrat).
3. L’article 138 du code pénal livre II punit de six à trente mois de servitude
pénale principale et/ou amende celui qui aura frappé un membre du
gouvernement, du parlement, de la cour constitutionnelle dans l’exercice ou
à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions ;
La même disposition sanctionne de six à vingt quatre mois de servitude
pénale principale et/ou amende celui qui aura frappé un membre des cours,
tribunaux et parquets, les autres dépositaires de l’autorité ou de la force
publique.

680
App. Elis., 30 mars 1912, in JDC 1913, p. 264.
681
App. Elis., 30 mars 1912, idem.
682
Boma, 20 août 1912, Jur. Congo, 1914-1919, p.182 ;Comm., 127, n°3.
Catalogue des infractions 437

L’article 138 fait encourir six à huit mois et une amende ou une de ces peines à
celui qui aura frappé les autres dépositaires de l’autorité publique ou de la force
publique dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions.
4. De l’article 138bis, il ressort que si les violences exercées ont causé des
blessures ou des maladies, le coupable sera puni de :
- quatre à dix ans de servitude pénale principale et d’amende ou d’une de
ces peines s’il s’agit des membres du Parlement, du Gouvernement ou
de la Cour Constitutionnelle ;
- un à trois ans de servitude pénale principale et/ou amende en ce qui
concerne un membre des cours, tribunaux et parquets, un officier
supérieur des Forces Armées de la République Démocratique du Congo
et de la Police Nationale ou un Gouverneur de Province dans l’exercice
ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions ;
- six à vingt quatre mois et une amende ou une de ces peines pour les
autres dépositaires de l’autorité ou de la force publique dans l’exercice ou
à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions.
5. L’article 138 ter précise que les outrages adressés aux personnes visées aux
articles 136 et 138 ne peuvent, sauf cas de flagrant délit, être poursuivis que
sur plainte de la personne lésée ou de celle du corps dont elle relève.
6. Pour l’article 138 quater, les peines prévues par les articles 136, 138 et 138
bis seront applicables à quiconque aura outragé ou frappé des témoins en
raison de leur déposition selon qu’ils peuvent être rangés dans l’une de trois
catégories des personnes protégées par la présente loi.
7. Aux termes de l’article 138 quinquies, sera puni selon le droit commun mais
avec circonstances aggravantes, celui qui aura outragé ou frappé l‘une des
personnes désignées aux articles 136 et 138 en dehors de l’exercice de ses
fonctions. Il n’y aura point d’action si l’outrage est né à la suite d’une
provocation de la part du fonctionnaire.
Les outrages ou violences envers les agents de l’Administration des mines
sont spécialement définis. A l’article 309 du code minier, il est question
d’outrages par faits, paroles, gestes, menaces ou le fait de frapper un agent des
mines dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions. La sanction
est une servitude pénale maximum de six mois et une amende équivalant en
francs congolais de 1000 à 5.000 $US. Seule la servitude pénale ou l’amende
peut être infligée.

417. Outrage envers le chef de l’Etat


Voir offenses envers le chef de l’Etat, n°403.
438
Catalogue des infractions

418. Outrage envers les agents diplomatiques


Voir offenses envers le chef de l’Etat, n° 403 ,405.

419. Outrage envers les chefs d’Etat étrangers


Voir offenses envers le chef de l’Etat, n° 403 ,404.

420. Outrage envers les chefs des gouvernements


étrangers
Voir offenses envers le chef de l’Etat, n°403.

421. Outrage envers les corps constitués et ses


membres
Voir outrages aux fonctionnaires publics, n° 416.

422. Outrage envers l’emblème national


L’outrage, avons-nous dit est tout acte (geste, parole ou attitude) susceptible
d’offenser gravement. Par emblème, il faut entendre une figure symbolique
accompagnée d’une devise683 . L’emblème national est l’attribut destiné à
représenter une Nation. Il est aussi appelé drapeau national.

I. Eléments constitutifs
L’infraction d’outrage envers l’emblème national doit pour exister
réunir les éléments matériel et moral.
a)L’élément légal
L’élément légal est fait de l’ordonnance-loi du 16 décembre 1963 qui en son
article 3 modifié par la loi n°71/007 du 19/11/1971 sanctionne ce
comportement.
b)L’élément matériel.
L’élément matériel est constitué :
1. d’un acte matériel d’outrage, c’est-à-dire détérioration, parole ou geste de
mépris ;
2. l’acte est effectué publiquement ; il est entouré d’une certaine publicité ;
3. un acte matériel d’outrage envers le drapeau national ; seul le drapeau
national est protégé par la loi.

683
Petit Larousse illustré, 1985, p.353.
Catalogue des infractions 439

c)L’élément moral.
Il doit y avoir dans le chef de l’auteur, l’intention d’outrager le drapeau
national. L’infraction est inexistante si la détérioration est accidentelle.

II. Poursuites

La peine est de huit jours à trois mois de servitude pénale principale. Au regard
du taux de la pénalité, l’infraction d’outrage envers l’emblème national est de la
compétence du tribunal de paix. Elle se prescrit (action publique) en une
année.
Le code pénal militaire punit également de six à cinq ans en son article 87 tout
militaire ou assimilé qui déchire, brûle ou détruit par quelque acte que ce soit
l’emblème national. Il sanctionne la personne qui adopte publiquement et
volontairement une attitude de mépris en refusant de rendre les honneurs dus à
cet emblème ou de proférer des propos désobligeants à son endroit (Outrage
au drapeau).

423. Outrage ou violence envers les agents de


l’administration de mines
Voir Outrage aux fonctionnaires publics, n°416, in fine.

424. Outrage public à la pudeur


Voir outrage publics aux bonnes mœurs par gestes, n° 427.

425. Outrage public aux bonnes mœurs


L’outrage public aux bonnes mœurs est compris comme l’infraction qui punit
l’expression ou la reproduction de l’immoralité, de l’impudicité, de l’obscénité.
Le législateur le subdivise en outrage public aux bonnes mœurs par écrits ou
paroles et en outrage public aux bonnes mœurs par geste ou outrage public à la
pudeur.

426. Outrage public aux bonnes mœurs par écrits


Le législateur congolais parle indistinctement d’outrage public aux bonnes
mœurs par écrits et d’outrage public aux bonnes mœurs par paroles.

I. Eléments constitutifs

a) Elément légal.
L’infraction d’outrage public aux bonnes mœurs par écrits est prévue et
réprimée par les articles 175 et 177 du code pénal livre II.
440
Catalogue des infractions

b)Elément matériel.
L’élément matériel est constitué :
1. d’un acte matériel prévu par la loi. Il peut s’agir de chansons, pamphlets
ou autres écrits, imprimés, figures, images, emblèmes. La Cour Suprême
de Justice a reconnu coupable un groupe d’artistes –musiciens pour avoir
chanté devant plusieurs personnes, enregistré sur bandes cassettes, vendu
et distribué à diverses personnes deux chansons intitulées « Eleni et
Jacquie » d’une rare obscénité ou outrageant les parties intimes de ces
deux femmes684 .
2. L’acte porte sur un objet contraire aux bonnes mœurs, c’est-à-dire un
objet qui a pour effet de corrompre les mœurs685 . Il en est ainsi d’une
statuette reproduisant les usages sexuels (Ici cette notion est laissée à
l’appréciation du juge et selon les provinces).
3. L’existence d’un certain caractère de publicité. En effet, ne constitue pas
l’infraction d’outrage public aux bonnes mœurs par écrits, le fait de
détenir chez soi des écrits ou images obscènes et de les montrer à des
amis ou chanter chez soi des chansons obscènes sans qu’elles ne soient
entendues de l’extérieur.
c)Elément moral.
Le simple fait pour l’auteur d’avoir eu connaissance du caractère
obscène de l’écrit ou de la chanson suffit à caractériser l’infraction. L’intention
méchante n’est donc pas requise.
La loi protège la pudeur publique non seulement contre l’étalage effronté
de la débauche sexuelle, ce qui est l’obscénité mais encore contre l’expression
de la pensée lorsque s’arrogeant toute licence, elle en arrive à enfreindre les
règles de décence et de convenance communément reçues.

II. Poursuites

L’action publique relative à l’outarge public aux bonnes mœurs par écrits
sera mise en mouvement par le Ministère public. Celui-ci peut se saisir d’office.
Les faits peuvent lui être dénoncés.La sanction à l’endroit du coupable est de
huit jours à un an de servitude pénale. L’infraction d’outrage public aux bonnes
mœurs par écrits relève de la compétence du tribunal de paix. L’action
publique est prescrite dans un délai d’une année après la commission des faits.

684
C.S.J. , 16 octobre 1979, cité par LIKULIA BOLONGO. , op. cit., p. 353.
685
Liège, 4e ch., 7 novembre 2001 p.760 in Revue de Jurisprudence de liège ,Mons et
Bruxelles ,31 décembre 2004,110ème année, Hebdomadaire p.2031
Catalogue des infractions 441

427. Outrage public aux bonnes mœurs par gestes


L’outrage public aux bonnes mœurs par gestes est aussi appelé « outrage
public à la pudeur ». C’est l’accomplissement d’un fait matériel contraire aux
bonnes mœurs qui, lorsque commis en public, est susceptible de blesser la
pudeur des personnes qui en sont involontairement témoins.

I. Eléments constitutifs

L’existence de l’infraction d’outrage public aux bonnes mœurs par


gestes requiert elle aussi pour son établissement des éléments légal, matériel et
moral.
a)Elément légal.
Le texte sanctionnateur est le code pénal en ses articles 176 et177
Livre II. Il est le texte et l’élément légal de l’infraction. Ce texte de loi punit
l’acte d’outrage public à la pudeur de huit jours à trois ans de servitude pénale
principale.
b)Eléments matériels.
Les éléments matériels consistent en :
1. Fait matériel contraire aux bonnes mœurs. Par exemple, un acte immoral
comme se promener poitrine nue dans la rue ou vêtu d’une jupe qui laisse
entrevoir les cuisses.
2. Publicité du fait. Un acte obscène commis dans un lieu public a un
caractère absolu. La publicité peut aussi résulter de la présence des
témoins.
La publicité est réalisée dès que les faits immoraux ont été vus par un seul
témoin, si celui-ci sans devoir à cette fin, modifier l’état des lieux a pu
apercevoir l’acte impudique686. Cette publicité existe si les actes blessant la
pudeur ont été accomplis à l’intérieure dans une voiture à conduire, dans des
conditions telles que des tiers auraient pu les apercevoir687. En outre, la
publicité existe si c’est volontairement que l’action a été vue par des tiers688.
Lorsque l’acte susceptible d’attenter à la pudeur est commis dans un lieu
privé, inaccessible aux regards du public, il n’y a délit que si le spectacle a été
imposé à quelqu’un689. Il a été jugé que l’outrage aux bonnes mœurs est établi
sur base de l’article 176 du code pénal livre II, lorsque la victime de cette
infraction a été non seulement battue et dépouillée de ses vetêments par le

686
Cass. ,Fr., 7 août 1925, Pas., I,382.
687
Cass. ,Fr., 8 juillet 1930, Pas., 1935, II, 45.
688
Cass. ,11 février 1895, Pas., I, 101.
689
Gand., 31 janvier 1931, Pas., II, 59.
442
Catalogue des infractions

prevenu, mais encore soumise à une prise de photo la montrant nue, spectacle
auquel ont en outre assisté les membres de la famille690.
Nous estimons, qu’en cas de témoin volontaire la publicité requise ferait
défaut. Le fait de satisfaire le besoin naturel d’uriner sur la voie publique est un
cas exemplaire de publicité.
c)Elément moral.
La volonté de mal faire, l’intention de choquer n’est pas requise. La
volonté délibérée d’offenser, de blesser ou de froisser la pudeur publique, par
exemple dans la négligence apportée pour cacher l’acte obscéne, suffit. Seul
suffit le manque de précautions pour ne pas être vu. Il en est ainsi des époux
négligeant de tirer le rideau de la fenêtre avant d’accomplir l’acte conjugal. Il
importe peu que les témoins déclarent que leur pudeur n’a pas été outragée,
l’infraction existe si l’acte était de nature à blesser la pudeur691. Le tribunal a
tranché que l’outrage aux mœurs est public s’il est commis dans les herbes, à
trente mètres du chemin c’est-à-dire à un endroit accessible au public ; qu’en
s’adonnant à tour de rôle sur chacune de plusieurs femmes à des actes éhontés
auxquels les autres ont souvent assisté, et desquels elles auraient toujours pu
être témoins même sans le vouloir, le prévenu s’est rendu coupable d’outrage
public aux mœurs692 .

II. Poursuites

Les poursuites peuvent être exercées sur dénonciation ou d’office. La


compétence demeure celle du tribunal de paix. L’action publique est éteinte
dans le délai de trois ans. Deux arrêtés du Commissaire d’Etat à l’Orientation
Nationale du 01 janvier 1975 ont renforcé la législation en matière d’outrages aux
bonnes mœurs. Le premier arrêté punit l’importation, la vente, l’exposition, la
circulation et la détention des publications pornographiques. La sanction est
d’une servitude pénale d’un an maximum et d’une amende. L’une et l’autre de
ces peines peut être appliquée exclusivement. Le second arrêté interdit la
production, l’importation, l’exportation, la distribution, la projection et la
détention des films pornographiques.
La sanction prévue est l’application de l’article 175 du code pénal livre II.
Il sera en outre procédé à la confiscation du support des propos incriminés
(bandes magnétiques,, cd roms, flash disk etc.).

428. Outrage public aux bonnes mœurs par paroles


Voir outrage public aux bonnes mœurs par écrits, n° 426.

690
Tribunal de paix de Kinshasa/Gombe, RP 9311/IV, 25 août 1987, RJZ 1987, n°1, p. 25.
691
Bruxelles, 26 février 1919, Pas. , II, 169 ; Liège, 11 juin 1931, Pas. , 1392, II, 25.
692
Boma, 12 décembre 1905, Jur. Etat II p. 75 ; Boma , 2 mai 1911, Jur. Congo 1912, p.149.
Catalogue des infractions 443

429. Ouverture ou suppression des lettres


Aux termes de l’article 71 du code pénal « toute personne qui, hors les cas
prévus par la loi, aura ouvert ou supprimé des lettres, des cartes postales ou
autres objets confiés à la poste, ou ordonné ou facilité l’ouverture ou la
suppression de ces lettres, cartes ou objets, sera puni.
L’article 71 du code pénal ordinaire repris par l’article 21 de l’ordonnance loi
n°68 -045 du 21 janvier 1968 réprime l’infraction d’ouverture ou suppression
des lettres.

I. Eléments constitutifs
L’infraction d’ouverture ou suppression des lettres comporte quatre
éléments constitutifs.
a)Les éléments matériels
1. Décoller, rompre, supprimer, briser l’obstacle placé par l’expéditeur sur sa
lettre en vue d’assurer le secret du contenu contre les indiscrétions des tiers ;
2. Détourner une lettre de sa destination en la détruisant, en la jetant ou même
en la conservant ;
3. 0rdonner ou faciliter l’ouverture ou la suppression de l’objet protégé.
b)L’Objet protégé
Il doit s’agir soit des lettres, cartes postales ou tout objet confié à la poste. Il
ne peut s’agir que de l’objet confié à la poste, c’est-à-dire pendant le temps de
transmission. Ne constituera pas cette infraction les lettres ouvertes ou
supprimées avant d’avoir été confiées à la poste ou après qu’elles ont été
remises par le facteur.
c)la qualité de l’auteur
L’infraction d’ouverture ou suppression de lettres peut être commise aussi
bien par un particulier non employé à la poste que par un agent de poste ou
par un commissionné officiellement comme tel. L’agent de poste, c’est tout
fonctionnaire nommé et affecté à la poste. L’agent commissionné
officiellement est celui chargé à titre temporaire de la gestion du bureau de
poste (chef de collectivité ou de localité) par décision administrative .
d)L’élément moral
L’agent doit agir avec connaissance ou volonté d’ouvrir ou de supprimer la
lettre, ce qui exclut la négligence. Il doit agir sans droit. Ne constituera pas
l’infraction d’ouverture ou suppression des lettres l’ouverture des
correspondances lors de l’instruction judiciaire693 . Il en est de même de
l’ouverture des correspondances en cas de censure postale ou en matière de
faillite où le curateur a droit de prendre connaissance des lettres adressées au
failli. Celui qui ouvre les lettres pour obtenir des renseignements
nécessaires pour les expédier à leur destinataire ou pour en retirer les objets
et documents de valeur ou les objets prohibés ou soumis au droit de douane

693
Cela est conforme aux prescrits des articles 28 et 29 du code de procédure pénale.
444
Catalogue des infractions

ou en vue de découvrir la fraude ne commet pas l’infraction d’ouverture ou


suppression des lettres.

II. Poursuites
a)Pénalités prévues par le législateur
L’ouverture ou la suppression des lettres est punie d’amende. L’amende
sera majorée en cas de lettre recommandée ou assurée ou contenant des
valeurs réalisables. Si l’auteur de l’infraction est un agent des postes ou
commissionné comme tel, il lui sera appliqué trois mois de servitude pénale au
maximum et l’amende.
L’ouverture d’un sac ou d’un paquet postal est susceptible de faire
encourir sept jours de servitude pénale au maximum et l’amende ou l’une de
ces peines, à l’auteur. Le porteur de courrier qui abandonne le courrier postal
confié à ses soins subira sept jours au maximum et l’amende ou l’une de ces
peines seulement.
La simple révélation, par un agent de poste ou par toute personne
officiellement commissionnée pour assurer le service postal, de l’existence ou
du contenu d’une lettre, carte postale ou tout envoi confié à la poste, est
punissable. La sanction est une servitude pénale principale d’un mois au plus et
une amende ou une de ces peines seulement694. Evidemment, n’est pas
concernée, la révélation de l’existence ou du contenu, cas prévus par la loi,
dans les établissements pénitenciers, en temps de guerre, de censure ou sur
mandat de justice.

b) Circonstances aggravantes de l’infraction


Les circonstances aggravantes de l’infraction d’ouverture ou suppression des
lettres tiennent à la valeur des objets et à la qualité de l’agent.
1. Il y aura circonstance aggravante tenant à la valeur des objets et aux
conditions de leur transmission. La sanction sera de sept jours de servitude
pénale au maximum et l’amende ou l’une de ces peines seulement. C’est le
cas si la lettre ou l’envoi était recommandé ou assuré. Il en est de même
lorsque l’envoi contient des valeurs réalisables c’est-à-dire chèques, mandats,
coupons – réponses (titres valant espèces). Tel est également le cas lorsqu’il
y a ouverture d’un sac ou d’un paquet postal.
2. Circonstances aggravantes tenant à la qualité de l’auteur :
Quand l’auteur est un agent des postes ou officiellement commissionné
comme tel et en cas d’abandon du courrier postal par le porteur la sanction
sera plus sévère.

694
Article 72 du code pénal tel que répris par l’ordonnance-loi n°68-045 du 21 janvier 1968.
Catalogue des infractions 445


430. Parricide
Le meurtre des père et mère ou de tout autre ascendant est appelé
« parricide ». Le droit congolais n’y accorde pas une attention particulière.
Certes, le commandement chrétien « Tes père et mère honoreras » et le code de
la famille695 (l’enfant à tout âge doit honneur et respect à ses père et mère) en
font une règle morale. En outre, la société traite avec grande sévérité et
déconsidère l’enfant parricide.
Cependant le droit congolais n’a pas spécialement réprimé cet acte
inexplicable, contraire aux sentiments naturels. Evidemment, dans l’ancien
droit coutumier (auquel on ne peut en droit pénal se référer aujourd’hui), le
parricide était sanctionné très sévèrement. Le droit pénal législatif devrait
intervenir pour marquer la désapprobation particulière de la société vis-à-vis du
parricide. En attendant, le parricide est réprimé comme homicide, meurtre,
assassinat ou empoisonnement, selon le cas de l’espèce.

431. Participation à des bandes armées


Le chef, les organisateurs ou les commandants d’une bande armée en vue
de troubler l’Etat sont punissable de la peine de mort. L’Etat peut être troublé
par la destruction ou le changement de régime constitutionnel. Il peut aussi
être troublé par l’excitation des citoyens à prendre les armes en vue d’une
guerre civile. L’Etat est mis en danger par la provocation d’une sécession d’une
partie du territoire national696. Il est troublé par l’envahissement, le pillage ou le
partage des propriétés publiques ou privées ou encore par l’ attaque ou la
résistance envers la force publique.
L’Etat peut être troublé par les attentats en période de guerre civile ou de
troubles graves697 dans le but de porter le massacre, la dévastation ou le pillage.
Les individus membres des bandes armées n’exerçant pas de commandement
ou d’emploi saisis sur les lieux des réunions séditieuses seront punis d’une
servitude pénale de dix à quinze ans. S’ils se retirent au premier avertissement
des autorités ou lorsqu’ils auront été saisis hors des lieux sans opposer de
résistance et sans armes, il ne sera prononcé aucune peine pour le fait de
sédition698 (art.205).

695
Article 316 du code de la famille.
696
Article 195 du code pénal pénal congolais livre II.
697
Article 200 du code pénal pénal congolais livre II.
698
Article 205 du code pénal congolais livre II.
446
Catalogue des infractions

La disposition légale qui réprime la participation à des bandes armées est


l’article 202 du code pénal congolais699 .

432. Participation à un mouvement insurrectionnel


Voir Mouvements insurrectionnels, n° 370.

433. Pédophilie
La pédophilie désigne l’attirance sexuelle d’un adulte ou d’un adolescent
envers un enfant, envers les enfants non pubères. Cette attirance est considérée
par certains comme une perversion sexuelle. Elle est prise par d’autres comme
une maladie mentale. Cette dernière position n’est pas encore clairement
établie. Plusieurs concepts sont rattachés à la pédophilie : relation sexuelle avec
mineurs, pornographie infantile, abus sexuel sur mineur, viol des mineurs, etc.
Dans la plupart des législations, la simple attirance sexuelle n’est pas
réprimée. Par contre l’acte sexuel entre un adulte et un enfant est illégal. En
effet, selon le Droit, le majeur seul a droit à une libre sexualité. Le Droit ne
reconnaît pas à l’enfant mineur de droit à la sexualité. Ce qui implique que dans
une affaire de relations sexuelles adulte-enfant, l’enfant ne peut être entendu
que comme victime. L’acte sexuel entre un adulte et un enfant est sévèrement
réprimé vis-à-vis de l’adulte. Celui-ci est considéré comme seul coupable et
responsable. L’absence de consentement de l’enfant n’est pas requis pour que
l’infraction soit constituée. La relation sexuelle en elle-même est illégale. La loi
est généralement fondée sur une limite d’âge, appelée majorité sexuelle. Celle-ci
diffère en fonction des pays. Il existe des lois qui répriment la simple incitation
d’un enfant à un acte sexuel. Par ailleurs, la production, la consommation,
l’échange et la simple détention de matériel pornographique impliquant les
enfants sont souvent interdits.
Le terme « pédophilie » n’apparaît pas dans le code pénal congolais de
1940, et pourtant le phénomène n’est pas moins répandu. Si l’on n’était pas
pour autant désarmé pour réprimer la pédophilie, car l’on recourait à d’autres
infractions plus générales, il a néanmoins fallu attendre la loi n° 09/001 du 10
janvier 2009 portant protection de l’enfant. Celle-ci réprime plus
spécifiquement des infractions propres de pédophilie. La protection de l’enfant
contre les agressions sexuelles, contre les actes de pédophilie est assuréé par
l’incrimination de divers actes. Il s’agit notamment de l’attentat à la pudeur, la
relation sexuelle, l’érotisme, la pornographie, l’abus sexuel et le viol, l’excitation
de mineurs à la débauche, le proxénétisme, le mariage de la jeune fille
impubère, le mariage incestueux.

699 ème
JORDC, 47 année, Numéro spécial, 05 octobre 2006, p. 63.
Catalogue des infractions 447

a) a)Le viol d’un enfant. Le viol d’un enfant est réprimé par l’article 170 la
loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant. La peine
est de sept à vingt ans de servitude pénale principale et d’une amende de
huit cent mille à un million de francs congolais.
b) b)L’attentat à la pudeur sans violence, ruse ou menace commis
sur un enfant est puni. La sanction est de six mois à cinq ans de
servitude pénale principale700. c)L’attentat à la pudeur avec violence,
ruse ou menace commis sur un enfant. Cet acte est également puni
de cinq à quinze ans de servitude pénale principale.
c) d)Les actes de stimulations des passions sexuelles de l’enfant.
Ces actes peuvent consister en l’excitation des mineurs à la débauche. Ils
sont prévus et sanctionnés aux termes de l’article 173 de la même loi de
2009. L’auteur encourt trois à cinq ans de servitude pénale et une amende
de cinq cents mille francs congolais.
d) e)L’incitation d’un enfant à des relations sexuelles avec un
animal. Cet acte barbare et contre nature est prévu et puni. La sanction
est de sept à quinze ans de servitude pénale principale et une amende de
cinq cents mille à un million de francs congolais701.
e) f)La détention d’un ou plusieurs enfants dans le but d’abuser
d’eux sexuellement. Cette détention a été érigée en infraction. Elle est
sanctionnée de dix à vingt ans de servitude pénale principale702.
f) g)Le proxénétisme. Le proxénétisme est sanctionné par l’article 174 bis
du code pénal. Sous cette qualification apparaissent l’entraînement,
l’embauchage et le détournement en vue de la débauche ou de la
prostitution. Le proxénétisme est autrement appelé délit du souteneur. Il
est à regretter que les activités tendant à favoriser la débauche ou la
prostitution dans le chef des parents qui entraîneraient, embaucheraient ou
détourneraient en vue de la débauche ou de la prostitution leur propre
enfant ne soient pas spécialement réprimées.
g) h)Le mariage de la jeune fille impubère et le mariage incestueux.
Ils sont réprimés respectivement par les articles 420 et suivants ainsi que
par l’article 353 du code de la famille. S’agissant du mariage de la jeune fille
impubère, la non-puberté se situe en dessous de l’âge de quatorze ans. Elle
s’établit par tous les moyens de preuve ou par le simple aspect de la fille703.
Si l’époux de la fille impubère n’est pas visé par cette incrimination, il est
cependant poursuivable sur pied des dispositions sanctionnant le mariage
avec une fille mineure. En outre, s’il a des relations sexuelles avec elle, il
est susceptible de répondre de l’infraction de viol réputé.

700
Article 172 de la loi du 10 janvier 2009.
701
Article 174 de la loi du 10 janvier 2009.
702
Article 175 de la loi du 10 janvier 2009.
703
Ces moyens de preuve sont tirés des articles 421 et 422 du code de la famille.
448
Catalogue des infractions

434. Perception indue d’une participation par


travail, conseils ou capitaux
L’article 78 du code pénal militaire punit tout militaire ou assimilé ou tout
individu au service du Ministère de la Défense, chargé en raison de sa
fonction :
- de la surveillance ou du contrôle d’une entreprise privée ;
- de la passation, au nom de l’Etat, des marchés ou contrats de toute nature
avec une entreprise privée ou toute autre personne privée ;
- de l’expression d’avis sur les marchés ou contrats de toute nature passés
avec une entreprise privée ou toute autre personne privée, pendant un délai
de cinq ans, à compter de la cessation de la fonction prendra ou recevra une
participation par travail, conseils ou capitaux dans une quelconque des
entreprises ou personnes visées ci-dessus.

I. Conditions préalables
La consommation de l’infraction de l’article 78 du code pénal militaire est
subordonnée à une double condition de l’agent visé et de l’affaire concernée.
Peut commettre cette infraction soit un militaire, soit toute autre personne au
service du Ministère de la Défense. L’existence d’une affaire suppose qu’il s’agit
« d’une entreprise, d’une concession ou d’un contrat de toute nature ».
a) L’agent jouit d’un mandat du Ministère de la Défense à raison de sa
fonction.
b) L’Etat congolais représenté par le Ministère de la Défense, confère des
prérogatives à un militaire ou autre personne à son service, de sauvegarder
ses intérêts dans la conclusion des marchés ou contrats d’affaires avec les
firmes privées ou les particuliers.
c) Les avis à émettre peuvent porter sur les prix, l’objet, ou sur la clause des
contrats.

II. Eléments constitutifs


a) L’élément légal.
L’infraction de l’article 78 du code pénal militaire n’a d’existence légale
qu’à la double condition de réunir les éléments matériel et moral.
Catalogue des infractions 449

b)L’élément matériel
L’élément matériel consiste à prendre ou à recevoir une participation par
travail, conseils ou capitaux dans une entreprise privée, ou encore à conclure
des marchés ou contrats avec elle ou des particuliers.
c)L’élément moral
L’élément moral consiste en ce que l’agent prend sciemment un intérêt
dans une affaire que sa fonction lui faisait un devoir de surveiller.

III. Régime répressif

Le coupable encourt une servitude pénale dont le taux varie entre cinq et
dix ans et une amende de 5.000 à 10.000 francs congolais constants. En outre,
le préjudice subi par l’Etat congolais doit être réparé par l’auteur de la
perception indue d’une participation par travail, conseils ou capitaux.

435. Photographie clandestine


Le droit au respect de la vie privée est garanti par les lois nationales et
internationales. Dans le cas où il y serait porté atteinte, réparation du dommage
subi doit être faite outre d’empêcher ou de faire cesser de telles atteintes.
Toute personne a des droits exclusifs sur sa propre image. Elle peut
donc interdire qu’on la photographie ou que l’on publie une photographie déjà
prise. Or les exigences de l’actualité amènent journellement la presse à publier
des photographies d’hommes politiques, d’artistes ou même des personnes
quelconques mêlées aux faits divers. Dans la pratique, on admet que les
journaux peuvent publier, sans autorisations, les photographies prises dans la
rue ou dans les manifestations publiques mais ce n’est qu’une tolérance. Le
journal devrait respecter l’interdiction qui lui serait faite par la personne
photographiée.
Quant aux scènes de la vie privée, elles ne peuvent être photographiées.
Elles ne peuvent non plus être reproduites dans la presse qu’avec l’accord de
l’intéressé. La loi devra réprimer pénalement toutes photographies qui se
déroulent dans un lieu privé. Il en sera ainsi du fait de porter volontairement
atteinte à l’intimité de la vie privée d’une personne en fixant ou en transmettant
son image sans son consentement. Toutefois, il faut préciser que si la
photographie est prise au cours d’une réunion, au vu et au su des participants,
le consentement sera présumé. Pourquoi donc dans le cadre de l’amélioration
de notre législation répressive les efforts ne tendraient- ils pas vers la création
d’une infraction propre, qui serait à coup sûr un délit de presse ?
450
Catalogue des infractions

436. Photographies et dessins interdits

La loi 96-002 du 22 juin 1996 fixe les modalités de l’exercice de la liberté de


presse.L’article 79 définit les photographies, dessins ou portraits, illustrations,
images dont la reproduction est interdite. L’article 81 punit la violation de cette
interdiction. La sanction est de quinze jours maximum de servitude pénale et
d’une amende ou de l’une de ces peines, à moins que les faits ne soient
constitutifs d’une infraction passible des peines plus fortes. Sont interdits
(article 79 point c) :
1. La reproduction des photographies, dessins ou extraits de tout ou parties
des circonstances des crimes de sang, des crimes ou délits touchant aux
mœurs , sauf demande expresse du chef de la juridiction saisie du cas. Il
s’agit des attentats contre les personnes (meurtre, homicide, assassinat,
empoisonnement, avortement). La loi a voulu éviter au lecteur la vision des
scènes tragiques ou démoralisantes. Ce qui est interdit, c’est la reproduction
de l’image du crime. L’interdiction n’est pas limitée dans le temps. Elle
concerne non seulement l’actualité mais aussi les événements plus anciens.
2. L’illustration concernant le suicide des mineurs, sauf autorisation écrite du
Procureur de la République.
3. L’enregistrement, la transmission de l’image des audiences des cours et
tribunaux, sauf autorisation du Président du tribunal.

437. Pillage
Sous la dénomination de « pillages704 », le législateur rencontre deux
concepts. Le concept de pillages stricto sensu et celui des dégâts qui en
résultent. Par pillages, l’on entend tous les actes de dépouillement ou de
spoliation des denrées, marchandises ou autres effets appartenant soit à l’Etat,
704
Les pillages ont eu lieu à plusieurs reprises en République Démocratique du Congo. Les
premiers pillages datent des 23 et 24 septembre 1991, au début de la Conférence
Nationale Souveraine. Les principaux objectifs des pillards étaient manifestement les
magasins, les sociétés détentrices d’un matériel diversifié et tentateur. La deuxième
expérience se présenta le 23 janvier 1993. Outre les magasins, les institutions publiques et
les institutions religieuses étaient manifestement visées. Des couvents et des paroisses
furent notoirement pillés. La fureur se manifesta par des destructions volontaires et
méchantes : on cassait, on abimait, on rendait inutilisables mobiliers et habitations. Des cas
de viols furent constatés. La troisième vague de pillages s’est déclenchée dès novembre
1996, dans l’est et le Nord-est du pays. Elle s’est propagée, pendant plusieurs mois, dans
diverses régions. Refusant de combattre les rebelles et fuyant devant leur progression, les
Forces Armées Zaïroises détruisaient systématiquement et sauvagement les bâtiments ainsi
que les véhicules dont ils n’avaient pas besoin ou qui tombaient en panne. Les militaires
commençaient le pillage et une partie de la population suivait (Abbé Laurent May Muke,
Paul Delanaye cicm : Violence, non-violence et pillage, Commission Episcopale de
l’Education Chrétienne, 1998).
Catalogue des infractions 451

soit à d’autres personnes morales nationales ou étrangères, soit à des


particuliers. Les actes de pillages sont généralement accompagnés de violences
ou autres atteintes à l’intégrité physique des personnes et perpétrés par des
militaires en bandes ou non, des assimilés ou autres individus embarqués ou
non, etc. Ceux-ci sont en possession ou non des armes, à force ouverte etc.705
En outre, sont compris dans le mot « pillages » , les dégâts, c’est-à-dire les
dommages graves causés sur les denrées , marchandises ou autres effets. Il faut
également sous-entendre dans le concept de pillages, les bris des portes et
clôtures extérieures, perpétrés par les agents préqualifiés en tout temps sur le
territoire national ou à bord d’un aéronef ou navire battant pavillon congolais.

I. Eléments constitutifs
La réalisation de l’infraction de « pillages » requiert la réunion des
éléments essentiels.
a)L’existence des militaires ou individus embarqués en bandes, voire
des non militaires.
Il s’agit d’une bande armée mais aussi d’un groupe des hors-la loi qui,
même dépourvus des armes peuvent commettre des actes des pillages. Peu
importe le nombre des membres qui compose la bande, le nombre d’armes et
leur nature. Les personnes non militaires peuvent également participer aux
pillages soit par coactivité soit par complicité. Le législateur réprime les
individus non militaires qui participent aux pillages sur pied de l’alinéa 2 de
l’article 64 du code pénal militaire. Les civils et assimilés qui participent aux
pillages échappent à la rigueur de la loi militaire lorsqu’ils ne se sont pas servis
des armes de guerre.
b) L’élément matériel.
L’acte matériel consiste dans l’appropriation violente ou forcée ou
simplement dans la destruction collective du patrimoine de l’Etat, des
institutions publiques ou privées, ou du patrimoine des particuliers. Si
l’appréhension vise particulièrement les biens meubles, les dégâts, eux,
concernent tant les biens meubles que les biens immeubles, matériels ou
immatériels.

c)Les éléments intellectuels.


L’élément intellectuel est fondé sur deux volets. Primo, les pillages ne
sont punissables que lorsque les auteurs en assument la responsabilité morale,
fondée sur l’appartenance à autrui des biens visés par la loi. Secundo, il faut
l’existence d’une résolution criminelle pluralement mûrie.

705
Laurent MUTATA LUABA . , op. cit , p. 134.
452
Catalogue des infractions

II. Régime répressif

Les peines varient selon les circonstances de la perpétration des pillages


et le rôle joué par certains agents. Lorsque les pillages ne sont accompagnés
d’aucune circonstance aggravante, c’est-à-dire sans actes de violence, les
auteurs encourent une peine de servitude pénale principale dont le taux varie
entre dix et vingt ans706.
Par contre lorsque les pillages sont commis à l’aide des armes, par bris
des portes et clôtures extérieures, ou en usant des violences envers les
personnes, les auteurs seront punis de la servitude pénale à perpétuité. Si l’on
retrouve parmi les coupables un ou plusieurs instigateurs, un ou plusieurs
militaires supérieurs en grade, la peine de servitude pénale à perpétuité n’est
infligée qu’aux instigateurs et aux militaires les plus élevés en grade707. Bien
plus, la peine de mort sera infligée aux militaires, organisateurs des pillages,
appartenant à une ou plusieurs unités agissant de concert708. La plus haute
expression pénale est réservée aux militaires ayant perpétré les actes de pillage
par suite d’une entente préalable. La même peine capitale est prononcée à
l’endroit des délinquants ayant commis les pillages en temps de guerre ou dans
une région où l’état de siège ou d’urgence est proclamé ou à l’occasion d’une
opération de police tendant au maintien ou au rétablissement de l’ordre public.
Les juridictions militaires sont seules compétentes pour connaître des
actes de pillages en temps de paix ou en toute circonstance exceptionnelle.
Elles demeurent compétentes même lorsque les pillages sont commis avec la
participation des individus non militaires, c’est-à-dire les civils709.

438. Pires formes de travail des enfants


Les pires formes de travail des enfants sont interdites. Sont considérées, par
la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant à l’article 53,
comme pires formes de travail des enfants :
1. toutes les formes d’esclavage ou pratiques analogues, telles que la vente et la
traite des enfants, la servitude pour dettes et le servage ainsi que le travail
forcé ou obligatoire ;
2. le recrutement forcé ou obligatoire des enfants en vue de leur utilisation
dans les conflits armés ;
3. l’utilisation, le recrutement ou l’offre d’un enfant à des fins de prostitution,
de production de matériel pornographique, de spectacles pornographiques ;

706
Article 63 alinéa 2 du code pénal militaire.
707 er ème
Article 63 alinéa 1 et 3 du code pénal militaire.
708 er
Article 64 alinéa 1 du code pénal militaire.
709
Article 64 alinéa 2 du Code Pénal Militaire.
Catalogue des infractions 453

4. l’utilisation, le recrutement ou l’offre d’un enfant aux fins d’activités illicites,


notamment pour la production et le trafic des stupéfiants ;
5. les travaux qui, par leur nature et les conditions dans lesquelles ils
s’exercent, sont susceptibles de nuire à la santé, à la croissance, à la sécurité,
à l’épanouissement, à la dignité ou à la moralité de l’enfant.
Ces pires formes de travail de l’enfant sont érigées en infractions et assorties
des peines.L’intitulé « Protection pénale de l’enfant » en développe les régimes
juridiques et pénaux. Le lecteur pourra facilement s’y référer.

439. Police des étrangers710


Tout étranger qui veut entrer, séjourner et circuler en République
Démocratique du Congo doit se munir des documents requis. La police des
étrangers vérifie les conditions d’entrée, la régularité de séjour, le respect de la
législation en matière d’immigration. Elle applique les sanctions en cas de
violation de la législation. La législation prévoit les sanctions pénales et des
mesures de police qui sont le refoulement, l’expulsion, le renvoi, l’invitation à
quitter le pays.
Les sanctions pénales sont prévues par les articles 21 à 23 de
l’ordonnance-loi n°83-033 du 12 septembre 1983 relative à la Police des
étrangers. Elles (sanctions pénales et mesures de police) sont de stricte
interprétation et application. Tout étranger qui se soustrait à l’exécution d’une
décision d’expulsion ou qui expulsé aura pénétré de nouveau sans autorisation
spéciale du Président de la République, sera puni d’une servitude pénale de un
à six mois et d’une amende ou de l’une de ces peines seulement. A l’expiration
de la peine, l’étranger sera reconduit à la frontière.
L’étranger sous le régime d’expulsion qui est dans l’impossibilité de
quitter le pays sera astreint à résidence en un lieu déterminé. S’il quitte la
résidence qui lui est assignée sans autorisation ou ne la rejoint pas dans les
délais prescrits, il sera passible des peines citées ci-haut. Sera puni de trois mois
maximum de servitude pénale et d’amende ou d’une de ces peines seulement711
:
- tout étranger qui aura pénétré la République sans documents ni visas ;
- tout étranger auquel la carte de résidence aura été refusée ou retirée et qui
séjournera après l’expiration du délai qui lui aura été imparti ;
- tout étranger qui, sans excuse valable, aura omis de solliciter dans les délais
légaux, la délivrance d’une carte de résidence ;

710
Nous recommandons l’ouvrage de Philippe Kayumba N’kudi Sultan intitulé « Guide de
migration en R.D.C », 1ère édition, Editions « pro-justitia », Kinshasa 2000, pp 35-41.
711
Articles 21 à 23 de l’ordonnance-loi n° 83-033 du 1 2 septembre 1983 relative à la police
des étrangers.
454
Catalogue des infractions

- tout étranger porteur d’une carte de résidence ou d’un récépissé de demande


non valable ;
- toute personne qui, par aide directe ou indirecte, aura facilité ou tenté de
faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d’un étranger ;
- toute personne qui aura entravé l’accomplissement de leurs fonctions par les
agents de l’autorité agissant en exécution des prescriptions de l’ordonnance–
loi précitée ou de ses mesures d’exécution ;
- tout étranger qui aura refusé de présenter à toute réquisition des agents de
l’autorité les pièces et documents sous couvert desquels il est autorisé à
séjourner en République Démocratique du Congo.

440. Polyandrie
La polyandrie est aussi appelée l’usage commun d’une épouse. La
polyandrie est l’état d’une femme qui est engagée simultanément ou
successivement dans plusieurs unions conjugales. Dans le cas du mariage
coutumier enregistré ou du mariage célébré, le coupable sera poursuivi pour
bigamie712 .

I. Eléments constitutifs
L’infraction de polyandrie exige pour être établie l’existence de
plusieurs mariages, des faits réprimés et l’intention coupable.
a)Existence de plusieurs mariages
La polygamie est consommée lorsqu’il y a célébration simultanée ou
successive de plusieurs unions conjugales entraînant l’obligation de
cohabitation. Les unions concernées ici sont le mariage coutumier polygamique
et le mariage coutumier monogamique non inscrit. Elles doivent être
coutumièrement valables.
b)Différents faits réprimés
Les actes de polyandrie commis par ceux qui ont le droit de garde sur la
femme que les actes de polyandrie commis par toute personne sont réprimés.
Il pourra s’agir des faits et gestes tendant à placer une femme sous régime de la
polyandrie. Par exemple, réclamer, recevoir ou accepter sous l’emprise de la
coutume toute somme ou valeur à titre d’avance ou de paiement de dot. Sont
également réprimés les actes préparatoires à une union polyandrique ou à sa
consommation. Les personnes concernées sont celles qui ont la garde sur une
fille ou sur une femme. Par exemple, les parents, le chef de famille et tous ceux
dont l’intervention au mariage est requise. Celui qui ferait usage des droits qu’il
détiendrait en vertu de la coutume, par exemple le chef de village, de localité ou
de collectivité ou le chef coutumier est aussi concerné.

712
Article 408 du code de la famille.
Catalogue des infractions 455

En cas d’accomplissement de toute cérémonie coutumière en vue de la


polyandrie, sont concernés ceux qui ont organisé la cérémonie ou y ont
volontairement joué un rôle, à l’exclusion des simples assistants.
c) Intention coupable
L’intention coupable, pour que l’infraction de polyandrie se caractérise,
est requise. Ainsi donc, si la prévenue s’est crue libre, dans le cas de la femme,
ou si le prévenu a cru de bonne foi que la première union était dissoute ou
nulle il n’y a pas infraction de polyandrie.

II. Poursuites

Les époux eux-mêmes, toute personne qui a intérêt et le Ministère


public, du vivant de deux époux, peuvent exercer l’action713.
a)Texte légal.
L’ordonnance législative n°37/AIMO du 31 janvier 1974 autrefois en
vigueur a été abrogée par le code de la famille. De nos jours, les différentes
formes d’actes de polyandrie sont définies, prévues et sanctionnées par les
articles 410 à 414 du code de la famille.
b)Sanctions prévues par le législateur
Les infractions aux articles 410 à 412 sont punies de deux mois de
servitude pénale principale au maximum et d’une amende ou d’une de ces
peines seulement. Si l’infraction a été commise à l’aide de violences, ruses ou
menaces, ces peines seront doublées. Les chefs de localité et de collectivité
(autorités coutumières), ont l’obligation de dénoncer cette infraction. A défaut
de dénoncer, ils seront condamnés solidairement au paiement des amendes,
des frais et des dommages intérêts résultant des condamnations prononcées714
(art 414 du code de la famille).

441. Pornographie
Les images obscènes à caractère sexuel mettent en scène soit des enfants
(pornographie infantile) soit des adultes (pornographie des adultes). Sont
devenues monnaie courante les poses intentionnellement sexuelles ou
provocantes et les poses érotiquement explicites (axées sur les parties
génitales). Diverses images sexuelles auxquelles a accès le public expriment la
douleur ou mettent en cause des animaux. Des films pornographiques, des
photographies représentant des personnes nues ou entrain de faire l’amour,
c’est-à-dire d’avoir des relations sexuelles sont de plus en plus fréquentes et
nombreuses. Toutes ces répresentations deviennent monnaie courante et

713
Article 415 du code de la famille.
714
Article 414 du code de la famille.
456
Catalogue des infractions

corrompent les mœurs. Le législateur congolais n’est pas demeuré en reste, il


englobe et sanctionne ces faits sous l’incrimination d’outrage aux bonnes
mœurs par écrits ou objets quelconques.

I. Eléments constitutifs

La pornographie, pour être punissable, requiert des actes spécifiques et


l’élément moral.
a) Les actes incriminés
1) L’exposition, la vente et la distribution ; la mise à la disposition de celui qui
désire se le procurer ;
2) La détention, la distribution, l’importation, le transport, et l’annonce en vue
du commerce ;
3) L’impression, la reproduction et la fabrication (l’auteur de l’objet est puni
aussi bien que l’imprimeur, le reproducteur ou le fabricant). Il a été jugé que
l’infraction d’outrage aux bonnes mœurs par exhibition d’images et par
actions est établie dans le chef de celui qui produit en public, à l’aide
d’appareils spéciaux et d’images reproduisant les organes génitaux de la
femme, des démonstrations de nature à troubler l’imagination des victimes
et à les pousser au dévergondage715 .
b) L’élément légal
L’ordonnance-loi 79-007 de juillet 1979 et les arrêtés du 1er janvier 1975 du
Commissaire d’Etat à l’Orientation Nationale définissent et répriment la
pornographie.
c) L’élément moral
Il n’est pas exigé que l’agent soit mû par le désir ou la volonté d’outrager les
mœurs. Il suffit que, connaissant le caractère obscène de l’acte incriminé, il le
pose néanmoins716 . Toutefois en raison des circonstances dans lesquelles l’acte
incriminé a été commis en l’occurrence lors de certaines cérémonies
coutumières, par exemple les cérémonies accompagnant la naissance des
jumeaux, l’agent ne sera pas puni717 .

II. Régime répressif

1° L’ordonnance-loi 79-007 de juillet 1979 punit de huit jours à un an de


servitude pénale et d’une amende ou d’une de ces peines seulement celui qui
sera reconnu coupable d’avoir exposé, vendu ou distribué des objets contraires
aux bonnes mœurs.

715
Mineur. , op. cit . , p. 369.
716
C.S.J. ,16 octobre 1979, cité par LIKULIA BOLONGO. , op. ci t . , p. 353.
717
LIKULIA BOLONGO. , op. ci t. , p. 354.
Catalogue des infractions 457

Sera puni des mêmes peines, celui qui en vue du commerce ou de la


distribution aura détenu des objets contraires aux bonnes mœurs. Il en est de
même de la personne qui les a importé, fait importer, remis à un agent de
transport ou de distribution. Celui qui aura annoncé par un moyen quelconque
de publicité des objets contraires aux bonnes mœurs subira les identiques
peines. Les mêmes peines s’appliqueront à celui qui se rendra coupable d’avoir
chanté, lu, récité, fait entendre ou proféré des obscénités dans des réunions ou
dans des lieux publics.
La loi a aggravé la situation de l’auteur, de l’imprimeur, du reproducteur et
du fabricant de l’objet obscène. Il sera puni d’une servitude pénale d’un mois à
un an et d’une amende ou d’une de ces peines seulement.

442. Pornographie mettant en scène des enfants


a) Base légale et définition
L’incrimination de pornographie mettant en scène des enfants relève de
l’article 174 du code pénal congolais tel que modifié et complété par la loi n°
06/018 du 20 juillet 2006. Elle est définie comme le fait de représenter par
quelque moyen que ce soit un enfant s’adonnant à des activités sexuelles
explicites, réelles ou simulées ou toute représentation des organes sexuels d’un
enfant à des fins principalement sexuelles.
b) De la répression de l’infraction de pornographie mettant en scène
des enfants
L’article 174m ci-haut cité réprime cette infraction. En tant
qu’infraction relevant des violences sexuelles, sa répression a été renforcée par
le biais de la loi n° 06/019 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le Décret
du 06 août 1959 portant code de procédure pénale. Elle a été aussi renforcée
par les articles 179 et 180 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant
protection de l’enfant.
La sanction qu’encourt l’auteur de cette incrimination est d’une
servitude pénale de cinq à dix ans et d’une amende de cent cinquante mille
francs congolais constants718. Sont actes de pornographie mettant en scène des
enfants la production, la distribution, la diffusion, l’importation, l’exportation,
l’offre, la disponibilisation, la vente, le fait de se procurer ou de procurer à
autrui, de posséder tout matériel pornographique mettant en scène un enfant.
Ces actes sont punis de cinq à quinze ans de servitude pénale principale et
d’une amende de deux cents mille à un million de francs congolais outre la
confiscation719.

718
Article 174 du code pénal tel que modifié et complété par la loi n° 06/019 du 20 juillet
2006.
719
Article 179 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.
458
Catalogue des infractions

L’exposition de l’enfant à la pornographie sous toutes ses formes est


punie de cinq à vingt ans de servitude pénale principale et d’une amende de un
million de francs congolais, stipule l’article 180 de la loi sus- évoquée.
c) Tribunal compétent et prescription de l’action publique
La pornographie mettant en scène des enfants est réprimée au-delà de
cinq ans de servitude pénale. Elle est de la compétence du tribunal de grande
instance. A cet égard, la prescription de l’action publique relative à cette
infraction est décennale.

443. Port illégal des décorations


Le port illégal des décorations est le fait de porter publiquement une
décoration, un ruban ou autres insignes d’un ordre auquel on n’appartient pas,
en l’occurrence un ordre d’une puissance publique.

I. Eléments constitutifs

Les éléments matériels suffisent à constituer l’infraction de port illégal des


décorations, car il n’est requis aucun élément moral.
1. Port apparent et public. Avoir un insigne en poche ou le porter en toute
intimité ne constitue pas l’infraction de port illégal des décorations;
2. Port de l’insigne, par exemple une barrette, un ruban, une croix, etc.
3. Port d’un ordre. Toutes les distinctions honorifiques conférées par la
puissance publique congolaise (RDC) ou étrangère. Les médailles ou
insignes institués par les organismes privés ne sont pas concernés ;
4. L’insigne ou l’ordre n’appartient pas à celui qui le porte. Sont visés ceux à
qui l’ordre n’a pas été décerné, et ceux qui portent l’insigne d’un grade
supérieur à celui qui leur a été conféré.

II. Poursuites

L’infraction de port illégal des décorations est définie par l’article 123 bis
du code pénal livre II. Cette disposition légale punit de sept jours au maximum
et d’amende ou d’une de ces peines l’auteur du port illégal de décoration. Le
tribunal de paix est compétent pour juger cette infraction. L’infraction de port
illégal des décorations est prescriptible dans un délai d’une année.

444. Poudres et Explosifs

La fabrication, le dépôt, le débit, le transport, le mode d’emploi, la


détention et le port de poudres ordinaires, de toutes autres substances
explosives et d’engins meurtriers agissant par explosion sont réglés par des
Catalogue des infractions 459

mesures nécessaires dans l’intérêt de la sécurité publique. Les poudres et


explosifs peuvent être subordonnés à autorisation. Les autorisations existantes
peuvent être révoquées. Le défaut d’autorisation ou l’inobservation des
prescriptions réglementaires sont punis.
Les articles 1, 2 et 3 du Décret du 03 juin 1973 portant législation relative
aux poudres ordinaires, aux substances explosives et aux engins meurtriers
agissant par explosion sont les dispositions légales répressives. Ils punissent
d’une servitude pénale de quinze jours à deux ans et d’une amende ou d’une de
ces peines tout individu, qui, sans y être légalement autorisé, aura fabriqué,
débité, ou distribué de la poudre ou toute autre substance explosive ou aura
détenu une quantité quelconque.
Lorsqu’il y a eu pour conséquence la mort d’une personne, le coupable
sera puni d’une servitude pénale d’un mois à cinq ans et d’une amende ou
d’une de ces peines seulement (article 2). L’article 3 du même décret punit
d’une servitude pénale de deux mois à dix ans et d’une amende ou d’une de ces
peines si la fabrication, le dépôt, le débit, le transport, l’emploi, la détention et
le port des poudres, de toutes autres substances explosives et d’engins
meurtriers agissant par explosion ont eu lieu dans l’intention de commettre ou
de faire commettre une infraction.
La détention sans autorisation et sans motifs légitimes de dynamite tombe
sous le coup de ce texte. Les substances ou engins saisis seront confisqués et
pourront être détruits.

445. Pratiques barbares


Voir mutilation de cadavre, actes d’anthropophagie et épreuves
superstitieuses, n°s 371, 24, 32, 227.

446. Pratiques d’associations confessionnelles non


dotées de personnalité juridique

En République Démocratique du Congo, il n’y a pas de religion d’Etat. La


liberté de pensée, de conscience et de religion est garantie à tous. Chaque
personne a le droit de manifester sa religion ou ses convictions par le culte,
l’enseignement, les pratiques, l’accomplissement des rites et l’état de vie
religieuse sans préjudice de l’ordre public et de bonnes mœurs. Les associations
confessionnelles sont constituées sous forme d’association sans but lucratif
dotée de la personnalité juridique. Les lieux de culte ou de pratique religieuse
doivent répondre à certaines normes de sécurité et de commodité. Ils doivent
en outre garantir la quiétude des populations environnantes.
460
Catalogue des infractions

En cas de menace de la sécurité intérieure ou extérieure de l’Etat, le


Ministre de la Justice peut suspendre par voie d’arrêté, toute activité ou
l’association. La suspension est d’une durée ne dépassant pas deux mois. S’il
estime après enquête que la reprise de l’activité par l’association confessionnelle
est nuisible à la sécurité de l’Etat, le Ministre de la justice donne injonction au
Ministère public de saisir le tribunal de grande instance en vue d’obtenir la
dissolution de l’association.
En cas de conflit menaçant l’ordre public au sein de l’association
confession-nelle le Ministre de la Justice peut suspendre par voie d’arrêté
motivé toute activité ou l’association concernée jusqu’au règlement dudit
conflit. Certaines pratiques d’associations confessionnelles non dotées de
personnalité juridique ou sans autorisation provisoire de fonctionnement
contraires à la loi peuvent être constitutives d’infractions.

a) Texte légal
La loi 004-2001 du 20 juillet 2001 portant dispositions générales
applicables aux associations sans but lucratif et aux établissements d’utilité
publique (section II, de l’exercice des cultes) en ses articles 46 à 56 est le texte
en vigueur. Notons que sous l’ancienne loi, (l’ordonnance – loi n°79/002 du 03
janvier 1979) était réprimée la pratique des sectes religieuses prohibées ou non
dotées de personnalité juridique au Zaïre. La peine a encourir était de cinq à dix
ans de servitude pénale principale et l’amende ou l’une de ces peines
seulement, en cas de reconstitution des sectes prohibées ou dissoutes. Etaient
punis de deux mois de servitude pénale principale au maximum ou de l’amende
seulement ceux qui reprêchent au nom d’une religion non reconnue.

b) De nos jours quels sont les faits répréhensibles et les sanctions


pénales prévues ?
La perception des dons, présents, legs ou aumônes au nom d’une
association confessionnelle non dotée de personnalité juridique ou
d’autorisation provisoire de fonctionnement est infractionnelle720 . Cette
pratique illégale est punie de deux ans au maximum et d’une amende ou l’une
de ces peines seulement.
Le fait de relancer les activités d’une association confessionnelle
suspendue est puni721 . La peine à subir par l’auteur est d’une année maximum
et d’une amende ou une de ces peines seulement. Le fait de participer au
maintien ou à la reconstitution d’une association confessionnelle dissoute722 est

720
Article 55 de la loi n° 004-2001 du 20 juillet 2001.
721
Article 56 alinéa 2 de la loi n° 004-2001 du 20 juil let 2001.
722
Article 56 alinéa 2 de la loi n° 004-2001 du 20 juil let 2001.
Catalogue des infractions 461

prohibé. La sanction est d’une année à deux ans et d’une amende ou d’une de
ces peines seulement.
En cas de récidive, les peines prévues seront doublées. Il est à préciser
que le juge peut condamner un coupable d’une infraction donnée tout en
conditionnant l’exécution de la peine723 .

447. Pratiques d’associations confessionnelles


sans autorisation provisoire de fonctionnement
Voir pratiques d’associations confessionnelles non dotées de personnalité
juridique, n° 447.

448. Pratiques des prix illicites


Voir prix, n° 457-9.

723
Il s’agit là de la condamnation conditionnelle ou sursis. Elle est réglementée par
l’article 42 du code pénal. Elle dispense de l’exécution de la servitude pénale. La
condamnation conditionnelle est inapplicable à l’amende, aux peines complémentaires ou
aux mesures de sureté. L’octroi du sursis est soumis à deux conditions : Il faut que la peine
de servitude pénale prononcée soit égale ou inférieure à un an et ensuite que le condamné
n’ait pas encouru dans le passé une condamnation de servitude pénale, même d’un jour,
pour une infraction punissable de plus de deux mois. La condamnation conditionnelle est
facultative. Elle est une faveur que le juge accorde discrétionnairement au condamné. Ceci
veut dire que même lorsque les conditions légales sont réunies, le juge peut refuser
d’accorder le sursis, sans devoir se justifier. Par contre, lorsque la condamnation
conditionnelle est accordée, elle doit être motivée.
Pendant la durée d’épreuve qui ne dépassera pas cinq ans, si le condamné avec sursis n’a
encouru aucune condamnation nouvelle grave, c’est-à-dire pour infractions punissables de
plus de deux mois, la dispense de l’exécution de la peine sera définitive. La condamnation
avec sursis n’efface pas la condamnation. Elle est à considérer comme un des termes de la
récidive.
Lorsque, pendant le délai d’épreuve fixé par le juge, le délinquant a encouru une
condamnation pour une infraction grave, le sursis sera révoqué de plein droit, et la
condamnation ancienne pour laquelle il avait bénéficié du sursis sera exécutée en cumul
avec la condamnation nouvelle. Les auteurs de détournement, de concussion et de
corruption sont exclus du bénéfice de la condamnation conditionnelle (Loi n° 73-017 du 05
janvier 1973).
462
Catalogue des infractions

449. Pratiques des sectes religieuses prohibées ou


non dotées de personnalité juridique au zaïre.
Voir pratiques d’associations confessionnelles non dotées de personnalité
juridique, n°447.

450. Pratiques illégales des partis politiques

Le pluralisme politique est reconnu en République Démocratique du


Congo.Tout congolais jouissant de ses droits civils et politiques a le droit de
créer un parti politique ou de s’affilier à un parti de son choix724. Le
regroupement politique et la fusion des partis sont garantis et autorisés. Les
actes illégaux et les violations de la législation en matière de pluralisme
politique, de partis politiques peuvent être constitutifs d’infractions.
La loi n° 04/ 002 du 15 mars 2004 portant organisation et
fonctionnement des partis politiques est le texte en vigueur. Cette loi a
supprimé le barème des sanctions autrefois prévues par l’ancienne loi. L’auteur
d’actes infractionnels dans le cadre de création, du fonctionnement et de
l’administration des partis politiques sera puni conformément au droit
commun. C’est-à-dire selon la nature et les effets de son comportement
délictueux.
Aux termes de l’article 6, sous peines de dissolution, toute activité à
caractère militaire, paramilitaire ou assimilée, sous quelque forme que ce soit,
est strictement interdite aux partis politiques. Tout dirigeant de parti politique
qui viole les dispositions de cet article 6 sera puni des peines prévues par la loi
pour atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat.

451. Présence des mineurs dans les bars


Les enfants ne sont pas admis dans les bars. Ils y risquent leur santé et
leur moralité. Pour ces raisons, le législateur congolais responsabilise
pénalement le tenancier d’un bar qui admettrait des enfants à fréquenter son
bar. L’infraction de présence des mineurs dans les bars sera établie lorsqu’il
s’agit d’un bar où l’on débite des boissons alcoolisées, quand le tenancier y a
admis des mineurs de moins de dix-huit ans et lorsque ces mineurs ne sont pas
accompagnés de leurs parents.
Le texte légal est l’Ordonnance-loi n°68/010 du 06 janvier 1968 portant
droit de consommation et régime des boissons alcooliques. Sans préjudice de la
suspension ou du retrait de la licence (sanction administrative), l’auteur de cette

724 er ème
Article 6 alinéa 1 er 2 de la constitution du 18 février 2006.
Catalogue des infractions 463

infraction subira une servitude pénale de huit jours à un an (art. 51). Il est
interdit également de mettre au travail des mineurs de moins de dix-huit ans
dans des établissements débitant des boissons alcoolisées725. La sanction est
une peine d’amende.
Lorsque la présence du mineur dans le bar a été l’occasion d’une
infraction grave, la peine la plus sévère sera appliquée. Le tenancier du bar peut
être poursuivi pour complicité.

452. Prêt à intérêts excessifs


Voir usure, n° 561.

453. Prise à partie

La prise à partie n’est pas une infraction. Elle est un mode exceptionnel
de recours à l’instar de la tierce opposition et de la requête civile. En effet, le
législateur a mis à la disposition du justiciable un certain nombre de
mécanismes pour le rassurer et pour qu’il ait toujours confiance en la justice.
La prise à partie et la récusation visent le magistrat. Le renvoi pour cause de
sûreté publique ou de suspicion légitime concerne la juridiction appelée à
trancher.
En droit congolais, la prise à partie est entendue comme une action en
dommage-intérêt au titre du préjudice causé au justiciable par des magistrats,
du chef de certaines fautes définies par la loi726. La procédure de la prise à
partie est organisée par les articles 58 à 67 de l’ordonnance-loi n°82-017 du 31
mars 1982 relative à la procédure devant la Cour Suprême de Justice. Elle
rentre parmi les compétences spéciales de cette cour727 .
L’article 58 de l’ordonnance – loi n°82-017 du 31 mars 1982 prévoit deux
conditions pour l’ouverture de la prise à partie à charge d’un magistrat :
1. il doit y avoir eu dol ou concussion commis soit dans le cours de
l’instruction, soit lors de la décision rendue ;
2. en cas de déni de justice.
Cependant, préalablement à la saisine de la cour, quiconque souhaite
prendre à partie un magistrat est tenu d’obtenir l’autorisation « préalable d’un
président de la cour ».
La cour est saisie à cet effet, au moyen d’une requête. Elle se prononce en
rejetant la requête ou en autorisant la poursuite du magistrat incriminé par une
ordonnance. Si la requête est admise, elle sera signifiée au magistrat pris à
725
Arrêté du Ministre du travail n° 68/13 tel que modi fié à ces jours.
726
A. Rubbens . , op. cit . , p. 248.
727
Article 155 du Code de l’Organisation et de la Compétence Judiciaires.
464
Catalogue des infractions

partie. Celui-ci qui sera tenu de fournir ses moyens de défenses dans les quinze
jours de la notification. L’action en prise à partie a des conséquences
certaines :
1. Le magistrat poursuivi peut être condamné à des dommages – intérêts.
L’ordonnance-loi du 31 mars en son article 66 dispose que « l’Etat est
civilement responsable des condamnations aux dommages-intérêts
prononcés à charge du magistrat ».
2. A contrario, l’article 67 de la même ordonnance-loi dispose que « le
demandeur qui aura poursuivi la prise à partie devant la Cour avec mauvaise
foi ou légèreté pourra être condamné d’office à une amende qui ne
dépassera pas mille Zaïre ».Le magistrat pris à partie par une action
téméraire et vexatoire, toujours conformément à la même disposition,
détient le droit de postuler reconventionnellement la condamnation du
demandeur à des dommages-intérêts.
3. Le recours aux prescrits de l’article 61 de l’ordonnance-loi dont question
démontre que la loi ouvre également la voie indirectement à une autre
sanction pouvant être prononcée par la Cour, en cas de fondement du
pourvoi en prise à partie : l’annulation des arrêts ou jugements,
ordonnances, procès-verbaux ou autres attaqués.
Il est de jurisprudence que l’action en prise à partie doit être déclarée non
fondée si la partie requérante ne prouve pas que le magistrat mis en cause a
adopté au cours de l’instruction de la cause ou lors de la décision un
comportement coupable d’où il résulterait un acte de malice ou l’intention de
nuire728 . L’action reconventionnelle du magistrat pris à partie doit être rejetée si
la partie requérante n’a pas agi avec légèreté ni mauvaise foi729 .

454. Prise à son service d’une personne


recherchée pour évasion
Voir Evasion de détenus, n° 236.

455. Prise d’otage


La prise d’otage est une infraction grave portant atteinte par action aux
personnes. Elle constitue un crime contre l’humanité, réprimé conformément
aux dispositions du code pénal militaire. Le texte légal est l’article 166 du code
pénal militaire. Ce texte détermine la prise d’otages comme une des infractions
constitutives de crimes contre l’humanité.

728
C.S.J. , R.P 4, 30 novembre 1983 in Dibunda . , op. cit. , p.183.

729
Idem, p.3.
Catalogue des infractions 465

I. Eléments constitutifs de l’infraction de prise d’otages

La convention du 09 décembre 1948 pour la prévention et la répression du


génocide730 et le règlement du 10 septembre 2002 relatif aux éléments de crime
donnent les éléments pour aider à interpréter. Au titre des éléments de la prise
d’otages, l’article 8 2) a)vii cite :
- L’auteur s’est emparé, a détenu ou autrement pris en otage une ou plusieurs
personnes ;
- L’auteur a menacé de tuer, blesser ou continuer à maintenir en détention
ladite ou lesdites personnes ;
- L’auteur avait l’intention de contraindre un Etat, une organisation
internationale, une personne physique ou morale ou un groupe de
personnes à agir ou à s’abstenir d’agir en subordonnant expressément ou
implicitement la sécurité ou la mise en liberté de ladite personne ou desdites
personnes à une telle action ou abstention.

II. Régime répressif

A l’instar de toutes les autres infractions constitutives de crimes contre


l’humanité, la prise d’otages est punie de servitude pénale à perpétuité (article
167 du code pénal militaire). Si elle entraîne la mort ou cause une atteinte grave
à l’intégrité physique ou à la santé d’une ou de plusieurs personnes, les auteurs
sont passibles de la peine de mort (article 167 alinéa 2).

456. Privation d’un enfant de sa capacité


biologique de procréer
Voir protection pénale d’un enfant après sa naissance, n° 467-39.

457. Prix
En matière de réglementation des prix, le texte en vigueur demeure le
décret –loi du 20 mars 1961731. Il y a lieu de mentionner aussi les différents
arrêtés ministériels portant mesures d’exécution de ce décret-loi. L’arrêté n°
003/CAB/MINECI/2001 du 12 janvier 2001 portant fixation du barème des
sanctions économiques est celui actuellement en vigueur.

730
Journal officiel. n° spécial, avril 1999, p. 55. C ette convention a été approuvée par la
République Démocratique du Congo par la loi du 26 juin 1951, article unique (B.O., 1952, p.
2348).
731
Les codes Larcier République Démocratique du Congo, tome III, volume 2, Larcier-
Afrique Editions 2003, p. 802.
466
Catalogue des infractions

I. Poursuites
Les agents des affaires économiques commissionnés recherchent et
constatent les infractions en matière des prix. Ils ont qualité d’officier de police
judiciaire. A cet égard ils peuvent dans leurs missions :
1° pénétrer entre 9 heures et 21 heures dans les dépôts, entrepôts privés,
publics, usines, magasins, débits et en général en tous lieux ou des produits
sont détenus à des fins industrielles, commerciales ou spéculatives, exposés
ou mis en vente.
Si les lieux sont ouverts au public, ils peuvent y pénétrer même en dehors
des heures fixées ci-dessus (article 26).
2° se faire produire à première réquisition ou rechercher tous documents,
pièces ou livres utiles à l’accomplissement de leur mission, notamment les
documents officiels, les documents de transport, les correspondances et
livres commerciaux.

II. Infractions proprement dites

1. Commerce triangulaire
Intervenir dans la distribution de produits exige que soient remplies la
double condition de s’approvisionner directement chez le producteur ou
l’importateur(a) et de vendre directement aux consommateurs(b). L’article 14
du décret-loi du 20 mars 1961 portant réglementation des prix constitue en
infraction la pratique du commerce sans remplir la double condition (le
commerce triangulaire). Le même décret fixe la sanction d’une servitude pénale
de six mois maximum et une amende ou l’une de ces peines. S’agissant de
l’amende, l’arrêté ministériel n° 003/cab/minec/2001 du 12 janvier 2001
portant fixation du barème des sanctions économiques (Ministère de
l’Economie, Commerce et Industrie), la fixe entre 1.600.000 à 6.400.000 Francs
Congolais.

2. Entraves volontaires à l’exercice des agents commissionnés


Les agents des affires économiques sont investis d’une mission
spécifique. Tout empêchement visant à porter atteinte à leur mission ou à
l’exercice de leurs fonctions est constitutif d’infraction. C’est l’infraction
d’entrave volontaire à l’exercice des agents commissionnés. L’infraction
d’entraves volontaires à l’exercice des agents commissionnés est une infraction
à caractère économique. Elle est prévue et définie par le décret du 20 mars
1961,en l’article 16. Les actes prohibés sont principalement le refus de fournir
les renseignements, le refus de communiquer les documents demandés et de
fournir sciemment des renseignements ou des documents inexacts.
L’article 14 du décret précité punit cette entrave de six mois de
servitude pénale au maximum et d’une amende ou l’une de ces peines
seulement. L’arrêté ministériel n°003/CAB/MINEC/2001 du 12 janvier 2001
Catalogue des infractions 467

portant fixation du barème des sanctions économiques, en son annexe, fixe


cette amende entre 80.000 à 1.600.000 Francs congolais.

3. Détention et rétention des stocks


Les non commerçants, non industriels, non producteurs agricoles ou
artisans sont interdits de détenir en vue de la vente un stock de produits1. Il
n’est pas permis aux commerçants, industriels, producteurs agricoles et artisans
de détenir en vue de la vente des produits étrangers à leur commerce, industrie,
exploitation ou métier. Il peut s’agir de stock de produits non justifié par les
besoins de l’exploitation et dont l’importance excède manifestement les
besoins de l’approvisionnement familial1.
La rétention de stock consiste au fait de différer la mise en œuvre des
matières premières, des produits semi-finis ou de conserver un stock de
produits destinés à la vente supérieur au stock normal2. Les infractions de
détention et rétention des stocks sont définies par les articles 10, 12 et 13 du
décret du 20 mars 1961. Elles sont punies soit de 320.000 à 1.600.000 Francs
congolais3, soit d’un maximum de trois mois de servitude pénale4.

4. Fraude et restriction à la production et à la libre circulation


des produits.
Les infractions de fraude et restriction à la production et à la libre
circulation des produits trouvent fondement dans l’article 15 du décret–loi.
Elles sont punies soit de 800.000 à 6.400.000 francs congolais, soit de quinze
jours à trois ans de servitude pénale.

5. Hausse ou baisse des prix


La hausse ou la baisse des prix est réprimée. Elle est réprimée du
fait des interdictions ou conventions ayant pour objet de déterminer les prix
minima ou maxima de vente. La hausse ou la baisse des prix porte des
restrictions à la production et à la libre circulation des produits. La hausse et la
baisse des prix constituent des moyens frauduleux.
Les infractions de hausse ou de baisse des prix sont prévues par l’article
15 du décret loi du 20 mars 1961. Elles sont punies soit de quinze jours à trois
ans de servitude pénale, soit de 800.000 à 6.400.000 Francs congolais. Ces
peines sont issues de l’arrêté du Ministre de l’Economie, Commerce et
Industrie n° 003/CAB/MINEC/2001 du 12 janvier 2001 portant fixation du
barème des sanctions économiques.

1
Article 10 du décret-loi du 20 mars 1961.
1
Article 12 du décret-loi du 20 mars 1961 portant réglementation des prix.
2
Article 13 du décret-loi du 20 mars 1961 portant réglementation des prix.
3
Arrêté ministériel 003/CAB/MINEC/2001 du 12 janvier 2001 portant fixation du barème des
sanctions économiques , Ministère de l’Economie, Commerce et Industrie.
4
Article 20 du décret-loi du 20 mars 1961 portant réglementation des prix.
468
Catalogue des infractions

6. Non respect de la détermination du tarif horaire de la main


d’œuvre dans les garages
Le délit de non respect de la détermination du tarif horaire de la main
d’œuvre dans les garages est logé dans le décret- loi du 20 mars 1961. Il est
aussi prévu par l’arrêté ministériel 037/ MENIC/ CAB/ 91 du 31 décembre
1991. L’article 10 de l’arrêté réglemente le calcul du prix de vente et
l’approvisionnement en pièces détachées et accessoires pour véhicules
automobiles, le calcul du prix de vente des véhicules importés et la
détermination du taux horaire des garages. Les sanctions sont celles de l’article
15 du décret-loi précité.

7. Non respect du calcul du prix de vente des véhicules


importés
Deux textes déterminent cette entrave. Il s’agit du décret-loi portant
réglementation des prix et de l’Arrêté Ministériel 017/CAB/MENI PME/96
du 1er juillet 1996 portant mesures d’exécution. Ces deux textes définissent et
répriment cette infraction. Les peines de l’article 15 du décret-loi susvisé sont
celles à subir par le contrevenant.

8. Non respect du calcul du prix de vente et approvisionnement


en pièces détachées et accessoires pour véhicules automobiles
La prévention a son siège dans le décret-loi de 1961 et dans l’arrêté
037/MENIC/CAB/91 du 31 décembre 1991 du Ministère de l’Economie et
Industrie. Elle est sanctionnée à l’article 15 du même décret-loi.

9. Pratique des prix illicites


Est considéré comme prix illicite le prix supérieur au prix limite ou aux
prix fixés, le prix inférieur au prix minimum, le prix maintenu à son niveau
précédent alors qu’il aurait dû faire l’objet d’une diminution en vertu d’une
décision. L’infraction de pratique des prix illicites peut être retenue sur base
des prix établis suivant une étude du marché faite avant l’ouverture de
l’instruction judiciaire1
Les infractions de pratique des prix illicites sont prévues et définies par
les articles 5 et 6 du décret loi du 20 mars 1961. L’article 15 du décret
sanctionne l’auteur de ces infractions de quinze mois à trois ans de servitude
pénale et d’une amende ou d’une de ces peines seulement. L’amende a été fixée
par l’Arrêté Ministériel n°003/CAB/MINEC/2001 du 12 janvier 2001 portant
fixation du barème des sanctions économiques de 800.000 à 6.400.000 FC. Le
législateur a en outre prévu2 que le tribunal pourra en plus de la peine :

1
C.S.J. , RP 2O/CR, 15 août 1979, RJZ 1979, p. 56, Bull. 1984, p. 194. Cité par DIBUNDA
KABUINJI. , op. cit . , p. 178.
2
Article 22 du décret –loi portant réglementation des prix.
Catalogue des infractions 469

1° condamner le contrevenant à payer une somme correspondant au bénéfice


indûment réalisé ou à la hausse illicite des prix ;
2° prononcer la fermeture de l’établissement pour une durée n’excédant pas six
mois ;
3° ordonner que la décision de condamnation soit publiée intégralement ou
par extrait aux frais du condamné dans les journaux qu’il désigne.
Toute infraction aux dispositions d’un jugement prononçant la fermeture
est punie d’une servitude pénale de trois mois à un an et d’une amende.

10. Publicité des prix


La publicité des prix est assurée, à l’égard du consommateur, par voie
de marquage, étiquetage, affichage, ou par tout autre procédé. Les factures
d’achat doivent porter les mentions prescrites. Elles mentionnent le montant
du prix ou de la majoration autorisée. La base légale de l’infraction à la
publicité des prix est le décret du 20 mars 1961. Il faut en outre considérer les
Arrêtés AE / 02 du 24 janvier 1963 et 003/CAB/MINEC/2001 du 12 janvier
2001 portant fixation du barème des sanctions économiques.
Sont constitutifs d’infractions à la publicité des prix le ou la :
- non affichage du prix des produits exposés ou offerts en vente ;
- non-conformité de la facture ;
- non établissement et non remise à l’acheteur ou au client d’une facture
détaillée pour :
a) toute vente en gros ;
b) toute vente en détail et toute prestation d’une valeur dépassant 500
zaïres, sauf dispense du client ;
c) toute prestation d’hôtel.
- non publication du tarif des prestations offertes au public (excepté la
profession libérale) etc.
Ces infractions sont sanctionnées de quinze jours de servitude pénale
maximum et d’une amende ou d’une de ces peines. L’Arrêté Ministériel portant
fixation du barème des sanctions économiques prévoit l’amende de 80.000 à
1.600.000 Francs congolais.

11. Refus de satisfaire aux demandes des acheteurs, vente


concomitante.
L’infraction de refus de satisfaire aux demandes des acheteurs est prévue
par les articles 9 et 19 du décret- loi. Elle est réprimée par l’article 14. La
sanction est soit de 800.000 à 3.200.000 francs congolais, soit de six mois de
servitude pénale. Pour plus amples détails, voir aussi l’infraction de refus de
vendre.
470
Catalogue des infractions

12. Tenue du registre des produits, factures et autres livres.


Le manquement à cette obligation constitue une infraction. Elle est
prévue par les articles 8 et 19 du décret-loi. La non tenue du registre des
produits, factures et autres livres est sanctionnée par l’article 14 du décret. La
peine est soit de 800.000 à 3.200.000 francs congolais soit de six mois de
servitude pénale.

13. Vente ou exposition en vente des marchandises ou produits


importés sur les marchés de la ville de Kinshasa sans facture
d’achat en provenance du pays d’origine ou d’un intermédiaire
Ce délit est prévu à l’article 1er de l’arrêté 441/019/61 du 13 juin 1961
fixant les modalités de vente de toutes marchandises ou produits d’importation
sur les marchés de la ville de Kinshasa (Ministère de l’Economie). Il est puni
aux articles 7 et 18 du Décret-loi précité, soit d’amende, soit de quinze jours au
maximum de servitude pénale.
Les infractions à la réglementation des prix telles que nous venons de les
énumérer relèvent de la législation et de la réglementation économique et
commerciale. Elles sont de la compétence des tribunaux de commerce1.

458. Profits tirés de la prostitution


Voir prostitution, n° 463.

459. Propagande anticonceptionnelle


La propagande anticonceptionnelle est aussi appelée propagande
antinataliste ou propagande en faveur de l’avortement. En instituant
l’infraction, le législateur entend protéger la vie humaine en gestation. Il
réprime à cet effet tout acte de nature à empêcher la conception. Ainsi sera
puni celui qui aura :
1. préconisé l’emploi des moyens quelconques de faire avorter une femme ou
aura fourni les indications sur les moyens de se procurer ou de s’en servir
ou aura fait connaître les personnes qui les appliquent ;
2. exposé, vendu, distribué, fabriqué ou fait fabriquer, fait transporter ou remis
à un agent de transport les drogues ou engins destinés spécialement à faire
avorter une femme ;
3. exposé ou distribué des objets destinés spécialement à empêcher la
conception et aura fait la réclame pour en favoriser la vente ;
4. favorisé dans un but de lucre les passions d’autrui en exposant, vendant ou
distribuant des écrits, imprimés ou non qui divulguent les moyens
d’empêcher la conception et en préconisant ou en fournissant les
indications sur la manière de se les procurer ou de s’en servir ;

1
Article 17 de la loi du 03 juillet 2001.
Catalogue des infractions 471

5. en vue du commerce ou de la distribution, fabriqué, fait fabriquer, fait


importer, fait transporter, remis à un agent de transport ou de distribution,
des écrits qui divulguent des moyens d’empêcher la conception.
Le texte légal est l’article 178 du code pénal congolais livre II. La
propagande anticonceptionnelle est punie de huit jours à un an de servitude
pénale principale et d’amende ou de l’une de ces peines. L’infraction de
propagande anticonceptionnelle est de la compétence du tribunal de paix.
L’action publique y relative se prescrit dans le délai d’une année. A coté des
dispositions qui incriminent la propagande anticonceptionnelle pour protéger
la natalité, la tendance est au recours aux méthodes contraceptives. L’on assiste
à la création et à la promotion des centres de naissance désirable ainsi que la
publicité à grande échelle réalisée autour de l’usage de préservatifs. Ces moyens
n’ont pas moins pour conséquence d’empêcher la natalité. La disposition
pénale de l’article 178 du code pénal n’étant pas abrogée, ces actes tombent à
coup sûr sous son régime. Dès lors, n’y a t-il pas délibérément mise en échec à
l’application de l’article 178 du code pénal ? Nous estimons qu’il y a lieu, à
défaut d’abroger cette disposition, de la reformuler.

460. Propagande antinataliste


Voir propagande anticonceptionnelle, n° 459.

461. Propagande en faveur de l’avortement


Voir propagande anti nataliste, n° 460.

462. Propagandes subversives


Le décret-loi du 14 janvier 1961 définit et réprime les infractions de
propagandes subversives. Sera puni :
1. celui qui, par des moyens quelconques, aura fait acte de propagande
subversive en préconisant le recours à la violence pour transformer l’ordre
politique ou l’ordre social établi ;
2. celui qui aura participé au maintien ou à la reconstitution directe ou
indirecte d’une association ou d’un groupement dissout pour acte de
propagande subversive, aura assisté à ses réunions, aura prêté assistance à
ses opérations.
L’auteur de propagandes subversives est puni de six mois à cinq ans et
d’une amende (art 1). Le participant à celles-ci subit six mois à deux ans et
l’amende (art 3). La cour de sûreté de l’Etat732 était la juridiction compétente
pour connaître de ces infractions. Cette cour ayant été dissoute par l’article 225

732
Article 96 alinéa 5 du Code de l’Organisation et de la Compétence judiciaires.
472
Catalogue des infractions

de la constitution de 2006, les juridictions de droit commun deviennent


compétentes.

463. Prostitution
La prostitution est aussi appelée proxénétisme. L’infraction de
prostitution vise ceux à qui profite la prostitution. Pour cela, l’infraction est
nommée « profits tirés de la prostitution ».Les bénéficiares en tirent de l’argent
ou tout autre profit. Le proxénétisme est l’activité tendant à favoriser la
débauche, la prostitution d’autrui ou à en tirer profit. L’infraction ici en étude
ne concerne donc pas les personnes qui s’adonnent à la prostitution ou à la
débauche. Le plus vieux métier du monde n’est donc pas une infraction. Elle a
trait aux proxénètes.
Tombe sous le coup de la loi :
1. quiconque, pour satisfaire les passions d’autrui, aura embauché, entraîné ou
détourné en vue de la débauche ou de la prostitution, même de son
consentement, une personne de moins de 21 ans ;
2. quiconque aura tenu une maison de débauche ou de prostitution ;
3. le souteneur c’est-à-dire celui qui vit en tout ou en partie, aux dépens d’une
personne dont il exploite la prostitution1 ;
4. quiconque aura habituellement exploité de quelque autre façon la débauche
ou la prostitution d’autrui.
Autrefois, l’article 174bis du code pénal livre II (issu de l’ordonnance-loi du
11/08/1959, telle que modifiée par le décret du 27/06/1960 en son article 6),
était le texte légal. Il sanctionnait le proxénète de trois mois à cinq ans de
servitude pénale principale et d ‘une amende ou d’une de ces peines. Avec la
promulgation de la loi sur les violences sexuelles et les modifications du code
pénal, le régime juridique de cette infraction a changé2 . Le lecteur se référera à
l’intitulé « Souteneur et prostitution ».

464. Prostitution d’enfants


La prostitution d’enfants est le fait d’utiliser un enfant733 aux fins des
activités sexuelles contre rémunération ou toute autre forme d’avantage.
L’infraction de prostitution d’enfants est prévue par l’article 174n de la loi n°

1
Est souteneur, celui qui loue des chambres aux prostituées connues comme telles pour y
pratiquer leurs passes (Brux., 8 avril 1950, Rev. Dr.Pen., 1949-1950, p.1124).
2
Loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et comp létant le code pénal(Décret du 30 janvier
1940) et loi n° 06/019 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le code de procédure pénale
(Décret du O6 août 1959).
733
Au sens de la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 sur les violences sexuelles, l’enfant c’est la
personne , peu importe son sexe, âgée de moins de dix-huit ans.
Catalogue des infractions 473

06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 30 janvier 1940


portant code pénal congolais. La sanction à infliger à l’auteur de l’infraction est
de cinq à vingt ans de servitude pénale.
Si l’auteur exerce l’autorité parentale ou tutélaire, il sera en outre déchu de
l’exercice de l’autorité parentale ou tutélaire conformément à l’article 319 du
code de la Famille.
L’infraction de prostitution d’enfants relève de la compétence du
tribunal de grande instance pour autant qu’elle n’est pas un crime de guerre, un
crime contre l’humanité ou un crime de génocide. La prescription est de dix
ans. La prostitution d’enfants est imprescriptible lorsqu’elle est un crime de
guerre, un crime contre l’humanité ou un crime génocide. La répression de la
prostitution d’enfants ne fait point place à des peines dérisoires. Elle exclue la
peine d’amende. Dans les phases de la procédure, les victimes doivent être
assistées d’un conseil. Le juge ordonne le huis-clos à la demande des victimes
ou du Ministère public. Il assure la sécurité physique des victimes et d’éventuels
témoins….

465. Prostitution forcée


La prostitution forcée est une catégorie de violences sexuelles. Elle est
définie comme le fait d’amener une ou plusieurs personnes à accomplir, sous la
contrainte, des actes de nature sexuelle en vue d’obtenir un avantage pécuniaire
ou autre.

I.Eléments constitutifs
L’analyse de l’infraction de prostitution forcée requiert l’étude des
éléments constitutifs et des pénalités y afférantes. La prostitution forcée
suppose la réunion des éléments constitutifs ci-après :
- l’exercice d’un métier consistant à livrer son corps aux plaisirs sexuels
d’autrui ;
- le défaut de consentement ;
- la rétribution pécuniaire ou en nature ;
- l’élément moral.

a) L’exercice d’un métier consistant à livrer son corps aux plaisirs


sexuels d’autrui
Ce metier avilissant était il y a peu l’apanage de seles femmes. De plus en
plus des hommes s’adonnent à la prostitution, généralement par des relations
physiques par l’anus ou par la bouche.
b) Le défaut de consentement
Dans la prostitution forcée, les personnes exercent le métier car elles y
sont contraintes. Cette contrainte peut être la force, la menace de la force ou de
474
Catalogue des infractions

la coercition. Il peut également s’agir de profiter de l’incapacité d’une ou


plusieurs personnes à donner librement leur consentement.
c) La rétribution pécuniaire ou en nature
Le paiement ou la promesse de paiement du prix de l’acte immoral. Ce
prix profite evidemment aux détenteurs du pouvoir, aux entremetteurs et non
aux victimes.
d) L’élément moral
La connaissance du caractère illégal de l’acte posé et la recherche délibérée
malgré tout d’en tirer un bénéfice illicite.Ce bénéfice peut être en argent ou en
nature.

II.Régime répressif

a)L’élément légal
Créée par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le
Décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais, l’infraction de
prostitution forcée relève de l’article 174 C. La sanction à encourir par l’auteur
est de trois mois à cinq ans de servitude pénale.
b)Tribunal compétent et prescription de l’action publique
La juridiction compétente pour juger l’infraction de prostitution forcée
est le tribunal de paix. La prescription de cette incrimination relève du droit
commun. Le juge lors des phases de la procédure peut recourir aux
pseudonymes pour sécuriser toute information en rapport avec les victimes .
Le juge ne doit pas pour autant manquer de préserver les droits de la défense.
Il peut couvrir de secret professionnel les informations divulguées aux
médecins, psychologues, prêtres, religieux etc qui auront pris en charge les
victimes. Il peut en outre protéger l’intimité des victimes. Les notions
développées à l’infraction de « prostitution d’enfants » demeurent aussi
d’application.

466. Protection pénale de l’enfant


La condition de l’enfant est des plus préoccupantes. En raison de sa
vulnérabilité, de sa dépendance et de son immaturité l’enfant nécessite des
soins spéciaux et une protection particulière. Les Nations Unies, les Etats
africains et la République Démocratique du Congo portent un regard
particulier sur la situation critique de nombreux enfants. Tous poursuivent des
efforts pour le bien-être de l’enfant. Mais, en dépit des efforts déployés, des
enfants vivent dans la rue. Ils sont victimes d’exclusion, exploités, maltraités,
discriminés, privés de leurs droits…
C’est dans ce contexte que le législateur congolais a élaboré une loi
portant protection de l’enfant.
Ce texte de loi s’assigne comme objectifs de :
Catalogue des infractions 475

- renforcer la responsabilité des parents, de la famille et de l’ensemble de la


communauté à l’égard de l’enfant ;
- diffuser et promouvoir la culture des droits et devoirs de l’enfant ;
- assurer à l’enfant une protection sociale, judiciaire et pénale.
La loi n° 09/011 du 10 janvier 2009, parcequ’il s’agit d’elle, a envisagé
plusieurs situations. Il y a des cas de tout ce qui peut nuire à l’enfant ou lui
porter préjudice. Il peut être porté atteinte à l’honneur et à la liberté
individuelle de l’enfant. Celui-ci peut être préjudicié dans sa propriété ou dans
son patrimoine. En plus, les enfants deviennent de plus en plus agressé
sexuellement et mis en danger. Des atteintes sont portées régulièrement à leurs
droits à la santé et à l’enseignement. Tout cela est prévu, défini, incriminé et
sanctionné par la loi n°09/011 du 10 janvier 2009 portant protection de
l’enfant1.Ce sont des infractions. Pour des raisons de méthodologie, nous les
répartissons selon qu’elles subviennent après ou avant la naissance.

Institution du tribunal pour enfant . Les articles 84 à 130 de la loi n°09/011


du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant instituent et organisent le
tribunal pour enfants2. L’enfant peut engager sa responsabilité pénale 3 . Le
tribunal pour enfants n’est compétent qu’à l’égard des personnes âgées de
moins de dix-huit ans (article 94). L’enfant âgé de moins de quatorze ans
bénéficie, en matière pénale d’une présomption irréfragable d’irresponsabilité
(art. 95). Lorsque l’enfant déféré devant le juge a moins de quatorze ans, le juge
le relaxe comme ayant agi sans discernement. Il sera néanmoins pourvu à la
réparation du préjudice causé (art. 96). Dans ce cas, le juge le confie à un
assistant social et ou à un psychologue. Ceux-ci ont pour rôle de prendre des
mesures d’accompagnement.
Les mesures visent la sauvegarde de l’ordre public et la sécurité de
l’enfant. Elles tiennent compte de la réparation du préjudice causé. Un enfant
1
Journal officiel de la République Démocratique du Congo, 50eme Année, Numéro spécial,
25 mai 2009.
2
Le tribunal pour enfants n’est pas encore opérationnel. Les tribunaux pour enfants seront
installés et fonctionneront au plutard dans les deux ans qui suivent la promulgation de la loi
(article 200 de la loi précitée). Celle-ci ayant été promulguée le 10 janvier 2009, c’est-à-dire
en 20011, En attendant, les tribunaux de paix et les tribunaux de grande instance restent
compétents pour connaître respectivement en premier et dernier ressort des affaires qui
relèvent de la compétence des tribunaux pour enfants.
3
Il se pose là le problème des enfants en conflits avec la loi et leur responsabilité pénale.
Pour le législateur, on est majeur « pénalement à partir de dix-huit ans » : à partir de cet
âge, on est traité comme adulte et, en conséquence, on est justiciable des tribunaux
répressifs ordinaires. Actuellement, on estime que les enfants âgés de moins de dix-huit ans
ne peuvent en principe être tenus pour responsables pénalement des infractions qu’ils
auraient commises et qu’on ne peut donc pas leur appliquer les peines prévues par le code
pénal. L’enfant délinquant, plutôt en conflit avec la loi est donc considéré avant tout comme
un enfant en danger qu’il faut sauver par des mesures arrêtées après enquête sur sa
personne et son milieu social.
476
Catalogue des infractions

âgé de moins de quatorze ans ne peut être placé dans un établissement de


garde provisoire, ni dans un établissement de garde, d’éducation ou de
rééducation de l’Etat734. Le tribunal compétent territorialement est celui de la
résidence habituelle de l’enfant, de ses parents ou tuteur, du lieu où l’enfant
aura été trouvé, ou du lieu où il a été placé, à titre provisoire ou définitif735.

467. Protection pénale de l’enfant après sa


naissance
Il faut entendre par « enfant » toute personne âgée de moins de dix-huit
ans. En effet, dès la naissance à l’âge de dix-huit ans, l’enfant peut être l’objet
d’atteintes à la vie et à l’intégrité physique ou mentale. Il peut être porté atteinte
à son honneur et à sa liberté individuelle. Il peut être préjudicié dans sa
propriété et dans son patrimoine. Il peut être victime d’agressions sexuelles.
L’enfant peut être mis en danger. Ses droits à la santé et à l’enseignement
peuvent être bafoués. Pour ces raisons, le législateur a érigé en infractions
certains faits, certaines omissions ou abstentions sur l’enfant1. Il les a réprimés
pénalement.

1. Abstention d’accomplir un acte de fonction requis à


l’occasion d’abus ou de mise en danger d’un enfant
Cette abstention est prévue par l’article 193 de la loi n°09/011 du 10 janvier
2009 portant protection de l’enfant. Elle est punie d’une amende de cent mille
à deux cent cinquante mille francs congolais. Sont susceptibles de commettre
cette infraction, le fonctionnaire ou officier public, ou toute personne chargée
d’un service public.

2. Abstention de donner des soins préventifs requis à l’enfant


L’incrimination d’abstention de donner des soins préventifs requis à
l’enfant concerne tout responsable d’un établissement sanitaire public ou privé
intégré dans le système des soins de santé primaires. Il est susceptible de
commettre l’infraction lorsqu’il ne se conforme pas à la politique sanitaire du
pays. Il en est de même lorsqu’il s’abstient de donner les soins préventifs requis
à l’enfant. L’article 195 de la loi énoncée est le siège de cette abstention. Il
prévoit des sanctions. Elles sont de un à six mois de servitude pénale principale

734
Article 97 de la loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 p ortant protection de l’enfant.
735
Article 101 de la loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.
1
La RDC s’est placée résolument à l’avant-garde des pays qui recherchaient , en dehors du
droit pénal classique, la meilleure protection de l’enfance. Il est désormais organisé la
protection de l’enfance tant sur le plan judiciaire que sur le plan social et la soustraction de
l’enfant au domaine de la loi pénale.
Catalogue des infractions 477

et d’une amende de cent cinquante mille francs congolais ou de l’une de ces


peines seulement à l’endroit du contrevenant.

3. Abstention de porter secours à un enfant menacé d’atteinte


imminente à sa vie
L’article 191 de la loi de 2009 portant protection de l’enfant punit l’auteur
de cette infraction. La peine est de trois mois à un an de servitude pénale
principale et d’une amende de cent mille à deux cent cinquante mille francs
congolais.

4. Abus des biens d’un enfant.


L’infraction d’abus des biens d’un enfant pour être établie doit réaliser
dans le chef de l’auteur les éléments constitutifs de l’abus de confiance. L’abus
des biens d’un enfant est prévu et sanctionné par l’article 168 de la loi du 10
janvier 2009. La peine à encourir est de deux à cinq ans de servitude pénale
principale et d’une amende de cent mille à deux cent mille francs congolais.
L’auteur de cette infraction est justiciable du tribunal de paix.

5. Administration volontaire des substances nuisibles à un


enfant
Les substances nuisibles concernées dans le cadre de cette infraction
sont notamment les stupéfiants et les psychotropes qui peuvent donner la
mort. Sont aussi concernés les substances qui, sans être de nature à donner la
mort, peuvent altérer gravement la santé d’un enfant. Il importe peu la manière
dont ces substances ont été employées ou administrées. L’article 155 de la loi
portant protection de l’enfant en punit l’auteur d’une servitude pénale de trois
à vingt ans.

6. Accusation de sorcellerie à l’égard d’un enfant


L’accusation de sorcellerie à l’égard d’un enfant est réprimée. La
sanction est de un à trois ans de servitude pénale principale et d’une amende de
deux cents mille à un million de francs congolais. L’alinéa 2 de l’article 160 de
la loi n°09/011 du 10 janvier 2009 définit et sanctionne l’accusation de
sorcellerie à l’égard d’un enfant. Le tribunal compétent est le tribunal de paix.
Pour être caractérisée, cette prévention doit réunir les éléments constitutifs de
l’infraction d’imputation dommageable.

7. Arrestation d’un enfant


Pour se réaliser l’infraction d’arrestation d’un enfant nécessite des
éléments constitutifs. Il faut en premier lieu les éléments constitutifs de
l’infraction d’arrestation arbitraire. Il faut en second lieu que la victime soit
478
Catalogue des infractions

âgée de moins de dix huit ans. L’article 161 alinéa 1er de la loi portant
protection de l’enfant est la base légale. La peine est d’une servitude pénale de
deux à cinq ans. L’arrestation d’un enfant est de la compétence du tribunal de
paix. L’enfant enlevé, arrêté ou détenu peut avoir été soumis à des tortures
corporelles.
Dans ce cas l’auteur, précise l’alinéa 2, sera puni de dix à vingt ans de
servitude pénale principale. Conséquemment, le tribunal de grande instance, eu
égard au taux maximal de la peine, sera l’instance compétente.
8. Attentat à la pudeur commis sur un enfant
L’attentat à la pudeur est tout acte contraire aux mœurs exercé
intentionnellement. Lorsque l’attentat sur un enfant est commis sans violence,
ruse ou menace, il est puni de six mois à cinq ans de servitude pénale principale
(article 172 de la loi de 2009 portant protection de l’enfant). Par contre,
lorsque l’attentat à la pudeur est commis avec violence, ruse, ou menace sur un
enfant l’auteur est puni de cinq à quinze ans de servitude pénale principale
(article 172 alinéa 2).Dans les deux cas sont respectivement compétents pour la
première hypothèse le tribunal de paix, et pour la seconde, le tribunal de
grande instance.
L’attentat peut être commis sur un enfant, à l’aide d’un ou de plusieurs
enfants âgés de moins de dix ans. L’auteur est dès lors passible de cinq à vingt
ans de servitude pénale principale. Au regard de la peine, le tribunal de grande
instance est compétent. Les peines encourues sont portées de cinq à quinze
ans de servitude pénale principale et à une amende de quatre cent mille francs
congolais.
C’est le cas lorsque l’attentat à la pudeur a été commis par des
ascendants, des personnes qui ont autorité sur l’enfant, les enseignants, les
agents publics, les ministres de culte, le personnel médical, paramédical, ou des
assistants sociaux, des tradipraticiens , les gardiens des enfants . Les mêmes
peines seront appliquées si l’attentat a été commis avec l’aide d’une ou
plusieurs personnes, ou en public.
Il en est de même si l’attentat a causé une altération grave de la santé ou
laissé des séquelles physiques, psychologiques. Pareillement, on recourt à ces
peines si l’attentat est commis sur un enfant vivant avec handicap, ou s’il a été
commis avec usage ou menace d’arme.

9. Contamination délibérée d’un enfant du vih/sida


L’article 177 du texte légal de 2009 portant protection de l’enfant réprime
la contamination délibérée d’un enfant du vih/sida.Celui qui délibérement
contamine du vih/sida un enfant sera puni. Il encourt la servitude pénale à
perpétuité et une amende de cinq cent mille à un million de francs congolais.
Catalogue des infractions 479

10. Contravention aux dispositions de la loi du 10 janvier2009


sur les pires formes de travail de l’enfant
La soumission des enfants à certains travaux est interdite. Ce sont les
pires formes de travail. La contravention à cette interdiction est sanctionnée
par l’article 187 de la loi de 2009. Un à trois ans de servitude pénale principale
et une amende de cent mille à deux cent mille francs congolais sont prévues à
l’endroit du contrevenant.
L’alinéa 2 de la même disposition légale prévoit dix à vingt ans de servitude
pénale principale. Pourront subir cette peine les personnes qui enrôlent ou
utilisent des enfants âgés de moins de dix-huit ans dans les forces armées, dans
les groupes armés ainsi que dans la police.

11. Coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sur un


enfant
Lorsque, sans intention de donner la mort, les coups et blessures
volontaires administrés à un enfant donnent la mort, l’auteur sera puni de cinq
à vingt ans de servitude pénale principale et d’une amende de cinq cent mille à
un million de francs congolais. Les coups et blessures volontaires ayant
entraîné la mort d’un enfant sans intention de la donner sont réprimés par
l’article 150 de la loi n°09/011 du 10 janvier 2009 portant protection de
l’enfant.

12. Coups et blessures volontaires ayant entraîné une


incapacité sur un enfant
Celui dont les coups et blessures volontaires portés sur un enfant ont
entraîné une maladie ou une incapacité de plus de huit jours sera puni. La
sanction est de six à douze mois de servitude pénale principale et d’une
amende de deux cent mille à trois cents cinquante mille francs congolais. Cette
infraction tire cette peine de l’article 148 de la loi n°09/011 du 10 janvier 2009.

13. Coups et blessures volontaires ayant entraîné une mutilation


sur un enfant
Il arrive souvent qu’il soit administré des coups à des enfants. Il peut
résulter des coups administrés une mutilation ou un handicap permanent de
l’enfant. L’auteur des coups et blessures volontaires ayant entraîné une
mutilation sur un enfant sera puni de deux à cinq ans de servitude pénale
principale et d’une amende de cinq cent mille à un million de francs congolais.
Cette sanction est issue de la loi n°09/011 du 10 janvier 2009 en son article
149.

14. Coups et blessures volontaires portés sur un enfant


480
Catalogue des infractions

L’article 147 de la loi n°09/011 du 10 janvier 2009 prevoit trois à six


mois de servitude pénale principale et une amende de cent mille à deux cents
cinquante mille francs congolais. C’est la peine à infliger à celui qui
volontairement administre des coups ou fait des blessures à un enfant. En cas
de préméditation, l’auteur sera sanctionné de six à douze mois de servitude
pénale principale et d’une amende de cent cinquante mille à trois cent mille
francs congolais.

15. Délaissement d’un enfant


L’infraction de délaissement d’un enfant prend en considération, le
délaissement, en un lieu quelconque, d’un enfant. La victime.Il est question
d’un enfant qui n’est pas à mesure de se protéger en raison de son âge ou de
son état physique ou psychique. L’âge est un élément constitutif à part entière
du délaissement. Il y a dans le chef de celui qui délaisse un manquement au
devoir d’assistance envers la victime.
Les auteurs. Le délaissement d’enfant est le fait, pour le père, la mère,
le parâtre ou la marâtre, ou le tuteur, d’abandonner et ou de rejeter un enfant
sans s’être assuré qu’il sera en sécurité et protégé dans ses droits736. Le
législateur incrimine un comportement nécessairement volontaire. Ce
comportement doit se traduire par un acte positif.
Notion de délaissement. Le délaisssement est une infraction qui doit
se réaliser dans l’action. Le délaissement n’est pas un acte d’omission. Le
délaissement sous-entend un acte positif. Le comportement de délaissement
d’un enfant ne requiert pas un déplacement de la victime pour que l’infraction
soit réalisée. En revanche, ce délaissement doit démontrer la volonté
d’abandonner définitivement la victime, c’est-à-dire la décision de ne plus
jamais s’en occuper et de le laisser à son triste sort —voire funeste -- sort.
L’élement moral. L’infraction de délaissement d’un enfant est nécessairement
intentionnelle. L’infraction sanctionne un comportement intentionnel
exprimant la volonté d’abandonner définitivement la victime737 . L’infraction
est formelle : elle est constituée même à défaut de tout préjudice subi par la
victime.
Le lieu du délaissement est indifférent à la qualification pénale. Seules
les personnes en charge juridiquement des personnes protégées peuvent être
poursuivies. Le délaissement d’enfant est sanctionné d’une peine de un à cinq
ans de servitude pénale principale et d’une amende de cent mille à cent
cinquante mille francs congolais.
Lorsque le délaissement d’enfant a entraîné des résultats graves, la
répression est aggravée. Si la conséquence du délaissement est une mutilation
736
Article 190 alinéa 2 de la loi n° 09/011 du 10 janv ier 2009 portant protection de l’enfant.
737
Crim, 23 février 2000, Bull.,n°84 ;Rsc., 2000, p.61 0,obs.Mayaud
Catalogue des infractions 481

ou une infirmité permanente, l’auteur encourt cinq à dix ans de servitude


pénale principale et une amende de deux cent mille à cinq cent mille francs
congolais. Le délaissement peut entraîner la mort de l’enfant. Dans ce cas, il est
puni de la servitude pénale à perpétuité et d’une amende de cinq cent mille à un
million de francs congolais.

16. Déplacement ou rétention illicite de l’enfant à l’étranger


L’incrimination de déplacement ou rétention illicite de l’enfant à
l’étranger est réprimée par l’article 186 de la loi en concerne. La sanction est de
un à trois ans de servitude pénale principale et d’une amende de deux cent
mille à un million de francs congolais.

17. Détention d’enfants dans le but d’abuser d’eux sexuellement


La sanction est de dix à vingt ans de servitude pénale principale.
L’article 175 est le texte applicable. La servitude pénale principale sera de
quinze à vingt ans si une grossesse s’ensuit.

18. Destruction méchante des biens d’un enfant


Quiconque détruit ou dégrade méchamment les biens meubles ou
immeubles qu’il sait appartenir à un enfant est passible des peines. Celles-ci
sont de cinq à dix ans de servitude pénale principale et d’une amende de deux
cent à cinq cents mille francs congolais. (Article 165).

19. Enlèvement d’un enfant


L’auteur d’un enlèvement ou d’une arrestation d’un enfant sera puni. Il
subira dit l’article 161 de la loi sur la protection des enfants deux à cinq ans de
servitude pénale principale. Si à l’occasion de cet enlèvement ou arrestation,
l’enfant a été soumis à des tortures corporelles, le coupable subira dix à vingt-
ans de servitude pénale principale.

20. Enlèvement d’un enfant en procédure devant le tribunal


L’article 131 concerne les contraventions susceptibles des sanctions
pénales à la procédure devant le tribunal pour enfants en conflits avec la loi.
Celui qui enlève un enfant ou le fait enlever même avec son consentement
alors qu’il est en procédure devant le juge des enfants commet une
contravention. Il sera puni de un à cinq ans de servitude pénale principale et
d’une amende de cent mille à deux cent cinquante mille francs congolais.
Si le coupable est déchu de l’autorité parentale en tout ou en partie, la
servitude pénale principale peut être élevée de deux à cinq ans et à une amende
de cent mille à deux cent cinquante mille francs congolais. Peuvent commettre
cette infraction, le père, la mère, le tuteur ou toute autre personne.
482
Catalogue des infractions

21. Enrôlement d’enfants dans les forces, groupes armés et


police
Cette infraction relève des pires formes de travail de l’enfant. A ce titre
qu’il plaise au lecteur de se référer à « contravention aux dispositions de la loi
du 10 janvier 2009 sur les pires formes de travail de l’enfant ».

22. Epreuves superstitieuses commises sur un enfant


Le législateur définit les épreuves superstitieuses. C’est tout acte qui
consiste à soumettre un enfant, de gré ou de force à un mal physique réel ou
supposé, en vue de déduire des effets produits l’imputabilité d’un acte ou d’un
événement ou toute autre conclusion738. L’auteur d’épreuves superstitieuses
sur un enfant est punissable . La peine est de un à deux ans de servitude pénale
principale et d’une amende de deux cents mille à six cent mille francs congolais
(article 157 alinéa 1er).
Il sera puni de cinq à vingt ans de servitude pénale principale et d’une
amende de deux cent mille à un million de francs congolais si les épreuves
superstitieuses causent une maladie ou une incapacité. Il subira les mêmes
sanctions s’il en résulte la perte de l’usage absolu d’un organe ou une mutilation
grave.

23. Esclavage sexuel d’un enfant


La loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 définit l’esclavage sexuel d’un
enfant. C’est le fait pour une personne d’exercer un ou l’ensemble des pouvoirs
assimilés au droit de propriété sur un enfant notamment en détenant ou en
imposant une privation de liberté ou en achetant, vendant, prêtant , troquant
l’enfant pour des fins sexuelles, et de le contraindre à accomplir un ou plusieurs
actes de nature sexuelle739.
A l’alinéa premier de l’article 183 de la loi ci-haut évoquée, il est prévu
une peine allant de dix à vingt ans de servitude pénale principale et une amende
de huit cent mille à un million de francs congolais.
Lorsque le père ou la mère ou le parâtre ou la marâtre ou toute
personne exerçant l’autorité parentale sur l’enfant est condamné pour cette
infraction, il pourra, en outre, être déchu de l’autorité parentale (article 184).

24. Escroquerie au préjudice d’un enfant


L’enfant peut être victime d’escroquerie. Pour que l’infarction
d’escroquerie au préjudice d’un enfant soit établie, il faut des éléments
constitutifs. Les éléments constitutifs de l’infraction d’escroquerie s’appliquent
ici. L’article 167 de la loi en étude prévoit deux à cinq ans de servitude pénale
principale et une amende de cent mille à deux cents cinquante mille francs

738
Loi du 10 janvier 2009, article 157, dernier alinéa.
739
Article 183 alinéa 2 de la loi n° 09/011 du 10 janv ier 2009.
Catalogue des infractions 483

congolais à l’encontre de celui qui se rend coupable d’escroquerie au préjudicie


d’un enfant.

25. Exhibition sexuelle d’un enfant


L’exhibition sexuelle désigne le fait de montrer certaines parties intimes
du corps ou de faire en public des gestes à caractère sexuel. L’article 178 de la
loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 punit celui qui expose un enfant à l’exhibition
sexuelle. La peine est de cinq à dix ans de servitude pénale principale et d’une
amende de deux cent mille à six cent mille francs congolais.
Si l’exhibition sexuelle de l’enfant est le fait du père, de la mère, du
parâtre, de la marâtre, du tuteur ou de toute personne exerçant en droit ou en
fait l’autorité sur l’enfant, les peines seront aggravées. Elles seront portées de
cinq à quinze ans de servitude pénale principale et l’amende de deux cent mille
à un million de francs congolais.

26. Exigence des frais scolaires exorbitants


Peut commettre cette infraction, tout gestionnaire de l’enseignement
primaire, secondaire et professionnel public. L’auteur encourt sanction lorsqu’il
exige des frais autres que ceux prévus par les textes légaux et réglementaires .
Le coupable de cette infraction est puni par l’article 197 de la loi du 10 janvier
2009 sur la protection de l’enfant d’une amende de cent mille francs congolais.

27. Expérimentation médicale sur un enfant


Les recherches sur une personne sans son consentement sont
interdites. Elles sont même incriminées. Il a été jugé que le consentement doit
être obtenu préalablement à la recherche biomédicale, sans même tenir compte
de sa mise en œuvre effective1. Le fait de pratiquer ou de faire pratiquer une
expérimentation médicale sur un enfant est également interdit. L’article 154 de
la loi du 10 janvier 2009 punit de un à cinq ans de servitude pénale principale et
d’une amende de deux cent mille à un million de francs congolais tout
contrevenant à cette interdiction.
Si l’expérimentation entraîne une incapacité ne dépassant pas huit jours,
la peine est de deux à cinq ans de servitude pénale principale et d’une amende
de deux cent mille à un million de francs congolais.
Si elle entraîne une incapacité de plus de huit jours ou provoque une
mutilation ou une infirmité permanente, la peine est de cinq à dix ans de
servitude pénale principale. Si cette expérimentation entraîne la mort, la peine
est portée à la servitude pénale à perpétuité.

28. Harcèlement sexuel sur un enfant

1 er
C.A Paris 1 mars 1996, D.1999, p.603, note Roujou de Boubée.
484
Catalogue des infractions

Le harcèlement sexuel sur l’enfant est le fait pour une personne


d’abuser de l’autorité que lui confère sa position sociale ou professionnelle en
exerçant sur l’enfant des pressions afin d’obtenir de lui des faveurs de nature
sexuelle. Le harcèlement sexuel sur un enfant est un comportement
infractionnel. Il est réprimé par l’article 181 de la loi n° 09/011 du 10 janvier
2009 portant protection de l’enfant.
L’auteur du harcèlement sexuel sur un enfant encourt trois à douze ans
de servitude pénale principale et une amende de deux cent mille à quatre cent
mille francs congolais.

29. Imputation dommageable à un enfant


L’imputation dommageable à un enfant est tout fait précis de nature à
porter atteinte à l’honneur et à la dignité d’un enfant. L’article 160 de la loi du
10 janvier 2009 prévoit des sanctions. Elles sont de deux à douze mois de
servitude pénale principale et d’une amende de deux cent mille à six cent mille
francs congolais.
En cas d’accusation de sorcellerie à l’égard d’un enfant, l’auteur est puni
de un à trois ans de servitude pénale principale et d’une amende de deux cent
mille à un million de francs congolais.

30. Incitation d’un enfant à des relations sexuelles avec un


animal
L’article 174 de la loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 portant protection
de l’enfant est le texte légal. Cet article punit l’incitation d’un enfant à des
relations sexuelles avec un animal. L’auteur de pareille incitation encourt sept à
quinze ans de servitude pénale principale et une amende de cinq cent mille à un
million de francs congolais. Pour des détails, se référer à l’infraction de
zoophilie.

31. Incitation d’un enfant à la débauche ou à la corruption


L’incitation d’un enfant à la débauche est le fait de faciliter, exciter ou
favoriser la débauche d’un enfant. La loi du 10 janvier 2009 portant protection
de l’enfant, à son article 173 est le texte accusateur.Il est prévu une sanction de
trois à cinq ans de servitude pénale principale et une amende de cinq cent mille
à un million de francs congolais.
Pourra subir ces peines quiconque attente aux mœurs en incitant, en
facilitant ou en favorisant pour satisfaire les passions d’autrui la débauche ou la
corruption des enfants. Pour des plus amples détails l’infraction d’incitation des
mineurs à la débauche est la référence.

32. Incitation d’un enfant au suicide


L’incitation d’un enfant au suicide est puni de un à cinq ans de
servitude pénale principale et d’une amende de quatre cent mille à un million
Catalogue des infractions 485

de francs congolais (article 158 alinéa 1er) L’article 158 de la loi n° 09/011 du
10 janvier 2009 portant protection de l’enfant, à son deuxième alinéa, porte la
peine à la servitude pénale à perpétuité si l’incitation aboutit au suicide.
Si l’auteur de l’infraction est une personne qui exerce l’autorité
parentale sur l’enfant, le juge peut, en outre, prononcer la déchéance de cette
autorité. L’article 159 du même texte légal ordonne de prononcer la déchéance
de l’autorité parentale lorsque le père, la mère, le parâtre, la marâtre, ou le
tuteur sont condamnés pour des atteintes volontaires à la vie, à l’intégrité
physique ou mentale de l’enfant.

33. Mariage d’un enfant ou mariage forcé d’un enfant


Celui qui exerce l’autorité parentale ou tutélaire sur un enfant, le donne
en mariage ou en vue de celui-ci, ou le contraint à se marier commet une
infraction.
L’article 189 de la loi portant protection de l’enfant prévoit des
sanctions. Elles sont de cinq à douze ans de servitude pénale principale et une
amende de huit cent mille à un million de francs congolais.

34. Mutilation sexuelle d’un enfant


La mutilation sexuelle est un acte qui porte atteinte à l’intégrité
physique ou fonctionnelle de l’organe génital. L’article 153 de la loi n° 09/011
du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant punit de deux à cinq ans de
servitude pénale principale et d’une amende de deux cent mille à un million de
francs congolais l’auteur d’un pareil acte. Lorsque la mutilation sexuelle
entraîne la mort de l’enfant sans intention de la donner, le coupable est passible
de dix à vingt ans de servitude pénale principale.
Il est important de savoir que la circoncision n’est pas une mutilation
sexuelle ni une atteinte à l’intégrité physique.

35. Non dénonciation des violences commises sur un enfant


L’article 192 de la loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 fait obligation à
toute personne de dénoncer toute forme de violence physique ou morale
infligée à l’enfant. Il est de même fait obligation à toute personne de dénoncer
toute menace à sa santé et à son développement lorsqu’elle en a connaissance.
L’infraction réside dans le fait de ne pas dénoncer. La non dénonciation
des violences commises sur un enfant est sanctionnée d’amende de cent mille à
cent cinquante mille francs congolais (article 192 alinéa 2)

36. Non envoi d’un enfant à l’école


Le parent, le tuteur ou responsable légal qui n’envoie pas son enfant à
l’école commet l’infraction. Il sied de noter que l’élément moral est requis par
cette infraction. L’intention malveillante doit être prouvée ainsi que l’absence
d’empêchements. L’article 198 de la loi de 2009 portant protection de l’enfant
486
Catalogue des infractions

ordonne de faire subir à la personne coupable de non envoi d’un enfant à


l’école une sanction. Celle-ci est une peine d’amende de cinquante mille francs
congolais.

37. Non présentation d’un enfant à ceux qui ont le droit de le


réclamer
L’article 131 de la loi portant protection de l’enfant fait état des
contraventions susceptibles des sanctions pénales à la procédure devant le
tribunal pour enfants en conflits avec la loi. Est susceptible de commettre
l’infraction, le père, la mère, le tuteur ou toute personne qui ne présente pas à
ceux qui ont le droit de le réclamer un enfant en procédure devant le juge des
enfants.
L’auteur de l’infraction sera puni de un à cinq ans de servitude pénale
principale et d’une amende de cent mille à deux cent cinquante mille francs
congolais. Si le coupable est déchu de l’autorité parentale en tout ou en partie,
la servitude pénale principale peut être élevée de deux à cinq ans et à une
amende de cent mille à deux cent cinquante mille francs congolais.

38. Pornographie mettant en scène un enfant


Toute représentation, par quelque moyen que ce soit, d’un enfant
s’adonnant à des activités sexuelles explicites, réelles ou simulées, ou toute
représentation des organes sexuels d’un enfant, à des fins principalement
sexuelles est qualifiée de pornographie mettant en scène les enfants. Constitue
cette infraction la production, la distribution, la diffusion, l’importation,
l’exportation, l’offre, la disponibilisation, la vente, le fait de se procurer ou de
procurer à autrui, de posséder tout matériel pornographique mettant en scène
un enfant.
L’article 179 de la loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 punit l’auteur de
cette infraction. La peine est de cinq à quinze ans de servitude pénale
principale et d’une amende de deux cent mille à un million de francs congolais.
Le juge prononce en outre la confiscation du matériel pornographique
concerné.

39. Privation d’un enfant de sa capacité biologique de procréer


Toute personne a droit à la sauvegarde de sa capacité procréatrice.
L’enfant a droit à la préservation de sa capacité biologique de procréer. La
privation d’un enfant de sa capacité biologique de reproduction n’est permise
que si elle est justifiée médicalement. A cet effet, le consentement des parents
ou de ceux qui exercent l’autorité parentale est requis.
En cas de conflit entre la justification médicale et le consentement des
parents, l’intérêt supérieur de l’enfant doit primer. Priver un enfant de cette
capacité sans que cela soit justifié médicalement constitue une infraction.
L’article 176 de la loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 portant protection de
Catalogue des infractions 487

l’enfant réprime cet acte odieux de cinq à quinze ans de servitude pénale
principale.

40. Proxénétisme à l’égard d’un enfant


L’alinéa 3 de l’article 182 de la loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 portant
protection de l’enfant définit le proxénétisme à l’égard d’un enfant. C’est le fait
d’offrir, d’obtenir, de fournir, de se procurer ou d’utiliser un enfant à des fins
sexuelles contre rémunération ou toute autre forme d’avantages. Par enfant, il
faut entendre toute personne âgée de moins de dix-huit ans, sans considération
de sexe.
Pareil acte est défini infractionnel à l’article 182 alinéa 1er. Le législateur
réprime l’auteur des faits ci-dessus énumérés d’une peine de cinq à vingt ans de
servitude pénale principale. Si l’acte répréhensible est le fait du père, de la mère,
du parâtre, de la marâtre, du tuteur ou de toute personne exerçant l’autorité
parentale, la peine à encourir est portée de dix à vingt-cinq ans de servitude
pénale.

41. Refus d’assurer à son enfant les vaccinations et autres soins


préventifs
Les parents ont l’obligation d’assurer les soins médicaux à leur
progéniture. Ils ont également l’obligation d’assurer des soins médicaux
préventifs à leurs enfants. S’ils refusent délibérément de leur assurer les soins
médicaux préventifs et particulièrement les vaccinations, ils commettent
l’infraction prévue à l’article 196 de la loi du 10 janvier 2009 portant protection
de l’enfant. Peut être coupable de cette infraction le parent, le tuteur ou le
responsable légal.
L’auteur coupable de cette infraction est passible d’une servitude
pénale principale ne dépassant pas cinq jours et d’une amende de cinquante
mille francs congolais ou une de ces peines seulement.

42. Soustraction d’un enfant à la garde des personnes ou à


l’institution à laquelle l’autorité judiciaire l’a confiée
L’article 131 fait état des contraventions susceptibles de sanctions
pénales à la procédure devant le tribunal pour enfants en conflits avec la loi.
Celui qui enlève un enfant ou le fait enlever même avec son consentement
alors qu’il est en procédure devant le juge des enfants commet l’infraction. Il
sera puni de un à cinq ans de servitude pénale principale et d’une amende de
cent mille à deux cent cinquante mille francs congolais.
Si le coupable est déchu de l’autorité parentale en tout ou en partie, la
servitude pénale principale peut être élevée de deux à cinq ans et à une amende
de cent mille à deux cent cinquante mille francs congolais.
488
Catalogue des infractions

43. Soustraction d’un enfant à la procédure intentée contre lui


en vertu de la loi
Il s’agit d’une contravention, susceptible des sanctions pénales, à la
procédure devant le tribunal pour enfants en conflits avec la loi. Celui qui
soustrait ou tente de soustraire un enfant en procédure devant le juge des
enfants commet l’infraction.
Il sera puni conformément à l’article 131 du texte de loi sur la
protection de l’enfant. La peine est de un à cinq ans de servitude pénale
principale et d’une amende de cent mille à deux cent cinquante mille francs
congolais. Il peut s’agir du père, de la mère, du tuteur ou de toute autre
personne.
Si le coupable est déchu de l’autorité parentale en tout ou en partie, la
servitude pénale principale peut être élevée de deux à cinq ans et à une amende
de cent mille à deux cent cinquante mille francs congolais.

44. Torture soumise à un enfant


La torture est tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës,
physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées à une personne. Les
souffrances peuvent être infligées aux fins notamment de :
- obtenir des renseignements ou des aveux ;
- punir un acte commis ou soupçonné d’avoir été commis ;
- intimider ou faire pression, ou pour tout autre motif fondé sur une forme
de discrimination quelle qu’elle soit. C’est le cas lorsqu’une telle douleur ou
de telles souffrances sont infligées par un agent de la fonction publique ou
toute autre personne agissant à titre officiel ou à son instigation ou avec son
consentement exprès ou tacite.
L’article 151 de la loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 portant protection de
l’enfant punit l’auteur de la torture sur un enfant. La sanction est de un à cinq
ans de servitude pénale principale et d’une amende de cinq cent mille à un
million de francs congolais.
L’article 152 du même texte fait état des tortures ou des actes de brutalité, de
cruauté, d’odieuses souffrances, de privation ou de séquestrations susceptibles
de porter atteinte à la santé physique ou mentale de l’enfant ainsi qu’à son
équilibre affectif et psychologique. Lorsque ceux-ci ont entraîné la mort, la
peine sera la servitude pénale à perpétuité.

45. Traite d’enfants


L’article 162 de la loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 portant protection
de l’enfant définit et réprime la traite d’enfants. Par traite d’enfants, il faut sous-
entendre le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil
des enfants, par la menace, le recours à la force ou à d’autres formes de
contrainte, par l’enlèvement, la fraude, la tromperie, l’abus d’autorité ou d’une
Catalogue des infractions 489

situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou


d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur
l’enfant aux fins d’exploitation1.
L’infraction de traite d’enfants est punie de dix à vingt ans de servitude
pénale principale et d’une amende de cinq cents mille à un million de francs
congolais. Le tribunal de grande instance est la juridiction compétente.

46. Utilisation d’un enfant aux fins de mendicité


Quiconque utilise un enfant aux fins de mendicité commet l’infraction.
Il est punissable d’une amende de cinquante mille à cent mille francs congolais.
Cela ressort de l’article 194 de la loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 portant
protection de l’enfant.

47. Utilisation d’un enfant dans la criminalité


La répression relève de l’article 188 du texte de 2009 portant protection
de l’enfant. L’auteur de cette infraction est passible d’une sanction de cinq à dix
ans de servitude pénale principale et d’une amende de deux cent mille à un
million de francs congolais.

48. Vente ou gage de l’immeuble d’un enfant


L’article 166 punit quiconque vend ou donne en gage un immeuble
qu’il sait pertinemment bien appartenir à un enfant. Il subira de cinq à dix ans
de servitude pénale principale et une amende de deux cent cinquante mille à
cinq cent mille francs congolais.

49. Vente d’enfants


La vente d’enfants est sanctionnée par l’article 162 de la loi n° 09/011
du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant. Par vente d’enfants , il faut
entendre tout acte ou toute transaction faisant intervenir le transfert d’enfants
de toute personne ou de tout groupe de personnes à un autre groupe contre
rémunération ou tout autre avantage.
Cette infraction est punie de dix à vingt ans de servitude pénale
principale et d’une amende de cinq cent mille à un million de francs congolais.
Le tribunal de grande instance est la juridiction compétente ;

50. Viol d’enfant


L’infraction de viol d’un enfant est définie et sanctionné par les articles
170 et 171 du code pénal tel que modifié et complété par la loi n° 09/011 du
10 janvier 2009 portant protection de l’enfant. La peine est de sept à vingt ans
de servitude pénale principale et d’une amende de huit cent mille à un million

1
Article 162 alinéa 2 de la loi n° 09/011 du 10 janv ier 2009 portant protection de l’enfant.
490
Catalogue des infractions

de francs congolais. Le minimum de la peine est doublé si le viol a été commis


par des ascendants.
Le même minimun de la peine est doublé lorsque le viol est commis
par des personnes qui ont autorité sur l’enfant, les enseignants, les agents
publics, les ministres de culte, le personnel médical, para médical, ou des
assistants sociaux, des tradipraticiens , les gardiens des enfants . Si l’attentat a
été commis avec l’aide d’une ou plusieurs personnes, ou en public, ou a causé
une altération grave de la santé ou laissé des séquelles physiques,
psychologiques, ou s’il est commis sur un enfant vivant avec handicap, ou s’il a
été commis avec usage ou menace d’arme, le minimum de la peine sera aussi
doublé.
Le viol d’enfant peut se perpétré à l’aide de violences ou menaces
graves ou par contrainte à l’encontre de l’enfant. Il peut être réalisé directement
ou par l’intermédiaire d’un tiers. Le viol d’un enfant se concrétise aussi par
surprise, pression psychologique ou à l’occasion d’un environnement coercitif.
Il est en outre exécuté en abusant d’un enfant qui, par le fait d’une maladie, par
l’altération de ses facultés ou par toute autre cause accidentelle a perdu l’usage
de ses sens ou en a été privé par quelque artifice.
Qui peut commettre le viol d’un enfant ? Peut commettre le viol :
- tout homme qui introduit son organe sexuel, même superficiellement dans
celui d’une enfant ;
- toute femme qui oblige un enfant à introduire même superficiellement son
organe sexuel dans le sien ;
- tout homme qui pénètre, même superficiellement l’anus, la bouche ou tout
autre orifice du corps d’un enfant par un organe sexuel, par toute autre
partie du corps ou par un objet quelconque ;
- toute femme qui oblige un enfant à exposer son organe sexuel à des
attouchements par une partie de son corps ou par un objet quelconque ;
- toute personne qui introduit, même superficiellement, toute autre partie du
corps ou un objet quelconque dans le vagin d’une enfant ;
- toute personne qui oblige un enfant à pénétrer, même superficiellement, son
anus, sa bouche ou tout autre orifice de son corps par un organe sexuel, par
toute autre partie du corps ou par un objet quelconque.

51. Vol d’un bien d’un enfant


L’article 163 du texte légal sur la protection de l’enfant réprime
l’infraction de vol d’un bien d’un enfant. Outre les éléments constitutifs de
l’infraction de vol, l’auteur doit savoir que l’objet qu’il soustrait appartient à un
enfant. La sanction est celle des articles 79 et 80 du code pénal ordinaire.
L’article 164 de la loi portant protection de l’enfant punit de dix à vingt ans de
servitude pénale principale et d’une amende de cinq cent mille à un million de
francs congolais si le vol a été commis à l’aide de violences ou de menaces.
Catalogue des infractions 491

468. Protection pénale de l’enfant avant sa


naissance
1. Abstention de porter assistance à une femme en instance
d’accouchement
Pour protéger l’enfant à naître, la femme en instance d’accouchement
doit faire l’objet d’assistance et des soins particuliers. Le personnel soignant est
particulièrement astreint à ces obligations. Pour contraindre le personnel
soignant à plus d’assistance, le législateur a érigé en infraction l’abstention de
porter assistance à une femme en instance d’accouchement.
L’article 146 de la loi n° 09/011 du 10 janvier 2009 est le soutenèment
légal de l’infraction. Cette disposition légale punit des peines prévues pour non
assistance à personne en danger le personnel soignant coupable d’abstention de
porter assistance à une femme en instance d’accouchement.

2. Coups et blessures volontaires portés sur une femme


enceinte
Quiconque porte volontairement des coups sur une femme enceinte
commet l’infraction. Cette incrimination tire sa création des articles 143 à145
de la loi n° 09/011 du 10 janvier 2009.
Les coups portés et blessures faites volontairement peuvent entraîner
une altération grave de la santé de la femme. Ils peuvent aussi altérer
gravement l’embryon et le fœtus. Les coups peuvent entrainer la perte d’un
organe sans détruire l’embryon.
L’auteur des coups et blessures volontaires portés sur une femme enceinte est
passible des peines. Elles sont de deux à cinq ans de servitude pénale principale
et d’une amende de deux cent mille à trois cent cinquante mille francs
congolais.
Les coups portés et blessures faites volontairement peuvent causer
l’avortement sans intention de le provoquer. Dans ce cas, l’auteur est passible de
deux à cinq ans de servitude pénale principale et d’une amende de trois cents
cinquante mille à cinq cent mille francs congolais. Il sera jugé par le tribunal de
paix.

469. Provocation à des manquements envers


l’autorité publique
Voir provocation à la désobéissance civile, n° 471.

470. Provocation à la désertion


Voir Désertion, n° 148.
492
Catalogue des infractions

471. Provocation à la désobéissance civile


La provocation à la désobéissance civile est aussi appelée provocation et
incitation à des manquements envers l’autorité publique. En effet, il est fait
obligation à tous ceux qui vivent sur le territoire national d’obéir aux lois.
Toute provocation à la désobéissance aux lois (ou incitation à la désobéissance
civile) met en danger la paix publique.

I. Eléments constitutifs
L’infraction de provocation à la désobéissance civile requiert divers
éléments pour être établie.
a)L’acte matériel.
Il peut être question d’écrits ou de paroles adressés à un seul individu, à un
groupe de personnes ou à la collectivité.

b) L’incitation à désobéir à la loi.


L’acte matériel doit inciter à désobéir à la loi. L’objet des écrits et de paroles
est d’inciter autrui à ne pas faire ce qui est ordonné par la loi. Ces écrits et
paroles peuvent aussi consister à inciter autrui à faire ce qui est défendu par la
loi.
Sont considérés comme lois tous les textes à caractère général et
impersonnel émanant des autorités publiques. Il pourra s’agir de lois,
ordonnances, décrets, arrêtés, ordonnances-lois, décisions…Sont pris
également en compte les ordres des agents de l’autorité (provocation à des
manquements envers l’autorité). Que le résultat de la provocation, soit atteint
(réalisé) ou non, l’infraction existe.

c)La provocation directe.


La provocation doit avoir directement incité une ou plusieurs personnes
à désobéir à la loi.

d)L’élément intellectuel.
L’agent sait que ce qu’il incite à faire est contraire aux lois (élément
moral).

dI. Régime répressif

L’infraction de provocation à la désobéissance civile est prévue par


l’article 135 bis du code pénal congolais. Cette disposition résulte de
l’ordonnance -loi n° 299 du 16 décembre 1963. Elle est sanctionnée de deux
mois à trois ans et d’amende ou de l’une de ces peines. Le législateur n’a pas
Catalogue des infractions 493

laissé aux titulaires des droits de régler arbitrairement la compétence des


tribunaux.
Il a accordé compétence exclusive, pour toutes infractions relatives à la
provocation et à l’incitation à des manquements envers l’autorité publique, à la
cour de sûreté de l’Etat (article 96 du COCJ). La cour de sûreté de l’Etat ayant
été dissoute par la constitution de 2006740, l’infraction de provocation à la
désobéissance civile relève désormais de la compétence matérielle du tribunal
de paix.

472. Provocation à l’insoumission


La provocation ou favorisation de l’insoumission est réprimée. Elle peut
se réaliser par certains moyens. Ces moyens peuvent être suivis ou non d’effets.
L’incrimination de provocation à l’insoumission requiert des éléments
constitutifs, à défaut desquels elle ne sera pas établie.

I. Eléments constitutifs

a)Les éléments matériels


Les éléments matériels se résument en actes prohibés et en moyens de
réalisation de ces actes. L’agent doit avoir provoqué ou favorisé l’insoumission,
c’est-à-dire inciter, porter à exhorter. Un homme d’affaires empêche, au moyen
d’alléchantes promesses de faramineuses sommes d’argent, un militaire affecté
à rejoindre son corps de troupe en l’envoyant dans une carrière acheter des
pierres précieuses. Il provoque de ce fait ce militaire à l’insoumission. Il en est
de même d’un transporteur qui, ayant appris que des émissaires sont dépêchés
dans son village pour rechercher certains de ses amis en vue de rejoindre leurs
corps de troupe, offre son véhicule pour aider les mécontents à s’en aller
ailleurs 741.
b)Les moyens de réalisation de ces actes.
Les moyens de réalisation des actes de provocation à l’insoumission
sont de tous ordres et illimités.

c)L’élément moral.
L’élément moral résulte d’un acte délibéré et conscient de l’agent qui
tient à soustraire un tiers de l’obligation de son corps de troupe. Aucun mobile
ne peut être invoqué à part bien entendu la contrainte physique ou morale
subie par le provocateur.

740
Article 225 de la constitution.
741
Laurent MUTATA LUABA., op. cit. , p.65
494
Catalogue des infractions

II. Régime répressif

La provocation à l’insoumission est réprimée aussi bien en temps de paix


qu’en temps de guerre. Elle est prévue et sanctionnée par l’article 42 du code
pénal militaire. En temps de paix, le coupable encourt une peine de servitude
pénale principale dont le taux est fixé de deux mois à cinq ans au maximum. Si
les coupables ne sont ni militaires ni assimilés, ils écoperont en plus de la peine
principale d’une amende de cinq mille à dix mille francs congolais constants.

473. Provocation au duel


Voir Duel, n°196.

474. Provocation des militaires à la désobéissance


A l’article 135 ter du code pénal livre II, il est dit : « quiconque aura…
provoqué des militaires à se détourner de leurs devoirs militaires et de
l’obéissance qu’ils doivent à leurs chefs dans tout ce qu’ils leur commandent
pour l’exécution des lois et des règlements militaires… ».Cet article crée
l’infraction de provocation des militaires à la désobéissance.

I. Eléments constitutifs

Pour être établie en fait comme en droit, l’infraction de provocation des


militaires à la désobéissance exige :
1. un acte matériel ;
2. un acte qui incite les militaires à se détourner de leurs devoirs militaires et de
l’obéissance qu’ils doivent à leurs chefs ;
3. que l’acte soit de nature à directement inciter un ou plusieurs militaires ;
4. L’auteur sait que ce qu’il incite à faire est contraire aux devoirs militaires et à
l’obéissance que les militaires doivent à leurs chefs lorsqu’ils commandent à
l’exécution des lois et règlements militaires ;
5. Que l’acte matériel d’incitation soit commis en temps de paix. En temps de
guerre, il y aurait atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat742.

II. Régime répressif

L’infraction de provocation des militaires à la désobéissance n’est


commise qu’en temps de paix. Elle est prévue par l’article 135 ter du code
pénal. Elle est assimilée à la provocation à la désobéissance civile. Elle est
punie de deux mois de servitude pénale à trois ans et d’une amende ou d’une
de ces peines (la provocation des militaires à la désobéissance).

742
Article 183 (3°) du code pénal .
Catalogue des infractions 495

L’infraction de provocation des militaires à la désobéissance relève de la


compétence matérielle du juge de paix. L’action publique de cette infraction est
prescrite selon les règles de droit commun.

475. Proxénétisme
a)Textes légaux et définitions
L’article 174 du code pénal livre II tel que modifié et complété par la loi
n° 06/018 du 20 juillet 2006 organise le proxénétisme. C’est toute activité
illicite consistant à tirer profit de la débauche ou de la prostitution par la
satisfaction des passions d’autrui, grâce à l’embauchage, à l’entraînement ou au
détournement des personnes de plus de dix-huit ans, ou encore par la tenue
d’une maison de débauche ou de prostitution. Cette disposition parle de :
- satisfaction des passions d’autrui, d’embauchage, d’entraînement ou
détournement, en vue de la débauche ou de la prostitution ;
- la tenue d’une maison de débauche ou de prostitution ;
- du souteneur comme de celui qui vit , en tout ou en partie, aux dépens
d’une personne dont il exploite la prostitution ;
- celui qui aura habituellement exploité de quelque autre façon, la débauche
ou la prostitution d’autrui ;
- quiconque aura diffusé publiquement un document ou film pornographique
aux enfants de moins de dix-huit ans ;
- quiconque fera passer à la télévision des danses ou tenues obscènes,
attentatoires aux bonnes mœurs.
L’article 182 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de
l’enfant sanctionne le proxénétisme à l’égard d’un enfant. C’est le fait d’offrir,
d’obtenir, de fournir, de se procurer ou d’utiliser un enfant à des fins sexuelles
contre rémunération ou toute autre forme d’avantage. Le proxénétisme à
l’égard des personnes majeures (c’est-à-dire des personnes âgées de plus de dix-
huit ans) sous-entend l’activité illicite de faciliter la débauche et la prostitution
et celle d’exploiter la débauche ou la prostitution d’autrui.
Il est puni de trois mois à cinq ans de servitude pénale et d’une amende
de cinquante mille à cent mille francs congolais constants. Le tribunal de paix
est la juridiction compétente.

I. L’action illicite facilitant la débauche ou la prostitution

Généralement l’activité illicite dont question comprend l’embauchage,


l’entraînement ou le détournement et la tenue d’une maison de débauche.
496
Catalogue des infractions

1. Le proxénétisme par embauchage, entraînement ou


détournement
Il est répris à l’article 174 b alinéa 1, point 1 du code pénal livre II tel
que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006. Embaucher
c’est le fait pour un entremetteur de rendre disponibles des personnes de
métier immoral ou impudique, les mettre en contact avec des clients. Entraîner
c’est attirer une personne vers le metier de prostitution ou de débauche.
Détourner, c’est écarter quelqu’un de son occupation ordinaire pour
l’orienter vers la prostitution. Le but poursuivi est l’exercice de la prostitution.
Le législateur a réservé la servitude pénale de trois mois à cinq ans et une
amende de cinquante mille à cent mille francs congolais constants.
2. Le proxénétisme à l’égard des enfants
Il est répris à l’article 182 alinéa 3 de la loi 09/001 du 10 janvier 2009.
Le proxénétisme à l’égard d’un enfant est le fait d’offrir, d’obtenir , de fournir,
de se procurer ou d’utiliser un enfant à des fins sexuelles contre rémunératon
ou toute autre forme d’avantages. L’élément matériel comprend notamment le
fait d’offrir(donner, présenter en cadeau), d’obtenir(recevoir ce que l’on désire),
de fournir(mettre à disposition), de se procurer(d’accéder à quelque chose) ou
le fait d’utiliser(tirer profit) un enfant.
L’élément moral consiste pour l’entremetteur à travers les actes
matériels ci-haut décrits d’atteindre un acte sexuel ou de nature sexuelle.
L’autre but poursuivi c’est la recherche d’une rémunération, un gain pécuniaire
ou en nature. Le législateur réprime l’auteur du proxénétisme à l’égard d’un
enfant(les faits ci-dessus énumérés ) d’une peine de cinq à vingt ans de
servitude pénale principale. Est compétent pour ce faire, le tribunal de grande
instance.
Si l’acte répréhensible est le fait du père, de la mère, du parâtre, de la
marâtre, du tuteur ou de toute personne exerçant l’autorité parentale, la peine à
encourir est portée de dix à vingt-cinq ans de servitude pénale.
3. La tenue d’une maison de prostitution
Il est répris par l’article 174 balinéa 1 point 2 du code pénal livre II tel
que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006. Le coupable de
la tenue d’une maison de débauche ou de prostitution encourt une peine de
trois mois à cinq ans et une amende de cinquante mille à cent mille francs
congolais constants.

II. L’activité illicite d’exploitation de la débauche ou de la prostitution


d’autrui.

Cette activité comprend le fait de souteneur et l’exploitation habituelle


de la débauche ou de la prostitution d’autrui.

1. Le délit de souteneur
Catalogue des infractions 497

« Le souteneur c’est celui qui vit , en tout ou en partie aux dépens d’une autre
personne dont il exploite la prostitution ». Le souteneur tire profit de la
débauche d’autrui. Il peut être un proche parent, un mari, un frère, un
concubain, un ami,, un confident etc. Le souteneur ne fait pas de charité, c’est
un calculteur. Il veut récolter une rétribution. La prostituée est sa vache laitière.
L’intention coupable doit être établie dans le chef de l’auteur. Il connaît le
caractère immoral de l’activité menée par la personne aux dépens de laquelle il
vit.
Le délit de souteneur est puni par l’article 174 b point 3 du code pénal
livre II tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006
modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal
congolais. Le souteneur encourt une peine de trois mois à cinq ans de servitude
pénale et une amende de cinquante mille à cent mille francs congolais
constants.

2. L’exploitation habituelle de la débauche ou de la prostitution


d’autrui.
L’infraction est prévue par l’article 174b point 4 du code pénal livre II tel
que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et
complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais. Elle est
punie d’une servitude pénale de trois mois à cinq ans et d’une amende. Pour
amples détails que le lecteur daigne consulter l’intitulé.

476. Proxénétisme à l’égard d’un enfant


Voir proxénétisme, n° 476.

477. Publication et distribution des écrits


Le législateur exige pour toutes publications et distributions d’écrits
certaines indications. Il y a notamment l’indication du nom et du domicile. La
loi sanctionne toute personne qui aura sciemment contribué à la publication ou
à la distribution de tout écrit dans lequel ne se trouve pas l’indication vraie du
nom et du domicile de l’auteur ou de l’imprimeur.
Cette infraction est définie à l’article 150h du code pénal livre II. Elle est
sanctionnée d’une servitude pénale de deux mois maximum et d’une amende
ou d’une de ces peines tout simplement. La peine ne sera pas prononcée au cas
où les indications requises sont inexistantes ou si l’origine est connue par
l’apparition antérieure.
Les crieurs, afficheurs, vendeurs ou distributeurs qui auront fait connaître
la personne de laquelle ils tiennent l’écrit incriminé et ceux qui auront fait
498
Catalogue des infractions

connaître l’auteur ou l’imprimeur seront exemptés de la sanction de l’article


150h743.

478. Publicité
La publicité est l’utilisation d’un moyen de communication destiné à
informer et séduire les clients potentiels744. La publicité sous toutes ses formes
doit être conforme aux lois et règlements.La publicité doit être conçue de
manière à ne pas abuser de la confiance, de l’inexpérience ou de l’ignorance des
consommateurs. Elle ne doit pas non plus choquer les convictions du public.
La publicité doit être respectueuse de la dignité de la personne humaine.
Elle doit être exempte de toute vulgarité et violence. Elle proscrit la
superstition et respecte la propriété littéraire, artistique, industrielle et les droits
de la personne humaine.
L’arrêté départemental 04/DIP/004/90 du 21 avril 1990 portant
dispositions réglementaires générales en matière de publicité au Zaïre
(Département de l’information et de la presse) est le texte légal745. L’arrêté
ministériel n° 008/ CAB/ MIN. INFO. PRES & COM. NAT /2007 du 09
juillet 2007 modifiant et complétant l’arrêté ministériel 04/MCP/009/2002 du
15 octobre 2002 fixe les critères d’appréciation de la publicité sur le tabac et
boissons alcoolisées746.

479. Publicité des prix


Voir Prix, n° 459-10.

480. Publicité illicite

I. Définitions

Est illicite la publicité :


- qui est incompatible avec les avis, recommandations et décisions du conseil
national de la publicité et de la commission de contrôle et de visa de la
publicité ;
- contraire aux lois et règlements, aux bonnes mœurs, à l’ordre et à la sécurité
publics ;

743
Article 150i du code pénal congolais livre II.
744
Coralie Ambroise-Castérot., op.cit, p.537.
745
Les codes Larcier République Démocratique du Congo, tome III, Droit commercial et
économique, volume 2, Larcier-Afrique Editions 2003, p. 506 à 513.
746 er
J.O., n° 19, 1 octobre 2009, p.23.
Catalogue des infractions 499

- qui suscite dans le public, chez les enfants en particulier des comportements
indignes, irrationnels ou contraires à l’intérêt général ;
- comportant des allégations, omissions, exagérations, indications ou signes
trompeurs, équivoques ou de nature à induire en erreur (publicité
mensongère) ;
- contenant une comparaison de nature à induire en erreur, et contraire aux
principes de la concurrence loyale ;
- dénigrant une entreprise, un produit, en provoquant du mépris, ridiculisant
ou en discréditant ;
- comportant une imitation risquant d’entraîner des confusions ;
- contraire à la déontologie d’une corporation professionnelle dotée de la
personnalité juridique.

II. Eléments constitutifs


Pour être caractérisée, l’infraction de publicité illicite exige divers éléments.
a) L’élément matériel de l’infraction.
L’élément matériel comprend l’objet et le support747 ainsi que le
contenu de la publicité.
1° L’objet et le support . Ils sont constitués de toute publicité portant sur
des biens ou produits qui sont des objets ordinaires de vente et de
service quelconques quel que soit le moyen et la forme utilisés.
2° Le contenu de la publicité. Le contenu ne doit pas être contraire aux lois
et règlements, aux bonnes mœurs, à l’ordre public et à la sécurité
publique. Il ne doit pas être incompatible avec les avis et
recommandations du conseil national de la publicité ou avec les
décisions de la commission de contrôle et de visa de la publicité.

b) L’élément moral de l’infraction.


L’élément moral de l’infraction de publicité illicite est constitué de
l’intention de tromper qui anime le prévenu. Le juge appréciera l’inexactitude
ou l’ambiguïté des formules utilisées dans la publicité. Le juge examinera ce
qu’elle créerait dans l’esprit du destinataire.Tout annonceur veillera à n’affirmer
que ce qui aura été soigneusement vérifié parcequ’une imprudence, une
négligence peuvent être considérées comme des fautes. Il en de même de la
connaissance de l’inexactitude et de l’intention délibérée de tromper.

747
Article 22 et 23 de l’arrêté départemental 04/DIP/004/90 du 21 avril 1990 portant
dispositions réglementaires générales en matière de publicité au Zaïre (Département de
l’information et de la presse).
500
Catalogue des infractions

III. Poursuites
Les membres de la commission de contrôle et de visa de la publicité
sont habilités à rechercher les infractions de publicité illicite. Ils les constatent
sur procès-verbal. Ils peuvent se faire remettre copie des documents qu’ils
estiment nécessaires pour accomplir leur mission. Les empêchements ou
entraves volontaires à l’exercice de leurs fonctions consistant par exemple au
refus de fournir les renseignements ou documents demandés ou le fait de leur
remettre des documents ou renseignements inexacts, sont sanctionnés. Les
membres de la commission transmettent leurs procès-verbaux à l’office du
Procureur de la République.

a) Texte légal et sanction


Il a existé plusieurs textes en matière de publicité. Nous pouvons citer :
- L’ordonnance n°97 / A.E du 6 septembre 1938748 ;
- l’ordonnance du 14 février 1950 qui interdit d’inciter autrui, de quelque
manière que ce soit, à commettre les actes prohibés et surélevées ;
- le décret du 1er avril 1959 relatif à la sauvegarde du pouvoir d’achat des
consommateurs749.
Le texte légal en matière de publicité est aujourd’hui l’arrêté
départemental 04/DIP/004/90 du 21 avril 1990 portant dispositions
réglementaires générales en matière de publicité au Zaïre (Département de
l’information et de la presse)750. La publicité illicite y est prévue par l’article 22.
Le Ministère public ou le tribunal de Commerce saisis peuvent d’office
ordonner, par une décision immédiatement exécutoire, la cessation de la
publicité. Ils le peuvent aussi à la demande du conseil national de la publicité
ou de la commission de contrôle et de visa de la publicité. Ces organes peuvent
également agir de leur propre chef à titre préventif. Face aux dégâts causés par
la publicité illicite, des voix ne cessent de s’élèver et des personnes d’agir. Les
personnes physiques ou morales reconnues qui ont pour mission la défense des
intérêts des consommateurs peuvent exercer l’action civile devant toutes les
juridictions si l’intérêt collectif des consommateurs a subi préjudice.
La publicité illicite est punie des peines prévues à l’article 15 du Décret
loi du 20 mars 1961 sur les prix. D’autres sanctions sont prévues notamment la
condamnation à des dommages et intérêts. Il y aussi la publication de la
décision judiciaire par extrait ou intégralement aux frais du condamné et la
diffusion aux frais du condamné d’annonces rectificatives si nécessaire.

b) Tribunal compétent

748
B.A. , 1937, p. 416.
749
B. O. , 1959, p. 1284.
750
Il sied de préciser que cet arrêté n’a pas fait l’objet de publication au Journal officiel.
Catalogue des infractions 501

Certes, les infractions provoquées par la publicité et par l’irrespect des


usages honnêtes en matière commerciale et/ou industrielle sont incorporées
dans le code pénal ordinaire. Nous pensons néanmoins qu’elles relèvent de la
compétence des tribunaux de commerce. L’explication se trouve être que la
publicité fait partie de la législation et de la réglementation économique et
commerciale.

481. Publicité médicale


La publicité n’est autorisée que dans les conditions fixées par la loi. La
publicité technique concernant les médicaments est libre auprès des médecins,
pharmaciens, chirurgiens-dentistes et des sages-femmes. Toutefois il doit s’agir
d’une publicité non illustrée ou si elle paraît dans des journaux ou revues
diffusés exclusivement auprès du corps médical ou pharmaceutique.
Cependant, dans la publicité, les mentions concernant les indications
thérapeutiques et les contre indications ne pourront être faites que dans les
limites fixées par la loi.
La publicité des produits pharmaceutiques ne doit porter aucune
déclaration ou présentation visuelle qui risque d’induire en erreur quant à la
nature ou à la propriété du produit751. La publicité des traitements médicaux
doit décrire de façon adéquate les caractéristiques des traitements proposés752.

482. Publicité mensongère


Voir publicité illicite, n° 480.

483. Publicité sur le tabac

La publicité sur le tabac s’adresse aux consommateurs adultes. Elle est


interdite à la télévision et à la radio. Elle est prohibée dans la presse écrite et
dans les magazines commerciaux et d’informations générales. Sur tous les
points de vente, la publicité doit intégrer dans un espace déterminé
l’avertissement sanitaire selon lequel FUMER EST PREJUDICIABLE A LA
SANTE. La publicité sur le tabac est interdite sur support routier, panneaux et
banderoles. La publicité électronique, à moins que des mesures soient prises
pour s’assurer que les personnes sont adultes, ne doit pas être incorporée dans
les vidéos ou cassettes radio.
Elle ne doit pas figurer dans les disque compact, disque vidéo digital ou
dans d’autres moyens similaires. La recherche publicitaire sur la population de
moins de dix-huit ans d’âge est interdite. Seuls les adultes ont accès à la

751
Arrêté départemental du 21 avril 1990 cité ci haut, artcle 16.
752
Idem, article 17.
502
Catalogue des infractions

promotion des produits du tabac. Les moins de dix-huit ans d’âge n’y ont pas
accès et ne peuvent recevoir, acheter ou vendre un article promotionnel. La
dégustation des produits du tabac est réservée aux adultes. Les personnes
employées pour offrir la dégustation doivent avoir au moins vingt et un ans. Il
est interdit de parrainer les évènements visant les mineurs à travers la presse
tant écrite qu’audiovisuelle.

484. Publicité sur les boissons alcoolisées


L’arrêté départemental 04/DI/004/90 du 21 avril 1990 en ses articles 6 à
14 est le texte légal en matière de publicité sur les boissons alcoolisées. On
distingue cinq groupes de boissons.
1. Les boissons non alcoolisées dont la publicité n’est soumise à aucune
restriction ; elle est libre à la condition de ne pas être trompeuse ;
2. Les boissons faiblement alcoolisées, fermentées non distillées : bières, vins,
jus de fruits fermentés tirant d’un à six degrés d’alcool ;
3. Les vins doux naturels : vins de liqueur, apéritifs à base de vin et liqueurs ne
tirant pas plus de 18 degrés d’alcool ;
4. Les alcools provenant de la distillation des vins ;
5. Les boissons alcoolisées non interdites : whisky, pastis, vodka.
Les boissons interdites et celles du cinquième groupe ne peuvent faire
l’objet d’aucune publicité à la radio, à la télévision et sur les affiches. La
publicité des boissons alcoolisées est également interdite dans les locaux
occupés par des associations de jeunesse, dans les établissements
d’enseignement de jeunes. Elle est aussi prohibée dans les stades, les terrains de
sport publics ou privés, les piscines, les salles où se déroulent habituellement
les manifestations sportives. Elle est enfin interdite sur les produits
spécifiquement destinés aux jeunes (article 8).
Pour les vins doux naturels (troisième groupe), la publicité ne peut
porter que sur la dénomination du produit, sa composition, les nom et adresse
du fabricant, des agents et des dépositaires ; ceci à l’exclusion de tout autre
message publicitaire.
La publicité des boissons du quatrième groupe est libre, exception faite de sa
diffusion dans les terrains de sport et concernant les objets destinés aux jeunes
(article 10).

Remarques
Les fabricants, importateurs et entrepositaires peuvent adresser aux
détaillants et débitants de boissons des circulaires commerciales indiquant les
caractéristiques des produits qu’ils vendent et les conditions de leur vente. A
l’intérieur des débits des boissons les noms des boissons accompagnés de leur
Catalogue des infractions 503

composition, du nom et de l’adresse du fabricant, de leur prix peuvent être


affichés.
Il est néanmoins interdit de les présenter comme possédant une valeur
hygiénique, diététique, ou médicale. Il est permis en outre d’inscrire seulement
sur les voitures utilisées pour les opérations normales de livraison, la
désignation des produits, le nom et l’adresse du fabricant, des agents et
dépositaires.

Critères qualitatifs
Toute publicité sur les boissons alcoolisées doit éviter :
- de suggérer ou d’encourager l’abus de la consommation individuelle ;
- de présenter ou d’encourager la consommation des boissons alcoolisées par
les enfants mineurs d’âge ;
- de présenter un caractère mensonger ;
- d’associer la consommation de la boisson alcoolisée à la conduite
automobile
- d’encourager l’ébriété, les orgies, les beuveries, de présenter de buveurs
ayant perdu le contrôle de leurs actes ;
- de présenter la boisson alcoolisée comme traitement contre les déficiences
physiques et physiologiques ;
- d’associer ou présenter la consommation de la boisson avec le sport ;
- de présenter des scènes de passions sexuelles, de promiscuité ou d’activité
amoureuse présentée comme conséquence de la consommation de boissons
alcoolisées ;
- de contenir de double sens de caractère subjectif ou sous entendant des
intentions immorales ;
- d’associer la boisson au crime, aux criminels ou à toute activité illégale ;
- de s’employer dans la religion ou le thème religieux ;
- de présenter ou traiter déloyalement une boisson concurrente ; la règle dans
ce domaine c’est la retenue, l’objectivité et la vérité ;
- de laisser croire que les boissons concurrentes peuvent contenir des
composants nocifs ;
- d’utiliser des termes scientifiques ou pseudo scientifiques destinés à laisser
croire qu’une boisson alcoolisée rassemble certaines spécificités qu’en fait
elle ne possède pas ;
- d’être faite dans les lycées ou collèges et être présentée comme un facteur
facilitant la réussite scolaire.

Critères quantitatifs
- Aucun message publicitaire sur les boissons alcoolisées ne sera diffusé avant
22 heures et les jours fériés ou chômés.
504
Catalogue des infractions

- Il ne sera fait à la télévision et à la radio aucune publicité pendant le week-


end, les messages publicitaires ne dépasseront pas soixante secondes. La
diffusion de la publicité ne se fera pas dans les programmes spécifiques
destinés à la jeunesse.
- Pour la presse écrite le message n’apparaîtra pas sans la mention « publi-
reportage ou publicité ». Le message occupera un espace ne pouvant
excéder 20% de la surface totale de la page où est présentée la dite
publicité.

Régime répressif
a) Base légale
L’arrêté ministériel n° 008/ CAB/ MIN. INFO. PRES & COM. NAT
/2007 du 09 juillet 2007 modifiant et complétant l’arrêté ministériel
04/MCP/009/2002 du 15 octobre 2002 fixe les critères d’appréciation de la
publicité sur le tabac et boissons alcoolisées753. Cet arrêté renferme le régime
répressif. Les membres de la commission de contrôle et de visa de la publicité
sont désignés pour remplir les fonctions d’inspecteurs chargés de constater
tout manquement. Ils appliquent en outre les sanctions contre les
contrevenants.

b) Sanctions applicables
Les diverses sanctions prévues sont les unes administratives, les autres
pénales. L’avertissement, le rappel à l’ordre, la saisie des produits, la
destruction des produits peuvent être appliqués. Les amendes transactionnelles
et frais administratifs pouvant aller jusqu’à l’équivalent en francs congolais de
cinquante mille dollars américains peuvent être infligées754. En cas de récidive,
les amendes transactionnelles et les frais administratifs seront portés au double.

485. Racisme et tribalisme


Voir Haine et aversion raciale, ethnique, tribale ou régional, n° 282.

753 er
J.O., n° 19, 1 octobre 2009, p.23.
754
Article 11 de l’arrêté ministériel du 09 juillet 2007 ci-haut cité.
Catalogue des infractions 505

486. Rébellion
L’infraction de rébellion est toute attaque, toute résistance avec violences
ou toute opposition dirigées par un individu contre un dépositaire de l’autorité
publique agissant dans l’exercice légitime de ses fonctions en vue de l’empêcher
ou de troubler l’exercice de son ministère.

I. Eléments constitutifs

Pour exister, au sens de l’article 133 du code pénal livre II, l’infraction de
rébellion exige la réunion des éléments constitutifs. Ceux-ci sont répertoriés au
nombre de quatre.
a)La résistance violente.
La résistance violente. La rébellion postule un acte de résistance actif
et violent. L’emploi des moyens violents, des actes de violences ou des
menaces. Par exemple, asséner un coup violent. Il n’est pas nécessaire qu’il y
ait contact physique, coup ou dommage, si l’attitude peut impressionner
vivement la victime : exemple, ramasser des pierres comme pour les lancer1.
Une résistance à un agent public exécutant une mission. La rébellion
traduit une opposition violente à une personne dépositaire de l’autorité
publique ou chargée d’une mission de service public agissant, dans l’exercice de
ses fonctions, pour l’exécution des lois, des ordres de l’autorité publique, des
décisions ou mandats de justice. Mais il n’y a pas infraction dans un acte de
résistance passive ; s’enfuir pour éviter l’arrestation, rester allongé sur un banc
malgré l’ordre de l’agent, refuser de se laisser mettre les menottes. Il n’y a pas
non plus infraction de rébellion dans les violences contre les choses ; exemple
jeter les pièces à conviction par la fenêtre, avaler un document.

b)La qualité de la victime.


Les actes de violence doivent être dirigés contre les dépositaires ou
agents de l’autorité ou de la force publique (Huissier, policier, agent de police
judiciaire, greffier etc..). Les gardes de corps privés, les agents de la garde
industrielle des entreprises, les agents de sociétés de gardiennage ne peuvent
pas être victimes de rébellion. Ils ne sont pas détenteurs de la qualité des agents
de la force publique.

1 ème
Mémentos ; Droit pénal spécial, 14 édition 2008, Jean et Anne-Marie Larguier, Philippe
Conte, Dalloz.
506
Catalogue des infractions

Nous estimons que les personnes qui agissent sous les ordres et sous le
contrôle des précédentes, lorsqu’elles sont victimes, l’infraction sera
caractérisée.

c)La victime
Une victime agissant pour l’exécution des lois, des ordres de l’autorité
publique, des décisions ou des mandats de justice. Les agents ne sont protégés
que s’ils agissent pour l’exécution des lois, ordres ou ordonnances, décision de
l’autorité publique, des jugements ou autres actes exécutoires. Certes, nul n’est
tenu d’exécuter un ordre manifestement illégal755 et la preuve de l’illégalité
manifeste de l’ordre incombe à la personne qui refuse de l’exécuter .
Néanmoins, il se pose le problème de la résistance à un ordre illégal : les
particuliers ne peuvent se constituer juges de l’illégalité.756
d)L’intention coupable.
Le prévenu agit avec intention coupable, en sachant que par ses
violences, il s’oppose à l’exécution des lois. Il suffit que l’auteur des violences
ait su qu’il risquait de mettre obstacle à l’exécution de l’ordre de l’autorité.
Il a été jugé que la simple résistance passive ne peut pas constituer la
rébellion ; la résistance violente à un acte irrégulier de l’autorité est une
rébellion, mais les mobiles qui ont motivé la résistance peuvent être retenus
comme cause d’atténuation de la peine ; et ne se rend pas coupable de rébellion
celui qui, en cas d’arrestation arbitraire, résiste à l’emploi injuste de la force
publique.757
Ne constituent pas également l’infraction de rébellion l’opposition
dirigée contre un policier qui réclame le payement de son dû vis-à-vis de son
créancier. L’opposition dirigée contre un conseiller du gouverneur de province
qui a ordonné la saisie des objets appartenant à autrui n’est pas non plus
constitutive d’infraction.

Le code pénal militaire en ses articles 91 et 92 définit et réprime sous la même


infraction de rébellion toute attaque, toute résistance avec violences et voies de
fait commises par un militaire ou individu embarqué ou employé par le
Ministère de la défense envers les forces armées ou les agents de l’autorité
publique. Il a été jugé que le militaire qui refuse à son supérieur de se rendre au

755
Article 28 de la constitution du 18 février 2006 (J.O.R.D.C., 47 ème année, Numéro
spécial, p. 17.
756
Crim., 1965.
757
Elis. 12 octobre 1915, Jur. Col. 1926, p. 162 ; Elis. 28 novembre 1925, Jur. Kat. II p. 93 ;
ère
1 inst. App. Buta. 20 mai 1927, Rev. Jur. 1929, p. 206.
Catalogue des infractions 507

corps de garde et qui résiste avec violence au caporal de garde chargé de faire
exécuter cet ordre se rend coupable d’insubordination et non de rébellion758.

II. Poursuites

a) Textes légaux en matière de rébellion


Le code pénal en son livre II, article 133 définit l’infraction de
rébellion. L’article 134 sanctionne la rébellion commise par une seule personne.
L’article 135 réprime la rébellion commise, après s’être concertées
préalablement, par plusieurs personnes. L’article 91 du code pénal militaire
définit la rébellion militaire.

b) Sanctions applicables aux actes de rébellion


La rébellion commise par une personne est punie d’une année de
servitude pénale principale au maximum et d’une amende ou d’une de ces
peines seulement. La rébellion commise par plusieurs personnes et par suite
d’un concert préalable est sanctionnée de cinq ans de servitude pénale
principale et d’une amende.
La rébellion militaire sans arme est punie de cinq à dix ans de servitude
pénale. La rébellion avec arme fait encourir à ses auteurs et complices la peine
de dix à vingt ans de servitude pénale. S’il résulte des actes de rébellion des
blessures ou la mort de l’autorité contre laquelle ils sont dirigés, les coupables
seront punis de servitude pénale à perpétuité ou de la peine de mort selon le
cas.
L’article 92 du code pénal militaire dispose que la rébellion commise
par des militaires ou par des individus embarqués ou employés par le Ministère
de la Défense, armés et agissant au nombre de trois au moins, est punie de
vingt ans de servitude pénale. Les instigateurs ou chefs de rébellion et le
militaire le plus gradé sont passibles de la servitude pénale à perpétuité. En
temps de guerre ou pendant les circonstances exceptionnelles, les coupables
seront punis de mort.
c)Tribunal compétent pour juger l’infraction de rébellion
La rébellion commise par une personne ou par plusieurs personnes par
suite d’un concert préalable relève du tribunal de paix. Cette compétence tire
justification des peines maximales d’une année et de cinq ans prévues par le
législateur. La rébellion militaire sans arme et la rébellion avec arme sont des
infractions justiciables des juridictions militaires.
d) Prescription de l’action publique
La prescription de l’action publique est d’une année pour la rébellion
commise par une seule personne (art 134 CPLII). Elle est de trois ans en cas de
758
C.G app. 5 juillet 1914, Jur. Col. 1925, p.247.
508
Catalogue des infractions

rébellion commise par plusieurs personnes (art 135 CPLII). La peine sera
prescrite au délai double de la peine prononcée, sans être inférieure à deux ans.
Si le prevenu décede , l’action publique sera étéinte759.

487. Recel
Voir recel d’objets, n° 492.

488. Recel de déserteur


Voir désertion, n° 148 .

489. Recel de malfaiteurs

Le recel de malfaiteurs est une infraction qui consiste à cacher en vue de


les soustraire aux poursuites ou à l’exécution de leurs peines, les personnes que
l’on sait être poursuivies ou condamnées du chef d’une infraction que la loi
punit de mort, de travaux forcés ou de cinq ans au moins de servitude pénale
principale. Il concerne aussi tout autre moyen fourni au criminel pour se
soustraire aux recherches ou à l’arrestation. Par cette infraction, le législateur
entend réprimer l’entrave apportée à l’action de la justice.

I. Eléments constitutifs

L’infraction de recel de malfaiteurs de l’article 164 du code pénal livre


II exige pour être établie la réunion de trois éléments : l’élement matériel,
l’existence d’une personne poursuivie et l’élément moral.

a)L’élément matériel
Pour être établie, l’infraction de recel de malfaiteurs exige l’existence d’un
acte de recel. C’est-à-dire qu’un asile ou un refuge ait été donné à la personne
recherchée.. Il importe peu que la personne recelée ait été momentanément
cachéé. Que la personne récellée soit cachée dans une cabane, dans un trou,
sur les arbres etc., l’acte de recel est , dans ces conditions, caractérisé. Mais,
cet élément matériel est défini de la façon la plus large, par exemple en
l’avertissant des poursuites dont il est l’objet. Il importe peu , finalement, que la

759
La haute cour a arrêté que « le décès du prévenu en cours d’instance entraîne l’extinction
de l’action publique (C.S .J.,RP 44 , 24 juillet 1979, cité par Dibunda Kabuinji,op. cit p.57).
La doctrine elle aussi enseigne qu’en cas de décès du prévenu, l’action publique est éteinte
(Antoine Rubbens, le Droit judiciairee congolais, tome III, l’instruction criminelle et la
procédure pénale, 1965, Bruxelles, Maison Larcier, n° 109,p.127) ; Cour d’appel de
Kananga, RPA 1225, 11 novembre 2004, inédit ; cour d’appel de Kisangani, RPA 1716, 17
juin 2004, inédit.
Catalogue des infractions 509

personne récélée ou aidée ne soit pas condamnée pour le crime dont elle était
soupçonnéé760.
b)Une personne poursuivie
L’infraction ne sera coupablement établie que s’il existe une personne
poursuivie ou condamnée du chef d’une infraction grave. La poursuite et la
condamnation sont donc des préalables. Ceux-ci supposent donc un acte de
poursuite ou un jugement de condamnation.
c)L’élément moral
L’infraction de recel de malfaiteurs est une infraction intentionnelle.
Elle n’existe que s’il y a connaissance dans le chef du receleur que la personne
recélée ou soustraite à la justice avait commis une infraction ou est recherchée
en raison de cette dernière.
Procurer sous son toit ou sous un toit étranger un asile dans le but de
soustraire un criminel poursuivi du chef d’assassinat aux recherches de la
justice rend susceptible d’être poursuivi de recel des malfaiteurs. On a, dans ce
cas, assuré au délinquant poursuivi par la justice le moyen d’y échapper.
Notons qu’en l’absence d’un acte de poursuite contre le criminel, il n’y a pas
d’infraction.

II. Régime des poursuites

Le texte légal est l’article 164 du code pénal livre II. Les pénalités sont de
six mois à deux ans de servitude pénale principale. Sont exempts de poursuite
pour recel des malfaiteurs les ascendants et les descendants, les époux ou
épouses même divorcés, les frères ou sœurs ainsi que les alliés761. L’infraction
de recel des malfaiteurs est de la compétence du tribunal de paix.
Le recel de malfaiteur tend à assurer l’impunité de l’auteur de l’infraction. Il est
donc connexe à l’ infraction dont est poursuivie ou condamnée la personne
aidée. Le receleur doit donc répondre solidairement avec l’auteur du crime ou
de l’infraction de l’entière réparation du préjudice subi par les parties civiles762.
Les victimes de l’infraction commise par le malfaiteur hébergé sont recevables
à se constituer partie civile contre la personne qui l’a hébergé pour lui
demander réparation du préjudice moral résultant pour elles de la soustraction
d’un criminel à l’action de la justice763.

490. Recel des malfaiteurs et d’espions


Le recel dans l’infraction de recel des malfaiteurs et d’espions consiste en
la fourniture habituelle de subsides, de logement et de lieu de réunion ou lieu
760
Bourges., 16 février 1950, JCP 1950, II. 5629, note Chavanne.
761
Article 164 alinéa 2 du code pénal livre II.
762
Crim., 04 janvier 1995, Bull. n° 4.
763
Michel Véron., op.cit., p.406.
510
Catalogue des infractions

de retraite aux malfaiteurs exerçant des brigandages ou des violences contre la


sûreté de l’Etat, la paix publique, les personnes ou les propriétés.
Alors que l’article 164 du code pénal livre II définit et réprime l’infraction
de recel des malfaiteur, c’est l’article 181 du code pénal livre II modifié par
l’ordonnance-loi n°229 du 16 décembre 1963 qui concerne le recel des espions
ou ennemis militaires. La sanction prévue est la peine de mort à l’endroit du
coupable.

491. Recel des substances minérales


Voir Vol des substances minérales, n° 591.

492. Recel d’objets


Le recel d’objets est le fait d’accepter, de recevoir, de garder, de conserver,
de posséder, de détenir sciemment, de cacher un objet dont on connaît
provenir d’une infraction. Par exemple, accepter de garder , en connaissance de
l’origine , une chose volée, un bien escroqué ou obtenu à l’aide d’un abus de
confiance… est constitutif de l’infraction de recel d’objets.

I. Eléments constitutifs du recel d’objets

a) L’élément légal.
Partant de l’’article 101 du code pénal livre II qui définit et réprime le recel
nous pouvons en outre dire que le recel est le fait, en connaissance de cause de
bénéficier, par tout moyen, du produit d’une infraction. Le recel n’est pas
limité aux choses issues de certaines infractions. Il est généralisé aux « choses »
en général.
b)L’élément matériel
L’élément matériel du recel contient, dans son essence même, une
condition préalable. L’infraction de recel n’est constituée que si elle porte sur
une chose provenant d’une infraction. Il doit donc exister la provenance
délictueuse de la chose. L’infraction principale en question est indéterminée. Il
peut s’agir du vol, de l’abus de confiance, de l’escroquerie etc ;
L’infraction à l’aide de laquelle la chose recelée a été obtenue doit être bien
spécifiée. La chose détenue doit provenir d’une infraction commise par un
autre. Ce qui exclut que l’on soit receleur et auteur de l’infraction préalable.
Que l’auteur soit connu ou non, vivant ou mort, qu’il soit en fuite, qu’il ait
bénéficié d’un classement sans suite, que l’infraction soit déjà couverte de
prescription, le recel sera retenu.
Par contre si l’infraction initiale est couverte par un fait justificatif, une
excuse absolutoire, ou si elle fait l’objet d’une amnistie réelle, on ne peut retenir
Catalogue des infractions 511

l’infraction de recel. Il est de jurisprudence que le délit de recel existe toutes les
fois qu’on a caché , acheté ou simplement reçu en tout ou en partie des choses
obtenues à l’aide d’une infraction, en connaissant leur provenance délictueuse .
Le fait d’avoir bu de la bière en sachant qu’elle avait été obtenue à l’aide d’un
vol constitue le délit de recel764 . Est aussi coupable de recel un fonctionnaire
public qui a reçu des sommes d’argent provenant des bulletins de paie des
agents fictifs dont la falsification ne peut lui être reprochée765 .

1.La chose, objet du recel


Toute chose peut faire l’objet d’un recel. Il peut s’agir de l’argent, des
documents, même d’une chose sans valeur. La chose de provenance
infractionnelle, délictueuse est, en fait, le produit de l’infraction principale. Une
chose mobilière (susceptible d’être enlevée, déplacée) provenant directement
de l’infraction ou subrogée à la chose obtenue à l’aide de l’infraction. Les juges
reconnaissent que l’infraction de recel requiert la connaissance de l’origine
délictueuse de l’objet obtenu. A défaut d’établir celle-ci, l’infraction de recel
n’est pas légalement établie766 . On a jugé que l’infraction de recel exige la
connaissance de l’origine délictueuse de l’objet, au moment de la réception de
celui-ci767 .
Le recel peut porter sur tous les biens susceptibles d’être volés, comme
les titres au porteur, les chèques ou les créances768 . Le recel ne porte pas
exclusivement sur un corps certain, mais peut être retenu dans le cadre des
choses fongibles, comme l’argent. La valeur de la chose recelée est sans
importance à l’égard de la qualification de l’infraction. C’est-à-dire que cette
valeur peut être de grande ou de moindre importance.

2.La provenance frauduleuse


L’objet du recel doit nécessairement provenir d’une infraction. Il doit y
avoir un lien matériel particulièrement étroit entre le recel et l’infraction
d’origine. La loi ne prend pas en compte la connaissance ou la personnalité de
l’auteur de l’infraction d’origine, les circonstances précises de commission ou la
victime au préjudice de laquelle elle a été commise. La nature de l’infraction
d’origine n’a pas d’influence sur la qualification du recel.
L’infraction d’origine doit avoir été commise par une personne autre
que le receleur. On ne peut être voleur ni escroc, ni auteur d’un abus de
confiance (Crim., 1999 etc.) et receleur de la même chose. Mais, on peut être
receleur après avoir été complice de l’infraction d’origine.

764
Boma. , 2o janvier 1903, Jur. Etat I p. 235.
765
C.S.J., R.P 21 /C.R. 5 octobre 1979 .B.A 1984, p. 276, texte, R.J.Z. 1979 p.68.
766
C.S.J., RPA 28, 20 août 1974, B.A. 1975, p.253.
767 ère
1 Inst. App. Léo 27 mai 1932, Rev. Jur. 1932, p. 334.
768
Crim., 18 janvier 1988, Bull. n°22.
512
Catalogue des infractions

3. Acte matériel de recel


L’appellation inspirée par le terme latin recelare qui recouvre le sens
du mot « cacher » fixe la nature de l’infraction de recel parmi les infractions de
dissimulation. « Dissimuler, détenir, transmettre, ou faire office d’intermédiaire
» supposent tous la détention de la chose, qu’elle soit momentanée, de courte
ou de longue durée. Elle consiste en la détention soit dans l’intention d’en
profiter soi-même, soit dans l’intention d’aider les auteurs ou complices de
l’infraction initiale à en recueillir les avantages. Bref, l’acceptation consciente et
la réception (conserver par-devers soi) suivies d’une détention pendant un
temps plus ou moins long constituent des actes matériels de recel.

c) L’élément moral.
Le recel est nécessairement une infraction intentionnelle. En effet, n’est
puni que le receleur qui commet l’acte « en sachant que cette chose provient
d’une infraction ou en toute connaissance de cause ». L’imprudence et la
négligence ne sauraient être assimilées à la connaissance. Les juges doivent
caractériser l’existence de l’élément moral défini comme « la connaissance de
l’origine frauduleuse des objets, même s’il est inutile de s’assurer que le receleur
connait les circonstances exactes de commission de l’infraction d’origine ». La
connaissance par le receleur de l’origine délictueuse de la chose est l’élément
essentiel du recel. Celui qui, de bonne foi, a acheté une bicyclette d’occasion
volée ou détournée ne commet pas l’infraction de recel.
Garder une chèvre volée que l’on sait volée, recevoir une partie des
sommes détournées que l’on sait détournées ou recevoir le produit de vente
d’une marchandise que l’on sait escroquée pour payer ses études, peuvent être
qualifiés , à bon droit, d’infractions de recel d’objets. J’estime qu’acquérir,
gratuitement ou à titre onéreux, un des objets exposés dans les marchés dits «
Koweït »769 équivaut, à coup sûr, à une connaissance de l’origine délictueuse
de la chose.

II. Régime répressif

Même si le recel est une infraction autonome dans sa répression, il reste


une infraction conditionnée, dans sa définition, par une infraction préalable.

a) Texte légal en matière de recel


769
Sont appelés « Koweït » à Kinshasa, ces marchés pirates nés et situés aux alentours de
camps militaires, et/ ou les objets y exposés proviennent généralement du produit soit du
pillage, soit des vols domestiques. Il y a un système de présomptions de connaissance
tirées des circonstances de fait établissant que le prévenu « ne pouvait ignorer » ou ne
pouvait « avoir le moindre doute » sur la nature de l’infraction d’origine(Crim.,05 juillet
1993,Dr.pénal 1993,comm.258).
Catalogue des infractions 513

L’article 101 du code pénal livre II punit le recel. Cette disposition


laisse au juge la faculté de prononcer deux peines ou l’une d’elles seulement.
Matériellement le tribunal de paix est l’instance compétente qui doit connaître
de l’infraction de recel.

b) De quelles peines s’agit – il ?


Le receleur, dit l’article 101 précité, sera puni de cinq ans de servitude
pénale principale au maximum et d’amende ou d’une de ces peines. En cas
d’amnistie de l’infraction préalable, l’action publique dirigée contre le recel
d’objets sera également éteinte.

c) La prescription de l’action publique


La prescription est de l’action publique est de trois ans. Elle ne
commence à courir qu’à compter du jour où la détention a pris fin, du jour où
l’agent a cessé de tirer profit de la chose. Cependant, la prescription connaît des
règles particulières en matière de recel.
D’une part, le recel est une infraction continue770 dont la prescription
ne commence à courir que le jour où la détention a cessé771. Il peut être
poursuivi alors que l’infraction d’origine est prescrite772. D’autre part, le recel
ayant cessé depuis plus de trois ans et normalement prescrit continue à être
punissable tant que l’infraction d’origine n’est pas prescrite. Dans ce cas précis,
la prescription du recel commence à courir au jour où commence à courir la
prescription de l’infraction principale.

493. Recel d’une personne recherchée pour


évasion
Voir Evasion de détenus, n° 237.

494. Recel frauduleux


Voir cel frauduleux, n° 64.

495. Récusation

Selon le droit pénal, la récusation n’est pas une infraction. La récusation


est une garantie pour une saine administration de la justice. La récusation vise à
empêcher tout juge ou tout officier du Ministère public d’intervenir dans une
affaire. Elle vise à les voir déchargés de l’instruction d’une cause.
770
Michel Véron.,op.cit., p.323.
771
Crim., 17 mai 1983, Bull. n° 143.
772
Elle est donc indépendante de celle de l’infraction d’prigine qui peut être déjà prescrite
alors que la prescription du recel est loin d’être acquise (Crim., 16 juillet 1964, Bull. n° 241 ;
D. 1964, n° 664) .
514
Catalogue des infractions

Pour récuser un magistrat, on doit le faire avant la clôture des débats. La


récusation est faite par une déclaration motivée et actée au greffe de la
juridiction dont le juge mis en cause fait partie773. La récusation est prévue par
les articles 71 à 81 du code de l’organisation et de la compétence judiciaires.

I. Causes de récusation
Les causes de récusation sont diverses. Elles sont énoncées limitativement à
l’article 71 du code de l’organisation et de la compétence judiciaires.
1. si le récusé ou son conjoint a un intérêt personnel quelconque dans
l’affaire ;
2. si le récusé ou son conjoint est parent ou allié soit en ligne directe, soit en
ligne collatérale jusqu’au troisième degré inclusivement de l’une des parties,
de son avocat ou de son mandataire ;
3. s’il existe une amitié entre le récusé et l’une des parties ;
4. s’il existe des liens de dépendance étroite à titre de domestique, de serviteur
ou d’employé entre le récusé et l’une des parties ;
5. s’il existe une inimitié entre lui et l’une des parties ;
6. si le récusé a déjà donné son avis dans l’affaire ;
7. si le récusé est déjà intervenu dans l’affaire en qualité de juge, de témoin,
d’interprète, d’expert ou d’agent de l’administration ou d’avocat ou de
défenseur judiciaire ;
8. s’il est déjà intervenu dans l’affaire en qualité d’officier de police judiciaire
ou d’officier du Ministère public.

II. Etat de la jurisprudence

- Un magistarat du siège ayant instruit et jugé la cause avant la poursuite


judiciare sur le plan disciplinaire , doit se récuser, vu qu’il avait déjà connu de
cette affaire devant une autre juridiction774 ;
- Ne peut être considéré comme avis susceptible d’être invoqué comme cause
de récusation ou de déport, au sens des articles 71 à 78 du code de
l’organisation et de la compétence judiciaires, le fait pour un juge d’avertir les
parties des moyens qui paraissent, lors d’une instruction à l’audience , pouvoir
être soulevés d’office et de les inviter à présenter leurs observations, soit
immédiatement, soit dans le délai qu’il fixe775 ;
- Les liens d’amitié , d’alliance ou d’intimité visé par l’article 70 du code
del’organisation et de la competence judiciaires doivent exister entre l’une des
parties et le juge ou son conjoint ou son proche parent jusqu’au troisième
degré. Ne sont pas cause de récusation, la partialité du juge, ni les liens de

773
Article 72 du code de l’organisation et de la competence judiciaires.
774
C.S.J. , 23 décembre 1976, RPA 38, BA 1977, p. 108 ; RJZ 1978, p. 94 avec note.
775
C.s.j., 23 juillet 1985R 785- in Dibunda., Répertoire général de jurisprudence de la CSJ
1969-1985 V° récusation, n° 2, p. 198.
Catalogue des infractions 515

parenté ni d’amitié entre le juge et une personne qui n’est pas partie au
procès 776 ;
- La cour suprême de justice section judiciare est competente pour connaître de
l’appel d’un arrêt rendu au 1er dégré par une cour d’appel statuant sur une
demande de récusation, vu que cet appel ne rentre pas dans l’énumération
restrictive des articles de la constitution ou de l’ordonnance-loi du 10 juillet
1968 portant code de l’organisation et de la competence judiciares conférant
exceptionnellement à la cour supreme de justice le fond des affaires777.
Il est admis que le juge qui est intervenu dans l’affaire pour autoriser ou pour
refuser la détention préventive peut sièger dans le collègee qui jugera le
prévenu quant au fond778.

496. Refus d’apporter assistance aux victimes de


calamité publique

Il est fait obligation d’apporter secours quand on en est requis en cas


d’accidents, de tumultes, de naufrage, d’inondation, d’incendies ou autres
calamités, en cas de brigandage, pillage, flagrant délit, clameur publique…. Le
refus de procéder à cette obligation est constitutif de l’infraction.
L’arrêté du Gouverneur Général du 9 février 1891 tel que modifié par l’ord
n°120/AIMO du 15 avril 1942779 crée et réprime cette prévention780.

I. Conditions préalables
L’infraction de refus d’apporter assistance aux victimes de calamité publique
n’est réprimée qu’à la double condition d’existence d’une calamité publique et
d’une réquisition de l’autorité compétente.

a)La calamité.
Le Larousse définit la calamité comme un malheur public : la famine, la guerre
sont des calamités, c’est-à-dire une mauvaise fortune781 . Le législateur a

776
C.s.J., 21 décembre 1983, RPA 88, inédit.
777
C.S.J., 04 juin 1971, L.J C/ LTR, RJZ, 1971 ;p.125.
778
A. Rubbens., op. cit., tome I, n° 182, p. 219, n° 183, p. 220.
779 er
Codes Piron et Devos, tome 1 , p. 415.
780
Il est demandé aux individus d’intervenir dès qu’un sinsitre apparaît. C’est une infraction
érigée pour la solidarité et contre le développement de l’égoïsme et de l’indifference.
781
« Dictionnaire encyclopédique », Larousse classique, Librairie Larousse, 17, rue du
Montparnasse, Paris VII, 1957
516
Catalogue des infractions

assimilé d’autres événements à la calamité publique. Il a même dépassé


largement cette notion.
b)L’existence d’une réquisition de l’autorité compétente.
La réquisition de l’autorité doit provenir d’un fonctionnaire.

II. Eléments constitutifs proprement dits


L’existence d’un acte d’abstention suffit à caractériser l’infraction de refus
d’apporter assistance aux victimes de calamité publique. Il en est ainsi du fait
de refuser, de s’abstenir volontairement, même par négligence (omission,
inaction) d’assister les victimes d’une inondation .
Pour être constituée, l’infraction doit réunir les composantes suivantes :
- il faut une calamité(inondation, tremblement de terre, incendie, accidents ,
etc.) ;
- la calamité doit créer un danger pour la sécurité des personnes ;
- l’auteur doit avoir eu la possibilité , les moyens d’agir, soit personnellement,
soit en appelant au secours782 ;
- le refus d’agir ne doit pas avoir été imposé par le risque pour l’agent.
L’intention de nuire n’est pas requise. C’est une infraction qui ne requiert la
constatation d’aucun préjudice. La simple négligence suffit.. Evidemment, si
l’agent ne peut matériellement porter assistance, il n’encourt aucune sanction.

III. Régime répressif


L’agent sera poursuivi et sanctionné (si les conditions préalables et les
éléments constitutifs sont réunis) de servitude pénale d’un jour à trois jours, et
d’une amende ou d’une de ces peines seulement. L’infraction de refus
d’apporter assistance aux victimes de calamité publique est de la compétence
matérielle du tribunal de paix.

497. Refus d’assurer à son enfant les vaccinations


et autres soins préventifs
Voir protection pénale d’un enfant après sa naissance, n°447-42.

498. Refus de cohabitation


Voir Abandon de foyer, n° 02.

782
A l’ère des téléphones portables, l’infraction se réalise d’autant mieux que l’agent a un
moyen simple d’agir en téléphonant partout où il se trouve.
Catalogue des infractions 517

499. Refus de comparaître


Voir refus de témoigner, n°507.

500. Refus de constater une infraction

Refuser de constater une infraction est constitutif d’infraction.


L’infraction consiste dans le fait pour un officier de police judiciaire de refuser
de constater une infraction ou d’en différer la constatation alors qu’il en est
requis par un particulier ou par un officier du ministère public.

a) Personnes susceptibles de commettre l’infraction


Sont susceptibles de commettre l’infraction de refus de constater une
infraction les personnes habilitées à constater les infractions. Il s’agit en
l’occurrence des officiers et inspecteurs de police judiciaire. Il importe peu
qu’ils soient à competence générale ou restreinte.Il suffit tout simplement
d’être assermenté.

b) Quel texte de loi définit et réprime cette infraction ?


L’article 28 alinéa 2 de l’ordonnance n°78/289 du 03/07/1978783
relative à l’exercice des attributions des officiers de police judiciaire et des
inspecteurs de police judiciaire près les juridictions de droit commun est le
siège de l’infraction.

c)Quelles sont les peines assorties


Les peines que peut encourir l’auteur sont de deux mois de servitude
pénale principale au maximum, d’une amende ou d’une de ces peines. A ce
titre, le tribunal de paix est la juridiction compétente pour connaître de
l’infraction de refus de constater une infraction.

501. Refus de dénoncer les actes de terrorisme


Voir terrorisme, n° 542.

502. Refus de déposer


Voir refus de témoigner, n°507.

503. Refus de prêter serment


Voir refus de témoigner, n°507.

783
Code larcier République Démocratique du Congo, tome I, larcier-Afrique édition 2003,
p. 434.
518
Catalogue des infractions

504. Refus de renseigner


Refuser de renseigner est le fait de refuser de fournir des renseignements
demandés par les agents de l’administration, les magistrats ou les agents
judiciaires, les officiers de police judiciaire ou les agents de la force publique
agissant dans l’exercice de leurs fonctions. L’infraction de refus de renseigner
consiste aussi à sciemment donner une réponse mensongère à une demande
des agents de l’administration, repris ci-haut, à moins que la réponse
mensongère ne forme une infraction passible des peines plus fortes.
Le siège de l’infraction de refus de renseigner est l’ordonnance-loi n°
25/557 du 06 novembre 1959, article 1 alinéa 3. La sanction du refus de
renseigner est de sept jours de servitude pénale principale au maximum et
d’une amende ou de l’une de ces peines seulement.

505. Refus de répondre à une convocation


a) Personnes susceptibles de commettre l’infraction
Refuser de répondre à une convocation est constitutif d’infraction. Sera
puni quiconque, sauf cas de force majeure, ne répond pas à une convocation
de service, écrite et nominative, émanant d’un fonctionnaire ou d’un agent
chargé d’un commandement territorial. Tous les citoyens et étrangers habitants
le Congo sont concernés et peuvent commettre cette infraction.
b) Quel texte de loi renferme cette infraction ?
L’infraction de refus de répondre à une convocation est prévue et
définie par l’ordonnance-législative n°25/557 du 06 novembre 1959784. Elle est
punie de sept jours de servitude pénale au maximum et d’une amende ou d’une
de ces peines (article 1er alinéa 4).
c)Quel est le tribunal et le mode de prescription ?
L’infraction de refus de répondre à une convocation est de la compétence
du tribunal de paix. Le délai de prescription de l’action publique est d’une
année.

506. Refus de sauvetage après abordage


Par abordage, il faut entendre la collision de deux navires ou des
bâtiments flottants. L’infraction de refus de sauvetage après abordage est le fait
pour tout capitaine qui, a près un abordage et pour autant qu’il puisse le faire
sans danger sérieux pour le navire ou les personnes embarquées, n’a pas mis en
œuvre tous les moyens dont il dispose pour sauver l’autre navire, son équipage
ou ses passagers.
784
Il s’agit de l’ordonnance-loi n° 25-557 du 06 novem bre 1959 relative aux peines à
appliquer en cas d’infraction à des mesures d’ordre général B.A., 1959,p.2904) ; Code
larcier République Democratique du Congo, tome II, Droit pénal, Larcier-Afrique éditions
2003, p.25.
Catalogue des infractions 519

L’infraction de refus de sauvetage après abordage d’un navire menaçant


l’intégrité physique de l’équipage et des passagers est prévue par les articles 394
et 128 respectivement du code de la navigation maritime et de la navigation
fluviale et lacustre. L’infraction réside dans l’abstention, l’omission ou l’inaction
à sauver des personnes humaines après abordage sans danger sérieux pour le
navire et les personnes à bord.

I. Conditions préalables

L’infraction de refus de sauvetage après abordage suppose les mêmes


conditions préalables que celles de la non assistance à personne en danger de se
perdre. Il faut y adjoindre une autre condition à savoir l’existence d’un danger
après abordage.

II. Eléments constitutifs


En effet, la loi exige, en outre, pour que soit établie cette infraction, que
l’équipage et les passagers soient en danger. Ce danger doit provenir de
l’abordage.
La non assistance à personne en danger de se perdre s’applique à toute
personne. Le refus de sauvetage après abordage s’applique uniquement au
capitaine de navire pour ce qui est de la navigation maritime (art 394). La
même infraction concerne aussi le capitaine ou conducteur pour ce qui est de
la navigation fluviale et lacustre (art 128). Tout capitaine qui n’a pas mis en
œuvre tous les moyens dont il dispose pour sauver l’autre navire, son équipage
ou ses passagers, est susceptible de commettre l’infraction de refus de
sauvetage après abordage.

III. Régime répressif


L’infraction de refus de sauvetage après abordage est une infraction de
droit maritime. Les poursuites seront exercées dans les mêmes conditions785
que celles de l’infraction de non assistance à personne en danger de se perdre.
Pour que l’infraction soit établie dans le chef du capitaine il faut un lien de
causalité entre l’omission et le préjudice.
La sanction est d’un mois à deux ans de servitude pénale et l’amende786.
Le capitaine du bâtiment coupable de l’omission sera, lui, puni d’un an à deux
ans787 de servitude pénale. L’action publique et les peines se prescrivent
conformément au droit commun.

785
Il s’agit des conditions prévues par l’article 393 de l’ordonnance-loi 66-98 du 14 mars
1966.
786
Article 394 du code de la navigation maritime.
787
Article 128 alinéa 3.
520
Catalogue des infractions

507. Refus de témoigner


L’infraction de refus de témoigner concerne le témoin qui, sans motif
légitime d’excuse, bien que régulièrement cité, ne comparaît pas ou refuse de
prêter serment ou de déposer quand il en a l’obligation.
Le décret du 06 août 1959 portant code de procédure pénale, en son
article 19 (section III des enquêtes) a défini, prévu et sanctionné l’infraction de
refus de témoigner. Le témoin qui refuse de témoigner peut être condamné à
une servitude pénale d’un mois au maximum et d’une amende ou à l’une de ces
peines seulement.(’article 78 du code de procéduer pénale section 5 des
audiences)
Il a été jugé qu’un agent de l’ordre régulièrement cité à comparaître
comme témoin, qui refusant de recevoir la citation en proférant des menaces à
l’huissier instrumentant, fait défaut sans excuse valable, est un témoin
récalcitrant qui doit être sévèrement puni, en vertu de l’article 78 du code de
procédure pénale788 . Cet article punit des mêmes peines que le précédent.
L’officier de police judiciaire ne peut que verbaliser le témoin ou l’expert
récalcitrant. Le pouvoir de prononcer cette peine pourra appartenir
exceptionnellement à l’officier du Ministère public. Il la prononcera sans délai
et sans appel. Mais si le témoin a été condamné par défaut de comparution et
qu’il présente ou produit des excuses légitimes, il pourra être déchargé de la
peine.

Ainsi donc, la loi punit trois comportements d’un témoin défaillant :


a) le refus de comparaître, c’est-à-dire de se présenter ;
b) le refus de prêter serment, c’est-à-dire de jurer de dire la vérité ; viole
l’article 77 du code de procédure pénale le jugement qui se base sur les
déclarations d’un témoin dont il n’est pas établi qu’il a prêté serment avant
de faire sa déposition789 ;
c) le refus de déposer, c’est-à-dire de donner ses déclarations.

508. Refus d’obéissance


L’incrimination de refus d’obéissance concerne le refus d’obéissance aux
ordres donnés par un supérieur à ses subalternes. C’est l’abstention à dessein
d’exécuter les ordres ; la non exécution de l’ordre reçu.

788
CSJ., 25 juillet 1969, B. A 1970, Vol. I, 1.p.10
789
C.S.J., RP 107, 3 avril 1974, B.A. 1975, p. 63.
Catalogue des infractions 521

I. Eléments constitutifs du refus d’obéissance


L’infraction de refus d’obéissance, pour être établie, renvoie à la
réunion des éléments constitutifs matériels et intentionnels.
a)L’élément légal
L’élément légal est constitué des articles 93 et 94 du code pénal
militaire. Il s’agit donc d’une incrimination purement militaire.

b)Les éléments matériels.


Il faut l’existence d’un ordre émanant du supérieur.
1. L’ordre doit émaner du supérieur de l’exécutant. Par ordre, il faut
entendre non seulement l’acte, la prescription ou le commandement du
chef des militaires mais aussi le fait de tout supérieur, même civil, pourvu
qu’il vise l’intérêt de l’armée. Par supérieur, il faut entendre l’autorité
publique dont la légitimité relève de ce qu’elle est investie de quelque
parcelle de la puissance publique conformément aux lois et règlements
en vigueur.
2. L’ordre doit être donné pour le service. L’ordre à exécuter doit être
prescrit dans l’intérêt du service, dans le cadre ou à l’occasion du service.
3. L’ordre reçu doit être légal, nul n’étant tenu d’exécuter un ordre
manifestement illégal790.
4. Pour être exécuté correctement, l’ordre du supérieur doit être explicite et
clair ; donné avec précision.
c)L’élément intentionnel.
L’intention coupable est requise dans le chef de l’agent. Quant à l’article
93 du code pénal militaire le dol général suffit. Dans l’abstention d’exécuter,
l’agent qui est conscient de la légalité de l’ordre reçu s’engage délibérément à
l’ignorer pour des raisons sinistres. Dans la particularité de l’article 94, l’agent
refuse d’obéir à l’ordre de marcher contre l’ennemi ou d’accomplir tout autre
service en présence de l’ennemi ou de la bande armée.

II. Régime répressif


L’auteur de l’infraction de refus d’obéissance est puni de dix ans de
servitude pénale principale maximum. En temps de guerre ou durant les
circonstances exceptionnelles, la servitude pénale à perpétuité ou même la
peine capitale peut être prononcée à l’encontre du coupable (art.93). Quand le
refus d’obéissance est consécutif à un ordre reçu de marcher contre l’ennemi
ou d’exécuter un service en présence de l’ennemi ou d’une bande armée, la
peine de mort est appliquée.

790
Article 28 de la constitution du 18 février 2006.
522
Catalogue des infractions

509. Refus d’un service dû légalement


L’infraction de refus d’un service dû légalement est appelée en droit
français « refus de déférer aux réquisitions de l’autorité publique ». Dans des
cas déterminés par la loi l’autorité publique requiert des prestations ou un
concours d’une nature déterminée, de la force publique ou des particuliers. Par
voie de réquisition, l’autorité civile fait en principe appel aux Forces armées
lorsqu’elle n’est pas obéie et que la coercition devient nécessaire. Le pouvoir de
réquisition appartient aux autorités politiques, administratives et judiciaires
responsables de l’ordre public et du fonctionnement régulier des institutions.
Pour raison d’ordre methodologique, nous classifions cette incrimination
en trois préventions qui sont le refus d’exécuter une réquisition de l’autorité
civile, le refus de sièger aux audiences des juridictions militaires et le refus
d’exécuter un mandat d’amener.

I. Le refus d’exécuter une réquisition de l’autorité civile

1.Les éléments constitutifs

a)L’élément légal
Cette incrimination est prévue par l’article 105 du code pénal militaire.
L’article 105 du code pénal militaire punit de six mois à deux ans de servitude
pénale, « tout commandant d’unité » qui légalement saisi d’une réquisition de
l’autorité civile, aura refusé ou se sera abstenu de faire agir les forces sous ses
ordres.
L’infraction de refus d’exécuter une réquisition de l’autorité civile exige
l’existence des conditions préalables avant d’être caractérisée dans ses éléments
constitutifs.
Conditions préalables. Pour sa réalisation, l’infraction exige d’abord
l’existence d’une autorité requérante, c’est-à-dire une personne investie des
prérogatives selon les lois et les réglements en vigueur .Il peut s’agir de
l’autorité politico-administrative, des officiers de police judiciaire, des officiers
du ministère public ainsi que des juges de paix.
Elle nécessite ensuite l’existence d’une réquisition légale.C’est-à-dire
l’acte de l’autorité légitime.Cet acte doit être écrit. Il est fait , en cas d’urgence,
par tout autre moyen tel que la phonie, le téléphone, l’internet etc. Cependant,
il faut qu’il n’y ait pas de doute sur la provennce de l’acte. Il doit être précis
dans les devoirs prescrits. Il ne doit pas porter à équivoque.

b)L’acte incriminé
L’acte incriminé est le refus oul’abstention de faire agir les forces, alors
que l’on est régulièrement saisi de la demande. C’est la désapprobation, le refus
d’accomplir la mission d’intêret national ou intéressant le service public.
Catalogue des infractions 523

c)L’élément intellectuel
L’infraction de refus d’exécuter une réquisition de l’autorité civile est
intentionnelle. L’intention consiste à réfuser par volonté délibérée et consciente
d’exécuter un ordre légitime exprimée sous réquisition.

2. Régime répressif

L’auteur coupable de l’infraction de refus d’exécuter une réquisition de


l’autorité civile est punissable d’une servitude pénale principale dont le taux
varie entre six mois et desux années.

II.Le refus de sièger aux audiences des juridictions militaires

1.Les éléments constitutifs

a)L’élément légal
Cette incrimination est prévue par l’article 106 du code pénal militaire.
L’article 105 du code pénal militaire punit de deux mois à un an de servitude
pénale, « tout militaire ou assimilé qui réfuse ou qui sans excuse légitime
s’abstient de se rendre aux audiences des juridictions militaires où il est appelé à
sièger »
L’infraction de refus de sièger aux audiences des juridictions militaires
exige l’existence des conditions préalables avant d’être caractérisée dans ses
élémements constitutifs.
Conditions préalables. Les deux conditions préalables exigées sont résumées
en la notification de la date d’audience à l’agent et en la présence des autres
membres de la composition et des parties au procès au lieu de l’audience.

b)L’acte incriminé
Deux actes sont visés par le législateur. Il y a d’une part le refus de se
rendre aux audiences des juridictions militaires. L’agent exprime son refus ; il
ne consent pas à accomplir sa mission de sièger.
Il y a d’autre part l’abstention sans excuse légitime de se rendre aux
audiences des juridictions militaires. Sans justification plausible, laissée à
l’appréciation du juge, l’agent s’abstient de sièger à une audience d’une
juridiction militaire.

c)L’élément moral
Il s’entend de l’expression d’un refus libre et conscient ou encore d’une
abstention de répondre au devoir des services judiciaires, sans justification
fondée. La preuve doit être apportée par toutes voies de droit.
524
Catalogue des infractions

2.Régime répressif

La peine est d’une servitude pénale de deux mois à une année. Lorsque
l’agent a clairement exprimé son réfus de sièger ou s’il a été désigné pour
présider la juridiction, il encourt en outre la destitution ou la privation de
grade. Notons bien, la destitution concerne les officiers ; la privation de grade
tout militaire peu importe son rang.

III.Le refus d’exécuter un mandat d’amener

1. Les éléments constitutifs

a)L’élément légal
Cette incrimination est prévue par l’article 189 du code judiciaire
militaire. Cet article punit de trois à six mois de servitude pénale et d’une
amende ne dépassant pas 10.000 francs congolais constants ou d’une de ces
peines « toute autorité civile ou militaire ou tout agent de la force publique qui
réfuse d’exécuter un mandat d’amener ou s’abstient à dessein de l’exécuter »
L’infraction de refus d’exécuter un mandat d’amener exige l’existence
des conditions préalables avant d’être caractérisée dans ses éléments
constitutifs.
Conditions préalables . Les deux conditions préalables exigées sont résumées
en la régularité du mandat d’amener et au moment d’exécution du mandat
d’amener.

b)L’auteur de l’infraction
Le mandat d’amener est exécuté par l’autorité civile ou militaire ou par
les agents de police judiciaire ainsi que par les éléments de forces armées qui
ont reçu la mission.
c)L’acte incriminé
L’acte interdit est le refus d’exécuter le mandat d’amener et l’abstention
à dessein à exécuter le mandat d’amener.
d)L’élement moral
Il doit exister dans le chef de l’agent une volonté libre et consciente de
ne pas exécuter un mandat d’amener. Le juge est dans ce cas doté d’un pouvoir
d’appréciation très étendu pour se pénétrer dans chaque cas d’espèce de
l’intention réelle.

2. Régime répressif

En temps de paix , l’auteur de l’infraction est puni de trois à six mois de


servitude pénale principale et d’une amende ne dépassant pas 10.000 francs
congolais constants ou d’une de ces peines. Durant les circonstances
Catalogue des infractions 525

exceptionnelles, le maximum de la peine est porté à trois ans de servitude


pénale principale et à une amende dont la hauteur est de 10.000 francs
congolais constants ou à l’une de ces peines uniquement.

510. Refus de vendre

Le refus de vendre est une infraction consacrée en droit congolais par les
articles 9 et 19 du décret-loi du 20 mars 1961. Il est interdit de refuser à un
consommateur la vente d’un produit ou la prestation d’un service, sauf motif
légitime.
Le refus de vendre est le fait pour un commerçant, un industriel, un
producteur agricole et artisan :
1° de refuser de satisfaire dans la mesure de ses possibilités aux demandes des
acheteurs de produits ou aux demandes de prestation d’un service lorsque
ces demandes ne présentent aucun caractère anormal et qu’elles émanent
de demandeurs de bonne foi ;
2° de subordonner la vente d’un produit ou la prestation d’un service
quelconque soit à l’achat d’une quantité imposée soit à la prestation d’un
autre service.Laloi réprime cette contrainte, cette obligation d’achat de
deux ou plusieurs produits ou services(Ventes subordonnées)
Le consommateur doit pouvoir librement choisir ce dont il a besoin. Le
professionnel ne peut le forcer à contracter pour des supplements ou des
options. Par exemple, la location d’une chambre d’hôtel ne peut être liée à la
prise d’un petit déjeuner. De même, un commerçant ne saurait imposer à un
consommateur d’acheter une quantité plus importante de tissu sous prtexte que
le bout qu’il va lui rester sera invendable, ou de lier la vente d’un ordinateur à
l’achat de logiviels d’exploitation ou de logiviels utilitaires791.
En revanche, l’infraction n’est pas constituée lorsqu’un seul et même proudit
est divisé pour être vendu par lots dans l’intérêt du consommateur(par
exemple, du yaourt vendu par petits pots de quatre , ou une boîte de plusieurs
petits gâteaux).

I. Eléments constitutifs
Pour que l’infraction de refus de vendre soit constituée, des élements
doivent être réunis :

791
B. Tabaka, « ordinateurs et logiciels pré-installés : le spectre de la vente liée », D.
2005, p. 1218.
526
Catalogue des infractions

a) une demande normale de produits dans le chef de la personne de la


victime ;
b) un auteur de l’infraction : celui-ci doit être commerçant, industriel,
producteur agricole ou artisan ;
c) une disponibilité des produits et services ;
d) un refus est nécessaire ; un refus pur et simple de recevoir la commande ou
d’effectuer la livraison demandée. Ce qui suppose l’expression d’une volonté :
l’infraction est donc intentionnelle.
e) le refus doit être opposé sans motif légitime. Il en va ainsi, par exemple, si
un pharmacien refuse de vendre un médicament en raison de ses convictions
religieuses. En revanche, si le refus est légitime, l’infraction n’est pas constituée.
Par exemple, le produit n’est plus disponible , le commerçant n’a
momentanément plus ce produit en stock, l’hôtel est complet…

II. Régime répressif


Tout coupable de l’infraction de refus de vendre est puni soit d’une
servitude pénale de six mois au maximum soit de 800.000 à 3.200.000 francs
congolais792. L’article 19 du décret-loi du 20 mars 1961 punissait l’auteur de
cette contravention d’une amende de 100.000 francs de l’époque.

511. Registre de commerce

L’immatriculation au registre du commerce est obligatoire. Elle est en


principe préalable à l’exercice effectif des activités commerciales. Sont donc
sanctionnés civilement et pénalement par les articles 30 à 33 du décret du 6
mars 1951 le défaut d’immatriculation ou d’inscriptions complémentaires, les
fausses déclarations ou les omissions des mentions, le défaut d’indiquer son
numéro d’immatriculation.
Depuis l’adoption le 7 février 1979 de l’ordonnance n°79-025,
l’appellation « Registre de Commerce » a été remplacée par celle de « nouveau
registre de commerce ». Un délai de six mois avait été accordé aux
commerçants à compter du 7 février 1979 pour obtenir le nouveau registre de
commence. Le décret du 06 mars 1951 portant institution du registre de
commerce et l’ordonnance n°79 – 025 du 07 février 1979 relative à l’ouverture
d’un nouveau registre de commerce sont les textes légaux en matière de
registre de commerce.

1. Défaut de qualité pour exercer la profession de commerçant

792
Il s’agit là d’une amende fixée par l’arrêté ministériel n° 003/CAB/MINEC/2001 du 12
janvier 2001 portant fixation du barème des sanctions économiques.
Catalogue des infractions 527

L’article 2 de l’ordonnance n°79 du 7 février 1979 est le texte légal.


Celui qui exerce la profession de commeçant sans en avoir la qualité sera passible
d’une servitude pénale maximale de trois mois et d’une amende . La peine est
prévue par le décret - loi du 20 mars 1961. L’amende fixée est de 320.000 francs
congolais à 1.600.000 francs congolais. Elle résulte de l’arrêté ministériel
n°003/CAB/MINECI/2001 du 12 janvier 2001 portant fixation du barème des
sanctions économiques. L’une de ces peines peut être uniquement infligée.
2. Entraves à une décision de fermeture d’un établissement, du
siège, d’une succursale ou d’une agence pour non
immatriculation au Registre de commerce
L’article 31, alinéa 7 définit et réprime ce délit d’entraves. La sanction
est de six mois de servitude pénale et d’amende ou d’une de ces peines.
3. Exercice du commerce sans être immatriculé au registre de
commerce
Les personnes physiques ou morales commerçantes qui sont en défaut
d’immatriculation, celles qui continuent à détenir l’ancien registre de commerce
ou celles qui ne se sont pas immatriculées au nouveau registre de commerce
sont juridiquement assimilées aux commerçants qui exercent les activités
commerciales sans être préalablement immatriculés.
Pénalement, l’infraction d’exercice du commerce sans être immatriculé
au registre de commerce trouve son fondement légal au sein de l’article 31 du
décret portant institution du registre de commerce. L’exercice du commerce
sans être immatriculé au registre de commerce est sanctionné d’une amende.
La sanction sera de six mois de servitude pénale et d’amende ou une de ces
peines seulement à l’encontre de la personne à laquelle l’immatriculation a été
refusée ou qui a été radiée du registre de commerce. Il sera, en outre, procédé à
la fermeture de l’établissement, du siège, succursale ou agence.
Toute action intentée par une personne qui exerce une activité
commerciale, sans être immatriculée au registre du commerce, lorsque l’action
trouve sa cause dans un acte de commerce, doit être déclarée non recevable. Il
a été jugé qu’un commerçant qui ne justifie pas de son inscription au registre
de commerce doit d’office être déclaré non recevable, même à former une
demande reconventionnelle793. Toutefois, la fin de non-recevoir pourra être
couverte par l’immatriculation opérée même en cours d’instance794.
Les personnes assujetties à l’immatriculation qui ne l’ont pas requis ne
peuvent invoquer leur défaut d’inscription au registre du commerce pour se

793
Léo, 22 février 1955, R.J.C.B, 1955 p. 182.
794
Article 30 du décret du 06 mars 1961 portant institution du registre de commerce
528
Catalogue des infractions

soustraire aux responsabilités et aux obligations inhérentes à cette qualité. En


revanche, les tiers peuvent toujours se prévaloir du caractère commercial des
actes qualifiés commerciaux par la loi, accomplis par une personne non
immatriculée.
4. Exercice du commerce sans remplir les conditions
L’exercice du commerce sans remplir les conditions est sanctionné par
l’article 21 du décret d’une amende. L’amende sera plus forte à l’égard des
étrangers, des sociétés étrangères et des sociétés congolaises visées par les
ordonnances-lois 66-260 du 21 avril 1966 et 69-016 du 21 janvier 1969.
5. Exercice du petit commerce sans patente en cours de validité
L’exercice du petit commerce n’est pas soumis à l’immatriculation au
registre de commerce. Le petit commerce est soumis au régime de la patente.
L’exercice du petit commerce est soumis au payement d’une taxe. Cette
dernière a été créée par l’arrêté départemental n°0029 du 27 avril 1980 portant
mesures d’exécution de l’ordonnance-loi n°76/02 du 2 août 1979 et la loi
n°73/009 du 5 janvier 1973.
Le texte de loi est l’ordonnance-loi n° 90- 046 du 8 août 1990 portant
réglementation du petit commerce. Le délit d’exercice du petit commerce sans
patente en cours de validité est prévu par l’article 16 de l’ordonnance citée. Il
est puni d’une servitude pénale de six mois au maximum et d’une amende ou
d’une de ces peines uniquement. A été jugé que la pratique du commerce sans
patente régulière, même par simple négligence, constitue une infraction795.
6. Fausses déclarations dans une demande d’immatriculation au
registre de commerce.
Les mentions inexactes ou incomplètes faites dans une demande
d’immatriculation ou dans ses annexes ou dans une demande d’inscription
complémentaire, le non respect du délai prévu pour l’inscription
complémentaire au registre de commerce sont considérés comme des fausses
déclarations. La jurisprudence abonde dans le sens que les actes ou faits non
publiés sont inopposables aux tiers, mais qu’en revanche, les tiers peuvent s’en
prévaloir à l’encontre du commerçant (sanctions civiles).
Le texte légal est l’article 32 du décret du 6 mars 1951. La sanction
prévue est l’amende. Si l’omission ou l’inexactitude porte sur des faits
susceptibles de motiver le refus d’immatriculation ou d’inscription
complémentaire ou la radiation du registre de commerce, l’auteur subira sept
jours de servitude pénale et l’amende. Naturellement, les infractions relatives à

795
Parquet Elis. 5 mars 1934, Rev. Jur. 1934, p.76.
Catalogue des infractions 529

l’institution du registre de commerce et à l’ouverture d’un nouveau registre de


commerce sont de la compétence des tribunaux de commerce.

512. Remise en circulation d’une fausse monnaie


reçue comme bonne
Celui qui a reçu à son insu de la fausse monnaie, s’en aperçoit après mais
la remet ou tente de la remettre en circulation commet une infraction.

I. Eléments constitutifs

a)L’élément matériel
L’élément matériel est constitué du fait de recevoir dans n’importe
quelles conditions de la fausse monnaie, de la remettre ou d’essayer de la
remettre en circulation (même sous forme de cadeau).
b)L’élément moral
L’élément moral consiste en ce que l’auteur en recevant de la monnaie
qu’il croit bonne, il remet ou tente de la remettre en circulation en pleine
connaissance qu’elle est réellement contrefaite ou falsifiée.

II. Régime répressif

L’article 118 bis du code pénal livre II punit de huit jours à un an de


servitude pénale la personne reconnue coupable de l’infraction de remise en
circulation de fausse monnaie reçue comme bonne. L’infraction de remise en
circulation de fausse monnaie reçue comme bonne se prescrit dans le délai
d’une année.

513. Rémunérations illicites


Les rémunérations illicites concernent la corruption des personnes
n’exerçant pas une fonction publique. Les rémunérations illicites n’étaient pas
susceptibles d’être poursuivies parce que l’infraction de corruption n’était
possible que dans le chef des agents publics, les fonctionnaires publics. Par
rémunérations illicites, il faut donc entendre la corruption dans le secteur privé,
« une corruption privée ».
En effet, les particuliers, les commerçants, les industriels, les commis, les
employés ou préposés des entreprises commerciales et industrielles
commettent dans l’exercice de leurs fonctions des faits semblables à la
corruption. La justice ne pouvant pas poursuivre ces pratiques sur base de la
corruption, elle était ainsi paralysée, incapable d’agir et de sévir contre ces faits
pourtant dommageables à la société.
530
Catalogue des infractions

I. Personnes punissables
Les éléments de l’infraction de rémunérations illicites se distinguent de ceux
de l’infraction de corruption d’un dépositaire de l’autorité publique. Ils
diffèrent par le fait que :
- la personne, sujet ou objet de la corruption n’est pas dépositaire de l’autorité
publique. Elle n’a pas en charge une mission de service public (auquel cas
elle entrerait dans la corruption classique) ;
- l’acte et l’abstention recherchés doivent relever de cette activité ou de sa
fonction, ou être facilités par eux ;
- l’acte de rémunérations illicites se situe « en violation des obligations légales,
contractuelles ou professionnelles ».

II. Eléments constitutifs

a)L’élément légal
L’élément légal est constitué de l’ordonnance-loi du 14 février 1973
complétant la loi du 5 janvier 1973 sur la corruption. Cette ordonnance-loi s’est
résolue à punir sévèrement les actes de corruption dans le secteur privé. Elle
constitue le siège de l’infraction de rémunérations illicites .De cette ordonnance
sont issus les articles 150a – 150d du code pénal ordinaire qui définissent et
punissent les rémunérations illicites accordées aux employés des personnes
privées796.
b)Les éléments matériels
Les éléments matériels nécessaires à la constitution de l’infraction des
rémunérations illicites sont :
1° la qualité de la personne corrompue qui doit être une personne au service
d’un tiers ;
2° le fait que la personne au service d’un tiers a sollicité ou agréé des offres ou
promesses, sollicité ou reçu des dons ou présents ;
3° la circonstance au cours de laquelle des offres ou promesses ont été
sollicitées ou agréées, des dons ou présents ont été sollicités ou reçus pour
faire ou s’abstenir de faire un acte de l’emploi.

Un chauffeur au service d’un tiers qui embarque, moyennant


rémunérations des passagers clandestins, sera poursuivi sur base de l’article
150b797 (rémunérations illicites). Le fait pour un employé d’une compagnie de

796
Journal Officiel de la République Démocratique du Congo, 47ème année, Numéro
spécial, 05 octobre 2006. P. 44-45.
797
Annales de la Faculté de Droit, volume 3, 1974, Presses Universitaires du Zaïre,
Rectorat-Kinshasa, 1978, p.129.
Catalogue des infractions 531

chemin de fer privée, d’exiger pour enregistrer un bagage, une rétribution qui
ne lui est pas due est constitutif d’infraction de rémunération illicite.
Il en est de même d’un employé d’une société d’aviation privée d’accepter,
moyennant rétribution, d’expédier des colis d’un poids supérieur à celui qui est
mentionné sur les feuilles d’expédition.

III. Régime répressif

a)Peines principales
Sera sanctionnée d’un à trois mois de servitude pénale et d’amende ou d’une
de ces peines seulement toute personne au service d’un tiers qui aura sollicité,
directement ou par personne interposée, des offres, promesses, dons ou
présents comme condition ou récompense, soit pour faire un acte même juste,
soit pour s’abstenir de poser un acte qui rentrait dans l’exercice de son emploi
(art.150a).
Subira deux à six mois de servitude pénale principale et une amende ou
l’une de ces peines seulement toute personne au service d’un tiers qui aura
directement ou par personne interposée agréé des offres ou promesses, reçu
des dons ou présents pour commettre un acte même juste de son emploi ou un
acte injuste ou une abstention de ses obligations (art.150b).
Encourra quatre mois à deux ans et une amende double de la valeur des
choses reçues ou une de ces peines seulement la même personne qui, après
réception d’offres ou promesses, dons ou présents, a fait dans l’exercice de son
emploi un acte injuste ou s’est abstenu de poser un acte qui rentrait dans
l’exercice de son emploi (art.150c).
b)Autres peines.
L’article 150d renforce la répression générale des rémunérations illicites en
prescrivant la confiscation spéciale des choses livrées au coupable ou leur
équivalent, et en donnant à l’Etat le droit de réclamer les sommes, biens ou
valeurs, objet des rémunérations illicites, à tous ceux qui les recueilleraient à
cause de mort. Le juge de paix est celui matériellement compétent

c) Administration de la preuve
En matière de rémunérations illicites accordées aux employés des
personnes privées, la preuve de l’origine et du montant des gains illicites peut
être faite par toutes voies de droit. Pour avor entendu deux témoins dont l’un
confirme les faits(sans toutefois apporter d’autres éléments) et l’autre les
rejette, le tribunal rejette la demande du citant au motif qu’il subsiste des
doutes quant à la matérialité des faits798. L’action publique de l’infraction de

798
Tribunal de grande instance de Bukavu., RP 7487, 3 novembre 1992, Ministère public et
partie civile contre le prévenu Mutalya kashiramango, inédit.
532
Catalogue des infractions

rémunérations illicites est prescrite cinq ans après le décès de l’auteur des
ayants-droits à la succession.

514. Retard de paiement


Voir abstention coupable d’un fonctionnaire, n° 07.

515. Rétention illicite des documents


L’infraction de rétention illicite des documents peut être définie comme le
fait de retenir arbitrairement ou confisquer à une personne des documents
officiels (certificat, document ou reçu etc..) qui sont des preuves de satisfaction
à une obligation légale et dont l’absence peut exposer à des poursuites
judiciaires.
La rétention illicite des documents est aussi la rétention arbitraire ou la
confiscation à une personne d’une attestation ou d’une autorisation remise par
l’agent de l’autorité pour constater l’exercice d’un droit. Généralement, ce sont,
des documents devant normalement rester en la possession de la victime.
L’exemple de cette infraction est celui de la rétention illicite des papiers
d’identité.

I. Eléments constitutifs

Il faut que trois conditions soient remplies pour établir, en fait et en droit,
l’infraction de rétention illicite des documents :
1° La rétention des documents officiels prouvant que le titulaire est en règle ou
constatant l’existence de son droit ;
2° La rétention doit être sans motif légal ;
3° La rétention doit être, en outre, contre la volonté du porteur.

II. Poursuites

La personne lésée, mais aussi l’officier du Ministère public même d’office,


peut initier les poursuites à l’endroit de l’auteur de l’infraction de rétention
illicite de documents. La rétention illicite des documents trouve sa légalité dans
l’ordonnance n°21 / 84 du 14 février 1959799. Elle est sanctionnée de deux
mois maximum de servitude pénale principale et d’une amende ou d’une de ces
peines800 . Elle relève de la compétence du tribunal de paix. La prescription de
l’action publique s’opère dans le délai d’une année.

799
B.A., p . 491. Il s’agit de l’ordonnance relative à la rétention illicite des documents.
800
Article 2 de l’ordonnance n° 21/84 du 14 février 195 9.
Catalogue des infractions 533

516. Révélation de l’existence ou du contenu des


lettres
Le législateur protège la sécurité et l’intimité des correspondances. Il les
protège, notamment, contre l’indélicatesse et les indiscrétions des
fonctionnaires des postes. Il punit tout agent de poste ou toute personne
officiellement commissionnée pour assurer le service postal qui, hors le cas où
la loi l’y oblige, aura révélé l’existence ou le contenu d’une lettre, d’une carte
postale ou de tout autre envoi confié à la poste.

I. Eléments constitutifs de l’infraction

La révélation de l’existence ou du contenu des lettres comprend l’acte


de révélation, l’objet protégé et l’élément moral. A cette triple condition,
l’infraction pourra être caractérisée.
a)L’acte de révélation
L’acte de révélation s’entend du fait de faire savoir ce qui est inconnu, de
révéler ce qui est secret. L’acte de révélation consiste dans le fait de
communiquer à une tierce personne l’existence ou le contenu d’une lettre, soit
de lui permettre d’en prendre connaissance par copie ou photocopie ou en
photographiant ou même en filmant.
b)L’objet protégé.
Les objets protégés par le législateur sont les lettres, les cartes postales, les
messages télégraphiques, les colis postaux. Les envois faits par voie postale.
L’objet doit avoir été confié à la poste.
c)L’élément moral.
La révélation de l’existence ou du contenu des lettres est une infraction
intentionnelle. Pour que l’élément moral soit retenu, l’agent doit agir
volontairement, sciemment ou sans droit. Le mobile est inopérant car celui qui
agit pour rendre service ou par plaisanterie sera toujours rendu responsable.
Toutefois, n’est pas infractionnel, le fait pour un magistrat instructeur de
prendre connaissance du contenu d’une lettre confiée à la poste au cours d’une
instruction judiciaire. Le fait pour un enseignant de prendre connaissance de la
lettre d’un élève dans un internat où les correspondances sont censurées ne
l’est pas non plus.

II. Régime répressif

L’infraction de révélation de l’existence ou du contenu des lettres est


prévue et réprimée par l’article 72 du code pénal. Cette disposition légale est
reprise par l’article 23 de l’ordonnance-loi n°68 – 045 du 20 janvier 1968.
534
Catalogue des infractions

a) Quelle est la punition à infliger ?


Le coupable encourt une servitude pénale d’un mois au plus et une
amende ou l’une de ces peines. Notons que l’article 72 du code pénal
implicitement abrogé par l’article 23 de l’ordonnance-loi précitée ne prévoyait
qu’une amende.
b) Prescription de l’action publique
L’action publique de l’infraction de révélation de l’existence ou du
contenu des lettres est prescrite dans le délai d’une année. La peine se prescrit
dans le délai de deux ans.

517. Révélation du secret professionnel


L’infraction de révélation du secret professionnel est le fait pour une
catégorie de personnes de révéler des faits en rapport avec leur profession801. Il
s’agit aussi de révéler des faits dont ces personnes sont dépositaires (des faits
qu’elles doivent garder secrets) alors qu’elles n’ont pas été appelées à en rendre
témoignage en justice et que la loi ne les y obligeait pas. C’est donc la révélation
d’une information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire ,
soit par état ou par profession, soit en raison d’une fonction ou d’une mission
temporaire.

I. Eléments constitutifs

Pour pouvoir dire que l’infraction de révélation du secret professionnel


est établie à charge d’un prévenu donné, il faut en prouver l’acte matériel de
révélation, en connaître l’auteur et administrer dans le chef de celui-ci l’élément
moral. Ainsi, pour que l’infraction soit constituée, il convient tout d’abord de
caractériser un secret profesionnel, puis , un acte de révélation intentionnel,
c’est-à-dire une violation de ce secret . Si ces conditions sont réunies, une
sanction pénale pourra être prononcée.
a)L’acte matériel de révélation :
L’acte matériel de révélation consiste à faire connaître, à divulguer, à
communiquer, à dévoiler ce qui doit être caché ou ce pourquoi on est tenu à
l’obligation au silence. Il n’est pas nécessaire que la révélation soit totale pour
qu’elle soit coupablement établie. Une révélation même partielle suffit à
caractériser l’infraction.

801
La seule exception à la prérogative du Ministère public d’exiger, d’une personne, un
témoignage, résulte du droit pour elle d’invoquer le secret professionnel. Toutefois, dispensé
de parler, le dépositaire de secret n’est jamais dispensé de comparaître et de prêter
serment. C’est sous la foi du serment qu’il devra affirmer que les renseignements qu’on lui
demande lui ont été confiés sous le sceau du secret protégé par la loi.
Catalogue des infractions 535

La révélation peut être faite par écrit ou par parole, en public ou en privé ou
dans un cadre intime . Peu importe le lieu où cette révélation est faite. Peu
importe aussi la personne qui réçoit cette révélation. Pourvu qu’elle soit faite
sans équivoque et avec une précision suffisante. C’est ainsi qu’un médecin a été
condamné pour avoir révélé, d’une façon restreinte mais suffisante, un secret à
sa femme802.
Une information à caractère secret. Ce sont les confidences reçues par le
professionnel et tous les renseignements détenus par celui-ci du fait de son état
ou de son métier. C’est, en quelque sorte, la profession qui fait le secret. Le
secret n’existe que parceque la loi adonné cette qualité aux informations
recueillies par certaines personnes visées par des textes réglementant leur
profession.
Le professionnel est tenu au secret, son client ou patient ne l’est pas. En
conséquence, l’information peut être amenée à circuler, elle peut être connue
ou rendue publique par les particuliers. Par exemple, le malade peut librement
parler de sa maladie à n’importe qui, mais le médecin est obligé de sa taire. Le
secret professionnel se traduit par une obligation de silence du professionnel,
qui doit taire ce qu’il sait.
Sont secrètes par nature, les infections graves auxquelles est attaché un
caractère dégradant et répugnant et les maladies de nature à nuire à la
considération dont jouit le patient ou à son intérêt. Sont notamment secrètes
par nature : les infections vénériennes encore appelées les maladies
sexuellement transmissibles et les maladies épileptiques ou cancéreuses803.
Même une maladie connue de tous ne doit pas être révélée, car, le médecin
étant l’homme de l’art, la confirmation émanant de lui après avoir donné des
soins à l’intéressé donnerait une autorité scientifique à un bruit dont la
certitude ne peut pas être autrement établie. Le secret médical est d’ordre
public804. C’est ainsi que pour un médecin, le diagnostic d’une maladie, le
traitement applicable et même l’identité des personnes qui se sont adressées à
lui, sont autant de circonstances couvertes par le secret professionnel805 .
b)L’auteur de l’infraction.
Les personnes tenues au secret. La loi ne détermine pas les personnes
astreintes au secret. Elle n’en dresse pas la liste. Pour déterminer les individus
soumis au secret, il est nécessaire d’examiner, pour chaque profession, s’il

802
MiNEUR, op.cit., p. 172 cité par LIKULIA BOLONGO.,op. cit., p. 215.
803
NZANGI BATUTU., Le secret professionnel, collection « Informations juridiques, janvier
1996, p.14.
804
Idem. , p. 15.
805
Encyclopédie juridique, n° 44, p.5.
536
Catalogue des infractions

existe une disposition légale ou réglementaire imposant le secret. Ainsi,


peuvent commettre l’infraction de révélation du secret professionnel :
a) Les personnes exerçant l’art de guérir : les médecins, chirurgiens,
pharmaciens, dentistes, infirmiers, gardes- malades et accoucheuses ;
b) Les personnes dépositaires par état ou par profession des secrets qu’on
leur confie : les magistrats, ceux qui concourent à l’enquête et à
l’instruction préparatoire (inspecteurs judiciaires, agents de police
judiciaire, experts, interprètes, médecins) , les greffiers et huissiers, les
avocats et défenseurs judiciaires, les notaires , les fonctionnaires de
l’Etat , les membres du parlement, du gouvernement, les membres des
forces armées de la République Démocratique du Congo, les experts
comptables, les prêtres ou ministres des cultes, les collaborateurs des
personnes tenues au secret professionnel, les banquiers.
Cas particuliers
- Les prêtres catholiques
Le secret sacramental est inviolable ; il est absolument interdit au
confesseur de trahir en quoi que ce soit un pénitent, par des paroles ou
d’une autre manière, et pour quelque cause que ce soit (Canon 983). Le
confesseur qui viole directement le secret sacramentel encourt
l’excommunication latae sententiae réservée au Siège apostolique806. Il a été
jugé que sont liés au secret absolu, les prêtres catholiques agissant en tant
que confesseurs807.
- Les avocats
L’article 74 de l’ordonnance-loi n° 79-08 du 28 septembre portant
organisation du barreau, du corps des défenseurs judiciaires et du corps des
mandataires de l’Etat impose l’obligation au secret. L’avocat est tenu
rigoureusement de garder secret ce qui lui a été confié en sa qualité
d’avocat : sous aucune forme, sous aucun prétexte, à aucune époque, il ne
peut trahir ce secret. Il faut que le client puisse avoir, en son avocat, une
confiance sans limite.
- Les médecins et autres confidents du secteur médical
Le caractère général et absolu du secret médical est partout rappelé et on le
retrouve dans le serment d’Hippocrate. L’interdiction de révélation de ce
secret est imposée par les articles 40 et 41 du- code de déontologie
médicale808.
- Les journalistes
La situation des journalistes est particulière. Ils bénéficient de la protection du
secret de leurs sources. Lesecret des sources des journalistes est protégé afin de
permettre l’information du public sur des questions d’intérêt général.Les

806
C’est-à-dire que le coupable est dans ce cas frappé d’excommunication par le fait même
de la commission du délit, sans attendre que cette sanction lui soit infligée.
807
Cass. , 5 février 1977 , B.J. 229.
808
Ordonnance n° 70- 158 du 30 avril 1970 portant code de déontologie médicale. M.C. n°
20 du 15 octobre 1970, p. 671.
Catalogue des infractions 537

journalistes peuvent donc révéler toute information découverte lors de leurs


investigations.

c)L’élément intellectuel.
Un acte intentionnel de révélation. La forme de révélation importe
peu. . Elle peut être effectuée oralement ou par écrit. Mais pour que l’infraction
soit constituée, la révélation doit être intentionnelle. L’agent doit avoir agi
volontairement. La loi n’exige pas que l’intention de l’auteur soit de nuire à la
victime. Dès que le secret a été divulgué avec connaissance, l’infraction existe.
La divulgation doit être effective. Il faut que le praticien ait réellement dévoilé
le secret pour qu’il puisse constituer une infraction à la loi. La divulgation doit
être volontaire.
La révélation du secret ne doit pas être le résultat d’un cas fortuit, d’une
inattention, imprudence ou négligence, comme par exemple un médecin qui,
par inattention, laisse un certificat médical à la portée d’un tiers, qui par
curiosité, en prend connaissance : le médecin n’aura pas commis l’infraction de
révélation du secret professionnel, faute d’élément intentionnel.

II. Poursuites

Les poursuites ont pour soutènement légal l’article 73 du code pénal


livre II. Cette disposition légale est assortie pour l’auteur de l’infraction d’un
mois à six mois de servitude pénale principale et d’amende ou d’une de ces
peines seulement.
Le tribunal de paix est l’instance compétente. L’action publique se
prescrit dans le délai d’une année ; la peine, dans le délai de deux ans.

518. Révélation du statut sérologique au VIH/sida


d’une personne
L’article 43 de la loi n°08/011 du 14 juillet 2008 portant protection des
droits des personnes vivant avec le VIH/sida et des personnes affectées définit
et réprime l’infraction de révélation du statut sérologique au VIH/sida d’une
personne.
Révéler c’est rendre public, dénoncer. Révéler le statut sérologique au vih/sida
c’est faire connaître, divulguer, communiquer, dévoiler qu’une personne est
atteinte du vih/sida.

a)Personnes susceptibles de commettre l’infraction


En matière de secret professionnel, tout dépositaire par état ou par
profession des secrets qu’on lui confie peut être présumé auteur de cette
infraction.
538
Catalogue des infractions

b) Les éléments constitutifs.

Les éléments constitutifs de l’infraction de révélation du secret


professionnel sont identiques à ceux de l’infraction de révélation du statut
sérologique au vih/sida d’une personne. Seulement, il faut adjoindre en plus les
spécificités propres à la sérologie au vih/sida.

c) De quelles peines sont assorties l’infraction ?


La sanction est d’une peine de servitude pénale principale de un à six mois
et d’une amende de cinquante mille francs congolais ou d’une de ces peines
seulement.

519. Révolte militaire


La révolte militaire est toute résistance simultanée de plus de deux
militaires réunis aux ordres reçus de leurs chefs et donnés pour le service. Cette
infraction est prévue et punie par les articles 89-90 du code pénal militaire.

I.Les éléments constitutifs

L’infraction de révolte militaire comprend trois éléments constitutifs.Ce


sont le nombre d’agents de la révolte , l’acte incriminé et l’élément moral.
a)Le nombre d’agents de la révolte militaire
Au moins trois militaires ou assimilés qui résistent à l’ordre d’un
supérieur sont seuls à mesure de commettre l’infraction. Le champ
d’application est réservé aux seuls militaires et assimilés. Ce qui signifie que les
militaires en complicité avec les civils ne peuvent commettre la révolte
militaire. Si au sein du groupe , on dénombre des non militaires et assimilés,
l’infraction de révolte militaire ne sera pas caractérisée.
b)L’acte incriminé
L’acte incriminé consiste dans la résistance simultanée aux ordres
émanant du chef militaire donnés pour le besoin du service. Généralement, le
chef militaire est revêtu d’un grade supérieur ou exerce une fonction supérieure
à ceux du groupe des délinquants. Un ordre donné pour le service est celui qui
concourt à un devoir militaire notamment au maintien de la discipline
intérieure.
c)L’élément moral
Les militaires qui s’adonnent à la révolte militaire doivent être
moralement responsables de leur acte. Ils font preuve d’une volonté
convergente de s’associer librement entre eux pour perpétrer l’infraction. Le
refus simultané et même la résistance passive qu’opposent plus de trois
militaires réunis à un ordre de leur chef constitue le délit militaire de révolte,
Catalogue des infractions 539

quand même l’ordre donné serait contraire aux conditions de leur


engagement809.
Le gradé qui nonobstant l’ordre de son supérieur, refuse de faire demi
tour et ordonne à ses hommes, auxquels pareil ordre a été donné de rester en
place, commet l’infraction de provocation à la révolte, et commet lui-même
cette faute militaire grave810

II.Régime répressif

Cinq ans de servitude pénale au maximum seront infligés au militaire


ou assimilé coupable de révolte militaire. Si la révolte a eu lieu avec complot, la
peine de dix ans maximum de servitude pénale sera appliquée. Si la révolte a
été commise en temps de guerre ou pendant les circonstances exceptionnelles,
la peine sera portée à la servitude pénale à perpétuité et même à la peine de
mort. Si les coupables sont des officiers, la destitution ou la privation de grade
sera prononcée. La révolte en présence de l’ennemi ou de bande armée est
punie de la peine de mort. Les instigateurs subiront pour leur part en temps de
paix et en temps de guerre respectivement cinq à dix ans de servitude pénale et
la peine de mort.

520. Rupture de ban


Le code pénal congolais en ses articles 14a et 14b du livre I prévoit la
possibilité pour les tribunaux de prescrire à certains délinquants l’obligation de
s’éloigner de certains lieux ou d’une certaine région ou au contraire l’obligation
de résider dans une certaine localité et ce, pendant une durée maximum d’un
an811. Outre la peine de servitude pénale, les mêmes peines peuvent être
prononcées à charge de quiconque a commis depuis dix ans au moins deux
infractions qui ont entraîné chacune une servitude pénale d’au moins six mois.
Il s’agit là, soit d’une peine de substitution à la servitude pénale (article
14a), soit d’une peine accessoire à la servitude pénale (article 14b). Le
condamné qui contreviendrait à ces mesures commet l’infraction de rupture de
ban. La rupture de ban est prévue et réprimée par l’article 161 alinéa3 du code
pénal livre II.
Elle est punie des peines de l’infraction d’évasion des détenus. A ce titre et au
regard des peines applicables, la rupture de ban relève de la compétence du
tribunal de grande instance.

809
C.G. app . 29 septembre 1899, Jur. Etat I p. 76.
810
C.G. app. 5 juillet 1914, Jur. Col. 1925, p.247.
811
Journal Officiel de la République Démocratique du Congo, code pénal congolais, décret
du 30 janvier tel que modifié et complété à ce jour. Mise à jour au 5 octobre 2006, 47 ème
année, Numéro spécial, 05 octobre 2006 p. 8.
540
Catalogue des infractions

521. Sabotage
Le sabotage est une atteinte à la défense nationale. Il consiste au fait de
détruire, de détériorer ou de détourner tout document, matériel, construction,
équipement, installation, appareil, dispositif technique, ou appareil de
traitement automatisé d’informations ou d’y apporter des malfaçons, lorsque ce
fait est de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation.
Catalogue des infractions 541

I. Eléments constitutifs
Pour sa consommation, l’infraction de sabotage exige la réunion de l’
élément matériel avec l’élément intentionnel.

a)L’élément matériel
L’élément matériel est constitué d’une série d’actes ainsi que d’un ensemble
des biens que le législateur entend sauvegarder. Le sabotage s’articule sur les
actes suivants : la destruction, la détérioration, le détournement ainsi que
l’apport des malfaçons aux biens protégés. Le législateur entend sauvegarder
tout document, tout matériel, toute construction, tout équipement, toute
installation, tout appareil, tout dispositif technique ou appareil de traitement
automatisé d’informations.

b)L’élément moral
Le sabotage est une infraction purement intentionnelle. Le dol général
suffit à l’établir, dès lors que l’agent a posé son acte d’une manière consciente
et libre. Par contre, l’auteur d’un acte réalisé soit par suite d’une contrainte
physique ou morale, soit dans l’intérêt supérieur de la nation ne tombe pas sous
le coup de l’infraction de l’article 133 du code pénal militaire.

II. Régime répressif

L’infraction de sabotage est définie par l’article 133 du code pénal


militaire. Elle est sanctionnée de vingt ans de servitude pénale au maximum
lorsque le fait de l’agent est susceptible de porter atteinte aux intérêts
fondamentaux de la nation. La peine de mort sera d’application lorsque le
sabotage est commis dans le but de servir les intérêts d’une puissance
étrangère, d’une entreprise ou d’une organisation étrangère ou sous contrôle
étranger.

522. Séquestre sans ordre des personnes durant


les hostilités
Voir Arrestation arbitraire et détention illégale, n° 34.

523. Séquestration
Voir arrestation arbitraire, n° 34.
542
Catalogue des infractions

524. Soustractiond’un enfant à la garde des


personnes ou à l’institution à laquelle l’autorité
judiciaire l’a confiée
Voir protection pénale d’un enfant après sa naissance, n° 199 - 42.

525. Soustraction d’un enfant à la procédure


intentée contre lui en vertu de la loi
Voir protection pénale d’un enfant après sa naissance, n° 467 - 43.

526. Soustraction des bulletins en vue de fausser


les résultats du vote
Voir élections, n° 199 - 38-17.

527. Souteneur et proxénétisme


L’infraction de souteneur et proxénétisme vise ceux à qui profite la
prostitution. Elle concerne ceux qui tirent de la prostitution de l’argent ou tout
autre profit. Le proxénétisme est donc l’activité tendant à favoriser la
débauche, la prostitution d’autrui ou en tirer profit.

a)Actes constitutifs de l’infraction.


Sont constitutifs de l’infraction de souteneur et proxénétisme :
1° le fait d’embaucher, d’entrainer ou de détourner en vue de la débauche ou
de la prostitution pour satisfaire les passions d’autrui ;
2° la tenue d’une maison de débauche ou de prostitution ;
3° vivre, en tout ou en partie aux dépens d’une personne dont on exploite la
prostitution (le souteneur) ;
4° l’exploitation habituelle de quelque autre façon de la débauche d’autrui ;

b) Nature de l’infraction
Souteneur et proxénétisme est une autre infraction de violences
sexuelles. Elle est réglementée par l’article 174b du code pénal congolais.
L’article 174 b est issu de la loi sur les violences sexuelles. La loi n°06/018 du
20 janvier 2006 sur les violences sexuelles a complété et modifié le décret du 30
janvier 1940 portant code pénal congolais.
La peine d’une servitude pénale de trois mois à cinq ans et une amende
de cinquante mille francs congolais constants seront infligées au souteneur et
proxénète. Lorsque la victime est un enfant âgé de moins de dix-huit ans, la
peine sera de cinq à vingt ans.
Catalogue des infractions 543

Seront également punis des peines de trois mois à cinq ans de servitude
pénale et d’une amende de cinquante mille à cent mille francs congolais
constants les auteurs de la diffusion publique d’un document ou film
pornographique aux enfants de moins de huit ans.
Le fait de passer à la télévision des danses ou tenues obscènes attentatoires aux
bonnes mœurs peut selon le cas être constitutif de l’infraction de souteneur et
proxénétisme. Conséquemment, ces actes sont susceptibles de faire encourir
des sanctions dans le chef de l’auteur.

c)Tribunal compétent et prescription de l’action publique


Le tribunal de paix est compétent pour les faits de souteneur et
proxénétisme punissables au maximum de cinq ans. Le tribunal de grande
instance est compétent pour juger le souteneur et le proxénète dont la victime
est âgée de moins de dix-huit ans. La victime de ce crime ne saura plus
poursuivre l’auteur de l’infraction qui lui a porté préjudice si, dix ans après la
commission des faits, il n’a posé aucun acte interruptif de la prescription. Il en
est de même du ministère public, la prescription s’imposant « erga omnes ».

528. Spectacles et représentations


Dans les localités déterminées par le gouverneur de province, les
spectacles, bals, ou représentations quelconques, publics ou ouverts au public,
doivent être autorisées préalablement par l’Administrateur du territoire ou son
délégué. Toutefois, il peut être délivré des autorisations permanentes valables
pour un an. La demande d’autorisation spécifie la nature de la réunion, la date,
l’heure et le local où cette réunion sera tenue. En cas d’abus constatés,
l’autorisation peut être retirée par l’autorité qui l’a délivrée.
La tenue des spectacles, bals ou représentations sans autorisation requise
est infractionnelle et punie. Subiront une servitude pénale d’un mois au
maximum et une amende ou l’une de ces peines uniquement les organisateurs
de ces réunions ainsi que les tenanciers et gérants des locaux où les spectacles,
bals ou représentations auront eu lieu (article 4). La légalité de l’incrimination
est tirée des articles 1, 2 ,3 et 4 de l’ordonnance 30 / APAJ du 11 mars 1939812
relative aux spectacles, bals et représentations quelconques.

529. Stellionat
L’infraction de stellionat consiste dans le fait pour une personne de
vendre ou de donner en gage un immeuble qui ne lui appartient pas ou qui ne

812
Les codes Larcier République Démocratique du Congo, tome VI, volume I, Larcier-
Afrique Editions 2003, p. 371.
544
Catalogue des infractions

lui appartient plus. Il peut s’agir d’une maison, d’une parcelle, d’un terrain, d’un
champ etc..

I. Eléments constitutifs

Pour qu’il y ait stellionat, il faut la réunion dans le chef de l’auteur d’une
vente ou d’une mise en gage, la propriété d’un immeuble d’autrui et l’intention
de s’en approprier.
a)La vente ou la mise en gage.
1. Il faut une vente ou une mise en gage d’un immeuble. Par vente, il faut
entendre toute transaction transférant la propriété. Par mise en gage, il faut
entendre le fait d’hypothèquer un immeuble.
2. La nature de l’immeuble.Il s’agit de tout immeuble peu importe le régime
foncier et immobilier les réglementant en droit privé. Il peut s’agir, aussi
bien, du régime d’enregistrement , de celui du droit spécial urbain constaté
par le titre d’occupation qualifié de livret de logeur, que du régime foncier
coutumier rural.

Il a été jugé que la vente d’un droit de propriété portant sur un immeuble
constitue l’infraction de stellionat, ce droit étant un immeuble par l’objet sur
lequel il porte, et cela quand bien même le vendeur peut opposer, au premier
acheteur, un certificat d’enregistrement à titre de preuve de son droit de
propriété sur l’immeuble vendu quant à la mutation du second acheteur. La
Cour a estimé que cet argument pertinent sur le plan civil ne l’est plus en
matière répressive813. L’immeuble à considérer ici est soit celui enregistré, celui
constaté par le livret de logeur ou bien celui constaté par le régime coutumier
rural814 .
b)Existence de la propriété d’un immeuble d’autrui.
La propriété de l’immeuble doit appartenir à une autre personne. Ainsi
donc pour que l’infraction de stellionat soit caractérisée, la propriété de
l’immeuble doit appartenir à une autre personne que l’agent lui-même. Celui
qui vend ou donne en gage son immeuble ne commet pas de stellionat. Par
contre , il a été jugé que la vente d’une maison appartenant à autrui faite
sciemment est qualifiée de stellionat815.

c)L’intention de s’approprier l’immeuble d’autrui.


L’intention de s’approprier la chose d’autrui est requise. Il est question
d’une intention frauduleuse de s’enrichir injustement ou de nuire à autrui en
disposant d’un immeuble dont on sait n’être pas propriétaire. Il a été décidé

813
C.S.J., RP 705, 05 Novembre 1985, B.A. Années 1985 à 1989, Edition 2002, p.62.
814
C.S.J., RP 130, 15/04/1975, B.A.C.S.J. 1976, p.120.
815
C.S.J. , R.P 130 , 15 avril 1975, Bull. 1976, p. 119 , RJZ. 1979, p. 53.
Catalogue des infractions 545

que le fait de vendre une parcelle par acte matériel de vente sans droit
immobilier sur celle-ci pour l’avoir déjà aliénée au profit d’une tierce personne
par une vente advenue entre eux et surtout par la tradition au profit de cette
tierce personne des titres parcellaires de l’ancien propriétaire détenus par lui
(élément matériel) lorsque le prévenu a conscience de l’existence de la première
vente (intention frauduleuse) constitue le stellionat.816

II. Poursuites

a)Quel est le siège légal du stellionat ?


L’article 96 du code pénal livre II est la loi qui réprime le stellionat. La
disposition a une portée générale d’application concernant les biens réellement
immeubles. L’article 96 s’applique peu importe le régime foncier et immobilier
réglementant les biens immeubles. Il peut s’agir du régime de l’enregistrement,
celui du droit spécial urbain constaté par le titre d’occupation qualifié « livret de
logeur » ou bien, enfin, du régime foncier coutumier rural817.

b) Quelle est la sanction prévue par le législateur ?


L’auteur du stellionat est passible de trois mois à cinq ans de servitude
pénale et d’une amende ou d’une de ces peines seulement818.
• Le titulaire du certificat d’enregistrement, parce qu’il est
propriétaire qui vend son immeuble à deux acheteurs successifs différents au
moment où le premier acheteur n’avait pas encore obtenu la mutation de la
propriété à son nom, ne peut être poursuivi pour stellionat. Le propriétaire
d’un immeuble non enregistré situé dans un centre extra-coutumier, titulaire
d’un titre d’occupation qui vend sa maison à deux acheteurs différents lorsque
le premier acheteur n’a pas payé l’intégralité du prix convenu, ne commet pas
de stellionat.
• Il a été jugé que l’infraction de stellionat n’est pasnon plus
établie lorsque la parcelle vendue était encore dans le patrimoine du prévenu,
c’est-à-dire qu’elle continuait à lui appartenir au regard du livret de logeur et de
la fiche parcellaire établis en son nom. Il en avait donc le droit de jouissance et
d’occupation819.

c)Quel tribunal juge l’auteur du stellionat ?

816
Cour d’Appel de Kinshasa/ Matete, R.P.A. 511, 14 juillet 2003, inédit.
817
Alexis TAKIZALA MASOSO, Recueil de jurisprudence des Cours et Tribunaux du Congo,
Presses universitaires de Lubumbashi, 1999, p.207-208.
818
Article 96 du code pénal livre II.
819
Cour d’Appel de Kinshasa/ Matete ,R.P.A 033 /RMP 849 /PG Mat /NGB ; 03 juillet ,1996
MP et PC Ekutshu Moseka contre Moze Embumba, Inédit.
546
Catalogue des infractions

A la vue des pénalités qui sont de cinq ans de servitude pénale


maximum, il revient que matériellement l’infraction de stellionat est de la
compétence du tribunal de paix.

d) Qu’en est-il de la prescription ?


L’action publique relative au stellionat est prescriptible dans le délai de
trois ans. La peine est prescriptible au délai double de la peine prononcée sans
pour autant que ce délai soit inférieur à deux ans.

530 Stérilisation forcée

La stérilisation forcée est un acte visant à priver une personne de sa


capacité procréatrice, sans que cet acte ne soit médicalement justifié, ni
consenti librement. Elle est un acte attentatoire à la santé et aux droits en
matière de procréation.

I. Définition de la stérilisation forcée


L’incrimination de stérilisation forcée est définie comme la commission
sur une personne d’un acte à le priver de la capacité biologique et organique de
reproduction820 sans qu’un tel acte ait fait préalablement l’objet d’une décision
médicale justifiée et d’un libre consentement de la victime821.

II. Eléments constitutifs


Il procède de la loi que pour sa consommation l’infraction de
stérilisation forcée suppose la privation de la capacité biologique de
réproduction ou de procréation, le défaut de consentement de la victime,
l’absence de justification médicale et l’élément moral.
a)la privation de la capacité biologique ou organique de procréer
Les moyens de matérialisation de la privation de la capacité biologique
de procréer importent peu. Il peut s’agir de l’ablation, du sectionnement etc,
peu importe. Ces actes visent aussi bien les hommes que les femmes, les
personnes majeures que les enfants. Il peut s’agir des personnes en bonne santé
que des personnes moins portantes, valides qu’invalides.
b)L’abscence de consentement de la victime et de justification
médicale

820
Cela ne vise pas les mesures de régulation des naissances qui ont un effet non
permanent dans la pratique.
821
Article 174 l du code pénal tel que modifié par la loi du 20 juillet 2006. Le terme « libre
consentement » ne comprend pas le consentement obtenu par la tromperie.
Catalogue des infractions 547

Le consentement de la victime fait débat. Une certaine opinion consent


qu’un célibataire peut s’adjuger le droit de la stérilisation.Pour l’autre, la
question de savoir si un époux est fondé à se stériliser sans le consentement de
son conjoint ou conjointe demeure. Pour annihiler le libre consentement, les
moyens de contrainte contre la victime et un environnement coercitif dans
lequel est placé la victime sont réquis. En outre , il faut le défaut de justification
sanitaire en faveur de la victime.
La stérilisation d’une femme peut être justifiée par la sauvegarde de la
vie d’une mère constamment menacée par des naissances par césarienne. Cette
stérilisation doit résulter d’un accord commun des époux. Un partenaire qui
contraint un autre et un medecin qui se livre à l’opération au mépris des avis
du couple pourraient être poursuivis en participation criminelle.
Pour la personne mineure, tout fait même médicalement justifié doit
être accompli avec le consentement des parents ou de ceux qui exercent
l’autorité parentale sur l’enfant.
c)L’élément moral
L’élément moral résulte de l’intention délictueuse de rendre inapte à la
réproduction ou à la procréation une personne. Cette intention délictueuse
consiste à ne réposer sur aucun droit ni fondement légal ou médical. Ainsi ne
sera pas poursuivi pour stérilisation forcée un médecin qui arrache une matrice
cancereuse à une patiente avec l’autorisation des parents de la jeune fille
mineure. Par contre, l’infraction de stérilisation forcée est établie en l’absence
du consentement des parents ou des personnes exerçant l’autorité parentale sur
l’enfant.

III. Administration de la preuve


En général, en matière de violences sexuelles et en particulier en
matière de stérilisation forcée, l’administration de la preuve est minutieusement
réglementée.
a. Le consentement ne peut en aucun cas être inféré des paroles ou de la
conduite d’une victime lorsque la faculté de celle-ci de donner librement
son consentement véritable a été altérée par l’emploi de la force, de la
menace ou de la contrainte, ou à la faveur d’un environnement coercitif ;
b. Le consentement ne peut en aucun cas être inféré des paroles ou de la
conduite d’une victime lorsqu’elle est incapable de donner un
consentement ;
c. La crédibilité, l’honorabilité ou la disponibilité sexuelle d’une victime ou
d’un témoin ne peuvent en aucun cas être inférés de leur comportement
sexuel antérieur ou postérieur.
548
Catalogue des infractions

IV. Régime juridique


a)Pénalités prévues par le législateur
L’article 174 l de la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et
complétant le code pénal congolais est le siège de l’infraction de stérilisation
forcée. Les peines édictées par le législateur sont adaptées à la gravité de
l’infraction. Le coupable de stérilisation forcée est passible d’une servitude
pénale de cinq à quinze ans. Lorsque les victimes sont des enfants, le coupable
s’expose à la peine de cinq à quinze ans de servitude pénale.
b) Tribunal compétent
L’infraction de stérilisation forcée relève de la compétence du tribunal de
grande instance. Le juge naturel est donc le juge de grande instance. Toutefois,
cette compétence n’est pleine que pour autant que cette violence sexuelle n’est
pas constitutive d’un crime de guerre, d’un crime contre l’humanité ou de
génocide. Ainsi donc, lorsque cette infraction est de droit commun, elle se
prescrit dans le délai de dix ans. Par contre, lorsqu’elle est un des crimes de
droit international, elle est alors imprescriptible.

531. Stigmatisation à l’endroit d’une personne


vivant avec le VIH/Sida
Les personnes vivant avec le Vih/sida et les personnes affectées ont
pleine capacité juridique. Elles jouissent de tous les droits. A cet égard, le
législateur est intervenu pour interdire toute forme de discrimination à l’égard
d’un patient en raison de son statut sérologique au Vih avéré ou présumé, de
son conjoint ou de ses proches.

I. Actes interdits par le législateur


L’état de sérologie ne peut constituer :
- un obstacle à l’éducation, aux stages de formation ou d’apprentissage ;
- une restriction à la sécurité sociale ;
- une cause d’exclusion ou de renvoi d’une position religieuse ;
- l’objet d’expérimentations médicales, de soumission contré leur gré à
un test de dépistage, d’exploitation par des témoignages à des fins de
propagande ou de marketing ;
- un motif de renvoi, de refus d’accès, d’exclusion d’un établissement
d’enseignement ;
- une raison d’administration forcée de certaines substances pour des
raisons de pratiques religieuses à des fins de guérison.
Catalogue des infractions 549

II. Régime répressif



• L’infraction de stigmatisation à l’endroit d’une personne vivant
avec le Vih/sida est créée par la loi n°08/011 du 14 juillet 2008 portant
protection des droits des personnes vivant avec le Vih/sida et des personnes
affectées.
• L’article 42 de cette loi réprime les actes de stigmatisation. La
peine à subir par l’auteur est la servitude pénale principale de un à six mois et
d’une amende de cinquante mille francs congolais ou l’une de ces peines
seulement. Cette infraction est dès lors de la compétence du tribunal de paix.

532. Stupéfiants
Parler des drogues et des stupéfiants parait une totologie. Nous le
voulons, néanmoins ainsi, pour marteler que les conséquences de la
consommation régulière de stupéfiants sont très onéreuses pour la société.
Parmi ces conséquences, on peut, notamment, citer les maladies, les accidents
de travail ou de circulation liés à la consommation de stupéfiants. Il faut le dire
et le redire car les stupéfiants procurent des pseudo-plaisirs et des gains
rapides et élevés, raisons pour lesquelles ils attirent . C’est pourquoi, la
production et le trafic de stupéfiants sont souvent aux mains de maffieux
organisés en puissants réseaux.
Les maffieux opèrent à l’échelle mondiale, ils parviennent à déjouer les
contrôles douaniers et policiers. Le retard que connaît notre pays et les
avancées de la législation internationale plaident pour que le législateur
congolais sorte de sa léthargie. L’offre est faite au législateur congolais
d’incriminer divers actes dont notamment :
1. la direction d’un groupement participant au trafic des stupéfiants. Il s’agira
d’atteindre les réseaux maffieux en mettant hors d’état de nuire leurs
dirigeants, difficiles à atteindre en raison de la loi du silence qu’ils font
régner ;
2. La production et la fabrication illicites. Il s’agira de toute activité visant à
obtenir, soit par un procédé naturel (culture) ou industriel (réaction
chimique) une substance stupéfiante ;
3. L’importation ou l’exportation illicites de stupéfiants ;
4. Le transport et la cession. Les fausses ordonnances ;
5. La facilitation de l’usage de stupéfiants, l’usage illicite de stupéfiants, la
provocation à usage et propagande ;
6. La cession ou l’offre en vue de la consommation personnelle ;
7. Le blanchiment du produit des stupéfiants.
550
Catalogue des infractions

533. Subornation des témoins


Exercer une pression sur une personne susceptible d’être appelée à
témoigner en justice, en vue de lui faire effectuer un faux témoignage constitue
l’infraction de subornation des témoins. Celle-ci, pour exister doit réunir des
éléments constitutifs.

I. Eléments constitutifs

a)L’élément légal.
L’article 129 du code pénal livre II est la base légale de l’infraction de
subornation de témoins. « Le coupable de subornation de témoin est passible
de la même peine que le faux témoin, selon la distinction de l’article
précédent ».
b)L’élément matériel
1) L’élément matériel est fait de la pression, des conseils, instigations, dons,
promesses, menaces…sur une personne susceptible d’être appelée à
témoigner en justice. Il doit s’agir des cas de dossier en instruction ou
d’enquêtes entrain d’être menées.
2) Ces éléments matériels sont faits sur une personne susceptible d’être
appelée à témoigner en justice. L’infraction de subornation de témoins ne
pourra pas être établie si la personne allait être appelée à témoigner mais n’a
plus été appelée. Elle ne sera pas non plus retenue si l’individu a été appelé
mais n’a pas fait des déclarations contraires à la vérité.
3) Le but est de faire effectuer un faux témoignage. En conclusion, il s’agit de
faire des déclarations contraires à la vérité devant les tribunaux, après avoir
prêté serment. Mais, ces déclarations doivent être susceptibles de porter
préjudice.
Moment de l’acte. L’acte doit intervenir au cours d’une procédure, ou en
vue d’une demande ou d’une défense en justice ; quelle que soit la procédure,
en tout état de cause, et même seulement en vue d’une procédure. Pour qu’il y
ait subornation de témoin, il faut que la personne à laquelle on fait des offres
ait été appelée ou tout au moins puisse être appelée à témoigner en justice.
L’infraction de subornation des témoins ne peut exister en dehors de toute
instruction ou enquête822.
But de l’acte. Le but de l’acte est d’obtenir d’autrui soit un acte positif, soit
même une abstention.
1. une déposition, une déclaration ou une attestation mensongère :
déclaration sous serment, devant une juridiction d’instruction ou de
jugement(ou même pendant l’enquête policière) :

822
Boma, 16 septembre 1902, Jur. Etat I, p. 213.
Catalogue des infractions 551

- peu importe que la déclaration soit spontanée ou non ;


- peu importe que la subornation n’ait pas eu d’effet ; peu importe qu’il
s’agisse de faire revenir quelqu’un sur son témoignage ;
- mais, il faut vouloir obtenir une déposition, une déclaration ou
attestation mensongère. La provocation à dire la vérité n’est pas
punissable, toutefois en cas de violence dans ce dessein, il y a une
infraction de violence.
2. une abstention de faire ou de délivrer une déposition, une déclaration
ou une attestation mensongère : il ya subornation punissable même s’il ya
seulement provocation à s’abstenir de témoigner (solution nouvelle).
Moyens de l’acte. L’acte est constitué des promesses, offres ou présents,
pressions, menaces, voies de fait, manœuvres ou artifices.
Ne constituent pas l’infraction de subornation de témoins les
recommandations que se font réciproquement des personnes pour lesquelles
une action pénale est ouverte se concertant avant toute procédure pour assurer
leur défense commune, ni une simple sollicitation adressée au témoin. En
revanche, il y a infraction dans le chef d’un avocat qui aide un prévenu à
émettre un chèque au profit d’un autre prévenu pour les déclarations de celle-ci
devant le juge.
c)L’élément moral
Pour que l’élément moral de l’infraction de subornation des témoins,
soit établi, le suborneur doit savoir que ce qu’il demandait au témoin était
contraire à la vérité. La contrevérité ou le mensonge est donc réquise pour que
l’infraction de subornation de témoin soit caractérisée. L’absence effective du
préjudice n’est pas élisive de l’infraction de subornation de témoin , il suffit que
le préjudice soit possible823.

II. Poursuites et texte légal

a)Texte légal
Les auteurs de l’infraction de subornation des témoins sont
poursuivables sur base de l’’article 129 du code pénal livre II. La peine
applicable au coupable est de cinq ans maximum. Le suborneur encourra des
peines plus lourdes si le faux témoignage dont il a été l’instigateur a eu pour
résultat de faire condamner le prévenu à la peine de mort ou à la servitude
pénale à perpétuité.

b)Tribunal compétent et prescription del’action publique

823
Bruxelles, 3 juillet, 1895, J.T., p. 865.
552
Catalogue des infractions

L’infraction de subornation des témoins est de la compétence du


tribunal de paix. La prescription de l’infraction, instantanée, court du jour de
l’acte de subornation824. L’action publique se prescrit dans le délai de trois ans.
La peine, elle, sera prescrite au délai double de la peine prononcée, sans que ce
délai soit inférieur à deux ans.
En tout état de cause, il est reconnu par la jurisprudence que la valeur à
accorder à un témoignage relève de l’appréciation souveraine du juge du
fond825.

534. Substitution d’enfant


Voir supposition d’enfant, n° 536.

535. Suicide
Le suicide est le fait de se donner à soi-même la mort. C’est un homicide
volontaire commis par l’agent sur sa propre personne. Le moyen utilisé peut
être la pendaison, le fusil, le poison etc.. ; il importe peu. Le suicide devient de
plus en plus un véritable problème de société. L’acte de suicide n’est pas
punissable en la personne de l’auteur, faute de texte légal. Le législateur n’a pas
incriminé le suicide. C’est-à-dire qu’il n’existe pas de nos jours de loi pénale sur
le suicide dans l’arsenal juridique congolais. Le suicide échappe ainsi à la
répression parcequ’il n’est pas punissable.
Cette position du droit positif est différente de l’ancien droit où des
peines étaient applicables aux cadavres. La confiscation des biens des suicidés
étaient systématiquement prononcée. Ces punitions n’avaient malheureusement
aucune valeur préventive et atteignaient injustement la famille du suicidé
qu’elles furent vite abandonnées826.
L’absence de répression du suicide comporte des conséquences
importantes du point de vue de l’application des principes de droit pénal
général. La tentative et la complicité du suicide ne peuvent être punies, à défaut
d’incrimination principale et d’absence de texte légal. Néanmoins, celui qui
s’abstient de secourir la personne qui tente de mettre fin à ses jours (de l’en
empêcher) sera poursuivi sur base de l’article 66 ter du code pénal.
L’article 66 ter du livre II traite de l’abstention d’apporter secours à une
personne en danger. La sanction est de trois mois à deux ans de servitude
pénale et une amende ou une de ces peines. Si l’abstentionniste est militaire ou
individu au service des forces armées, il risque dix ans au maximum de

824
Crim., 1995 cité par Dalloz, in mementos, Droit pénal spécial , 14 ème édition 2008.
825
C.S.J., RP 103, 22 janvier 1975, B.A. 1976, p. 21.
826
LIKULIA BOLONGO. ,op cit, p.48.
Catalogue des infractions 553

servitude pénale827. La provocation au suicide828 doit être punie ainsi que la


propagande ou la publicité en sa faveur829.

536. Supposition d’enfant


Déclarer un enfant comme né d’une femme déterminée alors qu’il est en
réalité né d’une autre femme constitue l’infraction de supposition d’enfant.
Autrement dit, il s’agit d’introduire un enfant dans une famille à laquelle il
n’appartient pas830.

I. Eléments constitutifs

L’infraction de supposition d’enfant, pour être établie, comporte trois


éléments constitutifs. L’élément matériel, l’état de la victime, l’élément moral,
outre l’élément légal caractérisent cette prévention..
a)L’élément légal.
L’article 155 du code pénal livre II prévoit et réprime la supposition
d’enfant. « Seront punies d’une servitude pénale d’un à cinq ans les personnes
qui se rendront coupables de supposition d’enfant . La même peine sera
appliquée à ceux qui auront donné la mission de commettre l’infraction, si cette
mission a reçu son exécution ».
b)Le fait matériel.
Le fait matériel est constitué de cinq manœuvres à savoir l’enlèvement,
le recélement, la suppression, la substitution et la supposition. L’enlèvement est
la suppression de l’enfant, dans les conditions telles qu’il perd les preuves de
son identité ; retrait de l’enfant du lieu où il se trouve, et son transport dans un
autre lieu.
Le recélement est le fait de cacher l’enfant enlevé par une autre
personne, et de l’élever clandestinement. La suppression de l’enfant découle du
fait brutal de sa disparition. La substitution d’enfant relève de la mise d’un
enfant à la place de celui dont une femme est accouchée. L’attribution à une
femme qui n’est pas mère ou imaginaire, l’enfant né d’une autre femme.
Bref, il s’agit du remplacement de l’enfant qu’une femme vient de
mettre au monde par l’enfant d’une autre femme. La fausse attribution d’un
enfant existant réellement à une femme imaginaire ou qui n’a pas conçu est
aussi constitutif de l’élément matériel de l’infraction de supposition d’enfant. Il

827
Article 519 du code pénal militaire.
828
C’est une incitation au suicide par paroles, lettres, etc.La provocation vise à emporter la
conviction de l’autre, à le pousser dans son projet funeste.
829
C’est toute diffusion générale, par exemple dans les médias qui entraîne une personne
sur la voie du suicide ou de sa tentative.
830 ère
1 instance Léo,App. RPA 6725, 24 juillet 1952, inédit.
554
Catalogue des infractions

y a là un fait de nature à compromettre l’état civil de l’enfant. On


supprime toute trace de l’enfant, et toute preuve de son état civil.
Il a été jugé que le fait de détenir durant une seule nuit un enfant ne permet pas
de conclure à suffisance qu’il y a eu introducction de cet enfant dans une
famille à laquelle il n’appartient pas831.

c)La victime de l’infraction de supposition de l’enfant


Pour que l’infraction de supposition de l’enfant soit caractérisée, il faut
qu’il s’agisse d’un enfant né vivant. Car la supposition a pour effet de priver
un enfant de son état. C’est un enfant du moment qu’il est encore jeune pour
que quelque incertitude puisse subsister sur son état832. Il importe peu que
l’enfant soit hors mariage, adultérin, incestueux, fruit d’un viol illégitime ou
légitime, dingue, imbécile, handicapé, bien portant etc.
d)L’élément moral réside dans le fait de priver l’enfant de son état. Le mobile
peut être autre dans le chef de l’auteur. L’infraction est consommée dès que le
prévenu a agi en connaissance de cause et que, matériellement, l’enfant a été
privé de son état.

II. Régime répressif

Le législateur a sanctionné l’auteur de l’infraction de supposition


d’enfants d’une servitude pénale allant de un à cinq ans833. Il y a supposition
d’enfant dans le chef de la « fille mère » qui cherchera à cacher sa maternité
illégitime (hors mariage) ou à dissimuler une grossesse. Commet la supposition
d’enfant la femme qui change son enfant atteint d’une maladie grave avec celui
bien portant d’une femme folle, peu soucieuse.
Sera également puni celui qui aura donné la mission de commettre
l’infraction à condition que cette mission ait reçue exécution. D’où, dit le
professeur Likulia, il n’y a pas de tentative punissable dans ce dernier cas834.
Le tribunal compétent est celui de paix. La prévention de supposition d’enfants
se prescrit (action publique) dans le délai de trois ans. La peine, elle, sera
prescrite au délai double de la peine prononcée.

537. Suppression des lettres


Voir ouverture des lettres, n° 409.

831
Idem cité par LIKULIA BOLONGO., op.cit, p. 316.
832
Vouin.,op. cit, p.295.
833
Article 155 du code penal livreII.
834
LIKULIA BOLONGO. , op.cit., p.316.
Catalogue des infractions 555

538. Tapage nocturne


Les citoyens ont le droit de profiter du calme de la nuit pour se reposer
du travail de la journée. Ils doivent être exemptés des tapages nocturnes. Les
tapages nocturnes sont les bruits qui se produisent pendant la partie de la nuit,
généralement consacrée au repos835, et qui troublent le repos des habitants ou
la tranquillité des citoyens.
En effet, le bruit est nuisible à l’organisme humain. Les méfaits du bruit
sont considérables. Les bruits entraînent non seulement des altérations de
l’ouïe mais provoquent aussi des tensions malsaines du système nerveux. Ils
diminuent les capacités de travail et de rendement par l’action sur le cerveau836.
Le bruit est réprimé lorsqu’il dépasse la limite de ce qui doit être toléré au sein
des agglomérations. Le seuil est laissé à l’appréciation souveraine du juge.
Le législateur cherche à lutter contre une forme de violence agressive trop
fréquente dans les cités modernes,voire dans les villages.

I. Eléments constitutifs

Pour établir l’infraction de tapage nocturne, il faut des bruits et tapages


susceptibles de troubler la tranquillité des habitants ou de causer du trouble
dans le voisinage. Ces bruits excessifs doivent avoir eu lieu pendant la partie de
la nuit généralement consacrée au repos. Se mettre à taper sur des casseroles à
20 heures, jouer de la forte musique la nuit dans les lieux où l’on vend des
consommations, dans les débits des boissons, faire usage des lance voix la nuit
dans les églises situées dans les résidences, le bruit inutile d’un moteur en
stationnement sont là des exemples parmi tant d’autres de tapage nocturne.
La cour de cassation estime, notamment, que les bruits et tapages ne sauraient
être justifiés par l’exercice d’une activité professionnelle et que l’infraction
n’exige pas l’intention de nuire : il suffit que le coupable ait ait eu conscience
du trouble qu’il causait au voisinage837.

II. Poursuites

1. Siège de la matière

835 ère
1 instance Léo., 05 février 1909,Jur.Etat, II, p.305.
836 er
Robert wilkin. , Commentaire de la loi communale, Tome 1 , Editions Etablissements
Emile Bruylant, Bruxelles, p.474.
837
Crim.,15 avril 1992,Dr.pénal 1992,comm.285 ; 11 janvier 2005,Dr.pénal 2005, comm.71.
556
Catalogue des infractions

L’ordonnance n°64/ cont... du 16/09/1925 modifiée par l’ordonnance


n°92/AIMO du 28/06/1942, est la disposition légale. Cettre ordonnance
concerne particulièrement les exploitants de bars et lieux de plaisir. Néanmoins
, des auteurs et une certaine jurisprudence838 y intègrent la répression des bruits
quiont pour origine les groupes de prière, les groupes musicaux, folkloriques et
socio-culturels etc.

2. Qui peut mettre en mouvement l’action publique ?


La police et le parquet sont appelés et habilités à faire cesser le trouble
à la tranquillité des citoyens. L’autorité administrative et politique a également
des prérogatives de la fonction pour faire cesser les troubles. Tout citoyen qui
subit un dommage (victime) peut également saisir un officier de police
judiciaire, un magistrat du parquet ou le juge.
3. Quel juge va-t-on saisir ?
L’infraction de tapage nocturne est punie des peines d’amende. En cas
de récidive dans une année, elle est sanctionnée de deux mois de servitude
pénale et d’amende ou d’une de ces peines seulement. Au regard de ces
pénalités la compétence est dévolue au juge de paix. Celui-ci est donc la
juridiction compétente.

4. Quels sont les délais de prescription ?


L’action publique relative à l’infraction de tapage nocturne est prescrite
dans le délai d’une année. Les peines prononcées sont prescrites dans le délai
de deux ans, si elles n’ont pas été exécutées.

539. Télécommunications
En République Démocratique du Congo, les télécommunications sont
régies par la loi cadre 013-2002 du 16 octobre 2002839. Cette loi cadre a crée et
assorti des sanctions certains actes et entraves qualifiés infractionnels.

I. Infractions proprement dites

838
Des tribunaux et parquets des cours d’appels de Kinshasa/ Gombe et Matete ont
réprimé, dans plusieurs décisions inédites, les bruits provenant des assemblées de prières
disséminées dans les rues et avenues, les répétitions à ciel ouvert des orchestres musicaux
modernes, traditionnels et autres sur base de l’infraction de tapage nocturne.
839
Les codes Larciers, République Democratique du Congo, tome III, Volume 2, Larcier-
Afrique Editions 2003, p.780.
Catalogue des infractions 557

1. Altérer, copier sans autorisation ou détruire une


correspondance émise par voie de télécommunication (art. 71
dudit texte).
L’incrimination consiste à ouvrir, à s’emparer pour prendre indûment
connaissance d’une correspondance émise par voie de télécommunication. Elle
consiste également à employer un moyen pour surprendre des communications
passées par un service public de télécommunications. Le législateur a prévu une
sanction de six mois de servitude pénale et une amende maximale de cent mille
francs congolais. Si l’auteur est un agent au service d’un exploitant de services
publics de télécommunications, il encourt une servitude pénale d’un an ou plus
et une amende ne dépassant pas cent mille francs congolais. On peut toutefois
appliquer l’une ou l’autre de ces deux peines.

2. Attaque, résistance avec violences ou menaces envers les


fonctionnaires ou agents des exploitants des services publics
de télécommunications agissant dans l’exercice de leurs
fonctions (art.76)
L’infraction est qualifiée de rébellion et punie comme telle
conformément aux dispositions du code pénal.

3. Destruction, déplacement, renversement ou dégradation des


voies ou installations de télécommunications fixes ou de
campagne servant à des buts militaires en temps de guerre
dans l’intention de favoriser les desseins de l’ennemi (art.77)
Ces infractions sont punies de la peine capitale.

4. Empêcher, gêner par défaut de précaution la correspondance


sur la voie de télécommunications d’utilité publique ou
destruction de l’ouvrage ou objet affecté à cet usage (art.75)

Des amendes de cinq mille francs congolais au maximum seront infligées à


l’auteur de cette infraction.

5. Exploiter sans autorisation ou sans déclaration préalable un


moyen de télécommunications (art.69)

Le coupable de l’infraction encourt des sanctions. Elles sont d’une


amende de dix mille francs à cent mille francs congolais constants. Il sera , en
outre, procédé à la confiscation des appareils servant au fonctionnement.
558
Catalogue des infractions

6. Exploiter un moyen de cryptologie ou fournir une prestation


de cryptologie sans autorisation ou déclaration préalable
(art.70)

Il est prévu à l’endroit de l’auteur de l’infraction de l’article 70 une


servitude pénale d’un mois et une amende de mille à cinquante mille francs
congolais ou une de ces peines seulement. En outre, le contrevenant sera
interdit de solliciter l’autorisation pendant une durée de deux ans au plus. En
cas de récidive, l’interdiction sera portée à cinq ans. Il sera enfin procédé à la
confiscation des moyens de cryptologie.

7. Omettre, dénaturer ou retarder la transmission d’une


correspondance par voie de télécommunications (art.72)

Cet acte est répréhensible. L’auteur est passible d’une servitude pénale
d’un an au plus et d’une amende maximale de cent mille francs congolais.
Toutefois, seule une de ces peines peut être appliquée. . C’est l’agent au service
d’un exploitant de services publics de télécommunications qui peut commettre
cette infraction.

8. Procéder sans autorisation à l’élagage, ou l’abattage d’arbres,


au creusement des fouilles ou des tranchées, à des
constructions ou démolitions ou à tout autre travail
susceptible de dégrader une ligne téléphonique ou d’en
compromettre le fonctionnement (art.74)

L’auteur de l’acte est puni de quinze jours de servitude pénale au


minimum et d’une amende allant de dix mille à cent mille francs congolais.
L’une de ces peines peut à elle seule être encourue.

9. Révéler, hors le cas ou la loi y oblige, l’existence ou le


contenu d’une correspondance émise par voie de
télécommunications (art.73)

La pénalité est de six mois de servitude pénale maximum et d’une


amende maximale de cent mille francs congolais ou d’une de ces peines.

II. Procédure

Les infractions en matière des télécommunications donnent lieu à une


procédure de transaction. L’administration transige avec le contrevenant. Elle
Catalogue des infractions 559

fait payer une amende transactionnelle dont les taux seront revus
périodiquement par le Ministre ayant en charge le secteur.
Au regard du taux des peines, l’on croirait que les infractions en matière
de télécommunications sont de la compétence du tribunal de paix. Pour notre
part, les télécommunications et les diverses infractions qu’elle crée sont du
domaine de la législation économique et commerciale de la République
Démocratique du Congo. Celle-ci relève de la compétence des tribunaux de
commerce, quel que soit le taux de la peine ou la hauteur de l’amende840.

540. Témoin récalcitrant


Voir refus de témoigner, n° 507.

541. Tenue d’une maison de débauche ou de


prostitution
La tenue d’une maison de débauche ou de prostitution est réprimée sur
base de l’article 174b alinéa 1 point 2 du du code pénal livre II tel que modifié
et complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 et par l’ordonnance n°75-
153 du 31 mai 1975 réglementant les heures d’ouverture des débits de boisson
et portant interdiction des night- clubs sur toute l’étendue de la République.

I. Eléments constitutifs

Pour subir les peines prévues en cas d’infraction de tenue d’une maison de
débauche ou de prostitution, il faut caractériser les éléments constitutifs.

a)L’acte matériel
Il est constitué de la tenue d’une maison de débauche ou de prostitution
qui caractérise l’acte répréhensible de l’infraction.Par exemple disposer d’une
maison, en assurer la surveillance, l’entretien, la direction, la gérance. Il peut
s’agir de tout abri ou logis susceptible de servir de cadre d’accomplissement de
la débauche ou de la prostitution. Par exemple aussi, être dirigeant, propriétaire
ou gérant des nihts clubs ou boîtes de nuit dans lesquels se font le commerce
de sexe, gérant ou propriétaire des maisons de débauche, de passe ou de
tolérance. Le professeur Likulia définit la maison de débauche comme tout
établissement destiné à recevoir des personnes qui font métier de livrer leur
corps aux plaisirs sexuels pour de l’argent841.

840
Article 17 de la loi du 03 juillet 2001 portant création, organisation et fonctionnement des
tribunaux de commerce ; Les Codes Larciers, République Démocratique du Congo, tome I,
Larcier-Afrique Editions 2003, p.370.
841
LIKULIA BOLONGO., op.cit. , p.363 .
560
Catalogue des infractions

La dimension ou l’état de la maison importe peu, l’essentiel c’est l’activité


immoral qui s’y déroule.
b)L’élément moral
C’est l’intention coupable. Elle est inséparable de l’acte matériel lui-même.
L’intention coupable se caractérise par la connaissance par l’agent du caractère
immoral ou impudique de la maison tenue ou amenagée de manière délibérée
pour la prostitution ou la débauche.

II. Régime répressif

Les sanctions prévues par le 1er texte( l’article 174b alinéa 1 point 2 du
code pénal tel que modifié et complété en 2006) sont de trois mois à cinq ans
de servitude pénale et d’une une amende de cinquante mille à cent mille francs
congolais constants. Le deuxième texte (l’ord n°75-153 du 31 mai 1975), qui
punit les gérants ou débitants des maisons de passe ou de tolérance, prévoit
une servitude pénale de six mois à cinq ans et une amende ou une de ces
peines seulement.
L’autorité territoriale peut en outre procéder au retrait de la licence
d’exploitation842.

542. Terrorisme
Certaines infractions constituent des actes de terrorisme. C’est lorsqu’elles
sont en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de
troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou par la terreur. Il s’agit :
1° des atteintes volontaires à la vie ou à l’intégrité physique de la personne,
l’enlèvement et la séquestration de la personne ainsi que le détournement
d’aéronef, de navire ou de tout autre moyen de transport ;
2° des vols, extorsions, destructions, dégradations et détériorations ;
3° de la fabrication, la détention, le stockage, l’acquisition et la cession des
machines, engins meurtriers, explosifs ou autres armes biologiques,
toxiques ou de guerre.
Constituent également un acte de terrorisme, lorsqu’il est en relation avec
une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement
l’ordre public par l’intimidation ou la terreur, le fait d’introduire dans
l’atmosphère, sur le sol, dans le sous-sol ou dans les eaux de la République, une
substance de nature à mettre en péril la santé de l’homme ou des animaux ou le
milieu naturel.

842
Article 8 de l’ordonnance n° 75 – 153 du 31 mai 197 5 réglementant les heures
d’ouverture des débits de boissons et portant interdiction des night-clubs sur toute l’étendue
de la République.
Catalogue des infractions 561

I. Conditions essentielles du terrorisme

Trois conditions essentielles sont requises pour la répression des actes


terroristes. Il y a d’une part les auteurs des faits punissables, d’autre part les
faits visés par la loi et enfin la responsabilité morale des agents.
a)Les faits visés par la loi.
Les actes terroristes sont considérés comme des infractions de droit
commun commises dans certaines circonstances et pour certains motifs
précis. Parmi les actes terroristes, il y a des faits punissables inspirés du droit
interne, notamment du droit commun et du droit militaire et des faits
spécifiques inspirés du droit international.
b)Les actes terroristes.
Les actes terroristes peuvent être commis soit par un individu soit par un
groupe d’individus. Notons que les juridictions militaires sont
incompétentes à l’égard des personnes âgées de moins de dix-huit ans. Il
est en outre consacré l’irresponsabilité pénale des mineurs.
1° Nous avons cité en droit commun les atteintes volontaires à la vie ou à
l’intégrité physique de la personne, l’enlèvement et la séquestration de la
personne, les vols, extorsions, destructions, dégradations et détériorations,
les prises d’otages et les traitements dégradants leur infligés.
2° En droit militaire, le législateur retient la fabrication, la détention, le
stockage, l’acquisition et la cession des machines, engins meurtriers
explosifs ou autres armes biologiques, toxiques ou de guerre.
3° Des faits punissables inspirés du droit international, l’on peut citer le
détournement d’aéronef, de navire ou de tout autre moyen de transport,
l’introduction dans l’atmosphère, sur le sol, dans le sous-sol ou dans les
eaux d’une substance de nature à mettre en péril la santé de l’homme,
des animaux ou du milieu naturel, l’incitation à des opérations kamikaze,
les attentats suicides.

c) La responsabilité morale des agents.


1° Les buts poursuivis par les agents peuvent être politiques et justifient
bon nombre d’actes terroristes. L’article 157 du code pénal militaire
parle d’actes terroristes qui ont pour but de troubler gravement l’ordre
public par l’intimidation ou la terreur. Ce but criminel peut être
poursuivi tant en temps de paix qu’en période de situation
exceptionnelle.
2° La résolution criminelle. L’acte terroriste procède d’une résolution
généralement mûrie, et visant à son élaboration minutieuse non
seulement pour plus de chance de réussite, mais encore pour bousculer
d’une manière anormalement violente la conscience humaine. Quelque
562
Catalogue des infractions

soit le caractère pervers, tout acte qui n’engage pas la responsabilité


morale de l’agent, ne peut l’entraîner sous le coup de la loi.

II. Régime répressif


a) Texte de loi créateur de l’infraction de terrorisme.
L’infraction de terrorisme est prévue et punie par les articles 157 à 160
du code pénal militaire (Loi 024-2002 du 18 novembre 2002).

b) Sanctions applicables aux auteurs des actes terroristes.


Tout acte de terrorisme qui n’a pas entraîné mort d’homme est puni
d’une servitude pénale principale maximum de vingt ans. Si l’acte terroriste a
entraîné mort d’homme, le coupable est passible de la peine de mort. La
personne qui a tenté de commettre un acte de terrorisme mais qui se résoud et
avertit l’autorité administrative ou judiciaire et permet ainsi d’éviter la
réalisation de l’infraction, et d’identifier, le cas échéant, les autres coupables,
sera exemptée de la peine843.
843
Il s’agit d’une excuse légale. C’est une circonstance spécialement définie par la loi. Elle a
pour effet d’exempter de la peine ou de l’atténuer. En présence d’excuse légale, le juge doit
exempter de la peine ou l’atténuer si la loi le prévoit. Les excuses légales sont absolutoires
et atténuantes.
Dans les premières (excuses absolutoires), l’agent est exempté de la peine soit pour avoir
dénoncé, soit pour s’être soumis, soit pour avoir réparé le préjudice etc. La dénonciation
est prévue par les articles 150 i et 218 du code pénal. L’article 150 i dispose : « Seront
exemptés de la peine portée par l’article précédent ceux qui auront fait connaître l’auteur ou
l’imprimeur, les crieurs, afficheurs, vendeurs ou distributeurs qui auront fait connaître la
personne de laquelle ils tiennent l’écrit incriminé »
L’article 218 dispose : « sera exempté de la peine encourue celui qui, avant toute exécution
ou tentative d’une infraction contre la sûreté de l’Etat, en donnera le premier connaissance
aux autorités administratives ou judiciaires.
L’exemption de la peine sera seulement facultative si la dénonciation intervient après la
consommation ou la tentative de l’infraction, mais avant l’ouverture des poursuites.
L’exemption de la peine sera également facultative à l’égard du coupable qui, après
l’ouverture des poursuites, procurera l’arrestation des auteurs et complices de la même
infraction, ou d’autres infractions de même nature ou de même gravité. »
La soumission est prévue est prévue à l’article 205 du code pénal qui dispose « il ne
sera prononcé aucune peine , pour le fait de sédition, contre ceux qui ayant fait partie d’une
bande armée sans y exercer aucun commandement et sans y remplir aucun emploi ni
fonction, se seront retirés au premier avertissement des autorités civiles ou militaires, ou
même depuis , lorsqu’ils auront été saisis hors des lieux de la réunion séditieuse, sans
opposer de résistance et sans armes ».
Le but du législateur est d’apaiser les troubles et les émeutes.
La réparation du préjudice. On peut rapprocher avec les excuses absolutoires la cause
d’exonération retenue par l’article 102bis du code pénal relative à la grivèlerie. « Les
infractions prévues à l’article précédent ne pourront être poursuivies que sur plainte de la
Catalogue des infractions 563

La peine encourue est réduite de moitié si l’auteur ou le complice ,


ayant averti les autorités , a permis de faire cesser les agissements incriminés ou
d’éviter que l’infraction n’entraîne mort d’homme ou infirmité permanente et
d’identifier , le cas échéant , les autres coupables. Lorsque la peine encourue est
la servitude pénale à perpétuité, celle-ci est ramenée à vingt ans de servitude
pénale. La non dénonciation du terrorisme ou refus de dénoncer les actes de
terrorisme, est punie de cinq à dix ans de servitude pénale principale (article
160).

543. Tortures corporelles


Des sévices très graves et des actes de cruauté ou de barbarie exercés
principalement dans le but de causer une souffrance à la victime constituent les
tortures corporelles. A l’état actuel de la législation, les tortures ne constituent
pas une infraction spécifique. Elles sont une circonstance aggravante de
l’attentat à la liberté individuelle844.

I. Eléments constitutifs
a)L’élément légal.
L’article 67 alinéa 2 du code pénal livre II incrimine l’infraction de tortures
corporelles, sans proposer de définition juridique².
b)L’élément matériel.
En l’absence de définition légale, la jurisprudence a tenté de déterminer le
champ d’application de l’incrimination. Pour être établie cette infraction exige
des brutalités graves ou actes de cruauté commis contre une personne arrêtée
ou en détention.
c)L’élément moral.
L’infraction de tortures est indiscutablement une infraction intentionnelle.
Elle requiert la torture en vue (dans l’intention) de causer des souffrances. Le

partie lésée. Le paiement du prix et des frais de justice avancés par la partie plaignante ou
le désistement de celle-ci éteindra l’action publique ».
Dans les secondes(les excuses atténuantes), le législateur crée une excuse atténuante à
partir du fait que le trouble social est moindre. C’est ainsi que constitue une excuse
atténuante à l’infraction d’attentat contre la vie ou la personne du chef de l’Etat (article 193
alinéa 1), le fait que cet attentat n’a pas eu des suites graves (art. 193 alinéa 2). De
même, il y aura excuse atténuante en faveur d’un tireur de chèque qui aura désintéressé le
porteur avant que le tribunal ait été saisi (ordonnance n°68-195 du 03 mai 1968 sur les
chèques sans provision).Dans ce cas, « la peine applicable ne dépassera pas le quart du
maximum de la servitude pénale et de l’amende prévues … » (art. 3).
844
Boma, 23 février 1909, Jur. Etat II p. 306.
564
Catalogue des infractions

dol général existe car l’agent a conscience de commettre un acte interdit par la
loi en portant atteinte à l’intégrité d’autrui. Il est de droit que les souffrances
infligées intentionnellement à la victime constituent la circonstance aggravante
de tortures corporelles et non l’infraction de coups et blessures845.
Crever intentionnellement un œil à une personne arrêtée. Ligoter très
fortement une personne aux poignets, aux bras et aux pieds, au moyen des
cordes, la déposer liée en plein soleil pendant des heures sans lui donner ni
boisson ni nourriture. Ce sont là quelques exemples de tortures corporelles.

II. Poursuites

a)Texte légal prévoyant les tortures corporelles.


Les tortures corporelles, circonstance aggravante de l’arrestation
arbitraire et détention illégale se trouvent , comme évoqué ci-haut , définies et
prévues par l’article 67 alinéa 2 du code pénal livre II.

b) Quelle peine le législateur a- t- il édictée ?


La répression des tortures est aggravée. Dans sa sévérité, le législateur a
assorti l’infraction aggravée par la torture de la servitude pénale de cinq à vingt
ans.

c) Circonstances aggravantes
Les tortures corporelles sont des circonstances aggravantes de
l’arrestation arbitraire et détention illégale. Les tortures corporelles connaissent
elles-mêmes des circonstances aggravantes si elles ont entraîné la mort de la
victime. Le coupable encourt alors la servitude pénale à perpétuité ou la peine
de mort.

d) Compétence et prescription
Le tribunal de grande instance est compétent matériellement. La
prescription est de dix ans (action publique). La peine sera prescrite, d’une part,
au délai double de la peine prononcée pour la servitude pénale de dix ans ou
moins et, d’autre part, en vingt ans pour la peine de servitude pénale de plus de
dix ans. Il est bon de faire remarquer que la cour a considéré que les aveux
obtenus par tortures sont inopérants lorsqu’ils ne sont pas corroborés par
d’autres modes de preuve846.

e) Proposition d’incrimination de la torture comme infraction


autonome

845
Boma, 23 décembre 1902, Jur. Etat I p. 228.
846
Cour de sûreté de l’Etat, Arrêt RP 2463, 16 août 2002, inédit.
Catalogue des infractions 565

La torture demeure une circonstance aggravante de l’infraction


d’arrestation et détention illégale prévue à l’article 67 alinéa 2 du code pénal
livre II. Nous estimons que la torture pourrait être une infraction autonome. Il
en serait ainsi d’une part lorsqu’elle entraîne par exemple un traumatisme grave,
une maladie, une incapacité permanente de travail, une déficience physique ou
psychologique. D’autre part, elle pourrait l’être lorsqu’elle est exercée sur une
femme enceinte, sur un mineur d’âge, sur une personne de troisième âge ou sur
une personne vivant avec handicap.

544. Torture soumise à un enfant


Voir protection pénale d’un enfant après sa naissance, n° 467-44.

545. Trafic de fausse monnaie


L’infraction de trafic de fausse monnaie constitue le fait de se procurer, en
connaissance de cause, de fausses monnaies métalliques ou de faux billets de
banque et de les mettre ou de tenter de les mettre en circulation. Sont
susceptibles de commettre cette infraction les personnes qui ont participé à des
actes de fabrication, d’introduction ou d’émission de la fausse monnaie en
République Démocratique du Congo.

I. Eléments constitutifs

Pour exister l’infraction de trafic de fausse monnaie allie l’élément


matériel à l’élément moral dans le chef de l’auteur.
a)Les éléments matériels
Les éléments matériels sont fait d’actes tels qu’acheter, se faire remettre
pour écouler en touchant une commission, de la fausse monnaie ; tenter de
mettre ou mettre en circulation de la fausse monnaie.
b)L’élément moral
L’élément moral consiste dans le chef de l’auteur, à savoir qu’il s’agit de
fausse monnaie métallique ou de faux billet de banque.

II. Régime répressif

a) Quel est le texte légal qui sanctionne le trafic de fausse


monnaie ?
L’infraction de trafic de fausse monnaie est prévue par l’article 118 du
code pénal livre II. Cet article est issu du décret du 24 juin 1953.
b) Quelles sont les peines dont le législateur assort cette
infraction ?
566
Catalogue des infractions

Les auteurs de l’infraction de trafic de fausse monnaie sont punis d’une


servitude pénale d’un mois à trois ans et d’une amende de cent à cinq mille
francs (art.118).
Il est en outre prévu une servitude pénale de huit jours à un an et une
amende de cent mille francs pour ceux qui dans le but de mettre en circulation
ont reçu ou se sont procuré des monnaies métalliques ou des billets au porteur
ayant cours légal en République Démocratique du Congo ou à l’étranger.
Au cas où l’auteur se serait procuré de la monnaie qu’il sait fausse mais
qu’il n’aurait pas encore essayé d’écouler, l’article 118 alinéa 2 du code pénal
livre II sera d’application. Le coupable subira alors huit jours à un an de
servitude pénale et une amende, à défaut l’une de ces pénalités.

546. Trafic et exploitation d’enfants à des fins


sexuelles
L’infraction de trafic et exploitation d’enfants à des fins sexuelles est
définie comme tout acte ou toute transaction ayant trait au trafic ou à
l’exploitation d’enfants à des fins sexuelles moyennant rémunération ou un
quelconque avantage.
a) Quelle est la base légale ?
L’infraction de trafic et exploitation d’enfants à des fins sexuelles tire sa
source des violences sexuelles. L’article 174j du code pénal congolais tel que
modifié et complété par la loi n°06/018 du 20 juillet 2006 définit et sanctionne
cette incrimination. L’auteur du trafic et exploitation d’enfants à des fins
sexuelles est passible de dix à vingt ans de servitude pénale principale847.
b) Quelle est la procédure de répression ?
A l’instruction des causes de violences sexuelles, il doit être assuré une
célérité dans la répression. Les violences sexuelles sont réputées flagrantes.
Elles doivent être traitées comme telles. La sauvegarde de la dignité des
victimes, l’amélioration de leur protection ainsi que la garantie d’une assistance
judiciaire sont requises.
c) Quel tribunal doit juger les auteurs de cette infraction ?
Le tribunal de grande instance est compétent pour juger l’infraction de
trafic et exploitation d’enfants à des fins sexuelles. Comme, elle est punissable
d’une peine minimale de dix ans et maximale de vingt an, à ce titre, l’action
publique requiert le délai nécessaire de dix ans pour être éteinte.

547. Trafic d’influence

847
Article 174 j du code pénal tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet
2006.
Catalogue des infractions 567

L’infraction de trafic d’influence existe lorsqu’une personne accepte des


promesses, de l’argent, d’autre avantages ou des dons afin d’user de son
influence réelle ou supposée pour des objectifs donnés. Diverss objectifs
peuvent motiver cette acceptation.

I. Personnes à poursuivre

Le trafic d’influence peut être commis par « toute personne »,


fonctionnaire ou privée. Il faut qu’il y ait convention entre l’agent médiateur
qui trafique de son influence et agrée des offres ou reçoit des dons, et l’agent
solliciteur. Il s’agit donc d’une médiation rémunérée. A ce sujet, il a été jugé
que l’infraction de trafic d’influence n’est pas établie lorsque n’est pas prouvée
l’acceptation des dons par le prévenu848.
Il est bon, cependant, de préciser que toute médiation rémunérée n’est
pas punissable. Il existe certaines professions très nobles par ailleurs qui
impliquent la rémunération de la médiation pour obtenir une faveur. La
médiation de l’avocat entre ses clients et le tribunal a effectivement pour objet
d’obtenir une décision judiciaire favorable. Mais l’avocat n’est pas coupable de
trafic d’influence dans son métier, car il a la permission de la loi. Sa façon d’agir
est légale, son action est légitime et ses honoraires sont des gains licites849.

II. Eléments constitutifs proprement dits

Deux composantes constituent les éléments propres de l’infraction de trafic


d’influence. Il y a tout d’abord l’abus d’influence réelle ou supposée , et ensuite
le but du trafic d’influence.

a)L’abus d’influence réelle ou supposée


1. L’abus
Pour que l’infraction soit constituée, il faut une personne qui dispose d’une
influence, et qu’elle puiisse abuser de celle-ci. Mais la réalité de l’abus n’est pas
nécessaire. : le trafic d’influence est une infraction formelle. Autrement dit, le
fait de faire une proposition malhonnête, de solliciter une personne pour
qu’elle abuse de son influence, constitue l’infraction. Peu importent les
conséquences ultérieures.
2. L’influence
C’est cet élement qui permet de bien distinguer le trafic d’influence de la
corruption. Au contraire de la corruption, dans le trafic d’influence, l’auteur
dde l’infraction rémunère une personne qui n’a pas de pouvoir direct. Il la

848
C .S.J., RPA 63, 09 juillet 1980, Inédit.
849
P. DELAHAYE., « Le trafic d’influence », in Revue de Droit pénal et de Criminologie,
ème
27 année (1946-1947), n°5, février 1947, pp.377-405.
568
Catalogue des infractions

rémunère pour qu’elle exerce une influence sur un tiers, c’est-à-dire pour
qu’elle exerce une sorte de mission d’intermédiaire, grâce au crédit qu’elle
possède en raison de sa position sociale. Quant à sa nature, l’influence doit être
« r éelle ou supposée » L’influence supposée signifie qu’il importe peu que la
personne sollicitée puisse obtenir concretement l’avantage réquis. Il suffit que
le particulier qui la sollicite le croie, que cette influence soit apparemment
existante….Dans l’interpretation et l’analyse de l’infraction, vont donc
prévaloir l’apparence et la crédibilité de l’influence que l’individu s’octroie ou
qu’on lui prête.
b)Le but du trafic d’influence
Le but précis de la manœuvre est inscrit au texte. Il en est ainsi de :
- faire ou tenter de faire obtenir des décorations, médailles, distinctions,
récompenses, places, fonctions, emplois ou valeurs quelconques accordées
par l’autorité publique ;
- faire ou tenter de faire gagner des marchés, entreprises ou autres bénéfices
résultant des accords conclus avec l’Etat ;
- faire ou tenter de faire obtenir une décision favorable d’une autorité de
l’Etat ou d’une autorité d’une société d’économie mixte, d’un établissement
public, d’une entreprise publique, d’un service public.
La proposition, sollicitation est effectuée en vue de faire obtenir(….) des
emplois, des marchés ou toute autre décision favorable.Par exemple, obtenir
un permis de construire, la régularisation d’étrangers en situation irrégulière,
une décision judiciare ou administrative, une décoration, ou encore l’obtention
de marchés publics.
En d’autres termes, l’infraction de trafic d’influence pour être caractérisée
requiert :
1. des offres, des promesses agréées ou dons, des présents reçus, c’est-à-dire :
- tout avantage patrimonial tel que lettre de change, prêt à usage, délai de
grâce ou suspension de poursuite ;
- tout avantage personnel tel que promotion, emploi, honneurs ;
- tout avantage moral et même jusqu’aux relations intimes avec la femme à
laquelle le médiateur avait promis son concours850 ;
2. des offres agréées ou dons reçus dans un but déterminé par le texte légal
(c’est-à-dire dans un des buts énumérés par l’article 150e ).
L’article 150 e vise « toute décision qu’une autorité publique a le pouvoir
de prendre après appréciation concernant l’acceptation ou le refus de l’acte
demandé. Cet article est donc applicable, lorsque l’influence s’est exercée pour
obtenir un jugement, une exemption du service militaire, une grâce, une
transaction… La faveur doit être de l’autorité publique ou des entreprises
placées sous son contrôle. Lorsque la faveur est d’une entreprise privée ou d’un
850
P. DELANAYE., op cit. , pp.377-405.
Catalogue des infractions 569

particulier, il ne s’agit plus de trafic d’influence mais plutôt de « bradage ou de


pot-de vin ».
Il a été jugé que l’infraction de trafic d’influence n’exige pas seulement que
l’agent ait effectivement exercé son influence sur l’autorité ou l’organe
compétent pour prendre la décision favorable mais qu’il ait, même en cas
d’influence supposée, agrée des dons afin de faire ou de tenter de faire obtenir
une décision favorable851.

Quelques exemples de trafic d’influence852


- Un distributeur d’automobiles a des démêlés avec la justice pour fraude
fiscale et surfacturation. Il apprend qu’un député a des relations cordiales
avec l’officier du Ministère public chargé de le poursuivre. Il offre une
voiture Mercedes 200 au député afin que celui-ci fasse pression sur le
magistrat en vue de classer sans suite ce dossier accablant ;
- Le Ministère a besoin de meubles pour un nouveau bâtiment. Un homme
d’affaires fabricant de meubles, veut obtenir ce marché. Il trouve Monsieur
x, frère du secrétaire général du Ministère, lui propose 10% du montant de
la vente de ses meubles s’il intervient auprès du secrétaire général afin que
ce dernier conclue le marché en sa faveur ;
- Watergate, que d’aucuns ont appelé le scandale du siècle. Le 10 mai 1973,
John Mitchell, ancien Ministre de la Justice et ancien directeur du comité de
réélection du Président ainsi que Maurice Stans, ancien Ministre du
commerce sont inculpés du trafic d’influence. Ils ont accepté d’intercéder
auprès de la commission des opérations de bourse en faveur du financier
véreux, Robert Vesco, moyennant 200.000 dollars versés pour le
financement de la campagne présidentielle républicaine.
Par contre user de son autorité, de ses relations avec un agent de
l’autorité ou de sa position sociale pour handicaper l’action d’un officier de
police judiciaire ou d’un officier du Ministère public, ne constitue pas
l’infraction de trafic d’influence.

III. Poursuites

a) Texte légal
Notre législation, pour réprimer le trafic d’influence, a trouvé son
inspiration et puisé l’essentiel de ses termes dans l’ordonnance française du 08
février 1945 (article 178 du code pénal). Avant 1973, beaucoup de

851
C.S.J.,RPA 65,04 septembre 1981,in B.A, 2002, p.253.
852
Nous tirons tous ces exemples des Annales de la Faculté de Droit, vol 3, Presses
Universitaire du Zaïre, Rectorat, Kinshasa, p133 – 134.
570
Catalogue des infractions

comportements de trafic d’influence dommageables à la société restaient


impunis car leurs faits n’étaient constitutifs d’aucune infraction prévue par la
loi.
Avec l’article 5 de l’ordonnance-loi n°73/010 du 14 février 1973, a été
introduit l’article 150 (e) du code pénal livre II (siège actuel de la matière).
Cette dernière disposition légale a érigé en infraction le trafic d’influence. Par
l’article 6 de la loi n°05-006 du 29 mars 2005, l’article 150 e du décret du 30
janvier 1940 portant code pénal congolais, a été modifié et complété. Il est le
texte aujourd’hui en vigueur.

b) Quelle est la punition ?


L’infraction de trafic d’influence est punie de six mois à trois ans de
servitude pénale et d’une amende de cent mille à un million de francs congolais
constants853 ou d’une de ces peines seulement. Le trafic d’influence est de la
compétence du tribunal de paix.

c) Constitution de partie civile


La personne qui de mauvaise foi, a remis une somme d’argent à l’auteur
principal d’une infraction de trafic d’influence ou à son complice, en vue
d’obtenir une décision favorable d’une autorité publique, est irrecevable à se
constituer partie civile (contre l’auteur ou le complice).

548. Trahison
I. Eléments constitutifs
La réalisation de l’infraction de trahison suppose la réunion des
éléments de nationalité de l’auteur de l’infraction, des éléments matériels et de
l’élément intellectuel.
a)La nationalité
La nationalité est un élément indispensable. C’est le point de distinction
entre la trahison et l’espionnage. Pour la trahison, l’auteur doit être de
nationalité congolaise. Il n’en est pas de même pour l’espionnage qui ne peut
être perpétré que par un sujet étranger.
b)Les éléments matériels
Le législateur prévoit une série d’actes matériels. La trahison est une
infraction qui peut se réaliser de plusieurs manières.
1. Le fait de porter des armes contre son pays ;

853
La peine d’amende a été fixée par la modification du Code Pénal Congolais, intervenue
par la loi n° 05-006 du 29 mars 2005 (JORDC, 47ème année, Numéro spécial, 05 octobre
2006).
Catalogue des infractions 571

2. Entretenir des intelligences avec une puissance étrangère ou avec ses


agents pour engager cette puissance à entreprendre des hostilités contre
son pays ou pour lui en procurer les moyens ;
3. Livrer à une puissance étrangère ou à ses agents des ouvrages de
défense, postes, ports, magasins, matériels, munitions, vaisseaux,
bâtiments ou appareils de navigation aérienne appartenant au pays ;
4. Détruire ou détériorer en vue de nuire à la défense nationale, un navire,
un appareil de navigation aérienne, un matériel, une fourniture, une
construction quelconque ou d’y apporter avant ou après leur
achèvement, des malfaçons (sabotage) de nature à les endommager ou à
provoquer un accident ;
5. Provoquer, en temps de guerre, des militaires ou des marins à passer au
service d’une puissance étrangère, de leur en faciliter les moyens ou de
faire des enrôlements pour une puissance en guerre avec le pays ;
6. Entretenir en temps de guerre, les intelligences avec une puissance
étrangère ou avec ses agents en vue de favoriser les entreprises de cette
puissance contre le pays ;
7. Participer sciemment, en temps de guerre, à une entreprise de
démoralisation de l’armée ou de la nation ayant pour objet de nuire à la
défense nationale ;
8. Livrer à une puissance étrangère ou à ses agents un renseignement, un
objet, un document ou un procédé qui doit être tenu secret dans
l’Intérêt de la défense nationale ;
9. S’assurer la possession d’un tel renseignement, objet, document ou
procédé en vue de le livrer à une puissance étrangère ou à ses agents ;
10. Détruire, ou laisser détruire un tel renseignement, objet, document ou
procédé en vue de favoriser une puissance étrangère.
c)L’élément moral
C’est l’élément intellectuel. Les faits de l’article 128 et 129 du code pénal
militaire ne sont punissables que si la responsabilité morale de l’agent se trouve
engagée. Celle-ci procède de l’animus hostilis ou de l’intention de lèse-patrie854
manifestée par la personne visée à travers l’un ou l’autre acte spécifié par la loi.

II. Régime répressif

a)Texte légal et tribunal compétent.


Les infractions de trahison sont prévues et punies par les articles 181 à
184 du code pénal livre II. Aux termes de ces dispositions tous les crimes de
trahison sont punis de mort. La compétence en matière de trahison est celle

854
Laurent MUTATA LUABA., op.cit . , p. 424.
572
Catalogue des infractions

prévue en matière d’atteinte à la sûreté de l’Etat. En temps de paix, les faits


seront de la compétence des tribunaux de droit commun conformément à l eur
compétence légale respective tandis que ce seront les juridictions militaires qui
les connaîtront en temps de guerre855.

b)Quelles sont les peines prévues par la loi ?


Le législateur prévoit la peine capitale à l’encontre du coupable de la
trahison et de l’espionnage sur pieds des articles 128 et 129 du code pénal
militaire. L’article 131 du code pénal militaire stipule qu’en cas de
condamnation pour trahison ou espionnage, la juridiction militaire saisie est
tenue de prononcer d’office les dommages-intérêts en faveur de l’Etat
congolais pour le préjudice subi.

549. Traite d’enfants


Voir protection pénale d’un enfant après sa naissance, n°467- 45.

550. Transmission délibérée des infections


sexuellement transmissibles incurables
Cette infraction relève des violences sexuelles telles que décrites et
réprimées par la loi n°06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le
Code Pénal Congolais.

I. Définition

La transmission délibérée des infections sexuellement transmissibles


incurables peut être définie comme la contamination ou l’infection. La
contamination est la transmission d’une maladie infectieuse d’un sujet affecté à
un sujet sain. Ici, elle s’entend comme l’action d’une personne qui souille en
toute conscience une autre par une infection provoquée à la faveur des
relations sexuelles.
L’infection c’est la pénétration et le développement dans un être vivant
des micro- organismes qui peuvent provoquer des lésions en se multipliant et
éventuellement en sécretant des toxines ou en se propageant par voie
sanguine856

855
Seules, les juridictions militaires pourront connaître des faits prévus par les articles 127
et 128 du code pénal militaire. En effet, les faits précités ne sont réprimés qu’en temps de
guerre.
856
Petit larousse Illustré, Paris 2009, p. 535.
Catalogue des infractions 573

II. Eléments constitutifs propres

L’incrimination de transmission délibérée des infections sexuellement


transmissibles incurable pour se réaliser requiert l’élément légal, la
transmission ou la contamination sexuelle de l’infection, la nature incurable de
l’infection et la contamination délibérée de l’infection.

a)L’élément légal
L’infraction de transmission délibérée d’une infection sexuellement
transmissible incurable est réprimée à l’article 174 i du code pénal tel que
modifié et complété par la loi ci-haut citée.

b)La transmission ou la contamination sexuelle de l’infection


La transmission ou la contamination doit produire l’infection incurable.
Ce qui signifie que l’agent qui transmet ou contamine porte en lui-même le
virus de l’infection incurable.
L’infection doit être transmise sexuellement. Les organes sexuels sont
les moyens et les instruments par lesquels l’infection est transmise. Ce qui veut
dire que cette infraction exclut toute autre mode de transmission, autre que
sexuel.

c)La nature incurable de l’infection


L’infection transmise doit être incurable. La preuve de l’incurabilité de
l’infection transmise doit être certifiée par l’expertise médicale,médico-légale,
clinique, ou autre notoirement reconnue. Ceci est indispensable.

d)La transmission délibérée de l’infection


Cette infraction est l’exemple typique d’une prévention intentionnelle.
L’élément intentionnel est absolument requis pour l’établissement de
l’infraction.
La loi exige que la transmission soit mûrement réfléchie. Ceci suppose
la connaissance par l’auteur de son état médical de personne atteinte par
l’infection incurable à transmettre. L’agent doit avoir posé son acte en
connaissance de sa séropositivité pour ce qui concerne le vih-sida. Il a la
volonté de contaminer le(la) partenaire, de nuire à sa santé.

e) Preuve de la transmission et de l’infection


574
Catalogue des infractions

Il doit être administré la preuve que l’auteur a sciemment voulu


transmettre l’infection sexuellement incurable à son partenaire857. Peu importe
que le partenariat soit occasionnel ou durable dans le temps (mariage). L’agent
peut avoir été mû par le désir de vengeance, ou par toute autre motivation.

3°La preuve de la volonté avérée de contaminer est difficille à administrer.


Lorsque le prévenu allègue une circonstance qui exclut sa culpabilité, et que
cette allégation n’est pas démunie de tout élément permettant de lui accorder
crédit, il incombe au ministère public d’en établir l’inéxactitude858.
La preuve est difficile lorsque la transmission a eu lieu pendant la
période d’incubation de l’infection incurable ou si l’agent allègue ne pas savoir
qu’il est atteint de l’infection incurable.
Nous estimons que lorsque la contamination résulte d’une violence ou
d’une aggression sexuelle,il y a là la volonté délibérée de l’agent de transmettre
l’infection incurable. Deux raisons peuvent être avancées pour cela . Primo, la
violence ou l’agression sexuelle est un acte attentatoire à l’intégrité physique et
mentale de la victime. Secundo, le risque de transmission des infections
incurables notamment du vih/sida lors des relations sexuelles forcées et
violentes est très élévé que lors des relations sexuelles consentantes.
Dans tous les cas, l’organe judiciaire et le juge en particulier ont un
large pouvoir d’appréciation et une grande responsabilité pour adapter le cas
d’espèce aux prescrits de l’article 174 l du code pénal congolais.

III. Répression légale

Les peines d’une servitude pénale à perpétuité et d’une amende de deux


cent mille francs congolais constants sont prévues. Les auteurs, coauteurs et
complices de ce crime sont poursuivables devant le tribunal de grande instance.
Le délai nécessaire à la prescription de cette infraction est décennal. Au cas où
cette spécificité de violences sexuelles est constitutive d’un crime de guerre,
d’un crime contre l’humanité ou d’un génocide, elle est imprescriptible.

551. Transmission délibérée du Vih/sida

857
La jurisprudence congolaise en matière de preuve, il faut le rappeler, est conforme à
l’option universelle, d’équité, de justice et de raison. Cette option est ancienne et constante
en application de la maxime « L’accusation a la charge de la preuve » ou « le prévenu
allègue ; le ministère public prouve ».
858
Léo., 14 août 1952, RJCB., p. 190, avec note : cité par Piron et Devos, Codes et lois du
congo belge, tome 1, 1960, p. 314.
Catalogue des infractions 575

L’article 45 de la loi n°08/011 du 14 juillet 2008 portant protection des


droits des personnes vivant avec le VIH/sida et des personnes affectées
réprime cette infraction.

I. Eléments constitutifs de la transmission délibérée du vih/sida

L’infraction de transmission délibérée du vih/sida exige la réunion des


éléments matériels et de l’élément moral pour être reconnue dans le chef d’un
auteur.
a) Les éléments matériels
Les éléments matériels sont faits d’actes de transmission du vih/sida;
en d’autres termes de modes de transmission du vih/sida.
b) Les modes de transmission
La transmission doit s’opérer par les modes médicalement et
cliniquement reconnus et vérifiables. Ici se pose, en cas de transmission
sexuelle, le problème de l’antériorité de la séropositivité de l’agent par rapport à
la victime. Une cour d’appel a condamné , celui qui , connaissant sa
séropositivité et ne pouvant ignorer les risques de contamination, avait imposé
à plusieurs partenaires , dans l’ignorance de cette situation, des rapports non
protégés859.
c) La transmission
La transmission doit être celle du vih/sida à l’exclusion de toute autre
infection, maladie, pandémie etc.
d) L’intention méchante ;
L’auteur est animé de l’intention de contaminer, pour des raisons
propres du reste inopérantes ou de transmettre le vih/sida à la victime. Cet
« animus contamini » doit absolument être prouvé. L’intention méchante est
difficile à démontrer lorsque la transmission a eu lieu pendant la période
d’incubation du Vih/sida. Elle est difficile à prouver si l’agent allègue ne pas
savoir qu’il est atteint de la pandémie ou n’avoir jamais passé son test de
séropositivité. Tel n’est pas le cas d’un homme qui après avoir eu des rapports
sexuels avec une fille, lui remet une somme d’argent, la rémercie et lâche
« garde bien cette somme, elle pourra permettre l’achat d’un cercueil pour
t’enterrer ».

II. Moyens de répression

859
Cour d’appel Colmar, 04 janvier 2005, D.2005. 1069, note Paulin.
576
Catalogue des infractions

La même disposition légale de l’article 45 du texte du 14 juillet 2008860


prévoit la peine de cinq à six ans de servitude pénale principale et de cinq cent
mille francs congolais d’amende à l’endroit de l’auteur de cette infraction. Le
tribunal de grande instance est la juridiction compétente pour connaître de
l’infraction de transmission délibérée du vih/sida. La prescription de cette
infraction est décennale.

552. Transport d’objets postaux


Celui qui, sauf les exceptions admises par la loi, aura transporté des objets
de correspondance dont le transport est un monopole de l’Etat, sera puni. Il y
a infraction au monopole de l’Etat en matière de transport postal lorsqu’il
existe un trafic constitué par la perception, par le transporteur, d’une
redevance.
Des exceptions sont admises ou des cas sont autorisés par la loi. Il s’agit
des lettres ou envois transportés par d’autres administrations publiques et des
correspondances transportées entre les localités où il n’existe pas de bureau de
poste. Il en est de même des correspondances que les particuliers s’expédient
par des personnes attachées à leur service et des correspondances qu’un
particulier transporte pour son propre compte. Notons également les lettres de
voiture et factures non cachetées ne contenant que les énonciations nécessaires
à la livraison des marchandises qu’elles accompagnent.
L’article 151 du code pénal livre II réprime le transport d’objets postaux.
L’amende est la sanction assortie à cette infraction. Le commandant d’un
navire qui ne se sera pas conformé aux prescriptions imposées par la législation
postale sera puni solidairement avec les propriétaires du navire d’une amende
(art.152 du code pénal livre II).
Etant donné que l’infraction de transport d’objets postaux est punie d’une
simple peine d’amende, la prescription de l’action publique sera acquise en une
année. La peine, elle, est prescrite en deux ans ou quatre ans révolus selon
l’importance de l’amende861 .

553. Transport illicite des substances minérales


Voir Code minier, n° 73-9.

554. Travail de l’enfant


L’éducation comprend des mesures qui tendent à protéger la santé. Elle
comprend en outre des mesures à garantir la formation dans le domaine
860
Loi n°08/011 du 14 juillet 2008 portant protection des droits des personnes vivant avec le
vih/sida et des personnes affectées ; Journal officiel de la République Démocratique du
ème
Congo, 50 année, numéro spécial, 25 mai 2009.
861
NYABIRUNGU Mwene Songa., op.cit. , p. 320.
Catalogue des infractions 577

physique, moral et intellectuel. Le travail des enfants rentre dans cette


perspective. Mais pour atteindre ces objectifs, il est assorti des conditions pour
les enfants. C’est pourquoi, la durée du travail et certains emplois pour enfants
sont réglementés. Certains travaux leur sont interdits.
Les enfants de 14 à 16 ans peuvent être occupés aux travaux légers et
salubres à condition qu’ils n’excèdent pas 4 heures par jour aussi bien les jours
de classe que les jours de vacances et qu’ils ne puissent porter atteinte aux
prescriptions en vigueur en matière scolaire. Les enfants âgés de 16 ans et de
moins de 18 ans ne pourront effectuer plus de 8 heures de travail effectif par
jour s’ils travaillent plus de 4 heures par jour. Ce travail doit être interrompu
d’un ou plusieurs repos excédant une heure. Les enfants ne peuvent être
occupés le dimanche ni être employés à des travaux de nuit862.

a)Travaux interdits aux enfants


Sont à considérer comme travaux interdits aux enfants le travail
excédant le temps réglementaire, le travail de dimanche, les travaux pouvant
excéder les forces des enfants863, les travaux dangereux ou insalubres (Art. 32 à
33 de l’arrêté ministériel n° 68/13 du 17 mai 1968).
Les travaux à caractère immoral (le travail des enfants de moins de 18
ans dans les bars, dancing, clubs, etc.) dans les locaux de confection, de
manutention, de vente d’écrits, d’imprimés etc.. contraires aux bonnes mœurs
(Art. 34 et 35 du même article ) sont également interdits aux enfants.

b) L’enfant au travail
• La loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de
l’enfant détermine le régime de l’enfant au travail.
• L’enfant ne peut être employé avant l’âge de seize ans révolus (art.50).
• L’enfant âgé de quinze ans ne peut être engagé ou maintenu en
service, même comme apprenti, que moyennant dérogation expresse du juge
pour enfants, après avis psycho- médical d’un expert et de l’inspecteur du
travail (art.50 alinéa 2).
• Le juge est saisi à la demande des parents ou de toute personne
exerçant l’autorité parentale ou tutélaire sur l’enfant, par l’inspecteur du travail
ou toute personne intéressée.
• Le maître, l’homme ou la femme, s’il ne vit en famille ou en
communauté, ne peut loger comme apprenti un enfant âgé de moins de huit
ans (art.52). L’enfant âgé de seize à moins de dix-huit ans ne peut être engagé
ni maintenu en service que pour l’exécution des travaux légers et salubres.

862
Articles 26 et 27 de l’arrêté ministériel 68/13 du 17 mai 1968 portant conditions de travail
des femmes et enfants.
863
Articles 28 à 31 de l’arrêté ministériel 68/13 du 17 mai 1968 précité.
578
Catalogue des infractions

• L’enfant ne doit travailler plus de quatre heures par jour. Le


travail de nuit d’un enfant, soit de dix-huit heures, est interdit (art.55). L’enfant
a droit à un congé d’au moins un jour ouvrable par mois entier de service
concurremment au congé annuel consacré par le code du travail.
• L’enfant âgé de seize à moins de dix-huit ans ne peut être
engagé ni maintenu en service que pour l’exécution des travaux légers et
salubres. Le Ministre du travail détermine par arrêté les travaux légers et
salubres (art.54).
• Les violations de dispositions ci-haut citées sont
infractionnelles. Elles sont punies d’amende. Elles relèvent de la compétence
du tribunal de paix et se prescrivent selon le droit commun.

555. Travail obligatoire des civils


En temps de guerre ou dans les circonstances exceptionnelles, le travail
obligatoire des civils et la déportation sous quelque motif que ce soit d’une
personne détenue ou internée sans qu’une condamnation régulière au regard
des lois et coutumes de guerre ait été définitivement prononcée, est une
infraction justiciable des juridictions militaires864. Pour que l’infraction de
travail obligatoire des civils soit coupablement établie, il faut des conditions
préalables et des éléments constitutifs.

I.Conditions préalables

Au titre des préalables figure d’un côté l’existence d’une situation


exceptionnelle. C’est-à-dire que la perpétration de l’infraction n’a lieu qu’en
temps de guerre ou dans les circonstances exceptionnelles(état de siège ou
d’urgence, opération de police). De l’autre côté, il est éxigé le défaut d’une
condamnation régulière au regard des lois et coutumes de guerre865.

II. Les éléments constitutifs

Outre les conditions préalables, l’incrimination de travail obligatoire des


civils exige pour sa réalisation des éléments proprements constitutifs.
a)L’élément matériel
L’élément matériel est constitué de l’existence d’actes de travail forcé
ou obligatoire à l’endroit d’une personne ou des populations. L’expression
travail forcé ou obligatoire consiste en toute mesure coercitive ou sanction
864 er
Article 192 alinéa 1 du code pénal militaire.
865
Des crimes peuvent avoir été commis et punis de détention accompagnée de travaux
forcés, l’accomplissement d’une peine de travaux forcés, infligée par un tribunal compétent.
C’est le défaut d’une telle décision qui entraîne l’agent sous le coup de l’infraction.
Catalogue des infractions 579

infligée aux personnes civiles ou hors combats, soit pour leur opinion
politique, soit pour leur opposition à l’ordre politique établi ou pouvant être
établi, et consistant à exécuter impérativement des tâches rudes866.
L’élément matériel peut réposer aussi sur l’acte de déportation, un acte
indistinctement réprimé. C’est le cas d’un transfert forcé dans une île par
l’ennemi en l’absence de toute décision judiciaire régulièrement rendue.
b)L’élément psychologique
L’élément psychologique est fait de la violence procédant à soumettre
de façon contraignante des personnes à un travail rude ou à un transfert
indésirable à un endroit inhabituel. Il y a l’intention de nuire à autrui en vue
d’en tirer un gain pour soi-même ou pour autrui. Les mobiles ou motifs sont
inopérants, car aucun ne peut légitimer l’intention délictueuse.

II. Régime de répression

Les infractions de travail obligatoire des civils et la déportation sont


chacune prévues et sanctionnées par l’article 192 du code pénal militaire. La
personne reconnue coupable sera punie de quinze à vingt ans de servitude
pénale. Si ces faits ont été accompagnés de sévices, tortures ou suivis d’une
autre infraction, l’auteur encourra la peine capitale.

556. Tribalisme et racisme


Voir haine et aversion raciale, n° 282.

557. Tromperie en matière commerciale


La tromperie en matière commerciale porte essentiellement sur la qualité
et la quantité de la chose vendue. Le législateur a érigé la tromperie sur la
qualité et la quantité en infractions distinctes. Les tribunaux de commerce sont
les juridictions compétentes pour connaître de ces infractions.

558. Tromperie sur la qualité de la chose vendue


Le fait pour le vendeur de tromper (induire en erreur) l’acheteur sur la
qualité de l’objet dans le but de se procurer un bénéfice illicite est qualifié de
tromperie sur la qualité de la chose vendue.
a)La loi qui réprime la tromperie sur la qualité de la chose vendue
En l’absence d’une loi particulière qui sanctionne la tromperie sur la
qualité de la chose vendue, cette infraction rentre dans les prévisions de l’article
99 du code pénal livre II.

866
Laurent MUTATA LUABA. ,op. cit. , p.623.
580
Catalogue des infractions

b) Elément matériel
Pour que l’infraction soit établie, il faut qu’il y ait tromperie sur
l’identité de la chose vendue, en livrant frauduleusement une chose d’une
espèce autre que celle déterminée sur laquelle se portait la transaction. La
tromperie peut également porter sur la nature ou l’origine de la chose vendue
en vendant ou en livrant frauduleusement une chose semblable en apparence à
celle qu’il a cru acheter. Il déçoit ainsi l’acheteur dans ce qu’il a principalement
recherché.
Cette infraction suppose un fait de tromperie. L’exemple est celui de
vendre à un prix élevé la farine de manioc en affirmant faussement qu’il s’agit
de la farine de maïs. La tromperie doit porter sur une marchandise , ce qui est
dans le commerce. La tromperie doit avoir lieu dans une convention ou
contrat ; un transfert de propriété à titre onéreux. Cette tromperie doit être
réalisée par un des modes prévus par la loi.
Les modes prévus par la loi sont, soit la tromperie sur l’identité de la
chose comme vendre un sac de riz chinois en lieu et place d’un sac de riz
américain, soit la tromperie sur la nature et l’origine de la chose. Il en est ainsi
de vendre du vin de palme mélangé avec de l’eau et du sucre (nature de la
chose), de vendre un vin kinois pour un bordelais (origine de la chose).
Il y a tromperie sur la qualité de choses vendues au sens de l’article 100,
quand l’une des parties, use de procédés frauduleux propres à augmenter
artificiellement le poids ou le volume de lamarchandise, faisant l’objet de la
transaction. Cette infraction exige l’intention frauduleuse ; ce qui exclut la
faute, l’oubli, l’erreur867.
C) L’intention coupable
L’agent doit avoir agi pour se procurer un bénéfice illicite. Il a été jugé
que le fait de livrer frauduleusement de la marchandise avariée, bonne ncore
uniquement pour les animaux, alors que la convention portait sur de la
nourriture humaine, constitue une tromperie sur l’identité de la chose parce
que la corruption de denrées alimentaires peut modifier les qualités qui
constituent la valeur de la chose868. Spécialement le fait d’avoir vendu une
vache que le vendeur affirmait être fraîche, que l’acheteur acquérait comme
telle, et qui ne l’était pas, constitue indubitablement une tromperie sur la qualité
essentielle qu’elle devait posséder, dans la pensée de l’acquereur si, toutefois, il

867
Elis.,25 janvier 1944, Rev.Jur.,p.168.
868
Gand, 21 janvier 1950, Pas.,II, 89.
Catalogue des infractions 581

est établi que le vendeur a agi de mauvaise foi, et savait que l’affirmation par lui
donnée à l’acheteur était fausse869.

559. Tromperie sur la quantité de la chose vendue


Au moyen des manœuvres frauduleuses celui qui a trompé l’acheteur
ou le vendeur sur la quantité des choses vendues ou les parties engagées dans
un contrat de louage d’ouvrage ou l’une d’elles sur les éléments qui doivent
servir à calculer le salaire rentre, dans la définition de l’infraction.

I. Eléments constitutifs
Il a été jugé que l’infraction de tromperie requiert la réunion de deux
éléments substantiels et nécessaires : un préjudice subi par l’acheteur et
l’emploi des manœuvres frauduleuses870.
a) Le texte de loi définissant et sanctionnant la tromperie sur la
quantité de la chose vendue
A l’instar de la tromperie sur la qualité de la chose vendue, la tromperie
sur la quantité de la chose vendue est prévue et punie par le code pénal livre II.
La dernière y est déterminée par l’article 100.
b) Elément matériel
L’infraction de tromperie sur la quantité de la chose vendue
suppose l’emploi des manœuvres frauduleuses, notamment l’altération de la
vérité par l’usage des faux instruments de pesage ou de mesurage. Le fait de
vendre en sachet , au prix légal d’un kilo de sucre, une quantité de sucre
nettement inférieure à celle annoncée , constitute l’infraction de tromperie,
l’emploi de manœuvres consistant en l’apparence que le sachet contenait un
kilogramme871.Vendre une quantité de sel nettement inférieure à celle annoncée
par exemple.
Le but est de tromper la victime sur la quantité de la chose vendue ou
sur les éléments devant servir au calcul du salaire en vue de se procurer un
bénéfice illicite et infliger ainsi un préjudice à la victime.

II. Régime répressif de la tromperie en matière commerciale


La tromperie sur la qualité de la chose est prévue et réprimée par
l’article 99 du code pénal livre II. La tromperie sur la quantité de la chose
vendue est définie et punie par l’article 100 du même code. La tromperie sur la

869
Luxembourg, 29 juin 1912,Pas., 1941,IV,130.
870
Elis, 25 janvier 1944, RJCB., p.168 ; Tribunal de police de jadotville, 2 avril 1963.
871
Tribunal de police de jadotville, 2 avril 1963, in RJC 1964, n° 4, p.290.
582
Catalogue des infractions

qualité de la chose et la tromperie sur la quantité de la chose sont punies


chacune de la servitude pénale d’un an maximum et d’une amende ou de l’une
de ces peines872. Elles se prescrivent (action publique) dans le délai d’une année.

872
Code pénal congolais. Décret du 30 janvier 1940 tel que modifié jusqu’au 31 décembre
2009 et ses dispositions complémentaires, 2010,p.25.
Catalogue des infractions 583

560. Usage de faux


L’usage de faux consiste à utiliser, dans une intention frauduleuse ou à
dessein de nuire, un acte faux ou une pièce fausse. L’usage de faux est une
infraction distincte du faux. L’auteur d’un faux est punissable dès la confection
de l’acte falsifié ou altéré indépendamment de tout usage. La loi punit celui qui
fait usage d’une pièce falsifiée, sans être l’auteur du faux comme coupable
d’une infraction distincte et indépendante de celle dont s’est rendu coupable le
faussaire873. Si le faussaire utilise lui-même la pièce qu’il a fabriquée ou altérée, il
commet deux infractions successives ; le faux et l’usage de faux.

I. Eléments constitutifs de l’usage de faux

Pour que l’infraction d’usage de faux puisse être retenue, trois


conditions doivent être remplies. L’existence des élément s matériels, de
l’élément moral et du préjudice est réquise.

a)L’élément matériel

1. Il faut l’existence d’un usage. L’usage d’une pièce fausse, c’est le fait
d’utiliser ou de tenter d’utiliser un acte faux, établi, falsifié ou altéré .
C’est le fait d’utiliser ou de tenter d’utiliser un acte faux , cet acte ayant
été établi , falsifié ou altéré par un autre ou par soi-même. Un individu
postule un emploi grâce à un faux diplôme qui lui a été remis par un
faussaire. Il a été jugé que la vente par un particulier des attestations de
perte de pièces défalquées par un typographe sur un lot produit à
l’imprimerie et destiné au bourgmestre de la commune constitue une
infraction d’usage de faux874.

2. Il faut que la pièce présente matériellement les caractères d’un faux


punissable. A été jugé qu’en usant des documents dont la fausseté est
avérée, le prévenu sera retenu dans les liens de la prévention d’usage de
faux875. L’usage d’une pièce d’identité véritable, mais appartenant à
autrui ne constitue pas l’infraction d’usage de faux876.. Si c’est l’auteur

873
GOYET., op.cit., p.134.
874
Tribunal de grande instance de Goma, RP 17156, 26 mai 2005, ministère public et partie
civile contre les prevenus Zibonera et Mwamba Omari, inédit.
875
C.S.J., R.PA 112, 20 novembre 1985, B.A. Années 1985 à 1989, édition 2002, p.84.
876
G. Mineur.,op. cit., p. 88.
584
Catalogue des infractions

de la pièce qui en fait usage, il ne commet que la seule infraction de


l’article 124 du code pénal livre II.
b)L’élément moral.

1) L’auteur doit savoir que la pièce est fausse ou a été altérée. Ce qui
signifie qu’il a dû, au moment où il en faisait usage, connaître la
falsification de la pièce par lui utilisée. Si la personne qui fait usage de la
pièce fausse n’en connaît pas le caractère faux, elle n’est évidemment pas
punissable877. Est, par contre, coupable de l’infraction d’usage de faux le
prévenu qui transmet une facture fictive au directeur du trésor pour
paiement, son intention frauduleuse étant manifeste878 .
2) Il faut que l’auteur ait agi de mauvaise foi.L’auteur doit agir dans une
intention frauduleuse ou à dessein de nuire.
Sur le plan intentionnel, l’infraction suppose que l’utilisateur sache que l’écrit
ou le document est falsifié879. La preuve de cette connaissance n’est pas
toujours facile à rapporter lorsque l’utilisateur n’est pas lui-même l’auteur du
faux. Dans le doute, l’acquittement s’impose.
c)Le préjudice
Il faut qu’un préjudice ait dû résulter de l’usage de la pièce fausse ou du
moins devant pouvoir en résulter.

II. Régime répressif

a) De quelles peines le texte légal sanctionne-t -il l’usage de faux ?


L’usage de faux est défini et prévu par l’article 126 du code pénal Livre
II. L’auteur de l’usage de faux est passible de six mois à cinq ans de servitude
pénale et d’une amende ou de l’une de ces peines seulement.
Si le faux et l’usage du faux dans le chef du faussaire constituent
l’exécution d’une seule intention coupable, dès lors, ils constituent une seule
infraction punissable de la peine de faux.880
b)Remarques
Certes celui qui dans une intention frauduleuse ou à dessein de nuire
fait usage de l’acte faux ou de la pièce fausse sera puni comme s’il était l’auteur
du faux881. Cependant, le particulier qui fait usage d’un faux commis par un
fonctionnaire public dans l’exercice de ses fonctions n’est punissable que des
peines de l’article 124 et non de celles de l’article 125.

877
Cass., 13 janvier 1943, Pas I. 19.
878
C.S.J., RPA.78, 15 juillet 1983, inédit.
879
Crim., 27 février 1947, Gaz. Pal. 1947. 1. 173.
880
C.S.J., RP 14, 22 janvier 1976, Bull. Arrêts 1977, p 17.
881
Article 126 du code pénal livre II.
Catalogue des infractions 585

Notons également qu’un prévenu peut être sans contradiction aucune


déclaré coupable du faux et non coupable du fait de l’usage de la même
pièce.882 Le faux et l’usage de faux constiuent deux délits distincts et l’usage de
faux est punissable même si le faux ne peut l’être, soit parceque l’auteur du
faux est resté inconn u883, soit parceque le délit de faux est couveret par la
prescription884.
Le faux et l’usage de faux peuvent aussi ne pas être établis en fait
comme en droit. Il en a ainsi été jugé d’un prévenu qui a suivi une procédure
régulière d’obtention des titres de propriété (certificat d’enregistrement) sur un
terrain dans une zone rurale, (en l’occurrence la colline Nyamiryangwe à
Bugobe dans le territoire de Kabare) après demande de terre, procès verbal de
constat de lieu fait par l’agronome de secteur, constat d’occupation provisoire,
procès verbal de mise en valeur de l’inspecteur du cadastre et lettre d’envoi -
projet de contrat pour signature du chef de Division régionale des Affaires
foncières et Conservateur des titres immobiliers.885

c) Tribunal compétent et mode de prescription de l’usage de faux.


Le tribunal de paix est matériellement compétent pour connaître de
l’infraction d’usage de faux.
Le point de départ de la prescription de l’usage de faux est le jour de
l’usage et non celui de la falsification. Comme le faux, l’usage de faux est
également une infraction « instantanée », celle-ci se renouvelle à chaque fait
positif d’usage.
La prescription court à compter de l’usage ou du dernier acte d’usage si
l’acte d’usage est répété. Lorsqu’il y a plusieurs actes d’usage, chacun d’entre
eux renouvelle l’infraction de sorte que la prescription ne court qu’à compter
de la dernière utilisation du faux886. Il est de trois ans. L’usage de faux demeure
punissable alors que la prescription du faux est acquise, d’où l’intérêt évident à
rechercher si l’auteur du faux n’a pas été aussi auteur principal ou complice de
l’usage de faux. Ne viole pas les articles 24 ,2° du code pénal livre 1er et 126 du
code pénal livre II, le juge d’appel qui constate que la prescription de
l’infraction de faux en écriture est acquise trois ans après sa commission mais
qui déclare non prescrite celle d’usage de faux renouvelée moins de trois ans
par l’usage d’un faux acte de vente à l’occasion de l’action pénale intentée

882
Servais, t.I, p 613, n°2-6 cité par Georges Mineur. , op cit p 291.
883
Crim., 5 mars 1990, Dr.pénal 1990, comm.247 ; 8 août 1995, Dr.pénal 1995, comm.279.
884
Crim.,14 octobre 1991,Dr.pénal 1992, comm.56.
885
Tribunal de grande instance d’Uvira , Siège Secondaire de Kavumo, R.P 1083 , 02
février 2001 Ministère Public et partie civile collectivité-chefferie de Kabare contre le
prévenu Musafiri Rwema ; jugement confirmé par la cour d’appel de Bukavu sous R.P.A
1829 ,18 septembre 2003, Inédit.
886
Crim., 19 janvier 2000, Bull. n°32 ; RTD com. 2000.7 37,obs.B. Bouloc.
586
Catalogue des infractions

contre le demandeur887 . La peine se prescrit au délai double de la peine


prononcée sans que ce délai ne soit inférieur à deux ans.

561. Usure (prêts à intérêts excessifs)

L’ensemble d’intérêts exagérés obtenus lors d’un prêt d’argent, d’une


opération de crédit ou d’une autre convention indiquant une remise de valeur
mobilière caractérise l’infraction d’usure. Couramment l’opération est appelée
« Banque Lambert ».

I. Eléments constitutifs

L’infraction d’usure ou prêts à intérêts excessifs pour exister nécessite


une convention (généralement contrat de prêt d’argent ou de tout autre objet),
un taux d’intérêt excédant l’intérêt normal et l’intention coupable.

a)La convention
L’agent passe une convention avec la victime. La nature de la
convention est multiforme et son objet consiste en la remise d’une valeur
mobilière. La convention peut porter opération de crédit (crédits accordés à
l’occasion des ventes à crédit, ventes à tempérament, etc..) Il peut s’agir de
contrat de prêt conventionnel (crédit accordé par une institution bancaire ou
financière) ou de tout autre contrat indiquant une remise de valeur mobilière.
b)Le taux d’intérêt excédant l’intérêt normal
Le consentement du prêt est obtenu contre les taux d’intérêt ou autres
avantages honnêtement exagérés, excédant manifestement l’intérêt normal888.
Le prêteur profite des difficultés économiques, de l’ignorance, des besoins, des
faiblesses, des malheurs, des passions qui frappent l’emprunteur etc.
Pour apprécier le taux d’intérêt normal, le juge devra tenir compte de la
couverture des risques, c’est-à-dire l’insolvabilité possible du débiteur et du prix
de la jouissance des avantages fournis889.
c)L’élément moral
L’infraction d’usure ne sera retenue que si la convention est usuraire.
Elle requiert donc une intention frauduleuse. Celle-ci consiste en la volonté de
l’agent de s’enrichir injustement en exigeant un intérêt ou des avantages
excédant manifestement l’intérêt normal. Il profite soit des faiblesses, soit des

887
C.S.J., RP 843,28 avril 1987, B.A, Années 1985 à 1989, édition 2002, p.311.
888
Tribunal de grande instance de kinshasa/Gombe.,RPA 17157, 20 avril 2006, ministère
public et partie civile Fataki contre le prevenu Pacifique Tsh, inédit.
889
Exposé des motifs du décret du 26 août 1959 cité par Likulia Bolongo., op cit , p. 467.
Catalogue des infractions 587

passions, soit de l’ignorance… du débiteur. L’élément moral résulte des termes


mêmes de la loi.
Remarques
Le plus souvent les contractants et particulièrement les prêteurs tentent
de dissimuler la nature véritable de leur convention. Ils ne rendent pas
publiques les clauses contenues dans la convention. Tout cela, pour échapper
aux poursuites et aux sanctions. Le juge dispose d’un grand pouvoir
d’appréciation pour faire echec aux manœuvres des prêteurs en qualifiant
librement les conventions lui soumises. Le juge devra restituer à ces
conventions leur véritable nature en les qualifiant.

II. Régime répressif

Il sied de se référer à l’article 96 bis du code pénal congolais livre II.


Celui-ci a été introduit dans le code par le décret du 26 août 1959890. Ce texte
de référence prévoit que l’usuraire pourra subir un an de servitude pénale et
l’amende ou l’une de ses peines (Art. 96 bis).
En outre, le juge devra réduire les obligations à l’intérêt normal. La
réduction s’applique aux paiements effectués par le débiteur à condition que la
demande soit intentée dans les trois ans à dater du jour du paiement891.

562. Usurpation de commandement

L’infraction d’usurpation de commandement consiste, pour un individu


(militaire, assimilé ou civil…), à s’emparer sans aucun droit ni autorisation de
l’autorité habilitée, et en l’absence de tout motif légitime, de la direction d’une
unité, d’un corps ou formation…de l’armée ou des corps assimilés, ou encore à
retenir le commandement qu’on exerçait au mépris des ordres de l’autorité
légale.

I. Eléments constitutifs

L’infraction d’usurpation de commandement ne peut être consommée


qu’après la conjugaison des éléments essentiels. Ceux-ci sont l’acte prohibé, le
fondement de l’illicéité de l’acte prohibé (c’est-à-dire un défaut d’un droit ou
d’une autorisation) et le dessein criminel.
a)L’acte prohibé

890
Les codes Larcier République démocratique du Congo, tome II, Droit pénal, Larcier-
Afrique Editions 2003, p. 9.
891
Articles 96 bis alinéa 2 du code pénal livre II et 131 bis du code civil Livre III.
588
Catalogue des infractions

L’individu accède au commandement sans avoir été investi de cette


prérogative par l’autorité habilitée par nomination,délégation,
commissionnement, désignation ou autorisation. L’individu qui exerçait
légitimement le commandement après avoir été déchu refuse de le céder
malgré les ordres clairs et précis.
b)Le fondement de l’illicéité de l’acte
L’acte n’est délictueux que lorsqu’il y a défaut d’un droit ou d’une
autorisation. L’absence d’un motif légitime. L’autorisation doit émaner de
l’autorité compétente.
c)L’élément légal
Le desssein criminel consiste dans le fait pour l’agent de perpétrer son
acte délibérément, sachant qu’il n’en a aucun droit ou qu’il n’a reçu aucune
autorisation de sa hiérarchie ou encore qu’aucun motif légitime ne peut justifier
sa réaction.

II. Régime répressif

L’usurpation de commandement est punie par le code pénal militaire.


Elle est prévue à l’article 140. Cet article dispose : « est puni de dix à vingt ans
de servitude pénale quiconque sans droit ou sans autorisation prend un
commandement militaire quelconque ou le retient contre l’ordre des autorités
légales ».
L’agent reconnu coupable d’usurpation de commandement encourt une
peine de servitude pénale principale dont le taux varie entre dix et vingt ans.
En temps de guerre, quand l’état de siège ou d’urgence est proclamé ou à
l’occasion d’une opération de police, le coupable est puni de mort.

563. Usurpation de fonctions publiques


Le fait de se faire passer faussement pour un fonctionnaire public ou de
porter en public un insigne destiné à faire croire à un porteur d’un mandat
public est constitutif de l’infraction d’usurpation de fonctions publiques. C’est
une offense à l’autorité publique qui seule a qualité pour conférer les fonctions
publiques.

I. Eléments constitutifs

a)Les éléments matériels


1. Le fait de s’attribuer la qualité ou le port
d’insigne ou emblème
2. L’infraction d’usurpation de fonctions publiques existe toutes les fois
qu’il y a un acte d’attribution d’une qualité publique ou le port en
Catalogue des infractions 589

public d’un insigne ou un emblème destiné à faire croire à l’existence


d’un mandat public ou l’usage de cette qualité.
3. Certes, il a été jugé que la simple allégation mensongère de la qualité de
« commissaire de justice », terme laissant croire à la qualité de
fonctionnaire public, suffit pour constituer l’infraction de l’article 123
du code pénal livre II892 ; mais généralement, l’infraction d’usurpation
de fonctions publiques exige des actes extérieurs constituant une mise
en scène ou une manœuvre de nature à faire croire à la véracité des
allégations893.
4. La qualité de fonctionnaire public. La qualité usurpée doit être celle
d’un fonctionnaire public.
5. 3° L’attribution d’une qualité publique faussement. C’est le cas de celui
qui n’a pas la qualité alléguée. Celui qui allègue une qualité qu’il n’a plus
par suite de licenciement, congediement , révocation ou déchéance etc.
S’attribuer faussement la qualité de fonctionnaire, c’est se prétendre
fonctionnaire sans titre ni droit, c’est-à-dire sans avoir été nommé ou délégué,
ou après avir été démis, ou après avoir présenté et obtenu sa démission, c’est
aussi accomplir les actes inhérents à cette fonction ; tel est le fait de personnes
qui se sont réunies à diverses reprises dans un immeuble administratif et y ont
rendu entre parties des décisions contentieuses894.
b)L’élément moral
Pour l’auteur , l’élément moral est tiré de l’intention de faire croire à sa
fausse qualité ou à l’existence d’un faux mandat public. Peu importe le mobile.
L’intention de tirer faussement bénéfice de la qualité publique, des fonctions
que l’on n’assume pas caractérise aussi l’élément moral de l’infraction
d’usurpation des fonctions.
La loi n’exige pas que l’auteur agisse avec une intention frauduleuse ou
à dessein de nuire, ni que ses prétentions soient appuyées de manœuvres
frauduleuses.
Commet l’infraction d’usurpation de fonctions publiques un étudiant qui se
munie d’une carte d’officier des Forces Armées de la République
Démocratique du Congo en vue d’avoir accès libre dans le transport en
commun. De même, Monsieur Nkodia qui a répondu qu’il est le bourgmestre
de la commune et reçu de ce fait les honneurs dus à l’autorité, sans l’être
effectivement, est coupable d’usurpation des fonctions publiques.
Toutefois, il a été jugé que le port par un ancien sergent de galons de sergent
répond à un juste sentiment de fierté et rappelle les bons services qu’il a

892
Police Kolwezi, 1.3.1962-1963,n°2, P.80, avec note, v oir KATUALA KABA-KASHALA.,
code pénal zaïrois annoté, 77.
893 ère
1 instance Appel. Elis, 21 mai 1929, rev. Jur., p. 237.
894
Cass., Fr.,14 juin 1950, Penant, 1951,p.49.
590
Catalogue des infractions

rendus. Cette pratique n’est pas de nature à faire croire à l’existence d’un
mandat public895.

La jurisprudence a clairement défini les trois éléments constituant l’infraction


d’usurpation de fonctions publiques. D’une part, l’acte est accompli par une
personne agissant sans titre et qui sait qu’elle n’a aucun titre. D’autre part, le
coupable s’immisce dans l’exercice d’une fonction publique, c’est-à-dire d’une
fonction qui investit son titulaire d’une partie de la puissance publique :
fonctionnaires, personnes investies d’un mandat électif public, officiers publics
et ministériels896. Enfin, le coupable doit accomplir l’un des actes réservés au
titulaire de cette fonction897.

II. Régime répressif

La définition et la répression de l’usurpation de fonctions publiques


relèvent de l’article 123 du code pénal livre II. La sanction qui en découle est
d’un mois à deux ans de servitude pénale et/ou d’amende à l’endroit du
coupable. Le tribunal pénalement compétent est celui de paix. Cette infraction
est prescrite dans le délai légal de trois ans.
Si l’insigne ou l’emblème n’est pas destiné, mais est simplement de
nature à faire croire à l’existence d’un mandat public, celui qui publiquement
l’aura porté ou l’aura laissé ou fait porter par une personne à son service ou
sous son autorité sera puni d’une servitude pénale de sept jours au maximum et
d’une amende qui ne dépassera pas deux cents francs ou d’une de ces peines
seulement(article 123 alinéa 2 du code pénal livre II).
Quant à l’usurpation d’uniformes, décorations, médailles, insignes ou
costumes militaires, elle est punie de servitude pénale de deux mois à cinq ans
(article 85 du code pénal militaire). C’est le port public sans avoir droit qui est,
ici, sanctionné.

564. Usurpation du nom


L’article 69 de la loi n° 87 /010 du 1er août 1987 portant code de la famille
incrimine l’usurpation du nom. La protection pénale du nom est assurée par
l’incrimination d’usurpation volontaire et continue du nom d’un tiers ainsi que
par l’infraction de nom à consonance étrangère ou à caractère injurieux,
humiliant ou provocateur. L’usurpation volontaire et continue du nom consiste
en l’attribution frauduleuse du nom d’un tiers. Elle réalise une confusion

895
Parquet Maniema. , 21 décembre 1935, Revue Juridique, 1936, p. 33 cité par Georges
Mineur., op.cit., p.282.
896
Crim., 03 novembre 1970, Bull. n° 287, et Rev.sc.cr im. 1971, 413, obs.A. Vitu.
897 er
Crim., 1 octobre 1990, Dr ;pénal 1991, comm,2.
Catalogue des infractions 591

volontaire, permanente, frauduleuse et dolosive d’identité entre deux


personnes.
L’article 58 du code de la Famille dispose que « les noms doivent être
puisés dans le patrimoine culturel congolais. Ils ne peuvent en aucun cas être
contraires aux bonnes mœurs ni revêtir un caractère injurieux, humiliant ou
provocateur ». L’usurpation du nom est punie de sept jours à trois mois de
servitude pénale et d’amende ou de l’une de ces peines seulement. Le nom à
consonance étrangère ou à caractère injurieux, humiliant ou provocateur est
porté par l’article 70 du code de la famille. Cette disposition punit d’une
servitude pénale de trente jours et d’une amende ou d’une de ces peines toute
personne qui se rendrait coupable aussi bien que tout officier de l’état civil qui
aura sciemment enregistré pareil nom.
Ces deux infractions sont chacune de la compétence du tribunal de paix.
L’action publique y relative est prescriptible dans le délai d’une année.

565. Utilisation d’un enfant aux fins de mendicité


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467-46.

566. Utilisation d’un enfant dans la criminalité


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467- 47.
592
Catalogue des infractions

567. Vagabondage et mendicité


Voir mendicité, n°358.

568. Vente d’un enfant


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance , n° 467- 49.

569. Vente ou gage de l’immeuble d’un enfant


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467- 48.

570. Viol
I. Définition

Le viol est une des manifestations de l’agression sexuelle. Il englobe en son


sein des faits qui parfois sont loin de réaliser le simple contact physique. Le viol
peut être défini comme le fait , par violences ou menaces graves, ou par
contrainte, soit par surprise, par pression psychologique, soit à l’occasion d’un
environnement coercitif, soit en abusant du fait de la maladie, de l’altération
des facultés ou par perte de l’usage de sens, ou par privation de sens par
quelques artifices :
1. d’introduire son organe sexuel, même superficiellement dans celui d’une
femme ou pour la femme d’obliger un homme à introduire même
superficiellement son organe sexuel dans le sien ;
2. de pénétrer même superficiellement l’anus, la bouche ou un orifice du corps
d’une femme ou d’un homme par un organe sexuel, par une partie du corps
ou par un objet quelconque ;
3. d’introduire même superficiellement une partie du corps ou un objet
quelconque dans le vagin ;
4. d’obliger un homme ou une femme à pénétrer, même superficiellement son
anus, sa bouche ou un orifice de son corps par un organe sexuel, par une
autre partie du corps ou par un objet quelconque.
Catalogue des infractions 593

II. Quelles sont les innovations?

La loi, n°06/018 du 20 juillet 2006 relative aux violences sexuelles898,


actuellement en vigueur contrairement à la loi abrogée899 apporte des
innovations. Le viol n’est plus limité à la seule pénétration sexuelle. Il s’étend
désormais aussi à la pénétration anale, buccale ou de tout orifice par un organe
sexuel, par toute autre partie du corps ou par un objet quelconque. La
pénétration sexuelle, anale ou buccale ne doit pas être à tout prix complète. Il
suffit qu’elle soit même superficielle, pour être infractionnelle. N’est plus seule
victime du viol la personne du sexe féminin : la femme, la fille ou la fillette.
Désormais toute personne vulnérable sans considération de sexe notamment
les femmes, les enfants et les hommes peuvent être victimes de l’infraction de
viol. Le viol peut être commis aussi bien sur la personne d’un homme que
d’une femme ; par un homme vis-à-vis d’une femme et par une femme vis-à-
vis d’un homme. Il peut aussi être commis par un homme vis-à-vis d’un
homme (homosexualité) que d’une femme vis-à-vis d’une femme (lesbiennes).
Ainsi, le viol s’est élargi aux victimes de sexe masculin.

III. Eléments constitutifs du viol

Loin d’être la simple « intromission du sexe masculin dans le vagin de la


femme contre le gré de celle-ci » le viol revêt plusieurs autres formes. Il se
focalise par un ensemble d’actes, par l’absence de consentement et par la
volonté consciente de consommer des relations sexuelles ou des pénétrations
avec une personne non consentante.
Légalement, les actes de viol sont prévus aux articles 170, 171, et 171
bis du code pénal congolais tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du
20 juillet 2006 et aux articles 170 et 171 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009
portant protection de l’enfant.

a)Les éléments matériels


1. La conjonction sexuelle.
Il s’agit d’une conjonction sexuelle entre hommes au sens général du terme.
En effet, l’auteur comme la victime d’un viol est un être humain indistictement
de son sexe. La conjonction sexuelle peut être le fait d’un homme ou d’une
femme.

898
Loi n° 06/°18 du 20 juillet 2006 modifiant et compl étant le décret du 30 janvier 1940
er
portant code pénal congolais. Journal officiel de la République Démocratique du Congo, 1
août 2006, n° 15, p. 12.

899
Le viol était, avant le 20 juillet 2006, réprimé par l’article du code pénal tel que modifié par
le décret du 27 juin 1960 et l’ordonnance-loi n° 78 -015 du 4 juillet 1978.
594
Catalogue des infractions

1°. Conjonction sexuelle perpétrée par un homme


C'est la pénétration. Il faut entendre par là l’intromission du pénis dans le
vagin. C’est l’imposition des rapports sexuels par voie vaginale900. Le violeur
introduit completement ou superficiellement son organe sexuel dans l’organe
sexuel de sa victime. Il a été jugé coupable de viol le condamné qui après avoir
vainement tenté de faire la cour à la victime avec une somme d’argent de 200
francs congolais est parvenu à l’aide de violences, menaces graves, à imposer à
cette dernière une conjonction sexuelle, c’est-à-dire l’introduction de son
organe sexuel dans celui de sa victime901.
Sans coït, il n’y a pas conjonction sexuelle. Il a été jugé que tombe sous le
coup de la loi du chef de viol, le prévenu qui a commis un acte matériel
caractérisé dans le cas d’espèce par la conjonction sexuelle qui s’entend de
l’intromission du membre viril dans les parties génitales de la femme ou mieux
coït902 . Toutefois, il n’est pas nécessaire qu’il y ait éjaculation. L’éjaculation sur
les parties autres que dans le vagin n’est pas constitutive de la pénétration. Il y a
conjonction sexuelle peu importe qu’il y ait eu atteinte de l’orgasme ou non,
que l’agresseur sexuel ait tiré satisfaction ou pas, qu’il ait causé des lésions
corporelles à la victime ou pas. Le tribunal a reconnu qu’à défaut d’administrer
la preuve de la conjonction sexuelle, à défaut d’expertise médicale, la seule
déclaration de la victime ne saurait suffire pour confirmer l’existence des
rapports sexuels903.

2°. Conjonction sexuelle perpétrée par une femme


2°.1 A l’endroit d’un homme
Le législateur prévoit l’hypothèse où une femme oblige un homme à
introduire son organe dans son vagin. Il en est ainsi d’une femme qui enivre
ou drogue un homme, le carresse et l’entraîne à introduire son pénis dans le
vagin. C’est également le cas des femmes qui ont capturé des hommes et les
ont contraint au moyen des armes à des conjonctions sexuelles. Une femme de
dix neuf ans qui impose des relations sexuelles à un vieil homme de 93 ans sera
poursuivie pour viol. Ainsi comme nous l’avons dit, la victime du viol peut être
aussi bien du sexe masculin. Egalement, l’auteur de l’infraction peut être une
femme. Dans le cas de la femme coupable, il suffit qu’elle oblige un homme à
introduire son organe sexuel dans le sien.
2°.1 A l’endroit d’un mineur

900
Tribunal militaire de garnison d’Ituri, Aff. MP c/Mukumbi Mukanya, RP n° 091/07, mai
2008, inédit ; Aff. MP c/Muvula Sango, RP n°008/08, 20 mars 2008, inédit.
901
Cour militaire du Sud-Kivu audience foraine d’Uvira, Aff. Mpc/Ayale Ndelo , RPA n°094,
24 novembre 2008, inédit.
902
Tribunal militaire de garnison de Beni-Butembo, Aff. MP c/Sabwe Tshibanda, RP n°
083/08, 29 août 2008, inédit.
903
Tribunal de Grande Instance de Kinshasa- Kalamu., R.P 7660, 05 juillet 1999, inédit.
Catalogue des infractions 595

Une femme peut obliger un enfant à introduire son organe sexuel dans
le sien. Elle le peut par la force(violence), par menaces, par ruse, en
contrepartie d’une somme d’argent ou en misant sur la naïveté ou la curiosité
du mineur. Il appert de la loi portant protection de l’enfant que la femme qui
oblige un enfant a exposer son organe sexuel à des attouchements par une
partie de son corps ou par un objet quelconque commet le viol904.
2. L’intromission d’un organe sexuel dans l’anus ou dans la bouche
Il est ici question de l’intromission d’un organe sexuel, d’une autre
partie du corps, d’un objet dans un orifice du corps .La victime du viol peut
être aussi bien de sexe masculin que de sexe féminin.
Cette pénétration peut revêtir pour la femme l’intromission du pénis dans un
orifice autre que le vagin, la bouche par exemple. Concernant le viol commis
par l’anus et par la bouche, le tribunal de grande instance de Bukavu a
condamné sieur Shumbe alias Willy, pasteur de son état en date du 28
novembre 2008 pour viol de plusieurs garçons mineurs905. A aussi été reconnu
coupable de viol, le prévenu qui a commis l’acte matériel consistant dans la
pénétration même superficielle de l’anus d’une mineure de onze ans906.
Ce viol peut revêtir la forme d’une intromission d’un objet quelconque
dans les orifices du corps d’autrui n’ayant pas une vocation sexuelle intrinsèque
et/ou l’utilisation de ces orifices dans un but sexuel. Il peut s’agir de
l’introduction du membre viril dans l’orifice du nombril ou dans les oreilles etc.
3.Le viol par introduction d’une autre partie du corps ou d’un objet dans
le vagin.
C’est le cas de l’intromission d’un objet autre que le sexe de l’homme
dans le vagin de la femme. « Toute personne qui aura introduit , même
superficiellement , toute autre partie du corps ou un objet quelconque dans le
vagin »907.
« Toute personne qui introduit , même superficiellement , toute autre partie
du corps ou un objet quelconque dans le vagin d’une enfant »908.
C’est l’introduction dans l’organe génital d’une femme ou d’une fille
d’un membre du corps autre que le sexe mâle ou encore tout objet. Il peut
s’agir des ongles, des doigts, des orteils. Il peut s’agir aussi de la langue. L’acte
peut se réaliser aussi par l’introduction d’objets quelconques dans les parties

904
Article 171 point b in fine de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de
l’enfant.

905
Tribunal de grande instance de Bukavu. , Aff. MP c/ Shumbe Otshinga alis Willy, RP
1950, 28 novembre 2008, inédit.
906
Tribunal militaire de garnison de Bukavu. , Aff. MP c /Vidi Phanzu, RP 204/07, 06 mai
2008, inédit.
907
Article 170 point c de la loi n° 06/018 du 20 juill et 2006 modifiant et complétant le code
pénal.
908
Article 171 point c de la loi n° 09/001 du 10 janvi er 2009 portant protection de l’enfant.
596
Catalogue des infractions

génitales d’une femme ou d’une mineure. Tel est le cas de l’introduction d’un
bâton, d’un œuf, ou d’un instrument médical sans justification, un objet de
masturbation…

4. L’obligation d’une personne à pénétrer l’anus, la bouche ou tout


orifice du corps par un organe sexuel, par toute autre partie du corps ou
par un objet quelconque.

b)L’absence du consentement (contre la volonté).


L’abscence de consentement est le défaut de consentement. Le
consentement est la libre expression d’un accord. C’est aussi l’acquiescement
manifesté par une personne majeure en l’occurrence à un acte sexuel.

1. Le défaut ou l’absence de consentement


Pour que l’infraction de viol soit établi le législateur exige le défaut de
consentement. La cour a arrêté que devant l’absence de preuve du défaut de
consentement et à défaut d’indices précis et concordants révélateurs, le juge
doit conclure à l’acquittement909.
Il y a absence de consentement lorsque le consentement de la victime
adulte est paralysé suite aux violences ou menaces graves, par contrainte à
l’encontre d’une personne, directement ou par l’intermédiaire d’un tiers, soit
par surprise, par pression psychologique, soit à l’occasion d’un environnement
coercitif, soit en abusant d’une personne qui, par le fait d’une maladie, par
l’altération de ses facultés ou par toute autre cause accidentelle aurait perdu
l’usage de ses sens ou en aurait été privé par quelque artifices910 ». Pour les
victimes mineures, il y a défaut absolu de consentement .
2. Le défaut absolu de consentement.
Pour les victimes mineures, il y a la consécration de l’incapacité pour le
mineur à donner un consentement libre et volontaire. Il y a présomption
d’absence de consentement de la victime.
Lorsque la victime du viol est un enfant, le défaut de consentement est
absolu. Le consentement de la victime mineure âgée de moins de dix-huit ans
et la circonstance qu’elle était déjà déflorée constituent à coup sûr l’infraction
de viol parce que les relations sexuelles dans ces cas sont présumées commises
avec violence911.
3. Le raprochement charnel de sexes
Le rapprochement charnel de sexes effectué avec consentement d’une
personne, garçon ou fille n’ayant pas dix-huit ans équivaut à l’absence de

909
Cour d’appel de Kananga, Arrêt RPA 1333, 07 avril 2005, inédit.
910 er
Article 170, alinéa 1 du code pénal livre II tel que modifié et complété par la loi n°
O6/018 du 20 juillet 2006.
911
C.SJ., R.P. 17/C.R, 5/04/1978, Bull. 1979, p.57
Catalogue des infractions 597

consentement et partant constitue un viol912. C’est pourquoi le tribunal a


condamné à six ans de servitude pénale un prévenu qui procédait à des
rapprochements charnels de sexes avec la victime âgée de douze ans913.
Le legislateur entend protèger les enfants contre la violence et
l’agression sexuelle. Même quand le prévenu allègue l’amitié ou qu’il a été
trompé par une mineure qui lui aurait dit qu’elle est âgée de vingt ans, lorsque
le rapport médical ou l’acte de l’officier de l’etat civil atteste la minorité,
l’infraction de viol sera établie. Lorsque la victime tente de disculper le prévenu
pour consolider ses chances de mariage ou par pression, ou pour préserver des
bonnes relations avec le père des œuvres de ses entrailles les juges se feront
l’obligation de consolider le caractère absolu du défaut de consentement dans
le chef d’une mineure. A la rigueur le juge pourrait atténuer ou individualiser la
peine à prononcer et non acquitter le prévenu. Le viol ne peut être évoqué que
si les divers actes matériels de possession du corps d’autrui sont concrétisés par
la violence, la ruse, les menaces graves, la contrainte,, à l’occasion d’un
environnement coercitif.

La violence physique susceptible d’anéantir le consentement de la


victime doit être exercée directement sur la personne de la victime914. Le
consentement ne peut en aucun cas être inféré du silence ou du manque de
résistance de la victime des violences sexuelles915.

La violence peut être morale. C’est celle qui inspire à la


victime(femme, homme, enfant) « la crainte sérieuse de s’exposer elle-même ou
d’exposer ses proches à un mal considérable et présent » 916. La violence utilisée
par le prévenu qui tue préalablement le mari de la victime avant de la soumettre
à des relations sexuelles annéantit le consentement ; elle est une violence
morale917.

912
Article 170, dernier alinéa du code pénal tel que modifié et complété par la loi du 20
juillet 2006
913
Tribunal de Grande Instance de Kinshasa- Kalamu., jugement R.P. 7627, 16 juin 1999,
inédit.
914
Kis, 13 septembre 1969, RJC 1970, p. 39 ; L’shi 11 octobre 1969, RJC 1970, p.48, in
LIKULIA, op. cit. , p. 332.
915
Article 14(ter) du code de procédure pénale tel que modifié et complété par la loi n°
06/019 du 20 juillet 2006.
916 ère
Comp 1 Inst Cost.19 décembre 1934, Rév.Jur 1935, p.35, in LIKULIA BOLONGO,
op.cit, p.332.
917
Tribunal militaire de garnison d’Ituri, RP n° 050/ 07, Aff. MP c/ Mumbere Masimango, 13
décembre 2007, inédit.
598
Catalogue des infractions

Les menaces graves . Elles s’entendent de celles qui inspirent à la


victime la crainte sérieuse d’exposer sa personne ou celle de ses parents à un
mal considérable et présent918. La victime redoute la promesse ou l’annonce
directe d’un mal sérieux et imminent. A été jugé avoir commis le viol à l’aide de
menaces, le prévenu qui, reçu dans une maison en l’absence du mari, fait
irruption dans la chambre à coucher où se trouve la femme obtient d’elle des
rapports sexuels , après l’avoir menacée de faire usage de l’arme de guerre qu’il
detenait919.
La contrainte. Elle est toute circonstance qui ôte à la volonté sa
liberté. Elle est irrésistible et imprévisible. Est un viol par contrainte, ,le fait
d’enfermer la victime durant trois jours dans une maison hermétiquement
fermée à clef pour l’astreindre aux relations sexuelles920.

La ruse. C’est un artifice dont on se sert ou toute manœuvre utilisée


pour paralyser ou neutraliser la volonté de la victime. La ruse est faite d’astuces
, d’artifices. Par exemple, la fille informée de l’arrivée imminente de son fiancé
résidant en Belgique, qui est partie voir un féticheur qui l’a convaincu de l’
administration du médicament dans sa partie vaginale à l’aide de son pénis,
pour recouvrer sa virginité perdue, a bel et bien été violée, par ruse.
Le viol commis à l’occasion d’un environnement coercitif. La personne
se soumet ou est soumise malgré elle , à un espace vital supposé de moindre
mal où elle est amenée à subir des agressions sexuelles( esclavage sexuel). C’est
le cas d’une prisonnière extraite de son insalubre lieu de détention, (sous le
fallcieux prétexte de lui procurer des bonnes conditions de détention) par son
géolier qui la conduit à son domicile où il lui exprime le désir d’avoir des
rapports sexuels. La victime n’a pu manifester de résistance compte tenu de
l’environnement coercitif921.

c)L’élément intellectuel
La volonté consciente de consommer des relations sexuelles ou
pénétrations avec une personne non consentanteconstitue l’élément intellectuel
du viol. Le viol est une infraction intentionnelle. Pour établir l’élément
intentionnel dans le chef de l’auteur celui-ci doit avoir eu l’intention de prendre
possession du corps d’une autre personne. Cette prise de possession se fait
« par un organe sexuel ou de l’anus ou du vagin de la victime par un objet ou

918 ère
1 Inst. App Cost, 19 décembre 1934, Rév.jur1935, p. 35.
919
Tribunal militaire de garnison de Butembo, RP n° 066 /07, Aff. MP c/Dakolabwira, 16 août
2008, inédit.
920
Tribunal militaire de garnison de Bukavu, RP n° 204/0 7, Aff. MP c/Vidi Mpanzu, 16 mai
2008, inédit.
921
Tribunal militaire de garnison de Beni-Butembo, RP n° 090/08, Aff. MP c/ Mulomba
Biamungu, inédit.
Catalogue des infractions 599

toute autre partie du corps » à l’aide de violences ou menaces graves, ou par


contrainte, par surprise, par pression psychologique, soit à l’occasion d’un
environnement coercitif, soit en abusant d’une personne malade, altérée
mentale ou victime de toute autre cause accidentelle ou privée de ses sens par
quelques artifices.
L’élément moral caractérisant le viol est l’intention coupable résultant
de la violence physique exercée par le prévenu sur la personne de la victime922.
C’est aussi l’intention coupable résultant manifestement de la violence et des
menaces à l’aide de l’arme exhibée par le prévenu ainsi que la présence d’une
section des militaires sous son commandement923, impliquant bien entendu
l’environnement coercitif.
Il y a viol en cas de pénétrations sexuelles illicites. Il en a ainsi été au
tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe, où le prévenu a été
condamné à huit ans de servitude pénale principale, pour s’être introduit
nuitamment par effraction de la porte dans la chambre de sa victime , alors
qu’elle était profondément endormie, lui a ôtée subrepticementet à son insu
vêtements et sous-vêtement , puis a introduit le pénis dans le vagin et a enfin
éjaculé, au moment où réveillée en sursaut par le liquide séminal la victime a
surgi de son sommeil et crié au secours924.
Des protestations vagues ne suffisent pas. Il doit s’agir des pénétrations
illégitimes, obtenues à l’aide de violences (physique, morale), de menaces
graves, de ruses ou en abusant d’une personne inconsciente (ivre, en sommeil),
atteinte de démence, d’idiotie ou d’imbécillité. La jurisprudence abonde en
matière de viol. Il a été jugé que la seule accusation de la victime dénonçant à
plusieurs reprises des auteurs différents de viol ainsi que deux certificats
contradictoires et imprécis ne peuvent établir avec certitude la culpabilité du
viol925. Le fait pour une fille âgée de dix-neuf de passer toute la nuit dans la
chambre du prévenu, avec la bénédiction de sa grande sœur et d’y consommer
des relations sexuelles avec le prévenu sans administrer la preuve d’avoir subi
des violences ou d’avoir été forcée n’est pas constitutive d’infraction926
Il a en outre été jugé que le fait d’entretenir des relations de copinage,
d’avoir fait une promesse de mariage à une fille âgée de moins de dix-huit ans
ne constitue pas une cause d’exonération de l’infraction de viol en cas de

922
Tribunal de grande instance d’ituri, RP 14565, Aff. MP c/ Udong Cwinya’ay, 30 janvier
2008, ,inédit.
923
Tribunal de garnison militaire d’ituri, RP n° 062/0 7 , Aff. MP c/ KisanganiI, 14 mars 2008,
,inédit.
924
Tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe, RP 18667, 17 juillet 2009, inédit.
925
Cour d’Appel de Kinshasa, 28 mars 1968, M.P c/Mb. G. et T.J in Révue Juridique du
ère
Congo, 1 partie : Droit écrit, janvier-février,mars- avril 1969, p. 35.
926
Tribunal de grande instance du Nord-Kivu à Goma, R.P 18.988, 5 août 2008, inédit.
600
Catalogue des infractions

consommation des relations sexuelles 927 . Le fait de demander pardon, de


promettre de prendre en mariage la victime ou de payer les dommages et
intérêts exigés par la famille ne constitue point une circonstance atténuante928,
encore moins des raisons d’imputabilité pénale . La survenance d’une
grossesse pourrait , dans des cas très précis, constituer une circonstance
atténuante de la peine lorsque la relation de copinage est avérée. Par contre, en
cas d’absence de consentement dans le chef de la victime, la grossesse devrait
être considérée comme circonstance aggravante.
d)Moyens et cas particuliers de viol
Ces moyens et cas particuliers sont faits généralement des circonstances
tenant aux auteurs, victimes et au lieu du viol. Ils peuvent avoir trait aussi à
l’arme utilisée par le bourreau pour commettre son forfait.

1. Le viol commis en abusant d’une personne affectée par une maladie,


l’altération de ses facultés

L’agresseur sexuel met à profit la maladie, l’altération mentale de la


victime pour prendre possession de son corps et perpétrer l’acte de viol. Tel
est le cas d’une infirmière qui profite de l’état comateux d’un mineur pour se
livrer aux attouchements de son sexe ou un prévenu qui profite de l’état de
débilité mentale du patient pour commettre son forfait sur lui.

2. Le viol commis en abusant d’une personne affectée par toute cause


accidentelle ou artifices de privation de sens

La cause accidentelle est étrangère à l’agresseur sexuel. Il en profite


juste pour commettre son forfait929. L’infirmier réçoit une mineure atteinte d’un
abcès à proximité du sexe, l’anésthésie et durant le sommeil anesthésique
abuse d’elle.
3. Le viol des mineurs

Le législateur congolais prévoit le viol des mineurs. Ceux-ci peuvent être de


sexe masculin ou féminin. Toute conjonction sexuelle avec un mineur ou une
mineure est infractionnelle. L’introduction d’une partie du corps ou d’un
quelconque objet dans le vagin d’une enfant constitue le viol. Le prévenu qui a

927
Tribunal de Grande Instance de Kisangani, R.P 11.343, 15 novembre 2007, Ministère
public et partie civile contre le prévenu Kirongozi Fataki, inédit.
928
Tribunal militaire de garnison de Bukavu, R.P 162/07/RMP 374/BUM/06. En cause
Auditeur militaire de garnison, Ministère public et partie civile Safi et Makonga, 20 juin 2007,
inédit.
929
Tribunal de grande instance de Bukavu, RP 12152, Aff. MP c/Ganywamulume, 25 février
2009, inédit.
Catalogue des infractions 601

introduit son doigt majeur de la main droite dans le vagin d’une enfant âgée de
sept ans a commis le viol930.
Le mineur au sens de la loi est la personne qui n’a pas atteint dix-huit ans
d’âge. Le viol des enfants dont les organes sont encore trop étroits du fait de
l’âge en l’occurrence moins de douze ans est devenu monnaie courante931.
Comme nous l’avons dit le législateur prévoit aussi le cas des femmes qui
obligent des enfants à introduire même superficiellement leurs organes dans les
siens. La force(violence), les menaces, la ruse, en contrepartie d’une somme
d’argent, la naïveté ou la curiosité du mineur sont les méthodes employées.
Le viol est établi par exposition de l’organe sexuel du mineur à des
attouchements auxquels se livre une femme. Les atouchements constitutifs du
viol doivent être commis par une femme adulte sur le sexe d’un mineur. Cela
s’entend, les attouchements du sexe d’un homme majeur par une femme ou
une mineure sont constitutifs d’attentat à la pudeur.
Le viol des mineurs est aussi caractérisé par simple « rapprochement
charnel de sexes ». Autrefois le rapprochement de sexes était une variante de
la conjonction sexuelle. Par la loi du 20 juillet 2006, spécialement l’article 170
est réputé viol à l’aide de violences, le seul fait du rapprochement charnel de
sexes commis sur une personne âgée de moins de dix-huit ans. Est réputé viol
à l’aide de violences, le seul fait du rapprochement charnel de sexes commis sur
les personnes des enfants de tout sexe âgés de moins de dix huit ans. Le fait de
s’introduire nuitamment dans la chambre d’une enfant âgée de 13 ans, de lui
ôter les habits et de consommer avec elle des relations sexuelles constitue
l’infraction932 .
Le fait pour la victime mineure d’avoir des mœurs faciles et d’avoir
entretenu des relations sexuelles avec d’autres personnes ne constitue pas des
circonstances élisives de l’infraction de viol mais bien une simple circonstance
atténuante933 etc.

4. Le viol commis par une catégorie d’ agresseurs

1° Les ascendants ou descendants de la victime sur laquelle ou à l’aide de laquelle le viol a


été commis.

930
Tribunal militaire de garnison de Mbuji-mayi. , RP 053/2006, Aff. MP c/ Tshibaka Kalala,
15 décembre 2006, inédit.
931
Tgi Bkv., RP 11810, Aff. MP c/ Zigabe Katuruba, 09 juillet 2008, inédit; Tgi Ituri., RP.
19226, Aff. Mp c/Uvoya Mandrokpa, 05 février 2008, inédit ; TMG Bkv., RP 250/08, Aff. MP
c/ Useni Ali, 02 décembre 2008, inédit.
932
Tribunal de Grande Instance de Kisangani, R.P 11.451, 04 juin 2008, Ministère public et
partie civile contre le prévenu Liamba Baitea, inédit.
933
C.S.J. 5 mars 1974 MPC/N ; R.J.Z 1974 ; Dibunda Kabwinji Mpumbuambuji., Répertoire
Général de Jurisprudence de la Cour Suprême de Justice, P.230.
602
Catalogue des infractions

Dans le cas des ascendants, il s’agit des parents biologiques. C’est-à-dire


le père et la mère , peu importe les circonstances de la filiation. Des coutumes
rétrogrades peuvent autoriser le père pour des raisons inopérantes en droit
pénal à profiter de l’intimité sexuelle de leurs filles. Par superstition soumettre
à des relations sexuelles sa ou ses fille(s). Des mères qui au nom des orgies
consomment des rapports sexuels avec leurs fils.
Les descendants sont les fils et filles biologiques. Les fils imposent par
exemple des relations sexuelles à leurs mères. Les filles amenent leurs pères à
avoir des relations sexuelles avec elles.

2° Les personnes qui ont autorité sur la victime, personne majeure ou enfant.
Ceux qui ont autorité sur la victime sont les autorités de droit ou de fait
sur une personne.
- le gardien d’une prison, le surveillant. Le prévenu qui a usé de son autorité
pour agresser sexuellement une fille détenue au cachot d’un poste de la
police nationale934 ;
- Le parâtre ou la marâtre par rapport aux enfants de la femme ou du mari ;
- Le tuteur ou la tutrice par rapport à la victime ;
- Les maîtres ou maîtresses sur leurs domestiques ;
- Le concubain de la mère de l’enfant ou la concubine du père de l’enfant ;
- Les parents adoptifs, les patrons, les chefs d’entreprises, les contremaîtres
par rapport à leurs ouvriers ;
- L’autorité coutumière qu’un homme peut avoir sur sa belle soeur935 ;
- L’influence prépondérante d’une femme sur son beau-frère (jeune frère de
son mari) ;
- L’autorité morale que peut exercer toute personne sur l’enfant vivant sous
son toît.
A été condamné au minimum doublé (soit de dix ans de servitude pénale ) un
prévenu qui a imposé des relations sexuelles à la nièce de son épouse, âgée de
dix-sept ans dans la cuisine où cette mineure s’occupait du ménage et ce,après
avoir chassé les enfants de la maison et en l’absence de sa conjointe936.

3° Les enseignants , serviteurs à gage ou serviteurs des ascendants ou descendants ou


serviteurs des personnes qui ont autorité sur la victime personne majeure ou mineure .

934 934
Tribunal militaire de garnison de Beni-Butembo, RP n° 063/07, Aff. MP c/ Muhindo
Shabani,16 mars 2008, inédit.
935
Comp, cass fr, 10 juillet 1952, LIKULIA BOLONGO ., op. cit., p. 339.
936
Tribunal de grande instance de Bukavu, RP 12186, Aff. MP c/Kilindila Katashi, 31 mars
2009, inédit.
Catalogue des infractions 603

Il s’agit des enseignants de l’école primaire (les moniteurs), de l’école


sécondaire, des professeurs de l’enseignement supérieur et universitaire, des
précepteurs. Les enseignants ou enseignantes qui auraient des rapports
sexuels avec leurs élèves ou leurs étudiants, commettraient des viols937.
Les domestiques, les bonnes, les personnes au service des ascendants
ou des descendants et des personnes qui exercent une autorité sur les victimes
sont ici concernés. Le chauffeur, le cuisinier, la cuisinière, le jardinier, la
jardinière, le coiffeur, la coiffeuse ou l’esthéticienne rentrent dans cette
catégorie. A été condamné pour viol et au double du minimum de la peine
prévue par la loi sans circonstances atténuantes alors qu’il n’avait pas
d’antécédants judiciaires connus et était de mentalité fruste le prévenu qui
était au moment des faits serviteur des parents de la victime, car ce faisant il
avait l’obligation de veiller sur elle938.
4° Les agents publics, les ministres du culte , le personnel médical, para-médical ou assistants
sociaux, tradi- praticiens vis-à-vis des patients.
L’agent public est toute personne qui exerce une activité publique de
l’Etat rémunérée ou une activité rémunérée par l’Etat. Sont agents publics, les
employés de la fonction publique, de l’armée, de la police nationale, les
membres des institutions nationales, les magistrats et leurs auxiliaires939.
5° Les gardiens sur les enfants placés sous leur surveillance
Dans les écoles gardiennes, les préposés qui s’adonneraient à
l’intromission des membres virils dans les organes génitaux des fillettes, dans
l’anus des mineurs, à l’intromission d’autres objets ou parties du corps, à des
attouchements des sexes des mineurs s’exposent à des sévères et lourdes
peines.
6°Le coupable ou les coupables qui ont aidé dans l’exécution de l’infraction
C’est le cas de la participation criminelle. Il faut qu’il y ait l’intention de
s’associer à la perpétration d’une infraction. La participation suppose un
concert, une entente entre les délinquants940 et cette intention doit se
manifester par un fait extérieur, qui peut être tacite941.

937
Le tribunal de grande instance de kisangani a condamné à 15 ans de servitude pénale
principale le prevenu Crispin Alubu , enseignant de son état à qui sa victme Yolande
kalenda à peine âgée de 12 ans était confiée(RP 10.711, 20 àctobre 2004, inédit).
938
Tribunal de grande instance de Bukavu, RP 11810, Aff. MP c/Zigabe Katuruba , 09 juillet
2008, inédit.
939
Décret-loi n°017/2002 du 03 octobre 2002 portant c ode de conduite de l’agent public de
l’Etat, voir Journal Officiel, 44 ème année, numéro spécial, 15 janvier 2003, p. 6.
940
ELIS. ,11 novembre 1913, Jur. Congo, 1922, p. 352 ; Note sous app RM, 26 juin 1951,
JTO, 1952, p. 150 ; MINEUR, G. , op. cit., p. 81.
941
Tribunal militaire de garnison de Bukavu , RP n° 250/ 08, Aff. MP c/ USENI ALI, 02
décembre 2008, inédit. Dans cette affaire, l’épouse a pratiquement offert en proie la mineur
en apportant une aide essentielle à son mari pour la violer.
604
Catalogue des infractions

7° Le viol commis sur des personnes captives par leurs gardiens

La séquestration des personnes pour les soumettre aux viols ; emporter


des femmes ou des hommes en fôrêts loin de leurs familles pour les astreindre
aux relations sxuelles et les relâcher par après. Ont été condamnés l’individu
qui a séquestré une mineure de onze ans durant trois jours pour la soumetttre
aux relations physiques par l’anus942 et l‘agent qui a capturé et emporté une
personne dans un camp militaire pour être ensuite violée et tuée , notamment
une fille dont l’âge variait entre quatorze et quinze ans943.
8° Le viol commis en public

Lorsque le prévenu perpétre l’acte de viol en public, la peine est sévère ;


à partir du double du minimum de la peine. C’est-à-dire que le viol est commis
en présence de plusieurs personnes ou devant une foule nombreuse. L’acte et
la victime sont exposés à des regards indiscrets des gens . Le lieu ne doit pas
être forcément public. Il y a ce genre de viol lorsque une femme ou un homme
est violé devant les membres de sa famille ou devant les voisins même si c’est
dans sa propre maison.

9° Le viol a causé à la victime une altération grave de la santé et/ou a laissé de séquelles
physiques et/ou psychologiques graves.
La possibilité de procréation de la victime est entamée. Les organes
sont endommagés. La victime est déclassée socialement, se croit à la risée de
son environnement, méprisée par celui-ci , stigmatisée. Elle est traumatisée. Le
dégré de traumatisme relève de l’appréciation souveraine du juge du fond.
10° Le viol commis sur une personne vivant avec handicap

L’auteur d’un viol sur une personne de troisième âge, sur une personne
avec handicap s’expose selon le cas au double du minimum de la peine
rattachée à l’infraction de viol. Il en est de même du viol d’un enfant.
11° Le viol commis à l’aide d’une arme ou de la menace d’une arme.

Les hommes en armes ; les bandits, les hommes en uniformes qui font
irruption généralement pour voler ou tuer qui s’adonnent à des viols verront
les peines à leur appliquer aggravées. Le type d’arme n’a pas été précisé par le

942
Tribunal militaire de garnison de Bukavu ,RP . 204/07, Aff. MP c/ VIDI PANZU, 06 mai
2008, inédit
943
CPI, chambre préliminaire, note en bas de page, 30 septembre 2008.
Catalogue des infractions 605

législateur. Une arme à feu, un fusil de chasse ou de guerre, une machette, un


couteau , une baîonnete , une lance, une flèche etc pourront être pris en
compte pour l’application du double du minimum de la peine.

IV. Régime répressif

Le régime répressif de l’infraction de viol comporte des peines ordinaires,


des peines aggravées et la déchéance de l’autorité parentale ou tutélaire. Les
peines sont par la mort de la victime , par la qualité de l’agresseur sexuel, du
fait d’une victime mineure et selon des cas limitativement cités par le
législateur.
a)Les peines ordinaires
1. Peines ordinaires prévues par l’article 170 du code pénal livre II tel
que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006

Le viol est puni de cinq à vingt ans de servitude pénale et d’une amende
dont le montant ne peut être inférieur à cent mille francs congolais
constants. De cet énoncé, il apparaît clairement que les peines de servitude
pénale et d’amende doivent être cumulées. Ne prononcer que la seule
servitude pénale ou que l’amende uniquement est donc contraire à la
volonté du législateur. Pour sauvegarder son œuvre face au juge d’appel et à
la cassation le premier juge de fond doit impérativement prononcer les
deux peines.

2. Peines ordinaires prévues par l’article 170 de la loi n°09/001 du 10


janvier 2009 portant protection de l’enfant.

Le viol d’enfant est puni de sept à vingt ans de servitude pénale principale
et d’une amende de huit cent mille à un million de francs congolais constants.
De cette disposition, il ressort aussi clairement comme nous l’avons évoqué
tantôt que les deux peines doivent être impérativement prononcées.
b)Les peines aggravées
1. A la suite de la mort de la victime

L’article 171 du code pénal livre II tel que modifié et complété par la loi
n° 06/018 du 20 juillet 2006 stipule « si le viol ou l’attentat à la pudeur a causé
la mort de la personne sur laquelle il a été commis , le coupable sera puni de la
servitude pénale à perpétuité ». La victime est soit un adulte soit un enfant, peu
importe.

2. Par la qualité de l’ agresseur sexuel


606
Catalogue des infractions

Ces peines résultent de la combinaison des articles 171 bis du code du


code pénal livre II tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet
2006 et 170 alinéa 2 de la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection
de l’enfant.
L’article 171 bis du code du code pénal livre II tel que modifié et complété
par la loi du 20 juillet 2006 édicte que le minimum des peines portées par les
articles 167 alinéa 2, 168 et 170 alinéa 2 du code modifié et complété par la loi
du 20 juillet 2006 sera doublé si le viol est le fait des personnes énumerées au
point 3(par le viol d’enfants).
A l’article 167 alinéa 2, il s’agit de la servitude pénale de cinq à quinze
ans, à l’article 168 six mois à cinq ans et à l’article 170 alinéa 2 cinq vingt ans.
En vertu du principe « lex posterior lex melior », le double du minimum de la
peine à prendre en considération, c’est celui de l’article 170 alinéa 2, soit dix
ans.
Le minimum de la disposition légale destinée aux personnes revêtues
des qualités ci-dessous qui violent les adultes sera doublé, soit de dix ans à
vingt ans de servitude pénale principale.
3. Par le viol d’enfants

En cas de viol d’enfant,dispose l’article 170 alinéa 2 de la loi du 10


janvier 2009 le minimum de la peine sera doublé, soit de quatorze à vingt ans si
le viol est le fait :
- des ascendants de l’enfant sur lequel ou avec l’aide duquel le viol a été
commis ;
- des personnes qui ont autorité sur l’enfant ;
- de ses enseignants ou de ses serviteurs à gage ou les serviteurs des
personnes ci-dessus ;
- des agents publics, des ministres de culte qui ont abusé de leur
position pour le commettre, du personnel médical, para médical ou des
assistants sociaux , des tradipraticiens envers les enfants confiés à leurs
soins ;
- si le coupable a été aidé par une ou plusieurs personnes dans
l’exécution de l’infraction ;
- des gardiens sur les enfants placés sous leur surveillance.

4. Cas particuliers

L’agreseur sexuel subira la même peine, soit de quatorze à vingt ans, si le


viol :
- est commis en public ;
Catalogue des infractions 607

- est commis sur une personne vivant avec handicap ;


- est commis avec usage ou menace d’une arme ;
- est commis sur un enfant vivant avec handicap ;
- a causé à la victime une altération grave de sa santé et ou laissé de
séquelles physiques et ou psychologiques graves.

c)La déchéance de l’autorité parentale ou tutélaire


Lorsque le juge établit que le coupable du viol est un ascendant ou est de la
catégorie des personnes qui ont de l’autorité sur la victime il ordonne que le
coupable soit déchu de l’autorité sur la victime.

d) Tribunal compétent en matière de viol


Le viol est de la compétence du tribunal de grande instance. Le tribunal
peut ordonner le huis-clos. L’étendue du huis clos est laissée à l’appréciation du
juge. Il peut être ordonné même si un coaccusé est poursuivi pour une
infraction autre que le viol.
L’action civile peut être exercée par des personnes autres que la victime
du viol. Pour les dommages causés par des violences ou agressions sexuelles
contre un mineur, l’action en responsabilité civile se prescrit par dix ans. Nous
estimons que l’action civile des associations de lutte contre les violences
sexuelles doit être admise au pénal. Elle le sera tant que ces associations ont
des objectifs précis, conformes aux buts recherchés par le législateur dans la
répression du viol et susceptibles de justifier d’un intérêt. Les dommages ne
peuvent pas être accordés en cas d’acquittement et de faute civile distincte du
viol.
e)Tentative punissable

Des difficultés importantes peuvent se présenter lorsqu’il s’agit de démontrer la


tentative punissable en matière de viol, précisement en cas de pénétration.Ceci
peut entraîner des problèmes de qualification. Le défaut de pénétration est-il la
conséquence d’un regret, d’une interruption vololntaire du viol par l’auteur, ou
bien de circonstances indépendantes de sa volonté ? – il a été surpris, ou bien
c’est la panne944…--En effet, si la tentative échoue, des poursuites devraient
pouvoir être engagées.

f)Prescription de l’action publique


Le viol se prescrit après dix ans à compter du jour de la commission des
faits. En France, en cas de viol sur mineur, le délai de prescription ne

944
Y. Mayaud., « Tentative de viol…et troubles de l’érection », RSC 1996, p. 656, à propos
de Crim.,10 janvier 1996.
608
Catalogue des infractions

commence à courir qu’à partir de la majorité de la victime945. Mais il n’est pas


nécessaire d’attendre cette majorité pour agir.

571. Viol aggravé


Voir viol, n° 570.

572. Viol à l’aide de violences


Voir viol., n° 570.

573. Viol-cas des époux


Le droit pénal édicte une incrimination générale s’appliquant à tous les
individus, y compris aux personnes liées par les liens du mariage. Cependant, le
droit pénal reconnait l’existence de la cause d’irresponsabilité pénale fondée sur
l’ordre ou la permission de la loi. Selon la loi civile, le mariage implique une
communauté de vie, se caractérisant par le devoir conjugal d’avoir des relations
charnelles. Il se crée ainsi un conflit de lois entre le droit civil, imposant des
relations charnelles aux époux, et le droit pénal, caractérisant le viol en
l’absence du consentement d’un des partenaires. Aucune excuse n’étant prévue
pour les époux, les règles générales du droit pénal s’appliquent. L’incrimination
pénale prévaut sur les dispositions civiles. L’incrimination du viol n’a d’autre
fin que de protéger la liberté de chacun. Le viol n’exclut pas de ses prévisions
les actes de pénétration sexuelle entre personnes unies par les liens du mariage.
C’est le cas lorsqu’ils sont imposés dans les circonstances prévues par la loi n°
06/018 du 20 juillet 2006 complétant et modifiant le décret du 30 janvier 1940
portant code pénal congolais. La présomption de consentement des époux aux
actes sexuels accomplis dans l’intimité de leur vie conjugale est une
présomption simple ne valant que jusqu’à preuve du contraire946.
Le mariage constitue une présomption simple de consentement à l’acte
sexuel. La preuve contraire consiste en la violence, la contrainte, la menace ou
la surprise constituant à la fois le rôle d’un élément constitutif de l’infraction
générale et l’élément de preuve spécifique dans le cadre du viol entre époux.

574. Viol simple


Voir viol, n° 570.

575. Viol d’un enfant


Voir viol, n° 570 .

945
Article 7 du code de procédure pénale ; Crim., 1999.
946
Crim.,11 juin1992, Bull.n°232, D.1993, p.117, note Rassat ; JCP 1993, II, 22043, note
Gare ; RSC, 1993, p.330 et 780, obs. Levasseur.
Catalogue des infractions 609

576. Viol réputé à l’aide de violence


Voir viol, n° 570.

577. Violation de consigne

Par consigne, il faut comprendre toutes mesures prohibitives,


interdictions, instructions formelles, données aux membres des Forces Armées
ou Corps assimilés. L’infraction de violation de consigne est une infraction
proprement militaire. Elle est définie par l’article 113 de la loi n° 024/2002 du
18 novembre 2002 portant code pénal militaire.

I.Les éléments constitutifs

Pour exister, l’infraction de violation des consignes exige les éléments


matériels, la qualité requise pour être auteur et l’élément moral.

a)Les éléments matériels


Les éléments matériels de l’infraction de violation de consigne
consistent en l’’existence d’une consigne et d’un acte incriminé.
1°L’existence de la consigne. Il doit exister un acte de l’autorité militaire ou
assimilée tendant à interdire l’adoption d’un comportement donné ou la
réalisation d’un fait donné, dans l’intérêt du service . Il peut s’agir d’une
instruction. La consigne peut être écrite ou verbale, peu importe. L’essentiel est
que la consigne soit claire, explicite et justifiée par l’interêt du service.
2° L’acte incriminé. C’est soit le non respect ou l’inéxécution d’une consigne
reçue soit le fait de forcer une consigne donnée à un militaire ou à un assimilé.
Rentrent aussi dans les actes ici incriminés la culture, la détention, le trafic ou la
commercialisation de la drogue, du chamvre à fumer, des stupéfiants ou
d’autres substances narcotiques.

b)la qualité requise pour être auteur de l’infraction


Ne peuvent commettre l’infraction de violation de consignes que les
membres de l’armée, de la police nationale ou du service national ainsi que
toutes les personnes au service des forces armées. Toutefois , au regard de
l’article 195 du code pénal militaire il y a lieu d’inclure aussi toute personne
présente dans l’installation militaire qui se trouverait en train de détenir,
cultiver, trafiquer, commercialiser de la drogue, du chamvre à fumer, des
stupéfiants ou d’autres substances narcotiques.
Le militaire, le policier ou le membre du service national(le batisseur)
doit pour être susceptible de commettre l’infraction de violation de consignes
être mis en connaissance de la consigne.
610
Catalogue des infractions

c)L’élément moral
L’infraction de violation de consignes est intentionnelle. Il doit être
prouvé dans le chef de l’agent l’intention criminelle . Concrétement, l’agent
doit avoir perpétré son acte librement et consciemment. Toutefois,l’état de
nécessite, la contrainte physique et même morale peuvent l’exonerer de sa
responsabilité.

II.Régime répressif

La sanction est de trois à dix ans de servitude pénale. L’instigateur sera


puni de quinze ans de servitude pénale au maximum. L’article 195 du code
pénal militaire stipule : « Est passible des peines prévues pour violation des
consignes, tout militaire ou tout individu qui, dans une installation militaire ou
assimilée , se rend coupable de culture, de détention, trafic ou
commercialisation de la drogue, du chamvre à fumer, des stupéfiants ou
d’autres substances narcotiques ».
La violation de consigne en présence de l’ennemi, d’une bande armée
ou en temps de guerre est punie de la peine de mort. La même peine
s’applique pendant les circonstances exceptionnelles947 ou lorsque la sécurité
d’un établissement militaire se trouve menacée. La violation de consigne est
une infraction des tribunaux et cours militaires.

578. Violation de domicile

La violation est le fait de s’introduire dans le domicile d’autrui contre le


gré ou à l’insu de l’occupant, hors les cas prévus par la loi ou sans les formalités
qu’elle a prescrites. Le domicile est à entendre, enseigne le Professeur Likulia948
, non seulement comme le domicile au sens du droit civil ou la résidence c’est-
à-dire le lieu où une personne a sa demeure habituelle, mais aussi comme toute
habitation occupée par une personne, le « chez soi de tout individu949 ».
L’infraction de violation de domicile n’est pas établie lorsqu’il n’est pas
prouvé que le prévenu s’est introduit dans la demeure de son occupant contre
la volonté de ce dernier950. Le législateur distingue la violation de domicile avec
menaces ou violences (Article 69 du code pénal livre II) et la violation de
domicile simple (article 70 du code pénal livre II).

947
Comme nous l’avons déjà noté, il s’agit du cas de l’état de siège ou d’urgence ou à
l’occasion d’une opération tendant au maintien ou au rétablissement de l’ordre public.
948
LIKULIA BOLONGO. , op. cit . , p.203.
949
GARCON ., cité par LIKULIA BOLONGO. , Ibidem.
950
C.S.J., RPA. 4, 22 juin 1972, B.A. 1973, p. 95.
Catalogue des infractions 611

579. Violation de domicile avec menaces ou


violences
I. Eléments constitutifs

L’infraction de violation de domicile avec menaces ou violences est


réprimée par l’article 69 du code pénal congolais livre II. Pour être établie,
l’infraction de violation de domicile avec menaces ou violences exige l’élément
matériel et l’élément moral.

a)Les éléments matériels


1° Il faut un acte d’introduction dans un domicile d’autrui. C’est-à-dire
l’introduction dans l’habitation et ou ses dépendance Est constitutif de
l’élément matériel également le maintien par un procédé illicite. Il en est
ainsi du mari qui « s’incruste » au domicile conjugal malgré une décision de
justice attribuant ce domicile à son conjoint951.
Qu’est-ce que l’introduction ? S’introduire dans une maison, c’est entrer
dans la maison ; ici contre le gré ou à l’insu du propriétaire ou de l’occupant.
Qu’entendre par maison habitée ? L’habitation est prise ici comme la
maison, le bâtiment, le logement, la cabane, la hutte, la tente, la chambre, etc.
Ils sont destinés à l’habitation mais aussi affectés à l’exercice d’un travail. Et
effectivement, il y a des humains. Une tente peut servir d’habitation. Une
chambre d’hôtel même louée pour une seule nuit est considérée comme le
domicile du voyageur pendant qu’il l’occupe.
Qu’entendre par dépendances? Les dépendances, sont les jardins, la cour,
les granges, les étables, les parcs, etc. situés à l’intérieur de la même clôture que
l’habitation. Il a été jugé que la loi ayant exigé, pour l’établissement de
l’infraction de violation de domicile, que l’agent se soit introduit dans un
domicile d’autrui, une buvette ne peut aucunement être considérée comme un
domicile au sens de cette disposition, et cette infraction sera donc
disqualifiée952.
2° l’emploi de menaces ou de violences contre les personnes. L’emploi
d’effraction, d’escalade ou de fausses clés, permettant l’introduction malgré
l’opposition de l’occupant ou lorsqu’il est absent ou lorsque l’habitation est
fermée à clef.

951
Crim., 9 décembre 1998, Gaz.Pal. 1999, Chron.crim.57.
952
Tribunal de grande instance de Bukavu, RP 8557, 13 novembre 1995, Ministère public et
partie civile Lwegera Lwesso contre le prévenu Dodo Kinumbi, inédit.
612
Catalogue des infractions

Par violences, il faut entendre les actes qui permettent à l’auteur


d’entrer de force malgré l’opposition de l’occupant .
Par menaces, il faut comprendre les paroles ou gestes annonçant à
quelqu’un le mal qu’on va lui faire s’il résiste .
Par escalade, il faut faire allusion au fait de s’introduire en
franchissant un obstacle ;
Par effraction, il faut entendre le fait de forcer une porte, une fenêtre
pour les ouvrir ; briser une clôture. Il a été jugé qu’il serait excessif de
qualifier d’effraction le fait de déplacer au moyen d’une simple poussée
un coffre en bois que l’occupant avait placé contre sa porte pour la
tenir fermée953 .
Par fausses clés, il faut entendre une clé passe- partout, un crochet,
une clé fabriquée, une clé volée, trouvée, tout instrument ou toute clé
autre que celle destinée à la serrure.
3°Ne constitueront pas l’infraction les cas où la loi permet d’entrer dans le
domicile des particuliers contre leur volonté :
- en cas d’incendie, d’inondation ou d’appel au secours ;
- en cas de flagrant délit susceptible d’entraîner au moins trois ans de
servitude pénale, pour arrestation de l’auteur de l’infraction ;
- pour les officiers de police judiciaire en cas de possession d’un mandat de
perquisition ou d’infraction flagrante susceptible d’entraîner au moins six
mois de servitude pénale pour arrestation de l’auteur.
b)L’élément moral
L’infraction de violation de domicile avec menaces ou violences exige pour
être établie, en plus des éléments matériels, la connaissance par l’auteur qu’il
pénètre illégalement dans le domicile d’autrui ; dès qu’il s’introduit contre la
volonté de la victime. Il a conscience qu’il n’a aucun droit à l’entrée ou au
maintien dans les lieux. La preuve de l’élément intentionnel pourra assez
facilement s’induire des actes de violences ou de voies de fait mises en œuvre.
Le mobile qui a pu animer le coupable est indifférent, qu’il s’agisse du mari
cherchant à récupérer des biens lui appartenant sauf s’il obtient l’accord de
l’occupant, ou d’un propriétaire voulant faire déguerpir des locataires expulsés,
car il ne peut se faire justice à lui-même.
Il faut reconnaître qu’un bailleur qui entre dans la maison louée par lui au
locataire en dépit du refus de celui-ci commet l’infraction, sauf s’il y a une
décision judiciaire l’autorisant à récupérer sa maison. Il n’est pas tel pour une
épouse non divorcée ni séparée de corps mais simplement expulsée du toît
conjugal par son mari. En effet, la femme mariée a son domicile au toit
conjugal tant qu’une décision judiciaire de séparation ou de domicile séparé n’a
953 ère
1 Inst. Elis., 9 octobre 19O9, Jur. Congo 1914-1919, Col. 1924, p. 168.
Catalogue des infractions 613

pas été rendue954. Le cas des enfants encore sous la garde de leurs parents ne
constitue pas une infraction. Les enfants ont leur domicile chez leur père955.

II. Régime répressif

Le législateur n’est pas demeuré en reste pour réprimer l’infraction de


violation de domicile avec menaces ou violences. Il a assorti cette prévention
aussi bien que la violation de domicile simple des peines. Ces sanctions sont
énoncées et développées ci-dessous à l’infraction de violation de domicile
simple.

580. Violation de domicile simple


I. Définition de la violation de domicile simple

La violation de domicile simple est prévue et punie par l’article 70 du


code pénal congolais livre II. Elle diffère de la violation de domicile avec
menaces ou violences. Il y a violation de domicile simple lorsque l’occupant
s’oppose mais l’auteur s’introduit sans toutefois user de violences, menaces,
effraction, escalades ou fausses clés.
Il a été jugé, qu’il commet la violation de domicile celui qui devant le
refus initial de l’occupant de lui ouvrir , le contraint par la suite à le faire en
créant du vacarme alertant voisins et curieux et déterminant la victime à lui
ouvrir pour faire cesser le scandale956. Un individu qui entre pour y passer la
nuit dans une maison non fermée à clé est un exemple de violation de domicile
simple.
L’article 69 définit et réprime la violation de domicile avec menaces ou
violences tandis que l’article 70 concerne la violation de domicile simple.

II. Régime répressif des infractions de violation de domicile

Aux termes de l’article 69 du code pénal livre II, l’auteur d’une violation
de domicile avec menaces ou violences encourt huit jours à deux ans de
servitude pénale principale et une amende ou l’une de ces peines seulement.
L’article 70 du code pénal livre II prévoit des peines moins sévères de sept

954
L’article 165 du code de la famille dispose plutôt que la femme mariée a son domicile
chez son mari, à moins que la loi n’en dispose autrement.
955
Ici aussi, l’article 166 stipule « Le mineur non émancipé a son domicile, selon le cas,
chez ses père et mère ou la personne qui assume l’autorité tutélaire sur lui ».
956
C.S.J., R.P.A. 16, 12 mai 1972. B.A 1973, p.64 ; R.J.Z. 1973, p.38 cités par Dibunda.,
op. cit . , p.231.
614
Catalogue des infractions

jours au maximum et l’amende ou l’une de ces peines seulement pour l’auteur


de l’infraction de violation de domicile simple.
Les infractions de violation de domicile sont de la compétence matérielle
du tribunal de paix. L’infraction de l’article 69 précité se prescrit dans le délai
de trois ans. La violation de domicile simple (article 70) se prescrit, elle, dans
une année. Le condamné de cette infraction comme celui de toute autre
prévention peut bénéficier de la grâce957.

581. Violation des règles d’hygiène et de sécurité


Voir Code minier, n° 73- 10.

582. Violation des tombeaux


Voir destruction des tombeaux, n° 159.

583. Violation du secret de correspondance


Voir ouverture ou suppression des lettres, n° 429.

584. Violation du secret des lettres


Voir ouverture ou suppression des lettres, n° 429.

585. Violation du secret professionnel


Voir révélation du secret professionne, n° 517.

586. Violences dans les installations sportives


a) Siège de la matière

957
La grâce est une mesure de clémence que l’Exécutif accorde à un délinquant
définitivement condamné. Elle a pour effet de le soustraire à l’application d’une partie ou de
la totalité de la peine. En d’autres termes, elle dispense de l’exécution de la peine
prononcée par le juge, soit totalement par la remise de la peine ou la commutation de celle-
ci en une peine d’une autre nature mais plus douce, soit partiellement en cas de simple
réduction. Elle peut porter aussi bien sur les peines principales que sur les peines
complémentaires. La grâce est une mesure de clémence accordée par le Président de la
République. La grâce fait partie des droits régaliens. L’autorité compétente l’exerce sans
restrictions. Elle peut subordonner son octroi à certaines conditions telles que le paiement
des dommages-intérêts à la victime, la bonne conduite de l’agent pendant un certain temps,
l’accomplissement de certaines obligations. Elle soustrait à l’application d’une partie ou de la
totalité de la peine. La grâce laisse subsister la condamnation : la peine dispensée,
commuée ou réduite reste inscrite au casier judiciaire, et peut être un obstacle à l’octroi d’un
sursis. Elle peut aussi constituer un des termes de la récidive ou de la délinquance
d’habitude (art. 14 b et d du code pénal). La grâce peut être individuelle ou collective
Catalogue des infractions 615

L’arrêté interdépartemental BCE/21000/0057/77 portant répression


des actes de violence dans les installations sportives958 est le texte légal.
b) Définition
Les rencontres sportives se déroulent dans le strict respect des
règlements généraux et sportifs. Ces réglements sont édictés par la fédération
qui régit chaque discipline sportive. Les athlètes qui enfreignent les règlements
généraux et sportifs sont jugés dans les formes et les détails prescrits par lesdits
règlements. Les infractions commises dans les installations sportives ou dans
leurs environs seront sanctionnées conformément au droit pénal.
c) Responsabilité
L’officiel, le dirigeant, l’entraîneur, l’athlète ou le spectateur qui commet
dans les installations sportives ou dans leurs environs un acte infractionnel est
susceptible des poursuites pénales. En cas d’acte de nature à causer préjudice
quelconque aux tiers l’auteur est tenu à la réparation des dégâts causés. Cette
réparation découle des prescrits des articles 258 à 260 du code civil, livre III, et
ce, sans préjudice des poursuites pénales.
La responsabilité d’un club est entière du fait de l’acte infractionnel
causé par ses membres ou par ceux qui le soutiennent au cours ou à l’occasion
d’une rencontre sportive959. La réparation intégrale des dommages causés par
des actes infractionnels se fera par la privation des recettes actuelles ou à venir
auxquelles le club a droit. Elle peut aussi procéder de toutes voies de droit , si
les recettes s’avèrent insuffisantes.

d) Poursuites
Les faits infractionnels sont qualifiés par les officiers de police
judiciaire commis sur réquisition du Ministère des sports. Le Ministre des
sports peut également obtenir le concours d’un ou plusieurs officiers du
Ministère public. Les poursuites sont engagées sans délai contre l’auteur des
faits infractionnels par la partie lésée, qui a subi préjudice, devant la police, le
parquet, ou le tribunal compétent.
Si l’auteur de l’acte infractionnel est un athlète et que l’acte a été
commis dans l’exercice de ses fonctions, seul le ministère des sports est habilité
à entreprendre une action en justice.L’exercice de l’action publique est
suspendue à l’action du Ministre des sports.

e) Les usages sportifs


La cause d’irresponsabilité de permission des textes juridiques repose
sur les usages en cours en matière sportive. Les arguments afin d’écarter la
958 er
J.O.Z., n°1, 1 janvier 1978, p. 44.
959
Article 4 alinéa 2 de l’arrêté BCE/21000/0057/ 77 précité.
616
Catalogue des infractions

responsabilité pénale sont de plusieurs ordres. La victime a donné par avance


son consentement et a accepté les risques inhérents à la pratique de tel sport.
L’auteur des violences peut bénéficier de l’irresponsabilité tirée de l’autorisation
implicite de la loi.
Cependant la loi n’autorise que l’exercice normal des sports. En cas
de dépassement ou de risque anormal, la qualification pénale est constituée. Il
est possible d’engager la responsabilité du joueur belliqueux sous la
qualification des coups et blessures volontaires. Seuls les coups admis par les
règles du jeu bénéficient du fait justificatif, alors que les brutalités excessives
contre un autre joueur donnent lieu à l’application de la répression.

587. Violences envers les populations civiles


Aux termes de l’article 103 du code pénal militaire, « tout militaire ou
assimilé qui se rend coupable des violences ou sévices graves à l’endroit des
populations civiles , en temps de guerre ou pendant les circonstances
exceptionnelles , est puni de mort ».
L’article 104 dispose « Tout militaire qui se rend coupable d’acte arbitraire
ou attentatoire aux droits et libertés garantis aux particuliers par la loi à
l’encontre d’une personne civile sera puni de quatre ans de servitude pénale »
« Si le fait est constitutif d’une infraction punie des peines plus fortes, le
coupable sera puni à ces peines ».
En effet, même en période des conflits, il est attendu du combattant une
conduite disciplinaire envers la population civile. Il doit faire montre d’une
attitude respectueuse de la dignité et de l’intégrité physique de la personne
humaine. Peu importe que la personne soit civile, militaire, capturée, blessée
ou malade. Malheureusement, il peut ne pas être le cas, la législation incrimine
tout comportement d’un combattant contraire à ces prescriptions.

I.Les éléments constitutifs de l’infraction

Pour que l’infraction de violences envers les populations civiles soit


établie, elle requiert des conditions préalables et des éléments proprement
constitutifs.

a)Les conditions préalables


Les conditions préalables ont trait à l’existence d’une situation
exceptionnelle et à la présence des combattants.
1° L’infraction de violences envers les populations civiles n’est commise que
pendant la guerre, l’état de siège ou d’urgence. Cependant, elle est aussi
commise dans une région soumise à une opération de police tendant au
maintien ou au rétablissement de l’ordre public.
Catalogue des infractions 617

2° La présence du combattant est une condition sans laquelle l’infraction de


violences envers les populations civiles est inexistante. Le combattant est
membre des forces armées, de la police nationale ou bâtisseur de la nation.
Exception est faite du personnel sanitaire et réligieux engagé dans une
opération militaire. Toutefois sont pris en qualité de combattants, les habitants
d’un territoire non occupé qui, à l’approche de l’ennemi, prennent
spontanément les armes pour combattre les troupes d’invasion sans avoir eu le
temps de se constituer en forces armées régulières960.

b)Les éléments matériels


Les éléments matériels de l’infraction de violences envers les
populations civiles sont faits des actes incriminés et des procédés de réalisation
de ceux-ci.
1° Sont incriminés les violences ou sévices graves. Elles sont faites de tout
traitement dégradant ou non respectueux de la dignité humaine auxquels se
livrent les combattants quand ils portent atteinte à l’intégrité physique des
populations civiles , sous leur garde ou autorité. Ces violences ou sévices sont
commises directement ou indirectement par les combattants. Nous pouvons
citer les viols, les coups et autres traitements ignobles etc.
2° Les violences ou sévices graves sont réalisés ou commises directemnt ou
indirectement par les combattants. Elles sont commises au moyen
d’instruments, objets, armes etc.
c)Les personnes protégées
Pendant les conflits armés, les lois tant nationales qu’internationales se
préoccupent du sort de la population civile , celle dépourvue des armes. Ce
sont les habitants du pays, de la ville, du village ; bref de la contrée où se
déroulent les hostilités. Les personnes protègées et concernées par cette
incrimination sont les membres de la population civile, dépourvus d’armes.

d)L’élément moral
Les violences ou sévices graves constituant une multitudes d’actes ne
sont établies que si l’élément intellectuel existe. Celui-ci consiste à attenter aux
membres de la population civile, par exemple, quand il y a l’ intention avérée
de les tuer. Il doit être prouvée le dessein général d’attenter aux membres de la
population civile.La résolution criminelle est manifestée par des traitements
inhumains accompagnés d’intenion de nuire.

II. Régime répressif

960
Frederic DE MULINEN . ,Manuel sur le droit de la guerre pour les forces armées, CICR,
Génève, 1989, p.12.
618
Catalogue des infractions

Lorsque les violences ont été commises à l’encontre d’une personne


civile, elles constituent l’infraction de violences envers les populations civiles.
L’auteur sera puni de quatre ans de servitude pénale si le fait est constitutif
d’un fait puni de peines moins fortes. Si le fait est sanctionné des peines plus
fortes, le coupable sera puni à ces peines conformément à l’article 104 du code
pénal militaire (anciennement article 72 du code de justice militaire).
Les violences ou sévices graves à l’endroit des populations civiles, en
temps de guerre ou pendant les circonstances exceptionnelles sont punies de
mort (article 103 du code pénal militaire susvisé).

588. Violences envers les représentants de


l’autorité
Porter des coups ou exercer des violences ou voies de fait envers un
représentant de l’autorité dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses
fonctions mais sans qu’il en résulte de blessure est qualifié de violences envers
les représentants de l’autorité. Pour exister, cette infraction exige des éléments
constitutifs.

I. Eléments constitutifs
a) L’élément légal.
L’article 138 du code pénal livre II réprime les violences faites aux autorités
dans ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions. La peine à infliger à
l’auteur de ces violences est de six mois à deux ans de servitude pénale et
l’amende ou une de ces peines.
b)Les éléments matériels.

Pour être établis les éléments matériels nécessitent un acte de violences ou


de voies de fait à l’instar de foncer à vive allure, en automobile, sur un agent de
roulage ou porter des coups de poing à un magistrat, etc. La victime doit être
une personne d’un représentant de l’autorité. Elle doit en outre être dans
l’exercice de ses fonctions ou à l’occasion de cet exercice.

c)L‘élément moral.
L’auteur doit avoir volontairement porté des coups ou s’être
volontairement livré à des voies de fait. Il est déterminant que les coups portés
volontairement ou les voies de fait auxquels on s’est livré aient été faits en
connaissant la qualité de la victime.
Catalogue des infractions 619

II. Poursuites

Les outrages et violences envers les membres du parlement ou du


gouvernement, envers les dépositaires de l’autorité ou de la force publique ont
un régime de poursuites spécial. Sauf flagrant délit, ils ne peuvent être
poursuivis que sur plainte de la personne lésée ou celle du corps dont elle
relève961.

a) Circonstances aggravantes
L’article 138bis sera d’application si les violences ont été la cause
d’effusion de sang, de blessures ou de maladies. L’auteur subira de ce
fait quatre à dix ans de servitude pénale et une amende ou une de ces peines au
cas où la victime est membre du gouvernement, du parlement, de la cour
constitutionnelle, de la cour de cassation ou du conseil d’Etat.
Une peine d’une année à trois ans de servitude pénale et une amende
ou une de ces peines sera appliquée au cas où la victime est magistrat, membre
des forces armées de la République Démocratique du Congo, de la Police
Nationale ou gouverneur de province . Lorsque la victime est dépositaire de
l’autorité ou de la force publique, le juge fera subir à l’auteur des faits six mois à
deux ans de servitude pénale et une amende ou une de ces peines seulement.

b) Quel tribunal connaîtra de ces faits ?


Selon le cas, les tribunaux de grande instance et de paix sont
compétents. Lorsque la peine maximale est de cinq ans, la juridiction
compétente est le tribunal de paix. Au delà de cette peine maximale de cinq
ans, le tribunal de grande instance est habilité à connaître des faits.

589. Violences légères et voies de fait


Une voie de fait ou une violence légère, un acte volontaire autre qu’un
coup qui, par contact, atteint et incommode la personne physique sans la
blesser, ni la frapper constitue l’infraction de violences légères et voies de fait.
Les violences légères et voies de fait sont des offenses physiques exclusives de
coups et blessures.
Peuvent être qualifiés de violences légères et voies de fait crier à l’oreille
d’une personne à son insu. Il est en de même d’embrasser de force ou à
l’improviste quelqu’un. Jeter quelqu’un par terre ou le secouer ; pour un
receveur de taxi bus arracher une chemise ou des chaussures à un client
voyageur insolvable. Ces exemples constituent également l’infraction.

961
AKELE ADAU (p)., Le citoyen – justicier. La justice privée dans l’Etat de droit, ODF
Editions, Kinshasa, décembre 2002, p.112.
620
Catalogue des infractions

Cracher sur une personne, l’éclabousser ou arroser volontairement un


passant rentrent dans la même qualification.

I. Eléments constitutifs

a)L’élément matériel

Pour que l’infraction de violences légères et voies de fait soit établie,


l’agent doit procéder par violence légère contre une personne. Des agressions
autres que des coups. Cependant, l’agent n’administre pas de coups. Il ne
blesse pas non plus. Il incommode ou souille tout simplement sa victime. Des
agressions de nature à incommoder ou à souiller une personne constitue des
actes matériels de l’infraction de violences légères et voies de fait.

b)La personnalité humaine de la victime


Pour que l’infraction de violences légères et voies de fait soit retenue ,
les agressions doivent avoir été exercées sur une personne humaine, née et
vivante. L’âge, le sexe et la nationalité importent peu. Les violences doivent
être exercées sur une personne autre que soi. Elles sont exercées sur la
personne d’autrui.

c)L’élément moral
Le législateur utilise le terme volontairement. Ce qui veut dire que
l’infraction de violences légères et voies de fait est intentionnelle. L’acte doit
être fait volontairement, peu importe le mobile, qu’il s’agisse d’énervement, de
plaisanterie ou même de désir de « faire le malin ».
Il a été jugé que l’auteur des violences légères et voies de fait est justifié
dans ses actes lorsqu’il s’oppose à une agression injuste de violation de son
domicile en bousculant et en tenant la victime au cou962.

II. Régime répressif

a)Pénalités prévues par le législateur


La victime des violences légères et voies de fait dénoncera les faits ou
adressera plainte à la police ou au parquet. Les faits seront portés devant le
tribunal de paix. Le Ministère public exerce l’action publique
indépendammment de toute plainte. Ce qui veut dire qu’il peut se saisir
d’office.
L’article 51 du code pénal livre II réprime les violences légères et voies
de fait. La sanction appropriée est de sept jours de servitude pénale principale
au maximum et l’amende ou l’une de ces peines seulement.

962
Tribunal de paix de Kisangani/Makiso, RP 1619, 10 juillet 2004, inédit.
Catalogue des infractions 621

b)L’action publique et civile


L’action publique relative à l’infraction de violences légères et voies de fait
est prescriptible dans le délai d’une année. Le juge pénal condamne l’auteur des
violences et voies de fait à des dommages-intérêts en réparation du préjudice
subi par la victime. La victime peut se constituer partie civile accessoirement à
l’action publique. Elle peut porter sa demande devant le juge civile.

590. Violences sexuelles


Les violences sexuelles sont une violation grave des droits de l’homme.
Aussi vieilles que l’humanité, on les rencontre dans toutes les régions du
monde, dans toutes les sociétés humaines et dans les contextes les plus variés.
Les infractions de violences sexuelles sont fréquentes et monnaie courante.
En République Démocratique du Congo, les violences sexuelles sont une
nouvelle forme de criminalité justifiée par des intérêts économiques, sociaux et
politiques. Les guerres dites de libération ou d’agression des années 1996, 1998,
2004 et 2007 ont été particulièrement l’occasion d’une recrudescence des
violences sexuelles.

I. Infractions constitutives de violences sexuelles

a)Quelles sont les infractions constitutives de violences sexuelles ?


Sont reconnues violences sexuelles963 d’une part les infractions d’attentat à
la pudeur, de viol964, d’excitation des mineurs à la débauche, de souteneur et de
proxénétisme telles que modifiées par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006.
D’autre part sont des violences sexuelles les différentes formes de violences
sexuelles autrefois non incriminées mais désormais érigées en infractions
particulières.
Il s’agit des formes actuellement identifiées et nommées : esclavage sexuel,
grossesse forcée, harcèlement sexuel, mariage forcé, mutilation sexuelle,
pornographie mettant en scène des enfants, prostitution d’enfants, stérilisation
forcée, trafic et exploitation d’enfants à des fins sexuelles, transmission
délibérée des infections sexuellement transmissibles incurables et zoophilie.

b) Quelle est la base légale des violences sexuelle?

963
Les infractions de violences sexuelles ont été modifiées et complétées par la loi n° 06/018
du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant code pénal
er
congolais. Journal Officiel 1 août 2006, n° 15, p. 12.
964
L’infraction de viol a été insérée par la loi n° 0 6/018 du 20 juillet 2006 modifiant et
er
complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais. Journal Officiel 1
août 2006, n° 15, p. 12.
622
Catalogue des infractions

Les violences sexuelles ont pour fondement légal le code pénal.


L’attentat à la pudeur et le viol sont prévus par les articles 167, 168, et 170, 171,
171 bis du décret du 30 janvier 1940 portant code pénal tel que modifié et
complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006.
L’excitation des mineurs à la débauche, le souteneur et le proxénétisme
sont définis par les articles 172, 173, 174 et 174b du décret du 30 janvier 1940
portant code pénal tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20
juillet 2006.
Les autres infractions965 trouvent leur lettre de noblesse dans les articles 174c,
174d, 174e, 174f, 174g, 174h, 174i, 174j, 174k, 174l, 174m, 174n…. du code
pénal congolais tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet
2006. Elles sont une création de la loi modificative.
La loi du 20 juillet 2006 reprend les règles du droit international
relatives aux infractions de violences sexuelles. Elle prend en compte aussi bien
les femmes, les enfants que les hommes victimes. Elle a ainsi intégré dans
l’arsenal pénal congolais les incriminations résultant de la ratification le 30 mars
2002 du statut de Rome.

II. Régime répressif

Pour renforcer la répression, le code de procédure pénale (Décret du 6


août 1959) a été modifié et complété par la loi n° 06/019 du 20 juillet 2006. Le
but poursuivi par le législateur est d’assurer la célérité dans la répression et dans
l’instruction des causes. Il s’agit également de sauvegarder la dignité,
d’améliorer la protection et de garantir une assistance judiciaire aux victimes.
A cet effet, les infractions constitutives de violences sexuelles sont
réputées flagrantes et traitées comme telles. L’enquête préliminaire se fait dans
un délai d’un mois maximum à partir de la saisine de l’autorité judiciaire .
L’enquête de la police judiciaire est de portée immédiate. L’officier de police
judiciaire mène son enquête sans désemparer de manière à fournir à l’officier
du Ministère public les principaux éléments d’appréciation. Lorsqu’il est saisi
d’une infraction de violence sexuelle, il en avise dans les vingt-quatre heures
l’officier du Ministère public dont il relève.
L’officier du Ministère public peut faire citer devant lui toute personne dont il
estime l’audition nécessaire.
L’officier du Ministère public ou le juge requiert d’office un médecin et
un psychologue pour apprécier l’état de la victime. Ces derniers déterminent les
soins appropriés, évaluent l’importance du préjudice et l’aggravation ultérieure.

965
Ministère de la Justice. , Code pénal congolais. Décret du 30 janvier 1940 tel que modifié
jusqu’au 31 décembre et ses dispositions complémentaires, 2010, p. 43-48.
Catalogue des infractions 623

L’instruction et le prononcé du jugement se font dans un délai de trois mois


maximum à partir de la saisine de l’autorité judiciaire.

a) Quelle procédure applique-t-on en matière de violences


sexuelles ?
Durant toutes les phases de la procédure966 d’infractions qualifiées de
violences sexuelles, la victime est assistée d’un conseil. Elle peut demander à
être entendue comme témoin auquel cas les règles relatives au faux témoignage
lui sont dès lors applicables. A la demande de la victime ou du ministère public,
le juge ordonnera le huis clos. Il pourra délocaliser les audiences si nécessaire.
Une prise en charge psychologique et sanitaire des victimes et des
personnes auxquelles la victime se confie est indispensable. Le juge prend
toutes les mesures nécessaires pour garantir la confidentialité quant à l’identité
et l’adresse de la victime.
Il est ainsi permis de recourir aux pseudonymes pour sécuriser toute
information en rapport avec la victime sans préjudice du droit de la victime. Le
juge doit protéger l’intimité, sauf consentement expresse de la victime. Les
photographies, le filmage, ou l’enregistrement ne sont permis qu’avec le
consentement de la victime. Le juge prendra soin de couvrir du secret
professionnel les informations divulguées aux médecins, psychologues, prêtres
et religieux qui auront pris en charge les victimes.
En cas de plainte, de dénonciation ou de constat d’infraction de
violences sexuelles à charge d’un magistrat, d’un cadre de commandement de
l’administration publique ou judiciaire, d’un cadre supérieur d’une entreprise
paraétatique, d’un commissaire de district, d’un bourgmestre, d’un chef de
secteur ou d’une personne qui les remplace, l’officier de police judiciaire ou
l’officier du ministère public procède à l’arrestation sans préalablement
informer l’autorité hiérarchique de la personne poursuivie. La formalité de
droit commun d’informer l’autorité hiérarchique n’est pas requise avant
l’arrestation d’un cadre public présumé coupable de violences sexuelles.

b)Comment administre-t-on la preuve967 ?


En matière de violences sexuelles, l’administration de la preuve est
minutieusement réglementée.
1. Le consentement ne peut en aucun cas être inféré des paroles ou de la
conduite d’une victime lorsque la faculté de celle-ci de donner
librement son consentement véritable a été altérée par l’emploi de la

966
Voir exposé des motifs et décret du O6 août 1959 tel que modifié et completé par la loi n°
06/019 du 20 juillet 2006.
967
Le code de procédure pénale a été modifié et complété par la loi n° 06/019 du 20 juillet
2006. Cette loi modificative est le siège de nouvelles règles de preuve en matière de
violences sexuelles.
624
Catalogue des infractions

force, de la ruse, de la menace ou de la contrainte ou à la faveur d’un


environnement coercitif.
2. Le consentement ne peut en aucun cas être inféré du silence ou du
manque de résistance de la victime des violences sexuelles présumées.
3. La crédibilité, l’honorabilité ou la disponibilité sexuelle d’une victime
ou d’un témoin ne peuvent en aucun cas être inférés de leur
comportement sexuel antérieur.
4. Les preuves relatives au comportement sexuel antérieur d’une victime
ne peuvent exonérer le prévenu de sa responsabilité pénale.
Des mesures nécessaires pour sauvegarder la sécurité, le bien-être physique
et psychologique, la dignité et le respect de la vie privée des victimes sont
prises. Il en est de même de toute autre personne impliquée. A ce titre, le huis-
clos est prononcé à la requête de la victime ou du Ministère public.

c)Quelles sont les peines légales prévues ?


Les peines sont adaptées à la gravité des infractions. Elles varient selon
la qualification infractionnelle d’un minimum de trois mois à un maximum de
la servitude pénale à perpétuité. L’amende transactionnelle n’est pas
d’application en matière de violences sexuelles968.

d)Quelles sont les juridictions compétentes ?


Le tribunal de paix est compétent pour autant que la peine maximale
est de cinq ans de servitude pénale. Le tribunal de grande instance est
compétent pour les infractions à punir au-delà de cinq ans jusqu’à la peine
capitale. Les juridictions militaires se conforment à leurs compétences
respectives. La cour pénale internationale969 est compétente pour les crimes
les plus graves commis par les plus hauts responsables tant civils que militaires.
C’est le cas lorsque les juridictions nationales ne sont plus en mesure de
fonctionner par suite du délabrement du système judiciaire. La cour pénale
internationale est en outre compétente lorsque les juridictions nationales ont
rendu des jugements de complaisance ou des jugements destinés à épargner les
coupables.
e)Prescription de l’action publique

968
Telle a été la volonté du législateur. Il a sévèrement sanctionné les infractions
constitutives de violences sexuelles. L’officier du Ministère public qui transige ou le juge qui
prononce la seule peine d’amende fait montre d’insuffisance et d’ignorance de la loi. Il
expose son œuvre à la sanction .
969
Le tribunal pénal international pour la Rwanda a puni la violence sexuelle perpétrée dans
le cadre d’une guerre civile, et a réconnu le viol comme un acte de génocide ainsi qu’un
acte de torture(…), procès Jean Paul Akayesu, 02 octobre 1998 ; Le tribunal de la Haye
dans les jugements Furundzija (Tpiy, le procureur c/ Anto Furundzija et al.n° IT-AR 73,10
novembre 1998) Celebici (Tpiy, le Procureur c/ Delacic et al., n° IT-96-21-T, 16 novembre
1998) et Kuranac(Tpiy, le Procureur c/ Kuranac et al., n° IT-96-23/2, 22 février 2001).
Catalogue des infractions 625

Selon la spécificité de l’infraction de violences sexuelles concernée, la


prescription est de droit commun. Les infractions de violences sexuelles
constitutives de crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, de génocide
sont imprescriptibles970 .

591. Voies de fait et outrage à subordonné


Les voies de fait et outrage à subordonné sont deux infractions distinctes.
Elles sont prévues et sanctionnées respectivement par les articles 107 et 108
du code pénal militaire971. Les infractions de voies de fait et outrage à
subordonné consistent en un abus d’autorité, c’est-à-dire tous les écarts de
comportements ou tous les élans d’extravagance pouvant gagner les
dépositaires de l’autorité publique notamment lorsqu’ils exercent de façon
excessive le droit de commmandement légitime à l’égard de leurs subalternes.

I. Actes constitutifs d’infractions

La réalisation des infractions de voies de fait et d’outrage à subordonné


requierent la réunion de l’acte prohibé, la victime, la qualité de l’auteur et
l’élément moral pour être établie.

a)Les actes incriminés

Les voies de fait commis sur un subalterne. Le militaire ou assimilé exerce


des violences sur un subordonné sans qu’il y ait légitime défense de soi- même
ou d’autrui. Il exerce sur le subordonné des actes arbitraires ou attentatoires
aux libertés et aux droits garantis aux militaires par les lois. Si les violences
sont commises sur le subordonné dans le but de rallier des fuyards en présence
de l’ennemi ou de bande armée ou dans le but d’arrêter soit les pillages, la
dévastation ou la destruction, soit le désordre grave, l’infraction sera
inexistante.
Le caractère bénin ou grave des voies de fait est laissé à l’appréciation
du juge de fond. Celui tiendra compte des circonstances de perpétration de
l’infraction.

L’outrage à un subordonné. Pendant le service ou à l’occasion du service, le


militaire ou assimilé outrage un subordonné gravement, sans y avoir été
provoqué par la victime par paroles, gestes, écrits ou menaces.Par outrage

970
Telle a été la volonté du législateur congolais fortement influencé par la jurisprudence
internationale qui a inspiré le statut de la Cpi dont la loi nationale sur les violences sexuelles
est une émanation.
971
Code pénal congolais. Décret du 30 janvier 1940 tel que modifié jusqu’au 31 décembre
2009 et ses dispositions complémentaires, p.242.
626
Catalogue des infractions

grave, il faut entendre tout outrage susceptible de mettre sérieusement et


dangereusement en cause l’honneur et la dignité d’un subalterne militaire dans
son milieu ambiant.
Dans les deux cas, il est donc interdit à un supérieur d’exercer
directement ou indirectement des voies de fait ou des violences sur un
subordonné connu avec certitude , et pendant les heures de service.

b)La victime
Il s’agit du subordonné, c’est-à-dire tout militaire revêtu d’un grade
inférieur ou exerçant une fonction inférieure à celui de l’agent.

c) La qualité de l’auteur
L’auteur ne peut être que militaire ou assimilé. Il doit être un supérieur
de la victime, c’est-à-dire son supérieur hierarchique ou tout autre supérieur
connaissant parfaitement la position d’infériorité des personnes protégées.

d)L’élément moral
L’intention délictueuse doit être établie dans le chef de l’agent. Elle consiste
dans le dessein général d‘attenter à la personne de son subordonné. Sans cause
de justification objective, l’auteur ne peut invoquer aucun autre mobile pour
disculper sa résolution criminelle.

II. Régime répressif

Les violences sur un subordonné sont punies de deux ans de servitude


pénale si elles constituent une infraction sévèrement réprimée par le code pénal
ordinaire.
L’outrage à subordonné est puni de quinze jours à un an de servitude pénale. Si
l’infraction de l’article 108 n’est pas commise pendant le service ou à l’occasion
du service elle sera réprimée de six mois de servitude pénale seulement.
Les voies de fait et outrage à subordonné commis en dehors du service
sans que le supérieur connaisse la qualité subalterne de la victime sont
punissables conformément au code pénal ordinaire.

592. Voies de fait et outrage à supérieur


La discipline est l’âme du métier d’armes. Il est donc impensable de laisser
impuni un acte susceptible de souiller l’honneur ou un acte attentatoire à
l’intégrité physique d’un supérieur. A le faire on heurterait de front la loi. Celle-
ci consacre les voies de fait envers un supérieur et les outrages envers un
supérieur. Ces voies et outrages à supérieur peuvent être le fait d’un civil, d’un
militaire ou assimilé. Elles sont exercées pendant le service ou à l’occasion du
service et il doit s’agir d’un supérieur ou d’une autorité qualifiée.
Catalogue des infractions 627

I.Eléments constitutifs

L’infraction des voies de fait envers un supérieur. Lauteur de l’infraction


est tout individu, civil, militaire ou assimilé, embarqué ou au service de
l’armée. Dans ces cas, il s’agit d’un officier, d’un militaire, d’un policier, d’un
membre du Service National etc.
L’acte incriminé c’est l’exercice par un subordonné des voies de fait sur
un supérieur ou une autorité qualifiée. Cela peut subvenir directement ou
indirectement. La victime est tout militaire de grade élévé ou assumant une
fonction supérieure à celle de l’auteur des voies de fait.
Il doit en outre exister la volonté délibérée et consciente d’exercer des
violences graves ou légères sur la personne d’un superieur ou d’une autorité
qualifiée. Il peut s’agir aussi de la volonté d’incimmoder ou d’impressionner sa
victime.

L’infraction d’outrage envers un supérieur. Elle est constituée d’outrages


ou d’offenses. L’acte incriminé est une mise en cause de l’honneur du
personnage972. Il est aussi toute expression dont la signification menaçante,
diffamatoire ou injurieuse est propre à diminuer l’autorité morale du supérieur
ainsi que le respect dû à sa fonction973. Il peut s’agir également d’une atteinte
consciente et volontaire à l’honneur ou à la délicatesse d’un dépositaire de
l’autorité ou de la force publique, dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice
de ses fonctions974.
L’infraction d’outrage envers un supérieur est constituée aussi
d’offenses. Evidemmen, l’on parle surtout d’offenses en cas d’atteinte à la
personne du chef de l’Etat. Il a été jugé que l’infraction d’offense envers le chef
de l’Etat par note est entrain de se commettre au moment où le prévenu en
remet un exemplaire à un tiers, en l’occurrence son collègue de travail975.
Le champ d’application aux outrages envers les supérieurs se limite aux
militaires , aux individus au service des forces armées ou aux individus
embarqués.
Le délinquant perpetre son acte contre son chef hierarchique mais aussi
contre n’importe quel supérieur connu ou non de celui-ci. L’élément
intentionnel consiste en ce que le délinquant exprime librement son opinion
offensante, injurieuse, diffamatoire ou calomnieuse etc.. à l’encontre d’un chef
hierarchique, d’un supérieur.

II.Régime répressif
972
Dictionnaire Micro Robert, Paris 1987.
973
Robert Vouin . , cité in JEL. , p. 41.
974 ème
Veron M., Droit pénal spécial, Masson, 2 édition, Paris 1982, p. 283.
975
C.S.J. ,23 janvier 1996, RP 34/CR, RIZ, pp 34-35.
628
Catalogue des infractions

L’infraction de voies de fait envers un supérieur est définie et prévue par


l’article 95 du code pénal militaire. Elle est réprimée de cinq ans de servitude
pénale au maximum. Toutefois, pour l’officier coupable la peine peut être
portée à dix ans de servitude pénale au maximum et même à la servitude pénale
à perpétuité. Il en est de même du militaire porteur d’arme qui sera reconnu
coupable de cette infraction.
Si les voies de fait n’ont pas été exercées pendant le service ou à l’occasion du
service, elles seront punies de six mois à deux ans de servitude pénale. Si le
coupable est officier, il sera puni d’un à cinq ans de servitude pénale976.

L’infraction d’outrage envers un supérieur est sanctionnée par l’article 97


du code pénal militaire de six mois à cinq à cinq ans de servitude pénale. Si
l’infraction est commise par un officier, cet officier coupable peut encourir la
destitution.

593. Vol
Aussi appelé vol simple, l’infraction de vol peut être définie comme
l’enlèvement d’un objet d’autrui de façon frauduleuse (c’est-à-dire contre le gré
ou à l’insu du propriétaire) dans le but de se le procurer ou de le procurer à
autrui. En d’autres termes s’emparer avec fraude de la chose d’autrui dans
l’intention de se l’approprier.
Le vol sous toutes ses formes est la plus fréquente de toutes les
infractions. Il est l’infraction la plus usuelle en droit pénal spécial et les voleurs
sont très souvent des récidivistes977. Les enquêtes en matière de vol ne sont pas
toujours des plus aisées. Les voleurs ont tendance à nier les faits mis à leur
charge. Aussi est-il souvent jugé que l’infraction de vol sera dite établie dans le
chef d’un prévenu qui soutient son innocence malgré la pluralité et la
concordance des témoins qui l’ont vu trimballer les moutons978.

976
Article 96 du code pénal militaire.
977
Pour ces raisons multiples, le lecteur acceptera que nous approfondissions les contours
possibles de cette infraction ; sans évidemment espérer avoir tout dit d’une infraction aussi
complexe que le vol.
978
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 10 250, 24 mai 2002, Ministère public et
partie civile Masumbuko Bunyasi contre les prévenus Mweze Marhegane, et Alphonse
Muhindo, inédit.
Catalogue des infractions 629

I. Eléments constitutifs du vol

L’infraction de vol requiert pour son établissement la réunion des


éléments constitutifs. Pour retenir le vol, outre l’élément légal, il faut
démontrer l’élément matériel et l’élément moral.

a)L’élément légal.
Le vol comme « soustraction frauduleuse de la chose d’autrui » est prévu et
réprimé par les articles 79 et 80 du code pénal ordinaire.
b)L’élément matériel.
Le comportement matériel s’applique à des procédés modernes et
hautement évolutifs. Quatre éléments sont nécessaires pour que l’infraction de
vol soit établie. Il s’agit de la soustraction, de la chose, de l’appartenance à
autrui de cette chose et de l’élément moral.
1. La soustraction. Le vol implique le fait de prendre, d’enlever et de
déplacer la chose d’autrui ; subtiliser le bien volé, contre le gré ou à l’insu
du propriétaire. L’agent peut dépouiller physiquement ou matériellement
le propriétaire de sa chose en le privant du corpus (par exemple prendre
ou s’emparer d’un billet de banque glissé dans la poche d’un
vêtement979). Certains auteurs estiment qu’il y a vol si la chose a été
remise volontairement, mais par un enfant ou un débile mental980 ; la
préhension de la chose constitue un élément déterminant de l’infraction
de vol981
2. La chose. Le vocable générique de « chose » désigne exclusivement des
biens de nature meuble. Seules les choses mobilières peuvent être volées.
Les immeubles sont exclus du champ d’application du vol. Le vol
d’immeuble est inconcevable.

Nature de la chose
Les immeubles par destination pouvant être choses détachables d’un
immeuble sont constitutifs d’objets susceptibles d’être volés. Il en est ainsi des
portes, fenêtres, du miroir scellé au-dessus d’une cheminée, des chaudières
murales et compteurs d’eau incorporés aux bâtiments, des briques, etc. La
jurisprudence a assimilé aux choses mobilières certaines choses incorporelles.
C’est ainsi qu’elle admet le vol d’électricité982.

979
District Nord- Kivu, 18 Novembre 1957, R.J.C.B, p. 413.
980
LESUEUR., op.cit, p.44.
981
Cass., 09 janvier 1960. Jour. Trib. 1960, p.260 et note R. Henrion. D Merraert .Recueil
de Jurisp. Pénale belge de 1949 à1952 p. 47.
982
Idem
630
Catalogue des infractions

La valeur et la licéité (stupéfiants) de la chose dérobée sont


indifférentes à la qualification pénale. On peut voler un objet de moindre
valeur. Ainsi, le vol d’une aiguille, d’une épingle est un vol au sens de l’article
79 et 80 du code pénal. La soustraction de la drogue, du poison, des denrées
avariées etc. relèvent tout aussi des termes des mêmes dispositions pénales.
L’utilisation de l’objet volé (enrichir, satisfaire les désirs, destruction) ne fait pas
disparaître la soustraction.

Vol d’usage
La soustraction frauduleuse de la chose n’implique pas son
appropriation par l’auteur du délit. Il suffit de constater que le propriétaire a été
dépouillé, même momentanément, quel qu’ait été le but poursuivi, notamment
la destruction volontaire de la chose soustraite983. En dérobant la chose, l’agent
exerce les prérogatives du droit de propriété : l’usus, l’abusus ou le fructus.
Le vol d’usage ne prive pas définitivement le propriétaire de ses droits
sur la chose. Constitue un vol de voiture le fait de pénétrer dans une voiture
que son conducteur avait laissée à l’arrêt sans retirer la clé de contact, de l’avoir
mise en marche et de l’avoir utilisée toute la nuit avec ses camarades et l’avoir
ramenée et abandonnée à une centaine de mètres de l’endroit où elle avait été
prise984. L’utilisation sans droit, même temporaire, d’une chose constitue
l’infraction.

Vol d’énergie
Les biens de nature immatérielle (les communications téléphoniques ou
les ondes hertziennes) ne peuvent faire l’objet d’une soustraction, sauf lorsque
« la transmission peut être matériellement constatée de la possession de l’un à
celle de l’autre985. Tel est le cas notamment de l’’électricité. De même la
jurisprudence décide que les données d’un ordinateur sont susceptibles de vol,
puisqu’elles peuvent être reproduites, ont une valeur économique et font dès
lors partie du patrimoine du propriétaire986
Au sujet de la soustraction d’énergie, la qualification de vol s’impose
lorsque l’auteur se branche directement sur le réseau commun987 , en amont du
compteur ou lorsqu’il ne dispose pas d’un abonnement. La soustraction peut
porter sur une consommation totalement ou seulement partiellement

983
CA Bordeaux., 5 mars 1992, D.1994, p.305, note Mirabail.
984
Crim., 19 février 1959, Bull. n° 123, D.1959, p.331 , note Roujou de Boubée ; JCP 1959,
II, 11178, note chambon.
985
Crim. 3 août 1912, DP 1913, 1, P439 ; S.1913, 1, p.337, note, note Roux
986
Cour d’appel d’Anvers , 13 décembre 1984, in Rechskunding weekblad, 1985-1986, 244-
246, obs. Verstraten, 215-230, Récensé in RDPC, 1988, 429 cité par le professeur
Nyabirungu Mwene Songha in Droit Pénal Général , Editions DES, Kin 1989, p. 52.
987
Crim., 15 avril 1921, S, 1921, 1, p.392 ; Crim.,8 janvier 1959, Bull.n°33 ;Crim.,10 avril
1964,Bull. n°108.
Catalogue des infractions 631

dissimulée. L’usage abusif, fait ou toléré par un abonné, de l’eau qui lui a été
volontairement livrée, alors même que le contrat lui interdit d’en disposer au
profit des tiers par branchement ou autrement, ne constitue pas l’infraction. En
revanche, le fait de perturber ou de dérégler le fonctionnement du compteur en
vue de diminuer sa consommation et sa facture constitue une tromperie ou une
escroquerie988 . Toutefois, en France la cour de cassation en est venue à
qualifier de vol aussi bien le branchement clandestin après coupure du
courant989 que le trucage du compteur pour ne pas enregistrer la
consommation990. Le vol d’énergie est une infraction continue.

Vol de données et « piratage » informatique

La qualification de vol pour sanctionner d’une part la soustraction des


disquettes ou de tout autre élement du matériel informatique et, d’autre part la
réproduction des informations contenues dans ce matériel, les disquettes ayant
été soustraites le temps nécessaire à leur réproduction peut être admise. Il s’agit
de punir le vol d’informations. C’est la soustraction d’informations pouvant
résulter du système de traitement automatisé de données.

Décodage d’émissions télévisées

La captation frauduleuse d’une émission télévisée codée à l’aide d’un


« décodeur-pirate » constitue-t-elle une soustraction ? Contrairement à la cour
de paris qui a répondu négativement (24 juin 1987,Gaz. Pal, 1987. 2.512, note
J-P Marchi, et Rev. Sc. Crim. 1987. 211,obs. Bouzat)991 nous pensons qu’il y a
là au sens du code pénal congolais un vol. Toutefois, l’analogie n’étant pas
permise en droit pénal spécia, lil reste à combler le vide juridique.
Cette multitude d’infractions instantanées d’appropriation se répétant et
motivées par un but unique suivent le régime juridique applicable aux
infractions continues. Le point de départ de la prescription de l’action publique
est reporté au moment de la découverte du comportement, élargissant la
possibilité d’engager des poursuites.
Si l’incrimination de vol n’est pas applicable aux biens immatériels, la
qualification pénale redevient possible dès lors que le bien incorporel s’intègre
à un support matériel. S’il est impossible de voler une créance en soi (negotium),
la qualification pénale peut être retenue à l’égard du titre la constatant

988
Crim., 16 février 1899, DP 1899, 1, p.201, note F.T ; Crim. 7 mars1959, Bull, n°232.
Crim., 22 octobre 1959, Bull. n° 447.
989
Crim.,12 décembre 1984, Bull. n° 403, et Rev.sc. cr im. 1985.579,obs.Bouzat.
990
Crim.,11 octobre 1978,D.1979. 76, note D.Vuitton.
991
Michel Véron., op. cit.,p. 258.
632
Catalogue des infractions

(instrumentum)992. La communication, même volontaire, d’un titre aux fins de


vérification n’est pas exclusive de la soustraction constitutive du vol993 .
3. L’appartenance à autrui de la chose. Pour que le vol soit caractérisé, il
est nécessaire que la chose soustraite appartienne à autrui.
L’appartenance à autrui. Il faut que la chose appartienne à autrui. Le voleur ne
vole pas son propre bien. Est constitutif d’infraction de vol, le fait pour le
prévenu d’avoir frauduleusement soustrait une somme d’argent(objet mobilier)
d’un tiers994. Il a été jugé que le prévenu n’a commis aucune faute s’il a acquis
un bien à la suite d’une convention régulière translative de propriété
(convention) consécutive du reste à plusieurs cessions successives995.
Le voleur ne vole pas ce qui manifestement n’a plus de propriétaire
(une chose jetée dans la poubelle par exemple). Toutefois, il n’est pas
nécessaire que le propriétaire soit connu.
La chose commune. Pour une chose commune appartenant à la fois à deux
ou plusieurs personnes, lorsque l’une soustrait cette chose, le vol peut être
retenu tout au moins pour la partie qui ne lui appartient pas et dont elle s’est
emparée frauduleusement.
Une chose appropriable. La chose volée est nécessairement une chose
pouvant devenir la propriété de quelqu’un. Si l’on ne peut voler une personne,
car elle a le statut d’une personne et non d’une chose, nous estimons que le vol
doit être retenu lors de la soustraction des ossements rassemblés dans un
caveau ou dans une crypte.
Res propria. La chose doit être la propriété d’autrui même si elle a pu
échapper momentanément à la garde de son propriétaire. Une perte de
détention matérielle temporaire ne fait pas disparaître le droit de propriété.
Les choses sans propriétaire. Il est impératif que la chose volée soit la
propriété d’un tiers. L’épouse dérobant les copies des examens d’Etat que son
mari doit corriger commet un vol au préjudice de l’Etat, même si l’intention de
l’auteur était de discréditer et de porter tort à son mari.
Res nullius. Ce sont les choses sans maîtres car elles n’appartiennent à
personne. Cependant elles peuvent entrer dans le droit de propriété d’une
personne par l’appropriation licite. Avec le développement des réglementations
et l’organisation de la vie il y a réduction des biens appropriables licitement.
Les cultures appartiennent au propriétaire du terrain, ainsi que les animaux et
les plantes s’y trouvant. L’extraction du sable sur une plage, des pierres d’une

992
Crim., 24 octobre 1956, Bull. n° 676 ; Crim., 5 déc embre 1984, Bull. n°387.
993
Crim., 21 novembre 1934, Bull. n°198 ; Crim., 1er m ars 1951.
994
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 7528, 18 septembre 1992, ministère public
et partie civile Madame Nyota Chombo contre le prévenu Mulume Cirakarhula , inédit.
995
Idem , R.P 9837, 04 mai 2001, ministère public et partie civile Henriette M’kamachira
contre la prévenue Tabu M’Chisheke, inédit.
Catalogue des infractions 633

carrière, des arbres d’une forêt constitue un vol. Peut-être que seule l’eau de
pluie directement recueillie peut prétendre au statut d’une res nullius.
Res derelictae. Les choses dans lesquelles la qualité de maître a été
involontairement perdue ou a été sciemment abandonnée. Les choses
abandonnées supposent la volonté du propriétaire de se dessaisir de son bien.
Les personnes intéressées peuvent licitement s’en approprier sans craindre des
poursuites pénales. En revanche, les choses perdues continuent à appartenir à
leur propriétaire car il n’a jamais eu l’intention de s’en séparer.

c)L’élément moral.
La soustraction de la chose d’autrui est punissable à titre de vol
uniquement si elle est frauduleuse. Le vol est une infraction intentionnelle.
L’intention doit être concomitante au moment de la soustraction. Il faut que
l’agent ait eu conscience de l’appartenance de la chose d’autrui et qu’il ait eu la
volonté de s’approprier de se l’approprier. Que ce soit pour s’enrichir, pour la
détruire, pour s’en servir quelques heures, peu importe.
La volonté coupable doit se manifester par l’intention de se comporter
en propriétaire de la chose , ne seraît-ce qu’un instant(vol d’usage).Le fait de
rendre la chose à son propriétaire n’est qu’un repentir indépendant de la
constitution de l’infraction996. Le repentir actif ne fait pas disparaître
l’intention.
Il faut que l’auteur ait l’intention frauduleuse de s’attribuer une chose
qu’il sait appartenir à autrui. La jurisprudence admet qu’il y a vol même si
l’auteur n’a voulu s’approprier que temporairement de la chose. C’est le cas de
la soustraction d’une voiture pour en faire un usage temporaire997.
Commet le vol le domestique qui a reçu de l’argent de son maître avec
ordre d’acheter certains objets, et qui au lieu de rendre tout l’argent qui lui
restait après ces achats, n’en a remis qu’une partie, prétendant que les objets
achetés avaient coûté plus cher que le prix réellement payé998. S’il n’y a pas
d’intention frauduleuse, il n’y a pas de vol. C’est le cas de celui qui cache une
chose par plaisanterie. Il en est de même de clui qui emprunte une chose à
l’insu du propriétaire, avec l’intention de la rendre. Se tromper de sandales en
sortant d’une mosquée n’est pas constitutif de vol.
Le cas d’une femme qui va dans le champ d’autrui et y prend du
manioc pour empêcher son enfant de mourir de faim (vol par nécessité) est
animée d’une intention de s’approprier la chose d’autrui. Elle a bel et bien

996
Crim.,19 fèvrier 1959, Bull. crim., n° 123, D. 1959 , p. 331, note Roujou de Boubée, JCP
1959. II. 11178, note Chambon.
997
Cour d’Appel. Elis., 30 novembre 1954, RJCB, 1955, P.315.
998
Boma, 27 janvier 1914, Jur. Col.1924, p. 273.
634
Catalogue des infractions

commis le vol. Cependant, j’estime qu’il s’agit là d’un cas qui doit être traité
avec toute l’indulgence voulue. Par exemple, le ministère public s’empêcherait
de poursuivre en l’absence d’une plainte. Et même en jugeant, le juge pourrait
ne pas infliger de peine.

II. Régime des poursuites de l’infraction de vol

a) Quelles sanctions le texte légal prévoit-il ?


Le vol simple est défini par les articles 79 et 80 du code pénal ordinaire.
Il est sanctionné d’une servitude pénale de cinq ans au maximum et d’une
amende ou de l’une de ces peines seulement. Lorsque le vol est déterminé par
la faim et un état d’extrême dénuement, la criminalité de l’infraction se trouve
réduite, et le juge doit y avoir égard pour l’application de la peine (Boma, 26
mai 1908. Jur. Etat II p. 237).

b) Du tribunal compétent et de la prescription


Le vol simple est de la compétence du tribunal de paix. L’action
publique s’éteint en trois ans. La prescription de la peine est du délai double de
la peine prononcée, sans être inférieure à deux ans. Pour établir la culpabilité
d’un prévenu défaillant, le tribunal se fonde sur les aveux initialement faits lors
de l’instruction préjuridictionnelle. Pour que le prévenu ne puisse se soustraire
à l’exécution de la peine, le tribunal prononce son arrestation immédiate999.

c) La tentative et la complicité de vol


La tentative est punissable en matière criminelle en application des
règles générales du code pénal, que la qualification soit simple ou aggravé.
Deux éléments cumulatifs caractérisent la tentative punissable ; le
commencement d’exécution et l’absence de désistement. Le fait de tendre une
embuscade, de mettre en place un puissant dispositif d’attaque, de se présenter
armé ou à visage découvert afin de faire ouvrir la porte aux complices armés,
de pénétrer dans une automobile ou de la démarrer, obéit à la définition du
commencement d’exécution. Le manque de coordination entre les divers
participants à l’infraction, la surveillance exercée par des tiers, l’intervention des
forces de police constituent l’absence de désistement volontaire prouvant que
l’interruption de l’exécution est due à une circonstance indépendante de la
volonté de l’agent.
La complicité du vol est punissable. Celui qui assiste l’auteur dans les
faits de consommation coopère nécessairement à la perpétration de l’infraction
en qualité de coauteur.

999
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 9902, 02 février 2002, Ministère public et
partie civile la Société Bralima/ Bukavu contre le prévenu Biriondeke Dieudonné, inédit.
Catalogue des infractions 635

III. Infraction assimilée au vol par le code pénal

Le saisi ou le tiers qui auront détourné des objets saisis sont passibles
des peines de vol (art 83 du code pénal livre II). En effet la saisie, voie
d’exécution ou mesure de précaution, n’enlève pas la propriété de la chose à
son propriétaire, mais ce dernier n’a pas le droit d’en disposer tant que la saisie
n’est pas levée. Les éléments constitutifs de cette infraction sont le
détournement (1°) d’une chose saisie (2°). Si la saisie n’est pas régulière, il n’y a
pas d’infraction.
L’intention frauduleuse (3°) consistant en la connaissance par le
propriétaire et par le gardien de la saisie doit être prouvée. (Voir aussi
l’infraction de détournement d’objets saisis).

IV. Vol entre les proches parents

Dans beaucoup de législations , le vol entre proche parents n’est ni


poursuivi ni puni. Par proche parents, il faut entendre les époux, les ascendants
et les descendants. Le code pénal congolais tel que modifié et complété à ces
jours n’est pas de cette obédience. Il punit le vol entre proches parents à
l’instar de tout vol. Toutefois j’estime que le ministère public et le juge
devraient faire montre de beaucoup de circonspection dans le traitement de
pareils cas.

594. Vol aggravé


L’aggravation de la répression du vol se fait de deux manières différentes.
D’une part, le quantum de la peine peut être augmenté. D’autre part, un
phénomène de criminalisation légale du délit de base peut se produire et le vol
change de catégories d’infractions selon les circonstances aggravantes1000.

1000
Il existe également les circonstances atténuantes applicables à chaque infraction,
sauf avis contraire du législateur. Les circonstances atténuantes sont réglementées par les
articles 18 et 19 du code pénal. Ce sont des particularités qui accompagnent la commission
de l’infraction. Le juge a la faculté d’en tenir compte pour atténuer la peine au point de
descendre en-dessous du minimum légal, jusqu’à un jour de servitude pénale ou à un franc
congolais d’amende. Il existe plusieurs circonstances à considérer comme atténuantes. A
titre exemplatif le peu de gravité de l’infraction, le faible préjudice causé, le jeune âge du
délinquant, l’ivresse, , la tentative, le caractère fruste, la victime peu intéressante, le repentir
actif, la réparation du préjudice, l’erreur fautive, la contrainte irrésistible, une riposte
disproportionnée, l’absence d’antécédents judiciaires.
Le juge apprécie les circonstances atténuantes souverainement. Les circonstances
atténuantes sont personnelles,; elles peuvent être retenues en faveur des uns et refusées
aux autres. Il peut les retenir ou les rejeter. Néanmoins pour pouvoir accorder les
636
Catalogue des infractions

a) Circonstances tenant aux auteurs.


Une circonstance aggravante1001 traditionnelle est la commission du vol
par temps de nuit. Il y a aussi les causes d’aggravation tenant à la personne de
l’auteur du vol. Ces personnes peuvent agir en qualité de coauteurs ou
complices, mais ne doivent pas présenter la structure d’une bande organisée.
Est aggravée, la répression du vol commis par une personne dépositaire de
l’autorité publique. Cette sévérité est manifestée dans le cas d’une fausse qualité
visant l’hypothèse d’un vol commis par une personne qui prend indûment la
qualité de dépositaire de l’autorité publique ou chargé de mission de service
public. Il y a aussi le vol commis par un homme armé.

1.Vol commis par un fonctionnaire

circonstances atténuantes, le juge doit les motiver, se référer à l’article 18 du code pénal,
invoquer et citer les circonstances auxquelles il entend reconnaître l’effet atténuant (art. 19).
La peine de mort pourra être remplacée par la servitude pénale à perpétuité ou par une
servitude pénale à temps déterminée par le juge. Les peines de servitude pénale et
d’amende pourront être réduites dans la mesure déterminée par le juge. Les circonstances
atténuantes ne s’appliquent pas aux peines complémentaires.

1001
Les circonstances aggravantes sont des éléments prévus par la loi qui, ajoutés à
l’infraction simple, en aggravent la peine. Elles jouent un rôle systématiquement opposé à
celui des excuses atténuantes. Les causes d’aggravation sont multiples. Elles sont légales ;
tout élément que la loi n’a pas ainsi défini ne peut constituer une circonstance aggravante
judiciaire. Il n’existe pas de circonstance aggravante s’il n’existe pas d’infraction à l’état
simple. Il n’ya pas de circonstances aggravantes s’il n’ya pas aggravation légale de la peine.
On peut regrouper les circonstances atténuantes selon les circonstances de temps et de
lieu(1) : l’article 81 alinéa 2 aggrave le vol simple en y ajoutant les éléments « la nuit » et
« une maison habitée».On aggrave également selon la qualité du sujet(2), il en est ainsi de
la qualité d’agent des postes (art. 71 alinéa 2)qui aggrave l’infraction de violation du secret
des lettres. La qualité de père ou de mère (art. 74) aggrave les infractions d’attentat aux
mœurs prévues par les articles 172 et 173 du code pénal tel que complété et modifié. La
qualité de préposé à la conduite ou à la garde des détenus (art. 162) aggrave l’infraction
d’évasion des détenus (art. 161), etc. La qualité de la victime(3) ; l’âge de la victime
(enfant âgé de moins de 10 ans accomplis (art. 173 du code pénal) aggrave l’attentat aux
mœurs prévu par l’article 172 du code pénal tel que complété et modifié. L’objet de
l’infraction(4) ; les violences ou les menaces aggravent l’infraction de vol (art.80), le
meurtre commis pour faciliter le vol ou l’extorsion (art.85) aggrave ces deux infractions (art.
80 et 84 du code pénal). Le fait que la lettre ou l’envoi violé était recommandé ou assuré ou
s’il renfermait des valeurs réalisables (art. 71 in fine) aggrave l’infraction de violation de
secret des lettres (art. 71). Les conséquences incriminées(5) : la mort non voulue (art. 48)
aggrave les coups et blessures volontaires prévus par l’article 46 du code pénal. Donner la
mort au cours d’un duel (art66) constitue une aggravation du duel prévu et puni par l’article
65 du code pénal. Les tortures mortelles (art. 67 alinéa 2) aggravent l’enlèvement,
er
l’arrestation et la détention arbitraires prévus et punis par l’article 67 alinéa 1 . L’élément
moral(6) : la préméditation est une cause d’aggravation des coups et blessures volontaires
(art. 46 alinéa 2). Le concert préalable aggrave l’infraction de rébellion (art. 135 du code
pénal).
Catalogue des infractions 637

La qualité de fonctionnaire est un élément de l’infraction, qui est


reconnu, non seulement aux fonctionnaires (personnels des carrières des
services publics de l’Etat) mais aussi aux personnes chargées d’une mission de
service public et aux personnes investies d’un mandat électif public( membres
du gouvernement, sénateurs, députés, gouverneurs de province, maires,
bourgmestres),aux personnes ayant un rôle dans le fonctionnement de la
justice (magistrats, greffiers, huissiers, officiers et agents de police), aux
fonctionnaires des impôts etc. Ce sont les dépositaires de l’autorité publique.
Est tenu dans les liens de l’infraction de vol qualifié un prévenu,
huissier de son état qui procède par escalade, usage de fausses clés, pour
accéder à la caisse et y soutire une somme d’argent1002. Pour que la circonstance
aggravante soit appliquée au fonctionnaire, il faut qu’il ait commis le vol à l’aide
de ses fonctions. Un magistrat qui profite de la perquisition pour voler les
bijoux de la propriétaire des lieux. Par contre le policier qui se déguise et hors
service pour voler une moto commet un vol simple.

2.Vol commis par un faux fonctionnaire public


Il y a circonstance aggravante constitutive de vol qualifié lorsque pour
commettre ou faciliter un vol l’auteur ou l’un des coupables a pris le titre d’un
fonctionnaire public . Il en est de même lorsqu’il a pris les insignes d’un
fonctionnaire public. L’agent commet aussi le vol aggravé quand il a allégué un
faux ordre de l’autorité publique. Dans le cas de vol commis par un
fonctionnaire, trois cas peuvent se présenter.
Primo, il suffit que le coupable déclare verbalement à sa victime
trouvée aux frontières qu’il est douanier, demande et se mette à fouiller ses
valises, occasion en or pour soutirer certains effets de valeurs.
Secundo, il se présente en uniforme de la douane , procède à des
fouilles et soustrait des effets personnels même de moindre valeur ; l’uniforme
a suffi pour tromper la victime.
Tertio, l’agent a brandi un faux ordre de mission ou une fausse carte de
service avant d’exercer le devoir de la charge et de commettre le vol.
3.Vol commis par un homme armé
Il suffit que le coupable ou l’un des coupables au moins ait été porteur
d’une arme. Peu importe qu’il s’en serve, qu’elle soit apparente, ou même
caché. Le juge a un large pouvoir d’appréciation pour déterminer ce qui est
arme et ce qui ne l’est pas. Toutefois sont armes tous les instruments qui
servent à attaquer et à défendre : fusil, pistolet, révolver,couteau, massue, lance,
flèche ciseaux, poignard, machettes, épée, etc.
4.Autres cas d’aggravations de vol

1002 er
Tribunal de grande instance de Bukavu.,R.P 10380, 1 novembre 2002,ministère public
et partie civile Congocel contre le prévenu Hangi Muhindo, inédit.
638
Catalogue des infractions

Il y a aggravation de la répression lorsque le vol est commis par un


majeur qui a utilisé l’aide d’un ou plusieurs mineurs. Il y a également
aggravation de la répression lorsque le vol est commis par une personne
porteuse d’une arme dont le port est prohibé.
b) Circonstances tenant aux victimes.
L’aggravation de la répression du vol est aussi provoquée par la prise
en compte des circonstances personnelles de la victime du vol. Il en est ainsi de
l’état d’une personne d’une particulière vulnérabilité, due à son âge, à une
maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état
de grossesse, apparence ou connue de l’auteur de l’infraction.
A l’état actuel de notre législation, seul le vol des biens d’un enfant est
aggravé s’il a été commis à l’aide de violences ou de menaces. La peine prévue
est de dix à vingt ans de servitude pénale et d’une amende de cinq cents mille à
un million de francs congolais (article 164 de la loi portant protection de
l’enfant).
c) Circonstances tenant au lieu.
Vol commis de nuit . La nuit est une circonstance aggravante du vol. Elle l’est
lorsque le vol est commis précisement la nuit dans une maison habitée ou ses
dépendances. L’aggravation est prévue en cas de vol commis dans une maison
habitée, dans un local d’habitation. N’est pas constitutif du vol aggavé le vol
d’un porc la nuit dans la rue1003.
1.La maison habitée
Par maison habitée, il faut entendre tout local servant à l’habitation même
si, au moment du vol il n’y a personne. Comme maison nous pouvons citer :
les appartements, logements, cabane, même mobile, le mobilum, servant à
l’habitation (tentes, roulottes etc.), le bâteau servant à l’habitation, une chambre
d’hôtel etc.Il n’est pas nécessaire qu’il s’agisse d’une habitation permanente. Il
peut s’agir d’un lieu servant à son propriétaire à passer uniquement les week-
ends.
2.La dépendance d’une maison
La dépendance d’une maison au sens de l’article 81 du code pénal livre II
est l’ensemble des constructions ou terrains qui se trouvent dans le voisinage
immédiat d’une maison habitée. Nous pouvons citer comme dépendance d’une
maison la cour, le jardin, la basse-cour attenant à la maison, le hangar et le
garage situés dans la cour, clôturée ou non, d’une maison habitée. La véranda
non clôturée d’une maison habitée est aussi sa dépendance.

d) circonstances tenant à la façon dont le vol est perpétré


La pénétration dans ces lieux protégés doit s’accompagner de ruse,
effraction, escalade. Il a été jugé que, faute pour la partie civile de préciser que

1003
Tribunal de grande instance de Kisangani, RP 10707, 11 octobre 2004, ministère public
et partie civile contre le prévenu Bambe Ngbanga, inédit.
Catalogue des infractions 639

le vol des moutons dont elle a été victime a eu lieu dans une maison habitée, le
tribunal exclura cette circonstance aggravante et ne considérera ce vol que
comme étant un vol simple1004.
1. La ruse
La ruse est faite d’astuce, d’artifice pour entrer dans le lieu, la fausse
qualité d’agent public a été prise comme ruse. Il en est également de tout autre
moyen utilisé pour « pénétrer » dans le lieu.
2. L’effraction
L’effraction est définie comme « le forcement, la dégradation ou la
destruction de tout dispositif de fermeture ou de toute espèce de clôture
….l’usage des fausses clés, des clés indûment obtenues ou de tout instrument
pouvant être frauduleusement employé pour actionner un dispositif de
fermeture sans le forcer ni le dégrader ». L’effraction est constituée par le bris
d’un carreau de vitre, le forçage d’une serrure.
Il y a effraction, lorsque le voleur fait sauter la serrure de la porte d’entrée, ou
brise une vitre pour pouvoir manœuvrer. Il en de même lorsqu’il dégrade la
clôture extérieure d’une propriété pour permettre le passage etc.
Il y a en outre effraction, lorsque le’agent fait sauter la serrure de la
porte d’une chambre ou casse le panneau d’une armoire ou enfin fait sauter le
cadenas d’une malle etc.
L’effraction n’est circonstance aggravante que si d’une part elle
précède le vol et que d’autre part la résistance brisée par l’effraction a été
sérieuse.Le pouvoir d’appréciation du juge demeure ici de grande importance.
3. L’escalade
L’escalade est définie comme le fait de s’introduire dans un lieu
quelconque soit par-dessus un élément de clôture, soit par toute ouverture non
destinée à servir d’entrée (tunnel, souterrain). Creuser jusqu’en dessous de la
fondation pour accèder dans la maison est une escalade. Entrer par-dessus les
murs, les portes, toitures ou toute autre espèce de clôtures comme les haies est
aussi une escalade.
Pour qu’il y ait circonstance aggravante, il faut que l’escalade ait servi à
l’auteur pour pénétrer dans les lieux du vol. Il a été jugé que constitue un vol
avec circonstance aggravante le fait pour un prévenu d’avoir escaladé le mur
d’une enceinte et d’y avoir soustrait quelques biens mobiliers dans la visée de
s’en rendre propriétaire1005.

e)Vol commis par emploi de fausses clefs

1004
Tribunal de grande instance de Bukavu, R.P 10 250, 24 mai 2002, Ministère public et
partie civile Masumbuko Bunyasi contre les prévenus Mweze Marhegane, et Alphonse
Muhindo, inédit.
1005
Tribunal de grande instance de Bukavu, RP 10380, 02 février 2001, ministère public et
partie civile la société Bralima contre le prévenu Biriondeke Dieudonné , inédit.
640
Catalogue des infractions

Le vol sera un vol qualifié si pour pénètrer dans les lieux, le voleur s’est
servi de fausses clefs. Par fausses clés, il faut entendre tout instrument autre
que la véritable clé. Les fausses clés peuvent aussi être la clé imitée, la clé dite
passe-partout ou même la véritable clé si elle a été volée ou trouvée.
Ont constitué des circonstances aggravantes le fait que le prévenu a usé
de fausses clés et a escaladé le mur pour accéder à la caisse1006. Le vol commis
par fausses clés est aggravé même s’il n’est pas commis dans une maison
habitée. Il suffit qu’il soit commis à l’intérieur d’un enclos, ou d’une simple
cabane fermée à clé ou encore d’une voiture.
La répression du vol aggravé nécessite de se référer à l’intitulé vol
qualifié. Il sied également de consulter l’infraction de vol des biens d’un enfant
développée sous l’intitulé protection de l’enfant après sa naissance.

595. Vol à l’aide de menaces


Par violences il faut entendre les actes de contrainte physique exercés sur
une personne, qu’ils soient légers, laissent des traces, des blessures ou des
contusions.
Prenons un exemple : pendant un vol, l’agent immobilise sa victime, la
main sur la bouche, lui inflige des coups, ou voile sa tête avant de la dépouiller
de ses bijoux. La violence doit avoir été exercée pour faciliter ou consommer le
vol. Par menace, on entend la contrainte morale, neutralisant par la crainte d’un
mal imminent la volonté que la victime se propose d’opposer à l’attaque. Tel
est le cas de menacer d’exercer des sévices sur les enfants si la victime s’oppose
au vol.
Le vol commis à l’aide de menaces est prévu et puni par l’article 82 du
code pénal congolais livre II. Ne commet pas le vol avec violences celui qui
coupe les cordons du sac contenant la somme volée.

a) Sanction applicable au vol à l’aide de menaces


Le vol à l’aide de violences et le vol à l’aide de menaces relèvent de
l’article 82 du code pénal livre II. Ils sont punis de cinq à vingt ans de servitude
pénale principale et d’amende ou de la servitude pénale principale seulement.

b) Prescription et tribunal compétent


La prescription de l’action publique est acquise en dix ans. Par
contre, la prescription de la peine a lieu en vingt ans (art 27 à 29 du code
pénal). Le tribunal de grande instance est celui compétent pour connaître du
vol à l’aide de violences ou menaces.
1006 er
Idem RP 10380, 1 novembre 2002, ministère public et partie civile Congocel contre le
prévenu Hangi Muhindo, inédit.
Catalogue des infractions 641

596. Vol à l’aide de violences (art.82du CPL II)


Voir vol à l’aide de menaces, n°595.

597. Vol à l’américaine


Voir escroquerie, n° 231.

598. Vol à mains armées


a) Texte légal
L’article 81 bis du code pénal livre II (issu de l’ord-loi n°67/193 du
03/05/1968) prévoit et réprime le vol à mains armées. L’article 81 bis est donc
le texte légal en matière de vol à mains armées.
b) Pénalités
Avant l’ordonnance-loi n°67, l’infraction de vol à mains armées était
sanctionnée à l’instar du vol qualifié de dix ans de servitude pénale.
L’ordonnance, eu égard à cette forme violente de criminalité qui menace le
patrimoine aussi bien que l’intégrité physique des êtres humains, a aggravé les
pénalités encourues. Elle a, en outre, institué une procédure spéciale.
C’est pourquoi, le vol à mains armées est désormais puni du châtiment
suprême, la peine capitale1007. A l’article 6 de la même ordonnance-loi précitée
il est dit que l’infraction de vol à mains armées doit être par priorité poursuivie
et jugée dans un délai d’un mois maximum (de l’ouverture de l’instruction à
celle du jugement).

c) Eléments constitutifs
L’infraction de vol à mains armées pour être établie dans le chef d’un
agent requiert tous les éléments constitutifs du vol simple. Outre ces éléments,
le port d’armes est l’élément particulier caractérisant l’infraction de l’article 81
bis du code pénal livre II.

1007
Nombreuses dispositions en droit pénal commun congolais prévoient la peine de mort.
La peine de mort sanctionne les atteintes à la vie humaine telles que l’assassinat (art. 45 du
code pénal), le meurtre (art. 44) , l’empoisonnement(art. 49), l’épreuve superstitieuse ayant
causé la mort(art. 57), l’arrestation ou la détention arbitraires accompagnées de tortures et
suivies de mort (art. 67 al. 2), le meurtre commis pour faciliter le vol ou assurer l’impunité
(art. 85), la formation de bandes armées dans le but d’attenter aux personnes ou aux
propriétés (art. 156 à 158), le viol ou l’attentat ayant causé la mort(art. 171°). Les atteintes à
la sûreté de l’Etat telles que la trahison (art. 181 à 184 du code pénal), l’espionnage (art.
185) , l’attentat contre le chef de l’Etat (art. 193) , l’attentat tendant à porter le massacre et le
pillage(art. 200) , la sédition organisée en bandes armée(art. 204) , l’usage d’une arme dans
un mouvement insurrectionnel(art. 207) et la direction ou l’organisation des mouvements
insurrectionnels (art. 208). Le code pénal militaire prévoit d’autres cas plus nombreux qu’il
sanctionne de la peine capitale.
642
Catalogue des infractions

L’arme comprend toutes machines, tous instruments, ustensiles ou tous


autres objets tranchants, perçants ou contondants1008. L’énumération n’est
qu’indicative. La doctrine a fourni divers autres exemples1009 pour définir les
armes.
Sont armes tranchantes ou perçantes un revolver, un pistolet, un
couteau, un poignard, une épée, une lance, une flèche, une machette, une
hache, des ciseaux.
Sont armes contondantes, les armes qui meurtrissent par écrasement sans
couper comme un casse-tête, une massue… Les bâtons et les pierres doivent
avoir des dimensions exagérées pour rentrer dans la catégorie des armes.

d) Prescription de l’action publique


L’action publique du vol à mains armées se prescrit en dix ans. La peine
assortie, parce qu’il s’agit de la peine de mort, est imprescriptible.

599. Vol dans les champs.


Le vol dans les champs de récoltes détachées du sol et le vol des récoltes
non encore détachées du sol dit « maraudage » sont des vols simples s’ils ne
sont pas accompagnés des circonstances aggravantes. Il a été jugé cependant
qu’il n’y a pas vol d’arbres ou de fruits par un membre du clan lorsque les
arbres fruitiers et toute la forêt appartiennent au clan de deux parties au procès
et que l’emplacement litigieux appartenait à leurs ancêtres communs.1010
Le tribunal qualifie , non de destruction méchante mais plutôt de vol, le
fait pour un prévenu de couper les arbres d’un tiers et les vendre à son profit
personnel1011.
Lorsque les circonstances tiennent soit au temps où le vol a été commis (la
nuit : l’intervalle du temps qui s’écoule entre le lever et le coucher du soleil),
soit à la qualité de l’auteur (fonctionnaire à l’aide de ses fonctions) soit aux
modes d’opération (à l’aide de violences ou menaces, d’effraction, d’escalade
ou de fausses clés, par port d’armes). De ce qui précède, les vols dans les
champs avec circonstances aggravantes constituent des vols qualifiés.

1008
C.S.E., 21 juin 1974, R.J.Z., 1979, p 101.
1009
LIKULIA BOLONGO., op.cit, p.395.
1010
C.S. J., RC 670, 30 mai 1984, inédit.
1011
Tribunal de grande instance de Bukavu, RP 7013, 06 décembre 1991, ministère public et
partie citante Bunani Mukoma Lutumwe contre le prévenu Nshombo Komukara, , inédit.
Catalogue des infractions 643

600. Vol de chambrée


I. Notions de vol de chambrée

Le vol commis par un militaire ou assimilé au préjudice de l’habitant


chez qui il est logé en vertu d’une réquisition est appelée vol de chambrée.
Autrefois, la notion de « vol de chambrée » visait le vol commis dans la
chambre dont fait partie le prévenu et au préjudice d’un de ses camarades qui
en fait également partie1012. Cette conception est désormais dépassée.
Actuellement le vol de chambrée s’entend de toute soustraction frauduleuse
par un membre de l’armée ou assimilé d’un bien appartenant à l’occupant d’une
habitation où celui-ci est logé en vertu d’une réquisition régulièrement établie
par une autorité compétente.

II. Eléments constitutifs

a) L’auteur du vol de chambrée doit revêtir la qualité de militaire.


b) L’acte de soustraction comme le passage de la chose de la possession du
légitime détenteur à la possession de l’auteur de l’infraction, à l’insu et
contre le gré du légitime détenteur. Il s’agit de subtiliser, d’enlever.
c) La soustraction doit porter sur des biens meubles, les objets susceptibles de
déplacement.
d) La victime ne peut être que « l’habitant chez qui l’agent est logé ».
e) L’intention frauduleuse ; elle est à entendre comme le fait pour l’agent de
s’emparer de la chose comme propriétaire tout en sachant que cette chose
est à autrui et que le propriétaire n’y consent pas.

III. Régime répressif

L’incrimination de vol de chambrée est prévue et sanctionnée par


l’article 205 du code pénal militaire. L’auteur de l’infraction de vol de chambrée
encourt une peine de cinq à dix ans de servitude pénale principale. Pour
tomber sous le coup de l’article 205 du code pénal militaire, l’agent doit
préalablement avoir bénéficié d’une réquisition de l’autorité compétente et de
l’octroi d’un logement.
La réquisition est un acte de la puissance publique consistant dans la
mainmise de l’autorité, indépendamment de tout consentement du propriétaire
quant à la délivrance et au prix de l’objet, sur les choses qu’elle juge nécessaires
aux besoins de l’armée1013.

1012
CGA PP Cost., 18 février 1942, RJCB 1942, p.142.
1013 ère
1 Inst. Léo, 23 juillet 1941, RJCB, p.218.
644
Catalogue des infractions

601. Vol d’énergie


Voir vol, n° 593.

602. Vol de substances minérales


Par vol de substances précieuses, il faut entendre la soustraction
frauduleuse des minerais ; l’or, le cuivre, le diamant, le coltan, la cassitérite, etc.

a) Texte légal
Le code minier est la loi qui définit et réprime le vol des substances
minérales. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. En effet, le législateur s’est
montré très innovant dans la répression législative de la prévention de vol de
substances minérales.

b) Bref aperçu historique


Tout commence par l’ordonnance-loi n° 22 du 12 décembre 1965 qui
renforça la protection des substances précieuses dans la région du Kasaï. Au
Kasaï, le vol des substances précieuses relevait de la compétence de la
juridiction militaire exclusive. Par l’ordonnance-loi n°56 du 31 décembre
1965, la connaissance du vol des substances précieuses par la juridiction
militaire exclusive fut étendue à tout le territoire de la République. Puis vint
l’ordonnance-loi n°71/095 du 2 octobre 1971. En son article 1er, elle disposait
que toutes les infractions ayant un lien d’indivisibilité ou de connexité avec les
infractions contre les dispositions légales relatives à la protection des
substances précieuses seront jugées par les juridictions militaires compétentes.
Dans ce contexte, avait été créée au sein de la Gendarmerie Nationale, par
la loi n°74/019 du 15 juillet 1974, une brigade minière. Celle-ci était chargée de
la surveillance des mines des substances précieuses, de la recherche et de la
constatation des infractions relatives au trafic et à la détention des substances
précieuses.
Avec l’article 96 alinéa 7 et 8 de l’ordonnance-loi n°82-020 du 31/03/1982
portantCode de l’Organisation et de la Compétence Judiciaires telle que
complétée par l’ordonnance-loi n°83-009 du 29/03/1983, le vol des substances
minérales fut déféré à la compétence matérielle de la Cour de Sûreté de l’Etat.
De nos jours, en vertu de l’article 17 de la loi 002/ 2001 du 3 juillet 2001 et la
suppression de la cour de sûreté de l’Etat, cette infraction ne relève désormais
plus ni des juridictions militaires ni des juridictions exceptionnelles.

c)Peines prévues par le législateur


L’article 300 du code minier (Loi 007/2002 du 11 juillet 2002) prévoit
le vol et le recel des substances minérales. La sanction est, sans préjudice des
Catalogue des infractions 645

dispositions particulières en matière de substances précieuses et celles prévues


par le Code pénal, d’une amende de l’équivalent de 5.000 à 20.000 $US.
Le délai de prescription de l’action publique est pour le vol simple de
trois ans. Il est d’un délai de dix ans pour les autres cas.

603. Vol des substances précieuses


a) Quel est le texte légal ?
L’ordonnance-loi n°72/005 du 14 janvier 19721014 a été prise pour
renforcer la protection de certaines substances contre les vols. Elle demeure,
pour n’être pas encore abrogée, de nos jours le texte de loi, la loi en vigueur.

b) Quels sont les actes réprimés et les sanctions y afférentes ?


Sont ici considérés comme vol les actes matériels de trafic et de détention
sans titre légal. En effet, le trafic et la détention sans titre légal de l’uranium,
du mercure, du cadmium, de la cassitérite, du cuivre, de l’étain, du sodium, du
cobalt, du Zinc, du plomb, du souffre, de la cocaïne sont infractionnelles.
L’auteur du trafic et de la détention sera puni de dix ans à vingt ans de
servitude pénale (article 1er). Aux termes de l’article 2 de la même loi, le vol, le
détournement, le trafic et la détention sans titre légal des mitrailles de bronze et
du cuivre sont punis de mêmes peines.
Outre cette servitude pénale la confiscation générale des biens présents du
condamné sera obligatoirement prononcée par le juge (article 3). Il s’agit des
biens de toute nature : meubles ou immeubles, corporels ou incorporels, divis
ou indivis.

604. Vol des effets militaires


L’article 79 du code pénal congolais livre II dispose : « quiconque a
soustrait frauduleusement une chose qui ne lui appartient pas est coupable de
vol ». L’infraction de vol des effets militaires consiste en la soustraction
frauduleuse des armes, munitions, véhicules, effets, ou les autres objets
appartenant à l’armée (ou corps apparentés), à des militaires(ou assimilés) ou à
l’Etat.

I. Eléments constitutifs

L’infraction de vol d’effets militaires prévue et sanctionnée par l’article


74 du code pénal militaire suppose la réunion des éléments matériels et
intellectuels ci-après.

1014
Journal officiel, 1972, p.71.
646
Catalogue des infractions

a)Les éléments matériels


L’acte de soustraction tel que repris à l’infraction de vol et les objets
protégés, c’est-à-dire les armes, les munitions, les véhicules, les effets, ou les
autres objets appartenant à l’armée (ou corps apparentés), à des militaires(ou
assimilés) ou à l’Etat.

b)Les éléments intellectuels


L’appartenance des objets visés à l’armée, à des militaires ou à l’Etat ainsi
que l’intention frauduleuse.

II. Régime répressif

L’auteur encourt une peine d’un an à dix ans de servitude pénale


principale (art. 74 du code pénal militaire). Le juge peut appliquer la
confiscation spéciale sur les biens déterminés par la loi, ou sur ceux ayant servi
à la commission de l’infraction. Il est en outre prévu le renvoi de l’auteur de
l’infraction de l’armée ou des services apparentés, peu importe le taux de la
peine.
Le vol, le détournement et la destruction méchante en temps de guerre
ou pendant les circonstances exceptionnelles des armes, munitions, véhicules,
effets et autres objets destinés à des opérations militaires constituent des actes
de sabotage. Ils sont punis de mort (article 202 du code pénal militaire).

605. Vol domestique


Le vol est un « vol domestique », chaque fois qu’il a été commis au
préjudice du maître, sans qu’il y ait à rechercher le lieu où il s’est produit.
L’auteur ou l’inculpé travaille habituellement chez le volé, un employé
travaillant dans l’habitation du maître et payé par lui.
Le vol domestique implique la violation du devoir qu’impose au serviteur
la confiance que son maître est obligé d’avoir en lui. Sont réputés domestiques,
les vols commis par l’employé d’un fonctionnaire public payé par celui-ci mais
non l’agent de l’administration (c’est-à-dire le fonctionnaire public) mis sous les
ordres d’un fonctionnaire. Ce dernier agent parce qu’il a commis le vol à l’aide
de ses fonctions commet un vol qualifié. En revanche, le vol commis par un
domestique, un ouvrier ou apprenti soit dans la maison du maître, soit dans
l’atelier soit dans le magasin ou par un fleuriste, un cuisinier, un hôtelier, est un
vol simple car domestique.
Catalogue des infractions 647

Le code pénal militaire organise l’infraction de vol de chambrée. A l’article


205 du code pénal militaire, est puni d’une servitude pénale de cinq à dix ans
tout militaire ou assimilé (policier et membre du Service National) qui a
perpétré un vol au préjudice de l’habitat chez qui il est logé en vertu d’une
réquisition.

606. Vol d’un bien d’un enfant


Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance, n° 467- 51.

607. Vol d’usage


Voir vol, n° 593.

608. Vol qualifié


Au delà des éléments constitutifs du vol que nous venons d’énumérer
(voir vol), il existe dans l’auteur du vol un degré de criminalité plus accru.
Celui-ci aggrave l’infraction et en fait ce qu’on appelle un vol qualifié. Le vol
est aggravé s’il est commis à l’aide d’effraction, d’escalade ou de fausses clés.
Le texte légal qui définit le vol qualifié (circonstances aggravantes du vol)
est l’article 81 du code pénal congolais livre II. La peine pourra être portée à
dix ans de servitude pénale, en cas de :
1° vol commis à l’aide d’effraction, d’escalade ou de fausses clés ;
- si le voleur a dû briser ou fracturer un obstacle pour accéder au butin
(effraction) ; il en est ainsi si le voleur détruit le cadenas pour s’introduire
au domicile de la victime, s’il casse la porte de la boutique par des barres
d’acier, d’amortisseurs et des barres de fer pour faciliter l’entrée à
l’intérieur de la boutique1015 ;
- si le voleur a dû monter et descendre, ramper ou entrer par une
ouverture (escalade) ;
- si le voleur a utilisé pour atteindre son butin des clés autres que
d’origine, crochet, clés imitées par exemple (fausses clés1016).
2° vol commis la nuit dans tout lieu quelconque servant d’habitation ou ses
dépendances (boyerie, garage, jardin, basse- cour etc..) ;
3° vol commis par un fonctionnaire public à l’aide de ses fonctions ; les vols
commis par un policier au préjudice de l’habitant chez lequel il est cantonné

1015
Tribunal de grande instance de Kinshasa-Kalamu, jugement R.P 7687, 14 février 2000,
inédit.
1016
Le vol est qualifié car la soustraction a été réalisée non seulement la nuit, dans une
maison habitée mais également à l’aide d’une clé oubliée, assimilable en conséquence à
une fausse clé (Rp 10657, 14 avril 2004, tgi/kisangani, Ministère public et partie civile Gbadi
contre le prevenu Tanda Kashinda, inédit).
648
Catalogue des infractions

ou dans la maison duquel il perquisitionne rentrent dans cette catégorie. Il a


été jugé que le vol du matériel commis par un enseignant chargé de
laboratoire constitue un vol qualifié , parce qu’il s’agit d’un fonctionnaire
public quiprofite de ses fonctions pour délinquer1017.
4° vol commis en prenant le titre ou les insignes d’un fonctionnaire (vol
commis par un faux fonctionnaire public) ; s’introduire muni du mandat de
perquisition chez autrui alors que l’on n’est pas nanti de la qualité requise,
sans être commis à cette tâche, et y procéder au vol des biens.
Le vol qualifié, dont la prescription de l’action publique est
acquise en dix ans, est de la compétence du tribunal de grande instance. La
peine se prescrit au délai double de la peine prononcée, sans que ce délai puisse
être inférieur à deux ans. La peine peut s’éteindre indirectement par
l’effacement de la condamnation qui lui servait de support. A cet effet, le
législateur congolais connaît deux institutions : l’amnistie1018 et la
réhabilitation1019.

1017
Tribunal de grande instance de Bukavu., R.P 10019 minstère public et partie civile
institut d’Ibanda contre le prévenu Muhunga matumwabirhi, 30 janvier 2001, inédit.
1018
L’amnistie a généralement pour but d’apaiser les passions et les esprits après une crise
politique (Nyabirungu M, S., op cit. p. 354). Le mot « amnistie » vient des mots grecs « a»
privatif et « mnaomai » qui signifie : je me souviens. L’amnistie est donc une mesure de
clémence. Elle a pour effet d’enlever rétroactivement à certains faits leur caractère
délictueux. C’est-à-dire que les faits ont eu lieu, ils ne sont pas effacés, leur caractère
infractionnel est seul effacé. L’amnistie est d’ordre public , le bénéficiaire ne peut y
renoncer. L’autorité judiciaire doit l’appliquer d’office. L’amnistie relève du domaine de la
loi, elle est accordée par des lois particulières. Pour des faits dont les poursuites ne sont
pas encore engagées, ou même sont en cours, elles cessent immédiatement. Puisque
l’amnistie dépouille rétroactivement de leur caractère délictueux les agissements amnistiés,
il en résulte que la condamnation éventuellement intervenue à la suite de ceux-ci manque
désormais le fondement et doit être considérée comme non avenue. L’exécution devient
donc désormais impossible, celle qui était en cours doit cesser et celle qui est terminée doit
être censée n’avoir jamais eu lieu.
En conséquence, la condamnation ne peut donc plus figurer dans le casier judiciaire, ni
constituer un empêchement à l’octroi du sursis, ni être en considération pour la récidive ou
la délinquance d’habitude. L’amnistie étant l’oubli, la condamnation ne peut plus être
rappelée, ni fonder ou justifier une prétention en justice ou devant l’Administration, ni figurer
dans un document quelconque. Toutefois, la victime d’une infraction amnistiée peut obtenir
réparation en fondant son action sur les faits.
1019
Lorsqu’un individu a fait l’objet d’une condamnation et qu’il a purgé sa peine ou que
celle-ci ne peut plus être mise à exécution (parce qu’elle est prescrite par exemple), il
demeure souvent frappé de diverses incapacités qui peuvent gêner son reclassement
(incapacité d’être commerçant ou d’exercer certaines professions, déchéance de certains
droits civiques ou de famille). La réhabilitation efface les effets de la condamnation pour
l’avenir. Elle est un encouragement à la bonne conduite du délinquant et vise la réinsertion,
face à une situation légale et peut-être sociale perdue par juste condamnation. La
réhabilitation est réglementée par le décret du 21 juin 1937, tel que modifié notamment par
Catalogue des infractions 649

609. Vol qui a été l’occasion d’un meurtre


Il s’agit d’un vol qui a été l’occasion d’un meurtre soit pour le faciliter soit
pour en assurer l’impunité.. Cette catégorie d’infraction est prévue et réprimée
par l’article 85 du code pénal livre II. « Le meurtre commis, soit pour faciliter
le vol ou l’extorsion, soit pour en assurer l’impunité, est puni de mort ».
Nous renvoyons utilement pour ce qui est du régime répressif ainsi que
des exemples à « meurtre commis pour faciliter un vol ou une extorsion ou
pour assurer l’impunité ».

610. Vol simple


Voir vol, n° 593.

le décret du 22 août 1959 et l’ordonnance législative du 28 août 1959 (Codes Piron, II, p.
165).
La réhabilitation fait cesser, pour l’avenir, tous les effets de la condamnation. Celle-ci ne
figurera plus au casier judiciaire, n’empêchera plus l’octroi du sursis et ne sera pas prise en
considération pour déterminer l’application des articles 14 b et d sur la récidive et la
tendance persistante à la délinquance. Par contre la réhabilitation n’empêche pas l’action en
dommages-intérêts. Elle ne peut nuire aux intérêts des tiers, ne met pas obstacle à une
action en divorce ou en séparation des corps fondée sur la condamnation.
Il faut remplir des conditions pour obtenir la réhabilitation
1° Cinq ans doivent s’être déjà écoulés depuis l’ex tinction de la peine ou depuis la
condamnation conditionnelle.
2° Le demandeur doit s’être déjà acquitté des resti tutions, dommages –intérêts et frais
auxquels il avait été condamné.
3° La peine doit avoir été exécutée, remise en vert u du droit de grâce, ou être comme non
avenue par suite de sursis.
4°Le condamné doit n’avoir jamais bénéficié auparav ant d’une réhabilitation.
5° Le condamné doit avoir fait preuve de bonne cond uite et avoir eu une résidence certaine,
pendant ce délai.
Le condamné doit diriger sa requête vers le Procureur Général près la juridiction dont relève
le tribunal ou la cour qui a prononcé la condamnation. La Cour instruit le dossier, entend les
témoins. A l’issue de l’instruction, il peut y avoir soit rejet de la demande soit réponse
positive. Dans le dernier cas, il est ordonné qu’un extrait de l’arrêt de réhabilitation soit
mentionné en marge des jugements ou arrêts des condamnations définitives antérieures.
650
Catalogue des infractions

611. Zoophilie
La zoophilie est le fait d’avoir volontairement des rapports sexuels avec
un animal. C’est aussi le fait d’avoir, par ruse, violences, menaces ou par toute
autre forme de coercition ou artifice, obligé une personne à avoir des relations
sexuelles avec un animal1020.
Etant donné que l’homme peut avoir des accouplements contre nature
avec des bêtes, un accès charnel avec des animaux, le législateur a créé
l’infraction de zoophilie par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 complétant et
modifiant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais.
I.Les éléments constitutifs de la zoophilie

Aux termes de l’article 174 h du code pénal livre II tel que modifié et
complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 l’on peut distinguer la
zoophilie imposée par autrui et la zoophilie volontaire. Partant de l’article 174
de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant, il y a en
outre l’incitation d’un enfant à des relations sexuelles avec un animal
1.La zoophilie imposée
Elle est reprise à l’article 174 h du code pénal livre II tel que modifié et
complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006, alinéa 1er. L’acte matériel de la
zoophilie imposée est constitué de la contrainte faite à une personne à avoir
des relations sexuelles avec un animal . Il importe peu que cet animal soit
domestique ou sauvage. Cette zoophilie imposée peut être à l’encontre d’une
personne adulte ou d’une personne mineure.
1° La contrainte est la pression morale, physique, financière etc.. exercée sur
une personne ou encore toute obligation qui est faite à la victime d’accomplir
un acte contre son gré, en l’espèce entretenir des relations sexuelles avec un
animal. Cette contrainte exonère l’auteur de l’acte. Elle est cause
d’irresponsabilité pénale. Par contre la même contrainte fait endosser la
responsabilité pénale à la personne qui l’a exercée.
2° La personne protégée est celle qui est obligée à entretenir des relations
sexuelles avec la bête , peu importe les relations avec l’auteur de cette
contrainte ou son sexe.
3° La zoophilie peut se réaliser aux moyens de plusieurs procédés ; par
violences, menaces, ruse ou toute autre coercition ou artifice.
4° L’élément moral consiste en la connaissance par l’agent du caractère
répréhensible de son acte, la contrainte pour des relations sexuelles entre une

1020 er
Alinéas 1 et second de l’article 174 h du code pénal livre II, tel que modifié par la loi n°
06/018 du 20 juillet 2006.
Catalogue des infractions 651

personne humaine et un animal ou une bête. Aucune cause ou raison ne justifie


l’acte.
2.La zoophilie volontaire
Elle est reprise à l’article 174 h du code pénal livre II tel que modifié et
complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006, second alinéa. La personne qui
aura volontairement eu des rapports sexuels avec un animal sera puni des
mêmes peines que celles prévues à l’article 174 h alinéa 1er .
L’acte matériel est caractérisé par l’interpénétration des organes sexuels
d’une personne humaine et d’un animal ou d’une bête. Un homme ou une
femme se résout à s’accoupler avec un animal sans contrainte ni influence d’un
tiers.
Dès que l’homme se livre de manière libre et consciente à pénétrer( ou
à se faire pénétrer par ) l’organe sexuel d’un animal, l’intention délictueuse est
établie. Le mobile importe peu.

3. L’incitation d’un enfant à des relations sexuelles avec un


animal
a)L’élément légal
Aux termes de l’article 174 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009
portant protection de l’enfant, l’incitation d’un enfant à des relations sexuelles
avec un animal constitue la forme de zoophilie imposée aux mineurs.
L’incitation peut consister en la provocation, l’engagement, l’embauchage, le
recrutement, la persuasion, la contrainte, le détournement, la récommandation,
l’encouragement etc. Divers procédés peuvent réaliser cette incitation.
b)La personne protégée
La personne protégée est la personne âgée de moins de dix-huit ans. Il
y a par le fait de la loi, défaut de consentement dans le chef du mineur. L’âge
de la minorité peut être prouvée par acte de l’état civil et l’examen médical. En
cas de doute sur l’âge, la présomption de la minorité prévaut1021.
c)l’élément moral
L’élément moral consiste à inciter l’enfant à des relations sexuelles avec un
animal de manière libre et consciente.
II. Régime répressif
a) Peines à encourir par l’auteur
Les sanctions à infliger au coupable sont prévues par l’article 174h du
code pénal livre II, tel que modifié par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006. La
personne humaine qui oblige une autre à avoir des relations sexuelles avec un
animal sera punie de cinq à dix ans de servitude pénale et d’une amende de
deux cent mille francs congolais constants. L’individu qui procède

1021
Article 110 alinéa 3 de la loi n° 09/001 du 10 janv ier 2009 portant protection de l’enfant.
652
Catalogue des infractions

volontairement à cet acte avec une espèce donnée d’animal domestique ou


sauvage encourt les mêmes peines.
Le coupable de l’infraction de zoophilie est soit le responsable de la
contrainte, soit celui qui volontairement passe des rapports sexuels avec un
animal.
L’incitateur à la zoophilie, peu importe le mobile et les motivations, encourt
les peines prévues à l’article 174 h du code pénal livre II, tel que modifié par la
loi n° 06/018 du 20 juillet 2006. L’incitateur à la zoophilie à l’encontre d’un
enfant subira une peine de sept à quinze ans de servitude pénale principale et
une amende de cinq cent mille à un million de francs congolais.
Si l’incitateur est le père ou la mère , le parâtre ou la marâtre ou toute
personne exerçant l’autorité parentale sur l’enfant, le juge prononcera en plus la
déchéance de l’autorité parentale1022.

b) Tribunal compétent et prescription de l’action publique


L’acte contre nature de zoophilie est de la compétence du tribunal de
grande instance. Cela est évident au regard du taux de la peine. L’action
publique relative à cette prévention est prescriptible dans le délai de dix ans
après la commission des faits.

c) Procédure et répression
Le législateur congolais organise une procédure spéciale et une
répression sévère de la zoophilie à l’instar de toutes les infractions
constitutives de violences sexuelles. Nous recommandons en ce qui concerne
des plus amples détails sur le régime juridique spécial de l’infraction de
zoophilie la lecture de l’intitulé « violences sexuelles ».

1022
Article 184 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant prot ection de l’enfant.
Catalogue des infractions 653

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(1951) 78 R.T.N.U. 277.

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MBIKAYI et INIER LATEBO, Kinshasa, 1986.
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IV, V et VI Larcier - Afrique-Editions, Edition 2003 © Larcier.
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de justice, J.O n°7 avril 1982.
67. Ordonnance-loi n°82-020 relative au code de l’organisation et de la
compétence judiciaires, J.O., n°7, avril 1982, p.39.
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III. Jurisprudence
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Catalogue des infractions 657

71.COLIN (J.P). , Répertoire Général de la Jurisprudence Congolaise.


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Bukavu, Goma, kananga, Kindu et Kisangani, Edition critique, Service de
Documentation et d’Etudes du Ministère de la Justice, Kinshasa 2005.
73. DIBUNDA KABUINJI. , Répertoire général de jurisprudence de la cour
suprême de justice, Edition Connaissance et Pratique du Droit
Zaïrois « C.P.D.Z », Kinshasa, 1990.
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jurisprudence et doctrine (1954 -1967) Office National de la Recherche et
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75.KATUALA KABA KASHALA, LUMBALA ILUNGA Victor, MWANZA
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IV. Revues
80.Annales de la faculté de droit, Kinshasa.
81.Revue de droit congolais doctrine – jurisprudence - législation information,
centre de recherches et de diffusion juridiques.
82.Revue de droit pénal et de criminologie.
83.Revue de science criminelle et de droit pénal comparé.
84.Revue interdisciplinaire des droits de l’homme.
85.Revue juridique de droit.
86.Revue juridique du Congo, 1er partie. Droit Ecrit, 45ème année, janvier –
Février, mars, avril 1969.
87.Revue juridique du Congo Belge.
88.Revue juridique du Zaïre.
658
Catalogue des infractions

TABLE ALPHABETIQUE

Préface ............................................................................................. Erreur ! Signet non défini.


Avant-propos .................................................................................... Erreur ! Signet non défini.
L’auteur .............................................................................................. Erreur ! Signet non défini.
Introduction générale .................................................................................................................
I. De l’évolution générale .......................................................................... 5
II. Des définitions ...................................................................................... 6
1. La structure classique des infractions .................................................... 6
2. L’intérêt de la qualification ................................................................... 7
III. Des caractéristiques du droit pénal spécial.......................................... 7
IV. Des sources du droit pénal spécial congolais ...................................... 8
1. Les sources du droit pénal ..................................................................... 8
2. La détermination des infractions ........................................................... 8
3. La détermination des peines .................................................................. 8
4. La constitution du 18 février 2006 ........................................................ 9
5. Les lois ordinaires ................................................................................. 9
6. La Jurisprudence est une source importante du droit penal appliqué . 10
7. La doctrine........................................................................................... 11
8. La Coutume crée le droit ..................................................................... 11
9. La force de l’intime conviction du juge .............................................. 11
10. Les principes généraux s’appliquent au droit pénal spécial congolais
.............................................................................................................. 12
V. Du contenu de l’ouvrage .................................................................... 12
VI. De la méthode appliquée ................................................................... 13
Principales abréviations ..........................................................................................................
Principales abréviations ..........................................................................................................
00. Abandon de famille ........................................................................... 16
I. Eléments Constitutifs de l’infraction ..................................................... 16
II. Poursuites ............................................................................................ 18
01. Abandon de foyer .............................................................................. 20
I. Eléments constitutifs ............................................................................. 21
II. Régime répressif .................................................................................. 21
02. Abandon de poste .............................................................................. 22
I. Eléments constitutifs ............................................................................. 22
II. Régime répressif .................................................................................. 23
03. Abandon des soins ............................................................................. 23
04. Abandon d’un navire ou aéronef militaire ........................................ 24
I. Conditions préalables ............................................................................ 24
II. Eléments constitutifs proprement dits ................................................. 24
Catalogue des infractions 659

III. Sanctions susceptibles d’être encourues .............................................. 25


05. Absence du numéro d’identification nationale.................................. 25
06. Absence irrégulière ........................................................................... 25
I. Eléments constitutifs ............................................................................. 25
II. Régime répressif .................................................................................. 26
07. Abstention coupable d’un fonctionnaire ........................................... 26
I. Eléments constitutifs ............................................................................. 27
II. Poursuites ............................................................................................ 28
0.8. Abstention d’accomplir un acte de fonction requis à l’occasion
d’abus ou de mise en danger d’un enfant ................................................ 29
09. Abstention d’apporter secours à une personne en danger ............ 30
I. Conditions préalables et éléments constitutifs ....................................... 30
II. Poursuites ............................................................................................ 30
10. Abstention d’assistance contre une infraction ................................... 31
I. Conditions préalables et éléments constitutifs ....................................... 31
11. Abstention de combattre l’ennemi .................................................... 33
I. Conditions préalables ............................................................................ 33
II. Eléments constitutifs ........................................................................... 33
12. Abstention de donner des soins préventifs requis à l’enfant ......... 34
13. Abstention de porter assistance à une femme en instance
d’accouchement ....................................................................................... 34
14. Abstention de porter secours à un enfant menacé d’atteinte
imminente à sa vie ................................................................................... 34
15. Abus de confiance ............................................................................. 34
I. Conditions préalables et éléments constitutifs ....................................... 34
II. Régime juridique et Poursuites ............................................................. 37
16. Abus de dot........................................................................................ 39
I. Définition.............................................................................................. 39
II. Poursuites ............................................................................................ 40
17. Abus des biens d’un enfant ............................................................... 40
18. Abus des biens sociaux ..................................................................... 40
a)Responsabilité personnelle des dirigeants ............................................ 41
b)Biens sociaux, objet de la protection légale ......................................... 41
19. Abus des croyances superstitieuses ................................................... 43
20. Abus du droit de réquisition .............................................................. 43
I. Eléments constitutifs ............................................................................. 44
II. Régime juridique .................................................................................. 44
21. Accès illicite aux zones protégées ..................................................... 44
I. Eléments constitutifs ............................................................................. 45
II. Répression ........................................................................................... 45
660
Catalogue des infractions

22. Accusation de sorcellerie à l’égard d’un enfant ................................ 45


23. Achat et vente illicite des substances minérales................................ 45
24. Actes d’anthropophagie..................................................................... 45
25. Actes de commerce en temps de guerre avec un agent d’une
puissance ennemie ................................................................................... 46
26. Actes de cruautés infligés aux animaux ............................................ 46
27. Actes de violence dans un bureau de vote......................................... 46
28. Activités minières illicites. ................................................................ 46
29. Administration des substances nuisibles ........................................... 46
I. Eléments constitutifs ............................................................................. 46
III. Poursuites........................................................................................... 47
30. Administration volontaire des substances nuisibles à un enfant ... 48
31. Adultère ............................................................................................. 48
I. Eléments constitutifs ............................................................................. 49
Pour être caractérisée, l’infraction d’adultère exige la réunion de trois
éléments à savoir l’état de mariage, la conjonction sexuelle, l’intention
coupable outre l’élément propre à l’adultère du mari.............................. 49
II. Poursuites ............................................................................................ 51
32. Anthropophagie ................................................................................. 52
I. Définition.............................................................................................. 52
II. Eléments constitutifs ........................................................................... 52
III. Poursuites........................................................................................... 54
c)Prescription de l’action publique ......................................................... 54
33. Arrangement avec le pouvoir ennemi ............................................... 55
I.Eléments constitutifs .............................................................................. 55
II. Sanctions applicables ........................................................................... 55
34. Arrestation arbitraire et détention illégale ......................................... 56
I. Eléments constitutifs ............................................................................. 56
II. Poursuites ............................................................................................ 58
35. Arrestation d’un enfant...................................................................... 59
36. Assassinat .......................................................................................... 59
I. Eléments constitutifs ............................................................................. 59
II. Régime répressif .................................................................................. 61
37. Association de malfaiteurs ................................................................ 62
I. Eléments constitutifs ............................................................................. 62
II. Poursuites ............................................................................................ 65
38. Association formée dans le but d’attenter aux personnes et aux
propriétés ................................................................................................. 65
39. Atteinte à la liberté de commerce ...................................................... 66
40. Atteinte à la liberté des cultes et de conscience ................................ 67
Catalogue des infractions 661

I. Eléments constitutifs ............................................................................. 67


II. Poursuites ............................................................................................ 68
41. Atteinte à la sûreté de l’Etat .............................................................. 69
I. Poursuites ............................................................................................. 69
42. Atteinte au secret de la défense nationale ......................................... 70
43. Atteinte aux droits garantis aux particuliers ...................................... 71
I. Eléments constitutifs ............................................................................. 71
b. L’élément moral ................................................................................ 71
II. Poursuites ............................................................................................ 72
a) Le texte légal est l’article 180 code pénal livre II. ....................... 72
44. Attentat à la liberté individuelle ........................................................ 73
45. Attentat à la pudeur ........................................................................... 73
I. Eléments constitutifs ............................................................................. 73
b)L’élément moral ................................................................................. 74
II. Poursuites ............................................................................................ 74
46. Attentat à la pudeur commis avec violence, ruse ou menace ............ 75
47. Attentat à la pudeur commis à l’aide des personnes ....................... 75
1. Attentat à la pudeur commis à l’aide d’un ou plusieurs enfants. ............. 75
48. Attentat aux mœurs ........................................................................... 77
a)Texte légal ............................................................................................ 77
50. Avortement ........................................................................................ 79
I. Eléments constitutifs ............................................................................. 79
II. Régime répressif .................................................................................. 80
51. Avortement par autrui ....................................................................... 82
52. Avortement sur soi-même ................................................................. 82
53. Banqueroute ...................................................................................... 83
54. Banqueroute frauduleuse ................................................................... 84
55. Banqueroute simple ........................................................................... 84
56. Baptême d’un adepte Zaïrois en lui conférant une appellation aux
résonances étrangères .............................................................................. 85
57. Bigamie ............................................................................................. 86
I. Eléments constitutifs ............................................................................. 86
II. Poursuites ............................................................................................ 87
58. Blanchiment des capitaux.................................................................. 88
59. Bris de scellés .................................................................................... 90
I. Eléments constitutifs ............................................................................. 90
II. Poursuites ............................................................................................ 91
60. Campagne électorale en dehors de la période légale ......................... 92
61. Cannibalisme ..................................................................................... 92
62. Carte nationale d’identité .................................................................. 92
662
Catalogue des infractions

63. Capitulation ....................................................................................... 93


I. Eléments constitutifs ............................................................................. 94
II. Régime répressif .................................................................................. 94
64. Cel frauduleux ................................................................................... 95
I. Eléments constitutifs ............................................................................. 95
II. Poursuites ............................................................................................ 96
65. Change ............................................................................................... 96
66. Chantage ............................................................................................ 98
67. Chanvre à fumer ................................................................................ 99
a) Quel est le siège de cette infraction ? .................................................. 99
68. Chasse illicite .................................................................................. 100
I. Infractions proprement dites en matière de chasse .............................. 100
II. Régime des poursuites ....................................................................... 101
69. Cinéma (enfants non admis) ............................................................ 101
70. Clientélisme ..................................................................................... 102
I. Eléments constitutifs proprement dits ................................................. 102
II. Régime répressif ................................................................................ 102
71. Code de marchés publics ................................................................. 103
72. Code forestier .................................................................................. 105
I. Infractions proprement dites et pénalités. ............................................ 105
II. Régime répressif ................................................................................ 109
73. Code minier ..................................................................................... 111
I. Infractions et pénalités ........................................................................ 111
II. Tribunal pénalement compétent ........................................................ 113
74. Collecte illégale ............................................................................... 113
75. Commerce triangulaire .................................................................... 114
76. Complot contre le chef de l’Etat ..................................................... 114
77. Complot militaire ............................................................................ 115
I.Eléments constitutifs ............................................................................ 115
78. Complots tendant à porter le massacre, la dévastation ou le pillage116
79. Comptabilité .................................................................................... 116
I. Infractions et sanctions ....................................................................... 117
II. Tribunal pénalement compétent ........................................................ 118
80. Concours de pronostics ................................................................... 118
I. Définition............................................................................................ 118
II. Poursuites .......................................................................................... 119
81. Concurrence déloyale ...................................................................... 119
I. Actes contraires aux usages honnêtes en matière commerciale et
industrielle ........................................................................................... 120
II. Eléments constitutifs ......................................................................... 120
Catalogue des infractions 663

III. Poursuites......................................................................................... 121


82. Concussion ...................................................................................... 121
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 122
II. Poursuites .......................................................................................... 123
83. Constitution illégale d’une juridiction répressive ........................... 124
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 124
II. Régime répressif ................................................................................ 125
84. Contamination délibérée d’un enfant du Vih/sida........................... 125
85. Contravention aux dispositions de la loi du 10 janvier 2009 sur les
pires formes de travail de l’enfant ......................................................... 125
86. Contraventions routières ................................................................. 125
87. Contrefaçon ..................................................................................... 132
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 132
II. Poursuites .......................................................................................... 132
a) Quel est le texte légal en la matière ? ........................................ 132
b) Quelles pénalités sont-elles prévues ? ....................................... 132
88. Contrefaçon de la propriété industrielle .......................................... 133
89. Contrefaçon des bulletins de vote ................................................... 134
90. Contrefaçon des dénominations commerciales, géographiques et des
enseignes ............................................................................................... 134
91. Contrefaçon des dessins et des modèles industriels ........................ 135
92. Contrefaçon des inventions et des découvertes ............................... 135
1. Le titulaire a le droit d’interdire, à toute personne, l’exercice des activités couvertes par un
brevet. Il peut s’agir, notamment de fabriquer le produit concerné, de détenir celui-ci et
l’utiliser aux fins de vente ou de le transformer aux fins de vente sous autre forme, employer
ou mettre en œuvre et même vendre le procédé breveté (art.48) ; ..............................................................
Les agissements illicites de la personne coupable doivent avoir été réalisés de mauvaise foi. La
mauvaise foi doit être prouvée. ........................................................................................................
II. Régime répressif ................................................................................ 136
93. Contrefaçon des marques de fabrique et service ............................. 137
I. Objets protégés ................................................................................... 137
II. Agissements répréhensibles et élément moral..................................... 137
94. Contrefaçon des œuvres littéraires et artistiques ............................. 138
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 138
II. Régime répressif ................................................................................ 140
95. Contrefaçon, falsification ou altération des documents délivrés par
les autorités militaires............................................................................ 140
I. Eléments constitutifs proprement dits ................................................. 141
II. Régime répressif ................................................................................ 142
664
Catalogue des infractions

96. Correspondances avec un ressortissant d’une puissance ennemie


142
97. Corruption ....................................................................................... 143
I. Définition............................................................................................ 143
II. L’infraction : corruption active et passive ........................................... 143
III. Eléments constitutifs ........................................................................ 143
IV. Actes constitutifs de la corruption .................................................... 146
V. Régime répressif et règles de poursuites ............................................. 147
VI. Particularités ..................................................................................... 150
98. Corruption active ............................................................................. 150
99. Corruption dans le secteur privé...................................................... 151
100. Corruption des agents des services publics de l’Etat habilités à
procéder aux opérations minières .......................................................... 151
101. Corruption passive......................................................................... 151
102. Coups et blessures ......................................................................... 153
II. Les éléments constitutifs .................................................................... 154
III. Les causes d’irresponsabilité ............................................................. 155
IV. Les circonstances aggravantes ........................................................... 156
103. Coups et blessures aggravés .......................................................... 157
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 158
II. Des poursuites ................................................................................... 159
a)Texte légal ........................................................................................ 159
b) Peines prévues ............................................................................... 159
104. Coups et blessures ayant entraîné la mort ..................................... 160
105. Coups et blessures ayant entraîné une maladie ............................. 160
106. Coups et blessures donnés avec prémédition ................................ 160
107. Coups et blessures Involontaires ................................................... 161
108. Coups et blessures par imprudence ............................................... 161
109. Coups et blessures portés sur l’auteur d’un accident de circulation
............................................................................................................... 161
110. Coups et blessures portés sur les membres des corps constitués .. 161
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 161
II. Régime répressif applicable ................................................................ 161
a)Disposition légale ............................................................................ 161
111. Coups et blessures simples ............................................................ 162
112. Coups et blessures volontaires ...................................................... 163
113. Coups et blessures volontaires, ayant entraîné la mort, sur un enfant
............................................................................................................... 163
114. Coups et blessures volontaires, ayant entraîné une incapacité, sur un
enfant ..................................................................................................... 163
Catalogue des infractions 665

115. Coups et blessures volontaires, ayant entraîné une mutilation, sur un


enfant ..................................................................................................... 163
116. Coups et blessures volontaires portés sur un enfant ...................... 163
117. Coups et blessures volontaires portés sur une femme enceinte..... 163
118. Crédit ............................................................................................. 163
119. Crime de génocide ......................................................................... 165
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 167
II. Régime juridique ................................................................................ 168
120. Crimes contre l’humanité .............................................................. 170
I. Définition............................................................................................ 170
II. Eléments constitutifs ......................................................................... 171
Infractions constitutives des crimes contre l’humanité ............................ 171
III. Sanctions .......................................................................................... 174
121. Crimes de guerre ........................................................................... 175
I. Définition............................................................................................ 175
II. Régime répressif ................................................................................ 178
122. Crime en col blanc......................................................................... 181
123. Débauche ....................................................................................... 182
124. Débauche, prostitution, jeu et trafic .............................................. 182
125. Débits de boissons et Night-clubs ................................................. 182
126. Défaitisme ..................................................................................... 183
127. Défaut d’assurance automobile ..................................................... 183
I. Des éléments constitutifs .................................................................... 184
II. Des poursuites ................................................................................... 184
128. Défaut d’assurance obligatoire de la responsabilité civile des
constructeurs pendant la période décennale ........................................... 185
129. Défaut d’assurance obligatoire de la responsabilité civile des
constructeurs pendant la période de construction ................................. 186
130. Défaut d’assurance obligatoire de la responsabilité décennale des
constructeurs .......................................................................................... 186
131. Défaut d’assurance obligatoire des risques d’incendie de bâtiments
............................................................................................................... 187
132. Défaut d’assurance tous risques chantiers ..................................... 187
133. Défaut de carte d’identité .............................................................. 188
134. Défaut de déclaration de naissance ou fausse déclaration devant
l’officier de l’état civil........................................................................... 188
II.Poursuites ........................................................................................... 188
a)Dispositions légales ........................................................................ 189
b) Pénalités applicables ..................................................................... 189
135. Défaut de qualité pour exercer la profession de commerçant ....... 189
666
Catalogue des infractions

136. Délaissement d’un enfant .............................................................. 189


137. Délit d’audience ............................................................................ 189
138. Délit de fuite .................................................................................. 190
139. Délit de souteneur.......................................................................... 192
II.Poursuites ........................................................................................... 192
a) Disposition légale ........................................................................... 192
b) Pénalités .......................................................................................... 192
140. Délit d’initié .................................................................................. 193
141. Délits de presse.............................................................................. 195
I. Définition............................................................................................ 195
II. Responsabilité pénale ......................................................................... 198
III. Droit de réponse, rectification et rétractation ................................... 198
IV. Tribunal compétent .......................................................................... 199
142. Déni de justice ............................................................................... 200
143. Dénonciation calomnieuse ............................................................ 201
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 201
II. Régime répressif ................................................................................ 204
144. Denrées alimentaires ..................................................................... 205
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 205
II. Pénalités............................................................................................. 205
145. Déplacement ou rétention illicites de l’enfant à l’étranger ........... 206
146. Déportation .................................................................................... 206
147. Désarmement ou démoralisation de la troupe ............................... 206
148. Désertion ....................................................................................... 208
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 208
II. Autres désertions ............................................................................... 209
149. Désertion à bande armée ............................................................... 211
150. Désertion à l’ennemi ou en présence de l’ennemi......................... 211
151. Désertion à l’étranger .................................................................... 211
152. Désertion avec complot ................................................................. 211
153. Désertion simple ............................................................................ 211
154. Destruction .................................................................................... 211
155. Destruction d’actes ou de titres ..................................................... 212
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 212
II. Poursuites .......................................................................................... 213
156. Destruction d’animaux .................................................................. 213
157. Destruction des bulletins de vote................................................... 213
158. Destruction des constructions, machines ou autres objets d’utilité
publique ................................................................................................. 213
Catalogue des infractions 667

159. Destruction des constructions, machines, tombeaux et monuments -


destruction et dégradation d’arbres, récoltes et autres propriétés ......... 214
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 214
II. Poursuites .......................................................................................... 215
160. Destruction des récoltes ................................................................ 216
161. Destruction des tombeaux, monuments et autres objets de
décoration publique ............................................................................... 216
162. Destruction du matériel de vote .................................................... 216
163. Destruction et dégradation d’arbres, récoltes ou autres propriétés 216
164. Destruction méchante .................................................................... 216
165. Destruction méchante des animaux ............................................... 216
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 217
II. Poursuites .......................................................................................... 218
166. Destruction méchante des biens d’un enfant ................................. 220
167. Détention d’enfants dans le but d’abuser d’eux sexuellement ...... 220
168. Détention des animaux sauvages ................................................... 220
a)Quel est le texte légal qui réglemente la détention des animaux
sauvage ? ............................................................................................ 221
169. Détention d’ivoire brut .................................................................. 221
170. Détention et rétention des stocks ................................................... 221
171. Détention illégale d’armes et munitions........................................ 221
I. Considérations .................................................................................... 221
II. Eléments constitutifs ......................................................................... 222
III. De la répression................................................................................ 222
172. Détention illicite des documents ................................................... 222
173. Détention illicite des substances minérales ................................... 222
174. Détournement d’aéronef ................................................................ 223
175. Détournement de main-d’œuvre.................................................... 223
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 223
II. Poursuites .......................................................................................... 224
176. Détournement des deniers publics ou privés ................................. 224
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 224
II. Régime répressif et poursuites............................................................ 231
III. Restitutions et dommages-intérêts .................................................... 232
177. Détournement des effets militaires ................................................ 232
I. Eléments constitutifs spécifiques ......................................................... 232
II. Régime répressif ................................................................................ 233
178. Détournement des substances minérales ....................................... 233
179. Détournement des travailleurs ....................................................... 233
180. Détournement d’objets saisis ........................................................ 234
668
Catalogue des infractions

I. Eléments constitutifs ........................................................................... 234


II. Poursuites ......................................................................................... 235
181. Détournement d’objets saisis, mis sous séquestre ou confisqués .. 236
I. Eléments constitutifs de l’infraction .................................................... 236
II. Régime répressif ................................................................................ 237
182. Diffamation ................................................................................... 237
183. Diffamation et médias ................................................................... 237
184. Discrimination ............................................................................... 237
I. Eléments constitutifs de l’infraction de discrimination ........................ 238
II. Régime répressif ................................................................................ 238
185. Discrimination à l’endroit d’une personne vivant avec le VIH/Sida
............................................................................................................... 238
186. Discrimination dans les magasins et autres lieux publics ............. 238
187. Dissipation des effets militaires ou des effets de l’Etat ................ 239
I. Eléments constitutifs propres .............................................................. 239
II. Régime répressif ................................................................................ 240
188. Distillerie clandestine .................................................................... 240
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 240
II. Poursuites et pénalités ........................................................................ 241
189. Divagation d’animaux ................................................................... 241
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 241
II. De la répression liée à cette infraction ................................................ 242
190. Divagation des chiens.................................................................... 243
191. Divulgation des informations secrètes .......................................... 243
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 244
II. Pénalités afférentes ............................................................................ 244
192. Don aux membres des bureaux de vote ......................................... 244
193. Drogues ......................................................................................... 245
II. Poursuites .......................................................................................... 246
IV. Textes légaux et sanctions............................................................. 246
194. Droit de correction ........................................................................ 247
195. Droits intellectuels......................................................................... 248
196. Duel ............................................................................................... 249
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 249
II. Poursuites .......................................................................................... 250
197. Duel aggravé ................................................................................. 250
198. Duel simple ................................................................................... 250
199. Elections ........................................................................................ 251
I. Infractions à l’occasion de l’identification et de l’enrôlement des électeurs
............................................................................................................ 251
Catalogue des infractions 669

II. Infractions électorales proprement dites ............................................ 253


200. Emission de chèque sans provision ............................................... 260
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 260
II. Poursuites .......................................................................................... 261
201. Emploi abusif de patrimoine militaire ........................................... 262
I. Régime répressif .................................................................................. 262
II. Eléments constitutifs ......................................................................... 262
202. Emploi d’effet de commerce tiré sans droit .................................. 263
203. Emploi de l’emblème de la croix rouge ........................................ 263
204. Emploi de prisonniers de guerre.................................................... 264
I. Conditions préalables .......................................................................... 264
II. Eléments constitutifs ......................................................................... 264
III. Répression ........................................................................................ 265
205. Emploi des enfants dans les bars et autres lieux publics ............... 265
206. Empoisonnement ........................................................................... 265
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 265
II. Poursuites .......................................................................................... 267
207. Empoisonnement des eaux ou des denrées consommables ........... 268
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 268
II. Régime répressif ................................................................................ 269
208. Engagement d’individus pour intimider les électeurs ..................... 269
209. Enlèvement .................................................................................... 270
210. Enlèvement ou déplacement des bornes ........................................ 270
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 270
II. Poursuites .......................................................................................... 271
211. Enlèvement des personnes ............................................................ 271
212. Enlèvement d’un enfant................................................................. 271
213. Enlèvement d’un enfant en procédure devant le tribunal .............. 271
Voir protection pénale de l’enfant après sa naissance. ..........................................................................
214. Enrôlement d’enfants dans les forces, groupes armés et police ...... 271
215. Enrôlement non autorisé des militaires ......................................... 272
216. Entraînement, embauchage, et détournement en vue de la débauche
ou de la prostitution ............................................................................... 273
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 273
II. Régime répressif ................................................................................ 273
217. Entraves à l’activité de l’administration des mines ....................... 274
218. Entraves à la liberté des transactions ou troubles au marché public
............................................................................................................... 274
219. Entraves à l’exécution des travaux publics ................................... 274
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 274
670
Catalogue des infractions

II. Poursuites .......................................................................................... 275


a)Légalité ............................................................................................. 275
Le texte de loi est le code pénal livre II en ses articles 141 et 142. Ces
dispositions légales sanctionnent l’auteur des entraves de huit jours à trois
mois de servitude pénale principale et d’une amende ou de l’une des
peines seulement. La peine est appliquée à condition que l’entrave soit
accompagnée des voies de fait ou menaces. En cas d’attroupement ou
violences, la peine est de trois mois à deux ans de servitude pénale et
d’amende ou de l’une de ces peines uniquement. ................................. 275
220. Entraves à manifestation pendant la campagne électorale ............ 275
221. Entraves à une décision de fermeture d’un établissement du siège,
d’une succursale ou d’une agence pour non immatriculation au Registre
de Commerce......................................................................................... 275
222. Entraves volontaires à l’exercice des Fonctions des agents
commissionnés ...................................................................................... 275
223. Entraves volontaires à l’exercice des fonctions des agents des
affaires économiques ............................................................................. 275
224. Entrée en armes dans un centre d’inscription ou dans un bureau de
vote ........................................................................................................ 275
225. Entreprise de démoralisation de l’armée ....................................... 276
I. Personnes susceptibles de commettre l’infraction. ............................... 276
II. Eléments constitutifs ......................................................................... 276
226. Epreuves superstitieuses commises sur un enfant ......................... 277
227. Epreuves superstitieuses ou pratiques barbares ............................ 277
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 277
III. Poursuites......................................................................................... 278
228. Esclavage ....................................................................................... 279
I Eléments constitutifs ............................................................................ 279
II. Régime répressif ................................................................................ 280
229. Esclavage sexuel ........................................................................... 280
230. Esclavage sexuel d’un enfant ........................................................ 282
231. Escroquerie .................................................................................... 282
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 283
II Poursuites .......................................................................................... 288
232. Escroquerie au préjudice d’un enfant ............................................ 289
233. Espionnage .................................................................................... 289
234. Etat d’ébriété dans le bureau de vote ............................................ 290
235. Euthanasie ..................................................................................... 290
236. Evasion de détenus ........................................................................ 291
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 291
Catalogue des infractions 671

II. Poursuites .......................................................................................... 292


Recel ou prise à son service d’une personne recherchée pour évasion ..... 293
237. Evasion de détenus ou de prisonniers de guerre ........................... 294
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 294
II. Régime répressif ................................................................................ 295
238. Excision ......................................................................................... 296
I. Définition............................................................................................ 296
II. Poursuites .......................................................................................... 296
239. Excitation des mineurs à la débauche............................................ 297
240. Exercice du commerce sans être immatriculé au registre de
commerce .............................................................................................. 298
241. Exercice du commerce sans remplir les conditions....................... 298
242. Exercice du petit commerce sans patente en cours de validité ..... 298
243. Exercice illégal de l’art de guérir .................................................. 298
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 298
II. Poursuites .......................................................................................... 300
244. Exercice illégal de la pharmacie.................................................... 300
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 301
II. Poursuites .......................................................................................... 301
245. Exhibition sexuelle ........................................................................ 302
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 302
b) L’élément moral...............................................................................................................
II. Répression de l’infraction d’exhibition sexuelle .................................. 303
246. Exhibition sexuelle d’un enfant ..................................................... 303
247. Exigence des frais scolaires exorbitants ........................................ 303
248. Expérimentation médicale sur un enfant ....................................... 304
249. Exploitation des personnes vivant avec le Vih/Sida ..................... 304
250. Exploitation habituelle de la débauche ou prostitution ....................... 304
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 304
II. Régime répressif ................................................................................ 305
251. Extorsion ....................................................................................... 305
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 305
II. Poursuites .......................................................................................... 307
252. Fabrication et mise en circulation de fausses monnaies métalliques
............................................................................................................... 308
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 308
II. Régime répressif ................................................................................ 309
253. Fabrication et mise en circulation de faux billets de banque ........ 309
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 309
II. Régime répressif ................................................................................ 309
672
Catalogue des infractions

254. Fabrication et mise en circulation d’objets ressemblant aux signes


monétaires ............................................................................................. 310
I. Définition............................................................................................ 310
II. Répression de l’infraction................................................................... 310
255. Facilitation de la fraude électorale ................................................ 310
256. Falsification de sceaux .................................................................. 310
I. Personnes susceptibles de commettre l’infraction ................................ 310
II. Régime répressif ................................................................................ 311
257. Falsification du procès-verbal des opérations électorales ............. 311
258. Falsification du relevé du dépouillement des opérations électorales
............................................................................................................... 311
259. Fausses déclarations dans une demande d’immatriculation au
registre de commerce ............................................................................ 311
260. Fausses déclarations devant les officiers de l’état civil.................... 311
261. Fausses déclarations émanant d’interprètes et d’experts ............... 311
I. Conditions et sanctions ....................................................................... 311
II. Compétence et prescription ............................................................... 312
262. Fausses déclarations en justice ...................................................... 312
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 312
II. Poursuites .......................................................................................... 312
263. Fausses déclarations en matière de transport ................................ 313
264. Faux bruits ..................................................................................... 313
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 313
II. Poursuites .......................................................................................... 313
265. Faux certificats délivrés par un fonctionnaire ............................... 314
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 314
II. Poursuites .......................................................................................... 315
266. Faux commis par un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions
............................................................................................................... 315
267. Faux en écriture ............................................................................. 315
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 315
II. Poursuites .......................................................................................... 319
268. Faux en écriture en matière électorale ........................................... 320
269. Faux portant sur une carte d’électeur ............................................ 320
270. Faux-monnayage ........................................................................... 320
271. Faux serment ................................................................................. 321
I. Champ d’application ........................................................................... 321
II. Eléments constitutifs ......................................................................... 321
III. Compétence et prescription .............................................................. 321
272. Faux témoignage ........................................................................... 322
Catalogue des infractions 673

I. Eléments constitutifs ........................................................................... 322


V. Poursuites ..................................................................................... 323
273. Feu de brousse ............................................................................... 324
274. Filouterie ....................................................................................... 324
275. Financement du terrorisme ............................................................ 324
276. Fourniture de fausses informations ............................................... 326
I. Éléments constitutifs ........................................................................... 326
II. Régime répressif ................................................................................ 326
277. Grivèlerie ....................................................................................... 327
278. Grivèlerie d’aliments ou de boissons ......................................................................
279. Grivèlerie de logement .................................................................. 329
280. Grivèlerie de voiture de louage ..................................................... 329
281. Grossesse forcée ............................................................................ 330
I. Définition............................................................................................ 330
II. Les éléments constitutifs de la grossesse forcée .................................. 330
III. Régime juridique............................................................................... 331
282. Haine et aversion raciale ............................................................... 332
I. Textes légaux et bref aperçu historique ................................................ 332
II. Éléments constitutifs ......................................................................... 333
III. Modalités de répression .................................................................... 333
283. Harcèlement sexuel ....................................................................... 334
I. Les éléments constitutifs ..................................................................... 334
II. Régime juridique ................................................................................ 335
284. Harcèlement sexuel sur un enfant ................................................. 335
285. Hausse ou baisse des prix .............................................................. 336
286. Haute trahison ............................................................................... 336
287. Homicide involontaire ................................................................... 336
I. Eléments constitutifs de l’homicide involontaire ................................. 337
II. Poursuites .......................................................................................... 338
288. Homicide par imprudence ............................................................. 339
289. Homicide préterintentionnel .......................................................... 339
290. Homicide volontaire ...................................................................... 339
291. Homosexualité ............................................................................... 339
292. Hôtel .............................................................................................. 339
293. Images et écrits contraires aux bonnes mœurs .............................. 340
294. Importation et commerce des articles de vêtements usagers ......... 341
295. Imposition d’amendes collectives ................................................. 341
I. Conditions préalables .......................................................................... 341
II. Eléments constitutifs proprement dits ............................................... 342
III. Régime répressif ............................................................................... 342
674
Catalogue des infractions

296. Imputations calomnieuses ............................................................. 342


I. Eléments constitutifs ........................................................................... 342
II. Poursuites .......................................................................................... 343
297. Imputations calomnieuses de nature à inciter autrui à commettre une
infraction ............................................................................................... 343
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 343
II. Régime répressif ................................................................................ 344
298. Imputations de sorcellerie ............................................................. 344
299. Imputation dommageable à un enfant ........................................... 345
300. Imputations dommageables ou diffamation .................................. 345
I. Préalables ............................................................................................ 346
II. Eléments constitutifs proprement dits ............................................... 346
III. Poursuites......................................................................................... 348
301. Imputations dommageables et médias ........................................... 349
302. Incendie de la chose d’autrui ......................................................... 349
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 349
II. Poursuites .......................................................................................... 350
303. Incendie de sa propre chose .......................................................... 352
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 352
II. Poursuites .......................................................................................... 353
304. Incendie involontaire de la propriété d’autrui ............................... 353
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 353
II. Poursuites .......................................................................................... 354
305. Incendie involontaire des herbes et végétaux sur pied .................. 355
306. Incendie par communication ......................................................... 355
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 355
II. Poursuites .......................................................................................... 356
307. Incendie volontaire ........................................................................ 356
308. Inceste............................................................................................ 356
309. Incitation à des manquements envers l’autorité publique ............. 357
310. Incitation à la désobéissance civile ............................................... 357
311. Incitation à la haine raciale ............................................................ 357
312. Incitation de militaires à commettre des actes contraires aux devoirs
et à la discipline ..................................................................................... 357
II. Régime répressif ................................................................................ 358
313. Incitation des mineurs à la débauche............................................. 359
314. Incitation d’un enfant à des relations sexuelles avec un animal ... 360
315. Incitation d’un enfant à la débauche ou à la corruption ............... 360
316. Incitation d’un enfant au suicide ................................................... 360
317. Inconduite et indiscipline notoires ................................................ 361
Catalogue des infractions 675

318. Infanticide...................................................................................... 361


319. Infraction flagrante ou réputée telle .............................................. 362
320. Inhumations irrégulières ................................................................ 363
321. Injure ............................................................................................. 364
322. Injure publique ou privée .............................................................. 364
I. Conditions préalables .......................................................................... 364
II. Eléments constitutifs proprement dits ............................................... 365
III. Poursuites......................................................................................... 365
323. Injure simple .................................................................................. 366
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 366
II. Poursuites .......................................................................................... 367
324. Insoumission.................................................................................. 367
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 367
II. Régime répressif ................................................................................ 368
325. Intelligences avec l’agent d’une puissance ennemie ..................... 368
326. Interdiction des maisons de prostitution........................................ 369
I. Eléments constitutifs de l’infraction .................................................... 369
II. Régime répressif ................................................................................ 369
327 . Interdiction des produits cosmétiques contenant de l’hydroquinone
............................................................................................................... 369
328. Interdiction du commerce d’alcools, eau- de-vive et liqueurs
conditionnés dans les sachets ................................................................ 370
329. Introduction des boissons alcoolisées ou des stupéfiants dans un
centre d’inscription ................................................................................ 370
330. Ivresse au volant ............................................................................ 370
I. Eléments constitutifs de l’ivresse au volant.......................................... 370
II. Régime répressif ................................................................................ 371
331. Ivresse publique............................................................................. 371
I. Définition............................................................................................ 371
II. Eléments constitutifs ......................................................................... 371
III. Poursuites......................................................................................... 372
332. Jet de bouteilles et fragments de verres sur la voie publique ........ 373
334. Jet de débris le long des voies ferrées ........................................... 373
335. Jet imprudent ................................................................................. 373
336. Jet sur une personne d’une chose de nature à l’incommoder ou à la
souiller ................................................................................................... 373
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 374
II. Poursuites .......................................................................................... 374
337. Jeux de hasard ............................................................................... 375
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 375
676
Catalogue des infractions

II. Régime répressif ................................................................................ 376


L’infraction de jeux de hasard est créée par l’arrêté du Gouverneur Général
du 19 janvier 1901 modifié par les ordonnances n° 93/AIMO du 28
septembre 1942 et 92/AIMO du 21 avril 1945. Les pénalités prévues par
l’article 2 sont l’amende et la servitude pénale n’excédant pas deux mois
ou une de ces peines. ........................................................................... 376
338. Lâcheté .......................................................................................... 377
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 378
II. Pénalités prévues................................................................................ 378
339. Lésions corporelles involontaires .................................................. 378
I Eléments constitutifs ............................................................................ 379
II. Poursuites .......................................................................................... 380
340. Lésions corporelles volontaires ..................................................... 380
341. Loterie ........................................................................................... 381
342. Manifestations de racisme ou d’intolérance religieuse ................ 383
343. Manifestations et réunions publiques ............................................ 383
Réglementation des manifestations. ........................................................ 383
344. Maraudage ..................................................................................... 384
345. Mariage avant l’expiration du délai d’attente................................ 384
346. Mariage d’un enfant ou mariage forcé d’un enfant ...................... 384
347. Mariage d’un interdit ..................................................................... 384
348. Mariage d’un mineur ..................................................................... 384
349. Mariage d’une fille impubère ........................................................ 384
350. Mariage forcé ................................................................................ 384
351. Mariage illicite .............................................................................. 386
352. Mariage incestueux ....................................................................... 388
353. Mariage homosexuel ..................................................................... 388
354. Mauvais traitement au veuf ou à la veuve ..................................... 388
355. Mauvais traitement et actes de cruauté infligés aux animaux ....... 388
356. Menaces ......................................................................................... 388
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 389
II. Régime répressif ................................................................................ 391
357. Menaces d’attentat ......................................................................... 391
358. Mendicité et vagabondage ............................................................. 391
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 392
II. Poursuites .......................................................................................... 393
349. Meurtre .......................................................................................... 397
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 397
II. Poursuites .......................................................................................... 400
350. Meurtre aggravé ............................................................................ 401
Catalogue des infractions 677

351. Meurtre commis pour assurer l’impunité ...................................... 401


352. Meurtre commis pour faciliter un vol ........................................... 402
353. Meurtre commis pour faciliter une extorsion ................................ 402
354. Meurtre simple .............................................................................. 402
355. Milices privées .............................................................................. 402
356. Mise à mort par représailles .......................................................... 403
357. Mise en danger de la personne ...................................................... 404
358. Mise en danger d’un enfant ........................................................... 405
359. Mise en exécution d’une mission de combat sans motifs offensifs
adéquats ................................................................................................. 405
360. Mouvements insurrectionnels ....................................................... 406
361. Mutilation de cadavre .................................................................... 408
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 408
II. Poursuites ......................................................................................... 409
362. Mutilations génitales ..................................................................... 409
363. Mutilation sexuelle ........................................................................ 410
363. Mutilation sexuelle d’un enfant ..................................................... 411
364.. Mutilation volontaire ..................................................................... 412
365. Nom a consonance étrangère… ..................................................... 413
366. Non accomplissement de l’obligation scolaire.............................. 413
367. Non accomplissement d’une mission relative aux opérations de
guerre ..................................................................................................... 414
368. Non assistance à personne en danger ............................................ 414
I. Les éléments préalables ....................................................................... 415
II. Les éléments constitutifs .................................................................... 415
III. Régime répressif ............................................................................... 417
369. Non assistance à personne en danger de se perdre ........................ 418
I. Conditions préalables .......................................................................... 418
II. Eléments constitutifs proprement dits ............................................... 418
III. Poursuites et pénalités ...................................................................... 418
370. Non dénonciation d’attentats contre la sûreté extérieure et intérieure
de l’Etat ................................................................................................. 419
371. Non dénonciation des violences commises sur un enfant ............. 420
372. Non dénonciation du racisme ou du tribalisme ............................. 420
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 420
II. Poursuites .......................................................................................... 421
373. Non dénonciation du terrorisme .................................................... 421
374. Non envoi d’un enfant à l’école .................................................... 421
375. Non présentation d’enfant ............................................................. 421
I. Eléments constitutifs de l’infraction .................................................... 421
678
Catalogue des infractions

II. De la répression ................................................................................. 422


376. Non présentation d’un enfant à ceux qui ont le droit de le réclamer
............................................................................................................... 422
377. Non publicité des prix ................................................................... 422
378. Non publicité du Numéro d’identification Nationale .................... 422
379. Numéro d’identification nationale ................................................ 422
380. Objets contraires aux bonnes mœurs ............................................. 424
381. Obligation de dépôt des publications ........................................... 425
382. Occupation illégale ........................................................................ 425
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 426
II. Poursuites .......................................................................................... 426
383. Offenses envers le chef de l’Etat ................................................... 427
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 428
II. Régime répressif ................................................................................ 428
384. Offenses envers les chefs de l’Etat ou chefs des gouvernements
étrangers ................................................................................................ 429
385. Offenses envers les diplomates étrangers ...................................... 429
386. Offenses envers l’emblème national ............................................. 429
387. Omission de porter secours aux blessés victimes d’accident de
circulation .............................................................................................. 429
I. Conditions préalables .......................................................................... 430
II. Eléments constitutifs ......................................................................... 430
III. Régime répressif ............................................................................... 430
388. Omission de porter témoignage..................................................... 431
389. Omission de porter témoignage en faveur d’un innocent.............. 431
390. Outrage à l’armée .......................................................................... 432
I. Les éléments constitutifs ..................................................................... 432
II. Régime répressif ................................................................................ 432
391. Outrage à magistrat ....................................................................... 432
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 433
II. Régime répressif ................................................................................ 434
392. Outrage au drapeau ........................................................................ 434
393. Outrage au parlement .................................................................... 434
394. Outrage aux bonnes mœurs ........................................................... 434
395. Outrage aux dépositaires de l’autorité publique ............................ 435
396. Outrage aux fonctionnaires publics ............................................... 435
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 435
II. Poursuites .......................................................................................... 436
1. L’article 136 prévoit six à douze mois de servitude pénale principale et
l’amende ou l’une de ces peines en cas d’outrage par parole, faits, gestes
Catalogue des infractions 679

ou menaces commis envers un membre du gouvernement, du parlement,


de la cour constitutionnelle dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de
leurs fonctions ; ................................................................................... 436
397. Outrage envers le chef de l’Etat .................................................... 437
398. Outrage envers les agents diplomatiques ...................................... 438
399. Outrage envers les chefs d’Etat étrangers ..................................... 438
400. Outrage envers les chefs des gouvernements étrangers ................ 438
401. Outrage envers les corps constitués et ses membres ..................... 438
402. Outrage envers l’emblème national ............................................... 438
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 438
II. Poursuites .......................................................................................... 439
403. Outrage ou violence envers les agents de l’administration de mines
............................................................................................................... 439
404. Outrage public à la pudeur ............................................................ 439
405. Outrage public aux bonnes mœurs ................................................ 439
406. Outrage public aux bonnes mœurs par écrits ................................ 439
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 439
II. Poursuites .......................................................................................... 440
407. Outrage public aux bonnes mœurs par gestes ............................... 441
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 441
II. Poursuites .......................................................................................... 442
408. Outrage public aux bonnes mœurs par paroles ............................. 442
409. Ouverture ou suppression des lettres ............................................. 443
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 443
II. Poursuites .......................................................................................... 444
410. Parricide ........................................................................................ 445
411. Participation à des bandes armées ................................................. 445
412. Participation à un mouvement insurrectionnel .............................. 446
413. Pédophilie ...................................................................................... 446
414. Perception indue d’une participation par travail, conseils ou capitaux
............................................................................................................... 448
I. Conditions préalables .......................................................................... 448
a) L’agent jouit d’un mandat du Ministère de la Défense à raison de sa fonction. ................................
b) L’Etat congolais représenté par le Ministère de la Défense, confère des prérogatives à
un militaire ou autre personne à son service, de sauvegarder ses intérêts dans la conclusion des
marchés ou contrats d’affaires avec les firmes privées ou les particuliers. ...................................................
c) Les avis à émettre peuvent porter sur les prix, l’objet, ou sur la clause des contrats.............................
II. Eléments constitutifs ......................................................................... 448
b)L’élément matériel ...........................................................................................................
680
Catalogue des infractions

L’élément matériel consiste à prendre ou à recevoir une participation par travail, conseils ou
capitaux dans une entreprise privée, ou encore à conclure des marchés ou contrats avec elle ou
des particuliers. ...........................................................................................................................
c)L’élément moral ................................................................................................................
L’élément moral consiste en ce que l’agent prend sciemment un intérêt dans une affaire que sa
fonction lui faisait un devoir de surveiller. .........................................................................................
III. Régime répressif ............................................................................... 449
415. Photographie clandestine............................................................... 449
416. Photographies et dessins interdits ................................................. 450
417. Pillage ............................................................................................ 450
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 451
II. Régime répressif ................................................................................ 452
418. Pires formes de travail des enfants ................................................ 452
419. Police des étrangers ....................................................................... 453
420. Polyandrie...................................................................................... 454
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 454
II. Poursuites .......................................................................................... 455
421. Pornographie ................................................................................. 455
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 456
II. Régime répressif ................................................................................ 456
422. Pornographie mettant en scène des enfants ................................... 457
423. Port illégal des décorations ........................................................... 458
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 458
II. Poursuites .......................................................................................... 458
424. Poudres et Explosifs ...................................................................... 458
425. Pratiques barbares ......................................................................... 459
426. Pratiques d’associations confessionnelles non dotées de personnalité
juridique ................................................................................................ 459
427. Pratiques d’associations confessionnelles sans autorisation
provisoire de fonctionnement ................................................................ 461
428. Pratiques des prix illicites ............................................................. 461
429. Pratiques des sectes religieuses prohibées ou non dotées de
personnalité juridique au zaïre. ............................................................. 462
430. Pratiques illégales des partis politiques ......................................... 462
431. Présence des mineurs dans les bars ............................................... 462
432. Prêt à intérêts excessifs ................................................................. 463
433. Prise à partie .................................................................................. 463
434. Prise à son service d’une personne recherchée pour évasion ........ 464
435. Prise d’otages ................................................................................ 464
I. Eléments constitutifs de l’infraction de prise d’otages.......................... 465
Catalogue des infractions 681

II. Régime répressif ................................................................................ 465


436. Privation d’un enfant de sa capacité biologique de procréer......... 465
437. Prix ................................................................................................ 465
I. Poursuites ........................................................................................... 466
II. Infractions proprement dites.............................................................. 466
438. Profits tirés de la prostitution ........................................................ 470
439. Propagande anticonceptionnelle .................................................... 470
440. Propagande antinataliste ................................................................ 471
441. Propagande en faveur de l’avortement .......................................... 471
442. Propagandes subversives ............................................................... 471
443. Prostitution .................................................................................... 472
444. Prostitution d’enfants .................................................................... 472
445. Prostitution forcée ......................................................................... 473
446. Protection pénale de l’enfant ......................................................... 474
447. Protection pénale de l’enfant après sa naissance ........................... 476
448. Protection pénale de l’enfant avant sa naissance........................... 491
449. Provocation à des manquements envers l’autorité publique ......... 491
450. Provocation à la désertion ............................................................. 491
451. Provocation à la désobéissance civile ........................................... 492
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 492
dI. Régime répressif ................................................................................ 492
452. Provocation à l’insoumission ........................................................ 493
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 493
II. Régime répressif ................................................................................ 494
453. Provocation au duel ....................................................................... 494
454. Provocation des militaires à la désobéissance ............................... 494
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 494
II. Régime répressif ................................................................................ 494
455. Proxénétisme ................................................................................. 495
456. Proxénétisme à l’égard d’un enfant ............................................... 497
457. Publication et distribution des écrits ............................................. 497
458. Publicité ......................................................................................... 498
459. Publicité des prix ........................................................................... 498
460. Publicité illicite ............................................................................. 498
I. Définitions .......................................................................................... 498
II. Eléments constitutifs ......................................................................... 499
III. Poursuites......................................................................................... 500
461. Publicité médicale ......................................................................... 501
462. Publicité mensongère .................................................................... 501
463. Publicité sur le tabac ..................................................................... 501
682
Catalogue des infractions

464. Publicité sur les boissons alcoolisées ............................................ 502


465. Racisme et tribalisme .................................................................... 504
466. Rébellion ....................................................................................... 505
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 505
II. Poursuites .......................................................................................... 507
467. Recel .............................................................................................. 508
468. Recel de déserteur ......................................................................... 508
469. Recel de malfaiteurs ...................................................................... 508
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 508
II. Régime des poursuites ....................................................................... 509
470. Recel des malfaiteurs et d’espions ................................................ 509
471. Recel des substances minérales ..................................................... 510
472. Recel d’objets ................................................................................ 510
I. Eléments constitutifs du recel d’objets ................................................ 510
II. Régime répressif ................................................................................ 512
473. Recel d’une personne recherchée pour évasion ............................ 513
474. Recel frauduleux ........................................................................... 513
475. Récusation ..................................................................................... 513
476. Refus d’apporter assistance aux victimes de calamité publique ... 515
I. Conditions préalables .......................................................................... 515
II. Eléments constitutifs proprement dits ............................................... 516
III. Régime répressif ............................................................................... 516
477. Refus d’assurer à son enfant les vaccinations et autres soins
préventifs ............................................................................................... 516
478. Refus de cohabitation .................................................................... 516
479. Refus de comparaître ..................................................................... 517
480. Refus de constater une infraction .................................................. 517
481. Refus de dénoncer les actes de terrorisme .................................... 517
482. Refus de déposer ........................................................................... 517
483. Refus de prêter serment ................................................................. 517
484. Refus de renseigner ....................................................................... 518
485. Refus de répondre à une convocation ........................................... 518
486. Refus de sauvetage après abordage ............................................... 518
I. Conditions préalables .......................................................................... 519
II. Eléments constitutifs ......................................................................... 519
III. Régime répressif ............................................................................... 519
487. Refus de témoigner........................................................................ 520
488. Refus d’obéissance ........................................................................ 520
I. Eléments constitutifs du refus d’obéissance......................................... 521
II. Régime répressif ................................................................................ 521
Catalogue des infractions 683

489. Refus d’un service dû légalement ................................................. 522


490. Refus de vendre ............................................................................. 525
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 525
II. Régime répressif ................................................................................ 526
491. Registre de commerce ................................................................... 526
492. Remise en circulation d’une fausse monnaie reçue comme bonne529
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 529
II. Régime répressif ................................................................................ 529
493. Rémunérations illicites .................................................................. 529
I. Personnes punissables ......................................................................... 530
II. Eléments constitutifs ......................................................................... 530
III. Régime répressif ............................................................................... 531
494. Retard de paiement ........................................................................ 532
495. Rétention illicite des documents ................................................... 532
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 532
II. Poursuites .......................................................................................... 532
496. Révélation de l’existence ou du contenu des lettres ...................... 533
I. Eléments constitutifs de l’infraction .................................................... 533
II. Régime répressif ................................................................................ 533
a) Quelle est la punition à infliger ? ................................................. 534
497. Révélation du secret professionnel ................................................ 534
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 534
II. Poursuites .......................................................................................... 537
498. Révélation du statut sérologique au VIH/sida d’une personne ..... 537
499. Révolte militaire ............................................................................ 538
500. Rupture de ban .............................................................................. 539
501. Sabotage ........................................................................................ 540
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 541
II. Régime répressif ................................................................................ 541
502. Séquestre sans ordre des personnes durant les hostilités............... 541
503. Séquestration ................................................................................. 541
Voir protection pénale d’un enfant après sa naissance............................. 542
505. Soustraction d’un enfant à la procédure intentée contre lui en vertu
de la loi .................................................................................................. 542
506. Soustraction des bulletins en vue de fausser les résultats du vote 542
507. Souteneur et proxénétisme ............................................................ 542
508. Spectacles et représentations ......................................................... 543
509. Stellionat........................................................................................ 543
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 544
II. Poursuites ......................................................................................... 545
684
Catalogue des infractions

510 Stérilisation forcée.......................................................................... 546


I. Définition de la stérilisation forcée ...................................................... 546
II. Eléments constitutifs ......................................................................... 546
III. Administration de la preuve.............................................................. 547
IV. Régime juridique ............................................................................... 548
511. Stigmatisation à l’endroit d’une personne vivant avec le VIH/Sida
............................................................................................................... 548
I. Actes interdits par le législateur ........................................................... 548
L’état de sérologie ne peut constituer : ..............................................................................................
II. Régime répressif ................................................................................ 549
512. Stupéfiants ..................................................................................... 549
513. Subornation des témoins ............................................................... 550
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 550
II. Poursuites et texte légal ...................................................................... 551
514. Substitution d’enfant ..................................................................... 552
515. Suicide ........................................................................................... 552
516. Supposition d’enfant ..................................................................... 553
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 553
II. Régime répressif ................................................................................ 554
517. Suppression des lettres .................................................................. 554
518. Tapage nocturne ............................................................................ 555
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 555
II. Poursuites ..................................................................................... 555
519. Télécommunications ..................................................................... 556
I. Infractions proprement dites ............................................................... 556
II. Procédure .......................................................................................... 558
520. Témoin récalcitrant ....................................................................... 559
521. Tenue d’une maison de débauche ou de prostitution .................... 559
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 559
II. Régime répressif ................................................................................ 560
522. Terrorisme ..................................................................................... 560
I. Conditions essentielles du terrorisme................................................... 561
II. Régime répressif ................................................................................ 562
523. Tortures corporelles ....................................................................... 563
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 563
II. Poursuites .......................................................................................... 564
524. Torture soumise à un enfant .......................................................... 565
525. Trafic de fausse monnaie............................................................... 565
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 565
II. Régime répressif ................................................................................ 565
Catalogue des infractions 685

526. Trafic et exploitation d’enfants à des fins sexuelles...................... 566


527. Trafic d’influence .......................................................................... 566
I. Personnes à poursuivre ....................................................................... 567
II. Eléments constitutifs proprement dits ............................................... 567
III. Poursuites........................................................................................ 569
528. Trahison ......................................................................................... 570
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 570
II. Régime répressif ................................................................................ 571
529. Traite d’enfants ............................................................................. 572
530. Transmission délibérée des infections sexuellement transmissibles
incurables .............................................................................................. 572
I. Définition............................................................................................ 572
II. Eléments constitutifs propres ............................................................ 573
L’incrimination de transmission délibérée des infections sexuellement
transmissibles incurable pour se réaliser requiert l’élément légal, la
transmission ou la contamination sexuelle de l’infection, la nature
incurable de l’infection et la contamination délibérée de l’infection.... 573
a)L’élément légal ................................................................................... 573
L’infection doit être transmise sexuellement. Les organes sexuels sont les moyens et les
instruments par lesquels l’infection est transmise. Ce qui veut dire que cette infraction exclut
toute autre mode de transmission, autre que sexuel..............................................................................
c)La nature incurable de l’infection ...................................................................................
L’infection transmise doit être incurable. La preuve de l’incurabilité de l’infection transmise
doit être certifiée par l’expertise médicale,médico-légale, clinique, ou autre notoirement
reconnue. Ceci est indispensable. .....................................................................................................
d)La transmission délibérée de l’infection .......................................................................
III. Répression légale .............................................................................. 574
531. Transmission délibérée du Vih/sida .............................................. 574
I. Eléments constitutifs de la transmission délibérée du vih/sida ............ 575
II. Moyens de répression ........................................................................ 575
532. Transport d’objets postaux ............................................................ 576
533. Transport illicite des substances minérales ................................... 576
534. Travail de l’enfant ......................................................................... 576
535. Travail obligatoire des civils ......................................................... 578
536. Tribalisme et racisme .................................................................... 579
537. Tromperie en matière commerciale............................................... 579
538. Tromperie sur la qualité de la chose vendue ................................. 579
539. Tromperie sur la quantité de la chose vendue ............................... 581
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 581
686
Catalogue des infractions

Il a été jugé que l’infraction de tromperie requiert la réunion de deux


éléments substantiels et nécessaires : un préjudice subi par l’acheteur et
l’emploi des manœuvres frauduleuses. ................................................. 581
II. Régime répressif de la tromperie en matière commerciale .................. 581
540. Usage de faux ................................................................................ 583
I. Eléments constitutifs de l’usage de faux .............................................. 583
II. Régime répressif ............................................................................... 584
541. Usure (prêts à intérêts excessifs) ................................................... 586
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 586
II. Régime répressif ................................................................................ 587
542. Usurpation de commandement ...................................................... 587
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 587
II. Régime répressif ................................................................................ 588
543. Usurpation de fonctions publiques ................................................ 588
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 588
II. Régime répressif ................................................................................ 590
544. Usurpation du nom ........................................................................ 590
545. Utilisation d’un enfant aux fins de mendicité ............................... 591
546. Utilisation d’un enfant dans la criminalité .................................... 591
547. Vagabondage et mendicité ............................................................ 592
548. Vente d’un enfant .......................................................................... 592
549. Vente ou gage de l’immeuble d’un enfant .................................... 592
550. Viol ................................................................................................ 592
I. Définition............................................................................................ 592
II. Quelles sont les innovations? ............................................................. 593
III. Eléments constitutifs du viol ............................................................ 593
IV. Régime répressif ............................................................................... 605
551. Viol aggravé .................................................................................. 608
552. Viol à l’aide de violences .............................................................. 608
553. Viol-cas des époux ........................................................................ 608
554. Viol simple .................................................................................... 608
555. Viol d’un enfant ............................................................................ 608
556. Viol réputé à l’aide de violence..................................................... 609
557. Violation de consigne .................................................................... 609
558. Violation de domicile .................................................................... 610
559. Violation de domicile avec menaces ou violences ........................ 611
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 611
II. Régime répressif ................................................................................ 613
560. Violation de domicile simple ........................................................ 613
I. Définition de la violation de domicile simple ....................................... 613
Catalogue des infractions 687

II. Régime répressif des infractions de violation de domicile ................... 613


561. Violation des règles d’hygiène et de sécurité ................................ 614
562. Violation des tombeaux ................................................................. 614
563. Violation du secret de correspondance.......................................... 614
564. Violation du secret des lettres ....................................................... 614
565. Violation du secret professionnel .................................................. 614
566. Violences dans les installations sportives ..................................... 614
567. Violences envers les populations civiles ....................................... 616
568. Violences envers les représentants de l’autorité............................ 618
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 618
II. Poursuites .......................................................................................... 619
569. Violences légères et voies de fait .................................................. 619
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 620
II. Régime répressif ................................................................................ 620
570. Violences sexuelles ....................................................................... 621
I. Infractions constitutives de violences sexuelles.................................... 621
II. Régime répressif ................................................................................ 622
571. Voies de fait et outrage à subordonné ........................................... 625
I. Actes constitutifs d’infractions ............................................................ 625
II. Régime répressif ................................................................................ 626
572. Voies de fait et outrage à supérieur ............................................... 626
573. Vol ................................................................................................. 628
I. Eléments constitutifs du vol ................................................................ 629
II. Régime des poursuites de l’infraction de vol ...................................... 634
III. Infraction assimilée au vol par le code pénal ..................................... 635
574. Vol aggravé ................................................................................... 635
575. Vol à l’aide de menaces ................................................................ 640
576. Vol à l’aide de violences (art.82du CPL II) .................................. 641
577. Vol à l’américaine ......................................................................... 641
578. Vol à mains armées ....................................................................... 641
579. Vol dans les champs. ..................................................................... 642
580. Vol de chambrée............................................................................ 643
I. Notions de vol de chambrée................................................................ 643
II. Eléments constitutifs ......................................................................... 643
III. Régime répressif ............................................................................... 643
581. Vol d’énergie ................................................................................. 644
582. Vol de substances minérales ......................................................... 644
583. Vol des substances précieuses ....................................................... 645
584. Vol des effets militaires................................................................. 645
I. Eléments constitutifs ........................................................................... 645
688
Catalogue des infractions

II. Régime répressif ................................................................................ 646


585. Vol domestique ............................................................................. 646
586. Vol d’un bien d’un enfant ............................................................. 647
587. Vol d’usage ................................................................................... 647
588. Vol qualifié .................................................................................... 647
589. Vol qui a été l’occasion d’un meurtre ........................................... 649
590. Vol simple ..................................................................................... 649
591. Zoophilie ....................................................................................... 650
BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................................
I. Ouvrages et articles ............................................................................ 653
II. Textes officiels ................................................................................. 656
III. Jurisprudence ................................................................................... 656
IV. Revues ............................................................................................. 657
TABLE ALPHABETIQUE.............................................................................................
_Toc272914126
Catalogue des infractions 689

Voici une étude des sciences criminelles, concrète, particulière,


analythique , synthétique et par ordre alphabétique. L’étude de chaque
infraction commence par une nomenclature. Elle est menée en insistant, tout
particulièrement sur les éléments constitutifs, la répression et les particularités
de la poursuite.
Oeuvre de vulgarisation des infractions , ce livre est un plaidoyer pour
la moralisation de la société, la répression rapide et certaine des infractions. Je
crois qu’utilisé à bon escient, l’ouvrage est susceptible d’être un gage de
promotion et de sauvegarde des droits humains, d’une justice distributive et
équitable et du récul de l’impunité en République Démocratique du Congo.

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