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Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015.

INTRODUCTION

1. Définition de la procédure civile

La procédure civile a pour objet de préciser les règles que les particuliers sont appelés à
observer devant les tribunaux, les formalités auxquelles eux-mêmes, et les hommes de loi (avocats,
mandataires judiciaires et juges) doivent se soumettre en vue d'aboutir au jugement et à son
exécution (1).

Il y a lieu de souligner le caractère peu heureux de cette expression, en effet, en droit


congolais, la procédure " civile " régit également le procès du contentieux fiscal, des affaires du
droit du travail et de la sécurité sociale, le procès des affaires de droit commercial et même, devant
les sections administratives des Cours d'Appel et la Cour Suprême de Justice, le procès du
contentieux administratif.

L'expression indiquée serait " procédure en droit privé ".

2. Le formalisme procédural

L'Utilité sociale du formalisme juridique est cependant évidente (2).

 d'un côté il garantit le bon fonctionnement de justice en empêchant que la justice ne


soit laissée à la fantaisie des plaideurs et à l'arbitraire des juges : ce formalisme permet également
d'assurer aux discussions et aux débats un caractère loyal ;
 de l'autre côté, le formalisme garantit le droit du plaideur ; en effet, il importe que ce
dernier soit assuré de la conservation de son droit dès l'instant où il a respecté le rite imposé par la
loi (3).

3. L'importance sociale de la procédure

La procédure, mieux le droit judiciaire, joue sur le plan social un rôle capital. Tout
d'abord, il faut souligner que la procédure est la voie obligatoire que doit emprunter toute personne
qui voudrait agir en justice; ignorer ou méconnaître la procédure c'est s’exposer à être débouté dans
l'exercice de son droit, par ailleurs, la simple existence de la procédure donne à tous les citoyens un
sentiment de sécurité et de confiance dans le droit; c’est à ce titre que, la procédure se révèle un
gage de paix sociale.

Enfin, la procédure civile a pour vocation d’éviter ou d’estomper les troubles, les
violences ; de décourager les Citoyens à se faire justice sachant que si leurs droits sont méconnus,
les tribunaux, dans le respect des formalités légales, sont prêts à dire le droit, à rétablir chacun dans
son droit ou à défaut à dédommager ceux dont la violation des droits est irrévocable (4).

4. La place de la procédure dans le monde juridique

L'on peut bien être tenté de considérer, à première vue, la procédure civile comme étant
une branche du droit privé étant donné qu'elle a pour objet d'assurer la protection des droits privés;
cependant, telle démarche est loin de rendre la place de cette branche parmi tant d’autre. En effet,
les règles d'organisation judiciaire, celles relatives à la compétence des tribunaux, aux voies de

1) R. MOREL, Procédure civile, 2ème édition, 1949, n° 5 ; H. SOLUS et R. PERROT, Droit judiciaire privé, T.I. n° 4.
2) H. SOLUS et R. PERROT: op. cit.
3) R. MOREL, op. cit., n° 7; H. SOLUS et R. PERROT, op. cit., n° 19.
4) Jean VINCENT et Serge GUINCHARD, Procédure Civile, Paris, Dalloz, 1994, n° 12 ; Jean VINCENT et Serge
GUICHARD, op. cit., n° 9 ; Loïc CADET, Droit judiciaire privé, Paris, Litec, 1992, n° 28.
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recours, celles relatives aux formalités qui doivent être respectées sont toutes des règles de droit
public parce qu'elles ont pour objet d'assurer le fonctionnement d'un service public, de régler les
rapports entre les Citoyens et l'Etat. Et à ce titre, l'on peut légitimement soutenir que le droit
5
judiciaire privé est un branche du droit public ( ).

Aussi est-il normal que les règles de procédure aient un caractère impératif, car l'on ne
peut abandonner aux plaideurs le choix de la juridiction à saisir, des formalités à accomplir; c'est ce
6
caractère qui se traduit par l'intervention de la notion d'ordre public ( ).

5. Le champ d'application de la procédure civile

Le problème du champ d'application de la procédure civile peut être envisagé à trois


niveaux : du point de vue de la matière, de l'application dans le temps et de l’application dans
l'espace.

a) Du point de vue de la matière

La procédure civile régit tous les litiges de droit privé, que ceux-ci soient régis par le
droit civil, coutumier, commercial ou par le droit du travail et de la sécurité sociale.

La procédure civile régit également le contentieux administratif de pleine juridiction


(répondant aux actions patrimoniales), elle régit aussi le contentieux d'annulation, en effet, en droit
Congolais, la Cour d'Appel a compétence pour annuler au premier degré, les actes ou décisions des
autorités administratives régionales, locales, qui voient la loi, tant qu'une procédure ad hoc n'aura
pas été promulguée, il est entendu que c'est la procédure civile qui régit ce genre de litige.

La procédure civile régit également les litiges fiscaux qui sont portés devant les tribunaux
civils , il en est ainsi en matière de droits d'enregistrement lorsque le contribuable estime qu'il lui
est réclamé plus qu'il ne doit ou en matière de droit de douane pour répéter des droits payés
indûment ou en matière d'impôt direct lorsque le contribuable ayant épuisé le recours administratif
peut s'adresser à la Cour d'Appel.

Traditionnellement, la procédure civile régit aussi ce qu'on appelle la juridiction


gracieuse, consistant pour un juge ou un tribunal à dire le droit en l'absence de toute contestation.
De même, les règles qui régissent l'exécution forcée des jugements et des arrêts civils appartiennent
à la procédure civile. Ainsi donc, tous les litiges de droit privé sont soumis à la procédure civile.

b) Du point de vue de l'application dans l'espace

En principe, le droit judiciaire privé étant une législation nationale, s'étend à tout le
territoire national et n'a point d'application en dehors. Des difficultés peuvent naître sur le plan du
droit international privé lorsque les tribunaux Congolais font application du droit étranger quant au
fond de l'action alors que les règles de forme sont liées au fond. Des difficultés peuvent également
surgir lorsque des décisions étrangères (sentence arbitrale ou jugement) doivent être exécutée au
Congo, la procédure civile Congolais réglemente minutieusement l'exequatur des jugements et des
sentences arbitraires.

5) A. RUBBENS, Le Droit judiciaire Congolais, Tome IV. La Procédure contentieuse de droit privé, Presse
Universitaire du Congo, 1978, n° 11 ; Jean VINCENT et Serge GUINCHARD; op. cit. n° 12.
6) Jean VINCENT et Serge GUINCHARD; op. cit., n° 12.
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c) Du point de vue de l'application dans le temps

Les lois de procédure sont d'application immédiate, elles régissent sans attendre les
instances en cours, ainsi le procès commencé sous l'empire de la loi ancienne doit être jugé suivant
les formes de la loi nouvelle.

Toutefois la loi nouvelle ne s'applique qu'aux actes de l'instance postérieur à sa


promulgation, les actes antérieurement accomplis restent valables, alors même qu'ils seraient
7
irréguliers ou tardifs d'après la loi nouvelle, il y a ici droits acquis ( ), il faut également relever une
exception au principe de l'application immédiate des lois de procédure, s'agissant des lois de
compétence, le principe de l'effet immédiat n'est admis que si l'affaire n'a pas déjà subi sur le fond,
l'épreuve d'un jugement en premier ressort, car en ce cas la bonne administration de la justice
requiert que la cause continue à relever du même ordre juridictionnel jusqu'à la fin du procès.

La doctrine fait également échapper au principe de l'application immédiate des lois de


procédure la cause dans laquelle est déjà rendu un jugement interlocutoire.

De même si la loi nouvelle au cours de l'instance d'appel, la juridiction qui aurait été
saisie antérieurement et valablement, demeure compétente et les règles de l'exécution provisoire
8
sont celles qui étaient en vigueur au moment où la décision a été rendue ( ). L'on doit également
noter que lorsqu'une loi nouvelle intervient alors que le pourvoi en cassation est devant la Cour
Suprême de Justice, elle ne peut recevoir application devant cette juridiction, en effet la Cour
Suprême de Justice juge les jugements et non pas les litiges et ne peut apprécier la décision des
9
juges de fond qu'au vu de la loi applicable ( ).

6. L'interprétation du droit judiciaire privé

Le droit judiciaire privé étant une branche du droit public, il est normal que ses règles
soient impératives et de stricte interprétation. Toutefois des nuances doivent être apportées à cette
affirmation.
Concernant le caractère impératif, il faut souligner que conçues pour permettre aux
particuliers de faire valoir des prétentions de droit privé donc, des prétentions dont ils ont entière
disposition, ces règles doivent fournir aux justiciables des garanties au sujet de leurs droits, et les
justiciables peuvent renoncer librement à ces garanties (10).

Mais les règles de droit judiciaire gardent leur caractère impératif lorsqu'elles
déterminent les modalités par lesquelles les particuliers peuvent mettre l'appareil judiciaire en
mouvement ; concernant la stricte interprétation, le principe a pour but de ne pas introduire dans la
procédure Congolais des institutions qu'elle ignore, cependant si la procédure a été instaurée c'est
pour permettre aux justiciables de trouver une solution pacifique à leurs contestations, dès lors, les
organes judiciaires ont le devoir d'utiliser tout l'arsenal des moyens de procédure que le législateur
met à leur disposition en vue de dire le droit applicable.

7. Les techniques de la procédure civile (11)

7.1. Le système accusatoire et le principe dispositif


a) Le système accusatoire

7) R. MOREL, op. cit., n° 19, p. 19; H. SOLUS et R. PERROT, op. cit., n° 23.
8) Jean VINCENT et Serge GUINCHARD, op. cit., n° 45.
9) Idem.
10) A. RUBENS, op. cit., n° 12.
11) Idem.
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Dans la procédure accusatoire, les juges adoptent une attitude purement passive, ils
attendent que les parties apportent la preuve de bien-fondé de leurs prétentions ou des exceptions
qu'ils soulèvent, ils ne prennent aucune initiative quant à la recherche de la vérité, ils ne prennent
12
pas la direction de la marche du procès qui se trouve entre les mains des parties ( ), dans la
procédure inquisitoriale, les juges prennent l'initiative de rétablir le droit partout où ils le voient
violé et de le protéger, ils se saisissent d'office des litiges de leur compétence pour y apporter la
juste solution, ils recherchent activement la vérité en recourant d'office à tous les moyens de preuve
13
susceptibles de les éclairer, ils prennent en main la direction des opérations de la procédure ( ).
Dans ce sens, les parties peuvent de commun accord, le dessaisir ou restreindre sa saisine.

b) Le principe dispositif

Il signifie, au sens strict, que les parties ont la maîtrise de la matière litigieuse, le pouvoir
de fixer les éléments du litige. Ce qui veut dire que le juge ne peut statuer que sur ce qui lui est
demandé et non pas sur ce qui ne lui est pas demandé.

Cependant, il est possible que certaines questions se posent, quant à l'étendue de ce


pouvoir et quant au point de savoir quels sont les pouvoir du juge. Ce dernier peut-il requalifier les
faits allégués par les parties, peut-il relever des faits que ces parties n'ont pas allégués ?

1°. Au plan des faits

Le domaine des faits du procès est essentiellement du ressort des plaideurs qui ont la
charge d'alléguer les faits qui sont pertinents et de nature à fonder leurs prétentions. Le juge ne peut
pas fonder sa conviction sur des faits qui ne sont pas dans le débat, toutefois, il est admis que le
juge peut prendre en considération même les faits que les parties n'auraient pas spécialement
invoqués au soutien de leur prétention. C'est ce qu'on appelle faits adventices. C'est-à-dire des faits
qui ont été allégués par les parties même, dont elles n'ont tiré aucune conséquence juridique. Il est
admis que le juge ne pas toujours constants des faits pour la simple raison que les parties ne les ont
pas expressément contesté, le juge, en vertu de son pouvoir d'interpréter les écritures de parties peut
les contester sur la base d'une contestation implicite par ces parties.

2°. Au plan du droit

S'il est vrai que les parties ont la maîtrise du fait, sous réserve d'une certaine intervention
du juge, en revanche le juge a la maîtrise du droit, il a l'obligation de trancher le litige
conformément aux règles de droit qui lui sont applicable. Il a le pouvoir de qualifier les faits afin de
déterminer la règle de droit applicable, il a aussi le pouvoir de modifier ou d'interpréter le
fonctionnement juridique invoqué par le demandeur au soutien de ses prétentions. Ce pouvoir vaut
pour toutes les règles de droit qu'il s'agisse des règles de fond, des règles de compétence ou des
14 15
règles de procédure ( ). C'est ce pouvoir qu'exprime l'adage " jura novit curia " ( ).
Le juge peut modifier le fondement de la demande en relevant d'office un moyen de droit mais à la
double condition de respecter le principe du contradictoire et de ne pas modifier les termes du litige
16
dans son objet et dans sa cause ( ). Il nous faut signaler deux autres limitations au pouvoir du juge
17
d'appliquer le droit ( ).

12) A. RUBBENS; Tome I - Le pouvoir, l'organisation et les compétences judiciaires, Kinshasa-Bruxelles, 1970, n°
31.
13) Idem.
14) Jean VINCENT et Serge GUINCHARD, op. cit, n° 554 ; Loïc CADET, op. cit., n° 895.
15) Loïc CADET, op. cit, n° 897; A. RUBBENS, op. cit., n° 69.
16) VINCENT et S. GUINCHARD, op. cit., n° 557.
17) Loïc CADET, op. cit., n° 899.
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7.2. Le principe de l'immutabilité du litige (18)

1. Notion de l'immutabilité du litige

a. La doctrine classique a longtemps enseigné que l'étendue de l'instance est


définitivement fixée par la demande en justice et que durant le procès, il n'est pas possible d'en
modifier les éléments constitutifs.

b. Les raisons suivantes sont invoquées comme fondement de ce principe :


 le souci de ne pas compliquer le procès,
 le souci de sauvegarder les droits de la défense, en tenant l'adversaire à l'abri de
modifications susceptibles de le surprendre,
 la crainte que les règles de compétence ne soient perturbées par l'adjonction de
nouvelles prétentions.

2. La position de la doctrine moderne

a. Ce principe pousse à l'extrême, risque d'entraîner des conséquences fâcheuses.


b. Il y a une " dynamique du procès " qui fait que celui-ci continue d'évoluer durant
l'instance, il faut permettre aux parties d'élargir le débat initial, pour ne pas les obliger à engager un
nouveau procès, qui va entraîner une perte de temps.
c. Tout en se souciant de la bonne administration de la justice et du respect des droits
de la défense; il est préférable de conserver au lien juridique d'instance une certaine plasticité afin
de permettre aux plaideurs de vider en une seule fois tout le contentieux qui les oppose. Bref "
l'objet du litige peut être modifié par des demandes incidentes pourvu qu'elles se rattachent aux
prétentions originaires par un lien suffisant ". L'immutabilité du litige est désormais considérée
comme une règle ayant valeur de référence afin d'éviter les excès que peut entraîner la recevabilité
désordonnée des demandes incidentes.

7.3. Le caractère contradictoire de la procédure civile

Le caractère contradictoire est essentiel à la procédure civile, en effet, toute prétention de


droit formulée à l'endroit d'une partie doit lui être notifiée et ce dans les délais légaux, cependant la
loi organise la procédure par défaut qui suppose que la partie défaillante a eu connaissance de
l'objet de l'instance ainsi que du lieu, de la date et de l'heure de l'audience, mais la procédure par
défaut réserve les droits de la partie défaillante à faire revoir contradictoirement la procédure à
laquelle elle n'a pas pu assister.

7.4. L'oralité de la procédure civile

Le principe de l'oralité est de rigueur, les parties doivent comparaître en personne ou être
représentées et soutenir verbalement leurs prétentions sous forme de conclusion et peuvent plaider
la thèse qu'elles soutiennent. Les enquêtes et auditions personnelles des parties se font par
interrogatoire verbal à l'audience.
Le serment litisdécisoire ou supplétoire est toujours oral et formulé à l'appui d'une
déclaration verbale. Le jugement doit être prononcé. Toutefois, le principe de l'oralité est tempéré
par les éléments suivants :
 les actes de la procédure et le jugement sont " actés " par le greffier ou repris par les
exploits d'huissier;
 plusieurs actes de procédure sont nécessairement formés par écrit, exemple :
commission rogatoires, assignations;

18) Henry SOLIES et Roger PERROT, Droit judiciaire privé, Tome III, Procédure de première instance, Paris, éd.
Sirey Paul, 1991, n° 1015.
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 d'autres actes de procédure peuvent être formés par écrit (lettre missive) ou par
déclaration actée : exemple : acte d'appel ou d'opposition;
 il y a des actes qui doivent nécessairement être faits oralement mais doivent faire
l'objet d'un dépôt de note qui dispense le greffier d'acter la déclaration; exemple :
comparution volontaire, conclusions, désistement, etc. L'oralité perd sa raison d'être dans
certaines procédures qui ne sont pas publiques, exemple :
 les ordonnances rendues sur requête;
 la procédure du recours en annulation se faisant essentiellement sur " pièces "
quoique ne soit pas exclue la tenue d'une audience publique avec audition des parties;
 dans la procédure de pouvoir en cassation, il est largement fait recours à la procédure
écrite d'où cependant l'oralité n'est pas totalement absente.

7.5. La publicité des audiences civiles

La publicité des audiences est considérée comme une garantie essentielle pour la bonne
administration de la justice, cette garantie ne concerne pas seulement les parties à la cause mais elle
protège aussi les juges contre les suspicions du public.
Enfin, il y a mieux de noter que la publicité des audiences est d'ordre public.

7.6. La publicité des jugements

L'article 21 de la constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi du 20


janvier 2011 dispose que les jugements sont prononcés en audience publique, même dans le cas où
le huis clos a été ordonné et dans le cas où une partie de la procédure se fait en chambre du Conseil.
Dans certains cas, les jugements font l'objet d'une publicité spéciale. Ainsi par exemple, il est requis
que les jugements prononçant le divorce ou la faillite doivent être publiés par extraits dans le
journal officiel. De même, la publication d'un jugement peut être ordonnée par le tribunal au titre de
réparation civile.

7.7. Les formes et le secret du délibéré

A. Les formes du délibéré (19).

Le délibéré peut se présenter sous trois formes :


a) les membres du tribunal, sans quitter la salle d'audience, se concertent à voix basse
sur la décision à prendre, une fois qu'ils sont d'accord, le jugement est rendu séance tenante, on
appelle cette forme de délibéré, le jugement sur le siège,
b) le tribunal se retire pendant quelque temps, après lequel il rentre dans la salle
d'audience et rend son jugement. Dans ce cas, on parle de jugement rendu sur le banc.
c) le tribunal estime qu'il a besoin de plusieurs jours pour délibérer. C’est la procédure
à laquelle le tribunal se réfère le plus souvent. En droit français, la loi exige que si le jugement n'est
pas rendu sur le banc, le tribunal doit indiquer aux parties la date à laquelle il sera prononcé ( 20).
Cette règle est importante lorsque le point de départ des délais des voies de recours se situe au jour
du prononcé du jugement, il est alors essentiel, pour le respect des droits de la défense, que les
parties soient informées du jour où le jugement sera prononcé. Dans la pratique il se pose un
problème sérieux du respect du délai du prononcé.

Il y a lieu de préciser que ne peuvent participer au délibéré que les juges devant lesquels
l'affaire a été débattue. Cette exigence a pour vocation d’assurer le respect du principe qui veut que
les juges se prononcent d'après la connaissance qu'ils ont acquise des éléments du débat et non pas

19) J. VINCENT et S. GUINCHARD, op. cit., n° 1220.


20) Art. 450 du Code de Procédure Civile.
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d'après leurs renseignements personnels. Cette règle qui est prévue sous forme de disposition légale
ailleurs, (21) est appliquée en droit congolais à titre de principe général de droit (22).

B. Le secret du délibéré (23).

Les délibérations des juges sont secrètes, ce qui entraîne deux conséquences :
a) toute personne autre que les magistrats légalement admis au délibéré doit être écartée
de ce délibéré.
b) toute divulgation de son contenu est interdite. La nullité du jugement peut être
prononcée sur base de cette divulgation en considérant qu'il s'agit d'une nullité d'ordre public (24).

7.8. L'accessibilité au public des registres et archives du greffe

L'article 84 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ, requiert des parties l'autorisation du
Procureur Général de la République et celle du Procureur Général près la Cour d'Appel pour toute
communication et délivrance des pièces judiciaires.

Des greffiers Congolais se fondent, à tort sur cette disposition, pour refuser l'accès au
public, des archives civiles gardées au greffe, il s'agit d'une mauvaise interprétation étant donné que
l'article 84 susvisé ne concerne que la matière répressive et disciplinaire.

7.9. Le rôle du Ministère Public en Procédure Civile

Le Ministère Public assiste à toutes les audiences civiles des tribunaux, à cette fin il peut
recevoir en communication les dossiers des parties ; en certaines matières que la loi elle-même
fixe1, il doit prendre connaissance des dossiers et formuler un avis, en veillant au respect du droit et
de l'ordre public.
En sa qualité de responsable du maintien de l'ordre dans les Cours et Tribunaux, il
signale au Président, Maître de l'audience, les abus et excès qu'il constate dans le chef des parties et
de leurs défenseurs comme dans le chef des tiers, au cas où leurs agissements revêtent un caractère
infractionnel et que le tribunal n'applique pas la procédure de délit d'audience, il peut dresser un
procès-verbal de constat.

Le Ministère Public exerce également une mission de surveillance des officiers publics et
des officiers ministériels, sauf des agents du greffe et de l'office des huissiers2.

8. Les sources de la procédure civile

8.1. La Constitution

La constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi du 20 janvier 2011 portant
révision de certains articles de la constitution consacre plusieurs dispositions procédurales. A titre
exemplatif nous pouvons citer :

21) J. VINCENT et S. GUINCHARD, op. cit.; 1218.


22) NIMY MAYIDIKA NGIMBI : Essai critique de jurisprudence. Analyse d'arrêts de la Cour Suprême de Justice,
1969-1972, Kinshasa, 1973, p. 88-91
Le développement que Maître Nimy consacre à cette question se situe sur le terrain des causes pénales, mais ce principe
s'applique aussi en procédure civile.
23) J. VINCENT et S. GUINCHARD, op. cit., n° 1223.
24) J. VINCENT et S. GUINCHARD, op. cit., n° 1243.
1 Art. 68 et 69, loi organique de 2013 sur l’OCJ
2 Article 66, idem
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L'article 19 institue le droit, pour toute personne d'être jugée dans un délai
raisonnable.
 l'article 21 proclame la nécessité d'un jugement écrit et motivé. l'exigence de la
motivation obéit à des fins de contrôle par les juridictions supérieures (appel, cassation, requête
civile).
 l'article 20 alinéa 1 requiert le prononcé du jugement en audience publique, éte…

8.2. La loi et les actes ayant force de loi (les ordonnances-loi ou les décrets-lois)

La loi, entendue comme un acte pris par le parlement dans le cadre de sa mission
principale de légiférer, est une source importante de la procédure civile à bien des égards. L’on
distingue d’une part la loi organique et, d’autre part, la loi ordinaire. A coté de la loi, figurent
d’autres actes qui, par nature, sont de la compétence du parlement, mais pour une circonstance
donnée sont pris par le gouvernement ou le pouvoir exécutif. C’est à ce titre que la constitution du
18 février 2006 dispose en son article 129 que le gouvernement peut, pour l’exécution urgente de
son programme d’action, demander à l’assemblée nationale ou au sénat de prendre par ordonnances
lois pendant un délai limité et sur des matières déterminées, des mesures qui sont normalement du
domaine de la loi.

8.3. Les ordonnances du premier président de la Cour de cassation et celle des


premiers présidents des Cours d'Appel.

Les ordonnances comme acte par lequel le président de la République statue en matière
réglementaire ne doivent se confondre avec une catégorie des ordonnances prises par les chefs de
juridiction en vue de régler des questions qui ne rentrent pas dans le pouvoir juridictionnel. Dans ce
sens, les articles 21 et 27 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ reconnaît au premier président de la
Cour d’appel et celui de la Cour de cassation le pouvoir de régler le service d'ordre intérieur de leur
juridiction.
Ces dispositions accordent le pouvoir à chaque Premier Président de la Cour d'Appel de
régler le service d'ordre intérieur des cours et tribunaux dans son ressort. Ces ordonnances
constituent également une source de la procédure civile.

8.4. La jurisprudence

La jurisprudence demeure une source de droit de procédure civile, compte tenu de


l'accroissement des litiges, la preuve en est la place importante consacrée dans les revues juridiques
aux décisions rendues en matière de procédure.

Il convient de relever ici la place qu'occupent dans la jurisprudence, les arrêts de principe
de la Cour de cassation, pour autant qu’ils soient considérés comme guides de la jurisprudence tout
entière.

8.5. La doctrine

Le rôle de la doctrine est primordial, la doctrine anime considérablement le progrès et


l'évolution du droit, par ses analyses, ses recherches et ses critiques, elle stimule le législateur à
améliorer des textes incomplets ou obscurs. Bref; la doctrine peut créer une école, une orientation
26
nouvelle .

26 Emile LAMY, Le droit privé Congolais, volume I, Presses Universitaires du Congo, Kinshasa 1975, p. 131, n°81.
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8.6. La coutume, les usages et les pratiques judiciaires

La coutume, en droit judiciaire privé, peut jouer un rôle important mais uniquement en ce
qui concerne les règles de procédure, les usages sont, en effet, dépourvus d'efficacité en matière
d'organisation judiciaire et de compétence qui relève du droit public.

Mais, l'usage jouera un rôle purement supplétif, c'est-à-dire chaque fois que le législateur
n'aura pas prévu aucune disposition légale dans une matière. Il ne l'emportera pas sur la règle, s'il
est en contradiction avec elle, encore que la loi a souvent adopté certains usages qui s'étaient
imposés en les coulants dans des textes.

A côté des usages, il ne faut point méconnaître l'importance de la pratique judiciaire qui
crée ces procédés que la loi n'avait prévus mais qui varient suivant les tribunaux établis dans les
différents ressorts des Cours d'Appel.

En RDC, la coutume locale issue du droit coutumier pourra suppléer, en plus des usages
et pratiques judiciaires aux lacunes de la loi et ce, en vertu de l'ordonnance du 14 mai 1886 qui
dispose :
" Lorsque la matière n'est pas prévue par un décret, un arrêté ou une ordonnance déjà
promulguée, les contestations qui sont de la compétence des tribunaux du Congo seront jugées
d'après les coutumes locales, les principes généraux du droit et l'équité".

Les articles 10, 110, 118 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ prévoient que si une
contestation doit être tranchée suivant la coutume, celles-ci s’applique [pour autant qu'elle soit
conforme aux lois et à l'ordre public]. Les cours et tribunaux s'inspirent des principes généraux du
droit qui, comme les autres sources du droit judiciaire, suppléent au silence de la loi dans les
matières judiciaires.

8.8. L'équité

Lorsque le texte, c'est-à-dire les principes généraux du droit, la coutume locale, les
usages et la pratique judiciaire font défaut, les tribunaux s'en réfèrent à l'équité, qui est également
source de droit et à laquelle renvoie l'ordonnance de 1886 précitée. L'on peut définir l'équité comme
27
le sens humain de la pondération et de la conscience sociale du juge .

9. Bibliographie sommaire

A. Droit Congolais

1. Antoine SOHIER : Droit de procédure du Congo-Belge. Cet ouvrage édité en 1952 porte
sur la procédure pénale et la procédure civile.
2. BOURS L. : Répertoire général de la jurisprudence congolaise, Elisabethville 1951.
3. COLIN J.P : Répertoire général de la jurisprudence congolaise, Elisabethville 1936 +
supplément 1940.
4. DUFRENOY P. : Précis de procédure civile et de procédure pénale coloniale, Bruxelles,
1952.
5. J. PIRON P. et DEVOS: Codes et Lois du Congo-Belge, 3 volumes, Bruxelles, 1959-1960.
N.B. : Le Tome II qui traite de l'organisation administrative et judiciaire contient aux pages 23 à
41, le Code de Procédure Civile du 7 mars 1960.
6. R. HOEN: Manuel pratique de procédure à l'usage des huissiers au Congo-Belge,
Bruxelles, 1953.
7. P. PIRON: Supplément aux codes congolais, 4 fascicules, Bruxelles, 1970.

27 Emile LAMY, op. cit. p. 118, n° 71.


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 10

8. Revue Jurisprudence et Droit du Congo


9. Revue Juridique du Congo-Belge
10. Revue Juridique du Congo
11. Antoine RUBBENS : Le droit judiciaire Congolais. Tome II ; la procédure judiciaire
contentieuse du droit privé, Presse Universitaire du Congo, Kinshasa, 1978.

B. Droit Belge

1. BRAAS (chev), Précis de procédure civile, 3è éd. Liège-Bruxelles, 1994.


2. Le Code judiciaire de 1967.
3. A. FETTWEIS, La compétence -Tome II, précis du droit judiciaire, Bruxelles, Larcier,
1971.
4. André LE PAIGE, Précis de droit judiciaire, Tome IV, les voies de recours, Bruxelles,
Larcier, 1973.
5. E. KRINGS, L'organisation judiciaire, Tome I du précis de droit judiciaire.
6. M. STORME, L’instance, Tome III du précis de droit judiciaire
7. F. RIGAUX, La nature du contrôle de la Cour de Cassation, Bruxelles, Bruylant, 1966.
8. Georges DE LEVAL, Institutions judiciaires. Institution au droit judiciaire privé, Ed.
collection scientifique de la Faculté de Droit de Liège, 1993.
9. Répertoire pratique du Droit Belge
10. Pendantes Belges
11. Les Nouvelles, procédure civile (2 tomes)
12. Pasicrisie
13. Journal des tribunaux.

C. Droit Français

1. H. SOLUS et R. PERROT, Droit judiciaire privé, Tome I : Introduction, Notions


fondamentales, organisation judiciaire, éditions Sirey-Paris, 1961. Tome II : La compétence, même
édition, 1973, Tome III :
Procédure de première instance, même édition 1991.
2. MOTUISKV, Ecrit, Etudes et Notes de procédure civile, préface Cornu et Foyer, éd.
Dalloz, 1973.
3. Loïc CADET, Droit judiciaire privé, éd. Litec, 1992.
4. CORNU et J. FPYER, Procédure civile, coll. Thémis, 1958, supplément 1960.
5. H. CROZE et Ch. MOREL, Procédure civile 1988, Presses Universitaires de France
(P.U.F), éd. collection Droit fondamental.
6. R. PERROT, Institutions judiciaires (précis Domat), 5è éd. , 1993.
7. M.L. RASSAT, Institutions judiciaires, Paris, P.U.F, 1993.
8. J. VINCENT, S. GUINCHARD, G. MONTAGNIER et A. VARINARD, La justice et ses
institutions dans le droit contemporain, 3è éd., Paris, Dalloz, 1991.
9. Jean VINCENT et Serge GUICHARD, Procédure Civile, Précis, Paris, Dalloz, 1994.
10. Encyclopédie Dalloz, Répertoire de procédure civile, Tome I, 1978, Tome II, 1979, Tome
III, 1980.
11. M. DONNIER, Voies d'exécution, 3è éd., Paris, éd. Litec, 1993.
12. J. VINCENT et J. PREVAULT, Précis d'exécution, 17è éd., 1993.
13. Recueil Dalloz-Sirey
14. La semaine juridique ou jurisclasseur périodique (J.C.P).
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 11

PREMIERE PARTIE : LA PROCEDURE CONTENTIEUSE

Dans cette partie du cours nous analyserons d’une part la procédure judiciaire, qui suppose que les
parties soumettent leur litige à un tribunal ou à une cour pour le dénouer ; et d’autre part, la
procédure arbitrale impliquant que les parties se confient à des privés qu’elles choisissent elles-
mêmes avant tout comme après la survenance du litige.

TITRE I. LA PROCEDURE JUDICIAIRE


CHAPITRE I : LES PROCEDURES PREALABLES

Il existe un certain nombre de procédures qui se déroulent avant même que le procès
proprement dit ne commence, et dont l’examen préalable est capital. Certains auteurs, pour des
raisons didactiques, examinent d'abord le déroulement du procès sous ses diverses facettes; ce n'est
qu'après qu'ils abordent les procédures préalables. Nous avons opté pour la rationalité judiciaire, qui
consiste à étudier d'abord les procédures pré juridictionnelles avant d’en arriver à la phase de
l’instruction à l’audience.

Section 1 : La mise en demeure

Il s'agit d'une sommation notifiée par le créancier au débiteur d'avoir a exécuter son
obligation. Bien souvent, un créancier d'une obligation ne peut ester en justice contre son débiteur
sans l'avoir préalablement mise en demeure. La mise en demeure n'est soumise à aucune règle de
forme en droit Congolais, l'essentiel pour le créancier est de s'aménager une preuve.

Souvent c'est l'huissier, officier ministériel, qui est qualifié pour faire des sommations
civiles, mais le créancier peut aussi utiliser une lettre recommandée à la poste. En droit OHADA, la
mise en demeure n’est pas requise en matière d’injonction de payer et de livrer ou de restituer. Le
législateur OHADA a simplifié la procédure de recouvrement des créances. L’on devra noter
toutefois qu'en matière d'exécution forcée, la mise en demeure reste une des conditions préalables et
est remplacée par le " commandement préalable"3.

Section 2 : La tentative de conciliation

Nous rappelons brièvement l'essentiel de l'enseignement de l'Organisation et Compétence


Judiciaires sur la conciliation.

En Afrique, la conciliation, appelée " palabre ", constitue l'expression d'une philosophie
de vie sociale qui permet le règlement pacifique des conflits en société en faisant en sorte que
chaque patriote ait la satisfaction morale et psychologique de vider la rancœur et la haine
accumulée, de ménager l'amour propre des parties car il n'y a ni vainqueur ni vaincu et la paix
sociale est rétablie.

En France, la conciliation se trouve consacrée au niveau judiciaire avec l'institution du "


Conciliateur ", qui est une sorte de juge privé désigné dans un quartier pour régler à l'amiable de
petits litiges de droit privé, la conciliation a aussi été instituée en France au plan administratif avec

3 Lire pour plus de détails, l’Acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des
voies d’exécution, Acte adopté le 10 avril 1998 et paru au JO OHADA n°6 du 1er juillet 1998.
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la création du " médiateur de la République ". Quand les parties ont déjà saisi la justice, on peut
présumer que les chances de réconciliation ont été épuisées par les avocats ou de tiers médiateurs,
toutefois, la conciliation, en droit judiciaire privé, reste toujours possible en tout état de la
procédure et le juge Congolais doit s'y intéresser.

Le droit congolais rend obligatoire la tentative de conciliation préalablement à la tenue de


l'audience publique dans les cas suivants :

1. Pour exercer l'action en divorce :

L'article 559 du Code de la Famille charge le Président du Tribunal de Paix, à huis clos,
de tenter en amiable conciliateur de resserrer les liens conjugaux, dans un but de rapprochement des
époux, le Président peut convoquer les personnes qu'il estime susceptibles de favoriser celui-ci, il
peut aussi ajourner la suite de l'instance en divorce pour une durée maximum de six mois lorsque le
rapprochement n'est pas exclu. Avant l'instruction de la cause, le Tribunal de Paix peut encore à la
demande des parties ou même d'office, ordonner que celles-ci se présentent devant des réunions de
famille, la conciliation intervenue en cours d'instance est constatée par le tribunal, elle éteint
l'action (art. 567 du Code de la Famille).

2. En matière de conflit de travail

En cette matière, aucune action opposant l’employeur à son employé n'est recevable, si la
conciliation extrajudiciaire n'a pas été tentée devant l’inspecteur du travail compétent (art. 200 du
Code du Travail). Cette conciliation doit en plus aboutir à l’établissement d’un procès verbal de non
conciliation ou de conciliation partielle.

3. En matière de mariage

En matière de mariage, le consentement des parents au mariage, qu'il s'agisse des enfants mineurs,
constitue une obligation légale pour la validation du mariage. En cas de refus de consentement des
parents, ou du tuteur, et que le Conseil de famille n'a pas pu obtenir le consentement, le futur époux
ainsi que le ministère public peuvent saisir, par requête, le Tribunal de Paix, ce dernier instruit à
huis clos la requête en amiable conciliateur (art. 359 du Code de la Famille). Ce préalable se trouve
à se jour irrélevant depuis l’entrée en vigueur de la loi du 10 janvier 2009 portant protection de
l’enfant4. En effet, ce texte de loi en prohibant l’émancipation de la minorité du fait du mariage a
abrogé plusieurs dispositions relatives à cette matière, en l’occurrence le consentement des parents
au mariage de mineure.
4. En matière de versement de la dot

Si la dot est refusée par ceux qui, selon la coutume, doivent la recevoir, les futurs époux peuvent
porter le litige devant le conseil de famille, si le refus persiste, les futurs époux ainsi que le
ministère public peuvent saisir, par requête, le Tribunal de Paix qui instruit à huis clos la requête en
amiable conciliateur (art. 367 du Code de la Famille).
5. En matière des devoirs conjugaux

En cas de manquement de l'un des époux à ses devoirs conjugaux, le Tribunal de Paix saisi par
l'époux plaignant, tentera, en chambre du conseil, de concilier les époux plaignants, à cet effet, il
peut notamment faire comparaître les époux en personne ainsi que leurs parents, appeler en
chambre du conseil les personnes susceptibles de promouvoir la conciliation (art. 460 du Code de la
Famille).

4 Lire avec intérêt l’article 48 de la loi portant protection de l’enfant.


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Section 3 : L'autorisation du juge préalable à l'introduction de la demande en


justice

Selon l'article 450 du Code de la Famille, la femme mariée ne peut ester en justice en
matière civile, acquérir, aliéner ou s'obliger sans l'autorisation de son mari, si le mari refuse
d'autorisation, le Tribunal de Paix peut donner l'autorisation.

Ce qui nous intéresse pour le moment c'est l'autorisation pour ester en justice contre un
tiers, l'article 451 du Code de la Famille dispose que l'autorisation du mari n'est pas nécessaire à la
femme dans les cas suivants :
 pour ester en justice contre son mari;
 pour disposer à cause de mort;
 si le mari est absent;
 si le mari est condamné à une peine d'au moins six mois d'emprisonnement, pendant
la durée de sa peine.

En matière de tutelle, l'autorisation du Tribunal de Paix est requise pour un tuteur qui
veut passer, pour les biens du mineur, un acte excédent la simple administration, notamment ester
en justice (art. 231 du Code de la Famille).

Il y a quatre cas dans lesquels la loi prévoit l'autorisation de justice :


 Selon l'article 178 du Code de la Famille, les droits et les devoirs de l'administration
des biens d'un absent, se limitent à l'administration des biens, il ne peut intenter une action ni y
défendre sans autorisation de justice.
 S'il y a nécessité ou avantage évident à aliéner ou à hypothéquer les immeubles de
l'absent, l'administrateur peut y procéder avec autorisation de justice (art. 181 du Code de la
Famille).
 En cas de manquements d'un des époux à ses devoirs, le Président du Tribunal de
Paix tentera de concilier les époux, si la conciliation n'aboutit pas, il rend une ordonnance
constatant l'échec et autorisant la partie requérante à saisir le tribunal (art. 460 al. 4 du Code de la
Famille).

Section 4 : L’abréviation de délai

Le délai d'assignation est de 8 jours francs. Mais dans les cas qui requièrent célérité et
urgence, le président de la juridiction compétente peut, par ordonnance rendue sur requête,
permettre d'assigner à bref délai (art. 10 du Code de procédure civile).

C'est l'ordonnance du président qui fixe le délai abrégé, une expédition de l'ordonnance
doit être signifiée en même temps que l'assignation.

Section 5 : La désignation d'une personne ayant qualité pour ester en justice pour
un incapable

Le Code de la Famille prévoit quelques cas dans lesquels l'on désigne une personne ayant
qualité pour ester en justice pour un incapable, il y a notamment les suivants :
1. En cas d'absence du père, qui a laissé des enfants mineurs, la mère et un membre de
famille du père absent, désigné par le Tribunal de Paix, sur proposition du Conseil de famille,
exercent sur les enfants tous les attributs de l'autorité parentale, notamment quant à leurs biens (art.
198 du code de la famille), ils peuvent ainsi intenter une action en justice ou y défendre, dans le
cadre de l'administration des biens des enfants.
2. Lorsque les intérêts des père et mère, tuteur ou curateur ou de leurs parents ou alliés
sont en conflit avec les intérêts de l'incapable, le Tribunal de Paix désignera un tuteur spécial ou
remplira lui-même cet office (art. 216 du code de la famille).
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L'on peut donc en ce cas concevoir que le tuteur spécial soit désigné pour ester en justice.

3. Le parent qui exerce seul l'autorité parentale sur les enfants mineurs peut, s'il se
considère incapable, demander au Tribunal de Paix de désigner un tuteur (art. 324 du code de la
famille), ici également, ce tuteur peut être amené à ester en justice.
4. Pendant la minorité de l'enfant, la mère peut exercer l'action en recherche de
paternité, si la mère de l'enfant est décédée ou encore si elle se trouve dans l'impossibilité de
manifester sa volonté, l'action sera intentée par un membre de la famille maternelle de l'enfant,
désigné par le Tribunal de Paix, conformément à la coutume ou par celui qui a la garde de l'enfant
(art. 631 du Code de la Famille).

Section 6 : La désignation d'un conseil

L'assistance ou la représentation de demandeur par un Conseil n'est pas en principe


imposée pour introduire une action, toutefois, dans des cas précis, la loi impose le recours à un
Conseil :
a) la requête civile ne peut être formée qu'après la consultation de trois avocats,
exerçant depuis cinq ans au moins près un des tribunaux du ressort de la Cour d'Appel dans lequel
le jugement a été rendu.
b) la requête introductive de pourvois en cassation doit être signée par un avocat du
barreau près la Cour de cassation.

La loi congolaise n'impose pas l'assistance judiciaire gratuite en faveur des personnes
indigentes dans les procès civils.

Mais la loi congolaise organise des mécanismes propres en faveur des personnes qui se
révèlent inaptes à exercer une action en justice, à assurer leur défense ou à y pourvoir.

En effet, l'article 68 de la loi organique du 11 avril 2013 portant organisation,


fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire prévoit ce qui suit :

- Les officiers du ministère public peuvent agir, en matière de droit privé, par voie
d'action principale dans l'intérêt de toute personne physique lésée qui serait inapte à ester en justice,
à assurer sa défense ou y pourvoir.

- Les officiers du ministère public peuvent, par voie de requête écrite, demander au
Président de la Juridiction, la désignation d'un Conseil chargé d'assister les personnes inaptes visée
au point ci-dessus.

- Le juge de paix qui préside le tribunal peut désignent d'office un Conseil chargé
d'assister les personnes dont il est question au point A ci-dessus.

Selon le Doyen Antoine RUBBENS, le cas d'inaptitude dont il est question est celui des
personnes parfaitement capables d'exercer leurs droits dans leur milieu traditionnel mais qui se
trouvent perdues dans un cadre de vie qui leur est trop peu familier et lorsque cette situation va de
pair avec l'indigence, il va de soi que les services du Conseil désigné soient " pro deo " (26). Nous
soutenons, pour notre part, que lorsque cette " inaptitude " se manifeste en ce qui concerne la
sauvegarde de la défense ou l'impossibilité d'y pouvoir, l'on se trouve bel et bien en présence d'une
véritable indigence. Le seul regret est qu'en ce cas, seul le Président du Tribunal de Paix soit
autorisé par la loi à désigner d'office un Conseil, e pouvoir aurait dû être reconnu à tous les Chefs
de juridictions.

26) A. RUBBENS, op. cit., n° 32, p. 29.


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Section 7 : Les mesures conservatoires

Dans certains cas, la loi prévoit l'organisation des mesures conservatoires en vue de
sauvegarder le fond même des droits des parties. Ces mesures conservatoires sont prises donc avant
que le tribunal ne soit saisi du fond même de la demande principale. C'est ainsi que :
- Les créanciers peuvent, avec la permission du juge, saisir un gage mobilier ou une
créance de leur débiteur, avant d'avoir obtenu un titre exécutoire.
- La loi du 20 juillet 1973 prévoit l'opposition au droit du propriétaire ou du
concessionnaire. Le droit de propriété ou de concession étant absolu, le législateur a cependant
prévu des cas où, dans l'intérêt des tiers, on peut le paralyser temporairement.

Peuvent faire opposition :


 le créancier hypothécaire du certificat d'enregistrement,
 le créancier muni d'un titre exécutoire,
 le précédent concessionnaire ou propriétaire ayant un droit à la rétrocession,
 le curateur de la faillite,
 la femme mariée,
 le détenteur du droit a devenir concessionnaire ou propriétaire.

L'objet de l'opposition est d'empêcher toute mutation, l'inscription de cette opposition au


certificat immobilier a pour effet de paralyser le droit du concessionnaire ou du propriétaire de se
dépouiller de sa concession ou de sa propriété. L'opposition est valable pour une durée de six mois
lorsqu'elle est autorisée par le Conservateur des titres immobiliers. Elle peut être renouvelée pour
une nouvelle période de six mois par une ordonnance du Président du Tribunal de Grande Instance.

- Le séquestre peut être postulé par voie de requête et peut être demandé
préalablement à une action litigieuse, en effet, selon l'article 523 du Code Civil Livre III, le juge de
l'ordonnance du séquestre contrôle le bien-fondé des requêtes, le requérant téméraire assume la
responsabilité du dommage causé par la mesure obtenue s'il se révélait dans la suite qu'elle n'était
pas justifiée.
- Le juge ordonnant le séquestre peut imposer l'opposition de scellés par voie
d'ordonnance.

Section 8 : La dispense de consignation des frais

En principe l'assignation ou la requête introductive n'est pas prise en considération par le


greffier qu'après la consignation de la somme d'argent nécessaire pour le paiement des frais. La
partie indigente peut obtenir du Président de la juridiction une ordonnance de dispense de
consignation des frais.
Sa requête est appréciée par le Président. Le Règlement Intérieur des Cours et Tribunaux
prévoient la production des documents justifiant l'indigence (art. 33 à 36 du règlement intérieur des
Cours et tribunaux).
C'est ainsi que :
S'agissant du fonctionnaire ou d'un militaire, l'indigence est appréciée sur la base des
crédits relatifs au traitement du dernier trimestre précédant l'introduction de la requête;
 S'agissant des agents des sociétés para-étatiques et des sociétés privées, l'indigence
est appréciée d'après les fiches de paie relatives au salaire du trimestre qui précède l'introduction de
la requête;
 Lorsqu'il s'agit d'un commerçant ou d'une personne exerçant une profession libérale,
l'appréciation de l'indigence se fonde sur les documents de déclaration ou de paiement d'impôt sur
les revenus relatifs à l'exercice fiscal précédant l'introduction de la requête.

En ce qui concerne les indigents ou les personnes qui ne rentrent dans aucune des
catégories précitées, il est tenu compte de l'attestation d'indigence délivrée par les autorités
administratives.
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CHAPITRE II : L'ACTION EN JUSTICE

Section 1 : Notions

§1. Définition

La loi ne définit pas l'action en justice. Cependant, la doctrine définit l'action en justice
comme étant le pouvoir reconnu aux particuliers de s'adresser à la justice pour obtenir le respect de
leurs droits et de leurs intérêts légitimes (27).

Le nouveau Code Français de procédure civile pose une définition qui a le mérite de la
clarté : l'action est le droit, pour l'auteur d'une prétention, d'être entendue sur le fond de celle-ci afin
que le juge la dise bien ou mal fondée. Pour l'adversaire, l'action est le droit de discuter le bien-
fondé de cette prétention (28).

Il faut noter que l'abus dans l'exercice de l'action est sanctionné par la condamnation aux
dépens, parfois aux dommages-intérêts. En effet, si un plaideur, en attaquant ou en se défendant,
abuse de la faculté offerte par la loi, son attitude peut être sanctionnée.

§2. L'objet de l'action (29).

Deux situations peuvent se présenter :


- Le droit est contesté de bonne foi et le contestataire estime ne pas devoir respecter
une prétention qu'il croit non fondée.
- Sans contester le droit, quelqu'un l'a lésé, de mauvaise foi par son comportement ou
refuse de s'y conformer.

Il faut savoir qu'on ne peut recourir à l'appareil judiciaire pour lui soumettre une
contestation abstraite, ou une controverse académique. En effet, les juridictions ne sont pas
instituées pour donner des consultations ni pour trancher des discussions jurisprudentielles, car leur
mission consiste à dire le droit, à trancher les litiges.

Généralement le juge est appelé à remplir trois rôles :


a) vérifier les faits qui définissent les rapports juridiques entre les parties ;
b) rechercher le droit qui régit ces rapports ;
c) procurer au demandeur un titre exécutoire qui puisse lui permettre de rétablir son
droit.

§3. Les conditions d'exercice de l'action en justice

Pour pouvoir exercer une action en justice, trois conditions doivent être réunies :
 avoir un intérêt
 avoir la qualité
 avoir la capacité.

27) Jean VINCENT et Serge GUINCHARD, Procédure Civile, 23è édition, Paris, Dalloz, 1994.
28) J. VINCENT et S. GUICHARD; op. cit., n° 68.
29) A. RUBBENS; op. cit., n° 37.
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A. L'intérêt

1. Définition

Une condition jugée indispensable par l'ensemble de la doctrine et de la jurisprudence


pour l'exercice d'une action est : " l'intérêt ". Cette règle trouve son fondement dans les maximes
anciennes " pas d'intérêt pas d'action " ou encore " l'intérêt est la mesure des actions ".
Mais nous pouvons définir l'intérêt comme étant la fonction de l'utilité que présente
l'exercice de l'action en justice.

L'intérêt légitime forme la base de l'action judiciaire comme il en est la mesure. Dès qu'il
y a un intérêt il y a une action et l'adage "sans intérêt, pas d'action est un axiome de droit admis de
tout temps. Cela signifie qu'une personne n'a pas le droit de soulever des contestations inutiles et
d'occuper les juges dont le temps est précieux, de questions qui lui sont indifférentes.

Exemple : Ma sœur et son mari éprouvent depuis un moment des problèmes dans leur
couple, quel que soit le degré qu'atteindront ces problèmes, je ne pourrai introduire une action en
divorce et ce, par manque d'intérêt.

2. Caractères exigés de l'intérêt

L'intérêt ne doit pas nécessairement être pécuniaire. Il peut également être moral.

Exemple : Une personne peut intenter une action en justice lorsqu'elle a été atteinte dans
son honneur par suite de calomnie ou de diffamation et ce, même si elle n'a pas subi de perte
financière.

L'intérêt doit être juridique et légitime. La partie qui agit en justice doit faire état d'un
intérêt juridiquement protégé.

Exemple : Le mécontentement ou l'irritation provoquée par une émission de télévision


dont la qualité est contestable ne saurait suffire à justifier une demande en justice. L'on doit
cependant noter que l'exigence de la légitimité de l'intérêt conduit le juge à examiner le bien-fondé
de la prétention, alors qu'on est encore sur le terrain de la recevabilité de l'action (30).

D'autre part, intérêt doit être né et actuel ce qui signifie qu'il doit exister au moment
même où la demande est formée (31). Mais, il peut devenir imminent de prévenir un dommage ou
de mettre le droit à l'abri d'une contestation ultérieure.

Exemple : X est locataire d'un immeuble. Un des murs de la propriété menace ruine,
c'est-à-dire qu'il risque de s'écrouler à tout moment, mettant en danger l'intégrité corporelle des
usagers de la voie publique. Le propriétaire refuse de faire abattre le mur. L'on considère que le
locataire possède un intérêt suffisant pour faire admettre une action en justice tendant à la
démolition du mur, alors que le mur ne s'est pas écroulé et qu'aucun préjudice n'a encore été causé.

C'est ainsi que la doctrine et la jurisprudence belge et français ont été amenées à admettre
l'action déclaratoire qui tend à faire constater judiciairement l'existence ou l'inexistence d'une
situation juridique ou d'un droit, alors que la contestation n'est pas encore née mais qu'existe déjà

30) J. VINCENT et S. GUINCHARD; op. cit., n° 104.


31) SOLUS et PIERROT; op. cit., Tome I, n° 229.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 18

une menace grave et sérieuse de nature à créer un trouble précis. Pareille action n'est pas éventuelle
mais préventive ou action ad futurum (32).

En France, la jurisprudence se montre de plus en plus accueillante aux actions


déclaratoires, de même la loi française prévoit de nombreux cas dans lesquels elle permet à un
particulier d'agir préventivement avant que le droit ne soit violé. Le cas le plus typique est celui de
la dénonciation de nouvelle œuvre. Citons également ces cas où la loi permet d'ordonner toute
mesure d'instruction admise légalement s'il existe un motif légitime de conserver ou d'établir, avant
tout procès, la preuve des faits dont pourrait dépendre la solution d'un litige.

Enfin, l'intérêt doit être direct et personnel, ce qui veut dire que pour pouvoir ester en
justice, il faut avoir été directement et personnellement lésé dans ses intérêts propres. On ne peut
tolérer, en effet, qu'un simple particulier prenne l'initiative de s'adresser aux tribunaux en invoquant
l'intérêt d'autrui. Mais s'il est vrai que cette existence est évidente lorsque l'action est exercée par le
titulaire du droit qui a toujours un intérêt personnel et direct à défendre ce droit lorsque celui-ci est
méconnu ou violé, le problème devient plus complexe quand un groupement doté de la personnalité
juridique prétend exercer une action en justice pour obtenir la condamnation de certains
agissements qui, sans porter atteinte de façon directe à l'intérêt propre de groupement lui-même,
risquent cependant de nuire indirectement et par répercussion aux intérêts généraux de la
collectivité qu'il représente.

Exemple : Lorsqu'un guérisseur, non diplômé exerce sa pratique, le syndicat des


médecins peut-il agir en justice non pas pour défendre ses propres intérêts en tant que groupement
mais pour demander réparation du dommage que de tels agissements ont pu causer à la profession
médicale en général? En France, la jurisprudence reconnaît de plus en plus aux groupements
professionnels (syndicats et ordres), le droit d'exercer une action en justice pour la défense
des intérêts collectifs d'une profession chaque fois que celle-ci apparaît comme étant menacée dans
ses prérogatives et qu'un dommage matériel ou moral lui a été causé. En effet, la tendance
s'accentue de considérer certaines professions comme des entités juridiques ayant un intérêt
propre à défendre. Par contre, les tribunaux n'ont pas accordé le même encouragement aux
associations privées qui essayent d'intervenir pour faire cesser des agissements qu'elles s'étaient
données pour but de combattre (associations de moralité publique, comités de défense contre
l'alcoolisme). Pareils conflits qui suscitent en France une abondante littérature ne semblent pas
encore avoir été soumis aux tribunaux Congolais.

Précisons qu'en France, la recevabilité d'une action syndicale est soumise à deux
conditions :
a) le syndicat doit agir pour la défense de la profession
b) le préjudice doit avoir été causé aux intérêts collectifs de la profession.

3. Fondement juridique de la notion d'intérêt

En dépit de l'importance qu'il présente, l'intérêt, condition nécessaire à l'admission d'une


action n'a fait l'objet d'aucune disposition générale dans les Codes de Procédure Civile Français et
Congolais (33).

La jurisprudence Congolaise a cependant admis dans de nombreux cas que l'intérêt est
une condition indispensable pour ester en justice (34).

32) L'ancien droit connaissait d'autres actions préventives notamment l'action interrogatoire et l'action provocatoire que
la jurisprudence se refuse à admettre de nos jours en raison des abus qu'elles peuvent entraîner. Pour plus de détails à ce
sujet, voyez SOLUS et PERROT; op. cit., Tome I, n° s 231 et 232.
33) Voyez notamment les nombreuses références citées par SOLUS et PERRET, op. cit. T.I, n° 242. CUCHE et
VINCENT, op. cit., n° 18 et le Répertoire de Procédure Civile et Commerciale, Dalloz, Vè action.
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B. La qualité

La qualité est le pouvoir en vertu duquel une personne exerce l'action en justice (35).
Ainsi définie, la qualité apparaît comme une notion très voisine de l'intérêt avec lequel elle présente
une telle affinité que l'on a parfois pu en déduire qu'elle ne constitue que l'un des aspects de la
condition d'intérêt (36). L'intérêt est fonction de l'utilité que présente l'exercice de l'action, alors que
la qualité est une question de pouvoir (37).

Ainsi, lorsque l'action est exercée non par le titulaire du droit mais par un représentant, la
condition d'intérêt s'apprécie en la personne de représenter tandis que la qualité en la personne du
représentant qui devra justifier du pouvoir qui l'habilite à agir au nom d'autrui.

La liste des personnes ayant qualité pour exercer une action est fort valable, elle est dans
chaque cas particulier, fonction de l'institution en cause, de sa nature et de la volonté du législateur
d'élargir ou de restreindre le cercle de ceux qui peuvent assurer la protection de la défense (38).
Ainsi, la qualité varie selon que le titulaire de l'action est personne physique ou morale.

1. La qualité appartient à une personne physique

a) Le titulaire du droit

A première vue, le titulaire a toujours qualité puisqu'il agit pour lui-même, en son nom
personnel. Mais, il arrive que la loi désigne elle-même le titulaire de cette action en leur nom.

Exemple : En matière d'interdiction, la loi prévoit que seuls les parents, le conjoint ou
exceptionnellement le ministère public peuvent intenter l'action. Dès lors, un ami de la famille
n'aurait pas qualité pour le faire. Enfin, un tiers ne pourrait pas intenter une action pour le titulaire
du droit.

Exemple : La personne qui a indemnité la victime d'un accident ne peut pas intenter une
action en réparation du dommage causé à la victime contre l'auteur de cet accident (39).

b) Le mandataire du titulaire du droit

Le titulaire du droit peut fort bien ne pas agir lui-même mais confier volontairement à un
autre le soin de le représenter dans l'exercice de l'action. Dans cette hypothèse, le mandataire légal
agira en lieu et place du titulaire du droit. On dit qu'il introduit l'action "en qualité ". Parfois, il
arrive que la loi oblige certaines personnes à se faire représenter pour ester en justice. C'est le cas
des incapables (mineurs, interdits, personnes mises sous conseil judiciaire, faillis, etc.) qui jouissent
de leurs droits mais ne peuvent les exercer eux-mêmes. Le représentant légal peut introduire l'action
en son nom au profil de l'incapable mais il doit pour avoir qualité, démontrer au tribunal l'existence
et l'étendue du pouvoir qu'il tient de la loi d'agir au nom et pour le compte d'autrui.

34) J. VINCENT et S. GUINCHARD, op. cit., n° 122.


35) Elis 6/4/1912 - Jur. et dr. Congo p. 278; 1° Inst. Léo, 28 avril 1931 - R.J.C.B. 1931 p. 242, Léo, 7/1/1941, R.J.C.B.
1941 p. 134 - Appel Ruanda-Urundi 18/3/1952 - R.J.C.B. 1952 p. 155, 1° Inst. Elis. 6/4/1961, R.J.A.C., 1962, p. 133 +
Dibunda.
36) SOLUS et PERROT : Tome I, n° 262. Voyez notamment, CUCHE et VINCENT, op. cit., n° 16.
37) Idem, n° 263.
38) CUCHE et VINCENT, op. cit., n° 16.
39) J. Trib. Brux. 5/15/1903, Pas. 1903, II, 127; Comm. Brux., 18/11/1924, Jur. Comm. Brux., 453.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 20

Dans le cas contraire, si le représentant légal, ne prouve pas qu'il a reçu l'autorisation
d'agir en justice, l'action intentée par lui ne sera pas admise par le tribunal qui la rejettera, faute de
qualité quant à l'étendue de représentation.

Le représentant conventionnel ne pourra agir pur compte de son mandat que si ce dernier
lui a donné une procuration écrite. C'est le document qui va permettre d'établir l'étendue du pouvoir
du mandataire conventionnel. Tantôt, le pouvoir sera général. C'est-à-dire pour toutes les affaires
litigieuses du mandat, tantôt, il sera spécial c'est-à-dire pour une opération particulière (40). Mais,
contrairement au représentant légal qui peut ester en justice en son nom au profit du représenté, le
mandataire conventionnel devra agir au nom du représenté (41). Son nom devra à tout le moins,
figurer à côté de celui du représentant.

Exemple : Si Monsieur X... est mandataire de Monsieur Z... il devra intenter l'action en
justice de la manière suivante : " Au nom de Monsieur Z...représenté par son mandataire X... Y est
assigné à comparaître devant le Tribunal de... Il devra ensuite au moment de faire valoir les
prétentions de Monsieur Z... en cours de procès, prouver par la production de la procuration écrite
qui lui a été délivrée par Monsieur Z... qu'il est habilité non seulement à introduire en justice mais
encore qu'il a le droit de poursuivre la procédure au nom de son mandat.

Signalons qu'en général, l'avocat et le défendeur judiciaire ne sont ni les mandataires


conventionnels de leurs clients. Leur qualité d'auxiliaire de la justice leur donne toutefois une
postulation privilégiée car ils ne doivent pas démontrer les pouvoirs qu'ils détiennent. Ils sont
présumés représenter les parties lorsqu'ils sont porteurs de pièces de la procédure (42).

Il en est de même, en France mais pas en Belgique (43) de l'avoué. C'est-à-dire l'officier
ministériel chargé de représenter les parties en justice et de rédiger les actes de procédure (sauf
ceux que la loi réserve spécialement à l'huissier) au nom du titulaire du droit. Mais, l'avoué n'est pas
un mandataire légal malgré son caractère obligatoire. Le titulaire du droit peut choisir parmi les
avoués inscrits près les cours et les tribunaux, celui qu'il changera de le représenter. Mais, l'avoué
n'instruit et ne plaide pas. Ces fonctions sont réservées aux avocats ou aux mandataires des parties
si ceux-ci sont admis à les exercer. Au Congo, la procédure n'étant pas formaliste, le ministère de
l'avoué est inconnu. Rappelons qu'au Congo, les avocats ont le monopole de la représentation en
justice (article 6 de l'ordonnance-loi du 28 septembre 1979 précisera) sauf les exceptions prévues
pour les défenseurs judiciaires, les mandataires ad litem, les tuteurs, curateurs et liquidateurs, les
parents, alliés et associés, toutes ces personnes pouvant représenter une partie dans les matières qui
leur sont limitées. Les autres mandataires ne pourront représenter les parties que s'il ne s'agit pas
d'une question de statut personnel et à condition que la somme en litige soit supérieure à 50.000 FC
et qu'ils soient agréés dans chaque cas par le tribunal (article 14 du C.P.C.). Le pouvoir de ces
mandataires conventionnels est donc fortement limité.

c) Les héritiers et les légataires du titulaire du droit

Les héritiers légaux ou testamentaires en tant qu'ayants-cause universels ou à titre


universel appelés à recueillir l'intégration ou une quote-part du patrimoine de leur auteur peuvent
exercer tous les droits et actions qui appartenaient au défunt. Ils sont donc, à cet égard, dans la
même situation.

40) Voir Code Civil Congolais, livre III, les règles édictées à propos du mandat.
41) En vertu de la règle que " nul ne plaide par procureur " Voyez ce cours, deuxième partie, chapitre II).
42) Art. 73 de l'Ord. Loi n° 79/9/1979 portant organisation du barreau et du corps des défenseurs judiciaires et du corps
des mandataires de l'Etat.
43) La loi belge du 10 octobre 1967 portant code judiciaire a supprimé le ministère des avoués, leur utilité n'étant plus
requise en raison de la simplification des règles de procédure.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 21

d) Les créanciers du titulaire du droit

Dans certains cas, les créanciers sont admis à agir aux lieux et place de leur débiteur
(action oblique) dans le cas où ce dernier reste inactif et ne fait pas valoir ses droits.

Cependant, pour que les créanciers puissent agir de la sorte, il faut que leur créance soit
liquide (appréciable en argent) et exigible (le paiement ou l'exécution peut être réclamée
immédiatement) et que l'action ne soit pas personnelle (c'est-à-dire attachée à la personne du
débiteur : divorce, litige sur l'état et la capacité des personnes) mais patrimoniale (se
rapportant aux biens du débiteur).

Exemple : X me doit 500.000 NZ depuis deux ans. Ma créance est liquide et exigible (je
puis l'obliger à me rembourser tout de suite). J'apprends qu’Y doit 800.000.000 de FC à X qui ne
fait rien pour récupérer cette somme (inaction). Je serai en droit d'agir directement contre Y et me
payer à concurrence de 500.000.000 FC. J'aurai dons qualité pour agir au nom du titulaire du droit.
En fait, le créancier puisse son droit d'action dans le texte de l'article 1 du décret du 15 mars 1922
sur le régime hypothécaire aux termes duquel tous les biens du débiteur sont le gage commun de
ses créances et que dans les biens sont compris, les actions en justice.

2. La qualité appartient à une personne morale

Une personne morale ne peut ester en justice comme telle. Elle doit agir par
l'intermédiaire des personnes physiques. En règle générale, le pouvoir appartient à l'organe désigné
légalement (personnes morales de droit public) ou statutairement (personne morale de droit privé) à
cette fin.

Exemple : Une société commerciale agira par son Directeur Général, son Gérant ou
éventuellement les membres de son Conseil d'Administration. Une association sans but lucratif, par
intermédiaire de son représentant légal.

Ainsi, une personne morale agira de façon suivante : " Au nom (ou à la requête de) la
société X..., représentée par son Directeur-Gérant; Mr Y... ayant pouvoir aux termes de l'article... de
ses statuts d'ester en justice au nom de ladite société " au " Au nom de (à la requête de) l'Université
Officielle du Congo, Etablissement public créé par l'ordonnance-loi du... représentée par Messieurs
W...., H.... et U.... habilités à ester en justice au nom de l'établissement prénommé conformément à
l'article de la suscité ordonnance-loi ".

Remarquons que comme les personnes physiques, les personnes morales peuvent
toujours se faire représenter devant les tribunaux par un mandataire conventionnel de leur choix. Le
nom du mandataire viendra alors s'ajouter à celui des organes habilités à représenter la personne
morale.

Exemple : On ajoutera donc au texte prévu dans l'exemple cité ci-dessus " agissant par
son mandataire, Mr X..., ou " agissant par Maître R..., avocat " ou " par Monsieur T..., défenseur
judiciaire " suivant le cas.

De même, les créanciers auront qualité pour agir au nom des personnes morales chaque
fois les conditions requises pour l'existence de l'action oblique seront ouvertes.

Les groupements et associations qui n'ont pas la personnalité civile ne possèdent pas la
capacité d'agir en justice. En effet, ils n'ont comme telle aucune existence juridique et de ce fait, ne
sont pas capables d'exercer régulièrement et sous la dénomination qu'ils se sont données, l'action en
justice. Nous verrons ultérieurement que, s'ils désirent introduire une demande devant les tribunaux,
il sera indispensable que le nom de toutes les personnes qui en font partie figure dans l'acte
introductif de l'action judiciaire.
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3. La capacité

La notion de la capacité rime avec celle de la personnalité juridique. Cette dernière peut
s’entendre comme l’aptitude à être titulaire des droits et obligations. Il est un droit fondamental et
inaliénable que toute personne a un patrimoine des sa naissance jusqu’à sa mort. Il est composé de
l’actif, qui englobe le droit dont la personne est titulaire, c’est la créance et, du passif constitué des
obligations ou de dettes contractées. C’est à la mort, pour la personne physique et à la dissolution
de la société pour la personne morale, que le patrimoine est liquidé.

La capacité juridique est entendue comme : « l’aptitude d’une personne à exercer ses
droits et obligations »5. Cette capacité juridique englobe d’une part la capacité d’exercice, et
d’autre part la capacité de jouissance. La capacité de jouissance est saisie comme : « l’aptitude à
être titulaire d’un ou plusieurs droits »6. Il en découle que cette capacité permet à son titulaire de
jouir des droits comme tous les autres être vivant en vertu du principe de l’égalité de tous. En effet,
l’égalité en droit est entendue comme, un principe d’après lequel tous les individus de part leur
création, doivent être considérés comme semblables, sans distinction de personne, race, religion,
classe ou de fortune7. En ce sens, il est interdit une quelconque discrimination quelle qu’elle soit à
l’égard des membres de la communauté. Il s’agit là d’une question consubstantielle et inhérente à la
nature humaine.

La capacité d’exercice ne se confond nullement pas avec la capacité de jouissance. En


effet, la capacité d’exercice peut s’entendre comme « l’aptitude à exercer soi-même un droit que
l’on détient, sans avoir besoin d’être représenté par un tiers »8. Néanmoins, la reconnaissance de la
personnalité juridique ne conduit pas à reconnaitre automatiquement la capacité d’exercice soi-
même de droit qu’on est apte à détenir. L’institution de la capacité d’exercice traduit l’idée de
protection à l’égard de certains êtres qui, à raison des aptitudes tant physiques, physiologique que
psychologique qui le caractérisent requièrent une attention particulière visant la sauvegarde de leurs
patrimoines.

La distinction entre la capacité et la qualité est souvent fort difficile à faire à telle
enseigne que de confusions restent souvent possibles tandis que la qualité s'entend du pouvoir qui
appartient à un plaideur de déduire en justice le droit litigieux, la capacité détermine les conditions
dans lesquelles, en fonction de son aptitude personnelle, il sera admis à exercer l'action (44).

Exemple : La femme mariée sous un régime de communauté ne peut intenter une action
mobilière parce que le régime matrimonial adopté lui a retiré la possibilité d'invoquer en justice les
droits mobiliers dont elle se prétend titulaire pour l'attribuer exclusivement à son mari lequel, de ce
fait, a seul qualité pour agir. Cette distinction correspond à celle que la doctrine moderne a établie
entre la capacité et le pouvoir (45).

5 MULUMBA KATCHY, Introduction générale à l’étude du droit privé, Kinshasa, Centre de recherche et d’études
juridiques africaines, 2011, pp. 144 et s ; J. CARBONNIER, Droit civil : les personnes : personnalité, incapacité,
personnes morales, Paris, PUF, 1955, p. 43.
6 J. CARBONNIER, Droit civil la famille, les incapacités, Paris, PUF, 1955, p. 34.
7 G. CORNU, op. cit., p. 347.
8 J. CARBONNIER, op. cit., p. 112.
44) Solus et Perrot; op. cit. n° 164.
45) Marty et Raymond , Droit Civil, T. I, n° 792; Carbonnier, Droit Civil, T.I, p. 625.
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Dans certaines situations la loi prive à certains individus l’aptitude soit d’acquérir tel ou
tel droit déterminé, soit, d’une façon générale, d’exercer les droits qui sont pourtant susceptibles
d’être acquis. Il s’agit d’incapacités et celui qui subit une atteinte dans la plénitude de la
personnalité juridique est un incapable. Les raisons de cette atteinte sont diverses. En tout état de
cause le législateur, dans son objectif, vise à sauvegarder l’intérêt de chaque individu en tenant
compte de sa situation9.

L’on doit rappeler qu’en principe « toute personne capable peut exercer ses droits civils
conformément à la loi ou à la coutume sauf les exceptions établies par la loi »10. Ces dernières sont
nommément appelées : incapacités juridiques. Un incapable est ainsi une personne qui ne rempli
pas les conditions fixées à l’article 211 du Code de la famille. Aux termes de cette disposition, sauf
les exceptions établies par la loi, toute personne jouit des droits civils depuis sa conception, à
condition qu’elle naisse vivante. La condition de viabilité implique que lorsqu’une personne nait
avec une malformation et qu’il soit pour elle impossible de survivre, il est difficile qu’on lui
reconnaisse une capacité au même titre que les autres personne qui sont nait vivantes et viables.

C'est la loi n° 87-010 du 1er août 1987 portant Code de la famille qui, en son article 215,
énumère les différentes catégories d'incapables.

Il s'agit des mineurs, des majeurs aliénés interdits, des majeurs faibles d'esprit, prodigues,
affaiblis par l'âge ou infirmes placés sous curatelle. Ce même article poursuit que la capacité de la
femme mariée trouve certaines limites conformément à cette loi.

Le Code civil français quant à lui n'a pas consacré une partie distincte aux incapacités.
Mais dans les titres IX, X et XI de son livre des personnes, il a réglementé les principales
institutions qui sont en rapport avec les incapacités : autorité parentale, tutelle, protection des
majeurs. Et à la lumière des dispositions des articles 488 et 1124 de ce code, sont incapables de
contracter dans la mesure définie par la loi : les mineurs non émancipés et les majeurs interdits.

Les différentes catégories d'incapables énumérées ci-haut bénéficient de certains


mécanismes de protection qu'il convient d'étudier dans les lignes qui suivent.

a. Régime de protection des incapables

Le but poursuivi par le législateur en organisant le régime des incapables est de les
protéger contre tout abus des personnes dotées de toutes les capacités mentales. Il existe en droit
congolais trois régimes de protection de cette catégorie des personnes, à savoir : la représentation,
l’assistance et l’autorisation.

- La représentation

L’incapacité d’exercice qui frappe cette catégorie des individus, en l’occurrence, le


mineur, est générale dans le mesure où il ne peut accomplir aucun acte de la vie juridique, sous
réserve bien évidemment des actes d’administration, et que les actes accomplis par lui sont
susceptible de nullité. Aux termes de l’article 219, le mineur est l’individu de l’un ou de l’autre
sexe qui n’a pas encore l’âge de dix-huit ans accomplis. A cette situation du mineur, il a été jugé
nécessaire de lui apporter un remède lui permettant de poser des actes de la vie juridique sous
couvert, sans cela il y a aurait paralysie dans la gestion des biens de son patrimoine. Ainsi, le
législateur a remédié à l’incapacité du mineur en instituant le mécanisme de représentation. Ce
mécanisme consiste à ce que l'incapable ne figure pas en personne sur la scène juridique : il n'émet

9 Ch. LAROUMET, Droit civil. Introduction à l’étude du droit privé, T. I, 4ème éd., Paris, Economica, 2004, p. 203.
10 Article 212 de la loi n°87-010 du 1èr août 1987 portant Code de la famille promulguée le 1 èr août 1987 et mise en
vigueur le 1èr août 1988, In J.O., 44ème année, n°spécial.
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pas sa volonté et ne peut s'engager. Sa personnalité s'efface et la loi lui impose un représentant qui
va agir en son nom et pour son compte. Selon Jean CARBONNIER, « la représentation est un
remède spécifique des incapacités les plus profondes et aurait comme mécanisme technique de
protection la tutelle »11. La représentation est un mécanisme de portée générale et dont les
applications sont multiples. L’acte accompli par le représentant produit ses effets directement à
l’encontre et au profit du représenté12. Il importe de noter que selon que le mineur a ou non au
moins un de ses parents, la représentation n’est pas le même. L’on distinguera à cet égard,
l’administration légale et la tutelle.

Il existerait ainsi un autre remède propre aux incapacités moins graves, celles frappant les
personnes mises sous curatelle : c'est l'assistance.

- L'assistance

Dans certains cas, un individu, qui a atteint l’âge de 18 ans mais ne peut disposer d’une
volonté libre et éclairée compte tenu de la détérioration de ses facultés mentales ou physiques le
législateur le soumet à un régime de protection en exigeant pour la régularité des actes juridiques
qu’il est appelé à poser l’assistance. Dans ce régime, l'incapable reste à la tête de ses affaires mais
doit avoir à ses côtés, sur la scène juridique, une personne dont l'intervention est obligatoire.

La volonté personnelle de l'incapable est donc nécessaire à la formation de l'acte


juridique qu'il est appelé à signer conjointement avec la personne chargée de l'assister, laquelle
personne ne viendrait ainsi approuver l'acte. Ainsi, l’incapable reste à la tête de ses affaires, la loi
lui impose seulement d’avoir à ses côtés, sur la scène juridique, une personne de bon conseil qui
interviendra pour compléter sa capacité imparfaite13. Sa volonté personnelle est nécessaire à la
formation de l’acte juridique, il est appelé à le signer. Mais la personne chargée de l’assister est
appelée à le signer avec lui, par conséquent à l’approuver. C’est le cas du mineur émancipé (art 228
et 293 C.F).

- L'autorisation

Le législateur congolais a voulu que la femme mariée, chaque fois qu'elle est appelées à
accomplir des actes juridiques pour lesquels elle s'oblige à une prestation qu'elle qu’elle obtienne au
préalable l'autorisation maritale.

Mais notons qu'il n'existe pas de forme `sacramentelle', c'est-à-dire solennelle ou spéciale
pour obtenir l'autorisation maritale. Celle-ci peut être tacite et se prouve dès lors que le mari n'est
pas opposé pendant plusieurs mois à l'exercice par son épouse d'une prestation sous le lien du
contrat de travail.

Toutefois, l'article 450, alinéa 1er du Code de la famille prévoit la possibilité pour la
femme mariée à qui le mari refuse d'accorder l'autorisation de l'obtenir du tribunal s'il y a abus de
pouvoirs ou si la mauvaise foi du mari est prouvée.

Ainsi, sur le plan civil, lorsqu'une femme mariée qui n'a pas obtenu l'autorisation maritale
ou, le cas échéant, judiciaire agit contre les dispositions de l'article 448 précité, les actes tant civils,
commerciaux que mixtes qu'elle aurait accomplis sont frappés de nullité, laquelle nullité ne peut
être invoquée que par la femme elle-même, le mari ou leurs héritiers 20.

11 J. CARBONIER, op. cit., p. 160.


12 Ch. LAROUMET, op. cit., p. 209.
13J. CARBONNIER, op.cit., p. 156.
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Section 7 : La classification des actions

Nous avons déjà signalé précédemment que le nombre des actions en justice était illimité.
En réalité, il y a autant d'actions qu'il existe de droits prévus par la loi et deux ou plusieurs
personnes peuvent conclure des conventions génératrices de droits variables à l'infini.

Aussi, est-il particulièrement difficile d'établir un classement parmi les actions et de leur
donner à tout un nom déterminé.

L'action est désigné parfois par le droit qu'elle protège (action en reconnaissance d'enfant
naturel), tantôt par la juridiction qui doit en connaître (action civile, publique, disciplinaire), tantôt
par la nature de son objet (action mobilière, immobilière, etc.).Il appartient au juge saisi d'une
action en justice de préciser son titre s'il éché, suivant les éléments qu'il recueille des débats
judiciaires.

Les différences classifications d'actions habituellement adoptées sont d'origine purement


doctrinale, c'est dire que ce sont des constructions techniques qui n'ont rien d'immuable, ni même
de nécessité. Elles s'inspirent néanmoins des principes généraux de notre droit dont elles dessinent
assez exactement l'économie. Elles n'ont donc rien d'absolu et son sujettes à modification suivant
les conceptions que le juriste peut se faire.

Nous verrons donc la classification des actions suivant les grands critères sur lesquels la
plupart des auteurs se sont basés pour les différencier. Les actions qui sont de la compétence des
juridictions civiles et commerciales se divisent :
a) suivant la nature du droit prétendu, en actions réelles et personnelles
b) suivant la nature de l'objet demandé : en actions mobilières et immobilières
c) suivant qu'elles portent ou non sur des biens et droits appréciables en argent en
actions patrimoniales ou extra-patrimoniales
d) suivant le moment auquel la demande est formulée
e) suivant la forme dans laquelle l'action doit être introduire.
Examinons plus en détail chacune de ces catégories.

1. Les actions réelles et personnelles

A. L'action réelle

C’est est celle qui garanti un droit réel à la reconnaissance duquel elle tend. Elle existe
lorsque celui qui agit en justice invoque un droit réel (Jus in re).

Nous ne pourrons donc comprendre ce qu'est l'action réelle qu'au moment où nous aurons
rappelé la définition du droit réel. Le droit réel est celui qui s'exerce directement sur les choses sans
l'intervention d'aucun autre sujet de droit. Son caractère fondamental est la création des
rapports entre une personne et une chose. Il donne à celui qui en est titulaire un pouvoir direct et
immédiat sur cette chose, pouvoir dont l'étendue varie d'après le droit lui-même. De là, l'expression
" Jus in re ".

Le droit réel type est le droit de propriété


Les droits réels se classent généralement en droits réels principaux et droits réels
accessoires.
Droits réels principaux : propriété, usufruit, usage, habitation, toutes les servitudes,
l'emphytéose et la superficie.
Droits réels accessoires : les privilèges et les hypothèques.
On peut considérer que cette énonciation est limitative car la loi n'a pas prévu d'autres
droits que ceux qui viennent d'être énumérés et que l'homme en peut en créer d'autres par le
truchement de conventions. Il est d'ailleurs difficile d'en imaginer d'autres.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 26

Sont donc réelles : l'action en revendication portant sur la recommandation d'un droit de
propriété, l'action confessoire, c'est-à-dire en reconnaissance du droit d'usufruit, d'usage,
d'habitation ou de servitude. L'action hypothécaire, l'action du bailleur contre le preneur à bail
emphytéotique, etc.

B. L'action personnelle

C’est une action par laquelle celui qui agit réclame l'exécution d'un droit de créance. Le
droit de créance au contraire du droit réel crée un rapport entre deux ou plusieurs personnes
limitativement déterminées. Il tend à obtenir au profit d'une personne appelée créancier, de la part
d'une personne appelée débiteur, l'exécution d'un fait appelé obligation.

L'obligation peut être positive c'est-à-dire qu'elle peut être de donner ou de faire quelque
chose. Elle peut être négative, c'est-à-dire que le débiteur s'est engagé à ne pas faire quelque chose.
Le droit de créance s'appelle aussi droit personnel (jus in persona).

Un exemple fera mieux comprendre la distinction entre droit réel et personnel, je suis
propriétaire d'un immeuble. Je jouis directement de cet immeuble sans l'intervention ou l'assistance
de personne. Mon droit s'applique directement à la chose sans intermédiaire (droit réel). Au
contraire, je suis locataire d'un immeuble. Je ne puis entrer en jouissance de cet immeuble que si le
propriétaire me permet d'en disposer.

J'ai donc besoin de l'intervention entre la chose et moi : le propriétaire.


Il y a un nombre illimité de droits personnels car ceux-ci naissent des conventions que les
hommes concluent librement entre eux. On ne peut donc pas faire le dénombrement des actions
personnelles.
En principe, toutes les actions qui ne sont pas spécifiquement réelles sont personnelles.

2. Les actions mobilières et immobilières

Une action est mobilière du moment qu'elle a pour objet un meuble. Elle est immobilière
lorsqu'elle a pour objet un immeuble.

Cette distinction simple à première vue peut donner lieu à de nombreuses discussions
dans la pratique. En effet, les mots " meubles " et " immeuble " doivent être entendus dans le sens
que leur donnent les articles 3 et 4, livre II du Code Civil Congolais.

Sont immobiliers " tous les droits réels qui ont pour objet des immeubles ainsi que les
droits de créances tendant à acquérir ou à recouvrer un droit réel sur un immeuble " (art. 3).
Sont mobiliers " tous les autres droits patrimoniaux " (meubles incorporels). Mais l'article
5, livre II du Code Civil fait une distinction entre les immeubles par nature et les immeubles par
destination incorporation? L'énumération en est faite aux articles 7 et 8.

Dès lors, la vente de bois sur pied non destinés à être abattus fait naître une action
immobilière, mais l'acheteur de grains à couper, de fruits détachés et d'arbres abattus possède une
action mobilière, il en est de même de l'acheteur de bois à couper, de fruits à cueillir et d'arbres à
abattre car, bien qu'encore immeubles au moment de la vente, ils sont vendus pour être séparés et
sont par conséquent mobiliers.
L'action par laquelle le créancier hypothécaire réclame l'exercice de son droit sur des
animaux attachés à la culture ou l'exploitation agricole et autres objets considérés comme
nécessaires à cette exploitation est immobilière.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 27

En effet, ces biens meubles à l'origine sont devenus immeubles par distinction. Cette
distinction présente un très grand intérêt pratique sur le plan de la compétence du tribunal car en
matière mobilière, action peut être portée soit devant le juge du domicile de la personne qui est
citée devant le tribunal, soit devant le juge du lieu dans lequel l'Obligation est née ou doit être
exécutée tandis qu'en matière immobilière, l'action est portée devant le juge de la situation de
l'immeuble, ce qui n'est pas pareil.

Les acteurs français et belges font généralement une sous distinction parmi les actions à
la fois immobilières et réelles, c'est-à-dire, qui ont pour objet le recouvrement ou la protection d'un
droit réel sur un immeuble, les actions pétitoires qui sont celles tendant à la protection du droit de
propriété ou d'un autre droit réel immobilier et les actions possessoires dont le but est de protéger la
possession de ces mêmes droits.
Le droit français distingue 3 catégories d'action possessoire :

a) la complainte : action possessoire qui est au seul possesseur contre tout acte qui
trouble sa possession;
b) la dénonciation de nouvel oeuvre : action ouverte contre un cas de trouble
simplement éventuel ou futur, le but de l'action est d'arrêter les travaux qui, s'ils devaient continuer,
sont de nature à porter atteinte à la possession.

La possession d'un immeuble n'étant pas juridiquement protégée en droit Congolais en


raison de la force probante ou certificat d'enregistrement, nous n'avons mentionné ette distinction
délicate que pour être et parce qu'elle a de l'importance sur le plan de la compétence en droit
procédural français et belge. Nous n’en y attarderons pas davantage.

c) La réintégrande : elle est accordée à celui qui a été dépossédé par violence ou voie de
fait. L'acte agressif peut être dirigé soit contre la personne soit contre l'immeuble du possesseur.

3. Les actions patrimoniales et extrapatrimoniales

Les actions sont patrimoniales lorsqu'elles portent sur les biens et droits appréciables en
argent et qui composent le patrimoine d'une personne déterminée. Les actions patrimoniales seront
donc réelles ou personnelles, immobilières ou mobilières, suivant la nature ou l'objet des biens et
droits auxquels elles se rapportent et qui donnent naissance à l'action.

Les actions extra-patrimoniales sont celles qui sont relatives à l'état des personnes (action
en réclamation ou en contestation d'état, action en recherche de paternité ou de maternité, en nullité
de mariage, d'adoption ou en reconnaissance d'un enfant naturel).

Tous les droits qui composent l'état des personnes (nationalité, domicile, qualité d'époux,
majorité, etc.) peuvent être génératrices d'actions en justice et donner lieu à des débats judiciaires.

En outre, certaines des actions extra-patrimoniales ne tendent pas à faire déclarer par le
tribunal l'existence d'un droit préétabli (comme le droit de propriété par exemple) mais à créer un
état nouveau, telles sont les demandes d'adoption, d'interdiction, de nomination d'un conseil
judiciaire, de divorce, de séparation de corps et de biens etc.

Exemple : Avant d'intenter l'action en divorce, X et marié. S'il gagne son procès, il
n'oublient pas la reconnaissance d'un droit préétabli dans son chef et devient titulaire d'un état
nouveau, il n'est plus marié, mais divorcé ce qui entraîne de nombreuses conséquences dans son
existence future.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 28

4. Action principale et action incidente

L'action principale est celle qui par la demande introductive d'instance met en
mouvement l'activité juridictionnelle du tribunal. L'action incidente est celle qui vient se greffer sur
une action pendante ;

Exemple :
 la demande additionnelle du demandeur originaire
 appel en garantie
 demande en jugement commun en cause un tiers
L'intérêt de ce mode de classement réside dans le fait que :

Il permet de fixer la forme dans laquelle l'action doit être introduite


 l'action principale est introduite par assignation
 l'action incidente est normalement introduite par voie de conclusion.
Il permet de déterminer le tribunal qui est normalement désigné par l'action mue par la
demande introductive d'instance.

Exemple :
 la demande reconventionnelle est reçue par le tribunal saisi de la demande principale
 le juge compétent pour statuer sur une demande principale connaît de tous les
incidents etc.

5. Forme de la demande

L'action principale est normalement introduite par assignation. Cependant, il y a des


actions principales qui sont introduites par voie de requête d'une partie privée ou par réquisitions du
Ministère Public (ex : interdiction).

Les actions de caractère privé qui n'intéressent par l'ordre public peuvent être introduites
par voie des conclusions, sur comparution volontaire. Les demandes incidentes tendant à mettre un
tiers à la cause requièrent une assignation.

Section 8 : Les sujets de l'action

Il y a le sujet actif, la personne qui use de son pouvoir de saisir le tribunal.


Les sujets passifs sont :
a) La personne traduite devant le tribunal qui est appelée " défendeur ". Elle a un
intérêt légitime à présenter sa défense. Elle possède aussi le droit d'appeler des tiers en garantie ou
en jugement commun. Elle dispose également de l'action reconventionnelle.
b) Les tiers mis en cause par le défenseur (intervention forcée). Il y a aussi les tiers qui
prennent l'initiative d'intervenir dans le procès (intervention volontaire).

Section 9 : Les conventions des parties portant sur l'exercice de l'action

Une convention consistant à renoncer d'une manière générale au pouvoir conféré aux
justiciables de recourir aux tribunaux est contraire à l'ordre public et n'a aucun effet juridique.

Toutefois, s'agissant d'un rapport juridique déterminé, un sujet de droit peut renoncer,
même de manière irrévocable à saisir la justice.

Le sujets de droit peuvent s'agissant des droits dont ils ont la libre disposition, convenir
de ne pas agir avant certains délais, ou vivait l'accomplissement de certaines conditions ou encore
de renoncer à aller en justice si certaines conditions surviennent.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 29

Le tribunal peut donner la forme d'un jugement à un contrat intervenu entre les parties,
cet accord est le plus souvent une transaction par laquelle chacun des adversaires pour faire cesser
le conflit, abandonne une partie des ses prétentions.

Le juge, après avoir constaté l'accord des parties, prononce un véritable jugement
comprenant des motifs et un dispositif, le juge s'est approprié des éléments conventionnels préparés
par les parties, on parle de jugement d'expédient ou de jugement convenu, qui est un véritable acte
juridictionnel.

En revanche il y a le jugement de donné acte qui est en réalité un accord contractuel que
les parties soumettent au juge après la disparition de la contestation, le juge ne fait que constater
l'accord sans lui conférer l'autorité de la chose jugée, on parle en ce cas de contrat judiciaire qui
relève du régime des conventions (48).

Section 10 : La transmission de l'acte à un tiers

D'une manière générale, les actions se transmettent entre vifs ou à cause de mort avec la
prérogative juridique dont elles assurent la sanction (49). En effet, la cession d'une chose entraîne
cession de toute action protégeant les droits réels, en matière de droits personnels, la cession de
créance, transfère l'action au cessionnaire tandis que la subrogation permet au subrogé d'exercer
l'action du subrogeant (50).

Il est fait exception des cas où le droit à un caractère viager ou strictement personnel à
son titulaire, cependant, même lorsque le droit à un caractère personnel, les héritiers sont autorisés à
continuer l'instance, dès lors que l'intéressé avait, de son vivant, introduit une demande en justice
(51). Il est clair que les héritiers du défunt ne peuvent pas agir, à la place de ce dernier, en ce qui
concerne les actions qui sont trop intimement rattachées à la personne de leur titulaire (ex : action
en divorce ou révocation d'une donation simple), en revanche, ils peuvent exercer par voie
successorale, toutes les actions non exclusivement patrimoniales, comme l'action en réparation d'un
préjudice moral. Deux situations peuvent se présenter :

a) Les héritiers ont le droit de continuer l'action préalablement engagée par leur acteur.
Ex : action relative à la filiation, la saisine de la juridiction continue d'exister tant que le droit n'a
pas été atteint par l'effet du jugement ou toute autre cause.
b) Les héritiers ont aussi la possibilité d'exercer " ab initio " une action appartenant au
défunt et que celui-ci n'avait pas encore mise en œuvre. Le fondement ici est que le défunt n'a pas
eu le temps d'exercer l'action mais qu'il l'aurait fait (52).

Section 11 : L'action du Ministère Public devant les juridictions de droit privé

Nous n'examinons pas pour l'instant la procédure d'émission d'avis par le ministère
public. Vont être examinés ici les cas dans lesquels le ministère public possède l'action de droit
privé soit dans l'intérêt d'un sujet de droit incapable d'assumer son action soit dans l'intérêt d'une
bonne justice :

48) J. Vincent et S. Guinchard, op. cit., n° 200.


49) J. Vincent et S. Guinchard, op. cit., n° 156.
50) A. Rubbens, op. cit., n° 45.
51) J. Vincent et S. Guinchard, op. cit. idem.
52) Loïc cadict, op. cit. n° 765.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 30

L'article 66 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ dispose que le ministère public surveille
l'exécution des actes législatifs et réglementaires et des jugements, il poursuit d'office cette
exécution dans les dispositions intéressant l'ordre public, ce qui veut dire que le ministère public
peut ou doit agir d'office pour le respect de toute règle de droit impératif ou à tout le moins dans
les cas où l'intérêt public exige son intervention, bref, pour que le Ministère Public exerce l'action
principale, il faut que l'ordre public soit mis en péril par un état de chose auquel il importe de
remédier (53). L’article 68 de la loi organique sur l’OCJ donne au ministère public le pouvoir
d’agir par voie d'action principale dans l'intérêt de toute personne physique lésée qui serait inapte
à ester en justice, à assurer sa défense et à y pourvoir.

Mais le Ministère Public doit se montrer extrêmement prudent dans l'exercice de l'action
principale afin de respecter la liberté individuelle tant que les écarts à la loi civile ne troublent pas
l'ordre public (54).

La loi confie, dans des cas spécifiques, l'exercice de l'action au Ministère Public, ces cas
constituent une explication de la mission du Ministère Public prévue par l'article 6 précité. Nous
avons relevé quinze (15) cas :

- L'article 107 du Code de la Famille permet au Ministère Public de présenter une


requête en rectification d'un acte d'état civil.
- L'article 142 du Code de la famille reconnaît au Ministère Public le droit de
demander au Tribunal de Grande Instance de rendre un jugement déclaratif de décès d'une
personne disparue.

- Le Ministère Public peut demander par requête au Tribunal de Grande Instance du


lieu a été établi un acte de notoriété, l'annulation ou la rectification de cet acte (art. 158 du Code de
la Famille).
- Le Ministère Public peut demander au Tribunal de Grande Instance du dernier
domicile ou de la dernière résidence, la nomination d'un administrateur des biens d'un absent (art.
176 de Code de la Famille).
- A la demande du Ministère Public, le Tribunal de Grande Instance du dernier
domicile ou de la dernière résidence de l'absent, déclare le décès de l'absent (art. 191 du Code de la
Famille).
- Le Tribunal de Grande Instance, peut, à la demande du Ministère Public, désigner un
administrateur provisoire du patrimoine du disparu, si possible parmi les héritiers présomptifs (art.
209 du Code de la Famille).
- Le Ministère Public peut saisir le Tribunal de Paix pour faire décharger le tuteur de
la tutelle du mineur lorsqu'il s'est compromis dans l'exercice de sa fonction de tutelle ou lorsqu'il
avait fait l'objet d'une condamnation judiciaire définitive à la suite d'une infraction qui porte atteinte
à l'honneur ou à la dignité de sa fonction de tuteur (art. 236 du Code de la Famille).
- Le Ministère Public peut provoquer l'interdiction d'un époux (art. 302 du Code de la
Famille).
- Le Ministère Public peut saisir par voie de requête, le Tribunal de Paix pour qu'il
instruise en amiable conciliateur dans le cas où il y a persistance du refus de consentement des
parents ou l'un d'eux ou du tuteur au mariage du futur époux mineur. Cette possibilité est abrogée
par la loi portant protection de l’enfant dans la mesure où l’article 48 de ce texte interdit le mariage
de mineur, même émancipé.
- En cas de persistance du refus de la dot par ceux qui, selon la coutume, doivent la
recevoir, le Ministère Public peut saisir le Tribunal de Paix pour qu'il instruise en amiable
conciliateur (art. 367 du Code de la Famille).

53) Revue Juridique du Congo-Belge, 1958, p. 49, Arrêt Cour d'appel d'Elisabethville, 10 sept., 1957.
54) A. Rubbens, op. cit., n° 46, p. 41.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 31

- En cas de mariage célébré en famille, les époux doivent se présenter devant l'officier
de l'Etat Civil du lieu de la célébration en vue de faire constater le mariage et d'assurer sa publicité
et son enregistrement (art. 370 du Code de la Famille). Passé le délai d'un mois, l'enregistrement a
lieu sur décision du Tribunal de Paix qui statue soit sur requête du Ministère Public soit sur requête
de toute personne intéressée (art. 378 du Code de la Famille). Lorsque le mariage a été contracté
sans le consentement de l'un des époux, pour quelque cause que ce soit la nullité du mariage doit
être prononcée soit à la demande des deux époux eux-mêmes ou de toute personne qui y a un
intérêt, soit à la requête du Ministère Public vivant des époux (art. 402 du Code de la Famille).
- Le Ministère Public peut demander, du vivant des époux la nullité du mariage
lorsque le mariage a été célébré par un officier de l'état civil incompétent ou sans publicité (art. 429
du Code de la Famille).
- Le Ministère Public peut exercer l'action en recherche de paternité si la mère de
l'enfant n'est pas connue ou chaque fois que l'intérêt de l'enfant le requiert (art. 631 du Code de la
Famille).
- Lorsque l'action en recherche de paternité est fondée, le Ministère Public peut
demander au Tribunal de Paix de condamner le père au remboursement de tout ou partie de frais de
gésine et d'entretien pendant les 9 mois de la grossesse et tout le temps qui a précédé l'affiliation
(art. 639 du Code de la Famille).

Il y a lieu de rappeler que les 14 cas que l'on vient d'étudier constituent des exemples
illustratifs de la mission générale dévolue au Ministère Public dans l'article 66 de la loi organique, il
n'a pas de pouvoirs étendus ni plus impératifs en ces matières, il garde son pouvoir d'appréciation
de l'opportunité d'exercer l'action principale, la seule chose à retenir est que le Ministère Public ne
vas pas agir selon sa fantaisie, il ne peut exercer l'action principale que dans la mesure où l'ordre
public parait compromis (55 ).

L'article 35 de la loi organique de 2013 relative à la procédure devant la Cour de


cassation donne l'action en pourvoi en cassation au Procureur Général près cette cour tandis que
l'article 36 de la même loi prévoit que le même Procureur Général doit agir en pourvoi en cassation
sur injonction du Ministre de la Justice. Ce genre de recours est dit " dans le seul intérêt de la loi "
et l'arrêt rendu sur ce pourvoi ne pourra, en matière de droit privé ni nuire ni profiter aux parties, le
pourvoi en cassation introduit sur injonction du Ministre de la Justice aboutit à un arrêt opposable
aux parties, c'est pourquoi on peut dire qu'il est rendu dans l'intérêt de la justice.
Rappelons enfin l'article 68 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ que nous avons étudié
plus haut et qui donne l'action principale au Ministère Public pour agir dans l'intérêt de toute
personne physique lésée qui serait inapte à assurer sa défense ou à y pourvoir.

CHAPITRE 3 : LES INCIDENTS

Section 1. La notion d'incident

On appelle " incident " tout événement qui vient modifier le déroulement de la procédure
entre la demande et le jugement.

Il est en effet très rare de voir un procès se dérouler du début à la fin sans incident ne
serait-ce que parce que tout demandeur doit faire la preuve de son droit et que l'administration de
cette preuve donne lieu souvent à une procédure incidente. C'est dire donc que dans presque tous
les procès, il y a des incidents nombreux et variés. L'on doit noter que les incidents peuvent surgir
tout au long du procès, aux différents degrés de juridiction et jusque dans l'exécution du jugement.

55)
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 32

Section 2. Classification des incidents

L'on doit distinguer les incidents d'audience et les actions incidentes. Les incidents
d'audience sont des troubles de fait, qui ne sont pas des actes juridiques, bien que leur sanction
puisse affecter la procédure.

Les actions incidentes sont des demandes qui viennent altérer la saisine des juges soit en
modifiant l'objet, la cause ou les parties du litige, ce genre d'incidents est qualifié d'incidents de
fond et diffèrent des incidents de procédure, qui sont incidents proprement dits ou sans modifier ni
l'objet ni la cause ni les parties au procès, posent un problème dont la solution commande la marche
du procès, la décision de cause ou la vie de l'instance. Ce sont par exemple les fins de non recevoir,
les questions préjudiciables, la récusation des juges, le désaveu du mandataire, les exceptions,
etc...(46).
a) Les incidents qui ne donnent pas lieu à un jugement
b) Les incidents qui donnent lieu à un jugement avant dire droit
c) Les incidents qui donnent lieu à un jugement définitif.

§1. Les incidents qui ne donnent pas lieu à un jugement

Il s'agit des incidents qui peuvent accidentellement interrompre ou retarder la marche


sereine du procès mais sans qu'il soit nécessaire que le tribunal intervienne par jugement ou par
décision administrative formelle, il va simplement organiser les audiences en exerçant la police
d'audience. Parmi ce genre d'incidents, nous allons en examiner quelques uns de plus significatifs
(47).
Le rappel à l'ordre de l'assistance, des parties ou de leurs conseils. S'agissant des
avocats, le président pourrait ordonner au greffier d'acter les remarques faites afin d'établir une
preuve de faits qui pourraient donner lieu à une action disciplinaire.

Les rappels à l'ordre adressés au public ou aux parties qui aboutissent à une suspension
d'audience, à l'évacuation de la salle d'audience, peuvent être notés à la feuille d'audience.

Les remises d'audience, sont simplement actées à la feuille d'audience lesquelles ont lieu
de manière consensuelle, mais lorsque les parties ne sont pas d'accord, certains tribunaux rendent
un jugement, cependant le Président a le Pouvoir d'en décider, sans être lié à aucune formalité.

La constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi du 20 janvier 2011
garantit la publicité des audiences. La doctrine classique considère la publicité des audiences civiles
comme une garantie essentielle des justiciables.

Le huis clos peut être demandé par les parties ou par le Ministère Public usant de son
pouvoir de police d'audience, le Président qui estime que les débats sont de nature à éveiller la
curiosité malsaine ou provoquer des désordres peut ordonner d'office le huis clos et ce par une
ordonnance motivée.

1. La suspension d'audience.
2. Les donnés-acte d'audience

Exemple sur un choix d'experts.

§2. Les incidents qui donnent lieu à un jugement avant dire droit

46) A. Rubbens; op. cit., n° 48, p. 43.


47) A. Rubbens, op. cit., n° 48, p. 49.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 33

Les incidents probatoires ou judiciaires


Deux attitudes peuvent être observées lorsque les parties produisent en justice les preuves
qui appellent leurs prétentions :

Certaines preuves sont reçues de plano c'est-à-dire qu'elles sont produites sans
autorisation préalable du tribunal; l'autorisation de recourir à d'autres moyens de preuve doit être
demandée auprès du tribunal, qui par jugement avant dire droit doit examiner si les moyens de
preuve proposés sont pertinents ou non et s'ils sont permis en droit ou non.

Donnons quelques exemples des incidents probatoires :

* La dénégation d'écriture : c'est lorsque la partie à laquelle on oppose un écrit ou une


signature prétendument établi de sa main ou de la main de celui dont il est l'ayant-droit conteste que
cet écrit soit de sa main ou de la main de celui dont elle tient les droits. En ce cas interviendra un
jugement de désignation d'un expert, le jugement fixe une date pour le dépôt de son rapport et sa
communication aux parties pour leur permettre de conclure. En ce cas; le tribunal laisse au juge
commis le pouvoir de fixer par ordonnance la date à laquelle il accomplira ses devoirs.

* L'on peut recourir au témoignage pour établir les faits, les parties doivent au
préalable préciser les faits sur lesquelles va porter l'enquête du tribunal.

Par commission rogatoire, le tribunal peut confier les enquêtes à un autre juge. Mais le
tribunal peut estimer opportun d'entendre les parties en personne, en ce cas il va ordonner, par
jugement avant dire, leur comparution personnelle. Le tribunal peut aussi décider la descente sur les
lieux. Le tribunal doit autoriser une partie à déférer à la partie adversaire, le serment litisdécisoire
en ce cas, cette partie doit formuler avec précision le fait sur lequel portera le serment.

Le serment décisoire est un défi lancé par une partie à son adversaire et par lequel elle lui
propose de mettre fin au litige en relevant l'offre de prêter serment.

Si l'offre est acceptée, le juge doit se borner à prendre acte des faits affirmés sous
serment et formuler en conséquence son jugement qui se borne à donner force exécutoire à la
solution que les parties ont déterminé par serment.

Le serment supplétoire ne peut être déféré que par le juge à l'une des parties, le juge y
recourt lorsqu’un fait n'est pas pleinement établi et qu'il n'a pas d'autre moyen de lever le doute.

Au plan de la procédure, il faut noter que les incidents probatoires sont généralement
soulevés par voie de conclusions des parties qui doivent argumenter, plaidé pour convaincre le
tribunal d'autoriser la procédure probatoire, mais le tribunal peut recourir d'office à des mesures
d'instructions. Le jugement qui autorise ou qui ordonne d'office une mesure d'instruction fixe le
lieu, la date et l'heure des opérations.

Les parties peuvent demander des mesures provisoires qui peuvent être de trois natures :
a) il y a des mesures provisoires qui ont caractère conservatoire (tels les scellés, les
séquestres)
b) il y a des mesures provisoires qui ont un caractère provisoire (à valoir sur la
demande)
c) il y a des mesures provisoires qui ont un caractère accessoire au procès.

Exemple : en matière de divorce, la garde des enfants.


Il faut noter que les demandes provisoires ne peuvent pas tenir en échec l'instruction des
demandes principales. Les jugements provisoires doivent être signifiés en vue de l'exécution forcée.
Ils n'ont pas l'autorité de la chose jugée car ils sont susceptibles de rétractation en cours d'instance
et ils cessent tous leurs effets par le prononcé du jugement définitif.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 34

§3. Les incidents qui se terminent par un jugement définitif :

Ils se divisent en deux catégories :


 Incidents de procédure
 Incidents de fond.

Dès lors, une inexactitude ou une omission dans la désignation du requérant ne vicie pas
l'assignation pour autant qu'aucune confusion n'en résulte et que le défendeur ne soit pas entravé
dans sa défense (56).

CHAPITRE 4 : LA LIAISON DE L'INSTANCE AU PREMIER DEGRE DE JURIDICTION

Il convient d’analyser dans ce chapitre, la demande en justice d’une part et la


défense en justice d’autre part.

Section 1 : La demande en justice

§1. Généralités : définition, objet, cause et moyen de la demande

A. Définition

Nous avons vu que la personne physique ou morale qui désirait saisir le juge de l'action
en justice doit pour ce faire introduire un acte de procédure en vue d'obtenir la sanction du droit
dont elle se prétend titulaire ou de la prétention qu'elle revendique. Cet acte de procédure, porte le
nom de " demande en justice ". Nous pouvons donc définir la demande en justice comme étant "
l'acte par lequel on soumet au juge, la prétention d'un plaideur ".

B. L'objet de la demande

Pour exister, la demande doit nécessairement avoir un objet, c'est-à-dire qu'elle doit
tendre à obtenir quelque chose du juge. L'objet est le résultat auquel un plaideur désire aboutir en
intentant l'action en justice.
Exemple :
1. Monsieur X... me doit 10 millions de Nouveaux Zaïres. Il refuse de me les payer et
je dois introduire une action en justice pour les recouvrer. Je solliciterai du Juge la condamnation de
Monsieur X... à me payer 10 millions de Nouveaux Zaïres. Cette condamnation est l'objet de ma
demande, le but que le poursuis en intentant mon action, le résultat que je veux obtenir.
2. Je suis propriétaire d'un immeuble qui est occupé par un locataire. Je veux obtenir de
l'occupant qu'il quitte l'immeuble parce que le bail a pris fin. Le locataire continue à se maintenir
dans les lieux loués et je dois introduire une action en justice en vue d'obtenir son déguerpissement.
L'objet de ma demande sera, en ce cas, l'expulsion du locataire dont je solliciterai le prononcé par le
tribunal.
3. J'estime que le contrat que j'ai conclu avec Monsieur X... est nul. J'introduis une
action en justice pour solliciter du tribunal l'annulation du contrat. L'annulation est dans ce cas
d'espèce, l'objet de ma demande.

L'objet peut donc varier à l'infini suivant ce que le plaideur demande au Juge d'ordonner,
d'accorder, ou de prononcer. Les trois hypothèses citées ci-dessus ne sont qu'exemplatives.

56) Elis. 3 janv. R.J.C.B., p. 114, 1è Inst. Luebo


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 35

Pour exister, la demande doit nécessairement avoir un objet, c'est-à-dire qu'elle doit
tendre à obtenir quelque chose du Juge. L'objet est le résultat auquel un plaideur désire aboutir en
intentant l'action en justice.

Exemple :
1. Monsieur X... me doit 10 millions de Francs Congolais. Il refuse de me les payer et
je dois introduire une action en justice pour les recouvrer. Je solliciterai du Juge la condamnation de
Monsieur X... à me payer 10 millions de Francs Congolais. Cette condamnation est l'objet de ma
demande, le but que je poursuis en intentant mon action, le résultat que je veux obtenir.
2. Je suis propriétaire d'un immeuble qui est occupé par un locataire. je veux obtenir de
l'occupant qu'il quitte l'immeuble parce que le bail a pris fin. Le locataire continue à se maintenir
dans les lieux loués et je dois introduire une action en justice en vue d'obtenir son déguerpissement.
L'objet de ma demande sera, en ce cas, l'expulsion du locataire dont je solliciterai le prononcé par le
tribunal.
3. J'estime que le contrat que j'ai conclu avec Monsieur X... est nul. J'introduis une
action en justice pour solliciter du tribunal l'annulation du contrat. L'annulation est dans ce cas
d'espèce, l'objet de ma demande.

Rien n'interdit à un plaideur de prévoir dans une même demande plusieurs objets
différents.

Exemple : Un propriétaire donne son immeuble en location. Le locataire ne paie pas les
loyers. Il peut demander ensemble dans le même acte de procédure
 la résiliation du bail pour non paiement de loyer
 la condamnation du locataire aux arriérés impayés
 les dommages-intérêts qui lui sont dus pour dégâts locatifs causés pendant la durée
du bail
 les dommages-intérêts pour le préjudice qui lui a été causé parce qu'il s'est trouvé
dans l'obligation de mettre fin au bail par la faute du locataire qui n'a pas accompli toutes ses
obligations et qu'il perdra des loyers pendant tout le temps qu'il mettra à rechercher un nouveau
locataire (indemnité de relocation).

Dans ce cas, on dira que la demande a quatre chefs, c'est-à-dire, quatre objets différents
rassemblés dans le même exploit.

C. Cause de la demande

La cause exprime le fondement juridique de la demande, c'est-à-dire la base légale ou


contractuelle sur laquelle un plaideur se fonde pour introduire une action en justice.

Exemple :
1. Je demande la condamnation de mon débiteur en me fondant sur un contrat de prêt
aux termes duquel je lui ai prêté 100.000.000 Francs Congolais, somme qu'il devait me rembourser
à une date déterminée. Comme le débiteur n'a pas accompli son obligation, j'introduis une demande
en justice en me basant sur le contrat de prêt. ce contrat est donc la cause de ma demande en justice.
2. Je suis victime d'un accident qui a été causé par Monsieur X... qui a commis une
faute entraînant sa responsabilité et un dommage corporel pour moi. L'article 259, livre III du
Code Civil Congolais prévoit que chacun est responsable du dommage qu'il a causé non seulement
par son fait mais encore par sa négligence ou son imprudence. Je pourrai donc réclamer en
justice Monsieur X... des dommages-intérêts qui constitueront la réparation du préjudice que j'ai
subi en suite de cet accident en me basant sur l'article 259 précité. Le droit à réparation que le
législateur me permet de déduire de cette disposition légale formera la cause de ma demande.

D. Moyens de la demande
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 36

On appelle moyens, les motifs de la demande, en d'autres termes les différents arguments
de fait et de droit qui justifient l'introduction de la demande. Les moyens ne doivent pas être
confondus avec la cause de la demande qui, nous l'avons vu, est constituée par la base légale ou
conventionnelle sur laquelle le demandeur s'appuie pour étayer la méconnaissance ou la violation
d'un droit existant dans son chef. Les moyens sont donc des supports de l'argumentation développée
par un justiciable.

Exemple :
Pour obtenir réparation des dommages que j'ai subis à la suite d'un accident,
j'exposerai dans ma demande en justice, les raisons et les motifs qui me permettent de conclure à la
responsabilité de l'auteur de cet accident contre lequel j'intente une action en justice.

§2. Les différentes espèces de demandes

On distingue entre la demande introductive d'instance, la demande incidente, la demande


reconventionnelle et la demande en intervention.

1. La demande introductive d'instance est celle qui fait naître un procès, c'est-à-dire que
le procès n'a pas encore commencé et c'est l'introduction de la demande par celui qui a des
prétentions à faire valoir concernant les droits dont il est titulaire qui forme la genèse du recours en
justice.

Exemple :
2. X... me doit 5 millions de Nouveaux Zaïres. Comme il ne paie pas volontairement, je
dois introduire une demande en justice pour obtenir qu'il s'exécute, ma demande est introductive
d'instance parce qu'il n'y a aucun procès existant entre nous.

La demande incidente au contraire est formée quand le procès a déjà commencé. Celui
qui entame le procès augmente, modifie ou restreint sa demande introductive originaire.

Exemple :
J'introduis une demande en justice contre X... en paiement de 5 millions de Francs
congolais parce que celui-ci me doit cette somme. Lorsque le procès a commencé, je réclame en
plus des 5 millions de Francs Congolais, les intérêts sur cette somme ou je réduis ma demande
introductive à 3 millions de Francs Congolais parce que dans l’intervalle, X... m'a déjà payé 2
millions de Francs Congolais.

Les demandes incidentes ne sont pas toujours admises car il ne faut pas embarrasser la
marche du procès et aggraver la tâche du Juge en soulevant au cours d'une instance toutes les
questions que peut inventer l'esprit processif d'un plaideur, ce serait aussi surprendre celui qui se
défend en introduisant dans le débat judiciaire une prétention qui n'a pas été révélée au moment où
l'action a été entamée et que la personne contre qui le procès est dirigé n'est pas prête à réfuter.

La demande reconventionnelle est formée en cours d'instance et pendant le procès par la


personne contre laquelle l'action en justice est dirigée et qui formule elle-même une prétention
contre son adversaire tout en se défendant, s'il y a lieu, contre la demande introductive ou incidente
qui lui est intentée. En réalité, l'action reconventionnelle est aussi incidente mais mue uniquement
par celui contre lequel l'action est intentée. La demande reconventionnelle présente de grands
avantages car elle évite une nouvelle demande introductive d'instance de la part du justiciable
actionné en justice et qui veut riposter à son adversaire. Elle constitue une économie de temps et de
frais. Les formalités prescrites par la loi pour introduire une demande reconventionnelle sont
simples et n'entraînent pas de nouveaux frais judiciaires.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 37

La demande en intervention consiste pour une personne qui n'a pas été partie à l'instance
d'y intervenir pour y faire valoir ses droits. Elle peut être volontaire ou forcée, elle est volontaire
lorsqu'elle est spontanément formée par un tiers, elle est forcée au cas où elle est dirigée par le
demandeur ou par le défendeur contre un tiers. On parle dans cette dernière hypothèse de mise en
cause.

§3. La demande introductive d'instance (les actes de saisine du tribunal en matière


civile).

En droit congolais, la demande introductive peut prendre quatre formes différentes :


 Le tribunal peut être saisi de la demande au moyen d'un acte de procédure que l'on
appelle " assignation " ou " ajournement ".
 C'est le procédé technique le plus couramment employé pour porter l'action en
justice à la connaissance du tribunal.
 Le tribunal peut encore être saisi du différend par la comparution volontaire de deux
parties devant le juge. Elles sont d'accord de soumettre leur litige au tribunal. Le procédé est asses
fréquent et se présente le plus souvent lorsque l'assignation et entachée d'une irrégularité qui risque
de la vicier et que les parties désirent obtenir que le Juge tranche leur contestation sans perdre de
temps.
 Les tribunaux coutumiers sont saisis par une plainte.
 Enfin, il arrive parfois que la loi précise elle-même que la juridiction compétente
sera valablement saisie de la demande en justice au moyen d'une " requête ".

A. L'assignation

1. Définition - Terminologie

L'assignation est un exploit de l'huissier ou du greffier par lequel ce fonctionnaire porte à


la connaissance d'une personne, l'action en justice formée contre elle par une autre personne et la
somme de se présenter devant le juge après l'écoulement d'un délai déterminé. L'assignation est
donc un acte de procédure qui introduit l'instance judiciaire. L'assignation constitue l'exploit
introductif d’instance. Celui qui engage l'action en justice, par le moyen de la demande s'appelle
chose au tribunal. Celui contre lequel l'action est engagée s'appelle " le défendeur " parce qu'il est
appelé à comparaître devant le tribunal et qu'il va user, s'il éché, de nombreux moyens de défense
que la loi met à sa disposition pour faire rejeter l'action.

2. Mentions que doit contenir l'assignation

L'article 2 du décret du 7 mars 1960 énumère les mentions sue doit contenir l'assignation
pour être valable.

a. Mentions relatives à l'identité du requérant

L'exploit doit mentionner les noms, profession et domicile du requérant. Cette indication
est évidemment fort importante car le défendeur doit savoir qui lui intente un procès. Dès lors, une
inexactitude ou une omission dans la désignation du requérant ne vicie pas l'assignation pour autant
qu'aucune confusion n'en résulte et que le défendeur ne soit pas entravé dans sa défense (57).

Pour étudier le caractère des mentions que la loi exige en vue de permettre l'identification
du requérant, nous envisageons trois hypothèses selon que le requérant est une personne physique

57) Elis 3 janv. 1925, R.J.C.B, p. 114, 1è Inst. Luebo, 25/2/1932, Jur. Col. 1932-33, p. 212.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 38

agissant en son nom personnel, selon qu'il agit par l'intermédiaire d'un représentant et enfin selon
que le requérant est une personne morale.

1°. Le requérant est une personne physique agissant en son nom personnel.

- Le nom
Par " nom, il faut entendre, pour les Congolais un nom puisé dans le patrimoine culturel
Congolais. Pour l'Européen par nom, il faut entendre le nom de famille.
- La profession
Une indication générale suffit, sauf si d'autres personnes, ayant les mêmes noms et les
mêmes prénoms exercent la même profession, ce qui pourrait amener des confusions, sans doute
rares. L'indication de la profession peut parfois compléter utilement l'absence d'autres éléments du
nom lorsqu'il existe deux personnes portant le même nom.

- Le domicile
D'après l'article 161 du Code de la Famille, le domicile de toute personne est au lieu où
elle a son principal établissement (58). A défaut de domicile connu, la résidence en produit les
mêmes effets, la résidence étant le lieu où une personne à sa demeure habituelle (article 169 du
Code de la Famille). L'on admet que la désignation de la résidence dans l'assignation est
équivalente à la mention du domicile (59).

Exemple :
A supposer qu'une personne ait son domicile en Belgique et une résidence en R.D.C. Elle
intente une action en justice devant le Tribunal de Lubumbashi. Elle pourra uniquement mentionner
dans l'assignation sa résidence en R.D.C. En règle générale, le domicile ou la résidence devront être
suffisamment précisés pour que le défendeur ne puisse faire d'erreur sur l'identité de celui qui agit
(60).

L'incertitude sur le domicile ou le lieu de résidence du requérant constitue une entrave


pour le défendeur si, ultérieurement et après jugement le condamnant, ce dernier devait interjeter
l'appel de cette décision dans un délai fort bref et se trouvait dans l'impossibilité de préciser le
domicile de son adversaire ce qui empêcherait l'huissier de signifier l'appel (61).

2°. Le requérant est une personne physique agissant par l'intermédiaire d'un
représentant légal ou conventionnel.

Dans ce cas, l'article 2, alinéa 2 du décret du 7 mars 1960 précise que " lorsque le
demandeur n'agit pas en nom personnel, l'assignation doit mentionner en outre sa qualité ", ce qui
veut dire que lorsque le demandeur n'agit pas en nom personnel, il faut non seulement mentionner
les noms, profession et domicile de la personne qu'il représente mais encore les noms, profession et
domicile du demandeur lui-même (62).
Il existe certaines personnes que la loi répute incapables d'ester en justice (introduire une
action en justice).

Citons parmi celles-ci :

58) Sur la notion de " principal établissement ", voir Léo, 16/9/1952, R.J.C.B., 1952, p. 295.
59) L'inst. Elis., 4 mai 1934, R.J.C.B., 1934, p. 141.
60) Inst. Stan. , 15 juillet 1955, R.J.C.B., 1957, p. 190.
61) Inst. E'ville, 4 mai 1934, R.J.C.B., 1935, p. 36.
62) Cour Suprême de Justice
a) R.C., 199, arrêt du 28/5/1980
b) R.C., 18, arrêt du 3/5/1972, Bulletin des arrêts, 1973, p. 47, R.J.Z., 1973, p. 37.
c) R.C., 26, arrêt du 7/12/1991, R.J.D, 1972, II p. 27 , R.J.Z, 1972, p. 128.
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a) le mineur qui ne peut assigner que par l'intermédiaire de son père et mère ou tuteur
b) l'interdit qui doit introduire une demande par l'intermédiaire de son tuteur
d) dans certains cas, les femmes mariées ne peuvent introduire de demande sans
l'autorisation de leur mari.

Exemple :
Une assignation lancée par le tuteur d'un mineur sera libellée comme suit : " A la
requête de Monsieur X... résidant à Lubumbashi, 40 Avenue Z..., médecin , agissant en sa qualité
de tuteur de Monsieur H...", écolier résidant en la même Ville, 25 avenue Y...

3°. Le requérant est une personne morale ou juridique

Pour les sociétés, groupements, associations quelconques, une difficulté peut naître car,
pour assigner sous sa dénomination propre, le groupement doit posséder la personnalité civile.

La Cour Suprême de Justice a, à plusieurs reprises, décidé que la personne physique qui
représente une personne morale, doit prouver son pouvoir d'ester en justice en versant au dossier
une pièce qui doit être authentique ou produite en photocopie certifiée conforme et préciser la
disposition statutaire en vertu de laquelle elle agit ne serait-ce qu'en produisant les statuts sociaux
ou en donnant la référence de leur publication au journal officiel (63).

Si le groupement n'a pas la personnalité civile : la demande en justice doit être


introduite par tous les associés et leurs noms, profession et domicile doivent être mentionnés dans
l'exploit. En effet, lorsque une association est dépourvue de personnalité civile, ses biens sont
soumis à l'indivision, chaque associé dispose d'une partie de l'avoir sans que les tiers puissent pour
autant en déterminer l’importance. .
Exemple : Si la société X... désire introduire une action en justice, elle assignera : « A la
requête de la société X... (Indication du genre de société ou d'association : société commerciale,
association d'agrément, philanthropique, religieuse etc.) dont le siège social est établi à ...
(éventuellement avenue et numéro) poursuites et diligences de son conseil d'administration
composé de : Messieurs O.Z.Y. (avec indication des noms, prénoms, profession et domicile des
administrateurs) ou encore « représentée en Afrique par Monsieur X... son gérant ».
En ce qui concerne l'Etat, en pratique, il assigne par l'intermédiaire du Ministre
compétent c'est-à- dire celui qui a dans ses attributions la matière du différent formant la base de la
demande en justice.
Les entités administratives décentralisées assignent par l'intermédiaire des organes que la
loi n° 95/005 du 20/12/1995 sur la décentralisation a reconnus compétents pour les représenter.

La personne morale est assignée au lieu où se trouve son siège. La mention relative au
siège social est d’une grande utilité lors de la rédaction des actes constitutifs de toute personne
morale. Il est en outre indiquer les conditions de transfert du siège à un autre lieu. Le problème
pourrait se poser si la personne morale est sans personnalité juridique et, en conséquence
juridiquement inexistante. Dans cette hypothèse l’on pourrait s’en prendre indistinctement à tous
les associés de la société de fait.

b. Mentions relatives à l'identité du défendeur

L'article 2 du décret du 7 mars 1960 prévoit que « l'assignation contient les noms et
demeure du défendeur».

63) Cour Suprême de Justice, arrêt du 6/2/1974 ;- Bulletin des arrêts, 1975, p. 41 ; - Arrêt du 3/11/1971, R.Z.D., 1972 II
p. 24.
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Les détails sont moins complets que ceux qui sont requis par la loi pour déterminer le
requérant car il va de soi que ce dernier aura parfois de la peine à se procurer des renseignements
quant au domicile légal de son adversaire, par exemple.

Toutefois, il faut que le juge saisi au procès puisse identifier la partie qui est citée à
comparaître.

L'erreur dans la qualification du défendeur ne viciera pas l'assignation si ce dernier n'a


soulevé aucune objection ou ne lui a pas porté préjudice.

Dès lors, il faut que le défendeur puisse être suffisamment déterminé pour ne pas être
confondu avec une autre personne (69).

Si le défendeur est une personne morale ou juridique, il ne faudra pas nécessairement


détailler la composition du conseil d'administration.
Il ne sera même pas exigé du requérant d'indiquer le représentant légal habilité par les
statuts à agir en justice au nom de l'être moral pour autant que se trouve dans l'assignation, l'adresse
de la société (siège social ou succursale ou encore siège d'exploitation).

Toutefois, il est impossible d'assigner un groupement qui n'a pas la personnalité juridique
(70)
car on ne peut mettre en cause une personne qui n'existe pas légalement. Dans ce cas il faudra
directement assigner devant le tribunal la où les personnes auxquelles on reproche la
méconnaissance ou la violation d'un droit. .

Les incapables devront toujours être assignés en la personne de leurs représentants


légaux mais la qualité du défendeur lui-même devra être indiquée (art. 2, alinéa 2). Il en est de
même si l'assignation est dirigée contre le mandataire conventionnel.

c. Objet et moyen de la demande

L'article 2 du décret du 7 mars 1960 précise que le requérant doit énoncer dans son
assignation l'objet et les moyens de la demande. Mais il ajoute « sommairement ».
On distingue dans l'assignation deux parties :
• les motifs qui constituent l'exposé des faits de la cause, la façon dont les événements se
sont produits et qui ont amené le demandeur à introduire une action judiciaire.
• Le dispositif : le libellé de la demande proprement dite.

Exemple : X... me doit 5 millions de FC. Je l'assigne en justice. Dans les motifs,
j'indiquerai le; raisons pour lesquelles X... me soit 5 millions de FC (promesse reconnue contrat
quelconque-prêt que je lui ai accordé et dont je demande le remboursement). Dans le dispositif, je
demanderai simplement au tribunal de condamner X... à me payer 5 millions de FC.

L'objet et les moyens de la demande doivent être énoncés sommairement, ce qui veut dire
que renonciation doit être assez claire pour mettre le défendeur à même de préparer sa défense dès
qu'il est assigné, il faut et il suffit qu'il sache ce qu'on lui demande. Toutefois, le libellé de
l'assignation pourra être précise ultérieurement en cours d’instance (71). Néanmoins, l'énoncé doit
être précis, car l'assignation présente une importance capitale. Nous verrons ultérieurement que les

69 Léo, 19 décembre 1929, Jur. Col. 1930-1931, p. 358.


70 Inst Elis 4 mai 1944, R.J.C.B. 1945, p. 24
71 1° inst. E'ville, 18 mars 1931, RJC.B 1931, p 255; 1° Inst. Elis. IOdéc.1925. R.J.C.B.
(kat. Il), p 52; Elis., 28/7/1945, R.J.C.B. 1945, p. 173.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 41

demandes incidentes, c'est-à-dire celtes qui n'ont pas été comprises dans l'assignation et qui sont
introduites en cours d'instance par le demandeur ne sont admises que sous certaines conditions bien
déterminées.

Mais, les exigences de la loi sont tempérées par la jurisprudence. En cette matière tout
particulièrement le tribunal doit tenir compte du fait que le plaideur Congolais est souvent ignorant
de la procédure judiciaire.

En droit congolais, si la demande formule dans le dispositif est peu précise, on estime
que l'assignation est néanmoins valable si les motifs et l'objet sont suffisamment clairs (72).
Cependant, il arrive que la jurisprudence rejette comme nulles des assignations pour insuffisance
des moyens développés par le requérant (73).

d. Indication du tribunal ou la demande est portée

L'article 2 du décret du 7 mars 1960 prévoit que l'assignation doit indiquer le lieu ou la
demande est portée.

1. Lieu, jour et heures de la comparution

Ces mentions sont exigées par l'article 2 du décret précité. Il faut en effet que le
défendeur sache où il doit comparaître et quand.

f. Date de l'exploit d'assignation


L'article 2 du décret précité ne fait pas figurer la date de l'exploit parmi les mentions que
doit contenir l'assignation. Cependant, l'article 4 relève : « l'original et la copie de l'exploit sont
datés » ce qui prouve que le législateur a considéré qu'une assignation n'est pas valable si elle ne
mentionne pas la date.
La date est apposée par le greffier ou l'huissier au jour de la signification.

3. Rédaction et dépôt de l'assignation


L'article 2 du décret précité précise que l'assignation est rédigée par le greffier.
L'article 1 donne les conditions dans lesquelles le greffier rédige l'assignation : "Toute
personne qui veut en assigner une autre fournit au greffier de la juridiction où la demande sera
portée tous les éléments nécessaires à la rédaction de l'assignation. Si le requérant sait écrire, il
remet au greffier rédige l'assignation : " Toute personne qui veut en assister une autre fournit au
greffier de la juridiction où la demande sera portée tous les éléments nécessaires à la rédaction de
l'assignation.

Si le requérant sait écrire, il remet au greffier une déclaration signée".


Dans les grandes villes où sont installés des avocats, ceux-ci rédigent entièrement
l'exploit d'assignation qu'ils remettent au greffier du tribunal.

Il résulte de tout, ce que nous venons de dire-que l'assignation est un acte authentique, les
formes déterminées par les articles 1 et 2 du décret supposent un écrit : celui-ci est absolument
nécessaire pour l'assistance même de l'exploit. Une assignation orale ne se concevrait même pas.

72 Elis. 30 mars 1935, R.J.C.B. 1935, p. 188.


73 Elis 16jan .1926, R.J.C.B. (kat. Il), p. 277, 1° Inst Elis.-14juin 1961,R.J.A.C. 1963, p. 185.
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4. Signification de l'assignation

a. Notions générales

L'article 3 du même décret précise : l'assignation est signifiée par un huissier : elle peut
l'être aussi par le greffier. Seul, le greffier de fa juridiction qui doit connaître de la demande a
qualité pour signifier.

L'assignation doit être signée par le greffier ou l'huissier. Il s'agit d'une formalité
essentielle dont l'absence entraîne la nullité (74), l'acte ne présentant plus aucun caractère
authentique.

L'huissier ou le greffier devra également dater l'acte et indiquer son nom et qualité, avant
de le signifier. Il faut, en effet, que le plaideur sache si l'exploit a été signifié par le greffier ou par
l'huissier et en toute hypothèse quel est le nom du fonctionnaire qui a procédé à la signification et
qui porte ainsi la responsabilité des erreurs éventuelle qui auront été commises.

b. Modes de signification
Le législateur distingue :
• la signification au défendeur lui-même ou à personne ;
• la signification au domicile réel ou au domicile élu du défendeur ;
• la signification par messager;
• la signification par édit et missive lorsque le défendeur n'a ni résidence, ni domicile
connu en R.D.C mais a un domicile ou une résidence connu dans un pays étranger ;
• la signification par édit et publication lorsque le défendeur n'a pas de domicile connu, ni
en R.D.C., ni à l'étranger.

1° Signification à personne
La façon normale pour l'huissier de signifier l'exploit est de le remettre au défendeur en
personne, mais cela n'est possible que si l'huissier connaît le défendeur. Il peut, par exemple, le
rencontrer dans la rue ou au palais de Justice.

L'huissier ou le greffier pourrait même convoquer le défendeur au palais et lui remettre


l'assignation directement (75) encore que cette pratique n'a pas été prévue par le législateur. Lorsque
l'exploit introductif d'instance est remis à la personne, l'huissier ou le greffier indiquera au bas de
l'assignation « parlant à lui-même ».

2° Signification à domicile réel

a. Le défendeur est une personne physique

L'huissier peut également signifier l'exploit au domicile du défendeur s'il ne le connaît


pas ou ne le rencontre pas car la signification à personne est toujours préférée. Notons que l'huissier
peu signifier à la résidence à défaut de domicile (article 3, alinéa 2 du décret du 7 mars 1960).

A la résidence, l'huissier remettra l'exploit aux personnes suivantes qu'il y rencontrera :


- aux parents ou alliés ( 76) ;

74 Léo, 21 novembre 1939 R.J.C.B. 1940, p. 101.


75 Tribunal de Parquet de Jadotville, 9 septembre 1953, R.J.C.B. 1954 p. 48.
76 Article 3du décret du 7 mars 1960.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 43

- à défaut de parents, aux maîtres ou domestiques ( 77).


L'huissier indiquera toujours le nom de la personne à qui il parle et sa qualité : exemple :
« X.. domestique du défendeur ».

Si l'huissier ne trouve ni parent, ni allié, ni maître, ni domestique, il devra s'adresser à un


voisin l'ordre successif de signification est obligatoire.

L'huissier apposera donc sur l'exploit d'assignation la mention suivante : « et n'ayant


trouvé ni parents, ni maîtres, ni domestiques, j'ai, huissier soussigné, remis le présent exploit à
Monsieur X ; voisin qui se charge de remettre le pli au défendeur et signe avec nous »73.

Le voisin est une personne de l'un ou l'autre sexe habitant le voisinage; on choisira de
préférence au tiers en bons rapports avec le signifié. Le voisin doit signer l'original de l'exploit.

Le refus du défendeur de recevoir l'exploit qui lui est offert par l'huissier n'empêche pas
la signification d'être valable : de même, le refus du parent, allié ou serviteur trouvé au domicile par
l'huissier n'oblige pas celui-ci à s'adresser à une autre personne pour procéder à la signification.

L'article 4 du décret du 7 mars 1960 prévoit qu'à défaut de voisin, l'exploit peut être
remis dans une circonscription, au chef de la circonscription ou au chef de la subdivision
coutumière.

L'huissier ou le greffier peut également s'il ne trouve ni parent, ni allié, ni maître, ni


domestique, ni serviteur, ni voisin, remettre le pli au Bourgmestre de la commune où réside le
signifié (article 4 alinéa 2). Il appartient au Bourgmestre, après signature de l'original, de prendre
les mesures utiles pour que l'assignation parvienne au défendeur.

Mais, il arrive que le voisin, le chef de la circonscription ou le Bourgmestre refuse de


signer l'exploit ou n'accepte pas de recevoir la copie destinée au défendeur ; la copie est alors
remise au juge qui avise au moyen de la faire parvenir au défendeur (art. 4 al. 2). Dans ce cas,
l'huissier ou le greffier mentionnera dans l'exploit les motifs pour lesquels la copie n'a pas été
remise (article 5 décret du 7/3/1960).

Cette disposition est peu employée dans la pratique. Le juge peut autoriser la remise à un
ami, un fondé de pouvoirs, un employeur, bref à toutes personnes qui, en raison de leurs bons
rapports avec le défendeur et de l'intérêt qu'elles lui portent, ne manqueront pas de l'aviser
rapidement de l'existence de l'exploit.

Remarquons que la signification à Bourgmestre (Commissaire de zone) est une


innovation du décret du 7 mars 1960. Antérieurement, si le voisin ne voulait pas signer, l'huissier
devait immédiatement remettre la copie au juge.

Jusqu'à présent, il n'a pas été fait un usage fréquent de la signification à Bourgmestre
(Commissaire de zone), alors que cela aurait pu donner satisfaction.

b. Le défendeur est une personne morale

L'article 8 du décret du 7 mars 1960 prévoit des règles précises en ce qui concerne les
assignations à signifier aux personnes morales.
- Assignation de l'Etat et des administrations publiques

77 Idem.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 44

Selon l'article 8 du Code de procédure civile, sont assignés :


La République Démocratique du Congo, en la personne ou dans les bureaux du Président
de la République ou du Gouverneur de la région où siège le Tribunal qui doit connaître de la
demande.
Les administrations et établissements qu4 jouissent de la personnalité civile, en leurs
bureaux, dans le lieu où se trouve leur siège, en la personne ou au bureau de leur préposé, dans les
autres lieux.
La loi n° 95/005 du 20/12/1995 portant décentralisation territoriale, administrative et
politique de la République Démocratique du Congo (pendant la période de transition) reconnaît la
personnalité civile aux entités administratives décentralisées (province, la ville, la commune, le
territoire et la collectivité) en précisant chaque fois l'organe compétent pour représenter l'entité
administrative décentralisée. ,
Les sociétés qui jouissent de ta personnalité civile à leur siège social, succursale ou siège
d'opération ou à défaut, en la personne ou au domicile de l'un des associés.
Les faillis, en la personne ou au domicile du Curateur.
Est un serviteur, toute personne qui rend service au signifié y compris un domestique de
l'hôtel où résiderait le défendeur (1 - Inst. E'vitle 27/9/1951, R.J.C.B. 1952, p. 176). Voir
aussi Léo. 30/3/1948.- R.J.C.B, 1948, p 170.

Ainsi, lorsqu'il voudra assigner l'Etat, le requérant aura le choix : il signifiera


l'assignation par l'huissier ou le greffier soit au Ministre responsable lui-même, soit à toute
personne qu'il rencontrera en ses bureaux ou au contentieux, soit au Gouverneur de Province en
personne, à condition, dans cette dernière hypothèse que soit compétent un tribunal siégeant dans la
Province.

- Les administrations et établissements publics ou privés

Sens des mots « administrations » et « établissements »

Le décret du 7 mars 1960 parle « d'administration et d'établissement qui jouissent de la


personnalité civile (article 8, 2).

Si l'établissement ou l'administration a la personnalité civile, il sera assigné séparément


sans que l'Etat entre en cause.

Si l'établissement ou l'administration n'a pas la personnalité civile, l'Etat sera directement


assigné.

Le seul critère est donc de savoir si l'organisme public que l'on veut assigner a ou n'a pas
la personnalité civile.

Que faut-il entendre par « administration » ou « établissement », on admet généralement


qu'il faut englober de multiples services publics, ainsi que tous les établissements d'utilité
publique), qui jouissent de la personnalité civile.

Les provinces, les villes, les communes, les territoires et les collectivités ont la
personnalité civile, ainsi que certains établissements publics.

1. Signification des exploits

Ces administrations et établissements pourront être assignés, soit dans le lieu où se trouve
leur siège, c'est-à-dire dans tous et chacun des nombreux bureaux que les administrations peuvent
parfois comporter, dans le bureau d'un préposé quelconque, soit dans tous les autres lieux.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 45

Le législateur s'est donc montré particulièrement large et en fait, l'huissier et le greffier


pourront remettre l'exploit à toute personne qu'ils rencontreront et connaîtront comme préposé de
l'administration ou de l'établissement en cause et ce, même au domicile ou à l'habitation d'un des
préposés quelconque.

C. Les faillis

- Les sociétés civiles ou commerciales

L'article 8, 3° du Code de procédure civile prévoit que les sociétés qui jouissent de la
personnalité civile seront assignées :
• à leur siège social ;
• à leur succursale ;
• à leur siège d'opération ;
• s'il n'y a pas de siège, en la personne ou au domicile de l'un des associés.

Ils seront assignés chez leur curateur désigné par le Tribunal dans le jugement déclaratif
de faillite puisque le curateur représente le faillis dans les actions mobilières ou immobilières tant
en demandant qu'en défendant (article 1 du décret du 27 juillet 1934 - Codes - Tome l - p ; 248).

2. Signification à domicile élu

La signification des exploits peut parfois se faire à domicile élu.


L'article 168 du Code de la Famille, prévoit en effet que « toute personne peut élire
domicile pour l'exécution d'un, de plusieurs ou de tous actes, l'élection doit être expresse et ne peut
se faire que par écrit.

Le même article ajoute : « Toutes significations, demandes et poursuites pour l'exécution


d'un acte pour lequel domicile a été élu pourront être faites à ce domicile et devant le juge de ce
domicile.

Pour les mots « signification à domicile élu "n'est possible que si le défendes a constitua
un mandataire chargé de revoir l'exploit. En effet, le domicile élu suppose que l'assignation sera
transmise au défendeur par celui chez lequel élection a été faite. Si le domicile n'est pas élu chez
une personne déterminée, il n'est pas possible que l'assignation parvienne finalement au défendeur
qui pourrait ainsi ne pas en avoir connaissance. Il y aurait là un abus que le législateur n'a
certainement pas voulu protéger74.

En outre, l'existence du domicile élu n'empêche jamais le requérant de faire signifier


l'assignation au domicile réel. Le requérant a dans le choix entre le domicile réel et le domicile élu.

3. Signification par lettre missive et messager

a. Par lettre missive

L'article 6 du décret du 7 mars 1960 prévoit un autre mode de signifier une assignation :
envoi au défendeur d'une copie de l'exploit sous pli fermé mais à découvert, recommandé à la poste
avec a vis de réception.

Nous allons expliquer les termes employés par le législateur pour ce mode de
signification.

- Sous pli fermé mais à découvert :


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 46

Cela veut dire que l'assignation en peut être mise sous enveloppe. Dans la pratique, on
plie l'assignation en quatre et sur un des côtes, on inscrit l'adresse exacte du défendeur en y
apposant tes timbres nécessaires.

Le pli doit néanmoins être fermé ce qui signifie qu'une fois l'assignation pliée, les côtes
doivent en être scellés au moyen de papier collant ou d'agrafes qui ne peuvent être détachées, en
telle sorte que personne d'autre que le défendeur lui-même ou la personne qui recevra le pli pour
lui, ne puisse en prendre connaissance.

- Recommandé à la poste avec avis de réception

Un simple envoi recommandé ne peut suffire, il faut en lus que soit adressé au défendeur
un avis ou accusé de réception (carte rosé délivrée par la poste et prouvant que le pli recommandé a
bien été remis au destinataire lui-même en telle sorte que celui-ci en a eu connaissance).

Toutefois, la preuve de cette remise peut résulter de la signature de l'avis de réception par
l'agent des postes, la signature du destinataire n'étant pas requise.

Il appartient au requérant de prouver que toutes les formalités ont été accomplies et que
l'exploit est bien parvenu au défendeur. Pour cela, au moment de l'appel de la cause ou avant
l'audience le requérant prendra le soin de déposer l'original de l'assignation ainsi que le talon du
recommandé et l'avis de réception dûment accepté par l'agent postal ou le destinataire.

Lorsque l'avis de réception n'est pas rentré avant l'appel de la cause devant le tribunal,
celui-ci n'est normalement pas saisi, car il ne peut vérifier la régularité de l'assignation.

Toutefois, il arrive que le juge ordonne une remise de la cause pour permettre au
requérant de prouver que le pli a bien été délivré au défendeur et que celui-ci a eu connaissance de
l'assignation.
Ajoutons que, si le défendeur refuse de recevoir le pli recommandé, l'assignation est néanmoins
valable76.
b. Par messager

Ce mode de signification est exceptionnel mais il faut néanmoins l'envisager pour être
complet.
L'article 6 du décret du 7 mars 1960 prévoit la possibilité de faire signifier une
assignation par un messager ordinaire contre récépissé daté et signé par le défendeur ou par parent,
allié, maître, serviteur ou voisin de ce dernier.

La loi n'a pas déterminé ce qu'elle entend par « messager », mais elle précise uniquement
qu'il peut être « ordinaire », c'est-à-dire ne pas appartenir au personnel judiciaire.

Il est en tout cas certain que l'on ne peut admettre comme valable que le requérant
remettre l'assignation à un messager quelconque et se passe ainsi de l'huissier ou du greffier. En
effet l'article 3 du décret du 7 mars 1960 est formel : seuls, l'huissier ou le greffier peuvent signifier
un exploit à l'exception de toute autre personne.

Dès lors, quelle est l'utilité du messager? Il est inutile d'épiloguer à nouveau sur
l'immensité du territoire congolais, l'importance des distances à parcourir d'une ville à l'autre ou
d'un poste à l'autre. Il est certain que l'huissier ne peut se déplacer au-delà d'un certain rayon du
tribunal pour signifier une assignation. Il se peut également qu'il soit impossible de confier
l'assignation à la poste en raison de l'éloignement de la résidence du défendeur de tout courrier
postal régulier et que l'acheminement par la poste prenne un temps considérable.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 47

Dans ce cas, l'huissier qui trouvera une personne qui de rend près de l'habitation du
défendeur pourra lui confier le pli en telle sorte que la remise se fasse plus rapidement.

Mais, la loi exige que les formalités accomplies par le messager ne laissent aucun doute
sur le fait que l'assignation a bien été remise au défendeur (article 6 alinéa 2 et 3 du décret du 7
mars 1960). Le messager ne peut remettre l'assignation que contre un récépissé. Ce récépissé (reçu)
doit être signé et daté par la personne à qui le messager a parlé, c'est-à-dire :
• le défendeur ;
• le parent, l'allié, le maître ou le serviteur à défaut d'avoir trouvé le défendeur ;
• le voisin, à défaut des personnes précitées.

4. Signification par édit et missive

II se peut que le requérant ne connaisse pas le domicile du défendeur en R.D.C. et ce,


malgré toutes les investigations auxquelles il s'est livré, mais qu'il sache ou apprenne que le
défendeur a fixé son domicile ou sa résidence à l'étranger, c'est-à-dire en dehors du territoire de la
nation congolaise.

Dans ce cas, la loi ne pouvait pas mettre le requérant dans l'impossibilité d'introduire une
demande en justice. ..

Le législateur a alors prévu une procédure particulière prévue à l'article 7 alinéa 1 du


décret du 7 mars 1960 et que l'on appelle : « EDIT ET MISSIVE ».

EDIT : parce que la loi exige qu'une copie de l'assignation soit affichée à la porte
principale du tribunal où la demande est portée (article 7, alinéa 1 du 7 mars 1960).

MISSIVE : parce que la loi exige en outre que la copie de l'exploit soit adressée au
domicile ou à la résidence étrangère sous pli fermé mais à découvert, recommandé à la poste (art. 7
alinéa 1, décret du 7 mars 1960).

5. Signification à domicile inconnu

II peut arriver que le demandeur, malgré toutes les recherches commandées par la bonne
foi et la prudence, n'a pas trouvé le domicile du défendeur, ni en R.D.C, ni ailleurs à l'étranger.
Le requérant pourra alors demander à l'huissier ou au greffier d'agir de la façon suivante :

1. afficher une copie de l'exploit à la porte principale du tribunal où la demande est


portée (art. 7 alinéa 2, décret du 7.3.1960).
2. faire publier l'extrait de l'assignation au journal officiel (article 7, alinéa 2, décret du
7 mars 1960).

5. Les délais d'assignation

a. Le délai ordinaire

En définissant l'assignation, nous avons vu que cet acte de procédure somme le défendeur
de se présenter devant le juge après l'écoulement d'un délai déterminé.

Pourquoi un délai ? Parce qu'il faut que le défendeur ait depuis qu'il a reçu l'assignation,
un intervalle lui permettant d'assimiler l'action en justice qui lui est intentée, de se tracer une
marche de défense, de réunir les éléments nécessaires à mettre l'action en échec, de se choisir
éventuellement un conseil, de comparaître en justice.
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Le délai ordinaire est celui qui est donné normalement au défendeur pour comparaître
devant le tribunal lorsqu'il réside dans le lieu où il siège.

Le délai ordinaire est augmenté à raison des distances ce qui veut dire que plus le
défendeur réside loin du siège du tribunal, plus long est le délai pour lui permettre de comparaître.

Le délai qui s'ajoute au délai ordinaire à raison de la distance porte le nom de « délai de
distance ». L'article 9, alinéa 1 du décret du 7 mars 1960 prévoit « le délai d'assignation est de huit
jours francs entre l'assignation et la comparution ».

L'article 9, alinéa 2 précise : « le délai d'assignation pour les personnes qui n'ont ni
domicile, ni résidence en R.D.C est de trois mois ou dont le domicile ou la résidence sont inconnus
».

Lorsqu'une assignation à un défendeur domicilié hors de la République Démocratique du


Congo est remise à sa personne dans le territoire, elle n'emporte que le délai ordinaire (art. 9 alinéa
3).

b. Le délai de distance

1° Le défendeur réside sur le territoire de la République Démocratique


du Congo

Si le défendeur réside dans le territoire de la République, l'article 9, alinéa 1 prévoit que


le délai d'assignation est prolongé d'un jour par 100 kms de distance.

D'après les travaux préparatoires « l'augmentation de délai à raison de la distance est de 1


jour par cent kilomètres pleins. Il n'y a pas d'augmentation du délai pour les fractions qui s'y
ajouteraient.
Comment évaluer la distance ?

Faut-il la calculer suivant la longueur de la voie à parcourir entre la résidence du


défendeur et le lieu où siège la juridiction devant laquelle il doit se rendre ou bien faut-il suivre la
longueur d'une ligne idéale entre deux points entre lesquels il n'existe aucun moyen de
communication ?

La jurisprudence a généralement estimé qu'il fallait adopter la longueur la plus directe de


la voie à parcourir sans sortir du pays77. Toutefois, on discute toujours du point de savoir si, pour
déterminer la voie la plus courte, on doit tenir compte de la voie aérienne78. A notre sens, il est
préférable de compter les délais de distance en prenant comme base les voies de communication
(route – chemin de fer - voies navigables) et en ajoutant un jour s'il le faut en cas d'hésitation.

Mais, il arrive que des difficultés naissent dans la détermination des délais.

En effet, il se peut que l'huissier ait signifié l'assignation en parlant au défendeur à un


endroit différent de sa résidence ou de son domicile.

Par exemple : le défendeur résident à Bukavu. Je lui fais signifier un exploit au moment
où il se trouve à Lubumbashi. Faut-il considérer que la détermination du délai se fait en prenant
comme base la résidence du défendeur à Bukavu ou son passage à Lubumbashi ?

77 Cons. Sup. 15 mars 1924, Jur.Col.1924, p. 193, combiné avec Léo, 31 oct 1944, R.J.C.B 1945 ; P 108 avec note.
78 sur le calcul du délai de distance par la voie des airs. Voir Léo. 22 juillet 1953 ; RJCB 1955, P 143.
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L'article 197 du décret du 7 mars 1960 donne la réponse: «le délai applicable est toujours
déterminé d'après le lieu de notification ou de la signification même si celui à qui la signification
est faite n'y a ni son domicile, ni sa résidence ».

Dans le cas cité ci-dessus, je devrais donc compter uniquement les délais ordinaires et
non ajouter les délais de distance Bukavu/Lubumbashi.

2. Le défendeur réside à l'étranger

II n'existe pas de délai de distance à ajouter aux délais d'assignation prévus pour les
personnes domiciliées ou résidant en dehors de la République ou qui n'ont aucun domicile ni
résidence connus.

Pour ces personnes le délai de trois mois est fixe et il n'y a pas lieu d'ajouter les délais de
distance. Les délais d'assignation étant déjà suffisante à raison de la distance.

L'article 9 alinéa 3 prévoit que « lorsqu'une assignation à une personne domiciliée hors
de la R.O.C est remise à sa personne dans ces territoires elle n'emporte que le délai ordinaire ».

c. Point de départ des délais d'assignation et de distance

Pour pouvoir calculer un délai, il faut savoir à partir de quel moment il commence à
courir.
Le principe paraît simple ; l'article 9 du décret dit : « entre l'assignation et la comparution
». Par assignation, il faut entendre la date à laquelle l'huissier ou le greffier a signifié à personne ou
à domicile. Ce sera donc la date qu'il indique dans l'exploit au moment où il opère la signification.

Toutefois, lorsque la signification est opérée par voie postale, le point de départ du délai
d'assignation sera t-il la date à laquelle le huissier met le pli à la poste, ou celle à laquelle le
défendeur le reçoit ?

L'article 11 du décret du 7 mars 1960 tranche la question : le délai commence à courir du


jour de l'avis de réception. En cas de signification effectuée par messager, le délai court depuis le
jour du récépissé (même disposition).

Enfin, en cas d'assignation à l'étranger ou à domicile inconnu, le délai court du jour de


l'affichage (article 11 alinéa 2 décret du 7.3.1960).

d. L'abréviation des délais

L'article 10 du décret du 7 mars 1960 précise que « dans les cas qui requièrent célérité, le
président de la juridiction compétente peut permettre d'assigner à bref délai ».

On admet que l'abréviation des délais s'applique à tous les délais ordinaires, de distance,
et à ceux prévus pour les significations à l'étranger.

B. La comparution volontaire des parties

L'article 12 du décret du 7 mars 1960 prévoit que les parties peuvent toujours se
présenter volontairement devant le juge. Dans ce cas, les parties, demandeur et défendeur sont
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d'accord de soumettre leur différend au tribunal. Elles s'entendent sur ce point bien déterminé.
L'attention doit être attirée sur le mot « volontairement ».

En effet, l'assignation somme la partie défenderesse de comparaître devant le tribunal, si,


répondant à l'assignation, le défendeur est présent devant le tribunal au jour fixé par l'exploit (voir
article 14 du décret du 7 mars 1960), on ne peut pas dire qu'il y a comparution volontaire. Pour que
celle-ci existe, il faut que le défendeur soit d'accord de se présenter devant le juge sans y avoir été
contraint par un acte de procédure quelconque79.

Le juge peut statuer en dernier ressort si les parties le demandent ; en ce cas, elles
renoncent à l'appel. « La déclaration des parties qui demandent jugement est actée par le greffier.
Elle est signée par les parties ou mention est faite qu'elles ne peuvent signer » (article 12 alinéa 2 du
décret du 7 mars 1960).

Dans la pratique, on emploie par extension l'expression « comparution volontaire » après


que l'assignation ait été signifiée et lorsqu'il est constaté que l'exploit introductif est entaché d'un
vice qui peut le faire déclarer non valable par le juge. La partie défenderesse accepte parfois à
l'audience d'introduction de la cause, de « comparaître volontairement » sans toutefois que soient
réunies les formalités prévues par l'article 12.

On s'est souvent demandé si la comparution volontaire du défendeur couvrait les


irrégularités de l'assignation. En d'autres termes, lorsqu'il accepte de comparaître volontairement, le
défendeur entend-il ou non couvrir les irrégularités de l'exploit introductif ? On a estimé qu'il y
aurait lieu de rechercher dans chaque cas si elles ont entendu ou non maintenir celle-ci80 bien que
l'on puisse prétendre que la comparution volontaire remplace l'assignation81.

Toutefois, à moins que le vice soit tel que l'acte de procédure doit être considéré comme
inexistant, le tribunal aura toujours tendance à admettre que le vice a été couvert par la comparution
du défendeur en vertu du principe selon lequel les omissions ou erreurs de procédure ne doivent
être admises que si elles ne violent pas ou portent atteinte aux droits de la défense82.

C. La plainte

La loi organique de 2013 sur l’OCJ consacre implicitement la suppression des


juridictions coutumières qui continuaient jusqu’alors de fonctionner selon la procédure fixée par
l'arrêté Royal du 13 mai 1938 qui a coordonné les différents décrets sur les juridictions
coutumières.

Pour rappel, en matière de droit privé, les Juridictions coutumières étaient saisies par une
plainte des citoyens indiquant l'atteinte portée à leur droit et désignant l'auteur, le responsable ou le
répondant de ce tort dont ils demandent réparation.

79 Note d'observations sous Léon 19 avril 1966, R.J.C. 1966, p. 329.


80 "SOHIER. droit de procédure au Congo, p. 51,
81 Voir note d'observations sous Léo 19 avril 1966, R J.C. 1966, p. 329.
82 -Elis 22mai1915. Jur Col. 1925, p. 359 avec note:
-Elis 27 mars 1915, Jur.Col.1925, p. 354 avec note;
-Elis. 16janvier 1926, Jur. Kat II, p. 277;
-Elis. 16 juillet 1927, R.J.C.B. 1928, p. 321;
-Léo. 28 Juillet 1931. R.J.C.B. 1932. D. 113.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 51

D. La requête

La requête est l'acte par lequel un justiciable réclame directement d'une autorité judiciaire
une décision de sa compétence.

Le demandeur dépose sa requête au greffe sans en avertir préalablement les autres parties
intéressées : c'est une dérogation au principe du contradictoire, qui se justifie particulièrement
pour des solutions provisoires, préalables à un procès contradictoire ou en l'absence de tout
contentieux. C'est la procédure ordinaire pour saisir la juridiction gracieuse.

Dans certains cas, le législateur impose le recours à la requête pour introduire certaines
procédures préalables à l'assignation en justice.

Quelques exemples :

1. Demande d'abréviation des délais


2. Désignation d'un conseil ou d'un tuteur ad hoc qualifié pour représenter en justice un
incapable ou un absent
3. Autorisation de la femme mariée par le tribunal de paix pour agir en justice, en cas de
refus d'autorisation par son mari (art. 449 du code de la famille)
4. La mutation de droits immobiliers pour cause de décès est soumise à la procédure
d'investiture par la voie d'une ordonnance sur requête. La requête doit être préalablement publiée
aux fins d'inviter toute personne qui pourrait faire valoir des droits concurrents ou préférentiels à
une intervention contentieuse.
5. En cas de viciation par un des époux de ses devoirs conjugaux, l'époux saisi par voie
de requête, le président du tribunal de paix-pour tenter une conciliation si celle-ci aboutit, le
président acte par voie d'ordonnance l'accord des parties dans la négative, le président rend
une ordonnance constatant l'échec et autorisant la partie requérante à saisir le tribunal (art.
460 du Code de là Famille).
6. Cas de saisies conservatoires (saisie-arrêt, saisie-mobilière), ces mesures préalables
doivent être suivies d'une assignation en bonne et due forme dans le délai fixé par la loi ou par le
Juge (art. 109 et 138 du Code de procédure civile),

Il y a des cas ou le législateur prévoit la saisie du tribunal par voie de requête pour éviter
que la partie appelée au tribunal n'abuse des délais de l'assignation pour énerver l'action en justice.

Quelques exemples :

1. M Le cas de saisie conservatoire.


2. La demande en faillite : l'on recourt à la requête lorsqu'il y a lieu de craindre que le
débiteur défaillant détourne l'actif en profitant des délais imposés par la procédure d'assignation :
les droits de la défense du failli ne pourraient en ce cas s'exercer que par la voie de l’opposition
(du décret du 27 juil. 1934).

De manière générale, l'on admet que la requête doit mentionner de façon claire et précise.
a) l'identité du requérant ;
b) l'exposé de la demande et des moyens ;
c) les noms et demeure du défendeur même si la requête ne doit pas être ni signifié ni
communiquée au défendeur avant d'être déposée.

Le président ou le tribunal est le seul juge de la décision à prendre.

§4. Les demandes incidentes


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 52

On distingue entre la demande nouvelle, la demande additionnelle, la demande


provisionnelle et la demande accessoire.

A. La demande nouvelle

Il y a demande nouvelle lorsque le demandeur introduit au cours d'instance une action


différente de celle qu'il a circonscrite dans l'exploit introductif et qui s'écarte de l'action originaire
dans son objet83 et dans sa cause84. II ne faut pas confondre la demande nouvelle et les moyens
nouveaux et cette distinction est parfois très délicate à faire85.

Exemple : j'assigne mon locataire en résiliation de bail mais j'ai omis de dire que je
demandais cette résiliation parce que les loyers n'étaient pas payés. Cet argument qui renforce ma
thèse est un moyen nouveau mais non une demande nouvelle puisque mon action originaire
conserve toujours la même cause et tend au même objet : la résiliation du bail.
.
Dans la pratique, la question de savoir s'il y a moyen nouveau ou demande nouvelle est
parfois malaisée à résoudre. C'est une question que le tribunal appréciera86.

En effet, aucune disposition légale n'interdit de présenter une demande nouvelle en cours
d'instance. Toutefois, l'article 77 du décret du 7 mars 1960 prévoit : « il ne peut être formé en degré
d'appel, aucune nouvelle demande ». La jurisprudence a admis que cette disposition légale
s'applique également en première instance et que le demandeur ne peut modifier l'objet et la cause
de sa demande originaire87.

Remarquons que rien n'empêche les parties de marquer accord sur une extension des
débats judiciaires. Supposons en effet, que le demandeur introduise une demande nouvelle en cours
d'instance et que le défendeur ne s'y oppose pas dans ses conclusions verbales ou écrites; le
tribunal ne peut pas de son propre chef, rejeter la demande sous prétexte qu'elle n'entre pas dans le
cadre de l'assignation88.

B. La demande additionnelle

On dit que la demande est additionnelle lorsqu'elle ne modifie pas l'objet et la cause de
l'assignation mais que le demandeur se contente de rectifier, préciser, augmenter ou diminuer
l'évolution des mesures réclamées89.

Exemple : Au moment où je lance l'assignation, mon locataire me doit 200 millions de


FC d'arriérés de loyer. Le bail continu à courir pendant l'instance et le locataire ne paie toujours pas
les loyers qui s'accumulent. Au moment des plaidoiries de la cause, les loyers ne s'élèvent plus à
200 millions de FC mais à 300 millions de FC. Je demanderai au tribunal par voie de conclusions
verbales ou écrites de condamner le défendeur au paiement de 300 millions de FC. Cette somme

83 L'Inst. Elis. 29 Janvier 1932, R.J.C.B. 1932? P. 184.


84 Une demande est nouvelle lorsqu'elle diffère par sa cause de la demande originaire, bien que l'objet soit demeuré le
même (réf. citée n) 95).
85 Léo 15 oct, 1926, Jur.Kat. III, p. 226; Léo 30/11/1954, R.J.C.B 1955, p. 158.
86 Répertoire pratique de droit belge, Vè demande nouvelle, n° 4.
87 1° Inst Brux. 5juillet 1923, Jur. Col. 1925, p. 73;
88 1" Inst. Stan, 9avril 1927, RJCB 1928, p. 139, Léo 24 sept 1929. Jur. Col. 1930-31, p. 249 avec note Léo 25 luin
1925. Jur. Col. 1929, p. 75 avec note.
89 Léo 9 fézvrier 1928, RJCB. 1928, P139, Léo 12 juillet 1955, RJCB, P 358
1° Inst. Elis. 16 juin 1950 RJCB. 1951. P 38
1° Inst. Léo 17 décembre RJCB. 1953. P 263
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 53

comprenant les loyers échus en cours d'instance bien que ceux-ci n'aient pas été réclamés dans
l'assignation.
Toutefois, te demandeur sera bien aisé, s'il veut être sûr que sa demande additionnelle
sera admise de faire des réserves dans son assignation.

Exemple :
1. Je pourrai porter mon action de 100 millions à 500 millions de FC en spécifiant dans
l'assignation que je demande au tribunal de condamner le défendeur au paiement de 100 millions
de FC sous réserve de mieux libeller, majorer ou réduire en cours d'instance.
2. Je pourrai réclamer les loyers échus à la condition qu'il soit prévu dans mon -
assignation que je demande la condamnation du défendeur à payer 100 millions de FC du chef de
loyers arriérés à la date de l'exploit sous réserve de postuler en cours d'instance les loyers à échoir
jusqu'à jugement définitif.

C. La demande accessoire

La demande accessoire est une demande introduite en cours d'instance et qui ne constitue
qu'un accessoire de la demande introductive parce qu'elle est virtuellement comprise dans celle-
ci90.

Exemple : X... intente une action pour violation, des devoirs conjugaux sur base d'injures
graves de son épouse. Dans son assignation, il a invoqué certains griefs qui sont de nature à établir
la gravité des injures. Mais en cours d'instance, des faits nouveaux se produisent et notamment
l'adultère de son épouse. Si l'une des injures relevées dans l'assignation est par exemple,
l'inconduite de l'épouse, la demande fondée sur l'adultère pourra être retenue sans que X.... soit
obligé de lancer une nouvelle assignation, la demande du chef d'adultère étant virtuellement
comprise dans la demande originaire du chef d'injures graves. .

La demande accessoire peut aussi procéder d'une cause postérieure à l'assignation91.

Exemple : Si le défendeur oppose à la demande introductive une résistance injustifiée


(en vue de gagner du temps et de retarder avec malice l'issue du procès), il a parfois été admis que
le demandeur pouvait réclamer, en cours d'instance des dommages-intérêts du chef de défense
téméraire et vexatoire.

Cette demande ne peut pas être postulée dans l'exploit introductif puisque son objet et sa
cause sont déterminés et motivés par l'attitude du défendeur en cours de procès. On admet que
pareille demande ne constitue pas une demande nouvelle mais accessoire.

D. La demande provisionnelle

La demande provisionnelle, c'est-à-dire dans laquelle le demandeur se contente de ne


réclamer condamnation que pour une partie des sommes postulées dans l'exploit introductif
d'instance, est une demande incidente accessoire qui n'est pas nouvelle étant virtuellement comprise
dans la demande originale92.

Exemple : J'assigne X. en paiement de 100 millions de FC., Or, X... n'est pas solvable : il
n'a pas de situation, pas de biens mobiliers ou immobiliers saisissables. Pour éviter le paiement de
droits proportionnels élevés 10% sur les sommes allouées récupérables contre le défendeur mais
devant être avancées par le demandeur) sans savoir si j'en obtiendrai le remboursement, je

90 1° Inst. Elis. 29 janvier 1929, RJCB. 1932, p. 100.


91 Léo 26 mars 1929, R.J.C.B 1929, p. 305.
92 Elis 7 oct. Jur. Congo 1921, p. 315
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demanderai par conclusions au tribunal de condamner X... à me payer 50 millions de FC


provisionnellement quitte à solliciter un jugement complémentaire pour le solde si j'apprends
qu'ultérieurement X... est revenu à meilleurs fortunes.

E. La demande reconventionnelle

1. Notions élémentaires

La demande reconventionnelle est toujours formulée par le défendeur au cours de


l'instance et qu'elle constitue une véritable attaque du défendeur qui, en même temps qu'il oppose
ses moyens de défense intente une action judiciaire à son adversaire.

Normalement, le défendeur devrait intenter une autre action par une assignation nouvelle
mais dans certaines conditions, il est autorisé à l'introduire en cours d'instance par voie de simples
conclusions écrites ou verbales en vue de gagner du temps et d'éviter des frais.

Par opposition à la demande reconventionnelle, la demande introductive d'instance


prendra le nom de « principale ».

La demande reconventionnelle étant une action principale, le défendeur prend le nom de


« demandeur sur reconvention » tandis que le demandeur principal devient « défendeur sur
reconvention ».

2. Conditions nécessaires à l'admission de la demande reconventionnelle

La demande reconventionnelle doit répondre aux conditions suivantes :

-- La demande reconventionnelle ne peut sortir du cadre des débats tel qu'il a été
tracé par la demande principale dans l'exploit introductif d'instance93.
Exemple : J'introduis une action en divorce. Au cours de la même instance, mon
adversaire introduit une action reconventionnelle en liquidation de la communauté de bien ayant
existé entre époux. Il va de soi que la cause de la demande reconventionnelle n'est pas liée à l'action
principale. Elle ne sera pas reçue et mon adversaire devra engager une action séparée.

Toutefois, une certaine évolution s'est marquée dans la jurisprudence : on admet


généralement qu'il suffit et que la demande reconventionnelle peut être acceptée par le tribunal
lorsqu'elle n'est pas complètement indépendante de la demande principale et l'on exige plus qu'elle
dérive de la même cause ou tente au même objet que la demande principale94.

Notons que le législateur Congolais a pris position sur ce point en supprimant l'exigence
d'une corrélation étroite entre la demande principale et reconventionnelle, en effet, la nouvelle loi
organique de 2013 sur l’OCJ prévoit que les tribunaux connaissent de toutes les demandes
reconventionnelles quels qu'en soient la nature, c'est-à-dire même si l'objet et la cause de la
demande reconventionnelle sont différents de ceux de la demande principale14.

93 1° Inst. Elis 5 février 1925, Jur. Kat. 1, p. 267.


1° Inst. Elis. 21/11/1930, R.J.C.B., 1934, p. 131.
Elis 22 nov 1941, R.J.C.B., 1942, p. 2.
Elis 12 février 1944, R.J.C.B., 1944, p. 131.
94 R.P DE., Vè demande reconventionnelle, n" s. 46 à 59
1° Inst Brux. 4 mars 1933, Jur. Col. 1934, p. 26: Brux. 11/12/1935, Jur. Col. 1936, p. 72, Léo 29 mars 1942, RJCB
1942, p. 142, Elis. 12 février 1944, RJCB 1944, p. 131; 1° Inst. Elis. 12/12/1942, RJCB. 1947. D. 105.
14 Art. 141, al.2, loi organique de 2013 sur l’OCJ.
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-- La demande reconventionnelle doit se présenter comme une défense tendant à


anéantir partiellement ou totalement la demande principale.

Exemple : Je suis assigné en paiement d'une certaine somme en exécution d'un contrat.
Je formule une demande reconventionnelle en prétendant que le contrat est nul pour vice de
consentement (erreur, dol, violence). Si le tribunal fait droit à ma demande, l'action originaire sera
nécessairement anéantie.

-- La demande reconventionnelle ne peut avoir pour effet de retarder l'action


principale.

Ce serait le cas si la demande principale est claire et présente un caractère d'urgence alors
que la demande reconventionnelle va réclamer une instruction prolongée.

Dans ce cas, il arrive que le juge rejette purement et simplement la demande


reconventionnelle.
Cependant, les tribunaux ont généralement décidé que si la demande reconventionnelle
réclame une instruction plus longue que la demande principale, il y a lieu de disjoindre la demande
reconventionnelle, c'est-à-dire de statuer d'abord sur la demande principale et de prolonger ensuite
l'audience quant à la demande reconventionnelle qui sera jugée par un jugement subséquent97.

-- Seul le défendeur peut introduire une demande reconventionnelle.

C'est ce qui se traduit par l'adage : « reconvention sur reconvention ne vaut ». Le


demandeur ne pourrait donc pas répondre à son tour par une autre demande reconventionnelle, ce
qui n'empêche pas toutefois le demandeur de se défendre par tous moyens à l'action qui lui est
intentée comme il le ferait dans le cas où le défendeur aurait préféré introduire l'action
reconventionnelle par voie principale98.

-- L'action reconventionnelle suit le sort de l'action principale à laquelle elle est


attachée, en conséquence, si l'action principale n'est pas recevable non plus (même si
intrinsèquement et prise à partie elle l'est)99.

Le défendeur devra donc introduire sa demande au moyen d'une assignation. Il va de soi


qu'au point de vue du fond, la demande reconventionnelle peut être déclarée fondée alors que la
demande principale est rejetée et réciproquement.

3. Demandes reconventionnelles particulières

II existe deux sortes de demandes reconventionnelles particulières parce qu'elles ne


doivent pas nécessairement répondre pour être admises par le tribunal aux conditions prescrites
pour les demandes reconventionnelles ordinaires :

-- La demande reconventionnelle tendant à réduire la demande principale par


compensation
Lorsque deux personnes se trouvent débitrices l’une envers l'autre, il s'opère une
compensation qui éteint les deux dettes jusqu'à concurrence de leurs quotités respectives.

Exemple : A... introduit une action en justice contre B.. en vue de lui réclamer paiement
d'une somme de 100 millions de FC. En cours d'instance, B... parvient à prouver que A... est son

97
98 Comm Brux. 7 juillet 1932, Jur. Col. 1932-1933, p. 128.
99 Elis. 10 avril 1956, RJCB 1958, p. 274; Elis. 11 juin 1957, RJCB 1957, p. 372.
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débiteur à concurrence de 50 millions de FC. Il introduit une demande reconventionnelle en vue de


faire condamner A... à lui payer 50 millions de FC. En réalité, la demande reconventionnelle de B...
tend à réduire la demande principale par compensation puisque finalement par ce mode d'extinction
des obligations, A... ne pourra plus réclamer à B... que 50 millions de FC et non les 100 millions de
FC qui constitue l'objet primitif de sa demande introductive100.

La demande reconventionnelle tend à la compensation et réclame instruction, le juge peut


surseoir à statuer sur la demande principale et non nécessairement rendre son jugement au principal
et disjoindre la demande reconventionnelle101.

-- La demande reconventionnelle du chef d'action principale téméraire et vexatoire.

Toute personne a libre accès au prétoire et chacun peut introduire une action en justice
aussi fantaisiste soit-elle.

Toutefois, cette liberté trouve un contrepoids dans l'avantage accordé au défendeur de


réclamer des dommages-intérêts à l'auteur d'une action qui abuse du droit d'agir en justice.

Cette demande peut être introduite par le défendeur en cours d'instance et est par
conséquent reconventionnelle.

Les tribunaux admettent pareille demande reconventionnelle et allouent des dommages-


intérêts au défendeur à la condition qu'il soit établi que le demandeur ait intenté l'action principale
avec mauvaise foi ou une insouciance tellement grossière qu'on peut l'assimiler au dol102. II ne
suffit donc pas que l'action principale soit déclarée mal fondée par le tribunal pour que le juge
alloue reconventionnellement des dommages-intérêts au défenseur.

Cette demande reconventionnelle particulière présente les caractères suivants :


- par sa nature même, telle qu'elle vient d'être définie, elle n'a aucun lien de
dépendance avec l'objet ou la cause de la demande principale.
- elle ne se présente pas comme un moyen de défense tendant à anéantir la demande
principale.

Elle peut donc être prise en considération par le tribunal sans devoir répondre à deux des
conditions essentielles exigées pour l'admission des demandes reconventionnelles ordinaires.

Cependant, le. Principe « reconvention sur reconvention ne vaut » s'applique à la


demande reconventionnelle du chef d'action principale téméraire et vexatoire. De même, la non
recevabilité de la demande principale entraîne l'irrecevabilité de la demande reconventionnelle
basée sur le caractère téméraire de l'action mue par le demandeur au principal.103

F. L'intervention
1. Définition et notions générales

100 Léo 9 sept. 1941; RJCB 1941,p. 207; Elis. 13 avril 1946, RJCB 1946, p. 90, Elis. 10 décembre
1955, RJCB 1956. p.106. Léo 9 sept. 1941; RJCB 1941,p. 207; Elis. 13 avril 1946, RJCB 1946, p. 90, Elis. 10
décembre 955, RJCB 1956. p.106.
101 Articles 181 et 182, livre III du code civil congolais.
102 Elis. 6 novembre 1915, Jur. Col. 1926, p. 169 avec note; M Inst. Léo 9 déc. 1926, Jur, Kat. III, p.122, Léo 17 août
1926, Jur.Col.1929, p. 139 avec note, Léo 12 oct.1926.Jur. Col. 1929 p. 145 avec note, Léo 22 juillet 1930, Jur. Col.
1932p. 103 avec note, Elis. 18 juin 1932, R.J.C.B. 1932, p 311.1° Inst. Elis, 31nov 1930. RJCB 1934, p. 131; Elis. 30
mai 1944, RJCB 1945, p. 4; Elis. 22février 1947. RJCB 1947, p. 176.
103 1" Inst Léo 29 juillet 1925, RJCB 1933,p.156: Elis. 20 mai 1944, RJCB 1944, p. 211.
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L'intervention est l'acte par lequel un tiers qui n'était pas originairement partie dans une
instance judiciaire s'y présente ou est appelé à y prendre part et y faire valoir ses droits. Le code de
procédure civile congolais est muet sur cette notion. La faculté d'intervention repose sur une
nécessité non seulement de pratique judiciaire mais encore d'équité, elle est fondée sur une tradition
constante. Aussi, les tribunaux congolais ont-ils considéré que le droit d'un tiers d'intervenir dans
un procès pendant entre d'autres personnes ou le droit pour les parties litigantes de faire intervenir
ce tiers découle des principes généraux du droit104. Devant le silence de la loi, la Jurisprudence
s'inspirera du droit belge pour y puiser des principes.

On distingue deux sortes d'intervention :

• l'intervention volontaire;
• l'intervention forcée;

i. L'intervention volontaire

II y a intervention volontaire lorsque le tiers intervient volontairement au procès pour


faire prévaloir la thèse de l'une des parties contre l'autre.

Exemple : X... signe une reconnaissance de dette à Z... pour un prêt qu'il a reçu. Z... doit
lui- même effectuer un paiement à y .... et comme il ne dispose pas de fonds nécessaires, il cède à
Y.. la reconnaissance de dette que lui a remise X.,. Y... intente une action en justice contre X... sur
base de la reconnaissance cédée. X... prétend qu'il s'est libéré et ne doit rien Z... a le plus grand
intérêt à intervenir dans le procès pour appuyer l'action de Y... et démontrer que c'est à tort que X
prétend s'être libéré ou qu'il ne doit rien.

Pour que l'intervention volontaire soit admise par le tribunal, il faut que le tiers démontre
qu'il a un intérêt actuel à agir. Dans certaines conditions, la jurisprudence admet un intérêt éventuel
du tiers.
En réalité, le tribunal apprécie souverainement si le tiers a ou non un intérêt à agir105.
Il faut en outre, pour pouvoir intervenir volontairement être tiers au procès, d'éviter les
contrariétés de jugement et de hâter la solution des litiges106.

En effet, si nous reprenons l'exemple envisagé ici dessus, un examen attentif démontrera
:
a) que si Z... n'intervient pas, il y a un risque de voir deux procès au lieu d'un (Z.. c/X...
et Y.... c/Z...);
b) que les jugements qui seraient rendus pourraient être contraires en fait et en droit, le
juge qui statuerait dans le procès y... c/X... pouvant avoir une optique différente de l'ensemble du
débat de celui qui statuerait en cause Y.. c/Z....
c) deux jugements et deux procès allongent la solution du litige.

ii. L'intervention forcée

II y a intervention forcée lorsque le tiers est assigné par l'une de deux parties à la cause
(généralement le défendeur).

Dans ce cas, deux hypothèses peuvent se présenter :

104 Elis. 28 mai 1936, RJCB 1936, p. 288: Elis, 20 mars 1937, RJCB 1937, p. 165.
105 1. Inst. Elis. 15 janvier 1932. réf. Citée. Note 119
106 Elis 24 janvier 1942, R.J.C.B., 1942, p 48
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Première hypothèse : le tiers est appelé au litige pour prendre fait et cause à l'égard de
la partie Qui l'assigne en justice au cours de l'instance.

Exemple : A... est fonctionnaire et il ne reçoit pas son traitement. Il assigne la province
en prétendant que celle-ci lui est redevable de FC 100 millions à titre d'arriérés de traitement et
qu'elle doit être condamnée à lui payer cette somme. La province prétend qu'elle n'a pas la charge
des traitements de ce fonctionnaire qui relève du Gouvernement. Elle force le Gouvernement à
intervenir dans le procès et demandera au tribunal de condamner le Gouvernement tout en la
mettant hors cause.

L'intervention forcée est presque similaire à la procédure d'appel en garantie que nous
examinerons ultérieurement.

Deuxième hypothèse : Le tiers est contraint d'intervenir uniquement pour que le


jugement lui soit opposable. C'est-à-dire qu'il soit obligé de s'incliner devant le jugement. C'est la
déclaration de jugement commun. Ici c'est le demandeur qui agira.

Exemple : Contrat de vente d'immeuble entre deux particuliers par acte sous seing privé.
En vertu de l'article 37 livre II du Code civil congolais « les mutations entre vifs ne s'opèrent que
par un nouveau certificat d'enregistrement » dressé par le Conservateur des Titres Fonciers ;
supposons que le vendeur refuse de comparaître devant le Conservateur des Titres Fonciers pour
établir le certificat. L'acheteur n'aura donc d'autres possibilités que d'assigner le vendeur pour
exiger que le certificat soit passé par le Conservateur nonobstant le refus de ce dernier d'accepter
l'enregistrement.

Le Conservateur est un tiers à qui le jugement qui interviendra entre vendeur et


acheteur n'est pas opposable. Dès lors même si l'acheteur obtient son jugement, le Conservateur
refusera la mutation. Pour obtenir que le Conservateur soit dans l'obligation d'accepter le jugement,
l'acheteur va le forcer à intervenir pour que le jugement rendu lui soit opposable (qu'il ait l'autorité
de la chose jugée à son égard). C'est ce qu'on appelle la déclaration en Jugement commun qui est
admis par la jurisprudence congolaise comme principe général de droit107.

Mentionnons pour être complet que l'intervention qu'elle soit volontaire ou forcée,
s'introduit par une assignation108 encore qu'il ait parfois été jugée, mais à tort selon nous, que de
simples conclusions verbales ou écrites étaient suffisantes109.

§5. Les effets de la demande

La demande en justice produit des effets qui lui sont propres :

A. La demande en justice donne naissance entre les parties au procès à un lien


juridique nouveau, appelé « lien juridique d'instance ».

On a beaucoup discuté dans la doctrine sur la nature de l'état de droit créé par l'ouverture
d'un débat devant un organe judiciaire. Pour certains auteurs, le lien d'instance serait de nature
contractuelle ou quasi-contractuelle110. Pour notre part, il semble préférable d'y voir-un rapport
juridique d'origine légale qui intéresse la relation entre les parties mais aussi la relation entre les
parties et les juges.

107 Elis . 4 décembre 1926, Jur. Kat III, p.49


108 Elis. 20 mars 1937, RJCB, 1937, p.165
109 1° Inst. Elis 15 janvier 1932, RJCB, 1932, p.315
110 Aubry et Ray. Droit civil, Tome VI, p.482
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 59

1. Relation entre parties

Le fait d'être engagé dans un procès de manière active comme demandeur ou de manière
passive comme défendeur tisse entre les plaideurs un réseau de droits et d'obligations. Ils trouvent
leur sanction dans les forclusions, déchéances, condamnation par défaut, radiation... On a soutenu
parfois que ce lien d'instance avait sa source dans un contrat passé entre les plaideurs ou dans un
quasi-contrat.

Pour nous, il semble plus exact d'y voir un rapport d'origine légale. En effet, la
conception contractuelle a une origine romaine puisqu'on droit romain la litis contestatio était
considérée comme une sorte de contrat entre les plaideurs dont l'effet était de les soumettre à
l'obligation de subir le cours de l'instance et d'être jugés. C'était ce contrat qui innovait le droit
initial du demandeur afin d'obtenir jugement. Ainsi, dans ce sens, s'il était vrai que le demandeur ne
peut plus se désister de sa demande après l'échange de premières conclusions sans l'accord du
défendeur; l'origine de son action ne se trouve pas pour autant dans un contrat passé avec
l'adversaire mais dans le fait qu'il lui est interdit de se faire justice à lui-même d'une part et d'autre
part, il n'a pas d'autres moyens d'obtenir satisfaction que d'agir en justice.

Dans le même sens, envisagée du côté de défendeur, la conception contractuelle est


abusive car ce dernier subit le procès même s'il ne comparaît pas.

2. La relation entre les parties et le juge

La demande en justice provoque l'intervention du juge et l'oblige à statuer sous peine de


déni de justice; entre les parties et lui s'établissent ainsi des liens qui n'expriment en aucune manière
un droit de plaideur, un droit dit subjectif à rencontre du juge ou de l'Etat mais qui sont les
obligations fonctionnelles dérivant elles aussi de la loi.

B. La demande en justice fait courir les intérêts judiciaires

C'est en effet à partir de la demande en justice qu'il faut se placer pour calculer les
intérêts judiciaires. En effet, un temps plus ou moins long peut s'écouler entre le moment de
l'introduction de l'action en justice qui tend au paiement d'une somme d'argent et la date à laquelle
le créancier, en exécution du jugement de condamnation persévéra les fonds que son débiteur a été
condamné à lui régler. Il y a donc un retard dans le paiement qui ne peut s'expliquer que par les
lenteurs de l'administration de la justice, lenteurs dont le créancier n'a pas à souffrir. C'est pour cette
raison que le tribunal, en même temps qu'il ordonne le paiement des sommes dues par le débiteur,
le condamne à payer des intérêts judiciaires sur les montants alloués, ces intérêts n'étant somme
toute que la continuation soit des intérêts compensatoires, soit des intérêts moratoires.

Les intérêts judiciaires sont calculés depuis le jour de la demande en justice parce que le
jugement rétroagit au jour de cette demande112. Le juge fixe souverainement le taux des intérêts
judiciaires (généralement 6% ou 8%-article 51, livre III du Code Civil Zaïrois).

C. La demande en justice opère mise en demeure

La demande est l'état dans lequel se trouve le débiteur sommé par le créancier d'avoir à
remplir les obligations qu'il a assumées en vertu d'un contrat. La mise ne demeure s'effectue par une
sommation ou « tout autre acte équivalent ». Parmi ces actes équivalents, on admet l'assignation en
justice.

112 DE PAGE. Tome III, n°100


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 60

D. La demande en justice interrompt la prescription

La prescription est un moyen d'acquérir ou de se libérer d'un droit113 par l'écoulement


d'un certain laps de temps et sous les conditions déterminées par la loi.

La prescription suppose le défaut d'exercice d'un droit pendant un temps prolongé. Que le
droit vienne à être exercé ou reconnu, la prescription s'arrête. Le seul problème qui se pose est alors
de savoir à partir de quand une prescription nouvelle pourra commencer à courir114.

Lorsque le cours de la prescription est brisé par l'exercice ou par la reconnaissance du


droit qui en forme l'objet, on dit que la prescription est interrompue.

La loi admet que la demande en justice interrompt la prescription parce que l'on présume
que si le demandeur agit judiciairement c'est qu'il a l'intention d'user de son droit et de le faire
reconnaître en justice115.

La prescription est interrompue même si la demande est introduite devant un juge


incompétent mais l'interruption ne se produit pas si l'assignation est nulle pour défaut de forme ou
si la demande est rejetée116.

Section 2 : La défense en justice

On divise généralement les défenses en justice en trois groupes : les défenses au fond, les
exceptions et les fins de non recevoir.

§1. Défenses au fond

A. Notion

On appelle "défense au fond" le moyen par lequel un défendeur entend établir que la
demande de son adversaire est injuste et mal fondé "en droit" parce que le droit allégué par le
demandeur, à l'appui de sa prétention n'existe pas ou n'existe plus117.

Il s'agit, en d'autres, de tout moyen qui tend à faire rejeter comme injustifiée, après
examen au fond du droit, la prétention de l'adversaire. C'est donc par ce procédé que le défendeur
va combattre directement l'action en justice dans son fondement même. Il va tenter de la faire
rejeter par le juge. C'est le moyen de défense le plus couramment employé.

Il est admis que ta défense au fond peut être présentée à tout auteur de la procédure, au
premier degré, au degré d'appel et même en cassation dans la mesure où elle ne constitue pas un
moyen nouveau.

113 Droit réel, de créance ou intellectuel.


114 DE PAGE, Tome VII, page 1064, n°1171
115 Article 638 du code Civil, livre III.
116 Article 639 du code Civil, livre III.
117 A. Rubbens Op. Cit. N°71, p.75.
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§2. Les exceptions

A. Notions

Les exceptions sont des moyens par lesquels le défendeur, sans contredire le droit lui-
même, tient l'action du demandeur en échec jusqu'à ce qu'un certain délai soit expiré ou une
formalité déterminée accomplie. L'exception est donc un moyen opposé par le défendeur et non une
demande nouvelle, elle ne contredit pas directement le droit sur lequel l'action est basée.

A. Sortes

On distingue généralement les exceptions déclinatoires ou déclinatoires de compétence,


les exceptions dilatoires et enfin les exceptions de nullité de procédure.

1. Les exceptions déclinatoires

a. L'exception d'incompétence

II s'agit d'un moyen soulevé par le défendeur lorsqu'il estime que le demandeur a porté
l'action en justice devant un tribunal qui n'est pas compétent en vertu de la loi. Les conditions
suivantes sont imposées pour que l'exception d'incompétence soit recevable :

1° l'exception d'incompétence doit être soulevée « in limine litis ». C'est-à-dire avant


toute défense au fond ou fin de non recevoir. Concrètement, « in limine litis » ne vise pas le premier
appel de la cause mais le moment où les parties après avoir échangé conclusion et dossiers plaident
à l'audience et déposent leurs pièces et défenses en vue d'obtenir jugement.
2° l'exception d'incompétence doit être motivée, la défense ne doit pas se contenter de
contester la compétence de la juridiction saisie, elle doit exposer les raisons qui justifient cette
incompétence et indiquer la juridiction devant laquelle [affaire doit être portée. Les deux conditions
sont requises à peine d'irrecevabilité de l'exception.
3° L'incompétence peut être relevée d'office c'est-à-dire invoquée par le juge saisi, il faut
préciser que :
- le juge n'a que la faculté et non pas l’obligation de soulever son incompétence et ce
même dans l'hypothèse où la règle de compétence violée est d'ordre public.
- le juge qui relève d'office son incompétence est tenu de respecter le principe du
contradictoire en toutes circonstances et doit inviter les parties à présenter leurs observations
préalablement à sa décision. Au plan de la terminologie, précisons que l'exception d'incompétence
s'appelle également déclinatoire de compétence parce que la défense décline la compétence du
tribunal.

b. L'exception de litispendance

1° II y a litispendance lorsque deux juridictions également compétentes sont saisies d'un


même
litige, ce qui suppose un litige portant sur le même objet, reposant sur la même cause et
opposant les mêmes parties. Pour éviter une contradiction entre deux jugements, l'un des
tribunaux doit se dessaisir.
2° L'article 145 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ dispose qu'en cas de litispendance,
les causes pendantes devant les juridictions différentes sont renvoyées de l'une d'elles à l'autre selon
les règles et dans l'ordre ci-après :
- la juridiction saisie au degré d'appel est préférée à la juridiction saisie au premier
degré.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 62

- la juridiction qui a rendu sur l'affaire une décision autre qu'une disposition d'ordre
intérieur est préférée aux autres juridictions.
- la juridiction saisie la première est préférée aux autres juridictions; une expédition de
la décision de renvoi est transmise avec les pièces de la procédure au greffe de la juridiction à
laquelle la cause a été renvoyée.

c. L'exception de connexité

1° II y a connexité lorsque deux juridictions également compétentes sont saisies de deux


litiges entre lesquels existe un lien tel qu'il est de l'intérêt d'une bonne justice de les faire instruire et
juge ensemble. Il s'agit d'une question de fait qui relève du souverain pouvoir d'appréciation de
juges du fond.
2° L'art. 146 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ règle comme suit la connexité :

- les demandes pendantes devant un tribunal de paix peuvent, à la demande de l'une


des parties, être jointes à des demandes connexes pendantes devant le tribunal de grande instance.
La juridiction ainsi saisie statue en premier ressort.

Lorsque des demandes pendantes devant les juridictions différentes de même rang sont
connexes, elles peuvent, à la demande de l'une des parties, être renvoyées à celle de ces
juridictions qui a déjà rendu une décision autre qu'une disposition d'ordre intérieur, sinon à la
juridiction saisie la première. Les décisions de renvoi sont en dernier ressort. La juridiction de
renvoi ne peut déclarer sa compétence sur ces causes dont elle est saisie. Une expédition de la
décision de renvoi est transmise avec les pièces de la procédure au greffe de la juridiction à
laquelle la cause a été renvoyée.

d. Le règlement des juges

- L'article 98 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ donne compétence à la Cour de


cassation de connaître du règlement des juges.
- L'article 65 de la loi organique de 2013 sur la procédure devant la Cour de cassation
dispose qu'il y a lieu à règlement de juges lorsque deux ou plusieurs Juridiction judiciaires statuant
en dernier ressort se déclarent compétentes pour connaître d'une même demande mue entre les
mêmes paries. Le règlement des juges peut être demandé par requête de toutes parties à la cause ou
du M.P. près l'une des juridictions concernées. La Cour de cassation désigne souverainement la
juridiction qui connaîtra de la cause.
- Le droit congolais ne prévoit que le règlement de juger pour les cas du conflit positif
où deux juridictions saisies d'une même cause prétendent toutes deux vider un même litige.
Il n'organise pas le conflit négatif qui se présente lorsque deux Juridictions saisies opèrent le
renvoi de l'une à l'autre.

2. Les exceptions de nullité de procédure

Ces exceptions aboutissent généralement à la suspension de l'instance. En effet, chaque


fois que le défendeur estime qu'un acte de procédure intervenue pour mettre l'action en justice en
œuvre ou en cours d'instance est irrégulier, il dispose d'une exception que l'on dénomme «
exception de nullité de procédure ».
.
Le moyen tiré de la nullité d'un acte de procédure constitue bien une exception
puisqu'elle crée un obstacle temporaire à l'examen du fond de la demande. En effet, il sera
indispensable que le tribunal tranche préalablement le point de savoir si l'irrégularité existe et dans
l'affirmative, si elle est de nature à entraîner la nullité. Si le tribunal prononce la nullité, le
demandeur devra recommencer l'acte irrégulier, ce qui retardera l'examen du fond de la demande,
mais ne l'exclura pas. Mais, le défendeur devra invoquer la nullité avant toute défense au fond s'il
ne veut pas que celle-ci soit déclarée couverte.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 63

Le tribunal refusera de faire droit à l'exception de nullité chaque fois qu'il estimera que
l'irrégularité qui entache l'acte de procédure ne nuit point à la partie adverse à moins qu'il ne
s'agisse d'une nullité substantielle.

Il est particulièrement difficile de relever les différentes irrégularités qui pourraient


donner ouverture à une exception de nullité de la part du défendeur. Nous nous contenterons donc
de relever les irrégularités les plus courantes et sur lesquelles la jurisprudence reste divisée :

- L'omission d'une des mentions que doit contenir l'assignation.


- Le caractère incomplet ou insuffisant des mentions que la loi exige dans la rédaction
de l'expier introductif d'instance. A cet égard, signalons que l'obscurité des motifs de l assignation
peut donner ouverture pour le défendeur à « l'exception obscuri libelli ».
- La signification imparfaite de l'assignation.

La question de savoir si l'irrégularité porte ou non grief à la partie adverse est appréciée
souverainement dans chaque cas par les tribunaux.

3. Les exceptions dilatoires

Les exceptions dilatoires sont celles dont l'objet direct et immédiat est d'obtenir un délai
ou un sursis momentané à la procédure en cours. L'on peut citer à titre illustratif :

a. L'exception de garantie

La garantie est l'obligation imposée à une personne de défendre une autre personne en
justice contre un danger qui la menace et au cas où elle ne peut la défendre efficacement, de payer
des dommages-intérêts118.

Exemple : A.... achète un immeuble à B... qui s'en prétend le propriétaire. C... affirme
également être le propriétaire de l'immeuble et assigne l'acquéreur A... A... va appeler B... en
garantie et le forcera à intervenir dans le procès pour le défendre en démontrant sa qualité de
propriétaire de l'immeuble. Si B... refuse de défendre A... ou ne peut lé défendre, A... exigera de
B... des dommages-intérêts, la résolution de la vente et la restitution du prix.

Celui qui est obligé de venir défendre un autre est le Garant: celui qui est défendue et
appelle en garantie s'appelle le Garanti L'action en garantie peut l'être intentée :

- comme action principale : dans l'exemple repris ci-dessus A... assigne B...
séparément. C'est la demande en garantie.
- comme action incidente : A... forme une demande de garantie comme incident de
son procès avec C... C'est l'exception dilatoire de garantie.

L'action en garantie intentée à titre incident présente des avantages car elle est moins
lente, elle entraîne moins de frais.

Ensuite l'action en garantie échouera si le garant parvient à démontrer que s'il avait été
appelé en garantie efficacement. Cet argument du garant pourra difficilement être invoqué s'il est
appelé la cause par voie incidente.

118 RJCB. 1949, p. 94; Stan, 28/10/1949, RJCB, 1950, p. 149; Elis. 31/12/1949, RJCB. 1950, p. 95; Elis. 7/2/1950,
RJCB. 1950, p. 134; 1° Inst. Stan. 21/6/1952, RJCB. 1954, p. 98; 1° Inst. Elis. 31/1/1952, RJCB. 1952, p. 262; Léo
3/6/1953, RJCB 1953, p. 277; Elis. 13/9/1955, RJCB, 1955, .p.370: Elis. 29/3/1955, RJCB 1955, p. 197.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 64

L'exception de garantie est en tout point semblable à l'intervention forcée que nous avons
étudiée sauf lorsque celle-ci tend uniquement à la déclaration d'un tiers en jugement commun et
avec la réserve que cette exception est toujours invoquée par le défendeur.

En règle générale, l'exception de garantie est surtout utilisée dans la pratique lorsque le
défendeur prétend qu'il n'est pas responsable de la violation d'un droit dont on l'incrimine mais que
cette responsabilité pèse en réalité sur un tiers qu'il oblige à prendre fait et cause pour lui en
essayant d'échapper lui-même au procès. Après avoir appelé le tiers en garantie, le défendeur va
tenter de se faire mettre hors cause.

L'article 27 du décret du 7 mars 1960 démontre qu'en droit congolais, l'exception de


garantie est dilatoire et qu'elle constitue un obstacle temporaire à l'examen du fond de l'action en
Justice.

En effet, si le défendeur demande à mettre le garant en cause, le juge accorde délai


suffisant à raison de la distance du domicile du garant. La procédure est introduite par assignation
et le juge accorde un sursis tenant compte du délai de distance entre le domicile et la résidence du
garant et celle du tribunal.

Le décret du 7 mars 1960 se montre très strict dans la lettre des termes employés : il
exige que l'assignation soit faite dans le délai fixé et que l'autorisation d'invoquer l'exception de
garantie soit accordée le jour de la première comparution, la sanction étant que l'action principale
sera Jugée séparément de la demande en garantie.

b. L'exception de communication des pièces

Ces exceptions provoquent aussi la suspension-de l'instance. Le décret du 7 mars 1960


n'exige pas que chacune des parties communique à l'autre les documents sur lesquels elle base son
action en justice ou se défend à l'instance introduite.

Toutefois, il s'agit d'un principe général de droit qui est applicable en R.D.C en vertu de
l'équité qui exige qu'aucun document, ou dossier ne peut être déposé à l'appui d'une action ou d'une
défense en justice sans qu'il ait été porté à la connaissance de toutes les parties en cause. On ne
concevrait pas que le défendeur puisse combattre l'action Judiciaire lui intentée et répondre aux
moyens invoqués par son adversaire dans l'exploit introductif d'instance s'il n'a pas eu connaissance
des documents sur lesquels l'action est basée. Il en est de même des documents produits par le
défendeur et dont le demandeur n'aurait pas eu connaissance. Lorsque la partie à qui la
communication des pièces est demandée n'y procède pas spontanément, son adversaire oppose
l'exception de communication de pièces qui oblige le tribunal à suspendre l'instance tant que la
communication n'est pas faite. Il y a donc en l'espèce, comme dans les autres exceptions que nous
avons examinées, un obstacle momentané qui empêche l'examen du fond de la contestation.
Remarquons que cette exception peut être invoquée tant par le demandeur que par le défendeur.

Tout dépend de savoir si c'est l'une ou l'autre de deux parties qui refuse la
communication.
Notons que la partie n'est pas tenue de communiquer toutes les pièces qui se rapportent
au litige mais uniquement celles dont elle compte se servir pendant la cours de l'instance et sur
lesquelles elle base son argumentation.
En R.D.C, aucune disposition légale ne règle la procédure de communication de pièces
mais le règlement intérieur des cours et tribunaux prévoit que doivent être communiquées les pièces
dont les parties veulent faire état au moins trois jours francs avant l'audience où la cause sera
appelée119.

119 Article 29 du Règlement intérieur des cours et tribunaux. Article 29 du Règlement intérieur des cours et tribunaux.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 65

B. Le régime légal des exceptions et de nullité

Le Code de procédure civile congolais organise le régime des exceptions et des nullités
de la manière suivante :
1. Le tribunal peut joindre les exceptions et ordonner aux parties de conclure à toutes fins
(art. 26 du Code de la procédure civile).
2. Si au jour de la première comparution, le défendeur demande à mettre garant en cause,
le juge accorde de délai suffisant en raison de la distance du domicile du garant. L'assignation
donnée au garant est libellée sans qu'il soit besoin de lui notifier le jugement qui ordonne sa mise en
cause (art. 27 C.P.C).
3. Aucune irrégularité d'exploit ou d'acte de procédure n'entraîne leur nullité que si elle
nuit aux intérêts de la partie adverse (art.28 C.P.CJ), sauf dans le cas où la nullité est d'ordre
public120. C’est la règle selon laquelle il n’y a pas de nullité sans grief. Il existe également des
formes prescrites sous peine de nullité, la violation de ces règles entraine, comme cela est exprimé
par le législateur lui-même, la nullité des actes ainsi accomplis. C’est la règle de nullité textuelle.
Mais l'on reconnaît que la partie préjudiciée peut couvrir la nullité en reconnaissant explicitement
ou implicitement l'activité. Soulignons aussi que la nullité est décrétée lorsque la violation porte sur
une forme expressément imposée à peine de nullité par un texte ou lorsqu'il s'agit d'une formalité
substantielle121.
122
§3. Les fins de non-recevoir

A. Notion

La fin de non-recevoir ne doit être confondue ni avec la défense au fond ni avec


l'exception de procédure car la contestation qu'elle exprime ne porte pas sur le fond du droit et ne
tend pas à différer l'issue du litige. Elle met en cause le droit d'action lui-même; elle vise à faire
sanctionner l'absence du droit d'action.
La fin de non-recevoir est appréciée par le juge sans examen de l'affaire au fond. L'ancien
droit français qualifiait les fins de non-recevoir des « exceptions péremptoires »123.

B. Le régime des fins de non-recevoir.

La règle de principe est que les fins de non-recevoir peuvent être proposées : « en tout
état de cause », y compris après une défense au fond. Par ailleurs, l'on doit noter que la partie qui
invoque une fin de non-recevoir n'a pas à justifier d'un grief.
Le juge a le pouvoir de relever d'office certaines fins de non-recevoir. Il en a l'obligation
quand les fins de non-recevoir ont un caractère d'ordre public. Ainsi le juge peut relever d'office la
fin de non-recevoir tirée du défaut d'intérêt pour agir, car c'est l'application de la règle, « pas
d'intérêt, pas d'action ». Chaque fois que le juge soulève d'office une fin de non-recevoir, il doit au
préalable provoquer l'explication des parties.

C. Analyse des cas types des fins de non-recevoir

1. Fin de non-recevoir résultant de l'inexistence d'une partie

120 A. Rubbens : Le droit judiciaire congolais, Tome I. Le pouvoir d'organisation et la compétence judiciaire organisée
à Paris 1970 n° 96.
121
122 Loïc Cadiet : op. cit n° 822 à 825. A. Rubbens : Le droit judiciaire zaïrois, Tome II n° 85 à 91., Jean Vincent et
Serge Guinchard : op. cit. n° 146.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 66

Pour ester en justice, il faut avoir une existence légale ainsi une action ne peut être
dirigée contre une personne décédée si le décès intervient en cours d'instance, celle-ci peut être
reprise par les ayants droit. A défaut de reprise volontaire de l'instance, il y a lieu de réassigner les
héritiers. Il en va de même pour les personnes morales une association ou une société qui n'a pas ou
qui n'a plus la personnalité juridique ne peut être partie dans un procès;

2. Fin de non-recevoir résultant du défaut de capacité

La capacité d'exercice des droits et notamment celle d'ester en justice frappe certaines
catégories des personnes qui ne peuvent comparaître en justice que par leurs représentants
(mineurs, interdits ou avec une assistance (prodigues). Si ces personnes introduisent une action ou
si elles son) appelées pomme défendeurs ou intervenants, sans que leur représentant au Conseil soit
mis en cause, la demande sera déclarée irrecevable.

3. Fin de non-recevoir résultant du défaut de qualité

En principe toute personne a qualité pour ester en justice en son propre nom, les
incapables ne peuvent cependant agir que par la personne qui a qualité pour les représenter en
justice. La personne morale par la personne physique qui a qualité pour agir comme organe de la
personne morale.

Une personne qui comparait pour une autre sans accord de cette personne et sans être
mandatée pour la représenter se verra opposer une fin de non-recevoir, faute de qualité.
Cette fin de non-recevoir peut être postulée par toute personne intéressée, elle doit être
soulevée par la résistance et retenu d'office par le tribunal e en tout état de cause.

CHAPITRE V : L'INSTANCE AU PREMIER DEGRE DE JURIDICTION

L'instance, si on l'envisage sous l'angle pratique, se présente comme une série d'actes de
procédures allant de la demande en justice jusqu'au jugement ou a l'abandon de la prétention par un
désistement.

Décrire l'instance se bornerait donc a relever la liste de formes a accomplir et de délais à


observer.

Section 1 : La mise au rôle124

L'on distingue deux sortes de rôles. D’une part le rôle général et, d’autre part le rôle
d'audience ou rôle ordinaire.

§1. Du rôle général

Toute demande de droit privé qui est introduite au greffe, est portée au rôle général. Le
greffier lui donne un numéro d'ordre et indique l'audience à laquelle la cause pourra être introduite.
Les demandes additionnelles ou reconventionnelles, font l'objet d'une inscription distincte au rôle
général; le tribunal peut en ordonner éventuellement la jonction. Le greffier tient a jour le rôle
général en y indiquant les diverses dispositions prises par le tribunal par les parties : remises a date
déterminée ou renvoi au rôle général. En cas de renvoi au, rôle général, une nouvelle assignation
avenir est en principe nécessaire pour ramener la cause a une audience. Au moment du renvoi
d'une cause au rôle général, les parties peuvent convenir de comparaître volontairement a
l'invitation de la partie adverse, en ce cas le greffier doit être averti en temps utile pour pouvoir
ramener l'affaire du rôle général au rôle de l'audience utile.

124 Antoine Rubbens : Op. Cit. N°54, p53


Règlement intérieur des Cours et tribunaux, art. 23 à 26
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 67

Dans le souci d'éviter que L'envoi des causes au rôle général en puisse bloquer la bonne
administration de la justice, le règlement intérieur des cours et tribunaux prévoit qu'a la première
audience du mois de novembre de chaque année, le premier Président de la Cour d'appel et le
Président du Tribunal de Grande Instance précèdent a l'appel des causes portées au rôle général en
matière de droit prive, administratif, fiscal ou du travail. Les affaires terminées par transaction ou
autrement et dont les juridictions se trouveraient dessaisies; celles dans lesquelles tes parties ne se
présentent pas, refusent fixation du jour pour conclure et plaider ou demandent le maintien au rôle
général sont radiées.

§2. Du rôle ordinaire

C'est la relève faite par le greffier de toutes les causes qui doivent être entendues à la
même audience, soit comme affaires nouvelles soit à la suite de remises ou d'avenir. Il est affiche a
l'entrée principale du tribunal.

En vertu de son pouvoir réglementaire, chaque président de juridiction fixe l'une de ses
audiences pour l'introduction des causes.

Le greffier établit un extrait du rôle pour chaque audience. Cet extrait mentionne les
causes introduites ou renvoyées pour ce jour.

Section 2 : La comparution et la représentation des parties

§1. La comparution des parties

L'article 14 du Code de procédure civile dispose que les parties peuvent comparaître en
personne.

§2. La représentation des parties

A. Généralités125

La représentation en justice peut prendre deux formes ; il y a la représentation « ad


agendum». C'est la représentation dans l'exercice de l'action, dans cette hypothèse, le représentant
agit en lieu et place du titulaire de l'action lorsque celui-ci, pour une raison quelconque, n'est pas en
mesure de l'exercer lui-même, il y a la représentation ad litem qui comporte le pouvoir et le devoir
d'accomplir au nom du mandant les actes de procédure. Dans ce cas le titulaire figure à l'instance
en son propre nom, mais les actes de la procédure sont accomplis par un mandataire au nom du «
dominus litis ».
Il est à noter que dans un même procès, représentation ad agendum et représentation ad
litem peuvent se combiner. Exemple : les parents agissent en qualité d'administrateur légal des
biens de leur enfant (représentation ad agendum) et peuvent se faire représenter par un avocat s'ils
portent leur action devant le tribunal (représentation ad litem).
Les parties sont libres de se faire représenter ou non par un mandataire ad litem car en
l'absence de représentation, elles comparaissent en personne et accomplissent elles-mêmes les
actes de procédure
Mais dans certaines hypothèses, la loi impose la représentation. Ainsi les parties doivent
constituer avocat à la Cour Suprême de justice statuant en cassation.
Le contrat de représentation en justice est un contrat « intuitu personae ». En principe,
les parties choisissent librement leur défenseur pour se faire représenter comme pour se faire
assister. Mais ce choix n'est pas entièrement libre car il doit se faire suivant ce que la loi permet ou

125 Loïc Cadiet:: OP. cit. n° 838 a 850.


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 68

ordonne. Il n'est permis de se faire représenter que par les seules personnes habilitées par la loi.
Le nom du représentant et sa qualité doivent être portée à la connaissance du juge par
déclaration auprès de la juridiction; la partie adversaire doit en être aussi informée.
Le mandat ad litem a pour durée la procédure elle-même : il doit normalement cesser
avec, sinon le prononcé, du moins la signification du jugement qui marque le terme normal de
l'instance.
Le mandat ad litem peut prendre fin de manière anticipée dans trois hypothèses :
 le mandat tant qu'un contrat intuitu personnae, le décès de la partie ou celui du
mandataire entraîne l'extinction du mandat;
 la radiation de la cause et la démission;
 la révocation du mandat par la partie représentée ou par son mandataire.
Le mandat ad litem est un mandat général en ce sens que, sans qu'il ait à justifier d'un
pouvoir spécial pour chacun des actes qu'il accomplit, le mandataire ad litem peut accomplir tous
les actes de procédure qu'implique le déroulement de l'instance, depuis son déclenchement jusqu'à
son dénouement. Par extension, ce mandat couvre également un certain nombre d'actes pour
lesquels le mandataire est réputé avoir reçu pouvoir spécial de les accomplir : faire ou accepter un
désistement, acquiescer, faire, accepter, donner des offres, un aveu ou un consentement, ce qui
valide la transaction conclue par le mandataire avec la partie adverse.

Le mandataire ad litem, comme tout mandataire, a l'obligation d'exécuter le mandat,


conformément à la mission qui lui a été confiée et d'en rendre compte. L'accomplissement d'un acte
de procédure est une obligation de résultat, cette obligation doit en principe être exécutée
personnellement par le mandataire, qui ne peut donc se substituer à un tiers sans l'accord de son
mandant.

B. Les particularités légales du droit congolais en matière de représentation des


parties

En procédure civile congolaise, le mandat de représentation en justice comporte le droit


de comparaître, de postuler et de conclure pour la partie ainsi que de porter la parole en son nom
(art. 14 alinéa 4).
Moyennant l'autorisation du tribunal, toute partie comparante au procès munie d'un
pouvoir spécial peut en outre comparaître, postuler, conclure et porter la parole au nom des
cohéritiers ou associés, au nom de son époux ou de ses enfants majeurs (art. 14 alinéa 5). Il en est
de même pour les mandataires de l'administration et pour les mandataires ad litem visés à l'art. 13.
La procédure civile congolaise prévoit un cas, spécifique de mandataire dit « ad litem »
qui est un mandataire chargé d'introduire et de soutenir une action civile ou commerciale devant les
juridictions de la R.D.C ou d'y défendre une action de la même espèce en faveur des personnes
demeurant hors de la R.D.C et des personnes y ayant une résidence éloignée du siège de ces
tribunaux. Dans ces cas, ces personnes adressent une requête au gouverneur de province, qui en
examine le bien fondé (art. 13).

Section 3 : La réglementation des incidents

§1. La notion d'incident

On appelle « incident » tout événement qui vient modifier le déroulement de la


procédure entre la demande et le jugement.

L'on doit noter que les incidents peuvent surgir tout au long du procès ; aux différents
degrés de juridiction et jusque dans l'exécution du jugement.

§2.Classification des incidents

On classe les incidents du point de vue de leur nature et du point de vue de leur régime.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 69

A. Du point de vue de leur nature

L'on doit distinguer ici les incidents d'audience, les incidents de fond ou actions
incidentes et les incidents de procédure.
- Les incidents d'audience sont des troubles de fait, qui ne sont pas des actes
juridiques, bien que leur sanction puisse affecter la procédure.
- Les actions incidentes sont des demandes qui viennent altérer la saisine des juges,
soit en modifiant l'objet, la cause ou les parties du litige, ce genre d'incidents est qualifié d'incidents
de fond.
- Les incidents de procédure sont aussi appelés incidents proprement dits: ce sont des
demandes qui, sans modifier ni l'objet ni la cause ni les parties au procès, posent un problème dont
la solution commande la marche du procès, la décision de cause ou la vie de l'instance. Ce sont par
exemple les fins de non-recevoir, les questions préjudicielles, la récusation des juges, le désaveu du
mandataire, les exceptions, etc. 126

B. Du point de vue de leur régime

On distingue ici entre :


• Les incidents qui ne donnent pas lieu à un jugement;
• Les incidents qui donnent lieu à un jugement avant dire droit;
• Les incidents qui donnent lieu à un jugement définitif.

1. Les incidents qui ne donnent pas lieu à un jugement :

Ce sont pour la plupart des incidents d'audience; il s'agit des incidents qui peuvent
accidentellement interrompre ou retarder la marche sereine du procès mais sans qu'il soit nécessaire
que le tribunal intervienne par jugement ou par décision administrative formelle, il va simplement
organiser les audiences en exerçant la police d'audience. Parmi ce' genre d'incidents, nous allons en
examiner quelques-uns uns de plus significatifs127 :
a. Le rappel à l'ordre de l'assistance, des parties ou de leurs conseils. S'agissant des
avocats, le président pourrait ordonner au greffier d'acter les remarques faites afin d'établir une
preuve de faits qui pourraient donner lieu à une action disciplinaire. Les rappels à l'ordre adressés
au public ou aux parties qui aboutissent à une suspension d'audience, à l'évacuation de la salle
d'audience, peuvent être notée à la feuille d'audience.
b. Les remises d'audience, sont simplement actées à la feuille d'audience lorsqu'elles
ont lieu de manière consensuelle; mais lorsque les parties ne sont pas d'accord, certains tribunaux
rendent un jugement, cependant le président a le pouvoir d'en décider, sans être lié à aucune
formalité.
c. La suspension d'audience.
d. Les donné-acte d'audience. Exemple sur un choix d'experts.

2. Les incidents qui donnent lieu à un jugement avant dire droit.

a. Les incidents probatoires ou fiduciaires

Deux attitudes peuvent être observées lorsque les parties produisent en justice les
preuves qui appuient leurs prétentions :
 certaines preuves sont reçues de piano c'est-à-dire qu'elles sont produites sans
autorisation préalable du tribunal ;
 l'autorisation de recourir à d'autres moyens de preuve doit être demandée auprès du

126 A. Rubbens : op cit., n° 48, p. 43.


127 A Rubbens • on. cit.. n° 48, p. 49
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 70

tribunal, qui par jugement avant dire droit doit examiner si les moyens de preuve proposés sont
pertinents ou non et s'ils sont permis en droit ou non.

Donnons quelques exemples des incidents probatoires :


 La dénégation d'écriture : c'est lorsque la partie à laquelle on oppose un écrit ou une
signature prétendument établi de sa main ou de la main de celui dont il est l'ayant droit conteste que
cet écrit soit de sa main ou de la main de celui dont elle tient les droits. En ce cas interviendra un
jugement de désignation d'un expert, le jugement fixe une date pour le dépôt de son rapport et sa
communication aux parties pour leur permettre de conclure. En ce cas, le tribunal laisse au juge
commis le pouvoir de fixer par ordonnance la date à laquelle il accomplira ses devoirs.
 L'on peut recourir au témoignage pour établir les faits ; les parties doivent au
préalable préciser les faits sur lesquels va porter l'enquête du tribunal.
Par commission rogatoire, le tribunal peut confier les enquêtes à un autre juge. Mais le
tribunal peut estimer opportun d'entendre les parties en personne, en ce cas il va ordonner, par
jugement avant dire, leur comparution personnelle. Le tribunal peut aussi décider la descente sur
les lieux. Le tribunal doit autoriser une partie à déférer à la partie adversaire, le serment
litisdécisoire, en ce cas cette partie doit formuler avec précision le fait sur lequel portera le serment.

 Le serment litis décisoire est un défi lancé par une partie à son adversaire et par
lequel elle lui propose de mettre fin au litige en relevant l'offre de prêter serment.
Si l'offre est acceptée, le juge doit se borner à prendre acte des faits affirmés sous serment et
formuler en conséquence son jugement qui se borne à donner force exécutoire à la solution que les
parties ont déterminée par serment.
 Le serment supplétoire ne peut être déféré que par le juge à l'une des parties : le juge
y recourt lorsqu'un fait n'est pas pleinement établi et qui n'a pas d'autre moyen de lever le doute.

Au plan de la procédure, il faut noter que les incidents probatoires sont généralement
soulevés par voie de conclusions des parties qui doivent argumenter, plaider pour convaincre le
tribunal d'autoriser la procédure probatoire, mais le tribunal peut recourir d'office à des mesures
d'instructions.

Le jugement qui autorise ou qui ordonne d'office une mesure d'instruction fixe le lieu, la
date et l'heure des opérations.

b. Les incidents des demandes provisoires

Les parties peuvent demander des mesures provisoires qui peuvent être de trois natures :
 il y a des mesures provisoires qui ont caractère conservatoire (tels les scellés, les
séquestres).
 il y a des mesures provisoires qui ont un caractère provisionnel (à valoir sur la
demande) ;
 il v a des mesures provisoires qui ont un caractère accessoire au procès.

Exemple : en matière de divorce, la garde des enfants.


Il faut noter que les demandes provisoires ne peuvent pas tenir en échec l'instruction des
demandes principales. Les jugements provisoires doivent être signifiés en vue de l'exécution
forcée. Ils n'ont pas l'autorité de la chose jugée car ils sont susceptibles de rétractation en cours
d'instance et il; cessent tous leurs effets par le prononcé du jugement définitif.

3. Les incidents qui se terminent par un jugement définitif

Ils se divisent en deux catégories :


• Incident de procédure ;
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 71

• Incidents de fond.

a. Incidents de procédure

Quelques exemples
 La demande incidente de nullité. Cette demande peut porter sur l'acte introductif
d'instance.
Exemple : assignation, acte d'appel, acte d'opposition. Si le tribunal y fait droit, la
demande peut aboutir à mettre fin à l'instance. Si la demande porte sur un autre acte de procédure,
en y faisant droit, le tribunal met cet acte à néant et en efface tous les effets tout en demeurant saisi
de la cause. :
A la demande de nullité, est lié le désaveu de l'avocat.
 Le désistement et les demandes de délai. Généralement, le greffier se borne à acter
l'accord des parties, cependant un jugement sera nécessaire s'il y a contestation.
 Les demandes de dessaisissement du tribunal (exception déclinatoire de compétence,
exception de litispendance ou de connexité), les demandes de récusation d'un Juge ou de l'officier
du Ministère Public : doivent être vidées par un jugement définitif.

Au plan de la procédure, il faut noter qu'il y a deux possibilités :


 le tribunal peut prononcer un jugement séparé sur les incidents en ce cas ce
jugement est définitif ;
 mais le tribunal peut, par simple déclaration actée à la feuille d'audience, joindre
l'incident au fond ; en ce cas, il ne se prononcera sur l'incident qu'au moment où il sera amené à se
prononcer sur le fond de l'affaire. Cette possibilité est écartée lorsqu'il s'agit des incidents de
récusation du juge, du désaveu du mandataire ou d'une demande de dessaisissement, de renvoi pour
cause de litispendance ou de connexité.

Enfin, les exceptions peuvent être soulevées à tout degré de procédure, même devant la
Cour Suprême de Justice; toutefois, lorsqu'une partie a conclu au fond sans soulever d'exception,
elle est censée y avoir acquiescé, car les exceptions doivent être soulevées in limine litis ; mais une
exception d'ordre public peut être soulevée en tout état de la cause et même être retenue d'office
par le tribunal.

b. Incidents de fond

 il s'agit des demandes additionnelles, des demandes reconventionnelles et des


demandes en intervention forcée ou volontaire. Ces demandes sont « incidentes » par rapport à
l'action qui a mis en mouvement le tribunal et qui s'appelle « action principale ».
 Le but de l'action incidente est d'obtenir du tribunal que, dans un seul et même
jugement, une décision soit rendue qui réponde à l'action principale et aux actions incidentes qui y
sont jointes. Notons toutefois que le tribunal peut décider de disjoindre les actions.

§3. Analyse de cas types d'incidents de procédure

Nous allons distinguer 128 :


- les incidents relatifs à la juridiction
- les incidents relatifs à l'instance
- la radiation.

A. Les incidents relatifs à la juridiction

1. incidents concernant un magistrat

128 Loïc Cadiet, Op. cit. n° 606 à 1045.


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La récusation peut être définie comme l'incident soulevé par une partie qui, sans
s'opposer à la saisine de la juridiction prétend faire écarter un juge qu'elle suspecte de partialité
envers l'un des plaideurs. En raison de sa gravité, la loi en définit strictement le domaine et la
procédure. Cette matière a été étudiée en procédure pénale et est réglementée par les articles 49 à
59 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ.

2. Incident concernant une formation

Le renvoi d'une cause à une autre juridiction. Le renvoi peut être fondé soit sur une cause
de suspicion légitime soit sur une cause de sûreté publique. Cette matière, est régie par les articles
61 et 62 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ.

B. Incidents relatifs à l'instance

1. Incidents affectant les modalités de l'instance

a. Incidents relatifs à la structure de l'instance : la jonction et la disjonction des


causes :
 lorsqu'il existe entre plusieurs instances pendantes devant la même juridiction, un
lien tel qu'il est de bonne justice de les instruire ou de les juger ensemble, ces instances peuvent
faire l'objet d'une jonction.
 à l'inverse, s'il est de bonne justice de les instruire ou de les juger séparément, le juge
peul ordonner la disjonction d'une instruction en plusieurs. La jonction et la disjonction constituent
des mesures d'administration judiciaire que le juge peut prendre d'office ou à la demande des
parties.

b. Incidents relatifs au déroulement de l'instance

Le déroulement de l'instance dans le temps n'est pas toujours continu, il faut tenir compte
des événements qui imposent d'en interrompre ou d'en suspendre le cours.

Interruption de l'instance

II s'agit de la rupture du lien d'instance à la suite d'un événement qui affiche la situation
personnelle des parties ou de leurs représentants. Aucun acte de la procédure ne peut être accompli
tant que les liens de l'instance n'auront pas été renoués. Le décès de l'une des parties au procès, la
cessation de la fonction d'avocats, le recouvrement ou la perte par une partie de la capacité d'ester
en justice et la cessation des fonctions du représentant légal d'un incapable peuvent être cités a
titre d'exemple des causes de l'interruption de l'instance. Quelle qu'en soit la cause, l'interruption a
pour effet d'arrêter la procédure. Le juge demeure saisi, il peut inviter les parties à prendre les
initiatives nécessaires pour la reprise de l'instance et en cas de carence, procéder à la radiation de
l'affaire.

La suspension de l'instance

II y a suspension de l'instance lorsque certains virements étrangers à la situation


.personnelle des parties ou de leurs représentants font obstacle à la poursuite de l'instance qui
marque une pause. La suspension d'instance peut intervenir lorsqu'il y a sursis à statuer ou
dérivation de l'affaire. Un certain nombre d'événements peuvent amener le juge à surseoir à statuer,
l'on peut citer à titre illustratif, l'existence d'une question préjudicielle, l'inscription en faux, le
ressentions. Mention spéciale doit être faite de l'adage : « Le criminel tient le civile en état » : Les
juridictions civiles saisies d'une cause connexe avec une affaire répressive, doivent surseoir à
statuer jusqu'à ce que le procès pénal soit vidé. Mais la surséance suppose que les poursuites soient
effectivement entamées et que le juge civil se trouve dans l'impossibilité de se prononcer sur la
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 73

demande civile sans préjuger de la responsabilité pénale. En toute hypothèse, le cours de l'instance
est poursuivi à l'initiative des parties par voie de conclusion ou à la diligence du Juge.

Incidents provoquant l'extinction de l'instance

Normalement l'extinction de l'instance résulte du jugement, forclusion du délai.


Le droit français de procédure civile dispose que l'instance est périmée lorsque aucune
des parties n'accomplit des diligences depuis deux ans. La péremption d'instance est un instrument
de police processuelle qui assure efficacement la purge des rôles encombrée d'instances fantômes.

La procédure civile congolaise ne réglemente pas la péremption d'instance, elle organise


un autre mécanisme au cas où, après trois remises d'audience d'instruction, la cause n'est toujours
pas en état d'être jugée; ou bien le juge passe outre une nouvelle demande de remise et retient la
cause ou bien le juge ordonne le renvoi au rôle général. Nous y reviendrons lorsque nous traiterons
de l'instruction de la cause. Il faut cependant retenir qu'en droit français, la péremption d'instance
ne peut pas être mise en œuvre d'office par le juge, elle ne s'applique qu'à la condition d'être
demandée ou opposée par l'une des parties. Dans la plupart des cas, elle est opposée par voie
d'exception à la partie qui accomplit un acte après l'expiration du délai de péremption.

C. La radiation

La radiation de l'affaire consiste à retirer celle-ci du rang des affaires en cours, l'affaire et
retirée du rôle de la juridiction.

En principe, la radiation est une sanction du défaut de diligence des parties qui n'ont pas
accompli les actes de procédure dans les délais requit. L'art. 17 du Code de procédure civil prévoit
que si le demandeur ne comparait pas le défendeur peut demander défaut congé. C'est la radiation.
L'art. 31 de la loi organique de 2013 relative à la procédure devant la cour de cassation prévoit la
radiation de la cause pour défaut de consignation supplémentaire après un délai de 15 jours. Mais
les parties ont aussi le pouvoir de former une demande conjointe de radiation au cas où elles
estimeraient que leur intérêt est d'éviter du moins de différer une solution judiciaire. Que la
radiation soit imposée par le juge ou voulu par les parties, l'instance est simplement suspendue.
129
Section 4 : L’instruction de l'affaire

§1. Notion

L'instruction de l'affaire est une étape qui a pour objet de mettre l'affaire en état d'être
jugée. Le plus souvent, c'est au cours de l'instruction que les parties vont préciser l'objet du litige
dans leurs conclusions respectives, surtout c'est au cours de l'instruction que les parties vont
échanger entre elles et faire connaître au juge les éléments de fait sur lesquels elles fondent leurs
prétentions.
L'on doit bien se rendre compte du fait qu'il est extrêmement rare qu'une affaire puisse
être plaidée et jugée dès la première audience. Dans la plupart des cas il est nécessaire de procéder
à une instruction pour que l'affaire soit en état d'être jugée, le tribunal puisse; trouver tous les
éléments nécessaires à son information.
Dans la procédure civile française existe un Juge de la mise en état dont la mission
générale est de veiller ou déroulement loyal de la procédure, spécialement à la ponctualité de
l'échange de; conclusions et de la communication des pièces pour ce faire, le juge peut entendre les
avocats et leur faire toute communication utile, il peut entendre les parties et les inviter à mettre en

129 - Loïc Cadiet : op. cit. n° 917 à 975.


-A. Rubbens : op. cit. n° 93 à 113.
- Solus Henry et Perrots Roger : Le droit judiciaire privé III Procédure Première instance, édition Sirev Paris
1991. n° 212 à 238.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 74

cause tous les intéressés dont la présence lui paraît nécessaire à la solution du litige enfin, il peut
fixer les délais nécessaires à l'instruction de l'affaire, par exemple pour conclure. Si le défaut de
diligence est le fait d'une seule partie, il peut prononcer une ordonnance de clôturer et décider le
renvoi de l'affaire à l'audience des plaidoiries.
Et si le défaut de diligence est le fait de toutes les parties, il peut d'office pendre une
ordonnance de radiation motivée, qui dessaisit le tribunal.

Le droit congolais organise comme suit l'instruction des causes130


 Aucune cause ne peut faire l'objet de plus de trois remises.
 La première remise est destinée à permettre aux parties la préparation et la
communication de leurs dossiers, elle ne peut excéder un mois. Si, à l'expiration du délai, la cause
n'est pas en état d'être plaidée, le juge pourra accorder à titre exceptionnel une seconde remise
limitée à 15 jours laquelle ne pourra plus être renouvelée qu'une seule fois.

Si, après ces trois remises, la cause n'est toujours pas en état il ne peut-être accordé de
nouvelle remise qu'avec l'autorisation du Président de la juridiction. A défaut, le juge doit passer
outre la demande de remise et retenir la cause ou ordonner le renvoi au rôle général. Dans ce
dernier cas, le greffier est tenu d'aviser directement les parties de la défaillance de leurs
mandataires et des conditions auxquelles la cause pourra revenir à l'audience.

Les conclusions sont écrites et communiquées entre parties ou leurs mandataires soit
directement soit par la voie du greffe avec les pièces dont elles comptent faire usage au moins trois
jours avant l'audience où la cause sera appelée.

§2. Le régime de l'administration de la preuve

La preuve en matière de droit privé est réalisée de trois manières :


 au moyen des pièces;
 au moyen des mesures d'instruction;
 au moyen des serments judiciaires.

A. La preuve préalable par les pièces

Les pièces sont les documents qui permettent aux parties d'établir la preuve des faits
qu'elles allèguent à l'appui de leurs prétentions.

1. Présentation des pièces

L'on doit distinguer deux situations :


 la communication des pièces
 la production des pièces.

a. La communication des pièces

Une partie fait état, au soutien de ses prétentions d'une pièce en sa possession. La pièce
est donc produite au débat et il faut la porter à la connaissance de la partie adverse. La pièce doit
être communiquée spontanément et en temps utile à la partie adverse, autrement il peut être
demandé au juge d'enjoindre cette communication. Le juge peut écarter du débat les pièces qui
n'ont pas été communiquées en temps utile.

130 Art. 28 et 29 du règlement intérieur des cours et tribunaux.


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 75

Rappelons que l'article 29 du règlement intérieur des cours et tribunaux dispose que les
conclusions sont écrites et communiquées entre parties ou leurs mandataires soit directement soit
par la voie du greffe avec les pièces dont elles comptent faire usage au moins trois jours avant
l'audience où la cause sera appelée. Dans la pratique du prétoire, entre avocats, la communication
se fait par la remise du dossier, sans réclamer inventaire ni décharge. Les parties qui n'ont pas
recouru aux offices d'un avocat peuvent prendre connaissance du dossier, dans le même délai, au
greffe du tribunal. Le greffier qui reçoit le dépôt du dossier est responsable de ce qu'aucune pièce
ne puisse en être soustraite; il peut exiger que de dossier lui soit remis relié et que les pièces soient
numérotées afin d'exercer plus commodément sa surveillance.

Un usage condamnable est celui du dépôt de pièces hors des audiences ou fixé encore,
après la clôture de débats, même si l'adversaire n'a pas fait d'objection.

b. La production des pièces

II s'agit ici des pièces qui ne sont pas encore dans le débat. Car elles n'ont pas été
invoquées au soutien d'une prétention, mais dont une partie connaît l'existence. Mais ces pièces ne
sont pas en sa possession, elles sont détenues par l'autre partie ou par un tiers. Le problème est de
savoir si et comment elle peut obtenir qu'elles soient versées au débat. Si la pièce se trouve entre les
mains de la partie adverse, en vertu du principe de la loyauté du débat juridique qui exige que les
parties collaborent à la recherche de la vérité, le juge peut en conséquence, sur requête de la partie
intéressée, ordonner à une partie de produire les documents qu'elle détient. C'est l'action ad
exhibendum. Si les documents se trouvent aux mains de tiers (privé ou officiel) et qu'ils sont utiles
pour la révélation de la vérité, le juge peut, par un jugement appelé le compulsoire, ordonner leur
dépôt, toutefois les détenteurs gardent le droit de les retenir s'ils sont liés par le secret professionnel
ou, pour te Ministère public, si l'ordre public s'oppose à la communication.

Notons que la procédure civile s'oppose à la communication. Notons que la procédure


civile française à abrogé l'action ad exhibendum et le compulsoire.

En ce qui concerne la communication des dossiers répressifs à titre de preuve les parties
qui ont intérêt à voir produire un dossier répressif en demandant sans frais le dépôt sur le bureau du
tribunal par voie de requête du procureur général près la cour d'appel qui décide souverainement et
de la communication de tout ou partie du dossier.

2. Contestation des pièces

Bien souvent, les pièces produites au débat ne donnent lieu à aucune contestation. Mais il
arrive que la sincérité de la pièce soit contestée par la partie à laquelle elle est opposée, sachant que
la pièce n'émane pas d'elle ou que son contenu a été falsifié.

a. La vérification d'écriture

Aucune procédure propre n'est organisée par te législateur congolais en cette matière. La
jurisprudence admet qu'en cas de vérification d'écriture c'est-à-dire lorsque la partie à laquelle on
oppose un écrit ou une signature, prétendument établi de sa main ou de la main de celui dont elle
est l'ayant droit, conteste que cet écrit soit de sa main ou de la main de celui dont elle tient les
droits, le juge peut user de toute voie de droit pour apprécier si cette contestation est fondée. Dans
la pratique, on recourt à l'expertise, à moins qu'une comparaison avec d'autres écrits de la même
main lui permette de former immédiatement son opinion.

b. L'inscription en faux
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 76

Si une partie veut faire établir qu'une pièce est fausse (faux matériels ou faux
intellectuel) dans des actes authentiques, elle n'a actuellement d'autres possibilités que d'en saisir la
juridiction pénale compétente, après condamnation, elle pourra faire rejeter la pièce arguée de faux.

3. Le rejet des pièces du dossier

Le juge n'aura pas égard aux documents dont l'écriture a été controversée, et aux
documents qui auront été jugés faux. Il rejettera également des débats toute pièce que les parties se
seraient illégalement procurées par vol, violences, corruption ou en violation du secret
professionnel.

B. La preuve subsidiaire par les mesures d'instruction

1. Notion

Les mesures d'instruction sont les mesures ordonnées par le juge, à la demande d'une partie
d'office, afin d'établir les faits dont dépend la solution du litige. Les mesures d'instruction sont des
modes d'administration judiciaire de la preuve qui ont pour objet d'établir la réalité des faits
nécessaires, au succès d'une prétention lorsque ces faits allégués par l’une des parties sont contestés
par l'autre et que, la partie qui les allègue ne dispose pas de pièces qui suffisent à les prouver.

2. Les diverses mesures d'instruction

a. La visite des lieux

Le tribunal peut décider de se transporter sur les lieux ou commettre un des juges qui a
participé au jugement pour l'accomplissement de cette mesure (art. 4 du Code de procédure civile).
Cette mesure peut être prise à la requête des parties ou d'office. Elle permet au juge de se rendre
compte d'une situation de fait. Il faut un jugement avant dire droit, qui fixe le jour et le lieu afin que
les parties puissent y assister. Ce jugement vaut sommation de comparaître' sans qu'il soit besoin de
signification lorsqu'il est rendu en présence des parties (art. 4 du Code de procédure civile).

Si l'objet de la visite exige des connaissances dont le juge ne dispose pas, ce dernier peut
nommer par le même jugement un expert qui fera la visite avec lui et donnera son avis. Le greffier
dresse procès-verbal des opérations : date, jour et heure, présence ou absence des parties, de
l'enfant, actes posés par le juge, questions posées et réponses faites, etc. Le jugement peut être
prononcé sur les lieux sans désemparer. Le procès-verbal de la visite dressé par le greffier est signé
par le juge et le greffier, il est également signée par l'expert, dont la signature est précédée du
serment suivant : « je jure que j'ai rempli ma mission en honneur et conscience, avec exactitude et
probité (art. 48 du c. p. c.).

b. Les enquêtes

 il s'agit des auditions des témoins par le juge


 les enquêtes sont autorisées et organisées par le juge
 ne sont admis à preuve testimoniale que des faits articulés précis, pertinents (ou
concluants) et admissibles, car la loi peut interdire certains témoignages (art. 29 du Code de
Procédure Civile).
 La demande d'enquête est introduite par des conclusions tendant à cette fin
et articulant les faits offerts à preuve.
 Le juge peut aussi ordonner d'office la preuve des faits qui lui paraissent concluante
si la loi ne le défend pas (art. 29 du Code de Procédure Civile).
 Les enquêtes sont ordonnées par un jugement avant dire droit qui contient les
éléments suivants (art. 30 du Code de Procédure Civile).
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 77

 L'objet du litige et les faits à prouver


 Le lieu, jour et heure où les enquêtes sont tenus.

Les témoins doivent être assignés dans les délais d'assignation mais les parties peuvent
les inviter à comparaître volontairement (art.32 du Code de Procédure Civile). L'assignation
détermine le lieu, jour et heure où se tiendra l'enquête et indique l'objet de celle-ci, sans mentionner
les faits dont la preuve est ordonnée (art. 32 Code Procédure Civile). Les témoins sont entendus
séparément en présence des parties si elles comparaissent. Avant son audience, chaque témoin
déclare ses noms professions, âge et demeure, s'il est parent ou allié de l'une des parties, s'il est au
service de l'une d'elles; le témoin prête serment à peine de nullité. Le serment est ainsi conçu : « je
jure de dire toute la vérité, rien que la vérité » (art. 33 Code de Procédure Civile). Le juge, au
cours des enquêtes, peut confronter ou réentendre les témoins et ce à la demande de l'une des
parties ou d'office. Le témoin dépose sans qu'il lui soit permis de ne lire aucun projet écrit. La
déposition est consignée dans un procès-verbal tenu par le greffier, et il lui est demandé s'il y
persiste s;il requiert taxe. La déposition est signée par le témoin, le juge et le greffier, le procès-
verbal mentionne si le témoin ne veut ou ne peut signer, il indique aussi la taxe allouée par le juge
(art. 34 du Code de Procédure Civile).

Les témoins défaillants peuvent être condamnés à une amende qui ne peut dépasser 1000
zaïres ils sont éventuellement assignés à cours frais. Si des témoins réassignés sont encore
défaillants, ils peuvent être condamnés à une nouvelle amende qui n'accède pas 5000 Zaïres et le
juge peul décerner contre eux mandat d'amener (art. 35 Code de Procédure Pénal). Le témoin qui
Justifie pourquoi il n'a pu se présenter au jour indiqué est déchargé par te juge de l'amende et des
frais de réassignation (art. 36 du Code de Procédure Civile).

Si le témoin est dans l'impossibilité de se présenter au jour indiqué, le juge peut lui
accorder délai ou recevoir sa déposition sur place (art. 37 du Code de Procédure Civile). Le
reproché des témoins n'est pas organisé en procédure civile, cela veut dire que le juge peut toujours
entendre des témoins contestés, il accorde à leurs dires le crédit qu'il juge convenable. Le juge
apprécie souverainement la justification du secret professionnel invoqué par le témoin qui refuse de
répondre. Les enquêtes contraires sont de droit (art. 31 Code de Procédure Civile); ceci veut dire
que l'adversaire peut faire entendre des témoins sur les points articulés et admis à la preuve.

Le droit congolais prévoit des lettres rogatoires d'enquête.


Au plan interne, la commission rogatoire aux fins d'entendre des témoins, qui sont trop
éloignés du siège du tribunal, peut être ordonnée par le jugement ordonnant enquête (art. 30 code
de Procédure Civile). Généralement le tribunal ne fera recours à la commission rogatoire qu’en
réponse à des conclusions qui le demandent. Le jugement ne peut commettre rogatoirement qu'un
tribunal de niveau égal ou inférieur, il doit articuler les points sur lesquels porte l'enquête et
désigner les témoins à entendre. Le tribunal commis entend les témoins désignés sur les points
articulés au jugement; le président ne peut sortir du cadre des faits libellés ni entendre d'autres
témoins que ceux que le jugement désigne. Les parties peuvent facultativement assister
personnellement à ces enquêtes ou s'y faire représenter.

Les tribunaux congolais peuvent aussi commettre des juges étrangers, ils ne peuvent
toutefois exécuter des commissions des juges étrangers qu'avec l'autorisation du Ministre de la
Justice (art. 38 Code de Procédure Civile), Le juge commis peut proroger les enquêtes, si cela
s'avère nécessaire; mais le juge de l'action peut passer outre s'il y a manifestement manœuvre
dilatoire dans le chef d'une partie.
c. Les expertises (art. 39 à 45 du Code de Procédure Civile).

L'expertise est une opération confiée à des personnes compétentes appelées « experts »
dont la mission consiste à. fournir, en vue de la solution d'un litige, des explications ou des
renseignements d'ordre technique que le juge ne peut se procurer lui-même.
 L'expertise est ordonnée par un jugement avant dire droit qui désigne le nom des
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 78

experts et la mission précise qui leur est confiée et qu'impartit un délai pour le dépôt du rapport.
 L'expert peut être désigné sur conclusions d'une partie ou de l'accord des deux
parties, mais le juge peut aussi ordonner d'office une expertise.
 Il n'est nommé qu'un expert à moins que le juge n'estime nécessaire et en nommer
trois.
En pratique le juge discute avec les parties de la mission et du choix de l'expert. Ceci est
d'autant plus utile que le droit congolais n'organise pas la récusation de l'expert. C'est le greffier qui
avise l'expert de sa désignation (art. 40 du Code de Procédure Civile). L'expert avise, par lettre
recommandée à chacune des parties, les lieux, jour et heure où il commencera des opérations (art.
40 du Code de Procédure Civile). Si l'expert désigné ne fixe pas les lieux, jour et heure pour le
commencement de ses opérations, les parties s'entendront pour en nommer lin autre à sa place,
mais la nomination peut être faite sur requête présentée au tribunal par la partie la plus diligente
(art. 41 Code de Procédure Civile). L'expert désigné et qui a fixé les lieu, jour et heure pour
l'expertise et qui ne remplit pas sa mission pourra être condamné à tous les frais frustratoires et
éventuellement à des dommages-intérêts. La prorogation des droits n'est pas organisée mais
l'écoulement du délai même dilatoire n'entraîne pas décharge d'office, la décharge pour cause de
retenu peut intervenir avec demande d'une partie.

Les experts ne forment qu'un seul avis à la pluralité des voix et ne dressent qu'un seul
rapport en cas d'avis divergents, ils indiquent les motifs de divers avis, sans faire connaître l'avis
personnel de chacun d'eux (art. 42 du Code de Procédure Civile). Le rapport est signé par tous les
experts sauf empêchement constaté par le greffier au moment du dépôt de ce rapport. Si les experts
ne savent pas tous lire, le rapport est écrit et signé par le greffier. La signature des experts est
précédée du serment « je jure que j'ai rempli ma mission en honneur et conscience avec exactitude
et probité » (art. 42 du Code de Procédure Civile).

Si le rapport d'expertise n'apporte pas aux juges les éclaircissements suffisants ils
peuvent ordonner d'office une nouvelle expertise. Les juges peuvent aussi entendre les experts à
l'audience à titre de renseignement et sans autre formalité. Les experts sont convoqués par le
greffier par lettre recommandée à la poste (art 43 du Code de Procédure Civile). Le juge n'est pas
lié par les conclusions des experts, mais il ne peut cependant les rejeter sans justification131.

d. La commission d'arbitres - rapporteurs132

L'arbitre rapporteur n'est pas choisi par les parties mais désigné par le tribunal. Mais une
partie peut conclure au recours à ce mode de procédure tout comme tes parties peuvent conclure
dans le même sens, allant jusqu'à proposer des noms des arbitres rapporteurs. Le rôle de l'arbitre-
rapporteur est bien différent de celui de l'expert et de l'arbitre. L'arbitre-rapporteur est choisi pour
ses connaissances techniques mais son rôle ne se borne pas à fournir des renseignements d'ordre
technique, il est chargé en outre de chercher une solution au litige. Si la solution proposée par
l'arbitre-rapporteur est acceptée par les parties, il y a conciliation. L'arbitre rapporteur en dresse
acte motivé qu'il soumet à la signature des parties qui peuvent se désister de l'instance; autrement,
il dépose l'acte de conciliation au tribunal qui va prononcer un jugement d'expédient, donnant force
exécutoire à la convention des parties.

e. La comparution personnelle des parties (art. 49 à 58 du C.P.C)

 Le juge peut en tout état de cause et en toute matière, ordonner même d'office la
comparution personnelle des parties devant lui. C'est dire que les parties peuvent dans leurs
conclusions prendre l'initiative de comparution.

131 Léo, 8 juin 1965, Revue juridique du zaïre 1966, p. 122


132 A. Rubbens: Op. Cit n°111.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 79

 La décision qui ordonne la comparution des parties fixe le jour et heure, détermine
s'il est procédé en audience publique ou en chambre du conseil. Les parties peuvent être interrogées
en l'absence de l'une ou de l'autre, elles peuvent être confrontées. Elles répondent en personne aux
questions qui leur sont posées sans pouvoir s'aider d'aucun texte préparé.
Les conseils des parties peuvent assister à la comparution et après l'interrogatoire,
demander au juge de poser les questions qu'ils estiment utiles si des parties sont trop éloignées, le
juge peut ordonner qu'elles soient entendues ensemble ou séparément par un juge commis par un
tribunal désigné à cet effet, aux lieux, jour et heure fixés par ce tribunal. L'utilité de la comparution
personnelle des parties réside dans ce contact physique du juge pour lui permettre de former sa
conviction et de démêler dans les affirmations contradictoires, le vrai du faux. La comparution
personnelle des parties peut aussi être l'occasion d'un serment prononcé par l'une d'elles à la
demande du juge, sans exclure la possibilité d'obtenir un aveu judiciaire enfin, le juge peut tirer
toute conséquence de droit des déclarations des parties, de leur absence ou du refus de répondre de
l'une d'elles.

En effet, si l'une des parties ne comparait pas ou refuse de répondre, le juge peut en tirer
toute conséquence de droit, et notamment considérer que l'absence ou le refus équivalent à un
commencement de preuve par écrit, qui permet de recourir à la preuve testimoniale133.
134
f. L'aveu

Les déclarations que fait spontanément une partie devant un juge au cours d'une audience
(mitant du litige auquel se rapportent ses dires constituent l'aveu judiciaire. Valent également aveu
judiciaire les réponses que fournit une partie convoquée en comparution personnelle. L'aveu est
indivisible.

Le juge doit apprécier avec plus de prudence la portée d'un aveu extrajudiciaire qui
résulte des déclarations émanant d'une partie qui les a faites hors des audiences de l'instance.

C. Preuve par les serments judiciaires

1. Le serment supplétoire135

C'est une variété de serment judiciaire qui consiste en une déclaration faite par une partie
à l'instance en vue d'établir la preuve des faits litigieux. Ce serment est dit supplétoire ou supplétif
ou d'office; il a pour objet particulier de suppléer l'insuffisance des éléments de preuve dont
dispose le juge, il s'agit d'un moyen supplémentaire d'information dont l'emploi et l'appréciation
sont laissés à la discrétion du juge.

Seul le juge peut proposer le serment mais les parties peuvent suggérer d'y recourir, dans
ce cas, le juge apprécie souverainement l'opportunité de cette procédure. C'est par jugement qu'est
ordonné ce serment, le jugement énonce les faits sur lesquels celui-ci sera reçu et fixe l'audience à
laquelle il sera prêté. La partie prête serment en personne et à l'audience. En cas d'empêchement
légitime dûment constaté, le serment peut être prêté en la demande de la partie chez laquelle le juge
se transporte assisté de son greffier. Si la partie à laquelle le serment est déféré est trop éloignée, le

133 Art. 58 du code de Procédure Civile


Loïc Cadiet : Op. Cit. N°955
134 A. Rubbens: Op. Cit. N°106
135 A. Rubbens: Op. Cit. N°103
Loïc Cadiet : Op. Cit. N°956
Art 59 et 60 Code Procédure Civile.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 80

juge peut ordonner qu'elle prête serment devant une juridiction du lieu de sa résidence. Le serment
est prêté en la présence de l'autre partie ou celle-ci est avisée par lettre recommandée du greffier.
Lorsque le juge défère le serment supplétoire, il est lié par la solution que la réponse au serment lui
impose la partie à laquelle est déféré le serment ne peut le référer à la partie adverse.

2. La preuve parfaite par le serment litisdécisoire

C'est un défi lancé par une partie à son adversaire et par lequel elle lui propose de mettre
fin au litige en relevant l'offre de prêter serment. Si l'offre est acceptée, le juge doit se borner à
prendre acte des faits affirmés sous serment et formuler en conséquence son jugement qui se borne
à donner force exécutoire à la solution que les parties ont déterminée par le serment. C'est en son
nom un jugement d'expédient comme si les parties avaient conclu une transaction. Le juge doit
veiller à ce que le serment porte sur un fait et sur sa qualification et que ce fait déterminant pour la
solution d'un litige, s'il n'en est pas ainsi, le juge n'autorise pas la prestation du serment
litisdécisoire.
136
Section 5. Les débats

Dans toute procédure, devant quelque juridiction que ce soit, il vient toujours un moment
où les parties, directement ou par l'intermédiaire de leurs représentants, vont être physiquement
confrontées devant un juge pour s'en tenir à leurs prétentions et répondre, Ite cas échéant, aux
demandes d'explication de celui-ci. Ce moment est celui des débats.

§1. La forme des débats

A. Deux traits caractérisent les débats : leur oralité et leur publicité.

L'oralité est un trait constant. En pratique, les plaidoiries tendent à perdre leur
importance, elles consistent souvent en de brèves observations orales, spontanées; en des réponses
à des questions de juge, et parfois elles sont écartées par la pratique du dépôt des dossiers de
plaidoirie. Il convient également de noter que le juge qui préside l'audience a le pouvoir
discrétionnaire de mettre un terme aux débats lorsque la juridiction s'estime éclairée, il peut
également retenir la parole aux parties.
La publicité des débats qui est un principe directeur du procès signifie que le public
doit être admis à l'audience des plaidoiries. Elle ne peut être écartée que dans les cas prévus par la
loi. C'est notamment le cas lorsque les débats ont lieu en chambre du conseil, car alors il est
procédé hors la présence du public. Nous pouvons citer deux exemples :
o Lorsque l'un époux prétend que l'autre a manqué à ses devoirs, le président du
tribunal de paix saisi par une requête, tentera en chambre du conseil, de concilier les époux: si la
conciliation aboutit, le président acte par voie d'ordonnance, l'accord des parties (art. 460 alinéa 1
du Code de la famille).
o En cas de demande dévouée, le président du tribunal de paix tiendra d'instance de
conciliation a huis clos (art. 559 à 562 du Code de la famille).

Les débats ont lieu au cours d'une audience que l'on appelle "audience des plaidoiries" et
ceci pour éviter toute confusion avec les « audiences de procédure « ou » de mise en et « qui se
tiennent durant l'instruction ».

§2. Chronologie des débats

A. La fixation des débats

136 Loïc Cadiet : Op. Cit. N°976 à 992


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 81

C'est le président de la chambre qui fixe la date des débats avec comme conséquence que
l'affaire devra être plaidée à la date indiquée. L'avocat absent ne pourra que déposer son dossier
sans le plaider. Mais il est toujours possible de solliciter du juge une « remise » de l'affaire- et son «
renvoi » à une audience ultérieure des plaidoiries; si l'avocat justifie d'un motif légitime, cette
demande peut même émaner conjointement des parties, mais la décision de renvoyer est une
mesure d'administration judiciaire qui est de la discrétion du juge.

B. L'ouverture des débats

Les débats sont ouverts au jour fixé, mais ils peuvent se poursuivre au cours d'une
audience ultérieure. A partir de ce moment, l'instance ne peut être interrompue, la composition du
tribunal ne peut être modifiée et que toute irrégularité dans la composition de la juridiction doit être
soulevée à faire d'irrévocabilité.

C. Le déroulement des débats

 Les débats sont dirigés par le président qui assurera la police de l'audience.
 Le greffier tient le plumitif (feuille d'audience) qui doit mentionner l'identité des
parties, les incidents qui pourraient survenir au cours de l'audience et les décisions prises sur ces
incidents. Le Ministère public doit être présent. Au cours de l'audience de plaidoiries, l'ordre des
interventions est fixé par la pratique de la manière suivante : l'audience commence par l'exposé des
prétentions du demandeur puis du défendeur et des intervenants. Les exposés au cours desquels les
parties développent et les moyens et arguments propres à justifier leurs prétentions, constituent les
plaidoiries. Le président peut toujours redonner la parole aux parties pour qu'elles fournissent les
explications de droit de fait qu'elles estiment nécessaires ou précisent ce qui paraît obscurs. Enfin,
le Ministère public prend la parole le dernier quant il émet un avis et vient porter la parole à
l'audience.

D. La clôture des débats


 La clôture des débats est prononcée par le président dès qu'il estime que le tribunal
est suffisamment informé. Les effets de la clôture des débats sont les suivants :
 Aucune partie ne peut plus verser des pièces au dossier.
 Les parties ne peuvent plus déposer aucune note à l'appui de leurs prétentions, car le
juge ne peut fonder sa décision que sur les observations ou des documents produits en cours de
débats par les parties. Une tolérance veut que des notes des plaidoiries soient encore envoyées au
juge.
 II est important de savoir que malgré la clôture des débats, les parties peuvent être
amenées à déposer des notes en délibéré à l'appui de leurs observations; ceci peut arriver dans deux
hypothèses :
 D'abord afin de répondre aux arguments développés par le ministère public qui
prend la parole en dernier quand il donne avis.
 Ensuite lorsque le président en fait la demande pour que les parties puissent
expliciter leurs positions dans le rapport du principe du contradictoire.

Ces notes en délibéré doivent être portées à la connaissance de l'autre partie qui a la
possibilité d'y répondre en la même forme. Ces notes en délibéré ne sauraient modifier les éléments
du litige et ne sauraient valoir conclusion. En revanche, il est possible que les informations
contenues dans ces notes conduisent le président de la chambre à rouvrir les débats. Cette
réouverture peut toujours intervenir sur décision du président qui dispose d'un pouvoir
discrétionnaire en la matière, cependant les parties et le M.P. peuvent la solliciter par voie de
requête. En principe, la réouverture des débats permet aux parties de déposer de nouvelles
conclusions. Une fois débattue ou redébattue, l'affaire est prise en délibéré.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 82

§3. Le contenu des débats

Les juges, éclairés sur les faits, soit par production des dossiers soit par les procédures
probatoires qu'ils ont organisées doivent appliquer le droit aux faits tels qu'ils leur apparaissent
pour vrais dans leur intime conviction.
Les parties ont cependant la faculté de présenter les faits aux juges sous l'angle qui leur
paraît le plus favorable à leur thèse. Elles peuvent faire un exposé écrit de leur raisonnement
juridique en fait et en droit. Ce sont les conclusions. Elles peuvent en faire un exposé verbal : c'est
la plaidoirie.
Les conclusions des parties sont formulées comme un raisonnement juridique :
1. En fait
o Pour le demandeur : en exposant les faits qui ne sont pas controversés, en établissant
les faits controversés.
o Pour le défendeur : en renversant ou en ébranlant les preuves apportées à l'appui des
faits contestés ou encore en établissant d'autres faits qui viennent contredire ceux évoqués par le
demandeur.
2. En droit
o Pour le demandeur : en exposant ou (en mentionnant) les règles de droit applicables
en offrant des interprétations favorables à la thèse soutenue en montrant que les faits tels qu'ils sont
établis sont vides ou couverts par ces règles de droit en recherchant les conséquences qui en
découlent.
o Pour le défendeur : en démontrant que les faits ne tombent pas sous le coup de telle
règle et éventuellement en invoquant une autre règle.
3. Dispositif
En proposant au tribunal une conclusion, décision découlant logiquement de l'exposé en
fait et en droit. Il est d'usage de libeller les conclusions en forme "d'attendre que" et d'introduire le
dispositif par « Par ces motifs, plaise au tribunal ». Mais ce formalisme ne constitue pas l'essentiel
qui est de présenter un à un ses motifs, en fait et en droit et de dégager suivant la dialectique
juridique, la prétention qu’on formule, comme aboutissement de son raisonnement.

Chaque partie doit communiquer les conclusions à l'adversaire afin de lui permettre de
répliquer aux moyens qui s'y trouvent exposés. C'est pourquoi, il est permis aux parties de prendre
de nouvelles conclusions en réplique. L'original des conclusions est versé au dossier communiqué
au Ministère Public. Les conclusions sont signées par les parties; les avocats peuvent signer les
conclusions en qualité de mandataires de leurs clients. Certains avocats demandent à leurs clients
de signer les conclusions afin de prévenir un désaveu.
Notons que les parties ne sont pas obligées de formuler des conclusions ; e/tes peuvent
s'en remettre à la prudence du tribunal ou déclarer expressément s'en référer à justice.

§4. Les plaidoiries

Ce sont les commentaires oraux des conclusions que les parties ou leurs avocats peuvent
faire. C'est le genre littéraire qui peut recourir à l'art de la rhétorique pour entraîner la conviction,
car il s'agit de persuader le juge et de ramener son sentiment à celui de l'orateur.

Au plan de la terminologie, précisions la différence entre « plaidoyer », et « plaidoirie ».


L'on peut dire que l'un est synonyme de l'autre, Mais de manière plus spécifique, la plaidoirie vise
la défense d'un prévenu devant une juridiction répressive137. Une note de plaidoirie est un résumé
des arguments destiné à faire revivre dans la mémoire les fugaces effets littéraires lorsque, dans
leur délibéré, les juges reverront l'affaire.

137 Cornu (Gérard): Op. Cit. V° Plaidoyer, p. 599


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 83
138
Section 6 : L'avis du Ministère public

Selon l'article 68 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ, le Ministère Public peut
intervenir, soit par voie d'avis, soit par voie d'action.

Il intervient par voie d'action lorsqu'il agit comme partie principale, c'est-à-dire qu'il a le
pouvoir d'assigner et qualité à être assigné comme une-véritable partie qui agit en demande ou en
défense.
Il intervient par voie d'avis lorsqu'il fait connaître son avis sur l'application de la loi dans
une affaire dont il a communication.

§1. Terminologie :

La doctrine française, de manière constante, affirme que lorsque le Ministère Public


139
intervient par voie d'avis, il agit en tant que « partie jointe » .
Nous sommes d'avis que cette terminologie est incorrecte pour les raisons suivantes :
 Lorsque le Ministère Public intervient par voie d'avis, il participe à la formation du
jugement, il fait partie du tribunal ; c'est pourquoi, il peut être récusé ; or on ne peut concevoir
140
qu'une partie, même appelée jointe, puisse être récusée .
 Même en France, l'on considère que le Ministère Public intervient par voie d'avis, il se
comporte comme « commissaire de la loi » et en tant que tel, il apparaît moins alors comme une
partie que comme un magistrat, indépendant du juge, mais dont la fonction est d'éclairer ce dernier
en lui donnant un « avis » sur la façon dont la loi devrait être appliquée à la cause débattue entre les
141
parties .
 Lorsque le Ministère Public intervient par voie d'avis, il n'a pas à accomplir des actes
de procédure quels qu'ils soient ; ce qui n'est pas la situation normale d'une partie, fut-elle dite
jointe142.
 Audience des plaidoiries, le Ministère Public prend la parole en dernier après que les
parties au procès aient été entendus en leurs plaidoiries ou en leurs observations. Les parties n'ont
pas le droit de répliquer. C'est bien la preuve que le ministère Public n'est pas parti au procès.
 Les parties au Procès peuvent être amenées, malgré la clôture des débats, à répondre
aux arguments développés par le Ministère Public qui prend la parole en dernier quand il donne un
avis : c'est la preuve que le Ministère public se comporte en doctrinaire dont l'avis peut influencer
le tribunal dans son jugement.
 Le Ministère Public qui donne un avis ne peut exercer aucune voie de recours contre
la décision qui a été rendues ; ce n'est pas ainsi que peut se comporter une partie au procès.
 Le Ministère Public n'a jamais à supporter les frais du procès étant donné que n'étant
pas partie au procès, il ne peut succomber et il échappe à la charge des dépenses et des frais.
143
§2. Différents types de communications

La lecture de l'Article 69 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ revele lqu'il a
trois types de communication :

138 A. Rubbens: Op. Cit, Tome II, n°117.


Loïc Cadiet: Op. Cit, n°348 à356
Solus Henry et Perrot (Roger): Op. Cit. N°232 à 238
139 Solus Henry et Perrot (Roger): Op. Cit. N°231
Loïc Cadiet: Op. Cit, n°348
Jean Vincent et Serge Guinchard : Op. Cit, n°761
140 Art 68 de la loi-organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ ; A. Rubbens : Op. Cit, Tome II, n°114, voir référence 210
141 Loïc Cadiet, Op. Cit, n°349
142 Loïc Cadiet, Op. Cit, n°350
143 Henry Solus et Roger Perrot: Op. Cit, n°233 à 236.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 84

 la communication légale ;
 la communication judiciaire ;
 la communication facultative.

A. La communication légale :

Dans certains cas, la communication préalable du dossier au Ministère Public est rendue
obligatoire par la loi en raison de la gravité des intérêts en cause ; on dit alors que la cause est
communicable.

Lorsqu'il en est ainsi, le défaut de communication du dossier entraîne la nullité du


jugement, laquelle est d'ordre public.

En droit congolais, il y a 11 cas des causes obligatoirement communicables au Ministère


Public :
1) les causes qui concernent l'état, les entités régionales et locales dotées de la
personnalité juridique ainsi que les établissements publics;
2) les procédures relatives à l'absence des personnes aux actes d'état Civil, à la
procédure d'ouverture des tutelles et d'ouverture de la curatelle ;
3) les déclinatoires sur incompétence, litispendance ou connexité ;
4) les actions civiles introduites en raison d'un délit de presse
5) les demandes qui intéressent les mineurs, les interdits, les femmes mariées non
autorisées par leur conjoint et personnes placées sous curatelle ou qui concernent l'administration
du patrimoine des faillis ;
6) les procédures-en matière de faillite ou de concordat judiciaire ;
7) les contestations où sont invoquées les dispositions légales sur le contrat de louage
de services ou relevant du régime légal de la sécurité sociale des travailleurs
8) les causes mues par des procédures admises comme indigentes ou comme inaptes à
ester en justice ou à se défendre chaque fois que l'assistance judiciaire a été accordée ;
9) les litiges que les juridictions tranchent en appliquant la coutume ;
10) les litiges relatifs aux successions.

B. La communication judiciaire

En dehors des cas dans lesquels les causes sont obligatoirement communicables au
Ministère Public, la communication du dossier au Ministère Public peut être décidée par la
juridiction saisie de l'affaire. Dans ce cas, la communication est dite judiciaire parce qu'elle résulte
de la décision du juge. La justification de cette prérogative reconnue au juge tient au légitime souci
que peuvent avoir les juges de connaître l'opinion du Ministère Public afin d'être mieux éclairés. En
France, la communication judiciaire peut être utilisée dans la perspective de porter à la
connaissance du parquet un dossier susceptible d'avoir des incidences pénales.

C. La communication facultative

Indépendamment de toute communication légale ou judiciaire, le Ministère Public peut


toujours demander communication d'un dossier dans les affaires pour lesquelles il estime devoir
intervenir. En d'autres termes, le Ministère Public a un droit de regard virtuel sur les affaires
pendantes devant une juridiction.

§3. Procédure

Elle sera étudiée en 7 points suivants :


1) L'avis du Ministère Public sera donné par écrit dans les trente jours après que la
cause lui aura été communiquée, à moins qu'en raison des circonstances de l'affaire, il puisse être
émis verbalement sur les bancs ; dans ce cas, l'avis est acte à la feuille d'audience.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 85

2) L'imposition d'un écrit pour donner un avis s'explique par le souci de combattre la
paresse scientifique longtemps observée dans le chef de l'Officier du Ministère Public qui, appelé à
donner un avis, s'en référait souvent à la sagesse du tribunal.
3) Dans des pays développés, l'avis du Ministère Public constitue un morceau choisi de
doctrine, qui est attendu avec d'autant plus de considération que bien souvent il émane des
magistrats spécialisés au plan académique et scientifique.
4) En R.D.C, l'observation du fonctionnement des parquets nous a révélé que les
magistrats des parquets, plongés chaque jour, du matin au soir, dans des dossiers à caractères pénal,
en arrivent au bout de quelques années, à perdre pied avec le domaine vaste et complexe du droit
privé. L'émission d'un avis suppose des recherches approfondies en bibliothèque ; et bien souvent
les magistrats des parquets, tiraillés par les interrogatoires des inculpés et par d'autres devoirs
judiciaires du dossier pénal qui est accaparant, en arrivent même à carrément déserter le prétoire.
5) Devant ce constat qui entraîne la lenteur dans l'administration de la justice, nous
pensons qu'une réforme judiciaire doit intervenir dans le sens suivant : au bout d'un délai que la loi
doit fixer, si le Ministère Public n'a toujours pas donné son avis, le tribunal peut passer outre et
rendre son jugement.
6) Lorsqu'il s'agit des litiges qui ne soulèvent aucune difficulté et qui peuvent être
tranchés suivant une règle de droit claire et univoquement appliquée par la jurisprudence, le
Ministère Public peut s'en remettre à la prudence du tribunal.
7) En matière civile, c'est le Ministère Public quia le dernier la parole avant la clôture
des débats. En principe, les parties n'ont pas le droit de réplique ; toutefois, lorsque l'avis du
Ministère Public a soulevé un problème de droit qui par voie de requête, demander une réouverture
des débats en ce cas, la parole doit à nouveau être donnée au Ministère Public avant que le débat ne
soit définitivement clos.

CHAPITRE VI : LE JUGEMENT CONTRADICTOIRE142

Section 1 : Le délibéré

Délibérer, c'est réfléchir à plusieurs et confronter des solutions possibles d'un litige dans
le but de trouver une solution commune. Par extension, l'on parle aussi de délibéré du juge unique :
en ce cas le juge confronte les positions des parties pour dégager la solution qui lui paraît conforme
à la vérité.
Le délibéré se fait à huis clos, généralement dans te cabinet du président. Lorsque
l'affaire est fort simple, le délibéré peut se faire sur les bancs par un échange d'opinions à voix
basse (ou « in petto » pour le juge unique), suivi du prononcé. L'on dit alors que le jugement est
rendu sur les bancs. En procédure civile, il n'est pas d'usage de rendre des jugements sur les bancs,
sauf pour prendre des mesures conservatoires et provisoires ou pour organiser des mesures
d'instruction.

§1. Le dossier sur base duquel les juges délibèrent

Le délibéré des juges se fait sur base des données consignées dans un dossier qui
comprend les éléments suivants :
 l'assignation ;
 les pièces des dossiers des parties ;
 les procès-verbaux et rapports lorsqu'il y a eu enquête, descente sur les lieux,
expertise, comparution personnelle des parties, etc.
 la feuille d'audience où se trouve relatée l'évolution de l'affaire ;
 les conclusions écrites des parties et éventuellement l'avis écrit du Ministère Public.

142 A. Rubbens: Op. Cit., Tome II, n°120 à 137


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 86

§2. L'objet du délibéré

Seules les prétentions de droit formulées par les parties font l'objet du délibéré : le
tribunal vérifie si les solutions de droit qui lui sont proposées s'appliquent, à moins que le tribunal,
en application du principe « jura novit curia », n'ait à faire application d'office du droit impératif.
Les juges vérifient la régularité de la demande, la compétence du tribunal, la recevabilité
de l'action et répondent aux incidents liminaires.
Les juges vident, s'il échet, les questions préliminaires, préalables ou préjudicielles.
A la lumière des éléments consignés au dossier, le tribunal établit la vérité judiciaire
quant aux faits, il qualifie ces faits, c'est-à-dire qu'il les range dans les catégories juridiques établies
par le droit; il recherche ensuite quelles règles de droit régissent les faits ainsi qualifiés; enfin, il
fixe la solution juridique du litige et prend les décisions qui s'imposent pour protéger ou pour
restaurer le droit.
Chaque décision prise sur une contestation entre parties doit être motivée, c'est-à-dire
comporter une justification explicite. Ainsi doivent être motivés :
 le sort réservé fait aux exceptions ;
 la décision en fait et en droit.
Le tribunal doit également motiver les points dont il s'est saisi d'office. En d'autres termes, la
motivation doit répondre aux moyens de la demande et de la défense pour les accueillir ou pour
les rejeter. Lorsque le tribunal prononce une condamnation, il s'impose, d'en fixer les mesures
d'exécution délais, force exécutoire, etc.
Le tribunal se prononce aussi sur la condamnation aux frais et dépens.

§3. La procédure du délibéré

La loi impose le secret du délibéré (art. 41 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ). Ceci
ne veut pas seulement dire qu'il se tient à huis clos, mais encore que les juges qui y ont participé ne
peuvent pas révéler ce qui a fait l'objet des discussions ; les opinions dissidentes ne peuvent être
divulguées ni par le juge qui les a soutenues ni par ses collègues. Il faut rappeler que ne peuvent
participer au délibéré que les juges devant lesquels l'affaire a été débattue afin d'assurer le respect
du principe qui veut que les juges se prononcent d'après la connaissance qu'ils ont acquise des
éléments du débat et non pas d'après leurs enseignements personnels.
Pendant le délibéré, le juge le moins ancien ou du rang le moins élevé donne son avis le
premier cette règle vise à garantir la sérénité et l'indépendance d'esprit du juge le moins ancien ou
du rang le moins élevé. En effet, l'intérêt de cette disposition est d'éviter que l'opinion de ce dernier
soit influencée ou gênée par le point de vue du Président si ce dernier devait opiner le premier.
Les décisions sont prises à la majorité des voix. Le principe en la matière est que s'il se
forme plus de deux opinions pendant les délibérés, le juge le moins ancien ou du rang le moins
élevé est tenu de se rallier à l'une des deux autres opinions. Cette position adoptée par le législateur
congolais à travers la loi-organique du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et
compétences de juridictions de l’ordre judiciaire en son article 42 alinéa 2 permet d'éviter le
recours prétorien au système Français du « Juge départiteur ».
Pour exister, le jugement doit être rédigé. La décision doit être formulée par écrit; on
appelle « minute » (du latin médiéval minuta c'est-à-dire écriture menue) l'original du jugement.
Dans la pratique, il s'opère, après le délibéré, une répartition des dossiers pour la
rédaction des projets des jugements, que le siège approuve ultérieurement avant le prononcé, en
examinant la forme et te fond.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 87
143
Section 2 : Le jugement

§1. Le prononcé du jugement

L’article 14 alinéa 3 de l'Acte Constitutionnel de la Transition impose le prononcé du


jugement en audience publique. Le jugement est donc ce qui est dit ou lu ; l'écrit, la minute du
jugement, signé par les juges et le greffier, ne constitue que la preuve authentique du contenu du
jugement prononcé.
Au bas de la minute du jugement, il est mentionné qu'il a été prononcé en audience
publique avec l'indication de la date de cette audience.
Le prononcé du Jugement dessaisit le tribunal; toutefois, le tribunal peut procéder à
l'interprétation et à la rectification des omissions ou des erreurs matérielles.

A. Interprétation du jugement

II peut arriver que le jugement soit obscur ou, qu'il y ait divergence entre les parties, sur
le sens ou la portée exacte de ce qui a été décidé par le juge. Dans ce cas, l'art. 117 de la loi
organique de 2013 sur l’OCJ dispose que les cours et tribunaux connaissent de l'interprétation de
toutes décisions de justice rendues par eux. Il suffit d'une simple requête de l'une des parties ou
d'une requête commune, les parties étant entendues ou appelées. La décision interprétative
s'incorpore à la décision interprétée et n'a donc pas d'existence autonome. Le jugement interprétatif
ne peut apporter une modification substantielle au jugement initial.

B. Rectification du jugement en cas d'erreur et d'omission matérielle

Exemple :
- erreurs de calcul
- erreurs de frappe ou d'orthographe
- oublis des chefs du dispositif

Le juge peut être saisi par une simple requête d'une partie ou par une requête commune,
le juge peut même se saisir d'office, il statue les parties entendues ou appelées, selon ce que le
dossier révèle ou selon ce gué la raison commande.

La décision rectificative est mentionnée sur la minute et sur les expéditions du jugement.
Le jugement rectificatif ne peut apporter une modification substantielle au jugement initial.

§2. Le contenu du jugement

Le jugement se présente au plan pratique de la manière suivante :

A. Les qualités

II s'agit d'un résumé chronologique des événements qui ont précédé le jugement. C'est
l'historique du procès qui comprend :
 l’indication du nom des parties, de leurs conseils
 les conclusions des parties
 l’exposé sommaire des points de fait et de droit soutenus par les parties
 les incidents du procès.

143 A. Rubbens : Op. Cit, Tome II, n°124 à 137


Loïc Cadiet, Op. Cit, n°1097 à 1263
Jean Vincent et Serge Guinchard : Op. Cit., n°1229 à 1263
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 88

Les qualités sont rédigées par le greffier. On peut signaler qu'en France, les qualités
étaient autrefois rédigées .par les avoués après le jugement. Cela engendrait souvent la confusion
entre « qualités du jugement et la minute». C'est pourquoi en 1972, il a été décidé de supprimer les
qualités œuvres des avoués pour les confier au juge.

B. Le jugement proprement dit

En procédure civile congolaise, le jugement proprement dit, œuvre du juge comprend :


 l'identification du tribunal et du siège
 la modalité de saisine, la recevabilité et compétence du tribunal
 l'identification complète des parties et leurs prétentions (noms, professions, demeure
ou du fondé de pouvoir en cas de représentation
 la motivation en fait
 la motivation en droit
 le dispositif qui apparaît comme la conclusion du raisonnement tenu dans
l'enchaînement des motifs en fait et en droit (art. 23 du code de procédure civile).

Le dispositif qui condamne une partie de faire ou de payer quelque chose doit également
mentionner les détails ou les modalités suivant lesquelles cet ordre doit être exécuté.

Le dispositif doit toujours se prononcer sur les frais qui sont mis à la charge de la partie
succombant, sauf s'il s'agit des frais frustratoires, qui sont des frais résultant de vaines procédures
provoquées de mauvaise foi par l'adversaire et qui sont laissés à sa charge.

Si les parties succombent chacune à une partie de leurs prétentions, le tribunal peut «
compenser » les frais c'est-à-dire les mettre à charge de chacune d'elles.

Le jugement doit aussi indiquer le nom des juges qui l'ont rendu, celui de l'officier du
Ministère Public s'il a donné son avis et du greffier qui a assisté au prononcer et la date à laquelle le
jugement a été rendu.
Les minutes du jugement sont signées par les juges qui les ont rendues et par le greffier ;
elles sont annexées à la feuille d'audience (art. 24 du Code de procédure civil).

§3. Les différentes catégories de jugements

L'on distingue, en procédure civile congolaise les catégories suivantes de jugement.

A. Le jugement définitif vidant le fond du litige

Ce jugement dessaisit le tribunal, cependant, à la demande d'une partie, le tribunal peut


accorder des réserves lui permettant de réassigner sur un chef de ses demandes pour lequel une
solution définitive né peut être actuellement postulées ; exemple : à la suite d'un accident, l'état de
la victime n'est pas consolidé.

B. Le jugement définitif sur incident

Le tribunal peut également rendre un jugement définitif qui vide un incident survenu à
l'audience et cela sans se prononcer sur le fond.
Ce jugement est susceptible d'appel, rappelons que le juge peut toujours joindre l'incident
au fond, ce qui évite de prononcer un jugement séparé sur l'incident.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 89

C. Le jugement d'expédient

II s'agit d'un jugement qui se borne à enregistrer une transaction qui est intervenue entre
les parties en donnant, si elles le demandent, force exécutoire à leur accord.

D. Le jugement avant dire droit (art. 37 du code de procédure civile) :

II s'agit du jugement par lequel le tribunal ordonne une mesure d'instruction


complémentaire. On peut distinguer deux sortes de jugement avant dire droit :
1. Le jugement préparatoire ainsi appelé parce qu'il ne préjuge pas le fond.
2. Le jugement interlocutoire ainsi appelé parce qu'il préjuge le fond.

Il y a lieu cependant de noter que ce critère de distinction n'est pas toujours aisé à saisir,
la lecture de la jurisprudence est à ce sujet édifiant144. Toutefois, l'intérêt de la distinction des
jugements avant dire droit réside dans le fait qu'en droit congolais seuls les jugements
interlocutoires sont susceptibles d'appel, avant le jugement définitif. En effet, l'appel d'un jugement
préparatoire ne peut être interjeté qu'après le jugement, définitif et conjointement avec l'appel de ce
jugement (art. 72 de code procédure civile).

Parmi les jugements interlocutoires, on peut relever :

a. Le jugement provoquant la disjonction des chefs de demande

L'assignation, les demandes reconventionnelles et/ou additionnelles peuvent contenir


plusieurs demandes distinctes et indépendantes les unes des autres, dont les unes sont en état, tandis
que d'autres requièrent des mesures d'instruction ou la mise en cause des tiers. Dans ce cas le juge
peut, à la demande qui d'une partie disjointe les actions et vider les chefs de la demande qui se
trouvent en état d'être jugé, il demeure saisi des autres chefs de demande.

b. Le jugement provisionnel

C'est le jugement par lequel le juge alloue une indemnité provisoire susceptible de
modification
ultérieure.

C'est souvent le cas lorsqu'il n'est pas possible de déterminer d'emblée le montant auquel
il y a lieu de condamner la partie qui succombe soit parce que l'estimation du préjudice requiert une
expertise, soit encore parce qu'il faut attendre la consolidation pour fixer le degré d'invalidité
notamment en cas de lésion corporelle.
c. Le jugement se prononçant sur les mesures conservatoires et provisoire

 A la demande des parties, le tribunal peut être amené à prendre des mesures
conservatoires, par exemple : apposition de scellés ou mise sous séquestre d'un bien litigieux,
 En matière de divorce, c'est par le jugement que sont prises les mesures provisoires
telles que la garde des enfants pendant la durée de l'instance.

144 Jugements préparatoires :


- R.J.C.B 1934, p. 91 (Elis, 3 Mars 1934).
-R.J.C.B. 1957, p. 167 (Léo, 14 décembre 1954)
- R.J.C.B. 1957, p. 31 (Léo, 27 Novembre 1956)
- R.J.C.B. 1962, p. 142 (Elis, 22 Octobre 1960)
-R,J.C.B.1965,p 113 (Léo, 13 Octobre 1965)
- R.J C.B. 1966. D. 234 (Elis. 19 Avril 1966)
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 90

Section 3 : Les effets du jugement145

§1. Le dessaisissement du tribunal

Le jugement définitif a pour effet de dessaisir le tribunal dès le prononcé.


Il est cependant admis que le tribunal peut rendre un jugement interprétatif ou un
jugement rectificatif des erreurs matérielles.
Si un Jugement définitif sur incident est rendu, le tribunal est irrévocablement dessaisi de
l'incident, il ne peut plus revenir sur sa décision, mais il demeure saisi du fond du litige, à moins
qu'il ne s'agisse d'un jugement d'incompétence, d'irrecevabilité ou de renvoi pour connexité.
Le Jugement avant dire droit ne dessaisit pas le tribunal, il doit statuer sur les chefs de la
demande, il peut même revenir sur ce qu'il a jugé de manière interlocutoire ou provisoire.

§2. L'autorité de la chose jugée

Dès son prononcé, tout jugement civil a l'autorité de la chose jugée qui est la conformité
à la vérité légale : doit être reconnu pour vérité ce qui est dit dans le dispositif du jugement.
L'autorité de la chose jugée n'est pas à confondre avec la force de chose jugée qui
suppose l'absence de recours suspensif d'exécution.
L'autorité .de la chose jugée se limite en principe au dispositif du jugement. En effet, le
jugement n'a autorité de la chose jugée que relativement à la contestation qu'il tranche, or c'est dans
le dispositif qu'est tranchée la contestation, en conséquence, les motifs du jugement ne peuvent
avoir autorité de la chose jugée, les motifs ne peuvent être décisions : en effet, la chose jugée serait
incertaine s'il fallait la déceler dans les attendus du jugement, toutefois l'on admet que l'autorité de
la chose jugée déborde parfois le dispositif du jugement pour s'attacher aux motifs qui sont
indissociables de la décision; l'on parle en ce cas des motifs qui sont « le soutien nécessaire du
dispositif, », l'on parle plus souvent « des motifs décisifs ».
Lorsque le jugement n'est plus susceptible d'aucun recours, on dit qu'il est irrévocable ou
qu'il a force irrévocable de chose jugée.
Les jugements avant dire droit ont également l'autorité de la chose jugée mais, ils ne
peuvent jamais être coulés en force de chose jugée puisque le tribunal qui demeure saisi dispose de
la faculté de revenir sur sa décision.

Les jugements définitifs sur incident acquièrent la force de chose jugée par l'écoulement
de délais de recours ou par l'acquiescement des parties.
L'autorité de la chose jugée n'est que relative, elle n'est pas opposable aux tiers, elle ne
peut nuire ni profiter aux tiers. En dehors du mécanisme de l'intervention, le Jugement doit rester
«res inter alios acta» à l'égard des tiers.
Si un jugement porte atteinte aux intérêts d'un tiers, celui-ci pourrait faire rétracter ce qui
a été jugé à son égard au moyen de la tierce - opposition. Il faut noter que l'autorité de la chose
jugée n'a lieu qu'à l'égard de ce qui a fait l'objet du Jugement, il faut que la chose demandée soit la
même, que la demande soit fondée sur la même cause, que la demande soit mue entre les mêmes
parties et formée par elles et contre elles en la même qualité.

C'est la règle de la triple identité :


 Identité des parties
 Identité d'objet

145 Jugements interlocutoires :


- R.J.C.B. 1950, p. 171 (Elis, 25 Février 1950)
- R.J.C.B. 1943, p. 87 (Elis, 13 Novembre 1943)
- R.J.C.B. 1961, p. 24 (Elis, 03 Février 1961)
- R.J.C.B. 1967, p. 105 (Elis, 29 Mars 1950)
- R.J.C.B. 1957, p. 32 (Kin, 27 Juin 1966)
- R.J.C.B. 1969 D. 193(L'Shi,21 Novembre 1967)
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 91

 Identité de cause.
Il y a lieu cependant de noter que les jugements qui modifient l'état ou la capacité des
personnes (divorces, désaveu de paternité, interdiction mise sous curatelle) font autorité « erga
omnes ».

§3. La force exécutoire :

Les jugements civils sont immédiatement exécutoires, il faut néanmoins noter qu'un
jugement ne peut normalement être exécuté qu'après significations.
Le jugement dans son dispositif, prévoit des délais d'exécution.
En principe, l'exercice du recours en appel suspend la force exécutoire des jugements,
toutefois, le tribunal doit dire son jugement exécutoire même d'office nonobstant tout recours et
sans cautionnement, s'il y a titre authentique, promesse reconnue ou condamnation précédente par
jugement dont il n'y ait pas fait appel (art. 29 C. P. C.).

§4. L'ouverture des voies de recours

En droit congolais tous les jugements sont susceptibles de recours sauf prescription
légale expresse contraire.146

CHAPITRE VII : LA PROCEDURE PAR DEFAUT

Section 1 : Le défaut : portée, étendue et limites

§1. Quand y a-t-il défaut ?

En droit congolais, il y a « défaut » lorsqu'une des parties, régulièrement avertie de la


procédure engagée/contre elle devant un tribunal, n'y a pas fait valoir ses prétentions de droit. La
procédure par défaut s'oppose à la procédure « contradictoire » qui est celle où toutes les parties ont
effectivement soutenu leurs prétentions à l'audience de la cause.

Le fonctionnement normal de la juridiction procédant du principe accusatoire est que le


juge entende les différentes parties en leurs moyens de fait (pour former sa conviction) puis sur les
leurs moyens de droit (pour s'éclairer sur les options possibles).

II ne serait cependant pas admissible qu'une partie puisse, en refusant d'exposer ses
moyens, paralyser Je cours de la justice. Ainsi, deux solutions sont possibles :
 Soit, on amène de force les parties devant le juge (système de la plupart des
coutumes congolaises)
 Soit, on passe outre le « défaut » de la partie, et le jugement est rendu suivant les
seules conclusions des parties qui font régulièrement valoir leurs moyens (c'est le régime de nos
juridictions judiciaires).
147
En opposition aux actions coutumières , il est important de signaler que faire « défaut »
est une voie de droit, c'est-à-dire que celui qui ne comparait pas ne commet aucune faute, qu'il use
de son droit. Cette affirmation est corroborée par l'observation qu'il n'existe aucune disposition
impose les frais de l'opposition au défaillant quand le défaut lui serait imputable.

On peut cependant noter que l'évolution moderne du droit procédural n'est cependant pas
favorable au défaut. En effet, on s'est rendu compte de ce que les règles régissant le défaut ouvrent
le champ aux manœuvres dilatoires ; dans plusieurs pays le législateur a voulu réagir. En droit

146 Loi sur la Cours d’Ordre Militaire.


147 Texte du COCJ sur les juridictions coutumières.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 92

congolais on peut dire que les articles 18 et 19 s'inspirent de cette orientation hostile au défaut ou
du moins hostile aux abus du défaut.

La simplification de la procédure Congolaise écarte déjà plusieurs manœuvres dilatoires.


Il n'y a pas en effet de-, défaut faute de comparaître (c'est-à-dire de constituer avoué) à côté du
défaut de conclure : c'est le seul fait de prendre part ou de ne pas prendre part à l'instruction qui fait
qu'il y a défaut ou' pas; dans ce sens, le défaut peut exister dès l'audience d'introduction, il peut
survenir en cours de débat si une partie se retire avant que l'instruction ne soit terminée, il peut
enfin en cours d'instance être « rabattu » par la comparution du défaillant148.

§2. Hypothèses de défaut

A. Défaut du demandeur

Le défaut du demandeur à l'audience introductive de l'instance peut s'accompagner du


défaut du défendeur, en ce cas le tribunal n'est pas saisi : il n'y a pas d'instance, l'affaire est rayée du
rôle, les frais s'arrêtent à l'enrôlement. En revanche, l'article 17 prévoit le cas où le demandeur fait
défaut alors que le défendeur comparaît.

Sur ce point, il convient de noter que la jurisprudence avait admis, après quelques
hésitations, que le défendeur pouvait obtenir soit la radiation habituellement appelée défaut-congé,
soit jugement sur le fond, à l'exclusion de toute demande reconventionnelle150.

Actuellement le régime de l'article 17 du Code de Procédure Civile prévoit que le


défendeur peut « demander le défaut-congé », mais le résultat atteint par cette demande n'est en
rien différent de celui qui résulterait de l'abstention pure et simple de conclure du défendeur à
l'égard du demandeur défaillant car l'instance seule est éteinte, ni le droit, ni l'action ne se trouvent
entamés par le défaut- congé, et le demandeur peut aussitôt faire une nouvelle assignation.

Cependant la lecture des travaux préparatoires nous indique que l'article 17 n'entend pas
refuser ai défendeur de recourir à l'autre alternative qui est de postuler un jugement sur le fond de
la demande dont le tribunal est saisi. Ce jugement serait cependant rendu par défaut, ouvrant au
demandeur qui serait débouté le recours à l'opposition. Toutefois, le défendeur ne pourrait pas
profiter de l'absence du demandeur pour former une demande reconventionnelle qui dépasserait le
simple moyen de défense, car le tribunal ne serait pas saisi d'une pareille demande dont le
demandeur originaire pourrait avoir connaissance.

L'assignation régulière garde, même après « défaut - congé », un effet juridique : elle
interrompt la prescription et peut aussi valoir mise en demeure.

B. Le défaut du défendeur

II faudrait distinguer selon que le défendeur est ou n'est pas seul.

1. Cas du défendeur unique

Le demandeur peut demander les fins de son exploit d'assignation. Il n'est pas pour
autant dispenser d'en établir le bien fondé. Car, le défaut du défendeur n'implique nullement un
acquiescement à la demande. Cela est si vrai que le défendeur qui ne comparaît pas ne peut être
présumé :
 couvrir tes nullités d'une assignation,

148 Sohier n°259 à 260, voir 1er inst., Elis, 16 Mars 1950 (avec note) admettant défaut-congé mais pas jugement sur le
fond, R.J.C.R 1950 P. 119 et contre : Elis. 20 Juillet 1956 avec note R.J.C.B., 1957, p. 67).
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 93

 consentir à une prorogation de compétence territoriale,


 renoncer à une exception149 alors que sa comparution sans réserve aurait été
interprétée
 comme une :
• couverture des nullités
• consentement à la prorogation de compétence,
• renonciation à toute exception qui ne serait pas d'ordre public.

2. Pluralité des défendeurs dont certains comparaissent (défaut profit-joint)

L'option ici est de mettre fin aux manœuvres au cours desquelles tour à tour deux ou
plusieurs défendeurs pouvaient faire défaut. L'intérêt d'une prompte justice l'emporte sur le « droit
de faire défaut ».

En effet, dès qu'il y a plusieurs défendeurs dont certains comparaissent tandis que
d'autres font défaut, l'un- des comparants (demandeur ou défendeur) peut demander fixation pour
jugement réputé contradictoire à l'égard de toutes les parties comparantes ou défaillantes. Le
greffier avertit ainsi les parties, par lettre recommandée, de la date de fixation en signalant que le
jugement ne sera pas susceptible d'opposition même si elles ne comparaissent pas150.

La question qui pouvait se poser ici est celle de savoir si à la date de fixation, l'affaire
doit être vidée. Il ne me semble pas qu'il ait objection à ce que la cause soit remise à la demande
d'une partie comparante ou d'office, pourvu que les parties soient de nouveau averties par lettre
recommandée qu'à cette nouvelle fixation le jugement sera réputé contradictoire.

D. Le rabat du défaut

Au sens qu'à cette institution en droit français le rabat n'existe pas au Congo. On désigne
toutefois couramment de ce vocable des procédés qui tendent à obtenir jugement contradictoire
après que la défaillance d'une partie a été constatée à l'audience. Lorsqu'un jugement est prononcé
par défaut, la partie défaillante peut seulement recourir à l'opposition.

Cependant, de l'accord de la partie qui a obtenu le jugement par défaut, la partie


défaillante qui apparaît avant la fin de l'audience, peut former aussitôt opposition et ressaisir le
tribunal par comparution volontaire dans les formes de l'art. 12 du Code de Procédure Civile. La
partie qui a obtenu le jugement par défaut y consentira normalement afin d'éviter les lenteurs.
En effet, le juge attend généralement la fin de l'audience pour prononcer les jugements
par défaut, afin de donner aux défaillants leurs chances de comparaître utilement, en évitant les
frais d'un double jugement. Sur ce point, il convient de signaler qu'en France, certaines juridictions
ont
conservé une pratique issue d'une ordonnance de 1967, pratique que la loi n'a pas consacrée et qui
consiste pour un avoué à se présenter au cours de l'audience durant laquelle le jugement par défaut
a été prononcé. Ce jugement est « rabattu », c'est-à-dire anéanti et l'instance est poursuivie
contradictoirement. Cette pratique facultative pour le juge présente des avantages certains de
rapidité et d'économie. Il faut cependant souligner qu'à défaut de texte légal qui la consacre, elle est
peu compatible avec le principe du dessaisissement du juge dès que ce dernier a prononcé un
jugement151. Enfin, en aucun cas le juge ne peut remettre une cause par défaut à une audience
ultérieure : il ne serait plus saisi à cette audience à moins que le défaillant n'ait été rappelé à la

149 Elis, WJany. 1939, R.J., p.152


150 Cette solution s'inspire du système du défaut-profit-joint du droit belge, art. 752 nouveau code judiciaire belge de
1967.
151 Gérard CORNU et Jean FOYER : Procédure Civile, Presses Universitaires de France, Paris, p. 458 (état de
question)
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 94

cause en la forme d'une assignation. L'usage est dès tors ainsi (quand la partie comparante ne
réclame pas jugement), de renvoyer la cause au rôle général, la partie la plus diligente la faisant
fixer par voie d'avenir, à moins que les parties ne conviennent de comparaître à la date qu'elles ont
fixée de commun accord. En ce cas, le tribunal étant déjà saisi, les formalités de l'article 12 du CPC
ne sont pas requises.

D. La dérobade du défendeur

Le principe en la matière est que lorsque après avoir comparu (article 19 du CPC) la
partie qui, à bout d'argument, cesse de comparaître. Dans ce cas, dès son prononcé, tout jugement
civil a l'autorité de la chose jugée qui est la conformité à la vérité légale : c'est-à-dire doit être
reconnu pour vérité ce qui est dit dans le dispositif.

Ainsi, il suffit de sommer le défaillant qui a déjà comparu en lui notifiant le texte de
l'article 19, pour obtenir après un délai de 15 jours un jugement réputé contradictoire, bien que le
défaillant ne
réponde pas à la sommation. C'est dans ce sens que, s'inspirant de la procédure des justices de
paix belges, certains juges congolais avaient jadis estimé pouvoir rendre jugement contradictoire
lorsqu’après avoir comparu à l'introduction le défendeur faisait ultérieurement défaut152.

Cette jurisprudence est donc périmée depuis le Décret de 1960 portant Code de
Procédure Civile.

II a été jugé que :

En cas de défaut du demandeur, le défenseur peut réclamer condamnation contre celui-ci


par demande reconventionnelle présentée en conclusion, communiquée au demandeur
originaire153.
Si une demande reconventionnelle a été régulièrement introduite avant la dérobade du
demandeur originaire, il n'y a pas de doute, le défendeur est devenu demandeur sur reconvention et
peut soit demander un jugement par défaut, soit se prévaloir de l'article 19. En ce cas il pourra
demander un jugement réputé contradictoire sur l'ensemble du litige y compris la demande.

Section 2 : La procédure par défaut

La procédure par défaut ne diffère point en son principe de la procédure contradictoire.


Cependant, le juge n'étant éclairé que par l'une des parties doit suppléer tous les moyens qu'aurait
fait valoir le défaillant .s'il avait été présent156. Il faut entendre par là que le défaillant n'est censé
avoir renoncé à aucune prorogation de compétence.

Ainsi, le demandeur a le fardeau de la preuve. Le juge ne pourrait pas pour autant


susciter d'office des preuves contraires, mais il n'est pas dispensé de faire la critique des preuves
qui lui sont soumises.

Signalons sur ce point qu'en droit français, la situation de la procédure par défaut se
présente comme suit :
 L'hypothèse dans laquelle une partie s'abstient d'accomplir les actes de procédure
dans les délais: requis. C'est le défaut de diligence, qui était autrefois appelé « défaut faute de

152 (Léo, 24 mars-1924, Doct. & col. 1927, p. 185 contra 1è inst. Elis., 9avril 1920, R.J.C.B. p. 142, 1è. Inst. Léo 24
juillet 1929 R.J.C.B. p 1421e. Inst. Léo 24 juillet 1929, R.J.C.B. 1920 P. 172
Léo 18 août 1955, J T.O.M., 1956.
153 Léo 1 déc. 1956 J.T.O.M. 1958, p. 51 ; Elis 19 février 1964. B.J., p. 86.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 95

conclure ».
En ce cas, le juge statue par Jugement contradictoire au vu des éléments dont il dispose.
Le défaut de diligence de l'ensemble des parties donne au juge le pouvoir de radier d'office l'affaire
par une décision non susceptible de recours après qu'un dernier avis ait été adressé aux parties, le
cas échéant, à leur mandataire si deux années se sont écoulées depuis la dernière diligence
effectuée. La négligence des parties peut aussi être sanctionnée par une péremption d'instance.
 L'hypothèse dans laquelle une partie ne se présente pas devant le juge et ne se fait
pas représenter. C'est le défaut de comparution, autrefois appelé, défaut faute de comparaître. Dans
ce cas, il faut distinguer selon qu'il s'agit du défaut de comparution du demandeur ou du défendeur :

* Défaut de comparution du demandeur :

II y a défaut de comparution du demandeur lorsque celui-ci, après avoir assigné son


adversaire à comparaître et saisi du tribunal, ne se présente pas au jour fixé ; en ce cas, les
situations suivantes peuvent se présenter :
 le défendeur peut requérir du juge un jugement sur le fond qui sera contradictoire.
 Le juge peut soit ordonner le renvoi de l'affaire à une audience ultérieure soit
déclarer l'assignation caduque dans quel cas, le demandeur fait connaître le motif
légitime qui n'aurait pas été en mesure d'invoquer en temps utile. Le juge apprécie
.la légitimité du motif avancé ; s'il est convaincu, il convoque les parties à une
audience ultérieure.

* Défaut de comparution du défendeur :

Le défaut de comparution du défendeur ne doit pas empêcher le demandeur d'obtenir un


jugement sur le fond. Le principe est qu'il est néanmoins statué sur le fond ; le juge ne fait
droit à cette demande que s'il l'estime régulière, recevable et bien fondée. Ce jugement sera
par défaut s'il est non susceptible d'appel et que le demandeur n'a pas été assigné a
personne. Dans tous les autres cas, ce sera un jugement réputé contradictoire.

A titre de rappel, le silence du défaillant ne dispense pas le juge de vérifier le


raisonnement que lui propose le comparant ou de fournir un effort d'imagination d'une autre
solution de droit.

Dans la procédure de défaut, la communication au Ministère Public se fait dans les


mêmes conditions que si la cause était contradictoire. Les règles du délibéré sont les mêmes.

Section 3 : Jugement par défaut.

Le jugement par défaut ne diffère guère du jugement contradictoire. Cependant, on peut


noter :

§1. Dans la forme

II faut que d'une manière ou d'une autre il apparaisse qu'une partie était défaillante.
La formule .consacrée est : " x .... Régulièrement assigné ne comparaissant pas ni
personne pour lui". Si c'est le demandeur qui fait défaut on mentionne : "ayant fait assignation à
comparaître ce jour, mais rie .comparaissant pas ni personne pour lui". Il convient qu'avant le
dispositif le tribunal mentionne : « Le tribunal statuant par défaut » au lieu de « Le tribunal statuant
contradictoirement ».
La formule peut être aussi : « statuant contradictoirement à l'égard de .... Ou par défaut à
l'égard de.... « Ou encore « le tribunal statuant en un jugement réputé contradictoire à l'égard de
tous les défendeurs »....
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 96

Pour l'application de l'art. 18 la formule sera : «le tribunal statuant par jugement réputé
contradictoire ».

§2. Dans les effets du jugement

Le jugement par défaut est un jugement parfait s'il est définitif, il dessaisit le juge, il a
autorité de chose jugée; il donne à la partie qui a obtenu jugement le pouvoir de l'exécuter.
Il ne diffère du jugement contradictoire que par le seul fait qu'il est susceptible d'un recours spécial
par voie de rétractation : l'opposition.

CHAPITRE VIII : LA PROCEDURE DEVANT LES JURIDICTIONS


TRADITIONNELLES (pour mémoire)

Section 1 : La procédure applicable devant les juridictions coutumières

La procédure applicable aux juridictions coutumières a été fixée par l'arrêté royal du 13
mai 1938 qui semble à ce jour être abrogé implicitement par la loi organique du 11 avril 2013 sur
les juridictions de l’ordre judiciaire. L'arrêté royal prévoit des textes particulièrement concis,
renvoyant aux coutumes et à l'équité. En réalité ce sont des techniques procédurales qui furent
introduites à cause de l'action directe des administrateurs territoriaux et des substituts du procureur
du Roi qui devaient surveiller le fonctionnement des Juridictions coutumières.
Une question se pose : faut-il revenir à une application plus fidèle des coutumes ou faut-
il maintenir- la procédure actuelle ? Nous avons toujours soutenu que le droit doit prendre en
compte les réalités socioculturelles; agir autrement c'est courir le risque de voir le droit être en
porte-à-faux et demeurer lettre morte.

Section 2 : La saisine des tribunaux coutumiers

La plainte demeure la modalité de saisine des juridictions coutumières. Elle est


généralement formée verbalement à l'audience du tribunal. Elle comporte l'exposé des faits, parfois
la règle du droit écrit ou coutumier invoqué ou bien des précédents des palabres analogues.
Si la partie adverse n'est pas présente à l'audience, le tribunal se borne à faire acter la
plainte et à convoquer l'adversaire.

Section 3 : Les audiences

Si les parties sont présentes, le tribunal procède sur-le-champ à leur audition; il entend
«de plano » les témoins qui sont généralement invités par les parties à les accompagner au tribunal.
Le tribunal ne peut statuer sans avoir entendu les parties.
Le serment peut être offert ou différé ou ordonné par le juge.
Le tribunal peut prendre, même d'office, la décision de recourir à des moyens de preuve
empruntés au droit écrit ou conformes à la coutume; toutefois grâce à l'action du parquet, on a
réussi à faire écarter du tribunal le recours aux pratiques magiques ou superstitieuses.
Le greffier établit un procès-verbal qui indique les nombres des parties, l'objet du litige,
la publicité de l'audience, la composition du tribunal et la date de l'audience. Le procès-verbal doit
être signé par le greffier et par les juges s'ils sont lettrés.

Section 4 : Le jugement

Le tribunal doit annoncer sa composition, le siège et le niveau de la juridiction et ce pour


justifier la régularité de ses pouvoirs.
Le tribunal doit vérifier sa compétence, la régularité de ia saisine et la recevabilité de la
plainte; en cas de contestation sur ces points, le tribunal doit justifier pourquoi il estime devoir se
saisir ou se déclarer non saisi.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 97

Le jugement doit exposer l'objet de la contestation, les versions des faits exposés par les
deux parties et la version qu'il a retenue pour vraie. Il doit préciser la coutume qui s'applique et
ordonné la mesure qu'il estime adéquate pour maintenir ou rétablir le droit dans les rapports entre
les parties, il doit statuer sur ces faits
Selon la belle tradition du tribunal africain, les parties doivent rentrer réconciliées,
acquiescent à la sagesse des Juges, lesquels ont le souci de na jamais renvoyer les parties en
ennemies, avec un vainqueur arrogant provoquant la rancune d'un vaincu humilié.
Malheureusement cette belle tradition se perd.
Les directives du parquet aux juges coutumiers, avaient permis d'imposer quelques règles
qui ont contribué à l'efficacité de la procédure et à l'unification du droit national. Voici quelques-
unes de ces règles:
a) Le respect des droits de la défense impose au Juge de recevoir les moyens de preuve
proposés s'ils ne sont pas contraires à l'ordre public154.
b) L'exigence de la motivation des décisions et de la référence à ta règle de coutume
appliquée.
c) chaque fois qu'il y a lieu de restaurer le droit, le tribunal doit prononcer une
condamnation exécutoire.

Section 5 : Les effets du jugement

Le jugement dessaisit le tribunal, possède l'autorité de la chose jugée et est exécutoire


dès le prononcé s'il a été rendu en présence des parties.
Le jugement rendu « par défaut » n'est exécutoire que du jour de sa signification155. En
réalité, le législateur colonial a perdu de vue les réalités sociales car en l'absence d'une procédure
d'opposition le défaut, refus de présenter ses moyens, ne sort aucun effet juridique; le défendeur
peut être emmené par la force à comparaître.

Section 6 : évocation

Saisi par la demande de révision ou par la révision d'office, la juridiction supérieure «


évoque» la connaissance de la cause dans son entier. ""
L'évocation d'une cause pendante devant un tribunal inférieur, peut cependant se faire:
 dû tribunal secondaire au tribunal principal
 du tribunal inférieur au tribunal de territoire.

Section 7 : Le renvoi

Le tribunal principal peut renvoyer devant le tribunal secondaire les contestations de


droit privé, pourvu que les parties résident toutes dans le ressort du tribunal de renvoi. Le tribunal
de territoire peut faire de même à l'égard des tribunaux inférieurs de son ressort.
Le renvoi peut se concevoir dans l'hypothèse où un tribunal coutumier supérieur statuant
en révision estime renvoyer la cause en continuation devant le premier juge plutôt que d'évoque
l'affaire. Le renvoi peut également se concevoir lorsque le tribunal coutumier supérieur après
avoir annulé le jugement du 1er degré, n'est pas en mesure d'évoquer l'affaire parce que le
dossier n'est pas en état.

154 Cf. BAYONA BA MEYA, le Droit face à la sorcellerie.


Réf. Coutumes conformes à l’ordre public
155 Art. 37 du C.P.C
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 98

CHAPITRE IX : LES VOIES DE RECOURS

A. Le fondement du recours

Les règles de la procédure dont la collégialité, là où elle est instaurée, tendent à éliminer
les erreurs d'appréciation, auxquelles les jugements des hommes sont sujets, mais l'on doit réaliser
que les juges, quelle que soit leur conscience professionnelle se trouve toujours exposés à un
certain subjectivisme car seul Dieu est juste.
Par les voies de recours, les justiciables ont reçu de la loi la chance d'obtenir une
meilleure justice, eh effet, en donnant aux justiciables une nouvelle occasion de présenter leur
défense, en invitant le juge mieux éclairé par la contradiction; (cas de l'opposition) rétracter son
jugement, ou en s'adressant à des juges plus expérimentés, du degré d'appel pour obtenir la
réformation de jugement, les aléas de l'erreur humaine se trouvent considérablement réduits.
La sécurité judiciaire impose deux exigences: les recours doivent s'exercer sans limite
mais sans s'étaler dans le temps de manière infinie au risque de mettre en cause l'autorité de la
justice et la paix dans la société.
L'existence du recours remplit aussi un rôle préventif : le juge qui sait que son jugement
peut être contrôlé à un degré supérieur de juridiction sera moins tenté de se laisser aller, sans se
laisser influencer par des considérations subjectives ou des pressions extérieures qui le détournent
de son devoir.

B. Le recours dans le droit traditionnel

Le droit traditionnel ignore la procédure par défaut et par conséquent la procédure de


l'opposition.
Dans 1a logique traditionnelle, l'on ne peut concevoir une palabre sans adversaire à convaincre;
c'est un non-sens. L'adversaire récalcitrant comparaît devant le juge de gré ou de force.
Mais la notion du recours en réformation était au contraire en honneur dans les coutumes
de plusieurs ethnies d'Afrique centrale: après avoir échoué devant un juge, le justiciable n'hésitait
pas à recourir à un plus grand juge. C'était soit le tribunal du chef hiérarchique du juge local, soit le
tribunal supérieur déterminé par le renom du juge, qui pouvait être un sage ou un mage,
parfois étranger à la tribu des parties litigantes.

L'on révèle que les recours pouvant se répéter sans limite autre que la fatigue ou la ruine
des parties ou mieux encore, conformément à la mentalité des ancêtres, jusqu'à la réconciliation.

C. Les recours dans le droit moderne du Congo

L'opposition est ouverte à toute partie qui n'a pas usé de son droit de contredire son
adversaire; elle est exercée devant le tribunal qui a entendu la cause par défaut; le défaillant en
ramenant le procès devant ce tribunal invite les juges mieux informés à rétracter leur décision.
Tout jugement contradictoire ou par défaut, peut en principe être réformé par un recours
exercé par la partie à laquelle elle fait grief portant (a cause devant un autre tribunal. C'est l'appel.
La révision est une voie de recours propre pour attaquer le jugement des juridictions
coutumières.
Notons cependant que les jugements rendus au premier degré par les tribunaux des territoires
sont attaqués en appel devant les tribunaux de grande instance.
Le pourvoi en cassation est ouvert aux jugements et arrêts rendus en dernier ressort; il
casse les décisions qui n'ont pas fait application correcte de la coutume ou de la loi.
Les jugements coutumiers sont susceptibles d'annulation devant les tribunaux de grande
instance.
Pour répondre à des situations exceptionnelles, le législateur a organisé d'autres recours,
suivant des techniques empruntées au droit occidental :
 La tierce opposition
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 99

 la requête civile
 la prise à partie
La hiérarchie des recours a pour effet notamment d'assurer l'unité de la jurisprudence et
la sécurité juridique.
La justice doit être la même pour tous; c'est pourquoi, il importe que les tribunaux
fassent la même application des mêmes textes de loi.
Au plan du droit coutumier, l'exercice du recours a pour effet de favoriser l'unification
des coutumes.

D. La classification des recours

L'on peut d'abord distinguer les voies de recours ordinaires et les voies de recours
extraordinaires. Les voies de recours ordinaires sont :
- l'opposition,
- l'appel
- et la révision coutumière.
Elles sont appelées ainsi parce qu'elles se présentent plus fréquemment.
Les voies de recours extraordinaires sont :
- la cassation
- la tierce-opposition
- la requête civile
- l'annulation coutumière
- la révision devant la Cour Suprême de Justice.
Elles sont ainsi appelées parce que généralement leur exercice suppose qu'on a épuisé les
voies de recours ordinaires. Tel n'est cependant pas le cas pour la prise à partie ni pour l'annulation
coutumière.
L'on peut classer également les voies de recours en distinguant :

 Les voies de rétractation (opposition, tierce opposition et la requête civile) : dans ces
cas c'est le même tribunal qui a rendu le jugement qui peut corriger ou compléter sa décision.
 Les voies de réformation (appel ou révision) : dans ces cas c'est une juridiction
supérieure qui peut corriger le jugement entrepris.
 Les voies d'annulation (cassation, annulation du jugement) : dans ces cas une
juridiction peut mettre a néant le jugement vicié. On peut classer dans cette catégorie la prise à
partie du juge qui peut donner lieu à la mise à néant du jugement entaché de dol.

E. La renonciation et le désistement

Les parties peuvent renoncer à l'exercice du recours. Cette renonciation sera déduite de
l'acquiescement au jugement. La signification du jugement faite sans réserves doit être
interprétée comme un acquiescement implicite; il en est de même de l'exécution volontaire d'un
jugement sans contrainte.
Les parties peuvent aussi renoncer de manière tacite en laissant écouler des délais légaux
endéans lesquels les recours doivent être exercés emportant ainsi la forclusion des recours.
Les parties peuvent même convenir soit pendant l'instance soit même avant la naissance
de tout litige entre elles de renoncer au deuxième degré de juridiction.
Même quand les parties ont entamé l'exercice d'un recours elles peuvent en tout état de
cause s'en désister : le désistement ne vaut que pour autant qu'il ait été accepté par la partie adverse.
L'acquiescement, la renonciation ou le désistement ne sont valables que dans les matières
qui n'intéressent pas l'ordre public.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 100

SOUS-CHAPITRE 1 : LES VOIES DE RECOURS ORDINAIRES

Nous allons distinguer entre l'opposition, l'appel et la révision coutumière.

Section 1: L'opposition

§1. Les conditions d'exercice de l'opposition

L'opposition est une voie de recours ouverte aux parties qui, ayant fait défaut dans une
instance ont intérêt à obtenir rétractation d'un jugement qui leur fait le grief.
Le détendeur condamné par défaut et le demandeur défaillant débouté peuvent faire
opposition (art. 6 et. 17 du code de procédure civile).
Un jugement réputé contradictoire signifie que l'opposition est refusée au défaillant.
L'adage « Opposition sur opposition ne vaut » veut que lorsqu'un tribunal a rendu
jugement après avoir été saisi à nouveau par voie d'opposition, il est définitivement dessaisi; une
nouvelle opposition ne sera plus recevable; les deux parties ayant été entendues, il n'est pas Justifié
de rouvrir l'instance une troisième fois devant le même tribunal.
La partie défaillant qui a exercé d'emblée le recours en appel est sensée avoir renoncé à
la voie de l'opposition.

§2. L'acte d'opposition

L'opposition peut être formée par la partie défaillante elle-même ou par un fondé de
pouvoir spécial (art. 63 du Code Procédure Civile).
L'opposition est formée de trois manières:
a) Par la déclaration verbale reçue et actée par le greffier du tribunal qui a rendu le
jugement par défaut (art. 63 C.P.C).
b) Par une lettre recommandée à la poste adressée au greffier de cette juridiction.
c) Par déclaration sur les commandements, procès-verbaux de saisie et de tout acte
d'exécution, à condition que l'opposant la réitère dans les 10 jours, dans les formes ci-
dessus prévues car autrement, elle n'est plus recevable. (art. 63 alinéa 1).
L'opposition doit être motivée. Ce qu'il faut motiver, ce n'est pas la défaillance ou
l'opposition, qui sont de droit; ce sont les moyens opposés (compétence, recevabilité, exception et
fond) aux motifs retenus par le jugement attaqué; il faut des moyens de droit.

§3. L'assignation en opposition

C'est le greffier qui assigne suivant les données fournies par les déclarations de
l'opposant; mais les avocats peuvent rédiger le projet d'assignation.
L'assignation en opposition a la même forme que l'acte introductif d'instance, sauf sur
deux points de divergence :
a) Avant les motifs, l'on doit mentionner « Vu le jugement rendu par défaut à l'égard
de mon requérant à la date..., par le tribunal de ...... et lui faisant grief ».
b) Le dispositif est formulé comme suit : « y voir et entendre mettre à néant le
jugement entrepris, y voir et entendre de statuer à nouveau en faisant droit à l'opposition de mon
requérant.... ». Ce dispositif doit finir par indiquer la prétention soutenue par l'opposant.

§4. Les délais d'opposition

La partie qui n'a pas pris part aux débats doit pouvoir faire valoir ses prétentions et les
moyens de
les soutenir lorsqu'elle a été surprise par un jugement par défaut qui lui fait grief
La sécurité juridique exige que le temps durant lequel le jugement peut être entrepris soit
limité. Ce temps ne peut commencer à courir que du moment où la partie défaillante a connaissance
du jugement rendu; d'où la nécessité de signifier le jugement par défaut à personne; à moins que la
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 101

preuve soit faite que l'intéressé a connaissance du jugement. Les jugements par défaut sont
totalement signifiés par extraits. L'extrait d'un jugement est le jugement qui ne comprend que les
qualités et le dispositif, en omettant de reprendre les motifs.
Au plan historique, la signification du jugement par défaut par extrait, se justifiait à
l'époque où les expéditions et les grosses étaient recopiées à la main; l'encombrement des greffes
exposait au retard de signification. Aujourd'hui, les copies sont reproduites par des moyens
mécaniques ou photographiques; en outre le signifié a intérêt à connaître le texte intégral du
jugement; malheureusement, le législateur a maintenu le texte qui prévoit la signification par
extrait 156. Le délai, est de 15 jours à dater de lendemain du jour où le défaillant a eu connaissance
de la signification du jugement. Si l'assignation n'a pas été faite à personne mais à domicile par édit
ou missive, le défaillant garde son droit à opposition 15 jours après la date à laquelle il aura, en fait
eu connaissance de la signification. Cette date peut être établie par toute voie rie droit. De toute
manière, l'opposition n'est plus recevable après exécution consommée du jugement. L'on estime
qu'il y a exécution consommée dés qu'il y a eu exécution forcée.
Les délais, d'opposition sont prolongés des délais de distance. La distance à retenir est
celle qui sépare la domicile ou la résidence de l'opposant du greffe du tribunal. Les délais
d'opposition ne sont pas de rigueur; le juge peut relever l'opposant de la déchéance s'il justifie le
retard de son action; les délais d'opposition ne sont pas d'ordre public et les parties peuvent
renoncer à l'exception.
L'opposition est non avenue si l'opposant n'a pas consigné les frais.

§5. Les effets de l'opposition

A. L'opposition produit deux effets:


1. Un effet suspensif
2. Un effet dévolutif

L'effet suspensif consiste en ce que l'opposition suspend l'exécution du jugement, sauf; le


jugement a été dit exécutoire nonobstant appel.

L'effet dévolutif consiste en ce que l'opposition fait retour de la chose jugée devant le
juge qui en est l'auteur; en/d'autres termes, le tribunal qui était" dessaisi par le jugement se trouve à
nouveau saisi. Ce n'est pas une nouvelle action, l'effet est un peu celui de la réouverture des
débats, avec cette différence que le juge a déjà fait connaître son opinion. Nous ne partageons pas
l'opinion selon laquelle il n'est pas nécessaire que le tribunal soit pareillement composé ni que soit
saisie la même chambre157; en effet en tant que voie de rétractation, l'opposition fait revenir
l'affaire devant le même juge pour que ce dernier, mieux éclairé, puisse dire le droit; si l'affaire doit
être attribuée à un autre juge. Ce dernier ne va pas bénéficier d'un nouvel éclairage car ce sera la
première fois qu'il va connaître de l'affaire; l'on ne peut alors valablement parler de rétractation.

Le demandeur a toute liberté de reprendre et de modifier ses conclusions sans pouvoir


cependant étendre la saisine limitée par son assignation introductive. Le défendeur peut opposer
toute fin de non-recevoir, défense et exception, même former une demande reconventionnelle
pourvu que celle- ci ne retarde pas la solution du litige principal; il pourra postuler des mesures
d'instruction; le tribunal pourra les ordonner d'office.

Dès que .le jugement est frappé d'opposition, le recours en appel est irrévocable.
L'opposition formée après que l'appel a été interjeté n'anéantit pas cet appel mais le suspend ; il
reprend vigueur si l'opposition est déclarée irrecevable ou si le jugement est confirmé.

156 A. Rubbens, Tome II, Op. Cit., Référence n°283 au bas de la page 168
157 Jean VINCENT et Serge GUINCHARD, op. cit. n°1339
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 102

L'acte d'opposition n'anéantit pas le jugement rendu par défaut ; seul le jugement de
rétraction l'anéantit car l'acte d'opposition n'a pour seul effet que de remettre la totalité du litige à
l'appréciation du juge.

§ 6. L'objet du jugement sur opposition


.
Le juge doit examiner ou réexaminer la recevabilité de l'action principale.
La cause étant réexaminée en fait et en droit, le jugement sur opposition doit être motivé
en chacun de ses chefs et répondre à chaque prétention formulée.

§7. La forme du jugement sur opposition

1. Le jugement sur opposition est rédigé de ta même manière que le jugement du


premier degré, sauf qu'il doit justifier la régularité de cette procédure et mentionner le jugement
attaqué et l'acte d'opposition.
2. Le juge de l'opposition peut renvoyer aux motifs du premier jugement s'il ne modifie
pas le dispositif.

§8. Les effets du jugement rendu sur opposition

Le jugement rendu après opposition dessaisit définitivement de tribunal : l'opposant qui


fait a nouveau défaut et la partie adverse qui a comparu antérieurement mais ne comparait plus
durant la procédure en opposition ne peuvent plus ramener la cause devant le même tribunal. Le
recours en appel est ouvert à toutes les parties, après jugement rendu sur opposition.
158
Section 2. Le recours en appel

§1. L'objet du recours en appel

L'appel tend essentiellement à corriger un mal jugé du premier tribunal ; en effet, toute
partie à laquelle le jugement fait grief dispose de l'action en appel pour faire revoir tout le
jugement, si elle estime que le premier juge a mal jugé. La juridiction d'appel peut reformer
l'appréciation du premier juge quant aux faits, quant au droit applicable et quant à la décision-
sanction du droit, en faisant ce que le premier juge aurait dû faire.

Accessoirement, l'appel est une voie de nullité ; la juridiction d'appel peut en effet
déclarer nul le jugement entrepris et éventuellement statuer à nouveau.

L'appel du M.P, organe de la loi, vise à voir appliqué le droit correctement dans le
domaine qui intéresse l'ordre public.

La juridiction d'appel est toujours la juridiction du rang supérieur dans le ressort de


laquelle se trouve le tribunal qui a rendu le jugement entrepris.

§2. Appel principal et appel incident

La partie qui prend l'initiative de porter la cause devant la juridiction d'appel est dite
appelante principale.

L'intimé est la partie contre laquelle l'appel principal a été formé. Tout intimé auquel le
jugement intervenu fait grief peut former un appel incident en tout état de cause, quand même il
aurait signifié le jugement sans protestation ni réserve (art. 71 C. P. C.).

158 A. Rubbens: Op. Cit 111 n°171 à 202


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 103

§3. L'étendue de l'appel

Lorsqu'il est rédigé en termes généraux, l'appel est présumé porter sur l'ensemble du
dispositif du jugement entrepris.

Mais l'appel peut être limité non seulement à certaines parties qui étaient en cause au
premier degré -mais encore à certaines prétentions; ainsi les conclusions peuvent indiquer que
l'appel est limité à certains chefs.

L'appel du jugement définitif n'emporte pas-appel des jugements interlocutoires rendus


dans la même cause; il faut dans l'acte d'appel, récapituler tous les jugements interlocutoires dont la
réformation s'impose pour justifier la réformation du jugement définitif.

§4. L'appel -peut-il servir de voie de nullité ?

L'art. 19.0 du code de procédure civile prévoit qu'une assignation en nullité peut être
introduite devant la cour d'appel contre une sentence arbitrale.

L'annulation du jugement non susceptible d'appel relève exclusivement de la compétence


de la Cour de cassation, par la voie de la cassation.

Lorsqu'il s'agit de jugement susceptible d'appel, la demande en nullité s'accompagne


d'une demande de statuer à nouveau.

Peut-on en ce cas dire que le tribunal évoque ou s'il agit en vertu de l'effet dévolutif de
l'appel.
Nous y reviendrons plus loin en étudiant les deux notions.

§5. Jugements susceptibles d'appel

En principe, toutes les décisions contentieuses rendues en premier ressort et faisant grief
à une partie, sont susceptibles d'appel. Ainsi le droit congolais ne connaît pas le principe de la
limitation de l'appel « defectu sommae » c'est-à-dire le refus de l'appel lorsque le taux de la
demande n'atteint pas un certain montant; de même, il n'est pas imposé, lorsqu'un jugement a été
rendu par défaut, d'épuiser la voie de l'opposition avant de faire appel.

L'appel d'un jugement interlocutoire peut être interjeté dès le prononcé, tandis que l'appel
du jugement «préparatoire ne peut se faire que conjointement avec le jugement principal.

Signalons que compte tenu de la délicatesse que présente la distinction du jugement


interlocutoire du jugement préparatoire la prudence impose d'interjeter l'appel dans le délai de 30
jours de la signification, de tout Jugement avant dire droit, s'il existe le moindre soupçon de
y préjugé au fond et de faire acter des réserves d'appel avant de participer à l'exécution de tout
jugement avant dire droit car l'exécution sans réserve vaut acquiescement.

§6. Le jugement dont l'appel n'est pas recevable

L'appel contre certains jugements n'est pas possible, soit en raison de leur nature, soit en
raison du prescrit exprès de la loi :

Le jugement qui prononce le défaut-congé du demandeur est équivalent à une radiation,


décision non susceptible d'appel; mais la radiation permet la réintroduction de l'instance.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 104

Le défaut - congé de l'opposant vaut également radiation; l'opposant peut former appel
contre le jugement sur opposition mais pas contre le jugement qui décrète le rejet de l'opposition.
Le jugement d'expédient ne donne pas lieu à l'appel.

§7. Suspension du recours en appel

L'appel des jugements purement préparatoires ne peut être introduit que conjointement
avec l'appel du jugement au fond.

Les jugements rendus par défaut et frappés d'opposition ne peuvent être jugés en appel
avant que ne soit vidée l'instance d'opposition.

En cas d'opposition, la partie qui comparaît et qui a interjeté appel verra son appel tenu
en suspens durant l'instance d'opposition. Si le jugement rendu sur opposition rétracte le jugement
par défaut, il y a lieu de renouveler l'appel, le premier jugement n'ayant plus d'existence.

§8. Les parties bénéficiaires du droit d'appel

L'action en appel appartient aux parties auxquelles le jugement rendu fait grief, c'est-à-
dire aux parties qui ne se sont pas vu adjugé le dispositif de leurs conclusions se trouve sans grief
pour interjeter appel la partie qui soutient que le juge a invoqué d'autres motifs qu'en ceux qu'elle a
exposés dans ses conclusions.

Le garant justifie d'un intérêt suffisant pour-interjeter appel afin de s'affranchir de son
obligation de garantie, même s'il n'a pas été condamné devant le premier juge.
L'appel du garant contre le garanti et le créancier du garanti est recevable.

Un tiers n'a pas qualité pour interjeter appel du jugement ou il n'est pas partie, quand
le M.P. dispose de l'action en appel dans toute cause où il a estimé devoir donner son avis ou a été
invité à le faire par le juge. Le M.P. dispose du même droit lorsqu'il est abstenu à ton de donner un
avis en une cause qui devait lui être communiquée suivant la loi, cette prérogative, étant d'ordre
public, il ne peut y renoncer.

Le M.P. dispose du droit d'appel dans toute cause où il a été partie principale au premier
degré.
En application de l'art. 68 de la loi-organique de 2013 sur l’OCJ le M.P. peut interjeter
appel au nom d'une personne inapte à exercer son action.

Le conseil désigné en faveur d'une personne inapte au sens de l'article précité, sur
requête du M.P. ne peut exercer l'action en appel que sur injonction ou sur avis du M.P. pour la
simple raison que la personne inapte qu'il défend n'est pas en mesure d'apprécier l'opportunité d'un
recours et donc de donner valablement la procuration spéciale pour ce faire.

§9. Qui peut interjeter appel incident

L'appel incident est dirigé contre l'appelant principal, pour la forme, il faut être intimé
par un appel principal.

L'appel incident d'intimé à intimé n'est pas recevable, en principe, toutefois cela est
possible notamment dans le cas de rapports de garant à garanti.

Un intimé peut former appel contre un co-défendeur solidaire si le co-défendeur est à la


cause, il peut le faire en la forme d'un appel incident dans le cas contraire, il doit en outre l'assigner
à comparaître.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 105

§10. L'intervention au degré d'appel163

L'altération est minime voire bénéfique, lorsque l'intervention du tiers est volontaire, en
ce cas le tiers veut bien perdre le bénéfice du second degré de juridiction, l'on peut en effet
admettre qu'une partie en première instance peut renoncer à l'appel. Il faut et il suffit que le tiers ait
intérêt à intervenir.

L'altération est plus grave lorsque l'intervention du tiers est forcée, surtout lorsqu'il s'agit
d'une intervention aux fins de condamnation.

C'est contre leur gré que les tiers perdent alors le bénéfice du double degré de juridiction.
Mais cela peut arriver lorsque l'évolution du litige implique leur mise en cause; ceci requiert la
présence d'un élément nouveau né du jugement survenu ou révélé postérieurement au jugement.
Ce peut être un élément de fait : découverte d'une pièce, dépôt d'un rapport d'expertise devant la
juridiction d'appel, présentation, pour la première fois devant la juridiction d'appel, d'une
demande reconventionnelle; il peut également s'agir d'un élément de droit : promulgation d'une
loi nouvelle, nouvelle jurisprudence... Ces éléments sont susceptibles d'éclairer le litige d'un jour
nouveau.

§11. Qui peut être intimé dans l'instance d'appel

Seules les parties qui ont été les adversaires de l'appelant peuvent être appelées à
répondre à sa demande de réformation du jugement entrepris. Ainsi un défendeur au premier degré
d'instance ne peut diriger l'appel contre celui qui fut co-défendeur, sauf lorsqu'on première instance
un défendeur avait, par une demande incidente conclue contre un co-défendeur celui-ci devenant
dès lors son adversaire; exemple ; un tiers appelé en garantie à sa mise hors cause.
Mais un co-défendeur peut être assigné en « déclaration d'arrêt commun, tout comme
toute personne qualifiée pour exercer la tierce opposition peut être assignée au degré d'appel pour
entendre prononcer un arrêt qui sera opposable. Nous venons de voir supra la condition imposée
pour ce faire.

Le M.P. n'est jamais intimé sauf s'il a été partie principale au premier degré. Si M.P. agit
au nom des personnes inaptes, en application de l'article 68 de la loi-organique de 2013 sur l’OCJ.,
l'appel doit être dirigé contre la personne que le M.P a représentée.

§12. La saisie de la juridiction d'appel

A. Les formes de l'appel principal

L'appel est formé par la partie ou par un fondé de pouvoir spécial soit par une déclaration
reçue et actée par le greffier de la juridiction d'appel soit par lettre recommandée à la poste adresse
de la déclaration au greffier ou celle de la réception de la recommandée par le greffier.
L'acte d'appel doit contenir les éléments suivants :
 Le nom de l'appelant et le nom des personnes qu'ils entendent intimer
 Le ou les jugements contre les quels est dirigé le recours.
Une juridiction d'appel ne peut être saisie par la comparution volontaire des parties.

B. Les formes de l'appel incident

L'appel incident est généralement formé par voie de conclusion, il peut être formé en
reprenant simplement devant la juridiction d'appel les conclusions rejetées en tout ou en partie par
le premier Juge.

C. Les délais d'appel principal


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 106

Le délai pour interjeter l’appel est de 30 jours. Ces délais courts pour les jugements
contradictoires, du jour de la signification et pour les jugements par défauts, du jour où l'opposition
n'est plus recevable. Pour le M.P., le délai prend cours le jour du prononcé. Mais l'appel peut être
interjeté dès le prononcé du jugement.

D. Les délais de l'appel incident

1. L'appel incident peut être formé dès que le jugement est entrepris.
2. L'appel incident a-t-il une existence propre, c'est-à-dire peut-il subsister lorsque
l'appel principal disparaît par désistement ou pour cause de nullité ou d'irrecevabilité ?
Il faut ici envisager plusieurs hypothèses :
a) Un appel a été déposé au greffe dans les délais légaux mais postérieurement à un
appel principal. Cet appel incident est valable si l'appel de l'adversaire tombe dans le néant pour
nullité ou irrecevabilité ou pour désistement.
b) II en est de même au cas où l'appel incident est formé dans les délais par voie de
conclusion.
c) On admet également la validité de l'appel incident formé hors délai, avant que la
nullité ou l'irrecevabilité ne soit constatée car le droit de former appel incident ayant existé, il ne
peut y avoir de déchéance sans texte. .:.
d) Si l'appel principal est nul (inexistant), et que l'appel incident est interjeté hors délai,
la partie adverse n'a jamais pu se considérer comme intimé et n'a donc pu disposer à aucun moment
du droit de former appel incident.
3. L'intimé peut s'opposer au désistement d'appel en vue de former un appel incident,
l'on peut du reste soutenir que lorsque l'intimé forme appel incident, il s'oppose implicitement au
désistement et l'appel principal se trouve maintenu de plein droit.

E. L'assignation à comparaître devant la juridiction d'appel

1. Le greffier de la juridiction d'appel rédige l'assignation en appel qu'il signifie dans


les formes et délais de l'assignation à comparaître devant le tribunal du premier degré; il a le devoir
professionnel de faire diligence et de faire fixer la cause à la première audience utile.
2. L'acte d'appel doit contenir tous les éléments qui permettent au greffier de faire
valable assignation, il s'agit des éléments suivants :
- Nom, profession et domicile de l'appelant
- Nom et demeure du défendeur.
3. L'assignation fait référence au jugement entrepris en mentionnant le nom et le
domicile des parties, le tribunal et la date du prononcé, le numéro du rôle du jugement si plusieurs
jugements ont été rendus entre les mêmes parties devant le même tribunal et à la même date.
4. Il n'est pas nécessaire d'indiquer l'objet et les moyens, l'intimé étant déjà informé de
la cause par les assignations et conclusions de première instance.
5. Le greffier indique l'objet de la demande par la clause de style « afin d'y voir
entendre la juridiction d'appel, mettre à néant le jugement entreprise et statuant à nouveau , faire
droit aux conclusions de l'appelant »

§13. Les effets de l'appel

A. L'effet relatif de l'appel

1. L'acte d'appel a un effet relatif en ce sens qu'il n'intéresse que l'appelant et l'intimé.
2. L'appel n'a, en principe, aucun effet, à l'égard des parties qui ne sont ni appelantes ni
intimées.
3. Toutefois, les effets de l'appel s'étendent aux autres parties lorsque l'objet du litige
est absolument indivisible : Exemple : L'appel interjeté par un co-débiteur profite à tous les co
débiteurs solidaires en matière de garantie, l'appel du garant profite au garanti et l'appel du garanti
profite au garant mais ne peut lui nuire.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 107

B. L'effet suspensif d'exécution

1. En matière civile, le délai d'appel n'est pas suspensif d'exécution, mais l'acte d'appel
suspend, dès qu'il est acte, l'exécution du jugement.
2. Certains jugements sont cependant de pleins droits exécutoires nonobstant
opposition ou appel, les tribunaux peuvent également dire leurs jugements exécutoires nonobstant
tout recours s'il y a titre authentique, promesse reconnue ou condamnation précédente.

C. L'effet suspensif d'instance

1. L'instance pendante devant le premier juge-est suspendue par l'acte d'appel lorsqu'un
jugement interlocutoire est frappé d'appel; le premier juge n'est pas dessaisi; mais il doit suspendre
la procédure; il pourrait être dessaisi par l'évocation.
2. C'est la même situation qui se produit si le jugement portant une condamnation
provisionnelle est frappé d'appel.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 108

D. L'effet dévolutif164.

1. Il nous faut d'abord définir la notion de l'effet d'évolutif de l'appel : cela veut dire
que par l'appel, le litige peut être transporté du premier juge, aux juges du deuxième degré avec
toutes les questions de fait et de droit qu'il comporte; en d'autres termes, l'appel remet la chose
jugée en question devant la Juridiction d'appel pour qu'il soit à nouveau statué en faite et en droit;
c'est la traduction au niveau d'appel du principe de l'immutabilité du litige.
2. L'effet dévolutif de l'appel se trouve explicité par deux adages latins :
a) Le principe du double degré de juridiction impose qu'il ne peut être dévolu à la
juridiction d'appel plus qu'il n'a été jugé au premier degré : « tantum devolutum, quantum
jurdicatum ».
b) Le principe dispositif traduit au degré d'appel qu'il n'est dévolu qu'autant qu'il est
appelé : « tantum devolutum, quantum appellatum » : L'appel ne défère à la juridiction d'appel que
la connaissance des chefs de jugement qu'il critique expressément ou implicitement et de ceux qui
en dépendent.
3. En application de la règle de l'interdiction de la « réformatio in pejus », le juge
d'appel ne peut pas, sauf appel incident, condamner l'appelant plus gravement que ne l'a fait le
premier juge.

§14. L'évocation165

1. L'évocation est une faculté qui appartient au juge du deuxième degré, saisi de l'appel
de certains jugements de premier degré, de s'emparer de toute l'affaire et de statuer sur tout, c'est-à-
dire sur l'appel et sur le fond du procès, par une seule et même décision.
2. L'évocation a pour fondement la suspicion de l'impartialité du juge du premier degré
: Les juges du premier degré peuvent être froissés de voir leur jugement infirmé par la juridiction
supérieure s'ils restent saisis du fond après l'infirmation de leur jugement, ils peuvent, parce que
mécontents, avoir une tendance plus ou moins consciente à ne pas tenir des indications qui
résultent de cette infirmation.
3. Le droit congolais prévoit deux hypothèses d'évocation (art. 79 du C.P.C)
a. L'évocation après un appel d'un jugement interlocutoire ; les conditions suivantes
doivent être réunies.
Le juge d'appel doit être saisi pour un appel sur un jugement avant dire droit et ce
jugement doit être infirmé : Le premier juge étant parti sur une fausse piste, il ne convient pas de
lui envoyer la cause en continuation après désaveu.
Le juge du premier degré ne doit pas avoir vidé sa saisine la cause doit être en état d'être
jugé le juge d'appel doit être compétent en tant que juge d'appel.
b. La juridiction d'appel peut statuer sur le fond définitivement par un seul et même
jugement dans le cas où elle infirme des jugements définitifs soit pour vice de forme soit pour toute
autre cause (art. 79 alinéa 2 du C.P.C)
Si la juridiction d'appel estime ne pas devoir évoquer après infirmation du jugement, elle
ordonne le renvoi au premier tribunal autrement composé si celui - ci n'a pas épuisé sa saisine ou
bien elle se borne à annuler par retranchement le jugement entrepris.
4. L'évocation en cas d'infirmation du jugement définitif mérite d'être bien précisée :
S'il s'agit d'un jugement définitif sur le fond, la juridiction d'appel qui l'infirme est
normalement saisi non par l'effet de l'évocation mais bien par l'effet de dévolution.
Si le jugement infirmé est un jugement définitif sur incident (exemple un déclinatoire de saisine, de
recevabilité, de compétence et que ce jugement soit reformé en ce sens que la juridiction d'appel dit
que c'est à tort que le premier juge s'est déclaré non saisi ou incompétent, le tribunal d'appel peut
évoquer, c'est-à-dire se prononcer en premier et dernier ressort, si l'affaire est en état d'être jugée.

164 Loïc Cadiet: Op. Cit., n°1234 à 1243


165 Jean Vincent et Serge Guinchard: Op. Cit : n°1439 à 1447
A Rubbens, Op. Cit, n°193
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 109

5. L'évocation est facultative


6. L’évocation étant une procédure de dérogation à la compétence d'attribution,
intéresse l'ordre public et requiert que le M.P donne son avis.

§15. L'audience d'appel

A. La comparution des parties

1. Les parties peuvent comparaître par leur mandataire ; les avocats, porteurs des
pièces sont réputés avoir mandat de comparaître pour leurs clients.
2. La comparution sans réserve des parties couvre les irrégularités éventuelles de l'acte
d'appel et de l'assignation.
La comparution volontaire des parties ne saisit pas la juridiction d'appel car l'ait. 68 du
C.P.C, prescrit de manière impérative les formes suivant lesquelles l'appel est formé ; par ailleurs
l'art. 78 du (C.P.C) prévoit la comparution volontaire comme modalité de saisine du jugé au
premier degré.
3. La juridiction d'appel peut ordonner la comparution personnelle des parties au titre
de mesure probatoire,

B. Le défaut au degré d'appel

1. Les règles de la procédure par défaut du premier degré s'appliquent à la procédure


par défaut au degré d'appel.
2. Il y a cependant quelques problèmes qui doivent être résolus : en cas de défaut des
deux parties, il y a radiation du rôle, sans compter la forclusion du recours ; en effet en raison de la
non production de l'expédition, l'appel est irrecevable.

C. La production de l'expédition

1. Aucun appel n'est recevable si l'appelant ne produit pas l'expédition du jugement


entrepris.
2. Mais il peut arriver que le défaut de production de l'expédition soit du à
l'encombrement du greffe du premier degré qui ne parvient pas à répondre au demandeur ; en ce
cas la jurisprudence admet que si l'appelant fait valoir des motifs plausibles pour ne pas produire
les expéditions à l'audience d'introduction, la juridiction d'appel peut accorder une remise1'36. Mais
si l'appelant ne comparait pas et que l'intimé ne produit pas d'expédition ou ne demande pas lui-
même une remise, l'irrecevabilité de l'appel doit être décrétée.
Il en sera autrement si l'intimé demande seulement défaut congé, ce qui n'empêche pas
de réintroduire un nouvel appel sauf s'il y a péremption de délai.

D. L'instruction devant la juridiction d'appel

1. L'appel permet le réexamen en fait et en droit de toute la cause soumise au premier


juge ; toute erreur de procédure et toute erreur d'appréciation du premier juge peuvent être
corrigées ; il est donc permis à la juridiction d'appel de faire ou de refaire toute la procédure
probatoire en appliquant les règles de procédure du premier degré.
2. L'art. 78 alinéa 2 du CPC prévoit une dérogation en permettant à la cour d'appel de
commettre un conseiller pour procéder aux enquêtes, pour entendre un témoin sur place, pour
visiter les lieux et pour recevoir les serments. Une question se pose : Peut-on étendre la règle
prévue pour la cour d'appel à toute juridiction siégeant à plusieurs juge.
La réponse est affirmative; l'origine historique de cette disposition repose sur l'organisation
judiciaire en vigueur à l'époque de sa promulgation167 le tribunal de première instance siège au
degré d'appel a un seul juge tandis que le tribunal de district ne siège au degré d'appel que pour
connaître des recours contre les jugements rendus en premier ressort par les tribunaux de ville, de
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 110

territoire et ce toujours à juge unique. La nature de certains devoirs, par exemple l'audition d'un
témoin a son domicile ou la visite des lieux par le collège au complet, peut s'avérer incommode.
Il y a cependant lieu de noter l'intérêt qu'il y a de tenir les enquêtes devant le collège
complet du juge et en présence du M.P, et ce afin de minimiser la subjectivité dans l'appréciation
de ces . C'est pourquoi, les juridictions devront user avec prudence de la faculté de commettre un
membre du siège pour exécuter les devoirs d'instruction.

E. Le débat devant la juridiction d'appel

1. Les parties doivent conclure.


2. Les demandes nouvelles ne peuvent être admises que dans les limites étroites ;
cependant les moyens nouveaux peuvent être invoqués sans limite.
3. Toutes les exceptions peuvent être soulevées pour la première fois au degré d'appel, à
moins que les parties ne les aient couvertes par leurs conclusions : les exceptions d'ordre public
peuvent être soulevées même s'il y a eu renonciation implicite de les invoquer.
4. Les parties peuvent plaider devant la juridiction d'appel en exposant leur version des
faits et en invoquant les preuves à l'appui ; elles peuvent également exposer le droit qui justifie
leurs conclusions.
5. La communication au M.P se fait au degré d'appel dans les mêmes conditions qu'à
l'audience du premier degré.
La clôture et la réouverture éventuelle des débats sont régies au degré d'appel par les
mêmes règles qu'au premier degré.

F. Le jugement (arrêt) d'appel

1. La délibération au degré d'appel se fait suivant la même procédure qu'au premier degré
de juridiction.
2. Les décisions rendues au degré d'appel doivent motiver leur censure qui annule ou
réforme les jugements entrepris.
3. En statuant à nouveau, les décisions du degré d'appel doivent motiver leur nouvelle
décision ; elles peuvent confirmer le dispositif du premier juge et estimer complète et bien rédigée
sa motivation ; en ce cas elles peuvent se l'approprier et statuer par les motifs du premier juge.
4. En cas d'évocation, elles doivent justifier dans leurs motifs le pourquoi de l'extension
des leur pouvoir juridictionnel.

G. Les effets du jugement (de l'arrêt) d'appel

1. S'il y a confirmation du jugement entrepris, celui - ci se trouve coulé en force de chose


jugée ; il ne peut plus être attaqué que par des recours extra ordinaires.
2. LA condamnation de l'imputation des faits-de l'instance d'appel met ces frais à la
charge de l'appelant, en cas d'appel du M.P, les frais sont à charge du trésor.
3. En cas d'infirmation du jugement définitif qui avait épuisé la saisine du premier juge,
la décision d'appel se substitue au jugement infirmé.
4. La même solution s'impose en cas d'infirmation d'un jugement avant dire droit et
d'évocation.
5. En cas de confirmation du jugement avant dire droit, le tribunal du premier degré
demeure saisi, et doit sur assignation avenir de la partie la plus diligente, poursuivre son instance
devant la juridiction du premier degré.
6. En cas d'information d'un jugement avant dire droit et de renvoi de la cause devant le
premier juge, l'effet suspensif d'audience est levé et le juge qui était toujours saisi, doit sur
assignation avenir de la partie la plus diligente, poursuivre l'instance en tenant pour chose jugée la
décision d'appel.
7. La décision d'appel fait courir les délais de pourvoi en cassation à dater de la
signification.
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Section 3. La révision coutumière

§1. La nature de la voie de la révision coutumière

1. Les juridictions coutumières supérieures sont compétentes pour réviser les jugements
rendus par les tribunaux coutumiers inférieurs.
2. La juridiction supérieure est saisie par la demande d'une partie ; elle peut aussi se
saisir d'office.
3. En matière de révision coutumière, le tribunal supérieur évoque la cause amendée ou
remplace le jugement par sa décision.
4. La révision coutumière diffère de l'appel, en ce que le tribunal n'est pas limité dans la
saisine par le terme de la demande et qu'il peut évoquer en tout état de cause et quel que soit le sort
qu'il fait au jugement dont la révision a été demandée.

§2. La procédure de révision

1. La loi n'impose aucune forme, il Suffit que le tribunal supérieur exprime sa volonté de
réviser pour que le greffier de la juridiction inférieure soit dans l'obligation de lui remettre le
dossier.
2. Lorsque le tribunal de révision est saisi par une partie, la demande peut se faire
oralement ou par écrit- Le tribunal saisi agit dès réception de cette demande.
3. La révision ne peut plus être demandée ni décidée d'office lorsqu'il s'est écoulé un
délai de trois mois depuis la date du prononcé du jugement.
4. Le tribunal saisi peut décider la suspension de l'exécution du jugement soumis à
révision et ce par mesure provisoire ; cette suspension ne peut se prolonger plus de trois mois.-
5. L'instruction et les débats avant le tribunal de révision se font en appliquant la même
procédure que cette qui est suivie devant les juridictions siégeant au premier degré.
6. La loi impose le principe du contradictoire en permettant au tribunal de rendre son
jugement dès lors que les parties ont été convoquées en temps utile. Le tribunal fait comparaître
sui convocation la partie qui n'a pas comparu. L'on sait que la procédure par défaut ne trouve aucun
fondement dans la coutume ; par ailleurs, la loi n'organise nullement la procédure en opposition.

§3. Les effets de la révision

1. La demande de révision et la décision du tribunal supérieur de s'en saisir d'office ne


suspendent pas l'exécution du jugement entrepris, à moins que cela ne soit décidé par une mesure
provisoire.
2. Les jugements de révision ne peuvent pas faire l'objet d'un pourvoi en cassation parce
qu'ils ne sont jamais rendus en dernier ressort puisqu'ils peuvent faire l'objet d'un recours en
annulation.
3. Les jugements de révision ne sont jamais susceptibles d'opposition ni d'appel.
4. Les jugements de révision sont exécutoires dès le jour où ils ont été rendus.

SOUS-CHAPITRE II : LES RECOURS EXTRAORDINAIRES.168

Le droit congolais organise les voies de recours extraordinaires suivantes : La tierce


opposition, la requête civile, la cassation, l'annulation coutumière et moyennant certaines
considérations la prise à partie.

168 A. RUBBENS, op. cit., n°203 à 217


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 112
169
Section 1 : La tierce opposition

§1 L'historique de la tierce opposition en droit congolais

La tierce opposition a été introduite tardivement par la réforme du 07 mars 1960, qui a
donné naissance à l'actuel code de procédure civile congolais, cette reforme fut mise en vigueur le
15 mai I960. Il peut toutefois signaler que la jurisprudence congolaise n'a pas eu jusqu'ici à en faire
application.
Les articles 80 à 84 du CPC de procédure civile organisent cette procédure qui est
largement inspirée du droit belge.

§2. L'objet de la tierce opposition

Lorsque des intérêts non représentés à l'instance ont été entamés par un jugement, les
tiers au procès disposent de plusieurs moyens de protection :
- De manière passive, le jugement ne lui était pas opposable; il peut en repousser
l'exécution et l'autorité de la chose jugée ;
- De manière agissante, il peut intervenir tant que l'instance est pendante même au
degré d'appel ; enfin il peut, après le prononcé du jugement, prendre l'initiative d'assigner en tierce
opposition, il peut aussi si ce jugement lui est opposé dans une instance pendante, formé tierce
opposition incidente par voie de conclusion.

§3 Griefs donnant lieu à la tierce opposition

D'une manière générale on peut dire que dans toute cause où 'un tiers aurait pu intervenir
l'instance pendante, la tierce opposition est recevable l'instance terminée.
Il suffit que le tiers qui agit puisse invoquer la lésion d'un droit subjectif même éventuel.
L'on admet qu'il peut agir lors même que ses intérêts peuvent être protégés par la simple exception
de non opposabilité.
En droit congolais, l'exception de non opposabilité peut être insuffisante pour la
protection des droits de tiers en toute matière ou un jugement valant « erga omnes » a été obtenu,
sans mettre en cause un tiers directement intéresse : exemple : En matière immobilière, en matière
de faillite en matière de saisie mobilière.

§4 Le titulaire de l'action en tierce opposition

La condition essentielle est de n'avoir pas été partie au procès.


Les personnes qui ont été représentées au procès et celles qui ont été elles mêmes au
procès ne disposent pas de la tierce opposition sauf si leur représentant a agi par fraude.
Une partie qui a fait défaut n'est pas tierce au procès, elle dispose de l'opposition ; si elle
n'a pas exercé ce recours, elle ne dispose pas pour autant, de la tierce opposition.

§5 La partie adversaire dans l'instance en tierce opposition.

En principe l'action en tierce opposition est dirigée contre celui qui invoque le jugement
attaqué.
Malheureusement la procédure congolaise échet la mise en cause des autres parties qui,
ayant été à l'ancien procès ne sont pas nécessairement au nouveau procès, cette situation est due au
fait que ta procédure en cause n'est pas imposée.
La logique impose pourtant que les tiers qui attaquent la chose jugée entre les parties
d'un procès, mettent en cause toutes les parties car ils ont intérêt à appeler toutes les parties au
procès à la deuxième instance pour jugement commun.

169 A RUBBENS, op. cit., n° 208 à 217


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 113

§6 La juridiction compétente

Parce que voie de rétraction, la tierce opposition doit être portée devant la juridiction qui
a rendu te jugement attaqué car il s'agit de rectifier une erreur non imputable au juge, il est donc
logique de s'adresser au même juge.

§7. La procédure de l'action en tierce opposition.

La tierce opposition doit être introduite par voie d'assignation devant le tribunal qui a
rendu la décision contestée.
La tierce opposition incidente est introduite par voie de conclusion.
Si la juridiction devant laquelle l'incident est soulevé n'a pas compétence pour y faire
droit ces conclusions tendent seulement à obtenir sur séance de procédure, pour permettre au tiers
opposant de porter sa demande, comme question préjudicielle, devant sa juridiction compétente.
Ce tribunal ne peut saisir que par assignation ou par comparution volontaire. Si la juridiction
devant laquelle l'incident est soulevé est compétente. Elle pourra Se vider de piano en joignant
l'incident au fond se prononcer en même temps que sur l'action principale.

§8. Les effets de la procédure en tierce opposition

La tierce opposition ne suspend de plein droit ni l'exécution du jugement attaqué ni la


procédure en cours (cas de la tierce opposition incidente).
Sur requête d'une partie, le juge peut suspendre l'exécution du jugement attaqué (Art. 84
du P.C).
Le juge peut suspendre la procédure en cours et prendre toute mesure utile pour
l'instruction de l'affaire.
En cas de tierce opposition devant une autre juridiction, il y a question préjudicielle qui
suspend de droit la procédure.

§ 9. L'effet du jugement sur tierce opposition

En principe le jugement qui fait droit à la tierce opposition ne profite qu'à l'opposant ; il
peut y avoir des cas où l'indivisibilité de la décision apporte un avantage à d'autres.
Exemple : Un copropriétaire fait tierce opposition contre une servitude à laquelle un
autre copropriétaire s'était laissé condamner, celui-ci profite de la rectification.

Section 2 : La requête civile.

§1. Historique et nature de la requête civile

La requête civile a été introduite par le décret du 07 mars 1960 qui a institué le code de
procédure civile, il faut cependant relever qu'il y a peu de jurisprudence publiée à ce sujet et ceci
semble être dû au fait que les praticiens répugnent d'y recourir à cause de la complexité de la
procédure.
Avant la reforme du 07 mars 1960, l'on avait tenté introduire la requête civile en
invoquant les principes généraux du droit, mais cette jurisprudence est vigoureusement combattue
étant donné que le principe générai est l'immuabilité de la chose jugée.
La requête civile est classée parmi les voies de rétraction, elle comprend alors deux
phases :
a) Lorsque ta requête est accueillie, intervient un premier jugement qui met en néant le
jugement. C'est le rescindant, qui est cette décision d'annulation.
b) La deuxième phase, appelée le rescisoire, qui permet à la juridiction saisie de statuer à
nouveau Contrairement au droit français dans lequel ces deux phases sont nettement distinctes, le
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 114

droit congolais ne les distingue pas nettement, car le tribunal qui a raison demeure saisi et peut, sur
conclusions des parties, vider le rescisoire.
La requête civile peut aussi être une voie de réformation : Lorsque celle - ci est formée
par une action incidente devant une juridiction supérieure à celle qui a rendu le jugement entrepris,
c'est la juridiction supérieure qui connaît de la requête civile, à condition que toute les parties soient
à la cause.

§2. Les conditions d'ouverture de la requête civile

La requête civile est la voie spécifique qui est ouverte pour corriger l'erreur de fait.
Les cas d'ouverture à la requête civile sont rigoureusement limités par la loi (art, 85
C.P.C).
a) Le dol personnel : il s'agit du dol qui motiverait la nullité d'un contrat. Il faut prouver
que le juge a été induit en erreur par une manœuvre frauduleuse ; exemple : La subornation des
témoins.
b) Le jugement a été rendu sur base des pièces reconnues fausses depuis le jugement.
c) Depuis le jugement, il a été recouvré des pièces décisives qui avaient été retenues par
le fait d'une autre partie.
d) S'il y a contrariété du jugement en dernier ressort entre les mêmes parties et sur les
mêmes moyens dans les mêmes cours et tribunaux. Ce dernier cas donne lieu aux observations
suivantes :

Cette ouverture ne rentre pas dans ce cadre des erreurs de fait : En effet, si un jugement a
déjà été rendu entre les mêmes parties pour Sa même cause et le même objet, il y a chose
jugée : ou bien les parties soulèvent l'exception et le jugement qui passe outre est susceptible
de cassation : ou bien les parties ne l'invoquent pas et la chose jugée n'étant pas d'ordre public,
le nouveau jugement est valable et va se substituer au premier.

L'hypothèse de contrariété de jugement civile est difficile à imaginer en droit congolais ;


l'on peut cependant imaginer l'hypothèse suivante En matière mobilière, l'article 132 de la loi-
organique portant organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre
judiciaire du 11 avril 2013 rend compétent le juge du lieu dans lequel l'obligation est née ou dans
lequel elle doit être ou a été exécutée II peut arriver que, par maladresse ou hésitation, le
demandeur ait du lieu dans lequel l'obligation est née et celui dans lequel l'obligation doit être
exécuté.
Les actions judiciaires vont évoluer devant les deux juridictions au degré d’appel. L'on
peut se trouver en ce cas en présence des deux jugements rendus au degré d'appel, entre les mêmes
parties et portant sur le même objet jugements qui peuvent être contraires, Cette hypothèse
n'est concevable que lorsque la règle de la litispendance n'ont pas joué au premier degré.

§3 Les conditions de forme et de délai pour l'introduction de !a requête civile

La loi impose trois conditions :


Le jugement doit avoir été rendu en dernier ressort et être coulé en force de chose jugée,
La requête civile n'est ouverte que pendant un délai de trois mois à dater de la découverte
du fait qui donne ouverture à l'action.
La requête civile n'est recevable que si elle est appuyée par l'avis unanime de trois
avocats ayant au moins cinq (5) ans d'inscription au barreau ; l'avis doit indiquer les moyens sur
lesquels l'action peut être basée.

§4. La procédure

La requête civile est introduite par voie d'assignation ou par voie de conclusions; suivant
qu'elle est exercée par voie principale ou incidente. Si elle est introduite par voie principale,, la
consultation de trois avocats doit être signifiée avec l'assignation.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 115

Aucun moyen autre que ceux repris dans l'avis consultatif de trois avocats ne peut être
Invoqué.
La communication au M.P est nécessaire.
Le tribunal peut se prononcer par un jugement séparé sur le rescindant et ordonner aux
parties de conclure ensuite sur le fond.

§5. Les effets de la requête civile

La requête civile ne suspend pas l'exécution du jugement entrepris.


Le tribunal saisi est sans pouvoir pour prendre des mesures provisoires suspendant
l'exécution. Seul le jugement rescindant qui met à néant le jugement entrepris, peut avoir cet effet.

§6. Les recours

Le jugement de rescindant peut être attaqué en cassation pour violation des formes.
Les jugements rendus sur requête ne sont pas susceptibles d'appel ; mais ils peuvent être
attaqués par un pourvoi en cassation.
Requête civile sur requête civile ne vaut.
170
Section 3. L'annulation

§1. Historique et régime en vigueur

Au départ le contrôle de la régularité des jugements rendus par les juridictions


coutumières fut dévolu à ce qu'on appelait « tribunaux du parquet », c'est-à-dire réalité aux
substituts du procureur au Roi qui avaient le pouvoir d'annuler les Jugements coutumiers.
Dans un premier temps, les magistrats du parquet, en tournée d'inspection; relevaient les
décisions coutumières qui heurtaient l’ordre public colonial ou contenaient une grave irrégularité
de procédure et se saisissait d'office pour annuler ces décisions, par la suite, les plaideurs,
informés de cette procédure d'annulation, prirent l'habitude de s'adresser au tribunal du parquet
pour solliciter l'annulation des jugements, sans attendre l'inspection du parquet.
Selon le décret du 15 avril 1926, le jugement d'annulation avait pour conséquence
d'effacer tous les effets du jugement vicié mais s’abstenait de statuer sur la cause ou d'ordonner le
renvoi. Cette situation causait un trouble évident car la plupart des palabres pour lesquelles un
jugement avait été annulé demeuraient sans solution judiciaire.
C'est pourquoi le décret du 16 septembre 1959 mis en vigueur le 15 avril 1960 par
l'arrêté royal du 15 mars 1960, avait dévolu la compétence d'annulation aux tribunaux de district
actuellement tribunal de grande instance de statuer à nouveau sur le fond lorsque la cause est en
état, lui imposant le renvoi devant une autre juridiction ou devant la même juridiction autrement
composée lorsque la cause n'est pas en état.
Seul le ministère public a le pouvoir d'introduire la requête en annulation, mais dans la
plus part de cas ces sont les parties qui alertent le Ministère public. C'est la partie qui a intérêt à
l'annulation qui « saisit » le M.P. Aujourd'hui les tribunaux de grande instance ont toujours la
compétence pour connaître des recours en annulation contre les jugements des tribunaux
coutumiers et celle jusqu'à l'installation des tribunaux de paix.

§2. Les moyens d'annulation

1. Les causes d'annulation sont les suivantes :

a) Violation des formalités de procédure formellement prescrites à peine de nullité ou


des formalités considérées comme substantielles par la jurisprudence.

170 A. RUBBENS op. cit. N° 203 à 217


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 116

b) Irrégularité de la composition du tribunal ;


c) Incompétence ratione materiae ; il s'agit de toute compétence d'ordre public ; il y a
aussi l'incompétence « ratione personae ».
L’annulation pour incompétence du tribunal ne permet le renvoi qu’au tribunal
coutumier et non sa juridiction judiciaire : elle ne permet pas non plus au tribunal de grande
instance de se saisir d'office en sa qualité de tribunal civil.
d) Application d'une coutume contraire à la législation ; il s'agit des mesures législatives
par lesquelles le législateur a voulu altérer les contenus, il y a aussi l'application de la coutume
contraire à l'ordre public national qui doit revêtir le contenu suivant : la prise en compte des
principes de la déclaration universelle des droits de l'homme. L'intérêt majeur de la nation, les
principes constitutionnels et le développement de la conscience nationale sous l'influence
chrétienne. Il faut y ajouter !a fausse application de la coutume et le défaut d'énoncer la règle
coutumière.
La jurisprudence sur les formalités qu'elle estime « substantielles ; est mal fixée et même
parfois contradictoire.

§3 La procédure d'annulation

La requête en annulation doit être introduite dans le 4 mois à dater du prononcé du


jugement attaqué.
Toutefois lorsque la coutume appliquée est contraire à la législation ou à l'ordre public,
la requête peut être introduite hors délai et ce pour autant qu'il y a encore utilité à le faire.
La requête en annulation doit être notifiée aux parties en cause au jugement et au greffier
du tribunal qui a rendu le jugement.
Le terme « notifier » utilisé au lieu de « signifier » veut exprimer l'idée selon laquelle les
parties ne doivent pas nécessairement être averties par exploit d huissier. C'est dans les 15 Jours
que le greffier de la juridiction coutumière doit transmettre le dossier de l’affaire au greffe du
tribunal de grande instance
Dès sa saisine, le tribunal de grande instance peut suspendre pendant le délai qu'il
détermine; mais qui ne peut être supérieur à trois mois, l'exécution du Jugement entrepris.
Le tribunal d'annulation doit se prononcer dans un délai de trois mois à dater de la
réception de la requête.
Le tribunal d'annulation a le pouvoir de statuer sur le fond lorsque l'annulation a été
prouvée et que la cause se trouve en état d'être jugée en un seul et même jugement.
Si la cause n'est pas en état, il n'appartient pas au tribunal d'annulation de refaire ou de
compléter l’instruction de la cause, la solution qui s impose est le renvoi au tribunal autrement
composé ou à un tribunal voisin ou la même coutume est en vigueur.
Les jugements d'annulation, qu'ils aient statué au fond ou non; peuvent être attaqués par
un pourvoi en cassation

Section 3 : La cassation

§1. Historique

La cassation fut introduite dans le droit révolutionnaire français comme un contrôle du


pouvoir législatif sur l'application de la loi par les tribunaux (Décret du 27 novembre 1790, article
1).
La cour de cassation devait empêcher que Ses tribunaux révolutionnaires versent dans le
défaut des anciens parlements qui, non seulement créaient du droit mais en contrôlaient le pouvoir
législatif du Roi.

Le souci du contrôle de la séparation du pouvoir a évolué vers un contrôle de la


procédure et du choix du droit applicable ainsi que de son interprétation uniforme par tous les
tribunaux. En somme, la cour de cassation dépassait sa fonction d'auxiliaire du pouvoir législatif
pour assumer une fonction judiciaire autonome.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 117

Bientôt l'on observa que la fonction juridictionnelle de la cour de cassation ne se limitait


pas à l’application des lois parce que la loi devait être interprétée et bien souvent appliquée par
analogie à des situations que le législateur n'avait pas prévues. Ainsi la cour de cassation
s'arroge le droit d’apprécier si l'interprétation des juges était correcte si l'analogie invoquée était
légitime.

En 1970, devait être cassé « tout jugement qui contenait une contravention expresse au
texte de loi ».
La loi au 20 avril 1810 avait repris la même expression.
La loi française du 25 juillet 1947, avait prévu la cassation d'une décision contraire à la
loi.
Durant la période de l'Etat indépendant du Congo, fut crée le conseil supérieur, siégeant
à Bruxelles et composé de conseillers de la cour de cassation de Belgique ; il avait pour
compétence d'exercer le contrôle de la légalité du jugement de la régularité de la procédure en
matière civile et commerciale. Cette institution fut maintenue après l'annexion de 1909.
La loi belge du 15 avril 1947 donna compétence à la cour de cassation beige pour
connaître du pourvoi en cassation contre les jugements et arrêts rendus en dernier ressort en matière
civile et commerciale, les cours et tribunaux du Congo belge et du Rwanda Burundi.

La loi fondamentale belge du 19 mai 1960 maintint la compétence de la cour de


cassation belge jusqu’au jour où se nouvel Etal aura crée sa propre loi. Cet article de la loi
fondamentale fut abrogé par la loi congolaise du 18 juillet 1963.

La constitution du premier août 1904 avait prévu la création d'une cour suprême de
justice qui devait avoir une compétence de cassation, cette cour ne fut cependant jamais installée.
L'article 60 de la constitution du 24 juin 1967 donna compétence à la section judiciaire
de la cour suprême de justice de connaître des pourvois en cassation formés pour violation de la loi
et de la coutume, contre les décisions rendues en dernier ressort par la section judiciaire de la cours
d'appel et par les tribunaux. La cour suprême de justice fut installée le 24 novembre 1968.

L'ordonnance loi du 10 juillet 1968 portant code judiciaire, précise en son article 164 que
violation de la loi et de la coutume comprend notamment. L'incompétence, l'excès du pouvoir
de cours et tribunaux, la fausse interprétation, la fausse application du droit, la non conformité aux
lois ou à l'ordre public de la coutume dont il a été fait application, violation de
formes substantielles ou prescrite à peine de nullité. Actuellement c’est la loi organique du 19
février 2013 qui organise la procédure devant la Cour de cassation.

La différence des voies de rétractation (opposition), ou de réformation (appel) la


cassation constitue une voie d'annulation des jugements trouvés en contradiction avec le droit. La
juridiction de cassation ne tranche pas le litige ; elle se borne à contrôler si les jugements
(ou arrêts) ne violent pas la loi ou coutume et les casse. C'est - à - dire les mets à néant, si tel est le
cas : si elle constate qu'après cassation, il reste un litige à vider, elle renvoi la cause à un
tribunal du fond devant lequel les parties pourront reprendre leur débat au point où il se trouvait
avant le prononcé du jugement cassé.

La juridiction de cassation ne connaît pas des faits en ce sens qu'elle ne contrôle pas le
jugement des faits de la cause c'est-à-dire la version des faits que le tribunal du fond a retenu pour
vraie. Mais on ne peut pas dire d'une façon absolue que la juridiction de cassation est indifférente
aux faits, en effet, elle est compétente pour contrôler la qualification juridique que
juge du fond attribué aux faits et au rapport entre les faits retenus souverainement par le juge
du fond, car ''erreur de qualification du fait est une erreur de droit et non de fait.

§2. Décisions susceptibles, d'être entreprises par un pourvoi en cassation


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 118

Les jugements et arrêts définitifs rendus en dernier ressort par les cours et tribunaux
15
peuvent faire l'objet d’un pourvoi en cassation .
Le pourvoi en cassation contre les jugements avant dire droit n'est ouvert qu'après le
16
jugement définitif .
Les décisions des juridictions gracieuses; rendues en dernier ressort, parce que disant le
droit sont, selon notre entendement, susceptibles d'être attaquées en cassation, même s'il s’agit des
ordonnances, quelles soient gracieuses ou contentieuses. Notre point de vue sur ce sujet trouve
appui dans l'arrêt de principe de la Cour suprême de Justice du 09 septembre l980 (RP 278). Arrêt
dans lequel la Cour suprême de justice a levé l'option selon laquelle les ordonnances de la Chambre
du conseil rendues en dernier ressort en matière de détention préventive, doivent considérées
comme visées dans l'expression légale d'arrêt et jugement rendu en dernier ressort par les cours et
tribunaux et donc susceptible d'être attaquées en cassation.

Est fausse l’opinion selon laquelle les décisions qui ne jugent rien ne sont pas des
jugements même si elles en revêtent la forme ou l'apparence. En application de l'adage « voie de
nullité n’ont lieu contre les jugements », ces jugements ne peuvent pas être attaqués en nullité,
aussi des décisions sont rendues en dernier ressort, la seule possibilité légale de les attaquer est le
pourvoi en cassation. C'est le cas des jugements d'expédients et des jugements d'exequatur
jugements étrangers.

Lorsque l'arrêt ou le Jugement a été rendu par défaut le pourvoi n'est ouvert et le délai de
trois mois pour introduire le pourvoi en cassation ne commence à courir à l'égard de la partie
défaillante que du jour où l’opposition n’est plus recevable17.

§3. Les personnes qui peuvent intervenir dans l’action en cassation

Bien que le pourvoi en cassation ait été institué dans l’intérêt collectif du respect de la loi
et de la coutume, le législateur a estimé que les parties seraient les plus vigilantes à dénoncer les
violations du droit lorsque celles-ci leur font grief. Le demandeur en cassation doit avoir la qualité
et la capacité et justifier d’un intérêt.

Le pourvoi en cassation doit être dirigé contre une partie qui a été adversaire dans
l'instance qui a donné lieu au jugement entrepris18.
La loi congolaise ne prévoit ni l'intervention volontaire ni l'intervention forcée en
cassation. Le ministère public peut introduire un pourvoi en cassation en trois qualités distinctes :
a) Si le ministère public a été partie principale au procès civile, le pourvoi en cassation
lui est ouvert suivant droit commun.
b) Le procureur général de la République a qualité pour se pourvoir; sans limite de délai
dans le seul intérêt de la loi ; en ce cas, le pourvoi n’est pas dirigé contre les parties qui étaient au
procès dans la décision entreprise; le but du pourvoi est de fixer la jurisprudence de la cour, en une
matière disputée,
c) Sur injonction du Ministre de la justice, le Procureur général près la Cour de cassation
peut former, même hors délai, un pourvoi en cassation auquel les parties sont invitées à conclure,
l'arrêt à intervenir leur étant opposable19. Nous ne partageons pas l'opinion du Doyen Antoine
RUBBENS, selon laquelle le Ministère public peut introduire un pourvoi en cassation lorsqu’il a
donné un avis, parce que l'on sait que lorsque le M.P donne un avis il fait partie du tribunal.

15 Art. 116 de la loi-organique du 11 avril 2013 sur l’organisation, le fonctionnement et les compétences des
juridictions de l’ordre judiciaire
16 Article 35 alinéa 2 de la loi-organique13/010 du 19 Février 2013 relative à la procédure devant la Cour de cassation
17 Art. 38 alinéa 2 de la loi-organique du 1 février 2013 relative à la procédure devant la Cour de cassation
18 Art. 35 alinéa 1 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
19 Article 36 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 119

§4. Les ouvertures à cassation

L'article 96 de la loi-organique du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et


compétences des juridictions de l’ordre judiciaire fixe les cas de la violation de la loi ou de la
coutume qui donnent ouverture à cassation, il s'agit de :
a) l'incompétence
b) l'excès de pouvoir des cours et tribunaux,
c) la fausse application ou la fausse interprétation
d) la non conformité aux lois ou à l'ordre public de la coutume dont il a été fait
application
e) la violation des formes substantielles ou prescrite à peine de nullité.

§5. La connaissance des faits

Le principe selon lequel la juridiction de cassation ne connaît pas des faits doit être
nuancé.
Il est vrai que la juridiction de cassation laisse à l'appréciation souveraine du juge du
fond les faits matériels et leurs circonstances ainsi que les attitudes subjectives (bonne ou mauvaise
foi), lorsqu'elle sorte quelque effet juridique.

Le juge du fond apprécie également souverainement l'opportunité de recourir à tel ou tel


moyen de preuve.

En revanche, la juridiction de cassation est compétente pour contrôler la qualification


juridique que le juge du fond attribue aux faits et aux rapports entre les faits retenus
souverainement par le juge du fond car l'erreur de qualification du fait est une erreur de droit et non
de fait. La juridiction de cassation connaît encore de la méconnaissance des faits (constatés ou
simplement allégués] par le tribunal dont le jugement est entrepris ; elle connaît de la
méconnaissance de la loi due aux actes des parties. La juridiction de cassation connaît aussi des
faits de la procédure et notamment les actes qui ont déterminé la saisine du juge et l'acte du
jugement entrepris ; elle vérifie en fait les actes par lesquels le pourvoi a été introduit et mis en état.

Enfin, la juridiction de cassation connaît de tout fait postérieur aux jugements entrepris
s'il peut avoir une influence sur la procédure en cassation, par exemple : le décès d'une partie,
l'acquiescement, le changement de qualité, de domicile etc.

§6. Forme et délais de pourvoi en cassation

Le pourvoi d'une partie est introduit par voie de requête, le pourvoi formé par le Procureur
général est également formé par voie de requête20.

Les pourvois des parties doivent être datés et signés par un avocat du barreau près la
Cour de cassation qui doit être porteur d'une procuration spéciale : le pourvoi du procureur
général de la République ne doit évidemment pas être signé par un avocat.

La requête doit être accompagnée, sous peine d'irrecevabilité, de deux copies signées par
l'avocat, ainsi que d'autant d'exemplaire qu'il y a des parties désignées à la décision entreprise.

La requête doit mentionner :

20 Art. 35 alinéa 1 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 120

a) Le nom et post - nom, qualité et demeure ou siège de la partie requérante. Si la partie


demanderesse n'a pas son domicile ou son siège à Kinshasa, elle doit faire élection de domicile en
ce lieu dans la requête introductive d’instance et ce à peine d'irrecevabilité,
b) L'objet de la demande ; ce qui veut dire que doit être indiqué le Jugement ou l'arrêt
dont la cassation est demandée, la manière la plus sûre est d'indiquer la date, la juridiction, le
numéro du rôle, les parties à la cause.
c) Les noms et post -noms, qualité et demeure ou siège de la partie adverse.
d) L'inventaire des pièces formant le dossier21.

Outre les mentions ci-dessus indiquées, la requête contient l'exposé des moyens de la
partie demanderesse, ses conclusion et l'indication des dispositions légales ou les principes de droit
coutumier dont la violation est invoquée, le tout à peine de nullité.

Le dossier de cassation qui doit être joint à la requête comprend les éléments suivants :
L'expédition de la décision entreprise et de tous les arrêts ou jugement avant dire droit
ainsi que ta copie conforme de l'assignation du premier degré, l'expédition du jugement du premier
degré, la copie conforme des conclusions des parties prise au premier degré et en appel, la copie
conforme des feuilles d'audience du premier degré et d'appel.

Le réquisitoire du Procureur général près la Cour de cassation formant un pourvoi en


cassation doit porter les mêmes mentions que la requête introductive par un particulier mais la
requête ne doit pas justifier les qualités du Procureur général près la Cour de cassation, celle-ci
étant suffisamment connue par l'acte de nomination et la cérémonie d'installation: rappelons que la
signature d'un avocat n’est pas requise.

Le délai d'introduction de la requête est de trois mois francs à dater de la signification de


la décision attaquée si celle - ci a été rendue contradictoirement22. Les parties qui ont comparu
peuvent introduire le pourvoi dès le prononcé. La partie à laquelle signification est faite dispose, à
dater de la signification trois mois pour se pourvoir, il ne lui est pas accordé de délai de distance.

On comprend mal une faveur accordée aux parties demeurant à l'étranger qui pourtant,
doivent faire élection de domicile à Kinshasa. Mais le délai de trois mois est augmenté de trois
mois en faveur des personnes demeurant à l'étranger23.
Si l'arrêt ou le jugement a été rendu par défaut la partie défaillante ne peut former le
pourvoi que du jour ou l'opposition n'est plus recevable et le délai court durant trois mois à compter
de cette date ; l'opposition du défaillant suspend la procédure en cassation.

Ceci veut dire qu'à dater de la déclaration d'opposition jusqu'au jugement disant
l'opposition irrecevable, la partie qui a comparu est paralysée dans l'exercice du pourvoi. Si
l'opposition est déclarée recevable, le pourvoi sera rejeté faute d'objet24.

La requête civile suspend à l'égard de toutes les parties le délai pour se pourvoir
cassation lequel ne prend cours qu'à partir de la signification de l'arrêt ou du jugement qui a statué
définitivement sur la dite requête25.

21 Art. 2 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.


22 Art. 38 alinéa 1 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
23 Art. 38 alinéa 1 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
24 Art. 38 alinéa 2 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation
25 Art. 41 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
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Lorsque le Procureur Général près la Cour de cassation introduit un pourvoi en cassation,


soit sur injonction du Ministre de la justice soit dans le seul intérêt de la loi, il n'est limité par aucun
délai26.

§7. Les effets du pourvoi en cassation

Les délais pour se pourvoir et le pourvoi en cassation ne sont pas suspensifs de


l'exécution de la décision entreprise, sauf lorsque celle - ci modifie l'état des personnes27.

Par le dépôt de la requête, le demandeur a arrêté définitivement les moyens qu'il peut
invoquer en la cause.

§8. L'audience de la Cour de cassation

Les audiences de la Cour de cassation sont publiques à moins que cette publicité ne soit
dangereuse pour l'ordre public ou les mœurs ; dans ce cas, la cour ordonne le huis-clos par un arrêt
motivé28.

L'audience se déroule de la manière suivante ; à l'appel de la cause, le rapporteur résume


les faits et les moyens et expose l'état de la procédure les parties ou leurs avocats peuvent
présenter des observations orales, il ne peut être produit à l'audience d'autres moyens que ceux
développés dans la requête ou le mémoire. Chaque partie n'a la parole qu'une fois, sauf s'il y a
lieu de conclure sur un incident. Le ministère public donne son avis.

Le président de l'audience prononce la clôture des débats et la cause est prise en délibéré.
Le greffier du siège dresse le procès verbal de l'audience29.

La Cour se prononce sur les moyens présentés par les parties et par le M.P. Aucun
moyen autre que ceux repris à la requête et au mémoire déposé dans les délais prescrits ne peut être
reçu, toutefois la cour peut soulever tous moyens d'ordre public en ce cas si elle l'estime nécessaire,
elle peut ordonner aux parties de conclure sur ces moyens30.
La Cour peut, avant la clôture des débats, ordonner aux parties de conclure sur un
incident ou sur les moyens d'ordre public soulevés d’office, elle peut même après la clôture des
débats, décider leur réouverture pour ordonner aux parties de conclure sur un incident ou sur les
moyens d'ordre public soulevé d'office31.

§9. Les incidents devant la juridiction de cassation

En audience de cassation, les incidents sont rares, mais ils sont cependant possibles, L'on
peut concevoir les incidents suivants32 :

A. La connexité

Plusieurs affaires peuvent être pendantes devant des Chambres différentes, ces affaires
peuvent être connexes : en ce cas il s'impose d'y statuer par un seul même arrêt. Le premier

26 Art. 36 alinéa 1 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.


27 Art. 40 alinéa 2 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation
28 Art. 14 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
29 Art. 15 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
30 Art. 16 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
31 Art. 17 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
32 Les articles 18 à 22 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 122

président désigné par ordonnance soit d'office soit à la demande des parties soit à la demande du
Procureur général près la Cour de cassation, la Chambre qui en connaîtra. Le greffier notifie cette
demande aux parties et P.G.

B. La reprise d'instance

En cas de décès d'une partie en cours d'instance, toutes communications et notifications


de la cause sont faites valablement aux ayant-droits au domicile élu ou au dernier domicile du
défunt ; en outre, la Cour peut demander au Procureur général de recueillir des renseignements sur
l'identité ou la qualité des parties à l'égard desquelles la reprise d'instance peut avoir lieu :
- La reprise d'instance volontaire se fait dans le délai préfixé de 6 mois à la suite d'un
décès ou de la perte de la qualité ou de capacité d'une partie par dépôt au greffe d'un mémoire
justifiant les qualités de la personne qui reprend l'instance. Le défaut de reprise d'instance du
demandeur vaut désistement.
- Les ayant droits qui ont volontairement repris l'instance peuvent forcer les autres
ayant droits à intervenir. Cette reprise d'instance forcée est faite en la forme d'une requête
introductive et indiquant l'état de la procédure en cours.

C. Les mesures probatoires : les articles 23 à 25 de la loi-organique relative à la


procédure devant la Cour de cassation.

La Cour peut commettre un conseiller pour procéder à l'exécution de toute mesure


probatoire qu'elle a ordonnée. Le conseiller commissaire siège en ce cas avec l'assistance d'un
greffier lorsque les opérations probatoires doivent avoir lieu hors de la ville de Kinshasa, il peut
assumer tout greffier ou greffier - adjoint du ressort dans lequel il est appelé à siéger.

D. Contestation des pièces

Les pièces produites par une partie peuvent être contestées par la partie adverse en
faisant une déclaration au greffe de la cour ; dès le dépôt de la déclaration, le greffier fait
sommation à la partie qui a produit la pièce incriminée de déclarer si elle persiste à en faire état. Si
la partie qui a produit la pièce contestée renonce à en faire état par une déclaration au greffe ou si
elle n'a pas fait de la déclaration dans la huitaine, la pièce est écartée. Si elle déclare persister à
faire état de la pièce contestée, le greffier le notifie à la partie qui a soulevé l'incident. Cette partie
ou le ministère public peuvent dans les 8 jours saisir la Juridiction compétente dans ce cas la cour
sursoit à statuer jusqu'après te jugement sur le faux à moins qu'elle ait estimé que la pièce contestée
est sans influence sur sa décision. Si ni le ministère public ni la partie qui soulève l'incident n'ont
introduit d'action dans le délai précité, la pièce est maintenue au dossier et soumise à l'appréciation
de la Cour.

§10. Le délibéré de la Cour de cassation

Le M.P assiste à la délibération sauf s'il est partie poursuivante ou s'il est lui même en
cassation, il n'a pas voix délibérative (Art.).

Les règles ordinaires du délibéré applicable aux juridictions de fond, s'appliquent au


délibéré de la Cour de cassation33.

§11. Les effets de l'arrêt de la juridiction de cassation


34
Les arrêts de la Cour de cassation ne sont susceptibles d'aucun recours

33 V. art. 42 aliéa 2 de la loi-organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ


34 Article 28 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 123

La loi ne prévoit la tierce - opposition aux arrêts de la cour que dans le cas où ils
prononcent l'annulation d'un acte, d'une décision ou d'un règlement d'une autorité publique. Il faut
en conclure à contrario que la tierce-opposition n'est pas recevable contre les arrêts de cassation. •
Le rejet de la cassation épuise l'action en pourvoi et ne permet plus de l'introduire dans la
même cause fût-ce par d'autres moyens () II y a cependant une exception :

Lorsque le pourvoi a été introduit pour motif d'incompétence: l'on vise ici l'hypothèse où
un tribunal s'est déclaré incompétent par un jugement définitif sur incident et n'a donc pu aborder le
fond ou encore le cas où il s'est déclaré à tort, compétent et a rendu un jugement nul sur le fond.
Lorsqu'un arrêt rejette le pourvoi; la décision entreprise se trouve coulée en force de
chose jugée, cependant la requête civile et la tierce opposition peuvent encore être dirigées contre
la décision ainsi confirmée.

Lorsqu'un arrêt casse une décision et qu'il reste de ce fait un litige à trancher, la cour
renvoie la cause pour connaître du fond de l'affaire à la même juridiction autrement composée ou à
une autre juridiction de même rang qu'elle désigne ; cette juridiction ne peut pas décliner la
compétence et doit se conformer à la solution juridique retenue par la Cour de cassation.

Le jugement rendu sur renvoie n'est pas susceptible d'un nouveau pourvoi sauf si la
cassation a été prononcée sur le moyen d'incompétence. Si la cassation s'est fondée sur motif
d'incompétence matérielle de la juridiction qui a rendu le jugement ou l'arrêt, la cour suprême va
renvoyer d'autorité à la juridiction compétente qui ne peut pas décliner la compétence qui lui a
été attribuée par la Cour de cassation175.

La prise à partie au regard de la loi organique n° 13/010 du 19 février 2013 relative


à la procédure devant la Cour de cassation

Dans l’exercice de ses fonctions, le magistrat est tenu au respect strict non seulement des
règles déontologiques, mais aussi des lois et règlements du pays. En quelque qualité que l’on puisse
l’appréhender, il peut causer un préjudice aux particuliers et engager ainsi sa responsabilité tant
disciplinaire, civile que pénale.

- Sa responsabilité pénale peut être engagée en cas de commission d’une infraction


prévue et sanctionnée par la loi pénale congolaise. le magistrat étant un citoyen comme tous les
autres, il peut être individuellement poursuivi dans le cadre de la procédure pénale pour toute
méconnaissance de la loi que celle-ci sanctionne d’une peine, sauf à respecter les règles en matière
de privilège ou d’inviolabilité éventuelle.

- Sa responsabilité disciplinaire vise à mettre en cause la responsabilité du magistrat


en tant que les faits qui lui sont reprochés constituent une méconnaissance des règles de la
déontologie professionnelle.

- La responsabilité civile, quant à elle, vise la mise en cause du magistrat en vue de


l’allocation de dommages-intérêts pour le préjudice subi du fait de son acte. Cette responsabilité
peut s’engager tant pour les faits de la vie quotidienne que pour les faits professionnels. dans ce
dernier cas, la procédure est particulière et s’articule sur base d’éléments définis par la loi en tant
que faits générateurs de la prise à partie35.

La prise à partie peut s‘entendre de la procédure mise en mouvement à la suite d’une


faute professionnelle commise par le magistrat et qui vise à le sanctionner pour n’avoir pas rempli

35 A. RUBBENS, Droit judiciaire congolais, tome 2, Kinshasa, PUC, 2010, p. 248.


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 124

ses devoirs en toute impartialité suite à la concussion, au déni de justice ou au dol, favorisant l’une
des parties au procès36.

Principalement marquée par sa complexité, la prise à partie est l’une des procédures
spéciales dévolues à la cour de cassation aux termes de la loi organique du 19 février 2013. Il s’agit
ainsi d’une action qui tend essentiellement à sanctionner la responsabilité civile du magistrat et à
réparer le préjudice causé à un plaideur par une faute professionnelle 37. Cette procédure est
déclenchée par une partie au procès à l’encontre d’un magistrat qui, soit à l’occasion de
l’instruction de la cause soit lors de la décision rendue, s’est rendu coupable de dol, de concussion
ou de déni de justice. De cette affirmation, il se dégage qu’il existe trois causes d’ouverture de la
prise à partie : le dol, la concussion et le déni de justice.

1. Le dol

La loi définit le dol comme une violation volontaire du droit par le magistrat, caractérisée
par la mauvaise foi, des artifices et des manœuvres donnant à la décision une valeur juridique
apparente, pour aboutir à une conclusion erronée dans le but d’accorder un avantage indû à une
partie. L’erreur grossière du droit est équipollente au dol 38. Il s’agit d’une faute d’ordre
intellectuel, qui se matérialise par un effort de contourner la loi à dessein afin de procurer à une
partie un avantage immérité de par la loi. Cette faute intellectuelle peut être présomptive lorsqu’elle
se caractérise comme une erreur de compréhension ou d’interprétation de la loi, donnant lieu à une
conclusion manifestement contraire au devoir du magistrat tel qu’il ressort de la loi.

Il a été jugé que le dol est caractérisé par les artifices et les manœuvres auxquelles les
magistrats pris à partie ont recouru pour donner à leur décision les apparences d’un arrêt
juridiquement valable alors que les griefs relevés dénotent manifestement qu’en réalité ils étaient
résolues à favoriser une partie par l’adoption facile de sa thèse pourtant battue en brèche tel qu’il
résulte du jugement du premier degré39.

Il appartient au requérant d’apporter la preuve du dol. Pour que sa requête soit dite
fondée, le requérant doit prouvé que le cheminement du raisonnement qu’a adopté le magistrat dans
le traitement de sa cause procède d’une volonté de contourner le droit. La tendance à contourner le
droit peut consister en la dénaturation des faits ou en l’adoption d’une base légale inadaptée au
contexte des faits en vue de rendre fondée ou non fondée une prétention.

Il a été jugé qu’est injustifiée et, partant, non fondée, la requête en prise à partie fondée
sur le dol alors que le requérant ne parvient pas à établir un fait fautif justifiant le comportement
dolosif imputé au magistrat40 ou un acte de malice ou l’intention de nuire41 ou des manœuvres,
des artifices ou procédés précis à même d’établir l’existence du dol42.

2. La concussion

36 P. OKENDEMBO MULAMBA, Des procédures de récusation et de suspicion légitime en droit congolais,


Kinshasa, Edition Via Nova, 2012, p. 45.
37 CSJ, 5 juillet 1994, RAJC, 1997, p. 15 avec note de Dibunda.
38 Art. 56, Loi organique n°13/010 du 19 février 2013 relative à la procédure devant la Cour de cassation.
39 CSJ, 5 juillet 1997, RPP 30, Ibidem, CSJ, 29 août 1997, RPP 061, RAJC, 1997, Vol. II, fascicule unique, janvier à
décembre 1997, pp. 21-27 ; CSJ, 13, mars 1997, P.C. contre juges, Ordonnance RPP 57 ; CSJ, 24 avril 1997, UZB
contre juge M. Ordonnance RPP 058, in RAJC, fascicule unique, janvier à décembre 1997, pp. 27-30.
40 CSJ, 29 août 1973, RPP 3, Bulletins des arrêts de la Cour Suprême de Justice, 1984, p. 233.
41 CSJ, 30 novembre 1983, RPP 4, in Répertoire général de la jurisprudence de la Cour Suprême de Justice 1969-
1985, Kinshasa, éd. C.P.D.Z., 1990, n° 10, p. 183.
42 CSJ, 18 avril 2003, RPP 141, inédit.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 125

Prévue et sanctionnée par le code pénal livre II en son article 146, la concussion est
définie par la loi organique relative à la procédure devant la cour de cassation comme le fait, pour
un magistrat, d'ordonner, de percevoir, d'exiger ou de recevoir ce qu'il savait n'être pas dû ou
excéder ce qui était dû, pour droits, taxes, impôts, revenus ou intérêts, salaires ou traitements43.

La concussion est donc essentiellement un acte d’improbité, signalant un manque de


délicatesse et d’intégrité morale dans le chef du magistrat incriminé. On relève cependant que la
difficulté pour le justiciable de prouver dans le chef du magistrat suspecté44 qu’il s’est rendu
coupable de concussion serait l’une des raisons de l’absence d’une jurisprudence abondante en la
matière. Du fait que de tels actes sont souvent commis dans le secret des offices et des cabinets, en
dehors de toute oreille indiscrète, le doute qui s’ensuit est toujours de nature à profiter au magistrat
incriminé, la seule parole du requérant ne suffisant généralement pas à orienter l’intime conviction
de la Cour suprême de justice vers la condamnation du magistrat.

3. Le déni de justice

Le déni de justice est un acte d’omission, se constituant de l’abstention d’un magistrat de


faire suite à une demande judiciaire qui lui est adressée sans justification.

La loi le définit comme le refus ou la négligence pour un magistrat de procéder aux


devoirs de sa charge en négligeant de juger les affaires en état d’être jugées. Ce refus ou cette
négligence doit être constatée par deux sommations adressées au magistrat par l’huissier à 8 jours
d’intervalle au moins45.
La Cour suprême de justice a arrêté et jugé que sont coupables de déni de justice, les
juges qui, en dépit de deux sommations, d’une part, n’ont accompli aucune démarche soit pour faire
refixer la cause qui était pendante devant leur siège en passant par le greffe, soit pour faire savoir
aux parties qu’il leur incombait de contacter le greffier de leur juridiction pour faire revenir l’affaire
et, d’autre part, après avoir décidé d’office la surséance en vertu du principe le criminel tient le civil
en état, n’ont rien fait pour s’enquérir auprès des autorités du ministère public afin de connaître
l’issue de l’action répressive qui avait justifié la surséance46. A travers cette décision, la Cour
suprême rappelle aux magistrats leur devoir de diligence dans le traitement des affaires judiciaires
mais également leur devoir de permettre, en tant que de besoin, aux justiciables, par des
informations pertinentes sur la procédure qu’ils ont engagées, de savoir quelle sollicitude ils
doivent mettre en œuvre afin que soit obtenue la décision qu’ils recherchent.

4. La nature de ce recours

La prise à partie devant la Cour de cassation n'est une voie de recours (en nullité) que de
manière incidente. Car c'est essentiellement une demande de dommages-intérêts à titre de
réparation du préjudice causé aux justiciables par des magistrats, à la suite de certaines fautes que
la loi définit. Ce n'est que dans le cas où un jugement est vicié par le dol d'un juge, que la partie qui
justifie d'un intérêt pour ce faire, peut en demander la mise à néant en introduisant une action en
prise à partie de ce magistrat.

43 Article 57, Loi organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.


44 DIBUNDA NTITA, « La jurisprudence de la Cour suprême de justice en matière de prise à partie de 1979 à 2003 »,
in RAJC, Fascicule I, janvier à juin 2004, p. 49.
45 Article 58 de la loi organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
46 Voyez KATUALA KABA KASHALA et YENYI OLUNGU, Cour suprême de justice : historique et textes
annotés de procédure, Kinshasa, éd. Batena Ntambwa, 2000, p. 128 ; MATADI NENGA GAMANDA, Droit
judiciaire privé, 2006, Louvain-la-Neuve, Kinshasa, éd. Académia-Bruylant, Droit et Idées Nouvelles, 2006, n° 606, p.
538-539.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 126

5. Seuls les magistrats peuvent être pris à partie

Les officiers ministériels et les officiers de police judiciaire n'ont pas la qualité de
magistrat et ne peuvent donc être poursuivis par cette procédure, ils répondent de la responsabilité
de leurs fautes professionnelles devant les autorités disciplinaires ou devant les tribunaux
ordinaires suivant la procédure de droit commun.

Les arbitres : sont des juges privés; mais ils ne sont pas magistrats, ils répondent de
leurs fautes devant les juridictions de droit commun.

En France, la prise à partie a été abrogée depuis la loi du 18 janvier 1979 en ce qui
concerne les magistrats dont la responsabilité est désormais définie comme suit. « Les magistrats
du corps judiciaire ne sont responsables que de leurs fautes personnelles; en ce qui concerne la
faute personnelle se rattachant au service public de la justice, leur responsabilité ne peut être
engagée que sur l'action récursoire"; ainsi donc à l'égard du justiciable, c'est l'Etat français qui doif
répondre du fonctionnement défectueux du service de la justice, mais cette responsabilité qui
suppose une faute de service public, ne peut être engagée que par une faute lourde ou un déni
178
de justice .

6. Les effets de la prise à partie

A dater de la signification de l’ordonnance autorisant à poursuivre, jusqu’au prononcé de


l’arrêt à intervenir, le magistrat pris à partie doit s’abstenir de la connaissance de toute cause
concernant la requérant, son conjoint ou ses parents en ligne directe, à peine de nullité de tout acte,
arrêt ou jugement.
Si la requête est rejetée, le demandeur sera condamné aux frais.
Si la requête est admise, elle sera signifiée au magistrat pris à partie qui sera tenu de
fournir ses défenses dans les 15 jours de la notification.

Le requérant doit déposer au greffier de la section judiciaire de la Cour de cassation un


mémoire ampliatif formulant ses prétentions aux dommages-intérêts et éventuellement à
l’annulation des arrêts ou jugements à peine d’irrecevabilité.

C’est la procédure de l’audience de cassation civile qui s’applique.


Le magistrat pris à partie peut postuler reconventionnellement des dommages-intérêts
pour action téméraire et vexatoire et ce en formulant cette demande reconventionnelle dans la
mémoire en réponse.

7. La prise à partie : une procédure civile pour des faits pénaux

La prise à partie est essentiellement une action en responsabilité civile. Elle ne vise pas la
responsabilité pénale du magistrat mis en cause, bien que certains faits qui y donnent lieu aient une
connotation pénale. C’est l’Etat qui, en tant que commettant du magistrat incriminé, répond en tant
que civilement responsable des dommages-intérêts auxquels ce dernier est condamné. Il s’agit
d’une condamnation solidaire47. L’Etat dispose d’une action récursoire contre le magistrat à qui la
responsabilité a été imputée. Malheureusement, de telles actions ne sont généralement pas
intentées. La critique contre cette abstention consisterait à dire qu’elle est appauvrissant pour l’Etat
et encourageante pour les magistrats non consciencieux au point d’amenuiser l’efficacité de la prise
à partie. Celle-ci est dénuée de toute forme de dissuasion dans la mesure où les magistrats n’y
voient pas une menace réelle pour leur patrimoine ou pour leur liberté.

178
47 Article 63, loi organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 127

Le seul effet de dissuasion pourrait plutôt être perçu du côté disciplinaire en considérant
que la prise à partie, lorsqu’elle est fondée, peut influencer la situation professionnelle du magistrat
mis en cause. Cette influence peut agir à diverses dimensions, qu’elles soient pénales ou
disciplinaires. Le projet de loi sur la disciplinarisation de la prise à partie prévoyait qu’une fois
déclenchée, l’action en prise à partie provoque la suspension avec privation de salaire du magistrat
incriminé et lorsque la prise à partie est déclarée recevable et fondée, le magistrat est révoqué. En
outre, un magistrat qui passe un jour en prison, cesse d’être magistrat.

En l’état actuel de la question, le droit congolais traite la responsabilité du magistrat,


quant au fond, dans le cadre du droit commun. Il devrait s’inspirer du droit de certains pays
africains qui consacrent, au-delà de la responsabilité civile du magistrat, sa responsabilité pénale
pour certains faits commis dans l’exercice de ses fonctions. C’est le cas du Maroc, de la Mauritanie,
du Niger, du Sénégal, qui attachent à la procédure de prise à partie des dispositions pénales
susceptibles de frapper les magistrats pour certains actes accomplis dans l’exercice de leurs
fonctions48.

Lorsque la prise à partie est déclarée non fondée, le magistrat incriminé dispose toujours
d’une action reconventionnelle pour procédure téméraire et vexatoire contre le requérant49.

Ce magistrat est ainsi reçu en justice pour vanter le préjudice dont il a souffert du fait
d’une demande manifestement mise en mouvement de mauvaise foi et avec légèreté, portant à la
fois atteinte à son honneur et à sa carrière.
Au cours des dix dernières années, il s’observe, dans le chef des justiciables épris d’une
bonne administration judiciaire, un recours fréquent à la prise à partie. Le nombre de procès en la
matière a connu une ascension éponyme. Alors que jusqu’en 1977 seules 3 prises à parties ont été
enregistrées, entre 1977 et 2008, en revanche, 470 ont été introduites à la cour suprême de justice.
Pour l’année 2007, plus de 215 ont été déposées50.

Ce recours au bord de l’abus inquiète parfois dans la mesure où « certains plaideurs


malicieux se permettent de contourner les moyens pertinents de leurs adversaires au niveau de la
cassation pour initier, intempestivement, des procédures en prise à partie et obtenir ainsi facilement
51
l’annulation des décisions judiciaires à l’insu de leurs adversaires » . Cela rend nécessaire une
nette démarcation entre le champ d’application de la prise à partie et celui des voies de recours
ordinaires ou extraordinaires.

Cette propulsion vertigineuse doit sa justification à plusieurs facteurs résultant


principalement du fonctionnement de l’appareil judiciaire congolais. La plupart des décisions
attaquées sont certes manifestement iniques de par leur caractère arbitraire et du fait que leur
formulation est conditionnée par la sollicitude des parties disposées à répondre favorablement aux
attentes illicites des magistrats. Cela recommande que la question de la responsabilité
professionnelle des magistrats soit prise au sérieux pour une administration saine de la justice et la
nécessité de consolider la confiance des justiciables en la justice.

48 Association des Hautes Juridictions de Cassation des pays ayant en partage l’usage du Français, AHJUCAF en sigle,
Synthèse du 2ème Congrès consacré à l’indépendance de la Justice, Dakar du 7 au 8 novembre 2007, in
www.ahjucaf.org.
49 Article 64, loi organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
50 KWESO AKELE ONKIE, Exposé à l’occasion du renouvellement du serment, le 16 février 2008, cité par
MWILANYA, p. 49.
51 Idem.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 128

TITRE II. LA PROCEDURE ARBITRALE

CHAPITRE I. NOTIONS

La naissance d’un litige entre particulier revêt plusieurs formes autant que le mode de sa
résolution commande l’intervention de diverses procédures et institutions chargées de trouver
l’équilibre rompu entre deux protagonistes. C’est dans ce sens que les parties peuvent opter pour
l’arbitrage. L’entrée en vigueur des actes uniformes de l’OHADA en République démocratique du
Congo a eu une incidence majeure sur les règles régissant l’arbitrage. Toutes les dispositions
consacrées à cette matière ont cédé la place à celles prévues par l’acte uniforme relatif à l’arbitrage
du 11 avril 1999, conformément aux dispositions de l’article 1 de l’acte uniforme sur l’arbitrage. La
particularité des procédures instituées par cet acte réside dans le fait qu’il consacre un système
dualiste de l’arbitrage. D’une part l’arbitrage institutionnel et, d’autre part l’arbitrage ad hoc. Le
premier, d’une portée limitée, s’inscrit dans le cadre de la Cour commune de Justice et d’arbitrage
et fonctionne en son sein. Le second a, quant à elle, une portée large et se tient sous les auspices
d’une institution d’arbitrage public ou privé qui n’a pas vocation de priver les parties de leur droit
de fixer en avance les modalités du déroulement de l’instance.

Section 1. L’arbitrage et les notions voisines

§1. La conciliation

La conciliation est un mode de règlement des différends grâce auquel les parties en
présence s’entendent directement pour mettre fin à leur litige, au besoin avec l’aide d’un tiers,
appelé conciliateur. Les parties s’efforcent de rapprocher leurs points de vue, parfois en
abandonnant une partie de leurs prétentions originaires jusqu’à ce qu’un accord dont les termes
seront constatés dans un document appelés « procès verbal de conciliation » ou de « non
conciliation » en cas d’échec.

La conciliation présente l’avantage psychologique d’éteindre un conflit sans désigner


ostensiblement un vainqueur et un vaincu puisque, au moins en apparence, l’accord procède d’un
accord de volontés52. Elle revêt plusieurs connotations selon le domaine dans lequel on l’emploie.
Ainsi, en droit international public c’est l’un des modes de règlement politique des conflits
internationaux consistant dans l’intervention d’une commission chargée, en mettant en œuvre une
procédure contradictoire, d’examiner l’affaire et d’en proposer une solution53.

En droit du travail, la conciliation désigne, la phase obligatoire et préalable qui précède la


saisine du tribunal de travail. Elle consiste à soumettre une requête auprès de l’inspecteur du travail,
lui demandant de concilier l’employeur et le travailleur au sujet du litige qui les oppose.

En procédure civile, la conciliation, est une phase préalable qui conditionne la


recevabilité de certaines actions en justice.

§2. La médiation

La médiation est menée par un médiateur. Ce dernier se rapproche du conciliateur en ce


qu’il n’a pas non plus pour vocation à trancher le litige, mais il cherche que les parties arrivent d’un
commun accord à la résolution de leur différend. Il s’en distingue par son rôle plus actif qui
s’exprime par la recherche des éléments d’une entente qu’il propose aux parties, sans d’ailleurs

52 VINCENT, J., MONTAGNIER, G. et VARINARD, A., La justice et ses institutions, 2ème éd. Paris, Dalloz, 1985, p.
41.
53 GUINCHARD, S. (sous dir.), Lexique des termes juridiques, 19ème éd., Paris, Dalloz, 2012, p. 194.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 129

pouvoir la leur imposer. Ainsi, la médiation possède un vaste champ d’application qui est plus
vaste.

La médiation est usitée en droit international comme l’un des mécanismes pacifiques de
résolution des différends entre Etats, le recours à la force étant strictement prohibé dans les
relations internationales. Dans ce domaine, elle consiste dans le fait, qu’une tierce personne
désignée en raison de sa personnalité et influence sur la scène internationale, puisse être désignée
par les parties pour les aider à régler le litige qui les oppose. Il peut s’agir d’un Etat, d’un groupe
d’Etats. Il faut se garder de confondre la médiation avec les bons offices, qui comme ces derniers,
tend simplement au rapprochement et à l’ajustement des positions des parties en litige, mais à la
différence des bons offices, elle comporte généralement de la part du médiateur, des propositions en
vue de la solution du litige54. Elle se distingue de l’arbitrage dans la mesure où, elle confiée à un
organe collégial et qu’il n’est pas doter de l’exercice d’une fonction juridictionnelle proprement
dite.

§3. L’arrangement à l’amiable

Il y a lieu de cerner la notion d’arrangement à l’amiable qui, par les modalités de son
fonctionnement, s’apparente à l’arbitrage. Lorsqu’aux termes de leur convention, les parties
décident de soumettre leur litige à une instance dont la mission principale est de faciliter
simplement sa résolution en statuant non pas sur la base des règles prédéfinies mais plutôt en
fonction de l’équité, l’on dit que le tribunal a statué en amiable compositeur. Pareil accord des
parties suppose une confiance toute particulière dans le tribunal arbitral dont la composition est
maquée, le plus souvent, par des personnalités bénéficiant d’une révérence de la part des parties.

§4. L’arbitrage international et l’arbitrage national

La résolution de litige par voie arbitrale n’est nullement l’apanage du droit interne des
Etats. Dans les relations interétatiques, figure également le mécanisme d’arbitrage qui, par ailleurs,
connait une évolution fort remarquable de nos jours. En effet, l’arbitrage au plan international est
diversifié et fait intervenir moult juridictions selon l’objet sur lequel il porte. Il peut s’agir de
l’arbitrage d’un différend entre Etat et Etat ou d’un conflit entre un Etat et un individu investisseur
étranger en matière d’investissements. L’arbitrage international entre Etat et individu est un
mécanisme qui s’inscrit dans l’optique d’offrir aux investisseurs étrangers qui ont choisi d’effectuer
les activités commerciales d’une certaine envergure sur le territoire d’un autre Etat une garantie de
leur investissement.

En revanche, lorsqu’il s’agit d’Etat à Etat, ce mécanisme vise à résoudre facilement et


dans un temps record les divergences des vues entre sujet de droit international sur une question de
droit qui les divisent. C’est donc un choix opéré par les Etats en vue de soumettre le litige non pas
à une juridiction judiciaire, mais à une juridiction arbitrale.

Il faut indiquer toutefois, que l’arbitrage au plan national requiert, lorsque la sentence est
prononcée, une procédure particulière, appelée exequatur, en vue de lui donner une force
exécutoire. Au plan international, cette procédure n’est pas de mise. Cette situation est à la base de
la problématique de l’exécution de sentences arbitrales rendues par des instances
internationalement constituées. Une sentence est pourvue, sur ce plan, d’une force exécutoire
d’office, mais son l’exécution est tributaire de la bonne foi des parties. En cas du refus persistant
par un Etat d’exécuter la sentence arbitrale, l’autre partie est en droit de faire exécuter la décision
par n’importe quel moyen, il peut même pratiquer la saisie sur les biens dudit Etat se trouvant sur le
territoire étranger.

54 CORNU, G., (sous dir.), Vocabulaire juridique, Paris, PUF, 2009, pp. 582- 583.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 130

Section 2. Les principales caractéristiques de l’arbitrage

L'arbitrage est un mode privé de trancher les litiges fondé sur la convention établie entre
les parties. Le champ qu’il couvre est celui des relations à caractère privé. Ce caractère appelle un
régime où l'autonomie des parties dans la détermination des règles de droit applicables est
particulièrement large. Pareille liberté permet aux parties de s'assurer de la neutralité du cadre
juridique du règlement de leur litige, à défaut de l'existence d'une juridiction en matière de litiges de
droit privé. En dépit de ce qui précède, nous réalisons que l’arbitrage est un processus, volontaire,
privé, confidentiel, accusatoire et flexible.

§1. L’arbitrage est volontaire

L’arbitrage est volontaire en ce sens que les parties doivent consentir expressément à
l'arbitrage par écrit ou être visées par l'application d'une disposition législative qui rend l'arbitrage
obligatoire dans une situation particulière. Si les parties ont accepté d'avoir recours à l'arbitrage, les
tribunaux, sur requête d'une des parties à la convention, exigeront généralement que les parties
soumettent leur différend à l'arbitrage, à moins que la convention d'arbitrage soit caduque,
inopérante ou non susceptible d'être exécutée.

§2. L’arbitrage est privé

Il est privé parce qu’en règle générale, l'audition d'un arbitrage est privée. C’est die
qu’elle ne donne pas lieu à la présence d’une quelconque autorité publique. Les parties se résignant
à porter leur choix à un nombre des personnalités en vue qu’elles viennent à trancher le litige qui
les oppose.

§3. L’arbitrage est confidentiel

Il est confidentiel dans la mesure l'arbitrage est généralement confidentiel si les parties en
décident ainsi. Il est exigé le respect des restrictions sur la divulgation de renseignements et
l'obligation de divulguer des renseignements en conformité avec le caractère confidentiel de la
procédure.

§4. L’arbitrage est accusatoire

Il est accusatoire parce que le processus arbitral est fondé sur le modèle accusatoire. Ce
modèle suppose que les parties doivent présenter chacune en ce qui la concerne ses moyens, qui
doivent absolument être mais la conduite et la nature de l'audition sont déterminées par les parties,
leur avocat et l'arbitre.

§5. L’arbitrage est flexible

Il est en fin flexible en ce sens que les parties sont dotées d’une liberté de choisir motu
proprio les arbitres appelés à statuer sur le litige ainsi que la procédure à suivre pour arriver à le
régler.

Section 3. Nature de l’arbitrage

La nature de l’arbitrage est sujette à débat. Il est des auteurs qui analysent l’arbitrage en
un contrat de transaction suivi d'un mandat donné conjointement par les contractants de la
transaction à un arbitre chargé de compléter la transaction en déterminant les obligations des
parties.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 131

Le compromis est bien un contrat, concours de volontés, mais son objet est de désigner
un juge en délimitant son pouvoir juridictionnel, sa saisine, non plus par affrontement de
l'assignation et des conclusions mais suivant un accord quant à l'objet litigieux. Loin de terminer
une contestation, le compromis explicite la contestation, la met à l'état actif. Loin de donner
conjointement un mandat à l'arbitre pour faire quelque chose pour eux et en leur nom, les plaideurs
demandent à l'arbitre de trancher le litige qui les oppose.

Du point de vue de sa nature, on peut retenir la nature ambivalente de l’arbitrage. En


effet, cette nature se manifeste de la manière suivante : c’est une justice privée qui, d’une part, est
instituée par un acte juridique, une simple convention des parties (la convention d’arbitrage) et, qui,
d’autre part, se conclut par une décision (la sentence) ayant l’autorité de la chose jugée comme un
jugement rendu par un tribunal officiel. Donc un acte juridictionnel ponctue la procédure arbitrale.
Cet acte est susceptible d’exécution forcée car, dès lors que l’une des parties refuse d’exécuter la
sentence, l’autre peut obtenir du juge étatique la formule exécutoire par le biais d’une ordonnance
d’exéquatur.

Les parties soumettent leur litige à l’arbitrage de deux manières. Soit par la clause
compromissoire, soit par le compromis d’arbitrage. Il y a clause compromissoire, lorsqu’avant la
survenance d’un quelconque litige, les parties insèrent dans leur convention, une clause, aux termes
de laquelle, tout litige à venir, dans le cadre de leur rapport d’obligation, serait soumis à une
instance arbitrale. Il en découle qu’une clause compromissoire ne se conçoit qu’à l’absence de litige
et avant la naissance de celui-ci. En revanche, il y a compromis d’arbitrage, lorsque les parties, à la
suite de la survenance du litige, décident de commun accord à soumettre sa résolution à un tribunal
arbitral.

La clause compromissoire n’a d’effet qu’entre parties. Elle est inapplicable, lorsque la
contestation qui surgit entre ceux qui l’ont conclue et d’autres qui ne sont point liés par elle, est
indivisible. Il en est de même lorsqu’une des parties qui l’ont conclue est appelée devant un tribunal
dans un des cas prévus aux articles 120 et 121 de la loi organique du 11 avril 2013 portant
organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire.

§1. Le fondement de l’arbitrage

En droit congolais l’arbitrage était prévu par le code de procédure civile. Il y était
consacré le titre V. Il en découle, que les règles en matière arbitrale étaient celles prévues aux
articles 159 à 19455 de ce texte. Toutefois, l’entrée en vigueur des actes uniformes de l’OHADA en
République démocratique du Congo a eu une incidence majeure sur les règles régissant l’arbitrage.
Toutes les dispositions consacrées à cette matière ont cédé la place à celles prévues par l’acte
uniforme relatif à l’arbitrage du 11 avril 1999, conformément aux dispositions de l’article 1 de
l’acte uniforme sur l’arbitrage. La particularité des procédures instituées par cet acte réside dans le
fait qu’il consacre un système dualiste de l’arbitrage.

D’une part l’arbitrage institutionnel et, d’autre part l’arbitrage ad hoc. Le premier, d’une
portée limitée, s’inscrit dans le cadre de la Cour commune de Justice et d’arbitrage et fonctionne en
son sein. Le second a, quant à elle, une portée large et se tient sous les auspices d’une institution
d’arbitrage public ou privé qui n’a pas vocation de priver les parties de leur droit de fixer en avance
les modalités du déroulement de l’instance.

Le recours à l’arbitrage étant un droit reconnu tant à une personne physique qu’à une
personne morale en vue de réclamer les droits dont elle a la libre disposition56, les parties à
l’arbitrage peuvent, par leur convention d’arbitrage, à travers d’une clause compromissoire ou d’un

55 Les articles 159 à 194 du Code de procédure civile congolais.


56 Article 2 de l’Acte uniforme sur l’arbitrage de l’OHADA.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 132

compromis d’arbitrage, déterminer les règles en complément de celles prévues par la loi, pour
organiser l’instance arbitrale. Il est malaisé de penser que l’arbitrage, étant un mécanisme qui ne
fait pas intervenir les cours et tribunaux, serait dépourvu d’un fondement ou encore d’une force
juridique. L’arbitrage, est bien pourvu de la force juridique et les parties sont obligées de se
conformer aux prescrits de la sentence arbitrale comme toute décision. Sauf qu’elle doit pour avoir
un caractère exécutoire être soumise à une procédure d’exequatur. Il est nécessaire de s’interroger
sur la nature de l’arbitrage dont l’appréhension n’est pas aisée.

Section 4. L’organisation de l’arbitrage à l’aune de l’entrée en vigueur de l’OHADA

Les règles procédurales organisant l’arbitrage sont énoncées en dehors du Code de


procédure civile congolais, dans l’acte uniforme sur l’arbitrage de l’OHADA. Cet acte sans
déterminer toute la procédure, donne la possibilité à titre supplétif aux parties en litige de convenir
sur bien des règles dont le tribunal arbitral sera appelé à prononcer. Parmi ces règles, figurent
celles qui président à la désignation des arbitres par les parties en litige avant de relever les droits
ainsi les obligations qui incombent aux arbitres dans l’exercice de leur mission, la mise au point de
la clause d’arbitrage, la compétence dévolue à la juridiction d’arbitrage, l’exécution de la sentence
arbitrale et l’annulation de sentences arbitrales.

§1. La désignation des arbitres

En matière de désignation des arbitres deux situations peuvent se présenter. La première


tient au fait que les parties se soient entendues sur la question, à travers leur convention
d’arbitrage. Dans ce cas, les arbitres sont nommés, révoqués ou remplacés conformément à la
convention des parties57.

La deuxième situation se présente, lorsque les parties ne se sont pas entendues au


préalable sur la désignation des arbitres ou lorsque la convention se révèle insuffisante sur la
question. L’alinéa 2 de l’article 5 de l’AU sur l’arbitrage prévoit deux solutions suivant le nombre
des membres appelés à constituer le tribunal:
- Lorsque l’instance arbitrale est constituée par trois arbitres, chaque partie nomme un
arbitre et les deux arbitres ainsi nommés choisissent le troisième arbitre ; si une partie ne nomme
pas un arbitre dans un délai de trente jours à compter de la réception d’une demande à cette fin
émanant de l’autre partie, ou si les deux arbitres ne s’accordent pas sur le choix du troisième arbitre
dans un délai de trente jours à compter de leur désignation, la nomination est effectuée, sur la
demande d’une partie, par le juge compétent dans l’Etat-partie ;
- En cas d’arbitrage par un arbitre unique, si les parties ne peuvent s’accorder sur le choix
de l’arbitre, celui-ci est nommé, sur la demande d’une partie, par le juge compétent dans l’Etat-
partie.

§2. Droits et devoirs des arbitres

Dans l’exercice de leur mission les arbitres bénéficient de certaines prérogatives, mais
également ils sont soumis à certaines obligations. Au titre des droits, les arbitres ont le libre choix
quant à l’acceptation de la mission leur confiée. Nul arbitre ne peut être contraint de remplir cette
mission. Les arbitres ne sont pas obligés d'accepter la mission, mais une fois qu'ils l'ont acceptée,
ils doivent la mener à bonne fin. C’est dire qu’ils ne doivent pas se comporter indignement, sous
peine d’engager leur responsabilité au plan civil ou pénal selon le cas. L’arbitre qui accepte sa
mission doit porter cette acceptation à la connaissance des parties par tout moyen laissant trace
écrite58. Cependant, toute défaillance, c’est dire en cas de déni de justice, ne donne cependant pas
lieu, à prise à partie, cette procédure étant réservée en droit congolais aux seuls magistrats. Ils

57 Article 5 de l’AU OHADA sur l’Arbitrage.


58 Article 7 de l’AUA.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 133

peuvent être attaqués en dommages - intérêts, par une procédure ordinaire. C’est pourquoi il est
prévu, à l’article 7 de l’AUA, que l’arbitre dont l’impartialité est suspectée la récusation. Si l’arbitre
suppose en sa personne une cause de récusation, il doit en informer les parties, et ne peut accepter
sa mission qu’avec leur accord unanime et écrit.

En cas de litige, et si les parties n’ont pas réglé la procédure de récusation, le juge
compétent dans l’Etat-partie statue sur la récusation. Sa décision n’est susceptible d’aucun recours.

Toute cause de récusation doit être soulevée sans délai par la partie qui entend s’en
prévaloir.
La récusation d’un arbitre n’est admise que pour une cause révélée après sa nomination.
Aux termes de leur mission ils ont le droit de recevoir une récompense eu égard au
service qu’ils ont fournis. Contrairement aux cours et tribunaux dont le fonctionnement obéit au
principe de la gratuité, le service des arbitres est payant suivant les modalités définies par les
parties. Les arbitres peuvent recourir à toutes les mesures d'instruction, comme les juges judiciaires.
Il est fréquent que les arbitres descendent sur les lieux. Il est rare qu'ils commettent un expert, étant
généralement choisis en considération de leurs connaissances dans la matière litigieuse.

§3. La compétence de la juridiction arbitrale

La compétence d’une juridiction, s’entend du pouvoir que la loi attribue à un organe, en


vue de connaître d’une matière donnée. En matière arbitrale, la compétence est attribuée
substantiellement à la juridiction, par les parties qui s’entendent de lui soumettre un litige bien
précis. L'arbitre statue sur sa propre compétence59 (principe appelé "compétence-compétence")60,
si la clause compromissoire visant tout litige ou différend né du contrat ou en relation avec celui-ci
n'est pas manifestement inapplicable, il appartient à l'arbitre de se prononcer par priorité sur sa
propre compétence dès lors que la demande présente un lien avec le contrat. Il s’en suit que l’arbitre
tire sa compétence de la convention des parties. Les arbitres ne peuvent en aucune façon statuer en
dehors de la sphère de compétence tracées par les parties dans la clause.

§4. La sentence arbitrale

A l’antipode des cours et tribunaux qui rendent les décisions qualifiées de jugement ou
arrêt selon le cas, l’instance arbitrale prononce une décision appelée, sentence arbitrale. La sentence
(jugement arbitral, solution de composition amiable ou donne acte de l’accord transactionnel) doit
être écrite et datée, et revêtue de la signature des arbitres. Elle est toujours contradictoire. Ce qui
suppose qu’il n’ya pas lieu à l’opposition parce que toutes les parties sont censées être présentes à
toutes les audiences.

C'est la majorité des arbitres qui décide. L'arbitre qui a une opinion dissidente devrait
signer. On a cependant prévu que si un arbitre minoritaire refuse de signer, la sentence signée par la
majorité est valable. Car il est inconcevable qu’un membre minoritaire puisse bloquer pour une
raison qui peut se révéler moins justifiée la machine arbitrale.

1. Forme de la sentence

La sentence doit répondre à certaines exigences, car il s’agit, pour les arbitres de
départager les parties par une décision acceptée comme telle par elles. Pendant le délibéré, la
sentence doit être rendue à la majorité de voix, lorsqu’il y a plusieurs arbitres au siège.

59 Article 11 de l’AUA
60 BRAUDE, S., Dictionnaire de droit privé, in www. dictionnaire-juridique.com/définition, consulté le 15 mai 2013 à
18 heures, p. 3.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 134

La sentence arbitrale doit être écrite et datée. Chacun des arbitres ayant siégé doit y
apposer sa signature. En cas de refus de la signature par la minorité, les autres arbitres font mention
de ce refus et la sentence au même effet que si elle avait été signée par tous les arbitres. Il s’agit là
de faire obstruction à toute tentative visant la sentence.

Une fois prononcée, la sentence arbitrale tient lieu de loi aux parties. Elle fait foi comme
une convention entre elles et ne peut être opposée aux tiers. Elle reste une res inter alio acta. La
sentence arbitrale est un véritable jugement. Elle a en soi « autorité de chose jugée » entre parties61
; elle est toujours exécutoire par provision et peut même être dite exécutoire nonobstant tout appel
et sans cautionnement, mais l'exécution forcée qui implique l’appui des forces de l'Etat ne peut être
obtenue sans l'exequatur. Sauf si les parties y ont renoncé, la sentence peut être entreprise en appel
dès son prononcé. Si les parties ont donne aux arbitres une mission d'amiables compositeurs, elles
ont implicitement renoncé à l'appel. Car cette procédure ne peut faire l’objet d’une quelconque
procédure d’appel.

2. Le recours contre la sentence arbitrale

La lecture de l’article 25 de l’acte uniforme sur l’arbitrage révèle que la sentence


arbitrale ne peut faire l’objet d’opposition, d’appel, ni de pourvoi en cassation. Les seules voies de
recours ouvertes sont, l’annulation, la révision et la tierce opposition.

- Le recours en annulation doit être porté devant le juge compétent dans l’Etat-
partie. La décision du juge compétent dans l’Etat-partie n’est susceptible que de pourvoi en
cassation à exercer devant la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage.µ

Le recours en annulation n’est recevable que dans les cas suivants :


 si le Tribunal arbitral a statué sans convention d’arbitrage ou sur une convention
nulle ou expirée ;
 si le Tribunal arbitral a été irrégulièrement composé ou l’arbitre unique
irrégulièrement désigné;
 si le Tribunal arbitral a statué sans se conformer à la mission qui lui a été confiée ;
 si le principe du contradictoire n’a pas été respecté;
 si le Tribunal arbitral a violé une règle d’ordre public international des Etats
signataires du Traité.
 si la sentence arbitrale n’est pas motivée62.

Le recours en annulation est recevable dès le prononcé de la sentence ; il cesse de l’être


s’il n’a pas été exercé dans le mois de la signification de la sentence munie de l’exequatur63.

Sauf si l’exécution provisoire de la sentence a été ordonnée par le Tribunal arbitral,


l’exercice du recours en annulation suspend l’exécution de la sentence arbitrale jusqu’à ce que le
juge compétent dans l’Etat-partie ait statué64.

Ce juge est également compétent pour statuer sur le contentieux de l’exécution


provisoire.
En cas d’annulation de la sentence arbitrale, il appartient à la partie la plus diligente
d’engager, si elle le souhaite, une nouvelle procédure arbitrale, conformément au présent Acte
Uniforme.

61 Idem, article 181.


62 Article 26 de l’AU sur l’Arbitrage.
63 Article 27è de l’AU sur l’Arbitrage.
64 Article 28 de l’AU sur l’Arbitrage.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 135

- La tierce opposition peut être exercée, devant le tribunal arbitral, par toute personne
physique ou morale qui n’a pas été appelée et lorsque cette sentence préjudicie à ses droits.
- Le recours en révision s’exerce devant le tribunal arbitral en raison de la découverte
d’un fait de nature à exercer une influence décisive et qui, avant le prononcé de la sentence, était
inconnu du tribunal arbitral et de la partie qui demande la révision.

3. L’exécution des sentences arbitrales

Lorsqu’elle est rendue, la sentence arbitrale est obligatoire à l’égard des parties. Elle
n’est susceptible d’exécution forcée qu’en vertu d’une décision d’exequatur rendue par le juge
compétent dans l’Etat-partie. La reconnaissance et l’exequatur de la sentence arbitrale supposent
que la partie qui s’en prévaut établisse l’existence de la sentence arbitrale par la production de
l’original accompagné de la convention d’arbitrage ou des copies de ces documents réunissant les
conditions requises pour leur authenticité65. La décision qui accorde l’exequatur n’est susceptible
d’aucun recours.

Il en découle que l’acte uniforme sur l’arbitrage ne réglemente pas la procédure que les
parties doivent observer pour faire exequaturer la sentence arbitrale. La question est renvoyée à la
législation interne de chaque Etat. Ce qui sous entend que l’Acte uniforme sur l’arbitrage n’a pas
abrogé totalement les dispositions internes sur l’arbitrage existant avant son entrée en vigueur tel
que cela ressort de son article 35, pour autant qu’il peut être complété par certaines dispositions
pourvue qu’elles ne lui soient pas contraires.

En droit congolais, la sentence arbitrale n'est susceptible d'exécution forcée qu'en vertu
d'une ordonnance d'exequatur émanant du tribunal de grande instance dans le ressort duquel elle été
rendue. En effet, la lecture de l’article 184 du Code de procédure civile révèle qu’à l’exception des
sentences préparatoires ou interlocutoires, lesquelles seront exécutoires de plein droit du jour où les
arbitres en auront donné connaissance aux parties ou à leurs représentants, l’exécution forcée d’une
sentence arbitrale ne pourra être poursuivie qu’après que le président du tribunal compétent l’aura
rendue exécutoire par une ordonnance accordée sur la minute à la requête de la partie la plus
diligente et sans qu’il soit besoin d’en communiquer au Ministère public. Ainsi, il est institué une
procédure d’exequatur qu’il convient d’analyser.

L’on doit toutefois relever que l’on discute en doctrine congolaise sur la question des
effets de l'exequatur. Certains estiment que c'est une formalité que le président du tribunal de
grande instance doit accomplir sans pouvoir d’appréciation d'aucune sorte. D’autres estiment qu’il
doit vérifier le « bien procédé » si non le « bien jugé » ; il devrait contrôler si les arbitres ont
régulièrement saisis par un compromis écrit, si les parties avaient capacité ; si l’objet du litige était
de ce dont les parties pouvaient disposer par transaction, si les droits de la défense ont été respectés,
si la sentence est signée par la majorité, si elle a été rendue dans les délais, si la solution retenue ne
va pas à rencontre de l'ordre public etc.

La solution, à notre avis, se situe à mi-chemin, dans la mesure où le juge n'accordera pas
l'exequatur à une sentence qui lui apparaît nulle66 ; cependant le juge n'est pas appelé à faire une
vérification systématique de la procédure, il ne voit que la décision intervenue et non le compromis
ni la procédure qui l'ont engendrée.

L'exequatur est assez rare, car les parties qui recourent à l'arbitrage sont généralement
disposées à exécuter volontairement ne serait ce que peur éviter les droits proportionnels.

65 Article 28 de l’AU sur l’Arbitrage.


66 Article 190 du Code de procédure civile.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 136

DEUXIEME PARTIE : LA PROCEDURE GRACIEUSE182

182 A. RUBBENS, op. cit. Tome II n°262 à 266.


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 137

TITRE I. LES ORDONNANCES SUR REQUETES ET LES REFERES

CHAPITRE I : LES ORDONNANCES SUR REQUETE

Section 1. : Les ordonnances sur requête

§1. La nature des ordonnances sur requête

La loi accorde aux juges des pouvoirs de décision, en dehors de la fonction


juridictionnelle qu’ils exercent en siégeant aux audiences des cours et tribunaux. Ces décisions sont
prises sur
demande d'un particulier (requête) et en forme d'ordonnance.

Une controverse divise la doctrine sur la nature des ordonnances sur requête ; certains
auteurs les considèrent comme de nature gracieuse, d'autres auteurs leurs reconnaissant une nature
contentieuse183.

Il est bon de rappeler que la juridiction gracieuse se caractérise par deux éléments
essentiels savoir184.
a) La nécessité légale de l'intervention du juge.
b) L'absence d'une contestation.

En général, les ordonnances sur requête sont de nature gracieuse mais il peut y avoir
contestation certes non tranchée contradictoirement, en ce cas là l’ordonnance sur requête a alors
une nature contentieuse185.

Signalons que l'ordonnance sur requête s'insère dans un contexte contentieux ; souvent
elle est dirigée contre un adversaire virtuel qui, sans figurer dans la procédure, sera appelé à
conséquences de la décision prise; l'intéressé qui n'a pas été entendu et qui s'estime lésé par
l'ordonnance, a la possibilité d’exercer le recours en rétractation ; ce qui va élever le
contentieux186. Du fait que l'ordonnance sur requête est prise sur demande unilatérale d'un
requérant sans que le juge ne doive entendre les parties auxquelles sa décision peut éventuellement
faire découle que ces ordonnances n'ont pas l'autorité d'un jugement; n'étant pas rendu après un
débat contradictoire, l'ordonnance ne prétend pas arrêter la vérité judiciaire ni vider le litige en
disant le droit.

Les décisions prises par voix d'ordonnance n'ont pas l'autorité de la chose jugée ; la
rétraction, la réformation et l'annulation d'une ordonnance peuvent être obtenues généralement
sans recourir aux rigueurs des procédures de recours.

Certaines ordonnances peuvent faire grief à une partie qui n'a pas pu faire entendre son
point de vue. Pour parer à cet inconvénient, le droit français a prévu un recours approprié, le réfère.
S’il est fait droit à la requête, tout intéressé peut en référer au juge qui a rendu l'ordonnance. Ce
référé est un référé officiel qui n'est subordonné ni à l'urgence ni à l'absence d'une contestation
sérieuse.

§2. La forme de la requête

183 Jean VINCENT et Serge GUINCHARD, op. cit. n°170.


184 BAYONA, La juridiction gracieuse en droit congolais. Nature et portée. Thèse de doctorat, Université
Louvanium, Kinshasa 1969.
185 Jean VINCENT et Serge GUINCHARD, op. cit., n°170.
186 Jean VINCENT et Serge GUINCHARD, op. cit., n°1697.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 138

Le requérant doit ensuite exposer les faits qui justifient ou nécessitent l'intervention du
juge. Dans la requête, doivent être indiqué les textes de loi en vertu desquels l'intervention du
président est requise.
Vient enfin le dispositif qui est formulé en forme de supplique, c'est-à-dire ta décision
postulée. La requête dort être datée et signée ; elle est déposée au greffe du tribunal où siège le
président auquel elle s'adresse.

Il ne paraît pas indiqué d'introduire en droit congolais la pratique des « actes d'hôtel » qui
permet aux parties de présenter les requêtes urgentes au, domicile du magistrat.

§3. La communication au M.P.

Chaque fois qu'un texte l'impose, la communication des requêtes au M.P, pour qu'il
donne son avis, est nécessaire à peine de nullité.

Le juge des ordonnances peut demander l'avis de l’O.M.P avant de répondre à toute
requête portant sur un sujet intéressant l'ordre public.

Quand il a connaissance de l'introduction d'une requête, le M.P peut demander


communication de la requête et du dossier en toute cause dans laquelle il voit son ministère
nécessaire.

§4. La forme et l’objet de ordonnance

L’ordonnance doit indiquer le nom et l'identité du requérant, l'objet et la date de la


demande, le nom et la qualité du juge. L’ordonnance doit également préciser à peine de nullité, le
nom et la qualité du greffier.

La motivation de l'ordonnance ne s'impose que si la loi le requiert, mais l'ordonnance de


rejet doit être motivée pour éviter des suspicions d'arbitraire. Il faut noter qu'il y a obligation de
motiver lorsque la loi prévoit l'appel.

Le dispositif peut faire droit à tout ou partie de la requête ou peut la rejeter pour le tout.
Le dispositif peut se présenter sous d'autres aspects; ainsi il peut déclarer la requête :
- mal formulée d'où son irrecevabilité
- mal dirigée (incompétence)
- contraire au droit
- inopportune ou inadéquate.

Le juge peut imposer des conditions, faire des restrictions ou des réserves. Les
ordonnances doivent être datées et signées par le juge et par le greffier.

§5 Le caractère exécutoire des ordonnances sur requête

Les ordonnances sur requête sont exécutoires sur tout le territoire national dès leur
signature par le juge et par le greffier.

Les ordonnances demeurent exécutoires jusqu'au moment où elles sont rapportées ou


déclarées nulles.

La loi n'organise ni l'opposition ni la tierce opposition; toutefois, l'on peut considérer que
la partie qui s'estime lésée peut adresser à son tour une requête au juge de l'ordonnance en postulant
une modification ou même l’anéantissement des mesures prises. En effet, mieux informé, le juge a
le pouvoir de modifier sa décision ou de la rapporter car l’ordonnance n'a pas force de chose jugée
et ne dessaisi pas le juge.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 139

Dans la pratique, certains présidents, pour prévenir les inconvénients résultant de sa


rétraction ou de l'annulation de l'ordonnance convoquent les personnes susceptibles d’être touchées
par les effets de l'ordonnance, afin d'être éclairés avant que ne soit prise la décision; ceci est
légitime, du moins dans les cas où l'effet de surprise n'est pas essentiel à l'efficacité de la mesure
donnée.

L'appel des ordonnances n'est pas recevable sauf dans le cas où la loi le prévoit
expressément.
4. Nous sommes d'avis que le pourvoi en cassation devant la Cour de cassation est
possible et cela suite à un arrêt de principe de la Cour suprême de justice (RP 280) du 9 septembre
1980 qui a décidé que les ordonnances rendues en dernier ressort ; par
ailleurs, nous estimons que les ordonnances sur requête même de nature gracieuse, sont des
188
actes juridictionnels et donc susceptibles de pouvoir en cassation si elles sont rendues en dernier
ressort.
189
CHAPITRE II : LE REFERE

Introduction

- Le droit congolais ne connaît pas la procédure de référé,


- Le développement qui va suivre est puisé dans la doctrine française afin d'informer les
étudiants sur l'essentiel de cette procédure.

Section 1 : Définition

II s'agit d'une procédure qui accorde au président de juridiction le pouvoir de statuer.


Contradictoirement et provisoire sur les difficultés relatives à l’exécution d'une décision judiciaire
et en cas d'urgence en toute matière rentrant dans la compétence de la juridiction qu'il préside.

Section 2 : Catégories

L'on distingue deux catégories de référé :

1. Cas classique ou ordinaire de référé :

C'est le référé qui s'applique dans tous les cas d'urgence, lorsque le président du tribunal
ordonne en référé toutes les mesures qui ne se heurtent à aucune contestation sérieuse ou qui
justifie l'existence d'un différend.

2. Cas spécifique :

Les cas spéciaux de référé se caractérisent tantôt par le fait que l'urgence et l'absence de
contestation sérieuse ne sont pas exigées, tantôt par le fait que l'une ou l'autre des conditions du
référé ordinaire est maintenue par la loi; aussi, le juge du référé a le pouvoir d'accorder une
provision au créancier. C'est le référé-provisoire. Il peut également ordonner l'exécution d'une
obligation, même s'il s'agit d'une obligation de faire; c'est ce que l'on nomme en pratique, le référe-
injonction. Pour synthétiser, disons que l'on peut classer les référés de la manière suivante :
a) le référé ordinaire est commun à toutes les juridictions;
b) certains référés spéciaux sont communs à toutes les juridictions;
c) certains référés spéciaux sont communs à certaines juridictions seulement;
d) d'autres référés spéciaux sont réservés à une seule juridiction.

188 Nicolas. BAYONA: Op. Cit. Idem


189 A. RUBBENS: Op. Cit Tome II, n°268
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 140

Section 3. Procédure

Il y a deux manières d'introduire le référé :


a) Le défendeur est appelé par une assignation. C'est le référé sur place.
b) un officier public ou ministériel (ex un huissier) se heurte à une difficulté grave dans
l'exécution de l'acte du titre qui lui a été confié.
Le président tient l'audience du référé d'une manière périodique et régulière. Mais si le
cas requiert célérité, Se président peut permettre d'assigner soit à l'audience soit à son domicile
portes ouvertes à une heure indiquée, et cela même un jour férié ou chômé; mais il faut alors
obtenir une autorisation préalable d'assigner: Le président a la faculté de renvoyer le référé à une
audience du tribunal en formation collégiale dont il fixe 'a date. Le tribunal statuer collégialement,
mais en référé. Le référé intervient souvent pour régler un incident isolé; mais le recours au référé,
pour des raisons de rapidité, est également pratique au cours d'une instance pendante, devant le
tribuns de grande instance ou devant un tribunal d'exception.

Section 4 : Pouvoirs du juge des référés

Le juge des référés par ce que ne pouvant statuer que d'une manière provisoire ne peut
condamner une partie à acquitter une somme à titre de dommage-intérêt sauf en cas de
procédure abusive devant lui; auquel cas il a le pouvoir de prononcer une amende civile.

Mais le juge des référés peut condamner une partie à verser une provision.
Le juge des référés pour mettre fin à certaines controverses, peut prononcer des
condamnations à des astreintes, tes liquider provisoirement et statuer sur les dépens.

Section.5 L'ordonnance de référé

La décision du référé est une ordonnance rendue publiquement, sauf, si te président


statue à son domicile. La minute est conservée au greffe.

L'ordonnance de référé présente trois caractères :


A. Caractère exécutoire de plein droit : elle bénéficie de l'exécution provisoire c'est-à-
dire qu'elle peut être exécutée dès la signification, nonobstant le caractère suspensif du délai de
voie de recours et de leur exercice. Dans certains cas d'absolu nécessité, les ordonnances peuvent
être même exécutées sans signification préalable et sur minute.

B. Caractère provisoire : l'ordonnance de référé est une décision provisoire;


l'ordonnance ne peut jamais entamer le fond du droit elle ne peut jamais empiéter sur la décision
qui prendra plus tard le tribunal ultérieurement saisi du procès.

C. Absence d'autorité de la chose jugée au principal :

a) Etant donné que le juge du fond n'est pas lié par la décision obtenue au référé, l'on en
déduit que l'ordonnance n'est pas investie, quant au fond, de l'autorité de la chose jugée.
b) L'ordonnance de référé peut être modifiée ou rapportée par un nouveau référé dans la
mesure où sont apparues des circonstances nouvelles L'ordonnance de référé a une certaine autorité
de la chose jugée dans la mesure où le juge du référé est obligé de maintenir sa propre ordonnance.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 141

Section 6 : Les recours contre l'ordonnance des référés

L'ordonnance rendue en dernier ressort par défaut est susceptible d'opposition.


L'appel est légalement possible sauf si l'ordonnance émane du premier président.
L'arrêt de la cour a la même portée que l'ordonnance et est susceptible de pourvoir en
cassation.

Section 7 : Lacune à combler en droit congolais

L'absence de la procédure de référé en droit congolais constitue une lacune évidente.


Le législateur colonial n'a pas cru indiqué d'y remédier prétextant que la procédure
ordinaire devant les tribunaux était suffisamment rapide et efficace.

Les raisons d'être delà procédure de référé en droit congolais sont les suivantes:
a) les tribunaux ne peuvent apporter la solution rapide qui est requise.
b) la procédure de référé peut assurer le respect du contradictoire dans plusieurs matière'
déférées actuellement à la décision unilatérale du juge des ordonnances.
c) Dans les matières où l'effet de surprise est essentiel, la procédure de référé pourra
permettre aux parties qui prétendent que l'ordonnance sur requête leur fait grief d'élevé
le contentieux devant le président du tribunal siégeant en référé, suivant une procédure expéditive.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 142

TROISIEME PARTIE : LES MESURES CONSERVATOIRE ET LES VOIES


190
D'EXECUTION

190 Voir en substance, les actes de l’OHADA sur la procédure simplifiée de récouvrement des créances et voies
d’exécution et A. RUBBENS : op. cit. n° 269 à 277 et Loïc CADIET : Op. Cit: 1113 à 1129.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 143

CHAPITRE 1 : LE DROIT A L'EXECUTION

Section 1 : La notion du droit à l'exécution

Toute obligation qui créé un droit subjectif confère au créancier le droit d'en obtenir
l'exécution. Normalement le débiteur de l'obligation peut faire exécuter volontairement ses
obligations contractuelles ou légales sans intervention de la justice.

En principe, il n'est pas permis au créancier du droit, d'user de la force pour obtenir
l'exécution de l'obligation qui lui est due parce que cela est source de désordre, sauf dans des cas
particuliers.

L'exécution forcée ne peut se faire que sous le contrôle de la justice ; on ne peut y


recourir qu'après mise en demeure.

Section 2 : Les actes exécutoires

L'office ministériel compétent peut revêtir de la formule exécutoire les actes


authentiques; mais le bénéficiaire doit recourir aux agents de l'Etat (huissier, les OMP. les agents
de la force publique) pour contraindre la partie qui manque à ses engagements à les exécuter de
force.

Le juge doit autoriser l'exécution provisoire de jugement dont le fondement se trouve


dans les actes authentiques parce que ces derniers ont une force probante particulière.

Il existe un cas où il y a un titre exécutoire sans contrôle de la justice mais sous le


contrôle du conservateur de titres fonciers qui est officier ministériel; c'est en matière de mutation
de droits immobiliers, le conservateur des titres immobiliers auquel est présenté un acte
authentique de mutation de droits, opérera le transfert des droits immobiliers à la requête
unilatérale de l'acquéreur à condition que celui-ci présente également le certificat d'enregistrement.

En matière d'hypothèque; la clause de la voie parée donne également force exécutoire au


contrat mais l'exécution forcée ne peut se faire que sous le contrôle du juge.

En matière de conflit individuel de travail, les P.V. de conciliation dressés par


l'inspecteur du travail peuvent être revêtus de la formule exécutoire par ordonnance du président de
la juridiction qui aurait pu être compétente pour connaître du litige.

Section 3 : Le caractère exécutoire des jugements

La grosse, c'est-à-dire l'expédition revêtue de la formule exécutoire permet au


bénéficiaire d'un jugement de condamnation à faire ou à payer quelque chose, d'exécuter de force
des dispositions du jugement mais cela doit se faire par l'office de l'huissier.

L'exercice de recours suspend la force exécutoire du jugement, sauf si le jugement a été


dit exécutoire nonobstant tout recours.

Les jugements ne peuvent être exécutés qu'après signification; et s'ils comportent une
condamnation, les jugements ne peuvent être exécutés qu'après commandement fait au débiteur
de l'obligation; toutefois, il existe des jugements dits « exécutoires sur minute, c'est-à-dire des
jugements qui peuvent être exécutés dès !e prononcé : il s'agit des jugements avant dire droit qui
organisent la procédure : exemple désignation d'experts, mesures probatoires, mesures
provisoires.
L'exécution peut être retardée par une décision motivée du juge qui accorde au débiteur
le bénéfice d'un délai de grâce.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 144

CHAPITRE II : LES PROCEDURES D'EXECUTION FORCEE

Section 1 : Les modes d'exécution forcée

Pour vaincre la résistance du condamné à exécuter les décisions de justice, divers


moyens de contrainte physique et morale peuvent être utilisés de même que l'expropriation d'une
partie ou de la totalité du patrimoine du condamné.

Le mode d'exécution dépend de la nature du dispositif du jugement :


a) Lorsque l'exécution directe est possible, on usera de la force pour atteindre le résultat
prescrit par le jugement ;
b) Lorsqu'une obligation de faire est imposée au condamné, on peut user soit de
l'astreinte, soit faire exécuter l'ouvrage par un tiers aux frais du condamné;
c) Lorsqu'il y a obligation de payer, il est indiqué de saisir certains éléments du
patrimoine, de les réaliser pour affecter le prix au payement de la dette.

Section 2 : La contrainte par corps

La procédure civile congolaise ne prévoit pas, comme la procédure pénale, la contrainte


par corps dite « prison pour dettes ».

Les juridictions coutumières appliquent la contrainte par corps; si elle a pour but
d'exercer une pression sur le débiteur de mauvaise foi qui cache des biens sur lesquels l'exécution
eut pu se faire, cette mesure est parfaitement défendable. Elle est plus douteuse si elle a pour but
d'exercer une pression sur les membres de la parentale pour les amener à cotiser de l'argent en
vue de libérer un parent de son obligation. La mesure est immorale si elle fait subir une
« peine » à un débiteur insolvable.

Section 3 : L'exécution en nature

- Il faut donner la préférence à l'exécution directe chaque fois qu'elle se révèle possible;
- il faut enlever aux mains du condamné, pour le remettre au légitime propriétaire, un
objet attribué au demandeur ;
- il faut expulser de l'immeuble occupé indûment le condamné pour en remettre la
possession au demandeur.

Section 4 : L'exécution par équivalent

Lorsque la condamnation porte sur une obligation de donner une certaine qualité de
marchandises, le jugement peut prévoir qu'à défaut de livrer la marchandise dans un délai fixé, le
demandeur/peut se procurer sur le marché toute quantité et exiger le remboursement du prix
payé; cette-modalité d'exécution est cependant à décommander parce qu'elle peut susciter des
controverses sur le prix réellement payé, ce qui va provoquer de nouveaux procès.

Lorsque la condamnation porte sur une obligation de faire, l'exécution peut en être faite
par un autre et aux frais du condamné, lorsque ce dernier a refusé de s'exécuter dans le délai
prescrit par le jugement. C'est notamment le cas lorsque le jugement condamne à une démolition
d'ouvrage.

Section 5 : L'astreinte

L'astreinte constitue un autre moyen de contraindre le condamné à exécuter une


obligation de faire au sens strict, l'astreinte est une pénalité infligée, proportionnée à la durée du
retard, pour non accomplissement d'une obligation civile.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 145

Il y a lieu de noter que le droit civil congolais répugne à l'idée qu'une peine puisse être
infligée sans qu'il y ait infraction et qu'un particulier puisse être bénéficiaire d'une « amende » qui
pourrait l'enrichir sans cause. Cependant l'on rencontre des cas où la jurisprudence congolaise fait
application quoique de façon réservée, de l'astreinte (191).

L'astreinte a été également introduite en droit français par la loi du 5 juillet 1972; elle
vise à exercer une pression sur te plaideur négligeant ou de mauvaise foi ou sur un tiers; elle est
indépendante des dommages-intérêts. L'on peut, en droit français recourir à l'astreinte,
notamment pour obliger les parties à communiquer et à restituer les pièces, pour contraindre les
192
parties ou les tiers à fournir des documents ou de la justification .

CHAPITRE III. LES MESURES CONSERVATOIRES ET LES VOIES D’EXECUTION A


L’AUNE DE L’ENTREE EN VIGUEUR DE L’OHADA EN RDC

Dans le rapport d’obligations entre créancier et débiteur, il arrive que leur exécution
rencontre plusieurs écueils, si bien que le bénéficiaire de la créance se trouve préjudicié par le
retard ou simplement l’inexécution de l’obligation de son débiteur. C’est pour faire face à ces
écueils qu’il a été institué des mécanismes visant à protéger le créancier. Ces mécanismes
déterminent les modalités à prendre en compte par le créancier, pour que soit garanti le paiement de
sa créance par son débiteur insolvable, soit mettre la main sur les biens de ce dernier afin de se faire
payer.

Ces garanties se présentent d’une part comme étant des mesures d’assurance en
possession du créancier victime de l’inexécution sur les biens de son débiteur insolvable (mesures
conservatoires) et, d’autre part comme étant les mesures offrant au créancier la possibilité de se
faire payer sur les biens de son débiteur insolvable (voies d’exécution). C’est dans cette logique
qu’il convient d’affirmer que l’exécution forcée conduit nécessairement aux voies d’exécution.

Alors que les mesures conservatoires ont pour vocation de rendre indisponibles les biens
du débiteur en vue de garantir sa solvabilité lorsqu’il est établi qu’il existe des circonstances de
nature à en menacer le recouvrement ; les voies d’exécution constituent, elles, le dernier moyen
auquel recourt le créancier insatisfait pour être désintéressé par son débiteur. Le droit, en cette
matière, a connu une évolution en matière des saisies et voies de suretés. Evolution qui est tributaire
de l’entrée en vigueur des actes uniformes de l’OHADA en RDC, depuis le 12 septembre 2012. Il
convient d’analyser tour à tour les règles qui organisent les saisies conservatoires et les saisies
exécutoires.

Section 1. Saisies conservatoires

Les saisies conservatoires répondent à une nécessité d’affranchir la vie contractuelle


entre créancier et débiteur. Si tous les biens du débiteur, même ceux qu’il acquerra ultérieurement
tant que la dette n’est pas apurée, répondent de ses engagements, il reste que le créancier est exposé
à tous les aléas qui pourraient affecter la consistance du patrimoine du débiteur dont il subira les
vicissitudes67. Le créancier ne pouvant pas écarter les actes d’appauvrissement du débiteur dont le
droit de disposition de ses biens demeure entier malgré les dettes qu’il a pu contracter, il se risque
de se retrouver à la merci d’une gestion négligente du patrimoine du débiteur faire face au moment
du recouvrement de sa créance à un patrimoine dégarni et se heurter à l’insolvabilité du débiteur.
C’est dans l’optique d’éviter cette situation que le législateur procure au créancier divers moyen
dont le recours aux saisies conservatoires.

191 Jean Vincent et Serge GUINCHARD , Op. Cil. n° 792 à 798


192 A. RUBEENS: Op Cit. Tome II n° 268
67 F. T’KINT, Sûretés et principes généraux du droit de poursuite du créancier, 3 ème éd, Bruxelles, Larcier, 200, p. 23.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 146

En cette matière, à l’instar des voies d’exécution, le droit congolais a connu des
nouvelles saisies en supprimant par la même occasion toutes les saisies et voies d’exécution qui
existaient en droit congolais68. Contrairement à l’ancienne législation congolaise, l’AUPSRVE
distingue quatre types de saisie conservatoire à savoir : la saisie conservatoire des biens meubles
corporels, la saisie conservatoire des créances, la saisie conservatoire de droit d’associés et des
valeurs mobilières et la saisie-revendication. Au-delà des règles particulières qui s’appliquent à
chacune des saisies, il existe des règles communes qu’il convient de mettre en évidence.

§1. Règles communes applicables à toutes les saisies conservatoires

L’AUPSRVE prévoit des règles communes se rapportant à la procédure et à la


contestation qui peut résulter de la procédure de saisie.

1. Règles relatives à la procédure

Tout créancier peut par requête, solliciter de la juridiction compétente du domicile ou du


lieu où demeure le débiteur, l’autorisation de pratiquer une mesure conservatoire sur tous les biens
mobiliers corporels ou incorporels de son débiteur, sans commandement préalable s’il justifie des
circonstances de nature à en menacer le recouvrement. La décision autorisant la saisie
conservatoire doit à peine de nullité préciser le montant des sommes pour la garantie desquelles la
mesure conservatoire est autorisée et préciser la nature des biens sur lesquels elle porte. Cette
autorisation tombe caduque si la saisie conservatoire n’est pas pratiquée dans un délai de trois mois
à compter à partir du jour de son prononcé.

De même, il apparait affirmé que lorsque le créancier est détenteur d’un titre exécutoire,
il n’a plus besoin d’une autorisation judiciaire pour procéder à la saisie conservatoire, il ne peut que
solliciter l’acte de saisie auprès de l’huissier ou de l’agent d’exécution69. Toutefois, lorsque la
saisie est exercée sans titre exécutoire, le créancier doit dans le mois qui suit ladite saisie à peine de
caducité introduire une procédure ou accomplir les formalités nécessaires à l’obtention d’un titre
exécutoire.

D’une manière générale, en plus de l’existence certaine de la créance, comme les saisies
conservatoires sont exercées généralement avant l’exigibilité de la créance, l’article 54 de
l’AUPSRVE subordonne leur exercice à l’existence de circonstance de nature à menacer le
recouvrement de la créance70. Ainsi, l’obligation est faite au créancier d’apporter la preuve de
l’existence de ces circonstances. C’est cet élément qui différencie remarquablement les saisies
conservatoires des saisies exécutoires.

Etant donné que le législateur parle de circonstances de nature à compromettre le


recouvrement, on est fondé à considérer que les saisies conservatoires ne peuvent être pratiquées
que s’il s’agit d’une créance ayant pour objet une somme d’argent. En effet, le terme

68 Cette abrogation totale résulte de l’article 336 de l’AUPSRVE aux termes duquel, l’AU/RVE abroge toutes les
dispositions relatives aux matières qu’il concerne dans les Etat parties.
69 Dans l’état actuel de la pratique judiciaire congolaise, des telles mesures relèvent plus du greffier que de l’huissier,
car sur le terrain, les huissiers ne sont là que pour instrumenter les actes de justice.
70 J. ISSA – SAYEGH, N. DIOUF et alii, op.cit, p.786. Se fondant sur la doctrine et la jurisprudence française, le
professeur Ndiaw DIOUF soutient aussi dans le même ouvrage que l’expression « circonstance de nature à menacer le
recouvrement de la créance » est synonyme de risque d’insolvabilité imminente du débiteur, il faut en déduire que
l’autorisation ne sera pas accordée s’il n’existe pas un risque sérieux d’insolvabilité du débiteur.
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« recouvrement » utilisé ne concerne que les créances de cette nature71. La formule adoptée dans
l’article 59 conforte d’ailleurs cette analyse72.

L’expression « recouvrement » utilisé par le législateur exprime simplement l’obtention


de l’exécution de l’obligation par le créancier (la satisfaction du créancier). Toutefois, la situation
devient paradoxale lorsque le législateur érige en condition générale de nullité des saisies
conservatoires, le défaut de précision du montant des sommes pour la garantie desquels la mesure
conservatoire est autorisée, comme s’il limitait les saisies conservatoires aux seules saisies de
créances et des biens meubles corporels alors que lui-même a prévu la saisie-revendication pour
laquelle la précision du montant n’est pas nécessaire, car le créancier ne fait que réclamer sa
propriété ou même son droit de jouissance.

Lorsque l’huissier établit l’acte de saisie à l’égard du tiers, il doit lui demander de lui
indiquer les biens qui auraient fait l’objet d’une saisie antérieure et de lui communiquer le procès-
verbal enfin, l’huissier dresse un procès-verbal de saisie contenant certaines mentions obligatoires à
peine de nullité73.

2. Règles relatives aux contestations

Dans toutes les saisies, le créancier dispose toujours d’un délai pour contester la saisie
conservatoire. Ce délai court à compter du jour que la saisie est signifiée régulièrement au débiteur.
En usant de son droit de contestation, le débiteur sollicite toujours du tribunal la décision de
mainlevée. Cette décision vaut annulation de la saisie. La saisie conservatoire étant aussi pratiquée
entre les mains des tiers, ce dernier dispose aussi du droit de le contester.

§2. Les saisies conservatoires instituées par l’AUPSRVE

Quatre formes de saisies conservatoires sont réglementées par l’OHADA. Il s’agit de : la


saisie conservatoire des biens meubles corporels, la saisie conservatoire des créances, la saisie
conservatoire de droit d’associés et des valeurs mobilières et la saisie-revendication.

1. Saisie conservatoire des biens meubles corporels (les articles 64 à 76 de l’AUPSRVE)

La saisie conservatoire des biens meubles corporels est une possibilité que la loi offre à
tout créancier de rendre indisponibles les biens de son débiteur lorsqu’il ne l’a pas désintéressé.
Une telle démarche constitue une mesure de sécurité pour le créancier, car il n’aura pas à se
plaindre de l’insolvabilité de son débiteur le moment venu par le simple fait qu’il aura gardé intact
le patrimoine de son débiteur qui du reste, est le gage général de tous les créanciers.

1.1. Objet sur lequel peut porter la saisie conservatoire des biens meubles corporels
La simple constatation de l’intitulé de cette saisie suffit pour déterminer le domaine de
son intervention. La saisie conservatoire des meubles corporels touche tous les biens meubles
corporels du débiteur. Ce qui implique que le créancier peut la pratique sur tous les biens meubles
corporels.

Toutefois, certains biens meubles corporels du débiteur qui ne peuvent pas être saisis.
Sur cette question, la référence est faite au code de procédure civile congolais, car le droit OHADA
dans l’article 55 de l’AUPSRVE reconnait la possibilité à chaque Etat partie de déterminer la liste

71 J. ISSA – SAYEGH, N. DIOUF et alii, op.cit, p.785.


72 Il s’agit de l’article 59 de l’AUPSRVE aux termes duquel, la décision autorisant la saisie conservatoire doit, à peine
de nullité préciser le montant des sommes pour la garantie desquelles la mesure conservatoire est autorisée et préciser la
nature des biens sur lesquels elle porte.
73 Voir l’article 64 de l’AUPSRVE.
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des biens insaisissables. En droit congolais, la question est réglée par l’article 127 du code de
procédure civile. Cette disposition indique la liste d’un nombre des biens qui ne peuvent faire
l’objet de la saisie. Il s’agit : des couches et des habits du saisi et de sa famille, les livres
indispensables à la profession du saisi et s’il est artisan, les outils nécessaires à son travail
personnel, les provisions de bouche nécessaires à la nourriture du saisi et de sa famille pendant un
mois, une bête à corne, ou trois chèvres, ou trois moutons, au choix du saisi.

Il appert de l’analyse de cette disposition que l’énumération des biens non saisissable est
désuète et inadéquate aux contingences de la société congolaise actuelle. Le législateur animé du
souci humanitaire, a attendu ériger un bouclier en faveur du débiteur en vue de lui éviter le
dénuement total. A ce jour il est impérieux que cette énumération soit revisitée, surtout que
l’OHADA laisse la latitude aux Etats partie de lister les biens qui ne doivent pas faire l’objet de la
saisie.

1.2. Procédure de la saisie conservatoire des biens meubles corporels


Il est vrai qu’à l’instar de toutes les autres saisies, la saisie conservatoire des biens
meubles corporels est exécutée par l’huissier ou greffier le cas échéant. Avant de procéder à la
saisie, l’huissier (greffier) doit demander au débiteur de lui indiquer les biens qui auraient fait
l’objet d’une saisie antérieure et de lui en communiquer le procès-verbal. Après ce préalable,
l’huissier dresse un procès-verbal de saisie qui contient certaines mentions obligatoires à peine de
nullité. Par ailleurs, le procès-verbal de saisie est signifié au saisi dans le délai de 8 jours pour que
si possible, ce dernier puisse la contester ou au tiers lorsque la saisie est pratiquée entre les mains
de celui-ci.

Cette saisie peut être pratiquée sans autorisation judiciaire préalable lorsque le créancier
est détenteur d’un titre exécutoire. Conformément aux dispositions de l’article 111 de la nouvelle
loi organique du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences de juridictions
de l’ordre judiciaire, il est reconnu au président de tribunal de paix ou à défaut celui du tribunal de
grande instance la compétence d’autoriser les saisies.

Lorsqu’elle est autorisée et régulièrement pratiquée, la saisie conservatoire entraine


l’indisponibilité des biens saisis qui se trouvent placés sous-main de justice et ne peuvent plus faire
l’objet d’aucune opération juridique ni d’aucun déplacement matériel. Ils sont en quelque sorte
« gelés » entre les mains du gardien74.

La situation devient différente, lorsque le débiteur n’a pas de domicile fixe ou encore
lorsque son domicile ou son établissement se trouve établi à l’étranger. Dans cette hypothèse,
l’article 73 de l’AUPSRVE, donne la compétence à la juridiction du domicile du créancier pour
trancher les litiges relatifs à la saisie des biens.
Cette solution n’est pas loin de la notion de la saisie foraine.
Lorsque la saisie conservatoire des biens meubles corporels n’aboutit pas, c’est-à-dire,
qu’elle ne permet pas au créancier de bénéficier de sa créance, elle peut être convertie en saisie
vente qui du reste, est une voie d’exécution pour que le créancier trouve satisfaction en se faisant
payé le prix. Muni d’un titre exécutoire constatant l’existence de sa créance, le créancier signifie au
débiteur un acte de conversion contenant certaines mentions à peine de nullité75. D’ailleurs sur
cette question, il convient de rappeler que l’OHADA est porteur d’une innovation, car dorénavant,
le créancier n’aura plus à recourir à la validation de la saisie lorsqu’il est détenteur d’un titre
exécutoire. L’acte de conversion qui est l’œuvre d’huissier doit être signifié au saisi qui dispose
d’un délai de 8 jours, et à l’expiration de ce délai, l’huissier procède à la vérification des biens
saisis et dresse acte de ceux qui manquent ou qui sont dégradés. Dans cet acte, le débiteur est

74 M. DONNIER, Voies d’exécution et procédures de distribution, 5ème éd, Paris, Litec, 1999, p.172.
75 Voir l’article 69 de l’AUPSRVE.
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informé qu’il dispose d’un délai d’un mois pour vendre à l’amiable les biens saisis et si après ce
délai, il n’a pas été procédé à la vente amiable, il est alors procédé à la vente forcée des biens
saisis76.

2. Saisie conservatoire des créances

Réglementée par les articles 77 à 84 de l’AUPSRVE, la saisie conservatoire des créances


est une garantie que le législateur reconnait au créancier de saisir les créances de son débiteur se
trouvant entre les mains d’une tierce personne pour s’en attribuer au cas où le débiteur demeurerait
insolvable. Elle apparait comme étant une grande sécurité en faveur du créancier en ce sens qu’il
n’aura pas à s’inquiéter en cas de l’insolvabilité du débiteur.

1.3. Objet sur lequel peut porter la saisie conservatoire des créances

Comme son intitulé l’indiqué, cette forme de saisie conservatoire porte sur les créances.
Cela emporte comme conséquence que cette saisie ne peut être appliquée que sur les créances. La
polysémie du substantif « créance » ne doit pas conduire à inclure sur le champ de la saisie
conservatoire des créances toutes les formes des créances. Seules entre sur la ligne de compte que
les créances portant sur les sommes d’argent. On doit exclure également, les droits d’associés et les
rémunérations quand bien même qu’il s’agit des créances des sommes d’argents77. A la différence
de l’ancien système qui était d’application en RDC, système dans lequel la saisie conservatoire
était appliquée sur les biens tant meubles corporels qu’incorporels, le droit OHADA consacre une
saisie conservatoire des créances qui ne porte que sur les sommes d’argent.

1.4. Procédure de la saisie conservatoire des créances

La saisie conservatoire des créances est effectuée au moyen d’un acte d’huissier de
justice qui contient certaines mentions obligatoires à peine de nullité78.

La saisie conservatoire des créances est pratiquée dans les mains d’un tiers, en
conséquence, elle met en relief trois personne à savoir : le créancier, le tiers saisi et le débiteur. A
partir du moment de sa mise en œuvre, elle doit être signifiée au débiteur au moyen d’un acte
d’huissier dans un délai de 8 jours à peine de caducité79à fin que le débiteur puisse faire ses
contestations et l’acte d’huissier par lequel la saisie est portée à la connaissance du débiteur
contient certaines mentions obligatoires à peine de nullité80.

Lorsque l’huissier procède à la saisie, le tiers saisi doit lui fournir tous les renseignements
nécessaires81 et lui remettre copie de toutes pièces justificatives. Tout tiers saisi qui refuserait de
fournir les renseignements sans motif légitimes s’expose au payement des sommes pour lesquelles

76 M. DONNIER, op.cit, p. 174.


77 Dans le champ d’application de la saisie conservatoire des créances, il y a d’une part l’exclusion des droits
d’associés par le fait que ceux-ci sont soumis à une saisie conservatoire particulière (la saisie conservatoire des droits
d’associés et des valeurs mobilières) et d’autre part, il y a aussi l’exclusion des rémunérations par l’article 175 de
l’AUPSRVE aux termes duquel les rémunérations ne peuvent faire l’objet d’une saisie conservatoire.
78 Voir l’article 77 de l’AUPSRVE.
79 Le législateur communautaire évoque la caducité comme sanction frappant le non-respect du délai de huitaine pour
la signification de la saisie conservatoire des créances au débiteur. Ainsi, il est clair que le souci du Cette mesure est
protectrice de droit du débiteur qui doit être informé rapidement de toute servitude qui grève son patrimoine.
80 Voir l’article 79 de l’AUPSRVE.
81 Les renseignements que le tiers saisi doit fournir à l’huissier sont fixés par l’article 156 de l’AUPSRVE aux termes
duquel, le tiers saisi doit déclarer et communiquer à l’huissier l’étendue de ses obligations à l’égard du débiteur ainsi
que les modalités qui pourraient les affectées et s’il y a lieu les cessions des créances, les délégations ou saisies
antérieures.
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la saisie a été pratiquée au cas où celle-ci est convertie en saisie attribution. En outre, le tiers saisi
peut aussi être condamné au paiement des dommages-intérêts en cas de négligence fautive ou
fausses déclarations.

Comme dans la saisie conservatoire des biens meubles corporels, le créancier peut
procéder à la saisie conservatoire des créances sans autorisation préalable du juge lorsqu’il est
détenteur d’un titre exécutoire.

Une fois autorisée, la saisie conservatoire des créances rend les sommes saisies
indisponibles. Cependant, le créancier ne peut pas aller au-delà de sa créance, c'est-à-dire que le
créancier ne peut saisir les sommes qu’en concurrence de sa créance.

Lorsque le créancier qui a pratiqué la saisie n’est pas désintéressé par son débiteur, il
peut obtenir sa conversion en saisie attribution qui du reste, est la voie d’exécution par laquelle, le
créancier se fait attribuer les sommes saisies. Pour y arriver, il doit être porteur d’un titre exécutoire
constatant sa créance demeurant toujours impayé par son débiteur en dépit de la saisie conservatoire
des créances effectuée. La conversion est autorisée par l’huissier, à la diligence du créancier.
L’acte de conversion doit contenir certaines mentions à peine de nullité82, puis signifié au tiers
saisi en l’informant aussi que dans la limite, la demande entraine l’attribution immédiate de la
créance saisie en sa faveur. En outre, le créancier doit aussi signifier l’acte de conversion au
débiteur qui dispose d’un délai de 15 jours pour contester l’acte devant le juge compétent. A défaut,
le tiers effectue le paiement au créancier sur base des sommes saisies.

Toutefois, le paiement peut intervenir avant l’expiration de ce délai de 15jours, lorsque le


créancier déclare expressément n’est pas contester l’acte de conversion.

3. Saisie revendication

Règlementée par l’AUPSRVE des articles 227 à 235, la saisie revendication se


particularise par le fait qu’elle a pour finalité de rendre indisponible un bien meuble corporel pour
lequel il est réclamé la propriété ou la jouissance, en vue d’une restitution ou délivrance.

Toute personne qui réclame un bien meuble corporel se trouvant entre les mains d’une
autre personne peut par le mécanisme de la saisie revendication indisponibilisé le bien en question.
Il ressort que la saisie revendication constitue une sécurité pour le créancier d’un bien qui doit lui
être délivré ou restitué, étant donné qu’elle lui permet de garder intact le bien en question partout où
il serait à fin qu’il puisse lui être délivré ou restitué le moment venu.

Le titulaire d’une telle saisie est soit le propriétaire du bien meuble corporel revendiqué,
soit celui qui en a la jouissance. Il résulte de cette condition que la saisie revendication n’est autre
que le prolongement du droit de suite reconnu au propriétaire en droit congolais.

3.1. Objet sur lequel peut porter la saisie revendication

Autant que la saisie conservatoire des biens meubles corporels, la saisie revendication
porte aussi sur les biens meubles corporels. Toutefois, en faisant la jonction de la nature de la saisie
revendication et le droit de suite du propriétaire, on pourrait dire que la saisie revendication touche
même certains biens meubles corporels qui ont été cités comme ne faisant pas l’objet de la saisie
conservatoire des biens meubles corporels. Cet élargissement de la saisie revendication même aux
effets personnels se justifie par le fait que celui qui revendique ce bien est sensé en être propriétaire
ou jouisseur.

82 Article 82 de l’AUPSRVE.
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3.2. Procédure de la saisie revendication

A l’instar des saisies précédentes, la saisie revendication se fait par l’acte d’huissier et
obéit à la même procédure. Elle peut être exercée par le créancier sans autorisation préalable
lorsqu’il est détenteur d’un titre exécutoire ou d’une décision de justice qui n’a pas encore force
exécutoire. Dans la même optique, il faut signaler que l’autorisation de saisir ou tout titre
permettant la saisie est opposable à tout détenteur du bien sans aucune exception sous réserve de
l’éventuel droit de propriété que pourrait démontrer le détenteur83.

Comme dans toutes les autres saisies conservatoires, la saisie revendication demeure
aussi soumise aux conditions de l’article 60 et 61 de l’AUPSRVE. En outre, lorsque cette saisie est
exercée entre les mains d’un tiers, celui-ci est soumis aux mêmes obligations que le tiers saisi dans
la saisie conservatoire des créances. Toutefois, il faut signaler que les tiers saisi et le débiteur garde
toujours le droit contestation comme dans les deux précédentes saisies et à défaut de contestation
dans un délai d’un mois, l’indisponibilité cesse.

La saisie revendication peut aussi être convertie en saisie appréhension qui est une voie
d’exécution. Cette conversion n’est possible que dans la mesure où le créancier dispose d’un titre
exécutoire prescrivant la délivrance ou la restitution du bien saisi.

Section 2. Voies d’exécution

Les voies d’exécution constituent le dernier rempart pour la créancière victime de


l’inexécution. Elles lui permettent à défaut d’obtenir le paiement de sa créance, de s’adresser aux
biens composant l’actif du patrimoine de son débiteur afin de se faire payer sur leur valeur.

L’AUPSRVE prévoit plusieurs saisies exécutoires, notamment, la saisie-vente, la saisie-


attribution, la saisie-appréhension et la saisie immobilière. Au-delà des règles particulières qui
gouvernent chacune des saisies, des règles communes sont prévues pour toutes les saisies
exécutoires.

§1. Règles communes à toutes les voies d’exécution

1. La détention d’un titre exécutoire

Pour qu’un créancier procède à la saisie exécution, il doit détenir un titre exécutoire. Ce
dernier s’entend d’un acte permettant à son bénéficiaire de poursuivre l’exécution forcée en
recourant, si nécessaire, à la force publique. Il se caractérise formellement par l’apposition de la
formule exécutoire sur la première expédition du titre ou de l’acte qui, pour cette raison, est
dénommée copie exécutoire84. L’OHADA a, dans le dessein de dissiper tout malentendu au sujet
de titre exécutoire, indiqué une liste des documents qui constituent le titre exécutoire. Aux termes
de l’article 33 de l’AUPSRVE, ces documents sont : les décisions juridictionnelles revêtues de la
formule exécutoire et celle qui sont exécutoire sur minute ; les actes et décisions juridictionnelles
étrangères ainsi que les sentences arbitrales déclarées exécutoires par une décision juridictionnelle,
non susceptibles de recours suspensif d’exécution de l’Etat dans lequel ce titre est invoqué ; les
procès-verbaux de conciliation signés par le juge et les parties, les actes notariés revêtus de la
formule exécutoire ; les décisions auxquelles la loi nationale de chaque Etat partie attache les effets
d’une décision judiciaire.
Le titre exécutoire doit constater une créance certaine, liquide et exigible sous réserve de
la saisie-appréhension où le caractère liquide et exigible de la créance n’est pas exigé, compte tenu
de l’objet de la réclamation qui porte sur la propriété ou la possession d’un bien meuble corporel.

83Voir l’article 230 de l’AUPSRVE.


84 M. DONNIER, op.cit., p.58.
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2. Le commandement

En sus de la détention d’un titre exécutoire, il faut aussi qu’un commandement soit
signifié au débiteur 8 jours avant la saisie. Ainsi, le créancier n’a plus à recourir à l’instance de
validité. Alors voulant dissiper toute confusion, l’AUPSRVE dresse une liste limitative des actes
considérés comme titres exécutoires. En effet, aux termes de l’article 33 de l’AUPSRVE,
constituent titres exécutoires : les décisions juridictionnelles revêtues de la formule exécutoire et
celle qui sont exécutoire sur minute ; les actes et décisions juridictionnelles étrangères ainsi que les
sentences arbitrales déclarées exécutoires par une décision juridictionnelle, non susceptibles de
recours suspensif d’exécution de l’Etat dans lequel ce titre est invoqué ; les procès-verbaux de
conciliation signés par le juge et les parties, les actes notariés revêtus de la formule exécutoire ; les
décisions auxquelles la loi nationale de chaque Etat partie attache les effets d’une décision
judiciaire.

3. Le droit de contestation

Dans toute la procédure d’exécution, le législateur reconnait au débiteur ou au tiers s’il


échait, le droit de contester l’irrégularité de la saisie exécutoire appliquée à son égard. La
juridiction compétente reste celle du domicile du débiteur ou celle du lieu de la situation des biens
saisis. Ainsi, concrètement, en droit congolais, le juge compétent reste le président du tribunal de
paix et celui du TGI à défaut du premier.

§2. Règles particulières à chaque saisie

1. Saisie-vente
Elle s’entend d’une saisie par laquelle le créancier, muni d’un titre exécutoire, place sous
mains de justice et fait vendre un meuble corporel (ou plusieurs) se trouvant dans le patrimoine de
son débiteur et détenu soit par lui soit par un tiers85. Dans la mesure où elle permet au créancier de
procéder au placement sous main de la justice les biens meubles corporels du débiteur en vue de les
faire vendre pour se faire payer sur leurs prix de vente, la saisie-vente est une sécurité que le
législateur offre au créancier non désintéressé pour obvier l’insolvabilité de son débiteur.

Notons que cette saisie peut être exercée à titre principal, tout comme elle peut résulter
de la saisie conservatoire des biens meubles corporels après conversion.

1.1. Objet sur lequel peut porter la saisie-vente

L’article 91 de l’AUPSRVE86, il ressort que la saisie vente concerne les meubles


corporels du débiteur soit lorsqu’ils sont en la possession de celui-ci, soit lorsqu’ils sont détenus par
un tiers. Sur ce point, il se dégage une différence entre la saisie-vente et l’ancienne saisie-
exécutoire d’autant plus que la saisie-vente peut être pratiquée sur les biens du débiteur se trouvant
même entre les mains d’un tiers alors que l’ancienne-saisie-exécutoire n’était pratiquée que sur les
biens se trouvant entre les mains du débiteur. Il est aussi important de noter que cette saisie peut
être pratiquée même sur les biens mobiliers corporels qui ont été saisis antérieurement à titre
conservatoire87.

85 M. DONNIER, op. cit., p. 239.


86 Tout créancier muni d’un titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible peut…, faire procéder à la saisie
et à la vente des biens meubles corporels appartenant à son débiteur, qu’ils soient ou non détenus par ce dernier, afin de
se faire payer sur leur prix…
87 Voir l’article 95 de l’AUPSRVE.
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Toutefois, il convient de signaler que certains biens meubles corporels échappent à la


saisie-vente compte tenu de leur caractère personnel ou leur nécessité pour le besoin familial (voir
ce qui a été dit sur les biens meubles corporels insaisissables dans la saisie-conservatoire des biens
meubles corporels ou compte tenu de leur destination, car il y a certains biens qui sont meubles par
nature et immeubles par destination et des tels biens ne peuvent faire l’objet de la saisie-vente sauf
pour paiement de leur prix88.

1.2. Procédure

1.2.1. Le titre exécutoire


Avant de procéder à toute voie d’exécution y inclus la saisie-vente, le créancier doit
justifier d’un titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible. La saisie-vente apparait
comme étant une véritable mesure d’exécution forcée, car elle conduit (sauf incident) à la vente
forcée des biens saisis. C’est une mesure grave qui, dès l’origine exige des garanties sérieuses de la
part du créancier et c’est pourquoi le législateur exige de ce dernier la détention d’un titre
exécutoire constant une créance certaine et liquide pour éviter toute conséquence néfaste.

1.2.2. Commandement de payer


Lorsque le créancier est détenteur d’un titre exécutoire, il doit obtenir un
commandement de payer qui doit être signifié au débiteur dans les 8 jours à peine de nullité. En cas
d’absence de réponse de la part du débiteur au-delà des 8 jours, l’huissier ou l’agent d’exécution
peut sur justification du titre exécutoire, pénétrer dans un lieu servant ou non d’habitation 89.
Toutefois, avant de procéder à la saisie, l’huissier ou l’agent d’exécution réitère verbalement la
demande de paiement si le débiteur est présent en l’informant qu’il est tenu de faire connaitre les
biens qui ont fait l’objet d’une saisie antérieure. C’est en ce moment que l’huissier dresse l’acte de
saisie contenant certaines mentions à peine de nullité90. C’est l’acte de saisie qui constitue le point
de départ de la saisie-vente, car, il marque l’indisponibilité des biens saisis.

Le débiteur est, en règle générale, gardien des biens saisis. Exceptionnellement, la


juridiction compétente peut désigner un séquestre. Elle peut également ordonner l’immobilisation si
le dans les biens saisis il y a un véhicule pour éviter la détérioration de ce dernier avant que la vente
n’intervienne.

Si la saisie porte sur les biens détenus par un tiers et dans les locaux d’habitation de ce
dernier, elle doit être autorisée par la juridiction compétente du lieu où se trouvent les biens. Fort de
cette autorisation et justifiant du commandement de payer signifié au débiteur 8 jours passés sans
effets, l’huissier peut saisir entre les mains du tiers, les biens que celui-ci détient pour le compte du
débiteur.

C’est à partir de cette étape que l’huissier invite le tiers à déclarer les biens qu’il détient
pour le compte du débiteur, et, parmi ces derniers, ceux qui auraient fait l’objet d’une saisie
antérieure. Au cas où le tiers déclare détenir des biens pour le compte du débiteur, il est dressé un
inventaire qui contient certaines mentions à peine de nullité91. Si le tiers est présent à l’opération,
l’huissier lui rappelle verbalement que toute déclaration mensongère ou inexacte l’expose à être

88 M. DONNIER, op.cit, p.241. Il faut faire une exception en ce qui concerne les immeubles par destination qui, étant
des objets mobiliers affectés au service ou à l’exploitation d’un fonds ou bien lui étant attachés à perpétuelle demeure,
n’ont qu’une nature juridique immobilière artificielle et fictive, c’est pourquoi il est admis que ces biens ne peuvent être
saisis indépendamment de l’immeuble, sauf pour paiement de leur prix.
89 Voir l’article 98 de l’AUPSRVE.
90 Voir l’article 100 de l’AUPSRVE.
91 Voir l’article 109 de l’AUPSRVE.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 154

condamné au paiement des causes de la saisie et éventuellement aux dommages-intérêts ; les objets
saisis sont indisponibles, sont placés sous sa garde et ils ne peuvent être ni aliénés ni déplacés si ce
n’est dans le cas prévu par l’article 97 de l’AUPSRVE92 sous peine des sanctions pénales et il est
tenu de faire connaitre la saisie appliquée sur les biens à tout créancier qui procéderait à une saisie
sur les mêmes biens et enfin il conserve le droit de refuser la garde des biens saisis, il peut à tout
moment demander à en être déchargé. Dans cette hypothèse, l’huissier pourvoit à la nomination
d’un gardien et à l’enlèvement des biens.

La saisie-vente a pour finalité réelle de satisfaire le créancier non désintéressé. Pour ce


faire, le créancier fait vendre les biens saisis pour se faire payer sur leur prix. Ainsi, le principal
effet de la saisie-vente est la vente des biens saisis afin de désintéresser le créancier sur leur prix. Il
importe de signaler que le législateur communautaire a institué deux formes de vente qui sont : la
vente amiable et la vente forcée. Il importe aussi de noter qu’avant la réalisation des biens saisis, la
saisie-vente les rend indisponibles.

 Vente amiable
Cette vente constitue la possibilité que le législateur laisse au débiteur des biens saisis de
les vendre avec sa propre volonté pour désintéresser ses créanciers. Ainsi, le législateur reconnait
cette possibilité au débiteur pendant un délai d’un mois à compter de la notification du procès
verbal de saisi.

D’ailleurs, s’agissant de cette vente, le professeur Ndiaw DIOUF affirme que le


législateur communautaire a fait preuve d’humanisme en introduisant cette forme de vente qui la
laisse la possibilité au débiteur de vendre volontairement les biens saisis avant toute vente forcée93.

Après que le débiteur a vendu volontairement les biens saisis en ayant bien sûr averti
l’huissier sur toutes les propositions qui lui ont été faites et que ce dernier ait aussi informé le
créancier saisissant et ceux opposants disposant d’un délai de 15 jours pour se prononcer, le prix de
la vente est consigné entre les mains de l’huissier au choix du créancier saisissant. C’est à ce stade
que le greffier procédera au paiement de prix aux divers créanciers selon le cas.

 Vente forcée
D’emblée, il convient de signaler que cette vente a lieu lorsque la vente amiable n’a pas
été réalisée. Donc, on ne peut directement passer à la vente forcée sans qu’il ne soit accordé au
créancier le délai de la vente amiable (ce délai est d’un mois augmenté de 15 jours reconnus aux
créanciers un pour prendre parti).

Cette vente s’effectue aux enchères publiques par l’auxiliaire de justice compétente. Elle
a lieu soit à l’endroit où se trouvent les biens saisis, soit en une salle ou un marché publics ou même
sur le lieu qui sera désigné par la juridiction compétente en cas de contestation94.

Etant effectuée aux enchères, la vente des biens saisis est faite au plus offrant après trois
criées. Le paiement est fait au comptant et la vente est arrêtée lorsque le prix des biens vendus
assure le paiement du montant des causes de la saisie et des oppositions, en principal, intérêts et
frais. C’est à ce stade qu’intervient le paiement des obligations aux créanciers après que le procès
verbal de la vente a été dressé.

92 Les biens saisis sont indisponibles. Si une cause légitime rend leur déplacement nécessaire, le gardien est tenu d’en
informer préalablement le créancier, sauf en cas d’urgence absolue.
93 J. ISSA – SAYEGH, N. DIOUF et alii, op.cit, p.809.
94 Voir l’article 120 de l’AUPSRVE.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 155

Toutefois, il sied de noter que la vente est soumise à certaines règles de publicité se
cristallisant par l’apposition des affiches indiquant le lieu, l’heure et le jour de la vente à la mairie
du domicile ou du lieu où demeure le débiteur, au marché voisin et à tous les lieux appropriés ainsi
qu’au lieu de la vente.

Avant de passer à la saisie-attribution, il convient de relever que dans la saisie-vente, le


législateur communautaire a instauré une particularité concernant la saisie-vente permettant au
créancier du propriétaire de droit aux fruits de saisir les récoltes et fruits proches de la maturité. Il
s’agit en fait de la « saisie des récoltes sur pied ». Ces fruits et récoltes sont saisis avant qu’ils
soient séparés du sol et cette saisie ne peut à peine de nullité intervenir plus de 6 semaines avant
l’époque habituelle de maturité.

Les récoltes et fruits saisis sont la garde du débiteur saisi ou du gérant à l’exploitation
désigné par la juridiction compétente. La vente de ces fruits et récoltes est faite aux enchères
publiques dans les conditions précédemment analysées dans la vente forcée des biens saisis. Cette
vente est aussi soumise aux mêmes règles de publicité que celles de la saisie-vente.

2. Saisie-attribution des créances

La saisie-attribution des créances est la voie d’exécution par laquelle, un créancier muni
d’un titre exécutoire, bloque entre les mains d’un tiers les sommes d’argent qui sont dues par celui-
ci à son débiteur en vue de se le faire attribuer95. Partant de cette définition, il est vrai d’affirmer
que la saisie-attribution des créances est une véritable garantie de sécurité pour le créancier non
payé et un véritable moyen de paiement, car le débiteur n’aura qu’à se faire attribuer les sommes
d’argent saisies à concurrence de sa créance. Donc, il reçoit directement payement.

2.1. La saisie attribution des créances ancienne saisie-arrêt en droit congolais

La saisie-arrêt consacrait par le droit congolais a été remplacée par la saisie attribution
des créances depuis l’entrée en vigueur des Actes uniformes de l’OHADA. En effet, si la saisie-
attribution des créances a pris la place de la saisie-arrêt avec l’entrée en vigueur du droit OHADA,
elle en est cependant très différente dans la mesure où elle est beaucoup plus légère et beaucoup
plus efficace mais aussi beaucoup plus limitée dans son domaine96. Il est vrai que la saisie-arrêt qui
était d’application en RDC sur base du code de procédure civile, fonctionnait sur un schéma
tellement complexe et tellement lourd qu’elle n’était plus en mesure de faire face à sa mission de
pourvoir à la satisfaction du créancier non désintéressé, car coûtante et lourde pour ce dernier.
D’ailleurs l’une des causes de la complexité de la saisie-arrêt était sa double nature juridique, en
partie conservatoire et en partie exécutoire, ce qui lui permettait tout en aboutissant nécessairement
à une exécution forcée, de conserver une grande souplesse pendant la première phase conservatoire
laquelle, pour cette raison, avait été considérablement prolongé alors que la saisie-attribution des
créances est purement exécutoire.
Comme cela résulte de la terminologie elle-même, l’ancienne saisie-arrêt, « arrêt »
d’abord les sommes saisies, les mettait sous mains de justice, alors que la nouvelle saisie-attribution
« attribue » directement la créance au saisissant, lequel, dès l’acte de saisie, devient « propriétaire »
de la créance saisie.

95 J. ISSA – SAYEGH, N. DIOUF et alii, op.cit, p.814.


96 Il importe de noter qu’en sus des sommes d’argent, la saisie-arrêt portait aussi sur des créances de livraison d’objets
mobiliers corporels alors que la saisie-attribution ne porte que sur des créances des sommes d’argent. D’ailleurs, cette
pluralité des biens à saisir entrainait des différences importantes quant au déroulement des opérations de saisie-arrêt.
Ainsi, lorsque la saisie-arrêt portée sur une créance des sommes d’argent, le jugement en validité constituait un titre de
paiement qui créait un droit exclusif du saisissant sur les sommes saisies arrêtées. Tandis que lorsque la saisie-arrêt
portée sur une créance de livraison d’objets mobiliers corporels le jugement de validité ne constituait pas un titre de
paiement mais seulement un titre exécutoire permettant d’accéder à la vente aux enchères des biens saisis.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 156

Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il y ait confusion avec un paiement97.
Une autre cause de sa lourdeur provenait de sa procédure compliquée comprenant
plusieurs phases et dominée surtout par l’instance en validité qui remettait en cause toute la
procédure déjà engagée et qui rendait sans valeur le titre exécutoire que détenait le créancier alors
qu’avec la saisie-attribution, il n y a plus d’instance en validité. Donc, la procédure est beaucoup
plus allégée et par conséquent, sécurisant pour tout créancier qui en utilise.

2.2. Objet sur lequel peut porter la saisie-attribution des créances

Le seul titre de cette saisie suffit pour prouver son domaine d’intervention, c'est-à-dire
que cette saisie ne porte que sur les créances. Toutefois, il convient d’affirmer que les créances dont
mention est faite ici sont des créances des sommes d’argent.

Comme il a été affirmé dans la saisie conservatoire des créances, il est aussi logique
d’affirmer qu’il y a certaines créances quoique consistant en sommes d’argent, ne sont pas soumise
à la saisie-attribution. Il s’agit là des rémunérations qui du reste, sont soumises à une saisie
particulière qui est la saisie et cession des rémunérations.

En bref, la saisie-attribution des créances porte sur les créances des sommes d’argent
autres que les rémunérations (salaires).

2.3. Procédure de la saisie-attribution des créances

Comme il a été signalé dans la saisie-vente, dans la saisie-attribution des créances, le


créancier doit être muni d’un titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible.

Ainsi, fort d’un tel titre, le créancier se présente chez l’huissier pour y solliciter la saisie-
attribution des créances. C’est à ce niveau qu’un commandement de payer est attribué au débiteur.
Sur ces points, les conditions restent les mêmes que celles de la saisie-vente. Après cette étape,
l’huissier procède bien sûr à l’élaboration de l’acte de saisie qui comporte, à concurrence des
sommes pour lesquelles la saisies est appliquée, tous les accessoires ainsi que certaines mentions à
peine de nullité98.

3. Saisie-appréhension

La saisie-appréhension peut être définie comme étant une procédure fondée sur un titre
exécutoire permettant au créancier d’une obligation de livraison ou de restitution d’un bien meuble
corporel de faire appréhender ledit meuble par un huissier de justice soit encore entre les mains de
la personne ténue de la remise soit entre celles d’un tiers.

Cette mesure apparait comme une voie d’exécution dans la mesure où le saisissant entre
directement en possession de son bien. Elle une arme entre les mains des créanciers d’une
obligation de livraison ou de restitution, qui, par ce biais, entre directement en possession de leurs
biens au cas où le débiteur traine le pas.
Comme on peut le constater, la saisie-appréhension peut être exercée à l’endroit du
débiteur directement ou à l’égard du bien se trouvant entre les mains d’une tierce personne.
A l’instar de deux saisies précédentes, la saisie-appréhension peut être exercée à titre
principal ou elle peut résulter de la conversion de la saisie-revendication lorsqu’elle la précède.

97 E. PUTMAN cité par M. DONNIER, op.cit, p.291.


98 Voir les articles 154 et 157 de l’AUPSRVE.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 157

3.1. Objet sur lequel peut porter la saisie-appréhension

La saisie-appréhension ne porte que sur les biens meubles corporels. De ce point de vue,
elle présente de similitudes avec la saisie-vente et la saisie conservatoire des biens meubles
corporels. Elle s’en différencie par la finalité qu’elle poursuit. En effet, la saisie-appréhension ne
poursuit pas la vente des meubles corporels auxquels elle s’adresse et ne vise pas à mettre ces
meubles sous main de justice et de les rendre indisponibles. Son objet très spécifique est la livraison
ou la restitution de ceux-ci aux personnes qui ont des droits sur eux (créancier saisissant).

3.2. Procédure de la saisie-appréhension

Avant d’analyser la procédure, il sied de relever que la saisie-appréhension, comme il a


été signalé ci-haut, a pour objet, la livraison ou la restitution d’un bien meuble corporel. Il en
découle qu’une telle saisie ne peut être exercée que par le créancier d’une obligation de livraison ou
de restitution. Ainsi, partant de la nature de cette obligation, il est parait loisible d’affirmer qu’une
telle action ne peut être l’œuvre que d’une personne qui a un droit réel sur les biens meubles
corporels dont elle réclame la livraison ou la restitution99. En conséquence, il est logique de noter
que la saisie-appréhension ne peut être exercée que par une personne qui a le droit réel sur les biens
à saisir, c'est-à-dire que dans la saisie-appréhension, le créancier doit être soit le propriétaire du
bien, soit une personne qui a la jouissance du bien (usufruitier). A cette catégorie, il y a aussi le
créancier gagiste qui veut récupérer les biens qui lui avaient été gagés.

S’agissant du propriétaire, l’exercice de ce droit n’est autre que le prolongement de son


droit de suite et de préférence sur son bien.

Certes, comme dans toutes les autres voies d’exécution analysées ci-haut, le créancier qui
veut exercer la saisie-appréhension doit avoir un titre exécutoire100 constatant son droit sur les
biens à saisir d’une part et d’autre part, il doit y avoir un commandement de délivrer ou de
restitution signifié à la personne tenue de la remise (débiteur), ce commandement contient certaines
mentions à peine de nullité101. La procédure diffère selon qu’il s’agit de la saisie pratiquée sur les
biens se trouvant entre les mains du débiteur ou celle pratiquée sur les biens se trouvant entre les
mains d’une tierce personne.

Lorsque la saisie est exercée directement sur les biens se trouvant chez le débiteur, en
principe, l’huissier doit lui adresser un commandement, mais, le bien peut être saisie (appréhendé)
sans commandement préalable si le débiteur est présente et qu’il n’offre pas à effectuer le transport
du bien à ses propres frais, à condition qu’il lui soit présenté le titre exécutoire en vertu duquel la
saisie est pratiquée102.
C’est à ce niveau que l’huissier dresse l’acte de la remise volontaire ou de l’appréhension
du bien.

Avant d’analyser la procédure de l’appréhension entre les mains du tiers, il convient de


signaler que la situation du tiers revêt deux facettes, il peut s’agir soit d’un tiers qui détient
effectivement pour le compte de celui qui est tenu de la remise soit d’un tiers qui détient pour son

99 A vrai dire, la livraison prouve que la personne veut entrer en possession pour la première fois d’un bien dont elle a
acquis la propriété ou la jouissance alors que la restitution signifie que la personne cherche à récupérer son bien (le bien
sur lequel elle a un droit de propriété)se trouvant chez l’autre personne soit en vertu d’un contrat soit en vertu de tout
autre acte.
100 A la différence du titre exécutoire contenant une créance exigible et liquide exigé dans la saisie-vente tout comme
dans la saisie-attribution, le titre exécutoire exigé dans la présente saisie ne constate que le droit du créancier sur le bien
à appréhender.
101 Article 219 de l’AUPSRVE.
102 Article 220de l’AUPSRVE.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 158

propre compte. Dans ce dernier cas, l’appréhension aura comme fondement, le droit de suite
reconnu à tout propriétaire en matière mobilière. Mais on sait bien cette appréhension risque de se
heurter fréquemment à un obstacle de taille qui n’est autre que le célèbre bocard « en fait de
meuble possession vaut titre ». A priori, cela devrait éliminer toute possibilité d’appréhension dans
ce cas, mais il est bien connu que cette règle comporte bien des exceptions.

Quoi qu’il en soit, chaque fois que l’appréhension est faite entre les mains du tiers, une
sommation de remettre le bien appréhendé lui doit directement être signifiée. Cette sommation doit
directement être dénoncée à la personne tenue de livrer le bien ou de le restituer. La sommation
ainsi signifiée doit contenir certaines mentions à peine de nullité dont notamment une injonction
d’avoir, dans un délai de 8 jours, soit à remettre le bien désigné, soit à communiquer à l’huissier,
sous peine des dommages-intérêts le cas échéant, les raisons pour lesquelles il s’oppose à la
remise103. Toutefois, à défaut de remise dans le délai imparti, le créancier peut demander au
tribunal du domicile du tiers détenteur du bien d’ordonner la remise de celui-ci. L’action du
créancier se prescrit dans une année à compter à partir du jour où la sommation a été signifiée.

3.3. Contestation

Autant que les autres saisies, la saisie-appréhension n’est pas aussi démunie des
contestations. Ces dernières peuvent provenir du débiteur, du tiers saisi ou même de toute autre
personne intéressée. Au demeurant, il convient de signaler que dans le fond, les contestations de la
saisie-appréhension sont quasiment celles déjà analysée dans les deux première voies d’exécution.
En tout état de cause, la juridiction compétente est soit celle du lieu où est domicilié le débiteur soit
celui du lieu où le tiers saisi est domicilié.

Comme le non l’indique, la finalité de la saisie-appréhension est l’appréhension du bien.


Cette appréhension est faite dans le but de remettre le bien au créancier. L’AUPSRVE reconnait
que sur la seule présentation de la décision judiciaire prescrivant la remise du bien au requérant, il
peut être procédé à l’appréhension de ce bien104.

Nonobstant toutes les garanties analysées dans la présente section, il est aussi impérieux
de noter que le législateur communautaire a prévu une autre procédure permettant à certains
créanciers de recouvrer plus vite leurs créances. Il s’agit en effet de la procédure simplifiée de
recouvrement des créances.

Cette procédure est exempte de plusieurs formalités, car ici, le créancier sollicite
seulement l’autorisation du président de la juridiction compétente pour passer à l’œuvre. Dans la
procédure simplifiée de recouvrement des créances, il y a deux grandes procédures qui peuvent être
exercées. Il s’agit de la procédure d’injonction de payer et de la procédure simplifiée tendant à la
délivrance ou à la restitution d’un bien meuble corporel.

La procédure d’injonction de payer n’est ouverte qu’aux créanciers justifiant d’une


créance certaine, liquide et exigible. La créance dont question doit résulter d’une cause
contractuelle ou d’un engagement provenant de l’émission ou de l’acceptation de tout effet de
commerce, d’un chèque dont la provision s’est révélée inexistante ou insuffisante105. Ainsi,
lorsque le créancier saisit le président du tribunal de paix ou du tribunal de grande instance selon le
cas, celui-ci doit apprécier la demande, à l’issue de l’analyse, il peut rejeter la demande 106 ou lui
donner une suite favorable. Dans la dernière hypothèse, il rend la décision d’injonction de payer qui
du reste doit être signifié au débiteur dans les trois mois. Le débiteur dispose d’un délai de 15 jours

103 L’article 224 de l’AUPSRVE.


104 Voir l’article 226 de l’AUPSRVE.
105Articles 1 et 2 de l’AUPSRVE.
106 Dans ce cas, la décision du juge n’est susceptible d’aucun recours sous réserve des recours de droit commun.
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augmentés de délai de distance à compter du jour de la signification pour faire opposition. Après
que le tribunal est saisi en opposition, le président qui a rendu la décision d’injonction de payer doit
tenter une réconciliation entre les deux parties. En cas de succès, le président dresse un procès
verbal de conciliation et en cas d’échec, il doit immédiatement statuer sur la demande de
recouvrement. Au bout de cette opération le président rend une décision qui se substitue à la
décision d’injonction de payer107.

Toutefois, il faut noter que si le débiteur n’a pas fait opposition dans le délai de 15 jours à
dater de la signification de la décision d’injonction de payer lorsqu’il a désisté après avoir formé
l’opposition, le créancier est fondé de demander l’apposition de la formule exécutoire sur ladite
décision et dans ce cas, cette décision produit les mêmes effets qu’une décision contradictoire et ne
souffre pas d’appel108.

La procédure simplifiée tendant à la délivrance ou à la restitution d’un bien meuble


corporel, il faut noter qu’elle est ouverte aux créanciers d’une obligation de délivrance ou de
restitution d’un bien meuble corporel. A l’instar de la procédure d’injonction de payer, dans cette
procédure le créancier de l’obligation de délivrance ou de restitution saisit le président de la
juridiction par le biais d’une requête au fin d’obtenir une décision portant injonction de délivrer ou
de restituer. Le président saisi suit la même procédure que celle qui vient d’être analysée dans le
cadre de la procédure d’injonction de payer, c'est-à-dire que le débiteur dispose du délai
d’opposition qui est toujours de 15 jours, le président dispose de son pouvoir d’appréciation et de
conciliation en cas d’opposition, le créancier peut toujours solliciter l’apposition de la formule
exécutoire sur la décision portant injonction de livrer ou de restituer en cas de non opposition dans
le délai ou en cas du désistement du débiteur qui a fait l’opposition. Comme la décision
d’injonction de payer contenant la formule exécutoire et celle rendue sur opposition, la décision
portant injonction de délivrer ou de restituer contenant la formule exécutoire et celle rendue sur
opposition sont aussi des titres exécutoires et peuvent par conséquent faire l’objet d’exécution
forcée en cas de besoin.

4. La saisie immobilière

La saisie immobilière est organisée par les articles 246 à 334 de l’AUPSRVE. Elle
s’entend de la procédure par laquelle un créancier poursuit la vente par expropriation forcée des
immeubles appartenant à son débiteur défaillant ou de ceux affecté à sa créance 109. Pour y arriver,
le droit OHADA a prévu un formalisme de strict respect en vue de préserver les intérêts mis en jeu
à l’occasion de cette saisie. C’est pourquoi une procédure longue et complexe a été instituée à
l’endroit du créancier saisissant. La vente ne peut intervenir qu’en vertu d’un titre exécutoire
constatant une créance liquide et exigible. La juridiction saisie pour la vente de l’immeuble, est
celle qui exerce la plénitude de juridiction dans le ressort territorial du lieu où se situe l’immeuble.

4.1. Objet sur lequel peut porter la saisie immobilière

La saisie immobilière ne peut porter que sur un bien immobilier. De ce point de vue, elle
se différencie de la saisie-vente qui porte exclusivement sur un bien mobilier. Compte tenu de la
nature des biens sur lesquels porte la saisie, il s’est avéré indispensable de l’entourer de
mécanismes efficace et pour le bien du débiteur et pour celui du créancier.

107 Cette décision est appelable dans un délai de 30 jours.


108 Articles 16 et 17de l’AUPSRVE. La demande tendant à l’apposition de la formule exécutoire est formée au greffe
par simple déclaration écrite ou verbale et se prescrit dans un délai de deux mois suivant l’expiration du délai
d’opposition ou le désistement du débiteur.
109 OHADA, Traité et actes uniformes commentés et annotés, 3ème éd., 2008, p. 841.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 160

4.2. Procédure et conditions

L’exercice de la saisie immobilière requiert la réalisation de quelques conditions ainsi


que l’observation stricte de certaines procédures.

4.2.1. Les conditions

Les conditions pour procéder à la saisie immobilière tiennent à la nature des biens et à
l’immatriculation préalable. Elles sont prévues aux articles 249 à 253 de l’AUPSRVE. Elles ont la
vocation de protéger les droits réels qui se rapportent à l’immeuble au risque, compte tenu de
l’importance du bien, de mettre en moule lesdits droits. C’est en ce sens que, par exemple, lorsqu’il
s’agit d’un bien immobilier qui est dans un régime de l’indivision ; la par indivise ne peut être mise
en vente avant le partage ou la liquidation110. Relativement à l’immatriculation, il est admis que si
l’immeuble sur lequel la saisie veut être pratiquée n’a pas fait l’objet de l’immatriculation, dans la
mesure où la législation nationale l’exige, le créancier est tenu de requérir que cette immatriculation
soit faite111.
Lorsque ces conditions sont satisfaites, il reste que la procédure soit observée par le
créancier.

4.2.2. La procédure

La saisie immobilière fait appelle à une procédure complexe et stricte. Elle va de la mise
de l’immeuble sous main de justice en passant par la préparation de vente pour aboutir à la vente
proprement dite.

- La mise de l’immeuble sous main de justice112

Caractérisée par deux temps forts, la mise de l’immeuble sous main de justice est une
phase importante, dont l’inobservance de certaines formalités est de nature à entrainer l’échec dans
l’entreprise du créancier. Le point de départ de cette phase commence avec le commandement
préalable aux fins de saisie.

Ainsi, toute poursuite en vente forcée d’immeuble ne peut, sous peine de nullité,
s’exercer sans ce commandement. Il doit contenir de mentions obligatoires à peine nullité, et être
signifiée régulièrement au débiteur et le cas échéant au tiers détenteur de l’immeuble. Cette
signification est accompagnée d’une sommation, soit de payer l’intégralité de la dette en principal
et intérêts, soit de délaisser l’immeuble hypothéqué, soit enfin de subir la procédure
d’expropriation.

Après qu’il a été signifié à qui de droit, l’original du commandement est visé par le
conservateur des titres immobiliers, à l’initiative de l’huissier ou de l’agent d’exécution. Une fois
qu’il l’a visé, une copie lui est laissée pour publication. Cette formalité est cruciale, dans la mesure
où le créancier ne peut, lorsque dans le 3 mois de la signification il n’arrive pas à sa diligence de
déposer ou faire déposer l’original du commandement pour publication, reprendre les poursuites
qu’en les réitérant.
Le principal effet que produit le commandement, c’est qu’en cas de défaut de paiement,
il vaut saisie à partir du moment où il fait l’objet d’inscription. Outre cet effet, il est à indiquer que
le commandement ouvre la voie à la préparation de la vente.

110 Article 249 de l’AUPSRVE.


111 Article 253 de l’AUPSRVE.
112 V. les articles 254 à 258 de l’AUPSRVE.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 161

- La préparation de la vente113

Quatre étapes interviennent dans la préparation de la vente de l’immeuble saisi. La


rédaction et le dépôt du cahier des charges où doivent être indiquées en avance les conditions et
modalités de la vente de l’immeuble saisi ; la sommation de prendre communication dudit cahier,
qui implique que dans les huit jours à compter du dépôt du cahier précité, le saisi et d’autres
créanciers inscrits doivent obtenir d’amples précisions sur le contenu du cahier et y déposer leurs
dires et l’audience éventuelle qui permet en respect au principe du contradictoire la confrontation
des dires et observations, après quoi intervient la dernière étape de la publicité en vue de la vente.
Cette étape permet, dans les trente jours plus tôt ou dans les 15 jours plus tard, de passer à
l’adjudication.

- La vente de l’immeuble saisi114

La vente de l’immeuble est l’étape ultime dans la procédure de saisie immobilière. Elle
ne peut avoir lieu que dans la mesure où toutes les étapes précédemment analysées sont observées.
La vente est faite aux enchères publiques à la barre de la juridiction compétente ou en l’étude du
notaire convenu. Seul celui qui fait l’offre la plus importante peut être déclarée adjudicataire.

CHAPITRE III : LA DISTRIBUTION

Section 1. Notions

L’opération de saisie peut déboucher à la vente du bien ayant fait l’objet de la saisie.
Lorsque la vente est réalisée, la question de la répartition du prix résultant de la vente entre
créancier se pose avec acuité. L’option levée par l’Acte uniforme sur les procédures simplifiées de
recouvrement et des voies d’exécution en matière de distribution est d’instituer une procédure
simple et accélérée prenant en compte deux situations. D’une part le cas d’un seul créancier et,
d’autre part, celui de plusieurs créanciers sur une même saisie. La lecture des dispositions de cet
Acte révèle que dans certains cas l’intervention du tribunal est nécessaire, tel est le cas de plusieurs
créanciers qui ne se mettent pas d’accord sur la distribution. Dans d’autres cas l’intervention du
tribunal peut se révéler inutile, tel est le cas d’un seul créancier ou de plusieurs créanciers dont
l’accord sur la distribution du prix a été conclu sans embûche.

Un seul créancier peut, en effet, procéder à l'une des formes de saisie et se faire payer sur
le produit de la réalisation de la chose saisie à concurrence de la créance reconnue, en principal,
intérêts et frais, dans un délai de quinze jours, à compter du versement du prix de la vente.

S’il y a plusieurs créanciers inscrits ou privilégiés qui poursuivent le paiement de leur


créance en matière mobilière ou immobilière, les créanciers peuvent s’entendre sur la répartition du
prix. Dans ce cas il s’agit d’une réparation consensuelle rendant inutile l’intervention du tribunal.
L’article 325 de l’Acte uniforme qui organise les procédures simplifiées de recouvrement et voies
d’exécution demande aux créanciers qui se sont ainsi entendu d’adresser leur convention sous seing
privé ou sous forme authentique au greffe ou à l’auxiliaire de justice qui détient les fonds. A défaut
d’une telle convention entre créanciers, dans un délai d’un mois suivant la date du versement du
prix de la vente, l’intervention du tribunal, saisi par le créancier le plus diligent, est le seul moyen
de fixer les règles de distribution entre créanciers. C’est dans ce sens que l’article 326 de l’Acte

113 Voir, les articles 266 à 278 de l’AUPSRVE.


114 Voir, les articles 280 à 297 de l’AUPSRVE.
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précité attribue la compétence de stature sur la répartition du prix, au président de la juridiction du


lieu de la vente ou le magistrat délégué par lui.

Section 2 : La distribution du produit des saisies immobilières

Le créancier qui a le premier pratiqué la saisie immobilière est le seul qui peut
poursuivre l'expropriation. Les autres créanciers ne peuvent avoir part à la distribution qu'à une
double condition :
a) Avoir fait reconnaître la sincérité de leur créance par un jugement.
b) Avoir consigné entre les mains du comptable de l'Etat une part des frais
proportionnels au montant de leur créance.
Le notaire dresse un projet de distribution du prix dans l'ordre suivant :
 les droits proportionnels dus pour la vente aux enchères ;
 les hypothèques légales ;
 les hypothèques conventionnelles, dans l'ordre de l'inscription ;
 les privilèges arrêtés par l'art. 249 de la loi dite foncière du 20 juillet 1973, les
créances privilégiées autres, dûment reconnus comme telles par le jugement, pour vu que les
créanciers aient participé aux consignations des frais ;
 les créanciers chirographaires dans les mêmes conditions.
Lorsque le résidu d'une distribution ne permet plus d'honorer les créances du rang
suivant, ce solde est réparti par contribution au marc le franc, chaque créancier du dernier rang
honoré contribuant aux pertes en proportion de sa créance.
Le Président du tribunal de grande instance ordonne la convocation des créanciers et leur
demande après vérification, leur accord sur la distribution proposée. En cas de désaccord sur
l'ordre de distribution, les créanciers les plus diligents peuvent soumettre leurs prétentions aux
tribunaux qui se prononcent par un jugement.

Section 3 : La distribution du produit des saisies mobilières

La loi congolaise est muette sur cette question ; la pratique s'est instaurée d'appliquer le
barème de la répartition du prix des droits immobiliers. Les saisissants ne sont pas propriétaires
mais créanciers des deniers provenant de la vente aux enchères tant qu'ils n'ont pas été versés par le
greffier aux mains des saisissants. En cas de distribution inéquitable, les autres créanciers peuvent
saisir par requête, le président pour pouvoir faire opposition au paiement et ce en saisissant entre
les mains du greffier, toute somme appartenant au débiteur.
S'ils ont déjà un titre exécutoire, ils participent de plein droit à la distribution.
Le greffier établit le compte en prenant en considération les privilèges, en répartissant les
sommes disponibles au marc le franc, en suivant l'ordre des privilèges. Le projet, de paiement
est soumis à la signature de tous les créanciers ayant pratiqué des saisies.
Dès que la distribution est effectuée, elle ne peut plus donner lieu à la réparation en
faveur des créanciers qui surgissent ultérieurement, fussent-ils nantis de privilèges.
Si les créanciers intéressés à une même saisie n'arrivent pas à s'entendre sur la
distribution, le greffier les invitera d'assigner et le tribunal tranchera.
Tout créancier peut intervenir dans l'instance pendant toute la durée de la procédure en
validation de saisie et jusqu'à l'exécution du jugement et même après le prononcé jusqu'à
l'exécution parfaite par voie de tierce opposition ; mais une tierce-opposition ne sera pas
recevable après que le greffier s'est dessaisi : en effet les créanciers n'ont pas été payés sans
cause et ne peuvent donc pas être condamnés à restituer quand bien même ils ont été
favorisés.

L'huissier ne procédera pas à une nouvelle saisie sur les mêmes objets car saisie sur
saisie ne vaut ; il procédera à un recollement c'est-à-dire que l'huissier va immédiatement
dénombrer les meubles saisis avant la vente consécutive à une saisie exécution afin de vérifier s'il
n'en a pas détourné depuis lors ; ce dénombrement donne lieu à la rédaction d'un PV. Si la première
saisie n'a pas épuisé les biens meubles, l'huissier peut, à la requête d'un deuxième créancier,
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compléter la saisie, et c'est l'ensemble des biens qui seront expropriés pour couvrir le paiement dû à
l'ensemble des créanciers saisissants.

L'on ne peut concevoir deux saisies immobilières sur un même droit immobilier. En
revanche, tout créancier ayant un titre exécutoire peut intervenir et se joindre au saisissant en
participant aux frais de l'exécution (art. 19 de l'ordonnance de 12 novembre 1886).
Si le produit total de la saisie couvre le total des créances, il est sans intérêt de savoir
quel créancier sera le premier payé. Si le montant est insuffisant, pour les payer tout, il se pose un
problème de distribution.
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193
QUATRIEME PARTIE : LES FRAIS ET LES DROITS DE JUSTICE

193 Lire utilement, A. RUBBENS, op. cit. n°290 à 308.


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CHAPITRE I : LES FRAIS ET DROIT EN MATIERE CONTENTIEUSE

Section 1 : Le caractère fiscal des frais et droits

Rappelons que la justice est gratuite en ce qu'il n'appartient pas aux parties de rémunérer
les juges qui sont agents de l'Etat.

Les frais de justice sont du reste sans rapport avec l'importance, la valeur ou le coût des
prestations fournies par les magistrats et les officiers ministériels; ces frais n'ont pas un caractère
rémunératoire, c'est à dire proportionnel aux prestations fournies. Ils ont un caractère purement
fiscal parce qu'ils assurent quelques recettes pour le trésor public.

Est absurde l'idée d'une justice payante, c'est à dire une justice qui rapporte autant où-
plus qu'elle ne coûte.

Section 2. : Le tarif des frais de justice en matière contentieuse

Pour chaque acte de procédure, la loi a fixé un tarif des frais, dont les taux ont été arrêtés
par l'ordonnance loi du 30 novembre 1970, qui a modifié sur ce point le code de procédure civile.
Le juge fixe te frais de transport de séjour des magistrats, greffiers et huissiers, qui sont
nécessaires pour l'accomplissement de devoirs inhérents à la procédure de la cause: ceci veut
dire que le juge établit ou vérifie le compte des dépenses réellement et utilement exposées; il en
arrête le montant qui va entrer en ligne de compte pour l'établissement de l'état des frais. Les
magistrats et les officiers ministériels le soucieront de comprimer ces frais non tarifié qui peuvent
constituer une charge très lourde.
Le tarif établi par la loi est réduit de moitié lorsqu'il s'agit des litiges d'une valeur ne
dépassant pas 100 zaïres à actualiser).

Section 3 : Les taxes

Témoigner en justice est un devoir civique qui ne peut pas donner lieu à rémunération.
Mais, il ne faut pas que l'accomplissement de ce devoir cause un préjudice au témoin;
c'est pourquoi celui-ci peut obtenir en taxe la compensation des pertes qu'il subit (salaire, manque à
gagner) ainsi que les frais (transport, séjour) qu'il a dû exposer pour apporter son témoignage.
Ainsi les taxes sont des indemnités payées aux témoins et ne constituent pas un "salaire".
Les agents de l'Etat qui sont appelés à témoigner ne subissent aucun manque à gagner
puisque leur traitement n'est pas suspendu; c'est pourquoi leur taxe est allouée au profit du trésor,
sauf en ce qui concerne les frais que ces agents auraient personnellement exposés.
C'est le tribunal qui fixe la taxe de l'audience à laquelle le témoin a comparu. Le témoin
peut toucher la taxe au greffe à l'issue de l'audience.

Section 4 : Les honoraires

Les experts, arbitres rapporteurs, traducteurs, interprètes etc. peuvent prétendre à des
émoluments ou salaires qui récompensent leur prestation.
En principe les experts fixent librement leurs honoraires suivant la déontologie de leur
profession.
Lorsque les honoraires et frais sont exagérés, les parties peuvent demander au juge de les
"taxer" c'est à dire de réduire le montant à ce qui est raisonnable.

Section 5 : Les dépens

Les dépens sont les frais, taxes et honoraire qui ont été exposés par les parties en cours
de procédure.
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Les dépens de la partie qui obtient gain de cause sont mis, par le jugement définitif à
charge de la partie succombante.
Certains frais d'avocat ou frais de déplacement d'une partie pour se rendre aux audiences,
ne rentrent pas dans les dépens et restent à la charge de la partie qui les a exposés.

Section 6 : Les frais au degré d'appel

Au degré d'appel les frais tarifés sont doublés


Dans son jugement ou arrêt définitif la juridiction d'appel doit statuer tant sur les frais
exposés en première instance qui sur les frais exposés en appel l'on dit que la juridiction d'appel fait
une masse des frais" dont elle décide l'imputation.
Cependant, il peut y avoir compensation du fait entre les parties, compensation qui fait
que les frais des deux instances ne seront pas globalisés.

Section 7 : Les frais du pourvoi en cassation

L'article 30 et suivant de la loi organique de 2013 sur la procédure devant la Cour de


cassation fixe le tarif de frais des actes de la procédure de cassation.
L'arrêt qui vide la saisine de la cour suprême taxe et impute les frais à la partie
succombante
La juridiction de cassation ne doit pas statuer sur les frais exposés aux degrés inférieurs
de juridiction; si elle casse le jugement, les dispositions imputant les frais sont également cassées,
l'imputation de la masse des frais.

Section 8 : Les droits proportionnels

Les droits proportionnels constituent un véritable impôt dû sur toute somme ou valeur
mobilière allouée par un jugement passé en force de chose jugée.
Par valeur allouée il faut entendre que par l'effet du jugement se fera un transfert des
biens, argent ou liens meubles; dans ce transfert des biens, il faut inclure des dommages-intérêts
alloués et la condamnation au paiement d'un prix qui était dû avant le début du procès.
La mutation du droit immobilier donne lieu à une perception fiscale.
Les droits proportionnels sont dus sur les intérêts qui ont couru jusqu'au jour du
jugement si le juge condamne au paiement d'intérêts moratoires judiciaires.

CHAPITRE II : L'IMPUTATION ET LE RECOUVREMENT DES FRAIS EN MATIERE


CONTENTIEUSE

Section 1 : le moment de l'imputation des frais.

Une juridiction doit statuer sur l'imputation des frais au moment où elle vide sa saisine;
dans tous les jugements avant dire droit, les frais sont réservés.
Le jugement qui prononce la disjonction d'une demande peut envisager la ventilation des
frais: les frais exposés pour la demande vidée par un jugement peuvent être établis et imputés par
ce jugement.
En cas de jugement provisionnel, il convient de réserver les frais, mais les droits
proportionnels sont dus sur le montant alloué.
La condamnation aux frais constitue une obligation légale; le tribunal doit la prouver
d'office.
Le ministère public, partie principale au procès, ne peut jamais être condamné aux frais;
les frais sont mis à la charge du trésor, s'il est débouté de son action ou de son recours, il en est de
même du greffier qui succombe dans une action dirigée contre lui en réduction de la base de
calcul des droits proportionnels.
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Lorsque le ministère public donne son avis, il n'est jamais partie succombante et rien ne
peut être mis comme frais à charge du trésor quand cet avis n'est pas suivi par le tribunal.

Section 2 : L'état des frais

Le greffier tient à jour les comptes de dépense; il crédite le compte de provisions faites
par les parties et le débite des frais exposés à leur requête ou par les actes du tribunal.
La liquidation des dépenses se fait suivant l'état du frais arrêté par le greffier lors du
prononcé du jugement définitif. Cet état est vérifié et visé par le juge qui incorpore dans son
jugement le montant ainsi fixé pour condamner la partie succombante au payement des frais.
Il n'existe pas de procédure pour contester l'état des frais ; si l'état des frais contient une
erreur, les parties peuvent en faire l'observation au greffier ou au juge avant le visa.
La juridiction d'appel n'a pas le pouvoir de réviser l'état des frais visé par le premier juge.
La cour suprême siégeant en cassation ne connaît pas des erreurs contenues dans l'état
des frais visés par le juge.

Section 3 : L'imputation des dépenses

Le principe est que les dépens doivent être mis à la charge e la partie succombante.
Mais il y a possibilité de compensation ou de partage de dépens lorsque les différentes
parties ont succombé dans les demandes et les recours qu'elles ont formés: chaque partie est laissée
avec la charge des frais qu'elle a avancés.
Lorsqu'une partie obtient une somme moindre que celle demandée dans ses dernières
conclusions, elle est partie succombante partiellement. C'est pourquoi la prudence recommande,
face à une demande qui porte sur un montant qui doit être évalué par ce juge, de citer le chiffre
demandé ou tout autre montant que le tribunal estimera équitable.
Il y a lieu à partager des frais lorsqu'une demande reconventionnelle a été retenue, fût-ce
partiellement.
Le partage se fait généralement en imputant aux parties une fraction du total de l'état des
frais: par moitié tiers, quart ou dixième, à la discrétion du tribunal qui va veiller à effectuer un
partage équitable.
La juridiction d'appel ne peut revoir les propositions du partage des frais que dans le cas
où elle infirme le jugement; elle peut reformer un jugement qui statuant sur les frais, n'a effectué
aucun partage alors que les parties ont succombé partiellement ou quand le tribunal du premier
degré à omis de statuer sur les dépens.
La juridiction de cassation peut casser un Jugement qui ne statue pas sur les frais ou qui
ne met pas les frais à la charge de la partie qui a succombé; elle ne peut pas casser du fait que la
proportion de partage est inéquitable.
Lorsque la juridiction d'appel confirme le jugement entrepris, les frais sont à la charge de
l'appelant; les frais sont partagés si l'intimé a fait appel incident. Si la juridiction d'appel réforme le
jugement, elle fait une masse des frais des deux instances. C'est en principe aux parties
succombantes dans le jugement d'appel qu'incombent les frais de l'ensemble du procès.
Les frais frustratoires, c'est-à-dire des frais occasionnés par des actes de procédure qui ne
sont pas de nature à éclairer la justice, sont laissés à la charge de la partie qui les a occasionnés,
quand bien même elle a gagné le procès.

Section 4 : La consignation de la provision pour frais

Le greffier doit veiller à ce qu'aucun acte de procédure ne soit accompli si la partie qui le
demande n'a pas consigné préalablement les frais nécessaire pour couvrir.
Dès l'introduction de la cause au moment de déposer l'assignation, une somme minimale
forfaitaire doit être versée aux mains du greffier. Sauf dispense de consignation le greffier ne
recevra pas la demande avant le payement.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 168

Section 5 : la dispense de consignation des frais

Rappelons qu'une ordonnance du président de juridiction peut dispenser une partie


indigente de faire la consignation forfaitaire requise à l'introduction d'une instance.
Le président peut également décider que les frais d'expertise et d'indemnisation d'expert
seront avancés par le trésor.
L'ordonnance peut aussi prévoir une dispense partielle, suivant les moyens de la partie.

Section 6 : Les recouvrements des frais

Les consignations préalables couvrent normalement tous les frais. Le greffier use
du droit de rétention sur les provisions versées par les parties; il retiendra d'abord les provisions de
la partie succombante et si celles-ci sont insuffisantes; toute autre provision qui lui aura été faite
dans l'instance.

Section 7 : Le recouvrement des droits proportionnels

Dès le prononcé du jugement, la créance fiscale existe; c'est cela qu'exprime l'art. 155 du
code de procédure civile selon lequel les droits proportionnels sont dus sur minute de jugement.
Mais la créance n'est exigible que lorsqu'une partie demande une expédition ou lorsque
le jugement est coulé en force de chose jugée.
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CHAPITRE III : LES FRAIS EN MATIERE NON CONTENTIEUSE

Section 1 : La définition fiscale des matières non contentieuses

Le tarif des frais en matière non contentieuse est fixé par l'art. 1 du décret du 11 juillet
1920, tel que modifiée par le décret-loi du 13 mars 1965 et par l'ordonnance du 30 novembre 1970,
mais les textes de loi ne définissent pas le domaine auquel s'applique ce tarif.

Il y a affaire non-contentieuse lorsqu'il y a nécessité légale de recourir au juge en


l'absence de toute contestation ou sans que l'adversaire ne doive être entendu pour que le juge
prenne une décision.

L'intention du législateur semble être de vouloir taxer plus lourdement tout acte de
procédure qui prépare une procédure contentieuse ou qui en découle sans que soit prise en
considération le critère du caractère contradictoire ou contentieux de l'acte tarifié. Exemple: les
saisies conservatoires; les actes accessoires du tribunal durant l'instance litigieuse (désignation
d'expert, jugement d'expédient...,); les exequatur des sentences arbitrale et des jugements étrangers,
dans ces exemples, les actes de procédure sont taxés suivant le tarif des actes contentieux.

En conclusion, l'on peut soutenir que le tarif des actes non contentieux ne s'appliquerait
qu'aux homologations et actes semblables, même rendus en forme des jugements

Section 2 : La perception des frais en matière non contentieuse

Le paiement des frais en matière non contentieuse ne donne pas lieu à consignation de
frais, sauf si la loi le prévoit expressément.

Fin du cours
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 170

TABLE DES MATIERES


INTRODUCTION ............................................................................................................................. 1
1. DEFINITION DE LA PROCEDURE CIVILE ......................................................................................... 1
2. LE FORMALISME PROCEDURAL .................................................................................................... 1
3. L'IMPORTANCE SOCIALE DE LA PROCEDURE ................................................................................. 1
4. LA PLACE DE LA PROCEDURE DANS LE MONDE JURIDIQUE .......................................................... 1
5. LE CHAMP D'APPLICATION DE LA PROCEDURE CIVILE .................................................................. 2
a) Du point de vue de la matière ............................................................................................... 2
b) Du point de vue de l'application dans l'espace ..................................................................... 2
c) Du point de vue de l'application dans le temps ..................................................................... 3
6. L'INTERPRETATION DU DROIT JUDICIAIRE PRIVE .......................................................................... 3
7. LES TECHNIQUES DE LA PROCEDURE CIVILE (11) ........................................................................... 3
7.1. Le système accusatoire et le principe dispositif ................................................................. 3
7.2. Le principe de l'immutabilité du litige (18) .................................................................... 5
7.3. Le caractère contradictoire de la procédure civile ...................................................... 5
7.4. L'oralité de la procédure civile ..................................................................................... 5
7.5. La publicité des audiences civiles ................................................................................. 6
7.6. La publicité des jugements ............................................................................................ 6
7.7. Les formes et le secret du délibéré ................................................................................ 6
7.8. L'accessibilité au public des registres et archives du greffe ......................................... 7
7.9. Le rôle du Ministère Public en Procédure Civile ......................................................... 7
8. LES SOURCES DE LA PROCEDURE CIVILE ...................................................................................... 7
8.1. La Constitution.............................................................................................................. 7
8.2. La loi et les actes ayant force de loi (les ordonnances-loi ou les décrets-lois) .................. 8
8.3. Les ordonnances du premier président de la Cour de cassation et celle des premiers
présidents des Cours d'Appel..................................................................................................... 8
8.4. La jurisprudence ................................................................................................................. 8
8.5. La doctrine .......................................................................................................................... 8
8.6. La coutume, les usages et les pratiques judiciaires ............................................................ 9
8.8. L'équité ............................................................................................................................... 9
9. BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE ......................................................................................................... 9
A. Droit Congolais ..................................................................................................................... 9
B. Droit Belge .......................................................................................................................... 10
C. Droit Français..................................................................................................................... 10
PREMIERE PARTIE : LA PROCEDURE CONTENTIEUSE........................................ 11
TITRE I. LA PROCEDURE JUDICIAIRE ................................................................................. 11
CHAPITRE I : LES PROCEDURES PREALABLES ................................................................ 11
SECTION 1 : LA MISE EN DEMEURE ................................................................................................ 11
SECTION 2 : LA TENTATIVE DE CONCILIATION ............................................................................... 11
SECTION 3 : L'AUTORISATION DU JUGE PREALABLE A L'INTRODUCTION DE LA DEMANDE EN JUSTICE
...................................................................................................................................................... 13
SECTION 4 : L’ABREVIATION DE DELAI .......................................................................................... 13
SECTION 5 : LA DESIGNATION D'UNE PERSONNE AYANT QUALITE POUR ESTER EN JUSTICE POUR UN
INCAPABLE .................................................................................................................................... 13
SECTION 7 : LES MESURES CONSERVATOIRES ................................................................................ 15
SECTION 8 : LA DISPENSE DE CONSIGNATION DES FRAIS ................................................................ 15
CHAPITRE II : L'ACTION EN JUSTICE .................................................................................. 16
SECTION 1 : NOTIONS .................................................................................................................... 16
§1. Définition ........................................................................................................................... 16
§2. L'objet de l'action (29). ....................................................................................................... 16
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 171

§3. Les conditions d'exercice de l'action en justice ................................................................. 16


SECTION 7 : LA CLASSIFICATION DES ACTIONS .............................................................................. 25
1. Les actions réelles et personnelles ...................................................................................... 25
SECTION 8 : LES SUJETS DE L'ACTION ............................................................................................ 28
SECTION 9 : LES CONVENTIONS DES PARTIES PORTANT SUR L'EXERCICE DE L'ACTION ................... 28
SECTION 10 : LA TRANSMISSION DE L'ACTE A UN TIERS ................................................................. 29
SECTION 11 : L'ACTION DU MINISTERE PUBLIC DEVANT LES JURIDICTIONS DE DROIT PRIVE ......... 29
CHAPITRE 3 : LES INCIDENTS ................................................................................................ 31
SECTION 1. LA NOTION D'INCIDENT .............................................................................................. 31
SECTION 2. CLASSIFICATION DES INCIDENTS ................................................................................. 32
CHAPITRE 4 : LA LIAISON DE L'INSTANCE AU PREMIER DEGRE DE JURIDICTION
........................................................................................................................................................... 34
Section 1 : La demande en justice ........................................................................................... 34
§3. La demande introductive d'instance (les actes de saisine du tribunal en matière civile). 37
§4. Les demandes incidentes.................................................................................................... 51
E. La demande reconventionnelle............................................................................................ 54
F. L'intervention ...................................................................................................................... 56
§5. Les effets de la demande .................................................................................................... 58
Section 2 : La défense en justice .............................................................................................. 60
§2. Les exceptions .................................................................................................................... 61
§3. Les fins de non-recevoir..................................................................................................... 65
CHAPITRE V : L'INSTANCE AU PREMIER DEGRE DE JURIDICTION ......................... 66
SECTION 1 : LA MISE AU ROLE ....................................................................................................... 66
§1. Du rôle général .................................................................................................................. 66
§2. Du rôle ordinaire ............................................................................................................... 67
SECTION 2 : LA COMPARUTION ET LA REPRESENTATION DES PARTIES ........................................... 67
§1. La comparution des parties ............................................................................................... 67
§2. La représentation des parties ............................................................................................ 67
SECTION 3 : LA REGLEMENTATION DES INCIDENTS ........................................................................ 68
§1. La notion d'incident ........................................................................................................... 68
§3. Analyse de cas types d'incidents de procédure .................................................................. 71
SECTION 4 : L’INSTRUCTION DE L'AFFAIRE ................................................................................... 73
§1. Notion ................................................................................................................................ 73
§2. Le régime de l'administration de la preuve ....................................................................... 74
SECTION 5. LES DEBATS................................................................................................................ 80
§1. La forme des débats ........................................................................................................... 80
§2. Chronologie des débats ..................................................................................................... 80
§3. Le contenu des débats ........................................................................................................ 82
§4. Les plaidoiries ................................................................................................................... 82
SECTION 6 : L'AVIS DU MINISTERE PUBLIC .................................................................................... 83
§1. Terminologie : ................................................................................................................... 83
§2. Différents types de communications .................................................................................. 83
§3. Procédure .......................................................................................................................... 84
CHAPITRE VI : LE JUGEMENT CONTRADICTOIRE ......................................................... 85
SECTION 1 : LE DELIBERE .............................................................................................................. 85
§1. Le dossier sur base duquel les juges délibèrent ................................................................ 85
§2. L'objet du délibéré ............................................................................................................. 86
§3. La procédure du délibéré................................................................................................... 86
SECTION 2 : LE JUGEMENT ............................................................................................................. 87
§1. Le prononcé du jugement................................................................................................... 87
§2. Le contenu du jugement ..................................................................................................... 87
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§3. Les différentes catégories de jugements ............................................................................ 88


SECTION 3 : LES EFFETS DU JUGEMENT .......................................................................................... 90
§1. Le dessaisissement du tribunal .......................................................................................... 90
§2. L'autorité de la chose jugée ............................................................................................... 90
§3. La force exécutoire : .......................................................................................................... 91
§4. L'ouverture des voies de recours ....................................................................................... 91
CHAPITRE VII : LA PROCEDURE PAR DEFAUT ................................................................. 91
SECTION 1 : LE DEFAUT : PORTEE, ETENDUE ET LIMITES ................................................................ 91
§1. Quand y a-t-il défaut ? ....................................................................................................... 91
§2. Hypothèses de défaut ......................................................................................................... 92
SECTION 2 : LA PROCEDURE PAR DEFAUT ...................................................................................... 94
SECTION 3 : JUGEMENT PAR DEFAUT. ............................................................................................ 95
§1. Dans la forme .................................................................................................................... 95
§2. Dans les effets du jugement ............................................................................................... 96
CHAPITRE VIII : LA PROCEDURE DEVANT LES JURIDICTIONS
TRADITIONNELLES (POUR MEMOIRE) ............................................................................... 96
SECTION 1 : LA PROCEDURE APPLICABLE DEVANT LES JURIDICTIONS COUTUMIERES .................... 96
SECTION 2 : LA SAISINE DES TRIBUNAUX COUTUMIERS ................................................................. 96
SECTION 3 : LES AUDIENCES .......................................................................................................... 96
SECTION 4 : LE JUGEMENT ............................................................................................................. 96
SECTION 5 : LES EFFETS DU JUGEMENT .......................................................................................... 97
SECTION 6 : EVOCATION ................................................................................................................ 97
SECTION 7 : LE RENVOI.................................................................................................................. 97
CHAPITRE IX : LES VOIES DE RECOURS............................................................................. 98
A. Le fondement du recours ..................................................................................................... 98
B. Le recours dans le droit traditionnel................................................................................... 98
C. Les recours dans le droit moderne du Congo ..................................................................... 98
D. La classification des recours .............................................................................................. 99
E. La renonciation et le désistement ........................................................................................ 99
SOUS-CHAPITRE 1 : LES VOIES DE RECOURS ORDINAIRES ....................................... 100
SECTION 1: L'OPPOSITION ............................................................................................................ 100
§1. Les conditions d'exercice de l'opposition ........................................................................ 100
§2. L'acte d'opposition ........................................................................................................... 100
§3. L'assignation en opposition ............................................................................................. 100
§4. Les délais d'opposition .................................................................................................... 100
§5. Les effets de l'opposition .................................................................................................. 101
§ 6. L'objet du jugement sur opposition................................................................................. 102
§7. La forme du jugement sur opposition .............................................................................. 102
§8. Les effets du jugement rendu sur opposition ................................................................... 102
SECTION 2. LE RECOURS EN APPEL ............................................................................................. 102
§1. L'objet du recours en appel ............................................................................................. 102
§2. Appel principal et appel incident ..................................................................................... 102
§3. L'étendue de l'appel ......................................................................................................... 103
§4. L'appel -peut-il servir de voie de nullité ? ....................................................................... 103
§5. Jugements susceptibles d'appel ....................................................................................... 103
§6. Le jugement dont l'appel n'est pas recevable .................................................................. 103
§7. Suspension du recours en appel ...................................................................................... 104
§8. Les parties bénéficiaires du droit d'appel ....................................................................... 104
§9. Qui peut interjeter appel incident .................................................................................... 104
§10. L'intervention au degré d'appel163 ................................................................................. 105
§11. Qui peut être intimé dans l'instance d'appel.................................................................. 105
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 173

§12. La saisie de la juridiction d'appel ................................................................................. 105


§13. Les effets de l'appel ........................................................................................................ 106
§14. L'évocation ..................................................................................................................... 108
§15. L'audience d'appel ......................................................................................................... 109
SECTION 3. LA REVISION COUTUMIERE ........................................................................................ 111
§1. La nature de la voie de la révision coutumière ............................................................... 111
§2. La procédure de révision ................................................................................................. 111
§3. Les effets de la révision.................................................................................................... 111
SOUS-CHAPITRE II : LES RECOURS EXTRAORDINAIRES............................................ 111
SECTION 1 : LA TIERCE OPPOSITION ............................................................................................. 112
§1 L'historique de la tierce opposition en droit congolais .................................................... 112
§2. L'objet de la tierce opposition ......................................................................................... 112
§3 Griefs donnant lieu à la tierce opposition ........................................................................ 112
§4 Le titulaire de l'action en tierce opposition ...................................................................... 112
§5 La partie adversaire dans l'instance en tierce opposition. ............................................... 112
§6 La juridiction compétente ................................................................................................. 113
§7. La procédure de l'action en tierce opposition. ................................................................ 113
§8. Les effets de la procédure en tierce opposition ............................................................... 113
§ 9. L'effet du jugement sur tierce opposition........................................................................ 113
SECTION 2 : LA REQUETE CIVILE.................................................................................................. 113
§1. Historique et nature de la requête civile ......................................................................... 113
§2. Les conditions d'ouverture de la requête civile ............................................................... 114
§3 Les conditions de forme et de délai pour l'introduction de !a requête civile ................... 114
§4. La procédure .................................................................................................................... 114
§5. Les effets de la requête civile ........................................................................................... 115
§6. Les recours....................................................................................................................... 115
SECTION 3. L'ANNULATION ......................................................................................................... 115
§1. Historique et régime en vigueur ...................................................................................... 115
§2. Les moyens d'annulation.................................................................................................. 115
§3 La procédure d'annulation ............................................................................................... 116
SECTION 3 : LA CASSATION ......................................................................................................... 116
§1. Historique ........................................................................................................................ 116
§2. Décisions susceptibles, d'être entreprises par un pourvoi en cassation ......................... 117
§3. Les personnes qui peuvent intervenir dans l’action en cassation .................................. 118
§4. Les ouvertures à cassation............................................................................................... 119
§5. La connaissance des faits ................................................................................................ 119
§6. Forme et délais de pourvoi en cassation ......................................................................... 119
§7. Les effets du pourvoi en cassation ................................................................................... 121
§8. L'audience de la Cour de cassation ................................................................................. 121
§9. Les incidents devant la juridiction de cassation .............................................................. 121
§10. Le délibéré de la Cour de cassation .............................................................................. 122
§11. Les effets de l'arrêt de la juridiction de cassation ......................................................... 122
4. La nature de ce recours ................................................................................................ 125
5. Seuls les magistrats peuvent être pris à partie ............................................................. 126
6. Les effets de la prise à partie ............................................................................................. 126
TITRE II. LA PROCEDURE ARBITRALE ............................................................................. 128
CHAPITRE I. NOTIONS............................................................................................................. 128
§1. LA DESIGNATION DES ARBITRES ............................................................................................ 132
§4. LA SENTENCE ARBITRALE ...................................................................................................... 133
2. LE RECOURS CONTRE LA SENTENCE ARBITRALE ................................................................ 134
DEUXIEME PARTIE : LA PROCEDURE GRACIEUSE....................................................... 136
TITRE I. LES ORDONNANCES SUR REQUETES ET LES REFERES .............................. 137
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA : Cours de procédure civile, Université de Kinshasa, 2015. 174

CHAPITRE I : LES ORDONNANCES SUR REQUETE ........................................................ 137


SECTION 1. : LES ORDONNANCES SUR REQUETE........................................................................... 137
§1. La nature des ordonnances sur requête........................................................................... 137
§2. La forme de la requête .................................................................................................... 137
§3. La communication au M.P. .............................................................................................. 138
§4. La forme et l’objet de ordonnance................................................................................... 138
§5 Le caractère exécutoire des ordonnances sur requête ..................................................... 138
CHAPITRE II : LE REFERE...................................................................................................... 139
INTRODUCTION ............................................................................................................................ 139
SECTION 1 : DEFINITION .............................................................................................................. 139
SECTION 2 : CATEGORIES ............................................................................................................ 139
1. Cas classique ou ordinaire de référé : .............................................................................. 139
2. Cas spécifique :.................................................................................................................. 139
SECTION 3. PROCEDURE .............................................................................................................. 140
SECTION 4 : POUVOIRS DU JUGE DES REFERES ............................................................................. 140
SECTION.5 L'ORDONNANCE DE REFERE ....................................................................................... 140
SECTION 6 : LES RECOURS CONTRE L'ORDONNANCE DES REFERES ............................................... 141
TROISIEME PARTIE : LES MESURES CONSERVATOIRE ET LES VOIES
D'EXECUTION ........................................................................................................................... 142
CHAPITRE 1 : LE DROIT A L'EXECUTION ......................................................................... 143
SECTION 1 : LA NOTION DU DROIT A L'EXECUTION .................................................... 143
SECTION 2 : LES ACTES EXECUTOIRES ......................................................................................... 143
SECTION 3 : LE CARACTERE EXECUTOIRE DES JUGEMENTS .......................................................... 143
CHAPITRE II : LES PROCEDURES D'EXECUTION FORCEE ......................................... 144
SECTION 1 : LES MODES D'EXECUTION FORCEE .......................................................... 144
SECTION 2 : LA CONTRAINTE PAR CORPS ..................................................................................... 144
SECTION 3 : L'EXECUTION EN NATURE......................................................................................... 144
SECTION 4 : L'EXECUTION PAR EQUIVALENT ............................................................................... 144
SECTION 5 : L'ASTREINTE ............................................................................................................ 144
§1. REGLES COMMUNES APPLICABLES A TOUTES LES SAISIES
CONSERVATOIRES ................................................................................................................... 146
§2. LES SAISIES CONSERVATOIRES INSTITUEES PAR L’AUPSRVE .......................... 147
1. SAISIE CONSERVATOIRE DES BIENS MEUBLES CORPORELS (LES ARTICLES 64
A 76 DE L’AUPSRVE) ................................................................................................................. 147
2. SAISIE CONSERVATOIRE DES CREANCES ................................................................... 149
3. SAISIE REVENDICATION .................................................................................................... 150
CHAPITRE III : LA DISTRIBUTION ...................................................................................... 161
SECTION 2 : LA DISTRIBUTION DU PRODUIT DES SAISIES IMMOBILIERES ...................................... 162
SECTION 3 : LA DISTRIBUTION DU PRODUIT DES SAISIES MOBILIERES .......................................... 162
QUATRIEME PARTIE : LES FRAIS ET LES DROITS DE JUSTICE ................................ 164
CHAPITRE I : LES FRAIS ET DROIT EN MATIERE CONTENTIEUSE ......................... 165
SECTION 1 : LE CARACTERE FISCAL DES FRAIS ET DROITS ........................................................... 165
SECTION 2. : LE TARIF DES FRAIS DE JUSTICE EN MATIERE CONTENTIEUSE .................................. 165
SECTION 3 : LES TAXES ............................................................................................................... 165
SECTION 4 : LES HONORAIRES ..................................................................................................... 165
SECTION 5 : LES DEPENS .............................................................................................................. 165
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SECTION 6 : LES FRAIS AU DEGRE D'APPEL................................................................................... 166


SECTION 7 : LES FRAIS DU POURVOI EN CASSATION ..................................................................... 166
SECTION 8 : LES DROITS PROPORTIONNELS ................................................................................. 166
CHAPITRE II : L'IMPUTATION ET LE RECOUVREMENT DES FRAIS EN MATIERE
CONTENTIEUSE ......................................................................................................................... 166
SECTION 1 : LE MOMENT DE L'IMPUTATION DES FRAIS. ................................................................ 166
SECTION 2 : L'ETAT DES FRAIS ..................................................................................................... 167
SECTION 3 : L'IMPUTATION DES DEPENSES................................................................................... 167
SECTION 4 : LA CONSIGNATION DE LA PROVISION POUR FRAIS .................................................... 167
SECTION 5 : LA DISPENSE DE CONSIGNATION DES FRAIS............................................................... 168
SECTION 6 : LES RECOUVREMENTS DES FRAIS ............................................................................. 168
SECTION 7 : LE RECOUVREMENT DES DROITS PROPORTIONNELS .................................................. 168
CHAPITRE III : LES FRAIS EN MATIERE NON CONTENTIEUSE................................. 169
SECTION 1 : LA DEFINITION FISCALE DES MATIERES NON CONTENTIEUSES .................................. 169
SECTION 2 : LA PERCEPTION DES FRAIS EN MATIERE NON CONTENTIEUSE ................................... 169
TABLE DES MATIERES ............................................................................................................ 170

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