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INTRODUCTION
1. Notions
La vie civile comme la vie commerciale se trouve placer au cœur des relations
qui se nouent par le moyen du contrat, ainsi par exemple le commerçant doit
s’apprivoiser auprès de ses fournisseurs et revendre à ses clients, proposer les services à
ceux-ci, établir son fonds de commerce dans un local, s’appuyer sur un ou plusieurs
établissements bancaires pour financer certaines de ses activités, employer du
personnel, etc.
De son côté, le civil a aussi besoin d’acheter ou de vendre, s’engage à garder le bien
d’une personne en dépôt, peut représenter une autre personne comme mandataire ou
même, peut accepter de résoudre par voie amiable un litige qu’il oppose à une autre
personne par voie d’arbitrage notamment.
Les contrats spéciaux sont donc bien souvent des contrats courants et usuels,
certains sont classiques (comme la vente et le bail), d’autres sont nouveaux et ne
figurent pas forcément dans le code civil mais très fréquemment utilisés en pratique, le
cas des contrats de distribution sélective ou exclusive, le contrat de franchise, la location-
gérance de fonds de commerce ou encore le contrat de partage de production dans le
secteur pétrolier.
L’étude d’un régime contractuel nécessite d’identifier trois sortes des règles :
- Celles des parties ;
- Celles du droit spécial ;
- Celles du droit commun de contrats
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Elle tient une place particulière dans notre système juridique fondé sur le
principe du consensualisme selon lequel les parties sont libres de créer leur relation
contractuel dans la limite des dispositions d’ordre public et des bonnes mœurs.
Parfois, les parties n’ont pas souhaité ou n’ont pas pu déroger les règles
spéciales régissant telles ou tel contrat. Alors, ce sont les règles supplétives ou
impératives s’appliquent par exemple en matière de contrats de bail professionnel,
même si le contrat ne le dit pas, le bailleur est censé mettre à la disposition du preneur
un local en bon état à même de servir à l’usage pour lequel il est loué.
Si la question n’est réglée ni par la volonté des parties, ni par le droit spécial,
alors elle le sera par les règles générales. Ce sont notamment les conditions de validité
(le consentement, la capacité, l’objet et la cause), les conditions d’exécution et
d’opposition du contrat ou encore les conditions d’engagement de responsabilité.
Cela dit, le droit de contrats spéciaux a vocation à compléter voire à déroger aux
règles générales édictées par le droit commun. Cela permet un ajustement constant des
règles de chaque contrat nécessité par la volonté de le rendre toujours plus adaptées au
besoin des contractants.
3. Les sources
Donc, les actes uniformes de l’OHADA constituent dans leur domaine respectif
et, depuis leur entrée en vigueur (le 12 décembre 2012) un élément de notre droit positif
(Acte uniforme relatif au droit commercial général du 12 décembre 2010 qui crée 4 types
de contrats dont :
- Le contrat de bail professionnel (article 101 et suivant) ;
- Le contrat de vente commerciale (article 234 et suivant) ;
- Le contrat location-gérance du fonds de commerce (article 138 et suivant) ;
- Le contrat des intermédiaires de commerce (article 169 et suivant).
5. Opération de qualification
PLAN DU COURS
Dans le cadre du présent cours, nous allons étudier les règles spéciales relatives
aux contrats les plus usitées en pratique après les avoir regroupées en fonction de traits
communs comme :
- Le transfert ou non de propriété ;
- Le transfert de jouissance d’un bien ;
- Le caractère aléatoire du contrat, etc.
Cela étant, nous aborderons les contrats ci-après :
- Le contrat entraînant un transfert de propriété (la vente, l’échange et
l’apport en société) ;
- Le contrat entraînant la détention temporaire d’un bien et le transfert de
jouissance (le bail et le contrat dérivé du bail comme le crédit-bail) ;
- Le contrat portant sur le service (le contrat d’entreprise et le mandat) ;
- Le contrat portant résolution de litiges (l’arbitrage et la transaction).
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La définition du contrat de vente est donnée par l’article 263 du CCCL III qui
stipule que : « la vente est une convention par laquelle l’un s’oblige à livrer une chose, et
l’autre à la payer. Elle peut être faite par acte authentique ou sous seing privé ». Il faut
déduire de la définition donnée par le code civil trois éléments essentiels à la
qualification du contrat de vente :
- Le prix ;
- La chose ;
- Le transfert de propriété
Ces éléments permettent de distinguer la vente de tous les autres contrats.
Autrement dit, la vente ne peut pas constituer une libéralité c’est-à-dire dans le
cas d’une vente dont le prix n’est pas payé, la qualification de donation déguisée pourra
être retenue à condition que l’intention libérale du donateur puisse être prouvée. La
vente n’est pas un échange car l’échange opère transfert direct de droit et ne fait pas en
principe appel à la transmission d’une somme d’argent.
En pratique, il existe une diversité des ventes. La vente peut être nationale ou
internationale, elle peut porter sur des biens meubles corporels ou incorporels, elle peut
porter sur des immeubles, elle peut même porter sur le fonds de commerce (la cession
du fonds de commerce).
Dans chacune de ses catégories, trouve application des règles spécifiques découlant du
droit commun ou du droit spécial de contrats.
La vente telle que définie par la loi est un contrat consensuel dont il convient
d’étudier les éléments caractéristiques et les conditions de formation.
La formation du contrat de vente est régie par les règles propres à tout contrat
(les règles communes) dont certaines sont d’ordre public et d’ordre supplétif et aussi par
les règles spécifiques à la catégorie des ventes visées.
Ce qui signifie que doivent être respectées les exigences relatives à la capacité
des parties à l’acte, à la cause et à l’objet du contrat qui doivent être licites mais au
consentement des parties.
Le principe est que la vente est un contrat consensuel (article 264 : « elle (la
vente) parfaite entre les parties, et la propriété est acquise de droit à l’acheteur à l’égard
du vendeur, dès qu’on est convenu de la chose et du prix, quoique la chose n’ait pas
encore été livrée ni le prix payé »), c’est-à-dire qu’elle parfaite lorsqu’il y a accord entre
les parties sur la chose et sur le prix.L’important est donc, l’accord sur les éléments
essentiels de la vente pour que le contrat soit conclu.
Faute de rencontre de volonté, le contrat n’est pas formé, partant son exécution
forcée est impossible.
L’acceptation est l’acte par lequel le futur acquéreur manifeste sa volonté pure
et simple de contracter aux conditions déterminées par l’offre. S’il propose de contracter
à d’autres conditions, il émet une contre-offre, il doit, elle aussi, être ferme, précise et
maintenue dans un délai.
L’accord de volonté dans le cadre d’une vente peut être précédé d’un avant-
contrat sous forme de promesse unilatérale de vente ou des promesses
synallagmatiques de vente.
La promesse unilatérale peut également être d’achat et, elle fonctionne sur le
même schéma que la promesse unilatérale de vente à ceci près que c’est l’acquéreur qui
est l’auteur de la promesse.En conséquence, c’est le vendeur qui reçoit le droit potestatif
de la levée de l’option.
Au plan juridique, l’article 270 CCCL III stipule que : « la promesse de vente vaut
vente, lorsqu'il y a consentement réciproque des deux parties sur la chose et sur le prix »,
ce qui signifie que les parties sont liées par la vente. Pour que le compromis de vente soit
valable, la promesse de chacune des parties doit contenir les éléments de la vente c’est-
à-dire la chose et le prix, de même doivent être respectées les conditions de l’article 8 du
CCCL III.
Pour assurer l’exécution de cette promesse bilatérale, les parties peuvent
stipuler le dépôt d’une garantie qui servira au cas où la vente est réalisée d’accomplir sur
le prix et dans le cas contraire, ce montant sera acquis au vendeur. La vente d’un bien
faisant l’objet d’un compromis de vente au profit d’un tiers, caractérise la vente de la
chose d’autrui.
3. La chose licite
Pour qu’il puisse avoir vente, il faut que celle-ci ait pour objet une chose qui
réunit un certain nombre des caractéristiques, à savoir :
- Une chose déterminée ou déterminable ;
- Une chose aliénable ;
- Une chose qui existe et dont le vendeur est propriétaire car on ne peut
envisager une vente sans transfert de propriété.
Le législateur n’a pas définit le mot « chose ». Dans le langage juridique, elle
(chose) doit être entendue comme bien, objet de la vente. Cette chose ou ce bien est un
droit patrimonial.
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Des difficultés se posent si la chose qui a fait l’objet de la vente n’existe pas au
moment de la conclusion du contrat. Trois hypothèses sont visées :
- Les choses futures ;
- Les choses péries ;
- Les choses espérées.
a. Au sujet de la vente de la chose future, l’article 29 alinéa 1er CCCL III dispose : « les
choses futures peuvent être l’objet d’une obligation», ce qui implique que comme
tout contrat, la vente peut porter sur une chose future tant qu’elle est
déterminable.
Dans ce cas, le contrat est valable à condition que la chose existe au moment de
la réalisation de la vente. Par exemple, un tableau à peindre, des céréales à
récolter ou un immeuble à construire. Dans le cas contraire, le contrat est caduc
c’est-à-dire il était régulièrement formé, mais l’absence de la chose qui en était
l’objet le prive d’effets.
b. Au sujet de la vente des choses péries, l’article 278 CCCL III dispose que : « si au
moment de la vente, la chose vendue était périe en totalité, la vente serait nulle.
Si une partie seulement de la chose est périe, il est au choix de l’acquéreur
d’abandonner la vente ou de demander la partie conservée, en faisant
déterminée le prix par la ventilation ».
c. Au sujet de la vente d’une chose espérée c’est-à-dire la vente d’une chose dont
l’existence est soumise à un aléa. Si un aléa sur l’existence de la chose entre dans
le champ contractuel, l’annulation de la vente n’est plus possible s’il s’avère que
la chose n’existera jamais (ex. Pari foot ou PMU).
4. Détermination de la chose
Toutefois, la question a toujours consisté à savoir quels sont les biens qui sont
hors commerce et quels en sont qui sont dans le commerce ? En principe, sont dans le
commerce, les choses de toute nature et de tout type (chose de genre, corps certain,
bien corporel ou incorporel) peuvent faire l’objet d’une vente sauf lorsqu’elles sont
déclarées hors commerce par le fait de la loi ou d’une clause des parties.
Sont déclarées hors commerce par le fait de la loi, les conventions sur les êtres
humains, sur les produits contrefaits et interdits, les droits fondamentaux alimentaires,
les res communes. De même, on ne peut vendre la succession d’une personne vivante,
même de son propre consentement (article 277 CCCL III).
Une clause d’inaliénabilité visant à empêcher que la propriété d’un bien soit
transférée peut être insérée dans un acte comme un testament ou une libéralité avec
effet de rendre la chose hors commerce.Ex. Mr. A laisse une ferme à B et lui dispose ne
pas la revendre.
Pour être valable, cette clause doit être justifiée par un intérêt sérieux et légitime et
limité dans le temps.
En fait, si un vendeur n’est pas propriétaire de la chose, il n’a pas le pouvoir d’en
disposer sauf agissant sur le mandat du propriétaire. La solution est logique en vertu de
l’adage « Nemo dat quote non habet : personne ne donne ce qu’il n’a pas ou Nemo
allium transfere plus iuris potest quam ipse habet : personne ne peut transférer plus de
droit qu’il en a ».
Il existe différentes ventes de la chose d’autrui :
- La vente de la chose vous confiée ;
- La vente d’un bien dont le titre de propriété est ultérieurement annulé, etc.
En cas de blocage, pour éviter d’être accusé d’avoir vendu partiellement la chose
d’autrui, un indivisaire peut demander en justice le partage ou la licitation. L’indivision
est différente d’une société par le fait qu’elle est une situation de fait dépourvue de la
personnalité juridique.
Le prix doit être en ce sens qu’il doit exister. En cas de simulation, les parties ont
convenu dans un contrat apparent d’un prix différent de celui finalement versé. Le prix
n’est alors réel mais fictif.Dans le mécanisme de fixation de prix, les parties peuvent,
pour échapper au paiement des lourdes taxes, déterminer le prix de vente par un prix
autres que celui convenu entre elles par un acte apparent stipulé par une contre lettre
et, au moment du contentieux, la contre lettre, si elle n’est pas contraire à la loi, ne peut
être opposée au tiers et lié les parties mais le tiers peut se prévaloir da la contre lettre
lorsqu’il en a connaissance.
Lorsqu’on indique dans l’acte apparent un prix symbolique pour simuler une
donation c’est-à-dire aucun prix n’est réellement payé, le contrat ne sera pas annulé si
l’intention libérale du disposant peut être prouvée.
Le prix doit être également sérieux c’est-à-dire constitué une contrepartie réelle de la
valeur du bien cédé. Lorsqu’il est si faible et sans commune mesure avec la chose
vendue, il y a vente à vil prix, ce qui doit être assimilé à une absence de prix et donc
entraîne la nullité du contrat.
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Cependant, il est possible que dès l’accord de volonté des parties, que la vente
se fasse en franc symbolique. En cas de disproportion entre le prix et la valeur du bien,
l’article 131 CCCL III dispose : « qu’en cas de lésion, le juge peut, sur demande du
débiteur, réduire ses obligations à l’intérêt normal ».
A l’instar de tout autre contrat, la vente a pour principal effet de créer des droits
et obligations dans le chef du vendeur et de l’acheteur. Mais son effet particulier est
qu’elle opère un transfert de propriété au profit de l’acquéreur, ce qui est d’ailleurs le
but principal de ce contrat.
2. Exceptions
Le principe de transfert immédiat connaît des exceptions soit de la loi, soit d’une
clause conventionnelle. En effet, dans certains cas, la loi prévoit que le transfert de la
propriété et de risques ne se fera pas à l’échange de consentement mais à des moments
déterminés par le texte. Tel est le cas des choses futures où le transfert de la propriété
n’est opéré qu’à leur achèvement.
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1. Obligations du vendeur
La délivrance est définie par l’article 281 CCCL III qui dispose : « la délivrance est
le transport de la chose vendue en la puissance de l’acheteur ».L’idée est donc que le
vendeur laisse la chose à la disposition de l’acquéreur afin qu’il puisse en prendre
possession et en retirer le profit que la chose doit normalement lui procurer. La
délivrance est in fine, la remise de la chose vendue et non d’une autre.
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- Modalités de la délivrance
Les formes de la délivrance peuvent être très variées et s’effectuent par tous les
procédés susceptibles de remettre le bien meuble ou immeuble à la disposition
de l’acheteur.
Dans la pratique, ces modalités dépendent de la nature du bien vendu :
- Pour les immeubles, la délivrance se fera par la remise des clefs et du titre
de propriété(article 282 CCCL III dispose : « l’obligation de délivrer les
immeubles est remplie de la part du vendeur lorsqu’il a remis les clefs, s’il
s’agit d’un bâtiment ou lorsqu’il a remis les titres de propriété) ;
- Pour les meubles (effet mobilier), la délivrance a lieu soit par la tradition
(remise matérielle de la chose) soit par la tradition réelle, soit par la mise à la
disposition des moyens permettant d’en prendre livraison comme par
exemple la remise des clefs de bâtiments où la chose se trouve (article 283
CCCL III) ;
- Pour les meubles incorporels (parts sociales, créances, etc.), la délivrance se
fait par la remise de titres constants leur existence et permettant les
formalités de publicité éventuellement requises ou encore par l’usage que
l’acquéreur en fait du consentement du vendeur (article 284 CCCL III).
- Le lieu de la délivrance
- Le moment de la délivrance
Si la délivrance a lieu mais que la chose n’est pas conforme, l’acquéreur peut
alors refuser la délivrance en justice soit se désister du contrat soit enfin accepter la
délivrance avec des réserves souvent donc le remboursement d’une partie du prix
(article 298 CCCL III).
b. L’obligation de garantie
de la possession de la vendue. C’est une garantie légale que joue même si les parties ne
la prévoient, c’est-à-dire de plein droit, mais les parties peuvent la modeler.
L’éviction peut émaner du vendeur comme de tiers, elle peut être totale ou partielle.
Celui qui vend doit respecter ses engagements en évitant de vider le contrat de
son obligation principale qui est de garantir une possession paisible. Pour ce faire la
garantie du fait est une obligation de ne pas faire c’est-à-dire d’une part s’abstenir de
tout trouble de droit qui consisterait à revendiquer la propriété du bien vendu ou
contester le droit transmis lors de la vente ou encore demander l’annulation ou la
résolution de celle-ci car donner et retirer ne vaut, d’autre part, il doit s’abstenir de tout
trouble de fait caractérisé notamment par le vol ou la détérioration du bien vendu.
Toutefois, pour se prémunir contre de tels risques, les parties, surtout dans la
vie des affaires, prévoient une clause de non concurrence en particulier à l’occasion de la
cession du fonds de commerce, sa validité est limitée dans le temps et dans l’espace.
L’article 318 CCCL III dispose : « le vendeur est tenu de la garantie à raison des
défauts cachés de la chose vendue qui la rendent impropre à l’usage auquel on la destine,
ou qui diminuent tellement cet usage, que l’acheteur ne l’aurait pas acquise, ou n’en
aurait donné qu’un moindre prix, s’il les avait connus ».La détermination du caractère
caché d’un vice est une question de fait que le juge apprécie souverainement.
Pour que joue cette garantie, elle doit remplir les conditions nécessaires et déterminer sa
mise en œuvre, préciser quelles sont les actions à initier par la victime et enfin la
possibilité d’aménagement de cette garantie.
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Quatre conditions peuvent être dégagées afin que le défaut soit susceptible
d’engager la garantie du vice caché :
- Le défaut doit être à la chose et la rendre impropre à l’usage auquel on la
destine c’est-à-dire il doit empêcher occasionnellement ou en permanence
un usage normal de la chose ;
- Le défaut doit être persistant c’est-à-dire ne pas disparaître par la réparation
de la chose ;
- Le défaut doit être caché c’est-à-dire avoir un caractère occulte et non
apparent ;
- Le défaut doit être antérieur à la vente de la chose c’est-à-dire ne pas
survenir après celle-ci.
Pour que la garantie du vice caché puisse jouer en faveur de l’acheteur, il lui
incombe de protester immédiatement, dans le cas contraire, il est censé avoir agréé la
chose livrée. La garantie du vice caché existe à l’étape d’exécution contrairement à la
garantie d’erreur existant au moment de la formation.
L’action résultant des vices rédhibitoires doit être intentée par l’acquéreur dans
les 60 jours, non compris le jour fixé pour la livraison à dater du jour de la découverte du
vice (l’article 325 CCCL III dispose : « l’action résultant des vices rédhibitoires doit être
intentée par l’acquéreur dans le délai de soixante jours, non compris le jour fixé pour la
livraison (ad quo) »,et, le principe de la marchandise vendue n’est retournée, ni
échangée est inopérant durant ce délai.
Au cas où l’action en garantie du vice caché est recevable, deux effets sont
prévus, d’une part, l’action rédhibitoire, et d’autre part, l’action estimatoire.
d. L’aménagement contractuel
Dans le cas contraire, au jour et au lieu de la délivrance (l’article 328 CCCL III
dispose : « s’il n’a rien été réglé à cet égard lors de la vente l’acheteur doit payer au lieu
et dans le temps où doit se faire la délivrance »), tout pacte obscur ou ambigu
s’interprète toujours contre le vendeur.
Dans le même ordre d’idées, l’article 330 CCCL III dispose : « si l’acheteur est
troublé ou a juste sujet de craindre d’être troublé par une action, soit hypothécaire, soit
en revendication, il peut suspendre le paiement du prix jusqu’à ce que le vendeur ait fait
cesser le trouble, si mieux n’aime celui-ci donner caution, ou à moi qu’il n’ait été stipulé
que, nonobstant le trouble, l’acheteur paiera ».
Il est un contrat par lequel les parties se donnent respectivement une chose
pour une autre (article 365 CCCL III). Les parties à ce contrat sont appelées
« copermutant ». La contrepartie du bien cédé n’est pas un prix mais plutôt un autre
bien.
§1. Critères
- Le consentement des parties est obligatoire ;
- La capacité ;
- L’objet et la cause licites. C’est-à-dire, l’échange obéit aux conditions
inhérentes à tout contrat.
Ce contrat fait naître des obligations réciproques portant sur une chose dont on est
propriétaire. Ceci entraîne comme conséquence que lorsqu’un cocontractant n’est pas
propriétaire de la chose, l’autre partie ne peut être forcée à livrer celle qu’il a promise en
contre-échange, mais seulement à rendre celle qu’il a reçu (article 367 CCCL III).
Cet apport peut être attribué à la société soit par le propriétaire ou le titulaire
du droit de jouissance (apport de la jouissance).Autrement, l’apport en pleine jouissance
est effectué par le propriétaire du bien à la société et l’apport de la jouissance est
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effectué par le titulaire du droit de jouissance dans une société dont il est associé et, ce
titulaire du droit de jouissance ne peut faire l’apport en société en pleine jouissance.
L’apport en nature doit être évalué en argent soit par les associés à l’unanimité
soit par le certificateur aux apports. Quiconque fait un apport en société, le propriétaire
ou le titulaire du droit de propriété doit garantir à la société de n’être évincée et de vices
cachés du bien. En d’autres termes, l’associé doit garantie à la société comme un
vendeur lorsque l’apport est fait en pleine propriété. Lorsque cet apport est fait en
pleine jouissance, l’associé doit garantir à la société comme un bailleur c’est-à-dire il doit
la garantir une jouissance paisible.
Elle est le contrat par lequel un débiteur et son créancier consentent à ce que la
dette soit payée par un autre moyen que celui initialement prévu par les parties au
contrat.
L’inexécution totale ou partielle des obligations des parties peut fonder une
demande de rupture du contrat au tribunal. La gravité du comportement d’une
partie peut justifier que l’autre y mette fin de façon unilatérale à ses risques et
périls(sous réserve de l’appréciation du juge). Dans ce cas, le concerné doit
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D’après l’article 373 CCCL III qui dispose : « on peut louer toutes sortes de biens
meubles ou immeubles ». Il s’agit d’un contrat de louage de biens dont la déterminologie
change en fonction du bien qui en sert de support :
- Le louage de meubles est appelé location ou louage (un louage et un
locataire) ;
- Le louage de biens immeubles est appelé le bail avec un contrat de bail
(bailleur et preneur).
Le contrat de bail est donc le contrat par lequel une partie (le bailleur) s’oblige à
faire jouir une autre partie (le preneur ou le locataire) d’une chose pendant un certain
temps moyennant un certain prix (article 371 CCCL III).
Avant l’entrée en vigueur du droit OHADA en RDC la formation, les droits et obligations
des parties, les modalités de cessation, la durée du bail étaient essentiellement réglés
par les dispositions du code civil congolais livre III. L’on ne distinguait l’usage ou
l’affectation du bien concerné par le bail.
Avec l’entrée en vigueur du droit OHADA, les dispositions du code civil régissent
désormais les beaux à usage civil (les beaux à habitation) et donc non professionnels
tandis que les dispositions des articles 101 à 133 AUDGC régissent tous les beaux portant
sur des immeubles servant à l’usage d’une activité professionnelle.
Afin d’éviter des abus, la loi du 20 juillet 1973 dite foncière a prévu dans son
article 220 alinéa 3 que les beaux consentis pour une durée supérieure à 9 ans doivent
faire l’objet d’une inscription au certificat d’enregistrement.
Le preneur, dit aussi le locataire, est la personne à qui le bail est consenti, et si,
ce bail est consenti à plusieurs personnes, on parle alors de la colocation. Les
colocataires ne sont pas par principe soumis au régime de la solidarité qui doit être
exprès.
Ceci dit, pour sa formation, le bail est soumis aux règles ou aux conditions de
validité de contrats prévues à l’article 8 CCCL III auxquelles il faut ajouter les deux autres
conditions prévues à l’article 374 CCCL III à savoir : la chose (le bien loué) et le prix (le
loyer). Le loyer doit être déterminé ou déterminable et sérieux. Il peut être payé en
nature ou en espèce. Son montant est librement fixé entre les parties.
L’article 393 précise que : « le bail finit de plein droit par l’expiration du temps
pour lequel il a été contracté sans qu’il soit nécessaire de donner congé. Si le bail a été
sans durée fixée, il ne finit que par le congé que l’une des parties donne à l’autre, en
observant les délais fixés par l’usage des lieux ».
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Le contrat de bail fait naître des droits et obligations à charge des parties
Aux termes de l’article 376 CCCL III, le bailleur est obligé par la nature du
contrat, et sans qu’il soit besoin d’aucune stipulation particulière : 1° de délivrer au
preneur la chose louée ; 2° d’entretenir cette chose en état de servir à l’usage pour
lequel elle a été louée ; 3° d’en faire jouir paisiblement le preneur pendant la durée du
bail.
1. La délivrance
Cette obligation découle de l’article 380 CCCL III qui stipule que : « le bailleur ne
peut, pendant la durée du bail, changer la forme de la chose louée ».Par cela, le
législateur impose au bailleur de conserver la destination de la chose louée pendant le
bail afin que la chose louée puisse servir à l’usage pour lequel le preneur s’est engagé en
acceptant le bail.
jouissance par une action concernant la propriété du bien, a le droit à une diminution
proportionnée sur le prix du bail à louer pourvu que les troubles et l’empêchement aient
été dénoncés au propriétaire.
Elle est le prolongement de l’obligation de délivrer une chose en bon état. Cette
obligation vise à conserver le bien en l’état de donner satisfaction au preneur. Elle est
matérialisée par le devoir qui incombe au bailleur de faire, pendant toute la durée du
bail, toutes les réparations qui peuvent devenir nécessaire, autres que locatives (article
377 alinéa 2 CCCL III).
Au sens de l’article 385 CCCL III qui dispose que : « le preneur est tenu de deux
obligations principales : 1° d’user la chosée louée en bon père de famille, et suivant la
destination qui lui a été donnée par le bail, ou suivant celle présumée d’après les
circonstances, à défaut de convention, 2° de payer le prix du bail aux termes convenus ».
Subsidiairement à ces obligations, le preneur est tenu de garantir la chose louée et la
restituer au bailleur à la fin du bail.
Dès lors n’userait pas la chose en bon père de famille, le preneur qui n’habiterait
la maison louée, qui la dégraderait ou encore refuserait d’avertir ou omettrait d’avertir le
propriétaire des réparations nécessaires, qui ne respecterait la destination de la chose.
La sanction contre un tel preneur pourrait être l’exécution en nature ou par
équivalence(l’article 40 CCCL III dispose que : « toute obligation de faire ou de ne pas
faire se résout en dommages et intérêts, en cas d’inexécution de la part du débiteur ») et
la résiliation du bail (l’article 386 CCCL III dispose que : « si le preneur emploie la chose
louée à un autre usage que celui auquel elle a été destinée, ou dont il puisse résulter un
dommage pour le bailleur, celui-ci peut, suivant les circonstances, faire résilier le bail »).
Par principe, le locataire ne peut pas se servir de la chose louée pour un autre
usage que celui qui a été contractuellement conclu par exemple un local pour
l’habitation ne peut pas être affecté à un usage commercial ou agricole.
Deux tempéraments surgissent en ce qui concerne les beaux à usage mixte ou à usage
accessoire, permettant au preneur à utiliser en partie les locaux à l’exercice d’autres
activités. Ill peut être stipulé une clause de changement de destination du bien en cours
de bail. En pareille hypothèse, s'applique l’article 33 CCCL III qui dispose : « les
conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites. Elles ne
peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel ou pour les causes que la loi
autorise. Elles doivent être exécutées de bonne foi »
Sanction de l’obligation
Si le preneur emploie la chose louée à un autre usage à celui auquel elle a été
destinée ou dont il puisse résulter un dommage pour le bailleur, celui-ci peut, suivant les
circonstances, faire résilier le bail (article 386 CCCL III).
Tout changement qu’un locataire désire apporter au lieu loué doit faire l’objet d’un
accord exprès et écrit du bailleur.
En effet, les impenses utiles apportées par le locataire à l’immeuble loué sans
l’accord du bailleur ne donnent pas lieu à une indemnité et à remboursement sur la base
de l’enrichissement sans cause.
d. L’incendie de la chose
lieu n’y pas désigné, le paiement, lorsqu’il s’agit d’un corps certain et déterminé, doit être
fait dans le lieu où était au temps de l’obligation, la chose qui en fait l’objet ».
Dans le second cas, chaque partie peut mettre fin unilatéralement au contrat.
Dans ce cas, le respect d’un préavis est imposé lequel est réglementé pour certains types
des beaux notamment, les beaux à louer dans la ville de Kinshasa, parfois ne l’est pas
auquel cas le préavis sera le fruit de la volonté des parties, et à défaut, il est déterminé
selon les usages des lieux ,ce qui ressort de l’article 393 alinéa 2 qui dispose : « si le bail a
été sans durée fixe, il ne finit que par le congé que l’une des parties donne à l’autre, en
observant les délais fixés par l’usage des lieux ».
Par ailleurs, lorsqu’il y a congé signifié, le preneur quoi qu’il ait constitué sa
jouissance, ne peut invoquer la tacite reconduction. En effet, l’on ne peut prolonger la
durée d’un contrat de bail exprimé.
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Le preneur qui se trouverait dans une telle situation d’occupation du bien d’autrui sans
titre, ni droit, est tenu à payer non pas un loyer mais plutôt une indemnité
compensatoire du préjudice causé par cette occupation.
Cette situation doit être distinguée de celle du preneur qui reste où est laissé en
possession à la fin des beaux qui cessent de plein droit, après l’expiration du terme
conventionnel, légal ou coutumier. Dans cette hypothèse, il s’opère un nouveau bail par
le consentement tacite et présumé des parties à moins que les deux parties n’en
conviennent de ne plus renouveler un nouveau bail.
L’article 375 CCCL III prévoit que : « le preneur a le droit de sous-louer, et même
de céder son bail à un autre, si cette faculté ne lui a pas été interdite. Elle peut être
interdite pour le tout ou partie. Cette clause est toujours de rigueur ».
Donc, en matière civile, la sous-location qui est le schéma dans lequel le locataire initial
devient lui-même bailleur en concluant avec le sous-locataire un contrat de bail est
autorisé par principe sauf disposition contraire. Telle n’est pas la logique en matière de
bail à l’usage professionnel oùl’article 121 AUDCG dispose que : « Sauf stipulation
contraire du bail, toute sous-location totale ou partielle est interdite. En cas de sous-
location autorisée, l'acte doit être porté à la connaissance du bailleur par tout moyen
écrit. A défaut, la sous-location lui est inopposable ».
La cession du bail est un contrat portant sur une cession des créances par lequel
le preneur initial (le cédant) transfert à un tiers (le cessionnaire) ses droits contre le
bailleur initial (le cédé).
Il résulte que c’est l’ancien bail qui subsiste au profit du cessionnaire, et que
c’est l’exécution de ce bail que le cessionnaire pourra exiger du bailleur primitif les droits
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dérivant sont des droits des créances (créances de jouissance) que le locataire initial
détient sur le bailleur.
Plusieurs causes peuvent être à la base de la cession du bail dont certaines sont
prévues par la loi et d’autres pas. Généralement, le bail finit :
- De plein droit par la survenance du terme pour lequel il a été contracté sans qu’il ne
soit nécessaire de donner un congé (bail à durée déterminée), ou à l’expiration du congé
en observant le délai fixé par la loi, le contrat ou les usages des lieux (bail à durée
indéterminée).
N.B : selon la jurisprudence de la cour suprême de justice, pour statuer sur le
déguerpissement, le juge du fond doit, au préalable, se prononcer sur la résiliation
du bail sollicité.
- Par la perte de la chose par le bailleur(laquelle perte peut être juridique (la disposition
du droit du bailleur sur le bien loué) ou matérielle notamment la destruction matérielle
totale ou partielle de la chose louée survenue par cas fortuit ou force majeure ou tout
autre motif (ad impossibilenemotenetur : à l’impossible, nul n’est tenu). En ce qui
concerne le bail professionnel, il ne prend pas fin par la perte de la chose par le bailleur
(article 399 à 407 CCCL III).
- Les principes généraux d’extinction d’obligation s’appliquent également au contrat de
louage sans qu’il y ait lieu à une dérogation particulière (article 132 CCCL III).Par
exemple, la résiliation unilatérale par l’un des cocontractants, de la confusion de droits,
etc.
- Par ailleurs, le bail peut finir dans certaines conditions moyennant une certaine
circonstance particulière notamment le décès du bailleur ou du preneur en cas de bail
conclut in tuitu personae, la volonté du bailleur d’occuper le lieu loué s’il y a stipulation y
afférente et congé signifié conformément aux règles en la matière(article 415 et 416
CCCL III).
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En plus de son régime de droit commun, le contrat de bail est soumis à des
régimes spéciaux, tel est le cas du bail d’habitation dans la ville de Kinshasa, bail
commercial et bail professionnel.
Il prévoit que tout contrat de bail doit être visé par le chef de service communal
ou le chef de division urbaine de l’habitat. Il prévoit aussi que le taux du loyer ne peut
varier qu’en cas de plus-value ou de moins-value du bien loué ou encore en cas des
fluctuations monétaires.
Hormis le fait que le contrat de bail peut faire l’objet d’écrit ou non, les éléments
ci-après le particularisent :
- s’il est vrai que le loyer est librement fixé par les parties qui peuvent le
réviser par accord écrit, l’acte uniforme prévoit qu’à défaut d’un tel accord,
c’est le tribunal compétent qui fixe le montant du loyer révisé en tenant
compte de la situation de locaux, de leur superficie, de l’état de vétusté ainsi
que du prix des loyers commerciaux couramment pratiqués dans le voisinage
ou des locaux similaires (article 117 AUDCG) ;
- le législateur OHADA prévoit que le bail ne prend pas fin par la cessation des
droits du bailleur sur les locaux donnés à bail.Dans ce cas, le nouveau bailleur
est substitué de plein droit dans les obligations de l’ancien bailleur et doit
poursuivre l’exécution du bail (article 110 AUDCG).
Dans le même ordre d’idées, la dissolution de la personne morale preneuse
n’entraîne pas de plein droit la résiliation du bail des immeubles affectés à
l’activité de la personne morale preneuse. Le liquidateur est tenu d’exécuter
les obligations du preneur de plein droit après une mise en demeure
adressée au liquidateur restée plus de 60 jours sans effet.
- La sous-location totale ou partielle est interdite sauf stipulation contraire du
bail. En cas de sous-location autorisée, l’acte doit être porté à la
connaissance du bailleur par tout moyen écrit, à défaut, la sous-location est
inopposable à ce dernier (article 121 AUDCG) ;
- Le droit de renouvellement automatique du bail. L’article 123 organise
que : « Le droit au renouvellement du bail à durée déterminée ou
indéterminée est acquis au preneur qui justifie avoir exploité, conformément
aux stipulations du bail, l'activité prévue à celui-ci, pendant une durée
minimale de deux ans. Aucune stipulation du contrat ne peut faire échec au
droit au renouvellement. En cas de renouvellement exprès ou tacite, le bail
est conclu pour une durée minimale de trois ans. En cas de renouvellement
pour une durée indéterminée les parties doivent prévoir la durée du préavis
de congé qui ne peut être inférieure à six mois »
Le crédit-bail a son régime spécial sur certains aspects lequel est complété par le
droit commun de contrats. Ces aspects particuliers sont :
- Le crédit bailleur laisse le crédit preneur faire le choix du matériel ;
- Le crédit bailleur devient propriétaire du bien en faisant l’acquisition auprès
du tiers vendeur ;
- Il conclut ensuite un contrat de location avec le crédit preneur assorti d’une
promesse de vente au profit de ce dernier ;
- Le crédit bailleur est en droit de réclamer le loyer aux échéances prévues tout
en disposant de la garantie de la réserve de propriété qui n’exclut pas de
demander d’autres garanties conventionnelles ;
- Une période minimale dite « irrévocable » de maintien du crédit-bail est
prévu ;
- Entre le crédit bailleur et le crédit preneur, les rapports sont soumis aux
obligations du bail relativement à la location de ce bien ;
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§4. Le prix
1. Typologie de prix
a. Le marché à forfait
Ainsi, le maître d’ouvrages connaît à l’avance ce qui lui coûtera l’ensemble des
travaux, qu’il marque son accord et paie le montant convenu au titre de forfait. Dès cet
instant, l’entrepreneur est tenu, moyennant le prix forfait, d’exécuter à ses risques et
périls tous les travaux que nécessitent la réalisation de l’ouvrage et ne peut pas
demander un quelconque supplément de prix du chef notamment en cas de la
dépréciation de la monnaie ou en cas de la hausse consécutive du prix des matériaux ou
encore invoquer une quelconque erreur portant sur l’importance des travaux (article 440
CCCL III).
L’entrepreneur doit ensuite livrer le travail fait dans le délai, il doit s’agir de la
livraison de la chose convenue c’est-à-dire ayant les qualités déterminées dans le contrat
ou en cas de silence de celui-ci d’après les usages des lieux et les règles de l’art.Si le
d’ouvrages établit que la chose qu’on lui présente n’a pas ses qualités, l’entrepreneur est
en faute, à moins de prouver le cas fortuit.
Cet article pose l’action en garantie que les architectes et les entrepreneurs
doivent offrir au maître d’ouvrages, cette action est ouverte à l’acquéreur de l’immeuble
dans la mesure où le maître d’ouvrages pouvait l’exercer. En revanche, elle est fermée au
locataire qui a une action contre le propriétaire.
Dans tout le cas, le maître d’ouvrages doit prouver la perte totale ou partielle de
la chose, les vices de construction ainsi que le lien de la causalité entre les vices et la
perte de la chose (triptyque). Outre ces deux obligations, l’entrepreneur est soumis à
l’obligation de renseignement et de conseil notamment lorsque la prestation accomplie
ou le travail réalisé nécessite des conditions particulières d’utilisation et certaines
précautions.
N.B : si par principe, le maître d’ouvrages n’a pas de contrat avec le sous-traitant, l’article
446 CCCL III prévoit une action directe du sous-traitant contre le maître d’ouvrages
dans les conditions ci-dessus.
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Deux conditions :
- L’entrepreneur principal doit faire agréer le sous-traitant auprès du maître
d’ouvrages.Cet agrément porte sur la personne du sous-traitant et sur les
conditions auxquelles la prestation est sous-traitée. L’absence ou le refus
d’agrément entraîne l’impossibilité pour le sous-traitant d’être payé par le
maître d’ouvrages.
- La garantie financière c’est-à-dire l’entrepreneur principal doit garantir au
sous-traitant le paiement du prix convenu,mais considérant le danger de la
carence de l’entrepreneur principal vis-à-vis du sous-traitant, le législateur
congolais a prévu uniquement pour le marché à prix fait ce qui suit : « les
maçons, charpentiers, serruriers et autres ouvriers qui font directement le
marché à prix fait, sont astreints aux règles prévues par l’article 445 CCCL III
qui dispose : « les maçons, charpentiers et autres ouvriers qui ont été
employés à la construction d’un bâtiment ou d’autres ouvrages faits à
l’entreprise n’ont d’action contre celui pour lesquels ouvrages ont été faits,
que jusqu’à concurrence de ce dont il se trouve débiteur envers
l’entrepreneur, au moment où leur action est intentée », ils sont
entrepreneurs dans la part qu’ils traitent. En cas de non-paiement par
l’entrepreneur principal vis-à-vis du sous-traitant, ce dernier exerce une
action récursoire auprès du maître d’ouvrages en demandant à concurrence
ce que celui-ci devait à l’entrepreneur principal (article 446 CCCL III)
L’article 526 CCCL III définit le mandat comme suit : « le mandat ou procuration
est un acte par lequel une personne donne à une autre le pouvoir de faire quelque chose
pour le mandant et en son nom. Le contrat ne se forme que par l’acceptation du
mandataire ».
§2. Représentation
1. Quant au mandataire
2. Quant au mandat
Ce contrat prend fin par la mort ou l’incapacité des parties, l’arrivée du terme, la
révocation du mandataire ou par la renonciation de celui-ci au mandat (article 544 CCCL
III).
En ce qui concerne l’arbitrage, disons qu’un différend peut être réglé en dehors
des cours et tribunaux quelle que soit sa nature, en recourant à des modes non
juridictionnels notamment la médiation, la conciliation ou l’arbitrage. L’arbitrage est la
justice privée, organisée par les parties qui instituent un tribunal arbitral chargé de
trancher en droit les litiges comme le ferait le juge de l’Etat.
Pour recourir à l’arbitrage, les parties doivent soit prévoir une clause
compromissoire c’est-à-dire les parties insèrent dans leur contrat, avant la naissance de
tout litige, leur engagement de recourir à l’arbitrage pour trancher tout quelconque litige
au sujet de l’interprétation, de l’application ou de l’exécution de leur contrat, soit après la
naissance du litige, signé un compromis d’arbitrage qui est un engagement de recourir à
l’arbitrage après que le litige soit né.