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INTRODUCTION
A. DEFINITION
Malgré les controverses qui ont divisé les chercheurs sur la
définition du mot droit, toutes les doctrines sont demeurées unanimes
sur une seule notion de sa définition. Il s’agit de l’ensemble des règles
qui régissent les hommes vivant dans la société tout en leur donnant les
prérogatives de satisfaire à leur intérêt matériel ou moral.
De cette définition, nous pouvons ressortir les deux aspects
du droit ou ses deux angles qui sont objectif et subjectif.
a) Le droit dans son sens objectif, il s’agit de l’ensemble des règles
qui régissent les hommes vivant dans la société.
b) Dans son sens subjectif, il concerne les prérogatives que le droit
sous son angle objectif confère aux individus en vue de la
satisfaction de leur intérêt matériel ou moral.
B. DROIT COMMERCIAL
D’une manière élémentaire, il se définit comme ensemble
des règles qui régissent la vie du commerce à l’activité commerciale.
Mais, dans le vocabulaire juridique, le droit commercial régit
aussi bien l’industrie que le commerce. C’est un droit des affaires.
L’industriel est un commerçant. Ce n’est pas toutefois que le droit
commercial recouvre toute l’activité économique. L’agriculture, les
professions libérales, les contrats de travail et l’emploi de même que
l’artisanat, appartiennent à d’autres disciplines.
Ainsi, en dehors des règles relatives à l’organisation de l’Etat
et celles régissant la relation entre les citoyens, le droit positif congolais
contient un ensemble des dispositions auxquelles l’on donne le nom de
«droit commercial ». il s’agit en réalité d’un droit régissant la profession
commerciale et les actes de commerce.
Il est essentiellement un droit qui s’inscrit dans le droit
économique ou dans le droit des affaires. Le droit commercial est la
principale branche du droit des affaires qui porte sur tous les instants de
la vie du commerce orienté vers la pratique du commerce et grâce
aux caractères pluridisciplinaires des solutions qu’il apporte aux
problèmes de commerce.
Il devient une technique de commerce entre laquelle
l’activité commerciale ou l’entreprise commerciale se meut et
progresse de manière que, méconnaitre ce droit dans la pratique du
commerce risquerait de s’exposer aux mécomptes.

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 Droit commercial et droit privé


Selon la conception classique, le droit commercial est le
droit privé du commerce. Il est donc normal que les personnes privées y
occupent la première place. Pendant longtemps, il s’est agi presque
uniquement des personnes physiques comme la boutique telle qu’on le
connaissait au 18ème siècle ou même le peu industriel qui n’était qu’un
artisan qui a bien réussi. Les choses ont changé, l’économie moderne
exige de plus en plus des capitaux, de recherche des moyens de vente,
bref d’actions qu’une personne physique ne peut mener à bien si elle
demeure isolée.
Le droit commercial s’est formé parce qu’il y avait des
exigences particulières liées à l’activité des professionnels du
commerce. Il s’est détaché ainsi du droit civil pour mieux prendre en
compte ces exigences.
Le droit commercial est moins traditionnaliste que le droit
civil. Son évolution est donc plus rapide. Le droit commercial qui
règlemente les activités économiques évolue aussi rapidement que
l’économie elle-même. Et la législation sur elle se renouvelle
constamment.
Exemple : mariage (droit civil), bail (droit commercial).
La division bipartite du droit privé en deux branches : le droit
civil et le droit commercial n’est pas exacte car le droit civil constitue le
droit commun et le droit commercial est un droit d’exception. Le droit
commercial est l’ensemble des règles particulières établies dans
l’intérêt du commerce. Ce droit est l’issu de la pratique. La vie des
affaires s’est séparée du droit civil pour deux raisons majeures.
 La rapidité dans les opérations du commerce
Qu’il s’agisse du phénomène de distribution de biens ou bu
phénomène de la production industrielle de marchandises, les
opérations doivent se multiplier sans perte de temps. Le temps joue un
rôle important dans le monde des affaires alors qu’il est un facteur
neutre dans le droit civil.
Cette célérité des opérations entraine deux conséquences
extrêmes, contradictoires sans doute, amis «dont l’harmonie profonde
existe néanmoins ».
a) La liberté des preuves en droit commercial qui permet d’établir la
teneur des transactions qui ont été conclues verbalement. Le
droit commercial s’émancipe entièrement des règles de preuve
qui sont de rigueur en droit civil et spécialement la pré-
constitution d’un écrit.

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b) Le formalisme de certaines opérations qui vise à éliminer toute


cause de discussion. Certains engagements doivent se mouler
dans un forme spéciale (ex. : un effet de commerce, un chèque,
un titre au porteur) et certaines entreprises doivent s’enfermer
dans un mécanisme rigoureux (ex. : le cadre d’une société
anonyme), pour atteindre tel ou tel résultat.
 Le renforcement du crédit
La multitude d’opérations qu’un commerçant ou un
industriel sont amenés à faire, à peine de dépérir, les oblige à passer
des contrats qui dépassent les possibilités de leur trésorerie propre. Ils
ont besoin de crédit auprès de leurs fournisseurs. Dans la chaine de
production et de la distribution des marchandises, le crédit se retrouve
à chaque étape. Il va même jusqu’au crédit à la consommation qui est
en principe malsain. Or, le crédit est bâti sur la solidité des garanties. Un
crédit construit sur les seules garanties du droit civil serait beaucoup
trop cher parce qu’il serait plus risqué. C’est pourquoi le droit
commercial use de différents procédés pour renforcer le crédit.
 Par l’organisation de la faillite qui est une saisie collective du
patrimoine d’un commerçant en état de cessation de paiement
et d’ébranlement de crédit. Les créanciers se groupent en les
poursuites individuelles et anarchiques du droit civil.
 Par la présomption de solidarité qui permet d’atteindre l’intérêt
quelconque des hommes d’affaires lorsqu’ils ont traité ensemble.
 Par l’intangibilité du capital des sociétés par actions, gage
minimum offert à l’action des créanciers.
 Par la simplification des formes de la mise en demeure qui facilite
l’interprétation par le créancier du débiteur d’une prestation.
c) Domaine du droit commercial
Droit d’exception, le droit commercial devrait avoir un
domaine clairement délimité. Il en est rien. Les frontières de sa sphère
d’application sont empiriques, voire incohérentes.
Deux conceptions se manifestent :
1. Conception subjective
Le droit commercial serait, comme il le fut autres fois, un
droit professionnel des commerçants. Cette conception prend une
apparence de vérité puisque seuls ceux qui sont commerçants sont
tenus à s’inscrire au nouveau registre du commerce et sont seuls
exposés aux rigueurs de la faillite.

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Ils ont outre une juridiction habituelle : les tribunaux de


commerce. La conception subjective se heurte cependant à double
écueil.
a) Le commerçant a une vie à côté de sa profession. Il y a tous les
actes du commerçant qui ne sont en rien l’exercice de son
commerce ou de son industrie ;
b) Inversement, certains particuliers qui n’ont nullement la qualité de
commerçant utilisent des procédés de droit commercial et
verront que ce dernier leur devient applicable : ex. : l’aval d’un
effet de commerce par un non-commerçant.
2. Conception objective
Le droit commercial peut d’abord être qualifié d’objectif ou
réel lorsqu’il régit essentiellement les actes de commerce ou actes dits
commerciaux qui sont toutes une série d’opérations qualifiées telles par
le législateur et dans ce système le droit commercial a pour vocation
d’intervenir au moment ou un acte commercial est accompli peu
importe la qualité de la profession de l’auteur de cet acte, c’est la
notion d’acte commercial qui détermine l’application de ce droit ; ici
la notion de commerçant est délivrée ou secondaire.
Il faut considérer les actes comme caractéristiques de la vie
commerciale, c'est-à-dire les «actes de commerce ». Le droit
commercial serait le droit d’une catégorie d’actes et non d’une classe
professionnelle. Cette conception est claire pour certaines opérations,
par exemple : la souscription d’un effet de commerce qui est un acte
de commerce sans aucune relation à la condition du signataire. Mais
très peu d’actes sont prédéterminés à la vie commerciale : ainsi en va-
t-il des actes de la vie courante (vente, mandat, louanges, etc.) qui
sont utilisés sans la vie civile comme dans la vie des affaires. Pour les
qualifier on est obligé de voir quelques fins ils ont été accomplis.
C'est-à-dire que l’on est contraint d’analyser l’activité
économique des contractants car ils ne deviendront des actes
commerciaux que parce qu’ils ont été passés par des commerçants.
On tombe dans un cercle vicieux : le commerçant est
connu à la nature des actes qu’il fait. Le droit congolais donne une
préférence à la conception objective du droit commercial, mais sans
en faire un système absolu.

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C. PLACE DU DROIT COMMERCIAL DANS LA SCIENCE JURIDIQUE


Disons ici que pour le droit privé ; nous avons (droit civil, droit
commercial, droit international public, droit financier), pour le droit
économique (droit social, droit du travail, droit du développement),
pour le droit public (droit administratif, droit constitutionnel, droit pénal).
Si l’on se base sur la dichotomie du droit classique, la
science juridique se divise en deux branches : droit privé et droit public.
Le droit commercial, tout comme le droit civil, fait parti du
droit privé, le droit commercial se distingue du droit civil sur plusieurs
points : si le droit civil constitue le droit commun couvrant l’activité de
l’homme, le droit commercial et pour sa part fait des règles
exceptionnelles aux actes des commerces et aux commerçants : d’où
ses règles sont beaucoup plus perfectionnées que celles du droit civil
notamment en ce qui concerne la vente. Le droit civil est statique,
conservateur et formalise, alors que le droit commercial tient compte
de l’évolution des phénomènes économiques. En cette manière, en
effet, des nouveaux contrats sont nés au grès des affaires du
commerce.
D. SOURCES DU DROIT COMMERCIAL
On distingue les sources directes, des sources indirectes.
Parmi les sources directes, on cite la loi, et conventions internationales.
Dans les sources indirectes, nous avons les usages et la jurisprudence.
1. La loi
C’est actuellement la première source du droit commercial.
Il s’agit notamment du code du commerce, des lois qui l’on complété
ou modifié ainsi que du code civil dans la mesure où les dispositions
particulières au commerce n’ont pas dérogé. Mais il existe aussi des
conventions et loi à caractère sur base des conventions internationales.
2. La jurisprudence
Constituée des arrêts et jugement des cours et tribunaux,
spécialement de la cour suprême de justice, la jurisprudence est aussi
une source de droit commercial tout comme elle est pour le droit civil.
3. Les usages dans la protection commerciale
Ils jouent un rôle important surtout dans les procès
commerciaux devant les juges. Les usages en matière des sociétés de
commerce ne sont pas les plus marquants. Un groupement
professionnel peut attester de la teneur d’un usage : cette attestation
s’appelle un parère. Les usages l’emportent même souvent sur le droit
civil ex. l’anatocisme dans les comptes courants.

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4. Statut professionnel
Il s’agit des statuts des regroupements professionnels, telle
que l’association des banques.
5. Les sources dérivées
Ordonnance, décrets, arrêtés, règlements, décisions
circulaires et ordres du pouvoir public ou des services publics. Cette
source prend de plus en plus de l’importance, étant donné la
complexité et la spécialisation qu’il faut pour comprendre les
phénomènes économiques.
6. La doctrine
Elle constitue une source subsidiaire du droit commercial. Il
s’agit des propositions de solutions aux problèmes qui se posent au
commerce, telles qu’elles sont envisagées par les jurisconsultes, les
avocats et les professeurs d’universités, etc. les analyses faites par ces
derniers donnent de la lumière aux praticiens du droit des affaires.

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CHAPITRE 1 : STATUT DU COMMERCANT


 Définition du commerçant et les actes de commerce
 Enoncé de la définition du commerçant
Suivant l’article 2 de l’acte uniforme « est commerçant celui
qui fait de l’accomplissement d’actes de commerce par nature sa
profession ».
Section 1. Analyse de la définition du commerçant
Paragraphe 1. L’accomplissement des actes de commerce
Pour avoir la qualité de commerçant, il faut accomplir des
actes de commerce. Les textes ne précisent pas la nature dont il s’agit,
mais il faut se référer à l’étude de la liste légale des actes de
commerce et particulièrement des actes de commerce par nature.
En effet, les actes de commerce par accessoire ne tirent
leur commercialité que de la qualité de l’auteur. Les sociétés
commerciales qui prennent la forme commerciale sont considérées
ainsi que la disparition de la loi. Elles constituent donc une conception
à la règle étudiée.
Paragraphe 2. L’exercice d’une profession habituelle
Les actes de commerce doivent être effectués non
seulement de façon habituelle, mais aussi à titre de la profession. Cette
condition implique que la répétition d’une part et l’activité régulière
d’autre part peu importe que la profession soit exercée ou non à titre
de profession ou de façon notoire.
Exemple : Une personne qui exerce clandestinement à titre principal
une activité commerciale, de laquelle elle tire l’essentiel de ses sources
à la qualité de commerçant.
Dans ce sens, un notaire qui malgré l’interdiction d’exercer
le commerce prévu par son statut spécule sur les fonds déposés par ses
clients, exerces la profession des banquiers et de ce fait est banquier.
En revanche, un directeur d’un établissement scolaire qui acquiert des
produits alimentaires (plats cuisinés), pour les revendre à ses élèves sous
forme de repas servis à la cantine, exerce une activité commerciale
accessoire à sa profession civile d’enseignant.
Cette activité accessoire ne lui fait pas acquérir la qualité
de commerçant. La jurisprudence applique les mêmes principes aux
opérations accomplies par les associations et les syndicats. Les achats
pour revanche fait au profit de leurs membres, ne leur fait pas acquérir
la qualité de commerçant.

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La jurisprudence a estimé par ailleurs que celui qui tire


habituellement de lettres de change pour recouvrer des loyers ne
devient pas commerçant. Cette décision pose que le fait de tirer une
lettre de change ne constitue pas une profession.
Paragraphe 3. L’exercice du commerce pour son propre compte (à titre
indépendant)
La profession commerciale est une profession libérale et on
s’y installe à titre indépendant. L’agent receveur de bus qui achète les
tickets pour achat des timbres pour vendre, ce sont des préposés. Le
premier est soumis au code du travail tandis que le deuxième est géré
par les statuts de l’établissement public. Le commerçant est
indépendant qui agit en son propre nom, le receveur est un proposé.
Ceux qui exercent une activité commerciale pour le
compte d’autrui n’assurent pas le risque de l’entreprise. Ils sont soit des
salariés, soit des mandataires des commerçants. Sont exclus également
les intermédiaires qui agissent pour le compte du commerçant à
l’exception des intermédiaires et agents commerciaux.
Les administrateurs, PDG, gérant de SARL agissent au nom
de la société. Ils ne sont pas commerçants es-qualité. Les associés en
non-collectif sont commerçants, non pas entant que gérants, mais en
vertu de la loi.
Paragraphe 4. Conditions d’exercice régulier de la profession de
commerçant
A ce niveau, nous avons les principes qui sont consacrés, il
s’agit :
- Le principe de la liberté de commerce ;
- Le principe de l’égalité de traitement en matière commerciale.
 La capacité d’exercice de commerce
Nul ne peut (exerce) accomplir les actes de commerce à
titre de profession, s’il n’est juridiquement capable d’exercer le
commerce. Le mineur, sauf s’il est émancipé, ne peut avoir la qualité
de commerçant ni effectuer des actes de commerce.
Le conjoint du commerçant n’a la qualité du commerçant
que s’il accomplit les actes visés aux articles 3 et 4 de l’acte uniforme à
titre de profession et séparément de ceux de l’autre conjoint.
Nul ne peut exercer une activité commerciale lorsqu’il est
soumis à un statut particulier établissant une «incompatibilité ». Il n’y a
pas d’incompatibilités dans le texte. Il appartient à celui qui invoque
l’incompatibilité d’en apporter la preuve.

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 Quid de la capacité de la femme mariée


Il n’existe aucune disposition de l’acte uniforme sur la
situation de la femme mariée. Cela s’explique certainement par le fait
que la plupart des Etats signataires du traité de l’OHADA, la femme
mariée a retrouvé sa pleine capacité civile.
Il convient juste de signaler que la femme qui ne fait que
détailler le commerce de son mari n’a pas qualité de commerçant.
Mais cette règle qui résulte de l’article 7 al. 2 n’est pas, à vrai dire,
propre à la femme mariée (épouse), elle concerne aussi le mari
(époux).
Ainsi, le composant d’un commerçant n’a lui-même cette
qualité de commerçant s’il accomplit des actes de commerce
séparément de ceux de son époux. Cela dans le but de protéger de
patrimoine du couple face aux éventuels aléas du commerce.
Par ailleurs, il convient de réaliser la notion relative à l’état et
à la capacité des citoyens est une manière exclusive de chaque Etat.
La capacité de la femme mariée est consacrée par les articles 448 du
code de la famille et de l’article 4 décret du 02 Août 1913 relatif aux
commerçants et à la preuve des engagements commerciaux qui
conditionnent cette capacité à l’autorisation maritale, laquelle peut-
être expresse au traitre dans certains cas.
Etant donné qu’il y a jusque-là aucune disposition qui
abroge ces deux dispositions évoquées, nous pouvons affirmer que la
situation juridique de la femme mariée reste cependant la même (elle
est en elle-même incapable). Nous souhaitons ardent que cette
situation change et qu’elle soit adoptée çà l’évolution du monde, car
la conception même de la femme mariée a fortement évolué à travers
le monde et pourtant, la RDC doit adapter sa législation nationale en la
matière (code de la famille) aux différentes conventions qui mettent en
faveur de l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des
femmes en général et de la femme mariée en particulier afin de rendre
cette dernière pleinement capable pour tous les actes juridiques.
Paragraphe 5. Les incompatibilités et déchéances
En dehors de la catégorie des personnes énumérées par la
loi ou déclarées incapables, il existe d’autres dont le passé, les
fonctions ou l’origine peuvent susciter des réserves ou tout au moins
justifier un compromis.
 Les incompatibilités
A la différence de l’incapacité qui vise la protection de la
personne qui fait l’objet, l’incompatibilité se traduit par l’impossibilité
légale de cumuler la profession commerciale avec certaines fonctions
qui s’accommode mal avec l’esprit de négoce.

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Ces fonctions sont énumérées par l’article 9 de l’acte


uniforme qui dispose : «l’exercice d’une profession commerciale est
incompatible avec l’exercice des professions ou fonctions suivantes :
«fonctionnaires, personnes de service public, établissements à
participations publiques, officiers ministères et axillaires de justice,
experts comptables agréés et comptables agréés, commissaires aux
comptes et aux apports conseillers juridiques, courtiers maritimes, plus
généralement toutes les professions dont l’exercice fait l’objet d’une
règlementation interdisant le cumul de cette activité » avec l’exercice
d’une profession commerciale.
Le droit OHADA à l’article 8 enrichit, nul ne peut exercer
l’activité commerciale, lorsqu’il est soumis à un statut particulier
établissement une incompatibilité. Il n’y a pas d’incompatibilité sans
texte. Il appartient à celui qui invoque incompatibilité d’en apporter les
preuves.
Les actes accomplis par une personne en situation
d’incompatibilité n’en restent pas moins valables à l’égard des tiers de
la bonne foi. Ceux-ci peuvent, si bon leur semble, se prévaloir des actes
accomplis par une personne en situation d’incompatibilité, mais celle-ci
ne peut s’en prévaloir.
Paragraphe 6. Les déchéances et interdictions
Elles consistent dans la défense faite à une personne
d’exercer le commerce pour son compte ou pour le compte d’autrui
dans le but de moraliser ou d’assainir la profession commerciale. Aux
termes de l’article 10 de l’acte uniforme : «nul ne peut exercer une
profession commerciale directement ou par personne interposée s’il a
fait l’objet :
- D’une interdiction prononcée par une juridiction professionnelle ;
- D’une interdiction prononcée par une juridiction de l’un des Etats
partis ;
- D’une condamnation définitive à une peine privative de liberté
pour un crime de droit commun ou une peine de moins de trois
mois d’emprisonnement non assorti de sursis pour un délit contre
les biens ou une infraction en matière économique ou financière ».
Les déchéances touchent les personnes frappées de la
faillite personnelle. Ainsi que les officiers ministériels déchus qui
s’appliquent à l’exercice du commerce quel que soit la forme. Il
convient de souligner que l’interdiction à titre temporaire ou à titre
définitif, peut être levée ; c’est la réhabilitation qui peut être
demandée qu’à l’expiration du délai de cinq (5) ans.

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CHAPITRE 2 : DROITS ET OBLIGATIONS DU COMMERCANT


Nous les exposerons principalement à travers deux
obligations importantes : l’inscription au Registre de Commerce et du
Crédit Mobilier (section 1) et la tenue d’une comptabilité (section 2).
Mais le commerçant n’a pas seulement que les obligations, il a aussi
des droits qui lui sont reconnus (section 3).
Section 1. L’inscription au Registre de Commerce et du Crédit Mobilier
(RCCM)
Le RCCM est destiné à recevoir tous les renseignements
concernant les commerçants et susceptibles d’intéresser les tiers. Il
s’agit d’un répertoire officiel sur lequel sont inscrites les personnes
physiques ou morales exerçant la profession commerciale. L’inscription
au RCCM joue un double rôle, d’une part le rôle traditionnel d’un
registre du commerce, à savoir l’immatriculation du commerçant,
d’autre part la protection du crédit mobilier qui est une innovation de
l’OHADA.
Paragraphe 1. L’organisation de ce registre
Aux termes de l’article 20 de l’acte uniforme : «le registre du
commerce est tenu par le greffe de la juridiction compétente sous la
surveillance du président ou d’un juge délégué à cet effet. Un fichier
national centralise les renseignements consignés dans chaque registre
de commerce. Un fichier régional tenu auprès de la CCJA centralise les
renseignements consignés dans chaque fichier national ». Les éléments
suivants sont mentionnés au registre de commerce.
- Nantissement des actions et parts sociales ;
- Nantissement du fonds de commerce ;
- Nantissement du matériel et véhicules automobiles ;
- Nantissement des stocks et des privilèges.
Ces éléments sont mentionnés en plus de la situation civile
et matrimoniale du commerçant. Conformément aux énonciations de
l’article 20, le RCCM est donc tenu à trois niveaux : local, national et
régional.
a) Au niveau local
Le registre local est tenu par le greffe du tribunal de
commerce ou de la juridiction en tenant lieu. Il est placé sous
surveillance du président ou d’un juge commis à cet effet.
- Il comprend un registre chronologique ou registre d’arrivée,
mentionnant la date et le numéro de chaque déclaration
d’immatriculation, les noms, dénominations et raison sociale de la
personne enregistrée ;

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- Des dossiers individuels contenant la demande initiale


d’immatriculation, ainsi que les déclarations de modification ou
de radiation, qui peuvent ultérieurement intervenir ;
- Un fichier tenu dans l’ordre alphabétique, destiné à faciliter les
recherches et distinguant les personnes physiques et les personnes
morales.
b) Au niveau national
Les registres nationaux sont tenus par le greffe d’une cour
d’appel sous la surveillance du président ou d’un conseiller désigné à
cet effet. Ils comportent des dossiers individuels qui contiennent le
double de toutes les déclarations enregistrées dans les registres locaux
tenus par les greffes des tribunaux locaux.
c) Au niveau régional
Le fichier régional est tenu par la Cour Commune de Justice
et d’Arbitrage de l’OHADA, se trouvant en Abidjan. Il centralise
l’ensemble des renseignements contenu dans chaque fichier national
des Etats de l’OHADA.
Paragraphe 2. Le fonctionnement du registre
Il concerne l’immatriculation, l’inscription modificative et la
radiation.
a) L’immatriculation
1. Les personnes assujetties à l’immatriculation
L’article 25 de l’acte uniforme dispose que : «toute
personne physique ayant la qualité de commerçant, aux termes du
présent acte uniforme, doit dans le premier mois de l’exploitation de
son commerce, requérir du greffe du tribunal compétent situé dans le
ressort duquel le commerce est exploité, son immatricule ».
L’immatriculation s’effectue donc à posteriori, l’intéressé
doit commencer à exercer son exploitation. L’obligation
d’immatriculation concerne aussi les personnes physiques ou morales à
caractère individuel ou commercial.
2. La procédure d’immatriculation
La demande d’immatriculation est établie en quatre
exemplaires. Le premier est conservé au greffe, le deuxième est remis
au déclarant, le troisième et le quatrième sont adressés par le greffe du
tribunal au fichier régional. Cette demande doit comporter des
renseignements qui varient selon que le commerçant est une personne
physique ou morale.
Le commerçant en peut être immatriculé à titre principal
qu’une seule fois conformément à l’article pour l’établissement
principal, les autres établissements feront l’objet d’une immatriculation

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additive ou complémentaire lorsqu’ils sont établis dans le même ressort.


Si les autres établissements sont situés. En dehors du tribunal où a été
opérée l’immatriculation principale, ils seront mentionnés seulement
dans l’immatriculation principale et l’objet d’une immatriculation
secondaire.
b) Les inscriptions, modifications ou radiations
Afin d’assurer une formation efficace, toute modification
dans la situation initiale du commerçant doit faire l’objet d’une
inscription modificative. Il en est ainsi en cas de mariage, de divorce,
en cas de changement de gérant, de jugement de condamnation et
d’interdiction, la demande de modification doit-être formulée dans les
(30) trente jours de cette demande de modification et mentionnée au
registre. L’article 326 de l’acte uniforme, déclare que toute personne
physique immatriculée doit, dans le délai d’un mois compté de la
cessation de son activité commerciale, demander sa radiation.
c) Le rôle du greffier
Le greffier en charge du registre du commerce s’assure sous
sa responsabilité que les demandes sont complétées et vérifie la
conformité de leurs énonciations aux pièces justificatives produits. S’il
saisit la juridiction compétente. Les constatations entre le requérant et
greffier peuvent également être portées devant cette juridiction qui
statue en premier ressort à charge d’Appel dans un délai d’un mois.
d) La publicité des renseignements du registre
Il y a d’abord la publicité indirecte qui résulte de l’inscription
sur les registres du commerce et de la correspondance du numéro
d’immatriculation. Les intéressés connaitront à la vue d’une lettre, le
siège du tribunal où la personne commerçante est inscrite et le numéro
de son inscription.
Il y a aussi la publicité directe qui résulte de ce que les tiers
intéressés peuvent obtenir copie ou extrait auprès de greffe. Le greffier
doit dans le délai d’un mois à compter de l’immatriculation adresser un
avis à insérer au Journal Officiel.
Paragraphe 3. La force probante du RCCM
Le RCCM n’est pas seulement un instrument d’informations
des personnes publiques qui le tiennent. L’immatriculation et les
mentions portées au registre ou leur omission entrainent les effets qu’il
convient de souligner.
a) Effets d’immatriculation et défaut d’inscription
L’article 36 de l’acte uniforme pose : «toute personne
inscrite au registre du commerce est présumée commerçant, sauf
preuve contraire ». La présomption de commercialité n’a pas la même

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portée à l’égard de tous, elle est irréfragable à l’égard des sociétés


commerciales. Elles ne jouent pas l’égard des G.I.E., elle est simple à
l’égard des personnes physiques.
Dans ce dernier cas, en principe, la preuve différente peut
être rapportée par un tiers, par exemple ; un créancier peut prétendre
qu’une personne n’est pas commerçante afin de pouvoir invoquer la
prescription civile. La preuve peut également être rapportée par
l’intéressé lui-même, par exemple, la personne immatriculée démontre
qu’elle n’est pas commerçante afin d’échapper au redressement
judiciaire et la liquidation des biens.
S’agissant du défaut d’inscription, l’article 39 prévoit que :
«les personnes physiques assujetties à l’immatriculation au RCCM et qui
n’ont pas requis celle-ci dans le délai prévu ne peuvent se prévaloir
jusqu’à leur immatriculation de la qualité de commerçant, par
exemple ; elles ne peuvent prétendre à l’application des lois sur le
renouvellement des baux commerciaux, elles ne peuvent invoquer le
défaut d’inscription pour échapper à la responsabilité inhérente à la
qualité de commerçante, elles ne peuvent attaquer les tiers es qualité,
mais ceux-ci peuvent l’invoquer contre elles ». Le commerçant radié
qui omet l’inscription de celle-ci, conserve la qualité de commerçant.
Par conséquent, il convient de payer les impôts liés à l’activité
commerciale et pourrait être mise en redressement judiciaire.
b) Effets des mentions et défaut des mentions
Les mentions portées au RCCM n’ont en principe aucun
effet sur la validité de l’acte mentionné ; par exemple : l’inscription d’un
acte nul ne lui confère aucune valeur.
Cependant, l’inscription d’une mention confère aux tiers le
droit de se prévaloir de l’acte tel qu’il a été publié. Par exemple, les
dirigeants des sociétés dont les noms figurent au registre sont présumés
avoir été régulièrement désignés et cette régularité ne peut plus être
discutée dans les relations entre société et les tiers. Ceux-ci, ne peuvent
prétendre par exemple ignorer une révocation d’un dirigeant lorsque
cette révocation a été mentionnée au registre.
Les faits et actes non-inscrits ne sont pas opposables aux
tiers ni la vente, ni la location-gérance du fonds de commerce, si elles
n’ont pas été publiées. L’article 40 al. 2 de l’acte uniforme précise que
cette règle n’est pas applicable, si les assujettis établissent qu’au
moment de l’acte les tiers en avaient connaissance. Autrement dit,
l’inopposabilité ne profite qu’au tiers de bonne foi. Par ailleurs,
l’inopposabilité ne concerne que les contrats relatifs à l’activité
commerciale et non ceux qui concernent la vie privée du commerçant.

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~ 15 ~

Section 2. La tenue d’une comptabilité régulière


L’acte uniforme relatif au droit commercial s’inspire
largement du règlement du 28 Novembre 1987, instituant un Conseil
Comptable Ouest Africain et modifié par le règlement 04/2004 de
l’UEMOA qui prévoit que les commerçants sont astreints à une
comptabilité conforme aux nouvelles lois comptables.
Aux termes de l’article 14 de ce règlement : «l’organisation
comptable mise en place dans les entreprises, doit satisfaire les
exigences de régularité et de sécurité pour assurer l’authenticité des
structures afin que la comptabilité puisse se servir à la fois d’instruments
de mesure des droits et obligations de service de partenaires de
l’entreprise et instruments de preuves et d’informations des tiers.
Ce qui impose aux commerçants la tenue de certains livres
de commerce est en règlement la forme.
Paragraphe 1. L’obligation de tenir des livres de commerce
C’est une obligation qui découle de la gestion interne de
l’entreprise. C’est l’obligation de tenir la comptabilité suivant des règles
précisent, l’obligation d’avoir un compte en banque ou un compte de
chèques postaux, l’obligation d’établir lors d’une vente ou d’une
prestation de services, une facture, c'est-à-dire un écrit rappelant aux
clients l’opération effectuée, qu’il détaille le montant des prestations
fournies et réclame leur règlement.
A. Les livres obligatoires
Aux termes de l’article 19, les livres comptables dont la
tenue est obligatoire sont : le livre journal, le grand livre et le livre
d’inventaire.
1) Le livre journal
C’est un livre chronologique où doivent être inscrits
successivement toutes les mentions intéressantes de l’entreprise, non
seulement les opérations qui intéressent directement la caisse ou la
trésorerie, mais aussi celles qui de façon indirecte concernent la
situation financière (créances, dettes, achats, ventes, commandes et
livraisons,…).
2) Le grand livre
C’est l’ensemble des comptes de l’entreprise où sont
reportés et inscrits simultanément au journal, compte par compte les
mouvements de l’exercice.
3) Le livre d’inventaire
C’est un livre qui récapitule à la fin de chaque exercice,
tous les éléments de l’actif et du passif de l’entreprise.

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Il permet au commerçant d’établir le bilan d’ensemble de


son activité et constitue à ce titre une source d’information pour les
créanciers.
En dehors de ces trois livres, le règlement prévoit à titre
obligatoire la tenue des rapports tels que la balance générale des
comptes. Il s’agit d’un état récapitulatif faisant apparaitre à la clôture
de l’exercice pour chaque compte le solde débiteur.
B. Les formes de la tenue des livres
Il s’agit des véritables livres et non des feuilles mobiles.
Chaque page porte un numéro et les numéros doivent se suivre.
Chaque page doit être paraphé par le juge ou le maire afin d’éviter
que les pages ne soient supprimées ou remplacer. Les livres doivent
être tenus sans blanc ni altération d’aucune sorte. Les blancs, ratures et
grattages sont interdits. En cas d’écritures erronées, il faut procéder à
une écriture en sens inverse qui compense l’écriture erronée. Toutes ces
précautions ont pour vue de conférer aux livres une présomption de
sincérité.
Paragraphe 2. La force probante des livres de commerce
Les livres de commerce régulièrement tenus, peuvent être
produits en justice entant qu’instrument de preuves. C’est pourquoi la
loi prescrit leur conservation ainsi que celle de leurs pièces justicières
pendant dix (10) ans.
A. La procédure des livres en justice
Le commerçant peut produire volontairement ses livres, mais
il peut aussi y être contraint au tribunal ou sur demande de l’autre
partie. La loi prévoit deux modes de production : la présentation et la
communication.
1. La présentation
C’est le mode de droit commun et préserve le mieux le
secret des affaires. Elle ne porte que sur les parties des livres qui
intéressent les litiges. Le reste est protégé par le secret professionnel et
s’impose aux juges et aux auxiliaires de justice.
2. La communication des livres
C’est un mode exceptionnel de production ; puisque les
livres sont mis à la disposition de la partie adverse. C’est une procédure
dangereuse pour le commerçant et elle n’est exigée en principe qu’à
l’occasion des problèmes de succession et de liquidation des biens.
B. Livres de commerce comme moyens de preuve
Deux hypothèses doivent être envisagées, soit les livres sont
invoqués contre le commerçant, soit ils sont invoqués par le
commerçant.

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1. Les livres de compte invoqués contre le commerçant


Les livres de compte sont des preuves contre le
commerçant qui les tiennent. Les mentions qu’ils contiennent sont des
aveux. Par exemple un commerçant ne peut soutenir qu’il n’a pas reçu
ou acheté une marchandise, si cette opération est inscrite sur ses livres.
Il s’agit d’un aveu extrajudiciaire. Comme l’aveu judicaire, l’adversaire
qui s’en prévaut ne peut diviser les mentions apportées au livre
conformément au principe de l’individualité de l’aveu. S’il profite des
mentions qui lui sont favorables, il doit ainsi en subir les faits des
mentions défavorables.
2. Les livres de compte invoqués par le commerçant
Le commerçant peut invoquer ses propres livres comme
moyens de preuves, contrairement aux principes selon lesquels nul ne
peut se créer un titre à soi-même. Cette faculté n’est en principe
ouverte que si les livres sont régulièrement tenus. A contrario, les livres
régulièrement tenus ne peuvent pas être produits ni faire foi au profit de
ceux qui les tiennent, mais la portée de cette règle est limitée. En effet,
en matière commerciale, la preuve est recevable par tout moyen et le
juge peut retenir un livre plus ou moins régulier comme présomption
simple ou indice.
Un commerçant ne peut utiliser ses livres en justice à son
profit que si son adversaire lui-même est commerçant, car ce dernier à
son tour peut produire ses livres. Ici comme ailleurs, le juge apprécie en
toute liberté la valeur probante des livres. Si l’adversaire est un non
commerçant, l’usage des livres après son adversaire n’est exclu. Le
tribunal peut trouver dans ces livres, un commencement de preuve par
écrit ou une présomption.
Outre ces deux obligations principales, le commerçant a
aussi des obligations envers l’Etat notamment l’obligation fiscale. Le
commerçant doit payer les impôts et taxes prévus par la loi. Mais il a
aussi des obligations envers les tiers, notamment :
- L’obligation de renseigner le public : elle recouvre en réalité
toutes les formalités de publicité obligatoires, toutes les mentions
obligatoires sur les produits et marchandises proposés au public.
- L’obligation envers les autres commerçants de respecter la règle
de licite et loyale concurrence.
- L’obligation, en leur qualité de professionnel, d’informer les
personnes qui envisageaient contacter avec eux sur les risques du
contrat envisagé.
- L’obligation de se soumettre à une procédure collective en cas
de cessation de paiement. L’obligation de faire certains
paiements par chèques ou virements.

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Section 3. Les droits du commerçant


Ils sont assez nombreux, mais nous pouvons en citer :
- Le droit d’invoquer en leur faveur leur propre comptabilité
Il s’agit d’une disposition de faveur, car en principe, nul ne
peut se créer un titre à soi-même. La règle s’explique cependant en
raison des principes stricts qui régissent la tenue des livres de commerce
et la comptabilité et qui rendent très difficile une faisabilité des
comptes.
- Le droit de se prévaloir de la prescription décennale
En principe, la prescription est trentenaire en droit civil. En
matière commerciale, elle est décennale afin de ne pas obliger les
commerçants à conserver indéfiniment les preuves.
- Le droit de réclamer à certaines conditions
Le renouvellement du bail des locaux où s’exploitent le
fonds de commerce ; en droit français, le décret-loi du 30 Septembre
1953 relatif aux baux commerçants, édicte la nullité de toutes les
clauses ou conventions qui auraient pour effet de faire échec au droit
de renouvellement et aux dispositions légales sur la durée du bail qui ne
peut être inférieur à neuf (9) ans.
Le preneur à lui seul conserve la faculté de donner congé à
l’expiration de chaque période triennale. Il peut renoncer et s’engager
valablement pour neuf (9) ans.
- Le droit à certaines conditions de donner le fonds en location-
gérance ;
La location gérance ne peut être consenti que par des
personnes physiques ou morales ayant été commerçantes pendant 7
(sept) ans et ayant exploitées le fonds mis en gérance pendant 2 (deux)
ans.
- Le droit de réclamer en cas des difficultés le bénéfice d’un
règlement préventif ;
- Le droit de déroger par convention aux règles de compétence
territorial des tribunaux ;
Les règles de compétence territoriale ne sont pas l’ordre
public en matière commerciale, les clauses y dérogeant sont donc
valables lorsqu’elles ont été convenues entre commerçants.
- En droit français, le droit sous certaines conditions, d’être électeur
et éligible aux tribunaux de commerce ainsi qu’aux chambres de
commerce et industrie.

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~ 19 ~

CHAPITRE 3 : LA DETERMINATION DES ACTES DE COMMERCE


L’acte uniforme de l’OHADA donne une énumération des
actes de commerce. A priori, il suffit de se référer à cette liste légale
pour connaitre les actes de commerce, tous les autres étant civils. Mais
en réalité, le droit français est plus complexe puisqu’il faut en outre tenir
compte de l’influence possible de la profession de l’auteur de l’acte.
Influence qui peut avoir pour effet de rendre commercial un acte ne
figurant pas sur cette liste ou inversement de rendre civil un acte
figurant sur cette liste.
Section 1. La liste des actes de commerce
L’article 3 de l’acte uniforme dispose : sont actes de
commerce, notamment :
- L’achat de biens meubles ou immeubles en vue de la rendre ;
- Les opérations de banque, de bourse, de change, d’assurance et
de transit ;
- Les contrats entre commerçants pour le besoin de leur
commerce ;
- L’exploitation industrielle des mines, carrières et gisements
naturels ;
- Les opérations de location de meubles, de manufactures, de
transport et des télécommunications ;
- Les opérations intermédiaires de commerce (commissionnaires,
courtiers, agents commerciaux, agences de voyage,…).
L’article 4 stipule : «ont également le caractère d’actes de
commerce et ceux par leur forme de la lettre de change, le billet à
ordre ainsi que le warrant ». La liste dressée par les articles 3 et 4 est
inspirée par une idée générale : y a-t-il un critère général de l’acte de
commerce ?
Paragraphe 1. Existe-t-il un critère général de l’acte de commerce ?
On répond généralement par l’affirmative, en proposant un
des trois critères suivants : la spéculation, la circulation ainsi que
l’entreprise.
A. Le critère de spéculation
L’acte de commerce serait essentiellement un acte inspiré
par l’idée de commerce, de lucre, de bénéfices. Cette conception est
exacte, en ce sens que tout acte de commerce implique une
spéculation ou la recherche d’un bénéfice. A cet égard, un acte à titre
gratuit ou basé sur la philanthropie ne peut être un acte de commerce.
Une association qui se contenterait de faire de tels actes
échappe à la commercialité. Elle peut y être soumise en revanche dès

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lors qu’elle est animée par l’idée de bénéfices. Mais, ce critère est
insuffisant, en tant qu’il n’explique pas notamment pourquoi les
agriculteurs et les membres des professions libérations échappent au
droit commercial.
B. Le critère de circulation des biens et services
THALLER a proposé le critère de la circulation des biens et
services. L’acte de commerce serait aussi tout acte commercial dans
la circulation des biens excluant la nature de celui-ci et son achat pour
consommation. Mettons de côté l’agriculture, l’élevage, l’exploitation
minière et la cueillette. Il y a aussi d’autres actes de commerce qui sont
en dehors de la circulation des biens, tels les actes posés par les
agences d’affaires, mobilières et pour recouvrement des créances.
C. Le critère de l’entreprise
Il est proposé par le Pr. ESCARA et prend en compte la
manière dont l’acte est réalisé. Cette conception s’appuie sur une
structure organisée et non pas sur la spéculation seulement. Serait donc
des actes de commerce, les actes réalisés dans le cadre d’une
entreprise.
En droit positif, ce critère ne peut expliquer de façon
satisfaisante, la commercialité du courtage ou de la lettre de change.
De plus, certaines entreprises, notamment agricoles même avec une
organisation très moderne, complexe ne sont pas commerciales.
En définitive, force est de reconnaitre qu’il est difficile
d’englober les actes commerciaux dans un critère unique et précis.
Aucun des trois critères n’est en lui-même suffisante et leur ensemble
n’obéit en aucune idée générale. Aussi la doctrine propose-t-elle un
acte classificatoire qui tente de mettre un certain ordre dans
l’énumération légale en rangeant les actes de commerce sans diverses
catégories.
Paragraphe 2. Classification par nature
Elle est basée sur la nature de l’acte. Il s’agit des activités
d’échanges et de négoce, des activités industrielles, financières et les
activités des intermédiaires.
1. Les activités d’échanges et négoce
On peut classer dans cette catégorie :
a) L’achat des biens meubles en vue de les revendre
Aux termes de l’article 3 de l’acte uniforme : « a le
caractère de l’acte de commerce, l’achat des biens meubles ou

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immeubles en vue de les revendre ». Cet acte d’achat d’un bien


meuble ou immeuble est important, car c’est l’acte de commerce le
plus fréquent.
Il suppose trois éléments : un achat portant sur un meuble ou
immeuble et l’intention de le revendre. L’achat est une acquisition à
titre onéreux. Si l’acquisition n’est pas faite à titre onéreux, il n’y a pas
d’actes de commerce. Tel est le cas des opérations agricoles
auxquelles sont associées l’exploitation forestière, l’élevage et
l’artisanat.
Le marchand de détails fait acte de commerce. Mais
l’agriculteur qui achète des semences n’est pas commerçant.
L’agriculteur qui vend des produits de la terre ou le bétail
qu’il a nourri et engraissé avec les produits de son exploitation, ne fait
pas acte de commerce.
S’agissant de l’objet de l’achat, il doit être un bien meuble
ou immeuble. L’achat doit être réalisé dans l’intention de la revente. Et
cette volonté doit exister au moment de l’achat. Il importe peu que par
la suite, la revente n’a pas eu lieu. L’absence d’achat conduit à
considérer comme civiles, les activités des professions libérales.
Exemple : avocats, médecins, enseignants privés, etc.
En revanche, parce qu’ils revendent des médicaments qu’ils
ont acheté, les pharmaciens d’office sont des commerçants.
b) Les opérations des meubles
Les entreprises de location des meubles sont nombreuses et
leurs opérations aussi. Leurs opérations peuvent consister à la location
de futs, des sacs, ainsi qu’à la location de crédit-bail.
De même, l’hôtelier fait acte de commerce, car il y a une
véritable entreprise de location des meubles (location des lits, des
linges,…).
c) Les opérations de fournitures
Ce sont pour l’essentiel des variétés de l’achat pour
revendre. Mais, la revente procède l’achat, ainsi une personne
s’engage à fournir pendant un certain temps, une certaine quantité de
marchandises qu’elle procurera au fur et à mesure des livraisons. Rentre
dans cette catégorie, les entreprises de distribution d’eau, de gaz,
d’électricité et d’autres entreprises de fournitures de services qui se sont
multipliées.
2. Les activités industrielles
Relèvent de cette catégorie :

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a) L’exploitation des mines et carrières


Les mines sont des gites de substances énumérées par le
code minier. Elles comprennent notamment le charbon, les métaux, les
hydrocarbures. Exemple : les marais salants.
3. L’entreprise de manufactures
On entend généralement par entreprise de manufactures,
toutes les entreprises de transformation, de métallurgie, de produits
chimiques et de tissage. La jurisprudence française a progressivement
entendu la manufacture qu’elle caractérise sur la spéculation du travail
d’autrui (l’entreprise du terrassement, de construction).
a) Les opérations de transport
Toutes les opérations de transport sont commerciales quel
que soit le mode (terre, fleuve, air voyageur ou marchandise).
4. Les activités financières
L’acte uniforme prévoit les opérations de banque et de
bourse, de change, d’assurance.
a) Les opérations de banque
Désignées à l’origine sous le nom de commerce de l’argent,
les opérations de banque sont toujours été considérées comme des
opérations commerciales.
Le monopole des opérations de banque dans l’espace
U.E.M.O.A. appartient sous réserves de quelques exceptions aux
banques et aux établissements financiers.
b) Les opérations de change
Elles consistent à recevoir une monnaie et à remettre une
autre en contrepartie. Le change se fait soit par vente ou achat
d’effets de commerce payés à l’étranger, soit manuellement. A l’instar
des opérations de banque, les opérations de change sont des actes de
commerce pour les professionnels seulement. En revanche, pour les
clients de banque, elles sont civiles sauf si l’acte est fait pour les besoins
de profession commerciale du client
c) Les opérations d’assurance
L’assurance est un contrat par lequel une personne promet
moyennant un paiement des primes, de verser une indemnité en cas
de réalisation d’un risque (incendie, décès, vol, responsabilité, etc.).
d) Les opérations de bourse
Contrairement aux textes antérieurs, l’acte uniforme vise
expressément les opérations de bourse, mais la question qui se pose est
de savoir si toutes les opérations de bourse ont un caractère
commercial.

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~ 23 ~

Jusque-là, était admis qu’elles n’étaient pas nécessairement


commerciales, notamment pour celui qui utilise ses fonds propres pour
les faire fructifier. La jurisprudence a décidé que celui qui spécule
habituellement en bourse fait les opérations commerciales. Cette
décision est fondée sur le fait qu’il s’agit d’un spéculateur qui tire
l’essentiel de ses revenus, des achats et ventes des titres.
5. Les activités d’intermédiaires
Sont visées dans cette catégorie les actes par lesquels une
personne s’interpose dans les relations entre d’autres personnes,
généralement en qualité de mandataire. Peu importe l’opération que
fait l’entreprise soit civile ou commerciale ; c’est l’acte d’entremise lui-
même qui est commercial. On note toutefois une exception
concernant la commission. Sa commercialité suppose l’existence d’une
entreprise, c'est-à-dire la répétition. Ainsi, on citera notamment le
commissaire, le courtier, l’agent commercial, l’agence de voyage, etc.
6. Les actes de commerce par la forme
La particularité de ces actes réside dans le fait que même
s’ils sont accomplis par des non-commerçants, ils demeurent des actes
de commerce. L’acte uniforme cite à cet égard, la lettre de change, le
billet à ordre et le warrant.
Paragraphe 3. Le caractère non-limitatif de l’énumération légale :
l’extension en droit français
Au-delà de la liste légale des actes de commerce, les
tribunaux ont reconnu la qualité d’actes de commerce à divers actes
en raison de leur objet :
a) Les actes juridiques portant sur un fonds de commerce
La promesse d’acquisition de fonds, pour une personne non
commerçante.
- La vente par le commerçant du fonds, même s’il perd cette
qualité à la suite de cet acte ;
- L’obligation solidaire pèse sur le loueur du fonds de commerce à
l’égard des dettes contractés par son gérant, pourtant seul
commerçant.
b) Les cautionnements donnés en garantie par les dirigeants d’une
société commerciale
La souscription des parts ou actions d’une société
commerciale, ainsi que leur cession lorsqu’elles apportent en profit du
cessionnaire le contrôle de la société.
c) Les conventions ayant pour objet de garantir le maintien du
contrôle d’une société commerciale à son titulaire actuel.

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Section 2. L’influence de la profession de l’auteur de l’acte : les actes


de commerce par accessoire
L’influence de l’auteur de l’acte peut avoir pour effet de
rendre commercial un acte qui ne figure pas sur la liste légale ou
inversement. Cette règle relative aux actes de commerce par
accessoire, est posée par le code de commerce et présente
l’avantage d’unifier le régime de divers actes effectués par le
commerçant.
Ainsi, par exemple : sont tous deux actes de commerce,
l’achat de marchandise pour la revendre (acte de commerce par
nature) et l’achat d’un camion pour livraison (acte de commerce par
accessoire).
Ces actes sont visés par l’article 3 de l’acte uniforme qui
mentionne : «les actes entre commerçants pour les besoins de leur
commerce ». Ce sont en général des actes ou contrats de nature civile
qui deviennent commerciaux par le fait d’être accomplis par un
commerçant pour les besoins de son commerce. D’où leur nom
d’actes de commerce par accessoire.
Paragraphe 1. L’influence de la profession commerciale
A. Le principe et son fondement
La théorie des actes de commerce par accessoire est une
création de la jurisprudence, entérinée par la loi et l’acte uniforme. La
jurisprudence française ne juge pas que l’acte soit posé entre
commerçants, mais que l’acte soit l’émanation d’un commerçant,
voire par une personne qui va le devenir.
Par ailleurs, le code de commerce prévoit que des actes,
qui par leur nature sont civils comme les obligations entre commerçants,
peuvent devenir commerciaux. Mais tous les actes de commerçants ne
sont pas commerciaux. L’acte doit-être fait par un commerçant et
accomplit pour les besoins de son commerce.
Si le commerçant fait un acte en dehors de l’exercice de sa
profession, il n’y a pas acte de commerce.
Exemple1 : Achat par un commerçant pour son usage particulier.
Exemple2 : Cautionnement sans rapport avec l’exercice du commerce.
Le fondement de la commercialité accessoire est de
faciliter la solution des litiges dans lesquels est impliqué un commerçant.
B. Les applications
Si on se réfère à l’article 3 de l’acte uniforme, deux
conditions sont exigées pour la mise en œuvre de la commercialité
accessoire, l’une est relative à la personne et l’autre à la finalité de
l’acte. La jurisprudence précise la définition du domaine d’application.

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~ 25 ~

On l’a dit ci-haut que l’acte doit être fait par un


commerçant et accomplit pour les besoins de son commerce.
1. La qualité de commerçant
Il s’agit de la première condition, amis pour que la
commercialité accessoire joue, il n’est pas nécessaire que les deux
parties aient la qualité de commerçant. Si les deux auteurs sont
commerçants, l’acte est commercial pour chacun d’eux. Si en
revanche, l’un est commerçant, l’acte sera civil à son égard.
2. Acte réalisé pour les besoins du commerce
On présume que l’acte fait par le commerçant et à titre
professionnel, est commercial et c’est à celui qui veut se prévaloir de la
non-commercialité, de prouver que l’acte n’est pas commercial. Par
conséquent, sont présumés commerciaux, sauf preuve du contraire
tous les actes fait par un commerçant.
Paragraphe 2. L’influence de la profession civile
Le code de commerce n’a pas prévu l’influence de la
profession civile. En principe, l’acte de commerce produit ses effets,
même si celui qui le pose exerce une profession civile. Cependant, la
jurisprudence décide que cet acte de commerce est fait strictement
pour les besoins de la profession civile, il perd son caractère
commercial. Ainsi, les médecins dans les localités où il n’y a pas de
pharmacien peuvent être autorisés à vendre à leurs clients les
médicaments qu’ils les prescrivent. Ils font donc des achats pour
revendre, cependant la jurisprudence retient qu’il y a là que des actes
civils, parce qu’ils sont faits pour les besoins d’une profession civile. Il en
serait autrement si ces médecins vendent à d’autres personnes que
leurs clients.
De même, un artisan, pour les besoins de sa profession est
amené à faire des achats pour revendre. Un cordonnier achète un cuir
nécessaire à la réparation des chaussures et revend ce cuir incorporé
dans les chaussures. Ces actes ne sont pas considérés comme
commerciaux, mais ils les deviendraient s’ils dépassaient les besoins de
la profession artisanale.
Dans le même sens, les dirigeants d’un établissement
d’enregistrement privé qui reçoivent des élèves à l’internat ne font pas
d’actes de commerce, bien que leur activité soit semblable aux
restaurateurs et acheteurs. Ces actes ne sont que des accessoires
obligés de l’exercice de leur profession habituelle, ils feraient acte de
commerce, s’ils logeaient et poussaient des personnes qui ne seraient
pas leur élèves.

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~ 26 ~

CHAPITRE 4 : LE REGIME DES ACTES DE COMMERCE


Nous envisageons tout d’abord le cas où l’acte est
commercial à l’égard de deux parties, puis le cas où l’acte est
commercial à l’égard d’une seule partie, on parle d’acte mixte.
Section 1. Acte commercial à l’égard des deux parties
Parmi les intérêts de distinction entre actes de commerce et
actes civils, il y a un qui retient particulièrement l’attention ; l’exercice
d’actes de commerce à titre professionnel, qui confère à l’auteur la
qualité de commerçant. Les autres intérêts peuvent être classés en
suivant qu’ils suivent la procédure ou le droit des obligations.
Paragraphe 1. Les règles de la procédure
Les contestations qui concernent les actes de commerce
échappent aux jurisprudences de droit commun pour relever de la
compétence d’une juridiction spéciale : le tribunal de commerce. Il
existe ce qu’on appelle clause compromissoire et usages commerciaux.
- La clause compromissoire est celle par laquelle, les parties
conviennent que toutes les difficultés qui pouvaient naitre ou
contrat seront soumises à l’arbitrage. Cette clause est en principe
nulle, mais par exception, le code de commerce a déclaré
qu’elle était valable dans le cas où serait normalement
compétent le tribunal de commerce (article 631 code de
commerce) ;
- Les usages commerciaux : il existe en matière commerciale, des
usages qui sont applicables s’il y a actes de commerce.
Paragraphe 2. Le droit des obligations
A. Formation de l’acte
En matière commerciale, le silence joue un rôle particulier. Il
vaut consentement dès lors que les circonstances qui l’entourent
excluent tous doutes sur sa signification.
Exemple : Le fait pour un commerçant de recevoir d’un fournisseur,
sans contester, une livraison et la facture qui l’accompagne, l’oblige à
payer le prix comme s’il y avait une commande expresse. Dans le
même sens, le fait d’avoir reçue sans protester une facture sur laquelle
figure une clause de réserve de propriété, vaut acceptation de cette
clause.
B. La preuve des contrats
L’acte uniforme à la suite du code de commerce, prévoit
qu’à l’égard des commerçants, les actes de commerce peuvent être
prouvés par tout moyen, qu’il en soit autrement par la loi. Le principe
est donc que dans les relations entre les commerçants, tous les moyens
de preuves ont admis notamment la preuve par correspondance, par
témoignage, par présomption.

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~ 27 ~

Exceptionnellement, la loi commerciale peut être plus


rigoureuse et exiger une preuve pour certains commerçants. Et il en est
ainsi, de la vente du fonds de commerce, nantissement du fonds de
commerce, du gage sans dépossession. On remarque également que
quelques commerçants sont soumis à un formalisme qui n’est pas exigé
pour les contrats civils, notamment pour les messages de publicité.
C. L’exécution des obligations
Il existe en matière d’exécution des obligations certaines
particularités des actes de commerce.
1. La réfaction
Dans la vente commerciale, le juge, se reconnait le droit de
diminuer le prix dû par l’acquéreur en considération de l’exécution
partielle du contrat par le vendeur. Il peut s’agir de l’insuffisance
(quantité comme qualité des marchandises livrées).
2. Le remplacement
Sans autorisation judiciaire préalable, l’acquéreur non livré
dans le cadre d’une vente commerciale, peut se procurer des
marchandises identiques à celles promises auprès d’un tiers, puis se
faire rembourser ses frais par cocontractant défaillant.
3. La solidarité
En droit civil, la solidarité ne se présume point. Elle doit être
expressément stipulée. En matière commerciale, et d’après une
coutume très ancienne conservée par la jurisprudence, la solidarité se
présume.
4. La mise en demeure
Elle supposait en droit civil, en exploita d’huissier (papier que
l’huissier dresse pour faire pater le débiteur), alors qu’elle pouvant
s’effectuer pour tout moyen en matière commerciale (lettre
recommandée avec accusé de réception, télégramme, e-mail).
Désormais, cette souplesse a gagné le droit commercial.
5. La prescription des obligations
La prescription est en principe trentenaire en droit civil et
décennale en matière commerciale, afin de ne pas obliger les
commerçants à conserver indéfiniment des preuves. Le même délai de
dix (10) ans est prévu pour l’obligation de conservation des archives et
livres comptables. Il existe des prescriptions spéciales plus courtes, par
exemple l’action des commerçants pour les marchandises qu’ils
vendent aux particuliers, se prescrit par deux (2) ans, les prescriptions en
matière de transport, d’effets de commerce et de sociétés, est
également plus court que la prescription décennale.

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Section 2. Acte de commerce à l’égard de l’une des parties : actes


mixtes
Les actes mixtes ne constituent pas à proprement parler une
catégorie pratique d’actes de commerce. Il s’agit plutôt d’une
modalité que les actes de commerce peuvent revêtir. Constitue un
acte de commerce mixte, l’acte qui présente un caractère civil pour
l’autre. Par exemple, la vente faite par un cultivateur à un négociant, la
vente fait marchant à un consommateur. La principale difficulté, c’est
de déterminer dans quelle mesure des règles de droit commun sont
applicables à des actes, ce qui pose la question à leur régime juridique.
Paragraphe 1. Le principe
L’acte étant à la fois civil et commercial, il y a lieu
d’appliquer différemment la loi civile et la loi commerciale. C’est le
principe de distributivité. Ainsi, le commerçant qui agit contre un
particulier doit mener son action selon les règles du droit civil. A l’inverse,
lorsque c’est le particulier qui poursuit le commerçant, il peut invoquer
la loi civile ou la loi commerciale. La distributivité est imparfaite, car seul
le non-commerçant jouit d’une option. La raison de ce déséquilibre est
le caractère supposé protecteur des lois civiles qui empêchent le
commerçant de priver son contractant de son bénéfice.
Paragraphe 2. Les applications
Pour la preuve du contrat, le commerçant devra apporter à
l’égard du non-commerçant et conformément aux règles du droit civil,
car il s’agit de prouver un acte civil pour qui, par hypothèse le conteste.
Si l’acte oblige plusieurs commerçants, ceux-ci présumés solidaires,
alors que le code civil reprend son emprise si la pluralité comporte des
non-commerçants.
Dans le cadre d’un principe de distributivité quelque peu
aménagé, le commerçant qui assigne le particulier devant le tribunal
de commerce, peut se voir proposer une exception d’incompétence
et être obligé d’agir devant le tribunal civil, alors que le non-
commerçant se voit reconnaitre une option.
Il convient de signaler que les actes mixtes mettent en
présence des professionnels et des consommateurs et par conséquent
des stipulations contractuelles déséquilibrées (limitation ou exclusion de
responsabilité, limitation de recours, faculté de modifier l’objet de la
prestation). Pendant longtemps, le droit n’a pas sanctionné les clauses
abusives en vertu du principe de la liberté contractuelle et de la non-
ingérence dans les lois des parties (la loi SERIVER du 10 Janvier 1978),
relative à la protection des consommateurs, à déclarer la guerre aux
clauses abusives en déclarant non valides.

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CHAPITRE 5 : LE FONDS DE COMMERCE


Considéré comme un ensemble juridique des biens que le
commerçant regroupe et organise en vue de l’exploitation de son
activité, le fonds de commerce permet essentiellement de développer
une clientèle attirée pour savoir-faire du commerçant, la qualité des
marchandises, l’emplacement de l’entreprise, l’enseigne, etc. il est régi
par les dispositions du titre II, du livre III de l’acte uniforme relatif au droit
commercial général et précisément des articles 103 à 136.
Le fonds de commerce présente une si grande importance
pour l’entrepreneur, qu’il emporte d’en préciser : la nature et la
composition, les modalités de son exploitation ainsi que certaines
opérations juridiques dont il est souvent l’objet.
Section 1. Nature juridique et éléments constitutifs du fonds de
commerce
Faute d’une définition légale, l’acte uniforme relatif au droit
commercial indique que le fonds d’un ensemble d’éléments mobiliers
corporels et incorporels, réunis par le commerçant, en vue de satisfaire
aux besoins de sa clientèle. Il ne s’agit pas d’une énumération
exhaustive. La composition d’un fonds de commerce est variable d’un
fonds à l’autre.
1. NATURE JURIDIQUE DU FONDS DE COMMERCE
L’article 103 de l’acte uniforme indique que le fonds de
commerce est constitué par un ensemble de moyens, qui permettent
au commerçant d’attirer et conserver sa clientèle. La nécessité de
déterminer la nature juridique du fonds de commerce tient au fait que
celui-ci se présente à la fois sous un aspect disparate. D’autre part, le
fonds de commerce est propriété incorporelle, composée de différents
éléments, mais unis par une destination commune, qui est d’attirer et
de conserver la clientèle.
Par ailleurs, le fonds de commerce ne se confond pas avec
les différents éléments qui composent et qui sont soumis chacune à un
régime juridique particulier. Plusieurs théories ont été avancées pour
expliquer la nature juridique du fonds de commerce, que justifie leur
destination commune, considèrent celui-ci comme une universalité
juridique. Un patrimoine d’affection doté d’un passif et d’un actif
propre. A l’intérieur du patrimoine du commerçant, serait isolé une
masse des biens unie par une même affection qui est l’exploitation
d’une activité commerciale.
On propose de voir dans le fonds de commerce une
propriété incorporelle à l’exemple de la propriété littéraire et artistique
et de la propriété des marques et des brevets, tandis que celle du
fonds ne se conserve que par l’exploitation.

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Quelle que soit la nature juridique attribuée au fonds par la


doctrine, il s’en dégage trois (3) caractères :
- Le fonds de commerce est bien unitaire distinct des éléments qui
le composent : il peut être vendu, apporté en société, donné en
location ou nanti ;
- Le fonds de commerce est un bien incorporel même quand il
comprend des éléments corporels : la règle de l’article 2279 du
code civil édicte : «en fait de meuble, possession vaut titre », ne
lui est pas applicable ;
- Le fonds de commerce est un bien meuble : il est composé de
meubles et de biens incorporels qui sont assimilés à des meubles.
Cependant, en raison de la stabilité de la tâche géographique
du fonds de commerce à l’immeuble où il est exploité, le privilège
du vendeur et le nantissement du fonds sont soumis à une
publicité analogue à la publicité hypothécaire ; ce qui explique
notamment que le lieu d’exploitation du fonds tend à devenir le
domicile commercial du commerçant distinct de son domicile
civil.
2. ELEMENTS CONSTITUTIFS DU FONDS DE COMMERCE
L’article 103, alinéa 2 de l’acte uniforme retient que le fonds
de commerce regroupe des éléments mobiliers, corporels et incorporels.
2.1. LES ELEMENTS INCORPORELS
Ce sont des concepts nouveaux, introduits par l’acte
uniforme pour désigner les éléments particuliers entrants
nécessairement dans la composition du fonds de commerce. Sa
caractéristique principale est d’être composée exclusivement
d’éléments incorporels : la clientèle, l’enseigne et le nom commercial.
2.1.1. La clientèle ou l’achalandage
La loi du 17 Mars 1909 relative au fonds de commerce ayant
employé l’expression « clientèle » et «l’achalandage », la doctrine a
cherché s’il y avait une différence entre les deux termes. L’opinion
générale qui prévaut est que la clientèle serait l’ensemble des
personnes attirées par la personnalité propre du commerçant ; par
exemple ses qualités d’accueil et de de compétence professionnelle,
tandis que l’achalandage serait l’ensemble des personnes attirées par
la localisation géographique du fonds de commerce.
L’acte uniforme n’emploie pas le terme achalandage, mais
la doctrine OHADA estime que cette omission ne supprime pas la
nécessité d’assimiler au moins sur le plan du droit, l’achalandage à la
clientèle, en considérant tout de même que l’achalandage résulte des
facteurs objectifs comme la situation du fonds. Cependant, pour des

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raisons de simplicité, on s’en tient à une notion unique de clientèle


définie comme l’ensemble des personnes en relation avec un
commerçant abstraction faite des motifs qui poussent ces personnes à
contacter.
Il n’a pas de fonds de commerce sans clientèle, mais le droit
à la clientèle n’est pas un élément du fonds. En effet, la doctrine
soutient qu’en dehors des monopoles de droit (brevets d’invention,
marque de fabrique, dessins, modèles), il n’y a pas de droit à la
clientèle puisque celle-ci peut être retirée par la concurrence. Parce
que dans le régime d’économie libérale : la clientèle est à qui sait la
prendre.
En pratique, si la clientèle est nécessaire au fonds, elle est
cependant insuffisante car elle doit prendre appuie sur d’autres
éléments qui permettent de la tirer.
2.1.2. Le nom commercial et l’enseigne
Le nom commercial est la dénomination sous laquelle est
connue et exploitée une entreprise commerciale. L’enseigne est
destinée à attirer le regard du passant, peut consister en un emblème
(objet, animal, signe ou symbole quelconque) ou en une appellation
de fantaisie.
Le nom commercial du fonds ne se confond pas avec le
nom du propriétaire du fonds même si ; souvent il y a confusion entre
les deux, par exemple lorsque le créateur d’un fonds de commerce lui
donne son nom, dans ce cas, on considère que la confusion est fortuite.
Le nom patronymique pouvant changé alors que titulaire du
nom subsiste, par exemple filiation nouvelle ou divorce ; en revanche,
l’identité entre le nom patronymique et le nom du fonds disparait
lorsque le créateur qui a donné son nom au fonds de commerce le
cède à un tiers.
Quant à l’enseigne, il peut consister soit en un nom
commercial, soit à un emblème. Dans la seconde hypothèse, il doit
revêtir une forme et avoir des attributs particuliers. C’est ainsi que
l’enseigne ne doit pas être de mauvais goût, par exemple constituer
une insulte à l’art, au bon sens et à l’esthétique générale de l’immeuble.
Le nom commercial comme l’enseigne se transmet avec le
fonds, sa protection est assurée par l’exercice de l’action en
concurrence déloyale sur le fondement des articles 1382 et 1383 du
code civil, sauf à préciser que le succès de l’action n’exige pas la
démonstration de l’existence d’un préjudice déjà réalisé puisqu’il s’agit
de protéger un élément du fonds de commerce.
L’acquéreur et tous les exploitants successifs du fonds ont le
droit en principe de faire usage du nom du fondateur sous lequel la

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maison est connue. Pour éviter la confusion, chaque acquéreur


exploitant doit ajouter son propre nom à celui du fonds suivi du nom du
successeur.
a) Le droit au renouvellement du bail
C’est la créance du locataire commerçant contre le
propriétaire de l’immeuble dans lequel le fonds est exploité. Il n’est ni un
élément essentiel, ni un élément nécessaire du fonds de commerce.
b) Les propriétaires industrielles
Ce sont des monopoles d’exploitation. Elles regroupent les
brevets d’invention, les marques de fabrique ou de commerce. Les
dessins et modèles industriels. On assimile aux propriétés industrielles le
droit des propriétés littéraires et artistiques, les secrets de fabrication, de
savoir-faire et le droit de se prévaloir des récompenses officielles et des
médailles obtenues dans l’exercice du commerce.
c) Les licences d’exploitation
Elles sont visées par l’article 105 de l’acte uniforme. Ce sont
des autorisations accordées pour l’exploitation d’activités
commerciales dans le cadre de la réglementation de celles-ci. On
distingue, les autorisations accordées en considération des qualités de
la personne et celles qui sont accordées en considération du fonds de
commerce. Dans le premier cas, elles sont personnelles et ne font donc
pas partie du fonds. Lorsqu’elles sont accordées en considération du
fonds, elles sont considérées comme éléments constitutifs du fonds et
par conséquent se transmet avec lui.
Section 2. L’exploitation du fonds de commerce
Aux termes de l’article 106 de l’acte uniforme, le fonds de
commerce peut être exploité par son propriétaire comme il peut être
par une tierce personne.
1. L’EXPLOITATION DIRECTE DU FONDS DE COMMERCE PAR LE
PROPRIETAIRE
Il y a exploitation directe lorsque le propriétaire accompli lui-
même toutes les opérations matérielles et juridiques de gestion du fonds
de commerce. Le propriétaire a alors la qualité de commerçant.
L’exploitation est encore directe dans le cas où le propriétaire l’a
confié à un tiers lié à lui par un droit de travail (gérance salaire) et dans
celui où elle serait confiée par un administrateur provisoire par une
décision de justice.
La propriété est étroitement liée à l’exploitation, elle
disparait si la clientèle est complément perdue ou si tous les éléments
composants le fonds ont été détruits ou encore si le commerçant
dispense les éléments de manière à rendre impossible l’exploitation.

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2. LA LOCATION DU FONDS DE COMMERCE


Dans la pratique des affaires dans l’espace OHADA, les
fonds de commerce font rarement l’objet de vente ou de nantissement.
C’est en revanche, dans la manière de la location gérance que l’on
rencontre le plus grand nombre de contrat. Il en est ainsi de la
distribution des produits pétroliers, les compagnies pétrolières ayant plus
l’habitude de donner en location gérance les stations de distribution
qui leur appartiennent.
La location gérance est règlementée par les articles 106 à
114 de l’acte uniforme. Elle est définie comme une convention par
laquelle, le propriétaire du fonds, personne physique ou morale en
concède la location à un gérant personne physique ou morale qui
l’exploite à ses risques et périls.
A l’opposer du gérant salarié, le gérant libre est un locataire
qui exploite le fonds de commerce en son nom et pour son compte
moyennant le paiement d’une redevance au propriétaire. Il est
commerçant ou il le devient s’il ne l’était pas.
2.1. CONDITIONS DE VALIDITE DE LA LOCATION GERANCE
Aux termes de l’article 106 de l’acte uniforme, le fonds de
commerce peut être exploité dans le cadre d’un contrat de location
gérance. La responsabilité du gérant revêt une importance particulière
et on doit considérer ce contrat comme conclu intuituy personae et
donc non susceptible de cession. En outre, la nature très particulière du
fonds de commerce et les intérêts qu’il met en jeux font que le contrat
de location gérance est soumis à des conditions de fonds et de forme
très strictes.
a) Conditions de fonds
L’objet de location gérance doit être un fonds de
commerce disposant d’une clientèle. Le locataire gérant doit savoir la
capacité de faire le commerce puisqu’en louant et en exploitant le
fonds, il devient commerçant. Il y a ensuite les conditions spéciales que
doit remplir le loueur du fonds de commerce.
Il doit avoir été commerçant pendant au moins deux ans ou
avoir exercé pendant la même durée les fonctions de Gérant ou
Directeur Général ou Technique d’une société. Il doit avoir exploité
pendant au moins un an le fonds mis en gérance. Il ne doit pas se
trouver sous le coup d’une interdiction de ou d’une déchéance
d’exercer le commerce. L’acte uniforme précise que ce délai peut être
réduit ou supprimé par la juridiction compétente, notamment lorsque
l’intéressé fait la preuve qu’il était dans l’impossibilité d’exploiter
personnellement le fonds de commerce ou par intermédiaire de ses
proposés.

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La doctrine OHADA invite à une interprétation extensive te


retient une simple maladie comme constative du cas d’impossibilité.
Par ailleurs, il résulte de l’article 111, que la condition de
qualité de commerçant du loueur ou celle de l’exploitation personnelle
du fonds pendant une durée minimale d’une année par le loueur ne
sont pas exigées dans deux de cas.
- Elles ne s’appliquent pas lorsque la location gérance s’impose. Il
résulte de l’article 111 que la location gérance s’impose lorsque
l’on se trouve en présence d’incapable en ce qui concerne le
fonds dont il était titulaire avant la survenance de son incapacité.
Lorsqu’on se trouve en présence d’héritiers, ou légataires de
commerçant décédé qui exploitait le fonds de commerce.
- En cas de location gérance passée par des mandataires de
justice chargés à titre quelque fonds à condition qu’il satisfaits aux
mesures de publicités prévues ? L’inobservation de ces conditions
de fonds entraine la nullité du contrat au plan civil.
b) Les conditions de forme
Elles concernent essentiellement la publicité de la location
gérance (article 107 et 108 de l’A.U.). Le contrat doit être publié dans la
quinzaine de date, sous forme d’extrait dans un journal d’annonces
légales. La fin de sa date, sous forme d’extrait dans un journal
d’annonces légales. La fin du contrat donne lieu aux mêmes mesures
de publicité. L’inscription par le locataire au RCCM doit indiquer
l’identité, le domicile du loueur, les dates de début et de fin de la
location gérance. Le locataire doit indiquer sur l’en-tête de ses bons de
commande facteur et autres à caractère financier et commercial, qu’il
a qualité de locataire gérance avec son numéro d’identification au
RCCM.
- Les créanciers du louer peuvent demander au Tribunal de
prononcer l’exigibilité de leurs créanciers à peine de forclusion,
l’action est immédiatement introduite dans les délais de trois mois
à partir de la publication du contrat.
- Les créanciers du locataire gérant bénéficient de la solidarité
entre le loueur et le locataire gérant par le paiement de leurs
créances. Cette solidarité que la publicité du contrat a bien eu
lieu (article 113).
- Les dettes afférentes à l’exploitation du fonds et contractées par
le locataire gérant pendant la gérance sont immédiatement
exigible à la cessation du contrat.
- Le droit au renouvellement du bail est reconnu au seul preneur.

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