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La protection douanière de la concurrence

Introduction

Il faut appréhender le droit de la concurrence et le droit douanier comme les


piliers du droit du marché, lequel s'entend comme le droit de l'économie de marché qui
a vocation de régir l'activité des opérateurs sur le marché1.

« C’est la concurrence qui met un prix juste aux marchandises et qui établit les
vrais rapports entre elles »2. Montesquieu n’a pas eu tort lorsqu’elle a estimé que la
concurrence est intimement liée à tout ce qui est en rapport avec les marchandises, à
partir de la production jusqu’au l’introduction des biens dans les marchés, et c’est
l’offre et la demande qui déterminent un prix convenable aux parties. Toutefois, et
pour ne pas être à l’abri de l’anarchie l’état peut intervenir pour règlementer son
économie nationale.

I. Intervention concurrentielle de la douane

La Douane est un intervenant incontournable dans le processus de sécurisation des


échanges internationaux. Cette intervention revêt deux dimensions complémentaires :
la première protéger l’économie nationale contre les mouvements illicites de
marchandises (A), soutenir le système commercial international en assurant des règles
de jeu équitables contre les menaces de sécurité, Certes, la protection de l’économie
nationale suppose l’existence des mécanismes fiables et développés entre les mains
des services douaniers et la second répond aux impératifs de sécurisation de la chaîne
logistique internationale, s’appuyant essentiellement sur l’exigence d’un contrôle
efficace sur le territoire national (B).

A. La douane pouvoir public face aux pratiques anti-concurrentielles

1
MM. Lucas de Leyssac et Parleani « Droit du Marché », Thémis, 2002, p.80.
2
Montesquieu, « De l’esprit des lois », éd 1758, p.222. Édition établie par Laurent Versini, Paris, Éditions
Gallimard, 1995.

1
Si l’action des services douaniers s’intensifie de plus en plus pour faire face au
développement des mouvements légaux des hommes et des marchandises aux
frontières, il existe une source plus inquiétante d’inobservance de la loi douanière qui
prend des dimensions de plus en plus alarmantes. Elle évolue parallèlement au
commerce licite et s’articule autour des différentes manœuvres qui prennent forme à
l’occasion de l’importation ou l’exportation des marchandises.

La douane se voit confier une mission fiscale de prévention et de répression de


ces agissements par la mobilisation de moyens techniques et humains à même, sinon
de circonscrire le fléau, du moins réduire les marges de manœuvres des fraudeurs.
Ceux-ci sont encouragés par les résultats prometteurs escomptés de leurs actes.

Il s’agit surtout de la contrebande (1) et la fraude et d’autres formes non moins


importantes de la contrefaçon (2).

1- La lutte contre la contrebande

En entend par « contrebande » une importation clandestine ou illégale de


marchandises prohibées ou sans paiement de droits et taxes de douane, ce qui permet
de distinguer de l’économie informelle, ou souterraine, par rapport à l’économie
structurée.

La contrebande constitue le facteur le plus lourd des conséquences, qui menace


d’une façon directe la fonction du commerce extérieur entant que déterminant fiable
dans développement économique du pays.

Les répercussions de la contrebande sont « catastrophiques », dans la mesure où


non seulement les marchandises et produits provenant de cette activité illicite ne sont
pas taxés, mais les profits qui s’en dégagent échappent également au fisc 3. Il est encore
rappelé l’impact négatif de la contrebande sur la propension à l’investissement,
notamment dans certains secteurs ou l’économie souterraine et la concurrence déloyale
portent un sérieux préjudice aux entreprises du secteur structuré, ce qui fait dire aux

3
Sur d’autres éléments confirmatifs soulignant l’ampleur de ce phénomène, une étude de la chambre de
commerce, d’industrie et de services d’Oujda (partie orientale du pays) est arrivée à la conclusion que le
commerce de contrebande envahit cette citée. Le Matin du 26-9-2005.

2
responsables de la douane que par leur lutte contre ce fléau, ils œuvrent pour la
protection des opérateurs en situation régulière.

La contrebande correspond donc à toute importation ou exportation effectuées


en dehors des bureaux de douane 4 , ainsi qu’à toute violation des dispositions légales
ou réglementaires relatives à la détention et au transport des marchandises à l’intérieur
du territoire douanier.

2- La lutte contre la fraude et la contrefaçon

La fraude douanière5 prive les caisses de l’Etat d’importances ressources à


cause de la soustraction d’une quantité importante de la matière imposable à toute
imposition. Ce phénomène engendre des distorsions très graves en faussant le jeu de la
concurrence entre les entreprises rivales, puisque celles qui réussissent le mieux à
échapper à l’imposition risquent de triompher alors que seuls les critères de
productivité devraient présider à la sélection des entreprises par le jeu du marché. 6 Les
commerçants honnêtes sont lésés par un marché discriminatoire qui ne fonctionne plus
conformément aux vraies lois du marché. Les dépôts regorgent de stocks car la
concurrence vend à des prix inférieurs à leur prix de revient, bien que la source
d’approvisionnement soit la même. C’est dire que la fraude fausse le jeu du marché et
instaure une logique qui menace des ressources publiques et crée un climat de
suspicion quant à la fiabilité de toute activité en relation avec les flux commerciaux.

Devant les difficultés économiques qui ne cessent de secouer la balance des


paiements, il s’avère urgent d’élaborer un plan d’action à même de mettre un terme
aux différentes atteintes à la législation fiscale du pays. La fraude en matière fiscale en
général et douanière en particulier, est plus qu’inquiétude, au moment où les besoins
économiques et sociaux se font énormes. 7 Son éradication va sans doute apporter au
4
Ce fait constitue en lui-même une infraction même si les marchandises, objet de l’importation ou de
l’exportation, ne sont frappées d’aucune importation ni restriction.
5
BOUALI Omar, « L’administration douanière marocaine et la politique de développement », Thèse de Doctorat
en droit, soutenue en 2003.
6
M. Aboulhassan et autres : « La fraude fiscale », éd. Arabian alhilah, Rabat 1996 P. 17.
7
Pour illustrer l’importance de la fraude douanière et pour ne citer que le port de Casablanca, il est à signaler que
les recettes journalières qui y sont générées s’élèvent en l’an 2000 à environ 1,5 milliards de centimes contre 5
milliards de centimes en moyenne en 1993. Le démantèlement tarifaire n’ayant qu’un faible impact sur cette
baisse, ce qui porte à croire que des mannes importantes de recettes échappent aux contrôles.

3
budget de l’Etat un surplus conséquent, ce qui va se répercuter sur la réduction
programmée du déficit commercial et social.

C’est à ce niveau que la douane est la mieux placée pour agir. L’une des
constantes de son action est justement la lutte contre la fraude douanière sous toutes
ses formes. Ceci découle de la conviction que la lutte contre ce fléau est un élément
fondamental de préservation des ressources publiques et des actions économiques. La
douane doit déployer ses énergies sur tous les fronts et surtout entamer la
restructuration de ses services de lutte contre la fraude, habitués plus à l’intervention
sur indication qu’à l’action programmée8. La formation des agents compétents ainsi
que le recours aux dernières innovations technologiques peuvent faciliter cette finalité.
La généralisation de l’outil informatique mettra à la disposition de l’administration une
série de banques de données qu’il met e relation dans le cadre d’un système
d’exploitation programmé. Il permet de fournir en temps réel et compte tenu de la
politique de lutte arrêtée, une évaluation du risque associé aux opérations et, partant,
fournira un moyen d’améliorer l’efficacité de la tache de détection des anomalies.

Concernant, la contrefaçon Les agents de douane jouent un rôle essentiel dans la


lutte contre la contrefaçon puisqu’ils contrôlent l’activité et le passage des
marchandises dans les ports et les aéroports. Les douanes opèrent grâce, notamment, à
la procédure de la retenue douanière par laquelle le titulaire d’un droit de propriété
intellectuelle sollicite leur intervention aux fins de bloquer des marchandises
contrefaites au moment de leur entrée sur le territoire.

L’administration des douanes dispose d’un droit de poursuite autonome devant


les juridictions répressives pour l’application des sanctions fiscales, mais seulement
dans la mesure ou l’action publique de droit commun a été engagé par le parquet ou le
titulaire de marques.

B. Les attributions de la douane

Cf. art. sur : « douanes », in : La Gazette du Maroc, N° 176 du 26 juillet 2000.


8
Art. : « Bilan et perspectives », in : revue des douanes marocaines, mars 1994 P.27.

4
Certaines attributions sont qualifiées de constantes parce que, d’une part, elles
touchent des activités qui ne font que gagner du terrain à l’occasion des différents
échanges interétatiques, légaux soient-ils ou illégaux, d’autre part aucune organisme,
autre que la douane, n’est mieux placé pour prendre en charge le contrôle de ces
activités. C’est l’autre image d’une institution considérée par le profane comme un
prolongement du « Makhzen » et une manifestation de l’Etat policier.

La douane est une administration paradoxale, en ce sens que son nom répond
mal à ses activités réelles9. Elle a le mérite d’incarner un visage plutôt social. A côté de
sa mobilisation en faveur du développement du pays, par sa double mission fiscale et
économique, lesquelles missions sont assujetties à des mutations continues, avec
notamment, l’atténuation progressive de l’apport fiscal, la douane exerce un certain
nombre de missions qui lui ont été progressivement confiées au cours de l’histoire en
raison de sa présence permanente à la frontière et de l’efficacité de ses techniques
d’intervention10. Ces missions sont souvent exercées au profit d’autres services, car il
serait inconvenable d’implanter dans un port, par exemple, des représentants du
ministère de l’agriculture pour exercer des contrôles vétérinaires et ceux du
département de la culture pour censurer des livres.

La douane s’est vue alors reconnaître le privilège d’exercer un certain nombre


de fonctions dans d’intérêt de toutes les administrations agissant dans le cadre des
activités transitant par les frontières. Son intervention se situe à deux niveaux :

- La recherche d’une transparence dans les flux de marchandises ;


- Un contrôle rigoureux des mouvements humains.

A. Le contrôle des flux des marchandises :

La marchandise peut être considérée comme toute chose circulant entre les gens,
qui peut être vendue ou achetée, c’est-à-dire, dont la valeur être déterminée en
monnaie11. Les marchandises sont passibles à l’occasion des opérations d’importation
ou d’exportation, selon les cas, des droits de douane d’importation ou d’exportation les
9
J-Campet : « La douane », in : revue française des finances publiques, N°3-1983. P.3.
10
Cf. ‘’Etude ‘’ in : revue des douanes marocaines, mars1994, P.41.
37:‫ ص‬،1989 .‫ مجلة المعيار‬."‫ " مفهوم البضاعة و الثمن في القانون الجمركي المغربي‬: ‫البكوري‬.‫ د‬. 11

5
concernant, inscrits au tarif des droits de douane12. La liberté de commerce qui est
consacrée par les différentes législations à travers le monde 13, ne signifie pas que les
marchandises sont libres de quitter les frontières nationales sans répondre à certaines
normes.

La douane, dans le cadre du « concours aux autres services », se voit solliciter


de veiller à ce que les marchandises importées ou exportées soient conformes aux
normes internationales et en plein respect de l’ordre public, de l’hygiène et de la
salubrité. Leurs mouvements sont astreints à différentes restrictions selon qu’il s’agit
de simples contrôles ou de prohibition d’entrer dans le territoire.

Dans le domaine douanier, la distinction est faite entre deux types de


prohibitions :

-Les prohibitions inhérentes à l’intervention économique de la douane. Leur


portée varie suivant les exigences du marché interne et selon la politique de
développement économique tracée. Il s’agit à ce stade de prohibitions quantitatives ;

-Les prohibitions touchant à la qualité des marchandises importées ou


exportés. L’objectif étant de sauvegarder la moralité, la sécurité, l’ordre public et la
santé des personnes, de protéger la faune, la flore, le patrimoine historique,
archéologique et artistique national ou de préserver la position financière extérieure
du pays.

L’action de la douane consiste dans ce cas en un contrôle de qualité sur la base


de normes préétablies. Des mesures de restrictions quantitatives à l’importation
comme à l’exportation de marchandises peuvent être mise en œuvre 14 afin de dissuader
toute tentative d’introduction dans le territoire national de produits de nature à
menacer la santé publique. Un cas de figure récent est illustré dans la fameuse affaire
12
Article 2 du code des douanes.
13
Au Maroc il faut citer l’art.1 de la loi sur le commerce extérieur qui prévoit que : « les importations et les
exportations de biens et services sont libres sous réserve des limites prévues par la présente loi et par toute autre
législation en vigueur… »
14
Ces mesures sont prises en application de l’article 23 du code des douanes qui dispose que : « … sont
considérées comme prohibées, toute marchandises dont l’importation ou l’exportation est interdite à quelque titre
que ce soit soumise à des restrictions, à des règles de qualité ou de conditionnement ou à des formalités
particulières ».

6
de la dioxine. Ayant suspecté les produits d’origine animale en provenance de la
Belgique, la douane a mobilisé ses services suite à la mise en garde de ministère de
l’agriculture, du développement rural et des pêches maritimes 15. A cette fin, il lui a été
fait obligation de prêter son concours aux services vétérinaires présents au niveau des
postes frontières pour le respect des dispositions de sécurité16.

L’action de la douane ne se limite pas à stopper l’importation de marchandises


légales mais reconnus nuisibles, elle s’étend pour freiner celles reconnues illégales et
dont l’importation doit être permise partiellement pour répondre à certains usages.
C’est le cas des stupéfiants. Ceux-ci sont reconnus par la législation douanière une
marchandise comme les autres.la convention internationale sur les stupéfiants 17 leur a
reconnu une utilité pour la science et surtout pour la médecine. Mais, pouvant
également présenter des dangers en cas d’usages autres que scientifiques, ils doivent
faire l’objet d’une déclaration en détail auprès des services douaniers, sous peine pour
les détenteurs, d’être poursuivis pour délit de sixième classe18.

Toute importation ou exportation de stupéfiants à titre personnel est interdite. La


progression vertigineuse du phénomène incite l’administration à se fixer un double
objectif dans son action :

- Lutte contre les tentatives d’exportation et d’importation de stupéfiants par des


opérations ciblées, basées sur la recherche du renseignement et son analyse ;
- Ne pas pénaliser les opérations commerciales régulières par des contrôles
approfondis et systématiques19.

B. Le contrôle des mouvements individus

Le contrôle douanier sur les personnes s’explique, en premier lieu, par des
considérations de sécurité. Les frontières constituent des points de passage obligé et il

15
Arrêté n° 906-99 du 8 juin 1999 portant prohibition d’entrer sur le territoire de certains animaux, produits
animaux ou d’origine animale, destinés à la consommation humaine ou animale, B.0. n. 4700 du 17/06/1999.
16
A.D.I.I. circulaire n° 4590/312 du 16 juillet 1999.
17
Le Maroc a adhéré à la convention internationale sur les stupéfiants de 1961 le 4 décembre 1964, en vertu du
décret royal n°236/66 du 22 octobre 1966.
18
Voir infra, PP : 203.
19
A. Chams Eddine : « Stratégie et action de l’administration des douanes dans la lutte contre le trafic illicite des
stupéfiants », in : revue des douanes marocaines, n° 6 (nouvelles série), novembre 1995 p.18.

7
faut s’assurer de l’identité des personnes qui entrent dans le territoire douanier ou qui
en sortent où qui circulent dans le rayon (art.45 du code). La douane exerce, à ce stade,
les divers contrôles de police justifiés par la lutte contre le terrorisme, la criminalité et
l’immigration clandestine20.

L’intensification et la généralisation des contrôles constituent une atteinte au


bon déroulement de certaines activités ainsi que pour le passage des personnes aux
frontières. Cette opération dont l’aboutissement s’avère impossible dans son
intégralité, du moment qu’il est inconvenable de tout contrôler, doit être aménagée 21.
L’administration des douanes a donc cherché à mettre en place les moyens et les
méthodes les plus adaptés pour détecter et contrôler les opérations les plus nocives,
surtout, l’exportation illégale des capitaux et fraudes de toute sorte.

Désormais, seule une partie des flux fait l’objet d’une visite, en vue tant à la fois
d’améliorer le rendement de cette tâche et de réduire, autant que faire se peut, le délai
de séjour dans les bureaux douaniers. Le reste devra être contrôlé, soit en différé, c’est-
à-dire après enlèvement, soit carrément a posteriori dans une approche plutôt
sectorielle conçue en termes d’audit.

Il faut signaler qu’un traitement spécial est accordé aux résidents marocains à
l’étranger, sous forme de mesures consistant, entre autres, en l’octroi de facilités de
franchises et de tolérances pour l’importation au Maroc de moyens de paiement, de
véhicules automobiles, d’effets et de cadeaux familiaux, 22pourvu qu’ils n’entrent pas
dans le cadre d’une opération commerciale.

II. Le rôle de la douane dans les opérations du commerce international

Dans l’exercice de sa mission de promotion de l’échange international, la


douane place l’entreprise au centre de ses préoccupations et compte jouer par ce fait,
un rôle déterminant dans l’encadrement du commerce international. Toutefois cet
encadrement par l’adoption des mesures tarifaires conformes aux normes
20
J.C. Renoue : « La douane », Q.S.J. ? P.U.F.1989. P.34.
21
Depuis 1998, 75% des marchandises ne font pas l’objet d’aucune vérification.
C.F. « L’Economiste » du 9 au 15 octobre 1999.
22
Voir à titre d’exemple la circulaire de l’A.D.I.I. n°4385 /3.1.2. Du 09 juin 1995.

8
internationales nous paraît insuffisant pour la protection de l’entreprise. D’autres
mesures s’avèrent donc nécessaire.

L’amélioration de la productivité et de la compétitivité de l’économie nationale


pèsent par la conjonction de plusieurs facteurs dont certains échappent à l’entreprise et
nécessitent l’intervention des services douaniers. Dans cette optique se situe
l’intervention de la douane à travers l’aménagement des régimes économiques en
douane (A) et la simplification des procédures douanières (B).

A. L’aménagement des régimes économiques douaniers

les régimes économiques en douane ont été conçus pour répondre aux besoins
spécifiques des opérateurs du commerce international23. Ils permettent de constituer
des stocks sous douane des produits étrangers et nationaux. Ils offrent la possibilité de
circuler sous douane, d’intégrer des marchandises étrangères dans la fabrication des
produits finis destinées à l’exportation, de transformer à l’étranger des matières
premières nationales et de les réimporter, d’utiliser du matériel étranger sur le territoire
national et les produits nationaux à l’étranger.

Les régimes économiques en douane permettront donc à l’entreprise


bénéficiaire de promouvoir une politique orientée vers l’exportation et développer sa
capacité concurrentielle sur les marchés internationaux (1), avant de s’intéresser aux
assouplissements apportés aux R.E.D (2).

1. Les régimes économiques en douane : un instrument de promotion des


exportations

Les régimes économiques en douane comprennent d’une manière large


l’ensemble des régimes suspensifs. Il s’agit des cas où les droits de douane ne sont pas
acquittés par l’opérateur économique. Cette suspension n’est pas une invention
fortuite, au moment où toute marchandise entrant normalement dans le territoire
assujetti est passible de l’impôt douanier.

23
CHADI Mohamed, la douane marocaine face à la mondialisation, Massalik, n°4.2005.

9
Désormais, la douane fait prévaloir les effets de stimulation économique. Elle a
le mérite de contribuer à la promotion des exportations, donc du développement, par la
consécration de moyens d’action et de règles juridiques adéquats. L’émergence de
cette nouvelle de droit économique douanier trouvait justement son champ
d’application privilégié dans certains mécanismes douaniers d’incitation économique,
désignés sous le nom de : régimes économiques.

L’importance de ces régimes dans l’amélioration des performances des


entreprises et partant, la compétitivité de l’économie explique l’énorme succès qu’a
connu leur application.

2. Les assouplissements apportés aux R.E.D

L’engagement du Maroc dans la voie de la promotion des exportations s’est


avéré très tôt un choix irréversible permettant à moderniser l’économie et de faciliter
son ancrage international. Ce choix doit être constamment aménagé et adapté aux
exigences de l’ouverture et à la diversité et la sensibilité des produits.

L’administration des douanes qui supervise les opérations commerciales,


soutient la compétitivité de l’entreprise nationale et à ce titre, elle ne cesse de
reconsidérer ses techniques d’intervention dans un sens plus pragmatique. Son
concours de plus en plus poussé à l’essor économique place la promotion des
exportations au sommet de son plan d’action. Les R.E.D, qui constituent la locomotive
de cette stratégie connaissent des révisions continuelles visant à étendre leur champ
d’action et facilité les modalités de leur application.

B- simplification des procédures à l’importation et à l’exportation

Face à l’immensité des taches dont elles chargée dans un contexte national et
international sollicitant de plus en plus son intervention, la douane qui contribue
largement l’équilibre du contexte économique et social, se doit d’enregistrer des
reformes en étroite harmonié avec la délicatesse des défis qu’il se doit de relever. C’est
au niveau du traitement des marchandises qu’elle doit intensifier ses efforts en

10
assouplissant les formalités de dédouanement pour s’adapter à la complexité qui ne
cesse de marquer les mouvements des marchandises.

Face à cette situation, il serait opportun, que l’administration douanière, a prévu


des formalités simplifiées pour faciliter l’acheminement des marchandises :

A. Les procédures accélérées de dédouanement à l’importation et à


l’exportation

Afin de légaliser et d’harmoniser certains pratiques existants relatives à


l’accélération du déroulement des opérations douanières concernant certaines
catégories de marchandises (médicaments, fruits, etc.) généralement importés par des
bureaux aéroportuaires, il y a lieu, de concevoir de nouvelles procédures permettant
d’autoriser rapidement l’enlèvement de telles marchandises24 .

B. Dédouanement à domicile

Si la législation a prévu explicitement le principe du dédouanement de toute les


marchandises, qu’elles soient importées ou destinées à l’exportation, aux différents
bureaux de douane situés dans les différentes frontières du pays 25, il demeure que dans
un esprit de renforcement du rôle de la douane dans la promotion des échanges, il a été
prévu la possibilité de recouvrir au dédouanement à domicile26.

Les opérateurs économiques peuvent bénéficier de l’accomplissement dans


l’enceinte même de leur domicile des formalités douanières requises par les services
du bureau de douane le plus proche. Il s’agit de la vérification des marchandises,
prélèvement d’échantillons, visa de tous les documents relatifs à l’opération.

24
Les pratiques existantes consistent à accorder des facilités particulières permettant d’autoriser rapidement
l’enlèvement sur la base :
-du dépôt d’une déclaration sommaire (la L.T.A. par exemple) reprenant les mentions nécessaires au
dédouanement ; l’enlèvement est alors autorisé à partir de ce document, s’il n’y a pas de contestation bien
entendu ;
-du dépôt ultérieurement (délai de 48 heures), d’une véritable déclaration en détail reprenant les termes de la
déclaration simplifiée en plus des autres mentions nécessaires.
25
Selon l’article 27 du code des douanes : « Les formalités douanière sont accomplies dans les bureaux de
douane ».
26
Toujours selon le même article : « Les formalités douanières peuvent être effectuées par décision du Directeur
de l’administration ou de la personne habilitée par lui à cet effet dans les locaux professionnels des importateurs
ou exportateurs ou dans les lieux désignés par ladite décision ».

11
27
Les entreprises agréées par l’administration procèdent pour ce faire, à la
signature des déclarations d’importation ou d’exportation selon la situation et les
déposent auprès du bureau de douane le plus proche. Elles doivent déposer une
demande auprès des chefs locaux pour qu’ils désignent des agents pour
l’accomplissement des formalités douanières dans les locaux même de l’entreprise.

Pour sauvegarder les intérêts du trésor et prévenir les abus qui pourraient
résulter de l’utilisation de ce régime, l’administration a institué un nombre de mesures
en matière de surveillance et de contrôle dont :

- La souscription des acquis à caution ou l’utilisation des carnets couvrant les


transports internationaux routiers (T.I.R) ;
- L’escorte ou le scellement des contenants transportant les marchandises
depuis le bureau d’importation (à l’entrée) jusqu’à l’usine de l’opération et
inversement (à l’exportation) depuis l’usine jusqu’à l’embarquement.

La simplification et l’assouplissement des procédures administratives sont une


composante d’une stratégie globale de rationalisation des modalités d’intervention de
la douane. Or, l’amélioration de la qualité des prestations et la rentabilité des
prélèvements douaniers demeurent d’une portée limitée si on prend en considération
l’exacerbation des différentes irrégularités qui prennent pendant le passage aux
différentes frontières du pays.

Paragraphe III : L’action d’informatisation

27
MIMOUN Choua, « Politique douanière et stratégie industrielle et commerciales cas du Maroc », n°847, 1993.

12
BIBLIOGRAPHIE

13

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