Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
35827
BÉNIN
Août 2005
ii
TABLE DES MATIÈRES
Le soutien à la gestion apporté aux institutions financières est de qualité variable ........... 15
L’abondance des ressources réduit les incitations à mobiliser les petites épargnes ......... 16
La gestion de la liquidité et les systèmes de paiement font défaut .................................... 17
ANNEXES
ANNEX I: TABLEAU RÉCAPITULATIF DES RÉSULTATS ET DES SUGGESTIONS ....... 24
ANNEX II: LISTE DES SOURCES CONSULTÉES ....................................................................25
ANNEX III:NOMBRE D’HABITANTS PAR POINT DE SERVICES DES
INSTITUTIONS FINANCIERES REGLEMENTEES ............................................32
ii
BÉNIN - ANALYSE DE L’ÉPARGNE AU NIVEAU NATIONAL
RÉSUMÉ ANALYTIQUE
Le présent rapport récapitule les résultats du troisième test de la méthodologie d’évaluation de l’épargne
nationale en cours d’élaboration dans le cadre de l’Initiative du CGAP sur l’épargne.1 L’objectif de cette
méthodologie est d’aider les organismes publics, les bailleurs de fonds et d’autres parties prenantes à
identifier les moyens permettant d’élargir l’accès des pauvres à des services de dépôt de bonne qualité et
de lever les obstacles s’y rapportant. La méthodologie examine quatre niveaux de systèmes financiers : les
clients, les institutions financières (niveau micro), l’infrastructure logistique (niveau méso), et les
politiques publiques (niveau macro). Elle conclut en présentant des stratégies potentielles pour améliorer
la qualité et la quantité des services de dépôts ouverts aux ménages pauvres et à faible revenu.
Une décennie et demie après la crise bancaire qui a causé la faillite de toutes les trois banques
d’État au Bénin, on observe un manque de confiance généralisé dans le système bancaire. Dans le même
temps, l’absence de données sur le profil de la clientèle et ses préférences par rapport à l’épargne tend à
perpétuer la perception répandue selon laquelle les béninois ayant de faibles revenus n’épargnent pas ou
ne peuvent pas épargner.
En réalité, l’épargne est profondément ancrée dans la culture béninoise, principalement dans le
secteur informel. Malgré le nombre et la diversité des institutions formelles qui acceptent les dépôts, dans
une grande mesure, elles n’ont pas pu soutenir la concurrence avec les prestataires de services de dépôt
informels, notamment en ce qui concerne les coûts et à la commodité des services. En outre, la sécurité de
l’épargne dans les institutions formelles n’est pas garantie car leur performance financière varie
considérablement.
La qualité de l’appui à la gestion disponible pour les institutions de services détail est également
variable malgré la présence de nombreux formateurs et prestataires de services d’assistance technique. Ce
problème est particulièrement troublant pour les réseaux de coopératives à qui le ministère des Finances a
confié la responsabilité de supervision. De plus, les institutions et les réseaux n’ont pas créé de mécanismes
internes de gestion des liquidités et par conséquent doivent accomplir cette tâche à travers des transactions
bancaires. Les refinancements bancaires facilement disponibles ainsi que les lignes de crédit des bailleurs
de fonds et de l’administration publique diminuent l’incitation des institutions de services de détail à se
concentrer sur la mobilisation de dépôts.
Au niveau macro, l’évaluation n’a pas remarqué que le cadre réglementaire largement examiné au
Bénin constitue un obstacle à la mobilisation des petits dépôts même si les ratios prudentiels plutôt
conservateurs réduisent l’attrait des dépôts pour les banques. Concernant les institutions de
microfinancement, le cadre réglementaire trop laxiste favorise la création d’une pléthore d’institutions de
collecte de dépôts ayant généralement des capacités limitées et ne pouvant pas être supervisées de façon
efficace avec les ressources actuellement disponibles. Les initiatives gérées par l’État qui font obstacle à
la viabilité des institutions de microfinancement fortes et entravent les incitations à mobiliser des dépôts
font également l’objet de préoccupations.
L’analyse ci-dessus dégage neuf stratégies pour améliorer la mobilisation des petits dépôts au
Bénin, ce qui demande une recherche et une réflexion plus poussées :
1. Analyser les préférences des clients afin d’avoir une idée exacte de la taille et des caractéristiques du
marché.
2. Élaborer et commercialiser activement les produits de dépôts et les mécanismes de distribution
adaptés aux besoins de certains créneaux du marché qui ciblent la clientèle à faible revenu.
__________________________
1
Pour obtenir de plus amples informations sur l’Initiative Épargne et des renseignements sur la mobilisation de l’épargne,
consulter le Savings Information Resource Center (Centre de documentation sur l’épargne) - (SIRC) à www.cgap.org/savings.
1
BÉNIN
2
ANALYSE DE L’ÉPARGNE AU NIVEAU NATIONAL
3
BÉNIN
Sources : Banque mondiale, BCEAO, PNUD, CNE. Note4 : Les chiffres concernant le nombre total des
agences et des comptes sont basés sur les données disponibles les plus récentes (2003-2005) des rapports de la
BCEAO sur le secteur bancaire et d’une enquête sur 79 institutions de microfinancement, de la CNE et des
estimations du CGAP. Ce ne sont pas toutes ces institutions qui acceptent des dépôts ; en comptant uniquement
les institutions agrées qui acceptent les dépôts, le ratio de la population par points de service est à peine inférieur
à 12 000 pour 1. Voir Tableau 3 relatif à la distribution des points de service par type d’institution.
être moins bonne, en raison des chocs subis par les de ceux du Togo voisin (23,6 % et 16 %), pays
deux principaux moteurs de l’économie que sont similaire quant à la taille du territoire et au
la culture du coton et les échanges commerciaux développement économique, mais plus faibles
avec le Nigéria. Le PNB de 3 milliards de dollars que ceux de l’économie dynamique du Nigéria
en 2003 (440 dollars par habitant) ne devrait donc (28,5 % et 20 %)6.
pas progresser fortement.
Ces chiffres doivent être replacés dans le
La petite taille de l’économie explique en contexte de la disparition totale du secteur qui a
partie la petite taille du secteur bancaire béninois. suivi la crise bancaire de la fin des années 80.
En 2004, les huit banques du pays comptaient en Dans un krach qui a précédé une crise généralisée
tout 42 agences, ce qui porte le ratio du nombre de l’économie béninoise alors communiste, les
d’habitants par agence à presque 161 000 pour 1. trois banques d’État sont tombées en faillite, et
La proportion des adultes économiquement actifs quelque 11 milliards de francs CFA (21 millions
titulaires de comptes bancaires est évaluée à 7 % de dollars) de dépôts ont été gelés. Deux des
au maximum, et les engagements à court terme banques ont été liquidées, mais les comptes
des banques et l’épargne qu’elles mobilisent ne clients de la Caisse nationale de crédit agricole en
représentent respectivement que 26,4 % et 16,4 faillite ont été transférés à la FECECAM
% du PIB5. Ces derniers chiffres sont très proches nouvellement créée, qui représente aujourd’hui le
__________________________ plus important réseau de mutuelles d’épargne et
4
Sauf information contraire, toutes les données de la __________________________
BCEAO citées dans le présent document sont extraites des 6
Les données relatives aux engagements à court terme et
publications de la Direction générale à Dakar, Sénégal.
aux dépôts bancaires sont tirées de la base de données de la
5
Ce chiffre de 7 % suppose que chaque compte bancaire Banque mondiale sur les structures financières, 2003.
n’a qu’un seul titulaire ; les entretiens avec les parties Disponible à l’adresse
prenantes donnent à conclure qu’un taux de 4-5 % est plus http://www.worldbank.org/research/projects/finstructure/
vraisemblable. database.ht.
4
ANALYSE DE L’ÉPARGNE AU NIVEAU NATIONAL
5
BÉNIN
Espoir pour ceux qui croient Selon l’unique étude disponible sur les
banquiers ambulants, il semble que les clients
Malgré la rareté des études sur le comportement
apprécient surtout deux aspects de ce type de
des épargnants au Bénin, d’autres éléments
services : la commodité et les rapports personnels
d’appréciation confirment que l’épargne est une
avec le banquier. La commodité signifie dans ce
pratique courante. Dans le secteur informel,
cas la possibilité d’effectuer des dépôts quotidiens
l’utilisation généralisée des tontines atteste que
ou selon un calendrier qui convient au client ; le
cette pratique est profondément ancrée dans la
fait que le collecteur de dépôts se déplace pour
culture béninoise. Toujours selon l’étude citée
traiter avec le client ; et la rapidité des
plus haut, le taux de participation à des
transactions (trois minutes en moyenne). Les
tontines des clients de deux institutions de
clients apprécient que celui qui collecte l’épargne
microfinancement se situait entre 81 % et 89 %.
soit de la région, qu’il parle le dialecte local et
Un autre document estimait le volume de
qu’il ait les « qualités d’une personne de bien ».11
l’épargne mobilisée chaque année par les tontines
à 1 milliard de francs CFA (environ 2 millions de Les données d’expérience institu-
dollars) en 199510. tionnelles dans le secteur formel montrent aussi
que les services de dépôt font l’objet d’une
Le succès des banquiers ambulants
demande importante. Comme le montrent la
informels illustre peut-être mieux encore la
Figure 1 et le Tableau 2, le volume des dépôts n’a
vigueur de la demande de services d’épargne. Ces
cessé d’augmenter dans les établissements du
collecteurs ambulants d’épargne mobilisent des
secteur formel, progressant à un rythme au moins
sommes substantielles avec des dépôts quotidiens
deux fois plus rapide que celui de l’économie
aussi modestes que 100 francs CFA, et ils
nationale entre 2000 et 2003, qu’il s’agisse des
prélèvent habituellement une commission
banques ou d’institutions non bancaires.
mensuelle équivalente à un jour de dépôt (environ
3 %) pour leur services. En d’autres termes, la La très forte progression des dépôts
demande de services de dépôt appropriés est si dans les institutions de microfinancement
forte que les clients sont prêts à accepter un taux n’appartenant pas à la FECECAM à partir de
d’intérêt négatif. 2001 est imputable au lancement de plusieurs
500,000
400,000
FCFA (millions)
Autres SFD
300,000 FECECAM
CNE
200,000
Banques
100,000
0
1999 2000 2001 2002 2003
Source: BCEAO.
__________________________
10
Gracia, Mathieu. « Apport de la banque ambulante aux
systèmes financiers décentralisés et aux opérateurs
économiques », rapport présenté au Symposium interna-
tional sur le microfinancement et la promotion des micro et __________________________
petites entreprises, 12-14 juin 2000, Praia, Cap-vert. 11
Ibid.
6
ANALYSE DE L’ÉPARGNE AU NIVEAU NATIONAL
Tableau 2: Taux de croissance des dépôts par type d’institution, 2000 - 2003
Source: BCEAO.
Se 1
1
M 01
No -01
Se 0
Ja 0
M 01
M 00
Ju 0
Ju 1
l-0
v-0
l-0
v-0
0
0
p-
n-
-
n-
-
ai-
ai-
ar
p
ar
Ja
7
BÉNIN
8
ANALYSE DE L’ÉPARGNE AU NIVEAU NATIONAL
Tableau 3: Distribution des points de service La grande majorité des dépôts sont
par type d’institution concentrés dans un petit nombre d’institutions.
Comme le montre le Tableau 4, en tant que
Nombre
Type d’institution groupes, les banques ont mobilisé la part du lion
d’agences
Banques 42
de l’épargne disponible avec près de 364 milliards
de francs CFA (689 millions de dollars) de dépôts.
CNE 96
Ce montant est 11 à 12 fois plus élevé que les
SFD
dépôts collectés par les deux institutions de dépôt
Coopératives d’épargne et de crédit 293
les plus importantes, la CNE et la FECECAM,
Associations et ONG 222 respectivement. La part des dépôts SFD de la
Projets de bailleurs de fonds avec 35 FECECAM a diminué au cours des dernières
un élément services financiers
années, mais elle n’en représente pas moins 72 %
Compagnies privées 19 des dépôts de tous les SFD. Il convient toutefois de
GEC (formellement reconnus) 739 noter que, pour ce qui est du nombre des clients
Total 1 446 servis, ces deux institutions dépassent de loin
toutes les banques combinées (voir Figure 4).
Sources : CMF (2005), CNE (2005) et BCEAO (2004).
Toutefois, tous les SFD ne sont pas Figure 4 : Parts respectives des principaux
autorisés à mobiliser des dépôts libres. Si toutes types d’institutions dans les dépôts et la
les coopératives d’épargne et de crédit peuvent clientèle
légalement le faire, les associations et les ONG
doivent négocier les autorisations au cas par cas 120%
avec le Ministre des Finances et la BCEAO. Il est 2%
rare que les projets financés par les bailleurs de 100%
5%
fonds mobilisent l’épargne libre, pas plus 6% 20%
80%
d’ailleurs que les sociétés privées pour le moment.
Par définition, les GEC mobilisent l’épargne 34%
60%
volontaire de leurs membres ; toutefois, ils ne sont
pas « agréés » par le ministère des Finances, mais 87%
40%
plutôt « reconnus ». Si cette reconnaissance en 32%
fait juridiquement des entités du secteur formel, 20%
les GEC ne font l’objet d’aucune surveillance17.
14%
Lorsque seules les institutions qui acceptent les 0%
dépôts sont prises en compte, le ratio entre la % tous les Dépôts % tous les clients
population et les points de service baisse à moins
Tous les SFD autres que la FECECAM
de 12 000 pour 1. Du point de vue juridique, les
FECECAM CNE Banques
options ouvertes aux clients en matière de services
de dépôts libres sont plus restreintes que ne le Sources: BCEAO, CNE et CMF.
laisserait à supposer le nombre des agences.
Sources: BCEAO, CNE, CMF. Statistiques des banques à la fin de 2003 ; pour la CNE, les chiffres
datent de mai 2005 ; pour la FECECAM et les SFD, ils datent de la fin 2004.
__________________________
17
Les amendements qu’il est envisagé d’introduire dans la loi IMCEC (communément dénommée loi PARMEC) élimineront le
principe de la « reconnaissance » et donneront aux GEC un délai maximum de deux ans pour devenir des institutions agréées.
9
BÉNIN
600 000
25 000
Total de dépôts
500 000
20 000
400 000
15 000
300 000
10 000
200 000
0 0
E M E C F D B ES A C ne 000 M C
CN ECA PM CPE ssE HED MD OD DIB CBE tien e 2 2C ODE
A A C CB re nc
FE
C P AP e Ch rge
M
a iss i t e v e
l
C ua Con
ut
M
dépôts (millions de francs CFA) Solde moyen des comptes de dépôts (francs CFA)
10
ANALYSE DE L’ÉPARGNE AU NIVEAU NATIONAL
Figure 6 : Clients, profitabilité et créances douteuses des principaux SFD collecteurs de dépôts
__________________________ Proximité
19
Voir par exemple : Gardiol, I. D. « La mobilisation de Pour les clients, la proximité est un élément
l’épargne. Questions clef et pratiques universelles pour la primordial de l’attrait que peuvent présenter les
promotion de l’épargne. » Direct du développement et de la
coopération-Suisse, 2004 ; Wright, G. & Mutesasira, L.
services de dépôt, d’autant que les clients ne sont
« L’épargne des pauvres et ses risques relatifs » MicroSave, généralement pas disposés à faire un trajet aussi
2003 ; Rutherford S. (2002), Comment les pauvres gèrent long pour déposer leur épargne que pour obtenir
leur argent. GRET – Karthala, France ; CGAP. « Stratégies un prêt. S’il existe un nombre relativement
de mobilisation de l’épargne : leçons tirées de l’expérience important de points de services au Bénin, la
de quatre institutions » Focus no 13. Août 1998.
20
distribution des prestataires de services de
Ouattara, Korotoumou. Courrier électronique en date du 23
septembre 2005 et rapport du mois d’août 2004. « Bénin :
dépôt du secteur formel est loin d’être uniforme
Analyse du secteur financier ». Washington : Banque sur l’ensemble du territoire national. L’Annexe III
mondiale, Région Afrique, Départment du financement. illustre les différences qui existent d’un
11
BÉNIN
12
ANALYSE DE L’ÉPARGNE AU NIVEAU NATIONAL
Epargne mensuelle
0
0
0
00
00
00
00
00
0
0
0
0
00
00
00
00
00
0
00
00
00
00
00
00
00
00
0
0
0
50
15
25
20
25
50
25
50
10
25
10
3
10%
0%
Rendement net
-10%
-20%
-30%
-40%
Tableau 5: Conditions d’ouverture d’un compte de dépôt dans les institutions de l’échantillon
Tous les
Financial Bank of CAVECA
montants sont CPEC BMD CLCAM CNE PAPME
Bank Africa de CBDIBA
en francs CFA
Solde
minimum 500 000 100 000 10 000 1 000 1 000 8 000 5 000 25 000
d’ouverture
Pièce
Photocopie
d’identité et Carte
Photocopie Photocopie certifiée
autres d’identité, Carte
de la carte de la carte conforme
conditions à 3 photos 2 photos, 2 photos 3 photos d’identité,
d’identité, d’identité, de la carte
remplir pour 1 justificatif 2 photos
1 photo 2 photos d’identité,
ouvrir un du domicile
2 photos
compte
Frais
Frais
Autres frais d’ouverture
d’ouverture Frais
liés à = 300 ; Frais
-- -- -- = 1 000 ; d’ouverture -- --
l’ouverture de dossier =
Part = = 200
d’un compte 500 ; Part =
10 000
3 000
Solde
minimum pour
10 000 15 000 5 000 3 000 1 000 8 000 5 000 5 000
le maintien du
compte
Montant
minimum des -- -- -- 1 000 -- 1 000 2 000 --
retraits
Solde
minimum d’un 50 000 –
400 000 -- -- -- -- -- 25 000
compte 100 000
rémunéré
Taux d’intérêt
3,50 % 3,50 % 0% 0% 0% 3% 3,50 % 2%
annuel
13
BÉNIN
Dans les coopératives, les soldes approprié pour enlever une part de marché au
d’ouverture sont nettement moins élevés, mais secteur informel. Plusieurs institutions ont
les frais d’adhésion et la commission d’ouverture cherché à institutionnaliser le modèle même du
du dossier n’en représentent pas moins un banquier ambulant, mais elles se sont heurtées à
obstacle financier. Une somme de 800 à 1 000 des problèmes. L’intérêt du banquier ambulant, et
francs CFA (1,60 à 2,00 dollars) peut ne pas son efficacité par rapport aux coûts tiennent en
sembler prohibitive, mais au Bénin cela partie au fait que son « fonds de commerce »
représente un jour entier de salaire minimum. peut être géré par une seule personne.
Toutefois, même la comparaison des Apparemment la tentation d’en faire une affaire
commissions prélevées au regard de ce niveau de unipersonnelle est souvent trop forte pour
revenu peut être optimiste puisque, selon les de nombreux agents des institutions de
estimations établies, le tiers des habitants a des microfinancement. Bien que le banquier puisse
revenus très inférieurs au seuil de pauvreté (0,27 travailler en tant qu’agent d’une institution de
dollar dans les régions rurales et 0,48 dollar dans microfinancement, il n’en est pas moins
les zones urbaines). L’obligation d’acquérir des propriétaire de ses relations avec les clients —
actions peut aussi ajouter aux dépenses et réduire qu’il peut emmener avec lui s’il décide de quitter
le taux d’intérêt effectif sur les dépôts dans le cas l’institution22.
où les dépôts sont rémunérés.
Les tentatives avortées comme celles-ci
La Figure 8 représente un récapitulatif ont contribué à persuader de nombreuses
simplifié de la comparaison entre les différents institutions de microfinancement que la
types de prestataires de services. Il convient de mobilisation des petites épargnes dans de bonnes
noter que, si les banques sont tout compte fait un conditions de sécurité est une entreprise
peu plus intéressantes que les deux autres acteurs prohibitive. Cette impression est encore renforcée
financiers, l’accès à leur services est de fait fermé par l’idée que le volume de l’épargne qui pourrait
à la majorité de la clientèle en raison du solde être mobilisée est peu important et que les
minimum à maintenir sur les comptes. La transactions relatives à ces comptes sont
question qui se pose alors est de savoir pourquoi fréquentes et modestes. Les banques se sont elles
des institutions qui pourraient tirer parti d’un aussi fait l’écho de cette opinion. Mais l’équipe
marché relativement ouvert pour les dépôts n’ont chargée de l’évaluation n’a pu trouver des études
pas mis au point des produits et des mécanismes d’estimation des coûts effectuées par des
de distribution des produits pour concurrencer institutions financières dans le but d’analyser la
efficacement le secteur informel. question.
14
ANALYSE DE L’ÉPARGNE AU NIVEAU NATIONAL
15
BÉNIN
12 000
10 000
FCFA (millions)
8 000
6 000
4 000
2 000
0
1998 1999 2000 2001 2002 2003
Source : CMF
16
ANALYSE DE L’ÉPARGNE AU NIVEAU NATIONAL
32 000
31 000
30 000
FCFA (millions)
29 000
28 000
27 000
26 000
25 000
24 000
Fe 4
Av 3
Av 4
Av 5
Fe 3
D 3
O 4
D 4
O 3
Ao 04
Ao 03
Ju 4
5
Ju 3
-0
0
0
-0
-0
-0
-0
-0
r-0
r-0
r-0
v-
v-
v-
ec
-
-
ec
ct
ct
in
in
ut
ut
Fe
Les facilités d’accès aux lignes de crédit La gestion de la liquidité et les systèmes de
sont cependant moins encourageantes lorsque paiement font défaut
l’on se place dans la perspective de la
La mise en place de systèmes efficaces pour
mobilisation des dépôts. Comme les prêts
gérer l’excès de liquidité pourrait contribuer à
bancaires ne demandent ni le temps, ni l’effort, ni
atténuer les contre-incitations à mobiliser
l’investissement requis pour mobiliser l’épargne
davantage d’épargne que crée cet excès de
du public, ils peuvent être en fin de compte plus
liquidité. Malheureusement, les structures de
intéressants pour les institutions financières,
second rang ne sont pas jugées suffisamment
même si les taux d’intérêt sont plus élevés.
solides par le ministère des Finances pour leur
La justification classique de l’ouverture de permettre d’établir leurs propres organes
ces lignes de crédit est le « déficit de financement financiers (les banques coopératives pour
» en ressources longues (à plus d’un an), mais il est l’essentiel) afin de gérer la liquidité entre les
possible que ce déficit puisse être comblé avec les institutions membres du réseau. Néanmoins,
dépôts actuellement mobilisés. Aucune étude plusieurs d’entre elles le font actuellement par le
formelle n’a été effectuée, mais il ressort des biais de comptes ouverts auprès des banques
entretiens avec les parties prenantes que ces dépôts commerciales24. Des organes financiers
— même les dépôts à vue — peuvent être bien spécialisés seraient plus efficaces en permettant
plus stables qu’on ne le pensait auparavant. d’orienter au moindre coût la liquidité
excédentaire disponible là où elle est nécessaire.
Par exemple, l’analyse des soldes des Ils pourraient aussi faciliter les transferts de
livrets d’épargne de la CNE sur 18 mois montre liquidité entre différentes institutions (par
que le volume des dépôts n’a baissé que pendant opposition aux transferts au sein d’une même
quatre mois et, comme l’on pouvait s’y attendre, institution ou d’un même réseau), ce qui, aux
c’était pendant la période des vacances et au début dires de plusieurs parties, est une lacune du
de l’année scolaire. Comme le montre la Figure système. Toutefois, ils nécessiteraient des
10, l’épargne augmente régulièrement entre le institutions/réseaux plus forts et une capacité de
début de l’année et la fin juillet, pour atteindre un supervision supérieure à celle qui existe.
palier jusqu’au mois de janvier ou février suivant.
Par conséquent, même s’il est possible que les __________________________
24
En fait, une institution de microfinancement est en train
petits épargnants effectuent des dépôts et des
de monter un partenariat avec plusieurs banques
retraits fréquents, ces transactions n’impliquent commerciales étrangères pour lancer une banque
pas nécessairement que le solde global des d’investissement qui aura entre autres pour fonction de
comptes soit très fluctuant. gérer la liquidité.
17
BÉNIN
L’existence de systèmes de paiement bien d’offrir des services et elle n’impose pas de
rodés, accessibles aux clients à faible revenu peut conditions de fonds propres minimums — de
encourager ces derniers à effectuer des dépôts plus sorte qu’une pléthore de petits acteurs entrent sur
importants. L’établissement d’une liaison entre les le marché. Le nombre important d’institutions est
institutions financières, les agences et d’autres une bonne chose pour ce qui est de l’accès, mais
points de services potentiels tels que les détaillants c’est une charge au plan de la surveillance, et les
et les guichets automatiques bancaires (GAB) autorités sont mal armées pour supporter cette
permet d’améliorer la fonctionnalité des comptes charge. Il semble qu’il y ait aussi un certain
de la clientèle et d’offrir aux clients la possibilité manque de clarté sur le terrain au sujet des
de retirer leur argent à n’importe quel point du institutions qui sont effectivement autorisées à
pays. Cette flexibilité est un élément essentiel pour mobiliser les dépôts libres26.
mobiliser les petites épargnes puisque la
En outre, certaines réglementations
disponibilité des fonds à différents endroits
prudentielles réduisent l’attrait de l’épargne par
géographiques est l’élément que les clients à faible
rapport à d’autres sources de financement. Le
revenu apprécient le plus dans un produit de dépôt.
double coefficient de réserves obligatoires en
L’équipe chargée de l’évaluation croit particulier signifie que les banques doivent
savoir qu’il est actuellement question de mettre en mobiliser 1,30 dollar d’épargne pour chaque
place un réseau de GAB couvrant tous les pays de dollar qu’elles veulent prêter. Le niveau
l’UEMOA pour les banques. Dans le même temps, relativement bas du ratio prêts/dépôts fixé pour
les institutions de microfinancement du Bénin les banques et les institutions non bancaires
tentent d’établir un réseau de GAB approprié pour diminue aussi leur incitation à mobiliser l’épargne
les clients à faible revenu. L’interopérabilité de ces en limitant la proportion des fonds disponibles
deux systèmes permettrait à la petite clientèle pour gagner de l’argent avec les prêts. Ces ratios
d’avoir une liberté d’accès sans précédent à ses ont certes été établis alors que la mémoire des
comptes dans la région. crises était encore dans les esprits, mais il devrait
être possible de relever ce plafond pour les
institutions qui ont de bons résultats.
NIVEAU MACRO : L’ACTION
GOUVERNEMENTALE ET En l’état actuel des choses, les normes
L’ENVIRONNEMENT RÉGLEMENTAIRE prudentielles sont souvent ignorées tant par les
banques que par les établissements non bancaires,
qui utilisent régulièrement les dépôts à court
Principale conclusion : le cadre juridique et terme pour couvrir des prêts à plus long terme27.
réglementaire n’est pas un obstacle majeur à la Fort heureusement, les résultats des banques sont
mobilisation de l’épargne au Bénin, bien que étroitement suivis par la BCEAO, qui dispose à
le pays ne dispose pas de ressources cet effet d’une équipe de 6 contrôleurs pour
suffisantes pour assurer la surveillance de surveiller les neuf banques du pays.
l’ensemble des institutions existantes.
Les institutions non bancaires ne
bénéficient pas du même niveau de surveillance.
Du fait même de l’ouverture du cadre Sur les 1 308 SFD qui sont juridiquement
réglementaire, de nombreuses institutions __________________________
25
échappent à toute surveillance Voir par exemple : Ouattara, Korotoumou. « Micro-
finance Regulation in Benin: Implications of the PARMEC
Étant donné que le cadre réglementaire du Law for Development and Performance of the Industry ».
microfinancement a une couverture régionale Washington : Série Documents de travail n° 50, juin 2003,
Région Afrique, Banque mondiale ; Ouattara, Korotoumou.
(UEMOA) et que c’est l’un des premiers Implementation of the PARMEC Law for Regulation of
dispositifs spécifiquement applicable aux Microfinance, Findings no 240. Banque mondiale, juillet
microfinancements, il a fait l’objet de nombreuses 2004 ; et la page PARMEC dans la base de données IRIS
études25. Dans l’ensemble, le cadre réglementaire sur la réglementation du microfinancement, consultable à
http://microfinancegateway.com/resource_centers/
est assez favorable à la collecte de dépôts par les reg_sup/micro_reg/country/35/.
institutions non bancaires — de fait, il serait 26
Groupe de discussion avec 12 institutions de micro-
peut-être même trop favorable. La législation financement, Cotonou, 19 juillet 2005.
permet à différentes catégories d’institutions 27
Ouattara, août 2004.
18
ANALYSE DE L’ÉPARGNE AU NIVEAU NATIONAL
19
BÉNIN
servies. Les autorités envisagent aussi de créer un soulèvent des questions fondamentales qui
fonds national à cette fin. D’après les éléments justifient des recherches et une réflexion plus
d’appréciation qui commencent à se dégager, le approfondies de la part des parties prenantes.
crédit n’est peut-être pas l’outil de gestion
1. Analyser les préférences des clients afin
financière le plus approprié pour tous les clients
d’avoir une idée exacte de la taille et des
pauvres. Les dispositions prises pour encourager
caractéristiques du marché. L’étude devra
la distribution du crédit via des mécanismes tels
apporter des informations sur les habitudes
qu’un fonds national peuvent donc aller à
d’épargne et les préférences des clients, et
l’encontre de l’objectif de réduction de la
déterminer qui épargne, sous quelle forme,
pauvreté.
combien, où et pourquoi. Elle devra viser en
La bonification de ce type de crédit peut particulier à comprendre les mécanismes
faire encore plus de tort aux emprunteurs pauvres d’épargne informels et à déterminer leurs
en leur mettant sur les bras des dettes qu’ils seront caractéristiques les plus intéressantes, ainsi que
incapables de rembourser. En outre la le niveau des dépôts qu’ils permettent de drainer.
concurrence subventionnée diminue l’attrait que Ces renseignements devraient permettre aux
présentent les créneaux de la clientèle à faible institutions de déterminer la quantité d’épargne
revenu pour les institutions viables, qui sont plus qui pourrait être mobilisée et dans quelles
susceptibles de continuer à offrir des services conditions. En outre, une analyse de la stabilité
lorsque les subventions de l’État et des bailleurs des petites épargnes pourrait aider les
de fonds cesseront. L’ironie de la chose, c’est que institutions à évaluer la part que cette catégorie
ces institutions viables sont aussi souvent celles d’épargnants pourrait occuper dans leur base de
qui peuvent offrir des services de dépôts sûrs et de financement.
grande qualité. Les programmes qui menacent les
Il existe de nombreuses voies possibles
activités de crédit des institutions viables ont donc
pour conduire cette étude. Une des options les
aussi pour effet de restreindre les possibilités
plus intéressantes consiste à réunir les
d’accès des clients aux services d’épargne.
financements publics et privés d’un ensemble
Faciliter la disponibilité de financement d’institutions de l’État, de bailleurs de fonds et
de portefeuille à travers l’établissement d’un d’institutions financières qui utiliseraient les
fonds d’intermédiation financière reviendrait à informations de l’étude. Les enquêtes de
réduire chez ces institutions l’incitation à mettre FinScope lancées en Afrique australe et en
au point des produits susceptibles d’attirer les Afrique de l’Est sont basées sur ce principe, avec
dépôts à court, moyen ou long terme des clients une diminution prévue des financements publics
pauvres. Cela déplacerait aussi les fonds dans le temps30. Comme les réseaux des
mobilisés localement par des banques qui se institutions de microfinancement combinent les
trouvent déjà en situation de surliquidité. Au lieu ressources de nombreuses institutions différentes,
d’injecter des ressources financières extérieures ils sont peut-être bien placés pour coordonner une
supplémentaires dans le secteur, le gouvernement entreprise de ce genre.
devrait collaborer avec les partenaires du
2. Élaborer et commercialiser activement les
développement à surmonter la réticence des
produits de dépôts et les mécanismes de
institutions de microfinancement et œuvrer de
distribution adaptés aux besoins de certains
concert avec ces institutions pour concevoir des
créneaux du marché qui ciblent la clientèle à
produits de dépôt adaptés.
faible revenu. Les nouveaux produits pourraient
cibler les clients actuels. Mais compte tenu de la
SUGGESTIONS : STRATÉGIES POUR place accordée actuellement au crédit par la
AMÉLIORER LA MOBILISATION DES plupart des institutions, la plus grande partie des
PETITES ÉPARGNES AU BÉNIN déposants potentiels se trouvent sans doute à
l’extérieur de la clientèle actuelle. Une banque a
Cette section présente des stratégies possibles indiqué par exemple qu’elle cultivait la clientèle
pour accroître et améliorer la qualité de la de certains banquiers ambulants en leur offrant un
mobilisation des petites épargnes au Bénin. Plutôt
que de formuler des recommandations ou des __________________________
prescriptions définitives, ces suggestions 30
http://www.finscope.co.za/
20
ANALYSE DE L’ÉPARGNE AU NIVEAU NATIONAL
taux d’intérêt plus élevé lorsqu’ils déposent les système conçu pour aider la clientèle à avoir une
fonds qu’ils collectent, ainsi que la possibilité idée précise de la qualité des institutions
d’obtenir à bon prix des prêts à court terme pour financières pourrait être mis en place en deux
honorer la demande de leurs clients finaux. Ces étapes. La première aurait pour but de faciliter la
banquiers ambulants agissent en tant qu'agents de distinction entre les institutions qui sont
détail pour les services « de gros » fournies par autorisées à recevoir des dépôts et celles qui ne le
les institutions financières. sont pas. L’information indiquant si une
institution est autorisée ou non pourrait par
Les autres produits possibles pourraient
exemple prendre la forme d’un logo affiché dans
inclure :
les locaux et dans la documentation des
l Des « coffrets d’épargne » du type de institutions concernées. Ce matériel axé sur la
ceux utilisés aux Philippines, coffrets dont commercialisation pourrait faire partie de la
les clés sont conservées par les institutions documentation fournie par le ministère des
financières, de sorte qu’ils ne peuvent être Finances lorsqu’il délivre une autorisation31.
ouverts que lorsque le collecteur d’épargne La seconde étape consisterait à classifier
ou le client lui-même les apportent à les institutions autorisées qui sont supervisées en
l’institution. fonction de leurs résultats financiers. En l’absence
l L’épargne logement, en particulier lorsque de tout indicateur visible de la qualité de
l’on connaît le grand souci culturel l’institution, les consommateurs ne peuvent choisir
d’accession à la propriété des Béninois. En en connaissance de cause l’institution dans laquelle
liant l’épargne à l’achat d’un logement (et ils déposent leurs fonds. Un mécanisme permettant
en proposant éventuellement un prêt pour d’obtenir de plus amples informations sur les
cet achat), il pourrait être possible aussi résultats de l’institution aurait le mérite d’accroître
d’attirer des dépôts à plus long terme. la transparence pour les clients et d’inciter les
institutions à améliorer leur performance.
Toutefois, les meilleurs produits ne se
vendent pas tous seuls : les institutions doivent Ce mécanisme pourrait être mis en place
compléter l’action menée pour diversifier l’offre par une association professionnelle ou, si cela se
de produits par des efforts de commercialisation révèle trop difficile en raison des conflits
plus délibérés en vue de faire connaître à la d’intérêts, par une entité non gouvernementale
clientèle les avantages des produits offerts. indépendante. Il ne faudrait en aucun cas que cela
L’élaboration des produits doit aussi soit considéré comme une solution pour remédier
s’accompagner d’investissements dans des au niveau actuellement insuffisant des ressources
systèmes internes appropriés tels que la gestion de de supervision du ministère des finances, mais
la trésorerie, l’amélioration des méthodes pour plutôt comme un effort de plus pour améliorer la
améliorer l’efficience et la mise en place de situation.
systèmes d’information de gestion (SIG) 4. Organiser des campagnes d’éducation des
appropriés. Un socle commun de SIG, mis au consommateurs afin de leur montrer qu’il est
point conjointement par plusieurs petites important de placer l’épargne dans des
institutions avec un spécialiste local en institutions réglementées. La mise en place d’un
technologies de l’information, pourrait permettre système de classement tel que celui qui est
à chacune des institutions concernées de réaliser
une économie de coûts et faciliter l’adoption __________________________
31
Théoriquement, les opérateurs informels ne seraient pas
d’une présentation standard pour l’établissement inclus dans ce système de classification ; mais, compte tenu
des rapports. de l’efficacité avec laquelle les banquiers ambulants
mobilisent l’épargne, les autorités de contrôle pourraient
3. Créer un système permettant au public éventuellement envisager de créer une catégorie officielle
de distinguer les différentes catégories pour ceux qui se soumettent à des rapports périodiques
d’institutions. Compte tenu de la diversité des externes. Il ressort des entretiens que certains banquiers
prestataires de service d’épargne au Bénin, il est ambulants ont en fait exprimé le désir d’être juridiquement
reconnus, pour des raisons fiscales. Un système de ce genre
capital que les déposants aient une idée précise de serait aussi utile pour les autorités financières du fait qu’il
la nature et de la qualité de l’institution dans leur permettrait de quantifier plus précisément le niveau de
laquelle ils ont choisi de déposer leur épargne. Un l’épargne mobilisée dans le secteur informel.
21
BÉNIN
22
ANALYSE DE L’ÉPARGNE AU NIVEAU NATIONAL
Les projets en cours en vue de doter les taille de procéder à des audits annuels. Le recours
institutions de microfinancement d’un réseau de plus fréquent à des inspections sur dossiers
GAB avec cartes à puce doivent aussi être complétées par des vérifications ponctuelles en
encouragés. Si ces technologies sont déployées lieu et place des nombreuses missions
avec un bon plan d’exploitation, elles pourraient d’inspections actuelles permettrait aussi de
devenir un domaine susceptible de bénéficier maximiser les ressources de supervision.
d’un subventionnement des bailleurs de fonds.
8. Étudier la possibilité d’ajuster certaines
Ceux qui défendent la cause du secteur devraient
dispositions du cadre réglementaire. Il faudrait
aussi insister fortement afin que soit assurée
revoir les réglementations qui régissent
l’interopérabilité de tout système de ce type
spécifiquement la collecte des dépôts en tenant
instauré pour les SFD avec le système
compte de leur effet sur la mobilisation de la
actuellement mis en place pour les banques dans
petite épargne. À titre d’exemple spécifique,
l’ensemble des pays de l’UEMOA.
citons les doubles réserves obligatoires et les
7. Améliorer les méthodes de supervision et règles strictes relatives à la concordance des
renforcer les capacités de supervision au sein éléments d’actif et de passif en fonction des
de l’administration publique. Le renforcement échéances pour les banques, et l’absence de règles
des réseaux n’allègera pas la charge qui pèse sur de fonds propres (ce qui favorise la fragmentation
la CMF, il lui imposera dans un premier temps un du marchés) pour les institutions de micro-
fardeau supplémentaire. De nouvelles pressions financement collectrices de dépôts. Ces deux
s’exerceront sur la Cellule avec la proposition catégories d’institutions pourraient juger utile
actuelle de supprimer la catégorie reconnaissance, d’identifier les contraintes que peuvent poser les
ce qui déclenchera un processus de conversion normes actuelles et celles qu’il est envisagé
réglementaire et de renforcement des capacités d’appliquer, et arrêter une position commune pour
pour un grand nombre de petites institutions. défendre leur cause auprès des autorités
La CMF devra être dotée de moyens régionales. Les consortiums du secteur tels que
supplémentaires. Alafia et l’association des banquiers seraient bien
placés pour effectuer cette analyse et faire du
Il serait possible d’atténuer la charge qui
lobbying.
pèse sur la CMF si la BCEAO assumait la
surveillance directe des institutions de 9. Revoir la politique nationale envisagée sur le
microfinancement et des réseaux les plus microfinancement dans une optique de
importants comme il est envisagé de le faire. La mobilisation de l’épargne. La création de
Cellule pourrait alors consacrer davantage de secteurs financiers universels n’a pas pour
ressources à la supervision des petites institutions objectif de fournir une filière pour des
actuellement engagées dans la collecte de financements subventionnés ou des crédits
l’épargne. Mais, compte tenu de la fragmentation étrangers, mais plutôt de promouvoir
de ce segment du marché, la CMF va l’intermédiation de ressources générées
probablement être à nouveau confrontée à des localement. Dans sa version actuelle, la politique
problèmes d’insuffisance de ressources. nationale de microfinancement accorde une place
trop grande à l’accès au crédit, en particulier via
Les autorités devraient aussi étudier la
la mise en place d’un fonds national de
possibilité d’introduire d’autres méthodes pour
microcrédit. Le gouvernement devrait revoir cette
alléger la charge que représente la supervision
politique pour déterminer son incidence
directe. Dans cette optique, une solution
potentielle sur l’accès de la clientèle à faible
pourrait consister à exiger des institutions de
revenu aux services de dépôt.
microfinancement qui ont atteint une certaine
23
BÉNIN
24
ANALYSE DE L’ÉPARGNE AU NIVEAU NATIONAL
25
BÉNIN
Bibliographie
Banque mondiale. 2003. Bénin : note sur la pauvreté. Cotonou : Banque mondiale.
Banque de France. 2004. Rapport Zone Franc – Bénin. Paris: Banque de France.
BCEAO. Janvier 2005. « Bulletin de statistiques monétaires et financiers. » Dakar, Senegal: BCEAO.
BCEAO. 2004. Rapport annuel. Dakar, Sénégal : BCEAO.
BCEAO. 2003. Monographie des systèmes financiers décentralisés (SFD). Abidjan : BCEAO.
BCEAO. 2001. Rapport annuel. Dakar, Sénégal: BCEAO.
Cellule de la Microfinance. 2004. Évaluation et impacts de la microfinance sur les bénéficiaires de
micro-crédits. Cotonou : PADSP.
Cellule de la Microfinance. Bulletin trimestriel no. 003 Avril-Juin 2004: note trimestrielle de conjoncture
de la microfinance. Cotonou : PADSP.
Centre de Recherche Appliquée pour l’Endogéneisation des Compétences (CERAPEC).
Décembre 2003. « Mise en place d’un mécanisme de concertation des structures de microcrédits
disséminés dans les départements ministériels. » Cotonou : Gouvernement of Bénin,
Gouvernement du Bénin, Ministère de la Planification, de la Programmation et du
Développement.
Commission Nationale pour le Développement et la Lutte contre la Pauvreté (CNDLP). Décembre 2002.
« Document de stratégie de réduction de la pauvreté au Bénin 2003-2005. » Cotonou :
CNDLP.
Consortium Alafia. 2004. « Analyse globale des performances de l’année 2002 des IMF membres du
Consortium Alafia. » Cotonou : Consortium Alafia.
26
ANALYSE DE L’ÉPARGNE AU NIVEAU NATIONAL
Consortium Alafia. Novembre 2004. « Rapport des performances des membres (année 2003). »
Cotonou : Consortium Alafia.
Dieter Seibel, Hans. Juillet 2003. « Les Associations de Services Financiers (ASF) au Bénin :
institutions de micro finance autogérées en milieu rural. » Rome : IFAD.
FIDA. Mars 2005. « Document du Fonds International de Développement Agricole : Évaluation du
programme du pays. » Rapport N° 1624-BJ. Cotonou : FIDA.
FIDA. « La collaboration entre le gouvernement, le FIDA et les ONG : Étude de cas sur l’ONG
SYPRO, projets PAGER et PROMIC. »’ Cotonou : FIDA.
Goldstein Gilles, Issa Barro et Dominique Gentil. Février 1999. « Étude sur le rôle de l’impact des
services et produits d’épargne du secteur informel et des institutions de micro finances en
Afrique de l’Ouest. » New York : UNCDF/SUM.
Gouvernement du Bénin, Cabinet du Président. 1990. « La loi bancaire. » Cotonou : Gouvernement du
Bénin.
Gouvernement du Bénin, Ministère des Finances et de l’Économie. 1997. « La loi PARMEC. »
Cotonou : Gouvernement du Bénin.
Gouvernement du Bénin. Décembre 2001. « Rapport sur l’état de l’économie nationale. » Cabinet du
Président. Cotonou : Gouvernement du Bénin.
Gouvernement du Bénin. 27 février 2003. Arrêté : Portant fixation du montant de référence des
opérations réalisées en monnaie fiduciaire. Cotonou : Gouvernement du Bénin.
Gouvernement du Bénin. 5 mai 2004. Arrêté : Portant fixation du taux d’intérêt légal en République du
Bénin pour l’année 2004. Cotonou : Gouvernement du Bénin.
Gouvernement du Bénin. « Présentation du Fonds d’Appui à la Solidarité Nationale et à l’Action
Sociale (FASNAS). » 2005. Ministère de la Famille. Cotonou : Gouvernement du Bénin.
Gracia, Mathieu. « Apport de la Banque Ambulante aux Systèmes Financiers Décentralises et aux
Opérateurs Économiques ». Document présenté au Symposium international sur le
microfinancement et la promotion des microentreprises et des petites et moyennes entreprises,
12 - 14 juin 2000, Praia, Cap Vert.
Honlonkou, Albert N., Denis H. Acclassato et Célestin Venant C. Quenum. Septembre 2001.
“Problématique de remboursement des crédits dans les systèmes financiers décentralisés et
garantie de prêts aux petits opérateurs économiques au Bénin.” Genève: OIT.
Kalala, Jean-Pierre Muimana and Alpha Ouedraogo. 2001. “Savings Products and Services in the
Informal Sector and Microfinance Institutions in West Africa: The Case of Mali and Benin.”
Nairobi: MicroSave.
PlanetFinance. Décembre 2002. « Les produits de micro crédit disponibles à Cotonou, Abomey Calavi,
et Porto-novo au Bénin. »’’ Cotonou: PlanetFinance.
PNUD. 2003 « Rapport sur le développement Humain au Bénin (année 2003). » Cotonou : PNUD.
PNUD. 2003. Rapport sur le Développement Humain au Bénin. Cotonou : PNUD.
UMOA. 2003. Rapport Annuel de la Commission Bancaire. Abidjan : UMOA.
UEMOA. Directive No. 07/2002/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans
les États membres de l’Union économique et monétaire ouest- africaine (UEMOA).
27
ANNEXE III : NOMBRE D’HABITANTS PAR POINT DE SERVICES DES INSTITUTIONS
FINANCIERES REGLEMENTEES33
__________________________
33
Les GEC ne sont pas pris en compte par cette carte.