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UNIVERSITE DE MANOUBA

INSTITUT SUPERIEUR DE COMPTABILITE


ET D’ADMINISTRATION DES ENTREPRISES

COMMISSION D’EXPERTISE COMPTABLE

La maîtrise du risque de crédit au niveau des institutions de


microfinance

Mémoire

pour l’obtention du diplôme national d’expert comptable

Elaboré par Directeur de recherche

Mr Mehdi FRADI Mr Wassim KHROUF

Juin 2013
Remerciements

Je tiens à remercier, mon encadreur Mr Wassim KHROUF expert comptable, pour ses
précieux conseils, sa disponibilité et l’intérêt qu’il a porté à ce travail.

Mes remerciements sont destinés aussi, à messieurs Salah DHIBI et Hamadi MATOUSSI, qui
ont eu à rapporter ce travail.

Mes sincères gratitudes s’adressent aux membres du jury, pour bien vouloir accepter de juger
ce modeste travail.
Liste des abréviations

NCT : Normes comptables tunisiennes

IMF : Institution de microfinance

BM : Banque Mondiale

AFD : Agence Française de Développement

BAD : Banque Africaine de Développement

CGAP : Groupe Consultatif Aux Pauvres

ONG : Organisation non gouvernementale

SIG : Système d’information de gestion

AMC : Association de microcrédit

AD : Association de développement

FNG : Fond National de Garantie


Sommaire

INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................................. 2

PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DU CADRE DE LA MICROFINANCE ...... 8

Introduction de la première partie ........................................................................................................... 9

Chapitre 1 : La microfinance à l’échelle internationale .......................................................................... 9


Section 1 : Naissance et développement de la microfinance ............................................................... 9
Section 2 : La microfinance comme vecteur de croissance et de lutte contre la pauvreté................. 16
Section 3 : Nature et utilisateurs de l’information communiquée ..................................................... 19

Chapitre 2 : La microfinance en Tunisie ............................................................................................... 25


Section1 : Cadre juridique, comptable et fiscal des entités exerçant la microfinance....................... 25
Section 2 : La réalité de la microfinance en Tunisie ......................................................................... 32

Conclusion de la première partie ........................................................................................................... 48

DEUXIEME PARTIE : NOTION DE RISQUE ET LES OUTILS DE MAITRISE DES RISQUES


DANS LES IMF .................................................................................................................................... 49

Introduction de la deuxième partie ........................................................................................................ 50

Chapitre 1 : Les risques associés à l’activité de microfinance .............................................................. 50


Section 1 : Définitions et mécanismes de gestion des risques........................................................... 50
Section 2 : Typologie des risques au sein d’une IMF ....................................................................... 53

Chapitre 2 : Application des bonnes pratiques de maîtrise du risque de crédit au niveau des IMF : cas
du contexte tunisien ............................................................................................................................... 68
Section 1 : Relation entre gestion des risques et contrôle interne ..................................................... 68
Section 2: Appréhender les pratiques de gestion des risques en Tunisie .......................................... 78
Section 3 : Les systèmes de contrôle permettant la maîtrise du risque de crédit au niveau des IMF 81

Conclusion de la deuxième partie ......................................................................................................... 99

CONCLUSION GENERALE ............................................................................................................. 101

1
Introduction générale

2
La Tunisie traverse, en cette période de transition démocratique, d’énormes difficultés
économiques et sociales, marquée par une vague de protestations populaires sans précédant
dans l’histoire de la Tunisie moderne. Ces protestations ont pour but, entres autres,
l’amélioration des conditions de vie et la réduction du chômage.

Le secteur de la microfinance, constitue un des vecteurs les plus importants du développement


économique. « L’accès durable à la microfinance aide à réduire la pauvreté en permettant la
génération des revenus et la création d’emplois…ensemble, nous pouvons et nous devons
construire des secteurs financiers accessibles à tous qui aident les gens à améliorer leurs
conditions de vie » 1

Conscient du rôle important que peut jouer la microfinance dans la relance de l’économie, le
ministre des finances Mr Jalloul Ayed 2 précise que la microfinance assimilée à d’autres
mécanismes constituent la pierre angulaire du programme du gouvernement pour relancer
l’économie.

En effet, « prêter aux moins nantis permet:

• D’augmenter la capacité d’agir;

• D’accroître les revenus et l'amélioration du bien-être des bénéficiaires;

Ainsi, en plus de permettre à une personne de se sortir de la pauvreté, l’accès au crédit stimule
le développement économique local et donc, allège le fardeau de l’État qui peut devoir
prendre en charge ces personnes.

L'accès à la ressource financière est considéré comme un élément clé dans la réduction de la
pauvreté, puisqu'il offre aux clients, grâce à l'entrepreneuriat, des occasions de devenir
autonomes financièrement, et leurs procure un gagne-pain stable pEndant des périodes
difficiles. L’accès au crédit diminue la vulnérabilité des clientèles pauvres et leurs permet
d’améliorer leurs conditions de vie » 3.

L’industrie bancaire traditionnelle voit depuis une trentaine d’années se développer un


nouveau système de financement de l’économie, à l’initiative des pays en développement : la
microfinance. Celle-ci constitue une alternative novatrice au schéma bancaire classique.

1
Kofi Annan, Secrétaire général de l’ONU
2
Mr Jalloul Ayed ministre des finances dans le gouvernement de transition 2011
3
Positionnement de DID en matière de crédit – Mai 2005 - www.did.qc.ca/documents/Crédit Fr

3
En effet, s’adaptant aux particularités du tissu social et du contexte économique, elle s’appuie
sur une véritable connaissance des emprunteurs et peut ainsi mettre en œuvre des modes de
financement adaptés.4 .

Le Concept de la microfinance, tel qu’il est unanimement appliqué par différentes entités
(Banque, Institution de microfinance, coopératives, associations…) à l’échelle internationale,
a commencé courant la septième décennie du 20ème siècle et précisément en 1976 au
Bengladesh. A l’initiative du professeur Mohammed Yunus 5qui, dans un souci de répondre
aux besoins de survie de la population de Bengladesh, a crée la Grammeen Bank.

La microfinance dans sa conception la plus simple consiste à offrir des petits crédits pour la
population défavorisée, leur permettant d’améliorer leurs conditions de vie. Or depuis, ce
concept n’a cessé de se développer. Aujourd’hui, la microfinance dans sa nouvelle conception
inclut une gamme de services plus large couvrant outre le microcrédit, l’épargne, la micro-
assurance, le transfert d’argent …

Sur la base des dernières statistiques retenues par le rapport de l’Etat de la Campagne du
Sommet du Microcrédit 2011, La microfinance touche plus de 190 millions de personnes à
travers le monde dont 97% se trouvent dans les pays en voie de développement, desservies
par plus de 3 500 entités. Toutefois, ce taux de pénétration demeure faible et marginal, en
effet Robert Christen, Directeur des services financiers pour les pauvres à la Bill & Melinda
Gates Foundation 6, mise sur une vision qui est celle d’offrir des services financiers à environ
80 % des 2 milliards d’adultes qui vivent avec moins de 2 $ par jour.

En Tunisie, le marché actuel de la microfinance touche prés de 400 000 clients actifs,
desservis par 289 7 entités de microcrédits. Quant au marché potentiel, il n’y a pas de données
précises, mais une étude récente (octobre 2011) effectuée sous la supervision et la
coordination du Ministère des Finances estime la clientèle potentielle pour des services de
microfinance de 2,5 à 3 millions de personnes, dont 1,2 à 1,4 million pour le microcrédit.
Ainsi, l’offre actuelle ne couvre que le tiers « du marché ».

La réglementation de l’activité de la microfinance avec sa composante microcrédit est assez


récente en Tunisie, elle a officiellement débuté 1999 avec l’adoption de la loi organique n°
99-67 du 15 juillet 2009 relative aux micro-crédits accordés par les associations et qui est
venue réglementer le secteur en précisant essentiellement :

4
Donnadieu, L. L’audit externe du risque de crédit appliqué au secteur de la microfinance dans les pays en
développement
5
Prix Nobel de la paix 2006
6
Bill & Melinda Gates Foundation est une fondation américaine financée par Bill Gates(PDG de Microsoft) et
Melinda Gates, qui œuvre pour le Développement mondial et la Santé.
7
288 associations autorisées à accorder des microcrédits relevant de la BTS et enda-ia ONG

4
- L’obligation d’agir dans le cadre de la loi 59-154 relative aux associations ;
- La population cible ;
- L’exclusion de la réglementation bancaire ;
- L’interdiction de collecter l’épargne ;
- Les montants des crédits à accorder, leurs natures et les modalités de leurs
remboursements ;
- Les sources de financements;
- La soumission à un double contrôle : ministère des finances et commissaire aux
comptes ;
- l’obligation de tenir une comptabilité conformément à la réglementation comptable en
vigueur.
Voulant favoriser l’émergence du secteur, le législateur a fini par adopter un nouveau texte, le
Décret-loi 117-2011 du 5 novembre 2011 portant organisation de l'activité des institutions de
microfinance. Ce nouveau texte a apporté des profonds changements de l’activité de
microfinance en Tunisie. Comme principales nouveautés, ce Décret-loi a prévu :

- D’étendre le secteur d’activité du microcrédit à la microfinance, toutefois le législateur


demeure inflexible sur l’interdiction de collecter de l’épargne et sur l’exclusion de la
réglementation bancaire ;

- D’ouvrir le secteur pour les sociétés commerciales sous certaines conditions ;

- De créer une autorité de contrôle du secteur de la microfinance.

En matière de contrôle et de gestion des risques, la réglementation régissant l’activité, prévoit


« qu’il incombe à chaque IMF de mettre en place les mécanismes appropriés de contrôle
interne qui permettent d’apprécier en permanence les procédures internes et d’identifier,
suivre et gérer les risques qui se rapportent à leur activités »8. Aussi, NCT 33 retient
pratiquement les mêmes obligations « il appartient aux organes de direction de déterminer les
procédures et les moyens adéquats pour atteindre les objectifs de contrôle interne et de
s'assurer qu'ils fonctionnent correctement ».

Ces mécanismes de contrôle visent les objectifs suivants 9 :

8
Art 32 du Décret loi 117-2011 du 5 novembre 2011, portant organisation de l'activité des institutions de
microfinance
9
Norme comptable n°33 relative au contrôle interne et a l'organisation comptable dans les associations
autorisées à accorder des micro-crédits tels que approuvée par l’arrêté du ministre des finances du 22 novembre
2001

5
(a) s'assurer que les opérations réalisées sont conduites conformément aux dispositions
législatives et réglementaires et en respect avec les statuts et les décisions des organes de
direction,

(b) s'assurer que les opérations réalisées sur chaque fonds sont conduites de façon à respecter
les accords conclus avec les différents financeurs, subventionneurs et donateurs,

(c) s'assurer que les opérations réalisées sur les micro- crédits sont conformes aux dispositions
législatives et réglementaires en vigueur,

(d) assurer une gestion efficace des ressources ainsi que la protection et la sauvegarde des
actifs contre les risques liés aux irrégularités et aux fraudes qui pourraient survenir,

(e) garantir l'obtention d'une information financière fiable et pertinente.

Il en découle qu’un nombre important d’obligations incombe à ces institutions, qui sont
tenues de mettre en place les mécanismes adéquats pour faire face aux risques qui pèsent sur
l’activité du microcrédit et notamment le risque du métier (le risque du crédit). Or les textes
régissant ce risque sont très rares comparés aux textes régissant l’activité bancaire.

Exerçant une activité d’octroi de crédit (commerce de l’argent), avec les risques y associés,
dans quelle mesure les IMF pourraient assurer leur pérennité en mettant en place les systèmes
de contrôles appropriés pour maîtriser le risque de crédit dans l’environnement Tunisien ?

Dans le cadre de ce mémoire nous allons procéder à une revue de la littérature et des textes
réglementaires traitant le sujet, ainsi qu’à une étude empirique sur les pratiques de gestion des
risques du secteur de la microfinance en Tunisie.

Dans une première partie nous présenterons, les spécificités de l’activité de microfinance.
Ainsi, le premier chapitre sera consacré à la présentation de la microfinance à l’échelle
internationale. Le second chapitre évoquera l’expérience Tunisienne en la matière.

La seconde partie sera réservée à l’identification des risques de l’activité de la microfinance, à


la compréhension de la relation entre risque et contrôle et à l’exploitation des résultats de
l’étude empirique, moyennant la méthode de l’interview appliquée à l’IMF Enda 10, pour
proposer ensuite les bonnes pratiques de maîtrise de risque appliquées au contexte Tunisien.

10
Enda interarabe est une organisation non gouvernementale, leader dans le secteur de la microfinance, ayant
déboursé plus que 1 200 milles prêts, pour plus que 400 milles bénéficiaires, pour la somme 884 millions de
Dinars.

6
Ainsi, l’objectif de ce travail est d’aider les professionnels à identifier et à maitriser les
risques associés à l’activité de microfinance notamment le risque de crédit dans le cadre des
IMF. Compte tenu des profonds changements que va connaître ce secteur, et notamment les
associations qui devront se restructurer pour répondre au souci de la nouvelle loi, nous allons
nous intéresser dans le cadre de notre étude empirique à la seule institution qui opère en tant
IMF en Tunisie : Enda.

Par ailleurs, ce mémoire n’a pas pour but de concevoir un manuel de gestion des risques ou un
manuel de contrôle interne d’une IMF, mais de proposer un guide pratique sur les contrôles à
mettre en place pour maîtriser le risque de crédit. Aussi, ce travail ne couvre pas l’activité de
micro-assurance.

En outre, l’intérêt de ce mémoire n’est pas d’estimer l’impact économique et social de la


microfinance.

7
Première partie : Présentation générale du cadre de la
microfinance

8
Introduction de la première partie

Dans le cadre ce cette première partie, nous allons nous intéresser au cadre général du secteur
de la microfinance.

Ainsi, nous commencerons dans un premier chapitre par appréhender la réalité de la


microfinance à l’échelle internationale, en passant en revue la naissance et le développement
de la microfinance, puis nous allons apprécier le rôle de la microfinance comme vecteur de
croissance et de lutte contre la pauvreté, pour traiter ensuite de l’information divulguée par les
institutions de microfinance.

Dans le second chapitre, nous allons nous focaliser sur la microfinance en Tunisie. Nous
traiterons au niveau de la première section le cadre règlementaire en Tunisie qui a connu des
modifications récentes, ensuite nous aborderons la réalité de la microfinance notamment après
les changements sociopolitiques d’après révolution.

Chapitre 1 : La microfinance à l’échelle internationale

Section 1 : Naissance et développement de la microfinance

« La microfinance désigne les dispositifs permettant d’offrir de très petits crédits


(microcrédit) à des familles très pauvres pour les aider à conduire des activités productives ou
génératrices de revenus leurs permettant ainsi de développer leurs très petites entreprises.

Avec le temps et le développement de ce secteur particulier de la finance partout dans le


monde, y compris dans les pays développés, la microfinance s’est élargie pour inclure
désormais une gamme plus large de services (crédit, épargne, assurance, transfert d’argent
etc.) et une clientèle plus étendue également. Dans ce sens, la microfinance ne se limite plus
aujourd’hui à l’octroi de microcrédit aux pauvres mais bien à la fourniture d’un ensemble de
produits financiers à tous ceux qui sont exclus du système financier classique ou formel » 11.

11
http://www.lamicrofinance.org

9
1.1. Naissance de la microfinance

Plusieurs théoriciens estiment que la notion du crédit-crédit remonte au moyen-âge, au 15eme


siècle, le moine Barnabé le premier Mont-de-piété, qui voulait combattre l’usure, a instauré le
concept de prêt sur gage, qui consistait à prêter de l’argent aux personnes qui désiraient en
contre partie d’un gage. Ces prêts sont rémunérés avec des taux d’intérêt faibles qui servaient
uniquement pour couvrir les frais de gestion. Cette pratique, a certes laissé des bons résultats
compte tenu de la situation économique et sociale de l’époque. « Il trouve cependant sa limite
dans la restriction qu’il s’est imposé en matière d’activités financières en se limitant au prêt
sur gage. De plus le phénomène n’a pu toucher que quelques grandes villes et ne concernait
pas les classes les plus pauvres, lesquelles n’avaient aucun objet de valeur à mettre en
gage »12

Ensuite, vers le 19éme siècle et avec le développement du mouvement de la bancarisation


populaire en Europe, sont apparus des réseaux mutualistes d’abord en Allemagne vers 1860,
en France vers 1865, au Québec vers, 1900. Agissant comme « véritable intermédiaires
financiers, collecteurs d’épargne et banquiers des couches populaires rurales d’abord puis
aussi urbaines »13. Ces réseaux mutualistes cherchaient, à aider la population pour faire face
aux pratiques des usuriers d’une part et à élargir le concept de crédit au delà du prêt sur gage
d’autre part. Cependant, ces fondateurs du mutualisme bancaire ont été confrontés par la suite
à la limite de leurs ressources.

Le Concept de la microfinance, (ou encore microcrédit à l’époque) tel que pratiqué


actuellement, a commencé courant la septième décennie du 20ème siècle et précisément en
1976 au Bengladesh. A l’initiative du professeur Mohammed Yunus 14qui, dans un souci de
répondre aux besoins de survie de la population pauvre de Bengladesh a commencé par prêter
de sa propre poche à des femmes des petites sommes, qui s’engagent à le lui rembourser par
la suite. Ensuite, se heurtant à la limite de ses ressources propres a fini par créer, la
Grammeen Bank. Les spécificités de cette expérience résident dans l’instauration d’une
nouvelle approche de financement, définie comme crédit de groupe ou (groupe solidaire).
Cette approche, consiste à constituer des groupes de personnes de la même communauté (3 à
7 membres), ensuite prêter de l’argent à quelques uns de ces micro-entrepreneurs, en cas de
défiance de l’un d’eux c’est tout le groupe qui se porte garant et rembourse à sa place.
D’autres techniques de crédit, de produit et de services ont été développées par la suite.
12
Lhériau, L. précis de la réglementation de la microfinance, le droit financier et la microfinance, Tome 1,
Agence Française de développement, Juin 2005, page 20.
13
Lhériau, L. précis de la réglementation de la microfinance, le droit financier et la microfinance, Tome 1,
Agence Française de développement, Juin 2005, page 21
14
Prix Nobel de la paix 2006

10
1.2. Développement de la microfinance

La microfinance connait un essor important depuis ces deux dernières décennies, du fait de
ses bienfaits sur la population cible, notamment les pauvres.

Essor qui lui a valu la désignation de l’année 2005 comme année internationale du
microcrédit, et une reconnaissance de Kofi Annan 15 qui a adressé le message suivant « la dure
réalité reste que la plupart des populations les plus pauvres n’ont pas encore accès à des
services financiers et viables, qu’il s’agisse d’épargne, de crédit ou d’assurance.

L’enjeu essentiel sera donc pour nous, d’éliminer les contraintes qui excluent les plus
démunis d’une pleine participation au secteur financier….Ensemble, nous pouvons et nous
devons mettre en place des secteurs financiers inclusifs qui aident les gens à améliorer leurs
conditions de vie ». Une reconnaissance venue aussi de Mark Malloch Brown 16 « la
microfinance est bien plus qu’un simple outil pour la génération des revenus. En renforçant
les rapports de force en faveur des pauvres, et en particulier des femmes, elle est devenue un
des mécanismes clés pour l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour la Développement, et
plus spécifiquement pour l’atteinte de la cible globale de réduction de moitié de l’extrême
pauvreté et de la faim à l’horizon 2015 »

Aussi le développement de la microfinance peut être apprécié à travers les indicateurs de


performance. Selon le rapport de l’Etat de la Campagne du Sommet du Microcrédit 2011, il
existe plus de 3500 entités de microfinance à travers le monde qui ont financé plus de 190
millions de micro-entrepreneurs en 2009 et 110 millions en 2005 soit 80 millions de plus en
quatre an, atteignant ainsi une croissance de 75% pour cette même période. D’après le tableau
ci-dessous présenté, 97% de ces micro-entrepreneurs se trouvent dans les pays en voie de
développement, dont 2% seulement appartiennent à la Région Moyen Orient et Afrique du
Nord, la part du lion soit 85% relèvent de la zone Asie et Pacifique.

Toutes ces statistiques illustrent l’importance qu’accorde la communauté internationale au


financement des pauvres à travers le mécanisme de microfinance et la nécessité de son
développement.

15
Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations Unis
16
Mark Malloch Brown, administrateur d programme des Nations Unies pour le Développement

11
Tableau 1 : Répartition régionale des données de microfinance 17

Nombre Nombre Nombre


Nombre
Région total de total de total de
d’entités
clients 2005 clients 2007 clients 2009

Afrique sub-saharienne 981 7 429 730 9 189 825 10 776 726

Asie et Pacifique 1 723 96 689 252 129 438 919 156 403 658

Amérique latine & Caraïbes 639 4 409 093 7 772 769 12 257 181

Moyen-Orient et Afrique du Nord 87 1 287 318 3 310 477 4 552 387

Total des régions en développement 3 430 109 815 393 149 711 990 183 989 952

Amérique du Nord et Europe de l’Ouest 91 55 707 176 958 148 628

Europe de l’Est et Asie Centrale 68 3 390 290 4 936 877 5 996 500

Total des régions industrialisées 159 3 445 997 5 113 835 6 145 128

Total mondial 3 589 113 261 390 154 825 825 190 135 080

1.2.1. Les limites du système bancaire formel

Les banques traditionnelles ne peuvent et ne veulent pas financer les micro-entrepreneurs,


plusieurs raisons peuvent justifier cette réticence :

- L’impossibilité de distinguer entre les emprunteurs : ceux solvables de ceux


risqués ;

- La plupart des demandeurs de crédit exercent dans le secteur informel, ne


possèdent pas en général de donnés fiables (documents comptables) et formels
servant d’outils d’analyse et de scoring ;

- Absence d’une information appropriée sur l’emprunteur du fait qu’il ne dispose


pas d’un historique de crédit ;

- Le manque ou l’inexistence de garanties à offrir aux emprunteurs ;

17
Source rapport de L’Etat de la Campagne du Sommet du Microcrédit 2007, 2009 et 2011

12
- Les coûts élevés des transactions s’agissant de montants faibles et à fréquence
élevée ;

- L’impossibilité d’appliquer des taux d’intérêts élevés, vu que les banques sont
soumises à la réglementation bancaire et la notion du taux d’intérêt excessif ;

- La non adaptation des produits offerts aux besoins du secteur de la


microfinance ;

- Les pratiques de démarchages inadaptées aux besoins des clients.

Outre les facteurs évoqués ci-dessus, d’autres facteurs sociaux, économiques et culturels
limitent le recours aux banques traditionnelles, tels que l’importance de l’analphabétisation
dans la population, l’absence de pièces d’identité, la faible émancipation de la femme, les
préjugés envers les banques classiques (comportement de son personnel, manque de
transparence).

1.2.2. Les limites des autres sources de financement

Pour subvenir à leurs besoins, les micro-entrepreneurs font recours à des sources de
financement en dehors du système financier classique, ces sources peuvent être réparties en
grandes trois catégories :

 L’autofinancement ;

 Le marché informel ;

 Les programmes de développement.

a) l’autofinancement

A travers ce mécanisme les micro-entrepreneurs se financent via l’épargne qu’ils ont dû


accumuler de leurs propres revenus ou encore empruntent de l’argent auprès de leurs proches
(membres de famille, amis). En effet selon une étude menée par Berger et Udell (1998), 50%
du financement des micro-entrepreneurs proviennent de l’autofinancement, en Tunisie et
selon l’INS (2002) prés de 15% de la valeur des investissements réalisés par les micro-
entreprises non agricoles sont financés par les ressources propres des micro-entrepreneurs.

Cependant, le recours à l’autofinancement n’est pas évident pour les micro-entrepreneurs,


notamment les plus pauvres d’entre eux, du fait que les revenus de ces derniers servent en
général à subvenir à leurs besoins les plus élémentaires et ne leurs permettent pas de faire de

13
l’épargne, aussi certains facteurs exogènes influent sur la somme à épargner (catastrophe
naturelle, maladie de certains membres de la famille…), enfin même si les micro-
entrepreneurs sont en mesure d’épargner, le non accès au service d’épargne constitue une
entrave au développement de l’épargne.

b) Le marché informel

La seconde alternative de financement dont le micro-entrepreneur peut avoir recours est le


marché informel. Le marché informel a été défini comme étant « l’ensemble des mécanismes
non officiels qui permettent de faire circuler de l’argent en contre partie d’une accumulation
temporaire des créances et des dettes »18. Ce mécanisme présente une simplicité d’accès pour
le micro-entrepreneur, qui n’a pas besoin de passer par plusieurs démarches (justification du
projet, étude préalable, paperasse…).

Cependant, le recours à cette source de financement présente des limites dans l’espace du fait
que les micro-entrepreneurs ne peuvent emprunter qu’auprès des gens de leur communauté
(village, cité) , aussi la disponibilité des sommes sollicitées n’est pas aussi évidente, enfin
l’application de taux d’intérêts exorbitants dissuadent les emprunteurs à faire recours à ce
type de mécanisme.

c) Les programmes de développement

La troisième et dernière source de financement adopté, consistait en l’instauration d’un


mécanisme dédié à subvenir aux besoins des micro-entrepreneurs, dans des secteurs bien
précis notamment le rural, l’artisanat, les petits métiers à travers des programmes de
développement. Ces programmes ont connu leurs essors pEndant la septième décennie du
20eme siècle, nous citons la « green Revolution » à l’échelle internationale ou encore « le
programme régional de développement » (PRD) en Tunisie.

En vertu de ces programmes, les donateurs et gouvernements ont instauré des crédits avec des
taux d’intérêts subventionnés visant à faire face aux problèmes d’expulsion financière.

Toutefois, malgré les conditions avantageuses offertes par ces programmes, ils ont échoué en
raison de plusieurs facteurs, tels que :

- Emergence de la culture d’assisté chez les emprunteurs ;

- Ingérence des pouvoirs publics dans l’orientation du crédit ;

- Immixtion des autorités dans le report des remboursements ou amnisties ;

- Corruption et absence d’une gestion transparente ;

18
Lelart M, la tontine, pratique informelle d’épargne et de crédit dans les pays en voie de développement ,1990

14
- L’indisponibilité du service épargne, utile à l’enracinement de la culture
entrepreneuriale ;

- L’utilisation des principes bancaires classiques non adaptés ; et

- Le caractère occasionnel et cyclique n’accompagne pas le micro-entrepreneur


dans les différentes phases de développement

1.2.3. Les atouts favorisant le développement de la microfinance

Comme indiqué ci-dessus les limites présentées par le secteur financier classique et les autres
sources de financement, ont favorisé l’émergence d’un programme de financement spécifique
à cette frange de la population qu’est le concept de la microfinance.

Maria Novak 19 voit que « la différence principale, par rapport au crédit classique, est qu'il est
orienté sur une cible nouvelle : les pauvres et les exclus. Il reconnaît leurs talents, leurs
besoins et leur capacité à rembourser les prêts. Au lieu de les éliminer par avance de la
clientèle du crédit parce que les méthodes, les critères et les garanties ne sont pas adaptés à
leur situation, il invente des méthodes et des garanties qui leur conviennent. Au lieu de leur
imposer l'objet de leur prêt, (…) il est à l'écoute de leurs besoins. Il permet ainsi de découvrir
que les gens exclus du crédit bancaire sont, comme les autres, dotés de l'esprit d'entreprise, de
la capacité de jugement et qu'au surplus, ils remboursent plutôt mieux que les riches.»

Ainsi, ce secteur de la microfinance bénéficie de plusieurs atouts qui lui permettent d’assurer
son développement :

a) Existence d’un fort potentiel de demande : en vertu du rapport de l’Etat de la


Compagne du Sommet de micro-crédit 2011, 2 milliards d’adultes vivent avec moins
de 2 $ par jour, l’objectif ultime étant de toucher 80% d’entre eux.

b) Offrir un service de proximité, permettant de toucher un nombre maximum de


population cible et de répondre aux mieux à ses besoins

c) Une tEndance tournée vers l’innovation et l’utilisation des NTIC. En effet, la


généralisation des communications sans fil et les progrès technologiques sont de
nature à réduire considérablement les coûts des transactions et permettant d’améliorer
la qualité des services et de se rapprocher encore plus aux clients (tels que le mobile-
payement), dans ce sens, au Kenya, une IMF a utilisé le facebook pour attirer des
nouveaux clients,

19
Fondatrice de l'Association pour le droit à l'initiative économique (ADIE)

15
d) L’existence d’un appui institutionnel offert par plusieurs organismes CARE, CGAP,
ainsi qu’un fort engagement de bailleurs de fonds BM, BAD, AFD ou les
organisations non gouvernementales (ONG).

Aussi, « la microfinance a eu le mérite d’avoir su concilier des notions apparemment


antithétiques. Il y a d’un côté la conciliation entre mondialisation et dimension locale par le
fait que la microfinance donne à la mondialisation financière un sens local en créant un lien
d’intérêt mutuel entre les financiers de Wall Street et les microentrepreneurs des bidonvilles
de Johannesburg. De l’autre, ce sont les notions de profit et de développement qui se trouvent
liées car la microfinance présentée comme un outil apte à allier l’économique au social, le
profit au développement, par la transformation du premier en moteur de développement». 20

Le développement de la microfinance incombe aussi aux opérateurs de ce secteur, à travers


leur prédispositions à « professionnaliser les services et à cesser de se comporter comme
pourvoyeurs de charité » 21.

Section 2 : La microfinance comme vecteur de croissance et de lutte contre la pauvreté

2.1. La microfinance vecteur de croissance

La relation entre le développement financier et développement économique est une relation


étroitement liée. En effet, la finance contribue directement à la croissance économique.

Cette idée se trouve justifiée par le fait que tout entrepreneur, qui désire accroitre et
développer ses idées et ses projets a désormais besoins d’accéder aux sources de financement
qui l’accompagnent dans son développement.

C’est ainsi que la microfinance qui est considérée comme une source d’intermédiation
financière, peut pleinement jouer son rôle d’outil permettant de favoriser le développement
financier et par conséquent stimule le développement économique dans son sens large.

Ce développement peut être assuré à travers les spécificités propres à la microfinance qui
permet de :

20
Nkurikiye.F pérennité des IMF et rôle de l’Etat : les défis de la microfinance, Journée d’économie financière,
FSEG Mahdia 22 Avril 2005, page 6

21
Nkurikiye.F pérennité des IMF et rôle de l’Etat : les défis de la microfinance, Journée d’économie financière,
FSEG Mahdia 22 Avril 2005, page 22

16
- Elargir le champ d’application des personnes éligibles aux crédits, en ciblant des
personnes non bancables, donc hors champ du secteur financier classique ;

- Développer l’épargne, facilitant ainsi l’accès au secteur bancaire ;

- Faire face à la corruption, en offrant des solutions réelles de financement ;

- Intéresser l’investissement privé, accroitre indirectement la part de marché des


banques classiques (financer les acteurs du secteur) ;

- Obliger les banques classiques à accroitre leur compétitivité pour faire face à ses
concurrents, en essayant d’adopter leur offre ;

- Favoriser le partage de l’information entre les IMF et les banques, ce qui aide à
renforcer la gouvernance.

Plusieurs expériences à l’échelle internationale ont donné des exemples concrets sur le rôle de
la microfinance dans le développement.

Le CGAP a retenu l’exemple de l’Amérique du Sud au début des années 2000. Face aux
performances financières réalisées par les IMF de cette région, les banques commerciales ont
été contraintes à adapter leur offre et technique afin d’intégrer les micro-entreprises dans leur
marché cible. Ces banques ont consacré prés de 30% de leur portefeuille crédit au
financement des micro-entreprises, ce qui s’est traduit par l’augmentation des crédits.
Lesquels crédits sont destinés à financer les secteurs productifs favorisant la création de la
richesse et par conséquent le développement.

On cite aussi l’exemple de la Banque Rakhayet en Indonèsie qui, au début des années 80 a
transformé, son département de financement des investissements agricoles dans le milieu rural
en un département de microfinance, ce qui est lui a permis de renforcer sa solidité financière
et de désamorcer l’effet de la crise financière qui s’est produite ultérieurement.

2.2. La microfinance moyen de lutte contre la pauvreté

Un des bienfaits les plus remarquables de la microfinance est qu’elle constitue un outil
d’éradication de la pauvreté et un merveilleux moyen de démarginalisation.

Selon le rapport de l’Etat de la Campagne du Sommet du Micro-crédit (2006), le micro-crédit


permet ainsi d’atténuer la souffrance, d’assurer la dignité, de sortir les pauvres de leur
dépendance et de leur donner un rôle dans la société.

17
Plusieurs études ont été menées sur des périodes distinctes, avaient pour objectif d’estimer
l’impact réel de microfinance sur les bénéficiaires. Les résultats de ces études ont été retenus
par Mejdoub (2007) 22 :

 Une étude menée par Khnader, Samad et Khan afin d’estimer l’impact des trois
principaux programmes de microfinance à Bangladesh, à savoir Grameen Bank,
Bangladesh Rural Advencement Committee (BRAC) et Bangladesh Rural
Development Board’s (BRDB). Les résultats ont révélé : que l’augmentation
proportionnelle de la production par tête est à peu prés de 50% plus importante dans
les villages où opèrent ces programmes et aussi une augmentation du revenu moyen
par ménage aux alentours de 30%.

 Remenyi et Quinones(2000) ont montré que l’augmentation du revenu par ménage est
significativement plus élevée pour les familles qui ont accès au crédit que pour les
familles qui n’ont pas accès. Le taux de croissance pour les personnes qui bénéficient
du programme de microfinance en Indonésie, au Bangladesh, en Inde est
respectivement de 12,9%, 29,3 et 46% contre des taux respectivement de 3%, 22% et
24% pour les non bénéficiaires

 Panjaitan-Drioadisuryo et Cloud (1999) ont étudié les impacts de la distribution de


micro-crédit à des femmes pauvres en Indonésie. Leurs résultats ont montré qu’en
moyenne le revenu de ces femmes a augmenté de prés de 112%. D’un autre coté, plus
de 90% de ces femmes ont réussi à sortir leur famille de la pauvreté.

A travers ces constats chiffrés, on peut aisément conclure que le mécanisme de la


microfinance, s’il est correctement appliqué, constitue un moyen par excellence de lutte
contre la pauvreté. Comme indiqué par Morduch et Hayley (2002), la microfinance constitue
un instrument efficace pour atteindre le premier objectif du millénaire, à savoir : réduire la
pauvreté de moitié dans le monde sur la période 1990-2015.

2.3. La pérennisation de la microfinance et le rôle de l’Etat

Les éléments susceptibles de contribuer à la pérennisation de la microfinance et à l’efficience


de l’intervention de l’Etat, ont été développés par Nkurikiye.F 23 :

22
Mejdoub, M. microfinance et exclusion en Tunisie: mythes et réalités, thèse de doctorat en gestion, IHEC,
Décembre 2007 page 36 et suivants
23
Nkurikiye.F pérennité des IMF et rôle de l’Etat : les défis de la microfinance, Journée d’économie financière,
FSEG Mahdia 22 Avril 2005, page 19

18
a) Confier la gestion des IMF à des professionnels pour assurer une gestion rigoureuse,
transparente et professionnelle. Aussi, veiller à assurer en permanence au
renforcement des capacités des IMF afin de suivre l’évolution que connait le secteur ;

b) Faire payer le prix réel pour les services offerts par les IMF, il faut se débarrasser de
l’idée que les clients cibles (pauvres) ne peuvent supporter des intérêts élevés, les
usufruitiers appliquaient des taux beaucoup plus élevés que ceux pratiqués par les
IMF ;

c) Veiller à assurer les services des IMF à un nombre maximum de clients pauvres. Ceci
passe par une meilleure adaptation des produits offerts aux besoins des clients ;

d) Créer des relations avec les banques commerciales pour le développement de


mécanismes de financement spécifiques. Aussi, faire une étude benchmark afin de
choisir une niche ;

e) L’instauration d’une cadre juridique et réglementaire approprié : ce cadre doit tenir


compte des spécificités du secteur de la microfinance ;

f) Préserver les IMF de toute interférence politique et idéologique ;

g) Mettre en place et élaborer des outils de rating avec un minimum de fondamentaux


standards permettant une comparaison moins difficile entre les pays ainsi qu’une
formulation d’actions communes valides sur le plan international.

Section 3 : Nature et utilisateurs de l’information communiquée

Les institutions de microfinance portent ces dernières années un intérêt croissant aux SIG.
L’information est au cœur de la microfinance, L’énormité des tâches à accomplir oblige donc
les institutions de microfinance à mettre en place un système efficace. C’est donc un outil
indispensable dans la bonne gestion des IMF et représente l’une des clés de leur succès.

Comme tout opérateur économique, l’IMF est tenue de communiquer ses performances. Pour
le faire elle doit disposer d’un système d’information approprié (paragraphe 3.1), connaitre les
informations à communiquer (paragraphe 3.2) et apprécier les besoins réels des utilisateurs de
l’information (paragraphe 3.3)

19
3.1. Les préalables pour une information de qualité

Le Système d’Information et de Gestion est « une série de procédures et d’actions effectuées


pour saisir des données brutes, les transformer en information utilisable et transmettre cette
information aux utilisateurs sous forme adaptée à leurs besoins ».

Un système d'information de gestion est bien plus qu'un programme informatique et ne sert
pas uniquement à effectuer des calculs. La gestion de l'information a pour but essentiel et
primordial de permettre à diverses personnes de communiquer au sujet d'événements qui
touchent au travail de leur organisation. »24

Ce système peut être schématisé comme suit

Les informations présentent différentes caractéristiques qui varient en fonction de l'usage qui
en est fait. Ces informations doivent être formulées sous différentes formes et à différentes
fins.

Pour le faire, l’IMF doit définir au préalable les natures des informations à communiquer et
les besoins des utilisateurs, car trop d’informations affectent l’intelligibilité et peu
d’informations nuisent à la pertinence et la fiabilité.

Dans ce sens le CGAP a retenu un ensemble de questions que l’IMF doit se poser avant la
production de ces informations :

- De quelles informations les utilisateurs ont-ils absolument besoin ?

- Quels sont les indicateurs ou les ratios clés dont les utilisateurs doivent suivre
l'évolution pour remplir correctement leur mission ?

- De quelles autres informations les utilisateurs doivent-ils disposer pour être bien
informés des résultats de l'organisation et du niveau de réalisation de ses
objectifs plus généraux ?

- Quelles informations supplémentaires faudrait-il inclure dans les rapports pour


améliorer la productivité du personnel?

24
Waterfield, C. et Ramsing, N. systèmes d’information de gestion pour les institutions de microfinance, guide
pratique, Groupe consultatif d’Assistance aux plus Pauvres, Février 1998, page 3

20
- De quelle manière les informations nécessaires aux utilisateurs peuvent-elles être
regroupées dans un petit nombre de rapports pertinents et produits en temps
opportun ?

- De quelle manière les indicateurs clés peuvent-ils être incorporés dans les
rapports pour permettre aux utilisateurs d'en suivre l'évolution ?

- De quelle manière les rapports doivent-ils être conçus pour répondre aux besoins
de différents utilisateurs ?

- À quelle fréquence et avec quelle rapidité les utilisateurs doivent-ils recevoir


l'information?

- De quelle manière les besoins des utilisateurs évolueront-ils à l'avenir et de


quelle manière cette évolution influera-t-elle sur la conception du système
d'information ?

3.2. Nature des informations communiquées

Compte tenue de leurs spécificités, la plupart des IMF assurent une double mission : une
mission commerciale, et une mission sociale. Ainsi, le SIG doit s’adapter pour être en mesure
de traiter et de divulguer des informations sur les performances financières mais aussi sur les
performances sociales.

3.2.1. Les informations financières

Les informations financières sont les informations communément divulguées par les
entreprises commerciales et se résument : (en retenant toutefois quelques spécificités propres
au secteur de la microfinance).

 Les états financiers : « Les états financiers doivent présenter de manière fidèle la
situation financière réelle de l'entreprise, ses performances et tout changement de sa
situation financière, et doivent refléter l'ensemble des opérations découlant des
transactions de l'entreprise et des effets des événements liés à son activité » 25.

25
Art 19 de Loi n° 96-112 du 30 décembre 1996, relative au système comptable des entreprises

21
 Rapport sur le portefeuille crédit : ce rapport fournit touts les informations utiles et
nécessaires au suivi du portefeuille crédit de l’institution : l’évolution du portefeuille,
balance par âge…

 Les ratios et indicateurs financiers : le réseau SEEP 26 retient 18 indicateurs considérés


comme les plus importants, dont les IMF peuvent utiliser comme benchmark. Ces 18
indicateurs sont regroupés en 4 familles d’indicateurs à savoir :

- Ratios de rentabilité et de pérennité : qui traduisent la capacité de


l’IMF à maintenir son activité et assurer sa croissance dans le
futur ;

- Ratios de gestion bilantielle qui illustrent la capacité de L’IMF à


gérer les actifs (emplois des fonds) et les dettes (sources des
fonds) ;

- Ratios relatifs à la qualité du portefeuille qui permettent à l’IMF


d’apprécier en permanence la qualité du portefeuille ;

- Indicateurs d’efficience et de productivité reflètent l’efficacité avec


laquelle l’IMF utilise ses ressources.

3.2.2. Les informations non financières

Le réseau SEEP a essayé de fournir quelques exemples de rapports sur les données non
financières, qui comportent des données opérationnelles et des données macroéconomiques.

Les données opérationnelles fournissent des informations sur le nombre des clients actifs, le
nombre de nouveaux clients durant la période, nombre du personnel, nombre d’agents de
crédit.

Quant aux données macroéconomiques, elles renseignent sur le taux d’inflation, le taux
d’emprunt du marché, le taux de change et le PNB par habitant.

Toutefois, le réseau SEEP a reconnu que ces données ne sont qu’à titre indicatif et que Les
dirigeants d’IMF pourront élargir ce rapport en y ajoutant d’autres informations utiles pour
eux.

26
Le SEEP Network est une organisation de plus de 50 organismes non gouvernementaux et privés d’Amérique
du Nord qui appuient les micro et petites entreprises ainsi que les institutions financières dans les pays en
développement. Sa mission consiste à promouvoir l’évolution des pratiques en matière de développement des
micro et petites entreprises au sein de ses membres, de ses partenaires internationaux et d’autres opérateurs

22
En effet, divers autres indicateurs peuvent être retenus, qui dépendent en partie de la mission
annoncée par l’institution, nous citons :

- Le nombre de femmes bénéficiaires de crédit ;

- La réduction la dépendance des femmes et le développement de l’esprit


entrepreneurial ;

- L’amélioration des conditions de vie de la femme rurale ;

- L’amélioration des conditions d’habitation ;

- L’amélioration des habitudes d’alimentation ou sanitaires ;

- L’amélioration de la scolarisation des enfants ;

- La promotion d’un secteur d’activité bien particulier ;

- La réduction de la pauvreté ;

- Le nombre d’emplois crée directement ou indirectement ;

- Le renforcement de la capacité d’accéder aux soins.

3.3. Les utilisateurs des informations communiquées et leurs besoins

Le SIG doit être conçu pour répondre aux besoins d’utilisateurs différents, ces utilisateurs
peuvent être stratifiés en deux catégories : les utilisateurs internes et les utilisateurs externes.

3.3.1. Les utilisateurs internes

Les utilisateurs internes sont les membres du personnel, la direction, les administrateurs :

 Le personnel de terrain a besoin d'informations à plusieurs niveaux. Il lui faut :

- Des données développées sur les clients et sur leurs comptes ;

- Un rapport sur les clients en attente par agent de crédit ;

- Rapport sur les versements journaliers par agent de crédit ;

23
- Des données sur la situation globale du client pour approuver un prêt ou négocier
avec un client défaillant, par exemple ;

- Un rapport général sur l'ensemble des comptes dont il est responsable état de prêts
actifs par agent de crédit ;

- Un rapport sur le portefeuille à risque par agent de crédit, pour planifier ses
actions de recouvrement ;

- Un rapport sur l’intéressement du personnel, afin de pouvoir apprécier l’évolution


de sa rémunération ;

- Un rapport simplifié sur les performances de l’institution dans son ensemble, pour
renforcer son sentiment d’appartenance et prendre ses décisions de carrière.

 La direction a besoin d’informations synthétisées permettant d’assurer le suivi sans se


noyer dans le détail, ces informations synthétisées couvrent :

- L’analyse de la tEndance globale du portefeuille : retard, provision,


recouvrement, abandon ;

- La situation de la trésorerie ;

- Les indicateurs de performances et des reporting périodiques.

 Le conseil d’administration a besoin d’apprécier le mode de gestion à travers un


rapport concis regroupant : les indicateurs périodiques, le tableau de bord, le budget et
les réalisations, le reporting financier.

3.3.2. Les utilisateurs externes

Les utilisateurs externes sont les clients, les autorités de contrôle, les bailleurs de fond et
actionnaires :

 Les clients ont besoin d'informations qui avoisinent les informations divulguées par
les banques : la nature des produits offerts, la liste de mouvement de compte avec
indication du solde progressif, l’échéancier de remboursement avec une distinction
claire entre les intérêts, le principal et les dates de paiements. Ces rapports doivent
être clairs et rédigés en langage courant dans la mesure du possible.

24
 Les bailleurs de fonds et les actionnaires sont les principaux utilisateurs des
informations synthétisées qui leur sont communiquées périodiquement. Ils ont besoin
de savoir si l'institution fonctionne bien ou s'ils doivent être saisis d'un problème
particulier. Ainsi, les états financiers et le rapport d’activité constituent des outils
pertinents pour satisfaire leurs besoins.

Toutefois, les bailleurs de fonds compte tenu de la place privilégiée qu’ils occupent
(résultant de la rareté des ressources des IMF) ont souvent des besoins différents, dont
le SIG de l’institution peut ne pas prévoir, à cet effet il est recommandé que ce SIG
demeure flexible pour répondre à ces exigences.

 Les autorités de contrôle : le niveau d’informations exigé par les autorités de contrôle
diffère d’un pays à l’autre et varie selon la forme juridique de l’entité de microfinance.
Mais en général, les IMF sont tenues de communiquer leurs états financiers, ainsi que
leurs sources de financement.

Chapitre 2 : La microfinance en Tunisie

Dans le cadre de ce second chapitre nous allons nous intéresser, au secteur de la microfinance
en Tunisie. Ainsi la première section traitera des spécificités juridiques, comptables et fiscales
de ce secteur, la deuxième section présentera la réalité de la microfinance en Tunisie.

Section1 : Cadre juridique, comptable et fiscal des entités exerçant la microfinance

Le secteur de la microfinance a connu de réels chambardements depuis la révolution


tunisienne, c’est ainsi que le terme institution de microfinance est apparu et est venu
remplacer la notion classique d’association autorisée à accorder des micro-crédits.

1.1. Cadre juridique des entités exerçant la microfinance

Actuellement l’activité de microfinance est régie par le décret-loi 117 du 5 novembre 2011
portant organisation de l'activité des institutions de microfinance.

25
Ce décret-loi sera traité dans ce qui suit tout en évoquant le régime en vigueur avant la
promulgation de ce décret-loi, pour mieux cerner l’apport de la nouvelle réglementation.

1.1.1. Forme des institutions de microfinance

En vertu des articles 2 et 3 décret-loi 2011-117 du 5 novembre 2011, les IMF revêtent la
personnalité morale et peuvent exercer l’activité de microfinance sous la forme d’une Société
Anonyme avec un capital minimum de 3 000 000 dinars ou dans le cadre d’une association
avec une dotation associative minimale de 200 000 dinars.

Ainsi ces IMF sont régies par :

- Le Code des Sociétés Commerciales en ce qui concerne les Sociétés Anonymes ;

- Le décret-loi 2011-88 du 24 septembre 2011 portant organisations des associations


pour celles qui exercent l’activité sous forme la forme associative.

Actuellement, il est possible d’exercer l’activité de microfinance sous deux formes société ou
association, alors que l’ancienne réglementation ne permettait l’exercice de l’activité que dans
le cadre d’une association régie par la loi 59-154 du 7 novembre 1959 tels que complétée et
modifiée par les textes subséquents.

1.1.2. Les activités de microfinance

i- Définition

En vertu du décret-loi 2011-117, est considéré microcrédit tout crédit visant l’aide à
l’intégration économique et sociale, et est accordé pour financer une activité génératrice de
revenu et servant à la création d’emploi. Aussi, le microcrédit peut être pour améliorer les
conditions de vie des bénéficiaires.

En adoptant le terme de la microfinance, le législateur a introduit le concept de la micro


assurance comme composante de ce secteur. Toutefois, ce concept demeure non appliqué du
fait qu’il a été conditionné par certaines démarches et formalités (arrêté, convention cadre…).

La nouvelle réglementation a instauré certes un nouveau concept la micro assurance, elle


demeure cependant inflexible sur la notion de collecte des dépôts auprès du public, l’article 3
du décret-loi susvisé leurs interdit explicitement cette collecte, le même article revient aussi
sur l’exclusion de ces IMF de la réglementation bancaire définie par la loi 2001-65 relative

26
aux établissements financiers, exclusion qui était aussi prévue par l’art 4 de la loi organique
99-67.

ii- Personnes éligibles

Au sens de l’article 8 du décret-loi 2011-117, peuvent bénéficier des microcrédits les


personnes physiques :

- Qui appartiennent aux familles nécessiteuses et aux catégories vulnérables et ayant la


capacité d’exercer une activité économique ;

- Ou qui ont une qualification pour exercer une profession, un métier ou une activité
génératrice de revenu.

La nouvelle réglementation a pratiquement retenu la même définition limitative pour les


personnes éligibles aux microcrédits, bien que le statut des entités exerçant la microfinance
ait changé de la forme associative sans but lucratif, à la forme commerciale dont l’objectif
diffère.

« Dans son acceptation la plus simple, la microfinance consiste en la mise en place des
financements spécifiques, en faveur des personnes non bancables et pour des activités
génératrices de revenus 27»

iii- Modalités d’octroi

L’article 7 paragraphe 3 du décret-loi 2011-117 a fait renvoi à un arrêté qui déterminera le


montant maximum et les conditions d’octroi des microcrédits, lequel arrêté a été publié 18
janvier 2012.

Avant de revenir sur les termes introduits par cet arrêté, il y a lieu de revoir l’évolution de la
juridiction en ce qui concerne les modalités d’octroi (montant et taux d’intérêts) :

27
Lhériau, L. précis de la réglementation de la microfinance, le droit financier et la microfinance, Tome 1,
Agence Française de développement, Juin 2005, page 23.

27
M° max
pour
M° max
l’améliorati Taux Commission
Année Référence texte du crédit
on des d’intérêt d’étude
global
conditions
de vie
Arrêté du ministre des finances
1999 1 000 300 5% -
du 27 aout 1999
Arrêté du ministre des finances
2000 1 000 500 5% -
du 14 juillet 2000
Arrêté du ministre des finances
2001 1 500 500 5% -
du 8 septembre 2001
Arrêté du ministre des finances
2003 2 000 500 5% -
du 29 avril 2003
Arrêté du ministre des finances
2004 4 000 700 5% -
du 23 novembre 2004
Arrêté du ministre des finances
2009 4 000 700 5% 2,5% flat
du 30 mars 2009
Arrêté du ministre des finances
2009 5 000 700 5% 2,5% flat
16 décembre 2009
Arrêté du ministre des finances
2010 5 000 1 000 *5% *2,5% flat
29 septembre 2010
* pour les microcrédits accordés sur des ressources budgétaires mobilisées dans le cadre de
conventions conclues avec la BTS, et pour les autres ressources appliqué un taux qui permet
de couvrir les frais de fonctionnement.

L’arrêté du ministre des finances 18 janvier 2012, est venu harmoniser les modalités d’octroi
suite au changement de la nature des entités exerçant la microfinance associations ou sociétés
anonymes.

Les mêmes conditions précédentes ont été maintenues pour les crédits accordés par les
associations soient: montant maximum 5 000 dinars, avec 1 000 dinars pour le financement
des crédits visant l’amélioration des conditions de vie. Taux d’intérêt plafond 5% et
commission d’étude 2,5% flat, pour les microcrédits accordés sur des ressources budgétaires
mobilisées dans le cadre de conventions conclues avec la BTS, et pour les autres ressources
appliquer un taux qui permet de couvrir les frais de fonctionnement.

Pour les microcrédits accordés par les sociétés anonymes, le montant maximum est de 20 000
dinars, avec 3 000 dinars pour le financement des crédits visant l’amélioration des conditions

28
de vie. Le taux à appliquer est le taux permettant de couvrir les dépenses effectives
nécessaires à l'octroi de ces crédits et notamment le coût des ressources, des opérations
d'encadrement et de formation et les frais d'exploitation.

1.1.3. Les conditions d’exercice

Conformément à l’art 11 du décret-loi 2011-117, l’exercice de l’activité de microfinance est


subordonné à l’obtention d’une autorisation préalable accordée par le ministre des finances
sur la base d’un rapport fourni par l’autorité de contrôle de la microfinance.

L’autorisation est accordée sous respect des conditions suivantes :

- Enoncer au niveau des statuts que l’objet est exclusivement l’accord des micro-
crédits ;

- Disposer des moyens techniques, humains et financiers lui permettant l’exercice de


l’activité ;

- Spécifier au niveau de son programme les zones d’intervention, les ressources et


activités de microcrédits et accessoires ;

- Harmoniser le contrat programme quinquennal, avec les besoins du marché et les


programmes nationaux, régionaux et locaux dans le domaine économique et social ;

- Assurer au niveau du contrat programme la pérennité financière de l’institution ;

- Libérer la totalité du capital minimum pour les sociétés anonymes et liquider la


dotation associative pour les associations.

Cette autorisation tient compte aussi de la qualité des actionnaires, ainsi que la qualification et
la réputation des dirigeants.

L’autorisation est accordée dans un délai maximum de quatre mois à compter de la date du
respect de toutes les informations précitées.

1.1.4. Mesures transitoires

Conscient des profonds changements apportés par cette nouvelle réglementation et compte
tenu également de la conjoncture exceptionnelle du pays, le législateur s’est voulu prudent en
prévoyant la suppression de loi organique 99-67 du 15 juillet 1999, relative aux microcrédits

29
accordés par les associations, qui régissait le secteur, tout en maintenant ses textes
d’applications jusqu’à l’édition des nouveaux textes.

Aussi, le décret-loi 2011-117 a prévu un délai d’une année, au profit des associations
autorisées à accorder des micro-crédits qui exerçaient en vertu de l’ancienne réglementation,
pour se conformer à ces nouvelles dispositions. Or, ce délai de rigueur est dépassé sans que
ces dernières ne régularisent leurs situations.

1.2. Les obligations comptables des entités exerçant la microfinance

En vertu de l’article 39 du décret-loi 2011-117, L’institution de microfinance est tenue de


tenir une comptabilité conformément aux normes comptables approuvées par arrêté du
ministre des finances. Or ces nouvelles normes demeurent non publiées, actuellement elles
sont au stade projet.

Ainsi, nous allons présenter les principales règles qui régissaient l’activité du micro-crédit et
qui demeurent à notre sens en vigueur, comme prévu au niveau des mesures transitoires dudit
décret-loi.

Il y a lieu de préciser à ce niveau que ces règles régissent les associations mais pas les sociétés
commerciales tel que prévu par la nouvelle réglementation.

La norme comptable 33 relative au contrôle interne et à l'organisation comptable prévoit


essentiellement au niveau de la seconde partie dédiée à l’organisation comptable que :

L'organisation comptable des associations autorisées à accorder des micro-crédits doit être
aménagée conformément aux règles prévues par la norme comptable ainsi qu'aux dispositions
de la norme 33. Cette organisation doit permettre la production de l'information financière
répondant aux besoins des utilisateurs des états financiers ainsi qu'aux besoins de contrôle que
peut exercer les autorités réglementaires ou encore les financeurs, les donateurs de fonds et les
subventionneurs.

Outre les livres comptables obligatoires , les associations autorisées à accorder des micro-
crédits doivent tenir un livre des cotisations, dons et subventions donnés et reçus et un livre
des actions bénévoles données et reçues sous forme de services. Ces livres doivent suivre une
séquence numérique ininterrompue et indiquer pour chaque enregistrement :

- l'identité complète de l'adhérent, du donateur ou du receveur ou bénéficiaires.

- le montant ou la nature des fonds ou des prestations reçues ou données.

30
- l'objet des fonds ou prestations reçues ou données.

Aussi, un document décrivant l'organisation et les procédures comptables doit être tenu par
l'association autorisée à accorder des micro-crédits pour faciliter la compréhension du
système de traitement comptable. Ce document doit comporter notamment :

-l'organisation et l'architecture du système comptable; la nomenclature comptable et les règles


de fonctionnement des comptes ;

-les principes et méthodes comptables retenues pour la comptabilisation des apports et les
schémas comptables correspondants ;

-les règles de classement et d'archivage des pièces justificatives et des documents


comptables.

1.3. Régime fiscal des entités exerçant la microfinance

Conformément aux dispositions de l’article premier du décret-loi 2011-117, les IMF


jouissent de la personnalité morale, ainsi nous allons présenter dans ce qui suit les principales
mesures fiscales qui régissent les IMF.

1.3.1. Régime fiscal en matière d’impôts directs

Comme indiqué précédemment, les IMF jouissent de la personnalité morale, ainsi elles sont
régies par les dispositions de l’art 45 du code de l’IRPP et de l’IS ainsi :

 Les IMF qui opèrent sous forme de sociétés anonymes, sont soumises à l’impôt sur les
sociétés au taux de 30% tels que prévu par l’art 49 du même code.

 Les IMF qui opèrent sous forme d’une association, sont hors champs d’application de
l’impôt sur les sociétés

1.3.2. Régime fiscal en matière de taxe sur la valeur ajoutée

L’article premier du décret-loi 2011-118 du 5 novembre 2011 portant mesures fiscales


spécifiques aux IMF, a confirmé l’exonération des commissions et intérêts accordés par les
institutions de microfinance, en revoyant au tableau « A » paragraphe « f » annexé au code de
la taxe sur la valeur ajoutée qui comporte la liste des opérations exonérées.

31
1.3.3. Régime fiscal en matière de droit d’enregistrement et de
timbres

Compte tenu de la spécificité de la population cible du secteur de la microfinance, le


législateur a instauré des mesures de faveur en matière de droit d’enregistrement et de timbres
qui sont :

 L’article 25 du code des droits d’enregistrement et de timbre prévoit l’enregistrement


à titre gratis des contrats de micro-crédits accordés par les IMF prévus par le décret-loi
2011-118 du 5 novembre 2011.

 L’article 118 paragraphe 12 du même code, exonère des droits de timbre les effets de
commerce tirés en garantie des micro-crédits accordés par les IMF prévus par le
décret-loi 2011-118 du 5 novembre 2011.

Section 2 : La réalité de la microfinance en Tunisie

2.1. Evolution de la microfinance en Tunisie

Plusieurs expériences ont été entreprises en Tunisie depuis l’indépendance et qui


s’apparentent au microcrédit, en offrant des financements à des personnes « éligibles » selon
le type de programme, permettant de lutter contre leurs exclusions et favorisant leurs
intégrations dans le tissu économique et social.

A cet effet, des entités ont été créées et plusieurs programmes ont été mis en œuvre.

Durant les années soixante, l’orientation était de favoriser le développement de l’agriculture


c’est ainsi que des fonds spéciaux de développement de l’agriculture et de la pêche (FOSDA
et FOSEP), il a eu le démarrage des caisses locales des crédits mutuelles (CLCM). 28

Aussi, la même période a été marquée par l’expérience coopérative et a donné lieu à
l’apparition des caisses d’épargne et de crédit (CEC) ayant pour mission principale le
financement des coopératives principalement agricoles. 29

28
Akaichi, M et Ezdin S. microfinance et développement économique, impact sur les créations d’emploi en
Tunisie, Journée d’économie financière, FSEG Mahdia 22 Avril 2005, page 5

29
Ziadi, L. la microfinance en Tunisie, une dynamique de développement durable, Journée d’économie
financière, FSEG Mahdia 22 Avril 2005

32
Vers les années soixante dix, l’Etat a instauré le programme régional de développement
(PRD), visant à promouvoir la création de l’emploi et à améliorer les conditions de vie des
populations rurales, un fond de promotion de la décentralisation industrielle (FOPRODI) a été
créé.

Les années quatre vingt ont connu la création du fonds national de l’artisanat et des petits
métiers (FONAPRAM), visant à promouvoir l’emploi indépEndant et la création des micro
entreprises, en facilitant l’instauration des petits projets entrepris par des petits promoteurs,
diplômés au ayant des qualifications dans le domaine de l’artisanat ou celui des petits métiers.
Courant cette même période, il y a eu le lancement des programmes de développement rural
intégré visant le développement harmonieux des régions et notamment les zones rurales et la
création du fond national de garantie (FNG) destiné à garantir le dénouement de certaines
catégories de prêts accordés dans le cadre de la politique nationale de développement.

« Depuis les années quatre vingt dix, la Tunisie a visé une nouvelle stratégie en faisant créer
des fonds publics spéciaux et des organismes privés destinés à soutenir financièrement les
créateurs de microprojets »30. Divers fonds stimulant directement le microcrédit ont été mis
en œuvre : le fonds national de solidarité, le fonds de promotion de l’emploi. Aussi, nous
avons assisté au lancement de la Banque Tunisienne de Solidarité et les organisations non
gouvernementales (les entités exerçant la microfinance en Tunisie seront traitées dans ce qui
suit). C’est ainsi que la notion de microcrédit est réellement apparue, s’est développée et
demeure en vigueur à ce jour, sauf que la nouvelle réglementation décret-loi 2011-117 du 5
novembre 2011 (tels que exposé ci-dessus au niveau du présent travail), est venue apporter
des améliorations à ce cadre en introduisant essentiellement le concept de la microassurance
et en ouvrant le secteur à l’investissement privé et en œuvrant pour la restructuration des
entités actuelles.

Toutefois, l’impact de ces changements dans la législation régissant le secteur ne peut être
estimé, du fait que les entités de microfinance continuent à exercer selon l’ancienne approche.

2.2. Présentation de la microfinance en Tunisie

2.2.1. Le marché de la microfinance en Tunisie

Afin de pouvoir analyser le marché de la microfinance en Tunisie, nous allons nous référer à
une étude récente (octobre 2011) intitulée « vision concertée pour le développement de la

30
Akaichi, M et Ezdin S. microfinance et développement économique, impact sur les créations d’emploi en
Tunisie, Journée d’économie financière, FSEG Mahdia 22 Avril 2005, page 5

33
microfinance en Tunisie 2011 – 2014 » et qui est le fruit d’une concertation entre ministères,
acteurs de la microfinance et bailleurs de fonds, sous la supervision et la coordination du
Ministère des Finances.

En vertu de cette étude, le marché de la microfinance peut être mieux appréhendé en faisant
une analyse de la demande potentielle et de l’offre actuelle, tels que présenté par le schéma
suivant :

a. La demande potentielle :

La demande potentielle en microfinance couvre une panoplie de gammes de services


financiers : le microcrédit, la micro assurance, le transfert d’argent et les moyens de
paiement, l’épargne.

En l’absence de données précises sur l’exclusion financière, l’étude a dû faire recours à des
données et des sources d’information secondaires permettant d’identifier que la clientèle
potentielle pour des services de microfinance est de 2,5 à 3 millions de personnes/entreprises,
dont 1,2 à 1,4 million pour le microcrédit

Cette clientèle regroupe 4 grands segments, qui correspondent à des sous-groupes plus
homogènes en termes de besoins et de risques.

1. Les personnes à bas revenus, y compris microentreprises


informelles/activités génératrices de revenus : entre 1,9 et 2,4 millions d’adultes, gagnant

34
moins de 3,5 Dinars par jour, dont environ 40% se trouvent en zone rurale - employés à bas
salaire, chômeurs, personnes auto-employées ou partiellement actives telles que les artisans
travaillant à la pièce, les femmes au foyer développant des petites activités génératrices de
revenus, les travailleurs saisonniers, etc. L’ensemble de cette population a besoin d’accéder à
une gamme de services financiers, y compris l’épargne, l’assurance, les moyens de paiement
et les transferts de fonds. Une partie de cette population, souvent estimée entre 30% et 50% 31,
aura besoin d’un crédit pour développer une activité génératrice de revenu/microentreprise
informelle. Une partie des employés à bas salaire pourra aussi souhaiter avoir accès à un
crédit pour améliorer son cadre de vie.

2. Les microentreprises formelles : patentées avec moins de 6 salariés et un


chiffre d’affaires annuel inférieur à 30 000 Dinars. Le Registre National des Entreprises (RNE
de l’INS) permet d’estimer à 395 000 le nombre de ces microentreprises formelles. Ces
dernières ont besoin de toute la gamme de services financiers, y compris de crédit fonds de
roulement, et de services non financiers tels que la formation technique et financière.

3. Les très petites entreprises (TPE) : patentées ou personnes morales, avec


un chiffre d’affaires annuel de 30 000 à 200 000 Dinars. Le RNE permet d’estimer à 30 000 le
nombre de ces TPE. Elles ont besoin de toute la gamme de services financiers, y compris de
crédit fonds de roulement et de crédit d’investissement, ainsi parfois que de fonds propres.
Elles ont d’autre part besoin de services non financiers afin d’accompagner leur formalisation
et leur croissance.

4. Les micro et très petites exploitations agricoles : les exploitations


agricoles dégageant un revenu annuel net inférieur à 6 000 Dinars et représentant l’activité
principale de l’exploitant. L’enquête sur les structures des exploitations agricoles du
Ministère de l’Agriculture (2004) permet d’en identifier près de 160 000. Ces exploitations
ont besoin d’assurance pour leur récolte ou leur élevage, ainsi que d’assurance personnelle, de
moyens de paiement et transferts de fonds, et parfois de crédit (fonds de roulement et
équipement).

b. L’offre actuelle :

L’offre actuelle en microfinance ne couvre que le domaine du microcrédit, les autres gammes
de services financiers n’y sont pas incluses. Ainsi, dans le cadre de notre analyse nous allons
nous intéresser à l’offre du microcrédit, avec une présentation générale du marché de
l’assurance (vu que la nouvelle législation a introduit ce concept).

31
Il est courant de par les expériences à l’étranger d’estimer la demande potentielle en crédit au tiers de la
population cible de la microfinance

35
 L’offre du microcrédit

Le marché du microcrédit en Tunisie est caractérisé par l’existence d’une dualité de l’offre
d’une part l'initiative publique via la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS) et les
associations de développements, d’autre part l’initiative privée via Enda-ia.

Les caractéristiques et les spécificités de ces deux initiatives seront présentées dans la sous
section suivante présentation des entités exerçant la microfinance en Tunisie.

En termes de crédit, les TPE ont pour partie accès à un compte bancaire et/ou postal, et leur
accès au crédit est limité par leur manque de garantie réelle et leur relative informalité. Les
microentreprises formelles sont dans la même situation, même si Enda inter-arabe
(Enda), les associations de microcrédit (AMC) et la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS)
financent parfois leur extension, voire leur création. Les personnes à bas revenus et
microentreprises informelles peuvent aussi bénéficier des services de Enda et des AMC.

Il en découle de ce qui a été développé ci-dessus, que le secteur du microcrédit ne répond que
partiellement à la demande, avec moins de 400 000 emprunteurs par rapport à une demande
potentielle de 1,2 à 1,4 million.

En effet, l'offre de services de microfinance peine à se développer à cause d'une infrastructure


de marché défaillante: les structures de marché nécessaires au bon développement de la
microfinance ne sont pas encore abouties.

 L’offre de la microassurance

En l’absence d’une réelle offre de la microassurance, nous allons nous intéresser à l’offre de
l’assurance dans sa notion large, par la suite, nous allons voir les expériences qui
s’apparentent de la microassurance.

Le marché de l’assurance en Tunisie est dominé par les assurances obligatoires, la culture de
l’assurance est peu développée, même au niveau des populations à haut revenu.

En effet, bien que le marché compte 18 entreprises résidentes fort d’un réseau
d’intermédiaires en assurance de (659 en 2008), La densité d’assurance (production
d’assurance rapportée à la population totale) demeure très faible par rapport à la moyenne
mondiale : 93 Dinars par habitant en 2008, par rapport à une moyenne mondiale de 634
dollars soit 824 Dinars 32 .

Pour ce qui est de la microassurance, on ne peut pas parler de l’existence d’un réel marché,
tout de même Enda a instauré depuis 2004 un service qui s’apparente de la microassurance,

32
Rapport MAC SA, Janvier 2010, Le secteur des assurances en Tunisie, Des lacunes à combler dans un secteur
en pleine mutation

36
c’est une forme de prévoyance, dont le coût est inclus dans le coût du prêt, qui joue le rôle
d’assurance décès et incapacité (radiation du restant dû du prêt et versement d’une indemnité
de 500 Dinars à la famille et ce en cas de décès, invalidité de l’emprunteur).

L’étude a conclu que l’offre est loin de satisfaire la demande, et ce tant pour le crédit que pour
l’ensemble des autres services financiers.

2.2.2. Présentation des entités exerçant la microfinance en Tunisie

 Enda inter-arabe

Enda inter-arabe est une ONG internationale à but non lucratif régie par la loi n° 93-80 du 26
juillet 1993 relative à l’installation des organisations non gouvernementales en Tunisie.
Membre de la famille Enda Tiers-Monde basée au Sénégal, elle a accompli 20 années
d’activité en Tunisie dont 15 années dans le domaine du microcrédit.

Ses premières activités ont été essentiellement consacrées à des projets écologiques :
aménagement du parc national de l’Ichkeul (avec un financement de l’Union européenne),
désertification (avec un financement du CRDI, Canada) et les plantes médicinales (financé par
Enda tiers-monde). En outre, pendant les années 90, Enda inter-arabe a organisé en Tunisie
six conférences internationales liées aux thèmes des grandes conférences thématiques des
Nations Unies.

En 1993, Enda a lancé dans la banlieue de Tunis un programme de développement


économique et social intégré (formation et insertion professionnelle des jeunes déscolarisés,
sensibilisation des femmes en matière de santé…) financé par l’Union Européenne et la
Coopération Espagnole.

En 1995, Enda a introduit un volet microcrédit et en 2000 a décidé de se consacrer à l’appui


aux micro-entrepreneurs, essentiellement à travers des services financiers (notamment le
microcrédit) et à l’appui aux micro-entreprises (formation, commercialisation, conseils…). En
2003, Enda a atteint le seuil de couverture de ses charges par ses produits d’exploitation, à
l’issue de sa 13ème année de fonctionnement grâce à l’application des "bonnes pratiques" de
la microfinance internationalement reconnues.

En mai 2005, Enda a obtenu du ministère des finances l’autorisation d’octroi de microcrédits
dans le cadre de la loi n° 99-67 du 15 juillet 1999 relative aux microcrédits accordés par les
associations, avec une dérogation qui lui permet d’appliquer des taux d’intérêts, qui servent à
couvrir ses frais de fonctionnement.

37
En juin 2005, la Banque Centrale de Tunisie a accordé à Enda le statut de "résident" lui
permettant de contracter des prêts auprès des banques tunisiennes pour financer son
expansion.

Actuellement Enda a entamé des démarches avancées afin de modifier sa forme juridique
pour se transformer en société anonyme, dans le souci de se conformer à la nouvelle
législation régissant les IMF

Enda œuvre depuis l’introduction du concept du microcrédit à appliquer les bonnes pratiques
internationales en matière de microfinance, ce que lui a valu les indicateurs et les
reconnaissances suivantes :

En 2005 et en 2006 elle s’est vue décerner les notes B "tendance positive" et B+"tendance
positive" par Planet Rating (B "tEndance positive").

En juillet 2008, MicroRate, lui a attribué la note a- pour ses performances financières et la
mention "excellent" pour ses performances sociales.

En décembre 2008, Enda a été classée 18ème parmi les IMF les plus performantes du monde
par le "Microfinance Information Exchange" (MIX Top 100 des IMF dans le monde). En
2007, elle était classée 30ème.

En 2012, Enda a reçu la note Alpha pour ses performances financières et « excellent » pour
ses performances sociales par MicroRate, agence de notation spécialisée en microfinance.
Elle se positionne parmi les 12% des institutions les mieux notées par MicroRate à ce jour, et
21ème IMF dans le classement Mix Market 2009.

Par ailleurs, Enda est membre fondateur du Réseau de la microfinance dans les pays arabes,
Sanabel, dont la présidence du conseil d’administration était assurée par la directrice
exécutive d’Enda, durant la période allant de décembre 2005 à mai 2008.

Aussi, Enda est membre du réseau Microfinance Network (MFN) basé à Mexico et
regroupant les 50 meilleures IMF au monde, ainsi que du réseau Women’s World Banking
(WWB) basé à New York et de l’African Microfinance Transparency (AMT).

Les performances de l’institution Enda inter-arabe se présentent comme suit 33:

Depuis qu’elle sert le microcrédit jusqu’à fin février 2013, 1 248 682 prêts ont été déboursés,
pour 402 420 bénéficiaires, totalisant 884 millions de dinars. Aussi, fin février 2013, le
nombre de clients actifs s’élève à 214 164 pour un encours global de 138 millions de dinars.

33
Source enda inter-arabe

38
En outre, Enda vise à promouvoir le genre féminin, plus de 70% des clients de cette
institution sont des femmes.

 La Banque Tunisienne de Solidarité (BTS) et les associations de développements

La BTS est une Banque créée en 1997 à l’initiative des autorités publiques et régie par les
dispositions de la loi 2001-65 du 10 juillet 2001 relative aux établissements de crédit et est
soumise à l’autorité de la Banque Centrale de Tunisie.

La banque finance le secteur financier à travers deux mécanismes :

- Le financement direct, objet de l’activité de la banque : toutes les opérations


commerciales à travers sa succursale au niveau du siège social et le financement du
microprojet (MPJ) et le PC familial (PCF) ;

- Le financement indirect : en sa qualité de gestionnaire de la ligne de financement mise


par l’Etat Tunisien à la disposition des associations de développement.

C’est cette seconde forme de financement qui nous intéresse, vu qu’elle couvre les
microcrédits accordées actuellement par les associations. Ainsi, cette initiative publique
présente les caractéristiques suivantes.

Relation entre l’Etat et la BTS :

- L’Etat s’engage à mettre à la disposition de la Banque une ligne de financement pour


le compte des AMC ;

- La Banque s’engage à ouvrir un compte spécial au nom de l’Etat, et à gérer ce compte


conformément aux bonnes règles et pratiques applicables dans le secteur bancaire et
aux textes réglementaires régissant le secteur du microcrédit ;

- Les ressources de ce compte spécial sont les ressources budgétaires de l’Etat et des
remboursements des AMC ;

- Les emplois de ce compte spécial sont les sommes mises à la disposition des AMC, et
les sommes prélevés par la Banque en contre partie de la commission de gestion et au
titre de la contribution au Fonds national de garantie ;

- La BTS reçoit une commission de gestion de la ligne de financement s’élevant à 1%


des déblocages ;

- La BTS s’engage à communiquer des états mensuels au ministre des finances se


rapportant notamment aux sommes débloquées, des crédits accordés par les AMC par
type de financement et par zone d’implantation…

39
Relation entre la BTS et les associations de développement

La BTS finance les associations de développement autorisées à accorder des microcrédits, en


vertu d’un accord liant les deux parties fixant les droits et obligations de chacune, matérialisé
par :

 Une convention cadre ;

 Un contrat programme.

a- La convention cadre

Est une convention liant la BTS et les AD qui s’engagent à coordonner leurs efforts pour la
réalisation des objectifs qualitatifs et quantitatifs en matière d’octroi, de gestion et de
remboursement des microcrédits.

A cet effet l’association s’engage à:

- Réaliser et suivre les projets prévus dans le contrat programme annuel ;

- Réserver la totalité du montant prévu dans le contrat programme annuel pour l’octroi
des microcrédits ;

- Effectuer les études technico-économiques des demandes reçues, à sélectionner les


bénéficiaires à prendre les décisions qui s’imposent et à notifier les réponses ;

- S’informer sur l’endettement des bénéficiaires ;

- Débloquer les crédits au profit des bénéficiaires après l’accomplissement de toutes les
procédures nécessaires, notamment l’encadrement et l’assistance des bénéficiaires ;

- Tenir les dossiers de prêts avec les pièces probantes ;

- Communiquer à la banque un état mensuel des engagements et des déblocages ;

- Virer mensuellement à la BTS les commissions revenant au fonds national de garantie


(FNG) ;

- Assurer le recouvrement des crédits et transférer les sommes dues à la BTS ;

- Assurer les mesures d’accompagnement aux bénéficiaires des prêts ;

- Tenir une comptabilité conformément au système comptable des entreprises ;

- Soumettre les états financiers à un audit par un commissaire aux comptes ;

- Exploiter l’application informatique mise à sa disposition par la BTS ;

40
- Soumettre les contrats de recrutement et de résiliation à l’approbation préalable de la
banque ;

- Préserver les équipements mis à disposition en vertu de la prime d’installation.

En contre partie, la BTS s’engage à :

- Virer les tranches convenues au niveau contrat programme annuel ;

- Assurer le suivi et le contrôle de l’activité de l’association au niveau des différents


aspects de gestion ;

- Fournir l’assistance technique aux cadres et aux agents de l’association d’une manière
directe ou indirectement à travers la réalisation des actions de formation.

b- Le contrat programme annuel

Le contrat programme annuel constitue un affinement de la convention cadre, en délimitant le


nombre et le volume de crédit, en définissant les zones d’interventions et la répartition
sectorielle des activités objet des financements projetés.

Ce contrat précise les obligations des deux parties :

L’association est tenue de:

- Accorder un certain nombre de crédits et distribuer les sommes mises à la disposition


de l’AD ;

- Réserver tout le montant à l’octroi exclusif des microcrédits ;

- Restituer les sommes non débloquées à la fin du programme à la Banque ;

- Atteindre un taux de recouvrement de 80% des crédits échus (ce taux est ramené à
70% pour certaines zones) ;

- Fournir à la BTS, dans le mois qui suit la fin du programme annuel, un état détaillé de
la situation (nombre de crédit, montant, prêt moyen…).

Réciproquement la Banque est tenue de:

- Verser les tranches si l’association assure un taux de recouvrement de 80% des crédits
échus ;

- Virer ces montants sur la base de quatre tranches annuelles, représentant chacune de
25% du montant annuel convenu dans le contrat ;

41
Pour ce qui est des performances de ce mécanisme de financement public :

 L’encours global à fin décembre 2012 s’élève à 162 million de dinars ;

 Depuis sa création jusqu’au 31 décembre 2012 34, 587 179 crédits ont été accordés
pour un montant total de 554 million de dinars ventilés comme suit :

o Nombre de crédits par genre : 56,2% pour les hommes et 43,8% pour les
femmes ;

o Par secteur :

Nature Nombre % Montant %


Amélioration conditions de vie 92 985 16% 51 109 9%
Agriculture 224 770 38% 228 323 41%
Artisanat 33 874 6% 28 288 5%
Petits métiers 77 439 13% 79 236 14%
Commerce 126 618 22% 124 564 23%
Services 31 493 5% 42 378 8%
Total 587 179 100% 553 898 100%

o Par zone géographique :

140000
120000
100000
80000
60000 Nombre

40000 Montant (MDT)

20000
0
Nord Nord Centre Centre Sud Est Sud
Est Ouest Est Ouest Ouest

34
Source BTS

42
2.3. Les impératifs de développement de la microfinance en Tunisie

Après la révolution du 14 janvier 2011, les Tunisiens se sont rendus compte de l’ampleur des
inégalités flagrantes entre les franges de la population et d’un niveau de pauvreté auparavant
sous estimé par les statistiques officielles. Aussi, ces premiers ont découvert des disparités
régionales flagrantes : les zones de l’intérieur du pays, qui regroupent 40% de la population,
sont plus touchées par le chômage et la pauvreté.

La microfinance a rapidement été identifiée comme l’un des outils pouvant aider à réduire ces
inégalités, lutter contre l’exclusion et renforcer le tissu économique.

En outre, bien avant la révolution plusieurs auteurs ont vu en la microfinance un remède


contre le chômage et la pauvreté, c’est ainsi que Akaichi et Ezdini 2005 ont conclu que
l’émergence de la microfinance constitue une nouvelle solution destinée pour le financement
des micro entrepreneurs. Une fois des sources financières sont mises à la disposition des
agents économiques demandeurs d’emplois, le marché de l’emploi sera affecté.

L’étude intitulée « vision concertée pour le développement de la microfinance en Tunisie


2011 – 2014 », a retenu la vision suivante « Une microfinance socialement responsable et
pérenne qui, à travers l'accès pour le plus grand nombre de personnes à des services financiers
de qualité, contribue à la lutte contre l’exclusion financière, au développement harmonieux
des régions et à la consolidation du tissu économique ».

2.3.1. Les forces et faiblesses du secteur de la microfinance en


Tunisie

Dans le cadre de cette analyse des forces et faiblesses du secteur de la microfinance en


Tunisie, nous allons présenter en premier les forces et par la suite les faiblesses.

(a) Les forces du secteur de la microfinance en Tunisie :

Le secteur de la microfinance en Tunisie présente les forces suivantes :

- Une excellente couverture géographique, touchant l’ensemble du territoire Tunisien :


290 AMC soit au moins une association par délégation, 24 agences BTS et 70
antennes Enda, appuyées par un fort réseau d’agence postales et bancaires (plus de
2 300 et une flotte de 45 guichets mobiles de la Poste) ;

- Une assez bonne expertise du secteur avec plus de 10 ans d’expérience ;

43
- L’existence d’une dualité de l’offre publique et privée permettant une meilleure
analyse ;

- L’existence d’une IMF (Enda) opérant dans le secteur classée parmi les meilleures à
l’échelle mondial ;

- Des conditions d’ouverture des comptes courants ou épargnes relativement flexibles et


abordables même pour les populations à bas revenus ;

- Une augmentation régulière du nombre des comptes bancaires et postaux, qui dénotent
de l’émergence progressive d’une culture financière ;

- Une couverture sociale relativement développée ;

- Une volonté politique orientée vers la promotion du secteur.

(b) Les faiblesses du secteur de la microfinance en Tunisie :

Le secteur de la microfinance en Tunisie présente aussi plusieurs faiblesses qui entravent son
développement dont :

- Une connaissance insuffisante des besoins en terme financier des personnes à faible
revenus ;

- Une mauvaise segmentation et définition des personnes cibles de la microfinance ;

- Une législation jusqu'à récemment très contraignante et restrictive (plafonnement du


montant, du taux d’intérêt, interdiction de l’épargne…) ;

- Un secteur semi-administré par l’Etat, marqué par l’orientation du crédit (ingérence


des pouvoirs publics) et provoquant une confusion entre crédit et don ;

- Un manque de ressource, et une forte dépendance de la contribution de l’Etat


notamment pour les AMC ;

- Une offre concentrée sur le microcrédit négligeant les autres volets de la microfinance
(microfinance, épargne…) ;

- Une fragmentation de l’offre prés de 300 AMC, dont les structures sont faibles ;

- Une faiblesse de l’infrastructure du marché pour le microcrédit : manque de données


fiables, absence d’un organe de contrôle et de supervision (avant la promulgation du
Décret-loi portant organisation de l'activité des institutions de microfinance) ;

44
- Une culture peu développée de l’épargne financière et un marché peu adopté à
l’émergence du concept de l’assurance ;

- Un retard au niveau de l’application des nouveaux textes règlementaires.

Ainsi, les forces et les faiblesses développées, nous allons présenter dans ce qui suit les
démarches à entreprendre pour le développement de la microfinance en Tunisie.

2.3.2. Les démarches à entreprendre pour le développement de la


microfinance

Dans ce cadre, nous allons nous référer aux résultats de deux études récentes menées en
Tunisie sur le marché de la microfinance.

La première datée du 9 mai 2010 (avant la révolution), intitulée « étude sur le marché de la
microfinance en Tunisie Contexte réglementaire, offre, demande et conditions de
développement », ordonnée par Délégation de l'Union Européenne à Tunis, pour le compte du
Ministère des Finances et réalisée par IBM Belgium SA.

La seconde datée octobre 2011(après la révolution) intitulée « vision concertée pour le


développement de la microfinance en Tunisie 2011 – 2014 », qui est le fruit d’une
concertation entre ministères, acteurs de la microfinance et bailleurs de fonds, sous la
supervision et la coordination du Ministère des Finances.

i. Les résultats de l’étude sur le marché de la microfinance en Tunisie Contexte


réglementaire, offre, demande et conditions de développement :

Les auteurs de cette étude ont conclu que la promotion et le développement de la


microfinance en Tunisie passe par :

 Favoriser une implication pertinente des autorités publiques pour éviter un


déséquilibre du secteur et initier l'émergence d'une microfinance durable en
favorisant la concurrence saine par l'implication des acteurs privés (avec ou
sans but de lucre), dans le respect des objectifs sociaux que la microfinance
doit se donner ;

 Disposer d'une classification claire pour la répartition des acteurs prestataires


de services dans le secteur formel, le secteur semi-formel et le secteur informel,
qui permet de définir un cadre réglementaire précis pour chacune des
catégories ;

45
 Favoriser le regroupement des IMF dans une association professionnelle qui
sert alors d’interlocuteur représentatif pour l’ensemble du secteur ;

 Disposer d’un cadre juridique qui fait une distinction claire entre la
réglementation prudentielle et celle non-prudentielle en limitant les effets
indésirables potentiels d’une sur-réglementation pour des activités qui ne le
nécessitent pas ;

 Couvrir de manière exhaustive et approfondie l’ensemble des éléments de la


réglementation non-prudentielle ;

 Classer les IMF dans des catégories déterminées en fonction des activités
qu’elles sont sensées prester en évitant tout risque d’arbitrage réglementaire ;

 Positionner au niveau réglementaire, la mesure du rôle social de la


microfinance ;

 Assurer la disponibilité de produits qui répondent aux attentes des populations


cible visées par les programmes de microfinance ;

 Disposer d’une articulation réussie entre l’offre de services financiers et non


financiers pour établir des structures d’appui aux clients de la microfinance,
destinées à les encadrer pour faciliter la réussite de leurs microprojets ;

 Avoir un paysage d’IMF dont la qualité du management correspond à la


position dans le secteur financier

ii. Les résultats de l’étude «vision concertée pour le développement de la microfinance


en Tunisie 2011 – 2014 :

Cette étude quatre axes stratégiques à mettre en œuvre pour stimuler la microfinance en
Tunisie :

Axe 1 : Mettre en place un cadre réglementaire et une supervision encourageant l’évolution


du secteur :

- Mener une première réforme encourageant l’évolution du microcrédit vers des


populations encore peu servies (employés à bas revenus, microentreprises et
TPE), permettant l’entrée de nouveaux acteurs et l’évolution institutionnelle
des acteurs actuels, mettant en place une supervision indépEndante et, enfin,
engageant la modernisation du secteur en établissant des normes exigeantes de
qualité des services, ainsi que les bonnes pratiques de gestion et de
gouvernance ;

46
- Mener une seconde réforme pour passer du microcrédit à la microfinance, avec
une réunification des supervisions bancaire et microfinance, et avec
l’ouverture, via l’introduction de nouvelles catégories d’établissements
financiers, à d’autres produits (épargne, moyens de paiement, assurance) et à
d’autres canaux de distribution comme la banque à distance et le mobile
banking.

Axe 2 : Contribuer via la microfinance au développement des régions et segments


prioritaires :

- Conduire une étude de marché détaillée pour mieux cerner les besoins de la
clientèle cible, mesurer l’adéquation de l’offre et identifier les régions et
segments prioritaires ;

- Mettre en place un cadre incitatif pour le développement de la microfinance


dans ces régions et pour ces segments, sans pour autant revenir vers un système
d’économie semi-administrée ;

- Assurer une dynamique collective efficace pour le déploiement de la


microfinance, via un cadre de coordination réunissant ministères, acteurs et
bailleurs de fonds.

Axe 3 : Structurer le secteur pour inscrire son impact dans la durée :

- Restructurer les AMC et redéfinir le rôle de la BTS et du FNG ;

- Mieux appréhender le rôle de la Poste dans le développement de la


microfinance et plus largement dans l’inclusion financière ;

- Privilégier progressivement l’implication du secteur financier privé pour le


refinancement de la microfinance.

Axe 4 : Promouvoir et accompagner une croissance responsable du secteur :

- Mettre en place une centrale des risques de microcrédits ;

- Assurer la transparence des performances du secteur, tant financières que


sociales, en créant un observatoire de l’inclusion financière ;

- Développer une capacité de formation en microfinance ;

- Garantir la protection des clients via une éducation financière.

Les résultats présentés par les deux études comportent plusieurs points en commun qui
favorisent le développement de la microfinance en Tunisie, dont notamment :

47
• La définition et le recensement claire de la population cible de la microfinance ;

• Le développement du cadre juridique ;

• L’offre de produits appropriés aux besoins des clients ;

• L’incitation à la création d’entités favorisant le regroupement des associations ;

• La notion sociale de la microfinance et l’importance des services non financiers ;

• Le renforcement de la qualification du personnel.

Toutefois, les constats de l’étude vision concertée pour le développement de la microfinance


en Tunisie, sont plus avant-gardistes notamment en proposant, le développement du secteur
du microcrédit à la microfinance, l’intégration du secteur financier privée et le renforcement
des règles de supervision et de contrôle. D’ailleurs plusieurs points de cette étude ont été
retenus dans la nouvelle législation.

Conclusion de la première partie

Cette première partie nous a permis de mieux cerner les enjeux de la microfinance aussi bien
à l’échelle internationale qu’à l’échelle nationale.

A l’échelle internationale nous avons traité, les facteurs qui ont favorisé l’émergence et le
développement de la microfinance. Sur le plan interne, nous avons essayé de mieux
appréhender la réalité de la microfinance, compte tenu des divers changements politiques,
législatifs, économiques et sociaux.

Le professeur Muhammad Yunus, père du microcrédit et fondateur de la Grameen Bank cite


que « Le microcrédit est un mouvement, dont le fondement n’est pas l’argent, mais qui utilise
l’argent pour atteindre ses objectifs. L’argent peut être utilisé pour le bien ou pour le mal. Il
peut libérer ou asservir, il peut aider des rêves à se réaliser ou causer des tragédies ». 35

C’est ainsi que les IMF devraient répondre à ce souci : atteindre les objectifs qui lui sont
assignés tout en évitant le dérapage et ceci ne peut se faire que via la maitrise des risques,
cette notion sera traitée au niveau de la deuxième partie de ce mémoire.

35
Professeur Muhammad Yunus, fondateur de la Grameen Bank au Bangladesh,

48
Deuxième partie : Notion de risque et les outils de maîtrise
des risques dans les IMF

49
Introduction de la deuxième partie

Nous allons essayer dans le cadre de cette deuxième partie d’appréhender la notion du risque
et de contrôle au sein des entités de microfinance.

Le premier chapitre sera consacré à l’identification et l’énumération des différents risques


relatifs à l’activité de microfinance en général. Ces risques ont été scindés en risques internes
sur lesquels l’institution peut agir et risques externes qui ne dépendent pas de l’institution.

Le second chapitre évoquera la relation étroite qui existe entre le contrôle et le risque. Ensuite
nous allons traiter le développement de la notion de contrôle au sein des AMC et la
présentation de la méthodologie de recherche à adopter. Enfin, dans le cadre de la dernière
section, nous allons nous intéresser aux pratiques de gestion du risque de crédit au sein des
IMF, corroboré par les pratiques en vigueur détectées au sein l’institution objet de notre étude
empirique.

Chapitre 1 : Les risques associés à l’activité de microfinance

La notion du risque est une composante essentielle de toute activité, l’activité de la


microfinance ne déroge pas à cette règle et est par conséquent exposée à des différents
risques.

Section 1 : Définitions et mécanismes de gestion des risques

1.1. Définitions de la gestion des risques

« Le risque est l’exposition à une forte probabilité de perte. Le risque n’est pas une mauvaise
chose en soi. Parfois, c’est important de prendre des risques pour atteindre des objectifs
louables qui valent vraiment la peine… Le risque est indispensable pour la bonne marche des
activités de micro-crédits mais il est très important de prendre plutôt des risques calculés.

La gestion du risque, ou la prise de risques calculés, réduit la probabilité de réaliser des pertes
et minimise le degré de la perte au cas où celle-ci arriverait. La gestion de risque implique la

50
prévention des problèmes potentiels et la détection anticipée des problèmes réels quand ceux-
ci arrivent ». 36

La nature de l’activité de l’IMF, le commerce de l’argent, constitue une activité à risque par
excellence. Prêter à des personnes défavorisées, opérant dans le secteur informel sans
véritable garantie.

1.2. Les mécanismes de gestion des risques

D’après Campion A (2000) la gestion des risques est une démarche itérative qui passe par six
étapes tels que présentées dans la figure suivante. 37

36
Churchill, C. et coster,D. manuel de gestion des risques en microfinance, CARE, 2001, page 2
37
Campion, A. améliorer le contrôle interne : guide pratique à l’usage des institutions de microfinance,
Microfinance Network / GTZ, 2000, page 8

51
1.2.1. Identifier, évaluer et classer les risques par ordre de priorité

L’identification des vulnérabilités est l’affaire de tous les employés et essentiellement les
responsables qui sont tenus d’identifier les principaux risques et de les classer par ordre de
priorité et les communiquer à l’organe de gouvernance. Ensuite il incombe à cette dernière de
vérifier et approuver les résultats et déterminer en concertation avec le management l’impact
néfaste de chaque risque

1.2.2. Développer des stratégies pour mesurer les risques

Une fois les risques identifiés, évalués et classés, l’organe d’administration fixe les
orientations et les stratégies appropriées à mettre en place pour mesurer et surveiller ces
risques. En réaction la direction propose : des démarches, des indicateurs et des ratios
susceptibles de mesurer et de suivre régulièrement (la fréquence diffère selon la nature) les
risques.

1.2.3. Elaborer des politiques et des procédures pour atténuer les


risques

Le management conçoit des procédures et directives opérationnelles visant à réduire chaque


risque dans la mesure voulue. Ces directives et procédures indiquent d’une façon claire et
succincte aux employés comment mener des transactions et intégrer des mesures de contrôle
interne efficaces.

1.2.4. Mettre en œuvre les contrôles et attribuer les responsabilités

A ce niveau, les outils de contrôles et les délimitations des responsabilités sont mis en œuvre
par la direction, qui doit être attentive au feed-back des intervenants. Aussi, certains cadres
auront la tache de superviser la mise en place des contrôles et leur correcte application dans le
temps.

1.2.5. Tester l'efficacité du processus et évaluer les résultats

Une fois le processus de contrôle mis en œuvre, l'IMF ne doit pas tomber dans
l’autosatisfaction. Des indicateurs et des paramètres doivent être conçus pour détecter les
éventuellement défaillances de conception ou d’application. Ensuite c’est aux organes de
gouvernance et de direction d’apprécier si les outils et contrôles contribuent à atteindre les
objectifs escomptés de leurs mises en œuvre. Il est important de noter, que le rythme

52
d’appréciation de la fiabilité des contrôles, diffère selon la nature du risque. Par exemple le
portefeuille à risque doit être suivi hebdomadairement, alors que le taux de rotation du
personnel peut s’opérer à chaque arrêté des comptes.

1.2.6. Amender les politiques et procédures dès que nécessaire

L’appréciation des politiques et procédures de contrôle mises en œuvre peut relever des
insuffisances, ou encore des nouveaux risques peuvent naturellement apparaitre. La direction
en concertation avec le conseil d’administration doivent concevoir, amender ou améliorer les
outils de maitrise du risque, veiller à leur mise en œuvre et tester leur efficacité et évaluer les
résultats.

C’est ainsi que le processus de gestion du risque renait, d’où ce processus dynamique. Il est
important de signaler que même si l’IMF juge que son dispositif de gestion des risques est
performant elle ne doit pas arrêter ce processus.

En effet, « les IMF opérant dans des environnements de risque très changeants, le processus
de gestion des risques est continuel. En créant une infrastructure et un système incorporant la
gestion des risques à sa culture, l'IMF fait en sorte que tout le personnel contribue à identifier
et à revoir et amender régulièrement les politiques et procédures anticiper les risques
potentiels » . 38

Cette approche entraine une redéfinition de la relation entre le contrôle interne et la gestion du
risque (qui sera traitée au niveau de la section 2 du chap. 2 de cette seconde partie).

Section 2 : Typologie des risques au sein d’une IMF

Compte tenu de la spécificité et la de diversité du secteur de la microfinance, nous allons


essayer dans cette section d’énumérer l’ensemble des risques auxquels les opérateurs de la
microfinance sont confrontés.

Dans ce cadre nous avons essayé de scinder ces risques en deux catégories majeures :

 Les risques internes ;

 Les risques externes.

38
Campion, A. amèliorer le contrôle interne : guide pratique à l’usage des institutions de microfinance,
Microfinance Network / GTZ, 2000, page 7

53
2.1. Les risques internes

Les risques internes (ou endogènes), sont les risques qui dépendent l’IMF, c'est-à-dire que
cette dernière peut intervenir et agir sur ces risques.

Nous avons identifié à ce niveau trois composantes essentielles :

 Risques Institutionnels ;

 Risques opérationnels ;

 Risques de Gestion Financière.

2.1.1. Risques Institutionnels

Le but ultime et commun recherché par toute institution de microfinance est de fournir : des
services financiers adaptés, à un nombre important de personnes à faibles revenus, de façon
durable et d’une manière indépEndante pour qu’elles puissent améliorer leurs conditions de
vie. 39

Toutefois, le fait de vouloir atteindre ces objectifs, entraine que l’IMF soit exposée à ce
niveau à quatre risques, que nous avons qualifiés d’institutionnels et qui sont:

− risques liés à la mission sociale,

− risques liés à la mission commerciale,

− risque de dépendance,

− risque de réputation.

2.1.1.1. Le risque lié à la mission sociale

En général, les IMF cherchent à réussir leur mission sociale, qui consiste (a) à offrir des
services financiers adaptés, (b) à un nombre important de personnes à faibles revenus, pour
qu’elles puissent (c) améliorer leurs conditions de vie. 40

Ainsi, il est important de revenir sur ces termes afin de mieux cerner les risques associés à une
telle mission :

39
Churchill, C. et coster, D. manuel de gestion des risques en microfinance, CARE, 2001, page 7
40
Churchill, C. et coster, D. manuel de gestion des risques en microfinance, CARE, 2001, page 7

54
(a) Offrir des services financiers adaptés, il en découle que l’IMF risque de proposer
des services financiers qui ne correspondent pas aux besoins de leurs clients ;

(b) Nombre important de personnes à faibles revenus, ainsi l’IMF risque de toucher
une proportion faible des ces personnes ou encore ne pas toucher la population
cible ;

(c) Améliorer les conditions de vie ; les crédits sont destinés aider les gens à avoir une
vie meilleure et non pas les entrainer dans un cercle de surendettement.

2.1.1.2. Le risque lié à la mission commerciale

Comme indiqué ci-dessus, outre les objectifs escomptés liés à la mission sociale, l’IMF
cherche à offrir ses services de façon durable, par conséquent, elle est tenue d’assurer sa
pérennité et de devenir autosuffisante.

L’IMF doit prendre des décisions basées sur des règles économiques, sans aucun sentiment de
charité. Les clients des IMF ont besoin d’un partenaire qui les accompagne dans toutes les
phases de leur vie et ceci ne peut être assuré que si ce dernier dispose des ressources pour
répondre à ce souci. Ainsi, pour pouvoir assurer son développement et celui de ses clients,
l’IMF veille à assurer sa pérennité et à dégager les bénéfices de croissance convenables.

A défaut de mettre en place des procédures et des règles se basant sur une gestion saine qui
vise la rentabilité, l’IMF devient vulnérable et risque de ne plus offrir ses services de façon
durable.

Il existe certes un conflit entre la mission sociale et la mission commerciale, le défi de toute
IMF est d’assurer en permanence l’équilibre entre ces deux missions, afin que l’objectif
assigné à une mission n’affecte pas l’autre.

2.1.1.3. Le risque de dépendance

L’IMF cherche à définir et servir sa population cible d’une manière indépendante


(promouvoir les femmes, des secteurs, le rural…), pour pouvoir réaliser sa mission annoncée
et ses programmes sans l’immixtion d’une partie quelconque, l’institution doit être
indépendante essentiellement à deux niveaux :

− Les organes de gouvernance et de direction,

− Les sources de financement.

55
L’indépendance des organes de gouvernance et de direction est affectée lorsque ces derniers
« sont (désignés) et ne résultent pas d’une réelle rencontre de volonté » 41. En effet plusieurs
IMF qui sont soutenues par des organisations internationales bénéficient certes de l’appui de
ces dernières, mais sont gérées comme des projets. Dans certains autres cas, le choix
(l’élection) du comité directeur reste soumis à l’approbation informelle des autorités.

Compte tenu de cette dépendance, les organes de gouvernance et de direction vont favoriser
les intérêts des parties auxquels ils sont rattachés plutôt que les intérêts de l’institution.

En général, le pouvoir de négociation des IMF est limité pour pouvoir récolter les fonds
nécessaires. C’est ainsi que les bailleurs de fond peuvent influer de façon considérable sur les
orientations et les choix des ces institutions. L’exemple le plus marquant à ce niveau est les
associations de développement en Tunisie, dont les ressources sont largement sinon
exclusivement tributaires de la ligne de financement gérée par la BTS, qui leurs offre des
financements non rémunérés (taux zéro), mais qui leurs imposent des conditions en matière
d’utilisation de ces fonds via les contrats-programmes annuels.

2.1.1.4. Le risque de réputation

L’un des facteurs de sucées important de l’IMF c’est sa réputation vis-à-vis de sa clientèle.

En effet, l’IMF doit veiller en permanence à la réalisation de sa mission annoncée sans aucune
autre considération (politique, partisane, régionale…), ce qui favorise l’accroissement de sa
notoriété auprès de sa clientèle actuelle et potentielle.

Cette réputation peut être considérablement entachée, tels est le cas par la majorité des
associations de développement en Tunisie, dont la notoriété a été touchée vu leur
rattachement étroit des structures aux pouvoirs, ce qui a justifié les actes vandalismes et de
saccages perpétrés à leur encontre lors de la révolution du 14 Janvier 2011.

2.1.2. Risques opérationnels

Le risque opérationnel se définit comme étant le risque de pertes résultant de la carence ou


défaillances attribuables à la conception, à l’organisation et à la mise en œuvre des procédures
aux erreurs humaines ou techniques » 42

41
Gabsi, N. les spécificités des associations autorisées à accorder les micro-crédits et leur impact sur la mission
du commissaire aux comptes, mémoire d’expertise comptable, ISCAE, Juillet 2010, page 86
42
Circulaire BCT aux établissements de crédit N 2006-19, du 28/11/2006 relative au Contrôle interne Art 45

56
Dans le cadre de ce présent mémoire, nous allons considérer comme risque opérationnel : la
vulnérabilité à laquelle est confrontée l’IMF dans sa gestion quotidienne :

Dans ce sens ce risque est composé de trois composantes essentielles :

 Le risque de crédit ;

 Le risque de fraude ;

 Le risque de sécurité.

2.1.2.1. Le risque de crédit

Compte tenu de la nature de l’activité de l’institution de microfinance qui s’apparente de celle


des banques, octroi de prêt, cette dernière demeure soumise à un risque majeur qui est le
risque de crédit.
43
La notion du risque de crédit retenue par la réglementation bancaire s’entend du risque
encouru en cas de défaillance d’une contrepartie ou de contreparties considérées comme un
même bénéficiaire.

En microfinance, le risque de crédit se présente comme « la perte de revenus ou de capital


lorsqu'un client ne respecte pas les échéances d'un prêt. Dans une institution de microfinance,
chaque microcrédit est assorti d'un risque de crédit relativement faible. En effet, chacun de ces
prêts de taille réduite représente généralement un pourcentage infime du portefeuille total.
Néanmoins, le microcrédit étant généralement de courte durée et non garanti, les portefeuilles
de microprêts tendent à être plus volatiles et leur qualité peut se détériorer plus rapidement
que dans des institutions financières traditionnelles »44.

Le risque de crédit est lié aux deux intervenants dans le processus d’octroi de prêt à
savoir l’institution et ses clients :

a- l’institution

Le risque de crédit peut sensiblement varier compte tenu :

- De l’organisation interne et des procédures mises en œuvre ;

- Des moyens humains et techniques disponibles ;

43
Circulaire BCT aux établissements de crédit N 2006-19, du 28/11/2006 relative au Contrôle interne Art 22
44
Campion, A. améliorer le contrôle interne : guide pratique à l’usage des institutions de microfinance,
Microfinance Network / GTZ, 2000, page 9

57
- De la stratégie retenue par le management et la gouvernance ;

- Du degré de maturité de l’institution ;

- De la taille et la dispersion géographique.

b- Le client (l’emprunteur)

Le risque de crédit est tributaire aussi de la personne ayant bénéficié de prêt :

- Ses aptitudes entrepreneuriales ;

- Ses valeurs morales et son mode de vie ;

- La nature de son projet et l’implantation géographique ;

- Son sexe.

2.1.2.2. Le risque de fraude

La fraude est une tromperie délibérément perpétrée dans le but de s’attribuer des gains de
façon déloyale ou illégale. Ainsi, « La fraude peut se présenter sous la forme d'un seul gros
problème ou d'une série de petits problèmes »45.

« Le risque de fraude concerne les pertes financières résultant d'une escroquerie


intentionnelle par un employé ou un client » 46.

De part leur nature les IMF constituent un terrain naturellement favorable à la fraude du fait
qu’elles :

- Manipulent beaucoup d’argent en espèces ;

- Interviennent en grande partie dans le secteur informel ;

- Traitent en général avec une clientèle ne sachant pas lire la langue dans laquelle les
opérations se font ;

45
CGAP, audit externe des institutions de microfinance : guide pratique, Groupe consultatif d’Assistance aux
plus Pauvres, Volume 1, Décembre 1998, page 15
46
Campion, A. améliorer le contrôle interne : guide pratique à l’usage des institutions de microfinance,
Microfinance Network / GTZ, 2000, page 10

58
- Exercent le métier de base des banques avec un personnel n’ayant pas la formation
requise et encore avec des systèmes d’information inappropriés.

Toutes ces raisons évoquées ci-dessus expliquent les causes de l’attractivité des IMF pour les
candidats à la fraude.

La fraude peut prendre diverses formes, la revue de la littérature de la microfinance nous a


permis de constater que les fraudes les plus répondues dans le secteur sont :

- Octroi de crédits fictifs (prêts fantômes) ;

- Collecte des remboursements du client, sans reversement de l’argent à l’IMF ou


reversement en retard ;

- Collecte le remboursement des crédits passés en perte pour son compte ;

- Accord de crédit relais ;

- Octroi de crédits à des personnes ayant des liens de parenté ne remplissant pas les
conditions ;

- Octroi des crédits à des clients moyennant des commissions (pots de vin) ;

- Majoration du montant du crédit sollicité et se faire octroyer la différence ;

- Chargement de frais indus lors du déboursement ou remboursement du prêt ;

- Le détournement de fonds (vol d’espèces).

En outre, divers facteurs accentuent la vulnérabilité des IMF vis-à-vis de la fraude :

- Un portefeuille de mauvaise qualité ;

- Un système d’information à peine opérationnel ou un changement intervenu au niveau


du système d’information ;

- Un taux élevé de rotation du personnel ;

- Un fort taux de croissance ;

- Manipulation fréquente d’espèces.

59
2.1.2.3. Le risque de Sécurité

Compte tenu de la nature de l’environnement dans lequel opèrent généralement les IMF
(quartiers pauvres et défavorisés à haut risque de criminalité), ces dernières sont exposées à
un fort risque sécuritaire.

Ce risque de sécurité ou de vol peut être scindé en deux catégories :

- Le risque de vol de cash, résultant de la manipulation d’espèces qui présente la


principale tentation des voleurs ;
- Le risque de perte ou de détournement des biens meubles et immeubles, tels que les
ordinateurs, les équipements de bureau, les dossiers…

L’IMF demeure très vulnérable à ce risque, qui peut affecter substantielle son existence et son
développement.

2.1.3. Risques de gestion financière

Le risque de gestion financière est tributaire des choix opérés par les décideurs, quant au
mode de gestion, des procédures et des stratégies mis en en œuvre pour optimiser la gestion
financière de l’institution.

Les principaux risques qui en découlent sont :

- Le risque de gestion actifs passifs ;

- Le risque lié au système d’information et technologique ;

- Le risque d’inefficacité.

2.1.3.1. Le risque de gestion actifs passifs

La gestion actifs passifs ou « L’Asset/Liability Management est une méthodologie qui permet
de gérer une institution financière de telle manière que les décisions sur les actifs et les passifs
soient coordonnées. C’est un processus qui englobe la formulation, l’implémentation, le
pilotage et la révision des stratégies relatives aux actifs et passifs dans le but d'atteindre des
objectifs financiers pour un niveau de risque donné sous des contraintes prédéfinies »47.

Deux principaux risques sont identifiés à ce niveau :

47
Langmeier, R. Asset/Liabilty Management, Ecole des HEC Université de Lausanne, Avril 2000 , page 1

60
- Le risque du taux d’intérêt ;

- Le risque de liquidité.

a) le risque du taux d’intérêt

Le taux d’intérêt appliqué par une IMF est généralement déterminé pour couvrir : le coût des
ressources et tous les autres frais nécessaires (exploitations et autres) et dégager un surplus (la
marge).

C’est ainsi que le risque du taux d’intérêt peut être défini comme étant la résultante de
l’adéquation entre le coût des emplois et le coût des ressources pour les IMF.

Une IMF qui tient compte, lors de la détermination du taux d’intérêt à appliquer sur ces prêts
octroyés, des frais et coûts exposés ci-dessus se voit son risque du taux d’intérêt
substantiellement réduit. Par contre, l’IMF dont le taux d’intérêt appliqué ne prend pas en
considération le coût des ressources, se voit fortement exposée au risque du taux d’intérêt ce
qui affecte leur viabilité.

La réglementation Tunisienne est hybride à ce niveau. En effet, les IMF sont libres de
déterminer le taux d’intérêt à appliquer. Toutefois, les IMF qui se refinancent par les
ressources budgétaires mobilisées dans le cadre de conventions conclues avec la banque
tunisienne de solidarité sont contraintes d’appliquer un taux maximum de 5%.

b) le risque de liquidité

Comme toute institution de prêt, les fonds des IMF se composent essentiellement des crédits
ou subventions contractés et des remboursements collectés, alors les déboursements couvrent
les nouveaux prêts octroyés et les dépenses de financement, d’exploitation, et
d’investissements encourues.

L’art 38 de la circulaire BCT aux établissements de crédit définit le risque de liquidité


comme le risque (pour l’établissement de crédit) de ne pas pouvoir s’acquitter, dans les
conditions normales, de leurs engagements à leur échéance.

L’IMF doit veiller en permanence à ce que les fonds disponibles permettent de couvrir les
dépenses, à défaut cette première risque de se trouver dans l’incapacité de faire face à ses
engagements avec toutes les conséquences graves qui en résultent.

61
2.1.3.2. Le risque lié au système d’information et technologique

« La fonction première d'un système d'information de gestion est de fournir des informations
utilisables par les gestionnaires pour prendre des décisions. Or, les indicateurs sont la forme la
plus concise de présentation de ces informations ». 48

Ainsi, les indicateurs divulgués par les systèmes d’informations, affectent et influent
directement sur les choix stratégiques et opérationnels des IMF. Pour cela tout système
d’information doit répondre à quatre critères de base à savoir :

- La disponibilité : l’aptitude des systèmes à remplir une fonction dans les conditions
prédéfinies d’horaires, de délais, de performances ;

- L’intégrité : la propriété qui assure que des informations sont identiques en deux
points, dans le temps et dans l’espace ;

- La confidentialité : la propriété qui assure la tenue secrète des informations avec accès
aux seules entités ou personnes autorisées ;

- Le contrôle et la preuve : la faculté de vérifier le bon déroulement d’une fonction.

Le risque lié à l’intégrité des systèmes d’information (le défaut de l’une ou plusieurs des
composantes ci-dessus développée) peut se présenter comme un des risques majeurs qui
pèsent sur l’activité. En effet, « Une IMF qui ne s’assure pas que ces rapports essentiels sont
précis évolue dans l’obscurité » 49.

2.1.3.3. Le risque d’inefficacité

Toute IMF qui se veut pérenne, doit en permanence veiller à être efficiente et performante, et
ceci passe forcément par la minimisation de ces coûts marginaux.

En effet, l’efficacité des IMF a un effet direct sur la nature des prestations fournies aux
clients, et ce aussi bien en terme de coût qu’en terme de qualité. Exp : Les IMF ayant atteint
un certain stade de croissance et de maturité peuvent bénéficier de l’économie d’échelles et
ainsi réduire leur taux d’intérêt sans affecter la qualité ; par contre les IMF en phase de
croissance ou de petite taille (à l’instar de la majorité des associations de microcrédits
Tunisienne) ne peuvent pas assurer l’équilibre de cette équation.

48
Waterfield, C. et Ramsing, N. systèmes d’information de gestion pour les institutions de microfinance, guide
pratique, Groupe consultatif d’Assistance aux plus Pauvres, Février 1998, page 45
49
Churchill, C. et coster, D. manuel de gestion des risques en microfinance, CARE, 2001, page 84

62
L’IMF doit mettre en place les outils et mécanismes nécessaires permettant de maitriser le
risque d’inefficacité, à défaut elle risque de surfacturer ces prestations.

2.2. Les Risques externes

Outre les risques exposés ci-dessus, les IMF sont exposés à des risques sur lesquels elles ne
peuvent pas agir ou encore agir d’une manière limitée. Ces risques sont qualifiés de risques
externes.

Nous allons essayer, dans ce qui suit, d’énumérer et de développer ces risques à savoir :

- Le risque réglementaire ;

- Le risque de concurrence ;

- Le risque démographique ;

- Le risque de l’environnement physique ;

- Le risque macroéconomique.

2.2.1. Le risque réglementaire

La réglementation régissant le secteur de la microfinance diverge substantiellement dans le


temps et dans l’espace. Cette divergence peut être expliquée essentiellement par le fait que la
législation cherche à formaliser l’informel.

Une fois, les opérateurs de la microfinance ont pris leurs temps pour tester leur méthodologie
et se développer, que les autorités règlementaires commencent à s’intéresser à ce secteur pour
fixer les règles de jeux.

Cette intervention peut être constructive et favorise le développement. Cependant, « Les


autorités politiques et de réglementation qui n’apprécient pas les spécificités de la
microfinance pourraient lui imposer des règlements irraisonnables, ce qui pourrait étouffer
l’industrie »50.

A cet effet plusieurs réglementations constituent des entraves aux développements de la


microfinance. Telles que :

 La limitation du taux d’intérêt ;

50
Churchill, C. et coster, D. manuel de gestion des risques en microfinance, CARE, 2001, page 87

63
 La non accessibilité à l’intermédiation financière ;

 Le plafonnement du montant ;

 L’orientation du crédit.

2.2.1.1. La limitation du taux d’intérêt

Certaines législations limitent le taux d’intérêt à appliquer pour les crédits accordés, partant
du principe que ces crédits sont destinés à une population défavorisée.

Cette limitation peut enfreindre le développement des IMF qui ont besoin de ressources
supplémentaires pour assurer leur pérennité. En effet, compte tenu de la spécificité de
l’activité de la microfinance, accord de crédits à faible montant à un nombre maximum des
clients, ce qui nécessitent la mobilisation des charges financières et d’exploitation élevées.

C’est ainsi, que les IMF sont contraintes d’appliquer des taux d’intérêt élevés à deux chiffres
(entre 20 et 50%) nettement supérieurs aux taux d'intérêt excessifs en vigueur.

En Tunisie, la législation a évolué (voir dans ce sens le Chapitre II de la Partie I) pour arriver
in-fine à une solution hybride retenue par l’art 2 de l’arrêté du ministre des finances du 18
janvier 2012, relatif à la fixation du montant maximum du micro-crédit et des conditions
de on octroi par les institutions de micro finance qui stipule :« Le taux d'intérêt annuel
maximum appliqué au micro-crédit accordé par l'institution de microfinance est fixé à 5%...
Les conditions de crédit susvisées s'appliquent aux micro-crédits accordés sur des ressources
budgétaires mobilisées dans le cadre de conventions conclues avec la banque tunisienne de
solidarité. Le taux d'intérêt des micro-crédits accordés sur des ressources autres que celles
susvisées, tient compte des dépenses effectives nécessaires à l'octroi de ces crédits et
notamment le coût des ressources, des opérations d'encadrement et de formation et les frais
d'exploitation ».

2.2.1.2. La non accessibilité à l’intermédiation financière

Compte tenu de diversité des formes des entités exerçant la microfinance (Banque, Institution
de microfinance, coopératives, associations…), certaines institutions se trouvent en vertu de la
législation régissant le secteur dans l’impossibilité de collecter l’épargne auprès de ces clients.
En effet, l’accessibilité à l’intermédiation financière favorise la collecte des ressources à bon
marché. Cependant, la non accessibilité engendre des surcoûts pour l’institution qui est
obligée de se refinancer auprès du marché et ce outre le manque à gagner résultant de la non
fidélisation de la clientèle, en leur offrant la possibilité d’épargner.

64
En Tunisie, et malgré l’évolution de la législation les IMF quelque soit leurs formes ne
peuvent collecter l’épargne auprès du public.

2.2.1.3. Le plafonnement du montant

Un autre facteur réglementaire pouvant compromettre le développement de l’IMF, est le


plafonnement du montant du crédit à octroyer. C’est ainsi que à un certain stade les
institutions ne peuvent plus répondre aux besoins de leurs clientèles et leurs offrir un produit
en adéquation avec leur besoins. Conscient de l’importance de ce facteur dans l’accroissement
de l’IMF, le législateur Tunisien a fréquemment revu à la hausse ce plafond.

2.2.1.4. L’orientation du crédit

Bien que ce risque puisse ne pas relever directement des risques règlementaires, le risque de
l’orientation du crédit pèse sensiblement sur les IMF. En effet, les autorités politiques usent
de leur pouvoir pour accorder des crédits 51 à des personnes non éligibles et non solvables. Ce
risque et d’autant plus fort dans les pays de l’Afrique de L’Ouest où les autorités obligent les
IMF à verser des crédits (sous forme de don) à la veille des élections pour augmenter le
nombre de sympathisants…

2.2.2. Le risque de concurrence

Comme toute entité économique, l’IMF demeure toujours confrontée aux risques de
concurrence, cette concurrence peut émaner soit d’autres IMF, soit des banques ou encore
d’autres associations non spécialisées dans la microfinance telle que, le cas en Tunisie de
l’ATM (Association Tunisienne des Mères), ONA (Office National de l’Artisanat)…

Ainsi, les principales sources de risques de concurrence sont :

- L’Ignorance que les concurrents offrent les mêmes produits aux mêmes clients ;

- Méconnaissance des services des concurrents ;

- Manque d’information sur la performance actuelle et passée des clients auprès de la


concurrence.

En effet, les IMF qui ne disposent de ces données peuvent perdre leurs clients et ainsi perdre
des parts de marché ce qui entrave leur développement.
51
Churchill, C. et coster, D. manuel de gestion des risques en microfinance, CARE, 2001, page 89

65
Toutefois, ce risque de concurrence demeure étroitement lié au risque réglementaire. En effet
les autorités peuvent protéger les IMF qui opèrent sur le marché en fixant des barrières à
l’entrée : législations non attractives, non octroi d’autorisation d’exercice…

2.2.3. Le risque démographique

Un des facteurs important dans l’approche des IMF est de considérer les caractéristiques
sociales spécifiques de chaque pays ou région pour en dégager les risques qui en découlent.

Ces caractéristiques peuvent différer, ainsi il est important de prendre en considération des
facteurs comme l’espérance de vie, le taux de scolarisation, l’aptitude entrepreneuriale, la
mobilité de la population, la cohésion sociale au sein des communautés, la rigueur locale à
l'égard de la corruption.

L’espérance de vie peut sensiblement varier d’une région à une autre, c’est ainsi que le risque
de non remboursement peut être élevé dans les communautés frappées par des maladies
(SIDA, choléra…).

Le niveau d’instruction des clients constituent aussi un élément important à prendre lors de
l’identification des risques, évidemment il est plus difficile pour un analphabète de gérer un
projet d’autant plus que des derniers sont plus vulnérables à la fraude.

L’aptitude entrepreneuriale diffère aussi d’une région à une autre ou encore d’un pays à
l’autre, en effet l’aptitude entrepreneuriale des clients des pays post communistes diffère de
ceux des pays de l’Afrique de l’Ouest par exemple qui disposent d’une tradition des marchés
informels.

Dans certaines communautés la cohésion sociale est très forte. Toutes les personnes se
connaissent et sont stables, tel est le cas dans plusieurs régions à l’intérieur de la Tunisie où il
est facile de se renseigner sur la moralité des emprunteurs ou encore d’utiliser l’influence ou
la notoriété d’autres personnes (les grands du village) pour se faire rembourser les crédits. Par
contre, en général dans les grandes villes, les gens ne se connaissent pas et demeurent non
stables pour certain (locataire) il est difficile de se renseigner et d’analyser les caractères des
clients potentiels.

L’IMF est tenue d’identifier la mentalité et l’état d’esprit qui règne au sein de la population
cible quant à leur perception de la corruption ou la fraude. En effet, si la société en général
tolère les pratiques de corruption et de fraude, le risque de non remboursement est
sensiblement affecté. Exp : l’attitude de plusieurs entrepreneurs post révolution à ne pas
rembourser les crédits octroyés auprès des associations de développement autorisées à
accorder des micro-crédits.

66
2.2.4. Le risque de l’environnement physique

L’IMF ne peut exercer son activité en faisant abstraction de son environnement, en effet
l’environnement physique influe directement sur les performances et les prestations de l’IMF.

La qualité de l’infrastructure (téléphonie, connexion, route, banque, postes, routes,


électricité…), influe directement sur les modes de fonctionnement de l’association et
engendrent les risques qui en découlent. Exp : l’absence de moyens de communication
engendre des traitements manuels, le manque ou l’indisponibilité des routes affecte le
recouvrement des créances ou encore la recherche de nouveaux clients, l’éloignement des
agences bancaires ou des bureaux de postes démotivent les clients (cas des IMF qui octroie
des crédits par chèque)…

Aussi, les calamités naturelles (inondations, cyclones ou sécheresse), peuvent affecter aussi
bien les clients de l’IMF que la prestation des services de microfinance. Exp : suite à une
sécheresse les clients ne trouvent pas des ressources pour rembourser leurs prêts, l’IMF peut
perdre son local et ses équipements suite à des inondations.

2.2.5. Le risque macroéconomique

Ces risques macroéconomiques sont souvent causés par des problèmes politiques comme les
troubles sociaux ou la guerre civile.

Les institutions de microfinance sont particulièrement vulnérables aux changements dans


l’environnement macroéconomique comme la dévaluation de la monnaie et l’inflation. Ces
deux facteurs affectent l’IMF directement (manque de ressources) et indirectement (difficultés
de remboursement des clients).

Tout au long de ce chapitre, nous avons essayé de présenter l’ensemble des risques associés à
l’activité de microfinance. Ainsi, le risque de crédit a été identifié comme le risque métier par
excellence.

Pour pouvoir gérer ce risque, des outils de contrôle doivent être mises en place. C’est ainsi
que le second chapitre traitera de la relation entre la gestion des risques et le contrôle interne,
en faisant référence aux pratiques de gestion du risque de crédit au niveau des IMF exerçant
en Tunisie.

67
Chapitre 2 : Application des bonnes pratiques de maîtrise du risque de crédit au niveau
des IMF : cas du contexte tunisien

Section 1 : Relation entre gestion des risques et contrôle interne

Le décret-loi n : 117 du 5 novembre 2011 portant organisation de l’activité des institutions de


microfinance, prévoit au niveau de l’art 32 qu’il incombe à chaque IMF de mettre en place les
mécanismes appropriés de contrôle interne qui permettent d’apprécier en permanence les
procédures internes et d’identifier, suivre et gérer les risques qui se rapportent à leurs
activités.

Or, « Le contrôle interne ne peut lutter efficacement contre les risques que si les stratégies de
gestion des risques de l'IMF sont bien intégrées aux politiques et procédures » 52.

Cette figure 53 illustre parfaitement la relation entre gestion des risques, contrôle interne et
audit interne.

52
Campion, A. amèliorer le contrôle interne : guide pratique à l’usage des institutions de microfinance,
Microfinance Network / GTZ, 2000, page 3
53
Campion, A. amèliorer le contrôle interne : guide pratique à l’usage des institutions de microfinance,
Microfinance Network / GTZ, 2000, page 3

68
1.1. Définitions, objectifs et composantes du contrôle interne

La mise en place d’un système de contrôle interne performent au niveau des IMF relève d’une
importance capitale. Et ce aussi bien, pour les IMF qui fonctionnent comme des sociétés ayant
des contraintes de performances, que pour les IMF prenant la forme d’associations, dont les
lacunes structurelles (absence de propriétaires ayant des enjeux financiers) peuvent être
compensées par un système de contrôle interne efficace fondé sur des stratégies saines de
gestion des risques. 54

1.1.1. Définitions du contrôle interne

La NCG 55 et l’ISA 315 56se rejoignent pour définir le contrôle interne, comme étant un
processus mis en œuvre par les personnes constituant le gouvernement d’entreprise, la
direction, la hiérarchie, le personnel d'une entreprise, et destiné à fournir une assurance
raisonnable quant à la réalisation des objectifs. Lesquels objectifs vont être développés dans
ce qui suit.

L’IFACI retient la définition suivante : le contrôle interne est un dispositif de la société, défini
et mis en œuvre sous sa responsabilité.

Il comprend un ensemble de moyens, de comportements, de procédures et d’actions adaptés


aux caractéristiques propres de chaque société qui :

- contribue à la maîtrise de ses activités, à l’efficacité de ses opérations et à l’utilisation


efficiente de ses ressources, et

- doit lui permettre de prendre en compte de manière appropriée les risques


significatifs, qu’ils soient opérationnels, financiers ou de conformité.

1.1.2. Objectifs du contrôle interne

Afin de mieux cerner les objectifs du contrôle interne, nous allons nous intéresser aux
objectifs du contrôle interne retenus dans leurs sens large (applicable pour toutes les entités)
pour voir par la suite les objectifs de contrôle interne appliqués au secteur de la microfinance.

54
Campion, A. amèliorer le contrôle interne : guide pratique à l’usage des institutions de microfinance,
Microfinance Network / GTZ, 2000, préface
55
NCT 01, deuxième partie paragraphe 7
56
ISA 315, paragraphe 42

69
Le référentiel COSO énumère trois objectifs du contrôle interne 57 :

- l'efficacité et l'efficience des opérations,

- la fiabilité des informations financières,

- la conformité aux lois et règlements.

Selon la règlementation bancaire 58, le système de contrôle des opérations et des procédures
internes doit permettre de :

- vérifier que les opérations réalisées ainsi que l’organisation et les procédures internes,
sont conformes aux dispositions législatives et réglementaires en vigueur, aux normes
et usages professionnels et déontologiques et aux orientations de l’établissement,

- vérifier que les procédures de décision, les limites de prise de risque, quelle que soit
leur nature, et les normes de gestion fixées par l’organe de direction, sont strictement
respectées,

- vérifier la qualité de l'information comptable et financière, quel qu’en soit le


destinataire,

- vérifier les conditions d'évaluation, d'enregistrement, de conservation et de


disponibilité de cette information, notamment en garantissant l'existence de la piste
d'audit,

- vérifier la qualité des systèmes d'information et de communication.

La NCG a retenu les objectifs suivants du contrôle interne 59 :

- promouvoir l'efficience et l'efficacité,

- protéger les actifs,

- garantir la fiabilité de l'information financière,

- assurer la conformité aux dispositions légales et réglementaires

57
COSO : Committee Of Sponsoring Organizations of the Treadway Commission
58
Circulaire BCT aux établissements de crédit N 2006-19, du 28/11/2006 relative au Contrôle interne Art 6
59
NCT 01Norme comptable générale, deuxième partie paragraphe 6, alinéa 2

70
Pour ce qui est du secteur de la microfinance, on peut retenir les objectifs du contrôle interne
développés par Campion A (2000) et NCT 33.

Selon Campion A (2000), les principaux objectifs du processus de contrôle interne au sein
d'une institution de microfinance sont:

- Vérifier l'efficience et l'efficacité des opérations,

- Assurer la fiabilité et l'exhaustivité des données financières et de l'information


de gestion,

- Garantir la conformité aux lois et réglementations en vigueur.

60
La norme comptable n°33 retient ce qui suit : le système de contrôle interne dans les
associations autorisées à accorder des microcrédits doit particulièrement viser les objectifs
suivants :

- s'assurer que les opérations réalisées sont conduites conformément aux


dispositions législatives et réglementaires et en respect avec les statuts et les
décisions des organes de direction,

- s'assurer que les opérations réalisées sur chaque fonds sont conduites de façon
à respecter les accords conclus avec les différents financeurs, subventionneurs
et donateurs,

- s'assurer que les opérations réalisées sur les micro- crédits sont conformes aux
dispositions législatives et réglementaires en vigueur,

- assurer une gestion efficace des ressources ainsi que la protection et la


sauvegarde des actifs contre les risques liés aux irrégularités et aux fraudes qui
pourraient survenir,

- garantir l'obtention d'une information financière fiable et pertinente.

60
NCT 33 relative au contrôle interne et a l'organisation comptable dans les associations autorisées a accorder
des micro-crédits, paragraphe 8

71
En vertu du développement présenté ci-dessus, nous pouvons constater que les objectifs du
contrôle interne applicables au secteur de la microfinance sont en concordance avec les
objectifs généraux applicables à tous les secteurs.

1.1.3. Les préalables à un système contrôle interne efficace

Les composantes de contrôle interne ont été traitées aussi bien par les normes comptables
ainsi que les normes de l’IFAC à cet effet :
61
La NCT 33 prévoit qu’un système de contrôle interne efficace devrait s'appuyer sur les
facteurs suivants :

a) une organisation et des procédures appropriées permettant notamment la surveillance et le


contrôle des opérations liées à l'activité de micro-crédit,

b) une délégation de pouvoir claire et appropriée,

c) une tenue claire des comptes financiers permettant leur suivi et leur justification,

d) un contrôle budgétaire efficace et opérationnel,

e) des procédures permettant le respect de la piste d'audit,

f) des procédures formelles de collecte des cotisations, dons, subventions et autres apports
reçus,

g) une procédure claire de traitement du courrier,

h) des procédures de gestion des archives incluant des règles de classement et de conservation
des documents et des pièces justificatives.

62
En outre l’ISA 315 retient les composantes suivantes du contrôle interne

(a) l'environnement de contrôle,

(b) le processus d’évaluation des risques de l’entité,

61
NCT 33 relative au contrôle interne et a l'organisation comptable dans les associations autorisées à accorder
des micro-crédits, paragraphe 10
62
ISA 315 connaissance de l’entité et de son environnement et évaluation du risque d'anomalies significatives,
annexe 2

72
(c) le système d'information y compris les processus opérationnels y afférents, pertinent pour
l'information financière et la communication,

(d) les activités de contrôle,

(e) le suivi des contrôles.

Compte tenu de notre connaissance de la nature et des spécificités des IMF, nous allons
essayer, dans ce qui suit, de présenter les facteurs essentiels à un système de contrôle interne
performant :

- Le mode de gouvernance et le style de direction ;

- La politique et pratique en matière des ressources humaines et la diffusion de la


culture institutionnelle ;

- Le mode d’organisation, de définition des pouvoirs de traitement et de circulation


d’information ;

- Les mesures de protection des actifs ;

- Le mode de contrôle et de supervision.

i- Le mode de gouvernance et le style de direction

Les fonctions de gouvernement d’entreprise et de direction ainsi que leur comportement, leur
degré de sensibilisation et leurs actions, au regard du système de contrôle interne relève d’une
importance capitale. En effet, ces personnes donnent « le ton d’une organisation »63.

Les personnes constituant le gouvernement de l’entreprise jouent un rôle important dans le


renforcement du contrôle au sein de l’institution, et ce à travers leur indépendance vis-à-vis de
la direction, leur qualification et expérience, leur implication et approche dans
l’administration de l’institution. En effet, les contrôles ne peuvent que se renforcer, si nous
sommes face à des administrateurs indépendants, ayant un niveau élevé de compétence, qui
consacrent une bonne partie de leur temps à l’institution et mettent en place des outils de
pilotage performants.

L’attitude de la direction, son discours, ses agissements et son mode de gestion, eu égard au
système de contrôles sont de nature à influencer la perception des employés et des clients, des
63
ISA 315 connaissance de l’entité et de son environnement et évaluation du risque d'anomalies significatives,
paragraphe 67

73
procédures en vigueur. Ainsi, une direction qui veille en permanence au respect des
procédures régissant l’institution, qui ne tolère pas les dépassements (même ce qui relèvent de
ses prérogatives), diffuse un environnement favorable à l’instauration d’un système de
contrôle performant et durable.

ii- La politique et pratique en matière des ressources humaines et la


diffusion de la culture institutionnelle

« Le contrôle interne est mis en œuvre par les personnes. Les meilleurs manuels de
procédures seraient sans utilité sans la qualité des personnes chargées de les mettre en
application à tous les niveaux de la hiérarchie. Il est dés lors établi que le type de
comportement, la compétence la qualification, la moralité et l’engagement du personnel
revêtent une importance capitale et déterminante pour l’efficacité du système de contrôle
interne et d’une façon générale les performances de l’entreprise » 64

Le personnel opérant dans le secteur de la microfinance doit disposer d’une bonne


compétence, jouir d’une excellente moralité et adhérer à la culture institutionnelle.

C’est ainsi que le politique des ressources humaines, constitue une composante essentielle de
contrôle pour sauvegarder en permanence ces qualifications, à travers la mise en place des
procédures appropriées en matière de recrutement, de formation et de motivation

iii- Le mode d’organisation, de définition des pouvoirs, de traitement et de


circulation d’information

Cette composante constitue un des piliers les plus importants du système de contrôle interne ,
du fait qu’elle conditionne, les règles de fonctionnement et la nature des prestations de l’IMF.

L’organisation de l’IMF doit être claire et bien diffusée pour l’ensemble du personnel. A cet
effet un organigramme et des fiches de fonction regroupant les attributions de chaque
employé, ses pouvoirs et responsabilité sont de nature à répondre à ce souci.

La définition (délégation) des pouvoirs claire et appropriée suppose l'existence 65 :

64
Yaich, A. normes pratiques et procédures de contrôle interne, les éditions Raouf Yaich, 520 pages
65
NCT 33 relative au contrôle interne et a l'organisation comptable dans les associations autorisées à accorder
des micro-crédits, paragraphe 12

74
- d'une délégation de pouvoir en ce qui concerne l'autorisation et l'engagement des
dépenses par fonds et / ou par projet,

- d'un processus formel de délégation de signature bien défini,

- une séparation des tâches incompatibles entre les unités chargées de l’engagement
des opérations et les unités chargées de leur validation,

- d'un système de rémunération du personnel clair et précis.

Aussi, les procédures de traitement et de circulation de l’information doivent être claires pour
l’ensemble des intervenants que ce soit ces procédures soient gérées, automatiquement ou
manuellement. Ces procédures doivent être simples et explicites, pour éviter toute mauvaise
interprétation ou incompréhension, et idéalement consignées dans un manuel des procédures
dument validé par la direction et approuvé par le conseil d’administration.

iv- Les mesures de protection des actifs

Au sens de la NCG 66 Il s'agit de la mise en place d'un système prévoyant des précautions
pour empêcher les pertes, les vols ou le détournement d'actifs et de documents officiels ainsi
que les enregistrements erronés.

Cette protection couvre aussi bien les actifs matériels (locaux, équipements) que les actifs
immatériels (bases informatiques).

v- Le mode de contrôle et de supervision

Cette composante englobe aussi bien les activités de contrôle mises en place, mais tend aussi
à vérifier ces contrôles (contrôle du contrôle).

« Les activités de contrôle peuvent se définir comme étant l'application des normes et
procédures qui contribuent à garantir la mise en œuvre des orientations émanant du
management. Ces opérations permettent de s'assurer que les mesures nécessaires sont prises
en vue de maîtriser les risques susceptibles d'affecter la réalisation des objectifs de
l'entreprise. Les activités de contrôle, sont menées à tous les niveaux hiérarchiques et
fonctionnels de la structure 67».

66
NCT 01Norme comptable générale, deuxième partie paragraphe 15
67
NCT 01Norme comptable générale, deuxième partie paragraphe 11

75
Ces activités de contrôle ne peuvent être performantes, que si elles sont elles mêmes revues et
testées, afin de détecter éventuellement les faiblesses d’application et/ou de conception. C’est
ainsi que l’ISA 315 retient le terme le suivi des contrôles.

Ce suivi de contrôle vise à s’assurer que les contrôles en place fonctionnent correctement et
qu’ils se sont adaptés aux changements.

Une entité d’audit interne au sein de l’institution, peut assurer cette tache de suivi du contrôle.

La NCT 33 prévoit qu’une structure d’audit interne a pour mission de veiller au bon
fonctionnement, l’efficacité et l’efficience du système de contrôle interne.

Ce rôle de l’audit interne dans le suivi de contrôle et dans la maitrise de risque sera développé
dans ce qui suit.

1.2. L’audit interne et son rôle dans la maitrise du risque

La fonction d’audit interne est composante essentielle dans le processus de contrôle interne et
de gestion des risques tels que illustré au niveau de la figure de la section 2 chapitre 2 de la
présente partie.

68
Au sens de la NCT 33 une structure d'audit interne devrait être mise en place et rattachée
directement à la direction de l'association. Elle a pour mission de veiller au bon
fonctionnement, l'efficacité et l'efficience du système de contrôle interne. Cette structure a
principalement pour rôle :

- d'examiner les procédures de collecte des cotisations, dons et subventions et autres


apports,

- de s'assurer de l'utilisation des ressources conformément aux délibérations des


organes de directions et la volonté des financeurs, donateurs et subventionneurs,

- de vérifier la fiabilité des informations financières, vérifier le respect des limites


législatives et réglementaires concernant l'activité de micro-crédit.

Cette définition retenue par la NCT 33 ne couvre pas tous les domaines d’intervention de
l’audit dans une approche basée sur la gestion des risques.
68
NCT 33 relative au contrôle interne et a l'organisation comptable dans les associations autorisées à accorder
des micro-crédits, paragraphe 17

76
La fonction d’audit interne au sein de l’IMF doit assurer cinq fonctions principales à savoir :

 L’audit des informations afin de contrôler que le système d’information de


l’IMF divulgue les informations nécessaires aux managers tout en assurant
fidélité, régularité et sécurité ;

 L’audit de conformité permet de s’assurer que les règles (procédures, loi,


circulaires…) internes et externes sont respectées ;

 L’audit d’efficacité qui vise à s’assurer que les objectifs fixés par le
gouvernement et le management de l’institution sont atteints ;

 L’audit d’efficience permet de vérifier si les objectifs définis sont atteints au


moindre coût ;

 L’audit stratégique veille à ce que les objectifs stratégiques définis sont


cohérents par rapport à l’activité de l’IMF.

Ainsi, L'audit interne est défini comme « une appréciation systématique et objective par les
auditeurs internes des divers activités et contrôles d'une institution ayant pour but de
déterminer :

1) Si les informations financières et les données d'exploitation sont exactes et


fiables,

2) Si les risques d'exploitation de l'institution sont identifiés et réduits au


minimum,

3) Si les réglementations externes ainsi que les politiques et procédures internes


sont respectées,

4) Si des critères d'exploitation satisfaisants sont remplis,

5) Si les ressources sont utilisées de manière efficace et économique,

6) Et si les objectifs de l'institution sont effectivement atteints. Ces contrôles ont


tous pour objectif d'aider les membres de l'institution à remplir efficacement
leurs fonctions »69

69
CGAP, audit externe des institutions de microfinance : guide pratique, Groupe consultatif d’Assistance aux
plus Pauvres, Volume 1, Décembre 1998, page 13

77
Le rôle de l’audit interne peut être renforcé par l’instauration d’un comité d’audit interne tels
que préconisé par les dispositions de 33 du Décret-loi n° 2011-117 du 5 novembre 2011,
portant organisation de l'activité des institutions de micro finance.

« Le comité permanent d'audit veille au respect par la société de la mise en place de systèmes
de contrôle interne performant de nature à promouvoir l'efficience, l'efficacité, la protection
des actifs de la société, la fiabilité de l'information financière et le respect des dispositions
légales et réglementaires. Le comité assure le suivi des travaux des organes de contrôle de la
société, propose la nomination du ou des commissaires aux comptes et agrée la désignation
des auditeurs internes. » 70

La législation bancaire 71 retient pratiquement les mêmes prérogatives en rajoutant que le dit
comité doit veiller à l’appréciation de la cohérence des systèmes de mesure, de surveillance et
de maîtrise des risques.

A notre sens et compte tenu de notre connaissance des spécificités des IMF, le rôle du comité
d’audit est :

 D’aider les administrateurs de l’institution à s’acquitter de leurs responsabilités envers


les partenaires (bailleurs de fonds, agences de notation, organes de contrôle…),

 De favoriser un suivi efficace du contrôle interne, une gestion appropriée des risques,

 De veiller à assurer une divulgation d’informations financières (et non financières) de


qualité.

Section 2: Appréhender les pratiques de gestion des risques en Tunisie

2.1. Revue des études antérieures

Afin d’appréhender au mieux, les pratiques des associations autorisées à accorder des micro-
crédits en matière de gestion des risques de crédit, nous nous sommes référés à l’étude menée
par Triki W 2010 72, en vertu de laquelle un questionnaire portant entre autres sur les pratiques
de gestion du risque de crédit au niveau des AMC, a été adressé à une centaine de ces
dernières.

70
Art 256 bis du code des sociétés commerciales
71
Art 57 de la circulaire aux établissements de crédit n° 2006 – 19 relative au contrôle interne
72
Triki, W. les associations de micro-crédits : réglementation et diligences spécifiques du commissaire aux
comptes, mémoire d’expertise comptable, FSEG Sfax, Octobre Juin 2010.

78
A l’issue de ce travail de recherche, l’auteur a relevé les faiblesses des AMC en matière de
gestion du risque de crédit, appuyés par les résultats suivants :

- Presque 75% des associations interrogées, n’adoptent pas une politique claire pour
minimiser le risque de crédit ;

- Aucune association ne garde une liste de mauvais payeurs pour éviter de leurs
accorder des nouveaux prêts ;

- L’approbation des demandes de prêt ne se fait pas au moins par deux personnes, dans
prés de la moitié des AMC interrogées ;

- Presque toutes les AMC interrogées ne disposent pas d’un manuel des procédures ;

- Le système d’information de suivi des crédits ne permet pas dans 89,19% des AMC
interrogés, de révéler l’information sur l’état des remboursements et des retards en
temps opportun ;

- La procédure de traitement des impayés n’est déclenchée après un mois de retard que
dans 2,7% des AMC interrogées ;

- Aucune procédure de contrôle et d’évaluation du travail des agents de crédit n’est


appliquée dans 94,59% des AMC interrogées ;

- Aucune association ne dispose d’un responsable d’audit interne.

2.2. Méthodologie et choix de la population

Afin de mieux cerner les pratiques de gestion du risque de crédit au niveau des entités de
microfinance Tunisiennes et compte tenu de la faiblesse des notions de contrôle au sein des
associations autorisées à accorder des microcrédits tels indiqué ci-dessus, aussi compte tenu
des changements profonds que connait le secteur de la microfinance suite aux modifications
substantielles apportées par la législation 73,en vertu des quelles essentiellement:

- les institutions de microfinance sont tenues d’exercer sous forme d’une société
anonyme avec un capital minimum de 3 000 000 dinars ou dans le cadre d’une
association avec une dotation associative minimale de 200 000 dinars,

- les associations autorisées à accorder des microcrédits qui exercent avant la


promulgation de ce décret loi doivent régulariser leurs situations dans une année.

73
Décret-loi n° 2011-117 du 5 novembre 2011, portant organisation de l'activité des institutions de microfinance.

79
Afin que notre travail puisse être utile, exploitable et d’actualité, nous avons opté pour la
sélection de l’entité Enda-ia comme référence pour notre étude empirique.

Enda-ia est une institution leader dans le secteur de la microfinance en Tunisie, avec prés de
1 250 000 prêts déboursés, accordés à 400 000 bénéficiaires, pour une enveloppe globale de
884 millions de dinars 74 , et dont le mode de fonctionnement s’apparente aux pratiques
internationales, ce qui lui a valu la reconnaissance de plusieurs instances internationales (voir
notre présentation d’Enda-ia au niveau de la première partie, chapitre 2 section 2 paragraphe
2).

C’est ainsi que nous allons opter pour la méthode de l’interview (annexe 1) pour apprécier les
pratiques d’Enda-ia en matière de gestion du risque de crédit.

A cet effet, nous avons conduit des entretiens avec le top management, certains responsables,
et des agents de crédit.

Nos entretiens se sont étalés sur une période de trois jours, répartis comme suit:

 Premier jour :

 Entretien avec le Directeur Exécutif ; durée 25 mn,

 Entretien avec le Directeur de crédit ; durée 30 mn.

 Deuxième jour :

 Entretien avec le responsable de l’audit interne ; durée 30 mn,

 Entretien avec le responsable de l’unité recherche ; durée 15 mn.

 Troisième jour :

 Entretien avec le responsable de l’unité gestion des risques ; durée 75 mn,

 Visite d’une antenne, déplacement sur le terrain, observation des procédures


et entretien avec les agents de crédit ; durée une après midi.

74
Chiffre au 28 février 2013

80
Section 3 : Les systèmes de contrôle permettant la maîtrise du risque de crédit au niveau
des IMF

3.1. Les outils de maitrise des risques du crédit

La maîtrise du risque de crédit passe par la mise en place de garde fou tout au long du
processus, à priori, lors de la prise de décision d’octroi, et à postériori une fois la décision
prise, par l’instauration de mécanismes et d’indicateurs de suivi.

3.1.1. Processus d’octroi du crédit

Ce processus d’octroi de crédit passe par trois phases :

• Conception des produits ;

• Sélection de la clientèle ;

• Procédure d’octroi.

A) Conception du produit

Les clients cibles des IMF ont été définis auparavant, s’agissant certes des personnes à faibles
revenus, mais qui ont des besoins différents. Afin, de répondre à ce souci les IMF doivent être
en permanence en mesure de concevoir et de mettre en place des produits qui répondent à ces
besoins, plus le produit est adapté au besoin des clients plus le risque de crédit diminue.

Divers facteurs sont à prendre en considération lors de la conception du produit. Lesquels


facteurs sont : la nature du prêt, la population cible, le montant, la fréquence de
remboursement, le taux d’intérêt et les garanties

i- La nature du prêt

La nature des besoins des clients des IMF diffèrent substantiellement. En effet, les besoins en
termes de prêt de l’épicier du coin exerçant dans une zone urbaine ne peuvent être comparés
au besoin d’un petit éleveur de bovins implanté dans une zone rurale. Aussi, les besoins de ce

81
même épicier ne peuvent être les mêmes, une fois il a fondé une famille par exemple, d’autres
besoins de financement apparaissent.

Lors de la conception des prêts et afin de limiter le risque de crédit, les prêts offerts aux
clients doivent répondre à leurs besoins actuels et potentiels tout en leur offrant des
perfectives d’évolution et de diversification. Pour le faire les IMF doivent : être en
permanence à l’écoute de leur clientèle en mettant en place les structures chargées d’évaluer
régulièrement les prêts offerts, s’enquêter et s’informer sur les éventuelles nouveaux besoins
compte tenu de l’évolution de l’environnement économique et social mais aussi de la phase de
développement de l’institution.

A ce niveau Enda-ia, a mis en place une unité recherche et marketing chargée entre autre de
mener des enquêtes et des études sur les prêts offerts sur le marché et aussi sur les prêts
potentiels à mettre en place compte tenu de l’apparition des nouveaux besoins.

A cet effet, Enda-ia offre six natures de prêts qui peuvent être regroupés en trois familles :

- Prêts pour financer les activités : cette famille englobe deux prêts destinés à financer
les besoins des micro-entrepreneurs et les personnes exerçant des AGR, un prêt
destiné aux petits et moyens agriculteurs et le dernier répond aux besoins des
tunisiens résidents en Libye qui sont rentrés après la révolution libyenne,

- Prêt destiné à l’amélioration des conditions de logement,

- Prêt servant à financer les frais de scolarité.

En offrant au client cette possibilité de pouvoir choisir le crédit qui correspond à ses besoins
spécifiques permet de réduire le risque de défaillance.

ii- La population cible

La seconde composante à prendre en considération, lors de la phase de la conception du


produit, est la population cible en d’autres termes, il s’agit de définir les personnes auxquelles
s’adressent le prêt.

Comme indiqué dans le paragraphe ci-dessus, les IMF ont développé leur produit et par
conséquent, ils sont en mesure d’offrir plusieurs sortes de prêt à une population défavorisée
certes, mais dont les besoins sont hétérogènes.

Certains programmes de microfinance favorisent de développer un genre essentiellement


féminin, d’autres ne financent que personnes ayant une activité génératrice de revenu.

82
Depuis qu’elle sert la microfinance, Enda-ia a mis en place toute une stratégie sur plusieurs
étapes, ayant débuté par le financement des femmes exerçant une activité domestique pour
arriver à la population cible actuelle.

Actuellement, Enda-ia cible :

- Les personnes ou micro-entrepreneurs ayant des activités qui génèrent des revenus ;

- Les personnes exerçant une activité agricole ;

- Les personnes ayant des membres de leur famille en âge de scolarité ;

- Les personnes ayant un logement désirant améliorer leurs conditions d’habitat.

A travers cette sélection de la population, l’institution serait en mesure d’offrir le produit qu’il
faut pour le client qu’il faut, ce qui permet d’atténuer sensiblement le risque d’octroi
inapproprié de prêt.

iii- Le montant

Lors de la conception du produit, il est opportun que le montant du crédit offert coïncide avec
les besoins du client. En effet un montant élevé peut entrainer une situation de
surendettement, alors qu’un crédit à faible montant (largement inférieur au besoin du client)
peut engendrer une dérive par rapport à l’objectif initial.

La fixation du montant du prêt dépend de la méthodologie appliquée par les institutions de


microfinance. En général ces dernières optent pour l’augmentation progressive du montant de
prêt en fonction de l’historique et de l’assiduité du client.

Enda-ia applique ce même principe de l’accroissement progressif du montant du prêt, or il y a


lieu de rappeler que comme indiqué au niveau de la première partie du présent mémoire, la
fixation du montant du prêt n’est pas uniquement tributaire de la décision de l’IMF mais aussi
de la législation en vigueur 75 qui fixe des limites de prêt.

iv- La fréquence de remboursement

Un facteur important pour aider et accompagner les promoteurs à honorer leurs engagements,
est de mettre en place un échéancier de remboursement qui va avec la nature du prêt
contracté. A titre d’exemple, le besoin en termes d’échéance de remboursement d’un petit
75
Arrêté du ministre des finances du 18 janvier 2012, relatif à la fixation du montant maximum du micro-crédit
et des conditions de son octroi par les institutions de microfinance

83
agriculteur d’agrumes, est différent du besoin d’un emprunteur qui finance l’activité de
commerce de la valise.

Pour maximiser les chances de remboursement, la périodicité de remboursement des prêts


contractés doit s’adapter aux spécificités des crédits alloués.

Plusieurs institutions offrent une certaine flexibilité au niveau de la fixation de l’échéancier de


remboursement (période et montant), compte tenu de la capacité du client et des spécificités
du secteur d’activité.

Enda-ia nous semble vulnérable sur ce point. En effet, les techniques et les pratiques en
vigueur ne permettent pas d’assurer une certaine flexibilité, permettant d’adapter les
échéanciers aux spécificités des crédits. Hormis les crédits pour les agriculteurs, les échéances
de remboursement sont mensuelles.

Cette vulnérabilité est expliquée essentiellement par deux phénomènes : la rigidité au niveau
des systèmes d’informations d’une part, et les délais maximum de remboursement fixés par la
législation 76, d’autre part.

Bien que cette vulnérabilité n’est une mauvaise chose en soi, du faite qu’un système rigide
limite l’intervention des employés et réduit le risque de mauvaise manipulation, d’erreur, de
fraude…

v- Le taux d’intérêt

La détermination du taux d’intérêt est en fonction de deux composants : le coût et le risque.


Plus les coûts et les risques du crédit augmentent plus le taux d’intérêt augmente et
inversement.

Lors de la conception du produit l’IMF doit définir une stratégie de détermination de ses taux
d’intérêt. En effet, si les taux d’intérêts sont faibles, l’institution ne serait pas en mesure de
couvrir ses coûts, par contre si les taux d’intérêts sont élevés, l’institution aurait des difficultés
à attirer de la clientèle. Par conséquent, plus ce taux est adapté aux spécificités du produit plus
le client serait en mesure de rembourser son prêt.

A ce niveau, les meilleures pratiques appliquées par les IMF sont de déterminer des
fourchettes de taux d’intérêts par nature de prêt dont l’application est laissée à l’appréciation
des chargés de prêt et leurs responsables.

76
Arrêté du ministre des finances du 18 janvier 2012, relatif à la fixation du montant maximum du micro-crédit
et des conditions de son octroi par les institutions de microfinance

84
Enda-ia offre deux taux d’intérêts fixés par la direction de l’institution, qui varient en fonction
du montant du crédit. Cette pratique pénalise les clients sérieux, qui ne bénéficient d’aucun
avantage préférentiel en terme de coût par rapport à leur assiduité bien qu’ils présentent des
risques moindres, ce qui peut être une source de démotivation et réduit l’attractivité du crédit.

B) Sélection de la clientèle

Le micro-crédit est certes destiné à financer les besoins de la population pauvre, mais toute
personne ayant un faible revenu ne peut prétendre obtenir un crédit.

Les personnes susceptibles de contracter des micro-crédits doivent être en mesure d’honorer
leurs engagements et de répondre donc à certains critères. Churchill, C. et Coster, D. 2001
avancent la règle des cinq C permettant une meilleure sélection du client, lesquelles règles
sont :

• Caractère ;

• Capacité ;

• Capital ;

• Cautionnement ;

• Conditions.

i- Le caractère

L’appréciation du caractère du client, constitue une des composantes essentielles de la


sélection des clients, et ce face à la rareté des éléments probants formels dont dispose en
général le client. A travers cette analyse l’agent de crédit, peut apprécier la volonté du client à
rembourser, mais aussi à évaluer ses capacités entrepreneuriales.

Cette appréciation du caractère s’appuie sur certaines démarches, méthodes et techniques à


mettre en œuvre, surtout si on est face à un premier prêt et que le client n’a pas encore
d’historique avec l’institution.

L’agent de crédit collecte les informations auprès du client et introduit les données sur le
formulaire de prêt, puis se déplace chez le client pour vérifier l’existence du projet et la
véracité des informations communiquées. L’agent de crédit reformule ses questions, demande
des éclaircissements supplémentaires, croise les données et surtout trouve des autres sources
de collecte d’informations, tels que se renseigner auprès : du propriétaire du local sur le

85
montant du prêt, du voisinage sur la moralité du client et son expérience dans le monde des
affaires, de son fournisseur sur sa solvabilité…

Les techniques utilisées par Enda-ia pour apprécier le caractère du client ne déroge pas à
celles évoquées précédemment, elle fait recours en sus à des « personnes ressources » qui leur
communiquent des informations sur la moralité des demandeurs de prêt, lesquelles
informations sont retracées dans une fiche d’enquête de moralité, à prendre en considération
lors de la décision d’octroi.

ii- La capacité

Une fois le client répond au critère du caractère, il y a lieu d’apprécier son aptitude à honorer
ses engagements, c'est-à-dire dispose-t-il suffisamment de ressources lui permettant de
rembourser le prêt, surtout qu’il est difficile de dissocier les revenus du projet des autres
dépenses quotidiennes. Afin de réduire ce risque, les IMF optent pour l’octroi de crédits
initiaux à faibles montants, qui augmentent progressivement en fonction de la capitalisation
sur l’historique du client.

A ce niveau, La même stratégie est appliquée par Enda-ia : la croissance des montants de
prêts.

iii- Le capital

Afin d’apprécier la solvabilité et la rentabilité du projet, les agents de crédit établissent une
sorte d’analyse des actifs et des passifs, il s’agit d’un tableau simplifié indiquant d’un côté les
éléments du patrimoine et de l’autre les ressources (fonds propres, crédit fournisseur, crédit
familial…).

Cette analyse est utilisée par Enda-ia seulement pour les crédits accordés aux micro-
entrepreneurs du fait qu’ils disposent de locaux indépEndants et tiennent une comptabilité
simplifiée de leur activité, pour les autres types de prêt cette analyse fait défaut. Toutefois,
Enda-ia essaie de sensibiliser ses clients sur l’importance du suivi de la rentabilité de leurs
activités en leurs offrant des cycles de formation sur l’éducation financière via sa structure
d’appui le BDS (Business Developpement Services).

86
iv- Le cautionnement

Le quatrième élément à prendre en considération dans la sélection du client est le


cautionnement (ou la garantie), bien que parler de garantie pour les personnes cibles de la
microfinance peut paraitre inapproprié. Cette garantie diffère des garanties formelles exigées
par le système financier classique (foncière, fons de commerce…), d’ailleurs en microfinance
la valeur de la garantie n’entre nullement dans l’estimation du risque encourus sur les
relations.

Les IMF ont développé des techniques de garantie qui leurs sont propres et qui tiennent
compte des spécificités de leurs clientèles tels que :

- L’octroi de prêts sous forme de groupe solidaire ;

- Le conditionnement de l’octroi de prêt à l’existence d’un garant ;

- L’épargne obligatoire préalable à l’octroi du crédit ;

- Le nantissement de certains biens meubles (machines, cheptel, Stock…) et dans des


cas rares l’hypothèque des biens immeubles.

Pour ce qui est de la garantie, Enda-ia alloue une importance accrue à la garantie morale
informelle (pressions exercées par les personnes ressources, les membres de la famille…).
Aussi, pour garantir ses prêts, outre la signature d’une traite en garantie du montant du prêt,
Enda-ia fait recours à deux techniques : le groupe solidaire et la présence d’un garant qui peut
être soit un salarié, soit un ancien client de l’institution avec une spécificité, les anciens clients
ayant un excellent historique sont exemptés de la garantie.

Enda-ia comme toute IMF, se trouve privée d’une technique de garantie dont l’efficacité a été
démontrée, qui est l’épargne obligatoire préalable à l’octroi du crédit, du fait que la
législation 77 en vigueur interdit aux IMF la collecte de l’épargne.

v- Les conditions

Pour pouvoir lancer un projet, l’entrepreneur doit réunir au préalable les conditions
nécessaires de réussite et tenir en considération le niveau de la concurrence, les spécificités du
marché et du secteur, l’environnement des affaires… Il est par conséquent difficile pour
l’agent de crédit d’apprécier si ces conditions sont réunies, en l’absence d’éléments
historiques.

77
Article 3 du décret-loi n° 2011-117 du 5 novembre 2011, portant organisation de l'activité des institutions
de micro finance

87
Pour minimiser ce risque Enda-ia, a retenu une stratégie globale en vertu de la quelle, elle
n’accorde pas de prêt pour les projets en création, seuls les projets existants sont finançables
du fait qu’ils contiennent des indicateurs historiques qui servent comme données
d’appréciation et d'évaluation.

Il incombe aux agents de crédit et leurs superviseurs de veiller au strict respect de ces cinq C,
donc de traiter avec rigueur les demandes de prêt et de prendre des décisions sages d’octroi
loin des soucis de la performance commerciale. A travers cette discipline et cette attitude ces
premiers contribuent dans l’allégement du risque d’octroi de prêt à des mauvais clients.

C) Les procédures d’octroi

Concevoir et mettre en place une procédure claire d’octroi du crédit est de nature à atténuer
considérablement le risque de crédit. Cette procédure passe obligatoirement par :

- Des procédures d’octroi simples et largement diffusées ;

- Une séparation appropriée de tâches ;

- Des contrôles croisés ;

- Des techniques d’approbation et de validation.

i- Des procédures d’octroi simples et largement diffusées

L’IMF divulgue les procédures d’octroi des crédits à l’ensemble du personnel, et veille à ce
que ces derniers les aient bien assimilés. Il est très important que le personnel puisse maîtriser
les procédures, du fait que c’est lui qui va communiquer aux clients actuels et potentiels et
d’une manière banalisée (compte tenue de la spécificité) les conditions et les démarches à
suivre. Plus les procédures sont claires et simples, plus leurs assimilations par le personnel et
leur compréhension par les clients sera facile, ce qui permet de réduire substantiellement les
interprétations et les risques qui en résultent (erreur, mauvaise appréciation, fraude).

La démarche d’Enda-ia à ce niveau est de diffuser et de vulgariser les procédures d’octroi en


vigueur, aussi bien au niveau interne qu’externe.

Au niveau interne, un comité composé de personnes exerçant dans divers départements se


charge de la conception, la rédaction et la revue des procédures d’octroi. Une fois finalisées,
ces procédures sont divulguées à l’ensemble du personnel, qui sont invités à solliciter des
informations ou des éclaircissements supplémentaires, les membres du comité peuvent se
déplacer au niveau des antennes pour apporter les explications nécessaires.
88
Au niveau externe, le personnel de l’antenne communique ces procédures d’octroi oralement
ou à travers des brochures lors de la « promotion », et affichent ces procédures clairement au
niveau de l’antenne.

ii- Une séparation appropriée de tâches

Les IMF de petites tailles se trouvent parfois pour des soucis d’économie de coût, contraintes
de limiter le nombre d’employés et peuvent perdre de vue l’obligation de séparer certaines
tâches, ce qui entraine des abus et accroit le risque d’octroi de crédit infondés.

Il serait donc judicieux, de séparer les tâches entre la personne chargée d’initier la demande
de prêt, la personne chargée d’étudier l’affaire et la personne chargée débourser le crédit.

Consciente du risque qui peut résulter du cumul de tâches incompatibles, Enda-ia a instauré
des mécanismes qui permettent d’assurer une séparation claire des tâches ci-dessus évoquées.
C’est ainsi que :

- l’assistant administratif est chargé d’instruire la demande de prêt et de suivre le


sort alloué à cette demande, en veillant au respect des règles et délais de
traitement défini au préalable ;

- L’agent de crédit se charge d’étudier et d’apprécier le bien fondé de la


demande, en consultant et en se rendant chez le client ;

- Le caissier en fin de chaine se charge du déboursement du crédit une fois le


dossier approuvé et validé.

iii- Des contrôles croisés

En microfinance et en l’absence de sources de données ayant une force probante persuasives,


à l’instar du secteur financier classique où on peut se baser sur des documents formels
(relevés bancaires, état des engagements, états financiers, …), la prise de décision se base en
grande partie sur les données rapportées par l’agent de crédit sur la base des informations
recueillies essentiellement auprès du client.

Enda-ia a prévu des mécanismes de contrôle croisé permettant à la fois de contrôler : la


véracité des informations communiquées par l’agent de crédit, et d’apprécier le degré de
compréhension et de maitrise par le client des éléments de leurs affaires : donc de limiter les
risques d’erreur et de connivence.

89
Ce contrôle est assuré par le co-agent dont la tâche essentielle, avant la décision d’octroi, est
de planifier une réunion avec le client au niveau de l’antenne, pour vérifier que les
informations figurant au niveau de la fiche d’étude de projet sont en concordances avec les
informations avancées par le client et pour apprécier aussi, que le client connait parfaitement
ses droits et obligations relatifs aux prêts.

Un autre contrôle croisé est mis en œuvre par Enda-ia est la possibilité offerte au superviseur
ou au directeur régional de se rendre sur les lieux de projet avant la décision d’octroi pour
s’assurer de l’existence du projet et de la réalité des informations communiquées. Or ce genre
de contrôle reste limité, vu la charge de travail qui pèse sur ces premiers.

iv- Des techniques d’approbation et de validation

Le dernier élément à mettre en œuvre au niveau des procédures d’octroi, est l’instauration des
mécanismes appropriés d’approbation et de validation.

Comme indiqué ci-haut au niveau du paragraphe « des procédures d’octroi simples et


largement diffusées », les seuils et les techniques d’approbations doivent être clairement fixés.

La mise en œuvre des ces mécanismes dépend essentiellement du développement du système


d’information au niveau de l’institution, ainsi dans un environnement favorisé par un
traitement manuel, les approbations se font via des signatures. Par contre, dans un
environnement marqué par le développement de l’informatique la validation se font par les
seuils de validation et d’approbation définis au préalable sur le système.

A ce niveau, Enda-ia a retenu une technique hybride en optant aussi bien pour la validation
manuelle, ainsi que la validation par les systèmes.

Aussi et comme la plupart des IMF, Enda-ia a opté pour un comité de crédit qui se charge
d’approuver les octrois. En optant, pour cette technique, le risque de crédit peut être
substantiellement réduit, en effet il serait plus judicieux et plus opportun de prendre des
décisions collégiales, plutôt qu’une décision basée sur l’appréciation d’une seule personne
avec les risques de dérives ou d’abus qui peuvent en résulter.

La composition du comité de crédit varie en fonction du montant du prêt à accorder, à cet


effet des seuils ont été définis engobant quatre catégories :

- La première catégorie : les prêts à faible montant, le comité est composé de trois
personnes au moins,

- La deuxième catégorie : les prêts à moyen montant, le comité est composé de trois
personnes au moins et la présence du superviseur est obligatoire,
90
- La troisième catégorie : les prêts de moyen à gros montant, le comité est composé de
trois personnes au moins et la présence du superviseur est obligatoire dont la décision
sera validée par le coordinateur régional,

- La quatrième catégorie : les prêts à gros montant, le comité est composé de trois
personnes au moins et la présence du superviseur et du coordinateur régional est
obligatoire.

3.1.2. Processus de suivi du crédit

Nous avons essayé dans ce qui précède de concevoir les outils de maitrise de risque du crédit
au niveau de processus d’octroi, « Cependant c’est irréaliste de vouloir développer un produit
parfait et choisir seulement le client parfait pour éviter la défaillance dans les paiements »78.
C’est ainsi que l’IMF doit développer des techniques et des indicateurs permettent de suivre et
de contrôler le risque de crédit lors de la phase post octroi, et qui couvrent :

 La gestion des défaillances ;

 La généralisation du contrôle ;

 Les outils et indicateurs de suivi du risque de crédit.

A) La gestion des défaillances

Afin de pouvoir réduire les cas de défaillance, la cellule de Développement Economique de


CARE recommande d’instaurer six règles :

- la culture institutionnelle,

- l’orientation des clients,

- les primes d’encouragement aux membres du personnel,

- les pénalités sur défaillances,

- le respect des termes du contrat, et

- le rééchelonnement du crédit.

78
Churchill, C. et Coster, D. manuel de gestion des risques en microfinance, CARE, 2001, page 48

91
i- La culture institutionnelle

Développer et entretenir une culture basée sur une tolérance zéro vis-à-vis des retards et ce
aussi bien au niveau des agents de crédit qu’au niveau des clients.

Enda-ia œuvre étroitement à instaurer cette culture, c’est ainsi que les agents de crédit sont
invités à arrêter périodiquement une liste comportant les dates d’échéances et de veiller à
rappeler leurs clients, notamment ceux devenus récemment défaillants, de l’approche de la
date de remboursement, ce rappel s’effectue en l’intervalle (j-3 et j-1) de la date d’échéance.

ii- L’orientation des clients

Cette seconde règle est la résultante de la première c'est-à-dire dôter l’institution des moyens
pour instaurer cette culture institutionnelle dès le premier contact avec le client, via une
communication appropriée, des actions de sensibilisations, des affichages au niveau de
l’antenne….

iii- les primes d’encouragement aux membres du personnel

Les actions, la sensibilisation ne peuvent à elles seules limiter le risque de non recouvrement
du crédit, il y a lieu aussi d’intéresser les membres du personnel, cet intéressement peut être
aussi bien moral que financier.

Dans ce sens Enda-ia, a mis en place une politique de rémunération des agents de crédit
indexée en partie sur la qualité du portefeuille, en prévoyant une prime qui varie en fonction
de la qualité du portefeuille. Aussi, les agents de crédit se voient récompensés pour la qualité
de leur portefeuille, ils sont privilégiés : pour participer dans des actions pilotes ou pour
assister à des séminaires de formations pointus.

iv- les pénalités sur défaillances

Afin de mieux encourager les clients à honorer leurs engagements à terme, il y a lieu de
mettre en place des mécanismes de motivation et de dissuasion.

Enda-ia a instauré « la politique de la carotte et du bâton »79

79
Triki, F et Houu, W. L’expérience d’enda inter-arabe, Journée d’économie financière, FSEG Mahdia 22 Avril
2005 page 8

92
o Carotte : les clients qui honorent leurs engagements à l’échéance peuvent prétendre à des
nouveaux prêts pour de montants croissants.

o Bâton : les clients défaillants qui paient en retard, subissent des sanctions qui varient en
fonction du nombre de jour de retard:

- Le prêt suivant n’augmente pas,

- Le prêt suivant est ramené au montant du prêt précédent,

- Le client est suspendu du programme pour une période variant entre un et trois mois,

- Le client est exclu du programme et ne peut plus prétendre à un prêt.

v- Le respect des termes du contrat

La chose la plus importante au niveau de cette règle, est que l’institution doit avoir les moyens
de ses ambitions, en d’autres termes elle doit être en mesure d’appliquer les dispositions
contractuelles vis-à-vis des clients récalcitrants pour augmenter sa crédibilité.

Compte tenu de la spécificité du secteur (prêts de faible montant à un nombre élevé sans
garantie solide), la défaillance d’un client n’entraine pas un risque majeur, toutefois cette
défaillance peut se propager à d’autre clients ce qui entraine un effet boule de neige. Pour
éviter cela « le refus de collaboration d’un client défaillant doit être sévèrement puni selon les
procédures en vigueur chez l’IMF y compris l’utilisation de système judiciaire local s’il y a
lieu », afin de dissuader les éventuels défaillants.

Les mécanismes de garantie d’Enda-ia ont été définis précédemment au niveau de cette
section, en dernier recours Enda-ia n’hésite pas de recourir à des huissiers notaires et aux
tribunaux pour réclamer le règlement des impayés.

vi- le rééchelonnement du crédit

Le rééchelonnement du crédit constitue une technique permettant de « maquiller » les crédits


impayés et par conséquent le risque de crédit. Dans le souci d’améliorer la qualité de leur
portefeuille les agents de crédit et les superviseurs tendent en permanence à rééchelonner les
crédits impayés.

L’institution doit instaurer des procédures rigoureuses et strictes de rééchelonnement,


permettant de s’assurer que seuls les bénéficiaires réels puissent en jouir c'est-à-dire les
clients qui ont réellement la volonté mais ne sont pas en mesure de payer.

93
Consciente de la nécessité de contrôler avec rigueur les décisions de rééchelonnement, Enda-
ia a instauré des critères très sélectifs pour bénéficier du rééchelonnement, cette décision est
prise par un comité présidé par le directeur de crédit.

B) la généralisation des contrôles

La généralisation des missions de contrôle est de nature à réduire substantiellement le risque


de crédit. En effet, la diffusion au sein de l’institution d’une culture basée sur le contrôle,
favorise le développement chez les membres du personnel d’un comportement d’autocontrôle.

Ces contrôles peuvent être assurés par des auditeurs (internes et externes), des organismes de
rating et des gestionnaires de risque.

Les auditeurs doivent s’assurer que :

- Les dossiers de prêt renferment toutes les informations requises par la direction,

- Les procédures d’octroi et de validation ont été respectées,

- Les informations et les données transcrites dans le dossier sont conformes en les
rapprochant aux données collectées lors de la visite des clients .

Les organes de rating apprécient globalement la politique de l’institution en matière de


gestion du risque de crédit.

L’unité gestion de risque se charge de concevoir et de mettre en place les indicateurs et les
outils de suivi du risque de crédit, lesquels indicateurs seront traités dans ce qui suit.

Les pratiques d’Enda-ia concordent parfaitement avec les éléments développés ci-dessus.

C) Les outils et indicateurs de suivi du risque de crédit

A l’inverse de la réglementation bancaire 80 classique qui a mis en place des indicateurs de


suivi des risques de crédit (ratios, taux, classe…), la réglementation régissant le secteur de la
microfinance en Tunisie n’a défini aucun indicateur de suivi ou d’analyse. (Hormis la limite
de 15% des crédits destinés à l’amélioration des conditions de vie par rapport à l'encours
global du portefeuille crédit).

80
Circulaire BCT aux établissements de crédit n : 91-24, du 17 décembre 191(modifiée par la circulaire n :99-
04 du 19 mars 1999)

94
Afin de veiller à leur pérennité, les IMF doivent instaurer des outils et indicateurs propres à
leurs spécificités, permettant ainsi de fournir aux décideurs une analyse fine du portefeuille et
utile pour la prise de décision.

i- Le portefeuille à risque (PAR)

Le PAR peut être considéré comme l’indicateur le plus pertinent et le plus important en
matière d’analyse de la qualité du portefeuille, ce ratio représente la mesure du portefeuille la
plus largement acceptée.

Ce ratio renseigne sur la partie du portefeuille de crédit infectée par les impayés, et qui
présente en conséquence un risque de non remboursement, la formule de calcul se présente
comme suit :

Valeur de l’encours de crédit en retard


PAR =
Encours de crédit

Le numérateur retient l’encours de crédit accusant un certains nombre de jour de retard, ce


nombre de jour est défini par l’institution et varie de 1 jour à 180 jours, toutefois la plupart
retiennent 30 jours de retard.

Le dénominateur retient le total encours du portefeuille à une date donnée.

A travers cette formule de calcul, ce ratio présente une mesure conservatrice, des autres
indicateurs qu’on va développer ultérieurement, du fait qu’il mesure le risque complet en
retenant l’encours total. Ce ratio, doit être lu et interprété en fonction de la fréquence de
remboursement.

Comme indiqué auparavant, et en l’absence d’un seuil de PAR réglementaire, la plupart des
IMF ont retenu un seuil tolérable qui varie entre 3 et 5%.

Enda-ia retient ce ratio et accorde une attention accrue à son évolution, le PAR se calcule à la
fin de chaque mois à chaque date d’arrêtée, c'est-à-dire les crédits accusant des retards durant
le mois sont retenus. En général, ce ratio ne dépassait pas 1%, mais après la révolution ce taux
est passé à 3% et demeure maitrisable.

95
ii- Le taux de provisionnement des créances

La réglementation comptable prévoit que « les micro-crédits accordés doivent faire l'objet
d'une évaluation à la date de clôture de l'exercice, pour déterminer s'il existe un risque de non-
remboursement et constituer, le cas échéant, des provisions pour couvrir ce risque.

Lorsque des risques de non-remboursement sont établis, le micro-crédit est qualifié de


douteux. En règle générale un micro-crédit est qualifié comme étant douteux lorsqu'un délai
raisonnable s'est écoulé depuis la première échéance impayée.

Lorsqu'il est établi qu'un micro-crédit est qualifié de douteux, une provision pour dépréciation
doit être constituée. L'estimation des provisions sur les micro-crédits relève du jugement de
l'organe de direction de l'association autorisée à accorder des micro-crédits. » 81

C’est ainsi que cette provision sert à apprécier le risque de défaillance d’un emprunteur, la
formule de calcul se présente comme suit :

Provisions pour dépréciation des créances


Taux de provisionnement des créances =
Encours de crédit

En général pour déterminer le montant de la provision à appliquer, les IMF procèdent à


l’édition d’une balance âgée des crédits en retard, ces crédits sont ensuite stratifiés en fonction
du nombre de jours de retard.

Les retards de remboursement signifient l’existence d’un risque de non remboursement non
seulement pour ces remboursements précis, mais pour l’encours total. Ainsi, la balance âgée
retient le total de l’encours de crédit en retard et non seulement le montant des
remboursements. Le tableau ci-après établi par le CGAP, illustre la manière dont cette balance
est présentée :

Situation du crédit Montant de l’encours global


A jour -
Retard compris entre 1 et 30 jours -
Retard compris entre 31 et 90 jours -
Retard compris entre 91 et 180 jours -
Retard supérieur à 180 jours -

81
NCT 34, paragraphe 10 et suivants

96
Une fois le critère de l'antériorité des impayés est retenu, « des taux de provisionnement sont
déterminés et appliqués d'une façon homogène à l'ensemble des micro-crédits » 82.

Le CGAP propose les taux de provision suivants :

Intervalle de retard Montant de la provision


A jour 0%
Retard compris entre 1 et 30 jours 10%
Retard compris entre 31 et 90 jours 25%
Retard compris entre 91 et 180 jours 50%
Retard supérieur à 180 jours 100%

Une autre politique développée et retenue par plusieurs entités de microfinance, qui dans un
souci de mieux adapter la politique de provision aux spécificités du secteur, établissent des
provisions sur les créances saines, en se basant sur le fait que les créances saines aujourd’hui
peuvent ne plus l’être dans l’avenir donc il y a lieu de se prévenir contre ce risque. Ainsi, leur
politique de provision se présente comme suit :

Intervalle de retard Montant de la provision


A jour 1%
Retard compris entre 1 et 30 jours 10%
Retard compris entre 31 et 90 jours 25%
Retard compris entre 91 et 180 jours 50%
Retard supérieur à 180 jours 100%

Enda-ia a défini une politique de provision qui déroge à ce qui a été développé ci-dessus, en
argumentant sur le fait que la législation a laissé le choix aux IMF, d’apprécier la méthode de
provision et que l’antériorité des impayés n’est qu’une suggestion de la NCT 34. Ainsi, Enda-
ia détermine le montant de la provision à constituer, en appliquant un taux de 4 % sur
l’encours global.

Cette provision dont le montant est déterminé en fonction de l’encours global, ne permet pas à
notre sens, d’identifier réellement les créances seines, des autres créances. Par conséquent, ne
reflète pas la situation réelle du portefeuille et peut engendrer selon le cas : la création de
provision à caractère de réserve ou une insuffisance de provision.

82
NCT 34, paragraphe 15

97
iii- Les limites sectorielles

Les crédits accordés par les IMF sont caractérisés par leur petite taille, par conséquent le
risque de concentration du risque de crédit en une ou quelque relation est quasi-absent. Par
contre les IMF sont amenées à définir des limites sectorielles de leur portefeuille crédit, afin
d’éviter une concentration du risque de crédit dans un secteur. Ces limites visent à répartir le
risque de crédit sur plusieurs secteurs.

Enda-ia a mis en place des limites par secteur qui touchent différents secteurs importants tels
que : le commerce, l’habitat, le transport, l’artisanat…

iv- Autres indicateurs

D’autres indicateurs moins pertinents de suivi de risque de crédits sont utilisés par les IMF,

- Taux de remboursement à l’échéance qui renseigne sur les remboursements effectués


avant ou à la date d’échéance, dont la formule se présente comme suit

Montant des échéances courues et payées


Taux de remboursement =
Montant des échéances courues

Ce taux est souvent utilisé plutôt pour des besoins de communications que pour le besoin de
suivi du risque de crédit.

- Taux des impayés : ce pourcentage est la résultante du rapport échéances impayées /


encours global, qui permet d’apprécier le pourcentage des crédits échus et demeurant
impayés par rapport à l’encours global.

- Taux de perte qui indique sur les créances passées en perte par rapport à l’encours
global.

3.2. Les avantages de la maîtrise des risques

Le meilleur moyen permettant d’assurer la pérennité de l’IMF et de limiter sa vulnérabilité,


est l’instauration d’une politique de gestion des risques qui présente plusieurs avantages tels
que :

-La traçabilité et la transparence des opérations ;

98
-La délimitation et localisation des responsabilités ;

-Des indicateurs pertinents et fiables favorisant l’aide décisionnelle ;

-Le respect des normes prudentielles fixées par la gouvernance ;

-Le respect de la législation régissant le secteur ;

-Des meilleures conditions d'activité et d’attractivité ;

-Le Renforcement de la capacité d’agir ;

-La possibilité d’offrir des produits plus adaptés aux clients ;

-La poursuite de mauvais payeurs ;

-Une meilleure connaissance des spécificités des emprunteurs ;

-La diffusion d’une culture de contrôle ;

-La limitation du développement de la fraude ;

-Une meilleure maitrise des risques des clients ;

-L’amélioration de la politique de distribution du crédit ;

-La sauvegarde d’une bonne qualité du portefeuille ;

-Le renforcement de la notoriété et de la crédibilité.

En effet, les décideurs des IMF qui ne mettent pas en place des politiques appropriées de
gestion des risques baignent dans l'illusion en l’absence de sources leur permettant de prendre
les décisions qui s’imposent.

Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que les tous systèmes de gestion de risques présentent
des limites se rapportant essentiellement à l’équation avantages-coûts et d’autres facteurs
exogènes et endogènes.

Conclusion de la deuxième partie

Nous avons essayé dans le cadre de cette deuxième partie d’identifier les risques qui pèsent
sur les institutions de microfinance, d’appréhender le développement de la notion de contrôle
au sein des associations autorisées à accorder des micro-crédits et de cerner la relation étroite
qui existe entre le contrôle interne et la gestion des risques.

99
Ensuite nous avons présenté, les outils de contrôle permettant la maitrise du risque de crédit,
corrélé par une revue des pratiques adoptées par l’institution Enda, objet de notre étude
empirique.

100
Conclusion générale

101
D’une manière générale la microfinance peut être considérée comme un outil efficace, qui
permet de lutter contre l’exclusion et qui stimule le développement du tissu économique.
C’est ainsi que cet instrument, permet de réduire la pauvreté, de stimuler la création de
l’emploi et de favoriser l’émergence d’une économie locale dans les zones défavorisées.

Le contexte Tunisien actuel, est marqué par l’existence : d’un nombre élevé de chômeurs, de
disparités régionales accrues et d’une grande frange de la population qui vit encore sous le
seuil de la pauvreté.

Conscient du rôle important que peut jouer la microfinance dans cette phase de post
révolution, les autorités ont retenu la vision suivante « une microfinance socialement
responsable et pérenne qui, à travers l'accès pour le plus grand nombre de personnes à des
services financiers de qualité, contribue à la lutte contre l’exclusion financière, au
développement harmonieux des régions et à la consolidation du tissu économique ».

Pour stimuler et favoriser le développement de la microfinance, le législateur a doté le secteur


d’un nouveau cadre réglementaire plus innovant, dont les principaux axes d’amélioration ont
porté sur :

- L’élargissement du concept du microcrédit vers la microfinance, en retenant la micro


assurance ;

- L’ouverture du secteur aux sociétés commerciales ;

- L’orientation d’améliorer les structures organisationnelles des institutions ;

- L’instauration d’une autorité de contrôle du secteur de la microfinance.

Ce nouveau cadre illustre une volonté affichée par les autorités pour promouvoir le secteur.
Toutefois, ce nouveau cadre souffre de certaines défaillances du fait qu’une composante
essentielle de la microfinance qu’est la micro-épargne demeure exclue. Aussi, compte tenu de
la situation générale du pays, les textes réglementaires demeurent non respectés, bien que le
délai de rigueur d’une année accordé pour les AMC qui exerçaient en vertu de l’ancienne
réglementation pour se conformer à la nouvelle réglementation soit dépassé, sans qu’elles ne
régularisent leurs situations, ces associations continuent à bénéficier des financements
publics.

Comme nous l’avons démontré tout au long de notre étude, la microfinance est un outil
intéressant, permettant d’améliorer certains aspects de la vie socio-économique. Cependant,
elle demeure un instrument et non une solution en elle-même. « Le microcrédit est un outil
qui permet aux rêves de se réaliser. Mais le microcrédit à lui seul n’est souvent pas

102
suffisant »83 pour résoudre tous les problèmes de développement, l’Etat doit pleinement jouer
son rôle notamment en matière d’éducation, de santé, le développement des infrastructures, et
d’aides sociales. « D’ailleurs, en général, les programmes de micro-crédit doivent être
accompagnés de mesures de la part des gouvernements qui facilitent et encouragent le micro-
entreprenariat ». 84

« La prolifération des institutions de microfinance engendre une forte demande débouchant


sur une recrudescence diversifiée des risques. La gestion du risque est un facteur déterminant
dans l'évolution et la pérennité de l'institution. Elle est indispensable du fait qu'elle permet
d'atténuer ou de neutraliser leur apparition» 85.

Partant de cette réalité, la microfinance ne peut se développer et atteindre ces objectifs, que si
ses opérateurs, qui sont les institutions de microfinance peuvent être en mesure d’identifier les
risques auxquelles elles sont exposées et mettre les outils nécessaires pour y faire face.

Cette notion de maitrise du risque demeure peu développée en Tunisie, compte tenu du cadre
législatif et réglementaire dans lequel opéraient les entités de microfinance qu’est la forme
associative dominée par une présence indirecte massive de l’Etat.

Ainsi, pour vulgariser cette notion de maitrise de risque qui demeure récente dans
l’environnement Tunisien, nous avons essayé d’énumérer les différents types de risques
associés à l’activité de la microfinance. Ensuite, compte tenu du fait que l’activité essentielle
de l’IMF est de prêter l’argent, nous nous sommes intéressés au risque du crédit et les outils
de maitrise de ce risque, corroboré par une étude des pratiques de maitrise du risque de crédit
développées par l’institution Enda, institution qui a fait l’objet de notre étude pratique.

A l’issue de notre étude, nous avons été en mesure d’appréhender qu’à l’instar des IMF à
l’échelle internationale, la maitrise du risque dans l’environnement Tunisien demeure un
facteur déterminant dans l'évolution et la pérennité de l'institution.

Cependant, les outils de maitrise du risque aussi performants qu’ils soient ne peuvent à eux
seuls permettre aux IMF d’affronter tous les problèmes de risques, et notamment le risque de
crédit auxquelles elles sont exposées. A cet effet, nous estimons que la création d’une centrale
des risques dédiée au secteur de la microfinance (à l’instar de la centrale risque du secteur
financier classique) peut contribuer efficacement dans l’atténuation du risque du secteur.

83
État de la campagne du sommet du microcrédit, rapport 2011
84
www.endarabe.org.tn
85
Ndao, A. Gestion des risques dans les institutions de microfinance, Université Cheikh anta Diop.

103
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106
Code de la taxe sur la valeur ajoutée

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Loi 59-154 du 7 novembre 1959 relative aux associations

Loi organique 88-90 du 2 aout 1988 modifiant et complétant la loi 59-154 du 7 novembre
1959 relative aux associations

Loi organique 92-25 du 2 avril 1992 modifiant et complétant la loi 59-154 du 7 novembre
1959 relative aux associations

Loi organique 93-80 du 26 juillet 1993, relative à l’installation des organisations non
gouvernementales en Tunisie

Loi organique 99-67 du 15 juillet 1999, relative aux microcrédits accordés par les associations

Loi 99-70 du 15 juillet 1999, relative aux dispositions fiscales régissant les microcrédits
accordés par les associations

Décret-loi n° 2011-88 du 24 septembre 2011, portant organisation des associations

Décret-loi n° 2011-117 du 5 novembre 2011, portant organisation de l'activité des institutions


de micro finance

Décret 99-1999 du 13 septembre 1999, fixant la composition et le mode de fonctionnement de


la commission consultative prévue par l’article 5 de la loi organique 99-67

Arrêté du ministre des finances du 27 août 1999, fixant le montant maximum du microcrédit,
les conditions de son octroi et de son remboursement, tel que modifié par l’ arrêté du ministre
des finances du 3 novembre 1999, l’arrêté du ministre des finances du 14 juillet 2000, l’ arrêté
du ministre des finances du 8 septembre 2001, l’arrêté du ministre des finances du 29 avril
2003, l’arrêté du ministre des finances du 23 novembre 2004, l’arrêté du ministre des finances
du 30 mars 2009, l’arrêté du ministre des finances du 16 décembre 2009 et l’arrêté du ministre
des finances du 29 septembre 2010

Arrêté du ministre des finances du 18 janvier 2012, relatif à la fixation du montant maximum
du micro-crédit et des conditions de son octroi par les institutions de micro finance.

Arrêté du ministre des finances du 5 juin 2002, relatif à la fixation des modalités de l’audit
externe des comptes des associations autorisées à accorder les microcrédits

Le système comptable des entreprises

Loi de finances pour l'année 2005

107
Note commune n°5/2005

Normes internationales d’audit

Normes internationales pour la pratique professionnelle de l’audit interne

Sites web

www.bts.com.tn

www.capaf.org
www.cerise-microfinance.org

www.cgap.org
www.Endarabe.org.tn

www.lamicrofinance.org
www.lamicrofinance.org

www.microfinancegateway.org
www.microfinancetn.com
www.microsave.org

www.mixmarket.org
www.planetfinance.org

www.planetrating.com

108
Annexe 1

Guide d’entretien

 Prise de connaissance d’ordre général sur la notion du risque

Est-ce que vous entendez parler de la notion de risque au niveau des IMF ?

Quels sont les risques auxquelles les IMF sont exposées ?

Avez-vous entendu parler des outils de maitrise des risques au niveau des IMF ?

Estimez vous que tous les risques sont maîtrisables ?

Considériez-vous le risque comme un élément sérieux qui peut accroitre la vulnérabilité de


l’IMF ?

 La maitrise du risque au niveau national et international

Considériez vous que la gestion des risques est développée au niveau des IMF
internationales ?, Qu’en t-il de cette notion en Tunisie ?

Est-ce qu’il y suffisamment de référence en matière de gestion de risque, au niveau


international qui vous servent comme benchmark ?

Qu’en t il en Tunisie, est ce que le cadre réglementaire traite suffisamment de ce risque ?

Considériez vous que les pratiques internationales de maitrise du risque dans l’absolu et
précisément le risque du crédit sont applicables au contexte Tunisien ?

109
 Les outils de maitrise du risque au niveau de l’institution

Est-ce que vous prenez en considération la notion de gestion de risque au sein de votre IMF ?

Vous vous référez à quelles références pour limiter le risque dans sa notion large et
précisément le risque de crédit ?

Sachant, que le risque de crédit est le risque métier, dans votre institution, est ce que vous
avez développé des outils ou techniques qui permettent de limiter ce risque ?

D’après vous il est opportun de mettre en place des outils de maitrise du risque lors de l’octroi
du prêt ou pour assurer le suivi une fois le crédit accordé ?

Compte tenu que la maitrise du risque couvre aussi bien la phase d’octroi du crédit, que la
phase de suivi du crédit, nous allons commencer par les outils de maitrise du risque que vous
avez instauré lors de processus d’octroi.

Pour les besoins de l’étude nous allons décortiquer le processus d’octroi du crédit en trois
cycles, qui sont :

 La conception des produits


 La sélection de la clientèle
 Les procédures d’octroi

Dans chaque phase vous allez me parler des mesures et pratiques que vous avez instaurées
pour gérer le risque de crédit.

Vous m’avez explicité, vos pratiques de gestion du risque de crédit dans la phase d’octroi du
crédit, reste maintenant la phase du suivi du crédit.

Ainsi, quelles sont les techniques développées au sein de votre institution pour maitriser le
risque de crédit au niveau de cette phase.

110
Table des matières

INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................................................ 2

PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DU CADRE DE LA MICROFINANCE ...................... 8

Introduction de la première partie ........................................................................................................................... 9

Chapitre 1 : La microfinance à l’échelle internationale .......................................................................................... 9


Section 1 : Naissance et développement de la microfinance .............................................................................. 9
1.1. Naissance de la microfinance ................................................................................................................ 10
1.2. Développement de la microfinance ....................................................................................................... 11
1.2.1. Les limites du système bancaire formel ......................................................................................... 12
1.2.2. Les limites des autres sources de financement ............................................................................... 13
1.2.3. Les atouts favorisant le développement de la microfinance ........................................................... 15
Section 2 : La microfinance comme vecteur de croissance et de lutte contre la pauvreté ................................ 16
2.1. La microfinance vecteur de croissance .................................................................................................. 16
2.2. La microfinance moyen de lutte contre la pauvreté ............................................................................... 17
2.3. La pérennisation de la microfinance et le rôle de l’Etat ........................................................................ 18
Section 3 : Nature et utilisateurs de l’information communiquée ..................................................................... 19
3.1. Les préalables pour une information de qualité ..................................................................................... 20
3.2. Nature des informations communiquées ............................................................................................... 21
3.2.1. Les informations financières .......................................................................................................... 21
3.2.2. Les informations non financières ................................................................................................... 22
3.3. Les utilisateurs des informations communiquées et leurs besoins......................................................... 23
3.3.1. Les utilisateurs internes .................................................................................................................. 23
3.3.2. Les utilisateurs externes ................................................................................................................. 24

Chapitre 2 : La microfinance en Tunisie ............................................................................................................... 25


Section1 : Cadre juridique, comptable et fiscal des entités exerçant la microfinance ...................................... 25
1.1. Cadre juridique des entités exerçant la microfinance ...................................................................... 25
1.1.1. Forme des institutions de microfinance ......................................................................................... 26
1.1.2. Les activités de microfinance ......................................................................................................... 26
1.1.3. Les conditions d’exercice............................................................................................................... 29
1.1.4. Mesures transitoires ....................................................................................................................... 29
1.2. Les obligations comptables des entités exerçant la microfinance ......................................................... 30
1.3. Régime fiscal des entités exerçant la microfinance ............................................................................... 31
1.3.1. Régime fiscal en matière d’impôts directs ..................................................................................... 31
1.3.2. Régime fiscal en matière de taxe sur la valeur ajoutée .................................................................. 31
1.3.3. Régime fiscal en matière de droit d’enregistrement et de timbres ................................................. 32
Section 2 : La réalité de la microfinance en Tunisie ......................................................................................... 32
2.1. Evolution de la microfinance en Tunisie ............................................................................................... 32
2.2. Présentation de la microfinance en Tunisie ........................................................................................... 33
2.2.1. Le marché de la microfinance en Tunisie ...................................................................................... 33
2.2.2. Présentation des entités exerçant la microfinance en Tunisie ........................................................ 37
2.3. Les impératifs de développement de la microfinance en Tunisie .......................................................... 43
2.3.1. Les forces et faiblesses du secteur de la microfinance en Tunisie ................................................ 43
2.3.2. Les démarches à entreprendre pour le développement de la microfinance .................................... 45

Conclusion de la première partie........................................................................................................................... 48

111
DEUXIEME PARTIE : NOTION DE RISQUE ET LES OUTILS DE MAITRISE DES RISQUES DANS LES
IMF ....................................................................................................................................................................... 49

Introduction de la deuxième partie ........................................................................................................................ 50

Chapitre 1 : Les risques associés à l’activité de microfinance .............................................................................. 50


Section 1 : Définitions et mécanismes de gestion des risques .......................................................................... 50
1.1. Définitions de la gestion des risques ..................................................................................................... 50
1.2. Les mécanismes de gestion des risques ................................................................................................. 51
1.2.1. Identifier, évaluer et classer les risques par ordre de priorité ....................................................... 52
1.2.2. Développer des stratégies pour mesurer les risques ....................................................................... 52
1.2.3. Elaborer des politiques et des procédures pour atténuer les risques............................................... 52
1.2.4. Mettre en œuvre les contrôles et attribuer les responsabilités ........................................................ 52
1.2.5. Tester l'efficacité du processus et évaluer les résultats .................................................................. 52
1.2.6. Amender les politiques et procédures dès que nécessaire .............................................................. 53
Section 2 : Typologie des risques au sein d’une IMF ....................................................................................... 53
2.1. Les risques internes ............................................................................................................................... 54
2.1.1. Risques Institutionnels ................................................................................................................... 54
2.1.1.1. Le risque lié à la mission sociale ............................................................................................ 54
2.1.1.2. Le risque lié à la mission commerciale ................................................................................... 55
2.1.1.3. Le risque de dépendance ......................................................................................................... 55
2.1.1.4. Le risque de réputation ........................................................................................................... 56
2.1.2. Risques opérationnels .................................................................................................................... 56
2.1.2.1. Le risque de crédit .................................................................................................................. 57
2.1.2.2. Le risque de fraude ................................................................................................................. 58
2.1.2.3. Le risque de Sécurité .............................................................................................................. 60
2.1.3. Risques de gestion financière ......................................................................................................... 60
2.1.3.1. Le risque de gestion actifs passifs........................................................................................... 60
2.1.3.2. Le risque lié au système d’information et technologique ....................................................... 62
2.1.3.3. Le risque d’inefficacité ........................................................................................................... 62
2.2. Les Risques externes ............................................................................................................................. 63
2.2.1. Le risque réglementaire .................................................................................................................. 63
2.2.2. Le risque de concurrence ............................................................................................................... 65
2.2.3. Le risque démographique ............................................................................................................... 66
2.2.4. Le risque de l’environnement physique ......................................................................................... 67
2.2.5. Le risque macroéconomique .......................................................................................................... 67

Chapitre 2 : Application des bonnes pratiques de maîtrise du risque de crédit au niveau des IMF : cas du contexte
tunisien .................................................................................................................................................................. 68
Section 1 : Relation entre gestion des risques et contrôle interne ..................................................................... 68
1.1. Définitions, objectifs et composantes du contrôle interne ..................................................................... 69
1.1.1. Définitions du contrôle interne....................................................................................................... 69
1.1.2. Objectifs du contrôle interne .......................................................................................................... 69
1.1.3. Les préalables à un système contrôle interne efficace.................................................................... 72
1.2. L’audit interne et son rôle dans la maitrise du risque ............................................................................ 76
Section 2: Appréhender les pratiques de gestion des risques en Tunisie .......................................................... 78
2.1. Revue des études antérieures ................................................................................................................. 78
2.2. Méthodologie et choix de la population ................................................................................................ 79
Section 3 : Les systèmes de contrôle permettant la maîtrise du risque de crédit au niveau des IMF ................ 81
3.1. Les outils de maitrise des risques du crédit ........................................................................................... 81
3.1.1. Processus d’octroi du crédit ........................................................................................................... 81
3.1.2. Processus de suivi du crédit ........................................................................................................... 91
3.2. Les avantages de la maîtrise des risques ............................................................................................... 98

112
Conclusion de la deuxième partie ......................................................................................................................... 99

CONCLUSION GENERALE ............................................................................................................................. 101

113

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