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Direction Générale de la Stabilité et de l'Inclusion Financières

Direction des Institutions de Crédit et du Financement des Economies


Service des Activités de Microfinance

INTRODUCTION A LA MICROFINANCE

CESAG, Janvier 2019

ANIMATRICE :
Madame Soukeyna Mbengue DIENG
Chef du Service des Activités de Microfinance
Direction des institutions de crédit et du Financement des Economies
BCEAO Siège

Avenue Abdoulaye FADIGA Tél. (221) 33 839 05 00 / Fax. (221) 33 823 93 35


BP 3108 – Dakar - Sénégal courrier.bceao@bceao.int - www.bceao.int
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Introduction

La microfinance a connu un développement considérable dans le monde au cours des


trente dernières années. Elle avait, dès le départ, comme objectif de combler les
insuffisances notées en matière d'accès des populations les plus vulnérables aux services
financiers. Une telle évolution n'aurait sans doute pas été rendue possible si les pionniers à
l'origine n'étaient pas convaincus que les pauvres étaient bancarisables et le microcrédit
une activité rentable.

Les Institutions de microfinance (IMF) ont surtout prospéré dans les régions en
développement, celles où l'exclusion financière était la plus prononcée. Elles partagent les
mêmes objectifs que les banques, notamment s'agissant de la collecte de l'épargne des
agents en excédent de ressources pour les besoins de financement de projets rentables.
La différence provient du fait qu'elles ne disposent pas des mêmes stratégies en matière de
produits et services offerts. Elles ne visent également pas la même cible de clientèle et ne
sont pas soumises, dans la plupart des cas, à la même réglementation.

Plus de 200 millions de personnes dans le monde bénéficient aujourd’hui de services de


microfinance. Pour ces familles et ces très petites entreprises, exclues des banques
classiques, pouvoir épargner ou emprunter, c'est avoir les moyens de développer des
activités autonomes et d'échapper à la pauvreté. (cf. le guide de la microfinance).

Le présent support, élaboré dans le cadre de l'animation d'un cours sur « l'introduction à la
microfinance » au profit des étudiants au Programme « Master en Banque et Finance
(MBF) » du CESAG, vise à présenter les fondamentaux de la microfinance, son histoire,
ses principaux acteurs, les services et produits ainsi que les problématiques et enjeux du
secteur. Compte tenu du contexte et de la finalité du Programme « Master en Banque et
Finance (MBF) », le support consacre le tiers du volume horaire à l'analyse synoptique du
cadre juridique régissant l'activité de la microfinance dans l'UEMOA ainsi que sur l'état des
lieux du secteur dans la zone UEMOA au 30 juin 2018.
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Plan du cours
Introduction
Premier module : GENERALITES SUR LA MICROFINANCE (Volume horaire : 5 h )
I- Définition de la microfinance
II- Histoire de la microfinance dans le monde
III- Produits et services spécifiques de la microfinance
IV- Microfinance et Inclusion financière
Deuxième module : ANALYSE SYNOPTIQUE DU CADRE JURIDIQUE REGISSANT
L'ACTIVITE DE LA MICROFINANCE DANS l'UEMOA (Volume horaire :
5h)
I- Principaux textes constitutifs du cadre juridique régissant la microfinance dans l'UEMOA
II – Opérations autorisées aux SFD de l'UMOA
III – Typologie des SFD
Troisième module : ETAT DES LIEUX DU SECTEUR DE LA MICROFINANCE DANS LA
ZONE UEMOA (Volume horaire : 2 h)
I- Evolution de la situation récente du secteur de la microfinance dans l'UEMOA
(données au 30 juin 2018)
II- Faiblesses relevées dans le secteur
III- Initiatives en cours et défis à relever
Quatrième module : ANALYSE CRITIQUE SUR LA MICROFINANCE (PROBLEMATIQUES
ET ENJEUX) (Volume horaire : 3 h)
I- Comment améliorer la gouvernance des SFD de l'UMOA ?
II- Comment améliorer la performance financière des IMF de l'UMOA ?
III- Autres grandes questions.
ANNEXES
DOSSIER N°1 : ARCHITECTURE DU CADRE JURIDIQUE REGISSANT LES SFD DANS
L'UEMOA
DOSSIER N°2 : NOTE SUR LES TEXTES JURIDIQUES REGISSANT LE SECTEUR DANS
LA ZONE UEMOA ADOPTES EN 1993
DOSSIER N°3 : CROISSANCE ET VULNERABILITES EN MICROFINANCE
DOSSIER N°4 : ACCES DES JEUNES AUX SERVICES FINANCIERS
DOSSIER N°5 : MICROFINANCE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
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Premier module : GENERALITES SUR LA MICROFINANCE

I- Définition de la microfinance

La microfinance peut se définir comme l'offre de services financiers à des individus n'ayant
pas généralement accès aux institutions financières classiques. Le succès de l'industrie de
la microfinance a montré qu'il est possible de concevoir des services financiers de proximité
adaptés à des populations exclues du système financier formel, et qui ont un véritable
impact sur leur développement économique et social.

Les institutions qui offrent des services de microfinance sont communément appelées
"Institutions de Microfinance ou IMF". Selon la loi portant réglementation des systèmes
financiers décentralisés (SFD), un SFD est une institution dont l'objet principal est d'offrir
des services financiers à des personnes qui n'ont généralement pas accès aux opérations
des banques et établissements financiers tels que définis par la loi portant réglementation
bancaire et habilitée aux termes de la présente loi à fournir ces prestations.

II- Histoire de la microfinance

En 1849, un bourgmestre prussien, F. W. Raiffeisen, fonde en Rhénanie la première


société coopérative d'épargne et de crédit, une institution qui offre des services d'épargne
aux populations ouvrières pauvres et exclues des banques classiques. Progressivement,
en s'appuyant sur l'épargne collectée, elle octroie des crédits à ses clients, d'où
l'appellation « institutions mutualistes », car elles mutualisent l'épargne de leurs membres
pour la prêter à d'autres membres. De nombreuses institutions se développent sur cette
base en Europe et en Amérique du Nord, puis, à partir de 1950, dans les pays en
développement, notamment en Afrique. Mais elles restent à cette époque essentiellement
focalisées sur l'épargne, avec des produits de crédit souvent limités.

Dans les années soixante et soixante-dix, après les indépendances, de nombreux pays en
développement ont créé des banques publiques de financement agricole pour offrir aux
paysans des crédits aux taux d'intérêts subventionnés. Après quelques années, la plupart
de ces banques ont disparu, et le problème de l'accès aux services financiers pour les
exclus des banques est resté entier.

C'est dans la deuxième moitié des années soixante-dix que les premières expériences de
microfinance « moderne » apparaissent en Amérique latine et en Asie. A partir de 1975,
l'exemple de la Grameen Bank, au Bengladesh, démontre non seulement que les pauvres
peuvent efficacement gérer et rembourser des crédits, mais qu'ils peuvent payer des
intérêts élevés, et que l'institution peut donc couvrir ses propres coûts.

A la fin des années quatre-vingt, les initiatives se multiplient et des institutions accordant
des crédits en milieu urbain commencent à couvrir leurs coûts, sans subventions. C'est le
début de l'émergence d'une « industrie de la microfinance ».

Les années 1990 marquent une période de profond changement pour le secteur de la
microfinance. La viabilité financière, c'est à dire la capacité à couvrir ses charges par ses
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revenus, devient l'enjeu central de la plupart des programmes de microfinance. Avec


l'avènement des premières institutions rentables, se créent les premiers acteurs spécialisés
dans le financement d'institutions de microfinance.

La fin des années quatre-vingt-dix a vu aussi apparaître les premières difficultés. La


croissance extrêmement rapide des institutions s'est soldée dans certains cas par des
échecs retentissants. Mais, avec l'année du Microcrédit en 2005 et surtout le prix Nobel de
la paix obtenu par M. Yunus en 2006, la microfinance obtient une vraie consécration. La
notoriété du secteur s'étend et permet un nouvel engagement des politiques et financiers
en sa faveur. Cette notoriété attire de plus en plus d'acteurs privés vers le secteur. De
nombreux fonds de financement spécialisés se créent. Le secteur de la microfinance
s'intègre de façon croissante au secteur financier classique. Cet afflux de fonds privés
permet d'alimenter la croissance.

Le développement des IMF, amorcé depuis la crise bancaire des années 1980, s'inscrit
dans un contexte où les pays membres de l'UEMOA ont été contraints de se tourner
davantage vers l'épargne intérieure pour financer leur développement. Ce contexte a été
caractérisé par le recul des flux de capitaux étrangers à la suite des conséquences du
second choc pétrolier, la baisse de l'aide publique au développement, l'impact du poids de
la dette et la détérioration des termes de l'échange. De ce fait, le recours à l'emprunt
extérieur a progressivement cédé la place aux initiatives internes de mobilisation des
ressources.

Le recours au crédit bancaire classique comme processus de mobilisation de l'épargne


intérieure est également apparu insuffisant, eu égard à sa contribution à l'efficacité de
l'intermédiation financière. Cette évolution est essentiellement liée à l'impact de la crise
économique et financière des années 1980 enregistrée dans les pays de l'UMOA, conjugué
à l'incidence des initiatives prises sur le plan mondial en termes d'innovations financières et
d'intégration des marchés de capitaux. Il en a résulté une émergence d'institutions de
microfinance découlant en partie d'un besoin persistant de financement d'un secteur
informel de production et de commercialisation.

Existant sous forme de systèmes mutualistes, de coopératives d'épargne et de crédit, de


projet à volet crédit, de caisses villageoises, d'organisations paysannes d'épargne et de
crédit, les systèmes financiers décentralisés se sont depuis lors développés à un rythme
soutenu. Les résultats satisfaisants de leurs activités ont conduit les gouvernements et
leurs partenaires au développement à s'intéresser de plus près aux potentialités du secteur.
Pour ce faire, une réglementation appropriée a été mise en place à partir de décembre
1993 dans le cadre du Projet d’Appui à la Réglementation sur les Mutuelles d'Epargne et
de Crédit (PARMEC) ainsi qu'une réglementation prudentielle à l'effet de sécuriser leurs
opérations. (cf. Dossier N°2 intitulé « note sur les textes juridiques régissant le
secteur dans la zone UEMOA, adoptés en 1993 »).
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III- Produits et services spécifiques de la microfinance

L'industrie de la microfinance offre une gamme variée de produits et de services dont les
principaux se présentent comme suit :

3.1. Services financiers

3.1.1. Crédits générateurs de revenus

Les praticiens estiment que le crédit constitue l'ingrédient qui manquait au développement.
Si les entrepreneurs de l'économie informelle avaient accès à un crédit d'investissement, ils
pourraient l'utiliser à des fins productives qui leur généreraient des revenus à eux-mêmes
aussi bien qu'aux prestataires de services financiers. Les IMF utilisent des produits
innovateurs et des techniques de distribution pour relever les défis liés au service du
marché des faibles revenus, notamment les crédits de groupe avec des garanties sociales
et des montants de crédit croissants basés sur l'historique remboursement de l'emprunteur.
De nos jours, plusieurs d'IMF offrent une gamme de crédits aux entreprises, y compris des
produits collectifs et individuels, pour assurer le fonds de roulement et les actifs fixes.

3.1.2. Crédits à la consommation (ou d'urgence)

Sachant que leurs clients ont besoin de crédits à d'autres fins, les IMF offrent également
des crédits immédiatement disponibles pour assister leurs clients en cas de dépenses
imprévues. Généralement sécurisés par des garanties de groupe, les objets mis en gage,
ou tout simplement l'historique de remboursement de l'emprunteur, ces crédits peuvent être
utilisés à d'autres fins, notamment pour concrétiser des possibilités d'affaires, payer les
frais de scolarité ou tout simplement destinés à la consommation.

3.1.3. Crédits au logement

Ces produits aident les ménages à faibles revenus à procéder à des améliorations
progressives de leur habitat. Tout en respectant la pratique commune de la microfinance
qui offre de petits crédits à court terme, les emprunteurs contractent habituellement des
prêts pour améliorer leur habitat, notamment monter une toiture, et une fois le prêt
remboursé, ils peuvent en obtenir un autre pour agrandir ou arranger une autre partie de la
maison.

3.1.4. Crédit-bail

Un produit peu commun de la microfinance qui permet aux clients d'acheter (ou d'utiliser)
des biens sans devoir débourser un montant important. Puisque l'institution financière
détient le droit de propriété du matériel jusqu'au terme du bail, le processus d'évaluation
peut être simple. En outre, la valeur du bien et le terme du bail peuvent être plus importants
que le montant et la durée de la plupart des crédits aux microentreprises, sans pour autant
augmenter le risque du bailleur.
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3.1.5. Epargne

Avancer l'idée que tous les ménages, même les pauvres, peuvent épargner, peut paraître
paradoxal. Comment pourrait-on mettre de l'argent de côté si l'on possède à peine assez
de revenus pour satisfaire ses besoins essentiels?

Cette idée découle pourtant de la simple observation des modes de vie des familles dans
les différents contextes de pays en développement. Toutes les familles, même les plus
pauvres, ont besoin, à différents moments de leur existence, de débourser des sommes
d'argent qui dépassent les petits montants qu'elles gardent disponibles pour vivre au
quotidien. Ces occasions de dépenses importantes sont de deux (2) types :

• des événements de la vie personnelle ou familiale, liés au cycle de vie des individus
(mariage, naissance d'un enfant, enterrement, festivals...) ;

• des opportunités d'investissement dans une activité économique. Ces opportunités sont
extrêmement variées, comme par exemple, l'acquisition d'un stock de marchandises
pour le vendre au marché, l'investissement dans un équipement pour exercer une
activité artisanale ou encore, en milieu rural, l'achat de semences et d'engrais.

Pour réaliser ces dépenses exceptionnelles, il faut bien, à un moment mettre de côté de
l'argent issu des revenus d'une activité professionnelle (aussi modeste soit-elle) et donc de
prélever sur les dépenses quotidiennes, c'est-à-dire épargner. De plus, en l'absence de
système de retraite, certains ménages épargnent en vue de leurs vieux jours, sous des
formes variées.

La question n'est donc pas de savoir si les ménages des pays en développement sont
capables d'épargner : le simple fait qu'ils aient à engager ponctuellement des dépenses
inhabituelles prouve qu'ils le font. Dès lors, le sujet qui nous intéresse ici est celui des
mécanismes financiers qui leur permettent de gérer cette épargne.

Parmi les ménages qui épargnent en numéraire, il est observé trois (3) mécanismes de
gestion de leur argent :

• l'épargne a priori : cette option consiste à mettre peu à peu de côté, avant une dépense,
des petites sommes qui rendront l'épargne possible à l'avenir. Cela pose trois défis :

✗ avoir un lieu sûr où déposer son épargne,

✗ avoir suffisamment d'autodiscipline pour se priver de dépenser immédiatement son


argent,

✗ résister aux sollicitations des amis et de la famille ;

• l'épargne a posteriori : cette optique consiste à se faire prêter la somme utile d'abord,
puis à utiliser les montants d'épargne pour rembourser progressivement le prêt ensuite.
Ce type de prêt peut être considéré comme une avance sur une épargne future. Dans
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ce cas, la difficulté n'est plus de trouver un lieu sûr où déposer son argent, mais
d'obtenir le prêt initial ;

• l'épargne continue : l'expression décrit des mécanismes permettant d'épargner avant et


après le moment où l'on a accès à une somme importante d'argent, en s'assurant du
moins d'y avoir accès à un moment donné. C'est le mécanisme des tontines : groupes
d'individus qui se rassemblent dans le but de s'aider mutuellement à épargner, souvent
en continu.

Souvent référé comme la moitié oubliée de la microfinance, la demande des produits


d'épargne, dans bien d'environnements, est même plus grande que celle de crédit. Les IMF
autorisées à mobiliser des dépôts, offrent des produits d'épargne qui répondent aux
besoins de liquidité des épargnants. Si les populations veulent accéder à leur épargne,
alors l'IMF fournit une épargne à vue ou un livret d'épargne. Si les clients n'ont pas un
besoin immédiat de liquidités, alors des épargnes contractuelles ou un compte de dépôt à
terme sont appropriés.

3.1.6. Assurance

Pendant des années, plusieurs IMF ont offert une assurance-vie de base sur les crédits,
afin de rembourser le solde restant dû en cas de décès de l'emprunteur, mais récemment il
s'est développé un intérêt croissant dans l'utilisation de l'assurance pour aider plus
efficacement les clients et leurs familles à gérer les risques, notamment la mort,
l'incapacité, la maladie et les dommages matériels. Plusieurs IMF reconnaissent que
l'assurance est une activité différente de l'épargne et du crédit, et par conséquent, n'ont pas
forcément l'expertise requise. Ainsi, la meilleure façon d'offrir l'assurance à leur clientèle
réside dans le partenariat avec des compagnies d'assurances formelles.

3.1.7. Transfert d'argent

Nombreux sont les SFD qui offrent des services de transfert d'argent à leurs clients, à
travers l'envoi et la réception d'argent vers ou en provenance d'autres pays. Une personne
travaillant à l'étranger peut également envoyer de l'argent à sa famille. Les virements sont
particulièrement intéressants pour la microfinance s'ils peuvent être liés à d'autres services
financiers. A titre exemple, ils peuvent être utilisés pour le remboursement d'un crédit en
cours ou à la constitution d'une épargne. Les IMF, qui offrent des services de transfert
d'argent, sont pour la plupart en partenariat avec des compagnies internationales de
transfert d'argent comme Western-Union ou Moneygram.

3.1.8. Développement de nouveaux produits

La banque à distance représente une opportunité d'étendre les services financiers aux
pauvres qui n'ont pas accès aux réseaux d'agences d'institutions financières (Banques/
SFD). En effet, les clients de ces institutions financières passent par des intermédiaires
comme des centres de loterie ou de petits magasins de détail pour effectuer des dépôts et
payer leurs factures. Dans certains pays comme les Philippines, les migrants urbains
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envoient de l'argent à leurs familles restées à la campagne grâce à leurs téléphones


portables.

3.2. Services non financiers

Comme elles servent généralement des ménages à faibles revenus, notamment ceux qui
sont assez vulnérables, les IMF peuvent combiner des services financiers et non financiers
pour obtenir un plus grand impact et réduire le risque de prêter aux pauvres. Ces services
non financiers prennent les formes ci-après :

3.2.1. Intermédiation sociale


Il s'agit de la formation des groupes et de l'éducation financière pour préparer les clients à
accéder aux services financiers.
3.2.2. Services de développement commercial
Ils prennent la forme d'un suivi et d'une liaison des marchés pour renforcer les opérations
de l'entrepreneur.
3.2.3. Services sociaux
Les réunions de groupes d'épargne et de crédit sont utilisés pour fournir des services
sociaux tels que les soins de santé de base, le planning familial et l'éducation des adultes.
Certaines IMF couvrent les coûts de ces services non financiers par les intérêts qu'elles
perçoivent, mais dans d'autres cas, les services non financiers sont subventionnés ou
offerts par une autre organisation.
Pris ensemble, les produits et services de microfinance promettent d'assister les pauvres,
afin de permettre la réalisation de quatre (4) performances socio-économiques principales :
• création d'emplois : les prêts aux entreprises et les produits de crédit-bail facilitent les
petits investissements dans les micro et petites entreprises qui permettent aux
entrepreneurs de créer des emplois durables, aussi bien pour eux-mêmes que pour les
autres ;

• constitution de capital : les produits d'épargne à long terme, les crédits au logement,
certaines polices d'assurance et même les virements peuvent aider les ménages à
faibles revenus à constituer leur capital ;

• réduction de la pauvreté : les épargnes, les crédits d'urgence et les produits


d'assurance stabilisent les niveaux de revenu, favorisent la consommation et réduisent
la vulnérabilité de personnes proches du niveau de subsistance.

• responsabilisation : les techniques de délivrance de la microfinance peuvent développer


un sens de responsabilité et de leadership, renforcer le capital social, autonomiser les
pauvres, en particulier les femmes, et créer un bloc pour une action collective.
Combiner les services financiers et non financiers peut renforcer l'effet de cette
responsabilisation.
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IV- Microfinance et inclusion financière : ENCADRE SUR LE DOCUMENT-CADRE DE


POLITIQUE ET DE STRATEGIE REGIONALE D'INCLUSION FINANCIERE DANS
L'UEMOA

Dans le cadre des actions de promotion de l'accès aux services financiers dans les pays
membres de l'UEMOA, la BCEAO a entrepris, avec l'appui de United Nations Capital
Development Fund (UNCDF), des travaux visant l'élaboration d'un document-cadre de politique
et de stratégie régionale d'inclusion financière. Cette initiative découle de l'ambition, d'une part,
de fédérer l'ensemble des actions menées dans ce domaine par l'Institut d'émission et, d'autre
part, d'assurer la synergie avec les stratégies nationales adoptées par les Etats.

Le document-cadre de politique et de stratégie est une feuille de route, qui propose une vision
de l'inclusion financière pour l'Union et passe en revue les priorités devant permettre de relever
les défis identifiés au cours de la période 2016-2020. Il met l'accent sur les actions visant à
améliorer l'accès, l'utilisation et la qualité des services financiers offerts aux populations les plus
vulnérables de l'Union. Il s'agit notamment des populations rurales, des femmes, des jeunes,
des petites et moyennes entreprises (PME) et des personnes à faible éducation financière.
Les éléments clés de la stratégie régionale s'articulent autour des points suivants.
La vision
Elle se décline ainsi : « un accès permanent aux services financiers et une utilisation effective,
par les populations de l'UEMOA, d'une gamme diversifiée de produits adaptés et à coûts
abordables ».
L'objectif
Tenant compte du contexte marqué par le rôle prépondérant de la microfinance et de la forte
expansion des services financiers via la téléphonie mobile, l'objectif global de la stratégie
régionale est «d'assurer, sur un horizon de cinq (5) ans, l'accès et l'utilisation d'une gamme
diversifiée de produits et services financiers, adaptés et à coûts abordables, à 75% de la
population adulte de l'UEMOA ».
Les axes, le plan d'actions et le budget
Afin d'atteindre cet objectif et de mettre en œuvre la vision des Autorités de l'UEMOA en
matière d'inclusion financière, la stratégie est articulée autour de cinq (5) axes prioritaires que
sont :
1. promouvoir un cadre légal, réglementaire et une supervision efficace ;
2. assainir et renforcer le secteur de la microfinance ;
3. promouvoir les innovations favorables à l'inclusion financière des populations exclues
(jeunes, femmes, PME, populations rurales, etc.) ;
4. renforcer l'éducation financière et la protection du client de services financiers ;
5. mettre en place un cadre fiscal et des politiques favorables à l’inclusion financière.
Dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie régionale, un plan d'actions, assorti d'un
budget total de 20,0 milliards de FCFA est élaboré. La contribution de la BCEAO est estimée à
2,2 milliards de FCFA et le financement à rechercher se situe à 17,8 milliards FCFA.
Le dispositif institutionnel et le cadre de suivi-évaluation
Un dispositif institutionnel, comprenant un Comité Régional de Pilotage (CRP) ainsi qu'un
Comité National de Suivi de la Mise en Œuvre (CNSMO) est proposé.
Enfin, un cadre de suivi-évaluation est mis en place pour mesurer les performances vers
l'atteinte des objectifs fixés. Ainsi, des indicateurs et des cibles ont été définis pour
évaluer les progrès accomplis à l'horizon 2020. Ces indicateurs sont au nombre de sept
(7) et couvrent les dimensions « accès », « utilisation » et « accessibilité-prix » de
l'inclusion financière.
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Deuxième module : ANALYSE SYNOPTIQUE DU CADRE JURIDIQUE REGISSANT


L'ACTIVITE DE LA MICROFINANCE DANS l'UEMOA

1. Principaux textes constitutifs du cadre juridique régissant la microfinance dans


l'UEMOA

Le cadre d'exercice de l'activité de microfinance est ordonné principalement autour de la loi


portant réglementation des systèmes financiers décentralisés (SFD) et son décret
d'application ainsi que des instructions édictées par la Banque Centrale.

• la loi portant réglementation des SFD comprend 150 articles et est structurée autour de
huit (08) titres, à savoir :

✗ Titre 1 – Définitions (article 1) ;

✗ Titre 2 – Domaine d’application de la réglementation des SFD (articles 2 à 17) ;

✗ Titre 3 – Dispositions communes aux SFD (articles 18 à 69) ;

✗ Titre 4 – Infractions et sanctions (articles 70 à 84) ;

✗ Titre 5 – Dispositions propres aux IMCEC (articles 85 à 121) ;

✗ Titre 6 – Dispositions spécifiques aux autres SFD (articles 122 à 125) ;

✗ Titre 7 – Dispositions relatives aux procédures collectives d’apurement du passif


(articles 126 à 141) ;

✗ Titre 8 – Dispositions transitoires et finales (articles 142 à 150).

• le décret d'application de la loi comprenant quarante-trois (43) articles, est composé de


cinq (5) titres ci-après :

✗ Titre 1 – Constitution et fonctionnement des SFD (articles 2 à 30) ;

✗ Titre 2 – Agrément et retrait d'agrément (articles 31 à 37) ;

✗ Titre 3 – Exceptions au régime d'affiliation (articles 38 à 39) ;

✗ Titre 4 – Organes financiers (articles 40 à 41) ;

✗ Titre 5 – Dispositions finales (articles 42 à 43).

• les instructions de la BCEAO, sont d'application directe. A ce jour, seize (16)


instructions ont été prises par le Gouverneur de la BCEAO, en vue de préciser les
modalités d'application de la Loi.

Leur liste se présente comme suit :

N° REFERENCES OBJET
Instruction instituant un référentiel comptable spécifique
1 025-02-2009 du 3 février 2009
des SFD de l'UMOA.
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Instruction relative aux conditions de mise en oeuvre du


2 026-02-2009 du 3 février 2009
plan de comptes prévus par le RCSFD de l'UMOA.
Instruction fixant les modalités d'établissement et de
3 030-02-2009 du 3 février 2009
conservation des états financiers des SFD de l'UMOA.
Instruction relative au retrait de reconnaissance des
4 004-06-2010 du 11 janvier 2010 groupements d'Epargne et crédit en activité dans les
Etats membres de l'UMOA.
Instruction déterminant les éléments constitutifs du
5 005-06-2010 du 14 juin 2010 dossier de demande d'agrément des SFD dans les
Etats membres de l'UMOA.
Instruction relative au commissariat aux comptes au
6 006-06-2010 du 14 juin 2010
sein des SFD des Eats membres de l'UMOA.
Instruction relative aux modalités de contrôle et de
7 007-06-2010 du 14 juin 2010 sanction des SFD par la BCEAO et la Commission
Bancaire.
Instruction relative aux règles prudentielles applicables
8 010-08-2010 du 30 août 2010
aux SFD des Etats membres de l'UMOA.
Instruction relative au financement des immobilisation et
9 016-12-2010 du 29 décembre 2010
des participations par les SFD.
Instruction relative à l'organisation du contrôle interne
10 017-12-2010 du 29 décembre 2010
au sein des SFD.
Instruction relative à l'obligation pour les SFD de
11 018-12-2010 du 29 décembre 2010
produire un rapport annuel.
Instruction relative à la mise en place d'un fonds de
sécurité ou de solidarité au sein des réseaux
12 019-12-2010 du 29 décembre 2010
d'institutions mutualistes ou coopératives d'épargne et
de crédit.
Instruction relative aux indicateurs périodiques à
transmettre par les SFD au Ministre chargé des
13 020-12-2010 du 29 décembre 2010
Finances, à la BCEAO et à la Commission Bancaire de
l'UMOA.
Instruction déterminant la catégorie de SFD autorisée à
14 021-12-2010 du 29 décembre 2010
appliquer la version allégée du RCSFD.
Instruction relative aux demandes d'autorisation
préalable pour la modification de la forme juridique, de
15 001-01-2017 du 17 janvier 2017 la dénomination sociale, du nom commercial ou de la
structure du capital social d'un SFD exerçant dans
l'UMOA.
Instruction relative aux modalités de traitement de la
16 002-01-2017 du 17 janvier 2017 demande de dérogation individuelle à la condition de
nationalité.

• les autres textes auxquels sont soumis les SFD :

✗ Loi-cadre portant définition et répression de l'usure (le taux de I'usure, en ce qui


concerne les SFD, est fixé à 24%) ;

✗ Loi relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de
l'UEMOA (les SFD sont soumis à des obligations d'identification de la clientèle, de
conservation et de communication des documents, d'élaboration de programmes
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internes de lutte contre le blanchiment de capitaux et de déclaration des opérations


suspectes) ;

✗ Règlement n° 15/2002/CM/UEMOA relatif aux systèmes de paiement dans les Etats


membres de l’UEMOA ( les SFD sont habilités à promouvoir l’utilisation des cartes
de paiement et de retrait, du porte-monnaie électronique 1 et du télépaiement ainsi
que tout autre procédé et instrument de paiement à naître notamment pour la
constitution de groupements en vue d’instituer des mécanismes et des instruments
de virement électronique de dimension nationale ou régionale ( article 131) 2.) ;

✗ Instruction n°01/2006/SP du 31 juillet 2006 relative à l'émission de monnaie


électronique et aux établissements de monnaie électronique ;

✗ Règlement n°9/98/CM/UEMOA relatif aux relations financières extérieures des Etats


membres de l'UEMOA (remplacé par le Règlement n°9/2010/CM/UEMOA) ;

✗ Règlement 96-03 du 5 juillet 1996 relatif à l'émission des billets de trésorerie, de


certificats de dépôts, de bons des établissements financiers et de bons des
institutions financières régionales ;

✗ Décision n°061-03-2011 relative aux critères d'admissibilité des crédits bancaires


octroyés aux SFD en supports des refinancements de la BCEAO ;

✗ Instruction n°013-11-2015 du 10 novembre 2015 relative aux modalités d'exercice


de l'activité de transfert rapide d'argent en qualité de sous-agent au sein de l'Union
Monétaire Ouest Africaine.

Dans le cadre de ce module, nous allons axer la présentation sur les opérations que les
SFD de l'UMOA sont autorisés à réaliser, ainsi que sur les types de SFD prévus par la Loi.

2- Opérations des SFD

L'exercice de l'activité de microfinance est réglementé dans la zone UEMOA par la loi-
cadre portant réglementation des SFD. L'article 7 de la loi dispose que les « SFD doivent,
préalablement à l'exercice de leur activité, être agréés ». La procédure d'agrément est
décrite au chapitre 3 de ladite loi, au titre II du Décret, ainsi qu'à l'Instruction N° 005-06-
2010 de la BCEAO, déterminant les éléments constitutifs du dossier de demande
d'agrément des SFD dans les Etats membres de l'UMOA.

L'article 4 de ladite loi décrit les opérations que peuvent réaliser les IMF, à savoir :

Opérations de collecte de dépôts :


1 L’article 1 du Règlement définit le porte-monnaie électronique comme une carte de paiement prépayée,
c’est-à-dire sur laquelle une certaine somme d’argent a été chargée, permettant d’effectuer des paiements
électroniques de montants limités. Quant au télépaiement, il s’agit d’un procédé technique qui permet de
transférer un ordre de paiement à distance par l’utilisation d’instruments ou de mécanismes d’émission
d’ordre sans contact physique entre les différents intervenants (participants).

2 Il est important de mentionner l’existence, au niveau de l’UEMOA, de deux structures à vocation


complémentaire ayant pour mission d’assurer l’interbancarité. Il s’agit du Groupement Interbancaire
Monétique-UEMOA (GIM-UEMOA) qui est chargé, entre autres, de la définition des normes et protocoles
bancaires et du Centre de Traitement Monétique Interbancaire (CTMI) dont les attributions concernent
notamment le traitement temporaire ou permanent des transactions monétiques des adhérents.
14/53

« Sont considérés comme dépôts, les fonds, autres que les cotisations et contributions
obligatoires, recueillis par le SFD auprès de ses membres ou de sa clientèle avec le droit
d'en disposer dans le cadre de son activité, à charge pour lui de les restituer à la demande
des déposants selon les termes convenus ».

Opérations de prêts :

« Est considérée comme une opération de prêts, tout acte par lequel un SFD met, à titre
onéreux, des fonds à la disposition d'un membre ou d'un client, à charge pour ce dernier de
les rembourser à l'échéance convenue ».

Opérations d'engagement par signature :

« Est considérée comme une opération d'engagement par signature, tout acte par lequel
un SFD prend, dans l'intérêt d'un membre ou d'un client, un aval, une caution ou une autre
garantie ».

Il convient de préciser que le législateur est resté ouvert en prévoyant à l'article 36 un cas
de dérogation. En effet, il y est disposé qu'un SFD « peut entreprendre toute autre activité
jugée utile pour l'intérêt de ses membres ». Toutefois, il conditionne cela à une autorisation
du Ministre, après un avis conforme de la BCEAO, dans les limites fixées par l'Instruction
N°010-08-2010 relative aux règles prudentielles applicables aux SFD (cf. annexe VI :
Limitation des opérations autres que les activités d'épargne et de crédit).

3- Typologie des SFD

Selon la nature des opérations effectuées

Aux termes des dispositions de l'article 6 de la loi-cadre portant réglementation des SFD,
les IMF sont classées en deux (2) catégories, selon la nature des opérations qu'elles sont
autorisées à effectuer, à savoir :

• « les institutions qui collectent des dépôts et accordent des prêts à leurs membres ou
aux tiers » ;

• « les institutions qui accordent des prêts, sans exercer l'activité de collecte des
dépôts ».

Cet article précise également que « les SFD d'une catégorie ne peuvent exercer les
activités d'une autre catégorie sans l'autorisation préalable du Ministre, accordée comme
en matière d'agrément ».

Selon le seuil du niveau d'activités

Les dispositions de l'article 44 de la loi N°2008-47 consacrent la distinction suivant le seuil


du niveau des activités des SFD. Cet article dispose que « la Banque Centrale et la
Commission Bancaire procèdent, après information du Ministre, au contrôle de tout SFD,
dont le niveau d'activités atteint un seuil qui sera déterminé par une instruction de la
Banque Centrale ».
15/53

En application de ces dispositions, la BCEAO a pris une instruction qui précise les SFD
concernés par la notion « du seuil du niveau d'activités ». Il s'agit de l'Instruction N°007-06-
2010 relative aux modalités de contrôle et de sanction des SFD par la BCEAO et la
Commission Bancaire de l'UMOA. Il est énoncé à l'article 2 de cette Instruction que « la
Banque Centrale et la Commission Bancaire de l'UMOA procèdent, après information du
Ministre chargé des Finances de l'Etat d'implantation, au contrôle de tout SFD exerçant ses
activités dans l'UMOA, dont les encours de dépôts ou de crédits atteignent au moins deux
milliards de FCFA au terme de deux (2) exercices consécutifs ».

Selon leur forme juridique

L'article 15 dispose que « Les SFD doivent être constitués sous forme de sociétés
anonymes, de sociétés à responsabilité limitée, de sociétés coopératives ou mutualistes ou
d'associations. Les SFD peuvent exceptionnellement revêtir la forme d'autres personnes
morales. Une instruction de la Banque Centrale détermine les formes juridiques qui sont
concernées par cette dérogation ».

Encadré sur la constitution et le fonctionnement d'une IMCEC


A- Constitution d'une institutions mutualistes ou coopératives d'épargne et de crédi (cf.
art.3- Décret)

A.1. Assemblée Générale constitutive

La constitution d'une IMCEC requiert la tenue d'une Assemblée Générale constitutive qui statue
sur l'objet de l'institution, sa dénomination et son siège social.

Elle doit établir la liste des souscripteurs au capital social et approuve les statuts et règlement
intérieur. L'AG constitutive procède à l'élection des membres des organes.

NB : L'agrément confère aux IMCEC la personnalité morale (cf. Article 88 de la Loi).

A.2. Capital social d'une IMCEC (cf. art. 4/ Décret)

Le capital social d'une IMCEC est constitué de parts sociales nominatives et individuelles, non
négociables et non saisissables par les tiers. Les parts sociales cessibles sont émises selon les
conditions fixées dans les statuts et peuvent être rémunérées dans les limites fixées par
l'Assemblée Générale.

A.3. Statuts (art. 5 du Décret)

Les statuts précisent :

• l'objet ;
• la dénomination ;
• le siège social ;
• la zone géographique d'intervention ;
• le lien commun ;
• les droits et obligations des membres ;
• la durée de vie de l'institution ;
16/53

• la valeur nominale ainsi que les conditions d'acquisition, de cession et de


remboursement des parts sociales ;
• les conditions et modalités d'adhésion, de suspension, de démission ou d'exclusion des
membres ;
• les conditions d'accès des membres aux services de l'institution ;
• la responsabilité des membres vis-à-vis des tiers ;
• les organes, leur rôle, leur composition et leur mode de fonctionnement ;
• le nombre minimum et maximum des membres des organes, leurs pouvoirs, la durée de
leur mandat et les conditions de leur renouvellement, de leur suspension ou de leur révocation ;
• les règles et normes de gestion financière particulière à l'institution de même que la
répartition des excédents annuels, sous réserve du respect des dispositions légales,
notamment celles relatives à la constitution de la réserve générale ;
• le contrôle de l'institution.

B- Fonctionnement d'une IMCEC

B.1. Assemblée Générale (cf. art. 7 du Décret)

Instance suprême, composée de l'ensemble des membres ou de leurs représentants


convoqués et réunis à cette fin conformément aux statuts, l'Assemblée Générale ne peut
délibérer sur une question qui n'est pas inscrite à l'ordre du jour. Toutefois, elle peut, lorsqu'elle
est réunie ordinairement, révoquer un ou plusieurs membres des organes de l'institution.

NB : Possibilité de tenue d'assemblées de secteur (art.8 / Décret)

Conformément à l'article 9 du Décret, l'Assemblée Générale à pour attributions :

• de s'assurer de la saine administration et du bon fonctionnement de l'institution ;

• de modifier les statuts et le règlement ;

• d'élire les membres des organes de l'institution et de fixer leurs pouvoirs ;

• de créer des réserves facultatives ou tous fonds spécifiques (un fonds de garantie) ;

• d'approuver les comptes et de statuer sur l'affectation des résultats ;

• d'adopter le projet de budget ;

• de fixer, s'il y a lieu, le taux de rémunération des parts sociales ;

• de définir et d'adopter la politique de crédit et de collecte de l'épargne de l'institution ;

• de créer toute structure qu'elle juge utile ;

• de traiter de toutes autres questions relatives à l'administration et au fonctionnement de


l'institution.

Toutefois, selon les dispositions de l'article 10 du Décret, l'Assemblée Générale peut déléguer
certains de ses pouvoirs à tout autre organe de l'institution, à l'exception de ceux relatifs :

• aux modifications des statuts ;


17/53

• à l'élection des membres des organes ;


• à l'approbation des comptes ;
• à l'affectation des résultats.
Conformément à l'article 11 du Décret, l'Assemblée Générale se réunit au moins une fois
par an, au plus tard dans les 6 mois qui suivent la clôture de l'exercice financier, pour :
• adopter le rapport d'activités de l'exercice ;
• examiner et approuver les comptes de l'exercice ;
• donner quitus aux membres des organes de gestion ;
• nommer un commissaire aux comptes, le cas échéant.
Les dispositions de l'article 12 du Décret prévoient que l'Assemblée Générale
• peut se réunir en session extraordinaire à la demande de la majorité des membres d'un
organe d'administration et de gestion ou d'un organe de contrôle ;
• peut également se réunir en session extraordinaire à la demande des membres de
l'institution dans les conditions fixées par les statuts.

Il convient de préciser que seuls les points mentionnés dans l'avis de convocation peuvent faire
l'objet des délibérations de l'Assemblée Générale Extraordinaire.

B.2. Conseil d'Administration (art.14 / Décret)

Le Conseil d'administration est composé de membres élus par l'Assemblée Générale. Il veille
au fonctionnement et à la bonne gestion de l'institution. A cet effet, il est chargé notamment :

• d'assurer le respect des prescriptions légales, réglementaires et statutaires ;

• de définir la politique de gestion des ressources de l'institution et de rendre compte


périodiquement de son mandat à l'assemblée générale ;

• de veiller à ce que les taux d'intérêt applicables se situent dans la limite des plafonds
fixés par la loi sur l'usure et d'une manière générale ;

• de mettre en application les décisions de l'Assemblée Générale.

B.3. Comité de Crédit (art.15 / Décret)

Le Comité de Crédit est composé de membres élus par l'Assemblée Générale. Toutefois, ils
peuvent être désignés par l'Assemblée Générale parmi les membres du Conseil
d'Administration, conformément aux dispositions statutaires ou parmi le personnel de
l'institution.

Il a la responsabilité de gérer la distribution du crédit. Le Comité de Crédit rend compte de sa


gestion à l'organe qui a désigné ses membres.

B.4. Organe de contrôle (art.16 / Décret)

L'organe de contrôle est composé de membres élus par l'Assemblée Générale.

Chargé de la surveillance de la régularité des opérations, du fonctionnement des autres


organes et du contrôle de la gestion, il est habilité à entreprendre toute vérification ou inspection
des comptes, des livres et opérations. Il peut demander la constitution de toutes provisions
18/53

nécessaires et peut faire appel à toute personne ressource et a accès à tous renseignements
ou pièces qu'il juge utiles.

C. Notion de réseau
Le réseau est l'ensemble d'institutions affiliées à une même union, fédération ou confédération
(art. 1er de la Loi). Deux ou plusieurs institutions de même niveau peuvent s'affilier afin de se
constituer en réseau.
Elles peuvent, lorsque les circonstances l'exigent, se désaffilier (art. 95 de la Loi)

C.1- Union

L’affiliation d’un système financier décentralisé à une union ou à une fédération doit être
approuvée par le conseil d’administration du système financier décentralisé concerné, puis
adoptée par l’assemblée générale extraordinaire. La décision d’affiliation doit être prise à la
majorité qualifiée des membres du système financier décentralisé (art.29 du Décret).

Deux ou plusieurs institutions de base peuvent se regrouper, pour constituer une union. Une
institution de base ne peut être membre de plus d'une union ayant la même vocation. Les
unions ont pour membres, les institutions de base dûment agréées (art.102 de la Loi).

C.2- Fédération (art.105 de la Loi)

Deux ou plusieurs unions peuvent se regrouper pour constituer une fédération.

Peuvent également être membres d'une fédération, des institutions de base, dans les cas
d'exception prévus par décret.

Une union et, le cas échéant, une institution de base, ne peuvent être membres de plus d'une
fédération ayant la même vocation.

C.2- Confédération (art.108 de la Loi)

Deux ou plusieurs fédérations peuvent se regrouper pour constituer une confédération.

Peuvent également être membres d'une confédération, des unions dans les cas d'exception
prévus par décret.

Une fédération et, le cas échéant, une union ne peuvent être membres de plus d'une
confédération ayant la même vocation.

Au total, le cadre juridique régissant l'activité de microfinance vise à doter le secteur de la


finance décentralisée de dispositifs légaux et réglementaires ainsi que de cadres
institutionnels appropriés, en vue d’assurer le développement harmonieux des activités
financières dans un environnement stable. Il s’agit, ce faisant, de consolider notamment le
secteur de la microfinance en assurant la conformité ou l’adaptation des dispositions en
vigueur aux meilleures pratiques admises au plan international.
19/53

Troisième module : ETAT DES LIEUX DU SECTEUR LA MICROFINANCE DANS LA ZONE


UEMOA (cf. le support Power point)
20/53

Quatrième module : ANALYSE CRITIQUE SUR LA MICROFINANCE (PROBLEMATIQUES


ET ENJEUX)

(Volume horaire : 3 heures dont 2 heures d'exposé et 1 heure d'échanges de vues et


travaux en atelier)

Nonobstant l'incontestable succès de la microfinance, il subsiste encore des questions


importantes auxquelles le secteur de la microfinance reste confronté.

I- Problématique de la gouvernance des SFD

Les SFD de l'UMOA font face à de nombreuses déficiences, notamment en matière de contrôle,
de système d'information et de gouvernance. Ainsi, en 2016, les contrôles mis en œuvre les
Autorités ont permis de relever, au titre de la gouvernance :

• l’absence de contrôle sur le fonctionnement des organes ainsi que sur le respect des
aspects réglementaires ;
• l’absence de vision stratégique ;
• les faiblesses dans les capacités managériales des dirigeants et l'inadéquation de leur ni-
veau d’instruction, traduisant une gouvernance peu performante.
• l’absence de pièces justificatives pour certaines dépenses effectuées.

La gravité de ces constats est de nature à faire courir aux SFD de nombreux risques, pouvant
remettre en cause leur viabilité et fragiliser le secteur.

L'importance des questions de gouvernance justifie d'ailleurs l'obligation faite par le Comité de
Bâle dans les principes fondamentaux pour un contrôle bancaire efficace (Principe n°14) aux
autorités de contrôle d'indiquer aux établissements leurs attentes en matière de gouvernance
d’entreprise et de diffuser l’information aux conseils d’administration concernés. En effet, selon
le Comité, « Il est très important que les établissements ciblant la clientèle peu ou non desservie
aient une bonne gouvernance d’entreprise, garante d’une inclusion financière responsable et
durable, enracinée dans une culture valorisant une saine gestion des risques et un traitement
équitable des consommateurs ». il apparaît donc nécessaire de compléter le cadre réglementaire
de l'Union par des dispositions particulières visant à renforcer la solidité des institutions.

II. ANALYSE

Les différents cadres réglementaires applicables aux SFD sont :

• l'acte uniforme de l'OHADA relatif au droit des sociétés commerciales et du GIE ;

• l'acte uniforme de l'OHADA relatif aux sociétés coopératives ;

• la loi de 1901 relative aux associations ;

• le décret d'application de la loi portant réglementation des SFD (chapitre 2).

Les règles de gouvernance y définies ne respectent pas la spécificité de l'activité bancaire. En


effet, en application du Principes fondamentaux pour un contrôle bancaire efficace, les règles
de gouvernance applicables aux établissements acteurs de l'inclusion financière devraient
concerner notamment :

• le renforcement de la professionnalisation des conseils d'administration, à travers des


administrateurs qualifiés et efficaces, et exercent leurs obligations de diligence et de
21/53

loyauté ;

• la responsabilité du conseil d'administration dans la définition et la mise en œuvre des


orientations stratégiques, d'une culture et des valeurs propres aux institutions (code de
conduite), ainsi que de son degré d'acceptation des risques ;

• la mise en place des critères de compétence et d’honorabilité régissant la sélection des


membres de la direction ;

• la surveillance, par le Conseil d'administration, de la conception et de l’application du


système de rémunération.

II- Problématique de la performance financière des IMF

Norme 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Avec des difficultés observées :

Ratio de
>>faible rentabilisation des capitaux du fait des
rentabilité des
>15% -26,7 -38,8 -17,2 -19,2 -11,1 6,7 -0,1 insuffisances dans la gouvernance notées au sein de
fonds propres1 ces institutions ;
(%)
Ratio de
>>insuffisance dans la création de richesse des SFD
rendement sur >3% -4,2 -3,6 -5,1 -2,5 -2,0 1,2 0,0 à partir de leurs actifs ;
actif2 (%)
Autosuffisance >>insuffisance dans la couverture des charges
d'exploitation par les produits de même nature (la
opérationnelle3 >130% 76,2 74,5 85,4 83,3 88,7 107,5 99,9 plupart des SFD étant tributaires des subventions
(%) d'exploitation) ;

Marge
>20% -31,2 -34,2 -17,0 -20,0 -12,7 7,0 -0,1 >>part toujours faible des produits d'exploitation ;
bénéficiaire4 (%)

Coefficient >>non-maîtrise des charges d'exploitation


d'exploitation5 <=60% 99,4 102,8 103,3 105,1 106,7 98,3 73,5 (importance des frais généraux) par la plupart des
(%) SFD.

Source : BCEAO

III- Autres grandes questions

Dépasser les frontières actuelles de la microfinance pour en étendre la portée reste un vrai
défi. Pour atteindre les centaines de millions d'individus délaissés jusqu'ici, il est admis de
soutenir le financement des IMF. Ceci permettra non seulement de fidéliser la clientèle
existante, mais aussi de servir de nouvelles catégories de populations.

Quelques principes édictés dans le manifeste du CGAP (Consultative Group to Assist the
Poor ) et retenus par les dirigeants du G8 (Wikipedia) :

1. Microfinance au sens large : les pauvres n’ont pas seulement besoin de crédit, mais
aussi de moyens pour placer leur épargne, d’assurance, et de services de transfert
22/53

de fonds ;

2. Lutte contre la pauvreté : la microfinance doit procurer des avantages aux ménages
pauvres : élévation du niveau de vie, constitution de patrimoine et de garanties pour
les prémunir vis-à-vis des remous auxquels ils peuvent être confrontés ;

3. Viabilité : les subsides provenant de donateurs ou du gouvernement sont rares et


incertains. Par conséquent, pour atteindre un plus grand nombre de pauvres, la
microfinance doit s’auto-entretenir ;

4. La microfinance implique de mettre sur pied des institutions locales permanentes ;

5. La microfinance implique également d’intégrer les besoins financiers des


populations pauvres dans un système financier national ;

6. Il revient au gouvernement de rendre possibles les services financiers, pas


forcément de les fournir ;

7. Les fonds donateurs devraient compléter les capitaux privés plutôt que de se
substituer à eux ;

8. Manque de capacités institutionnelles et financières : Les donateurs devraient


mettre l’accent sur le potentiel de création ;

9. Le plafonnement des taux d’intérêt va à l’encontre des intérêts des pauvres en


empêchant les institutions de microfinance de couvrir leurs frais, ce qui bloque la
fourniture de crédit ;

10. Transparence et information : Les institutions de microfinance devraient mesurer et


publier leurs performances aussi bien financières que sociales ;

11. Il existe un début de discussion :

• Rôle de la formation, de la sensibilisation des publics concernés aux produits


bancaires, aux notions de taux d’intérêt, de gestion, etc.

• Viabilité ou rentabilité ? Débat sur les taux d’intérêt,

• Etude de l’impact économique et social : pas de conclusions et risque de


remplacer d’autres moyens de lutte contre la pauvreté (aide au développement,
protection sociale, etc.). Cas du Bangladesh,

• Rôle de la gouvernance (contrôle des risques pour les IMF), du cadre légal
(maîtrise de l’endettement des individus, des taux d’intérêt),

• Question des fonds propres, arbitrage avec les « subventions »,

• Et bien d’autres encore !

Conclusion

La portée atteinte par la microfinance, avec plus de 150 millions de clients dans le monde,
23/53

est en soi une réussite. Au-delà de cet aspect quantitatif, l'impact positif de la microfinance
sur le niveau de pauvreté de ses clients est un constat globalement partagé. L'accès aux
services de microfinance contribue à une amélioration réelle de la situation des clients, en
termes économiques (augmentation des revenus, de l'épargne) et sociaux, se traduisant
par le renforcement de l'autonomie des personnes.

LECTURES RECOMMANDEES

Lectures recommandées - ouvrages

Bernard BALKENHOL, (2009) Microfinance et politique publique (Portée, performance et


efficience - ouvrage publié avec le concours de l'OIT et de l'institut CDC pour la recherche),
Presses Universitaires de France, 357p.

Sébastien BOYE, Jérémy HAJDENBERG, Christine POURSAT (2009), Le guide de la


microfinance-Microcrédit et épargne pour le développement, Eyrolles éditions
d'Organisation, 368p.9p.

Michel LELART, De la finance informelle à la microfinance

Pierre DAUBERT, Une aventure en microfinance - Amret au Cambodge,

Isabelle GUERIN, Jane PALIER, Benoît PREVOST, Femmes et microfinance – espoirs et


désillusions de l'expérience indienne

Alpha OUEDRAOGO et Dominique GENTIL, La microfinance en Afrique de l'Ouest

Lectures recommandées - sites internet


1. www.cgap.org
2. http://www.mixmarket.org/
3. http://www.cerise-microfinance.org /
4. http://www.mixmarket.org/
5. www.lamicrofinance.org
6. http://www.nyu.edu/projects/morduch/
7. http://www.muhammadyunus.org/
8. http://www.microcreditsumit.org/
24/53

DOSSIER N°1- ARCHITECTURE DU CADRE JURIDIQUE REGISSANT LES SFD DANS


L'UEMOA

A- Loi portant réglementation des SFD

La loi portant réglementation des SFD comprend 150 articles et est structurée autour de
huit (08) titres. Afin d’éviter une revue fastidieuse, article par article, de toutes les
dispositions de la loi, les innovations majeures ont été regroupées autour de cette
structuration.

Titre I – Définitions

Le titre I procède à la définition de plusieurs notions dont celle de système financier


décentralisé. Par ce terme, il faut entendre une institution qui a pour objet principal d'offrir
des services financiers à des personnes qui n'ont généralement pas accès aux prestations
des banques et établissements financiers, tels que définis par la loi portant réglementation
bancaire (article 1 alinéa 21).

Les notions d’agence, d’association professionnelle, de guichet, de services financiers sont


également définies (article 1 alinéa 1, article 1 alinéa 3, article 1 alinéa 8 et article 1 alinéa
17).

Titre II – Domaine d’application de la réglementation des SFD

Le titre II (articles 2 à 17) est consacré à la délimitation du champ d'application de la


nouvelle réglementation, aux opérations financières des SFD et aux dispositions relatives à
l'agrément.

L’extension du domaine d'application de la loi se traduit par le regroupement de l'ensemble


des SFD sous un même véhicule juridique (article 2). En effet, la loi en vigueur est
circonscrite, comme son nom l’indique, aux IMCEC et prévoit un régime spécifique pour les
sociétés et les associations qui sont régies par la convention-cadre. Désormais, toutes ces
formes juridiques sont soumises aux mêmes dispositions.

Les dispositions relatives à l’autorisation d’exercice ont, ce faisant, été revues. Dans un
souci de simplification des règles et procédures administratives, un régime unique
d’autorisation d’exercice (agrément) a été instauré (articles 7 et 111). Ce faisant, il a été
procédé à l'abrogation des deux autres formes d'autorisation d'exercice, à savoir la
convention et la reconnaissance. En outre, les dispositions relatives à la délivrance de
l'agrément prévoient la participation de la BCEAO à l’instruction des dossiers de demande
d’agrément à travers les avis conformes qu'elle est amenée à prononcer (articles 8 et 9).
Cette orientation vise à s'assurer de la capacité effective des promoteurs de nouvelles
institutions à mener des activités d'intermédiation financière. Quant au délai d'instruction
des dossiers de demande d'agrément, il est porté à six (6) mois au lieu de trois (3) mois
dans la législation antérieure. A défaut d'une réponse du Ministre chargé des Finances au
terme du délai imparti, la demande d'agrément est réputée avoir été refusée (articles 8 et
9). Une autre innovation réside dans l’instauration d’un régime d’autorisations préalables
(article 16). En l’occurrence, certaines opérations des SFD sont soumises, en raison de leur
25/53

impact sur la situation de l’institution, à l’autorisation du Ministre chargé des Finances,


après avis conforme de la Banque Centrale. Dans le même ordre d’idées, les opérations
d’affiliation et de désaffiliation requièrent également l’autorisation du Ministre (article 17).

Les services financiers offerts par les SFD sont strictement limités à la collecte de dépôt, à
l'octroi de prêt et aux engagements par signature (articles 1 alinéa 17 et 4).

Cependant, l'article 6 énonce que les SFD qui envisagent d'exercer les activités ou
professions soumises à des réglementations spécifiques (change manuel, assurances,
émission de monnaie électronique) doivent solliciter les autorisations requises. Les SFD
sont, par conséquent, habilités à entreprendre toute activité jugée utile pour la poursuite de
leurs objectifs à condition que les sommes engagées au titre des opérations envisagées
n’excèdent pas une fraction des risques précisée par instruction de la Banque Centrale.
Dans ce cas, l’autorisation du Ministre chargé des Finances est requise après avis
conforme de la Banque Centrale (article 36).

Le caractère exécutoire des décisions et avis conformes a fait l’objet d’une attention
particulière. Pour des considérations de célérité et d'efficacité, il est conféré, au terme d'un
délai de trente (30) jours, un caractère exécutoire à certaines décisions et avis conformes
de la Banque Centrale et de la Commission Bancaire requérant la prise d'actes
réglementaires subséquents par les Ministres chargés des Finances (article 12). Cette
disposition vise à répondre, voire à prévenir certains manquements observés dans
l'application des textes juridiques en vigueur, notamment des dispositions régissant le
secteur bancaire. En effet, il a été observé que des avis conformes de la Commission
Bancaire, nécessitant des décisions appropriées des Autorités nationales, n'ont été suivis
d'effet qu'après de multiples relances. Ces avis portent sur les opérations soumises, par la
loi bancaire, à des autorisations préalables ou à des dérogations individuelles ou
temporaires. Cet allongement des délais diffère ainsi la mise en oeuvre de mesures
urgentes de sauvegarde initiées pour prévenir tout risque systémique. Il se produit, dans
certains cas, pendant cette période d'attente, une dégradation irréversible de la situation
financière déjà précaire de certains établissements de crédit en difficulté.

Pour mémoire, le régime des avis conformes ou simples porte notamment sur les points
suivants :

• l’agrément ;

• les autorisations préalables ;

• les opérations d’affiliation et de désaffiliation ;

• les opérations de fusion et de scission ;

• l’ouverture des procédures de redressement et de liquidation ;

• l’approbation des statuts des associations professionnelles des SFD.

La forme juridique que doivent revêtir les SFD a été précisée. En effet, ils doivent être
constitués sous forme de société anonyme, de société à responsabilité limitée, de société
26/53

coopérative ou mutualiste ou d’association (article 15). Par ailleurs, la loi apporte également
des précisions, s’agissant des sociétés, en disposant que ces SFD ne peuvent revêtir la
forme d'une société unipersonnelle (article 125).

Titre III – Dispositions communes aux SFD

Le titre III (articles 18 à 69) est relatif aux dispositions communes aux SFD en termes
d'organisation, de fonctionnement, de surveillance, de sanctions et de protection des
déposants.

La dénomination sociale et les diligences y afférentes (articles 19 à 22) apparaissent


comme des éléments clés d’identification des SFD. Il s’agit ainsi de lutter, entre autres,
contre les institutions qui évoluent en marge de la réglementation et dont la prolifération
porte atteinte à l’intégrité du secteur.

L’adhésion obligatoire à l’Association Professionnelle des SFD (article 23) constitue une
réponse aux préoccupations exprimées par les SFD sur l’importance à accorder à la
mutualisation des connaissances et au partage d’expérience ainsi que de prestations
diverses.

Les interdictions d'exercer résultant d'une condamnation définitive, d’une suspension ou


d’une démission d’office des dirigeants (articles 30, 31, 32) visent à assainir le secteur et à
permettre aux Autorités monétaires et de contrôle de disposer d’un large éventail de
sanctions à prononcer à l’encontre des dirigeants indélicats.

Les dispositions relatives à la dérogation à la condition de nationalité requièrent que les


dirigeants des SFD non ressortissants de l’UMOA soient titulaires d'un diplôme minimum
(maîtrise au moins ou diplôme équivalent) et d'une expérience professionnelle avérée (cinq
ans au moins dans le domaine bancaire, financier, des SFD ou dans tout autre domaine de
compétence jugé compatible avec les fonctions envisagées) pour l'obtention de la
dérogation à la condition de nationalité. La loi offre la possibilité aux dirigeants bénéficiaires
de ne plus la solliciter lorsqu'ils changent de fonction, d'établissement ou de pays (article
29).

Le contrôle externe fait l’objet d’un changement important. En effet, le contrôle réalisé par
les auditeurs externes a été soigneusement encadré (article 43). En effet, les difficultés
rencontrées par les Ministères chargés des Finances ont amené plusieurs partenaires au
développement à proposer, dans le cadre de leurs programmes d'appui au secteur de la
finance décentralisée, la réalisation des contrôles dévolus aux Ministères par des cabinets
d'expertise comptable ou d'audit. Outre le fait que la pérennité de ce type de contrôle est
tributaire des financements des partenaires extérieurs, la pratique a mis en évidence une
méconnaissance de la spécificité du secteur par ces cabinets. Afin de remédier à cette
insuffisance, le respect des conditions suivantes est exigé :

• l'avis conforme de la Banque Centrale ou de la Commission Bancaire basé sur


l'examen des méthodologies d'intervention, de la qualité de l'organisation et des
compétences des administrateurs, des dirigeants et du personnel ;
27/53

• la production de rapports périodiques sur l'exécution de la mission ;

• le contrôle sur place de la bonne exécution de la mission assignée à la structure ou


l'institution extérieure.

Par ailleurs, la Commission Bancaire et la Banque Centrale peuvent désormais procéder,


après information du Ministre chargé des Finances, au contrôle des SFD visés à l’article 44
de la loi. Cette orientation vise à répondre aux attentes formulées par les acteurs de la
finance décentralisée qui ont souhaité que le secteur puisse bénéficier de l'expertise avérée
de la Commission Bancaire et de la Banque Centrale en matière de supervision. L'objectif
qui sous-tend cette démarche est la maîtrise des risques attestée par la dégradation, dans
la plupart des SFD, de la qualité du portefeuille.

Dans les faits, l’Instruction n°007-06-2010 du 14 juin 2010 relative aux modalités de
contrôle et de sanction des SFD par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest et
la Commission Bancaire de l’UMOA énonce à l’article 2 que les institutions concernées sont
celles dont les encours de dépôts ou de crédits atteignent au moins deux (2) milliards de
FCFA au terme de deux (2) exercices consécutifs. Pour les IMCEC, le seuil s’applique à la
structure faîtière et aux caisses de base affiliées. La BCEAO et la Commission Bancaire de
l’UMOA peuvent également procéder, après avis du Ministre chargé des Finances, au
contrôle des SFD dont les encours de dépôts ou de crédits sont inférieurs au seuil fixé ci-
dessus.

La tenue de la comptabilité tient compte des évolutions en cours. La consolidation selon


différentes méthodes dont celle des comptes combinés, instituée par le Système
Comptable Ouest Africain (SYSCOA), est rendue obligatoire pour les SFD. Les modalités
d'élaboration de ces comptes seront précisées dans le référentiel comptable spécifique aux
SFD (article 49).

La certification des comptes devient une obligation pour les réseaux et les SFD d’une
certaine taille financière. En vue de renforcer la fiabilité des informations comptables et
financières, l'article 53 de la loi prescrit une obligation de certification des comptes des
confédérations, des fédérations, des unions ou des SFD visés à l’article 44 de la loi. Ce
choix s'explique par la nécessité de crédibiliser davantage ces institutions et de veiller à la
qualité de l'information financière produite. La certification est effectuée par des
professionnels choisis sur une liste de commissaires aux comptes agréés. Le choix du
commissaire aux comptes est soumis aux dispositions prévues par l’Instruction n°006-06-
2010 du 14 juin 2010 relative au commissariat aux comptes au sein des SFD des Etats
membres de l’UMOA. Pour les SFD visés à l’article 44 de la loi, le choix du commissaire
aux comptes et de son suppléant est soumis à l’approbation de la Commission Bancaire de
l’UMOA tandis que pour les autres SFD, l’approbation du Ministre chargé des Finances est
requise. La procédure à suivre est décrite dans l’instruction.

L’information permanente des associés ou des sociétaires sur la situation financière de


l’institution a été prévue. Afin de pallier l'absence de transparence dans certains SFD et
d'impliquer les associés et les sociétaires à la gestion de leur institution, la nouvelle loi leur
offre la possibilité de poser par écrit des questions aux organes de gestion ou
28/53

d'administration sur tout fait de nature à compromettre la continuité de l'exploitation. La


réponse écrite doit intervenir dans le délai d'un mois suivant la date de réception de la
requête du membre. Dans le même délai, une copie de la question et de la réponse est
adressée au Ministre ainsi qu'au commissaire aux comptes, s'il en existe un (article 59).

La convocation en audition simple (articles 46 et 61) des dirigeants d’un SFD est
formalisée. Cette convocation intervient lorsque l'analyse de la situation des SFD fait
ressortir des difficultés, sans qu'il soit nécessaire d'ouvrir une procédure disciplinaire. Il
s’agit, à cet effet, de recueillir leurs explications sur les mesures prises ou envisagées pour
assurer le redressement de l’institution.

Les mesures administratives sont insérées dans la loi. Il s’agit en particulier de la mise en
garde et de l’injonction qui peuvent être prises à l’encontre du SFD qui a manqué aux
règles de bonne conduite de la profession, compromis son équilibre financier, pratiqué une
gestion anormale sur le territoire national ou ne remplit plus les conditions requises pour
l’agrément (article 61).

Le statut de l'administrateur provisoire et du liquidateur est précisé. En effet, les articles 64


et 66 de la loi clarifient et formalisent davantage les conditions d'exercice de la mission de
l'administrateur provisoire, par l'exigence de l'indication, dans l'acte de nomination, de ses
attributions générales et spécifiques, de sa rémunération, de sa responsabilité, de la durée
de son mandat et, le cas échéant, de la mise en place d'une structure de contrôle de son
activité.

En outre, la Banque Centrale et la Commission Bancaire peuvent, s’agissant des SFD visés
à l’article 44 de la loi, susciter l'adoption diligente de mesures (redressement, administration
provisoire, liquidation) nécessaires pour préserver la viabilité des institutions et assurer la
stabilité du secteur (articles 62 à 67). A cet égard, la mise sous administration provisoire ou
la liquidation d'un SFD visé à l’article 44 de la loi, peut être décidée par la Banque Centrale
ou la Commission Bancaire tandis que la nomination de l'administrateur provisoire ou du
liquidateur est prononcée par le Ministre chargé des Finances. L'administrateur provisoire
ou le liquidateur est désigné, dans un délai maximal de sept (7) jours calendaires à compter
de la date de réception par le Ministre chargé des Finances de ladite décision (article 63).

L'appel au soutien et à la solidarité de place est une mesure de protection des déposants.
Les Autorités monétaires et de contrôle peuvent, lorsque les circonstances l’exigent, inviter
les actionnaires, associés ou sociétaires d’un SFD en difficulté ainsi que l’ensemble des
adhérents de l’Association Professionnelle des SFD à apporter leur concours à son
redressement (article 68).

L’adhésion des SFD à un système de garantie des dépôts (article 69). Les systèmes
explicites de protection des dépôts sont considérés comme des outils de promotion et de
défense de la stabilité financière qui permettent d'accroître la confiance des déposants
dans le système bancaire et de réduire les risques de crises systémiques. L'instauration
d'un tel mécanisme vise à protéger les déposants assurés contre les pertes partielles ou
totales de leurs avoirs en cas de faillite bancaire.
29/53

Titre IV – Infractions et sanctions

Le titre IV (articles 70 à 84) porte sur les infractions et sanctions applicables aux SFD. Le
régime des sanctions disciplinaires connaît une innovation majeure. En effet, un pouvoir de
sanctions disciplinaires est conféré à la Banque Centrale et à la Commission Bancaire. Il
s'agit d'une compétence partagée avec le Ministre chargé des Finances qui bénéficie dans
ce domaine d'une compétence générale.

L’Instruction n°007-06-2010 du 14 juin 2010 relative aux modalités de contrôle et de


sanction des SFD par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest et la
Commission Bancaire de l’UMOA précise à l’article 3 que les sanctions disciplinaires à
l’encontre des SFD visés à l’article 44 de la loi sont prononcées par la Commission
Bancaire.

En outre, le régime des sanctions disciplinaires a été renforcé par des mesures de portée
financière en vue d'accroître son efficacité. A cet égard, la Commission Bancaire est seule
habilitée à prononcer des sanctions pécuniaires à l’encontre des SFD1. L’instruction
susvisée indique que le montant des sanctions pécuniaires est au plus égal à 10% des
fonds propres requis du SFD en vue du respect de la norme de capitalisation. Par ailleurs,
les montants des pénalités et des amendes ainsi que la durée des peines
d’emprisonnement ont été relevés (articles 73 à 79). Enfin, il convient de relever que la
Banque Centrale peut se constituer partie civile (article 84) 2. Il s'agit, ce faisant, de
permettre à la Banque Centrale de s'assurer de l'effectivité de l'application des sanctions
pénales.

La loi prévoit également le versement d'intérêts moratoires en cas de non-constitution des


réserves prévues par la loi et de contravention aux règles de l’UMOA fixant les taux et
conditions de leurs opérations avec la clientèle (articles 80 et 81)3.

Titre V – Dispositions propres aux IMCEC

Le titre V (articles 85 à 121) maintient les dispositions antérieures relatives aux IMCEC
avec quelques aménagements qui ont notamment trait à la disponibilité d’une convention
d’affiliation, à la mise en place d’un fonds de sécurité et à l’instauration d’une norme de
capitalisation.

La convention d’affiliation régissant les relations entre la structure faîtière et les caisses de
base affiliées est exigée en raison des litiges récurrents observés sur le terrain (article 112).
Ce document régit les relations contractuelles des membres notamment les conditions et
1 Cf article 77 de la nouvelle loi portant réglementation bancaire qui dispose que la Commission Ban -
caire peut prononcer, en plus des sanctions disciplinaires, une sanction pécuniaire dont le montant est
fixé par instruction de la Banque Centrale. Les sommes correspondantes sont recouvrées par la
Banque Centrale pour le compte du Trésor Public. Voir également à ce sujet l’article 28 de la Conven-
tion régissant la Commission Bancaire.
2 Selon le lexique des termes juridiques, la partie civile est le nom donné à la victime d'une infraction
lorsqu'elle exerce les droits qui lui sont reconnus en cette qualité devant les juridictions répressives
(mise en mouvement de l'action publique, action civile en réparation).

3 Ces articles sont à mettre en rapport avec l’article 60 de la loi qui dispose que les SFD sont soumis
aux règles de l’UMOA fixant les taux et conditions de leurs opérations avec la clientèle ainsi qu’aux
obligations de transparence dans la tarification de leurs services financiers.
30/53

les modalités d'affiliation ou de désaffiliation, la répartition des charges pour le financement


des biens et services communs, la couverture des risques, la délégation de pouvoirs,
l'adoption de mesures visant à maintenir l'équilibre financier de la faîtière et des caisses de
base affiliées et, éventuellement, les conditions de fusion ou de scission opérée dans le
cadre du réseau. Ces éléments devraient obligatoirement figurer dans les dossiers de
demande d'agrément émanant des structures faîtières.

La création d’un fonds de sécurité vise à mettre en place une réserve collective à
l'ensemble des caisses de base d'un réseau dont la finalité est de protéger celles-ci contre
divers types de risques liés à leurs activités. Il est destiné en outre à garantir la sécurité, la
liquidité, la solidarité et l'entraide mutuelle entre les caisses affiliées. Les structures faîtières
sont tenues de constituer, pour celles qui démarrent leurs activités et dès l'adoption des
nouvelles dispositions du cadre juridique pour celles qui exercent déjà, un fonds de sécurité
ou de solidarité destiné à faire face aux risques de gestion (articles 104, 106 et 114). La
préoccupation qui sous-tend cette disposition est la préservation des ressources de ces
institutions et, partant, la protection des déposants.

La loi instaure également, dans le cadre du renforcement du dispositif prudentiel, une


norme de capitalisation qui est fixée par instruction de la Banque Centrale (articles 85 et
123).

Titre VI – Dispositions spécifiques aux autres SFD

Le titre VI (articles 122 à 125) prévoit des règles spécifiques aux SFD non constitués sous
forme mutualiste ou coopérative.

La libération intégrale du capital social des SFD constitués sous forme de société doit être
réalisée lors de la délivrance de l'agrément (article 122).

Titre VII – Dispositions relatives aux procédures collectives d’apurement du passif

Le titre VII (articles 126 à 141) aborde le volet consacré aux procédures collectives
d'apurement du passif.

Les dispositions dérogatoires au droit commun des procédures collectives d'apurement du


passif ont été introduites dans la législation. En effet, l'intervention des tribunaux dans les
procédures collectives ouvertes contre les SFD est dorénavant formellement encadrée. A
cet égard, des dérogations sont prévues pour éviter le déclenchement des procédures de
redressement ou de liquidation des biens par les tribunaux, uniquement sur saisine des
créanciers ou des déposants. L'ouverture de ces procédures est subordonnée à l'avis
conforme de la Commission Bancaire ou de la Banque Centrale. Par ailleurs, il est proposé
une définition de la cessation de paiements propre aux SFD 1. En effet, aux termes des
dispositions de l’article 128, sont en cessation de paiements les SFD qui ne sont pas en
mesure d’assurer leurs paiements, immédiatement ou à terme rapproché. Enfin, un rang
privilégié est octroyé aux petits déposants par rapport aux autres créanciers, en cas de
liquidation des biens d'un SFD.
1 Il résulte de l’article 25 de l’Acte Uniforme de l’OHADA portant organisation des procédures collectives
d’apurement du passif que le débiteur est en cessation des paiements lorsqu’il est dans l’impossibilité de
faire face à son passif exigible avec son actif disponible.
31/53

Titre VIII – Dispositions transitoires et finales

Le titre VIII (articles 142 à 150) énonce les dispositions transitoires et finales.

L’abrogation des dispositions relatives aux Groupements d'Epargne et de Crédit (GEC) est
consacrée par l'article 142 de la loi. Ces institutions étaient confrontées à des difficultés de
viabilité et de pérennité ainsi qu'à l'absence de personnalité juridique. Elles n'étaient pas,
de ce fait, dotées de la capacité juridique leur permettant d'accomplir les actes de la vie
courante (conclure des conventions, ester en justice, acquérir, posséder et administrer des
biens meubles et immeubles, recevoir des dons et legs). Les GEC en activité disposeront
d'un délai de deux (2) ans pour se mettre en conformité avec les nouvelles règles.
L’Instruction n°004-06-2010 du 11 juin 2010 relative au retrait de la reconnaissance des
GEC en activité dans les Etats membres de l’UMOA définit les conditions et modalités de
cette opération.

Les SFD en activité et dûment autorisés disposent d’un délai de deux (2) ans, à partir de la
date d’entrée en vigueur de la loi, pour se conformer à ses dispositions (article 143).

B- Décret

Le décret d’application de la loi portant réglementation des SFD est organisé autour de cinq
(5) titres et comporte 43 articles.

Titre I : constitution et fonctionnement des SFD

Le titre 1 (articles 2 à 30) est relatif à la constitution et au fonctionnement des SFD.

Le champ d’application du décret, à l’instar de la loi, est étendu à l’ensemble des SFD.
Cependant, les sociétés et les associations demeurent soumises aux législations
spécifiques qui régissent leur constitution, organisation et fonctionnement (article 2).

La désignation des membres du Comité de Crédit d’une institution mutualiste ou


coopérative d’épargne et de crédit est effectuée par l’Assemblée Générale parmi les
membres du Conseil d’Administration ou parmi le personnel de l’institution (article 15).

La convocation d’office d’une Assemblée Générale par le Ministre en vue d’une révocation
est prévue par le décret. Cette situation intervient lorsque le contrôle d’une IMCEC fait
apparaître l’inaptitude des administrateurs, la violation des dispositions légales,
réglementaires ou statutaires ou une méconnaissance des intérêts de l’institution (article
22).

Les opérations de fusion et scission sont soumises à l’autorisation du Ministre chargé des
Finances après avis conforme de la Banque Centrale (articles 27 et 28).

La procédure d’affiliation et de désaffiliation est définie. Ces opérations requièrent


également l’autorisation du Ministre après avis conforme de la Banque Centrale (articles 29
à 31).
32/53

Titre II- Agrément et retrait d’agrément

Le titre II (articles 31 à 37) porte sur l’agrément et le retrait d’agrément et est marqué par le
fait que les dispositions relatives à la procédure de reconnaissance ainsi qu’aux règles et
normes de gestion ont été abrogées. Dans ce dernier cas, il a été retenu de les insérer
dans des instructions de la BCEAO afin de favoriser leur actualisation permanente.

Titre III- (articles 38 et 39), relatifs aux exceptions aux régimes d’affiliation

Titre IV- (articles 40 et 41) relatifs aux organes financiers

Titre V- (articles 42 et 43) relatifs aux dispositions finales.

C- Autres textes juridiques auxquels sont soumis les SFD

Outre le cadre légal et réglementaire applicable à la finance décentralisée, les SFD sont
soumis ou peuvent bénéficier de dispositions relevant d’autres législations. Cette ouverture
est conférée par l’article 6 de la loi applicable à la microfinance. En effet, les SFD, qui
envisagent d'exercer des activités ou professions régies par des dispositions spécifiques,
doivent solliciter les autorisations requises.

Une revue des textes juridiques uniformes actuellement en vigueur 1 permet de se faire une
idée des obligations qui incombent aux SFD mais également des opportunités qui leur sont
offertes de disposer d'instruments juridiques indispensables pour soutenir leurs activités
financières et favoriser leur intégration harmonieuse dans l'environnement économique
sous-régional et régional. Sur cette base, les législations 2 ci-après peuvent notamment être
citées :

1 Loi-cadre portant définition et répression de l'usure

Le taux de I'usure, en ce qui concerne les SFD, est fixé à 27%. Ce taux est déterminé par
le Conseil des Ministres (article 1 de la loi). Il en résulte que le bénéfice d'une dérogation
ainsi que la modification de ce taux relèvent de la compétence exclusive du Conseil des
Ministres (article 4 de la loi).

2 La loi relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de
l'UEMOA

Aux termes de cette réglementation, les SFD qui figurent parmi les organismes financiers
assujettis (articles 1 et 5), sont soumis à des obligations d'identification de la clientèle
(articles 7, 8, 9 et 10), de conservation et de communication des documents (articles 11 et
12), d'élaboration de programmes internes de lutte contre le blanchiment de capitaux
(article 13) et de déclaration des opérations suspectes (articles 26, 27, 30, 31, 32 et 34). Un
éventail de sanctions (administratives, disciplinaires et pénales) est également prévu par la
loi (articles 35, 40, 43 et 44).

1 Il convient toutefois de relever que certains d’entre eux sont en voie d’aménagement.

2 Cette partie s’inspire largement des travaux de « L’étude sur le dispositif légal, réglementaire, institutionnel,
administratif, politique et judiciaire à incidence sur l’expansion durable et sécurisée des services financiers »
réalisée par le Millennium Challenge Account du Bénin ainsi que sa version résumée.
33/53

L’instruction de la BCEAO n°01/2007/RB du 2 juillet 2007 relative à la lutte contre le


blanchiment de capitaux au sein des organismes financiers complète les dispositions
législatives. L’article 18 de cette instruction prévoit que les organismes financiers autres
que les banques et établissements financiers, doivent communiquer à la BCEAO, dans un
délai d’un (1) mois à compter de la fin de l’exercice, le rapport de leur cellule anti-
blanchiment.

II convient également de relever que la Directive n° 04/2007/CM/UEMOA, destinée à


incriminer et à réprimer le financement du terrorisme, a été adoptée le 4 juillet 2007 par le
Conseil des Ministres. La loi-cadre relative à la lutte contre le financement du terrorisme est
en voie d’insertion dans l’ordonnancement juridique interne des Etats membres de
l’UEMOA. Ce texte, à l'instar de la loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de
capitaux, vise également les SFD en tant que organismes financiers assujettis.

3 Règlement n° 15/2002/CM/UEMOA relatif aux systèmes de paiement dans les Etats


membres de l’UEMOA

Les préoccupations relatives à l’extension aux SFD des outils indispensables pour mener
efficacement leurs activités financières ont été prises en compte dans la nouvelle
législation. En effet, les SFD sont désormais habilités à promouvoir l’utilisation des cartes
de paiement et de retrait, du porte-monnaie électronique 1 et du télépaiement ainsi que tout
autre procédé et instrument de paiement à naître notamment pour la constitution de
groupements en vue d’instituer des mécanismes et des instruments de virement
électronique de dimension nationale ou régionale ( article 131)2.

Le Règlement susvisé abroge et remplace la loi uniforme relative aux instruments de


paiement à l’exception de ses articles 83 à 90, 106 à 108 qui comportent des dispositions
pénales.

L'instruction de la BCEAO n°01/2006/SP du 31 juillet 2006 relative à l'émission de monnaie


électronique et aux établissements de monnaie électronique décrit les conditions d'exercice
des activités de monnaie électronique. Outre l'obtention d'un agrément de la Banque
Centrale (article 10), les SFD sont également astreints, entre autres, à des exigences en
matière de capital social minimum et de fonds propres permanents (article 17). En
l'occurrence, « le montant total des dépôts détenus dans leurs livres devra être au moins
égal à trois cents (300) millions de FCFA... ».

1 L’article 1 du Règlement définit le porte-monnaie électronique comme une carte de paiement prépayée,
c’est-à-dire sur laquelle une certaine somme d’argent a été chargée, permettant d’effectuer des paiements
électroniques de montants limités. Quant au télépaiement, il s’agit d’un procédé technique qui permet de
transférer un ordre de paiement à distance par l’utilisation d’instruments ou de mécanismes d’émission
d’ordre sans contact physique entre les différents intervenants (participants).

2 Il est important de mentionner l’existence, au niveau de l’UEMOA, de deux structures à vocation


complémentaire ayant pour mission d’assurer l’interbancarité. Il s’agit du Groupement Interbancaire
Monétique-UEMOA (GIM-UEMOA) qui est chargé, entre autres, de la définition des normes et protocoles
bancaires et du Centre de Traitement Monétique Interbancaire (CTMI) dont les attributions concernent
notamment le traitement temporaire ou permanent des transactions monétiques des adhérents.
34/53

4 Règlement n°9/98/CM/UEMOA relatif aux relations financières extérieures des Etats


membres de l'UEMOA

Le Règlement n°9/98/CM/UEMOA du 20 décembre 1998 relatif aux opérations financières


extérieures des Etats membres de l'UEMOA comporte deux dispositions susceptibles
d'intéresser les SFD : les activités de change manuel et de transfert d'argent.

S’agissant des opérations de change manuel, il ressort des dispositions de l'article 1 du


Règlement que la notion « d'agréé de change manuel » désigne « toute personne physique
ou morale installée sur le territoire d'un Etat membre de l'UEMOA et ayant reçu un
agrément du Ministre chargé des Finances en vue de l'exécution des opérations de change
manuel ». Les SFD peuvent, par conséquent, exercer cette activité à condition de se
soumettre aux prescriptions édictées par l'instruction n°06/99/RC relative aux opérations
des agréés de change manuel. L'article 1 de cette instruction énumère les opérations
autorisées tandis que l'article 6 énonce que ces intermédiaires habilités sont soumis au
contrôle du Ministre chargé des Finances et de la BCEAO. Quant aux dispositions relatives
aux demandes d'agrément de change manuel, elles sont décrites au chapitre IV de
l'annexe 1 au Règlement.

En ce qui concerne les opérations de transfert au sein de l’UEMOA, deux cas de figure sont
à distinguer.

Les activités de transfert au sein d’un Etat ou de l’UEMOA sont possibles. L'article 6 du
Règlement susvisé énonce que tous les mouvements de capitaux entre Etats membres de
l'UEMOA sont, en vertu de la définition du terme étranger 1 figurant à l'article 1 de ce
Règlement, libres et sans restriction aucune. Il en résulte que les SFD peuvent effectuer
des opérations de transfert d'argent à condition que ces prestations soient réalisées au
niveau national et au sein de l'Union.

Cette interprétation est corroborée par les dispositions de l'article 131 du Règlement
n°15/2002/CMUEMOA relatif aux systèmes de paiement dans les Etats membres de
l'UEMOA qui prévoient la possibilité pour les SFD « d'instituer des mécanismes et des
instruments de virement électronique de dimension nationale ou régionale ».

Les activités de transfert avec l’étranger sont interdites aux SFD. En effet, il ressort de
l'article 2 du Règlement et des dispositions annexes dudit Règlement que les mouvements
de capitaux et règlements de toute nature entre un Etat membre de l'UEMOA et l'étranger
ne peuvent être effectuées que par l'entremise de la BCEAO, de l'Administration des
Postes et d'un intermédiaire agréé, en l'occurrence une banque (article 1). Ces institutions
sont donc seules habilitées à effectuer des opérations de transfert (émission et/ou
réception) avec l'étranger. Toutefois, la conclusion de contrats de sous-représentation avec
ces établissements est possible comme le laisse supposer l'article 15 du Règlement qui
dispose que « les intermédiaires habilités sont chargés de veiller au respect des
prescriptions édictées en ce qui concerne les opérations effectuées par leur entremise ou

1 Selon cet article, le terme étranger désigne les pays autres que ceux de la Zone Franc. Le terme étranger
désigne également tous les pays en dehors de l'UEMOA pour le contrôle de la position des banques et
établissements financiers vis-à-vis de l'étranger.
35/53

placées sous leur contrôle ». Cette dernière disposition autorise ainsi un intermédiaire
habilité à recourir aux guichets et aux services de tiers pour effectuer, sous sa
responsabilité, des opérations de transfert (émission et/ou réception).

Enfin, il convient de mentionner que l'article 13 de l'annexe énonce que le Conseil des
Ministres de l'UMOA peut autoriser d'autres catégories d'intermédiaires à exécuter des
opérations financières avec l'étranger.

5 Règlement 96-03 relatif à l'émission des billets de trésorerie, de certificats de dépôts, de


bons des établissements financiers et de bons des institutions financières régionales

Le Règlement n°96-03 relatif à l'émission de billets de trésorerie, de certificats de dépôts,


de bons des établissements financiers et de bons des institutions financières régionales,
permet aux entreprises d'émettre des titres de créance négociables (TCN), c'est-à-dire des
titres d'emprunts émis au gré de l'émetteur et négociables sur le marché monétaire de
l'UMOA (article 1). Ces titres, qui représentent un droit de créance pour une durée
déterminée, favorisent l'augmentation des fonds propres d'une entreprise sans modifier la
structure de son capital social. Les émetteurs des TCN peuvent être des banques, des
entreprises d'investissement ou des entreprises remplissant certaines conditions. Un bref
tour d'horizon de ces différents instruments financiers permet de déterminer ceux qui
pourraient être émis par les SFD.

Les bons des établissements financiers sont des TCN émis exclusivement par les
établissements visés à l'article 4 de la loi portant réglementation bancaire et en règle vis-à-
vis du dispositif prudentiel (article 23). Les bons des institutions financières régionales sont
émis par les organismes financiers régionaux agréés par la Banque Centrale (article 27).
Seules les banques sont habilitées à émettre des certificats de dépôts (article 31).

Il résulte de cette analyse succincte que les billets de trésorerie sont, a priori, les TCN
pouvant être émis par les SFD notamment ceux qui sont constitués sous forme de sociétés.
L'article 19 dispose en effet que « sont habilitées à émettre des billets de trésorerie, sous
réserve d'agrément de la banque Centrale, les entreprises autres que les institutions
financières régionales et celles visées aux articles 3 et 4 de la loi portant réglementation
bancaire»1. Elles doivent en outre satisfaire aux conditions suivantes : justifier d'un capital
dont la partie libérée est au moins égale à 100 millions de FCFA, justifier de trois années
d'existence, avoir établi trois bilans certifiés par un commissaire aux comptes agréé et
bénéficier d'un accord de classement auprès de la Banque Centrale ou disposer d'une
garantie dans les conditions définies à l'article 21 (appréciation au cas par cas, par la
Banque Centrale, de l'opportunité ainsi que du montant de la garantie).

En tout état de cause, toute entreprise peut être habilitée par la Banque Centrale à émettre
des billets de trésorerie (article 19 dernier alinéa).

6 Actes Uniformes de l’OHADA

1 Il est à noter que les entités habilitées à émettre doivent soumettre à l'agrément de la BCEAO leur
programme annuel d'émission (articles 5 et 6 du Règlement). Pour ce faire, elles doivent présenter un
dossier d'agrément comprenant notamment des renseignements relatifs à leur capital social et leurs
activités ainsi que le numéro d'inscription au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM).
36/53

Les SFD sont assujettis aux dispositions des Actes Uniformes de l'Organisation pour
l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA). Cependant, seuls les SFD
constitués sous forme de sociétés sont régis par les Actes Uniformes sur le droit des
sociétés commerciales et du Groupement d'Intérêt Economique (GIE) et du droit
commercial général.

7 Code de la Conférence Interafricaine des Marchés d'Assurance

Les SFD souhaitant exercer des activités d'assurance doivent se soumettre aux procédures
et prescriptions édictées par le Code de la Conférence Interafricaine des Marchés
d'Assurance (CIMA) en sollicitant notamment un agrément spécifique. Cet agrément est
délivré par le Ministre en charge du secteur des assurances après avis conforme de la
Commission Régionale de Contrôle des Assurances (CRCA). Les SFD agissant comme
intermédiaires d'assurances sont également soumis à des obligations définies par le livre 5
du Code intitulé « Agents généraux, courtiers et autres intermédiaires d’assurance et de
capitalisation».
37/53

DOSSIER N°2- NOTE SUR LES TEXTES JURIDIQUES REGISSANT LE SECTEUR DE LA


MICROFINANCE DANS LA ZONE UEMOA ADOPTES EN 1993

Les SFD sont assujettis à des textes juridiques dont certains vont au-delà du cadre
spécifique de la finance décentralisée. L'objectif poursuivi par la réglementation des SFD
est essentiellement la protection des ressources des déposants, la sécurisation des
transactions et le développement harmonieux de ces institutions.

Le cadre juridique applicable à la finance décentralisée comprend les textes juridiques ci-
après :

• la loi portant réglementation des institutions mutualistes ou coopératives d'épargne et de


crédit (IMCEC)1 et son décret d'application. Cette loi énonce les principes généraux et
établit les lignes directrices relatives à l'organisation et au fonctionnement des
institutions de base, la constitution des réseaux, ainsi que la surveillance et le contrôle
des institutions ;

• la convention-cadre qui s'adresse aux institutions non-constituées sous forme


coopérative ou mutualiste et trouve son fondement dans les articles 6 et 7 de la loi
susvisée ;

• les instructions édictées par la Banque Centrale qui visent à préciser les modalités de
mise en œuvre de certaines dispositions contenues dans la loi et le décret.

Afin de favoriser l'insertion des SFD dans le tissu économique et social, le cadre juridique
s'est voulu souple et incitatif. A cet égard, la réglementation contient un certain nombre de
règles particulières avantageuses pour les institutions. Il s'agit notamment de :

• l'absence de forme juridique imposée, ainsi que d'un montant de capital minimum exigé
pour pouvoir exercer ;

• l'obtention de l'agrément qui confère la personnalité juridique aux IMCEC et le principe


de la reconnaissance des institutions préalablement agréées sous d'autres législations,
en particulier la loi sur les coopératives ;

• la grande latitude laissée aux institutions de préciser, dans leurs statuts et règlements
intérieurs, leurs règles et modes de fonctionnement ;

• l'exonération fiscale accordée aux coopératives ou mutuelles d'épargne et de crédit et


aux organisations à but non lucratif pour leurs opérations de collecte de l'épargne et/ou
d'octroi de crédit ;

• les passerelles existantes avec les autres intermédiaires financiers (création d'un organe
financier, constitution sous forme de banque ou d'établissement financier).

1 Les autres SFD sont constitués de sociétés, d'associations et de groupements d'épargne et de crédit.
38/53

La spécificité de la finance décentralisée dans l'Union s'apprécie également à travers le


dispositif institutionnel qui soutient l'application et le suivi des textes en vigueur. Aux termes
des dispositions législatives, l'Autorité de tutelle des SFD est le Ministre chargé des
Finances. Il en résulte que la délivrance des autorisations d'exercice (agrément,
reconnaissance et convention), ainsi que la surveillance relèvent de la compétence du
Ministre (article 15). Ainsi, sur le plan administratif, une entité spécifique, désignée sous
l’appellation de structure ministérielle de suivi (SMS) des SFD, a été mise en place au sein
de chaque Ministère chargé des Finances pour le contrôle et le suivi du secteur. Toutefois,
la loi et le décret (articles 66 de la loi, 31 et 38 du décret et 6 de la convention-cadre)
permettent au Ministre de déléguer les prérogatives attachées à ces domaines au profit
d'autres structures ou personnes.

Les attributions de la Banque Centrale et de la Commission Bancaire, aux termes de la


législation en vigueur, ont trait aux points suivants :

• la participation à la procédure d'autorisation d'exercice relative aux organes financiers


(articles 46 et 47 de la loi) et les structures sous convention (article 15 de la convention-
cadre) ;

• la vérification de la conformité des manuels de procédures aux normes qu'elles édictent


(article 57 de la loi) ;

• le contrôle sur pièces (articles 60, 62, 63, 64, 65 de la loi et 4 de la convention-cadre) ;

• la surveillance des organes financiers (article 67 de la loi) ;

• les sanctions (article 75 de la loi).

Le titre V de la loi portant réglementation des institutions mutualistes ou coopératives


d'épargne et de crédit et l'article 6 de la convention-cadre organisent le suivi des activités
financières des SFD qui constitue un volet important de la réglementation.
39/53

DOSSIER N°3- CROISSANCE ET VULNERABILITES EN MICROFINANCE

Enseignements des récentes crises survenues sur quatre marchés de la


microfinance

Le secteur de la microfinance a progressé à un rythme historique sur les marchés


émergents entre 2004 et 2008, affichant un taux de croissance annuel moyen de 39 %.
Promue par de nombreux gouvernements souhaitant améliorer l’inclusion financière,
attirant bailleurs de fonds et investisseurs séduits par le potentiel de rendements sociaux et
financiers, la microfinance a également bénéficié de l’augmentation des financements
commerciaux. Cette croissance spectaculaire a permis d’inclure des millions de pauvres
dans le système financier formel. Mais dans quelques pays, de graves crises d’impayés
amènent à s’interroger sur les risques de la croissance et sur les autres causes potentielles
de la défaillance de ces marchés.

Nicaragua, Maroc, Bosnie-Herzégovine et Pakistan : ces quatre pays sont des marchés
importants de microfinance dans leur région respective et ont connu une crise de
remboursement après une phase de croissance forte au cours des deux (2) dernières
années. Le CGAP a mené une étude sur ces quatre (4) crises qui, tout en soulignant
l’importance des facteurs contextuels, révèle trois vulnérabilités majeures au sein du
secteur de la microfinance :

• concentration de la concurrence et endettement croisé ;

• insuffisance des systèmes et des contrôles dans les IMF ;

• relâchement de la discipline de crédit des IMF.

2004-2008 : une croissance sans précédent

La croissance du secteur pendant cette période a été portée par des IMF de plus en plus
compétentes et confiantes dans l’accomplissement de leur mission sociale : toucher
davantage de pauvres et de personnes exclues du système bancaire. Mais une autre
raison les a également poussées à croître : faire partie des grands acteurs à qui reviennent
financements, influence nationale et reconnaissance internationale.

Le moteur de la croissance : les services de crédit

L’expansion du marché de la microfinance a été générée par des IMF offrant des produits
de crédit et modes de prestation courants. Si l’on distingue des différences importantes
dans les méthodologies de crédit employées dans les quatre pays, un dénominateur
commun principal se révèle : le fait que l’épargne ne constituait pas un service majeur ni
une source importante de financement (ratio entre dépôts d’épargne et encours de crédits
inférieur à 10 %, contre 46 % en moyenne dans le monde selon le MIX).

Une croissance alimentée par des financements abondants, notamment des produits
de dette

Au cours de cette période, bailleurs de fonds et investisseurs socialement responsables ont


40/53

commencé à octroyer des financements plus importants à un certain nombre d’IMF à


travers le monde. Ils ont ainsi stimulé l’offre et alimenté la croissance. Le montant des
investissements transfrontaliers en microfinance a été multiplié par sept. Ceux-ci se sont
concentrés sur quelques pays, dont la Bosnie-Herzégovine et le Nicaragua. Nombre d’IMF
se sont appuyées sur des crédits octroyés par des prêteurs étrangers pour doper leur
croissance. Par ailleurs, elles se sont souvent procuré des capitaux sur les marchés
nationaux auprès des banques commerciales et des organisations de refinancement
locales. L’accent ainsi placé sur l’emprunt a contribué à une hausse du ratio de levier (ratio
entre les actifs totaux de l’IMF et sa base de fonds propres) qui est passé de 3 à 5,5 entre
2004 et 2008 dans les quatre pays.

Initialement, les performances financières sont restées bonnes

Au début de la phase de croissance, les performances financières des IMF étaient


excellentes dans les quatre pays par rapport aux benchmarks internationaux. Les IMF ont
conservé des portefeuilles de qualité, leurs marges d’intérêt nettes se sont maintenues et
leur rentabilité est restée stable ou a progressé. Associées à un levier financier accru, ces
performances ont amélioré le rendement des fonds propres au Maroc et en Bosnie-
Herzégovine en 2007.

Plus tard, la qualité du crédit s’est détériorée et la croissance s’est ralentie

Après plusieurs années de hausse, des problèmes de remboursement de crédit ont


commencé à se manifester. Si les premiers signes de tension ont été signalés parmi les
acteurs du secteur en 2007, les problèmes d’impayés ne sont apparus dans les rapports
des IMF que début 2008 au Maroc, fin 2008 ou début 2009 dans les autres pays. Dans trois
pays, le portefeuille à risque (PAR) était supérieur à 10 %, seuil utilisé pour définir une
grave crise d’impayés. Seule la Bosnie-Herzégovine affichait un PAR inférieur à 10 %, mais
ce résultat était dû à une politique agressive d’abandon de créances.

L’influence du contexte

Les crises d’impayés sont des événements complexes que les facteurs contextuels rendent
encore plus difficiles à interpréter. Les quatre études de cas révèlent que trois éléments
exogènes ont influé sur le rythme et l’ampleur des crises : l’environnement
macroéconomique, les événements locaux et les facteurs de contagion.

Environnement macroéconomique : récession mondiale

Dans certains cas, les clients de microfinance ont été touchés par le ralentissement
économique, les suppressions d’emplois et le recul des flux de transfert d’argent. Les
quatre études de cas révèlent toutefois que la récession mondiale a été un facteur
aggravant des crises d’impayés mais qu’il n’en a pas été la cause majeure.

Événements locaux et influences politiques

Avec la croissance, la microfinance a inévitablement suscité une attention accrue qui ne


s’est pas toujours révélée favorable. Certaines pratiques des IMF (par exemple, des
méthodes de recouvrement déplaisantes) se sont attirées des critiques. Ce contexte peut
41/53

inciter des groupes d’emprunteurs à protester, voire à refuser de rembourser les prêts
octroyés. Au Nicaragua, le mouvement no pago dirigé par un groupe d’emprunteurs
politiquement influent a créé une poche d’impayés relativement importante dans une région
du nord. Au Pakistan, l’annonce d’un abandon des créances par un responsable politique
local et la circulation de fausses rumeurs ont entraîné des défauts de remboursement en
masse.

Facteurs de contagion

En général, les problèmes d’impayés en microfinance sont des événements relativement


isolés qui n’affectent pas les marchés au niveau régional ou national. Néanmoins, lorsque
des nouvelles ou des rumeurs se propagent rapidement par le biais des médias ou des
canaux sociaux, le risque d’une crise d’impayés plus profonde et plus étendue augmente et
la confiance dans le secteur peut être ébranlée. Au Maroc, le rachat précipité d’une grande
IMF et son traitement dans les médias a laissé penser qu’elle ne pourrait peut-être pas
continuer à offrir des prêts, ce qui a atténué la motivation des clients à rembourser.

Le fond du problème

Bien que de nombreux facteurs influencent le cours d’une crise, les études de cas révèlent
que le problème tient essentiellement à trois vulnérabilités au sein du secteur de la
microfinance.

Concentration de la concurrence et endettement croisé

Dans les quatre pays concernés, la croissance a naturellement provoqué une intensification
de la concurrence, augmentant ainsi la probabilité que les clients empruntent auprès de
plusieurs IMF. Au Maroc, la banque centrale a estimé que 40 % des emprunteurs
possédaient des prêts auprès de plusieurs IMF lorsque la crise d’impayés a commencé.
Des estimations similaires ont été effectuées au Nicaragua, en Bosnie-Herzégovine et au
Pakistan.

La tendance à la concentration est parfois renforcée par des décisions que les IMF
prennent délibérément (stratégies privilégiant des marchés où l’activité économique et la
densité de population sont plus importantes par exemple). On ne peut pas nier que la
concurrence ait des avantages pour les clients. Mais elle concourt aussi à introduire des
dynamiques de marché nouvelles pas toujours simples à identifier.

• Les emprunteurs sont moins dépendants d’une seule IMF. L’un des postulats de la
microfinance est que les emprunteurs remboursent leurs prêts en vue d’établir une
relation qui leur permette d’obtenir un autre prêt, souvent de taille plus importante. Ce
délicat rapport entre prêteur et emprunteur risque d’être ébranlé lorsque le niveau
d’endettement croisé augmente sur un marché où l’offre est abondante.

• Les clients peuvent emprunter des montants totaux plus importants


qu’auparavant. L’offre étant plus large, les clients peuvent accroître le montant total de
leurs emprunts, à un niveau éventuellement supérieur à leurs capacités. Dans les
quatre pays étudiés, les emprunteurs sont souvent passés, en l’espace de quelques
42/53

années, d’une situation où ils n’avaient aucune possibilité d’emprunt formel à une
situation où ils en avaient plusieurs.

Dans les quatre pays étudiés, l’expérience a montré que la concentration des prêts et de la
concurrence, en particulier lorsqu’elle est introduite rapidement, peut diminuer les
incitations à rembourser et affaiblir l’efficacité des limites de taille des prêts pour lutter
contre les risques. De subtils changements dans les incitations à rembourser et le montant
des emprunts peuvent modifier la dynamique de marché et potentiellement engendrer des
crises d’impayés.

Insuffisance des systèmes et des contrôles dans les IMF

A mesure qu’elles se développent, les IMF doivent relever de nouveaux défis. Dans les
quatre pays étudiés, trois types de lacunes ont été identifiés en termes de capacités.

• Recruter un grand nombre de nouveaux employés en un temps réduit peut


conduire à dépendre d’un personnel insuffisamment préparé. Dans les quatre
pays, les effectifs des IMF ont augmenté de près de 40 % chaque année. Dans une
situation de croissance rapide, celles-ci sont souvent contraintes d’affecter leurs
employés plus vite à des postes à responsabilité, négligeant parfois le recrutement, la
formation et la préparation.

• Une croissance rapide exige un encadrement intermédiaire fort. Quand la


croissance s’accélère, les cadres supérieurs d’une IMF sont soumis à une pression
croissante de la part des parties prenantes extérieures (investisseurs, autorités de
réglementation), alors que les activités se développent. Il faut alors des cadres
intermédiaires compétents capables de prendre en charge des opérations à grande
échelle. Il arrive souvent que les agents de terrain soient alors promus aux postes de
cadres moyens, bien qu’ils n’aient pas les compétences requises.

• La croissance met à rude épreuve les contrôles internes qui sont essentiels pour
maintenir la discipline et minimiser la fraude. Les IMF en Bosnie-Herzégovine, au Maroc
et au Nicaragua ont cité l’inadéquation des contrôles internes comme la faiblesse la
plus courante. Le relâchement de l’application des règles de contrôle (pour atteindre les
objectifs de croissance) et le maintien de systèmes d’information de gestion obsolètes
peuvent être fatals.

Relâchement de la discipline de crédit des IMF

Sur des marchés concurrentiels en croissance, les IMF sont susceptibles de prendre
davantage de risques pour acquérir de nouveaux clients et étendre leur offre. Un directeur
d’IMF en Bosnie-Herzégovine se souvient : « L’ambiance était à la concurrence. D’autres
IMF commençaient à s’implanter dans notre région et à rogner une part de notre activité.
Nous avons donc décidé de réagir et de faire comme elles ». Les attitudes et les priorités
des directeurs d’IMF ont été répercutées sur les agents de terrain. Des mesures d’incitation
ciblées et à court terme ont été définies qui mettaient l’accent sur la croissance et le gain
de parts de marché. Dans certains cas, ces mesures ont été prises au détriment de la
discipline de crédit (par exemple en négligeant les relations avec la clientèle, supprimant
43/53

même les rencontres face à face si cruciales pour la qualité du crédit), contribuant
ultérieurement aux crises d’impayés.

D’autres pays sont-ils vulnérables ? Le cas de l’Inde.

L’Inde est le pays où les IMF enregistrent la croissance la plus rapide. Au cours de
l’exercice comptable clôturé en mars 2009, elles ont vu une augmentation nette de 8,5
millions d’emprunteurs actifs. Le pays connaît une vaste polémique sur la probabilité d’une
crise de remboursement. En décembre 2009, lors de la conférence Srijan des
investisseurs, les participants ont débattu sur le thème « Microfinance et sub-prime : la
comparaison est-elle réelle ? ». Dans les données relatives à la qualité des actifs, rien ne
permet de conclure à une large crise de remboursement durant l’exercice clôturé en mars
2009. Néanmoins, un certain nombre d’analystes du secteur ont identifié des vulnérabilités.

Le rôle de l’infrastructure de marché

Ces dix dernières années, des investissements importants ont été réalisés en vue de
développer une infrastructure de marché solide permettant de fournir aux investisseurs et
aux IMF des informations précises, en temps voulu, sur les performances du secteur de la
microfinance. Ils ont notamment porté sur les éléments suivants : normes de présentation
des performances financières, normes d’audit externe, notations externes et centrales des
risques. De plus en plus répandus, les outils d’évaluation de la performance sociale
peuvent aussi renseigner sur la satisfaction des clients et améliorer la gestion du risque de
crédit. La croissance a toutefois révélé des vulnérabilités en microfinance dont les initiatives
de développement de l’infrastructure de marché devront tenir compte à l’avenir.

Audits externes

Selon le MIX, la qualité des audits d’IMF a progressé à mesure que les auditeurs
renforçaient leur expertise sur ce marché en plein essor. Plus de 250 IMF satisfont
désormais aux normes internationales d’information financière. Cependant, s’ils réalisent un
examen professionnel des états financiers, des politiques comptables et des contrôles
internes, les audits en microfinance omettent souvent de rapprocher les comptes de prêts
avec un échantillon significatif de clients. En outre, ils ne peuvent apprécier correctement la
qualité sous-jacente de plusieurs milliers (parfois millions) de crédits en cours. Aussi
essentiels soient-ils, les audits ne sont guère parvenus à détecter ni à atténuer les crises
dans nos quatre pays.

Notations

Les notations effectuées par les grandes agences du secteur financier général ainsi que
par les quatre agences spécialisées dans la microfinance (M-CRIL, Microfinanza, Microrate
et Planet Rating) sont désormais courantes dans le secteur. Les méthodologies utilisées
par les agences spécialisées aboutissent à une évaluation pertinente de la performance
institutionnelle des IMF. Néanmoins, les notations qui ont précédé les crises d’impayés
dans les quatre pays n’ont pas suffisamment mis en avant les risques et les vulnérabilités
évoqués ici.
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Examen du portefeuille

La capacité des audits et des outils de notation standard à anticiper d’éventuelles crises
d’impayés étant limitée, il est de plus en plus primordial pour les IMF et leurs investisseurs
d’employer des mesures supplémentaires de la qualité du portefeuille. L’utilisation plus
fréquente d’outils d’examen du portefeuille, tels que ceux mis au point par le CGAP et
MicroSave, améliorerait la confiance dans les rapports sur la qualité des portefeuilles de
microcrédit (même s’ils sont relativement coûteux).

Centrales de risques

Les centrales de risques, qui fournissent l’historique de crédit d’emprunteurs individuels,


n’existent pas depuis longtemps en microfinance. Seuls quelques pays possèdent des
centrales de risques performantes pour ce secteur. Sur nos quatre marchés, seul le
Nicaragua était doté de centrales efficaces, mais celles-ci étaient distinctes selon qu’il
s’agissait d’une IMF réglementée ou non. Au Pakistan, seules les banques de microfinance
sont tenues de soumettre des données à une centrale de risques (les ONG n’y sont pas
tenues, or elles servent encore la majeure partie des clients de microfinance). Le Maroc et
la Bosnie-Herzégovine ont lancé des projets de centrales de risques en 2005, mais celles-ci
n’ont été opérationnelles qu’après le début des crises d’impayés.

Quels enseignements la microfinance doit-elle tirer de ces récentes crises d’impayés ?

Les quatre (4) crises récentes évoquées ici offrent des enseignements qui pourront servir à
renforcer le secteur de la microfinance à l’avenir. Les directeurs d’IMF, les investisseurs et
les décideurs devraient accorder davantage d’attention au modèle de croissance de la
microfinance. Au cours de la première décennie de ce siècle, l’accent a été placé sur
l’expansion de l’accès aux services. Pendant la prochaine décennie, la priorité devra être
donnée à la croissance durable. Pour y parvenir, nous formulons trois (3) recommandations
spécifiques :

• Dans un environnement de plus en plus concurrentiel, les IMF doivent trouver un juste
équilibre entre leurs objectifs de croissance et la nécessité d’améliorer la qualité des
services. Il leur faut s’assurer de la pérennité de leurs relations avec les clients. Pour ce
faire, elles doivent prêter davantage attention à évaluer régulièrement la satisfaction
des clients et la dynamique comportementale des marchés.

• Les centrales de risques sont une composante essentielle de l’infrastructure de marché


en microfinance. Bien qu’elles ne puissent empêcher à elles seules les problèmes
d’impayés, elles sont primordiales pour améliorer la gestion du risque de crédit et traiter
l’endettement croisé. Leur développement et leur utilisation à grande échelle doivent
être encouragés au niveau mondial, même avant que les marchés de la microfinance
ne deviennent très concurrentiels ou excessivement concentrés.

• Une cartographie de l’accès financier basée sur des informations fiables concernant la
pénétration géographique et socio-économique des services de microfinance
permettrait d’identifier les marchés exclus et saturés. De telles données actualisées
régulièrement peuvent aider à déterminer les risques et les opportunités propres à
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certaines zones géographiques.

Au-delà de ces recommandations, ces crises donnent à voir une leçon plus globale et
incitent à une action plus large. Elles nous rappellent que la microfinance reste une activité
axée sur la gestion des risques. Il s’agit d’être attentif aux nouveaux risques et de s’efforcer
de trouver les mesures d’atténuation les plus appropriées.
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DOSSIER N°4 -ACCES DES JEUNES AUX SERVICES FINANCIERS

L’inclusion financière des jeunes : une préoccupation croissante mais une traduction
effective encore très limitée

L’accès des jeunes aux services financiers n’est pas un thème nouveau. En 2005 déjà,
l’USAID publiait une étude intitulée « Serving Youth with Microfinance » et ne faisait pas
figure de pionnier. Mais ce sujet est depuis peu à l’ordre du jour d’un nombre croissant
d’organisations et d’événements qui cherchent à mettre en valeur les expériences
existantes, promouvoir des initiatives nouvelles et dégager les premiers principes d’action.

L’insertion économique des jeunes : un défi mondial majeur

Cet intérêt est porté par le dynamisme de la réflexion plus globale sur l’emploi et
l’entreprenariat des jeunes. La population des 15-24 ans n’a jamais été si nombreuse. Or
les jeunes au chômage représentent 40 % environ de la population sans emploi dans le
monde, alors qu’ils ne forment que 25 % de la population en âge de travailler.

« Making Cents International », organisation spécialisée dans le développement de


l’entreprise et plus particulièrement dans l’insertion économique des jeunes, cherche ainsi
depuis deux ans à faire avancer la recherche sur la prestation de services financiers aux
jeunes. Un premier atelier rassemblant professionnels de l’insertion des jeunes et
professionnels de la microfinance a été organisé en 2008. Depuis, une étude sur l’état de
ce secteur émergent ainsi qu’une conférence mettant en lumière l’expérience de différents
acteurs ont permis de consolider un premier ensemble de recommandations.

Jeunes : les oubliés des services financiers

Il y aurait actuellement quelque 300 millions de jeunes éligibles aux services financiers
dans les marchés émergents et seulement 0,025 % environ des portefeuilles de prêts des
principaux prestataires entre les mains de jeunes hommes ou jeunes femmes. Le
décompte n’est toutefois pas si facile qu’il y paraît. Les tranches d’âge censées définir la
notion de jeune diffèrent. En outre, très peu d’institutions collectent des données sur leurs
clients par catégorie d’âge.

Les jeunes sont globalement toujours considérés comme un segment à risque par les
prestataires de services financiers. Cette idée n’est pas sans rappeler le débat alimenté il y
a 20 ans par ceux qui affirmaient que les pauvres étaient trop pauvres pour épargner ou
pour rembourser des prêts avec intérêts. Dépasser les idées reçues est donc le premier
pas. Une étude menée dans le cadre du programme Global Partnership for Youth
Investment (GPYI) de la Banque mondiale montre que les jeunes entrepreneurs tendent à
avoir des taux de remboursement plus élevés que leurs aînés.

Servir les jeunes : pourquoi et comment ?

Le directeur général de Hatton National Bank (voir encadré) n’est pas le seul à le dire : les
jeunes peuvent représenter une opportunité commerciale réelle. Les banques doivent
renoncer à leurs calculs de rentabilité à court terme et considérer que servir ce segment
peut non seulement être profitable à terme, mais aussi contribuer à leur responsabilité
sociale. Les motivations citées par les prestataires qui offrent des services aux jeunes
comprennent le renforcement de la base de clientèle, l’augmentation de la part de marché,
la fidélisation des clients, la contribution à la responsabilité sociale de la banque ou plus
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fondamentalement à sa mission. Sur certains marchés, il y a déjà compétition entre les


prestataires pour servir le segment des jeunes.

Pour autant, l’offre de services à cette population ne va pas de soi. Outre les préjugés déjà
évoqués sur le niveau de risque de ce segment, la prestation de services financiers aux
jeunes peut être compliquée par d’autres éléments : le besoin particulier
d’accompagnement non financier des jeunes (éducation, renforcement de compétences,
accès à l’emploi, etc.) ou la réglementation (âge minimum pour certains services ou pour la
capacité de signature).

Pour Hatton Bank, les meilleurs banquiers sont ceux qui ressemblent à leurs clients

Au Sri Lanka, la grande banque commerciale privée Hatton National Bank cible les jeunes
par le biais de deux programmes :

1/ des mini-banques gérées par les étudiants dans les écoles, et

2/ des programmes villageois de microfinance dans les zones rurales.

Dans un cas comme dans l’autre, les banquiers ou les agents de crédit sont de jeunes
gens issus des communautés servies. Dans les régions rurales, les jeunes agents de crédit
retournent dans leur village où leur rôle de mentor va au-delà de l’offre de crédit et
d’épargne. Plus de 600 000 étudiants ont accès aux services de HNB, pour un total de près
de 40 millions de dollars de dépôts d'épargne. 65 % du portefeuille de microfinance global
est alloué à la tranche des 18-26 ans. Un élément essentiel de ces programmes est
l’éducation financière qui appuie la capacité des jeunes à gérer judicieusement les services
financiers.

Premiers principes directeurs pour la mise en œuvre de services financiers aux


jeunes

Sur la base de l’atelier et de l’étude menée auprès d’opérateurs par Making Cents
International, les acteurs du secteur émergent de l’inclusion financière des jeunes ont fait
ressortir 6 premiers principes directeurs pour la conception et la mise en œuvre de
services :

1. Impliquer les jeunes dans l’étude de marché et le développement de produits.


Identifier les spécificités du marché des jeunes et impliquer les jeunes dans le processus
de développement de produit permet d’apporter des changements aux produits existants ou
de concevoir de nouveaux produits et/ou canaux de distribution adaptés.

Les méthodes qualitatives et participatives (groupes de discussion, entretiens approfondis,


analyse de la saisonnalité, du cycle de vie, etc.) sont très utiles dans ce contexte.
MicroSave et Population Council ont mené ensemble une étude de marché participative au
Kenya auprès de 200 adolescentes pour cerner leurs pratiques et besoins financiers.

2. Tenir compte de la diversité des jeunes dans le développement des produits et


services.
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Ils ne forment pas un groupe homogène (âge par rapport au seuil légal, stade du cycle de
vie, sexe, éducation…).

Dans le cadre de son programme YouthInvest, MEDA a mené une étude de marché auprès
des IMF au Maroc qui l’amené à segmenter la clientèle jeune en fonction de sa situation
d’emploi : jeunes encore en études ; gérant une entreprise ; envisageant de démarrer une
entreprise ; en recherche d’emploi ; ou salariés. A chaque groupe correspondaient des
besoins très différents.

3. S’assurer que les jeunes disposent d’espaces sûrs et dédiés à leur soutien. Cela
aide à renforcer la confiance des jeunes et leur permet de tirer parti des opportunités. Il
peut s’agir d’infrastructures, de mécanismes de prestation ou de réseaux sociaux. Cela
inclut également une protection par le biais de codes de conduite adaptés à chaque âge.

Les minibanques mises en place par Hatton Bank au Sri Lanka sont intégrées au sein des
écoles et gérées par les étudiants eux-mêmes qui ont été formés à offrir des services aux
autres étudiants.

4. Fournir des services non financiers complémentaires ou mettre les jeunes en lien
avec ces services. Cela peut recouvrir le mentoring, l’éducation financière, l’instauration
d’une culture d’épargne, le renforcement des aptitudes à la vie courante, l’aide à la
subsistance ou le développement des capacités de travail.

BRAC a créé un programme d’émancipation des jeunes filles baptisé Social and Financial
Empowerment of Adolescents comprenant six (6) composantes complémentaires : lieu
dédié, éducation financière et non financière, formation, services d’épargne et crédit,
sensibilisation de la communauté au rôle des jeunes filles.

5. Se concentrer sur son cœur de métier et recourir aux partenariats. Evaluer ses
propres capacités institutionnelles et recourir à des collaborations avec des organismes à
l’action complémentaire : organisations de soutien aux jeunes, écoles, instituts de
formation, etc.

En Ouganda, Banyan Global (cabinet de conseil), Equity Bank et l’institut de formation


médicale Mayanja Memorial ont collaboré pour permettre aux élèves infirmiers d’accéder à
des services financiers et ainsi de continuer leur formation tout en exerçant leur activité.

6. Impliquer la communauté. A commencer par la famille, mais aussi les écoles,


enseignants et autres groupes locaux pour renforcer mutuellement services financiers et
non financiers et améliorer leur efficacité.

Au Bangladesh, les jeunes filles sont confrontées au mariage précoce et représentent


souvent une charge pour leurs parents, en particulier en raison de la dot. BRAC comme
Save the Children ont jugé essentiel de mener un travail de sensibilisation et d’implication
de la communauté pour changer le regard sur les filles, leur capacité à gérer des services
financiers et leur éventuel rôle productif.

D’autres enseignements préliminaires émergent. Les jeunes ont tendance à privilégier


l’épargne au crédit ou à d’autres services. Leurs préférences sont globalement les mêmes
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que celles des pauvres : sécurité, accès fréquent aux dépôts, dépôts faibles et réguliers et
pas de commission. L’un des principaux défis est le passage à l’échelle. Peu d’initiatives à
ce jour ont atteint une échelle significative. Par ailleurs, il reste à trouver des stratégies pour
financer les phases pilotes et les phases de démarrage non rentables.

Deux (2) questions importantes restent posées à ce stade de l’expérience :

Les produits et services financiers doivent-ils être spécifiquement conçus pour les jeunes
ou les jeunes peuvent-ils être touchés aussi bien – ou suffisamment bien étant donné les
arbitrages de coût – par des services non spécifiquement ciblés ?

Comment déterminer la combinaison optimale de services financiers et non financiers,


étant donné les contraintes de coût et le souhait d’atteindre à terme une échelle
suffisante ?
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DOSSIER N°5- MICROFINANCE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE

Différentes pistes d’action s’offrent aux IMF qui veulent jouer un rôle

La préoccupation environnementale a déjà gagné le secteur de la microfinance. Objet d’un


atelier lors de la dernière Semaine européenne de la microfinance, la préservation de
l’environnement est de plus en plus souvent incluse dans les objectifs de performance. Les
partisans d’une finance responsable parlent désormais du « triple résultat » (« triple bottom
line ») économique, social et environnemental. Plusieurs fonds d’investissement et IMF
prennent déjà en compte les aspects liés à la protection de l’environnement dans leurs
décisions de financement ou la publication de leurs performances.

Dans une récente publication, le CGAP avance diverses options offertes aux IMF pour
participer plus spécifiquement à la lutte contre le changement climatique. Chaque IMF
pourra explorer ses propres pistes, en procédant à un arbitrage entre les risques de
l’inaction et les coûts et risques associés à tout changement institutionnel. Dans bien des
cas, la contribution des IMF à la protection de l’environnement s’inscrira dans le cadre de
partenariats avec d’autres organisations.

I- Actions au niveau de la clientèle

1.1 Promotion de produits énergétiques propres

Les services financiers peuvent aider les consommateurs à réduire leurs émissions en leur
donnant les moyens d’adopter des sources énergétiques produisant moins de gaz à effet
de serre. Actuellement, la cuisson et l’éclairage sont de loin les deux postes énergétiques
les plus importants des clients des IMF dans le monde. Les IMF peuvent prêter directement
aux ménages pour l’achat de dispositifs individuels d’économie d’énergie ou aux micro-
entrepreneurs qui fournissent ces dispositifs.

Des technologies récentes, notamment des systèmes solaires à diodes


électroluminescentes (LED) fiables et peu coûteux, offrent à présent des dispositifs
d’éclairage capables de concurrencer l’éclairage au pétrole, accessibles même aux
personnes à très faibles revenus. Le remplacement des lampes à pétrole par des lampes
solaires à LED a été identifié comme le moyen le plus efficace pour réduire les émissions
de gaz à effet de serre dans le domaine de l’éclairage.

Une étude récente révèle que le prêt aux utilisateurs peut fonctionner pour les équipements
domestiques lorsque les schémas de remboursement sont alignés sur les dépenses
énergétiques existantes des ménages. Facteur de succès déterminant : l’existence de
partenariats mutuellement bénéfiques entre les IMF et les fournisseurs de produits
énergétiques propres.

En Asie du Sud, des milliers de ménages sont déjà passés de sources d’énergie
polluantes, telles que le bois, le fumier ou le charbon, à des sources d’énergie propres,
grâce à des fourneaux améliorés, des digesteurs de biogaz ou des éoliennes.

Cependant, le crédit aux utilisateurs finaux n’est pas toujours approprié. C’est notamment le
cas lorsque le prix des produits énergétiques est trop bas par rapport aux prêts proposés
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par les IMF et que les achats peuvent être financés par l’épargne personnelle ou les crédits
informels. En revanche, les fournisseurs, ou parfois les importateurs et les fabricants, ont
besoin de capitaux d’exploitation, dont le montant peut correspondre à ceux des crédits
proposés par les IMF.

Par ailleurs, si elles en ont les capacités, les IMF peuvent envisager d’appuyer des
initiatives communautaires d’atténuation.

Parmi ses nombreuses interventions, « BASIX » soutient des projets d’autoproduction


d’électricité décentralisés et communautaires, permettant non seulement l’alimentation de
villages hors-réseau, mais également la création de petites entreprises.

Le partenariat est la clé du succès

Grameen Shakti, entreprise à but non lucratif de la famille Grameen, distribue des produits
énergétiques propres dans des régions isolées du Bangladesh. En décembre 2007, elle
avait installé plus de 130 000 systèmes solaires domestiques, 5000 fourneaux améliorés et
2000 usines à biogaz. Grameen Shakti attribue son succès à l’association des installations
solaires à des activités génératrices de revenus et au renforcement d’un réseau
d’entrepreneurs locaux du secteur de l’énergie, qui assurent l’installation et l’entretien des
équipements. D’autres exemples de réussite démontrent l’importance centrale du
partenariat entre le fournisseur de dispositifs d’économie d’énergie, responsable de
l’installation et de l’entretien, et l’IMF qui fournit les financements.

1.2 Lutte contre la déforestation

Pour les IMF, il est difficile de financer des projets de boisement du fait des courtes
périodes de crédit et des taux d’intérêt élevés. À l’avenir, cependant, les crédits carbone
pourraient changer la donne. Les petits propriétaires qui plantent des arbres sont des
bénéficiaires potentiels de paiements dans le cadre des marchés du carbone. Cette
approche comporte cependant des difficultés spécifiques : elle implique d’agréger un grand
nombre de petites actions et d’opérer un suivi étroit des projets sur de longues périodes.

Les IMF qui appuient des activités dans le domaine de la sylviculture ont un rôle qui se
limite généralement au soutien d’activités génératrices de revenus en alternative à la
déforestation. Elles le font souvent en partenariat avec des institutions spécialisées, telles
que Nature Conservancy et Conservation International.

1.3 Biocarburants

Lorsque les déchets organiques, provenant par exemple des animaux domestiques et
élevages ou de la transformation du café, sont déjà collectés à d’autres fins, la production
de biocarburants est susceptible d’être rentable et de produire des effets d’atténuation du
changement climatique. Dans ce cas, en effet, les coûts de la culture, de l’élevage ou du
transport des déchets vers un lieu de recyclage ont déjà été supportés en amont ; le coût
additionnel de transformation des déchets est faible.

En revanche, les cultures spécifiquement orientées sur la production de biocarburants sont


problématiques, tant sur le plan financier qu’en matière d’émission de gaz à effet de serre.
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À l’heure actuelle, la production de biocarburants dans les pays en développement


provoque déjà la destruction de forêts ou la conversion de terres arables auparavant
consacrées aux cultures vivrières à la culture des biocarburants. L’impact sur les
ressources alimentaires mondiales est extrêmement dommageable.

1.4 Pratiques agricoles

L’agriculture est l’un des secteurs où les arbitrages entre le développement économique
dans les pays pauvres et l’atténuation du changement climatique sont les plus délicats. Le
défi dans la plupart des pays en développement consiste à aider les agriculteurs à
moderniser leurs pratiques traditionnelles pour accroître leur production tout en adoptant
des méthodes à faibles émissions de carbone (pratiques antiérosives, gestion intégrée des
nuisibles, cultures intercalaires, etc.). Les IMF intervenant dans le financement de
l’agriculture peuvent envisager de chercher des partenariats avec des institutions qui
encouragent l’agriculture à faible intensité de carbone.

Par ailleurs, le changement de climat nécessitera des adaptations de la part des paysans
(variétés plus résistantes, introduction de l’irrigation, etc.). Une IMF qui souhaite aider ses
clients à s’adapter aux changements doit être consciente de l’incertitude des prévisions
climatiques : elle doit inciter ses clients à la prudence, par une diversification progressive et
l’introduction graduelle de nouvelles méthodes.

En Ouganda, on estime que 90 % des terres consacrées à la culture du café arabica, le


principal produit d’exportation du pays, seront bientôt impropres à la production de café du
fait de la hausse des températures.

1.5 Offre de produits de gestion des risques

La crise climatique donne une raison de plus aux IMF de diversifier leurs services financiers
et de ne plus s’appuyer uniquement sur les produits de prêt. L’épargne constitue une
protection essentielle contre les pertes et les difficultés financières ; les institutions qui le
peuvent doivent offrir à leurs clients des services de dépôt sûrs. Pour les clients des zones
rurales, l’assurance peut être un autre instrument utile de gestion des risques. De
nombreuses initiatives voient le jour dans le domaine de l’assurance récolte ou de
l’assurance « climatique ». Reste que la diversification de l’offre n’est pas une option
envisageable ou pertinente pour toutes les IMF. La capacité d’une institution à développer
et à offrir de nouveaux produits, notamment d’épargne, dépend de nombreuses variables
internes et externes.

II- Actions au niveau de l’IMF

2.1 Réduction des émissions

De nombreuses actions mises en place pour réduire l’empreinte carbone des entreprises
sont simplement de bonnes pratiques institutionnelles, qui permettent de réaliser des
économies à long terme. Toutes les solutions adoptées dans les pays riches ne sont pas
transposables dans les pays pauvres, mais certaines le sont, comme l’utilisation
d’ampoules basse consommation, la lutte contre le gaspillage de papier ou la réduction des
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trajets en véhicule. Comme les autres entreprises, les IMF peuvent adopter ces bonnes
pratiques.

2.2 Finance carbone et agrégateurs

Les financements conçus pour répondre aux problèmes relatifs au changement climatique
circulent sur le marché obligatoire et le marché volontaire d’échange des émissions de
carbone – c’est-à-dire que les paiements sont conditionnés par des réductions spécifiques
des émissions de gaz à effet de serre, et proportionnels à ces réductions.

La qualification pour les financements carbone est un processus complexe, qui requiert une
documentation considérable et des connaissances spécialisées que les IMF ne possèdent
généralement pas. Des entreprises spécialisées sont créées pour agréger les réductions de
plusieurs interventions ou pour aider les intéressés à élaborer des propositions en vue
d’obtenir des financements.

III- Actions au niveau systémique

3.1 Engagement et contribution au débat sur les politiques

Les IMF sont largement perçues comme des porte-paroles des populations pauvres dans le
monde. À ce titre, elles peuvent jouer un rôle déterminant dans le travail de sensibilisation
sur le thème du changement climatique, en joignant leurs voix à ceux qui exigent une
action rapide et efficace. Là où elles ne peuvent ou ne souhaitent pas jouer un rôle direct,
une association nationale ou régionale, si elle existe, peut être un interlocuteur approprié.

Le changement climatique doit être intégré à la planification stratégique des IMF, et cette
planification doit comprendre des mesures concrètes tant en matière d’atténuation que
d’adaptation. Un moyen simple d’intégrer cette dimension consiste à réaliser une analyse
SWOT climatique, pour évaluer les forces, faiblesses, opportunités et risques de l’institution
face au changement climatique.

Une fois que des mesures simples de type économie d’énergie ou sensibilisation ont été
mises en place, les IMF peuvent se consacrer progressivement à des tâches plus
complexes.

L’échelle et la portée d’une IMF, son environnement réglementaire et les compétences de


son personnel sont autant de facteurs qui conditionnent sa capacité à diversifier son offre
de produits et à supporter de nouveaux risques.

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