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Comment fonctionne une

Institution de Microfinance ?
 30.06.2016

Une institution de microfinance (IMF) accorde des microcrédits, et propose même parfois des

solutions d’épargne… On peut alors très vite être tenté de l’assimiler à une banque traditionnelle.

Elle en est pourtant très éloignée dans son fonctionnement, surtout lorsqu’elle a un statut

d’association, de mutuelle ou de coopérative !

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Qu'est-ce que la microfinance ?


On regroupe sous le terme de microfinance tous les produits et services financiers
conçus pour un public exclus des circuits bancaires traditionnels. La microfinance
permet ainsi une réinsertion sociale et bancaire, en permettant à des personnes
socialement vulnérables de bénéficier d’un crédit productif, d’une solution d’épargne…

La différence principale avec les produits et services « classiques » : un montant plus


faible. Par exemple, en Inde, la taille moyenne d’un crédit moyen sur 2 ans est de 200$
USD. L’institution de microfinance propose ainsi des « microcrédits » à des
emprunteurs tout en les accompagnant (pour financer un démarrage ou un
développement d’activité, parfois subvenir aux besoins urgents de leur famille, aider à la
mobilité pour permettre d’obtenir un emploi…), même si ces derniers n’offrent pas de
solides garanties de remboursement.

Le revenu généré par l’activité économique des micro-emprunteurs leur permet de


rembourser leur micro-crédit.   
Qui sont les IMF ?
Les IMF peuvent avoir différents statuts. Il peut s’agir :

 d’une association (bien souvent une ONG), 

 d’une mutuelle ou d’une coopérative, 

 d’une société commerciale (bancaire ou non bancaire comme les


NBFC, les sociétés financières non bancaires). 

Il existe également des initiatives locales sans existence juridique, mais pourtant


actives dans le microcrédit, comme les « tontines » en Afrique ou les « self help
groups » en Inde : il s’agit de groupes de personnes qui regroupent leur épargne, pour
financer les projets d’un ou plusieurs de leurs membres. Ces initiatives ne peuvent être
considérées comme des « IMF » au sens propre, et leur fonctionnement diffère d’une
structure à l’autre.

 Parfois, des IMF font évoluer leur statut afin d’étendre la gamme de services
proposés. Par exemple, une association ne pourra pas collecter l’épargne de ses
clients. Dans certains pays elle pourra alors demander aux autorités locales de se
transformer en société réglementée, habilitée à réaliser cette collecte.

Quelle réglementation pour les IMF ? 

Les IMF sont soumises à une réglementation dépendant de leur statut. Une banque de

microfinance devra ainsi se conformer à la réglementation bancaire et sera placée sous la

supervision des mêmes autorités de tutelle que les autres banques. Les ONG, mutuelles et

coopératives, elles, ne sont pas soumises à cette réglementation (mais certaines sont réglementées

par d’autres autorités de tutelle).

Un fonctionnement très particulier


Si les IMF offrent une solution à l’exclusion bancaire, elles ont aussi un rôle social
essentiel, qui impose un fonctionnement différent de celui des institutions bancaires
traditionnelles :

 les critères d’éligibilité, examinés pour octroyer un crédit, ne


s’appuient pas sur la solidité des garanties offertes (salaire,
patrimoine, etc.), mais sur des critères plus « humains » : si bien
sûr la viabilité du projet est examinée dans le cas d’un prêt visant à
financer une activité, l’évaluation repose aussi sur des entretiens
avec l’emprunteur et pas seulement sur un formulaire ;

 la garantie réelle, exigée par les banques pour consentir un prêt,


peut être remplacée par un mécanisme de solidarité du Groupe.
Par exemple, dans des mutuelles ou coopératives, chaque
emprunteur se porte garant pour les autres au sein d’un « groupe
de caution solidaire » comme les « Self Help Groups »;

 l’IMF noue une relation de proximité avec les bénéficiaires des


microcrédits, et garantit un véritable suivi des emprunteurs, pour
les aider à réussir leurs projets, à gérer leur budget… Ainsi, au-
delà des services bancaires proprement dit, l’IMF peut même
proposer des formations au crédit ou à la gestion d’un budget
familial voir à la constitution de l’épargne dans un objectif
pédagogique d’éducation financière ;

 les modes de remboursement des prêts peuvent être adaptés au


public visé, avec par exemple des échéances hebdomadaires ;

 ses produits sont adaptés au public visé, sans réel équivalent


dans le monde bancaire traditionnel.  C’est par exemple le cas
des crédits de groupe : l’IMF demande de constituer un groupe
d’emprunteurs, et accorde un micro-crédit groupé. Généralement
proposé aux plus pauvres, ces prêts groupés n’exigent aucune
garantie mais reposent sur la solidarité entre les membres du
groupe. La garantie est une forme de « garantie sociale » : les
membres sont engagés vis-à-vis de l’IMF, mais aussi de leurs co-
emprunteurs.

Comment les prêts sont-ils octroyés ?


La tontine africaine, pratique ancienne toujours très courante, repose sur l’adhésion
individuelle à un groupe, au sein duquel des relations de confiance et de
solidarité sont noués : c’est le lien social qui scelle la relation, et la confiance qui
noue le contrat. Dans certains cas, la tontine repose même sur un groupe de membres
qui se connaissent tous, et prêtent sans intérêt.

L’IMF transpose ce principe informel, mais efficace, en développant une économie


solidaire qui repose toujours sur la confiance. Pour octroyer des microcrédits, les
demandes sont examinées par un comité, qui évaluera l’éligibilité de l’emprunteur sur
des critères humains et sociaux (motivation, compétence, expérience…), autant
que sur la viabilité du projet éventuel et la capacité de remboursement. Une
méthode qui fonctionne : en microfinance, le taux moyen de remboursement des crédits
avoisine les 97% dans les pays émergents !

 Parfois, un « mécanisme de contrôle » est imposé, qui repose sur la pression sociale,
comme par exemple en Bolivie avec un système d’affichage des « mauvais payeurs ».

D'où viennent les fonds des IMF ?


Les sources de financement des IMF sont variées, et dépendent en partie de son
statut. 

Ainsi, l’argent prêté sous forme de microcrédits peut provenir :

 des dons et des subventions en particulier lors de la création de


l’IMF,
 des dépôts des membres et clients, lorsque l’IMF est sous la
forme de coopérative ou de mutuelle, ou qu’il s’agit d’une banque
de microfinance proposant également des produits d’épargne,

 des fonds propres de l’IMF, pour une faible partie,

 des crédits accordés par une ou plusieurs


banque(s) partenaire(s),

 des financements d’investisseurs publics qui viennent souvent


des organismes bilatéraux ou multilatéraux comme la BEI (Banque
Européenne des Investissements, l’IFC, KFW, AFD, Proparco, …)

 ou d’investisseurs privés, directs ou via des Fonds


d’investissements spécialisés en Microfinance (VIM véhicules
d’investissement en microfinance) qui font l’intermédiaire entre
l’IMF et des investisseurs à la recherche d’un investissement
solidaire et socialement responsable. 

Ces deux derniers offrent donc des ressources à plus long terme.

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