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financière
République de Guinée :

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stratégie nationale d’inclusion
diagnostic et préparation d’une

Novembre 2018
Résumé exécutif

1. Cette note présente le diagnostic de l’inclusion financière en Guinée et propose les axes principaux
pour le développement d’une Stratégie Nationale d’Inclusion Financière.
2. La Stratégie Nationale d’Inclusion Financière est une feuille de route agréée par l’ensemble des
parties prenantes de l’écosystème financier guinéen qui décline toutes les actions à mener au
cours des cinq (5) prochaines années afin d’améliorer l’inclusion financière en Guinée.
3. De ce fait, elle est un point important de la politique nationale de développement actuel. En effet,
le Plan National de Développement Economique et Social 2016-2020 (PNDES 2016-2020) a pour
objectif central de conduire la Guinée à l’émergence et à la prospérité à l’horizon 2040. Cette
émergence passe d’abord par un « mieux-être » accru des populations, qui se traduira par une
réduction significative de la pauvreté et une montée concomitante de la classe moyenne pour
soutenir durablement le processus de croissance.
4. La stratégie Nationale d’Inclusion Financière s’inscrit à l’échelle mondiale dans l’initiative UFA 2020
(Universal Financial Access 2020) qui prévoit un accès financier universel à l'horizon 2020.
5. Les récentes données issues de GLOBAL FINDEX sur la situation de l'inclusion financière en Guinée
montrent que le niveau d’inclusion financière s’est accru non pas du fait des institutions bancaires
ou des systèmes financiers décentralisés, mais du fait de l’offre de services financiers numériques
avec une évolution de la proportion de la population adulte possédant un compte passant de 7
pourcent en 2014 à 23,5 pourcent en 2017.
6. Néanmoins, ces études révèlent des défis importants. Il s’agit essentiellement de combler les
disparités entre le milieu urbain et le milieu rural, les écarts entre les riches et les personnes
défavorisées ou peu alphabétisées, les jeunes, les femmes, mais aussi de s’assurer que les groupes
exclus détiennent effectivement des capacités numériques et financières nécessaires pour
bénéficier des avantages de la finance numérique.
7. En septembre 2016, la Banque mondiale (BM), avec le soutien de la Banque Centrale de la
République de Guinée (BCRG) a animé à Conakry un atelier de sensibilisation et de lancement de
travaux pour le développement d’une stratégie nationale d’inclusion financière. Le thème portait
sur les bonnes pratiques internationales et la structure de gouvernance à mettre en place en
Guinée pour la mise en œuvre de la SNIF.
8. Une première mission de la Banque mondiale, composée de Mme Nathalie Assouline (Consultante
Senior) et suivie depuis Washington par M. Marco Traversa (Analyste du Secteur Financier) a
séjourné à Conakry durant la période du 12 au 21 décembre 2016. Le but de la mission était de
travailler avec le Comité de Pilotage de la SNIF, la BCRG, et les autres parties prenantes pour
commencer les travaux de diagnostic pour la mise en œuvre de la SNIF. A la fin de la mission, Mme
Assouline a eu un échange avec le Comité de Pilotage pour présenter les observations
préliminaires.
9. Une seconde mission de la Banque mondiale, composée de Mme Nathalie Assouline (Consultante
Senior) et de Mme Sarah Zekri (chef de projet First), a séjourné à Conakry durant la période du 19
au 23 mars 2018 pour actualiser les précédents travaux et reprendre attache avec la BCRG pour la
poursuite des travaux après une suspension de plusieurs mois liée à des remaniements internes
au sein du Groupe Banque Mondiale.
10. La précédente stratégie était orientée sur un secteur de la microfinance assaini, restructuré et
professionnel. L’actuelle stratégie poursuit cet effort d’assainissement de la microfinance mais
couvre un champ plus large, avec une attention sur la finance digitale soutenue par un système de
paiement bien développé, de bonnes infrastructures physiques, des réglementations appropriées
et des garanties vigoureuses de protection des consommateurs permettant l’extension du secteur

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financier aux populations vulnérables et exclues. A ce titre, le document a bénéficié des
contributions de M. Youssouf Traoré (Consultant, Spécialiste Finance Digitale) et Mme Maimouna
Gueye (Spécialiste senior en inclusion financiere et finance digitale, Banque Mondiale).

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Acronymes

AFI Alliance pour l’Inclusion Financière (Alliance for Financial Inclusion)


BCEAO Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest
BCRG Banque Centrale de la République de Guinée
BM Banque mondiale
CGAP Consultative Group to Assist the Poor
CIMA Conférence Interafricaine des Marches d’Assurances
CRG Crédit Rural de Guinée
DAB Distributeur Automatique de Billets
DSB Direction de la Supervision des Banques
DGSIF Direction Générale de Supervision des Institutions Financières
DSIMF Direction de la supervision des IMF
EME Etablissement de monnaie électronique
GAB Guichet Automatique des Billets
GNF Guinean New Franc
IF Institution Financière
IMF Institution de Microfinance
KYC Connaissance du client (« Know Your Customer »)
M Million
Mds Milliard
ME Monnaie Electronique
OCDE Organisation pour la Coopération et le Développement Économique
PAR Portefeuille à Risque
PME Petites et Moyennes Entreprises
IFC Société Financière Internationale
SNIF Stratégie Nationale d’Inclusion Financière
TEG Taux effectif global
TPE Très Petites Entreprises
UE Union Européenne
UMOA Union Monétaire Ouest-Africaine

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Sommaire

................................................................................................................................................................................ 1
RESUME EXECUTIF ........................................................................................................................................... 2
ACRONYMES ....................................................................................................................................................... 4
SOMMAIRE .......................................................................................................................................................... 5
1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION ........................................................................................................... 6
A. SITUATION ET PERSPECTIVES SOCIO-ECONOMIQUES DE LA GUINEE ............................................................. 6
B. CONTRIBUTION DU SECTEUR FINANCIER AU DEVELOPPEMENT DE LA GUINEE ........................................... 6
2. ETAT DES LIEUX DE L’INCLUSION FINANCIERE EN GUINEE ..................................................... 9
A. DEFINITION DE L’INCLUSION FINANCIERE ......................................................................................................... 9
A.1 Banque mondiale ...................................................................................................................................................... 9
A.2 Banque africaine de développement ............................................................................................................... 9
A.3 Alliance pour l’Inclusion Financière ................................................................................................................ 9
B. DIAGNOSTIC DU CADRE LEGAL ET DE LA SUPERVISION .................................................................................... 9
B.1 Diagnostic du cadre légal ..................................................................................................................................... 9
B.2 Diagnostic du cadre de supervision ...............................................................................................................11
C. DIAGNOSTIC DE LA DEMANDE DE SERVICES FINANCIERS .............................................................................. 11
D. DIAGNOSTIC DE L’OFFRE DE SERVICES FINANCIERS ....................................................................................... 14
D.1 Banques ......................................................................................................................................................................15
D.2 Institutions de microfinance .............................................................................................................................16
D.3 Compagnies d’assurance.....................................................................................................................................18
D.4 Moyens de paiement et établissements de monnaie électronique...................................................18
E. PROBLEMATIQUE DE L'INCLUSON FINANCIERE EN GUINEE ...................................................... 21
E.1 L’épargne ....................................................................................................................................................................21
E.2 Le crédit ......................................................................................................................................................................24
E.3 Les paiements ...........................................................................................................................................................28
E.4 L’éducation financière..........................................................................................................................................30
E.5 La protection du consommateur .....................................................................................................................30
E.6 La connectivité et l’électricité ...........................................................................................................................32
3. LA STRATEGIE NATIONALE D’INCLUSION FINANCIERE - PROPOSITIONS ....................... 34
A. LES BASES DE LA VISION STRATEGIQUE POUR L’INCLUSION FINANCIERE ................................................... 34
B. OBJECTIFS .............................................................................................................................................................. 34
C. LES PRINCIPAUX AXES STRATEGIQUES PROPOSES........................................................................................... 35
D. PLAN D’ACTION DE LA STRATEGIE NATIONALE D’INCLUSION FINANCIERE DE LA REPUBLIQUE DE
GUINEE ............................................................................................................................................................................... 1

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1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION
A. Situation et perspectives socio-économiques de la Guinée
La République de Guinée est un pays à faible revenu d’environ 12,5 millions de personnes qui jouit
d’un regain de croissance économique soutenue depuis la crise Ebola. La Guinée possède les plus
grandes réserves de bauxite au monde et d’importantes réserves de minerai de fer à haute teneur
inexploitées, ainsi que d'or et de diamants.
En outre, la Guinée a un sol fertile, des
précipitations abondantes offrant ainsi un grand
potentiel pour l’agriculture commerciale.
L'épidémie d'Ebola a ralenti l'activité
économique en 2014-2015, mais le pays connaît
actuellement une reprise. La croissance du PIB a
atteint 7,1 pourcent en 2016 contre 4,5 en 2015
en raison de l'intensification des activités
d'extraction minière, de la production
d'électricité et du commerce. Selon le FMI,
l’année 2017 a été marquée par une forte
croissance de l’activité économique avec un
taux estimé à 12,7 pourcent contre 10,5 pourcent l’année précédente. Cette évolution s’explique par
le dynamisme soutenu par la mise en œuvre du Plan National de Développement Economique et Social
(PNDES) et un renforcement des investissements dans le secteur minier, énergétique et agricole. La
Banque Centrale a maintenu une politique d’assouplissement des conditions monétaires dans le but
de soutenir la croissance économique. Elle a baissé le taux des réserves obligatoires de 18 pourcent à
16 pourcent en mars 2017, et laissé inchangé son taux directeur à 12,5 pourcent.

En 2018, la croissance économique devrait se situer à 7,9 pourcent. Cette évolution serait soutenue
par le dynamisme du secteur minier, de la construction, du commerce et de l’agriculture. Sur le plan
des finances publiques, les recettes sont projetées à 14,9 pourcent du PIB en hausse de 2 points de
pourcentage par rapport à 2017. Quant aux dépenses, elles se situeraient à 18,9 pourcent du PIB, en
hausse de 2,6 points de pourcentage par rapport à 2017. Le budget dégagerait un solde de base (dons
compris) de -2 pourcent du PIB, soit une amélioration de 0,1 point de pourcentage par rapport à 2017.
La coordination des politiques budgétaire et monétaire devrait faire reculer légèrement l’inflation,
pour s’établir à 8,5 pourcent en 2018 contre une moyenne annuelle de 8,8 pourcent en 2017. Sur le
plan monétaire et des changes, la BCRG continuera sans préjudice à l’objectif de stabilité des prix, de
soutenir la croissance économique. Elle s’assurera également que les taux de règlement pour les
transactions du marché de change demeurent à l’intérieur d’une bande de ±2 pourcent.

B. Contribution du secteur financier au développement de la Guinée


L’activité du secteur bancaire se caractérise par un faible financement de l’économie1 et plus
particulièrement des investissements. A cela deux principales raisons, qui sont liées à l’attractivité
de la rémunération des Bons du Trésor et à la faiblesse des ressources longues. A la fin 2017, dans le
secteur bancaire, les dépôts de la clientèle s’élèvent à 13 077 milliards GNF (Table 1), soit plus de 75
pourcent des ressources du secteur et sont à vue à 90 pourcent (dont comptes à vue 66 pourcent et
24 pourcent en dépôt épargne à vue). Les dépôts proviennent principalement des résidents privés, les
particuliers à 54 pourcent, les sociétés privées à 34 pourcent et les entrepreneurs individuels à 9
pourcent2. « En matière de financement de l’économie, le système financier guinéen est peu

1 En 2016, les concours à l’économie représentent 43% des emplois (7561 milliards GNF sur 17 724 milliards), avec 2 036
milliards pour les crédits aux particuliers (27%). Source BCRG, DSB, rapport 2016.
2 BCRG, rapport annuel DSB 2017

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performant en termes de montant des crédits octroyés et d’efficacité de l’allocation des ressources
financières. Ainsi, au 31 décembre 2017, le total des concours bancaires à l’économie se chiffrait à 17
724 milliards de francs, représentant un peu plus de 30 pourcent du PIB. Plus de la moitié de ce
financement a été capté par l’Etat à travers les bons du Trésor et les prêts directs. Alors que la part du
crédit alloué au secteur public est passée de 25,1 pourcent à 26,8 pourcent de l’encours de crédit entre
2015 et 2017, la croissance du crédit alloué au secteur public s’est accélérée (+42 pourcent de
croissance) sur la même période3. Le phénomène de l’éviction du financement privé par celui de l’Etat
a donc été manifeste au cours de la période. Le taux de transformation des dépôts en crédit
(crédits/dépôts) est également médiocre. Il représente 57 pourcent en 2017, comparé à 82 pourcent
dans l’UEMOA et plus de 100 pourcent dans les pays développés4. La structure du crédit au secteur
privé reflète une nette domination du crédit à court terme et la prépondérance du financement du
secteur tertiaire. En effet, on estime qu’environ 84 pourcent du total du crédit octroyé par les banques
à l’économie guinéenne est constitué de crédit à court terme. Les prêts à long terme utilisés pour
financer les investissements productifs, générateurs de croissance économique, ne représentent ainsi
qu’une infime partie du concours total du secteur financier à l’économie guinéenne »5. La rentabilité
du secteur bancaire s’est ainsi améliorée en 2017 et au premier trimestre 2018, avec des fonds propres
en hausse6 et un résultat net des banques en croissance de 3 pourcent liée à relance économique post-
Ebola (avec +10 pourcent du Produit Net Bancaire (PNB), +18 pourcent du produit net clientèle et +56
pourcent du produit net de trésorerie et interbancaire). Cependant, la qualité du portefeuille bancaire
s’est fortement dégradée avec taux de sinistralité passé de 6,1 pourcent en 2015 à 10,7 pourcent en
2017 pour s’amélioré au premier trimestre 2018 à 8,7 pourcent (Table 2).

Tableau 1 : Vue d’ensemble du secteur bancaire guinéen en 2017

2017
Nombre de banques 16
Nombre de filiales 170
Nombre d’agences pour 100,000 adultes 2.5
Nombre de DAB 160
Nombre de DAB pour 100,000 adultes 2.3
Total bilan (actifs) 17 724 Mds GNF (US$1.9 Mds) (2016)
Encours de crédits 7,473 Mds GNF (US$829 million)
Croissance annuelle des prêts (%) 6.4 pourcent
Dépôts 13,077 Mds GNF (US$1.4 Mds)
Croissance annuelle des dépôts (%) 1.0 pourcent
Nombre de clients 606,488
Source : Rapport annuel BCRG (2017), FMI Financial Access Survey

3 Source : FMI
4 Source : Rapport annuel BCRG 2017
5 Etude sur le financement de l’économie guinéenne, Sékou Falil Doumbouya, Ministère de l’Economie et des finances, Février

2018.
6 Fonds propres de de 2 299 milliards en raison de la hausse du capital des banques liées à la décision N°D/2013/050/CAM

de mars 2013 portant fixation du capital minimum des établissements de crédit de la catégorie banque à 100 milliards GNF

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Tableau 2 : Indicateurs de performance du secteur bancaire guinéen (en pourcentage)

2015 2016 2017 Q2 2018


Capital
Capital réglementaire aux actifs pondérés en 16.5 17.9 16.8 17.0
fonction des risques
Qualité des actifs
Pourcentage de croissance des crédits 9.4 11.8 6.4 n/a
Taux de sinistralité 6.1 9.4 10.7 8.7
Prêts non productifs nets des provisions du 9.4 14.7 11.3 13.5
capital
Profitabilité
Ratio marge d'intérêt / revenu brut 20.1 38.9 41.8 38.4
Ratio de rendement des actifs 2.4 2.2 2.1 2.1
Ratio de rendement des capitaux propres 21.7 18.8 16.7 17.3
Liquidité
Liquid Assets to Short Term Liabilities 25.6 28.9 26.8 30.6
Taux de transformation des dépôts en crédits 55.7 54.2 57.1 n/a
Ratio de couverture de liquidité 42.2 45.8 43.12 50.1
Source : FMI

Le secteur de la microfinance est très concentré mais la concurrence devrait s’accroitre dans les
prochaines années avec l’entrée de nouvelles IMF. Il tient essentiellement à quatre IMF (une IMF de
type Coopérative d’épargne et de crédit et trois IMF de type SA), qui représentent 96 pourcent de
l’encours d’épargne et 87 pourcent de l’encours de crédit en 2016. Les parts de marché du CRG alors
dominantes (entre 85 et 90 pourcent en 2016) ont tendance à se réduire (39 pourcent des dépôts et
37 pourcent des crédits en 2016) avec la progression des Sociétés Anonymes (SA) de microfinance.
Cette tendance devrait s’accentuer encore dans les années à venir avec le démarrage en 2017 de
l’activité de deux nouvelles IMF disposant de capitaux, d’expertise technique et ciblant aussi le marché
de la petite entreprise en milieu urbain.

La plupart des IMF sont en situation difficile, y compris parmi les plus importantes du secteur. Les
chiffres les plus récents (2016) des fonds propres (FP) consolidés du secteur montrent une faible
amélioration de 11 pourcent (de 36 mds GNF à 40 Mds GNF)7, 3 IMF ont des FP négatifs (- 10 Mds GNF
environ) et 8 IMF des résultats nets négatifs8. La qualité du portefeuille de crédit du secteur, quoique
mauvaise, semble s’être cependant améliorée en 2016, à la suite des pics connus pendant la période
Ebola9 et aux radiations qui ont suivi, le PAR 30j se situe à 4,3 pourcent en 2016 contre 8,31 pourcent
en 2015 et 11 pourcent en 2014.

La diffusion des produits d’assurance est en croissance, en particulier les produits vie, même si des
marges de progrès importantes existent encore. Trois compagnies d’assurance sur onze 10 qui

7 Hors, FP des 2 nouvelles SA (26,5 Mds GNF)


8 Les données communiquées sont les données fournies par la BCRG dans son rapport d’activité 2016 et dans le tableau des
indicateurs fournis. Certaines données sont manquantes ou incomplètes, comme le total bilan par exemple.
9 « Les résultats montrent que près de GNF 259,6 milliards ne sont pas remboursés et 4,3% de l’encours des crédits sont

restructurés par les banques. Dans les Institutions de Microfinance, les défauts de remboursement sont de l’ordre de GNF
6,9 milliards tandis que les crédits restructurés se chiffrent à GNF 2,6 milliards. » Etude effectuée par la BCRG, et publiée en
septembre 2015
10 Dont 5 commercialisent exclusivement des produits non vie (IARDT) (UGAR-ACTIVA, SONAG, IIC, MUTRAGUI, SOGAM), une

uniquement des produits vie (Activa –vie) et 4 autres IARDT et vie (NSIA-Assurances, SAHAM, SUNU, SAAR). Trois Cies
appartiennent à des nationaux (MUTRAGUI, SONAG, SOGAM) et les autres appartiennent à des groupes (UGAR ACTIVA,
SOUNOU, SAHAN, NSIA, IIC).

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constituent le marché guinéen se partagent plus de 70 pourcent du marché en 2017 avec un chiffre
d’affaire de 356,18 milliards GNF. Le chiffre d’affaire global a connu une forte évolution en 2012 (+47
pourcent) et renoue avec la croissance à partir de 2015 (+10 pourcent) et + 16 pourcent en 2016 + 13
pourcent en 2017, après la période Ebola de 2013-2014. Les produits vie occupent une part encore
réduite du chiffre d’affaire 2016 et 2017 (autour de 20 pourcent) mais sont en progression plus rapide
depuis 2011 que les produits Incendies Accidents Risques Divers et Transport (IARDT).

Les services financiers via la téléphonie ou mobile banking se développent et se diversifient à un


rythme soutenu en Guinée depuis 2013. Cette activité, qui a vocation à renforcer l’inclusion financière
dans le pays, ne porte pour l’instant que sur des services financiers de base (retraits et dépôts
d’espèces sur un compte électronique dédié, transferts d’argent, paiements de factures, etc.), avec
une prédominance des opérations de rechargement de compte et de retrait d’espèces.

2. Etat des lieux de l’inclusion financière en Guinée

A. Définition de l’inclusion financière


Une revue des définitions de l’inclusion financière données par des bailleurs permet de noter des
approches différentes les unes des autres, avec cependant des domaines communs se rapportant à
l’accès, l’utilisation et la qualité.

A.1 Banque mondiale

L’inclusion financière définit la possibilité pour les individus et les entreprises d’accéder à moindre coût
à une gamme de produits et des services financiers utiles et adaptés à leurs besoins (transactions,
paiements, épargne, crédit et assurance), proposés par des prestataires fiables et responsables.

A.2 Banque africaine de développement

L’inclusion financière englobe toutes les initiatives visant à rendre des services financiers formels,
disponibles, accessibles et abordables pour l’ensemble de la population. Cela requiert une attention
particulière en faveur des segments de la population historiquement exclus ou mal desservis par le
secteur financier formel.

A.3 Alliance pour l’Inclusion Financière

L’inclusion financière se définit comme favoriser l’accès et l’usage de services financiers (offerts par
des entités réglementées) par des franges de la population généralement exclues du (ou mal servies
par le) système financier formel.

B. Diagnostic du cadre légal et de la supervision

B.1 Diagnostic du cadre légal

La Banque Centrale joue le rôle d’Institut d’émission, conduit la politique monétaire, gère les
réserves de change de la Nation, effectue les opérations avec le Fonds Monétaire International en
tant qu’agent financier de l’Etat et assure la surveillance du système financier. Au 31 décembre 2017,
le paysage bancaire Guinéen compte 16 Banques qui entretiennent un réseau de 170 agences et 159

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distributeurs automatiques de billets pour plus de 606 488 clients et 2 245 agents et cadres, soit 8
nouvelles agences et 9 nouveaux distributeurs automatiques ouverts au cours de l’exercice 2017. Il y
a aussi 25 IMF (22 actives) ; 11 compagnies d’assurances, 1 société de crédit-bail et 3 EME agréées.

Sur le plan règlementaire du secteur bancaire, plusieurs Décisions du Comité des Agréments et
Instructions du Gouverneur de la BCRG ont été prises courant 2017 relatives, notamment à l’agrément
des Dirigeants et Commissaires aux comptes et aux textes d’application de la Loi Bancaire, soit un total
de 18 Décisions et 3 Instructions qui se décomposent comme suit : i) Douze (12) décisions portant sur
l’agrément des Dirigeants ; ii) Deux (02) décisions relatives à l’exercice de la fonction de Commissaire
aux Comptes ; iii) Quatre (04) décisions relatives l’Actionnariat et à l’augmentation du Capital ; iv) Trois
(03) instructions relatives à la notification.

Sur le plan règlementaire du secteur des assurances, un nouveau code des Assurances a été
promulgué pour renforcer la sécurité du marché et se conformer davantage aux standards
internationaux. Aussi, il existe le Fonds de garantie automobile et la carte brune CEDEAO.

Quant aux institutions de microfinance, elles sont des structures qui n’ont pas le statut de banque
mais qui pratiquent, à titre habituel, des opérations de crédit ou de collecte d’épargne et offrent des
services financiers spécifiques au profit des populations évoluant pour l’essentiel en marge du circuit
bancaire traditionnel (article 2 §1 de la Loi sur la Microfinance).

En 2017, la République de Guinée a adopté une nouvelle loi sur les Institutions Financières
Inclusives11. Cette loi modernise la réglementation sur la microfinance, dote les Etablissements de
Monnaie Electronique d’un cadre juridique plus stable et encadre les futurs services financiers de la
poste. Le nombre d’institutions de microfinance était de vingt-cinq (25) toutes catégories confondues
dont (22) en activité12. Cette nouvelle loi place la microfinance et les services financiers numériques
au centre des efforts du Gouvernement en matière d’inclusion financière en renforçant le cadre
juridique permettant :

➢ la structuration et professionnalisation du secteur de la microfinance,


➢ l’émission et distribution de monnaie électronique,
➢ la fourniture de services financiers par la poste.

Le cadre légal et règlementaire concernant l’émission de monnaie électronique a été révisé et


adoptée en juillet 2017. Auparavant, les sociétés fournissant des services liés à l’émission de la
monnaie électronique étaient dans l’obligation de créer un établissement financier agréé13. Trois
établissements de monnaie électronique ont ainsi été agréés et sont en activité (Orange Money, mars
201614, MTN Money, novembre 2016 et Paycard, septembre 2016). La nouvelle loi sur les Institutions
financières inclusives prévoit des dispositions pour les agents et distributeurs de monnaie électronique
et pour la microfinance. Elle doit être complétée par des Instructions dont certaines sont parues en
2018 (sur les montants plafonds des transactions et, d’une manière générale, sur les normes
prudentielles dont le placement des liquidités). Le mode de supervision des EME devrait également
être précisé et organisé. Ces instructions s’imposeront sur les accords convenus entre les EME et la

11 La nouvelle loi a été développée grâce à une aide technique du Groupe Banque Mondiale et financée par FIRST Initiative
12 Catégorie 1 : Structures mutualistes ou coopératives (elles sont au nombre de 10), Catégorie 2 : Sociétés Anonymes (elles
sont au nombre de 10), Catégorie 3 : Associations et ONG (elles sont au nombre de 05).
13 En mars 2015, le Comité des Agréments a adopté la Décision portant émission de monnaie électronique et établissements

de monnaie électronique (EME), suivie par la Décision portant fixation du capital social minimum des EME (juin 2015) à 2
milliards GNF (qui pourrait être porté à 4 Mds prochainement).
14 Pour rappel, la société « Orange Guinée SA », à travers son partenaire BICIGUI, a obtenu en 2013 une autorisation de la

BCRG pour mettre en place un service de monnaie électronique appelé « Orange Money ».

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BCRG dans le cadre des agréments accordés et donneront une plus grande stabilité juridique incitative
aux investissements et à l’extension des services financiers.

B.2 Diagnostic du cadre de supervision

Le secteur financier est supervisé par la BCRG et fait l’objet de règlementations spécifiques par
catégories d’institutions (banques, assurances et institutions financières inclusives réunissant les EME
et les institutions de microfinance). Ces règlementations quoiqu’en évolution ces dernières années
nécessitent encore des compléments, en particulier en matière de protection des consommateurs de
services financiers et des agents bancaires, deux vecteurs importants de l’inclusion financière. Le statut
de la BCRG adopté en 2014 a été révisé en 2016 afin de renforcer son indépendance dans l’exercice
de ses missions.

La BCRG bénéficie actuellement d’un appui de AFRITAC pour la révision du plan comptable bancaire
et de la BAD pour l’automatisation de la transmission et du traitement comptable des états
financiers des banques15. La loi bancaire a été révisée en 2013 pour donner des moyens renforcés aux
autorités de régulation et de contrôle afin notamment d’assurer la protection des déposants, de
prévenir le risque systémique et de disposer d’une panoplie plus complète d’outils de prévention et
de résolution de crises. Le capital minimum des banques a également été porté de 50 à 100 milliards
GNF. Les textes d’application de la Loi bancaire concernant notamment la mise en place d’un système
de garantie des dépôts ont été élaborés en 2018. Cette loi pourrait utilement être complétée par des
dispositions relatives aux agents bancaires, vecteurs d’une meilleure inclusion financière.

En vertu des dispositions de la loi L/2015/018/AN relative à la règlementation générale des


Télécommunications, l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT) est
chargée, entre autres de suivre l’évolution du marché et de mettre à la disposition des Autorités
Gouvernementales et des acteurs des secteurs régulés, des informations pertinentes relatives
notamment à la performance des Opérateurs. C’est dans ce cadre que l’ARPT a en son sein, un
Observatoire de marché des Télécommunications qui lui permet de suivre, d’analyser et de présenter
régulièrement les évolutions enregistrées dans le secteur des Télécommunications en Guinée. Cet
Observatoire est alimenté par des informations collectées auprès des opérateurs titulaires de licence
et une autorisation selon une périodicité et un format prédéfini. L’Autorité de Régulation contrôle
également le respect par les opérateurs des prescriptions résultant des dispositions législatives et
réglementaires qui leur sont applicables ainsi que des engagements afférents aux licences et
autorisations dont ils bénéficient. Elle peut soit d’office, soit à la demande du Ministre chargé des
télécommunications ou d’une personne physique ou morale concernée, sanctionner les manquements
qu’elle constate à cet égard.

C. Diagnostic de la demande de services financiers

Selon le Global Findex 2017, sur une population adulte estimée à 6,4 millions d’habitants, le taux
d’adultes titulaires d’un compte bancaire en Guinée est passé de 7 pourcent en 2014 à 23,5 pourcent
en 2017, soit à environ 1,5 million d’adultes. Ceci laisse des marges de progrès importantes en
comparaison, par exemple, du Sénégal où 42,3 pourcent de la population adulte déclare détenir au
moins un compte en 2017 (Graphiques 1 et 2).

15 Projet Surveillance des établissements bancaires (SUREC)

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Graphique 1 : Adultes titulaires d’un compte bancaire dans le monde, Findex, 2017

Graphique 2 : Evolution du pourcentage de détenteur de comptes dans une IF (% adultes>15 ans),


Findex, 2017

2017 2014 2011

Guinée 23.5
3.7 7.0
Sierra Léone 15.6 19.8
15.3
Sénégal 15.4 42.3
5.8
Pays faible revenu 22.9 34.9
13.4
ASS (hors pays rev.élevé) 34.2 42.6
23.2
0.0 5.0 10.0 15.0 20.0 25.0 30.0 35.0 40.0 45.0
Source : Findex 2017

Cette progression importante dans la détention de comptes en Guinée est surtout liée à la monnaie
électronique (+12 points environ, contre + 8 points pour les comptes bancaires et microfinance) dont
le développement est relativement récent. Phénomène qu’on retrouve au Sénégal et dans une
moindre mesure en Afrique Subsaharienne (ASS) où la pénétration de la monnaie électronique est plus
ancienne (notamment en Afrique de l’Est) (Graphiques 3 et 4).

| 12
Graphique 3 : Evolution des comptes d’argent mobile en Afrique subsaharienne depuis 2014

Graphique 4 : Comptes par type d’institutions (Pourcentage des adultes>15 ans)


Sénégal rev.élevé)
ASS (hors

2017 20.9
32.8
pays

2014 11.6
28.8
2017 31.8
20.4
2014 6.2
11.9
2017 13.8
Guinéee

14.6
2014 1.5
6.2

0.0 5.0 10.0 15.0 20.0 25.0 30.0 35.0

Comptes de monnaie electronique Comptes dans une IF

Source : Findex 2017

Les disparités d’accès entre comptes dans une Institution Financière (IF) et comptes de monnaie
électronique (ME), selon le genre, l’âge et les niveaux de vie et d’éducation sont assez semblables.
On note que les jeunes (15-24 ans) ont plus de comptes de monnaie électronique que les plus âgés (+
25 ans) avec respectivement 17,2 pourcent contre 11,9 pourcent. Cependant, l’écart homme-femme
est plus marqué sur la détention de ce type de comptes en comparaison avec les comptes dans les IF,
avec un écart favorable aux hommes de 8 points pour les comptes de ME contre 2 points pour les
comptes dans une IF (Graphique 5). Le niveau d’éducation reste le principal facteur discriminant dans
l’accès aux comptes, avec autour de 20 points d’écart entre adultes « éduqués » et « non éduqués ».
Ces éléments donnent des indications sur les segments de population auxquels des programmes
d’éducation financière pourraient s’adresser dans l’avenir.

| 13
Graphique 5 : Détention (Pourcentage des adultes>15 ans), Findex 2017

Source : Findex 2017

Les populations rurales ont un moindre accès aux services financiers formels, quel que soit le type
de compte, avec un taux de détention globalement de 18,2 pourcent contre 23,5 pourcent pour
l’ensemble de la population adulte. Ceci est dû à la faible présence des points de services financiers
en zones rurales combinés aux facteurs propres aux zones rurales cités précédemment. Ils sont
concentrés à Conakry (environ la moitié pour les banques et les TELCO, et dans une moindre mesure
pour les IMF, 14 pourcent) avec une présence cependant croissante dans les principales villes du pays
et les sites miniers.

D. Diagnostic de l’offre de services financiers

Depuis 2010, le nombre d’institutions financières sur le marché guinéen ne cesse de croitre, mais la
concentration reste forte. A la fin 2017, la Guinée comptait 16 banques (contre 11 fin 2010) ; 25 IMF
(23 active, contre 13) ; 11 compagnies d’assurances (contre 7) et 1 société de crédit-bail, 3 EME agréées
(contre 2 en IOB en 2013). Les 3 premières banques en taille concentrent 69 pourcent des dépôts et
75 pourcent des encours de crédit du secteur16. Dans le secteur de la microfinance, les quatre
premières IMF détiennent 96 pourcent des dépôts et 84 pourcent des encours de crédit. Le premier
établissement de monnaie électronique concentre 95 pourcent des parts de marché17.

16 Données 2016
17 Données 2016

| 14
Tableau 1 : Estimation des parts de marché des principales IF
Encours
Nombre Total bilan Clients Dépôts Agences DAB
crédit
Total Banques
15 17 724 520 441 13 395 7 561 162 150
(Mds GNF)

Grandes banques 3 57% 62% 60% 57% 45% 81%

Banques
3 21% 19% 21% 22% 22% 12%
moyennes

Petites banques 9 22% 19% 19% 21% 33% 7%

Total IMF
18 (a) nd 531 036 281 245 349 -
(Mds GNF)

4 premières IMF 4 nd 90% 96% 87% 60% -

Total EME (b) 3 nd 2395196 321 - 20442 (d) -


er
1 EME 1 nd 90% 95% - 84% -
Source, données BCRG 2016
(a) IMF ayant transmis leurs états financiers 2016
(b) Données janvier 2018 pour les 2 EME
(c) Dont clients actifs 1 136 155
(d) nombre d'agents

D.1 Banques

La concentration géographique du secteur bancaire est plus importante que celle de la microfinance
en raison de la nature de la clientèle ciblée (particuliers salariés et grandes entreprises), tandis que la
présence des IMF est plus généralisée dans le pays. Certaines des principales banques qui ciblent les
particuliers ont développé des stratégies de placement de guichets délocalisés (dotés d’un agent avec
ordinateur relié au serveur) chez les opérateurs économiques de Conakry (cimenterie, port,
ambassade, centre des impôts, stations-service, etc.). Ceci afin de fidéliser des clients soumis à des
coûts de transaction importants, en particulier dans la capitale, compte tenu des conditions difficiles
de circulation et de transport. La Guinée est un pays avec une population importante hors de la
capitale18, mais avec des infrastructures défaillantes (routes, électricité, internet …). L’implantation de
points de services est un défi important en Guinée, en termes de coûts.

Tableau 2 : Répartition des points de services entre IF


Pour 100 000
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
adultes (2)
Agences bancaires 75 84 98 112 136 146 162
2,5
Distributeurs
83* 115 129 150 2,3
automatiques
Nombre points de
369 432 485 507 306 345 349 5,45
services IMF
Nombre
intermédiaires 55 94 103 83* 80 72* 62 0,9
assurances

18 Selon l’INS, Conakry 16%, Basse Guinée 22%, Moyenne Guinée 19%, Haute Guinée 25%, Guinée Forestière 18%

| 15
Nombre points de
5 255 20 000 312
vente EME (1)
TOTAL 923 526 588 785 501 5 947 20 723 324
(1) Agents, décembre 2017
(2) Population adulte : 6 400 0000
Source : BCRG, rapports annuels DSIMF, DSB, DSA 2016

D.2 Institutions de microfinance

Le Crédit Rural de Guinée est la 1ère institution de microfinance par la taille. Cette institution compte
à elle seule 157 points de services (sur un total de 349 pour le secteur) implantés dans tout le pays. Les
autres IMF ont un ancrage essentiellement urbain d’abord à Conakry et depuis peu vers les principales
villes du pays. Par ailleurs les points de service de la microfinance en milieu rural peuvent avoir des
tailles extrêmement réduites (en particulier les caisses de type MUFFA/ MC2 et les ASF). En outre, le
secteur de la microfinance, plus vulnérable à la crise Ebola des années 2013-2014 et en raison de ses
difficultés intrinsèques, a réduit le nombre de ses points de services sur cette période. L’ensemble des
courtiers et plus de la moitié des agents généraux des compagnies d’assurance exercent et sont établis
à Conakry19.

Malgré un nombre important d’IMF enregistrées, leur portée est limitée avec cependant des
disparités importantes entre IMF en termes de ciblage de marché. A fin 2016, la BCRG recense 24
IMF agréées20 dont 18 IMF ont transmis leurs états financiers à fin 201621 pour un encours de crédit de
244,6 Mds GNF (+30 pourcent par rapport à 2015), des dépôts de 281,1 Mds GNF (+28 pourcent par
rapport à 2015) et 531 036 clients/membres (+13 pourcent par rapport à 2015). L’année 2015 a été
une année de reprise des activités après la crise Ebola avec les plus fortes croissances au niveau de
deux IMF de type SA relativement récentes (Finadev, 2005 et Cofina, 2014) en comparaison avec les
principales IMF plus anciennes Yété Mali (1997) et le CRG (1990). On retrouve cette tendance en 2016,
avec des taux de croissance annuels des encours d’épargne respectivement de 31 pourcent, 125
pourcent, 20 pourcent et -2 pourcent et pour l’encours de crédit de respectivement 27 pourcent ; 103
pourcent ; 19 pourcent ; 18 pourcent. Ces principales IMF ne s’adressent pas aux mêmes segments de
marché (tableau 5) avec, à chaque bout du spectre, un crédit moyen équivalent à 120 € pour le CRG
contre 14 914 € pour Cofina qui cible davantage la petite entreprise (tableau 3).

Tableau 3 : Crédits accordés par le secteur de la microfinance en 2016


2016 Secteur Total 4 Finadev Cofina Yete Mali CRG
premières
IMF
Nombre de crédits 126 498 118 096 7 113 1 225 6 958 102 800
accordés
% 100% 94% 6% 1% 6% 81%
Montants accordés 415 377 42 190 17 128
(Mds GNF)
% 100% 91% 10% 46% 4% 31%
Montant moyen du crédit 3 284 147 3 192 318 5 848 167 155 357 480 2 472 250 1 245 893
(GNF)

19 70 intermédiaires dont 34 courtiers et 36 agents généraux à fin 2014.


20 La BCRG compte les MUFFA et « unités MUFFA et MC2 » comme 2 IMF agréées (rapport 2016). Or il n’y a pas d’agrément
collectif pour ces structures, ni individuel à ce jour. EN 2016, 2 nouveau agréments et 2 nouvelles autorisations ont été
accordés.
21 Les IMF n’ayant pas transmis sont les MUFFA et MC2 (comptées pour 2 IMF par la BCRG) et des IMF n’ayant pas encore

démarré leurs activités (2) et celles n’ayant plus d’activité (2)

| 16
En euros 315 306 561 14 914 237 120
Source : données DSIMF, BCRG 2016

Cette amélioration globale de la qualité du portefeuille cache cependant des disparités importantes
entre IMF. Les coopératives d’épargne et de crédit, confrontées à un manque récurrent de ressources
et des problèmes de gouvernance ont une activité faible et stagnante. Deux d’entre elles sont de
création récente22, les autres structures sont en difficulté et font l’objet d’un suivi rapproché de la
BCRG avec en perspective des retraits d’agrément. Trois IMF de catégorie 2 (type SA) font également
l’objet d’un suivi rapproché de la BCRG en raison de difficultés de gestion et présentent des
perspectives de viabilité discutables. Dans la catégorie 3, projets et structures ne collectant pas les
dépôts, une structure autorisée sous tutelle administrative du ministère de l’Industrie fonctionne à
l’aide de lignes de crédit publiques.

Le secteur de la microfinance a besoin d’être assaini de façon à renforcer la protection des clients et
promouvoir les IMF offrant de véritables perspectives de viabilité. A cet effet, la BCRG a entrepris un
plan d’assainissement en 2018 et des mesures ont été prises pour les retraits d’agrément des IMF les
plus compromises. Ceci passe par la poursuite des activités de réforme du cadre règlementaire et le
renforcement de la supervision, d’une part pour anticiper les difficultés et les risques encourus pour
les déposants (supervision basée sur les risques) et d’autre part pour doter la supervision d’une
capacité de résolution des crises. A l’heure actuelle certaines IMF ont perdu leur agrément sans pour
autant que leur liquidation soit prononcée, ceci en raison des difficultés à mettre en place ce processus
au niveau de la supervision et à traiter la question récurrente de l’indemnisation des déposants. En
outre, les pratiques des IMF en matière de transparence, traitement des réclamations, qualité des
services doivent être améliorées. Cette démarche de révision du cadre règlementaire et de
renforcement de la supervision est déjà engagée par la BCRG23 et a donné lieu en particulier à
l’adoption d’une nouvelle loi régissant la microfinance. Le point particulier de la gouvernance de
certaines IMF doit faire l’objet, avec les institutions concernées, de mesures de la supervision24 et d’un
plan d’action approuvé par la BCRG, car certains montages institutionnels existants s’avèrent instables
et générateurs de crises ou de blocages.

Box 1 : L Le réseau MC2/MUFFA et le CRG


« Lancé en 2015, le réseau MC2 / MUFFA compterait, selon Afriland, 40 MC2 et 23 Muffa caisses à
Conakry et dans 4 régions, avec environ 45 000 membres et des dépôts d'environ 22 milliards GNF ».25
Afriland a financé les 10 premières MC2 en termes d’équipement (hors véhicule) et s’est doté d’une
division26 en charge des MC2 faisant fonction de faitière (contrôle, formation, centralisation des
données et publication de états financiers). Afriland a bénéficié d’un appui du gouvernement en fonds
de garantie (issu des fonds Anamif). Chaque MC2 est une entité juridique disposant de ses organes
(AG, CA) et de son staff. Cependant aucune MC2 n’est agréée par la BCRG à ce jour et elles n’effectuent
ni reporting ni transmission de états financiers à la BCRG. On ne connaît donc pas la situation
financière exacte de ces MC2. Cette initiative pose un problème de viabilité dans la mesure où le
modèle institutionnel ne prévoit pas de faitière d’une part et Afriland ne souhaite pas formaliser son
engagement. Cette question fait l’objet d’échanges avec la BCRG, DSIMF.

Le CRG, première institution du pays avec 157 caisses et points de services est une des plus anciennes
institutions du pays. Issue d’un projet appuyé pendant une vingtaine d’années par l’AFD et

22 Sabou Guinée, mutuelle à 2 guichets opérant à Conakry, agréée en 2014 et la FASEF BG, fédération des ASF agréée depuis
un an.
23 Avec l’appui du projet FIRST.

24 Injonctions, suivi rapproché.


25 Diagnostic Report, Strengthening Microfinance and Financial Inclusion in Guinea, A2F, Oct 2016.
26 Effectif de 3 personnes et DG en supervision.

| 17
ponctuellement d’autres financeurs, le CRG s’est transformé en institution de microfinance en 2001.
Une structuration hybride a été adoptée : des caisses de base au statut associatif actionnaires de leur
faitière (le siège qui fait aussi office de caisse centrale) avec les salariés27 au sein d’un GIE détenant 75
pourcent du capital, le reste étant détenu par la Sidi et l’Iram (assistant technique du projet) et l’Etat.
Le CRG a traversé un certain nombre de crises économiques et politiques et de crises internes au cours
de son histoire qui se sont traduites par, d’une part une dégradation de ses fonds propres (en
particulier ces dernières années suite à la crise électorale et l’épidémie Ebola) et par des situations de
blocage aux réformes. Le CRG doit aujourd’hui faire face à un certain nombre de défis (renforcement
de ses fonds propres, amélioration de son SIG et de son système global de pilotage, amélioration de
la rentabilité par la restructuration de son réseau et engagement dans des innovations technologiques
pour une adaptation et sécurisation de ses produits et services). Pour être engagées, ces réformes vont
nécessiter un travail de révision de la gouvernance avec recherche d’actionnaires extérieurs. Un appui
technique de l’AFD devrait prochainement être apporté à cette IMF pour engager ces travaux.

Les IMF urbaines qui ciblent une clientèle de salariés et de petits, voire moyens entrepreneurs et
commerçants se sont engagées dans une offre de moyens de paiement (interne) relativement
diversifiée (COFINA et FINADEV) pour fidéliser leur clientèle. Sur les transferts d’argent et la monnaie
électronique, les IMF, disposant d’un réseau de points de services se limitent surtout à une fonction
d’agents des sociétés de transfert d’argent et des EME (ventes de recharges et points de services pour
l’émission de monnaie électronique), motivées par les commissions sur la vente des produits et par
l’affluence dans les caisses générée par la vente de ces produits. Un approfondissement de leur
partenariat nécessiterait des investissements technologiques relativement onéreux (terminaux et
interface SIG). Cependant cette situation pourrait être amenée à évoluer plus rapidement avec les
évolutions récentes (règlementation mise en place en juillet 2017 sur les Institutions financières
Inclusives et le projet de portail d’accès au canal USSD (API USSD) qui devrait aboutir en 2018).

D.3 Compagnies d’assurance

Le secteur de l’assurance reste relativement modeste malgré un nombre significatif d’institutions.


En 2017, onze sociétés d’assurance opèrent en Guinée. Trois compagnies (sur onze) sont à capitaux
nationaux (MUTRAGUI, SONAG, SOGAM) et les autres appartiennent à des groupes étrangers (UGAR
ACTIVA, SOUNOU, SAHAN, NSIA, IIC). Le secteur reste très concentré : 3 compagnies d’assurance se
partagent plus de 70 pourcent du marché en 2017 avec un chiffre d’affaire de 356,18 milliards GNF. Le
chiffre d’affaire global a connu une forte évolution en 2012 (+47 pourcent) et renoue avec la croissance
à partir de 2015 (+10 pourcent) et + 16 pourcent en 2016 + 13 pourcent en 2017, après la période
Ebola de 2013-2014. Les produits offerts sont relativement standards : 5 compagnies commercialisent
exclusivement des produits non vie (IARDT) (UGAR-ACTIVA, SONAG, IIC, MUTRAGUI, SOGAM), une
uniquement des produits vie (Activa –vie) et 4 autres IARDT et vie (NSIA-Assurances, SAHAM, SUNU,
SAAR). Des informations plus détaillées sur le portefeuille des compagnies d’assurance restent
difficilement disponibles.

D.4 Moyens de paiement et établissements de monnaie électronique

La détention des moyens de paiement électroniques a connu une forte progression en Guinée, grâce
au développement de la monnaie électronique (13,8 pourcent des adultes). La détention des cartes
de paiement reste très marginale (6.5 pourcent pour les cartes de débit et 2,8 pourcent pour les cartes
de crédit, graphique 6). L’absence d’interopérabilité des moyens de paiement en est probablement
une des causes pour les cartes de paiement (Graphique 6) tandis que le marché des comptes de
monnaie électronique est encore largement dominé par un seul opérateur.

27 Les caisses locales détiennent indirectement 40 % du capital, et les salariés 35 %.

| 18
Graphique 6 : Détention des moyens de paiement, (Pourcentage des adultes >15 ans), Findex 2017
Cartes de débit Cartes de crédit Comptes de ME

6,5
2017 2,8
13,8

3,7
2014 2,0
1,5

2,3
2011 1,3

0,0 2,0 4,0 6,0 8,0 10,0 12,0 14,0 16,0

Cette progression est en partie imputable à la diminution des versements en espèces du secteur
public et privé (graphique 7). La part des espèces a considérablement baissé entre 2014 et 2017
surtout pour les paiements de l’Etat (retraites, prestations sociales, bourses, salaires…) en raison
notamment de la domiciliation des salaires des fonctionnaires, mais reste encore importante dans le
versement des salaires publics et privés dans leur ensemble (47 pourcent) et surtout dans le paiement
des produits agricoles (près de 61 pourcent).

Graphique 7 : Modes de paiement, (Pourcentage des adultes >15 ans), Findex 2017
via un compte de monnaie électronique via un compte dans une IF

en espèces seulement Bénéficiaires (% adultes +15)


95,6
75,4

60,6
47,4

43,6
34,8
33,4

23,4
22,8
20,7

19,0
18,8

14,2

12,7
11,3

10,1

3,6
1,9

1,9
1,6
0
0
0
0

2014 2017 2014 2017 2014 2017


S A LA I RE S PA IE M ENT S P A I E M E N T S A G RI COLE S
G OUV E RNE M E NT

Même si les guinéens recourent davantage aux paiements digitaux28 (20,2 pourcent des adultes en
2017 contre 5,8 en 2011) les transactions en espèces dominent et traduisent encore le haut niveau
d’informalité des activités économiques. Sur les 1 300 000 personnes qui déclarent payer leurs
factures d’eau, électricité et autres services, près des deux tiers les paient en espèces et seulement 16
pourcent via un compte IF (8,2 pourcent) ou de ME (12,6 pourcent). Cependant, dans les transferts
d’argent entre particuliers, les méthodes informelles (espèces via une personne) ont fortement baissé

28 Paiements via comptes de ME, internet, cartes…

| 19
entre 2011 et 2017, de 71,4 pourcent des déclarants (ayant reçu ou effectué un transfert d’argent
national) à 18,7 pourcent. La moitié des déclarants29 recourent au téléphone mobile et/ou à des
services dédiés.

Avec 1 136 155 de comptes actifs30, l’équivalent des comptes détenus par les particuliers dans les IF,
la monnaie électronique, de développement récent, démontre sa capacité à accroitre
considérablement l’inclusion financière. Le nombre d’abonnements au téléphone mobile31 continue
de croître avec 10,7 millions en 2015, soit une couverture quasi totale de la population avec la presque
totalité des abonnements prépayés. L’accès à internet a progressé à 2,4 millions d’abonnés en 2015 32.

Mais l’usage du téléphone mobile pour les transactions est encore concentré sur les opérations de
cash in/ cash out, les paiements marchands et les paiements de factures sont encore très restreints.
En 2017, le principal opérateur décompte plus de 30 millions d’opérations de transferts d’espèces pour
un montant transféré d’environ 7 000 milliards GNF, contre près de 9 millions d’opérations de transfert
de compte à compte pour un montant de plus de 3 000 milliards GNF. Les paiements marchands
(canal+, Guinée Games, Citydia, Total, …) ne représentent que 79 milliards pour 264 000 transactions,
les paiements de salaire 11 milliards pour moins de 12 000 opérations et les paiements en ligne sont
négligeables. Les grands facturiers (eau, électricité) continuent à recevoir les paiements des
particuliers essentiellement en espèces33. On note34 un montant moyen de la transaction relativement
faible, environ 170 000 GNF (17€) et un solde moyen sur compte actif d’environ 90 000 GNF (9€).
Récemment le paiement des vignettes par voie électronique aurait permis le triplement des recettes
de l’Etat sur ce poste indiquant ainsi les gains potentiels pour l’ensemble de l’économie du pays si les
paiements de masse étaient numérisés.

Tableau 4 : Principaux opérateurs de téléphonie mobile en Guinée (2018)

ORANGE MTN
Part de marché GSM 49% 30%

Couverture National du réseau 100% 65%


GSM

Partenaire bancaire pour les BICIGUI ECOBANK


opérations de monnaie
électronique

Nbres d’abonnés 2 200 000 400 000

Nbres d’abonnés actifs 1 200 000 80 000

Cas d’utilisation P2P, Paiement de factures, Paiements P2P, Paiement de factures,


marchands, Rechargement de temps Paiements marchands,
d’antenne, Paiements groupes (G2P)

29 Environ 2,5 millions d’adultes


30 A fin janvier 2017
31 Le secteur de télécommunications en Guinée est régulé depuis 2005 par l’Autorité des postes et télécommunications

(ARPT) et compte quatre opérateurs de téléphonie mobile (OTM) : Orange leader du secteur avec une part de marché
d’environ 50% (depuis 2007, couverture nationale de 100%) ; MTN (depuis 2006, part de marché d’environ 30%, couverture
nationale de 65%) ; CellCom (depuis 2006, part de marché environ 20%, couverture nationale de 24%) et Intercel (depuis
1993, part de marché 1% et couverture nationale de 16%).
32 Source : Diagnostic des SFN en Guinée, PNUD, UNCDF, mai 2016
33 La reprise de la gestion de la société d’électricité par Veolia pourrait se traduire prochainement par l’introduction du

paiement électronique des factures.


34 Chez un des EME, données communiqués à fin septembre 2016.

| 20
Rechargement de temps d’antenne,
Paiements groupes (G2P)

Réseau d’agents 2 600 800


Réseau marchand 100 (30 actifs) 0

Transferts internationaux France vers la Guinée 0

Banque à portemonnaie ECOBANK (UBA, Orabank à venir) Non


électronique/Portemonnaie
électronique à Banque

Partenariat avec les IMF CRG, COFINA en tant qu’agent MFS Africa pour un hub de transfert
d’argent
Source : IFC

L’engagement des autres institutions financières dans la finance numérique est également encore
timide. On peut citer l’initiative de la dernière société agréée en tant qu’EME, Paycard35, qui cible une
clientèle de niche (population urbaine aisée de Conakry déjà incluse dans le système financier), avec
la vente de cartes de paiement prépayées acceptées par un réseau de marchands (restaurants,
supermarchés, etc.). A fin novembre 2016, sa portée est très réduite, 62 commerces partenaires, 647
clients et encours sur cartes de 135 millions GNF36. Une seule banque à ce jour a mis en place des
services de « Bank to Wallet » avec un EME, bénéficiant d’un partenariat de groupe pour la sous-
région. L’objectif recherché par la banque étant à ce stade plutôt la fidélisation de la clientèle en
facilitant ses possibilités de transaction. La réglementation permet aux IMF de proposer de moyens de
paiement (sauf monnaie scripturale et virements car les IMF ne participent pas à la compensation).

E. PROBLEMATIQUE DE L'INCLUSON FINANCIERE EN GUINEE

E.1 L’épargne

Pour les plus de 5 millions d’habitants ne possédant aucun compte dans une institution financière,
les principales raisons invoquées à la non détention relèvent d’une insuffisance de capacités
financières et administratives. Près des ¾ invoquent un manque de ressources, plus du tiers
considèrent ne pas disposer des documents nécessaires pour accéder à un compte37; viennent ensuite,
pour 30 pourcent des adultes sans compte qui mentionnent l’éloignement et le coût des services
comme motifs de non détention. Des programmes ciblés d’éducation financière pourraient contribuer
non seulement à renforcer la capacité financière de certaines catégories de populations mais aussi à
améliorer leur confiance dans leurs propres capacités. Cependant, le caractère hautement informel
des activités économiques ne permet pas non plus de répondre aux exigences administratives des
banques en particulier (états financiers, bulletins de salaires, etc.) tandis que certaines conditions
(dépôt minimum, frais de tenue de comptes, etc.) des services bancaires peuvent constituer un
véritable frein à l’accès aux comptes.

35Société à capitaux guinéens.


36Coût de la carte 250 000 GNF/an et commission de 3% payée par commerçants. Points de recharge : agences Ecobank et 1
agence Paycard à Conakry. Plafond rechargement de 10 M /j.

37 45% des adultes déclarent posséder une CIN

| 21
Tableau 6 : Raisons invoquées à la non détention de comptes dans une IF (yc ME), en pourcentage des
adultes sans comptes, Findex 2017
Insuffisance de ressources 74,2
Insuffisance de papiers 37,8
IF éloignées 29,8
Services financiers trop chers 29,6
Manque de confiance dans les IF 14,8
Pour raisons religieuses 10,9
Un membre de la famille a un compte 8,4
Pas besoin de services financiers seulement 0,6

Trente-neuf pourcent des adultes déclarent avoir épargné dans l’année (2017), mais seulement 6,5
pourcent dans une IF et 19,6 pourcent auprès d’une tontine ou d’une personne de confiance. Ce qui
signifierait que la majorité conserve son argent en espèces à domicile. Par ailleurs, parmi les
détenteurs de comptes dans une IF, 34 pourcent déclarent ne pas y avoir effectué de dépôt ou de
retrait dans l’année. Ce faible niveau d’usage des comptes traduit l’importance des transactions en
espèces y compris pour ceux possédant un compte et confirme l’hypothèse de l’existence d’un nombre
important de comptes inactifs (Tableau 7).

Les institutions financières et les EME déclarent près de 3,5 millions de comptes ouverts pour une
population adulte de 6,4 millions d’habitants (ou 2,2 millions de comptes en ne comptant que les
comptes de monnaie électronique actifs). Pour autant 1,5 million d’adultes déclarent détenir au
moins un compte. Les données issues des enquêtes sur la demande et celles sur l’offre, ne mesurent
pas la même chose : le taux de détention des comptes publié par l’enquête Findex estime, sur la base
des déclarations des personnes enquêtées, la proportion des adultes détenant au moins un compte
dans une IF38 tandis que les IF publient le nombre de comptes détenus par les particuliers étant
entendu qu’un particulier peut détenir un ou plusieurs comptes dans différentes institutions et qu’un
compte ouvert n’est pas toujours actif. Nous ne disposons d’aucune mesure des multicomptes, mais il
est probable, comme dans la plupart des pays, que la population bancarisée utilise plus d’un compte
bancaire, de microfinance et/ou électronique en fonction des opportunités.

Tableau 7 : Comptes et dépôts dans les IF & EME (2016)


Banques (1) IMF (2) EME (3) Total

Nombre de comptes particuliers 558 513 531 036 1 136 155 2 225 704
Proportion 25% 24% 51% 100%
Dépôts des particuliers (millions GNF) 7 072 263 281 093 320 988 7 674 344
Proportion 92% 4% 4% 100%
Dépôt moyen (GNF) 12 662 665 529 329 282 521 3 448 052
Dépôt moyen (euros) 1 193 50 27 325
(1) BCRG, données décembre 2017
(2) BCRG, données décembre 2016
(3) BCRG, données janvier 2018, comptes actifs uniquement (en activité sur 90j). Total comptes = 2 395 196

38 Definition de Findex: « Denotes the percentage of respondents who report having an account (by themselves or together
with someone else). For 2011, this can be an account at a bank or another type of financial institution, and for 2014 this can
be a mobile account as well (% age 15+) ».

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Les comptes inactifs sont importants, ils comptent pour environ la moitié des comptes de monnaie
électronique et on peut supposer qu’ils se trouvent en proportion importante dans les IMF. Pour le
secteur de la microfinance, le CRG par exemple, 1ère IMF en taille, annonce 309 166 membres39 et
indique environ seulement 80 000 épargnants et un peu plus de 80 000 crédits accordés en 2015, soit
un niveau d’activité bien en deçà des adhésions. Les IMF et les EME ne facturent en général pas de
frais de tenue de compte mais des frais en fonction des opérations effectuées, ce qui n’incite pas les
clients/membres à fermer les comptes en cas d’inactivité. La règlementation autorise la résiliation d’un
numéro de téléphone mobile après 6 mois d’inactivité, par contre les numéros liés à un compte de
monnaie électronique ne peuvent être résiliés qu’après autorisation de la BCRG et virement du solde
dans un compte d’attente à la BCRG. Cette mesure est récente et devrait se traduire par une réduction
du nombre de comptes inactifs.

Mesurée en termes de nombre de comptes ouverts, la contribution des banques et des IMF à
l’inclusion financière est comparable (autour de 500 000 comptes) mais largement dépassée par
celle des opérateurs de monnaie électronique (plus de 2 millions de comptes ouverts dont la moitié
actifs). Les segments de population ciblés différent entre secteur bancaire et secteur de la
microfinance avec un dépôt moyen dans les banques autour de 12,7 millions GNF en comparaison avec
celui de la microfinance de 529 329 GNF. Les comptes de monnaie électronique pour des raisons
règlementaires (plafonnement des montants) et pour des raisons probablement encore de confiance
sont essentiellement utilisés pour les paiements, les usagers y laissent peu d’argent en permanence,
avec un dépôt moyen de l’équivalent de 282 521 GNF.

Graphique 8 : Evolution des dépôts des particuliers dans les banques (millions GNF)

Source : données BCRG

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Graphique 9 : Evolution des dépôts des particuliers dans les IMF (millions GNF)

Source : données BCRG

L’inclusion financière de la population salariée des secteurs publics et privés a progressé en raison
d’un intérêt accru des banques, notamment avec la domiciliation des salaires des fonctionnaires et
après la crise Ebola. Entre 2011 et 2016, la croissance du total des dépôts bancaires est tirée par les
dépôts des particuliers. Le total des dépôts augmente de 62 pourcent pour atteindre 13 395 milliards
GNF en 2016, avec des dépôts des particuliers qui font plus que doubler sur la période (3 216 milliards
à 7 207 milliards GNF)40. Cette progression est encore plus significative à partir de 2016, au sortir de la
crise Ebola (Graphique 8). Cette démarche s’appuie, pour les banques les plus offensives, sur le
développement d’un réseau d’agences y compris dans les grandes villes du pays (les agences bancaires
sont ainsi passées de 75 à 162 entre 2010 et 2016) 15, l’installation de guichets délocalisés au sein des
grandes entreprises à Conakry et la multiplication des distributeurs de billets hors agence, et des offres
« package » combinant internet banking, cartes de débit et avances sur salaires.

L’offre de services d’épargne à destination des particuliers est peu développée et peu attractive. Les
produits d’épargne rémunérée (plan épargne, DAT…) sont peu développés, l’épargne à terme des
particuliers représente 11 pourcent des dépôts des particuliers du secteur bancaire en 2017 et
l’épargne mobilisée par les IMF est essentiellement à vue (on relève des proportions de Dépôts à
Terme (DAT) entre 5 et 14 pourcent des encours à fin 2015 selon les IMF)41. La rémunération des
dépôts (environ 3 pourcent dans les banques et entre 3 et 7 pourcent dans les IMF) est peu attractive
dans un contexte inflationniste (9,7 pourcent en 2015) et d’instabilité politique récurrente.

E.2 Le crédit

Quatre adultes sur 10 déclarent avoir emprunté dans l’année, pour des raisons de santé en premier
lieu (18,3 pourcent), avec un recours très marginal aux institutions financières. Selon l’enquête
Findex 2017, c’est l’entourage qui pourvoit en priorité aux besoins financiers (24,1 pourcent)
(graphique 10). Ceci donne une indication des marges de progrès considérables pour l’accès des
populations à des produits de crédit et des services formels répondant à leurs besoins de gestion des
risques.

40 Source, rapport d’activité de la direction de la supervision bancaire (DSB) 2016, BCRG


41 Les données consolidées sur la proportion de dépôts à terme dans le secteur de la microfinance ne sont pas disponibles.

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Graphique 10 : Source des emprunts, (Pourcentage des adultes >15 ans), Findex 2017

A emprunté dans l'année 39,6

Auprès de famille ou amis 24,1

Auprès d'une tontine 4,4

Auprès d'une IF 4,4

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45

Les banques ciblent essentiellement les particuliers, salariés des secteurs publics et privés et les
grandes entreprises. Peu de banques semblent développer une stratégie de descente en gamme. Les
crédits aux particuliers en représentent 27 pourcent42. Ils sont quasi exclusivement effectués sur
domiciliation de salaires à des taux variables selon la qualité de l’employeur (12 à 18 pourcent environ).
On ne dispose pas de données segmentées sur les portefeuilles de crédit des banques, par conséquent
il n’est pas possible de distinguer les segments des particuliers et des entreprises. Peu de banques
semblent s’intéresser au segment bas de la PME en raison des risques liés à cette catégorie
d’entreprises (états financiers non fiables, degré d’informalité relativement important, faiblesse de
l’information sur le crédit, etc.). Parmi les banques affichant une stratégie de descente en gamme, on
peut citer Ecobank et Afriland. Pour la catégorie des PME-PMI, Ecobank a développé une méthodologie
d’analyse des dossiers qui s’apparente à celle de la microfinance faisant une part importante à l’étude
du cash-flow et de la personnalité de l’entrepreneur (assortie de garanties personnelles). Afriland se
positionne également comme une banque des PME-PMI avec un portefeuille de crédit concentré sur
un petit nombre d’entreprises avec des crédits se situant dans une fourchette de 50 millions à 1 milliard
GNF. Par ailleurs dans sa stratégie de descente en gamme, Afriland a initié la création de petites caisses
mutuelles d’épargne et de crédit (Mutuelles Communautaires de Croissance (MC2), selon le même
modèle qu’au Cameroun) dont elle refinance certains dossiers de crédit des membres. Afriland devrait
également tester l'utilisation des MC2 / MUFFA comme points de vente et agents pour les instruments
de paiement tels que les cartes de débit. Cependant cette stratégie soulève un certain nombre de
questions en termes de pérennité. Le recours à la « banque à distance » à travers le développement
de réseaux d’agents pourrait permettre de faire des progrès considérables en matière d’inclusion
financière. Or, à ce stade, il n’y a pas d’initiative de développement d’un réseau d’agents pour les
services bancaires et la réglementation ne le prévoit pas.

La grande majorité des activités financées par la microfinance sont des activités commerciales de
court terme. On ne dispose pas d’information sur la segmentation du portefeuille des IMF par type de
crédit ou par taille. Il apparaît cependant que la grande majorité des activités financées sont des
activités commerciales et à court terme (inférieures à 12 mois). Certaines IMF ciblent davantage les
activités agricoles y compris à moyen terme (en particulier le CRG, avec ses 157 points de vente
couvrant toutes les régions et une gamme de produits de crédit diversifiés, le crédit agricole
représenterait environ 16 pourcent du portefeuille.). Les autres principales IMF ciblent davantage les
particuliers, salariés du secteur privé et TPE urbaines, notamment les écoles privées, les centres de
santé (les PE/TPE avec Finadev, Cofina, et les salariés avec Yété Mali) y compris dans les autres villes

42 Source des données chiffrées : rapport et données communiquées par la DSB, BCRG

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du pays. Les crédits accordés restent majoritairement de court terme et financés par les dépôts à vue
des clients et par des lignes de crédit des projets/ONG (BAD, PNUD, HCR, SOS, etc.) et ponctuellement
dans le passé par le fonds Anamif43. Alors que la participation du secteur bancaire dans le financement
de la microfinance prend essentiellement la forme de lignes de découvert, les principales IMF de la
place font peu appel au refinancement bancaire, en raison des coûts qu’elles jugent élevés (18
pourcent, - 20 pourcent environ), en particulier devant la concurrence exercée par les lignes de crédit
public à taux préférentiels (Anamif et lignes des projets). Avec la croissance de l’activité de crédit en
2016 et des taux de transformation des dépôts dépassant les 80 pourcent, la liquidité des principales
IMF pourrait devenir une préoccupation. Une seule banque détient des parts dans une IMF (Orabank
Guinée à 25 pourcent dans Finadev) qu’elle refinance à court terme à des conditions préférentielles44.
Une seconde IMF à capitaux bancaires a obtenu l’agrément en 2015 et a démarré en 2017, AMIFA
Guinée, filiale d’AMIFA, holding de microfinance lancée par la Fondation de la Banque Populaire du
Maroc. Afriland refinance également à court terme les MC2/MUFFA sur la base des dossiers de crédit
des clients des caisses, selon une convention de prêt entre la MC2 et Afriland à des conditions
préférentielles (5 pourcent)45.

Box 2 : Informations de base sur l'ANAMIF et le Fonds


L'ANAMIF a été créé par décret le 19 avril 2011 sous la responsabilité de la Présidence de la République.
Comme indiqué dans le décret n ° 129, le mandat de l'ANAMIF est de concevoir, mettre en œuvre et
évaluer la politique gouvernementale en matière de microfinance avec comme objectif principal
l'amélioration de l'accès au financement pour les femmes et les jeunes. Le mode de gouvernance et
de fonctionnement de l'agence est décrit dans le décret n ° 308 du 21 décembre 2011. Un décret
portant création d'un fonds de microfinance de 130 milliards GNF (18,6 millions USD) pour les femmes
et les jeunes a en outre été publié à la suite. Ce fonds a été placé sous la responsabilité de l'ANAMIF
avec 80 pourcent des ressources dédiées au microcrédit et 20 pourcent au financement des activités
de soutien (AS, renforcement des capacités, etc.).
À un stade précoce, des problèmes liés à la gouvernance et au désalignement de l’ANAMIF sont
apparus, le président du conseil et le directeur général étant nommés par décret. Sur les 130 milliards
GNF (18,6 millions USD), 24 milliards GNF (3,4 millions USD) ont été prêtés à trois IMF (CRG, Yete Mali
et CAFODEC) et 60 pourcent de ce montant a été décaissé. Par la suite, l'agence a décidé de prêter
directement et à accorder 9 milliards de GNF (1,3 million USD) à 36 groupes/ coopératives de femmes
à taux zéro. A ce jour aucun montant n'a été remboursé.
Après avoir reconnu l'issue négative des mauvaises pratiques (clientélisme, gouvernance faible, non-
respect des principes de base du crédit et de la gestion des risques, etc.) et quelques tentatives
infructueuses de mobiliser des partenaires extérieurs dans le cadre d’une transformation en entité
privée, l’ANAMIF a, de fait, cessé ses activités, laissant un encours de crédit évalué par la BCRG à 47,33
milliards GNF à fin 2016, sur lequel il serait nécessaire de définitivement statuer (remboursement à la
BCRG pour éventuellement financer des mesures d’assainissement du secteur telles que des
liquidations avec compensation des dépôts ou rétrocession aux IMF bénéficiaires).

La qualité du portefeuille des banques s’est fortement détériorée entre 2015 et 2016 avec un taux
de sinistralité passé de 4,7 pourcent à 7,3 pourcent et un taux d’impayés de 6,21 pourcent à 9,39

43 Les emprunts auprès de l’ANAMIF représentent 50% des encours de refinancement de la microfinance à fin 2016 de 47,33
Mds GNF, source DSIMF BCRG
44 Au taux de base bancaire
45 Risque supporté à 100% par la MC2 qui prête à un taux de 1 à 1,5% par mois.

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pourcent (10,7 pourcent en 201746). Pour le secteur de la microfinance, la qualité du portefeuille
serait en amélioration avec un taux de PAR 30j47 à fin 2016 à 4,3 pourcent contre 8,31 pourcent
l’année précédente et 11 pourcent en 2014. L’amélioration de la qualité du portefeuille des IMF fait
suite aux efforts d’assainissement de leur portefeuille après la période de crise Ebola. La qualité du
portefeuille des IF et la prévention des risques de surendettement reposent en partie sur un système
d’information de crédit fonctionnel, recouvrant l’ensemble des IF. A ce jour en Guinée, les outils
(centrale de risques et système d’information de crédit) mis en place ne sont pas encore suffisamment
efficaces. Le système informatique de la Centrale des Risques a été installé au sein de la BCRG en 2017
et il permet une automatisation complète du partage des données entre les banques et la BCRG (les
principales interfaces doivent encore être construites au niveau des banques et institutions de
microfinance). Le système devrait évoluer vers un bureau de crédit grâce à un projet Banque mondiale
regroupant les centrales des risques et des incidents de paiement et un système de notation de la
clientèle des banques.

Bien que très faible, le financement des TPE/PME semble être à la hausse depuis 2015. Le crédit
global au secteur privé est faible : à la fin de 2017, le crédit total au secteur privé s'élevait à environ 8
milliards GNF (880 millions USD), soit 10 pourcent du PIB48. Cela représente une légère augmentation
par rapport à 2016, qui est attribuable à l'augmentation des prêts des banques à moyen terme au
secteur privé (Graphique 11). Cependant, la proportion de prêts à court et à moyen terme en Guinée
reste élevée. Les prêts à court terme représentent 58 pourcent de l’ensemble des prêts dans
l'économie, tandis que les crédits à moyen et long terme représentent 42 pourcent de l’ensemble des
prêts.

Graphique 11 : Crédit au secteur privé (en pourcentage du PIB)

11.0
9.6 10.0
9.2

6.8 6.8
5.5
3.9
3.2
2.7

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Source: World Development Indicators, World Bank

Le secteur privé guinéen est largement informel, composé de petites entreprises rurales à faible
revenu. Une enquête gouvernementale de 2016 a révélé que 92 pourcent49 des entreprises sont
informelles ou semi-formelles, bien qu’ayant l'enregistrement gouvernemental nécessaire mais
opérant sans structures formelles de gestion financière et de comptabilité. Ces entreprises sont
typiquement des microentreprises ou des entreprises individuelles situées en zone rurale, et à 58
pourcent détenues ou dirigées par des femmes. La combinaison microentreprise, à faible revenu,
située en zone rurale, ayant une inefficacité opérationnelle élevée et une rentabilité globale faible
limite l’accès au financement traditionnel.

46 http://www.imf.org/en/Publications/CR/Issues/2018/07/20/Guinea-First-Review-of-the-Arrangement-Under-the-Three-

Year-Extended-Credit-Facility-46109
47 Calculé d’après les données communiquées par la BCRG
48 BCRG, Bulletins de statistiques monétaires, 2017.
49 APIP, Transformer le potentiel de la Guinée en prospérité pour le peuple Guinéen : 2016-2020

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Box 3 : L’engagement du gouvernement de la Guinée dans la réforme du secteur privé
L'Agence de Promotion des Investissements Privés(APIP) a été créé en 2014 avec comme mission de
mettre en œuvre la politique nationale d'investissement privé du gouvernement. L’APIP travaille à
améliorer l'environnement des affaires afin de stimuler la création et la croissance des entreprises,
attirer les investisseurs, les relier aux entreprises bénéficiaires et offrir un soutien de bout en bout
pour finaliser l'investissement. Depuis sa création, l'APIP a créé un guichet unique pour
l'enregistrement des entreprises, avec près de 30 000 entreprises enregistrées entre 2014 et 2017. En
2016, l'APIP a dirigé le développement de la Stratégie de développement du secteur privé (SDSP) pour
accélérer la création d'entreprises locales. La stratégie reconnaît que les principaux défis pour le
développement du secteur privé sont : une informalité élevée, un accès au financement limité, le
manque de capital humain qualifié, un environnement commercial défavorable et une mauvaise
communication entre les principaux acteurs publics-privés. Pour relever ces défis, la stratégie repose
sur cinq principaux piliers : (i) encourager la formalisation des TPE ; (ii) faire de l'inclusion financière
une priorité nationale ; (iii) encourager la formation à l’entrepreneuriat ; (iv) promouvoir la
compétitivité et la diversification des produits d'exportation locaux ; et (v) communiquer les priorités
stratégiques et les jalons nationaux, et établir un cadre de coordination entre les principaux acteurs.

E.3 Les paiements

D’importantes contraintes subsistent au niveau des infrastructures de paiement qui limitent le


développement des services de paiement à destination du large public. Le rapport « Payments
Aspects of Financial Inclusion » (PAFI),50 démontre qu’un système de paiements solide, efficace, et
dynamique contribue à la promotion de l’inclusion financière.
Tableau 8 : Récapitulatif des caractéristiques du Système National de Paiement de Guinée (2018)

RTGS Mis en place en mars 2016 pour le règlement brut en


temps réel des paiements de gros montants ou
d’importance critique.
ACH Chambre de compensation automatisée pour la
compensation et le règlement des opérations de petits
montants (paiements des salaires etc.), en
fonctionnement depuis mars 2014. Traite les
instruments papier (chèques) ainsi que les virements
et prélèvements. Se déverse dans le RTGS.
Switch cartes bancaires (GAB, TPE) et En cours de mise en œuvre
paiements à partir d'un compte de
monnaie électronique.

Dans le cadre du projet sous-régional de la zone monétaire de l’Afrique de l’ouest, la BCRG a mis en
œuvre un important programme de modernisation du système national de paiement. Ce projet d’un
montant de USD 26.611 millions avait pour objectif de doter les pays de la zone d’infrastructures de
marchés financiers robustes, sécurisées et conformes aux normes et standards internationaux. Ce
projet a permis la mise en place de deux fondements majeurs du système national de paiement : le
système RBTR et le ACH. Cependant l’interopérabilité avec l’opérationnalisation d’un Switch

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monétique n’est pas encore achevée. L’ensemble de la communauté bancaire et financière a été
associée à ce projet par la Banque Centrale de la République de Guinée. C’est dans ce cadre qu’un
agrément a été délivré à la Société Monétique de la Guinée (SMG), pour la construction, l’exploitation,
la gestion du switch et du Centre de traitement Monétique interbancaire. La SMG était constituée de
capitaux avec des capitaux uniquement privés. Les banques n’ayant pas souscrit au capital de la SMG
et à sa mise en œuvre, ont par conséquent refusé d’adhérer au projet, ce qui a conduit à l’échec de
cette structure. Fort de cela et s’inspirant du modèle de la BCEAO au sein de l’UEMOA, la BCRG a décidé
de s’engager et d’associer étroitement la communauté bancaire. Elle a procédé à une évaluation des
investissements techniques et financiers de la SMG en vue de la reprise de l’exploitation et de la
gestion du switch national. C’est ainsi qu’une nouvelle structure a été créée en novembre 2016, sous
forme de groupement d’intérêt économique dénommée ‘’ Guinéenne de Monétique’’ dotée d’un
capital de 20 milliards GNF. Elle regroupe à ce jour 17 adhérents. Son capital est détenu à hauteur de
71 pourcent par la BCRG, 10 pourcent par la SMG, 25 pourcent par les banques et 14 pourcent seront
réservés aux institutions de microfinances et aux émetteurs de monnaie électronique. Afin de faciliter
le démarrage, la BCRG détiendra en sus de ces parts, les 14 pourcents réservés aux IMF, aux EME ou
d’autres personnes morales de droit guinéen. A l’instar de toutes les Banques Centrales, la BCRG veut
se doter d’une plateforme monétique interbancaire afin d’assurer l’interbancarité des transactions par
carte et autres procédés de paiement électronique, d’une part et l’interopérabilité des GAB, DAB et
des TPE d’autre part, au bénéfice de l’ensemble du système bancaire et financier du pays. A travers la
mise en place de l’interbancarité et de l’interopérabilité, la BCRG compte mettre à la disposition du
public et de la clientèle, des instruments de paiements modernes qui contribueront à améliorer la
fluidité des transactions au plan national, régional et international. Par ailleurs ces instruments
favoriseront l’inclusion financière comme vecteur du développement économique du pays. Un projet
Banque mondiale envisage de financer la mise en œuvre d’un switch national dans un futur proche.

Au-delà des infrastructures, la fonction de surveillant des paiements, qui a un rôle crucial à jouer
dans les aspects paiements de l’inclusion financière, pour diriger la modernisation des paiements de
détail et s’assurer que la population bénéficie de services de paiements sécurisés et inclusifs, n’est
pas développée au sein de la BCRG. Au travers de son rôle de catalyseur des réformes en matière de
paiements, la BCRG doit appuyer l’administration dans la digitalisation des paiements du
Gouvernement, ainsi que le développement d’un écosystème marchand (incitation à l’acceptation des
paiements électroniques par les marchands, développement des points d’accès et revue des
caractéristiques des services de paiement pour répondre aux besoins des utilisateurs et réduire leurs
coûts). La BCRG doit aussi organiser la concertation entre le secteur public et le secteur privé sur les
grandes orientations à adopter en matière des aspects paiements de l’inclusion financière.

Des dispositions transitoires uniformes en termes de KYC simplifié permettraient de clarifier le


climat d’incertitude sur ce point. Ces dispositions ne devraient pas discriminer les institutions offrant
les mêmes types des produits et devraient préalablement être soumises à une évaluation des
risques. En l’absence de système d’identification biométrique en place et de CIN fiable, des procédures
KYC adaptées par chaque opérateur de monnaie électronique ont été approuvées par la BCRG dans le
cadre de leur agrément. Orange Money a introduit des comptes « light » (en opposition aux comptes
« full ») pour les clients ne disposant pas de documents d’identité « probants » et leur impose des
limitations de transactions inférieures à celles des clients « full ». MTN a instauré des limites
transactionnelles minimales par client et déplafonne progressivement selon le type de client et de
risque, en fonction des demandes jusqu’à un maximum autorisé par la BCRG. Les limites
transactionnelles, fixées par commun accord entre la BCRG et les opérateurs, diffèrent d’un opérateur
à l’autre. Leur harmonisation à partir de l’observation des pratiques contribuerait à faciliter la
compréhension des clients et une meilleure concurrence. De plus ces mesures, après une évaluation
des risques adéquate, pourraient aussi s’appliquer à d’autres institutions (banques et IMF) pour gérer
les risques potentiels (par exemple, compte bancaires plafonnés). Le Gouvernement pourrait
également appuyer les initiatives des opérateurs privés pour la mise en place du système

| 29
d’identification biométrique via Smartphone avec empreinte digitale (Orange Money s’engagerait
dans ce sens et on peut également signaler les initiatives de Finadev et Cofina pour fiabiliser les
transactions de leurs clients).

Les dispositions légales permettant le recours aux agents bancaires excluent actuellement les
banques. Les dispositions en matière de monnaie électronique et plus récemment pour la
microfinance (à travers la nouvelle règlementation sur les IFI), permettent le recours à des agents non-
salariés par les fournisseurs de ces services. De nouvelles instructions parues en 2018 en précise les
conditions d’exercice et de supervision. L’adoption de ces mêmes dispositions pour le secteur bancaire
pourrait garantir l’offre d’une plus vaste gamme de produits à l’intérieur du pays et accroitre l’adoption
ainsi que l’usage des produits et services financiers.

E.4 L’éducation financière

Des programmes d’éducation financière ciblés pourraient faire progresser l’adoption des services
financiers, en particulier en matière de droits de déposants, d’épargne et de comptes de monnaie
électronique, et contribueraient à une réduction de la vulnérabilité financière des populations
guinéennes. Plus de la moitié de la population adulte (56,9 pourcent), et en particulier des femmes
(65 pourcent) et des ruraux (63 pourcent) considère ne pas pouvoir réunir dans le mois l’équivalent en
monnaie locale de 33 USD en cas d’urgence51. A titre de comparaison, ils sont 42 pourcent au Sénégal
et 58 pourcent en Sierra Léone. Ces résultats suggèrent, outre la faiblesse du niveau de vie, que des
progrès importants pourraient être accomplis dans la familiarisation des populations à l’utilisation des
services financiers, en particulier, à ce stade, les services d’épargne et de porte-monnaie électronique
pour faciliter la gestion des aléas de vie. Dans le cadre de son programme “Supporting National
Payment Systems in Ebola Affected Countries 52 (SNPS)”, la Banque mondiale avait introduit une
composante “capacité financière” destinée à améliorer la compréhension et la confiance des
populations en particulier dans la monnaie électronique. Les populations ciblées dans ces trois pays
étaient les bénéficiaires des transferts sociaux et les populations non ou peu bancarisées de certaines
provinces affectées par la crise. Une évaluation des comportements et de la compréhension des
populations en matière d’épargne, de gestion des dépenses et des risques avait été effectuée sur la
base de focus groups réunissant ces deux catégories de populations. Les résultats de cette étude
étaient plutôt conformes aux résultats de l’enquête Findex (voir chapitres précédents), en faisant
ressortir une forte vulnérabilité des populations interrogées aux dépenses imprévues rendant les
comportements d’épargne dans une institution formelle difficiles avec une forte préférence pour
l’épargne en espèces à domicile et le recours aux proches pour faire face aux imprévus.

E.5 La protection du consommateur

La faiblesse des dispositions légales et règlementaires en matière de protection des consommateurs


se traduit par un manque de confiance des populations dans les services financiers formels et en
réduit l’usage. La confiance dans le secteur bancaire et de la microfinance a été régulièrement
ébranlée ces dernières années par des faillites53 avec des pertes pour les déposants. L’absence de mise
en œuvre d’une finance responsable est dissuasive pour les clients ou tend à réduire l’usage qu’ils
peuvent faire des services financiers. Dans le cadre d’une finance responsable, les produits sont
adaptés aux besoins, avec un rapport qualité-prix raisonnable et des risques de surendettement
maitrisés. Dans un contexte d’engagement des autorités pour une meilleure inclusion financière, la

51 C’est-à-dire 1/20 du revenu national brut par habitant estimé à 670 USD par la Banque mondiale. C’est une mesure utilisée
pour l’ensemble des pays dans le cadre de l’enquête Findex.
52 Sierra Léone, Libéria et Guinée
53 Dernièrement la faillite de la BADAM avec plusieurs milliards de dépôts perdus et pour lesquels les déposants n’ont pas

été encore indemnisés.

| 30
protection du consommateur et l’éducation financière devraient être significativement renforcées. Par
ailleurs se posent des difficultés de recours et d’application des dispositions légales et réglementaires
existant en matière de protection des déposants et d’amélioration du rapport qualité-prix des services
financiers, surtout dans le milieu bancaire. La Banque Centrale et les différentes associations
professionnelles des institutions financières ne disposent pas encore de système dédié au recours des
déposants. Les associations de consommateurs de produits financiers n’ont pas aussi assez de
capacités pour influencer le statu quo en matière de protection de déposants.

Presqu’aucune banque n’offre des services satisfaisants en termes de qualité en Guinée. Une
inspection de la Direction de la supervision des banques de la BCRG sur la qualité des services financiers
des banques menée en 2014 a classé les banques selon 3 niveaux d’appréciation du dispositif de
qualité : une seule banque dispose d’un dispositif qualité satisfaisant (bon dispositif et bonne pratique
de la Qualité); 3 banques ont un « bon dispositif mais une mauvaise pratique Qualité »; 4 banques ont
une « bonne pratique Qualité mais un dispositif non efficient » et 7 banques ont un « dispositif Qualité
non satisfaisant (dispositif non efficient et pratique Qualité à améliorer) ».

Au niveau règlementaire, les dispositions existantes de protection du consommateur de services


financiers sont plutôt réduites à des questions de transparence pour les banques et sont récentes et
encore à préciser pour les IFI. Il n’y a ainsi pas encore de supervision et d’évaluation systématique
de la qualité des services offerts. La Guinée ne s’est pas encore dotée d’une loi spécifique pour la
protection des consommateurs de services financiers applicable à toutes les IF et tous les types de
services financiers (y compris les paiements). Au-delà de certaines dispositions existantes dans la
législation bancaire, notamment au Titre V de la Loi Bancaire54, et dans la nouvelle loi sur les IFI55, il
n’existe pas encore un cadre complet, précis et suffisamment coercitif couvrant les thèmes clés en
matière de protection des consommateurs, notamment sur la transparence et la comparabilité des
services, le traitement équitable, et les mécanismes de recours pour les consommateurs. La nouvelle
règlementation sur les IFI prévoit cependant l’adhésion à un fonds de garantie des dépôts et de
résolution56 (FGDR) « destiné au remboursement total ou partiel des fonds reçus de leur clientèle, dans
la limite d’un montant plafond par client, fixé par Instruction de la Banque Centrale (à paraitre) » (ainsi
que les mécanismes de fonctionnement et de composition des ressources du Fonds). Le secteur
bancaire ne s’est pas encore doté de ce type de mécanisme.

Exceptées des règles générales en matière d’affichage (et dont l’application doit être vérifiée et au
besoin sanctionnée), des règles en matière de transparence, de publication et de comparabilité des
conditions des produits et services sont nécessaires. A ce stade, la tarification des produits et services
n’est pas entièrement et régulièrement affichée (art 79 loi bancaire) ; plusieurs institutions (banques,
IMF, et EME) ne donnent pas une copie du contrat à leurs clients, etc. En général la comparabilité des
conditions des produits n’est pas imposée par Instructions et il n’y a pas de formules standardisées
(comme le Taux Effectif Global – TEG et le calcul du coût total du crédit) qui aide à la comparaison,
aussi bien au niveau des services bancaires, de monnaie électronique que de la microfinance. Par
exemple des taux flat ou dégressifs sont diversement appliqués par les IMF, indépendamment des
montants de crédit. Il n’existe par ailleurs pas de comparateurs publics des conditions ou de
documents de synthèse standardisés pour aider les consommateurs à mieux comprendre et comparer
les produits. Des dispositions règlementaires contraignantes complémentaires devraient être
envisagées, comme par exemple en termes de :
- Transmission systématique des informations dans la phase précontractuelle et contractuelle ;

54 Les obligations du secteur bancaire relatives à la clientèle sont définies dans la Loi L/2013/060/CNT du 12 août 2013,
portant Réglementation Bancaire en son article 79 (droit au compte, obligation de publication des conditions de banque) et
de l’Instruction N°040/DGSIF/DSB/2012 du 10 septembre 2012, relative à la Gratuité de certains services bancaires minimums
offerts à la clientèle.
55 Loi ordinaire L/2017/031/AN du 4 juillet 2017. Titre V- régulation des pratiques de marché, chapitre 1, article 86.
56 Titre V-Chapitre IV- protection des déposants

| 31
- Standardisation au niveau des définitions des conditions des produits, et services, pour faciliter les
comparaisons ;
- Communication satisfaisante aux clients par les gestionnaires de comptes sur le contenu des
conventions d’ouverture de comptes ou des contrats sur les produits attachés lors des entrées en
relation.
En l’absence de règles qui imposent un traitement équitable57, plusieurs institutions adoptent des
pratiques qui pourraient être considérées comme abusives. Par exemple :
- La vente de packages standardisés (compte courant, compte d’épargne, carte bancaire et internet
Banking, assurance-crédit sans choix d’assureur, etc.) sans que le contenu soit bien compris par les
clients et pas toujours adaptés au profil de la clientèle ;
- L’instruction relative à la gratuité de certains services minimum offerts à la clientèle qui exempte
de frais tous les retraits d’espèces clientèle n’est pas toujours strictement appliquée et des cas de
tarifications abusives liées à certains services (frais de recherche de documents, frais de
réclamation, frais de photocopie) ont été relevés dans de nombreuses banques ;
- Il y a des problèmes liés aux retraits d’argent et aux « erreurs de transaction » et il n’y a pas des
politiques standardisées au niveau des institutions financières pour le remboursement en cas
d’erreur et limitant la responsabilité des consommateurs.
Le traitement des réclamations de la clientèle au sein des IFI est inscrit dans la nouvelle loi sur les
IFI58 mais nécessite encore des textes d’application plus précis et n’est pas une obligation légale pour
les banques. De ce fait, il revêt des formes diverses. Par exemple :
- La gestion des réclamations de la clientèle n’est globalement pas satisfaisante. Les Services Qualité
s’ils existent ne sont pas les seuls canaux d’entrée des réclamations qui peuvent aussi être reçues
et traitées directement par les chargés de clientèle et échappent ainsi à l’analyse du service. En
outre le traitement de certaines réclamations clientèle « perdure parfois ». Par ailleurs, dans un
certain nombre de banques (près de la moitié), il n’existe ni de Service Qualité et/ou de
réclamations clientèle, ni de registre de suggestions et critiques.
- Il n’y a pas de règles standardisées qui imposent des procédures minima pour le traitement des
réclamations des clients.
- Enfin, il n’existe pas de mécanisme indépendant de deuxième instance de gestion des plaintes
(médiation externe ou « ombudsman »). Les usagers restent tributaires de leur institution
financière et de sa politique de gestion des réclamations (non encore règlementée) sans possibilité
de recours indépendant. La Direction de la supervision bancaire reconnaît recevoir des
réclamations de la clientèle, quoiqu’en nombre limité59 et a pu être amenée à intervenir sur
certains cas, mais cette intervention n’est pas formalisée.
- Au niveau des IMF, la boite à suggestions en agence est aux mieux utilisée pour certaines.

E.6 La connectivité et l’électricité

En termes de développement de l’industrie des Technologies de l’Information et de la


Communication (TIC), et de la pénétration haut débit, la Guinée est en dessous de la moyenne
mondiale. Tous les opérateurs téléphoniques et Fournisseurs d’Accès à Internet (FAI) en Guinée, ne
disposent pas de réseau optique national à large bande à l’exception des liaisons hertziennes ou

57 La loi de juillet 2017 sur les IFI prévoit que les établissements sont tenus « de définir des normes d’éthique auxquelles son
personnel est tenu de se conformer dans ses rapports avec la clientèle ».
58 La loi de juillet 2017 sur les IFI prévoit que les établissements sont tenus « de mettre en place un mécanisme approprié

pour le traitement rapide des plaintes et réclamations de la clientèle ».


59 4 ou 5 cas en 2015.

| 32
faisceau hertzien. Le gouvernement et les secteurs public et privé font face à des dépenses et goulots
d’étranglement de bande passante de communication ». Environ 238 millions USD ont été investis en
Guinée dans le domaine de l’amélioration de la connexion internet. Ce montant sert au déploiement
de la fibre optique sur une distance de près de 4000 kilomètres sur tout le territoire national. La Guinée
est connectée au câble de fibre optique ACE (Africa connects Europe).
La fibre est active à Conakry mais elle ne fonctionne actuellement qu’à 10 pourcent de sa capacité
et elle est en cours de déploiement à l’intérieur du pays. La société de gestion et d’exploitation du
backbone national (SOGEB) assure la gestion du Backbone avec une participation de 100 pourcent du
Gouvernement Guinéen mais elle ne dispose pas de fonds opérationnel. Au regard de ces difficultés,
il ne serait pas stratégique d’attendre que le déploiement des 4 000km de fibre optique qui forment
le réseau national, soit terminé et livré pour commencer l’exploitation. L’un des objectifs majeurs du
déploiement de la Fibre Optique est la création de la richesse localement et permettre aux entreprises
locales d’avoir une prospérité économique à long terme (pour chaque 10 pourcent d’investissement
dans les TIC il résulte 1 point de croissance du Produit Intérieur Brut). Ce réseau de transport
fédérateur à Fibre Optique permettra une convergence effective des politiques et stratégies de
développement des télécommunications, de l’audiovisuel et de l’informatique afin de tirer la meilleure
partie des dernières innovations technologiques.
Il aura aussi pour impact un changement radical de la structure du réseau actuel des opérateurs et FAI
(une concentration de leurs investissements sur le développement des services à valeur ajoutée
entrainant un développement plus rapide du secteur sur toute l’étendue du territoire national), de
fournir l’accès universel au très haut débit aux régions économiquement pauvres, de résorber la
fracture numérique (désenclavement numérique), de vulgariser les TIC à travers le pays
(informatisation publique) et donc de contribuer au développement socio-économique du pays en
rendant plus compétitive l’économie nationale et donc contribuer à la croissance du PIB. Grâce au
réseau de transport fédérateur, les Guinéens bénéficieront d’une réduction des coûts de services
téléphoniques et Internet.
Le Backbone National à Fibre Optique, concrétisera la vision d’une société intelligente, efficace et hors
de danger et permettra l’accès à des informations structurées et de multiples applications comme : e-
éducation (apprentissage numérique), e-santé (diagnostic, consultation à distance), Zone Numérique
(wifi gratuit à la portée du public) ; e-commerce (B2B, B2C, C2C), Traffic intelligent (surveillance et
contrôle de la circulation), sécurité publique (anti-menace malveillant contre le Gouvernement, zone
publique, raffinerie de pétrole), e-tourisme (déplacement, info en ligne), e-agriculture (infos sur les
prix des produits).
Elle assurera également les liaisons transfrontalières avec les pays limitrophes de la Guinée, elle sera
donc une infrastructure économique et d’intégration régionale. La Guinée est le seul pays de la
CEDEAO à avoir six frontières dans la CEDEAO, d’où le sujet de la Guinée dans l’Alliance Smart Africa60,
qui est l’interconnexion des pays de la sous-région.
Le taux d’électrification en Guinée est très faible, de 26 pourcent, en raison de : i) une production et
distribution d’électricité insuffisante de la société nationale d’électricité de la Guinée (EDG), ii) une
faible capacité de stockage des barrages, iii) le coût de production élevé de l’électricité thermique en
zones rurales.

60 Pour information « l’Alliance Smart Africa » est un engagement audacieux et novateur des chefs d’Etat et de Gouvernement

Africains visant à accélérer le développement socio-économique durable sur le continent, et engager l’Afrique sur la voie de
l’économie du savoir à travers l’accès abordable aux services à large bande et l’utilisation des technologies de l’information
et des communications (TIC). La vision de cette alliance est de « Transformer l’Afrique en un Marché Commun Digital »

| 33
Tous les opérateurs de réseaux ont déployé leur propre réseau Backbone, basé sur des tours.
Cependant, il est actuellement saturé et connait de nombreuses interruptions. EDG envisage de
construire une centrale solaire afin de pallier le déficit énergétique en zone rurale. 6 000 compteurs
intelligents pour la lecture à distance de la consommation d'électricité seront déployés d’ici la fin de
l’année 201861. De plus, afin de décongestionner les agences, des projets de numérisation des factures
d'électricité sont en cours (projet pilote avec Guinée Game), et un nouveau site Web avec paiement
en ligne des factures via Orange Money est en cours de conception.

3. La stratégie nationale d’inclusion financière - propositions

La stratégie d’inclusion financière est une feuille de route, convenue et définie au niveau
national, qui sert aux parties prenantes à mener les actions nécessaires pour atteindre les
objectifs fixés. C’est un document de politique qui marque l’engagement de l’Etat auprès,
aussi bien du secteur privé que des partenaires au développement. Les stratégies réussies font
l’objet d’une coordination des efforts avec les principales parties prenantes, publiques et
privées, répartissant les responsabilités entre ces dernières et incluent la planification des
ressources, en définissant des objectifs prioritaires.

A. Les bases de la vision stratégique pour l’inclusion financière


La future stratégie d’inclusion financière initiée par le gouvernement vise à renforcer le secteur de la
microfinance, de la monnaie électronique, des banques et des assurances en vue de faciliter et
encourager des innovations pour une plus grande inclusion financière dans le pays. Elle est centrée
autour des valeurs suivantes :
i) Les populations sont au centre de la stratégie. La stratégie est donc élaborée avec pour
finalité d’offrir des services financiers aux populations, particulièrement à celles qui n’y
ont pas accès afin de minimiser leur vulnérabilité et de favoriser leur croissance
économique et sociale ;
ii) Les IMF, les EME et les banques sont les institutions identifiées pour rendre ces services
aux populations, la stratégie vise à mettre en place un cadre propice pour assurer leur
professionnalisation et leur pérennité.

Ainsi, la vision de l’inclusion financière à adopter par la Guinée se veut responsable, agissant sur l’offre
(renforcement du cadre règlementaire et de supervision ; développement des infrastructures de
paiement, encouragement des innovations) mais aussi en faveur de la demande (renforcement de la
protection du consommateur de services financiers et éducation financière des populations).
En d’autres termes, cette stratégie ambitionne d’une part, d’améliorer les conditions de vie de la
population guinéenne qui vit, en majorité, en deçà du seuil de pauvreté grâce à un accès de tous les
segments sociaux aux services et produits financiers formels et d’autre part, de permettre aux petits
entrepreneurs de développer et accroître leurs activités grâce à des financements et des partenariats
innovants. Elle mise également sur la finance numérique pour atteindre toutes les cibles, en particulier,
les personnes vulnérables et exclues du système financier classique.

B. Objectifs
Les études de la Banque mondiale ainsi que les données de Global Findex ont permis à la Guinée non
seulement de mesurer ses progrès réalisés en matière d’inclusion financière mais aussi d’identifier les

61 Source: IFC – DFS scoping report (2018)

| 34
opportunités pour élargir le champ de l’inclusion financière. Ces études révèlent que la Guinée devra,
pour améliorer son taux d’inclusion financière, mettre en place des politiques qui garantissent la
confiance des populations dans le système financier et surtout combler les disparités entre le milieu
urbain et le milieu rural, les écarts entre les riches et les personnes défavorisées ou peu alphabétisées,
en particuliers des jeunes et des femmes.
L'objectif de l’Accès Financier Universel à l'horizon 2020 (UFA 2020) est que les adultes qui ne font pas
partie du système financier formel, aient accès à un compte de transaction pour conserver de l'argent,
envoyer et recevoir des paiements comme élément de base pour gérer leur vie financière.
Les Nations Unies se sont engagées dans le cadre des Objectifs de Développement Durable (2016-
2030) à mettre également fin à la pauvreté dans le monde. À cet égard, le premier objectif arrête que
« tous les hommes et femmes, en particulier les pauvres et les personnes vulnérables, aient les mêmes
droits aux ressources économiques et qu’ils aient accès à de nouvelles technologies et des services
financiers adéquats, y compris la microfinance ».
Sur la base du diagnostic précédent, sept axes stratégiques sont identifiés, qui relèvent de la volonté
politique du Gouvernement guinéen de promouvoir l’inclusion financière. L’amélioration de
l’environnement qui en résultera offrira un cadre propice aux initiatives du secteur privé pour
améliorer son offre à destination de ces populations, avec au besoin l’accompagnement de projets de
renforcement des capacités techniques des acteurs impliqués.
Les actions identifiées au sein de ces 7 axes stratégiques constituent un plan d’action qui propose une
programmation de ces actions sur 3 ans, identifie un chef de file pour les mettre en œuvre et des
indicateurs de résultats pour faciliter le suivi de la mise en œuvre de la stratégie (D. Plan d’action).

C. Les principaux axes stratégiques proposés

Axe 1 : Renforcer la supervision du secteur des IFI, améliorer la prévention des faillites pour un
secteur financier solide et pérenne
L’objectif de cet axe est de poursuivre les efforts d’amélioration du cadre règlementaire des IFI initié en
2018 avec l’adoption d’une nouvelle loi sur les IFI, avec la publication des instructions complémentaires
nécessaires. De plus, l’effort d’assainissement du secteur de la microfinance démarré en 2018 doit être
poursuivi et approfondi, notamment avec la mise en place (aussi bien pour les EME) d’un système de
supervision basé risques.
Mesures proposées :
- Mettre en œuvre le plan d’assainissement du secteur de la microfinance 62, en cours et le
réactualiser pour l’année 2019 sur la base des résultats des notations des IMF.
- Compléter les instructions d’application de la loi sur les IFI.
- Produire une instruction sur le calcul du TEG banques et IMF.
- Renforcer le suivi sur pièces et sur place de la supervision (outils de supervision basée sur les
risques, formations) des IFI.
- Renforcer l’expertise microfinance et finance numérique des commissaires aux comptes et réfléchir
à un système de sanctions : la BCRG doit rappeler à l’ordre des experts comptables les limites
admissibles à la certification et aux réserves et aider à normaliser les méthodes de révision des
comptes (révisions intermédiaires et annuelles, lettre de mission type, constitution des échantillons
de caisse pour inspection approfondie, etc.).

62 (et par extension des banques en difficultés)

| 35
- Veiller à assurer des règles de concurrence saine :
• Harmonisation du traitement fiscal des IMF dans le Code des Impôts (TAF payée par
certains) ;
• Promouvoir l’implantation en milieu rural par une fiscalité attractive
(exonération/aménagement de la patente pour localisation en milieu rural, par exemple) ;
• Cesser toute activité de crédit directe ou indirecte via des fonds publics (Anamif) et autre
initiative publique

- Clore le dossier du fonds Anamif en statuant sur le devenir des encours de prêts au niveau des IMF
(environ 25 Mds GNF) afin d’éviter tout risque de requête ultérieure auprès des IMF débitrices.
- Lutter contre la fraude au sein des IMF : Accompagner la diffusion des moyens de reconnaissance
biométriques (ex. FINADEV) en lien avec le projet régional de la Banque mondiale id4d (carte
d'identité nationale biométrique) ; imposer des conditions sécurisées de systèmes de collecte des
dépôts, idem pour les opérations de transfert d’argent (sous peine de retrait des autorisations de
la BCRG).
- Engager (pour les IFI) et finaliser (pour les banques) les actions de mise en place du Fonds de
garantie des dépôts et de résolution pour les IFI et les banques.
- Préciser les modalités de supervision et de reporting prudentiel des EME.
- Améliorer l’efficacité du système d’information de crédit portant sur les banques et les IMF et initier
la mise en place d’un BIC (cadre légal).

Axe 2 : Améliorer le cadre règlementaire pour le développement de la finance numérique


Cet axe vise à compléter la règlementation sur les aspects encore absents liés aux innovations
numériques (cadre pour les agents des banques, pour les Fintech) ; à encourager une saine concurrence
(ouverture canal USSD, autorisations des moyens de paiement des IMF, etc.) et, à prendre des mesures
contribuant à développer l’écosystème des paiements numériques.
Mesures proposées :
- Définir et adopter un cadre légal pour les agents de distribution (concept agent banking), aussi bien
ceux relevant du secteur bancaire que ceux des IMF. Cette mesure permettra de faciliter le
développement des services financiers sur le territoire. Cette règlementation sur les agents
bancaires qui se veut incitative devra également prévoir les instructions sur les agents des IFI
(microfinance et EME) en veillant à ce que le business model des fournisseurs soit attractif pour les
agents afin qu’ils restent actifs (préciser la fiscalité des agents dans le Code des Impôts : droits
enregistrements, TVA).
- Mettre en place un environnement réglementaire propice pour les Fintech à travers l’adoption d’un
cadre spécifique qui définit les conditions d’exercice de ces nouveaux acteurs. Cela démarrerait par
une formation au sein de la BCRG sur ces nouveaux défis.
- Prendre un Arrêté ministériel pour fixer les conditions de numérisation des paiements avec les
administrations publiques et régies financières de l’Etat. Ceci en vue d’accroitre la portée et l’usage
des services de monnaie électronique par la numérisation des paiements de masse (retraites,
services sociaux, bourses, etc). Les administrations publiques constituent le plus grand utilisateur
des services de paiement. Elles ont le potentiel de favoriser directement l’inclusion financière en
imposant l’ouverture des comptes de transaction à leurs bénéficiaires, en initiant également des
investissements dans les infrastructures et les réseaux nécessaires pour automatiser les paiements.
- Examiner pour optimisation les procédures d’autorisation de la BCRG pour la mise en place des
moyens de paiement par les IMF.

| 36
- Préciser (en concertation avec les EME) les instructions relatives aux exigences KYC (dispositions
transitoires uniformes en l’absence de CIN fiable).
- Réviser le cadre réglementaire de la signature numérique et le commerce électronique.
- Prendre un texte sur les conditions d’accès à l’USSD.

Axe 3 : Renforcer les infrastructures de paiement


L’interopérabilité des moyens de paiement et la surveillance du bon fonctionnement des paiements
constituent un point critique dans le développement des moyens de paiement et la réduction des
transactions en espèces.
Mesures proposées :
- Finaliser la réforme des systèmes de paiement fondamentaux en veillant à la mise en place d’une
plateforme monétique interopérable. Il s’agira de développer un Switch national pour
l’interopérabilité des moyens de paiement numériques y compris la monnaie électronique. Cette
plateforme devrait permettre à toutes les Institutions financières et les partenaires techniques de
se connecter grâce à des interfaces ouvertes et sécurisées.
- Mettre en place la fonction de conseil national des paiements (supervision des paiements).

Axe 4 : Réduire les contraintes d’accès aux services financiers et améliorer l’offre
Des mesures facilitatrices particulières en direction de certains segments de l’économie doivent être
engagées à l’aide de mesures règlementaires spécifiques et dans le cadre de programmes, en particulier
pour les segments encore sous financés par les IF formelles, les TPE &PME et le secteur agricole.
- Soutenir l’accès au financement des PME par :
La mise en place d’un registre électronique des garanties qui rendrait le processus de vérification
et d'enregistrement des suretés transparent et efficace
Renforcement des IF pour des produits adaptés aux PME

- Développer une stratégie pour le financement du secteur agricole permettant à l’ensemble des
acteurs impliqués d’avoir une bonne compréhension des enjeux et des mesures à prendre pour
encourager le financement en direction de ce secteur.
- Encourager les projets de partenariats IMF, banques, assureurs et EME pour la mise en place des
interfaces et adaptations nécessaires des systèmes d’information pour l’intégration des comptes
(« bank to wallet ») et le développement de produits et services innovants (micro-assurance, plan
épargne, etc.).

Axe 5 : Renforcer la protection du consommateur pour améliorer la confiance dans le système


financier
Cet axe comporte des actions visant d’une part à compléter le cadre légal et règlementaire existant par
une loi (et ses instructions) transversales à toutes les IF sur les aspects de protection du consommateur
de services financiers dans l’objectif de l’harmonisation des exigences entre IF et d’autre part d’en
mettre en place la supervision effective et au besoin une médiation appropriée.
Mesures proposées :

| 37
- Conduire un diagnostic de l’état des pratiques et de la règlementation sur la protection du
consommateur de services financiers (toutes IF) et compléter le dispositif par une loi et des
instructions applicables à toutes les IF.
- Créer une unité en charge de la thématique protection des consommateurs au sein de la BCRG.
- Dédier des ressources pour la supervision de la conduite du marché́/protection des consommateurs
au sein de la BCRG et former le personnel dédié à la protection du consommateur aux principes de
protection du consommateur et aux modalités d’inspection.
- Planifier des missions d’inspection sur la qualité́ de services bancaires, de la microfinance, des EME
et des assureurs et assurer le suivi des recommandations des missions d’inspection.
- Étudier la faisabilité́ de la mise en place d’un Observatoire au sein de la BCRG avec notamment :
Un dispositif de deuxième instance de recours des clients des services financiers (médiation) ;
Un comparateur des conditions des IF.

| 38
Axe 6 : Renforcer l’éducation financière des populations
La capacité financière des ménages doit être renforcée pour un meilleur usage des services financiers.
Une bonne capacité financière des consommateurs de services financiers doit compléter un cadre
robuste de protection du consommateur. Le consommateur doit savoir de quelles informations il peut
disposer et les comprendre. De même, les conditions relatives aux procédures normalisées de gestion
des réclamations seront ineffectives si les consommateurs ne sont pas informés de l’existence de ces
procédures et de leur droit d’exercer un recours. Le renforcement des capacités financières est
particulièrement important dans un environnement d’offre de services en évolution, intégrant les
services financiers mobiles.
Mesures proposées :
- Conduire une enquête sur la demande couvrant les aspects éducation financière et protection et
ciblant spécifiquement les TP&PME, les populations rurales et les femmes.
- Élaborer un/des programmes d’éducation financière adaptés (dont sensibilisation à la finance
digitale y compris pour les marchands, commerçants accepteurs) dans les villes et en milieu rural
et en langues locales.

Axe 7 : Assurer le suivi-évaluation de la stratégie et mesurer les progrès de l’inclusion


financière
Mesurer l’inclusion financière est une tâche complexe car cela fait appel à des indicateurs de natures
différentes et issus de différentes sources ; néanmoins plusieurs pays suivant les recommandations des
organismes internationaux (notamment l’Alliance pour la Finance Inclusive, le G20) ont développé une
batterie d’indicateurs pour mesurer l’inclusion financière de façon systématique. En Guinée, ces
indicateurs sont encore inexistants et il n’existe pas encore de cadre global et solide de suivi et
évaluation permettant d’enregistrer les progrès de la mise en œuvre des activités liées à l’inclusion
financière et de mesurer efficacement et régulièrement les progrès de l’inclusion financière. Cet axe
stratégique vise à y pallier, en particulier en identifiant une cellule en charge de conduire ces travaux.
Mesures proposées :
- Mettre en place une unité (responsable) dotée des outils appropriés pour mesurer les progrès de
l‘inclusion financière et le suivi évaluation de la SNIF et assurer la coordination des bailleurs de
fonds.
- Définir les indicateurs sur la base des indicateurs internationaux (G20, AFI, BM), leur système de
collecte et d’exploitation et le mode de communication (supports, outils, fréquence etc.) sur la base
des travaux préliminaires63 effectués fin 2018 et tenir un atelier de partage avec les IF.
- Se doter d’une plateforme de collecte et de traitement automatisés des données sur l’inclusion
financière.
- Publication d’une Instruction sur les indicateurs de mesure de l’inclusion financière.

63 Un atelier de travail entre la mission First et les cadres de la DGSIF tenu en décembre 2018 a permis un premier travail
d’identification des indicateurs d’inclusion financière. Ce travail doit être finalisé et matérialisé par la production d’une
instruction détaillée pour le reporting de ses indicateurs par les IF et faire l’objet pour validation d’un atelier de travail sur ce
thème avec les IF.

| 39
D. Plan d’action de la stratégie nationale d’inclusion financière de la République de Guinée
Axe 1 : Renforcer la supervision du secteur des IFI, améliorer la prévention des faillites pour un secteur financier solide et pérenne

Actions Échéance Qui Résultats


Mettre en œuvre le plan d’assainissement du secteur de la Fin 2018 et DSIMF 14 IMF visées dont les solutions ont été
microfinance en cours et le réactualiser pour l’année 2019 2019 mises en œuvre (fermeture, fusion, …) (cf
plan assainissement)
Compléter les instructions d’application de la loi sur les IFI 2019 DSIMF 4 instructions à paraitre

Produire une instruction sur le calcul du TEG banques et IMF 2019 DGSIF Instruction sur le TEG

Renforcer le suivi sur pièces et sur place de la supervision (outils de 2019 DSIMF - Système de notation Cameli en place
supervision basée sur les risques, formations) des IFI - Guide de l’inspection des EME et IMF
révisé
- 100% des EME et des IMF sont notés
CAMELI fin 2019
Renforcer l’expertise microfinance et finance numérique des 2019 -2020 DSIMF - Nombre de sessions de formation
commissaires aux comptes et réfléchir à un système de sanctions : la effectuées et nombre de participants
BCRG doit rappeler à l’ordre des experts comptables les limites - Système de sanctions en place
admissibles à la certification et aux réserves et aider à normaliser les - Adoption d’une Lettre de mission type
méthodes de révision des comptes (révisions intermédiaires et
annuelles, lettre de mission type, constitution des échantillons de
caisse pour inspection approfondie, etc.)

Veiller à assurer des règles de concurrence saine : 2019 et 2020 Min. Finances & Min. - TAF harmonisée
Budget - Incitations fiscales
- Harmonisation du traitement fiscal des IMF dans le Code des - Accroissement des POS en milieu rural
Impôts (TAF payée par certains) ; - Clôture de l’ANAMIF

|1
- Promouvoir l’implantation en milieu rural par une fiscalité́
attractive (exonération/aménagement de la taxe professionnelle
pour localisation en milieu rural, par exemple) ;
- Cesser toute activité́ de crédit directe ou indirecte via des fonds
publics et autre initiative publique et clore le dossier du fonds
Anamif en statuant sur le devenir des encours de prêts au niveau
des IMF (environ 25 Mds GNF) afin d’éviter tout risque de
requête ultérieure auprès des IMF débitrices

Lutter contre la fraude au sein des IMF : accompagner la diffusion 2021 Ministère de - Système national biométrique en
des moyens de reconnaissance biométriques (ex. FINADEV) en lien l’administration & place ;
avec le projet régional de la Banque mondiale id4d (carte d'identité́ Ministère de la sécurité - Amélioration du KYC dans les IFI
nationale biométrique) ; imposer des conditions sécurisées de
systèmes de collecte des dépôts, idem pour les opérations de
transfert d’argent (sous peine de retrait des autorisations de la
BCRG)

Engager les actions de mise en place du Fonds de garantie des 2020 BCRG, Min. Finances FGD en place
dépôts et de résolution pour les IFI et les banques

Améliorer l’efficacité du système d’information de crédit portant sur 2021 Direction de la Monnaie et - 100% des banques et des IMF
les banques et les IMF et initier la mise en place d’un BIC (cadre crédit à la BCRG reportent
légal) - Les états des incidents sont transmis à
la supervision
- Le cadre légal du BIC est adopté

|2
Axe 2 : Améliorer le cadre règlementaire pour le développement de la finance numérique

Actions Échéance Qui Résultats


- Définir et adopter un cadre légal et règlementaire pour les agents 2019 DGSIF - Le cadre légal et règlementaire pour
de distribution (concept agent Banking), relevant du secteur les agents est harmonisé entre toutes
bancaire et des IFI. les IF et adopté
- Préciser la fiscalité́ des agents dans le Code des Impôts : droits - Le cadre fiscal des agents est précisé
enregistrements, TVA - Augmentation du nombre d’agents et
de leur diversité

Mettre en place un environnement règlementaire propice pour les 2021 DGSIF Émergence de Fintech dans le pays
Fintechs à travers l’adoption d’un cadre spécifique qui définit les
conditions d’exercice de ces nouveaux acteurs. Cela démarrerait par
un diagnostic approfondi de ce sous-secteur.

Prendre un Arrêté́ ministériel pour fixer les conditions de 2020 Min finances & Min Budget Arrêté publié
numérisation des paiements avec les administrations publiques et 100% des retraités et des boursiers
régies financières de l’État. reçoivent leurs retraites de la fonction
publique par virement
Examiner pour optimisation les procédures d’autorisation de la 2020 DGSIF Instruction précisant la procédure
BCRG pour la mise en place des moyens de paiement par les IMF d’application pour l’émission de
moyens de paiement par les IMF
Préciser (en concertation avec les EME) les instructions relatives aux 2019 DSIMF Instruction publiée
exigences KYC (dispositions transitoires uniformes en l’absence de
CIN fiable)

Réviser le cadre règlementaire de la signature numérique et le 2021 Ministère du commerce, Texte adopté
commerce électronique Système National de
paiement, Ministère de la
justice

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Ouvrir le canal USSD et en préciser les conditions d’accès à l’USSD 2021 Autorité de régulation des Canal USSD accessible aux IF
Postes et Télécoms et
TELCO
Axe 3 : Renforcer les infrastructures de paiement

Finaliser la réforme des systèmes de paiement fondamentaux en 2021 Autorité de régulation des Canal USSD accessible aux IF
veillant à la mise en place d’une plateforme monétique interopérable Postes et Télécoms et
(Switch national pour l’interopérabilité́ des moyens de paiement TELCO
numériques y compris la monnaie électronique)

Mettre en place la fonction de conseil national des paiements 2021 BCRG Fonction en place

Axe 4 : Réduire les contraintes d’accès aux services financiers et améliorer l’offre
Actions Échéance Qui Résultats
Soutenir l’accès au financement des PME par : 2021 Min. Commerce, Min. Registre en place
Justice, APB, APIM Offre de produits financiers adaptés
- La mise en place d’un registre électronique des garanties qui
rendrait le processus de vérification et d'enregistrement des
suretés transparent et efficace
- Renforcement des IF pour des produits adaptés aux PME
Encourager les projets de partenariats IMF, banques, assureurs et 2019 -2021 BCRG, IF, Associations Projets développés et partenariats mis
EME pour la mise en place des interfaces et des adaptations professionnelles, bailleurs e place
nécessaires des systèmes d’information pour l’intégration des
comptes (« bank to wallet ») et le développement de produits et
services innovants (micro-assurance, plan épargne, etc.).
Développer une stratégie pour le financement du secteur agricole 2020 BCRG, Min Finances et Min Feuille de route pour le
agriculture, Min. élevage et développement du financement
Min. pêche. agricole

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Axe 5 : Renforcer la protection du consommateur pour améliorer la confiance dans le système financier

Actions Échéance Qui Résultats


Conduire un diagnostic de l’état des pratiques et de la 2020 BCRG Nouvelle loi et instructions sur la
règlementation sur la protection du consommateur de services protection du consommateur de
financiers (toutes IF) et compléter le dispositif par une loi et des services financiers adoptée
instructions applicables à toutes les IF

Créer une unité en charge de la thématique protection des 2020 BCRG Unité créée, responsable nommé et
consommateurs au sein de la BCRG mandaté

Dédier des ressources pour la supervision de la conduite du 2020 - 2021 BCRG Manuels inspection à la conduite de
marché/́ protection des consommateurs au sein de la BCRG et marché/qualité
former le personnel dédié à la protection du consommateur aux Formation organisées
principes de protection du consommateur et aux modalités
d’inspection

Planifier des missions d’inspection sur la qualité́ de services 2020 - 2021 BCRG Nombre de missions effectuées
bancaires, de la microfinance, des EME et des assureurs et assurer le auprès de certaines IF et transversales
suivi des recommandations des missions d’inspection et sanctions éventuelles

Étudier la faisabilité́ de la mise en place d’un Observatoire au sein de 2020 BCRG Rapport d’étude et recommandations
la BCRG avec notamment :

- Un dispositif de deuxième instance de recours des clients des


services financiers (médiation) ;
- Un comparateur des conditions des IF

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Axe 6 : Renforcer l’éducation financière des populations
Actions Échéance Qui Résultats
Conduire une enquête sur la demande couvrant les aspects 2020 BCRG (Direction générale Étude produite sur un échantillon
éducation financière et protection et ciblant spécifiquement les des études et statistiques représentatif avec recommandations
TP&PME, les populations rurales et les femmes DGSIF) ; Institut national
statistiques
Élaborer un/des programmes d’éducation financière adaptés (dont 2020 BCRG Programme adopté avec plan d’action
sensibilisation à la finance digitale)

Axe 7 : Assurer le suivi-évaluation de la stratégie et mesurer les progrès de l’inclusion financière


Actions Échéance Qui Résultats
Mettre en place une unité (responsable) dotée des outils appropriés 2019 DGSIF et DGES Désignation du responsable et de
pour mesurer les progrès de l‘inclusion financière et le suivi l’équipe
évaluation de la SNIF et assurer la coordination des bailleurs de
fonds

Définir les indicateurs sur la base des indicateurs internationaux 2019 DGSIF et DGES Atelier tenu
(G20, AFI, BM), leur système de collecte et d’exploitation et le mode Indicateurs arrêtés
de communication (supports, outils, fréquence etc.) et tenir un
atelier de partage avec les IF

Se doter d’une plateforme de collecte et de traitement automatisés 2019 DGSIF Plateforme installée et formations des
des données sur l’inclusion financière IF faite

Publication d’une Instruction sur les indicateurs de mesure de 2019 BCRG Instruction publiée
l’inclusion financière

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Définir le système de suivi-évaluation de la stratégie nationale 2019 DGSIF Procédures en place et indicateurs de
d’inclusion financière et son reporting, sur la base des documents résultat identifiés et reporting défini.
guides au niveau international.

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