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PRIMATURE RÉPUBLIQUE DU MALI

************ Un Peuple - Un But - Une Foi


ECOLE NATIONALE D’ADMINISTRATION ************

EVALUATION SUR LA COOPERATION


INTERNATIONALE ET INTEGRATION
AFRICAINE

Travaux du groupe 09 sur les questions suivantes :

Thème : L’impact de la dette publique sur les


politiques et programmes de développement
Présenté par :

GROUPE DE TRAVAIL N°09


7ème PROMOTION DES ELEVES FONCTIONNAIRES

Chargé de cours :

Professeur

Mahamane A MAIGA

1
LA LISTE DES MEMBRES

PRENOMS ET NOMS CORPS N° MATRICULE

Guimbala KEITA Inspecteur des Impôts 0160.903-V

Yacouba SANOGO Administrateur Civil 0160.852-L

Manssa COULIBALY Administrateur Civil 0160.839-X

Sadio COULIBALY Administrateur Civil 0160.842-A

Moussa TRAORE Inspecteur des Finances 0144.504-J

Ousmane DAO Inspecteur des Finances 0160.896-L

Ousmane Cissouma Inspecteur du Trésor 0160.931-B

Drissa BAYOKO Planificateur 0160.915-H

Seydou Gaoussou Conseiller des Affaires Etrangères 0136.763-M

DIALLO

Mohamed Hadiatou Inspecteurs de Services 0134.209-K

BERTHE Économiques

2
SOMMAIRE ……………………………………………………….……. ………..………….. 3

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ……………………………………….…... …....4

LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES ………………………………...……………..5

INTRODUCTION …………………………………………………………………...................6

I. FINANCEMENT DE L’ECONOMIE PAR LA DETTE PUBLIQUE ……………8

A. Financement de l’économie par la dette intérieure ………………................... 8

B. Financement de l’économie par la dette extérieure …………………………..12

II. ENJEUX DE LA DETTE PUBLIQUE ……….. ……………………………….. 16

A. Conditionnalités de la dette publique ………………………………………….. 16

B. Soutenabilité de la dette publique ………………………………………………. 20

CONCLUSION ……………………………………………………………………………..... 22

BIBLIOGRAPHIE ………………………………………………………………………........ 24

3
SIGLES ET ABREVIATIONS
ABG Appui Budgétaire Général
AFD Agence Française de Développement
AID Agence Internationale de Développement
AMF-UMOA Autorité des Marchés Financiers de l’Union Monétaire Ouest
Africaine
BAD Banque Africaine de Développement
BADEA Banque Arabe pour le Développement Economique de l’Afrique
BCEAO Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest
BEI Banque Européenne d’Investissement
BID Banque Islamique de Développement
BIDC Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO
BM Banque Mondiale
BOAD Banque Ouest Africaine de Développement
BSR Bons de Soutien et de Résilience
CVD Cadre de Viabilité de la Dette Publique
CIFA Société Intermédiation Financière sur les Marchés de Capitaux
DGDP Direction Générale de la Dette Publique
DNTCP Direction Nationale du Trésor et de la Comptabilité Publique
FAD Fonds Africain de Développement
FCFA Franc de la Communauté Financière Africaine
FIDA Fonds International de Développement Agricole
FMI Fonds Monétaire International
IBW Institutions de Bretton Woods
OdR Obligations de Relance
PAS Programme d’Ajustement Structurel
PIB Produit Intérieur Brut
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
SDMT Statistique de la Dette à Moyen Terme
SGI Société de Gestion et l’intermédiation
TOFE Tableau des Opérations Financières de l’Etat
UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
UMOA Union Monétaire Ouest Africaine
VA Valeur actuelle

4
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES

1. Liste des Tableaux

Tableau 1 : Evolution des statistiques de la dette de marché de de 2008 à 2023 en


Milliard de FCFA………………………………………………………………………... 10
Tableau 2 : Evolution de l’encours de la dette intérieure du Mali de 2017-2022 (en milliards
de FCFA……………………………………………………. …………………………………… 12

Tableau 3 : Evolution de l’encours de la dette extérieure du Mali de 2017-2022 (en


milliards de FCFA) ……………………………………………………………………………… 14

Tableau 4 : Evolution de l’encours de la dette publique totale du Mali de 2017-2022 (en


milliards de FCFA) …………………………………………………………………………….. 16

2. Liste des graphiques


Graphique 1 : Principaux créanciers extérieurs du Mali à fin 2022……………………..15
Graphique 2 : Principales devises de la dette publique …………..............................16

5
INTRODUCTION
Dans les pays en développement comme ailleurs, la mobilisation des ressources
financières est une condition nécessaire de tout processus de développement. Dans ce
cadre, dès le lendemain de leur indépendance, les pays africains dans la perspective de
parvenir à un développement économique et social se sont rendus compte que les
infrastructures d'équipements et de productions déjà en place étaient insuffisantes pour
amorcer un véritable décollage économique. L'écart entre le besoin d'investissement
nécessaire et les ressources disponibles était énorme.

C'est pourquoi, la plupart d’entre eux ont eu recours à la contraction d’emprunts auprès
des bailleurs de fonds. L'endettement permet donc à un pays d'investir des capitaux
au-delà de ses propres disponibilités financières en empruntant des excédents de
capitaux (Klein, 1994). La dette ainsi créée est supposée générer la croissance et le
développement.

La dette publique correspond à l'ensemble des engagements financiers pris sous forme
d'emprunts par l'Etat, les collectivités publiques et les organismes qui en dépendent
directement. Elle évolue constamment au rythme des remboursements d'emprunts
effectués par l'Etat et les administrations publiques et des nouveaux emprunts qu'ils
contractent pour financer leurs déficits.

Dans le cadre de ce thème, nous allons nous limiter au périmètre retenu par la Direction
Générale de la Dette Publique du Mali.

Ainsi, la dette publique porte sur la dette extérieure et la dette intérieure publique (dette
de l’administration centrale y compris les prêts rétrocédés) et publiquement garantie
(dette garantie par l’Etat).

Il convient de noter que le financement par la dette publique joue un rôle crucial pour le
développement. Il peut contribuer à une croissance soutenue et inclusive, à condition
d’une gestion rigoureuse.

Ainsi, pour générer des ressources et pouvoir rembourser l’emprunt, ce dernier doit être
utilisé de manière efficace et efficiente dans des secteurs productifs. Encouragés par un
contexte favorable (croissance rapide et taux d'intérêt peu élevés), les pays en
développement ont été amenés à recourir à de nombreux emprunts auprès des
institutions financières. La dette leur permettait de réaliser des taux de croissance élevés.

Mais vers la fin des années 1970, l’environnement international change et n'était plus
favorable en raison notamment de la chute des prix des matières premières (entraînant
ainsi la baisse des recettes d'exportations), de la hausse des taux d'intérêt, de la
fluctuation des taux de change et de la détérioration des termes de l’échange. Les pays
en développement ont continué de s'endetter sans pour autant changer leur politique
intérieure en matière d'emprunt. Les capitaux empruntés servaient de moins en moins à
financer les investissements, mais couvraient surtout les déficits de la balance courante
et les déficits budgétaires.

6
S’agissant du Mali, après avoir enregistré une croissance de 4,8% en 2019, l’économie
s’est fortement contractée en 2020 avec un taux de croissance estimé à -1,2%. Cette
inversion inattendue de la tendance de l’activité économique est liée aux répercussions
de la crise sanitaire de la pandémie de la Covid-19 accentuées par les effets néfastes de
la crise sociopolitique et de l’embargo intervenus en 2020. En 2021, l’économie malienne
a, quelque peu, renoué avec ses performances d’avant crises sanitaire et sociopolitique
avec un taux de croissance de 3,1%. Pour l’année 2022, la croissance a été de 3 ,7%
contre une prévision initiale de 5%. Cette réalisation à la baisse du taux de croissance de
l’activité économique est consécutive notamment aux sanctions économiques et
financières de la CEDEAO et de l’UEMOA et l’ampleur des effets néfastes de la crise
Russo-Ukrainienne avec son corollaire d’inflation mondiale. Dans la Loi des Finances
Initiale 2023, un taux de croissance de 5,1% est projeté pour l’année 2023.

Le déficit budgétaire dons inclus rapporté au produit intérieur brut a été de 5,5%, 4,8% et
4,9% respectivement en 2020, 2021 et 2022 contre une norme communautaire de 3%.

La faible diversification de l’économie, le faible niveau de mobilisation des recettes


fiscales, les différentes options de politiques, sans oublier les effets des crises
multidimensionnelles (sécuritaire, sociopolitique, COVID 19, etc.) sont entre autres les
causes explicatives de la récurrence du déficit au niveau du budget national. Ces déficits
budgétaires de plus en plus croissants, sont financés par la dette publique

Cependant, les ressources extérieures, étant de plus en plus faibles, les besoins de
financement de notre Etat sont de plus en plus couverts par la dette intérieure
caractérisée par des durées courtes et des taux d’intérêts élevés.

A cet effet, cette thématique contribuera à l’enrichissement des recherches effectuées


sur l’impact de la dette publique sur les politiques et programmes de développement.

L’analyse d’un tel sujet est capitale dans la mesure où elle favorise la compréhension des
enjeux liés à la dette publique.

De nos jours au Mali, l'évolution croissante de la dette publique demeure une


préoccupation des Autorités, en raison notamment de la prépondérance de la dette
intérieure au cours de ces dernières années.

Ce problème posé ci-haut nous amène à répondre aux questions suivantes :


Quelle est la place de la dette publique dans la couverture des besoins de financement
de l’Etat ?
Quelles sont les conséquences liées à la dette publique ?

La réponse à ces questions nous amène à étudier d’abord le financement de l’économie


par la dette publique (I) et ensuite les enjeux de la dette publique (II).

7
I. FINANCEMENT DE L’ÉCONOMIE PAR LA DETTE PUBLIQUE
Dans cette partie, nous allons aborder le Financement de l’économie par la dette
intérieure (A), Financement de l’économie par la dette extérieure (B).
A. Financement de l’économie par la dette intérieure
La dette intérieure, libellée en FCFA, est composée des titres publics (bons et obligations
du Trésor) émis sur le marché financier régional de l’UEMOA, des emprunts contractés
auprès du système bancaire national, la titrisation des dettes et la création monétaire
(le financement par l’Institut d’émission de la monnaie).
Au cours de ces dernières années, avec la raréfaction des ressources extérieures, la
part de la dette intérieure dans la couverture des besoins de financement de l’Etat devient
de plus en plus prépondérante.
Ainsi, dans le Tableau des Opérations Financières de l’Etat (TOFE), le financement
intérieur net est passé de 5% en 2008 à 90% en 2022. Il est constitué essentiellement
des émissions de titres publics (Bons et Obligations du Trésor) sur le marché financier
régional.
✓ Les émissions de titres publics (Bons et Obligations du Trésor)
Il convient de noter qu’après la suspension des avances statutaires en 1999, la Banque
Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), a encouragé les Etats membres à
lever des ressources sur le marché financier régional à travers les titres publics pour le
financement de leurs déficits budgétaires et la couverture de leurs besoins temporaires
de trésorerie.
A titre de rappel, ces avances statutaires consistaient en l’octroi de concours directs aux
pays de l’UEMOA. Ces avances ne pouvaient excéder 20% des recettes fiscales de
l’année N-1.
Ces titres publics qui sont émis sur le marché financier régional de l’UMOA, constituent
aujourd’hui une source incontournable de financement des Etats de l’Union.
Les Titres Publics qui sont actuellement dématérialisés sont constitués de Bons et
Obligations du Trésor.
Les Bons du Trésor sont des titres à court terme émis par les Etats membres de
l’UEMOA. Ils sont admissibles au refinancement au guichet de la BCEAO. Les Bons du
Trésor ont une durée de 7 jours, 28 jours, 91 jours, 182 jours, 364 jours et 728 jours. Leur
valeur nominale est d’un (01) million FCFA ou un multiple de ce montant. A l’émission,
les bons du Trésor sont assortis d’une rémunération payable d’avance et précomptée sur
leur valeur nominale, sur la base d’un taux d’intérêt exprimé en pourcentage l’an. Les
intérêts perçus sur les bons du Trésor sont exonérés d’impôts.

8
S’agissant des Obligations du Trésor, ce sont des titres à moyen ou long terme émis par
les Etats membres de l’UEMOA. Elles sont admissibles au refinancement au guichet de
la BCEAO. Elles sont émises avec une maturité supérieure à 2 ans. Ainsi, les Obligations
du Trésor ont une durée de 3 ans, 5 ans, 7 ans, 10 ans, 12 ans……Leur valeur nominale
est de 10 000 FCFA ou un multiple de ce montant.
Les obligations du Trésor produisent périodiquement une rémunération à taux fixe sur la
valeur nominale. Le taux d’intérêt pour chaque émission est fixé par l’émetteur en
collaboration avec UMOA-Titres. Ainsi, les paiements périodiques d’intérêts sont réalisés
sur la base des caractéristiques annoncées dans l’Avis d’Appel d’offres.
Dans l’UEMOA, ils sont émis soit par adjudication soit par syndication.
S’agissant de l’adjudication qui est un mécanisme de vente aux enchères, le Trésor public
du Mali est intervenu pour la première fois sur le marché régional des titres publics en
juin 2003, à travers l’émission de bons du Trésor de 182 jours. La première émission
d’obligations du Trésor a été réalisée en juillet 2008. L’engouement pour ces titres s’est
amplifié après leur admission au refinancement de la BCEAO.
La souscription primaire à ces émissions est ouverte aux investisseurs institutionnels
disposant d’un compte de titre de règlement dans les livres de la BCEAO et aux
personnes physiques et morales, sans distinction de nationalité, passant par
l’intermédiation d’établissements de crédit et de Société de Gestion et
d’Intermédiation (SGI) implantés sur le territoire de l’UEMOA.
A ce jour, les bons et obligations du Trésor sont essentiellement achetés par les
banques commerciales.
Il convient de noter, qu’il existe trois (3) SGI au Mali : SGI-Mali, Global Capital et CIFA-
Bourse.
Les émissions par adjudication sont réalisées avec le concours de UMOA-Titres qui est
une structure basée à Dakar, créée par la BCEAO en 2013, en vue notamment de
coordonner et promouvoir les émissions de titres publics des pays de l’UEMOA. Elles
sont régies par le Règlement n°06/2013/CM/UEMOA sur les bons et Obligations du
Trésor émis par voie d’adjudication ou de syndication avec le concours de l’Agence
UMOA-Titres.
En ce qui concerne la syndication, plusieurs établissements financiers se regroupent pour
assurer le placement d'un emprunt obligataire auprès des investisseurs. Le Mali a réalisé
la première émission d’emprunt obligataire par Appel Public à l’Epargne en mai 2016 pour
un montant de 100 milliards FCFA et une maturité de 7 ans avec un différé d’un (01) an.
La souscription primaire aux émissions par syndication est ouverte aux investisseurs
institutionnels et aux personnes physiques et morales, sans distinction de nationalité,
passant par l’intermédiaire d’un syndicat formé des Sociétés de Gestion et
d’Intermédiation (SGI) agréées par l’Autorité des Marchés Financiers de l’Union

9
Monétaire Ouest Africaine (AMF-UMOA). Une SGI est désignée comme Chef de file de
ce syndicat de placement.
Les émissions par syndication sont soumises au règlement général relatif à l’organisation,
au fonctionnement et au contrôle du marché financier régional de l’UMOA.
Le tableau ci-dessous retrace l’évolution des ressources mobilisées sur le marché
financier régional et du service de la dette. Pour rappel, le service de la dette
correspond au remboursement de la dette en capital (principal) augmenté des
intérêts.
Tableau 1 : Evolution des statistiques de la dette de marché (en milliards de FCFA)
de 2008 à 2023
Année Emissions Bons du Obligations Service de la dette Principal Intérêts
annuelles Trésor Du Trésor (Principal+Interets)

2008 62,6 30,5 32,1 30,5 30,5 0


2009 75,21 54,11 21,1 23,03 21,1 1,931
2010 147 99,5 47,5 88,64 85,23 3,408
2011 119,6 119,6 0 66,24 59,744 6,495

2012 177,3 177,3 0 235,4 229,47 5,958


2013 238,8 238,8 0 164,3 159,68 4,652
2014 455,06 410,95 44,11 282,89 279,55 3,34
2015 494,30 202,80 291,50 313,81 309,47 4,34
2016 452,81 112 340,81 154,18 133,55 20,63
2017 473,36 200,50 272,85 438,97 398,70 40,27
2018 548,98 198,80 350,18 379,74 324,71 55,03
2019 543,87 126,50 417,37 391,48 328,14 63,34
2020 906,17 351,68 554,49 669,07 586,54 82,53
2021 905 155,20 749,80 499,20 396,09 103,11
2022 785,6 94,29 691,37 627,6 490,7 136,9
2023 1409 209 1200 759 605,5 153,5

Source : DNTCP-DBF

Pour rappel, les emissions de bons du Trésor infrannuel (Les bons du Trésor émis
et remboursés au cours de la même année) sont incluses dans le montant des
émissions annuelles.

10
A fin 2022, la maturité moyenne de la dette intérieure est relativement courte (inférieure
à 5 ans).

✓ Emprunts directs
Ils consistent à l’octroi des prêts ou avances en monnaie nationale à l’Etat par le système
bancaire national. Dans la pratique, l’Etat peut solliciter directement un emprunt auprès
d’une banque. Lorsque le montant de l’emprunt est très élevé, en général un pool
bancaire dirigé par un Chef de file est constitué en vue de répondre au besoin de l’Etat.
Dans les bonnes pratiques, il n’est pas recommandé de recourir régulièrement à ces
emprunts directs. En effet, en l’absence d’une mise à compétition des banques, la banque
prêteuse peut proposer des conditions plus coûteuses.
✓ La titrisation des dettes
La titrisation est un mode de gestion de la dette fournisseurs de l’Etat consistant à
transformer cette dette en titres représentatifs de droits de créance à échéance plus ou
moins longue.
Elle permet à l’Etat d’étaler le remboursement de la dette dans le temps. Cette technique
n’a pas été utilisée par le Trésor Public au cours de ces dernières années.
✓ La création monétaire
La banque centrale peut créer indirectement de la monnaie en finançant le déficit
budgétaire, c’est de « faire fonctionner la planche à billets ». La planche à billets désigne
le fait pour une banque centrale, de financer le déficit public en créditant le compte que
l’Etat détient dans ses livres du montant de ce déficit, moyennant une rémunération.
Ainsi, la banque centrale accorde une avance au Trésor Public qui se traduit par une
injection de liquidités dans l’économie (via les paiements réalisés par le Trésor Public) et
un gonflement de la masse monétaire (hausse équivalente des dépôts à vue et/ou des
billets en circulation). Si cette avance n’est pas remboursée, elle peut causer un
comportement laxisme budgétaire et de financement systématique du déficit public par
la banque centrale qui finirait par provoquer des tensions inflationnistes (via une
surchauffe de l’activité « économique et une dépréciation de la monnaie).
Dans la pratique, la banque centrale achète des titres représentatifs de la dette publique
sur le marché primaire afin de faire baisser ou de contenir les taux d'intérêt et donc de
permettre au Trésor d'emprunter dans de meilleures conditions sur les marchés
financiers. Elle ne finance donc pas l'intégralité du déficit budgétaire, forçant ainsi le
gouvernement à recourir aux marchés financiers pour couvrir le solde de ses besoins.
Lorsque la banque centrale achète des obligations d’État sur le marché primaire, elle crée
néanmoins de la monnaie de façon indirecte. En effet, la banque centrale paye les titres
qu'elle acquière au moyen de liquidités qu'elle crée ex nihilo (création de monnaie à partir
du rien). Le Trésor va utiliser une partie de cet argent frais pour payer ses fonctionnaires

11
ou ses créanciers nationaux (fournisseurs). Les comptes bancaires de ces derniers vont
donc être crédités des sommes en question, ce qui fait gonfler la masse monétaire.
Lorsque la banque centrale achète les titres obligataires sur le marché secondaire, le lien
avec la création monétaire est plus tenu, car les liquidités ainsi créées vont se déverser
sur les marchés financiers au profit des vendeurs de ces titres (banques, assurances,
fonds de pension...). Donc, cette forme de financement n’est pas une solution à long
terme pour financer un déficit car l’inflation va apparaître au fil du temps que la banque
centrale crée de la monnaie dont l’Etat a besoin.
Quant à l’assouplissement quantitatif, il est un outil de la politique monétaire à la
disposition des banques centrales, et qui a comme objectif l’incitation à prêter. La banque
centrale peut baisser ses taux directeurs pour accroître la masse monétaire mais quand
ces taux sont proches de zéro, la banque centrale n’a pas le choix que d’injecter de
l’argent dans le système financier, c’est l’assouplissement quantitatif.
Depuis la suspension des avances statutaires en 1999, la Banque Centrale des
Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) n’a pas fait recours à ce mode de financement
des Etats de l’Union.
Depuis 2018, dans le portefeuille de la dette publique du Mali, la dette intérieure est
composée uniquement de la dette due au secteur bancaire sous forme de bons et
obligations du Trésor. Le tableau ci-après retrace l’évolution de l’encours de la dette
intérieure de 2017 à 2022. A titre de rappel, l’encours représente le montant de la dette
contractée auprès des créanciers non encore remboursée (en général, car la dette n’est
pas encore arrivée à échéance).

Tableau 2 : EVOLUTION DE L’ENCOURS DE LA DETTE INERIEURE DU MALI DE


2017-2022 (en milliards de FCFA)

Categories de dette 2017 2018 2019 2020 2021 2022

Bons du Trésor 90,3 185,8 126,5 119,0 127,7 94,3


Obligations du Trésor 894,1 1 022,9 1 297,9 1 644,3 2 144,5 2 472,9
Avances statutaires BCEAO - - - - - -

Autres dettes intérieures 1,1 - - - - -

Total Dette intérieure 985,5 1 208,7 1 424,4 1 763,3 2 272,2 2 567,2

Source : DGDP

B. Financement de l’économie par la dette extérieure


La dette extérieure comprend la dette libellée en devises contractée auprès des
créanciers multilatéraux, des créanciers bilatéraux, des créanciers commerciaux
(banques commerciales internationales) et les obligations internationales.

12
Parmi ces créanciers, on peut citer notamment le Fonds Monétaire International (FMI),
la Banque Mondiale, la Banque Européenne d’Investissement (BEI), la Banque Ouest
Africaine de Développement (BOAD), la Banque d’Investissement et de Développement
de la CEDEAO (BIDC), la Banque Arabe pour le Développement Économique en Afrique
(BADEA), l’Agence Française de Développement (AFD), la Chine et la Belgique.
La dette extérieure peut être concessionnelle ou non concessionnelle.
Le degré de concessionnalité d’un prêt se mesure à partir de son « élément don ».
L’élément don est la différence entre la valeur nominale du prêt et la somme de
la valeur actuelle des futurs paiements que devra effectuer l’emprunteur au titre du
service de la dette, exprimée en pourcentage de la valeur nominale du prêt.
Si le taux d’intérêt du crédit est inférieur au taux d’actualisation, la valeur actuelle de
la dette est inférieure à sa valeur nominale et la différence correspond à l’élément don
(positif) du prêt.

Le 11 octobre 2013, les administrateurs du FMI et de la Banque ont adopté une nouvelle
méthodologie, plus simple, fixant un taux d’actualisation unique et uniforme pour le calcul
de l’élément de don des différents prêts. Cette méthode remplace le système antérieur
dans lequel les taux d’actualisation étaient basés sur des « taux d’intérêt de référence du
marché » spécifiques à chaque monnaie et différents selon les échéances.

Le nouveau taux d’actualisation est fixé à 5 % et s’applique uniquement à la valeur en


USD du prêt.

En règle générale un prêt est réputé concessionnel si son élément don est d’au
moins 35 %. Les ressources concessionnelles présentent des maturités très
longues (jusqu’au 40 ans), des délais de grâce longues (Période pendant laquelle,
l’emprunteur ne paie que des intérêts) et des taux d’intérêts très faibles par rapport
au taux du marché. Elles sont de nos jours très rares. Les prêts dont l’élément don
est inférieur à 35% sont non concessionnelles.

Dans sa recherche de financement, l’Etat portera son choix prioritairement sur ses
partenaires privilégiés multilatéraux et bilatéraux. L’Etat s’efforcera accroître l’accès aux
ressources concessionnelles (de ses partenaires traditionnels) qui présentent un coût
moindre et une longue maturité et contribuant à l’amélioration du risque de refinancement
et de coût du portefeuille de la dette publique. Ces partenaires traditionnels sont
essentiellement l’Association Internationale de Développement (AID), le Fonds Africain
de Développement (FAD), la Chine, l’Agence Française de Développement (AFD), etc. -
Tenant compte de la rareté desdites ressources concessionnelles et de l’urgence
d’accélérer le développement économique et social du pays, le Gouvernement envisage
la diversification de ses sources de financement. Les banques commerciales
internationales seront à cet effet sollicitées à travers des Euro bonds (Emissions de titres
en monnaie étrangère). Ces banques offrent des financements à des taux préférentiels
et compétitifs par rapport aux taux applicables sur le marché régional des titres publics
de l’UMOA, et des banques commerciales locales. Ces financements seront utilisés pour

13
la mise en œuvre de projets d’investissement à fort taux de rentabilité et à fort impact en
matière de développement et de bien-être des populations.
Par ailleurs, il est important de rappeler que l’évolution de la dette publique extérieure du
Mali a été marquée par plusieurs opérations de restructuration dont le pays a bénéficié
avant l’initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) et dans le cadre de l’initiative PPTE
ainsi que de l’Initiative d’Allègement de la Dette Multilatérale (IADM) en 2006. Ces
allègements ont eu un impact positif et significatif sur la viabilité de la dette extérieure du
Mali permettant une diminution de l’encours de la dette totale de 103% du PIB en 2000 à
19% en 2006.
Au cours de ces dernières années, la part de la dette extérieure dans la couverture du
besoin de financement de l’Etat est de plus en plus faible.
Ainsi, dans le Tableau des Opérations Financières de l’Etat (TOFE), le financement
extérieur net est passé de 95% en 2008 à 10% en 2022.
La dette extérieure à fin 2022 était détenue pour la plupart par les créanciers multilatéraux
(2.521,6 milliards de FCFA, soit 76,6%) contre 771,6 milliards de FCFA pour les
créanciers bilatéraux, soit 23,4%. L’évolution de la dette extérieure par catégorie de
créancier est retracée dans le tableau ci-après :

Tableau 3 : Evolution de l’encours de la dette extérieure du Mali de 2017-2022 (en


milliards de FCFA)

Catégories de dette 2017 2018 2019 2020 2021 2022

Dette multilatérale 1 753,6 1 833,2 2 043,8 2 312,1 2 513,0 2 521,6

Dette bilatérale 428,6 455,0 637,8 681,6 736,6 771,6

Total Dette extérieure 2 182,2 2 288,2 2 681,6 2 993,7 3 249,6 3 293,2

Source : DGDP

A fin 2022, les principaux créanciers extérieurs du Mali sont : la Banque Mondiale (IDA)
(45,46%), le FAD (16,41%), la Chine (10,47%), le Fonds d’Abu Dhabi (6,21%), la BID
(5,20%), l’AFD (3,82%), l’Inde (2,19%), le FIDA (1,79%), ainsi que la BADEA (1,46%). Le
graphique ci-dessous illustre les principaux créanciers du Mali au titre de la dette
extérieure à fin 2022.

Graphique1 : Proportion des principaux créanciers extérieurs du Mali à fin 2022 (en %)

14
45,46%

16,41%

10,47%

6,21%
5,20%
3,82%
2,19% 1,79%
1,46% 1,18% 1,35% 1,06% 0,82%
0,66% 1,24% 0,23% 0,26% 0,11% 0,00% 0,07%

Source : DGDP

La maturité moyenne de la dette extérieure est un peu plus longue (12,7 ans) à cause de
son caractère fortement concessionnel dû à la prédominance des créanciers
multilatéraux comme l’IDA, le FAD, le FIDA, etc, dont les financements ressortent
concessionnels.
Ainsi, à fin 2022, l’encours de la dette publique totale du Mali est estimé à 5.860,4
milliards de FCFA, contre 5.521,8 milliards de FCFA à fin 2021. Il comprend la dette
intérieure pour 2.567,2 milliards de FCFA (soit 43,8% de l’encours total) et la dette
extérieure pour un montant de 3.293,2 milliards de FCFA (soit 56,2% du total). La dette
publique totale est constituée à fin 2022 de 43,64% de dette libellée en devises
étrangères et de 56,36% de dette en monnaie locale (XOF). Les principales devises
étrangères qui composent le portefeuille de la dette publique sont : le dollar US
(17,03%), l’Euro (14,35%) et le Yuan chinois (6,56%).

Graphique 2 : Principales devises de la dette publique

15
56,36%

17,03%
14,35%
6,56%
0,74% 0,51% 0,53% 1,81% 1,84% 0,28%

XOF EUR CNY USD SAR KWD KRW GPB JPY AED

Source : DGDP
Note : XOF = Franc CFA ; CNY = Yuan chinois ; USD = Dollar américain ; EUR = Euro ; KWD
= Dinar Koweïtien ; JPY = Yen japonais ; SAR = Riyal saoudien ; AED= Dinar des Émirats ;
KRW = Won Coréen ; GPB = Livre sterling.

A fin 2022, la maturité moyenne du portefeuille de la dette publique totale est d’environ 8
ans.

Tableau 4 : Evolution de l'encours de la dette publique totale de 2017-2022 (en milliards


FCFA)

Catégories de
dette 2017 2018 2019 2020 2021 2022 (*)

Dette extérieure 2 182, 2 2 288,2 2 681,6 2 993,7 3 249,6 3 293,2


Dette intérieure 985, 5 1 208,7 1 424,4 1 763,3 2 272,3 2 567,2

Dette publique
totale 3 167,7 3 496,9 4 106,0 4 757,90 5 521,9 5 860,4

Source : DGDP (* Provisoire pour la dette extérieure)

II. Enjeux de la dette publique


Pour traiter ce point, nous allons aborder dans un premier temps les conditionnalités de
la dette publique (A) et ensuite la soutenabilité de la dette publique (B).
A. Conditionnalité de la dette publique
En général, pour la dette intérieure qui est de nos jours mobilisée essentiellement à
travers les Bons et Obligations du Trésor, il n’y a pas de conditionnalités. L’Etat utilise à
sa convenance les ressources mobilisées pour le financement de ses politiques et
programmes de développement. Elle contribue considérablement au financement du
budget de l’Etat.

16
Il convient de noter que face aux effets négatifs de la pandémie de la COVID-19, la
BCEAO a initié des mesures de soutien aux Etats membres de l’UEMOA dans le cadre
du financement des plans de riposte économique et social. Parmi ces mesures, figure un
programme d’émissions de Bons du Trésor dénommé « Bons Social COVID-19 », d’une
durée maximale de 91 jours en trois phases.
Dans le cadre de ce programme, l’Etat du Mali a réalisé trois (03) émissions de titres
publics qui ont permis de mobiliser 170,5 milliards FCFA.
Dans la même dynamique, la BCEAO en collaboration avec UMOA-Titres a continué sa
politique de soutien aux Etats membres de l’UEMOA en 2021. Dans ce cadre, les
mesures prises pour le financement de la relance économique des Etats ont porté sur
deux instruments financiers : les « Obligations de Relance » (OdR) et les « Bons de
Soutien et de Résilience » (BSR).
Ainsi, courant 2021, l’Etat du Mali a réalisé des émissions de titres publics dans le cadre
de ces programmes de soutien de la Banque Centrale, à travers la mobilisation de 555,80
Mds FCFA au titre des OdR et de 20,2 Mds FCFA en BSR.
Aussi de 2019 à 2021, le FMI a octroyé au Mali 183,6 milliards FCFA d’appui
budgétaire général (ABG) qui ne sont pas assortis de conditionnalités.
Ces ressources mobilisées sur le marché financier et les ABG du FMI ont contribué
à la mise en œuvre des politiques publiques de l’Etat notamment en ce qui
concerne la lutte contre la COVID-19 et de ses impacts négatifs sur la population.
L’affectation de ces ressources a été exclusivement décidée par l’Etat.
A l’opposé de la dette intérieure, l’utilisation des ressources de la dette extérieure n’est
pas exclusivement décidée par l’Etat. En général, la dette extérieure est constituée des
emprunts projets. Elle est destinée au financement des programmes ou politiques
convenus avec le bailleur. Elle est matérialisée par la signature d’une convention de
financement entre l’Etat et le bailleur de fonds.
Par exemple, lorsqu’un pays emprunte auprès du FMI, ses Autorités acceptent
d’ajuster leurs politiques économiques pour surmonter les problèmes qui les ont
conduits à solliciter l’aide financière de la communauté internationale. Les
conditions de ces prêts permettent également de veiller à ce que le pays soit en mesure
de rembourser le FMI afin de mettre les ressources à la disposition d’autres pays
membres qui en ont besoin. Les réformes adoptées en 2009 ont simplifié la
conditionnalité du FMI pour permettre aux pays membres de s’approprier des politiques
solides et performantes.
Dans son acception la plus large, le terme de conditionnalité recouvre à la fois la
conception des programmes appuyés par le FMI c’est-à-dire les politiques
macroéconomiques et structurelles ainsi que les instruments spécifiques utilisés pour
suivre les progrès accomplis vers les objectifs fixés par le pays en coopération avec le
FMI. La conditionnalité aide les pays membres à résoudre leurs problèmes de balance
des paiements sans recourir à des mesures qui porteraient atteinte à la prospérité

17
nationale ou internationale. En même temps, les politiques convenues sont destinées à
sauvegarder les ressources du FMI en veillant à ce que la balance des paiements du
pays soit suffisamment solide pour lui permettre de rembourser le prêt. Toute
conditionnalité prévue dans le cadre d’un programme appuyé par le FMI doit être
essentielle à la réalisation des objectifs macroéconomiques du programme ou au suivi
de sa mise en œuvre, ou nécessaire à l’exécution des dispositions spécifiques des
Statuts du FMI et des politiques y afférentes. Les pays membres sont responsables au
premier chef du choix, de la conception et de l’exécution des politiques qui assureront la
réussite du programme appuyé par le FMI. Le programme est décrit dans la lettre
d’intention (à laquelle est généralement joint un mémorandum de politiques
économiques et financières). Les objectifs et politiques du programme dépendent de
la situation particulière du pays. Toutefois, le but ultime est toujours de rétablir ou de
préserver la viabilité de la balance des paiements et la stabilité macroéconomique tout
en jetant les bases d’une croissance durable et de haute qualité et, dans les pays en
développement, d’une réduction de la pauvreté.
Il arrive fréquemment que les politiques et programmes, objet de la Convention de
financement ne correspondent pas aux priorités ou aux remèdes du pays bénéficiaire.
A titre d’exemple, on peut citer les programmes d’ajustement structurel (PAS), dans
les économies des pays d’Afrique subsaharienne de 1981 à 1998.
L’ajustement structurel est un ensemble de mesures de politique de réformes
structurelles visant à réduire les obstacles institutionnels à la croissance économique.
On estime qu’un pays a besoin d’un Programme d’Ajustement Structurel (PAS) quand on
constate les phénomènes suivants :
- une baisse du niveau de vie imputable à une inflation élevée et persistante ;
- une balance de paiement déficitaire suite à un épuisement durable des réserves
de change au-dessous du seuil nécessaire à la couverture du minimum
d’approvisionnement en produits vitaux (6 mois en général) ;
- une dette extérieure élevée au-delà des capacités du service de la dette.
L’analyse diagnostique indique également que les causes de ces déséquilibres
structurels proviennent d’une part d’un déficit budgétaire chronique et d’une expansion
monétaire et d’autre part de l’intervention généralisée de l’Etat notamment par le
contrôle des prix, le maintien d’entreprises publiques déficitaires à coup de
subvention et les restrictions du commerce extérieur.
A titre de rappel, dans les économies des pays d’Afrique subsaharienne, il y a eu trois
(03) générations de PAS.
La première génération ou celle du redressement des prix de la production des biens
marchands (1981-1984) : Elle était destinée à corriger des déséquilibres
macroéconomiques provoqués par des politiques financières expansionnistes que ces

18
pays avaient financées avec des emprunts extérieurs au-delà de leur capacité
d’endettement.
La deuxième génération ou celle des dimensions sociales couvre la période 1984-
1986 :. Durant cette période, les PAS, ayant tiré l’expérience de la première génération,
ont pris conscience du facteur temps, celui qu’il faut pour que les objectifs soient atteints
et de la nécessité de préserver les conditions de vie des populations pauvres ou
vulnérables.
La troisième génération ou celle de la lutte contre la pauvreté de 1986-1998 : Elle se
fixe comme objectif central la lutte contre la pauvreté et l’amélioration de l’efficience et
la croissance économique.
En 1993, c’est-à-dire après 13 ans de PAS, le marché n’a pas ‘’opéré sa magie’’ selon le
mot du Président Reagan.
Le professeur R. Dombusch, au Massasussets Institute of Technology (MIT) écrit que
‘’Même en réalisant de gros efforts d’ajustement, les pays ne retombent pas sur leurs
pieds en courant ; ils tombent dans un trou ‘’.
Mohsin Khan, dans ‘’The Macro-Economic Effects of Fund-Supported Adjustment
Programs-FMI-Staff Papers- Juin 1990’’ écrit:
‘’Le taux de croissance est notablement réduit dans les pays soumis à un programme
d’ajustement par rapport à ceux qui ne sont pas’’.
Dans ‘’Réflection on Economic Development Toward a Latin Américain Consensus-
1992’’, le Président de la Banque Interaméricaine de Développement (BID), Enrique
Iglesias ne disait pas autre chose en écrivant que ‘’ Les PAS ont eu pour effet d’annuler
en grande partie les progrès des années 60 et 70, les inégalités se sont aggravées, les
20% des plus riches ont des revenus vingt fois supérieurs que les 20% des plus pauvres’’.
Le programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), dans son rapport sur
le développement Humain 1992, révèle que le transfert net des pays en développement
vers les pays riches s’est élevé à 178 milliards de Dollars EU durant la période 1984-
1990, les efforts des pays endettés ayant porté sur les produits d’exportation pour
engranger les devises nécessaires au paiement des dettes libellées en dollars. Ce qui
s’est traduit par une surexploitation des ressources naturelles, un épuisement des sols
par les cultures d’exportation et des endettements supplémentaires pour payer les
intérêts.
Dans une étude commandée par la Banque Africaine de Développement(BAD) intitulée
‘’ Analyse de l’expérience du groupe de la BAD en matière de prêt à l’appui des reformes,
25 juin 1993’’ ,un consultant relève que les reformes des taux de change et des finances
ont pénalisé les producteurs et profité aux commerçants dans les pays où l’incitation à
l’investissement n’a pas été suffisante, que les implications des programmes ont été
négatives sur la répartition des revenus et ont aggravé la pauvreté.

19
La Banque Mondiale elle-même reconnaît ces contreperformances à diverses occasions.
Dans ‘’Global Economic Prospects in Developing Countries, 1993’’ elle note qu’en
Afrique, 200 millions de personnes sur 690 millions, soit 30% au-dessous du seuil de
pauvreté et prévoit que le nombre va augmenter de 50% pour atteindre 300 millions en
l’an 2000. D’où l’aveu du principal responsable de l’Afrique a la Banque Mondiale cité par
Marrie Miller dans ‘’Debt and the environnement convergent Crises (Nations Unies 1991),
‘’Nous ne pensions pas que les coûts de ces programmes seraient aussi élevés et les
gains économiques aussi lents à venir’’.
Ce qui devait conduire Walden Bello, ancien Directeur de l’Institut For Food and
Development Policy (Food First-San Francisco) à écrire dans le Monde Diplomatique de
Septembre 1990 ceci : ‘’En réalité, l’Ajustement structurel a eu pour vocation non point
de favoriser la croissance, comme on le prétend, mais de mettre un coup d’arrêt aux
progrès économiques qui avaient été accomplis de 1950 à 1980, ces 30 années
glorieuses’’.
B. Soutenabilité de la dette publique
La dette d’un État est soutenable si l’État est en capacité d’honorer ses engagements
présents et futurs en menant des politiques économiquement faisables et politiquement
réalistes.
En 2006, les Institutions de Bretton Woods (IBW) ont défini un Cadre de Viabilité de la
Dette (CVD), objet de révisions périodiques. Ainsi, selon le nouveau CVD en vigueur
depuis juillet 2018, la dette extérieure est viable lorsque sa Valeur Actuelle (VA) est
inférieure à 180% des exportations de biens et services, à 40% du PIB et son service
inférieur à 15% des exportations et à 18% des recettes budgétaires.
L’encours de la dette publique du Mali a connu un envol depuis quelques années et
ressortait déjà à 27,1% du PIB en 2013, puis a progressé pour atteindre 30,6% en 2015
avant de franchir les 35% du PIB à partir de 2016. Au 31 décembre 2022, il est ressorti à
53,9% du PIB contre 52,0 % au 31 décembre 2021, largement inférieur à la norme
communautaire de 70% au maximum. La marge d’endettement de l’Etat reste donc
considérable.

Cette augmentation du taux d’endettement est due essentiellement à la hausse de plus


en plus importante des besoins de financements exacerbée, entre autres, par la
pandémie de COVID-19 et la crise sécuritaire.

Pour le Mali, les projections du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque


Mondiale (BM) indiquent qu’en 2022, les ratios se rapportant à la Valeur Actuelle, sont
respectivement de 94,3% des exportations de biens et services, de 23,5% du PIB et ceux
relatifs au service de la dette sont de 8% des exportations et de 11,2% des recettes
budgétaires. Par conséquent, le Mali est dans la catégorie des pays à risque de
surendettement modéré.

20
Ces ratios resteront inférieurs aux seuils pertinents jusqu’en 2040 si les tendances de
l’économie se maintiennent et si l’endettement futur est conforme à la stratégie adoptée.
La mise en œuvre effective des orientations stratégiques à long terme et la poursuite
d’une stratégie financière privilégiant la mobilisation des dons et des emprunts extérieurs
concessionnels et/ou semi-concessionnels devraient consolider la viabilité de la dette.
Par ailleurs, il convient de noter que dans certains États, le ratio du service de la dette
augmente à un rythme alarmant, mettant en péril leur capacité à investir dans des
infrastructures et des services qui, à l’instar de la santé et de l’éducation, font cruellement
défaut et sont pourtant essentiels pour sortir les populations de la pauvreté et atteindre
les Objectifs de développement durable que s’est fixés la communauté internationale à
l'horizon 2030.
Selon les données issues du cadre de viabilité de la dette, un dispositif commun à la
Banque mondiale et au FMI, la proportion de pays à faible revenu qui présentent un
risque élevé de surendettement ou sont déjà en surendettement a doublé depuis
2013. Cette situation est imputable à plusieurs facteurs : la faute à la malchance, d’abord,
avec des facteurs impondérables comme le déclin des prix des matières premières, les
catastrophes naturelles et les conflits ; à de mauvaises politiques avec, dans certains
pays, des politique budgétaire et monétaire expansionnistes peu judicieuses ; à de
mauvais investissements, dus à des emprunts imprudents, un défaut d’analyse et/ou
des pratiques de prêt sans scrupules pour des investissements qui n’ont pas abouti
à la croissance et aux revenus attendus ; et enfin, à une mauvaise gouvernance, parce
qu’il n’y a pas de volonté politique pour s’attaquer à la corruption et réformer des modèles
devenus inopérants.
Si le recours à la dette procure à un gouvernement un coup de pouce financier de court
terme, il entraîne des obligations qui pèseront sur le pays durant de nombreuses années,
souvent bien après le départ de ceux qui étaient alors aux affaires. Les États doivent
mettre en place des processus transparents et assurer une diffusion des données et des
informations tout au long du cycle des projets.

21
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
La réalisation des Objectifs de développement durable exige des investissements
considérables, notamment dans l’infrastructure, le capital humain et la résilience au
changement climatique. Or, dans les pays en développement, les gouvernements ont
souvent des moyens limités pour mobiliser des recettes publiques ou des
investissements privés.

Dans ce cadre, le recours à l’endettement joue un rôle essentiel pour le


développement, mais des niveaux insoutenables fragilisent la croissance et
pénalisent les pauvres. À condition d’être bien gérée, transparente et utilisée dans le
cadre d’une politique de croissance crédible, la dette peut être un levier. Mais ce n’est
que trop rarement le cas. Un endettement public élevé peut freiner les investissements
privés, accroître la pression budgétaire, réduire les dépenses sociales et limiter les
capacités du gouvernement à mettre en œuvre des réformes en raison notamment de
l’importance du service de la dette (remboursement du capital et des intérêts).

Depuis quelques années, les vulnérabilités liées à l’endettement augmentent dans


les marchés émergents et les pays à faible revenu. À la fin de l’année 2019, l’encours
de la dette extérieure des pays à revenu faible et intermédiaire s'élève à 8 100 milliards
de dollars, un tiers de ce montant étant détenu par des créanciers privés. Plus de la moitié
des pays bénéficiant de l’aide de l’IDA sont surendettés ou au bord du surendettement.
Selon des évaluations du Groupe de la Banque mondiale, moins de 50 % des pays
examinés remplissaient les critères minimums en matière d’enregistrement, de suivi et
de déclaration de l’endettement.

La priorité doit être mise sur la gestion et la transparence de la dette pour que tout
nouvel emprunt contribue à la croissance et l’installation d’un environnement
propice à l’investissement. Aussi, il sied de renforcer le financement à travers la dette
publique de projets structurants permettant de booster la croissance et le
développement économiques. L’endettement public doit également prendre en compte
les orientations de la Stratégie de la Dette à Moyen Terme (SDMT) en vue d’assurer la
soutenabilité de la dette Publique. A titre de de rappel, les recommandations de la SDMT
2024-2026 du Mali sont présentées comme suit :
- améliorer la situation socio-politique, et sécuritaire et le retour à l’ordre
constitutionnel qui pourraient impacter la notation financière et la mobilisation des
ressources extérieures ;
- mobiliser davantage de ressources concessionnelles et semi-concessionnelles ;
- privilégier les emprunts intérieurs de plus longues maturités et l’équilibrage des
échéances, en augmentant la part des émissions d’obligations du Trésor d’au
moins 5 ans, en gardant les échéances des services annuels équilibrées pour
éviter d’avoir des années de pic ;
- mettre en œuvre une politique plus active en matière de choix des devises
d’emprunt, même si la marge de manœuvre n’est pas très grande, en favorisant

22
la dette extérieure en Euros pour les nouveaux emprunts, dans la mesure du
possible ;
- maintenir une politique prudente de mobilisation d’emprunts à taux fixe. La quasi-
totalité de la dette publique contractée à des taux fixes limite le risque de taux
d’intérêts ;
- renforcer les actions et les mesures d’optimisation des interventions de l’Etat sur
le marché, en élaborant un calendrier d’émission de titres publics (Bons et
Obligations du Trésor) et en veillant à la présence régulière de l’Etat malien sur le
marché régional ;
- améliorer la gestion et le suivi des projets et programmes de développement
financés sur ressources extérieures afin de booster le niveau des décaissements ;
- renforcer la coordination entre les structures de gestion de la dette (DGDP et
DNTCP) ;
- renforcer les capacités de l’équipe d’élaboration de la stratégie d’endettement.

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BIBLIOGRAPHIE
1. Ouvrages généraux
▪ Marc Raffinot, Dette extérieure et Ajustement structurel, EDICEF-
AUPELF,1991.
▪ Tiégoué Amadou OUATTARA, L’économie des Finances Publiques et le
système budgétaire malien, édition Jamana, 2002.
▪ Muzellec RAYMOND, Finances publiques, 8ème édition, Paris, Sirey 2004.
▪ Bailo DIALLO, Dette et Financement du développement économique de la
Guinée, Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, 2007.
▪ Dr Sira Samballa DIALLO, Dette extérieure et développement économique en
Afrique, Recherches Africaines N°027.
2. Règlement communautaire

▪ Règlement N°09/2007/CM/UEMOA portant cadre de référence de la politique


d’endettement public et de gestion de la dette publique dans les Etats membres
de l’Union.

▪ Règlement n°06/2013/CM/UEMOA sur les bons et Obligations du Trésor émis


par voie d’adjudication ou de syndication avec le concours de l’Agence UMOA-
Titres.
3. Textes législatifs
▪ Loi N°94-030 du 30 juin 1994, portant création et autorisant l’émission des
titres d’emprunt d’Etat.
▪ Loi N°2013-028 du 11juillet 2013 relative aux lois des finances.
▪ Loi des Finances initiale ou rectificative (2019-2023)
4. Rapports et documents officiels
▪ Bulletin de la dette publique du Mali au titre de l’année 2021 et 2022
▪ Stratégie de la Dette à Moyen Terme du Mali 2024-2026
▪ Rapport de l’Analyse de Viabilité de la dette du Mali 2021
▪ Pacte de Convergence, de Stabilité, de Croissance et de solidarité de
l’UEMOA.
5. Sites internet
▪ www.imf.org ;
▪ www.banquemondiale.org ;
▪ www.finances.ml.

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