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UNIVERSITE ALASSANE OUATTARA ENSEIGNANT :

Dr SYLLA N’Gomory Muhamed, Phd

U F R DES SCIENCES ECONOMIQUES


ET DEVELOPPEMENT

Financement de l’Action Publique


Master 2 MADE

PLAN DU COURSʺ
CHAPI: Les Instruments de Financement du Secteur Public en
Côte d’Ivoire
CHAPII: Le Modèle des Deux Déficits et le Financement de l’Économie
CHAPIII: La Prévision
CHAPIV: Le Modèle d’Équilibre Général Calculable
CAS PRATIQUES
1) Le Plan National de Développement (PND) 2016-2020
2) Le Plan National de Développement (PND) 2021-2025 – Une Cote
d’Ivoire Solidaire : Résumé Synthétique.
3) Le Modèle Economique Urbain.

BIBLIOGRAPHIE
- -Plan National de Développement (PND) 2021-2025 - Diagnostique
Stratégique – Tome 1.
- Plan National de Développement (PND) 2021-2025 - Orientations
Stratégiques – Tome 2.
- Plan National de Développement (PND) 2021-2025 – Une Cote
d’Ivoire Solidaire : Matrices d’Actions Prioritaires et Cadre de
Résultats.
Fory J.P. et D. Requier-Desjardins, ʺPlanification et Politique
Économique en Côte d’Ivoire 1960-1985 ʺ, CEDA, Collection
Économie et Gestion, Abidjan, 1986.
Marchand, C., ʺÉconomie et Interventions de l’État ʺ, Presses
Universitaires de France, Paris.

1
MASTER 2 MADE : FINANCEMENT DE L’ACTION PUBLIQUE

CHAPITRE I : LES INSTRUMENTS DE FINANCEMENT DU SECTEUR PUBLIC EN


CÖTE D’IVOIRE

SECTION 1 : LES RECETTES BUDGÉTAIRES DE L’ÉTAT IVOIRIEN

En Côte d’Ivoire, une multitude de budgets séparés mais interdépendants ont été
exécutés simultanément. Jusqu’en 1961, un Budget Annexe Spécial d’Investissement et
d’Équipement (BASIE) finançait les investissements publics avec des ressources provenant
d’un Budget de Fonctionnement.
De 1962 à 1991, on distingue principalement le Budget Général de Fonctionnement
(BGF), le Budget Spécial d’Investissement et d’Équipement (BSIE) et les Budgets Annexes.
Les Budgets Annexes établissent des budgets spéciaux pour certains services publics qui
devraient couvrir de façon commerciale leurs dépenses par leurs propres recettes. Le plus
souvent, leur équilibre est assuré par une subvention du BGF. Ces budgets représentent moins
de 2 pour cent des ressources après 1975. Les Budgets Annexes ont été supprimés en 1991.
Le BGF est financé par les taxes et les appuis budgétaires. Le BSIE comprend le BSIE-
TRÉSOR, le BSIE Caisse de Stabilisation et de Soutien des Prix des Produits Agricoles ou
BSIE-CSSPPA, et le BSIE Caisse Autonome d’Amortissement ou BSIE-CAA.
Le BSIE-TRÉSOR est financé par l’emprunt intérieur public et les recettes fiscales
provenant de certains impôts extérieurs et intérieurs affectés à des taux variables d’une année à
l’autre. Les emprunts intérieurs publics sont contractés auprès de la banque centrale (crédits et
avances de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest) et des banques commerciales.
Jusqu’en 2003, le financement monétaire du déficit budgétaire était plafonné à 20 pour cent des
recettes fiscales de l’année antérieure. Ces avances de trésorerie accordées par la Banque
Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest aux États membres de l’UEMOA ont été supprimées
en Janvier 2003.
Les emprunts intérieurs intègrent aussi les arriérés de paiements dus aux entreprises
privés fournisseurs de biens et services nécessaires au fonctionnement de l’administration
publique. En 1990 les créances des entreprises du secteur non financier sur l’État, constituées
d’accumulation d’arriérés de cette catégorie, représentaient 13,5 % du stock de la dette gérée
par la Caisse Autonome d’Amortissement.
Le BSIE-CSSPPA est financé par l’épargne parapublique. Il a été créé en 1955 pour
réduire les risques liés aux fluctuations du taux de change et des prix aux producteurs des
certains produits agricoles d’exportation (café, cacao, ….). Il a permis de prélever et d’affecter
le surplus agricole au financement des investissements publics. A partir de 1991 le rôle de la
CSSPPA s’est limité à la collecte de données et à l’assistance technique aux exportateurs des
produits agricoles ayant précédemment bénéficié de la stabilisation. La CSSPPA a été
supprimée en 1996 sous la pression des bailleurs de fonds. Le Conseil Café Cacao est chargé
du développement de ce secteur.
Le BSIE-CAA a été créé en 1959. Il est financé par les emprunts extérieurs (emprunts
contractés sur les marchés financiers privés, emprunts multilatéraux et bilatéraux, et les crédits
fournisseurs).
Les emprunts extérieurs comprennent l’aide publique au développement représentant
l’ensemble des financements publics obtenus à des taux d’intérêt préférentiels (i.e. assortis de
conditions favorables et comportant un élément de libéralité au moins égal à 25 pourcent), et
les autres emprunts extérieurs obtenus à des taux d’intérêts non préférentiels.

2
En plus de la prise en compte de l’aide privée, les flux de ressources extérieures peuvent être
désagrégés en dons et prêts reçus, en ressources bilatérales et multilatérales, en ressources
provenant des marchés financiers privés et crédits fournisseurs accordées au gouvernement
ivoirien
Le constat de l’émiettement des finances publiques et le manque de transparence dans
leur gestion a conduit à une réforme budgétaire et l’adoption d’un budget unique de l’État en
1999. Toutes les opérations financières de l’État contenues dans les précédents budgets sont
désormais regroupées dans un compte unique appelé ”Budget de l’État ”, réalisant ainsi l’unité
budgétaire et la centralisation de toutes les ressources de l’État au Trésor public.
Un document de programmation budgétaire a été voté par le Sénat le 24 juillet 2020 à
Yamoussoukro. Par définition, un budget programme est un budget basé sur des résultats précis
à atteindre au bout d’une période.
En Côte d’Ivoire, le budget programme s’étale sur trois ans plutôt qu’une année, avec
des indicateurs de performance, un contrôle plus affirmé de la Cours Des Comptes et du
Parlement, ainsi que des discussions plus approfondies avec le Parlement sur les hypothèses
d’élaboration du budget.
Les membres du gouvernement ont la qualité d’ordonnateurs principaux
(déconcentration de l’ordonnancement) avec des programmes à exécuter (budgétisation par
programme) dans une logique de gestion axée sur les résultats et la performance.
Les perspectives économiques sur la période 2021-2023 établissent un taux de
croissance moyen de 6,5 pourcent, un taux d’inflation moyen contenu à 1,8 pourcent et un
déficit des transactions courantes qui passerait de 2,3 pourcent en 2021 à 2,9 pourcent du PIB
en 2023. Le Budget s’établirait à 8.629,1 milliards CFA en 2021, à 9.129,8 milliards en 2022
et 9.916,3 milliards en 2023.
La politique budgétaire sur la période 2021-2023 est principalement axée sur
l’accroissement de l’efficacité du recouvrement des recettes intérieures, sur la poursuite de la
maitrise des charges de fonctionnement et la consolidation de la soutenabilité de l’endettement
public.
L’accumulation de la dette extérieure ivoirienne s’explique par les nouveaux emprunts
extérieurs contractés et les différentes restructurations de la période 1980 à 2010 (Tableau 1).

Tableau 1: Restructurations de la dette publique ivoirienne (1)

Dates Types de Montant de la dette Allègement de la dette


créanciers (en millions de dollars US) dans le cadre du PPTE
Mai 1984 Club de Paris 224 Non
Juin 1985 Club de Paris 215 Non
Juin 1986 Club de Paris 380 Non
Décembre 1987 Club de Paris 600 Non
Décembre 1989 Club de Paris 881 Non
Novembre 1991 Club de Paris 724 Non
Mars 1994 Club de Paris 1849 Non
Mars 1998 Commercial (2) 6462 Non
Avril 1998 Club de Paris 1402 Oui
Avril 2002 Club de Paris 1822 Oui
Mai 2009 Club de Paris 4690 Oui
Avril 2010 Commercial (2) 2940 Non
Source: Das U.S., G.M. Papaionnou et C. Trebesch; (2012), "Sovereign Debt Restructurings 1950-2010:
Literature Survey, Data, and Stylized Facts", International Monetary Fund, IMF Working Paper wp/12/203, p101.

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(1) concerne seulement les restructurations finalisées de la dette publique à moyen et long terme; la dette à court
terme n’est prise en compte que si l’extension de la maturité excède un an. (2) Ne concerne que les créanciers
privés étrangers.

Au point d’achèvement de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (IPPTE),
le 26 Juillet 2012, 4.090 milliards de francs CFA ont été annulés sur un stock de dette extérieure
de 6.373,9 milliards de francs CFA soit un taux d’annulation de 64,2 pour cent. Cette réduction
du fardeau de la dette extérieure correspond à une baisse du service de la dette extérieure de 53
pour cent (de 500 milliards de francs CFA environ avant 2012 à 230 milliards de francs après
cette date), et à une amélioration des ratios d’endettement (le rapport du stock de la dette
extérieure sur PIB passe de 51 pour cent à 18 pour cent, pour une norme de viabilité de 40 pour
cent; le rapport du stock de la dette sur les exportations diminue de 160 pour cent à 37 pour
cent, pour une norme de 150 pour cent; le ratio stock de la dette sur recettes budgétaires passe
de 327 pour cent à 97 pourcent pour une norme de 250 pourcent). La mise en place d’une
politique nationale d’endettement soutenable nécessite, en plus de la surveillance des ratios de
la dette publique extérieure, un changement du comportement fiscal du gouvernement ivoirien.
Il s’agira par exemple de l’élargissement de l’assiette fiscale, de l’augmentation de l’effort de
collecte de l’impôt et de la maîtrise des dépenses publiques, en vue de réduire ou d’éliminer le
déficit d’épargne publique, et de diminuer ainsi la dépendance des finances publiques aux
ressources extérieures.

SECTION 2 : MODE DE FONCTIONNEMENT DES DIFFÉRENTS BSIE

Le BSIE-TRÉSOR fonctionne comme une banque ou une caisse où sont déposés les
fonds de l’Etat et de ses démembrements, et comme un instrument de crédit à court terme chargé
d’équilibrer à tout moment les rentrées et les sorties de fonds.
Au début de chaque campagne agricole l’État fixe les prix bord champ que reçoit
l’agriculteur, et les prix les prix FOB du produit comprenant les frais de transport et une marge
que reçoit l’acheteur du produit et l’exportateur. La différence entre les prix du produit fixés
sur les marchés mondiaux et les prix FOB déterminent le surplus monétaire ou le déficit
financier enregistré au niveau de la CSSPPA, qui à son tour le fait répercuter sur le budget de
l’État.
De 1960 à 1998, la CAA a géré l’ensemble de l’endettement public. Au cours de cette
période, elle a fonctionné comme une banque de développement en gérant les dépôts des
collectivités, des organismes publics ou parapublics d’une part, et en collectant des fonds à
court terme et en les engageant sous forme de crédits à moyens et de crédits à long terme d’autre
part. Depuis Octobre 1998, la CAA a été érigée en une banque, appelée BNI, soumise aux
contrôles et exigences de la banque centrale et de la commission bancaire [Rapport d’Activité
de la Banque Nationale d’Investissement, 1999].

CHAP II : LE MODÈLE DES DEUX DÉFICITS ET LE FINANCEMENT DE L’ÉCONOMIE

Les méthodes de planification servent à projeter l’économie, en fonction de la stratégie


de développement choisie. Les limites au rythme de croissance sont fixées au niveau
macroéconomique par la capacité d’absorption du capital et la disponibilité de ce capital.
La répartition de la croissance entre les différents secteurs est déterminée par :
- Le niveau de dépendance réciproque que les divers secteurs entretiennent entre eux ;
- Le niveau de dépendance des secteurs avec l’extérieur.

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SECTION 1: CHOIX D’UN TAUX DE CROISSANCE ET LA CAPACITÉ D’ABSORPTION

La croissance d’une économie monétaire est fondamentalement liée à la réalisation d’un


certain volume d’investissement c’est-à-dire à l’accumulation du capital. Harrod suppose
K
constant le coefficient de capital, , où K est le niveau de capital de l’économie et Y est le
Y
PIB. Par conséquent le taux de croissance économique g est exactement égal au taux
Y K
d’accumulation du capital c’est-à-dire g   . Dès lors, au niveau macroéconomique,
Y K
le choix d’un taux de croissance se ramène à celui d’un taux d’accumulation du capital qui est
réalisé à partir de l’épargne intérieure et de l’épargne extérieure.
La notion de capacité d’absorption repose sur la détermination d’un volume
d’investissement maximum qu’il est raisonnable de financer dans un pays donné, de façon à
respecter certains critères d’efficacité.
En prenant en compte la rentabilité de l’investissement et la capacité de remboursement
de la dette résultant de l’appel au financement extérieur, la capacité d’absorption est définie
comme le montant maximum d’investissement réalisable avec un rendement marginal égal ou
supérieur à un niveau donné (par exemple le taux d’intérêt).
On peut encore définir la capacité d’absorption comme la quantité maximum de capital
qui peut être combinée avec la main d’œuvre disponible, compte tenu de la fonction
macroéconomique de production. Une telle définition présente l’avantage de permettre la
détermination du taux de croissance sur la base de paramètres de structure relativement précis
tels que :
-le coefficient de l’élasticité de la production par rapport à l’emploi qui peut être obtenu à partir
des statistiques de l’emploi et de la production ;
-le coefficient marginal de capital ;
-le taux d’accroissement de l’emploi qui peut être calculé en fonction du taux d’accroissement
naturel de la population active ;
-la qualification de la main d’œuvre. La main d’œuvre pouvant être sectionnée en plusieurs
sous-catégories.
Toutefois l’apport de ressources extérieures oblige à tenir compte des limites dans
lesquelles on doit contenir les déficits d’épargne et de ressources en devises.

SECTION 2 : LE MODÈLE DES DEUX DÉFICITS

La capacité d’absorption ne garantit pas la réalisation de l’équilibre entre


l’investissement programmé et les ressources en épargne disponible pour le réaliser.
Le modèle des deux déficits est une théorie de goulots d’étranglement selon laquelle
l’insuffisance de capital est la contrainte majeure qui pèse sur la croissance. Selon ce modèle,
l’aide extérieure augmente l’investissement du pays récipiendaire en résorbant le déficit en
devises ou le déficit d’épargne, accélérant ainsi la croissance. Le déficit d’épargne est l’écart
entre l’investissement nécessaire pour réaliser l’objectif de taux de croissance du gouvernement
et l’épargne intérieure (I-S).
Quant à la contrainte de devises étrangères ou déficit en devises, elle opère lorsque les
recettes d’exportation sont insuffisantes pour payer les importations requises comme
compléments au capital accumulé au plan national dans la production. Plus précisément, les
devises étrangères disponibles sont insuffisantes pour financer les besoins d’importation de
produits finis, de biens d’équipement et de produits intermédiaires nécessaires pour réaliser un
taux de croissance donné.

5
Un troisième déficit doit être considéré par le planificateur : c’est le déficit du secteur
public qui est la différence entre les dépenses publiques (G) et les recettes budgétaires de l’Etat
(T), c’est-à-dire (G-T).
Le recours à l’épargne extérieure doit permettre de combler ces trois déficits. L’équilibre
macroéconomique ressources-emplois s’exprime algébriquement comme suit :

Y+M=C+G+X (1)

Où Y représente la production intérieure brute ou PIB ;


M représente les importations ;
C représente la consommation ;
G représente les dépenses publiques ;
X représente les exportations.

En retranchant les taxes T de chaque côté de l’égalité (1) on obtient

Y  T  C  I  G  T    X  M  or Y  T  C  S
 C  S  C  I  G  T    X  M 

 (S  I )  G  T    X  M  2
L’équation (2) établit une relation entre la capacité de financement des ménages ou
l’acquisition nette d’actifs financiers par le secteur privé (S-I), le déficit budgétaire du secteur
public (G-T) et la balance commerciale (X-M). Dans l’analyse néo-keynésienne de Cambridge,
l’acquisition nette d’actifs financiers par les ménages est une fonction stable du revenu
disponible. Dans ces conditions, toute baisse du déficit budgétaire entraîne une amélioration de
la balance commerciale c’est-à-dire une hausse de l’excédent commercial ou une baisse du
déficit de la balance commerciale. Par exemple, toute baisse des dépenses publiques ou hausse
des taxes entraîne une diminution du déficit budgétaire ou une augmentation du surplus
budgétaire ; cette baisse des dépenses entraîne aussi un excès d’offre sur le marché des biens et
services qui conduit à son tour à une baisse des prix ou du taux d’inflation, une amélioration de
la compétitivité nationale. Par conséquent, les exportations augmentent tandis que les
importations baissent aboutissant ainsi à une amélioration de la balance commerciale ou une
détérioration (déficit) du compte de capital due à une baisse des taux d’intérêt qui freinent les
investissements étrangers.

X 
 améliorati on
G  excès d ' offre , P  améliorati on de la compétitiv ité    X  M   de la balance
M 
 commercial e

De même une augmentation du déficit budgétaire entraîne une dégradation du solde de


la balance commerciale c’est-à-dire une baisse de l’excédent commercial ou une augmentation
du déficit de la balance commerciale.
X 
 détériorat ion
G  excès de demande, P  détériorat ion de la compétitiv ité    X  M   de la balance
M 
 commerciale

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SECTION 3 : RELATION ENTRE LE SOLDE DE LA BALANCE COMMERCIALE ET
LE SOLDE DE LA BALANCE DES PAIEMENTS

A l’équilibre la balance des paiements (BP) se présente comme suit :

Credit . Debit . Avec X = exportations de biens


et services ;

X M M = importations de biens
et services ;
MK = importations de capital
MK EK EK = exportations de capital

A l’équilibre on a X + MK = M + EK ou X – M = EK – MK ou (X – M) – (EK – MK) = 0.

Autrement dit si (X-M) > (EK - MK) on aura


Surplus de la balance des paiements = SBP = (X – M) – (EK – EM). Il y a excès d’offre de
devises. Pour maintenir le taux de change inchangé, la banque centrale doit acheter des devises
contre la monnaie nationale, et l’offre de monnaie nationale augmente. Sinon il y aura une
appréciation de la monnaie nationale.

X–M . EK – MK .

SBP

Par contre si (X-M) < (EK - MK) on aura


Déficit de la balance des paiements = DBP = (EK – EM) – (X – M). Il y a excès de demande
de devises. La banque centrale doit vendre des devises contre la monnaie nationale pour
maintenir le taux de change fixe, et la quantité de monnaie nationale en circulation baisse. Sinon
il y aura une dépréciation de la monnaie nationale.

X–M . EK – MK .

DBP .

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Dans un régime de change fixe la banque centrale doit ajuster la quantité de monnaie en
circulation pour réaliser l’équilibre du marché monétaire. Par contre dans un régime de change
flottant, c’est le taux de change qui s’ajuste.

CHAPITRE III : LA PRÉVISION : LE MODÈLE PLAN-BUDGET

SECTION 1 : DÉFINITION DE LA PLANIFICATION

La planification est la prévision et la programmation d’une série d’actions tendant à


atteindre des objectifs avec la plus grande cohérence et efficacité possible. La planification du
développement est la mise en œuvre par le gouvernement de mesures qui ont pour but de
permettre au développement économique de se dérouler mieux qu’il ne l’aurait fait sans elles.
Deux types de planification ont existé ;
-la planification impérative dans les pays à économie dirigée ;
-la planification indicative dans les pays capitalistes.
En Côte d’Ivoire on peut situer l’origine de la planification aux «Perspectives
Décennales 1960-70 », et plus précisément au premier plan quadriennal 1967-70. Les plans
quinquennaux 1971-75, 1976-80, 1981-85 ont ensuite permis d’exprimer les objectifs du
gouvernement.
La période post-électorale a connu un regain d’intérêt pour la planification du
développement avec les Plans Nationaux de Développement (PND) 2012-15 et 2016-20 qui
avaient pour objectif de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent. Le PND 2021-25 est en
cours de finalisation.

SECTION 2 : L’ÉQUILIBRE MACROÉCONOMIQUE

Au fur et à mesure que le système d’information sur l’économie se développe, il est


possible de formaliser les relations entre les éléments de la structure économique. Ainsi un
modèle global de l’économie peut être construit, permettant de projeter à partir d’un certain
nombre de variables considérées comme exogènes, d’autres variables endogènes liées aux
précédentes.
Le planificateur considère certaines variables comme exogènes, soit parce qu’il les
contrôle effectivement, soit parce qu’il ne peut pas les endogénéiser compte tenu du manque
d’information sur leur comportement.
Le planificateur fera donc fonctionner plusieurs fois le modèle économique en le
nourrissant de variables exogènes modifiées par itérations. C’est donc un modèle de statique
comparative décrivant une série d’équilibres à court terme (plan-budget du type Plan National
de Développement ʺPND 2016-2020ʺ) ou à long terme (par exemple l’ʺÉtude Prospective Côte
d’Ivoire 2040ʺ).
L’utilisation de modèle pour la Côte d’Ivoire implique l’hypothèse implicite que
l’économie ivoirienne a atteint un niveau de développement tel que les relations intersectorielles
soient significatives. Autrement dit on suppose une certaine densité du tissu économique
ivoirien.
Un tel modèle peut utiliser le cadre de la comptabilité nationale décrivant l’économie
ivoirienne à travers une structure multisectorielle du type TES (Tableau Entrées Sorties).
L’adoption d’une telle structure en fait un modèle semi-global, qui intègre la relation d’équilibre
macroéconomique ressources-emplois, décontractée au niveau des secteurs retenus.

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Y + M = CI + CM + CA + I + X (3)

Où CI représente les consommations intermédiaires ;


CM la consommation des ménages ;
CA représente la consommation des administrations et des institutions financières.

SECTION 3 : LE TABLEAU INPUT-OUTPUT

Au niveau de chaque secteur, la production est réalisée à partir des consommations


intermédiaires fournies par les autres secteurs de l’économie nationale (CInat) en
complémentarité avec des consommations intermédiaires importées (CIimp), avec CI = CInat
+ CIimp. Le modèle comprend donc deux tableaux d’input-output ou tableaux d’échange
interindustriel du type Leontieff : l’un concernant les inputs internes (T1) et l’autre résumant les
inputs externes (T2). On suppose que l’économie nationale comprend n secteurs d’activités
internes, définis par n produits fournis par la production locale, et m produits importés, de telle
sorte que le tableau des entrées intermédiaires sur production locale, T1, est de dimension n x
n, alors que le tableau des entrées intermédiaires sur importations, T2, est de format m x n.
Notons CI ij la consommation intermédiaire du secteur j en produit du secteur i ;
On a alors CI 12 la consommation intermédiaire du secteur 2 en produit du secteur 1. Donc pour
CI
produire une unité du bien 2, il faut a12  12 unités du bien 1 comme consommation
y2
CI
intermédiaire, et a 22  22 unités du bien de son propre secteur comme bien intermédiaire.
y2
Ce qui précède implique que CI12  a12 y 2 et CI 22  a22 y 2 .
Plus généralement, la consommation intermédiaire totale en bien 1, CI 1 , est la somme des
consommations intermédiaires en bien 1 de chaque secteur de l’économie. C’est-à-dire que
CI1  CI11  CI12  CI13  .........  CI1i  .....  CI1n
 CInat1  CInat11  CInat12  CInat13  .........  CInat1i  .....  CInat1n
 CInat1  a11 y1  a12 y2  a13 y3  .........  a1i yi  .....  a1n yn résultat que l’on obtient en
multipliant la première ligne de la matrice T1 par le vecteur colonne des productions totales des
secteurs, Y, dans le tableau input-output ci-dessous.
De même on a
CI1  CI11  CI12  CI13  .........  CI1i  .....  CI1n
 CIimp1  CIimp11  CIimp12  CIimp13  .........  CIimp1i  .....  CIimp1n
 CIimp1  c11 y1  c12 y 2  c13 y3  .........  c1i yi  .....  c1n yn résultat de la multiplication
de la première ligne de T2 par le vecteur colonne Y.

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Le tableau d’input-output (I) se présente alors de la façon suivante :

SECTEURS
T
1 2 3… ….. j………… n Y
1 a11 a12 a13 …… a1j ….. a1n y1
2 a21 a22 a23 …… a2j ….. a2n y2
3 a31 a32 a33 ….. a3j ….. a3n y3
. .
. T1 .
. .
i ai1 ai2 ai3 …… aij ….. ain yi
.
.
.
n an1 an2 an3 …… anj …… ann yn
(I)
1 c11 c12 c13 ……. c1j …… c1n y1
2 c21 c22 c23 ……. c2j …… c2n y2
3 c31 c32 c33 ……. c3j …… c3n y3
.
.
. yi
. T2
.
.
m cm1 cm2 cm3 ……. cmj …… cmn yn

De façon succincte on a :

CInat1
CInat2
….
T1 …..
CInatn
Y = CIimp1
CIimp2
(n,n)
CIimp3
…..
T2 …..
CIimpm
(m,n) (n,1) (m+n,1)

avec T1Y = CInat et T2Y = CIimp

De plus, on peut distinguer les données exogènes sur la production, les données
exogènes sur la demande de biens et services, et les données exogènes sur les prix.

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SECTION 4 : LA PROJECTION DE LA PRODUCTION

La définition des données exogènes sur la production repose sur la division du système
productif ivoirien en deux grands secteurs :
-un secteur où la production dépend de l’offre : agriculture vivrière (riz, mais, sucre, …),
agriculture d’exportation (café, cacao, hévéas,…). Dans ce secteur, l’offre Y1 est exogène et la
constitution éventuelle de stocks sert à l’ajuster à la demande, elle-même exogène ;
-un secteur où la production Y2 (endogène) s’adapte à la demande et où par conséquent elle est
déterminée par le principe du modèle de Léontieff. Cela revient à supposer une situation de
sous-emplois des capacités de production.
L’équilibre macroéconomique ressources-emplois peut s’écrire :

Y1 + Y2 + M = CI + CM + CA + I + X (4)

Où Y1 est la production du secteur exogène et Y2 est la production du secteur endogène.


Cette distinction conduit à fractionner le système productif (T1) et résulte en quatre sous-
matrices de coefficients techniques : T11, T12, T13 et T14.

SECTEURS
T
1 2 … ….. p p+1 p+2 n Y
1 a11 a12 …… a1p a1,p+1 a1,p+2 …… a1n
2 a21 a22 ….. a2p a2,p+1 a2,p+2 ….. a2n
3 a31 a32 ….. a3p a3,p+1 a3,p+2 …. a3,n
. Y1
. T11 T12
.
p ap1 ap2 ….. app ap,p+1 ap,p+2 …… ap,n
p+1 ap+1,1 ap+1,2 ….. ap+1,p ap+1,p+1 ap+1,p+,2 ….. ap+1,n (II)
p+2 ap+2,1 ap+2,2 ….. ap+2,p ap+2,p+1 ap+2,p+2 ……..ap+2,n
.
. T13 T14 Y2
.
.
.
n an1 an2 …..….. anp an,p+1 an,p+2 …… an,n

Où p est le nombre de produits exogènes et (n-p) est le nombre de biens endogènes.


Chacun des emplois peut être ensuite décomposé en trois éléments. On distingue alors :
Pour la consommation des ménages :
-CM1 consommation des ménages en produits exogènes ;
-CM2 consommation des ménages en produits endogènes ;
-CM3 consommation des ménages en produits importés ;

Pour les administrations :


-CA1 consommation des administrations en produits exogènes ;
-CA2 consommation des administrations en produits endogènes ;
-CA3 consommation des administrations en produits importés ;

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Pour les investissements ;
-I1 investissements en produits exogènes ;
-I2 investissements en produits endogènes ;
-I3 investissements en produits importés ;

Pour les exportations :


-X1 exportations de produits exogènes ;
-X2 exportations de produits endogènes ;
-X3 exportations de produits importés.

L’équilibre des secteurs de productions endogènes s’écrit alors:

Y2 = CI2 + CM2 + CA2 + I2 + X2 (5)

Avec CI2 déterminé par les relations techniques de production (II)

CI2 = T13Y1 + T14Y2 (6)

CM2, la consommation des ménages en produits endogènes est déterminé par une fonction de
consommation croissante du revenu R, CM2 = c(R) =c(FY + Y0). En tenant compte de la
répartition entre production exogène et production endogène, on a

CM2 = c(F13Y1 + F14Y2 + Y0) (7)

et l’équation (5) devient

Y2 = T13Y1 + T14Y2 + c(F13Y1 + F14Y2 + Y0) + CA2 + I2 + X2 (8)

 Y2(I-T14-cF14) = T13Y1 + c(F13Y1 + Y0) + CA2 + I2 + X2

 Y2 = [T13Y1 + c(F13Y1 + Y0) + CA2 + I2 + X2] (I-T14-cF14)-1 (9)

SECTION 5 : LA PROJECTION DES PRIX

La plupart des prix intérieurs sont considérés comme exogènes. C’est le cas des produits
stratégiques produits localement comme le café, le cacao, régime de palme, coton et coton
graine, cajou, sucre, …., dont les prix sont fixés par l’Etat.
Les prix à l’exportation de certains produits sont déterminés par des modèles spécifiques
de prévision sur les marchés d’exportation. Faute d’informations plus précises, d’autres
produits ont leurs prix déterminés de façon tendancielle.
Les prix des produits importés sont déterminés en fonction des facteurs qui influent sur
leur formation.

SECTION 6 : QUELQUES PRINCIPES DE POLITIQUES ÉCONOMIQUES

Au regard des objectifs fixés, l’efficacité des instruments de politiques économiques


exige le respect de quelques principes simples dont :

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-Le principe de Tinbergen : pour atteindre un nombre donné d’objectifs, il faut au
moins un nombre égal d’instruments.
-Le principe de classification effective des marchés de Mundell stipule que les
politiques économiques doivent aller de pair avec les objectifs sur lesquels elles ont la plus forte
influence relative. Par exemple la politique fiscale peut être utilisée pour atteindre l’équilibre
interne tandis que la politique monétaire réaliserait l’équilibre externe (balance des paiements)
dans un régime de change flexible. Dans un régime de change fixe la politique monétaire est
inefficace tandis que la politique budgétaire est puissante. Par contre dans un régime de change
flexible la politique monétaire est efficace tandis que la politique budgétaire est inefficace.
-Le principe du ciblage stipule que la façon la plus efficiente d’atteindre un objectif
donné consiste à recourir à une mesure qui influe directement sur l’activité en cause. Des
mesures qui atteignent l’objectif mais en affectant d’autres activités sont de deuxième choix,
pace qu’elles introduisent des distorsions dans celles-ci.

CHAPITRE IV : LE MODÈLE D’ÉQUILIBRE GÉNÉRAL CALCULABLE (EGC)

Le modèle plan-budget décrit ci-dessus est statique et à faible degré d’endogénéité. Il


exige l’évaluation empirique de nombreuses données.
Le modèle d’EGC, d’inspiration Walrassienne décrit l’économie sous la forme d’un
ensemble d’équations d’offre et de demande sectorielles. Sa résolution fournit un ensemble de
prix et de quantités réputées représentées la situation d’équilibre général sur tous les marchés
et correspondants à l’optimum
Le processus d’optimisation repose sur les initiatives individuelles des agents
économiques face à l’évolution des conditions de marché plutôt que sur les décisions de
planificateurs centraux, et le système obtenu est censé maximiser la position de tous les agents
économiques. De plus tous les prix sont endogènes.
Cependant il n’existe aucune garantie que le système de prix obtenu par itération
informatique soit le système de prix effectivement constaté.
Le modèle EGC remet en cause la distinction entre biens internes et biens externes du
modèle plan-budget. Il considère que la demande peut être satisfaite avec des biens ʺnon
commercialisablesʺ, c’est-à-dire qui ne peuvent être importés ou exportés (services de transport
intérieur par exemple) pour lesquels les conditions de marché internes fixent les prix et quantités
d’équilibre ; ou avec des biens importés ou exportés imparfaitement substituables.
La demande interne d’un bien a trois composantes : l’investissement, la consommation
et les biens intermédiaires. L’investissement est déterminé en appliquant un taux d’épargne
différencié aux différents revenus (État, ménages, entreprises). La répartition de
l’investissement entre les secteurs s’opère par des variables exprimant la profitabilité relative
des secteurs.
La consommation définie par produit est une fonction du revenu, et des coefficients
budgétaires de chaque produit dans le budget total de chaque catégorie de revenu.
La demande de biens intermédiaires dépend des coefficients techniques de production.
Le modèle détermine pour chaque produit une fonction d’offre et une fonction de demande.
L’ensemble de ces équations sur biens et services permet d’écrire une équation exprimant
l’égalité de la balance des paiements en tenant compte du flux exogène des capitaux extérieurs.
Cette dernière équation permet la détermination du taux de change comme une variable
d’ajustement de la balance des paiements.

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