Vous êtes sur la page 1sur 8

CRISE SANITAIRE CORONAVIRUS À MADAGASCAR :

CHANGEMENT DE PARADIGME POUR LE DÉVELOPPEMENT ?


Par Serge ZAFIMAHOVA (Version intégrale)

La pandémie sanitaire Covid 19 entraîne une grave crise sociale et économique. Le confinement contribue à
favoriser le blocage de l’économie réelle, le tout sur fond d’augmentation de l’insécurité publique. A son
niveau, l’État doit gérer simultanément en parallèle la crise sanitaire, la crise sociale et la crise économique.
Or, on observe aujourd’hui un pilotage empirique par tâtonnement et à vue car aucun des acteurs clés ne
connait ni la modélisation économique, financière et technique à la base du projet, ni les séquences à
réaliser, ni les méthodes à adopter, ni les étapes à respecter, et encore moins les objectifs, les cibles à
atteindre et le profil des ressources humaines nécessaires. Le soutien de l’État au secteur privé par des
mesures concrètes est bien timoré. Dans une redistribution des cartes économiques à l’échelle mondiale, la
pandémie Coronavirus peut-être soit une occasion de croissance et de développement pour un pays qui n’a
rien à perdre comme Madagascar, soit la descente aux enfers par aventurisme des décideurs de l’État ? Le
défi pour Madagascar est de transformer les handicaps en opportunités.
LE CONTEXTE INTERNATIONAL DANS LE CADRE DU COVID 19
Depuis que la pandémie Coronavirus a sévi, l’économie mondiale est en fort ralentissement et la
concurrence économique entre les pays s’intensifient sur fond de perte massive d’emploi et de crise sociale.
La relance économique au niveau des pays industriels et émergents a pour tendance de favoriser le retour à
la préférence nationale et même au protectionnisme économique et technologique. Les mots tabous comme
les subventions aux entreprises, la relocalisation des investissements et l’utilisation abusive de barrière
fiscale pour contrer les investissements étrangers sont désormais la réalité des défenseurs du libre marché,
cas des États-Unis, de l’Europe, etc. Le FMI, le gardien de l’orthodoxie financière et monétaire, est impuissant
devant les puissances économiques, d’aujourd’hui, qui dérogent aux règles de rigueur des finances publiques
et qui défendent le retour au patriotisme économique au détriment du jeu du marché et de la concurrence.
Les pays concepteurs du libéralisme économique qui ont été les chantres de la globalisation des économies,
les pays du G71 dont les États-Unis en tête, profitent de la relance économique post-Covid 19, aujourd’hui,
pour ne pas respecter les règles de la libre circulation des capitaux internationaux et les compétitions liées
aux technologies de pointe sur leurs territoires. Avant le Covid 19, qui des pays industriels et émergents, par
exemple du G202, n’ont pas subventionné leurs entreprises directement ou indirectement à travers des
montages financiers et fiscaux de plus en plus sophistiqués et complexes ? En ricochet, la stratégie de
relocalisation de la production par les pays industriels et la montée du protectionnisme sur les biens
manufacturiers au sein des pays industriels développés et émergents pourraient aggraver le déficit de la
balance commerciale des pays en développement. Cela oblige à être sur le haut de gamme des produits.
La bataille économique déclenchée par les États-Unis à l’encontre de la Chine est le symbole fort que la
compétition économique internationale se fera sur le retour des chaînes de production et des emplois, aux
territoires d’origine, particulièrement pour le secteur des hautes technologies duales. La bataille se fera
entre, d’une part, une plus large production des biens sur le territoire national, pour favoriser les emplois et
pour empêcher les « fuites de technologie » qui est la ligne des tenants des pouvoirs politiques des États
industriels et, d’autre part, une logique compétitive de facteurs de coûts de la chaîne de production qui est
défendue par les décideurs des multinationales. L’interpénétration de l’économie mondiale rend difficile
une guerre économique totale. Depuis la pandémie, les États des grandes puissances ont repris la main à
travers des subventions directes ou indirectes sur les industries mais pas pour bien longtemps, l’expérience
de la crise financière 2007/2008 est là pour rappeler, dans les négociations, la puissance des lobbys
industriels transnationaux et la realpolitik des coûts de production compétitifs des chaînes de production.
COVID 19 : LES FINANCEMENTS DES BAILLEURS DE FONDS EN FAVEUR DE MADAGASCAR
Relayant la société politique et la société civile dans son exigence de transparence des opérations liées aux
aides internationales concernant la lutte contre le Covid 19, le FMI à assurer qu’« Afin de garantir que les

1Groupe des 7 : les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, la France, l'Allemagne, l'Italie et le Japon
2 Groupe des 20 : l'Afrique du Sud, l'Allemagne, l'Arabie Saoudite, l'Argentine, l'Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, la Corée du Sud, les États-
Unis, la France, l'Inde, l'Indonésie, l'Italie, le Japon, le Mexique, le Royaume-Uni, la Russie et la Turquie
SZ 1
financements fournis sont utilisés de manière efficace pour faire face à la crise, les autorités se sont engagées
à renforcer la transparence, notamment avec la publication des marchés publics liés à la réponse à la
pandémie et avec des audits post-crise »3. C’est ainsi qu’à 72 h d’intervalles, le Ministère de l’Économie et
des Finances (MEF) a publié le Rapport provisoire du 08 Juin 2020 et le Rapport provisoire du 28 Juillet 2020.
Le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF), sous la pression du FMI, a publié les deux Rapports
provisoires dont le Rapport4 du 28 Juillet 2020 qui stipule que l’aide internationale cumulée des Partenaires
Techniques et Financiers (PTF) est de « 671,73 millions $Us », sous forme de dons et de prêts (Aides à la
balance des paiements, aides budgétaires, aides d’urgences, etc.). Subséquemment, l’obtention5 de la
Facilité de Crédit Rapide (FCR) de 171,9 millions $Us du FMI le 30 Juillet 2020 modifie les données.
Le montant total de l’aide internationale cumulée et réactualisée incluant le FCR du FMI au 30 Juillet 2020
est de 677,63 millions $Us sous réserve que tous les financements des PTF ont été comptabilisés (?), ce qui
donne la ventilation corrigée et ajustée suivante selon le modèle de Rapport du 28 Juillet 2020 :
- Accords de crédit « négociés, approuvés et signés » : 450,43 millions $Us dont les décaissements
effectifs représentent 79,55% du montant indiqué,
- Accords de crédit « en cours de négociation » : 97,89 millions $Us,
- Accords de crédit « en phase de conception et de préparation » : 129,31 millions $Us dont 100
millions $Us auprès de la Banque Mondiale pour le secteur transport et énergie, « le processus de
bouclage du financement risque d’aller au-delà de 2020 » lit-on dans le Rapport (sic).
La note du MEF, dans son Rapport provisoire du 08 Juin 2020, précisant que « certains autres financements
sont directement sectoriels »6 n’est pas repris dans le Rapport provisoire du 28 Juillet 2020. En d’autres
termes, la note de Juin 2020 dit que n’est pas consolidée dans le Rapport les financements attribués
directement aux départements sectoriels par les PTF. Qu’en est-il pour le Rapport du 28 Juillet 2020 ? Une
clarification est nécessaire car on s’y perd dans le mode de présentation des chiffres. Il faut bien distinguer
les signatures de tout accord de crédit avec les PTF et les décaissements réels. En effet, l’expérience a montré
que les décaissements effectifs des lignes de crédit signés tournent autour d’une moyenne de 65%.
En comparant le Rapport provisoire du 08 Juin 2020 (publié en début de cette semaine) et le Rapport du 28
Juillet 2020, on s’aperçoit que le dernier Rapport ne reprend pas certaines rubriques pour un même PTF :
DANS LE RAPPORT PROVISOIRE DU 08 JUIN 2020
MAIS NON REPORTÉ DANS LE RAPPORT PROVISOIRE DU 28 JUILLET 2020
PARTENAIRES OBJET DU MONTANT DÉCAISSEMENTS AFFECTATIONS
FINANCIERS ET FINANCEMENT (en millions $Us) EFFECTIFS DU FONDS
TECHNIQUES (en millions $Us)
Banque Opération d’appui budgé- 87,00 86,39 Financement du budget
Mondiale taire dans la politique de général
développement du capital
humain
BAD Projet d’appui à la 1,15 Micros, Petites et Moyennes
promotion des investisse- Entreprises (MPME) et les
ments (PAPI) ménages
AFD Appui des politiques de 11,39 3,42 - 3 millions Eur : BNGRC
développement pour la - Solde : 7 millions Eur
gestion des catastrophes catastrophes naturelles
AFD Prêt de politique publique 28,47
TOTAL 128,01 89,81
ROUGE : en phase de conception/préparation BLEU : En cours de négociation VERT : Négocié/approuvé/signé
(Reproduction du code couleur du Rapport provisoire du 28 Juillet 2020)

3 Cf. FMI du 30 Juillet 2020 : https://www.imf.org/fr/News/Articles/2020/07/30/pr20275-madagascar-imf-execboard-approves-us-171-9m-


disburse-under-rcf-address-covid19
4 Cf. Rapport provisoire sur les financements négociés et à négocier en réponse à la pandémie Coronavirus 19 - Mise à jour du 28 Juillet 2020 -

Ministère de l’Economie et des Finances, 10 pages.


5 Cf. Le Conseil d'administration du FMI approuve un décaissement supplémentaire de 171,9 millions de dollars en faveur de Madagascar pour

faire face à la pandémie de Covid-19 – 30 Juillet 2020 – FMI : https://www.imf.org/fr/News/Articles/2020/07/30/pr20275-madagascar-imf-


execboard-approves-us-171-9m-disburse-under-rcf-address-covid19
6 Cf. Rapport provisoire sur les financements relatifs à la lutte contre la pandémie Coronavirus 19 - 08 juin 2020 – Ministère de l’Economie et des

Finances, 10 pages. Lire aussi l’étude de l’Instat « Impact du Covid 19 », Juin 2020
SZ 2
Ainsi, la différence entre les deux Rapports est significative, le montant consolidé du Rapport provisoire du
08 Juin 2020 non reporté dans le Rapport provisoire du 28 Juillet 2020 est de 128,01 millions $Us et les
décaissements effectifs non reportés est de 89,81 millions $Us. Il est à noter que la Loi de Finances
Rectificatives 2020 a projeté l’équivalent d’environ 430 millions $Us (1$Us = 3707,7 ariary) comme concours
des partenaires financiers extérieurs. Le montant consolidé et corrigé des projections de financements est
au total de 805,64 millions $Us à la date du 30 Juillet 2020 dont la répartition est la suivante :
- Accords de crédit « négociés, approuvés et signés » : 548,79 millions $Us dont les décaissements
effectifs représentent 81,65% du montant indiqué,
- Accords de crédit « en cours de négociation » : 99,04 millions $Us,
- Accords de crédit « en phase de conception et de préparation » : 157,78 millions $Us.
TABLEAU RÉCAPITULATIF COMPARATIF DES RAPPORTS PROVISOIRES
DONT RÉACTUALISATION AU 31 JUILLET 2020
RUBRIQUES RAPPORT % RAPPORT % RAPPORT %
MEF DÉCAISSÉ MEF DÉCAISSÉ RÉACTUALISÉ DÉCAISSÉ
08 JUIN 2020 28 JUILLET + FCR - 30
(millions $Us) 2020 JUILLET 2020
(millions $Us) (millions $Us)
MONTANT TOTAL DES
FINANCEMENTS 598,47 671,73 805,64
crédits « négociés,
approuvés et signés » 372,12 81,28% 278,53 66,92% 548,79 81,65%

crédits « en cours de
négociation » 197,04 263,89 99,04

crédits « en phase de
conception et de 29,31 129,31 157,78
préparation »
Il est illogique que les crédits signés du 28.07.2020 soit inférieur aux crédits signés du 08.06.2020. Il faut
rajouter dans le Rapport provisoire du 28.07.2020, le montant global de 128,01 millions $Us et les
décaissements de 89,81 millions $Us non reportés du Rapport provisoire du 08.06.2020.
DES INTERROGATIONS SUR LA TRANSPARENCE ?
Par exemple, une question se pose, au début du mois de Juin 2020, la Banque Mondiale a annoncé un
montant pour Madagascar de « 271 millions de dollars, dont 236 millions de dollars pour la Banque
Mondiale et 35 millions de dollars pour IFC déclinés comme suit :
- préserver les vies humaines : 20 millions de dollars pour contribuer à financer le plan de contingence
préparé par le gouvernement,
- préserver les moyens de subsistance : 10 millions de dollars pour contribuer au financement de la
première phase du programme de protection sociale d’urgence développé par le gouvernement +
jusqu'à 1 million de dollars aux activités de gestion des déchets à Antananarivo,
- préserver la fourniture de services de base notamment dans le secteur de l’éducation : 15 millions
de dollars, don du Partenariat mondial de l’éducation dont la Banque mondiale est l’agent partenaire,
- préserver les emplois pour la relance du secteur : 35 millions de dollars en appui au secteur financier
et au secteur réel + 5 millions de dollars pour venir en aide aux entreprises et opérateurs touristiques
afin de financer partiellement les salaires sur une durée limitée dans le but d’éviter le chômage
technique et la cessation des activités (1 000 entreprises touristiques établies dans les zones du
projet Pôles intégrés de Croissance (PIC) bénéficieront de cet appui) + deux nouveaux guichets
additionnels dans le Fonds de Garantie Partielle de Portefeuille, géré par SOLIDIS, afin de mettre à
disposition des garanties partielles de portefeuille aux banques et aux institutions de microfinances
pour soutenir l’octroi de crédit aux PMEs privées et
- préserver l’économie à travers une provision d’appuis budgétaires : 50 millions de dollars pour
permettre au gouvernement d’honorer les dépenses prioritaires, de mobiliser des ressources
SZ 3
supplémentaires pour les programmes de soutien aux populations vulnérables et de maintenir une
réserve de financement ».
On note que l’intervention consolidée de la Banque Mondiale est de 207,65 millions $Us dans le Rapport
provisoire du 28 Juillet 2020. Quand on prend le montant de 271 millions $Us indiqué initialement par la
Banque Mondiale, il y a une différence dans l’intitulé de certaines rubriques et dans le montant total alloué
de 63,35 millions $Us. Quid des 36,85 millions $Us du 22 Juillet 2020 de la BAD non inscrit dans le Rapport
provisoire du 28 Juillet 2020 pour financer « trois domaines prioritaires liés notamment à la protection de
la productivité de la main-d'œuvre … la réponse en matière de santé publique … la sauvegarde des revenus
et des moyens de subsistance » ??? Cela amène à dire que les PTF, pour prendre le cas de Madagascar,
doivent clairement contribuer à la transparence détaillée et à la redevabilité des interventions. Le silence
des PTF est à l’origine des rumeurs et des doutes de l’opinion publique.
Le site du Secrétariat Technique Permanent pour la Coordination de l’Aide (STPCA) rattaché à la Primature
pour le suivi des financements extérieurs n’est plus accessible ? L’État et les PTF devraient publier une
récapitulation détaillée tous les 15 jours, suivant les délais de prolongations de l’état d’urgence sanitaire.
Hier comme aujourd’hui, « tout cela manque de transparence car on ne connait pas les engagements réels
entamés et projetés PTF par PTF avec les ventilations précises »7. La redevabilité exige de préciser si c’est un
don ou un prêt, il faut indiquer les taux d’intérêt et le délai de remboursement si c’est un prêt. Pour rappel
en période normale, la « capacité d’absorption d’aides publiques de Madagascar d’environ 500 millions
$Us/an » est bien faible, faute de capacité de planification et de programmation des actions à entreprendre.
L’IMPACT SUR LES EMPLOIS À MADAGASCAR
Du fait de la pandémie Coronavirus, la crise sanitaire frappe de plein fouet l’économie réelle et les emplois
principalement dans le secteur privé. Contrairement aux emplois du secteur privé fortement impactés par
la pandémie, baisse de salaire, chômage technique, licenciement, … et même par la fermeture d’entreprises
et d’activités économiques génératrices de revenus, les emplois du secteur public ne sont pas concernés à
ce jour. L’usage de planche à billet pour financer le secteur non productif est inflationniste.
Si le secteur formel incluant le secteur privé, l’administration publique et les forces armées est évalué à
moins d’un million de personnes, le secteur informel touchant différents secteurs d’activité est évalué à
environ 10 millions de personnes, cela donne 9,09% d’emplois pour le secteur formel. En tenant compte des
marges d’erreur, le secteur formel n’offre ainsi que 1/10ème des emplois à Madagascar. Par exemple, il est
important de rappeler que le monde rural représentant environ 80% de la population évolue essentiellement
dans le secteur informel. Autres exemples dans les zones urbaines, les acteurs de l’économie circulaire sont
dans le secteur informel. Un malgache sur trois est sans état-civil donc sans existence légale.
Quand une personne du secteur privé formel ou informel ne travaille pas, cela signifie que son revenu baisse
et en conséquence, le panier de la ménagère se vide d’autant. Différemment des crises politiques passées
(1972, 1991, 2002, 2009) où le système D pouvait fonctionner pour survivre grâce au secteur informel, la
population subit de plein fouet la crise actuelle sans trouver d’issue alternative, même dans l’informel du
fait du blocage de l’économie réelle. Conséquence de la crise sur l’emploi, des personnes hier dans la classe
moyenne se trouvent aujourd’hui parmi les personnes vulnérables. La situation de précarité alimentaire
particulièrement dans les zones urbaines impacte sur la résistance à une maladie comme le Covid 19.
Comme un vase communicant, l’impossibilité d’approvisionnement des besoins vitaux liés à la vie
quotidienne accroit l’insécurité. À Partir d’une masse critique de personnes qui se trouvent être les victimes
des effets socio-économiques de la pandémie, les risques d’embrasement spontané d’émeutes de la faim
sont réels. Aussi, l’État se doit d’être imaginatif dans le dosage nécessaire entre confinement/déconfinement
et les mesures d’accompagnement socio-économiques pour éviter une crise sanitaire plus dévastatrice.
LE COVID 19 : HANDICAPS ET OPPORTUNITÉS POUR MADAGASCAR
Madagascar est une Grande Île avec 5.603 km de côte et une Zone Économique Exclusive (ZEE) de 1.211.782
km² (Hors : Îles Éparses 640.400 km² et Tromelin 280.000 km²). Le pays a l’avantage de ne pas partager de

7Cf. Les enjeux et les perspectives de croissance et de développement après la Conférence des Bailleurs et des Investisseurs (CBI) Madagascar
en Décembre 2016 par Serge Zafimahova - Note Stratégique, 31 Mars 2017 - Club Développement et Ethique (CDE) – 18 pages
SZ 4
frontière physique avec un autre pays. Il n’y a que deux possibilités de sortir de Madagascar soit par le ciel
via les aéroports officiels ou non, soit par la mer via les ports officiels ou non. Or, il se trouve que l’État est
incapable de sécuriser ce que l’on peut considérer comme une frontière, c’est-à-dire les aéroports et les
ports qui sont de véritables passoires aux différents trafics se rapportant aux ressources naturelles (faune,
bois précieux, or, pierres précieuses, halieutiques, etc.).
Les chiffres des trafics sont étourdissants, des exemples pour illustrer :
- pierres précieuses : trafics évalués à plus de 700 millions $Us/an même par la Banque Mondiale.
- aurifère : 2017 : 2.833 kg officiellement exportés, cependant, le montant rapatrié est de 338.674.656
ariary soit l’équivalent de 10,768 kg qui représente 0,38% du total exporté.
2018 : 3051,7 kg officiellement exportés, cependant, le montant rapatrié est de 84.016.613
ariary soit l’équivalent de 1,220 kg qui représente 0,04% du total exporté.
Des sources crédibles auprès des professionnels et des responsables du secteur aurifère
situent le trafic d’or par an entre 12 à 20 tonnes. Pour illustration, les données du Conseil Mondial de
l’or (WGC) sont claires, la Grande Île a produit 14,5 tonnes d’or8 en 2018 ; Madagascar9 a été le 37ème
pays producteur d’or au niveau mondial et le 15ème au niveau de l’Afrique devant le Nigéria.
- halieutique : le trafic en haute mer des ressources halieutiques dans la ZEE officielle de Madagascar
tourne entre 500 à 700 millions $Us/an sinon plus, selon différents rapports.
L’exemple de l’or ci-dessous étaye la problématique de la traçabilité et de la sécurisation à Madagascar des
ressources aurifères et des pierres précieuses ces 25 dernières années. Pour le circuit de trafic d’or, on va
illustrer la situation avec des données de l’agence internationale Reuters. Dans le cadre d’une enquête
exclusive10, l’agence Reuters a dénoncé sans équivoque, « En 2016, les EAU11 ont signalé une valeur
beaucoup plus élevée des importations d'or de certains États africains qu'ils ne disaient y avoir exporté ».
L’analyse de l’enquête « de Reuters a révélé que des milliards de dollars d’or sont sortis clandestinement
d’Afrique chaque année via les Émirats Arabes Unis au Moyen-Orient - une porte d’accès aux marchés en
Europe, aux États-Unis et au-delà ». Les chiffres sont vertigineux, « Les données douanières montrent que
les Émirats Arabes Unis ont importé pour 15,1 milliards de dollars d’or d’Afrique en 2016, soit plus que tout
autre pays et plus que 1,3 milliard de dollars en 2006. Le poids total était de 446 tonnes, à des degrés divers
de pureté – contre 67 tonnes en 2006 ». Madagascar est concerné. L’enquête de Reuters a montré une
différence « de 121 millions de dollars américains en 2016 », en défaveur de Madagascar, entre les
déclarations d’exportation d’or à la sortie du pays et dans les déclarations d’importation d’or à l’entrée des
EAU, on parle bien de différence dans les informations en miroir quand on compare les informations des
services des douanes des deux pays, on ne parle pas de volume total de transaction sur l’or. Les
informations sont confirmées à Dubaï, « les gens de l’industrie de l’or disent que la facilité avec laquelle les
contrebandiers peuvent transporter de l’or dans leurs bagages à main sur les avions quittant l’Afrique aide
l’or à sortir inaperçu. Et une réglementation limitée aux Émirats Arabes Unis signifie que l’or extrait de façon
informelle peut être légalement importé, en liberté d’impôt ».
Sur 54 pays africains, Madagascar est classé au 49ème rang. Cette place de Madagascar, le dernier pays
africain non en état de guerre, en queue de classement, est incompréhensible au vu de son potentiel
économique et de ses ressources humaines. Aujourd’hui, le grand retard économique de la Grande Île et
l’absence d’infrastructures du pays peuvent être un avantage, si les dirigeants politiques au pouvoir ont une
vision maîtrisée des priorités, en homogénéité, avec les politiques publiques. Il faut aussi revoir le contenu
des programmes d’enseignement de la maternelle jusqu’à l’enseignement supérieur et prioriser les filières
liées au savoir et au maîtrise des ressources naturelles renouvelables et non renouvelables. Malgré les
discours officiels de valoriser les activités de recherche, à l’exemple des plantes médicinales dans la lutte

8 Source : Metals Focus ; World Gold Council 2018 - https://www.gold.org/goldhub/data/historical-mine-production


9 Source : https://www.gold.org/goldhub/data/historical-mine-production
10 Source : Gold worth billions smuggled out of Africa - Une exclusivité Reuters par DAVID LEWIS, RYAN McNEILL et ZANDI SHABALALA- 24 avril

2019 : https://www.reuters.com/investigates/special-report/gold-africa-smuggling/?fbclid=IwAR0oCV5xEe1hRc2OaGe6la0lg4AvS8uFaxfH3prrvDQN06EDAg_o2awetnE
11 Les États Arabes Unis (EAU) est une confédération composée de sept émirats dont Abou Dabi, et Dubaï

SZ 5
contre le Covid 19 (IMRA, CNARP, etc.), la R&D (Recherche & Développement) reste le parent pauvre
avec 0,97% du budget général12 de l’État, pour ne pas dire l’epsilon de la LFR 2020.
La crise sanitaire engendrée par le Covid 19 rebat les cartes économiques internationales. C’est une chance
pour un pays comme Madagascar qui n’a rien à perdre, en comparaison à des pays comme Maurice ou le
Kenya. Mais faut-il encore que les dirigeants politiques malgaches aient une vision conforme au défi de ce
temps et à la rigueur nécessaire pour relancer l’économie et les efforts de croissance et de développement.
L’impact économique du Coronavirus conduit à une tension sur l’économie comme les déséquilibres
commerciaux, la dévaluation de la monnaie creusant les parités de change, l’inflation érodant le panier de
la ménagère, l’épargne de la classe moyenne fondant rapidement, la baisse du pouvoir d’achat alors que la
crise sanitaire entraîne la surconsommation pharmaceutique et la baisse alimentaire dans les foyers, etc. La
recette fiscale et les diverses taxes ne pourraient équilibrer le déficit budgétaire chronique qui est comblé,
en moyenne ces 5 dernières années, à plus de 65% par les PTF (Bailleurs de fonds). Il est à noter que le
montant de recettes fiscales attendue pour 2020, à cause de la pandémie Covid 19, sera inférieur à celle de
2018 qui était de 4.990,84 milliards d’ariary soit environ 1.425,95 millions de dollar (1 $Us = 3.500 ariary). Le
recours à la dette extérieure peut se faire avec prudence, en sachant que le projet financé doit avoir une
rentabilité qui puisse assurer le remboursement du capital avec les intérêts. Le FMI précise que les autorités
malgaches ont demandé « à bénéficier de l’Initiative de suspension du service de la dette soutenue par le G-
20 et le Club de Paris et l’utilisation des ressources ainsi débloquées pour financer les dépenses de santé et
d’aide économique liées à la COVID-19 »13. Une suspension des services de la dette extérieure peut-elle être
prise comme une annulation ? En clair, Madagascar peut ouvrir des négociations bilatérales et multilatérales
sur les questions relatives aux dettes extérieures, cas de la Russie dans le Rapport du 28 Juillet 2020.
RÉFLEXIONS AUTOUR DE LA RELANCE ÉCONOMIQUE MALGACHE
Dans le cadre du Covid 19 et de l’après crise sanitaire, les entreprises auraient du mal à écouler leurs produits
à l’extérieur sans baisser les prix pour être compétitif, cas des secteurs manufacturiers par exemple le textile.
Les baisses requises pour rendre compétitifs les produits d’exportation manufacturières vont impacter sur
la viabilité à terme des investissements ; il y a donc des risques possibles de défauts de paiement à court
terme. En tous les cas, la balance commerciale de Madagascar sera fortement déficitaire. Il faut donc
anticiper sur les alternatives possibles pour éviter les chocs économiques et sociaux à venir. Le point de vue
du FMI va dans le même sens, « La pandémie de COVID-19 continue d’affecter gravement des secteurs clés
de l’économie malagasy, notamment le tourisme et l’industrie manufacturière orientée vers l’exportation,
affaiblissant encore davantage les perspectives macroéconomiques. La croissance devrait être négative en
2020 et les besoins urgents de balance des paiements résultant de la pandémie ont augmenté »14.
Devant l’incertitude et l’instabilité des perspectives économiques internationales, pour le cas de
Madagascar, l’approche est de favoriser la consommation intérieure. Cela amène à axer la croissance sur la
consommation interne plus que sur les investissements (IDE) et les exportations. Mais comment faire avec
une population exsangue, sans pouvoir d’achat, sans épargne ? Les investissements liés aux ressources
naturelles renouvelables (Bois, halieutique, eau, etc.) et non renouvelables (Minerais, fossile, etc.) restent
l’option la plus viable. Au niveau mondial, le retour du secteur tourisme à son rythme de croisière ne se fera
que sur 2 à 3 ans, Madagascar a des atouts (Biodiversité et espèces endémiques, aires protégés, cultures,
plages, etc.) que même les autres Îles voisines de l’Océan Indien ne possèdent pas. Cela signifie qu’on doit
développer plus d’imagination pour permettre à la population d’avoir plus de pouvoir d’achat à un moment
où l’emploi est la problématique à résoudre à l’échelle mondiale. Quant aux prix de vente des produits de
rente comme la vanille ou le girofle, ils seront plus stables sur le marché international, jusqu’à quand ? Au
niveau de l’État, on se doit d’avoir une vision de court et moyen-long termes en même temps.
La fermeture partielle ou totale des industries est un indicateur de crise économique. Si on dit que seuls 15%
de la population jouissent de l’électricité, on s’aperçoit que plus de 85% de la population qui paient leurs
impôts sont dans la tranche des 15%. Ainsi, il semble y avoir une corrélation entre l’électrification et

12 Voir le Budget du Ministèrede l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation dans la Loi des Finances Rectificatives
(LFR) 2020 est de 103 milliards ariary, à l’identique de la LFR 2019.
13 Cf. FMI du 30 Juillet 2020: https://www.imf.org/fr/News/Articles/2020/07/30/pr20275-madagascar-imf-execboard-approves-us-171-9m-

disburse-under-rcf-address-covid19
14 Idem

SZ 6
l’identification fiscale. En l’état de la couverture énergétique à Madagascar, la dématérialisation de
l’administration fiscale prête à sourire. Il est donc important d’avoir une stratégie pour baisser la cherté de
l’énergie et des offres en télécommunications. La viabilité d’une vision de croissance et de développement,
au niveau national et international, à coupler à la stabilité politique, exige des institutions capables de
résorber les chocs socio-politiques et oblige à organiser un processus inclusif de la population, pour une
meilleure appropriation de l’État de droit et de l’équité. L’élargissement de la base fiscale est à ce prix, pour
éviter le rejet de la population et du secteur informel récalcitrant à ce genre de réforme.
Ordinairement, les prêts des banques et le réinvestissement des entreprises couvrent l’essentiel des besoins
de financement des investisseurs directs étrangers (IDE), ce n’est pas le cas, généralement, des investisseurs
directs nationaux (IDN) qui financent leurs activités sur fonds propres et en flux tendu. Les taux des prêts
bancaires sont prohibitifs alors que les banques font des superprofits. Dans le cadre de la relance de
l’économie, il faudrait rendre accessible les taux créditeurs avec un volume de transaction garantie de l’État.
L’archaïsme de la réglementation des opérations en capital et le sous-développement du marché financier
limitent les possibilités d’offres d’investissement et ne sont pas incitatifs pour capter les capitaux du marché
financier local mais surtout international. Il faut rajouter que certaines dispositions de luttes contre la
corruption deviennent des blocages économiques et… même sécuritaire. Par exemple, retirer ou déposer
auprès d’une banque la modique somme ≥ 10 millions ariary soit l’équivalent même pas de 2.300 euros
passe par des procédures fastidieuses, une vraie ineptie. Cela explique pourquoi les activités économiques
et commerciales informelles gardent chez eux de grandes sommes d’argent qui est source d’insécurité.
En matière de fiscalité, entre la position du patronat (GEM, FIVMPAMA, SIM, etc.) qui demande un
effacement total ou partiel des charges fiscales et taxes selon les secteurs et, l’option de l’administration qui
est d’opter pour un moratoire limité dans le temps c’est-à-dire un différé de paiement, le débat est lancé.
La question est, va-t-on privilégier le court terme quitte à étrangler l’économie réelle ou annuler les charges
fiscales pour cette année 2020, en contrepartie du maintien de l’emploi et de la création de valeurs ajoutées
et/ou de richesses par les entreprises ? L’option est de permettre aux entreprises de souffler pour mieux
assumer leurs obligations fiscales plus tard à partir de 2021 ? Le FMI explicite que « les besoins urgents de
balance des paiements résultant de la pandémie ont augmenté, avec un besoin de financement désormais
estimé à environ 580 millions de dollars, tandis que la situation fiscale a été gravement affectée par des
pertes de recettes supplémentaires et la réorientation des ressources budgétaires pour faire face à des
dépenses critiques, y compris une assistance sociale accrue aux plus vulnérables »15. Au regard des aides
budgétaires et de la balance des paiements actuelles et potentielles, il est possible de trancher clairement
sur le sujet en faisant une négociation tripartite État / Secteur privé / PTF. Faut-il encore que la partie
malgache ait une modélisation crédible intégrant les recettes, les dépenses et les balances de paiements de
l’État pour les 5 prochaines années. Il revient ensuite aux décideurs de l’État d’assumer l’arbitrage, selon la
stratégie privilégiée. Il faut résorber le chômage en appuyant le secteur privé à se développer et à être
compétitif dans un environnement international complexe.
Pour être compétitif sur le marché international, Madagascar doit jouer sur la qualité de sa production et
avoir des personnes ressources aguerries, il est donc important d’investir dans l’éducation, la formation et
l’apprentissage dans des secteurs porteurs. Les fournisseurs nationaux doivent se professionnaliser et être
de plus en plus performant dans son secteur d’activité. L’après Covid se joue dès aujourd’hui.
DES RÉFORMES URGENTES NÉCESSAIRES POUR RELANCER L’ÉCONOMIE
Tout cela oblige à revoir la politique monétaire, le marché financier, la cohérence des politiques publiques
dont les priorisations des dépenses publiques, les mesures incitatives et dissuasives touchant à la régulation
des prix des produits locaux et des produits importés, etc. La pandémie Covid 19 doit être l’occasion de
réformer et de réactualiser les textes fondamentaux qui lient la gestion et l’exploitation de nos ressources
naturelles renouvelables et non renouvelables (Code minier, Code de l’eau, Code de la pêche et de
l’aquaculture, etc.) ainsi que les secteurs financier et monétaire (Code de change, etc.). La méthodologie16

15Idem
16Par exemple, établir un Comité de Pilotage de la Réforme … : ÉTAT : leader, le Département en objet à la tête des autres Départements
concernés ; SECTEUR PRIVÉ : 4 représentants des grandes entreprises du secteur et 4 représentants des petits exploitants si c’est le cas ; SOCIÉTÉ
CIVILE : 4 représentants dont 2 groupements nationaux et 2 groupements régionaux et SOCIÉTÉ POLITIQUE : 4 représentants dont 2 de la
mouvance du pouvoir et 2 de la mouvance de l’opposition.
SZ 7
doit se faire de manière concertée et quadripartite à travers un format précis et des représentants crédibles,
pour que les textes fondamentaux ne fassent pas l’objet de remise en cause à chaque alternance politique.
Si on ne prend que les 3 activités prisées par les trafiquants (Pierres précieuses, aurifère et halieutique), en
assainissant, Madagascar aurait les ressources nécessaires pour relancer rapidement son économie post-
Covid 19. Il faut se doter de ressources humaines compétentes et de moyens technologiques de pointe pour
sécuriser (i) les aéroports qui se trouvent être les premières zones de passage des trafiquants : aurifère,
pierres précieuses, biodiversité, … et (ii) les ports. On peut se référer à l’ISO 37001 qui est la norme
internationale minima pour prévenir, détecter et répondre aux problèmes de corruption. Par exemple, les
bateaux de plaisance arrimés aux ports de Nosy Be, de Sainte Marie et autres sites touristiques sont à
surveiller particulièrement. Il est important d’avoir des bateaux de guerre à l’échelle du pays pour protéger
la ZEE et les ressources halieutiques.
Un pays non producteur d’or comme l’Île Maurice a une réserve d’or monétaire stable depuis des années de
12,43 tonnes en 2020, est-il normal qu’un pays producteur d’or comme Madagascar ne possède pas 1
gramme de réserve d’or monétaire à sa banque centrale ? L’Afrique a un potentiel important de production
d’or mais aucun pays africain n’est classé dans les 10 grands pays17 possédant une réserve d’or monétaire.
Valeur refuge par excellence, conséquence de la pandémie et de la guerre économique Etats-Unis / Chine,
le prix de l’or fin a grimpé jusqu’à 51.000 euros pour 1kg de lingot d’or au 21 Juillet 2020. L’or monétaire est
à constituer pour défendre la parité de l’ariary avec les devises étrangères (dollar, euro, …).
Il est temps d’engager des réformes du secteur bancaire et financier. Rien qu’en combinant, en partie, les
300 agences environ de la Paositra Malagasy (PAOMA) en Banque PAOMA, il sera possible de couvrir à 100%
les 119 Districts de Madagascar et du coup augmenter le taux de bancarisation de la population. Les agences
des banques actuelles ne couvrent qu’environ 45% des districts. Il faut aussi restructurer le secteur financier,
on pourrait soit orienter les dividendes et/ou les bénéfices obtenues des participations minoritaires et
majoritaires de l’Etat pour créer des institutions financières d’appui aux PMI au niveau régional, soit appuyer
des secteurs devant augmenter la production et/ou les recettes en devises, soit soutenir la R&D (recherche
& développement) basée sur les ressources naturelles.
Dans le recadrage du FMI qui a été rappelé lors de la seconde tranche de la Facilité de Crédit Rapide (FCR)
du 30 Juillet 2020, les conditionnalités sont claires, « Les autorités mettent en œuvre des mesures pour faire
face à l'impact humanitaire et économique de la pandémie tout en préservant la stabilité macroéconomique,
notamment en renforçant le système de santé et la protection sociale, en soutenant le secteur privé, en
préservant la stabilité du secteur financier et en maintenant le régime de taux de change flexible »18. C’est
sur ces points que l’on jugera du savoir-faire et des compétences stratégique et tactique des nationaux.
Un modus vivendi de la classe politique malgache sur les priorités économiques est à établir pour éviter qu’à
chaque alternance politique les acquis antérieurs soient remis en cause !!! Il est important que les textes
fondamentaux des choix économiques du pays soient maintenus quelque soit le jeu politique. Pour ce faire,
il est important que les alternances se fassent suivant les règles démocratiques prévues par les dispositions
d’une Constitution adoptée à travers un mécanisme consensuel.
Pour pouvoir changer de paradigme, il est important que les organismes bilatéraux et multilatéraux en face
dans les négociations sachent qu’il y a une entente à Madagascar, sur les points fondamentaux du renouveau
économique. La décentralisation est incontournable pour réussir le développement de Madagascar, celle-ci
implique un niveau d’éducation et de citoyenneté ; suivant les règles de subsidiarité et de transfert de
compétences, des pouvoirs de l’État central seraient dévolus aux collectivités territoriales.
Antananarivo, le 31 Juillet 2020

Serge ZAFIMAHOVA

17 Source www.businessinsider.fr (Juillet 2020): 1) États-Unis : 8133,5 tonnes soit 78,9% de part d’or dans les réserves de change du pays, 2)
Allemagne : 3363,6 tonnes soit 75,2%, 3) Italie : 2451,8 t soit 70,8%, 4) France : 2436 t soit 65%, 5) Russie : 2299,2 t soit 22,6%, 6) Chine : 1948,3
t soit 3,4%, 7) Suisse : 1040 t soit 6,5%, 8) Japon : 765,2 t soit 3,1%, 9) Inde : 654,9 t soit 7,5% et 10) Pays Bas : 612,5 t soit70,9%. Il est à noter
que le FMI possède une réserve d’or de 2814,1 tonnes et ce place en fait devant l’Italie.
18 Cf. FMI du 30 Juillet 2020: https://www.imf.org/fr/News/Articles/2020/07/30/pr20275-madagascar-imf-execboard-approves-us-171-9m-

disburse-under-rcf-address-covid19
SZ 8

Vous aimerez peut-être aussi