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la conjoncture économique mondiale défavorable engendrée par la persistance des incidences négatives de la

Covid-19 et du conflit politique russo-ukrainien qui a pris une tournure militaire, les perturbations des
chaînes d'approvisionnement mondiales et, par conséquent, la flambée généralisée des prix à l'échelle
internationale, le taux d'inflation qui mesure l'évolution des prix au Maroc reste elevée
La gestion de la crise actuelle dans ses différentes dimensions sanitaire, économique, sociale et politique,
nécessite des mesures draconiennes de la part des pouvoirs publics marocains. Ces derniers sont censés
innover avec des actions et des mesures dans le cadre de la politique budgétaire et monétaire.

Inflation et politique monetaire

L'inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et
durable des prix (dépréciation de la valeur de la monnaie) Elle doit être distinguée de l'augmentation du coût
de la vie. La perte de valeur de la monnaie est un phénomène qui frappe l'économie nationale dans son
ensemble (ménages, entreprises, etc.
Quels sont les causes et les effets de l'inflation ?

L'inflation par la demande est causée par un déséquilibre entre la demande et l'offre. Si la demande d'un
produit ou d'un service essentiel excède l'offre, et que les producteurs ne peuvent ou ne veulent augmenter
immédiatement la production, alors l'excès de demande va conduire à l'augmentation des prix.

le taux d’inflation est évalué au moyen de l'IPC. Cette mesure est établie par l'Institut national de la
statistique et des études économiques (Insee) et employée par l'administration française comme indicateur de
l'inflation. Dans le cadre européen (en particulier dans le Système européen de banques centrales), l'indice
des prix à la consommation harmonisé (IPCH) est employé. Il s'agit d'un traitement a posteriori des postes
de prix des indices nationaux (IPC en France, VPI en Allemagne, etc.) relevés par les instituts statistiques
nationaux (Insee en France, Destatis en Allemagne, ISTAT en Italie, etc.) , qui a pour but de rendre les
indices comparables entre pays membres de la zone euro. Le traitement a posteriori consiste en une
modification des pondérations des différents postes qui entrent en compte dans les indices nationaux et dans
l'IPCH, mais aussi en l'inclusion ou l'exclusion de certains postes de consommation (par exemple en France
l'IPC intègre le coût de déboursement des produits de santé, tandis que l'IPCH requiert de prendre en compte
la dépense de santé, nette de remboursements).

Le concept d'inflation induit de nombreuses controverses entre économistes : les débats portent sur les
conséquences (sont-elles positives ? sont-elles négatives ? sont elles sans incidences sur le reste ? ), mais
aussi sur les causes. Justifiées par l'incidence concrète qu'a l'inflation sur la population, la controverse se
nourrit des interrogations sur les mesures à prendre pour la contenir et sur le niveau d'intervention de
l'État pour les mettre en œuvre.

les Banques centrales ont enclenché un cycle de resserrement monétaire et les gouvernements ont mis en
place des plans anti-inflation pour soutenir le pouvoir d’achat des citoyens, chacun selon ses moyens. Au
Maroc, où le taux d’inflation atteint un pic à 8%, le gouvernement a appliqué certaines mesures pour assurer
la stabilité des prix et soutenir le pouvoir d'achat des Marocains. Il s'agit principalement de l'ouverture de
crédits supplémentaires, au titre de l'année 2022, de 16 milliards de DH afin de continuer à soutenir les
charges de la caisse de compensation.

Il y a aussi le maintien de la paix sociale à travers la signature d'un accord dans le cadre du dialogue social
conclu en avril 2022, notamment en augmentant le salaire minimum dans les secteurs de l'industrie, du
commerce et du travail indépendant de 10% et dans le secteur agricole de 15% sur deux ans.
A cela s'ajoutent l'augmentation du SMIG pour le secteur public à 3.500 DH, l'allocation d'un soutien
exceptionnel de plus de 2 milliards de DH aux transporteurs au titre de l'année 2022, en vue d'assurer la
stabilité du coût du transport pour les citoyens ainsi que du transport des marchandises, et tout récemment la
revalorisation du niveau des pensions de retraite. Or, certains observateurs estiment que l’État peut aller plus
loin en termes de soutien au pouvoir d’achat, jugeant que les mesures actuelles n’apportent pas des réponses
concrètes aux problématiques liées à l’inflation.

 il faut essayer d’apporter un soutien mesuré et dosé. L’État ne doit pas chercher à compenser
totalement l’augmentation des prix. Il faut qu’il y ait un mécanisme d’ajustement. C’està-dire que
les citoyens et les ménages fassent jouer le mécanisme d’élasticité».
 le soutien au pouvoir d’achat ne doit pas être total parce qu’il se traduira par des impacts négatifs sur
le budget, et cela peut même encore accélérer la propagation de l’inflation. «Dans les bonnes
pratiques, il n’est pas conseillé de faire de l’indexation totale, parce que les inflations galopantes se
produisent justement lorsque l’État essaie de contrer l’inflation via une indexation totale. C’est le
cas du Brésil  actuellement», L’on comprend ainsi que si les revenus sont parfaitement indexés sur
les prix, et si les prix suivent parfaitement les coûts salariaux, l’inflation peut devenir très forte. Et
l’on risque même d’entrer dans une spirale prixsalaires.

L’outil monétaire
Après avoir écarté pendant longtemps la possibilité d’augmenter son taux directeur, BAM a finalement
choisi de le faire passer de 1,5 à 2%. Si certains perçoivent cette hausse du taux directeur comme punitive
parce qu’elle risque de casser la croissance, d’autres estiment qu’agir sur le taux est nécessaire pour protéger
l’épargne et combattre l’inflation.

 «la politique monétaire est un instrument d’ajustement des dépenses et de la demande. Et dans le
cas marocain actuel, ce n’est pas une inflation due à l’augmentation interne de la demande par
rapport à l’offre. Théoriquement, le type d’inflation qui doit être combattu par la politique
monétaire, c’est lorsque la demande est supérieure à l’offre. Aujourd’hui, c’est une inflation
importée. Si on la combat à travers une politique monétaire, on va encore aggraver l’offre, ce qui va
se répercuter sur la croissance économique du pays».

Au final, le Maroc devrait encore demeurer fortement exposé à l'inflation cette année, avec un taux attendu à
6,3%, selon la Banque centrale. L’outil budgétaire, manié à bon escient, reste selon notre expert le meilleur
moyen pour enrayer ce phénomène économique. Il faut «apporter un soutien ciblé aux couches de la
population les plus vulnérables sans pour autant avoir l’obsession de compenser totalement la hausse des
prix. Sur le plan monétaire, il faut temporiser  puisqu’il ne s’agit pas d’une inflation endogène, c’est-à-dire
un surplus de la demande par  rapport à l’offre», conclut-il.

 Comment cette décision devrait-elle impacter l'économie nationale ?

En théorie, lorsque les taux d'intérêt des banques centrales augmentent, il devient plus cher de s'endetter
aussi bien pour les entreprises que pour les ménages. Cela fait baisser la demande en biens et services et en
investissement et par effet de contrecoup limite l'accélération de l'inflation et la dépréciation de la monnaie
nationale.

La tendance au resserrement des politiques monétaires est mondiale. Le Maroc, en tant que pays à économie
ouverte sur le commerce international n'est pas une exception.
Une hausse du taux directeur de 0,5 point n'affectera pas sur le court terme les composantes
macroéconomiques de l'économie comme la croissance économique et l'emploi, mais pourrait ralentir le
taux d'investissement des entreprises dans le secteur de l'immobilier.
Cela permettra également une légère appréciation du dirham face au dollar. Cependant, sur le marché des
capitaux, les investisseurs pourraient délaisser le marché des actions au profit d'obligations souveraines de
moyen et long terme.

La réduction du ratio de liquidité sur le marché permettra de baisser la masse monétaire et de freiner la
circulation de la monnaie mais n'aura pas d'impact sur le rythme de la création de la valeur ajoutée et de la
croissance économique qui ne dépend pas encore suffisamment de l’emploi au Maroc mais principalement
de la pluviométrie, des prouesses de nos exportations de phosphates et d'engrais, des secteurs de
l'automobile, de l'aéronautique et de l'agroalimentaire.

Mesures prises par le gouvernement anti-inflationiste:

Doublement du plafond de la Caisse de compensation, hausse de 5% du SMIG dans les secteurs de


l'industrie, du commerce et des professions libérales et de 10% du SMAG (secteur agricole), suppression des
droits de douane sur le blé tendre, plan de relance du tourisme, subventions aux professionnels du transport
pour faire face à la hausse des prix des carburants… sont autant de mesures qu’il a initiées. Auxquelles
devraient s’ajouter d’autres prévues dans le projet de Loi de Finances 2023, comme notamment la baisse de
l’impôt sur le revenu pour casser la diffusion des pressions inflationnistes. Pourtant, les citoyens ont quand
même l’impression que l’Exécutif n’en fait pas suffisamment, du fait de leur ressenti par rapport à
l’inflation.

-le gouvernement doit s'assurer que la concurrence joue à plein et qu'il n'y a pas d’entente sur les prix. Nous
devons veiller à ce que les acteurs économiques ne s'entendent pas sur les prix pour imposer ce qu'ils veulent
aux consommateurs. Les mécanismes du marché doivent continuer à opérer dans cette conjoncture difficile.
Si le Marocain doit payer 1 dirham, alors il doit payer 1 dirham, mais pas 1,20 ou 1,30 dirham, à cause d'un
jeu d'entente entre acteurs. C'est la première action, de nature institutionnelle, qu’il faut entreprendre
Le gouvernement doit également mobiliser le Conseil de la concurrence, qui doit faire son travail de
contrôle des prix et s'assurer que la concurrence est pure et parfaite et que les entreprises ne se livrent pas à
des pratiques anticoncurrentielles, en particulier l’entente sur les prix

-l'activation des aides directes». «Inutile de revenir à la compensation telle que nous l'avons connue, car c'est
un système injuste, dans la mesure où il profite aux pauvres comme aux riches, aux particuliers comme aux
entreprises». «Il faut maintenir la liberté des prix sur les marchés, mais orienter les subventions vers les
personnes les plus défavorisées

Pour les leviers externes, le gouvernement doit d'abord superviser les compagnies concernées pour qu'elles
achètent les carburants au meilleur prix, car au niveau international, il n'y a pas un seul prix mais plusieurs.
Si on achète au meilleur prix, on est déjà gagnant à ce niveau-là», affirme-t-il. Deuxièmement, poursuit M.
Aisse, «il faut diversifier les acheteurs. Actuellement, nous avons deux ou trois compagnies qui achètent les
carburants et les revendent à d'autres. Donc si elles achètent à un prix élevé, cela se répercute sur tout le
monde. Il est donc nécessaire d'augmenter le nombre de compagnies qui se procurent à l'étranger».

Augmenter la capacité de stockage des carburants du Maroc. Aujourd'hui, nous avons un stock stratégique
de deux mois, ce qui est peu rassurant en termes de sécurité énergétique. Nous devons donc porter ce stock
stratégique à six mois ou plus. Pour cela, le gouvernement doit obliger les entreprises qui détiennent un
monopole sur le marché à disposer d'un stock stratégique, cela permettra de supporter les chocs externes et,
par conséquent, de ne pas subir leurs effets sur le coup et de disposer d'une marge de manœuvre pour les
surmonter

Sur le long terme, l'économiste estime que le Maroc se doit d'augmenter ses investissements dans les
énergies renouvelables. «Ces énergies se révèlent rentables dans une conjoncture marquée par la flambée
des prix du pétrole. C'est aussi une opportunité pour ouvrir l'investissement au secteur privé marocain et
étranger pour qu'il se lance dans ce domaine afin de réduire notre dépendance énergétique aux énergies
fossiles

- diversifier les canaux d'approvisionnement en matières premières nécessaires afin d'éviter toute
éventuelle perturbation en cas de prolongement du conflit en Ukraine.
- le coûts d'achat du blé et des grains qui ne cesse de grimper dépassant 310 dollars la tonne, dans un
contexte national marqué par une sécheresse sans précédent depuis les années 1980.
- Avec ce niveau élevé des prix, l’achat du blé et du gaz devrait peser lourdement sur le budget de
l’État, précisément les dépenses de compensation et, partant, contribuer au creusement du déficit
budgétaire au-delà du taux de 5,9% du PIB prévu en 2022, 

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