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Sujet : "HCP : De PIB Du Maroc Dépasse 1.

330 Milliards De Dirhams en 2022"


BELAHOUAOUI Rida, professeur, chercheur et consultant fiscaliste.

Quels facteurs spécifiques ont contribué à la croissance significative de 4,4% du produit intérieur brut (PIB) en 2022
par rapport à l'année précédente, et quelles sont les perspectives pour maintenir cette dynamique positive ?

La croissance de 4,4% du PIB en 2022 peut être principalement attribuée à une performance exceptionnelle des recettes
fiscales, qui sont une source majeure de financement pour le budget de l'État. En 2024, les recettes fiscales sont estimées
à 280,4 milliards de dirhams, marquant une augmentation par rapport aux 264,9 milliards prévus en 2023. Cette
croissance des recettes fiscales a eu lieu malgré un contexte économique difficile, marqué par une hausse des prix
affectant les ménages et les entreprises. L'État a dû intervenir pour atténuer cet impact, mais a réussi à maintenir la
santé des finances publiques.

En 2022, les recettes fiscales ont atteint 284 milliards de dirhams, soutenues par une mobilisation record des ressources
via des mécanismes de financement spécifiques qui ont totalisé 25,1 milliards de dirhams. Cette dynamique a permis de
réduire le déficit budgétaire, qui est passé de 7,1% du PIB en 2020 à 5,2% en 2022, un niveau inférieur à l'objectif de 5,9%
fixé par la loi de finances.

L'augmentation des recettes fiscales s'est répartie sur presque toutes les catégories d'impôts et de taxes, à l'exception de
la TVA intérieure et de la taxe sur les produits énergétiques. Les rentrées fiscales ont été notamment portées par une
hausse de 34,6% du produit de l'Impôt sur les Sociétés (IS) et de 19,1% de la TVA à l'importation.

Cependant, les recettes non fiscales étaient attendues en baisse de 9,1%, principalement en raison d'une diminution des
revenus des EEP (Établissements et Entreprises Publics) et des ressources des mécanismes de financement spécifiques.
Parallèlement, les dépenses ordinaires de l'État devaient augmenter de 6,6%, avec notamment une hausse de la masse
salariale due à la création de nouveaux postes budgétaires.

Pour maintenir cette dynamique positive, il est crucial de continuer à gérer efficacement les finances publiques, tout en
soutenant la croissance économique et en gérant les dépenses de manière responsable. Cela inclut le maintien de
l'équilibre entre les recettes et les dépenses, la poursuite de la mobilisation des ressources fiscales et non fiscales, et
l'investissement dans des secteurs clés pour stimuler la croissance économique.

Quelles politiques ou mesures spécifiques pourraient renforcer davantage la contribution du secteur des entreprises à
l'économie nationale, compte tenu de la légère amélioration de sa part dans le PIB ?

La réforme fiscale progressive au Maroc, s'étendant de 2023 à 2026, représente une étape cruciale pour renforcer la
contribution du secteur des entreprises à l'économie nationale, notamment en améliorant sa part dans le PIB. Cette
réforme s'inscrit dans le cadre des recommandations des Troisièmes Assises Nationales sur la Fiscalité de 2019 et de la
loi-cadre n° 69-19 portant sur la réforme fiscale. Elle vise à établir un système fiscal efficace, juste, équitable et équilibré,
considéré comme un levier structurant pour le financement de l'économie nationale. Un des objectifs clés de cette
réforme est de lutter contre la fraude et l’évasion fiscales, un enjeu majeur pour le Maroc où ces pratiques coûtent plus de
876,6 millions de dollars annuellement. Les réformes continuelles de l’impôt sur les sociétés (IS) témoignent de cet effort,
avec des ajustements du barème et des taux d’imposition vers des taux unifiés d'ici 2026.

La Loi de Finances pour 2024, poursuivant cette réforme, se concentre sur la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). La TVA
représente un pilier majeur des recettes fiscales du Maroc, constituant 34% de ces recettes. La réforme de la TVA vise à
introduire un nouveau régime de retenue à la source, une étape importante dans la lutte contre la fraude fiscale. Cette
mesure permettra d’améliorer la transparence fiscale et de contrôler plus efficacement l'usage de fausses factures.

En parallèle, la réforme de l'impôt sur le revenu (IR) est prévue pour 2025, poursuivant l'objectif d'un système fiscal plus
équilibré et juste. Cette réforme globale, en améliorant l'équité fiscale et en renforçant la lutte contre l'évasion fiscale,
devrait contribuer significativement à mobiliser davantage de recettes fiscales. Elle permettrait ainsi de mieux exploiter la
capacité fiscale du Maroc, actuellement sous-utilisée.

En résumé, la réforme fiscale progressive au Maroc, par ses mesures ciblées et son approche holistique, vise non
seulement à optimiser les recettes fiscales mais aussi à promouvoir l'équité et la transparence fiscale. Ces efforts
devraient renforcer la contribution des entreprises à l'économie nationale et soutenir une croissance économique
durable.

Comment les variations du pouvoir d'achat en raison de l'évolution des prix à la consommation influencent-elles les
habitudes de consommation des ménages, et quelles stratégies peuvent être envisagées pour atténuer ces impacts ?

Les variations du pouvoir d'achat, influencées par l'évolution des prix à la consommation, ont un impact significatif sur les
habitudes de consommation des ménages. L'introduction d'un nouveau régime de retenue à la source pour la TVA, ainsi
que la réforme fiscale de l'Impôt sur les Sociétés (IS), peuvent avoir des effets indirects sur l'inflation et, par conséquent,
sur le pouvoir d'achat des consommateurs.

L'augmentation des recettes fiscales, notamment de la TVA, génère des fonds supplémentaires qui sont essentiels pour
financer des projets sociaux. Le gouvernement marocain, dans le cadre de la loi de finances 2024, prévoit de redistribuer
une partie de ces recettes fiscales sous forme d'aides directes aux familles vulnérables dès janvier 2024. Cette mesure
pourrait atténuer les effets de l'inflation sur le pouvoir d'achat des ménages les plus affectés, notamment face à la hausse
des prix des biens et services essentiels. En outre, les mesures d'exonération de la TVA sur certains produits de base,
telles que les médicaments, les fournitures scolaires, le beurre, les conserves de sardines, le lait en poudre et le savon de
ménage, visent à réduire les coûts directs pour les consommateurs. Ces exonérations sont une réponse directe à la
pression inflationniste et visent à soulager le budget des ménages, surtout ceux les plus vulnérables. Cependant, ces
mesures ne constituent qu'une partie de la solution globale pour lutter contre l'inflation. Une approche holistique est
nécessaire, combinant les mesures fiscales avec les politiques monétaires, les interventions sur le marché des biens et
services, et des stratégies à long terme pour stimuler la production nationale. Cette approche globale vise à réduire la
dépendance aux importations et à stabiliser l'économie.

En conclusion, les initiatives prises dans le cadre du PLF 2024, bien que potentiellement bénéfiques pour atténuer les
pressions inflationnistes, nécessitent une surveillance continue et des ajustements stratégiques. Ces efforts doivent être
complétés par d'autres politiques économiques pour garantir une stabilité économique à long terme et protéger le
pouvoir d'achat des ménages.

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