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Le 16 novembre 2020, le gouvernement camerounais a publié la Stratégie Nationale de

Développement 2030 (SND30), qui concrétise la deuxième phase de la vision de l’émergence à


l’horizon 2035. Ce plan décennal vise à mettre en œuvre les conditions favorables à une croissance
économique durable et à une accumulation de la richesse nationale par des changements structurels
indispensables à l’industrialisation. Les objectifs stratégiques à atteindre peuvent être résumés
comme suit : réaliser une croissance économique à deux chiffres environ atteindre le seuil de 25%
comme part de la production manufacturière dans le PIB réduire la pauvreté à moins de 10% en 2035
consolider le processus démocratique et renforcer l’unité nationale dans le respect de la diversité qui
caractérise le pays Pour atteindre ces objectifs clairement définis, les pouvoirs publics doivent
accroître leurs efforts pour encourager la production locale. En d’autres termes, les producteurs
locaux doivent être soutenus et encadrés en étant récompensés par un ensemble de mesures
d’allègement fiscal. L’enjeu est de promouvoir le « made in Cameroon » et de réduire
progressivement la dépendance aux importations de produits manufacturés. Parmi les choix opérés
par le gouvernement, il y a une série de pratiques fiscales qui peuvent encourager ou décourager la
libre entreprise. Ce deuxième numéro de la Tax Policy Letter présente l’urgence de réussir la
transition fiscale au Cameroun. A ce titre, il met en exergue certaines pratiques fiscales acceptables
en Afrique subsaharienne qui pourraient inspirer le Cameroun dans la décennie 2020 à 2030. Au
préalable, nous présentons les facteurs explicatifs de la pression fiscale au Cameroun. Nous
montrons que les conditions socio-économiques dominantes influencent fortement la pression
fiscale. Cependant, des variables se référant à la prédominance du secteur informel, au degré de
numérisation de l’économie, à la démocratie et à la corruption affectent également de manière
significative la fiscalité. Trouver des solutions pratiques et rationnelles à ces facteurs est essentiel
pour soulager l’activité économique d’une fiscalité asphyxiante.Nous examinons également les
enjeux et les défis de l’exonération fiscale dans le secteur agricole au Cameroun. L’objectif est de
présenter la nécessité de réduire la dépendance aux importations et de promouvoir le « made in
Cameroon ». Cette étude montre qu’une telle mesure génère certes des pertes de recettes
budgétaires à court terme, mais permet au pays de produire plus et d’importer moins, ce qui
compense le déficit causé par la suppression des barrières tarifaires non tarifaires spécifiques. Nous
analysons ensuite la sensibilité des investissements directs étrangers à la fiscalité au Cameroun. Sur
la base des travaux empiriques réalisés par Pesse (2018), nous montrons que la fiscalité influence
négativement les fluctuations des IDE. En d’autres termes, l’attractivité des IDE dépendrait fortement
de la politique fiscale des autorités. Cette étude encourage les pouvoirs publics camerounais à
réduire la pression fiscale des entreprises camerounaises pour rejoindre les autres pays d’Afrique
subsaharienne. Nous concluons cette lettre en illustrant la nécessité d’accélérer le processus de
transition fiscale au Cameroun. En effet, sur la base des engagements commerciaux du Cameroun
avec le reste du monde, il est clair que les recettes fiscales douanières connaîtront une baisse
significative dans les années à venir. Or, la réalisation de la transition fiscale implique de collecter
davantage de recettes fiscales au niveau national lorsque les recettes douanières sont réduites. Pour
y parvenir au Cameroun, nous recommandons de réduire le nombre d’entreprises informelles d’au
moins 10% chaque année et d’accélérer le processus de diversification de l’économie. Nous
recommandons également d’accélérer la numérisation de l’administration fiscale, de simplifier
davantage les barrières tarifaires pour l’exportation des produits locaux et, de réviser l’accord
établissant le régime commercial préférentiel avec certains pays en taxant un peu plus les biens
importés qui peuvent être produits localement.

T1 - Surmonter le Défi de la Transition Fiscale au Cameroun

DO - 10.13140/RG.2.2.11461.99041
https://www.researchgate.net/publication/351147100_Surmonter_le_Defi_de_la_Transition_Fiscale
_au_Cameroun/citation/download. Consulté le 12 juillet 2023 à 05h00

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