Vous êtes sur la page 1sur 14

UNIVERSITE DAKAR BOURGUIBA

Fiscalité Internationale

UFR DU GENIE JURIDIQUE

MASTER II DIFF

Thème : Impôt mondial sur les sociétés historique et état des lieux

Présenté par : sous la direction de :

Serigne saliou DIATTA N*16 M. NIANG

Mame aissatou KANE N*22

Babacar NDIAYE N*03

Mame babou SARR N*32

Mourtada NDOYE N*06


PLAN :

Introduction

Paragraphe I : l’historique de l’impôt mondial sur les sociétés

A/ Un accord « historique » sur l'impôt minimal mondial sur les sociétés

B/ Une arme contre les Etats privilégiés

Paragraphe II : l’état des lieux actuels

A/ un accord inégalitaire

B/ le scepticisme des Etats Unis sur la rentabilité du premier pilier de l’accord

Bibliographie
Introduction :

Le système actuel d’imposition internationale des sociétés, hérité du début du XX e siècle, est
dépassé. Il permet aux entreprises multinationales d’exploiter la complexité, les failles et les
inadéquations des règles fiscales internationales à des fins d’optimisation fiscale et de
transférer leurs profits vers des juridictions à fiscalité faible ou nulle. Dans le même temps, les
entreprises se plaignent d’actions non coordonnées de lutte contre l’évitement fiscal les
exposant à des incertitudes et au risque de double imposition. Les systèmes fiscaux actuels
traitent les entreprises multinationales (EMN) comme un ensemble d’entités juridiques
distinctes, utilisant chacune une comptabilité séparée. Comme les filiales et succursales
étrangères sont traitées séparément de leur société mère, leurs bénéfices sont comptabilisés
pays par pays. Pourtant, les transactions intra-groupes ont une incidence sur l’endroit où les
bénéfices de l’entreprise multinationale sont déclarés et ses impôts payés. La multinationale
peut donc ajuster les prix des transactions entre ses filiales (dits « prix de transferts ») pour
transférer les bénéfices des pays à fiscalité élevée vers les pays à faible fiscalité. Jusqu’à
présent, chaque Etat est libre d’établir le taux d’imposition de son choix pour les entreprises
implantées sur son territoire. Mais certains pays misant sur une fiscalité très favorable pour
attirer à eux des multinationales désireuses de faire des économies, cette situation crée un jeu
concurrentiel. En effet l’impôt mondial sur les sociétés est une meilleure répartition des
recettes fiscales provenant des multinationales, particulièrement les géants du numérique.
Toutefois la question qui se pose est de savoir comment les Etats ont su mettre leurs intérêts
de côtés pour aboutir à un accord commun ?

L’intérêt de ce sujet est d’ordre factuel dans un monde ou la plus grandes parties de
l’économie est dominées non pas par les institutions financières mais par les sociétés
multinationales. Ainsi répondre à notre problématique nous pousse à développer d’abord
l’historique de l’accord mondial sur l’impôt minimum avant de se pencher sur l’état des lieux
actuels de cet accord.
Paragraphe I : l’historique de l’impôt mondial sur les sociétés

“Ensemble, nous pouvons instaurer un impôt minimum mondial pour assurer la prospérité de
l’économie mondiale sur la base de règles du jeu plus équitables”. Le 5 avril 2021, la
secrétaire d’Etat américaine au Trésor Janet Yellen déclarait vouloir “mettre fin à la course
vers le bas” en matière d’impôt sur les sociétés.

A/ Un accord « historique » sur l'impôt minimal mondial sur les sociétés

A l’issue d’une réunion de deux jours à Londres, les ministres des Finances du G71 ont
annoncé un accord «historique» sur un impôt mondial minimum et une meilleure répartition
des recettes fiscales provenant des multinationales, particulièrement les géants du numérique.
L'accord est le résultat d'une série de consultations et de négociations du Cadre inclusif de
l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)/G20 sur l'érosion de
la base d’imposition et le transfert de bénéfices, visant à identifier les meilleures stratégies
pour lutter contre l'évasion et la fraude fiscales. Seuls 25 pays africains sont membres du
Cadre inclusif, ce qui signifie que plus de la moitié du continent n'a pas participé au processus
d'élaboration des normes.

Selon cet accord, quelque 137 pays et juridictions se sont engagés jusqu'à présent à rejoindre
la solution fondée sur deux piliers pour réformer les taux d'imposition des sociétés et garantir
que les multinationales paient un impôt juste au niveau mondial.

À mesure que le monde continue de se transformer par la technologie et la numérisation, de


nombreuses multinationales en profitent pour adopter des stratégies de planification fiscale
qui exploitent les lacunes et les disparités des lois et règlements fiscaux pour payer peu voire
pas d'impôts dans les territoires où elles se trouvent.

Par exemple, la « délocalisation des bénéfices » revient à faire des affaires et réaliser des
bénéfices dans une juridiction à forte imposition, mais en les transférant vers une juridiction à
faible imposition pour y faire leur déclaration fiscale.

L'idée de base du nouvel accord est de limiter la concurrence fiscale entre les États et un
nivellement par le bas, car les pays ne réduiraient pas ou n'élimineraient pas les impôts tels
que l'impôt sur les sociétés en dessous de 15 pour cent. Par conséquent, les gouvernements
généreront plus de bénéfices de la part des plus grandes multinationales, où qu'elles se
trouvent. Le soutien à haut niveau d'un accord fiscal mondial est un pas important dans la

1
Les grandes puissances mondiales
bonne direction pour générer les recettes fiscales dont les pays ont tant besoin. Dans le
contexte actuel, il peut contribuer de manière significative à combattre l 2es effets socio-
économiques de la pandémie de COVID-19.

Vers une position africaine commune ;

Les pays africains tentent de remédier au manque de ressources et d'outils techniques pour
soutenir une croissance significative des recettes fiscales dans un paysage financier
international complexe. D'où le regain d'intérêt pour l'accélération de la mobilisation des
ressources intérieures. Un soutien technique et politique plus important est nécessaire sur le
continent, afin de s'assurer que les nouvelles règles des deux piliers sont bien adaptées au
contexte africain.

Les gouvernements africains et les parties prenantes peuvent profiter de cet élan pour mettre
en avant les efforts déployés sur le continent pour faire avancer les droits d'imposition en
Afrique. Il pourrait s'agir de continuer à soutenir les solutions locales pour résoudre les
problèmes structurels tels que les échappatoires fiscales, les FFI, et de concevoir des systèmes
innovants qui facilitent le commerce et réduisent les inefficacités liées aux paiements et
règlements transfrontaliers.

Par exemple, l'Union africaine, qui regroupe les 55 États africains, plaide en faveur d'une
position africaine commune dans le débat mondial actuel sur les règles fiscales
internationales. Cette position commune accorderait davantage de droits d'imposition aux
pays africains et offrirait la possibilité de traiter de la question des FFI avec moins de
complexités administratives pour la mise en œuvre au niveau national. En outre, le Forum
africain d'administration fiscale (ATAF) a déjà proposé une approche de projet de loi
concernant l’imposition des ventes numériques, compte tenu des défis spécifiques auxquels
les pays africains sont confrontés. L'approche de l'ATAF3 vise en outre à renforcer la
confiance du public dans l'équité du système fiscal et à encourager la conformité fiscale dans
les pays africains.

2
OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques)

3
ATAF Traduit de l'anglais-Le Forum sur l'administration fiscale africaine est une organisation internationale qui
fournit une plate-forme de coopération entre les autorités fiscales africaines
En s’engageant de manière proactive à des cadres à l’échelle continentale, tels que l'ATAF,
les pays africains porteront une voix politique plus importante et auront accès au soutien
technique nécessaire pour analyser le fonctionnement de l'accord mondial à leur égard.

Le PNUD soutient les gouvernements africains dans leurs efforts pour financer le Programme
2030. Le Bureau régional du PNUD pour l'Afrique déploie une initiative régionale de «
l’impôt au service des ODD4 », intitulée « Mobilisation des ressources intérieures pour un
contrat social renouvelé en Afrique ».

Cette initiative mettra en évidence le rôle vital de la fiscalité et des politiques fiscales,
notamment en assurant le financement des biens et services publics, la redistribution et la
représentation. Plus important encore, l'initiative reconnaît que le lien entre les individus et
l'État est encore en train d’évoluer dans de nombreux pays africains. Ainsi, un système fiscal
progressif et équitable doit renforcer cette relation et favoriser la bonne gouvernance.
Toutefois, un contrat social plus profond nécessitera de changer la façon dont les gens
perçoivent la fiscalité – non pas comme une obligation mais comme un partenaire de la
gouvernance – ce qui ne peut se produire que si les systèmes fiscaux sont équitables et perçus
comme tels, notamment en liant les recettes fiscales aux résultats du développement.

Le PNUD continuera à mobiliser les gouvernements et les parties prenantes en Afrique pour
développer des initiatives en matière de politique fiscale et budgétaire, y compris des produits
de connaissance qui alimentent les discussions sur les questions fiscales clés en Afrique et
contribuent à renforcer la voix de l'Afrique en matière de fiscalité internationale.
5

B/ une arme contre les Etats privilégiés par les grandes puissances :

Une arme contre les paradis fiscaux c’est ce que souhaitent mettre en place les grandes
puissances du G7 (Royaume-Uni, France, Italie, Canada, Japon, Allemagne et Etats-Unis).
Les ministres des Finances de ces sept Etats ont annoncé un accord « historique » sur un taux
mondial pour l’impôt sur les sociétés « d’au moins 15 % ». Leur déclaration commune,
effectuée à l’issue d’une réunion de deux jours à Londres, mentionne aussi l’engagement pour
une meilleure répartition des recettes fiscales provenant des multinationales. Jusqu’à présent,
chaque Etat est libre d’établir le taux d’imposition de son choix pour les entreprises

4
ODD Le nom d'Objectifs de développement durable est couramment utilisé pour désigner les dix-sept
objectifs établis par les États membres des Nations unies et qui sont rassemblés dans l'Agenda 2030
5
PNUD Le PNUD est le principal organisme des Nations Unies pour le développement international.
implantées sur son territoire. Mais certains pays misant sur une fiscalité très favorable pour
attirer à eux des multinationales désireuses de faire des économies, cette situation crée un jeu
concurrentiel. « Une course vers le bas » -selon les mots de la secrétaire américaine au Trésor
Janet Yellen- à laquelle les membres du G7 veulent mettre un terme. D’autant que les caisses
des Etats ont été vidées par la pandémie, tandis que les géants du numérique, qui parviennent
depuis des années à payer un niveau d’impôt dérisoire par rapport aux profits réellement
générés, ont particulièrement bénéficié de la crise.

Les pays du G7 se sont rangés derrière une réforme de la fiscalité qui s’appuie sur deux
piliers distincts :

 Le premier volet définit les modalités de taxation des bénéfices des entreprises pour
une répartition plus juste des recettes fiscales. L’objectif est de taxer les
multinationales là où elles réalisent leurs bénéfices et non plus seulement là où elles
sont enregistrées, souvent dans des pays à la faible pression fiscale. La mesure
s’appliquera aux entreprises internationales qui réalisent au moins 10 % de marge
bénéficiaire. L’accord prévoit qu’au-dessus de ce seuil, 20 % des bénéfices réalisés
soient taxés dans les pays où le groupe opère.

 Le deuxième volet prévoit un taux minimum mondial de l′impôt sur les sociétés d’au
moins 15 %6, afin de créer des règles du jeu communes et d’éviter une trop grande
concurrence fiscale.

La mesure cible surtout les grandes entreprises de la technologie, souvent américaines, qui
paient des impôts dérisoires malgré des profits de dizaines voire centaines de milliards de
dollars, en se domiciliant dans des pays où le taux d’impôt sur les sociétés est très faible, voire
nul.

A la veille du G7, le quotidien britannique The Guardian7 révélait l’exemple de Microsoft


Round Island One, une filiale de Microsoft installée en Irlande, qui a réalisé en 2020 un
bénéfice de 315 milliards de dollars sans payer aucun impôt sur les sociétés, car elle est «
résidente » à des fins fiscales aux Bermudes. « Un système qui permet à des arrangements
comme celui-ci d’exister est contraire à l’éthique, immoral et injustifiable, et doit changer
radicalement », avait notamment fustigé Ged Nash, porte-parole des finances du parti
travailliste d’opposition irlandais.

6
15% impôt minimum mondial
7
Journal anglais
Plus largement, la mesure concerne « tout le CAC8 40, toutes les entreprises multinationales
européennes », a expliqué Christian Chavagneux, éditorialiste du mensuel Alternatives
Economiques, dans l’émission « On n’arrête pas l’éco » sur France Inter. « Pour l’Europe, on
parle de plus de 750 millions d’euros de chiffre d’affaires par an. »

Bien que particulièrement ciblés par cette mesure, les Gafa9 font le dos rond. Facebook a
assuré vouloir que « la réforme fiscale internationale réussisse », tout en reconnaissant « que
cela pourrait signifier » que le réseau social « paye plus d’impôts et dans différents endroits »,
selon une déclaration de Nick Clegg, le directeur des affaires publiques du groupe.

Google, de son côté, a apporté son « soutien » au « travail effectué pour mettre à jour les
règles de la fiscalité internationale ». « Nous espérons que les pays vont continuer à travailler
pour garantir qu’un accord équilibré et durable soit finalisé prochainement », a déclaré José
Castañeda, porte-parole du géant Internet américain.

En avril déjà, homme le plus riche du monde, Jeff Bezos, le patron d’Amazon, s’était dit
favorable à l’instauration d’une telle mesure.

L’administration américaine avait d’abord évoqué un taux d’impôt mondial sur les sociétés de
21 % avant de se raviser pour 15 %, un niveau que la France considérait comme « un
minimum », « un point de départ ». « Dans les mois qui viennent nous allons nous battre pour
que ce taux minimal soit le plus élevé possible », a rappelé le ministre français des Finances
Bruno Le Maire, dans une vidéo publiée sur son compte Twitter après la réunion.
L’ONG Oxfam a-elle déploré un « compromis au rabais ». « Fixer un taux minimal mondial
d’impôts sur les sociétés de seulement 15 % est bien trop bas. Cela fera peu pour mettre fin à
une dangereuse course vers le bas sur l’impôt des sociétés et au vaste recours aux paradis
fiscaux », a réagi sa directrice Gabriela Bucher. Selon l’ONG, la France serait « l’une des plus
grandes perdantes d’un passage de taux de 21 % à 15 % », avec des recettes fiscales attendues
divisées par quatre (4,3 milliards d’euros, contre 16 milliards pour la proposition américaine).
« Au moment où le gouvernement s’interroge sur comment payer la facture du coronavirus, il
vient de laisser filer l’opportunité de reprendre des dizaines de milliards d’euros délocalisés
dans les paradis fiscaux », a commenté le porte-parole d’Oxfam France Quentin Parrinello.

La France serait l’une des grandes perdantes d’un taux à 15% (vs 21%) avec des recettes
fiscales divisées par 4. Le calcul politique français est donc extrêmement mauvais. Pour
8
CAC 40 Le CAC 40 est le principal indice boursier de la Bourse de Paris. Son code ISIN est FR0003500008 et son
code mnémonique est « PX1 ».
9
GAFA (Google Apple Facebook Amazon)
Karine Uzan Mercie, directrice fiscale du groupe LafargeHolcim, un « un taux trop élevé »
pourrait au contraire s’avérer « contre-productif » : « Ça risque de défavoriser les pays les
plus pauvres ou ceux qui n’ont pas un grand territoire ou un marché naturel et qui ont besoin
d’une fiscalité attractive pour se développer », justifiait-elle sur France Culture en avril.

« Il faut être prudent sur les retombées réelles que ça peut avoir pour chacun des pays. On ne
va ni résorber la dette, ni rééquilibrer le budget de la France avec ces milliards ou quelques
milliards qu’on va récupérer dans cette opération-là », estimait de son côté l’essayiste de
droite libérale Robin Rivaton sur BFM Business10. L’accord au G7 Finances est un premier
pas. Le G20 des ministres des Finances, qui se tiendra en juillet à Venise, constituera la
deuxième étape. Ce cheminement devrait durer plusieurs années encore puisque, outre le
groupe des 20, il faudra convaincre les 140 pays qui travaillent sur le projet de réforme fiscale
dans le giron de l’OCDE. Le défi sera notamment de persuader des Etats qui ont bâti leur
économie sur des taux d’impôt sur les sociétés particulièrement bas à l’instar de l’Irlande
(12,5 %), qui a ainsi attiré le siège social européen de nombreuses multinationales.

« Évidemment quand vous mettez 140 pays autour de la table c’est compliqué », soulignait
sur France culture Pascal Saint-Amans, directeur du Centre de politique et d’administration
fiscales de l’OCDE, citant en exemple la Chine « dont on peut se demander si elle joindra
totalement le consensus ». « Il y aura évidemment des résistances, mais elles auront du mal à
tenir. Je crois à l’effet d’entraînement »a espéré de son côté Bruno Le Maire.

Paragraphe II : l’état des lieux actuels

Le rapport révèle que les abus fiscaux internationaux coûtent chaque année aux États plus de
427 milliards de dollars américains en recettes fiscales. Sur ces 427 milliards perdus, quelque
245 milliards correspondent à des bénéfices transférés dans des paradis fiscaux par des
sociétés multinationales afin d’alléger le montant des bénéfices déclarés dans les pays où elles
10
BFEM BUSNESS journal
Voir journal le parisien
exercent des activités, et ainsi payer moins d’impôts que ce qu’elles devraient. Les 182
milliards de dollars de pertes restants résultent de l’action d’individus fortunés qui cachent des
biens et des revenus non déclarés à l’étranger, hors de portée de l’application de la loi.

A/ un accord inégalitaire :

Selon l'OCDE, les 136 pays signataires, qui représentent 90% du PIB mondial, vont pouvoir
dégager environ 150 milliards d'euros de recettes supplémentaires grâce à cet impôt
minimum. Mais certaines ONG ont accusé le texte de créer des inégalités entre les Etats.
Ainsi, d'après l'ONG Oxfam, avec un taux d'imposition à 15%, les recettes fiscales
supplémentaires dégagées bénéficieront pour les deux tiers aux pays riches du G7 et à l'Union
européenne. Les pays les plus pauvres récupèreront moins de 3%. L'administration américaine
avait d'abord évoqué un taux d'impôt mondial sur les sociétés de 21% avant de se raviser pour
15%. Un seuil considéré par la France comme « un minimum », « un point de départ ».

Selon une note du CAE11, publiée en juin 2021, le taux minimum de 15% rapporterait à court
terme 5,9 milliards d'euros de recettes fiscales par an à la France. A titre de comparaison,
l'Allemagne y gagnerait 8,3 milliards d'euros, et les Etats-Unis près de 15 milliards d'euros.
Pour la France, les deux tiers de ces gains proviendraient des recettes supplémentaires
engrangées sur les filiales de multinationales françaises dans des « paradis fiscaux »,
principalement la Suisse, les Pays-Bas et le Luxembourg. Le reste proviendrait du surplus de
recettes qui seraient perçues en France, certaines entreprises ayant moins intérêt à transférer
leurs bénéfices dans les paradis fiscaux, estimait à l'époque l'organisme chargé de conseiller le
gouvernement.

Le 30 octobre, les dirigeants des vingt principales économies mondiales – le G20 – ont
approuvé la mise en œuvre d'un plan reposant sur deux piliers et visant à relever les défis
fiscaux liés à la numérisation de l'économie. L'accord prévoit notamment la redistribution
partielle des droits d'imposition aux pays de marché et un impôt minimal mondial de 15 pour
cent pour les entreprises multinationales. Le Pilier un s'appliquera aux multinationales dont le
chiffre d'affaires mondial dépasse 20 milliards d'euros et dont la rentabilité (c’est-à-dire le
ratio bénéfice avant impôt/chiffre d’affaires) est supérieure à 10 %, tandis que le Pilier
Deux s’appliquera aux entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires d’au moins 750 millions
d'euros.

11
CAE est une entreprise de haute technologie, rapprochant les mondes numérique et physique pour créer un
monde plus sécuritaire
Or, seuls 23 États africains figurent parmi les 137 pays et juridictions appelés à mettre en
œuvre cet accord mondial, soit moins de la moitié de l'ensemble des pays du continent. Deux
des principales problématiques pour les pays africains, dont les économies sont en train de se
numériser, sont : i) des possibilités d’améliorer la répartition des bénéfices dans les
juridictions de marché ; et ii) des possibilités de soutien politique et administratif pour faire
face aux flux financiers illicites (FFI)12. Il est donc essentiel d'évaluer pleinement, du point de
vue de l’Afrique, la dynamique actuelle d'une réforme fiscale mondiale. Il s'agit de déterminer
comment cet accord peut améliorer notre compréhension du contexte africain tout en
favorisant une voix africaine plus unifiée sur la coopération fiscale internationale et la
gouvernance fiscale mondiale dans le cadre du développement durable. L’accord ne fait pas
l’unanimité auprès de deux des plus grandes économies d'Afrique

Le Kenya et le Nigeria, ont rejoint les négociations mais n'ont pas adhéré au résultat. Ces
deux pays sont peu favorables à l'accord car ils ont déjà pris des mesures unilatérales pour
imposer les entreprises numériques dans leurs juridictions respectives. Par exemple, le Kenya
a établi une taxe sur les services numériques en 2019 qui s’applique à ce jour à 89 entreprises.
La mise en œuvre de l'accord fiscal mondial stipule que les pays devraient supprimer toutes
les taxes sur les services numériques unilatérales et autres mesures similaires. En d'autres
termes, le Kenya ne percevrait la taxe sur la valeur ajoutée qu'auprès de 11 entreprises qui
remplissent les conditions de chiffre d'affaires global et de bénéfice avant impôt.

En outre, l'impôt minimum ne peut être appliqué aux entreprises multinationales des secteurs
des industries minières et des services financiers réglementés – des secteurs fortement
fiscalisés dans les deux pays, qui ne généreraient pas autant de revenus de ces secteurs s'ils
devaient adopter les mesures prescrites par l'accord. Ils ont également exprimé leur inquiétude
quant au fait que les dispositions relatives aux exigences en matière de mécanismes
contractuels de prévention et de règlement des conflits pourraient faire perdre leur
souveraineté aux nations taxatrices en réglant les questions fiscales dans les pays d'origine des
sociétés.
13

B/ le scepticisme des Etats Unis sur la rentabilité du premier pilier de l’accord

12
FFI (flux financiers illicites)
13
Voir journal la presse
Selon la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, le premier pilier de l'accord sur la
taxation des multinationales aura un impact "faible" sur les recettes fiscales. Il prévoit de
réallouer une part de l'impôt sur les bénéfices payés par les multinationales aux pays dans
lesquelles elles réalisent effectivement leurs activités. La ministre de l'Economie et des
Finances se montre toutefois plus confiante quant à l'instauration d'un taux d'impôt effectif
minimum d'au moins 15% sur les bénéfices des multinationales.

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, s'exprimait à propos de la taxation des


multinationales. « L'impact sur les recettes fiscales sera faible », a admis la secrétaire
américaine au Trésor, Janet Yellen à propos de la taxation des multinationales.

En octobre dernier, 136 pays, dont les Chine et les Etats-Unis, sont parvenus à s'entendre sur
un accord fiscal cadre, sous l'égide de l'Organisation pour la coopération et le développement
économique (OCDE). Le premier pilier de cet accord consiste à réallouer une part de l'impôt
sur les bénéfices payés par les multinationales aux pays dans lesquelles elles réalisent
effectivement leurs activités, et non plus uniquement là où leurs sièges sociaux sont installés.
Cela concerne seulement les très grands groupes qui enregistrent plus de 20 milliards d'euros
de chiffre d'affaires chaque année et affichent une rentabilité élevée. La part des bénéfices
taxés dans ce cadre, objet d'un savant calcul, a été fixée à 25% au-delà d'un niveau de
rentabilité de 10%. Concernant cet article, « nous tirerons des revenus de la taxation des
sociétés étrangères présentes aux États-Unis. Nous perdrons une partie des recettes réaffectées
à des pays étrangers », a estimé Janet Yellen14, lors d'une audition devant la commission des
finances du Sénat. « Au final, cela peut être positif ou négatif, selon des détails qui n'ont pas
encore été réglés », a précisé la ministre de l'Economie et des Finances de Joe Biden.

Un « impact important » pour le deuxième pilier

Les Etats-Unis misent davantage sur le deuxième pilier de l'accord et qui correspond à
l'instauration d'un taux d'impôt effectif minimum d'au moins 15% sur les bénéfices des
multinationales. Celui-ci aura « un impact important », a assuré Janet Yellen, qui avait
salué « un engagement sans précédent » lors de l'accord en juin 2021. « Cet impôt minimum
mondial va mettre fin à la course vers le bas de la taxation des entreprises, et apporter de la
justice pour la classe moyenne et les travailleurs aux Etats-Unis et à travers le monde »,
s'était-elle réjoui.

14
Janet yellen secrétaire d’Etat américaine au Trésor
Bibliographie :

Ouvrage : Justice fiscale : état des lieux 2020 – La justice fiscale à l’ère du COVID-19

https://www.leparisien.fr/economie/impot-minimum-mondial-sur-les-societés

https://www.touteleurope.eu/economie-et-social
https://www.bbc.com/afrique/monde

https://www.oecd.org/fr/fiscalite/politiques-fiscales

https://www.lefigaro.fr/societes/impot-mondial-sur-les-entreprises

https://www.cairn.info

Vous aimerez peut-être aussi