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Union – Discipline – Travail

FISCALITÉ DES GROUPES DE SOCIÉTÉ


L’instrument multilatéral BEPS

Présenté par Professeur : Mr Kouamé


Ogni Seka Orlane
Traoré Noura K
Zadi Benedicte
Lundi, le 15 mai 2023
Introduction

I-Cadre d’intervention de l’Instrument Multilatéral BEPS


A- Le processus de conception
B- Objectif de l’instrument multilatéral BEPS

II - l’incidence de la convention multilateral BEPS dans le


dispositif juridique et Fiscal en CI
A-l'amélioration des stipulations sur les procédures amiables
B- l'insertion de Clause : PPT et LOB.

Conclusion

INTRODUCTION
“L’ordre social ne vient pas de la nature; il est fondé sur des conventions.”  Ainsi, dans
l’optique de préserver l’équilibre fiscal et de protéger les intérêts des États que des
conventions fiscales sont faites pour apporter des solutions aux problèmes réels
rencontrés dans les relations transactionnelles.
Ces dernières années, les entreprises multinationales n’ont de cesse d’exploiter des
disparités fiscales entre les systèmes nationaux et des niches fiscales que les États ont
confectionnées, à des fins de concurrence entre elles, pour échapper à l’impôt.
En général, l’impôt des sociétés est taxé au niveau national. Alors, pour les entreprises
multinationales qui mènent des activités transfrontières, leur revenu peut être prélevé
par plusieurs pays, c’est-à-dire que les entreprises subissent une double imposition.
Toutefois, ce sont ces mêmes interactions transnationales qui ouvrent des brèches dont
les sociétés peuvent profiter pour diminuer leurs charges fiscales, voire arriver à une
double non-imposition. En effet, les transactions intra-groupes peuvent être conçues
afin que les profits soient imposés dans des pays à bas niveau de taxation et que les
dépenses soient déductibles là où le taux d’imposition est élevé, quel que soit le pays
où les activités économiques sont réalisées.
Plus précisément, les trois façons les plus populaires de transférer les bénéfices sont la
manipulation du prix de transfert, l’allocation des actifs incorporels et la manipulation
du niveau de la dette intérieure et extérieure.
Les révélations sur l’évasion fiscale se sont multipliées depuis quelques années. Les
scandales comme Luxleaks, panama papers et les paradise papers soulignent
l’importance des pratiques d’optimisation fiscale de certains auteurs économiques. Par
ailleurs, il y a de nombreuses enquêtes sur la planification fiscale agressive par les
entreprises multinationales, telles que Google, Amazon,Apple…
Face à cette situation, L’Organisation de Coopération et de Développement
Economique (OCDE) qui vise à éviter les doubles impositions entre Etats et prévenir
l’évasion et l’optimisation fiscale, a dû réagir. C’est pour solutionner ce problème
qu’en 2012, les pays de l’OCDE et du G20 ont adopté un Plan d’action en 15 points, à
l’élaboration duquel ils ont œuvré de concert et sur un pied d’égalité, pour lutter contre
l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices, dit projet BEPS (Base
Erosion and Profit Shifting : érosion de la base d’imposition et transferts
d’imposition). Ce projet a pour objet, de palier l’absence d’harmonisation fiscale au
niveau international permettant aux entreprises de transférer des bénéfices vers des
États ou des juridictions dans lesquels elles ne seront pas ou peu taxées, diminuant
ainsi considérablement les recettes fiscales de leur Etat de source. Ceci serait à
l’origine d’une perte de recettes fiscales mondiales de 100 à 240 milliards de dollars
US par an.
L’Instrument Multilatéral qui est au cœur de notre étude, est l’une des quinze actions
du BEPS. Il vise à prévenir les délocalisations fiscales abusives des entreprises
multinationales et à garantir une juste répartition de la charge fiscale entre les pays où
les entreprises multinationales mènent leurs activités. Cela est particulièrement
important pour les pays en développement comme la Côte d'Ivoire, car les dites
entreprises peuvent avoir un impact significatif sur les revenus fiscaux locaux. Par
ailleurs, l'étude de cet instrument peut permettre de mieux comprendre les mécanismes
fiscaux internationaux et de trouver des solutions pour lutter contre les pratiques
d'optimisation fiscale agressive. Pour les étudiants en droit fiscal, c'est donc une
occasion de se familiariser avec les principes fondamentaux de la fiscalité
internationale et les enjeux actuels liés aux différends en matière fiscale. Enfin, l'étude
de l'instrument bilatéral BEPS peut également être utile pour les professionnels du
droit et les conseillers fiscaux, en leur offrant des outils pour mieux conseiller leurs
clients sur les aspects fiscaux de leurs transactions transfrontalières. 
Il convient dès lors de s’interroger sur le cadre d’intervention de cette convention
multilatérale et son impact au plan juridique et fiscal en Côte d’Ivoire après l’entrée en
vigueur. L’ instrument multilatéral a-t-il pu répondre à toutes les attentes de l’OCDE? 

Nous apporterons des réponses à ces problèmes en exposant le plan d’action de


l’instrument bilatéral(I) et les répercussions de cette convention multilatérale BEPS sur
le dispositif Fiscal en CI(II).

    
I-Cadre d’intervention de l’Instruments multilatéral BEPS 

    Dans le but de lutter contre l’utilisation abusive des BEPS, des mesures relatives au BEPS
ont été pensées. C’est au vue de cela que nous envisageons d’explorer dans un premier temps
le processus de conception des conventions multilatérales(A) et en second lieu les
objectifs(B).

A- Le processus de conception 

Le projet BEPS a été lancé en 2013 pour lutter contre l'érosion de la base d'imposition et le
transfert de bénéfices (BEPS) par les entreprises multinationales. Il a été piloté par l'OCDE et
le G20, avec la participation de 136 pays et juridictions.
Le rapport final du projet BEPS a été publié en octobre 2015 et contenait 15 mesures
destinées à lutter contre les pratiques fiscales abusives des entreprises multinationales.
En 2016, l'OCDE a créé l'instrument multilatéral BEPS pour aider les pays à mettre en œuvre
les mesures recommandées dans le rapport final du projet BEPS. Cet instrument est un accord
juridique multilatéral qui permet aux pays de modifier leurs conventions fiscales bilatérales
existantes afin de les mettre en conformité avec les recommandations BEPS.
En novembre 2016, plus de 100 juridictions ont conclu des négociations sur la convention
multilatérale pour la mise en œuvre des mesures relatives aux conventions fiscales pour
prévenir l’érosion fiscales de la base d’imposition et le transfert des bénéfices. ( instrument
multilatéral ou IM BEPS) de manière à mettre rapidement en œuvre une série de mesures
relatives aux conventions fiscales pour actualiser les règles fiscales internationales et réduire
les possibilités d'évasion fiscale par les entreprises multinationales. Ces contraintes ont
rapidement conduit l’OCDE à envisager une alternative, lors de l’engagement de ses travaux
BEPS. Le 7 juin 2017, un peu moins de deux ans après la publication des 15 rapports
précisant les modalités de la lutte contre l’évitement fiscal, 68 pays ont signés la Convention
multilatérale pour la mise en œuvre des mesures relatives aux conventions fiscales pour
prévenir l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfice. C’est ainsi que le
concept de l’instrument multilatéral est apparu, en tant que promesse d’une action rapide,
efficace et cohérente : une convention fiscale multilatérale, permettant une mise à jour
instantanée et coordonnée du réseau conventionnel international, à tout le moins pour les États
signataires de ce nouvel outil de fiscalité internationale. 
B- objectifs des instruments multilatéraux BEPS

L’IM BEPS transpose les mesures BEPS relatives aux conventions fiscales dans les
conventions fiscales bilatérales existantes afin de lutter contre ce phénomène. Il le fait en
modifiant les conventions fiscales de façon synchronisée et efficace et en mettant en œuvre
les mesures relatives aux conventions fiscales élaborées au cours du Projet BEPS visant à
empêcher l’utilisation abusive des conventions fiscales. L'IM BEPS offre des solutions
concrètes aux gouvernements pour fermer les brèches dans les règles internationales actuelles
en transposant les mesures développées dans le cadre du projet BEPS de l’OCDE et du G20
dans les conventions fiscales bilatérales. L'IM BEPS met également en œuvre les standards
minimums adoptés afin de prévenir l’utilisation abusive des conventions fiscales et
d’améliorer les différents en garantissant un degré suffisant de souplesse pour ainsi prendre en
compte les politiques fiscales spécifiques relatives aux conventions fiscales. L’instrument
multilatéral est ainsi un outil contraignant ayant pour objet la mise en œuvre rapide,
coordonnée et cohérente des mesures proposées dans le cadre du plan BEPS. Cet instrument
multilatéral offre ainsi la possibilité de mettre en œuvre les mesures issues des travaux BEPS
en évitant aux États de renégocier une à une l’ensemble de leurs conventions fiscales. Dans ce
contexte, la lutte contre ce risque a initialement constitué l’objectif principal des conventions
fiscales. Les normes alors développées avaient avant tout pour but d’encourager et de faciliter
le commerce international. Par la suite, ces accords ont été étendus à d’autres finalités : la
lutte contre l’évasion fiscale, la protection des contribuables, les relations entre les
administrations fiscales.  Ainsi, l’objet de l’instrument multilatéral aux termes de sa rédaction,
comme défini par le rapport final sur l’action 15 du plan BEPS, ne vise pas à modifier les
législations nationales, ce qui aurait menacé la souveraineté fiscale des États, mais porte
exclusivement sur l’application des mesures comprises dans les conventions fiscales. Les
États tirent trois bénéfices principaux de cette nouvelle approche via l’instrument
multilatéral : 
• cet instrument autorise une mise en œuvre ciblée sur des points particuliers des
travaux BEPS et ne constitue pas un corpus de principes généraux soumis à interprétation
• il assure la synchronisation de l’harmonisation des conventions fiscales
• il garantit le respect de l’objectif des travaux BEPS, sans violer les traités
existants « qu’induirait le recours à des mesures unilatérales et non coordonnées »

II - l’incidence de la convention multilateral BEPS dans le dispositif juridique et Fiscal


en CI

L'Instrument multilatéral modifie l'application des conventions fiscales bilatérales conclues


avec la Cote d'Ivoire et permet ainsi l'introduction de certaines mesures à savoir l'amélioration
des stipulations sur les procédures amiables (A) et l'insertion 
 de clauses (B).

A-l'amélioration des stipulations sur les procédures amiables 

A titre liminaire, il convient de noter que l'Instrument Multilatéral ne couvre pas l'ensemble
du réseau des conventions fiscales ivoiriennes. En effet, Sur les 17 conventions bilaterales
multilatérales que compte le dispositif fiscal ivoirien, 11 conventions sont aujourd’hui
directement concernées par le dispositif. 
Ceci s'explique par la souplesse et la modularite de l'Instrument Multilatéral.
En effet, l'instrument multilatéral contient des mesures obligatoires pour tous les
Signataires, dont celles visant à améliorer les stipulations sur les procédures amiables. 

Inscrite au rang des « normes minimales » auxquelles doivent adhérer les États signataires de
l'Instrument Multilatéral, cette mesure a pour objectif de garantir aux contribuables le
règlement efficient de tout différent fiscal et de prévenir toute insécurité fiscale liée à
l'application
des conventions.
Ce mécanisme prévoit pour les parties contractantes la possibilité de saisir n’importe lequel
des États contractants pour ouvrir la procédure amiable. Cette saisine peut être faite dans les 3
ans qui suivent la prise de la mesure litigieuse.
Les résultats de la procédure amiable sont applicables nonobstant l'expiration des délais de
prescription en matière fiscale, dans l'État qui doit mettre en œuvre la
solution amiable.
L'autorité compétente saisie a obligation de se concerter avec l'autre autorité compétente,
lorsqu'elle juge la requête fondée mais nest pas en mesure d’y apporter elle-meme une
solution.

Au delà de l’amélioration des stipulations sur les procédures amiables, il y a l’insertion de


nouvelles clause. 

B- l'insertion de Clause : PPT et LOB.

L’une des clauses qui a retenue notre attention lors de l’application de l’instrument
multilatéral dans le cadre juridique et fiscal ivoirien est la clause dite principal purpose test ou
Clause anti abus général.
Cette clause permet de refuser un avantage conventionnel lorsque l'octroi de cet avantage était
l'un des objets principaux d'un montage ou d'une transaction ayant permis, directement ou
indirectement de l’obtenir. L’objectif de la clause est de garantir que l'application de la
convention est conforme à l'objet et au but des stipulations pertinentes des conventions.
Cette approche, dite approche du Principal Purpose Test (PPT) suppose une analyse de
chaque cas d'espèce afin de déterminer si, parmi les objectifs poursuivis par les personnes
concernees par montage ou une transaction, l'objectif ou l'un des objectifs principaux consiste
à rechercher le bénéfice d'un avantage conventionnel dans un but non conforme à celui que la
convention au1 prevoit cet avantage a pour objet de poursuivre.

Concernant la seconde clause dite limitations of benefits ou clause limitant les avantages, il
s’agira d’intégrer l'objectif de lutte contre les situations de double non-imposition.
Comme son nom l'indique, cette disposition limite les avantages des conventions fiscales
favorables.
Inserée sous la forme d'un préambule, elle vise à exprimer l’intention commune des parties à
la convention d'éliminer les situations de double imposition, de double non-imposition ou
d'imposition réduite. 
De plus, L’IM prévoit l’évitement artificiel du statut d’établissement stable. Cet aspect, socle
du projet BEPS dans sa globalité, permet de lutter contre le phénomène de Treaty Shopping
ou encore Chalandage Fiscal. C’est un mécanisme d'optimisation qui consiste pour un
contribuable ou Investisseur d’une juridiction tierce, à rechercher, pour un même montage, à
bénéficier de la
protection plus avantageuse de différentes conventions fiscales de pays dont il n'est pas
résident fiscal.

CONCLUSION
      En guise de conclusion, il convient de retenir que l'instrument multilatéral BEPS est un
accord international ambitieux visant à lutter contre les pratiques fiscales abusives des
entreprises multinationales. Les signataires sont tenus de veiller à l’application de standards
minimums notamment la prévention de l'utilisation abusives des conventions fiscales (Action
6 du Proiet BEPS) et l'accroissement de l'efficacité des mécanismes de règlement des
différends (Action 14 du Projet BEPS). Lorsqu'une disposition de l'IM reflète un standard
minimum développé dans le cadre du Projet BEPS, toute juridiction est tenue d'adopter ce
standard de minimum au moment de signer l'IM. 
Bien que l'impact de cet instrument sur le système fiscal ivoirien n'ait pas été uniforme en
raison de la nature diverse des entreprises opérant en Côte d'Ivoire et de leur degré de
conformité aux règles fiscales internationales, il est indéniable qu'il a contribué à améliorer la
stabilité financière du pays. 
Toutefois, l'adoption de l'instrument multilatéral BEPS ne peut être considérée comme une
solution à tous les problèmes fiscaux de la Côte d'Ivoire. D'autres mesures politiques et
économiques sont nécessaires pour assurer une croissance économique durable et une
répartition équitable des revenus. Dans l'ensemble, la mise en œuvre réussie des mesures de
l’instrument multilatéral dépendra de l’engagement de la Côte d’Ivoire en faveur d'une
réforme fiscale inclusive et efficace.
Webographie

https://blog.avocats.deloitte.fr/linstrument-multilateral-vient-bouleverser-relations-fiscales-
entre-etats-consacre-t-lapparition-dun-nouvel-outil-juridique-international-efficace

https://afrique.pwc.com/fr/actualites/newsletters/newsletter-fiscale-cote-ivoire-30-03-
2022.html

https://www.linkedin.com/posts/grant-thornton-c%C3%B4te-d-ivoire_bulletin-dinformation-
entr%C3%A9e-en-vigueur-activity-7062357387503923200-XSR4?
utm_source=share&utm_medium=member_ios

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/%C3%89rosion_de_la_base_d
%27imposition_et_transfert_des_b%C3%A9n%C3%A9fices

https://www.oecd.org/fr/fiscalite/conventions/instrument-multilateral-mesures-BEPS-liees-
aux-conventions-fiscales-brochure.pdf

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