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Les Nouveautés Fiscales :

Un Regard sur le PLF 2024


Préparé par :
BELKHAIR OUALID, étudiant chercheur,
master de recherche en sciences de gestion.

walid.belkhair2002@gmail.com

+212691964840

OUALID BELKHAIR
Qu’est ce qu’un projet de
loi de finances ?

Un projet de loi de finances, également appelé PLF,


est un document législatif crucial qui présente les
prévisions budgétaires et les dispositions fiscales d'un
gouvernement pour l'année à venir. Il détaille les
recettes fiscales prévues, les dépenses et les
politiques fiscales proposées, ce qui en fait un
élément clé de la gouvernance budgétaire d'un pays.

Au Maroc, le projet de loi de finances est préparé par


le ministère de l’Économie et des Finances et
présenté au Parlement pour discussion et adoption.

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CONTEXTE

La ministre de l’Économie et des Finances,


Nadia Fettah Alaoui, a présenté, lors d’une
séance plénière conjointe des deux Chambres du
Parlement, les grandes lignes du projet de loi de
finances (PLF) au titre de l’exercice 2024 en
soulignant que son élaboration se déroule dans
un contexte exceptionnel :
D’une part, la conjoncture internationale difficile
avec un ralentissement de l’activité économique
mondiale, l’augmentation des tensions
géopolitiques et la pression inflationniste,
D’autre part, les dégâts du violant séisme qu’a
connu le Maroc en septembre et ses
conséquences sur l’économie marocaine,

Selon la ministre, le projet de loi de finances repose sur quatre grands axes qui visent à
mettre en œuvre immédiatement les Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi
Mohammed VI, en matière de reconstruction et de réhabilitation des zones touchées par
le séisme, de gestion de la pénurie d’eau et de consolidation des fondements de l’État
social.

Reconstruction des Consolidation des


régions sinistrées fondements de
par le séisme l’État social

Poursuite des Renforcement de la


réformes soutenabilité des
structurelles finances publiques

Plus de détails sur www.maroc.ma


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Les mesures spécifiques à la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA)
1- Révision de la notion de territorialité :
❑ Elargissement du champ d’application de la TVA (Article 88) :

CGI 2023 PLF/CGI 2024

❑ Les obligations des fournisseurs de services à distance non-résidents (Ajout de l’article 115-bis) :

Les fournisseurs non résidents effectuant des


opérations imposables au profit d’un client établi au
Maroc, doivent accréditer auprès de
l’administration fiscale un représentant domicilié
au Maroc qui doit s'engager à se conformer aux
obligations auxquelles sont soumis les contribuables
exerçant leurs activités au Maroc.
En l’absence de cette accréditation, les prestataires
de services fournis à distance sont tenus de:
✓ S'enregistrer sur la plateforme électronique
dédiée à cet effet et obtenir un identifiant fiscal;
✓ Déclarer le chiffre d’affaires réalisé au Maroc au
titre des prestations précitées fournies aux
clients non assujettis, autres que ceux ayant
opéré la retenue à la source;
✓ Verser, en même temps, la taxe correspondante
sans droit à déduction.

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Les mesures spécifiques à la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA)
2- Inclusion des produits de base de large consommation au champ
d’exonération de la TVA sans droit à déduction (Article 91) :
Afin de promouvoir un objectif social visant à réduire le coût de la TVA pour contenir l'inflation et renforcer le
pouvoir d'achat des consommateurs, la proposition consiste à étendre l'exonération de la TVA à des produits
essentiels largement consommés (Opérations actuellement soumises au taux de 7% ), à travers :

❑ Elargissement de l'exonération de la TVA à tous les produits pharmaceutiques et matières premières entrant
dans leur composition ainsi que les emballages non récupérables;
❑ Exonération des fournitures scolaires, des produits et des matières premières entrant dans leur composition;
❑ Exonération de la TVA du beurre dérivé du lait d'origine animale (Taux actuel : 14%);
❑ Exonération de la TVA des conserves de sardines, du lait en poudre et du savon de ménage.

3- Alignement progressif des taux de TVA pour réduire le butoir et


assurer la neutralité de cette taxe pour les entreprises (Article 247):
Afin d'accomplir l'objectif de la loi-cadre n°69-19 portant réforme fiscale en garantissant la neutralité de la TVA pour
réduire les situations de butoir pour les entreprises, il est proposé d’adopter des mesures suivantes :

Dates d’effet et dispositions transitoires (PLF 2024)


CGI
Mesures
2023 2024 2025 2026
Augmentation progressive du taux de la TVA applicable aux opérations
de ventes et de livraisons portant sur l'eau livrée aux réseaux de
distribution publique, aux services d'assainissement, ainsi qu'à la 7% 8% 9% 10%
location des compteurs d’eau

Augmentation progressive du taux de la TVA applicable à l'électricité 14% 16% 18% 20%
Augmentation progressive du taux de la TVA applicable à la location
des compteurs d'électricité 7% 11% 15% 20%
Réduction progressive du taux de TVA applicable à l'électricité
provenant de sources d'énergie renouvelable 14% 12% 10% 10%
Augmentation progressive du taux de TVA applicable aux opérations de
vente et de livraison portant sur le sucre raffiné ou aggloméré, y
compris les vergeoises, les candis et les sirops de sucre 7% 8% 9% 10%
pur non aromatisés ni colorés
Augmentation progressive du taux de TVA applicable aux opérations
de transport de voyageurs et de marchandises, à l’exclusion des 14% 16% 18% 20%
opérations de transport ferroviaire

Réduction progressive du taux de TVA applicable aux prestations de


services rendues par tout agent démarcheur ou courtier
d’assurances à raison des contrats apportés par lui à 14% 12% 10% 10%
une entreprise d’assurances

Suppression progressive des taux de 7% et 14%

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Les mesures spécifiques à la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA)
4- Intégration du secteur informel et rationalisation des incitations
fiscales :
Afin de promouvoir l'intégration du secteur informel et combattre la fraude fiscale, il est proposé de mettre en
place les mesures suivantes :
❑ Institution du régime d’auto-liquidation de la TVA (Article 125 quinquies) :

Principe
Le client assujetti peut déclarer et acquitter la taxe sur la valeur ajoutée au titre des achats de biens et
services effectués auprès de fournisseurs situés hors champ d’application de la taxe ou qui en sont
exonérés sans droit à déduction, à l’exclusion des opérations d’achat de terrains et des produits agricoles.

Dans ce cas, le client assujetti est tenu de déclarer, selon son régime d’imposition, le montant hors taxe de
l’opération sur sa propre déclaration du chiffre d’affaires du mois ou du trimestre au cours duquel le paiement
de l’opération a été effectué, de calculer la taxe exigible et de procéder à la déduction du montant de ladite
taxe exigible ainsi déclarée .
❑ Institution d’un nouveau régime de la retenue à la source (Article 117) :
RAS sur les opérations effectuées par les fournisseurs de biens et de travaux assujettis à la TVA :

Cette RAS sera effectuée par les clients assujettis sur le montant de la TVA due au titre des opérations
imposables effectuées par les fournisseurs de biens et de travaux qui ne présentent pas à ces clients,
l’attestation justifiant leur régularité fiscale au titre des obligations de déclaration et de paiement des
impôts, droits et taxes prévus par le CGI, délivrée par voie électronique par l’administration fiscale
depuis moins de 3 mois. Toutefois, l’Etat et les collectivités territoriales ne sont pas tenus d’opérer ladite RAS.

RAS sur les opérations effectuées par les prestataires de services assujettis à la TVA :

Cette RAS sera opérée au titre des opérations de prestations de services visées à l’article 89-I (5°, 10° et 12°)
du CGI, dont la liste est fixée par voie réglementaire, à hauteur de 75% du montant de cette taxe par :

✓ L'État, les collectivités territoriales, les institutions, les entreprises publiques, les filiales de celles-ci, ainsi
que d'autres entités publiques, qui versent les rémunérations liées aux services mentionnés aux
personnes assujetties à cette taxe ;
✓ les personnes morales de droit privé assujetties et les personnes physiques dont le revenu est déterminé
selon le régime du résultat net réel (RNR) ou du régime net simplifié (RNS), assujettis à la taxe sur la
valeur ajoutée, qui versent des rémunérations liées aux personnes physiques assujetties à cette taxe et
qui ont fourni le certificat attestant de leur conformité fiscale concernant les impôts, droits et taxes
énoncées dans le CGI . A défaut de présentation de ladite attestation, la retenue à la source est
opérée à hauteur de 100% du montant de cette taxe.
La retenue à la source prévue au titre des opérations effectuées par les fournisseurs de biens et de travaux,
ainsi que par les prestataires de services ne s'applique pas aux opérations suivantes :

• Les ventes d'énergie électrique et d'eau livrée aux réseaux de distribution publique,
• Les prestations d'assainissement fournies aux abonnés par les organismes chargés de l'assainissement,
ainsi que la location de compteurs d'eau et d'électricité,
• Les ventes et les prestations de services effectuées par les opérateurs de télécommunication,
• Les prestations de services rendues par les agents démarcheurs ou courtiers d'assurances,
• Les autres opérations dont le montant est inférieur ou égal à cinq mille (5 000) dirhams, dans la limite de
cinquante mille (50 000) dirhams par mois et par fournisseur de biens, de travaux et de services.

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Les mesures spécifiques à la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA)
❑ Réinstauration de l'obligation de conservation des biens meubles inscrits dans un compte d'immobilisation
pendant 60 mois (Article 102) :

Il est suggéré de réintroduire l'obligation de maintenir en possession les biens meubles qui ont été achetés avec
exonération ou droits de déduction et inscrits dans un compte d'immobilisation pour une durée de 5 ans .

Calcul du montant de la TVA à reverser au Trésor :


Montant de la régularisation = TVA initialement
déduite ou exonérée x (1- 1/60) x nombre de
mois ou de fractions de mois écoulés depuis
l’acquisition du bien
• Si la TVA facturée à l’occasion de la cession du bien > Montant
de la régularisation

Montant de la TVA à reverser = Montant de la


régularisation + ( TVA facturée à l’occasion de la
cession du bien - Montant de la régularisation )

La régularisation doit être réalisée sur la déclaration du chiffre d'affaires du mois ou du trimestre au cours duquel la
cession ou le retrait du bien meuble ouvrant droit à déduction est intervenu .

❑ Institution du principe de la solidarité des dirigeants d'entreprises en matière de TVA (Article 182) :
En cas de non-respect des obligations de déclaration et de paiement prévues par le présent code en matière
de taxe sur la valeur ajoutée, toute personne exerçant directement ou indirectement des fonctions
d'administration, de direction ou de gestion de l’entreprise demeure solidairement redevable de la taxe due, des
pénalités et majorations y afférentes.

❑ Exercice du droit à déduction :


Règle générale (Article 101) :

Le droit à déduction prend naissance dans le mois (non plus à l’expiration du mois «2023 ») de
l’établissement des quittances de douane ou du paiement partiel ou intégral des factures ou mémoires
établis au nom du bénéficiaire.
Ce droit doit s’exercer dans un délai n’excédant pas une année, à compter du mois ou du trimestre de
la naissance dudit droit
Sanction pour infraction au délai du droit à déduction (Article 204-bis) :

Lorsque le droit à déduction n’est pas exercé dans le délai d’une année prévu à l’article 101-3° ci-
dessus, le contribuable est passible d’une amende de 15% du montant de la taxe sur la valeur ajoutée
déductible, avec un minimum de cinq cents (500) dirhams.

❑ Autres mesures relatives à la TVA :


o Les opérations de location portant sur des locaux non équipés destinés à un usage professionnel, qui ont été
acquis ou construits avec le bénéfice du droit à déduction ou de l'exonération de la TVA, seront désormais
obligatoirement imposables à ladite taxe (Article 89) .
o Instauration de l‘exonération sans droit à déduction des redevances et droits de licence inclus dans la base
d'imposition de la TVA à l'importation. Cette exonération sera limitée au montant de la TVA acquittée à
l'importation pour ces redevances et droits de licence (Article 91) .
o Modification des sanctions liées au dépôt tardif de la déclaration de TVA faisant apparaître un crédit de TVA.
Actuellement, le crédit est déduit de 15%, tandis qu’il est proposé de remplacer cette réduction par une
amende correspondant à 15% du montant de la TVA de la période ou du crédit de TVA, avec un minimum de
500 dirhams (Article 204) .

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Les mesures spécifiques à l’impôt sur la revenu (IR)
1- Révision de l’examen de l’ensemble de la situation fiscale des
personnes physiques (Article 216) :
Actuellement, l’évaluation du revenu global annuel est limitée aux revenus déclarés, taxés d'office ou bénéficiant
d'une dispense de déclaration, qui relèvent du champ d'application de l’IR .
Il est proposé d’inclure tous les actifs liquides dans le calcul du revenu global annuel d'une personne physique, y
compris ceux déposés dans ses comptes bancaires ou dans les comptes bancaires d'autres personnes liées à elle,
lorsque ladite personne physique est le bénéficiaire effectif de ces comptes.

Pour l’examen de l'ensemble de la situation fiscale d’une personne physique, l’administration doit lui
notifier un avis d’examen, dans les formes prévues à l’article 219 accompagnée de la charte du contribuable
rappelant à la personne concernée ses droits et obligations en matière de contrôle fiscal.
Avec possibilité pour l'administration d’exiger de la personne contrôlée la présentation de justifications et de
documents visant à clarifier les discordances et les incohérences identifiées, dans un délai de trente (30) jours à
compter de la réception de la demande formulée par l'administration.

Limitation de la durée de l’examen susmentionné à un an à partir de la date de réception de l'avis d'examen sans
tenir compte aux suspensions dues à l’envoi des demandes de renseignements aux administrations fiscales des
Etats ayant conclu avec le Maroc des conventions ou accords permettant un échange de renseignements à des fins
fiscales, visées à l’article 214-II, dans la limite de cent quatre-vingt (180) jours, à compter de la date
d’envoi desdites demandes.

Convocation de la personne contrôlée à un échange oral et contradictoire avant la date de clôture de l'examen.
Notification par l'administration dans un délai de trois (3) mois à compter de la date de clôture de l'examen, des
éléments de comparaison retenus pour la rectification de la base annuelle d'imposition.

La personne concernée est invitée à produire ses observations dans un délai de trente (30) jours suivant la date de
réception de ladite lettre.
A l’issue de ce délai:
❖ Si la personne physique accepte la base d’imposition qui lui est notifiée : l'impôt est émis par voie de rôle.
❖ Si des observations sont formulées par l’intéressé mais que l’administration les estime non fondées : Recours
devant la Commission nationale du recours fiscal (CNRF) .
❖ En cas de défaut de réponse dans le délai prescrit : l’imposition est établie.

2- Déductibilité des cotisations sociales des professionnels, des


travailleurs indépendants et des personnes non salariées exerçant une
activité libérale (Article 35) :
Actuellement, les sommes prélevées par l'exploitant d'une entreprise individuelle de ses comptes, à titre de
rémunérations de son travail, ne sont pas considérées comme des frais déductibles de la base imposable de l'impôt
sur le revenu professionnel, y compris les frais relatifs à ses cotisations sociales.
Mais dans le cadre de l'accompagnement de la stratégie nationale de généralisation de la couverture sociale et afin
de garantir l'équité fiscale entre tous les contribuables, il est proposé d'élargir le droit de déduction des cotisations
sociales au régime de l'assurance maladie obligatoire (AMO) et de la retraite au profit des professionnels, des
travailleurs indépendants et des personnes non salariées exerçant une activité libérale soumis à l’IR selon le
régime du résultat net réel ou simplifié.

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Les mesures spécifiques aux droits d’enregistrement (DE)
1- Alignement des taux des droits d'enregistrement applicables aux
actes d'attribution de locaux ou terrains par les coopératives et les
associations à leurs membres (Article 133) :
Révision des taux des droits d'enregistrement sur l'attribution des locaux et des terrains par les coopératives
ou les associations au profit de leurs membres :

Opérations Taux proposé


L'attribution de locaux construits par les coopératives ou les associations au profit de
leurs membres, que ces locaux soient destinés à usage d’habitation, commercial, 4%
professionnel ou administratif
Les actes et conventions portant attribution de terrains nus par les coopératives ou les
associations au profit de leurs membres.
5%

Plus de détails sur :

▪ PROJET DE LOI DE FINANCES N° 55-23 POUR L’ANNEE BUDGETAIRE 2024

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