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Principales mesures fiscales proposées

dans le cadre du projet de la loi de finances pour l’année 2024

Les mesures fiscales proposées au niveau du projet de la loi de finances pour l’année 2024
s’inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre progressive des dispositions de la loi-cadre
n°69.19 portant réforme fiscale approuvée par le Parlement. Elle est le fruit d’un débat
approfondi au cours des Assises Nationales sur la Fiscalité tenues le 03 et 04 mai 2019.

Après avoir initié la réforme de l’impôt sur le revenu et de l’impôt sur les sociétés au cours de
la loi de finances de l’année précédente, le gouvernement est résolu, à travers les mesures
proposées dans le cadre du projet de la loi de finances pour l’année 2024, d’entamer la réforme
de la TVA et d’introduire des dispositions facilitant l’intégration du secteur de l’informel.

Cette réforme sera mise en œuvre progressivement sur une période de 3 ans (2024 à 2026)
selon la même démarche adoptée par les lois de finances précédentes, afin de fournir une vision
claire aux opérateurs économiques et d’assurer la stabilité de notre système fiscal à l’horizon
2026.

A cet égard, il convient de rappeler les principaux objectifs de cette réforme :

 L’objectif d’ordre social qui vise à soutenir le pouvoir d’achat des ménages et à atténuer
l’impact de l’inflation sur eux, à travers la généralisation de l’exonération de la TVA aux
produits de base de large consommation ;
 L’objectif économique qui vise à assurer la neutralité de cette taxe et à atténuer l’effet
du butoir sur les entreprises, engendré par la différence des taux appliqués en amont et
en aval des chaînes de production de biens et services, et ce en faisant correspondre les
taux actuels de cette taxe (7%, 10%, 14 % et 20%) à deux taux normaux fixés à 20% et
10% à l’horizon 2026, et ce parallèlement à l’élargissement du champ d’application de
cette taxe ;
 L’objectif qui vise à assurer l’équité fiscale pour garantir que chacun contribue aux
dépenses publiques selon ses capacités, et ce à travers l’intégration du secteur de
l’informel, la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales, ainsi que la rationalisation de
certaines incitations fiscales.

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Les mesures proposées concernent :

En ce qui concerne la réforme de la TVA:

 Les mesures d’ordre social qui se basent sur l’exonération des produits de base de large
consommation de la TVA (sans droit à déduction) et qui comprennent :
- Tous les médicaments et matières premières entrant dans leur composition
(actuellement assujettis au taux de 7 %) ;
- Toutes les fournitures scolaires et les matières premières entrant dans leur composition
(actuellement assujettis au taux de 7 %) ;
- Le beurre dérivé du lait d’origine animale (actuellement soumis au taux de 14 %), tandis
que les autres types de beurre resteront soumis à la TVA au taux de 20 % ;
- Les conserves de sardines, le lait en poudre et le savon de ménage (actuellement soumis
au taux de 7 %).

En plus de l’exonération des produits de base, le projet de loi de finances 2024 propose de
mettre à jour la liste des produits et équipements utilisés pour l’hémodialyse qui sont
exonérés de la TVA à l’intérieur et à l’importation.

 Les mesures d’ordre économique visant à atténuer l’effet du butoir en limitant à deux
les taux de la TVA fixés à 10% et 20%. Elles concernent :

- Harmonisation progressive du taux de la taxe sur la valeur ajoutée appliqué à l'eau ainsi
que les prestations d’assainissement et la location de compteurs d'eau qui est actuellement
de 7 %, pour l’augmenter à 8 % en 2024, 9 % en 2025, pour atteindre 10 % en 2026;
- Harmonisation progressive du taux de la taxe sur la valeur ajoutée appliqué sur l’énergie
électrique qui est de 14% actuellement en le rehaussant à 16% en 2024, 18% en 2025
pour atteindre 20% en 2026 ;
- Harmonisation progressive du taux de TVA appliqué à la location de compteurs
d’électricité, qui est actuellement de 7 %, pour l’élever à 11 % en 2024, 15 % en 2025
pour atteindre 20 % en 2026 ;
- Réduction progressive du taux de la taxe sur la valeur ajoutée appliqué à la production
de l’énergie électrique de sources renouvelables de 14 % appliqué actuellement à 12 %
en 2024 pour atteindre 10 % en 2025 ;
- Harmonisation progressive du taux d’imposition de la taxe sur la valeur ajoutée appliqué
au sucre à travers son augmentation de 7% appliqué actuellement, à 8% en 2024, à 9%
en 2025 pour atteindre 10% en 2026 ;
- Harmonisation progressive du taux d’imposition applicable aux opérations de transport de
voyageurs et de marchandises en le passant de 14 % appliqué actuellement, à 16 % en
2024, à 18 % en 2025, pour atteindre 20 % en 2026 ;
- Harmonisation progressive du taux d’imposition applicable aux prestations de services
rendues par tout agent démarcheur ou courtier d’assurances en le ramenant de 14% appliqué
actuellement, à 12% en 2025, pour atteindre 10% en 2026.

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En ce qui concerne les dispositions relatives à l’intégration du secteur de l’informel :

 Mesures de lutte contre l’évasion fiscale et la rationalisation des incitations fiscales à


travers :

- L’institution du régime de l’auto-liquidation de la TVA au titre des achats de biens


et de services effectués avec des fournisseurs situés hors champ d’application
de la TVA ou exonérés de cette taxe ;
- L’institution d’un nouveau régime de retenue à la source pour les contribuables
assujettis à la TVA qui ne justifient pas leur régularité fiscale, en vertu duquel
100 % du montant de la TVA dû peut être déduit des opérations effectuées par
les fournisseurs de biens et de travaux;
- L’institution d’un régime de retenue à la source de 75 % du montant de la TVA
dû sur les services fournis par des personnes morales au profit de l’État, des
collectivités territoriales et des établissements et entreprises publics et leurs
filiales ; ainsi que les paiements dus au titre des services fournis par des
personnes assujetties au droit public ou privé et des personnes physiques dont
le revenu est déterminé par le régime du résultat net réel (RNR) ou le régime du
résultat net simplifié (RNS);
- La réinstauration de l’obligation de conservation des biens d’investissement
inscrits dans un compte d’immobilisation pendant cinq (5) ans ;
- La suppression de l’exonération de TVA pour les biens d'équipement destinés à
l'enseignement privé ou à la formation professionnelle ;
- L’élargissement du champ d’application de la TVA pour appréhender le
commerce électronique au titre des services fournis en ligne par des sociétés
non-résidentes à des clients installés sur le territoire national, conformément
aux meilleures pratiques internationales dans ce domaine et en adoptant la
résidence habituelle des clients.

 Mesures d’harmonisation et de clarification des règles d’assiette à travers :

- La clarification du régime fiscal applicable aux locations d’immeubles en matière


de taxe sur la valeur ajoutée avec précision des opérations à caractère
commercial ;
- L’harmonisation de la sanction de 15 % applicable en cas de dépôt de déclaration
créditrice hors délai avec les sanctions des règles générales ;
- La clarification du délai de forclusion lié à l’exercice du droit à déduction de la
TVA fixé à un an, en appliquant la sanction de 15% de l’impôt dû et déduit hors
du délai précité avec un minimum de 500 dirhams ;
- L’exonération de la TVA à l’intérieur des redevances et doits de licence dont la
valeur est incluse dans la base d’imposition de la TVA à l’importation ;
- La déductibilité des cotisations sociales des professionnels, travailleurs
indépendants et des personnes non-salariés du résultat net selon le Régime du
résultat net réel (RNR) et le régime du résultat net simplifié (RNS).

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 Mesures pour la lutte contre la fraude fiscale et la réforme du secteur informel à travers :

- L’institution du principe de solidarité entre les dirigeants d’entreprises


(directement et indirectement) en ce qui concerne la responsabilité en matière
de versement de la TVA ;
- La simplification des procédures fiscales en cas d’abus de droit en supprimant la
disposition relative au recours devant la commission consultative du recours
pour abus de droit et maintenir le droit de recours devant la commission
nationale du recours fiscal (CNRF) ;
- L’amélioration de la procédure d’examen de l’ensemble de la situation fiscale
des personnes physiques de manière à garantir les droits du trésor et des
contribuables et à limiter les pratiques frauduleuses et la non-déclaration de
certaines revenus professionnels, et ce à travers l’évaluation de l’ensemble des
revenus et des dépenses des contribuables en prenant en considération les
avoirs liquides détenus sur des comptes bancaires ouverts en leurs noms propres
ou au nom de toute autre personne, tout en améliorant les procédures visant à
garantir les droits des contribuables;
- Réinstauration de la mesure relative à la régularisation volontaire de la situation
fiscale des contribuables (article 7 de la loi de finances pour l’année 2020)
parallèlement à la révision de la procédure d’examen de l’ensemble de la
situation fiscale ;
- Réinstauration de la contribution libératoire relative à la régularisation
spontanée au titre des avoirs et liquides détenus à l’étranger (article 8 de la loi
de finances 2020) ;
- L’unification du traitement fiscal relatif aux droits d’enregistrement applicables
aux actes d’attribution de locaux ou terrains par les coopératives et les
associations à leurs membres en les soumettant aux taux applicables selon le
droit commun (5% ou 4%).

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