Vous êtes sur la page 1sur 6

Genèse et évolution

Published on LOF - Loi Organique relative à la loi de Finances - Maroc


(http://lof.finances.gov.ma)
-
A +A

Genèse et évolution

Le système des finances publiques au Maroc a été mis en place dès la période du protectorat.
Cependant, son acception moderne, n’a vu le jour qu’après la promulgation de la première
constitution le 17 Rajab 1382 (14 décembre 1962) [1]. L’histoire du droit et des institutions au
Maroc, atteste de l’existence d’une corrélation systématique entre les révisions constitutionnelles et
la refonte des lois organiques régissant le budget de l’Etat. En fait, cette corrélation est tributaire de
l’effet d’impulsion qu’exercent les mutations et les changements des contextes politique,
économique et social sur l’évolution des lois organiques relatives à la loi de finances.

Le cadre juridique aux temps du Protectorat et aux lendemains


de l’indépendance

Au cours de cette période, les modalités de préparation et de l’exécution du budget étaient régies
par deux textes fondamentaux :

le Dahir du 18 Chaâbane 1335 (9 juin 1917) [2] portant règlement de la comptabilité


publique. Il s’agit d’ailleurs du premier texte juridique adopté au Maroc pour l’organisation
des finances publiques sur des bases modernes ;
le Dahir du 29 Moharrem 1378 (6 août 1958) [3] portant règlement sur la comptabilité
publique du Royaume. Il a constitué le premier texte législatif promulgué dans ce domaine
au lendemain de l’Indépendance. Ce texte a, par ailleurs, introduit les modifications
nécessaires au nouveau statut politique du Maroc, passé du régime du protectorat à celui de
l’indépendance.

Ces deux textes ne se limitaient pas exclusivement aux aspects budgétaires. Ils traitaient à la fois de
la comptabilité publique et de la réglementation des marchés publics intégrée au chapitre relatif à la
"liquidation des dépenses". Avant 1962 et compte tenu de l’absence d’une assemblée représentative
pour examiner et voter le budget de l’Etat, le budget du Maroc indépendant était approuvé par le
Conseil du cabinet et le Conseil des ministres.

La première loi organique de 1963

La promulgation de la première Constitution marocaine le 14 décembre 1962 a enclenché une série


de réformes fondamentales au niveau du cadre juridique régissant le budget de l’Etat. Le texte
constitutionnel a consacré, au niveau de l’article 50, le principe de l’autorisation budgétaire
accordée par le parlement qui vote la loi de finances. Le budget de 1963 a constitué l’occasion pour
asseoir ce principe de l’autorisation parlementaire, tout en ayant établi la corrélation entre le
développement du droit des finances publiques et la promotion des droits politiques, économiques et
(c) Direction du Budget - Ministère de l'Economie et des Finances 2021
Page 1 sur 6
Mentions Légales Nous contacter
Genèse et évolution
Published on LOF - Loi Organique relative à la loi de Finances - Maroc
(http://lof.finances.gov.ma)
sociaux du citoyen. La constitution de 1962 a représenté, par ailleurs, le référentiel pour l’adoption
de plusieurs textes concernant les finances de l’Etat. Il s’agit du:

Dahir du 21 Joumada II 1383 (9 novembre 1963) [4] portant sur la loi organique de finances
et qui a constitué la première constitution financière au Maroc. Il avait introduit, pour la
première fois, l’articulation entre la loi de finances de l’année et le plan approuvé par le
Parlement. La dissociation entre les règles et les principes budgétaires et financiers et ceux
régissant la comptabilité publique et les marchés publics fut ainsi effectuée.
Décret Royal n° 331-66 du 10 Moharrem 1387 (21 avril 1967) portant sur l’application des
dispositions de la loi organique relative à la loi de finances, relatives à la présentation des
lois de finances;
Décret Royal n° 330-66 du 10 Moharrem 1387 (21 avril 1967) [5] portant sur le règlement
général de la comptabilité publique.

Les lois organiques relatives à la loi de finances de 1970 et de


1972

La déclaration de l’Etat d’exception en 1965 a entrainé la suspension de l’institution parlementaire.


Les budgets de l’Etat sans autorisation parlementaire sont réapparus durant ladite période.
L’adoption des constitutions de 1970 [6] et de 1972 [7], a induit celles des lois organiques relatives à
la loi de finances du 1er Chaâbane 1390 (3 Octobre 1970) [8] et du 9 Chaabane 1392 (18 Septembre
1972) [9]. Elles furent, néanmoins, accompagnées de nouvelles modalités de vote de la loi de
finances. Une loi de règlement unique et définitive du budget au lieu d’un règlement provisoire suivi
d’un règlement définitif a été mise, également, en vigueur. En somme, la loi organique relative à la
loi de finances de 1970 a remédié à la carence du dispositif relatif au traitement réservé aux
recettes de l’Etat en cas de refus d’approbation ou de refus de promulgation du budget dans les
délais réglementaires. Pour ce qui est de celle de 1972, l’année budgétaire est différente de l’année
civile, elle commence le 1er juillet de chaque année et se termine le 30 juin de l’année suivante. Ces
deux lois organiques ainsi que les amendements qui leur ont été conférés, ont été adoptées en
l’absence du Parlement.

La loi organique relative à la loi de finances de 1998

Durant les années 1990, les mutations tant sur le plan politique, économique que social ont induit
une dynamique de l’environnement national. La mise en place de la constitution révisée du 7
octobre 1996 [10]et l’institution du bicaméralisme en furent la résultante directe. Les principales
mutations sont :

La prise en considération de la décision en date du 6 Moharrem 1412 (19 juillet 1991) du


Conseil Constitutionnel qui a été appelé à se prononcer sur le caractère législatif ou
réglementaire de certaines dispositions de la loi organique relative à la loi de finances et du
Décret Royal portant sur l’application des dispositions de la loi organique relative à la loi de
finances;
L’élévation de la Cour des comptes au rang d’institution constitutionnelle par la constitution
de 1996;

(c) Direction du Budget - Ministère de l'Economie et des Finances 2021


Page 2 sur 6
Mentions Légales Nous contacter
Genèse et évolution
Published on LOF - Loi Organique relative à la loi de Finances - Maroc
(http://lof.finances.gov.ma)
L’adoption de la loi du 2 avril 1997 relative à la région [11];
L’accord d’association avec l’Union Européenne de 1996;
La préservation et la consolidation des acquis du programme d’ajustement structurel;
Le renforcement de la libéralisation de l’économie et le développement des opérations de
privatisation;
Les dialogues politiques, en préparation de l’avènement d’un gouvernement d’alternance.

En définitif, la loi organique relative à la loi de finances de 1998 a aligné le dispositif des finances de
l’Etat sur le nouveau dispositif constitutionnel de 1996. Ceci ayant trait à la planification et le retour
au bicaméralisme parlementaire, sans toutefois, une rupture avec la logique budgétaire amorcée
depuis l’indépendance. Par rapport aux précédentes lois organiques, le Parlement a été impliquée
pour la mise au point du Dahir du 7 Chaabane 1419 (26 Novembre 1998) [12] portant promulgation
de la loi organique n° 7-98 relative à la loi de finances. En 2000, la loi organique n° 7-98 relative à la
loi de finances a été amendée pour instituer, par le dahir n° 1-00-195 du 19 avril 2000 [13]portant
promulgation de la loi organique n° 14-00, le chapitre 3 bis concernant les services de l'Etat gérés de
manière autonome.
Les principales nouvelles dispositions de la loi organique relative à la loi de finances de 1998 et 2000
ont porté sur:

Le rétablissement du concept du plan après sa réhabilitation par la Constitution et sa


substitution au programme économique et social intégré ;
L’adaptation, au contexte bicaméral, des délais de dépôt et d’examen, par le Parlement, de
la loi de finances ainsi que de la procédure de son vote ;
la suppression des budgets annexes;
l’intégration des services de l’Etat gérés de manière autonome dans la loi de finances de
l’année;
la réduction du nombre de catégories de comptes spéciaux du Trésor de neuf à six
catégories;
l’élargissement des prérogatives du Gouvernement en matière d’ouverture de crédits
supplémentaires en cours d’année «en cas de nécessité impérieuse d’intérêt national» ou en
contrepartie de fonds versés par des personnes morales ou physiques appelés «fonds de
concours» et ce, pour couvrir des dépenses d’intérêt public; -sursis de l’exécution de
certaines dépenses; -redéploiement des postes budgétaires entre les ministères et la
possibilité d’en geler l’utilisation.
Les restrictions apportées aux initiatives gouvernementales concernant les modalités de
report des crédits d’une année à l’autre;
La clarification des principes des finances publiques : annualité, universalité, unité, spécialité
budgétaire.

L’expérimentation de la réforme budgétaire axée sur les


résultats

La réforme budgétaire au Maroc, lancée à partir de 2001 s’inscrit au cœur d’un vaste programme de
modernisation de l’administration publique. Elle vise essentiellement à renforcer la performance de
l’action publique, à améliorer la qualité des prestations du service public et à accroitre l’impact des
politiques publiques sur les populations bénéficiaires.

Cette réforme repose sur les axes suivants:

(c) Direction du Budget - Ministère de l'Economie et des Finances 2021


Page 3 sur 6
Mentions Légales Nous contacter
Genèse et évolution
Published on LOF - Loi Organique relative à la loi de Finances - Maroc
(http://lof.finances.gov.ma)

La globalisation des crédits : qui consiste à accorder aux ordonnateurs et aux sous-
ordonnateurs une plus grande liberté, flexibilité et responsabilité dans la gestion des crédits
mis à leur disposition, en contrepartie de la restructuration de leurs morasses autour de
projets structurants et de la fixation des objectifs, mesurés par des indicateurs de
performance;
La déconcentration budgétaire à travers la contractualisation : il s’agit d’un nouveau mode
de gestion de la relation entre l’administration centrale et ses services déconcentrés. Elle
s’inscrit dans une optique basée sur l’amélioration des performances et le renforcement de
l’autonomie. Ce processus passe également par la déconcentration moyennant un contrat
liant les deux parties à savoir l’administration et les services déconcentrés;
La programmation pluriannuelle: Elle permet de placer la gestion budgétaire dans une
perspective pluriannuelle. Elle vise à renforcer la discipline budgétaire globale, pour
améliorer les conditions de préparations de la loi de finances et assurer une meilleure
visibilité des politiques sectorielles;
La réforme du contrôle: Elle se base sur l’adaptation du contrôle selon la logique des
résultats. La première mesure a porté sur la création d’un pôle unique de contrôle a priori par
le rapprochement fonctionnel du Contrôle général des engagements de dépenses et de la
Trésorerie Générale du Royaume. Elle a institué le contrôle modulé de la dépense moyennant
la hiérarchisation et l’internalisation du contrôle de régularité, ainsi que le développement de
l’audit de performance;
Le partenariat: Il s’agit de mettre en liaison l’Etat et les acteurs locaux de telle sorte à tenir
compte de l’espace territorial. Les actions entre les partenaires devant se conformer aux
principes de bonne gouvernance. Cette démarche permet de renforcer la coordination et
l’équilibre entre les partenaires par la mise en place d’un cadre conventionnel adéquat axé
sur l’appréciation des résultats.

(c) Direction du Budget - Ministère de l'Economie et des Finances 2021


Page 4 sur 6
Mentions Légales Nous contacter
Genèse et évolution
Published on LOF - Loi Organique relative à la loi de Finances - Maroc
(http://lof.finances.gov.ma)
La réforme budgétaire axée sur les résultats a été accompagnée par le développement des
systèmes d’information intégrés de gestion budgétaire qui visent la dématérialisation et la
mutualisation de l’information budgétaire. Il s’agit, pour la programmation budgétaire, du système
"e-budget" qui a pour objectif de mettre en ligne les services de prise en charge, d’analyse et de
suivi des opérations budgétaires au profit des départements ministériels ; et pour l’exécution
budgétaire du système "Gestion Intégrée de la Dépense" (GID) qui a notamment pour objectifs
l’accélération du traitement des actes liés à la dépense et la rationalisation et la simplification des
circuits et des procédures d’exécution des dépenses publiques.
Cette expérimentation a été réalisée à législation constante. Cependant, des textes règlementaires
ont été adoptés:

Circulaire de Monsieur le Premier Ministre N°12/2001 du 25 décembre 2001 [14] relative à


l'adaptation de la programmation et de l'exécution du budget de l'Etat au cadre de la
déconcentration;
Décret n° 2-01-260.76 du 31 décembre 2001 [15] modifiant et complétant le décret n°
2-98-401 du 26 avril 1999 relatif à l’élaboration et l’exécution des lois de finances (article 17
bis);
Circulaire du Ministre chargé des Finances n°483/E du 28 février 2002 [16] relative aux
mesures d'application de l'article 17 bis du décret n° 2-01-2676 du 31 décembre 2001 cité
dessus.
Circulaire de Monsieur le Premier Ministre N°07/2003 du 27 Juin 2003 [17] relative au
partenariat entre l’Etat et les associations ;
Circulaire de Monsieur le Premier Ministre N°03/2007 du 8 Février 2007 [18] accompagnée
d’un guide méthodologique d’élaboration du CDMT ;
Décret n° 2-07-1235 du 5 kaada 1429 (4 novembre 2008) [19] relatif au contrôle des
dépenses de l'Etat ;
Circulaire de 17 janvier 2005 du Ministre des Finances et de la Privatisation [20] relative à
l’adaptation de la nomenclature administrative du budget de l’Etat à la dimension régionale.

La loi organique n°130-13 relative à la loi de finances

L’adoption en 2011 de la nouvelle constitution a rendu nécessaire la refonte de la loi organique


n°7-98 relative à la loi de finances afin de prendre en compte les nouveaux principes
constitutionnels encadrant les finances publiques. La nouvelle loi organique n°130-13 relative à la loi
de finances [21] fournit ainsi un cadre législatif pour consacrer les différentes mesures entreprises
au cours de ces dernières années dans le cadre de la modernisation de la gestion des finances
publiques. Cette loi organique qui définit de nouvelles règles budgétaires et comptables consacre les
principes de reddition des comptes et d’évaluation, élargit le droit d’amendement parlementaire et
participe au renforcement de la transparence budgétaire. La LOF représente donc une mutation des
processus de la gestion financière publique et une évolution importante dans les pratiques
budgétaires de l’administration publique marocaine, non seulement en raison des changements des
règles législatives mais aussi parce que la mise en œuvre de la LOF modifie profondément les
pratiques et les comportements.

Documents

Loi organique n°130-13 relative à la loi de finances [21]

(c) Direction du Budget - Ministère de l'Economie et des Finances 2021


Page 5 sur 6
Mentions Légales Nous contacter
Genèse et évolution
Published on LOF - Loi Organique relative à la loi de Finances - Maroc
(http://lof.finances.gov.ma)

Source URL: http://lof.finances.gov.ma/fr/lof/genese

Liens
[1]
http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/constitution_le_17_rajab_1382_14_decembre_1962.pdf
[2] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/dahir_du_18_chaabane_1335_9_juin_1917.pdf
[3] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/dahir_du_29_moharrem_1378_6_aout_1958_portant_r
eglement_sur_la_comptabilite_publique_du_royaume_du_maroc.pdf
[4] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/dahir_du_21_joumada_ii_1383_9_novembre_1963.pdf
[5] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/decret_royal_n_330-66_du_10_moharrem_1387_21_a
vril_1967.pdf
[6] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/constitutions_de_1970.pdf
[7] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/constitutions_de_1972.pdf
[8] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/lois_organiques_relatives_a_la_loi_de_finances_du_1er
_chaabane_1390_3_octobre_1970.pdf
[9] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/lois_organiques_relatives_a_la_loi_de_finances_du_9_c
haabane_1392_18_septembre_1972.pdf
[10] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/constitution_revisee_du_7_octobre_1996.pdf
[11] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/la_loi_du_2_avril_1997_relative_a_la_region.pdf
[12] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/loi_organique_relative_a_la_loi_de_finances_de_1998
-dahir_du_7_chaabane_1419.pdf
[13] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/dahir_n1-00-195_du_19_avril_2000_loi_organique_n1
4-00.pdf
[14] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/circulaire_de_monsieur_le_premier_ministre_n12200
1_du_25_decembre_2001.pdf
[15] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/decret_n_2-01-2676_du_31_decembre_2001.pdf
[16] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/circulaire_du_ministre_charge_des_finances_n483_e
_du_28_fevrier_2002_fr.pdf
[17] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/circulaire_de_monsieur_le_premier_ministre_n07200
3_du_27_juin_2003.pdf
[18] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/circulaire_du_pm_n03_2007_du_8_fevrier_2007.pdf
[19] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/decret_n2-07-1235_du_5_kaada_1429_4_novembre_
2008.pdf
[20] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/circulaire_de_17_janvier_2005_du_ministre_des_fina
nces_et_de_la_privatisation.pdf
[21] http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/loi_organique_130-30_fr18.pdf

(c) Direction du Budget - Ministère de l'Economie et des Finances 2021


Page 6 sur 6
Mentions Légales Nous contacter

Vous aimerez peut-être aussi