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Sujet : Assainissement et soutenabilité des finances publiques au Maroc

Introduction :
La crise sanitaire mondiale a profondément impacté les finances publiques à l'échelle internationale,
mettant à l'épreuve la résilience des gouvernements et des économies nationales. Le Maroc,
confronté à ces défis sans précédent, doit faire face à une série de nouveaux enjeux qui viennent
s'ajouter à des problématiques déjà existantes. Comme souligné dans le discours de sa majesté le Roi
MED IV, À l'occasion du 23ème anniversaire de l'accession du Souverain au Trône de Ses glorieux
ancêtres en juillet 2022 : « Nous avons également orienté le gouvernement pour qu’il alloue des
crédits importants à la subvention de certains produits de base et pour qu’il assure
l’approvisionnement des marchés en ces produits. » Cette déclaration a déclenché la nécessité pour
le Maroc de revoir sa stratégie financière et de prendre des mesures adaptées pour assurer la
stabilité économique et budgétaire du pays. Dans ce cadre, le budget alloué en 2022 à la Caisse de
compensation a été doublé, excédant ainsi les 32 milliards de dirhams.' Ce qui traduit l'importance
accordée par les autorités marocaines à la gestion des finances publiques et à la protection du
pouvoir d'achat des citoyens. Ainsi, la problématique qui nous interpelle est la suivante : quel constat
peut-on dresser de la situation actuelle des finances publiques au Maroc et quelles sont les
mesures à mettre en place pour maintenir cet équilibre budgétaire dans un contexte de défis
multiples ?

Pour répondre à notre problématique, un plan en deux axes sera établi, un premier axe abordera
l’état des lieux des finances publiques au Maroc, et un second axe mettra l’accent sur les mesures
nécessaires pour assurer un équilibre budgétaire.

1- État des lieux des Finances Publiques au Maroc :

La situation des Finances Publiques au Maroc est complexe, marquée par des défis importants. Le
pays a rarement enregistré des excédents budgétaires (2007 et 2008), soulignant la fragilité de ses
finances, accentuée par la pandémie de Covid-19 qui a entraîné un endettement massif pour faire
face à la crise. Face à ces risques croissants tels que le réchauffement climatique, le boom
démographique, les flux migratoires, le vieillissement de la population, et les fractures sociales et
numériques, une refonte de la gouvernance des Finances Publiques est nécessaire.

En 2024, les recettes du budget général ont augmenté de +5,6% par rapport à 2023, atteignant
311,32 milliards, avec une part significative provenant de la TVA à 94,95 milliards. Les dépenses du
budget pour la même année se chiffrent à 435,76 milliards, comprenant des dépenses personnelles
de 161,82 milliards et des dépenses d'investissement de 118,11 milliards. L'écart entre les recettes
ordinaires et les dépenses ordinaires a considérablement augmenté, passant de 1,2% du PIB en 2008
à plus de 8% du PIB en 2020, soulignant un défi financier majeur. Les politiques budgétaires
expansionnistes, telles que les investissements dans les infrastructures, l'éducation et la santé, ont
un impact crucial sur la stimulation de la croissance économique, surtout en période de crises
comme la pandémie de Covid-19. Les besoins de financement pour le nouveau modèle de
développement devront augmenter de 4% à terme pour atteindre 10% du PIB. La Caisse de
Compensation, avec un budget doublé en 2022 pour subventionner des produits de base, joue un
rôle essentiel dans la protection du pouvoir d'achat des citoyens, mais sa gestion doit être équilibrée
pour éviter des pressions excessives sur les Finances Publiques. En d’autres termes, la pression
croissante sur les finances publiques du Maroc, due à des chocs multiples et intenses, nécessite une
adaptation de la gouvernance financière pour faire face aux nouveaux risques, notamment
l'endettement public en hausse et la tendance à la baisse des recettes fiscales.

2- Mesures pour la Stabilisation des Finances Publiques au Maroc :


Dans le cadre de l'assainissement des finances publiques au Maroc, plusieurs mesures ont été prises
pour renforcer la gestion financière et promouvoir la soutenabilité économique, tels que ;

+La mise en place de la globalisation des crédits : cette mesure constitue un point clé pour la
réforme du processus budgétaire au Maroc. Car elle permet aux ministères de réaliser des virements
entre lignes budgétaires d'un même paragraphe, offrant ainsi une plus grande souplesse aux
gestionnaires tout en renforçant l'efficacité et l'efficience de l'administration. En outre, la
globalisation des crédits vise à améliorer la programmation, l'exécution et le contrôle de la dépense
publique, tout en renforçant la déconcentration administrative.

+La Loi Organique des Finances (LOF) 130-13 : représente un cadre essentiel pour la gestion
financière au Maroc. En introduisant la pluri annualité budgétaire, cette loi permet d'établir un cadre
triennal glissant tout en conservant l'aspect annuel de la loi de finances. Cette approche prospective
vise à orienter la dépense publique vers la logique des résultats, favorisant ainsi une meilleure
allocation des ressources et une gestion plus efficiente des finances publiques. De plus, ladite loi
encourage la rationalisation et la maîtrise des dépenses publiques, mettant l'accent sur la qualité des
dépenses plutôt que sur leur quantité.

La réforme de la fiscalité : elle constitue un levier crucial pour la stabilisation des finances publiques
au Maroc. En adaptant le système fiscal aux besoins actuels de l'économie et en intensifiant la lutte
contre la fraude et l'évasion fiscale, le Maroc vise à accroître durablement ses recettes fiscales. Une
fiscalité efficace et équitable est fondamentale pour assurer des ressources budgétaires adéquates et
pour soutenir les politiques de développement économique et social du pays. Dans le cadre des
objectifs de la loi de finances 2024, le Maroc s'engage à dynamiser la croissance économique et à
promouvoir la création d'emplois en renforçant l'investissement privé à travers des incitations
fiscales, des réformes structurelles et des partenariats public-privé.

+la réforme du système de compensation : ce volet revêt une importance cruciale pour la viabilité
des Finances Publiques marocaines. En repensant le fonctionnement de la Caisse de Compensation et
en ciblant les subventions vers les populations les plus vulnérables, le Maroc peut réduire les
pressions financières liées à ce mécanisme tout en assurant une protection sociale efficace. Une
réforme de la compensation permettrait de rationaliser les dépenses publiques et de garantir une
utilisation plus efficiente des ressources budgétaires, contribuant ainsi à la stabilité financière du
pays.

+La budgétisation sensible au genre : occupe une place essentielle dans la gestion des finances
publiques au Maroc, garantissant une prise en compte systématique des considérations d'égalité des
genres dans les décisions relatives aux revenus et aux dépenses de l’État.

+NMD (Nouveau Modèle de Développement): Le NMD propose la mise en place d'un mécanisme
régulier de revue des dépenses dans le cadre de la stratégie nationale à long terme du Maroc. Ce
mécanisme vise à dégager de l'espace budgétaire pour financer les priorités nationales en optimisant
les dépenses et en réduisant celles jugées non prioritaires ou superflues.

+Les expériences étrangères en matière de gestion des finances publiques : offrent des perspectives
intéressantes pour le Maroc. Par exemple, en Norvège, l'examen des dépenses est intégré au
processus budgétaire et fait partie de la planification budgétaire. Le gouvernement norvégien
organise chaque automne une conférence sur la stratégie budgétaire pour discuter des perspectives
économiques à moyen terme, établir des priorités et directives pour le processus budgétaire de
l'année suivante. Les recommandations issues de ces examens des dépenses sont intégrées au
processus budgétaire, ce qui contribue à une gestion plus efficace des ressources financières et à une
meilleure allocation des dépenses publiques.

Conclusion :

En guise de conclusion, l'assainissement et la soutenabilité des finances publiques au Maroc sont des
enjeux cruciaux qui nécessitent une attention particulière et des mesures stratégiques. Au cours des
dernières années la situation des finances publiques au Maroc présente des défis significatifs,
notamment l'écart croissant entre les recettes ordinaires et les dépenses ordinaires, mettant en
lumière une pression financière croissante sur le budget de l'État. Face à ces enjeux, il est impératif
de mettre en œuvre des réformes structurelles pour assurer la soutenabilité des finances publiques.

La réforme de la Loi Organique des Finances (LOF) 190-13 apparaît comme une nécessité urgente
pour renforcer la gouvernance financière, accroître la transparence et la responsabilité dans la
gestion des finances publiques au Maroc. En intégrant les dispositions de la LOF 190-13, il est
possible de promouvoir une gestion plus efficace et durable des finances publiques, assurant ainsi la
viabilité budgétaire à long terme et contribuant au développement économique et social du pays. Ce
qui confère une opportunité pour consolider les progrès réalisés et relever les défis persistants en
matière de gestion financière publique au Maroc.
Annexe :
De nouveaux défis sont ainsi apparus ces dernières années à côté d’anciens déjà nombreux, qui se
manifestent de manière exacerbée et qu’il faudra affronter.

Parallèlement, il est intéressant d'examiner les expériences étrangères en matière de gestion des
finances publiques, notamment face aux défis similaires rencontrés par d'autres pays. A titre
illustratif …Dans ce contexte, il est crucial d'évaluer la situation actuelle des finances publiques au
Maroc et d'identifier les mesures nécessaires pour assurer la stabilité et l'équilibre budgétaire.

La globalisation des crédits consiste à rationaliser l'allocation des ressources financières en


regroupant les crédits budgétaires par programmes ou objectifs stratégiques, favorisant ainsi une
coordination accrue des dépenses publiques et une optimisation de leur impact .

La Loi de Finances 2024 prévoit des mesures spécifiques en matière de fiscalité pour assurer des
recettes publiques stables et adéquates. Ces mesures visent à renforcer la base fiscale, à combattre
la fraude fiscale et à promouvoir une fiscalité équitable et efficace.

Budgétisation sensible au genre: La budgétisation sensible au genre est solidement développée au


Maroc, reflétant une prise de conscience croissante du pouvoir du processus budgétaire pour
atteindre les objectifs nationaux. Cette approche vise à garantir la prise en compte systématique des
considérations d'égalité des genres dans les décisions relatives aux revenus et aux dépenses de l’État.
Elle ne se limite pas à un budget séparé pour les politiques destinées aux femmes, mais cherche à
intégrer les questions d'égalité des genres dans la prise de décision en sensibilisant aux implications
des propositions budgétaires sur l'égalité des sexes, encourageant des propositions budgétaires
sensibles au genre et assurant une allocation adéquate des ressources pour atteindre les objectifs
nationaux d'égalité des genres .

Les RO, provenant principalement des impôts et des taxes, doivent être gérées de manière efficace
pour assurer la stabilité budgétaire.

les DO, englobant les dépenses courantes de l'État, doivent être maîtrisé pour éviter tout
déséquilibre financier

+La réforme de la fiscalité : est un autre levier important pour la stabilisation des Finances Publiques
au Maroc. En adaptant le système fiscal aux besoins actuels de l'économie et en renforçant la lutte
contre la fraude et l'évasion fiscale, le Maroc peut accroître ses recettes fiscales de manière durable.
Une fiscalité efficace et équitable est essentielle pour garantir des ressources budgétaires suffisantes
et pour soutenir les politiques de développement économique et social du pays.( voir les objectifs de
la loi de finance 2024)

Pour dynamiser la croissance économique et favoriser la création d'emplois, le Maroc s'engage à


renforcer l'investissement privé en mettant en place des incitations fiscales, des réformes
structurelles et des partenariats public-privé.

Actuellement, les Finances Publiques (FP) au Maroc révèle une situation délicate. Le pays n'a
enregistré que deux exercices budgétaires excédentaires en 2007 et 2008, soulignant la fragilité de
ses finances. L'irruption de la pandémie de Covid-19 a exacerbé cette fragilité, poussant de nombreux
États dont le Maroc ne fait pas exception à s'endetter massivement pour faire face à la crise, même si
cette stratégie n'est pas toujours garante de croissance et de relance économique. Face à ces défis,
les Finances Publiques marocaines se trouvent confrontées à une panoplie de risques, à savoir : le
réchauffement climatique, le boom démographique, les flux migratoires, le vieillissement de la
population, les fractures sociales et numériques. Ce qui exercent une pression croissante sur les
États, nécessitant une refonte et une adaptation de la gouvernance des Finances Publiques pour y
faire face.

Dans ce sillage, il est jugé crucial de distinguer les Recettes Ordinaires (RO) des Dépenses Ordinaires
(DO) pour évaluer la santé financière du Maroc. A titre illustratif, en 2024 les recettes du budget
générale sont de 311,32 représentants une augmentation de +5,6% par rapport à l’année 2023. Avec
une part significative provenant de la TVA 94 ,95 Milliards. En parallèle, Les dépenses du budget en
2024 s’élèvent à 435,76 Milliards composé des dépenses personnelles de 161 ,82 M et des dépenses
d’investissement de 118,11 M. L’écart entre les recettes ordinaires et les dépenses ordinaires a
augmenté significativement, passant de 1,2% du PIB en 2008 à plus de 8% du PIB en 2020.

Cette évolution souligne un défi majeur, d'autant plus que les besoins de financement du nouveau
modèle de développement
Politiques Budgétaires Expansionnistes : Nous examinerons l'impact des politiques budgétaires
expansionnistes, notamment les dépenses publiques dans les infrastructures, l'éducation et la santé,
sur la stimulation de la croissance économique.(crises covid)

développement devront croître de 4% du PIB initialement à terme pour atteindre 10% du PIB.

En outre, un élément clé à prendre en compte dans l'état des lieux des Finances Publiques au Maroc
est la Caisse de Compensation. Cette institution, bénéficiant d'un budget doublé en 2022 pour
subventionner certains produits de base, joue un rôle essentiel dans la protection du pouvoir d'achat
des citoyens. Cependant, la gestion de la Caisse de Compensation doit être équilibrée pour éviter des
pressions excessives sur les Finances Publiques et maintenir la viabilité économique du pays .
copensatio 2024 16,96 en 2023 26,58.

Cette augmentation des besoins de financement exerce une pression continue sur le budget de l'État,
en plus des autres dépenses à couvrir.

Dans ce sillage, une pression montante qui continuera de s’exercer sur les finances publiques des
Etats. Et ce, eu égard à la nature et l’ampleur des chocs qui sont de plus en plus violents et liés
(réchauffement climatique, boom démographique, migration, vieillissement de la population,
fractures sociale et numérique). Il est impératif de refonder et d’adapter la gouvernance des finances
publiques aux nouveaux risques. Cependant, les deux grands défis qui se posent aux finances
publiques ont trait à la hausse de l’endettement public et à la baisse tendancielle des recettes fiscales

Recherche à faire :
 La réforme de la loi organique

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