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Réforme de l’administration

Introduction :

A l'instar d'autres pays à travers le monde, le Maroc a entrepris, depuis les années 80, un vaste
programme d'ajustement structurel ayant pour objectif le rétablissement de la stabilité du
cadre macroéconomique. Cette stabilité s'est accompagnée d'une accentuation du caractère
libéral de notre économie et une ouverture active sur l'extérieur, suivies d'un désengagement
progressif de l'Etat au profit des opérateurs privés.

Sur le plan politique et social, des évolutions importantes sont également observées et se
matérialisent par la dynamisation de la vie politique et associative, une participation plus
accrue des populations à la gestion des affaires publiques et une volonté plus marquée
d'insertion de la femme dans la vie active.

L'administration marocaine a connu de nombreuses réformes au cours de cette décennie.


Des expériences innovantes ont été menées dans de nombreux domaines. Malgré ces
nombreux acquis, l'action de l'administration et son mode de fonctionnement font l'objet de
critiques tant de la part de ses usagers que de la part de la société civile. L'organisation, le rôle
et les missions
de nos administrations doivent en effet être repensés et adaptés à un contexte politique,
économique et social en pleine mutation.

Afin d'améliorer les conditions sociales du pays en général et celles des populations les plus
vulnérables en particulier, l'administration doit également être un facteur de régulation en
accordant plus d'intérêt aux aspirations sociales, emploi, santé, éducation, logement, culture et
loisirs.

Mohammed VI a prononcé un discours alarmiste sur la situation de l’administration publique.


Présidant l’ouverture de la première session parlementaire de la nouvelle législature, le 14
octobre, le souverain a consacré l'essentiel de son allocution aux tares de l’administration
publique. Il a ainsi critiqué le retard entrepris par les administrations en matière de
décentralisation.

Afin de répondre à la problématique de la réforme de l’administration marocaine, nous allons


adopter le plan suivant :

I-Diagnostic inquiétant

II-les mesures pour réformer l’administration et l’impact sur sa relation avec le


citoyen/usager
1-relation administration-citoyen
2-valorisation du capital humain
3-gouvernance et organisation

I-Diagnostic inquiétant :

Les tares de l'Administration marocaine sont de plusieurs ordres, allant des aspects matériels
relatifs aux structures lui permettant d'accomplir ses missions et faire un bon usage des
moyens dans le but d'adapter ses structures, et faire face aux mutations de son environnement
en perpétuel structuration et déstructuration.

L'Administration publique marocaine concorde avec la bureaucratie Weberienne dans son


acception classique. Témoin de cela, une administration fortement centralisée et hiérarchisée,
avec des structures administratives nombreuses dont les traits particuliers sont l'anonymat et
l'impersonnalité des rapports dans l'administration ou de l'administration avec ses usagers.

Sur un autre registre, cette administration connait un chevauchement des compétences et une
centralisation accrue, malgré un processus de déconcentration et de décentralisation entamé à
l'aube de l'indépendance; L'administration publique marocaine reste caractérisée par une
centralisation accrue, avec l'importance des prérogatives reconnues aux structures centrales
ainsi que des pouvoirs discrétionnaires et des moyens qui leurs sont dévolus. De même la
déconcentration, qui n'apporte aucune modification à la structure centralisée, ne participe qu'à
un aménagement du pouvoir de décision. Lequel pouvoir déconcentré demeure subordonné à
un contrôle hiérarchique, ce qui se répercute négativement sur l'efficacité des Administrations
publiques.

En outre, la masse salariale de l'administration marocaine représente une autre entrave à sa


réforme .Dans la mesure où une part conséquente de ses ressources sont consacrées à la
rémunération de ses fonctionnaires au détriment du développement des investissements
publics. Pire encore, ces les milliers de fonctionnaires dont le rendement n'est pas sujet
d'évaluation dans l'écrasante majorité des cas, pour que cette évaluation se limite à une
ancienneté en termes d'années de service et les fonctionnaires touchent leurs salaires selon
leur grade de manière égale indépendamment de leurs résultats, de leur discipline et leur
persévérance. Il s'agit d'une injustice frappante qui renforce les personnes qui se cachent dans
le bureau, pour garantir un morceau de pain pérenne, et qui décourage au même titre les
compétences ambitieuses qui ne se voient pas s'octroyer un plan de carrière digne de leur
abnégation.

De point de vue culturel, S'il existe une problématique partagée par l'ensemble des
administrations publique de par le monde, c'est bien celle de l'éthique. En effet, des maux tels
que la corruption, le trafic d'influence, la concussion ou encore l'abus de pouvoir sont
présents, à des degrés divers, dans toutes les administrations publiques. Et sont considérés
comme des pratiques contraires à l'éthique.
L'avènement des nouvelles technologies de l'information et de la communication a eu un
impact considérable sur le fonctionnement des administrations publiques par le biais de
l'instauration de la « E-administration » ou encore la « E-government ». Toutefois, ces
technologies se trouvent confrontés à plusieurs embûches, qui pénètrent négativement
l'essence du service public. En effet, Nous ne saurons imaginer comment un citoyen
analphabète vivant dans une zone rurale caractérisée par l'absence d'infrastructures de base
pourrait prétendre utiliser l'outil informatique en particulier internet comme moyen pour se
rapprocher de l'administration. L' « E-administration » pourrait donc être non pas une source
d'efficacité de l'administration mais plutôt une source d'inégalité et de discrimination quant à
l'accès au service public.

II-les mesures pour la réforme de l’administration et impact sur sa relation avec le


citoyen usager

La réforme de l’administration vise particulièrement à réaliser un changement basé sur


l’amélioration de la relation des citoyens avec l’administration, outre la consolidation de son
efficience à travers le développement des mécanismes de son fonctionnement, l’adoption
d’une organisation administrative empreinte de flexibilité et la rationalisation et la
valorisation du capital humain.

1-Relation Administration-citoyen :

S’agissant de l’amélioration de la relation entre le citoyen et l’administration, des ont été


efforts déployés pour la simplification des procédures les plus utilisées et le développement de
l’administration électronique afin de renforcer l’accès à l’information et aux données relatives
aux procédures administratives. À cela s’ajoute un programme national d’amélioration de
l’accueil et du traitement des doléances. Par ailleurs, plusieurs chantiers ouverts n’ont pas
encore abouti. Sur le plan juridique à titre d’exemple, le projet de loi relatif à l’accès à
l’information, dont certaines dispositions sont très décriées par l’opposition et les acteurs
associatifs, est toujours en suspens au Parlement.

2-valorisation du capital humain :

La valorisation du capital humain constitue un pilier de la réforme de l'administration, en


soulignent la nécessité de réviser le statut de la Fonction publique qui remonte à 1958 et de
l'harmoniser avec les nouveaux concepts, tels que la formation professionnelle et la gestion
prévisionnelle des compétences.

L’un des problèmes essentiels de l’administration publique marocaine est la défaillance de sa


politique en matière de ressources humaines. Cette défaillance s’illustre, entre autres, à travers
deux problèmes essentiels : un système de recrutement obsolète et un système d’évaluation
arbitraire.

Aujourd’hui, le monde a tellement changé et les défis de l’administration ne sont plus ce


qu’ils étaient il y a plusieurs décennies. Si, par le passé, l’administration avait pour raison
d’exister la gestion des affaires courantes de l’État et des citoyens, aujourd’hui, cette même
administration est appelée à être aussi, et surtout, une force créative et proactive. Aussi, nous
ne sommes plus dans un système de : «requête citoyenne directe = réponse administrative».
Aujourd’hui, nous sommes dans un système qui nécessite aussi d’être dans la configuration :
«besoins futurs du citoyen = anticipation créative de l’administration». Pour ce faire,
l’administration n’a plus besoin uniquement de fonctionnaires qui gèrent le quotidien en
répondant aux requêtes administratives des citoyens, mais qui, en plus, sont dans le
prévisionnel et l’anticipation des besoins.

3-Gouvernance et organisation :

Une série de mesures peuvent être adoptées pour accroître la compatibilité entre les
différentes administrations et s’inspirer des meilleures pratiques du secteur privé.
Parmi ces mesures:

- la promulgation d’une charte de la décentralisation administrative, qui définit les


missions et le rôle des administrations centrales et décentralisées,

- la mise en évidence du niveau régional en tant que cadre approprié pour l’harmonisation des
politiques publiques,

- la possibilité de regrouper les tâches administratives communes ou complémentaires dans le


cadre d’administrations interministérielles régionales.

- Ethique dans la fonction publique : Fort d’un engagement pris au plus haut rang de l’Etat
lors des dernières années, de faire de la lutte contre la corruption et de la moralisation de la
vie publique une priorité politique, réglementaire et institutionnelle en vue d'instaurer des
rapports responsables et transparents avec le citoyen, le Maroc n’a cessé d’accentuer ses
efforts en vue de renforcer ses acquis et d’améliorer son approche en la matière.

Conclusion :

Le chantier de la réforme de l’administration s’inscrit dans une logique transverse et nécessite


la mobilisation de tous les acteurs et parties prenantes car l’administration reste l’appareil de
l’état a travers duquel la stratégie et politique publique sont déclinées en pratique.
Également, l’administration reste une interface qui reflète l’image d’un pays en terme de
climat des affaires et de simplification de procédures afin les investisseurs internationaux à
notre pays.

Faire de l’administration publique un levier de développement et de modernisation passe


impérativement par l’implication de tous les acteurs.
Pour ce faire, nous n’avons pas besoin de «réforme administrative», cela fait des décennies
que nous voyons des plans et des projets se défiler sans rien changer. Nous n’avons pas besoin
de maquiller notre administration. Nous avons besoin d’une révolution au sein du système
administratif marocain.

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