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La métropolisation, un processus mondial différencié

Introduction

À l'échelle mondiale, les métropoles ont un poids considérable. Cela s'explique par un
phénomène d'urbanisation croissant, qui n'est pas sans conséquence. Les villes occupent
le devant de la scène mondiale, elles concentrent toutes les fonctions importantes : des
fonctions politiques (siège de gouvernement, sièges d'organisations internationales,
etc.) ; des fonctions économiques (sièges des grandes entreprises, grandes zones
commerciales, etc.) ; des fonctions financières (bourses, quartiers des affaires, grandes
banques, etc.) ; des fonctions culturelles (grandes manifestations culturelles, grands
musées, patrimoine historique rare, etc.) ; des fonctions résidentielles (gigantesques
lotissements, gratte-ciels, habitations informelles, etc.).

Problématique : Quelles places les métropoles occupent-elles dans un contexte


d'urbanisation à l'échelle mondiale ?

I. Le phénomène d’urbanisation

Le phénomène d'urbanisation est très important dans le monde, il y a de plus en plus


de villes et de plus en plus d'urbains. Cette urbanisation est liée à une transition
urbaine en accélération depuis le XIXe siècle. Plusieurs facteurs expliquent
l'attractivité des villes. (voir carte page 33).

A. L’urbanisation et la transition urbaine

► L'urbanisation désigne à la fois l'augmentation de la population qui vit en


ville et l'extension des villes au détriment des espaces ruraux. On parle de
transition urbaine pour désigner le processus au cours duquel la population
citadine devient plus nombreuse que la population rurale. La transition urbaine,
largement alimentée par l'exode rural, est liée au développement économique du
pays.
► En 1900, on comptait 260 millions de citadins contre 4 milliards en 2019.
► Depuis 2010, plus d’un homme sur deux vit en ville contre un sur dix en 1900.
En 2050, deux hommes sur trois seront citadins.
► Cependant, la croissance urbaine est inégale selon les continents. Dans les
pays développés, l’urbanisation est ancienne. Ailleurs, l’urbanisation est plus
faible et inégale (38% en Afrique subsaharienne, 80% en Amérique latine) et
augmente à un rythme de 2,6% par an.
► Des métropoles peuvent ponctuellement devenir répulsives comme les
shrinking cities (Détroit, Leipzig) qui sont marquées par un déclin démographique et
économique (perte de population et d’emplois, et hausse de la pauvreté). (Voir sujet
guidé page 45)

B. Les facteurs de l’urbanisation

► Plusieurs facteurs expliquent le phénomène d'urbanisation : la


concentration des emplois, l'accroissement naturel et l'étalement urbain.
► La ville attire, parce qu'elle est le lieu de la modernité, elle offre des
perspectives d'emploi nombreuses et variées. Ces éléments favorisent l'exode
rural.
► Entre 2014 et 2018, 80.100 emplois ont été créés dans le secteur privé à
Paris et dans ses alentours.
► Dans les grandes villes africaines, l'accroissement naturel explique en
grande partie l'augmentation de la population urbaine.
► Sous l'effet de leur croissance, les villes ont tendance à s'étaler dans l'espace
: des petites villes ou des villages se retrouvent enserrés et intégrés à la banlieue.
► Plus de 4 mégapoles sur 5 se situent dans les pays en développement et
connaissent une forte croissance car leur population croît très vite.
► D'ici une quinzaine d'années, les villes indiennes et chinoises devraient
occuper les premières places et d'autres villes comme Le Caire, Dhaka
(Bangladesh) ou Lagos (Nigeria) devraient intégrer le top 8 des villes les plus
peuplées.
►Aujourd'hui, 3 citadins sur 4 habitent dans un pays en développement. La
croissance urbaine est particulièrement forte en Asie et en Afrique. Selon l'ONU, un
tiers des nouveaux urbains seront situés dans seulement trois pays : l'Inde, la Chine et
le Nigeria, du fait du poids démographique de ces États.
►Certains pays connaissent une croissance rapide de leurs villes, mais ils sont
encore loin d'avoir achevé leur transition urbaine : la majorité de leur population vit
encore à la campagne. Ainsi, les ruraux sont encore majoritaires au Bangladesh (64
%), en Inde (66 %), au Kenya (73 %).

II. La croissance des villes et ses conséquences

Depuis 2007, la ville est devenue le cadre de vie de plus de la moitié de l'humanité.
Le processus d'urbanisation s'est accéléré au cours de la seconde moitié du XXe
siècle. Les villes grossissent de plus en plus, ce qui a des conséquences sur les
hommes et sur l'environnement.

A. L’importance croissante des villes dans le monde

► Les villes sont de plus en plus importantes dans le monde, il y a de plus en


plus de citadins. On observe notamment une augmentation du nombre de
villes avec plus de 10 millions d'habitants : les mégapoles. La plupart des très
grosses mégapoles se situent dans les pays en développement. On observe un
phénomène de macrocéphalie urbaine dans de nombreux pays : une
mégapole domine toutes les autres. Dans les pays en développement, la
croissance des villes est particulièrement importante (voir exemple page
36/37).
► 4,2 milliards d'humains, (55 % de la population mondiale) vivent en ville.
D'après l'ONU, 6,7 milliards d'individus devraient vivre en milieu urbain en
2050, soit plus des deux tiers de l'humanité.
► À l'échelle mondiale, le phénomène d'urbanisation profite surtout aux
grandes villes. Depuis la fin du XXe siècle, on observe une augmentation du
nombre de mégapoles. On en comptait 5 en 1975, elles sont une trentaine
aujourd'hui, elles devraient être 40 en 2030.
► Dans le monde, on compte un peu plus de 500 villes de plus d'un million
d'habitants. Leur croissance est tellement rapide qu'il est compliqué de les
dénombrer avec exactitude. De plus, les recensements dans certains pays en
développement sont très difficiles à établir.
► L'impression de gigantisme des villes est renforcée par le fait que dans
plusieurs pays en développement on observe un phénomène de
macrocéphalie urbaine : une mégapole, par sa taille et par ses activités,
domine très nettement toutes les autres villes du pays.
► Au Pérou, la capitale Lima compte 9 millions d'habitants, soit près du tiers
de la population péruvienne totale. Par ailleurs, elle est 8 fois plus peuplée
que la deuxième ville du pays : Arequipa.

B. Les conséquences de l’urbanisation

► Les villes consomment de l'espace en s'étalant. Des chercheurs ont montré


qu'elles consommeront 120 millions d'hectares entre 2012 et 2030, soit
l'équivalent d'un pays comme l'Afrique du Sud. Dans le monde, c'est donc
l'équivalent de 1,7 fois la surface de Paris qui est urbanisée chaque jour, soit
18 terrains de football chaque minute. Ce phénomène a lieu au détriment des
terres agricoles pourtant indispensables à l'alimentation des populations.
► La croissance de la population urbaine génère des défis à relever : en
matière de logement ; en matière de raccordement aux réseaux de
distribution d'eau et d'électricité ; en matière de gestion des déchets et des
eaux usées ; en matière de transports, qui sont souvent saturés.
► L'urbanisation a surtout des conséquences environnementales : pollution
de l'air, des sols, des eaux, surconsommation énergétique, destruction de la
biodiversité par le grignotage urbain.
► Enfin, la croissance urbaine n'est pas partout maîtrisée, notamment dans
les pays du Sud. En 2014, 881 millions d'humains vivaient dans un bidonville
selon l'ONU, soit 1 urbain sur 3 dans les pays en développement. Cela montre
que la croissance urbaine reste inégalement maîtrisée dans le monde.

III. Le poids croissant des métropoles dans le monde

À l'échelle de la planète, le processus de métropolisation est important bien


qu'inégal. La métropolisation consiste en la concentration des richesses, des activités
de haut niveau et de fonction de commandement dans les villes. Les villes
regroupent différentes fonctions (politiques, économiques, culturelles, etc.) ce qui
leur donne un poids conséquent dans le monde.

A. Un processus de métropolisation inégal (voir étude de cas Brésil page


26/27)

► « Métropole » signifie littéralement « ville mère » : la métropole exerce à la


fois un pouvoir de commandement et un rayonnement sur d'autres territoires et
d'autres villes. Elle organise le territoire qui l'entoure selon une logique centre-
périphérie.
► Les métropoles sont facilement accessibles car elles constituent de
véritables carrefours de communication. Les denses réseaux de transports qui les
desservent leur permettent d'être connectées à toutes les échelles. Les aéroports,
les ports et les réseaux numériques les mettent en relation avec le monde tandis
que les réseaux ferroviaires et routiers les relient à l'espace national ou
continental.
► Leur accessibilité contribue à leur attractivité : elles concentrent ainsi la
majorité des investissements financiers de la planète. Plus leur rayonnement est
important, plus elles jouent le rôle de centres d'impulsion dans la mondialisation.
► En se renforçant, les métropoles voient leur population augmenter. Mais le
nombre d'habitants ne suffit pas à lui seul à faire d'une ville une métropole. Ce
sont avant tout les fonctions de commandement qu'elles détiennent qui
expliquent leur puissance.
► Il faut distinguer les mégapoles des métropoles. Une ville modeste peut être
considérée comme une métropole avec un rayonnement mondial, alors qu'une
mégapole a un rayonnement plus limité.

B. Les fonctions des métropoles mondiales

► Les métropoles concentrent les fonctions économiques et financières. Elles


accueillent les sièges sociaux des firmes transnationales, des activités de service
de haut niveau (informatique) et des activités financières : banques, assurances
et bourses. Le plus souvent, ces activités se regroupent dans des quartiers
d'affaires. Parfois, ces quartiers d'affaires sont appelés Central Business District
(CBD) lorsqu'ils se localisent dans le centre comme Wall Street à New York ou la
City à Londres (voir Etude de cas, page 21/25).
► Les métropoles sont liées au monde du savoir, on peut parler de fonctions
intellectuelles, avec des activités de recherche et de développement au sein de
grandes universités, de centres de recherche, etc. Les entreprises se regroupent
dans des technopôles, des espaces où se concentrent des instituts de formation,
des laboratoires et des entreprises de haute technologie pour concevoir des
produits de haute technologie. Cette concentration permet une synergie entre ces
différents acteurs comme dans la Silicon Valley au sud de San Francisco en
Californie où l'on trouve les géants de l'informatique et du logiciel, comme Apple,
Facebook, Google, Netflix, HP, Intel, Electronic Arts, etc.
► Certaines villes sont tellement puissantes économiquement que leur
produit urbain brut (PUB) dépasse le PIB de certains États. Tokyo et New York
ont un PUB de plus de 1 500 milliards de $ ce qui les place devant des pays
comme l'Espagne ou l'Australie. Avec plus de 860 milliards de $ de PUB, Los
Angeles, troisième ville la plus riche au monde, se classerait entre les Pays-Bas et
l'Arabie saoudite.
► Les métropoles sont souvent des capitales et concentrent les institutions
gouvernementales (ministères, haute administration) et diplomatiques
(ambassades, consulats). Dans certaines métropoles se localisent des institutions
internationales et les sièges d'ONG. Washington accueille les sièges du FMI et de
la Banque mondiale, Bruxelles accueille plusieurs institutions européennes.
► Enfin, les métropoles ont des fonctions culturelles. Elles cherchent à
valoriser leur patrimoine historique et culturel pour capter des flux touristiques
croissants dans le monde. Les musées les plus visités de la planète se
concentrent dans les grandes métropoles : le Louvre à Paris (10 millions de
visiteurs en 2018) ; le Musée national de Chine à Pékin ; le Metropolitan Museum
of Art de New York ; le British Museum à Londres. Les flux touristiques sont très
importants dans les métropoles. Bangkok est la ville qui a accueilli le plus de
touristes en 2017 avec 21,5 millions de visiteurs, devant Londres (19,9 millions)
et Paris (18 millions).
►Les métropoles rivalisent pour affirmer leur puissance, accueillant des
événements internationaux (Jeux Olympiques à Paris en 2024), travaillant leur
image par un marketing territorial (logo « I love NY »), valorisant leur patrimoine
(Prague, Istambul).

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