Chapitre II – L'urbanisation dans le monde – Dynamiques urbaines et environnement urbain

Une ville est un groupement de population rassemblant sur un espace limité un effectif minimum d’habitants, se
consacrant essentiellement à des activités non agricoles. Le chiffre de la population, sa densité, et la part des actifs non
agricoles sont donc déterminants dans la définition de la ville. Ces critères varient cependant fortement d’un Etat à
l’autre : au Danemark, une commune a le statut de ville dès 400 habitants, contre 50 000 au japon !!! En Inde, il faut
5 000 habitants, une densité supérieure à 310 et un taux d’actifs agricoles inférieur à 75%.

La France définit la ville selon le critère de l'importance du peuplement et de la continuité de l'habitat. Une ville se
définit par une population d'au moins 2 000 habitants, dont les habitations doivent être à moins de 200 m l'une de
l'autre. La frontière entre la ville et la campagne est devenue très floue, il devient alors illusoire de vouloir séparer
géographie urbaine et rurale.

Quelle place prennent les villes dans nos sociétés contemporaines ? Peut-on distinguer différents types de villes ?
Quelles sont les conséquences spatiales et environnementales du développement urbain ? Quels sont les défis à
relever dans le développement durable ?

Rappel de vocabulaire
Agglomération = ville-mère associée de plusieurs communes.
Métropole = agglomération de plus d’1 million d’habitants.
Mégapole = agglomération d’au moins 10 millions d’habitants.
Mégalopole = espace urbain gigantesque comprenant plusieurs
métropoles.
Conurbation = groupement de villes dont les banlieues ont fini par se
rejoindre.
I- Un monde de plus en plus urbanisé
Macrocéphalie (urbaine) = centre urbain exagérément développé qui
limite l’épanouissement des villes périphériques.
Réseau urbain = il est constitué par deux éléments, les villes et les
liens entre ces villes, à l’échelle d’une région ou d’un Etat. Les villes
entretenant des relations basées sur l’égalité, la concurrence, la
dépendance ou la complémentarité, un réseau urbain se hiérarchise
ainsi avec la domination de certaines villes sur d’autres.

Comment se répartissent les villes dans le monde ? Quelles motivations humaines commandent l’extension des villes
dans le Nord et le Sud ?
Depuis 2007, 1 habitant de la planète sur 2 est un citadin : ce taux d’urbanisation (part de la population habitant en ville)
révèle la concentration accélérée des hommes et des activités dans les villes à l’échelle mondiale. Il s’agit bien de
concentration car l’espace urbain ne correspond qu’à moins de 5 % de la superficie de la planète.

En 1800, le taux d’urbanisation dans le monde était de 5% ; il était de 30 % en 1950 ; il est de 55 % en 2019 ; il sera de
60% en 2025, 70% en 2050. On assiste à un processus de transition urbaine, c'est-à-dire à un passage de sociétés rurales
à des sociétés de plus en plus urbanisées. Elle génère donc un exode rural. Le taux de croissance annuel moyen de la
population urbaine est de 1,9 % pour l’ensemble du monde.

A- Pourquoi la ville attire-t-elle ? L’explosion urbaine

L’affirmation et l’attraction des villes est la conséquence de grandes évolutions techniques et économiques
(industrialisation) : la ville est un centre de production de richesses et de savoirs, un lieu d’innovation. Le XXème siècle a
été le théâtre d’une véritable explosion urbaine au niveau mondial. En 1900, 16 agglomérations dépassaient le million
d'habitants ; elles sont plus de 500 aujourd'hui, et le nombre d'agglomérations de plus de 10 millions d'habitants est
passé de 3 en 1975 à une trentaine aujourd’hui. La plus grande agglomération, Tokyo, est située dans un pays développé
mais la majorité des agglomérations de plus de 10 millions d'habitants se situent dans les pays en développement.

Facteurs d'explosion urbaine : l’exode rural, l’arrivée de population jeune et l’étalement urbain. Le taux d'urbanisation
continue d'augmenter partout dans le monde, mais à des rythmes différents : moins de 0,7 % par an dans les pays
industrialisés, plus de 2,4 % dans les pays en développement.

Dans les pays du Nord, la croissance urbaine est ralentie car l’urbanisation est faite, les campagnes sont « vides » et les
Etats connaissent la stagnation démographique.
C’est l’inverse dans nombre d’Etats du Sud qui absorbent l’essentiel de la croissance urbaine mondiale : un phénomène
urbain moins étendu, une pression démographique forte font que le rattrapage est fulgurant, en particulier là où le
« retard » était le plus marqué.

Dans les pays du Nord, l’urbanisation a accompagné la croissance économique. De nos jours, l’urbanisation n’est plus
forcément synonyme de croissance économique, elle n’est plus l’expression évidente du développement. L’urbanisation
est un mouvement planétaire et puissant.

B- Une urbanisation inégale

L’urbanisation reste très inégale, entre les continents et les Etats : Taux urbanisation (en 2022) : Rwanda = 18%; Inde =
36%; Chine = 64%; Algérie = 75%; France = 80%; Canada = 81%; Brésil = 88%; Chili = 88%; Japon = 92%; Singapour = 100%
[La notion de taux d’urbanisation nationale est à
relativiser, car elle peut masquer des disparités internes
importantes (ex : la Chine), tandis que les valeurs absolues
(c'est-à-dire le calcul du nombre de citadins) peuvent
conduire à des conclusions différentes : avec un taux
d’urbanisation de 59%, la Chine apparaît comme un pays
peu urbanisé, mais avec plus de 800 millions de citadins,
c’est le pays le plus urbain du monde… ]

- Les pays du Nord présentent une relative homogénéité d’ensemble : un taux d’urbanisation élevé mais stable (car
l’urbanisation est achevée), des villes nombreuses avec un assez large éventail de la petite à la très grosse ville.

- Les pays du Sud offrent un visage très contrasté, avec un continent africain peu urbanisé (peu de villes mais souvent
grosses), une Asie avec un taux d’urbanisation assez bas (malgré la présence de villes gigantesques) car les campagnes
demeurent très peuplées, et une Amérique latine très urbanisée.

A la différence des pays urbanisés, les villes des pays peu urbanisés sont souvent esseulées et généralement très grosses
→ macrocéphalie (ex : avec 15 Mi d’habitants, Bangkok abrite 60% de la population urbaine de la Thaïlande). On peut
toutefois rencontrer ce genre de position dominante dans les pays du Nord, avec Paris ou Londres qui ont contenu la
croissance urbaine périphérique parfois sur plusieurs centaines de km. On notera enfin le net phénomène de
littoralisation des principales agglomérations de la planète.

C- Un processus croissant de métropolisation

Dans les pays des Nords, l’exode rural est achevé et l’attraction des métropoles est modérée. En revanche, dans les pays
en développement, la métropolisation est forte. Dacca, capitale du Bangladesh est passée de 417 000 habitants en 1950
à 20 millions aujourd’hui. La population de Mexico a été multipliée par 7 en 60 ans.

Les métropoles offrent des infrastructures et des conditions favorables au développement des activités. En effet, dans le
cadre de la mondialisation, elles sont marquées par l’hyperconnexion et l’ouverture sur le monde. Elles forment un
réseau qui pilote la mondialisation : l’archipel mégapolitain/métropolitain mondial (AMM : Olivier DOLLFUS, 1996). La
capacité d’attraction croissante des métropoles est reflétée par l’augmentation du nombre de megacities (ville de plus
de 10 millions d’habitants) : une trentaine aujourd’hui, probablement une quarantaine en 2030.

Elles exercent une domination à l’échelle mondiale, mais aussi régionale, par le biais des mégalopoles hiérarchisées
(vaste couloir urbanisé de plusieurs dizaines de millions d’habitants dominé par une métropole de rang mondial).
Certaines mégalopoles sont anciennes (la Megalopolis américaine, « Boswash », décrite par le géographe français Jean
GOTTMANN en 1961 ; la dorsale européenne ; le Tokaïdo japonais), d’autres sont en formation (Sao Paulo-Buenos Aires,
« San-San » sur la côte ouest des Etats-Unis).
Voir aussi : https://lyceen.nathan.fr/9782091728742/asset/ch01_54_urbanisation/index.htmlEt : https://lyceen.nathan.fr/9782091728742/asset/ch01_56_metropoles/index.html