Ecole Internationale de Tunis Professeur : Taha Masmoudi

2020-2021 Classe : Premières Tronc Commun

Thème1 (géographie): La métropolisation : un processus

mondial différencié

Introduction : Aujourd’hui, la majorité de la population mondiale vit dans les zones urbaines.
L’urbanisation constitue un phénomène géographique majeur qui s’accompagne d’un
processus de métropolisation. Celui-ci se caractérise par la forte concentration des
populations, des activités et des fonctions de commandement dans les villes. Pourtant, les
agglomérations du monde sont inégalement attractives : ce sont les métropoles mondiales
qui jouent un rôle déterminant dans la mondialisation. Comment les métropoles organisent-
elles l’espace mondial ?
I. La croissance de la population urbaine
1. L’augmentation de la population urbaine
Alors qu’un habitant sur dix vivait en ville jusqu’au milieu du XIX e siècle, 55,3 % de la
population mondiale est aujourd’hui citadine. C’est en 2007 que la population urbaine a
dépassé la population rurale. Le nombre pourrait atteindre 68 % à 75 % en 2050. Ce
phénomène s’appelle Transition urbaine.
Transition urbaine : Passage d'un stade où la population d'un pays est majoritaire rurale à
un stade où elle est majoritairement citadine.
Les pays développés sont aujourd’hui urbanisés à près de 80%. Toutefois, la croissance
urbaine s’est presque stabilisée dans ces pays. Par contre, dans les pays du sud, les taux
d’urbanisation bien que toujours bas, elles connaissent une croissance rapide depuis 1950.
90% de l’augmentation de la population urbaine sera tirée par l’Asie et l’Afrique.
Ceci s’explique par :

 La Révolution Industrielle amorcée en Europe dès le XIXe siècle favorise la croissance

des villes qui désormais prennent la place de la campagne comme espaces
producteurs de richesse.
 L’industrialisation et les expériences de développement économique que les pays du
Sud sont entrain de connaître depuis la deuxième moitié du XXe siècle qui favorise le
développement des villes.
 La Transition démographique achevée en Europe dès le XXe siècle et qui est toujours
dans sa 1ere ou 2eme phase (selon les pays) dans les PED (Pays en Développement).
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2. Les conséquences de l’urbanisation

a. Les problèmes économiques et sociaux
Dans les pays riches comme dans les pays pauvres, ce sont les périphéries des villes (espaces
périurbains) qui se développent le plus.
Rappel : Les périphéries sont des espaces plus ou moins éloignés d'un centre-ville mais
placés sous sa domination.
Les villes gagnent sur les espaces ruraux environnant qui s’urbanisent (voir schéma p.38) :
c’est l’étalement urbain.
Étalement urbain : Croissance spatiale des villes sous l’effet d’un accroissement
démographique et/ou de l’implantation de nouvelles activités économiques.
b. Les répercussions sur l'environnement
L’urbanisation galopante à travers le monde a un impact grandissant sur l’environnement.
Les villes les plus polluées se trouvent au Pakistan (Peshawar et Rawalpindi) et au Nigeria
(Kaduna et Onitsha).
La périurbanisation (extension des agglomérations urbaines) engendre également une
consommation excessive de terres agricoles, d’espaces naturels, d’énergie, pollution et
temps perdu dans le déplacement.
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c. La naissance des mégapoles

Les mégapoles sont le résultat de l’accélération de l’urbanisation dans les pays du sud. 26
des 33 mégapoles y sont situées. Parmi les mégapoles, seules certaines sont des métropoles
qui concentrent des activités et des fonctions de rayonnement international.
Mégapole : Une ville géante qui concentre plus de 10 millions d’habitants.
II. La métropolisation du monde
1. Un processus sélectif
La métropolisation est une conséquence spatiale de la mondialisation (déf. P.299). Cette
dernière qui vise à créer une économie mondiale interdépendante et interconnectée, a
diffusé l’activité de production sur l’ensemble des pays de la planète. Toutefois, les activités
de conception et de prise de décision, se polarisent dans les grandes villes d’un petit nombre
de pays développés.
Ainsi, la métropolisation est un phénomène qui renforce la concentration des fonctions de
commandement dans les centres de l’économie mondiale (Amérique du Nord, Europe
Occidentale et Asie Orientale et dont les pays du Sud restent toujours écartés).
2. La diversité des fonctions de commandement
En dehors du critère démographique, la métropolisation favorise le développement de
diverses activités économiques et culturelles ainsi que la concentration des fonctions
décisionnelles (politiques) dans les villes. Ainsi on trouve dans les grandes métropoles une
concentration croissante des richesses et des fonctions de commandement.
(Voir typologie des fonctions de commandement P41)
Métropolisation : Processus de concentration croissante de populations, d’activités, de
capitaux et de valeurs dans les métropoles.
Plus les villes sont importantes, plus leur influence mondiale est forte. Les métropoles
disposent de quartiers d’affaires où s’installent les sièges sociaux des grandes FTN, mais
aussi les bourses, les banques et les services aux entreprises (exemple, la city de Londres ou
le Quartier de défense à Paris).
Toutes les villes n’ont pas la même capacité à cumuler des fonctions de commandement et
à être considérées comme des métropoles. De même, il n’existe pas un critère reconnu par
tous pour mesurer le rayonnement métropolitain.
Certains chercheurs prennent le secteur économique. D’autres y ajoutent le poids politique,
la qualité de vie, le capital humain, la culture…). Cependant on s’accorde sur une
classification plus ou moins consensuelle, concernant une grande partie des métropoles.
Certaines villes sont qualifiées de Villes mondiales ou Villes globales (New York, Londres,
Paris, Tokyo). Ce sont des centres décisionnels planétaires dont l’influence s’exerce sur tous
les continents, dans les différents secteurs (politique, diplomatique, militaire, économique,
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financier, culturel…) et qui constituent de vrais Hubs, reliés à l’ensemble des régions et
territoires du monde par des voies de communication de natures diverses.
D’autres, bien qu’ayant un rayonnement mondial (Los Angeles, Pékin, Shanghai,
Bruxelles…), elles ne concentrent pas toutes les fonctions de commandement.
Des métropoles de certains pays du Sud jouent désormais un rôle mondial croissant. Elles
sont de plus en plus influentes et concentrent de plus en plus des fonctions de
commandement divers (Mumbai, Sao Paulo, Rio de Janeiro…).
Les métropoles sont très hiérarchisées. Ainsi, on trouve des métropoles où le rayonnement
ne dépasse pas le cadre régional ou continental (Le Caire, Téhéran, Istanbul, Lyon…) alors
que d’autres se contentent d’un rayonnement national (Tunis, Marseille…).
Métropole : Grande ville qui concentre la population, les activités économiques et les
fonctions de commandement et qui exerce une influence sur le territoire qui l’entoure.
III. Des métropoles en recomposition
1. Un fonctionnement en réseaux
Les métropoles entretiennent des relations denses et continues entre elles. Elles sont les
nœuds de communication majeurs de la planète. Les aéroports, les ports et les téléports
relient les grandes métropoles entre elles.
Les métropoles les plus actives sont souvent associées à d’autres grandes villes proches et
forment des ensembles urbains plus vastes : les mégalopoles.
Ce sont des espaces d’urbanisation continue, très peuplés, parcourus par des flux importants
d’hommes, de marchandises et d’informations. On compte trois mégalopoles principales :

 La Mégalopole américaine, qui s’étend sur 800 kilomètres de Boston à Washington

(parfois appelée BosWash) ; c’est le centre politique et financier le plus puissant de
la planète ;
 La mégalopole européenne s’étirant de Londres à Milan est l’espace le plus
dynamique du continent ;
 La mégalopole japonaise regroupe, sur 1 300 kilomètres, les grandes villes
japonaises autour de Tokyo.
Ensemble, elles forment l’Archipel Mégalopolitain Mondial (AMM)
Mégalopole : Espace urbanisé formé de plusieurs agglomérations dont les banlieues et
couronnes périurbaines s'étendent tellement qu'elles finissent par se rejoindre, et cela sur
de longues distances.
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Doc1 : La mégalopole américaine

Cette aire urbaine qui s’étend de Boston à Washington, en passant notamment par la
mégapole New York et les villes de Philadelphie et Baltimore, compte pas moins de
50 millions d’habitants sur 800 km de longueur. Ces villes sont très rapprochées et sont
d’ailleurs reliées par l’Acela Express, une ligne de train à grande vitesse, ainsi que par un
réseau autoroutier très dense et de grands aéroports à Boston, New York, Philadelphie et
WashingtonDC.[…]

Cette mégalopole est également un centre économique et financier, non seulement pour les
États-Unis d’Amérique mais également pour le monde. [...] Le siège du Fond Monétaire
International se trouve [...] dans la mégalopole américaine, à Washington DC. ainsi que celui
de la Banque Mondiale. Ce pôle économique est très ouvert sur le monde grâce à son
littoral, qui compte pour principal port celui de New York. […] Au niveau politique,
Washington DC est la capitale fédérale des États-Unis et le siège des plus grandes institutions
nationales : la Maison Blanche, résidence du chef de l’État fédéral, le Capitole où siègent les
représentants et les sénateurs qui constituent le Congrès, la Réserve Fédérale des États-Unis
[...]. Mais l’influence politique de la BosWash ne s’arrête pas là puisqu’à New York se trouve
le siège de l’ONU, Organisation des Nations Unies […]. La mégalopole américaine a tout de
même une particularité qui la distingue des autres, c’est qu’elle est également le coeur
militaire de la plus puissante armée au monde [...] avec le Pentagone, quartier général de la
défense américaine qui se situe tout près de Washington.
D’après « Mégalopole », extrait du site internet Geolinks, 23 décembre 2014

Doc 2 : la mégalopole européenne

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Doc3 : La mégalopole japonaise

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2. Des métropoles en concurrence

Une compétition métropolitaine à l’échelle mondiale a lieu pour attirer les investisseurs, les
chercheurs, les cadres, les touristes. Pour capter de nouvelles fonctions de commandement,
des politiques d’aménagement urbain sont mises en place pour proposer des quartiers les
plus adaptés aux besoins des entreprises.
Le marketing territorial est utilisé pour renforcer l’attractivité et l’image de marque des
métropoles. Des campagnes de publicité vantent la ville innovante où il fait bon vivre. La
modernité de la métropole est symbolisée par les projets architecturaux des
« starchitectes ». (Tours de bureaux, résidences présidentielles et sièges d’institutions
luxueuses, musées, théâtres...)
Le développement d’un réseau de communication dense et étroitement lié au reste du
monde, l’organisation des événements culturels ou sportifs (Jeux Olympiques, Coupe du
monde de football, Festivals de cinéma, expositions universelles…) permet de revendiquer le
statut de métropole et renforce la notoriété de cette dernière face à ses concurrentes.

3. Des métropoles qui se fragmentent

La métropolisation ne cesse de renforcer la ségrégation socio-spatiale entre les populations
et les quartiers d’une même métropole. Les inégalités concernant l’accès au logement, aux
transports ou aux services se multiplient et s’accentuent. L’habitat est de plus en plus
contrasté dans les métropoles. Les classes supérieures choisissent d’habiter dans des
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quartiers centraux réhabilités, proches des centres économiques, ou dans des banlieues
d’habitat individuel.
Par contre, la marginalisation des populations et des quartiers défavorisés augmente. Ces
quartiers sont mis à l’écart, éloignés des zones d’emploi et mal desservis par les transports.
Des bidonvilles apparaissent et persistent dans les pays du sud (Exp : Sao Paulo), dont les
populations souffrent toujours de pauvreté et détiennent des liens tendus avec les autorités
(crime, trafic de drogues etc.). Même dans les pays du Nord, des précarités et une
marginalisation des populations pauvres augmentent. Les populations les plus pauvres ou
les minorités ethniques se concentrent dans des ghettos (Exp : Etats-Unis, Londres…).
Le phénomène de la gentrification vient accentuer ce problème. L’extension de la ville
(étalement urbain) se fait au détriment des quartiers les plus pauvres qui voient les habitats
démolies pour être remplacées par des immeubles et des gratte-ciels (verticalisation
immobilière). Les prix des loyers flambent et les populations les plus démunies se trouvent
incapable de gérer cette flambée.