Vous êtes sur la page 1sur 7

IV.

A l’échelle locale : des métropoles en mutation


Quels facteurs contribuent à la recomposition des espaces métropolitains ?

Le processus de métropolisation a des effets sur l’aspect des métropoles :


celles-ci se recomposent (leur organisation évolue).

1) Des métropoles qui s’étalent et s’élèvent

a) Des métropoles de plus en plus étendues. Doc. 1 p. 51


Les métropoles les plus attractives ne cessent de s’étendre. L’étalement urbain
concerne à la fois les métropoles développées et celles en développement. Aux
Etats-Unis, les espaces métropolitains représentent près d’1/5 e du territoire. Los
Angeles, par exemple, s’allonge sur 100 km. Dans les métropoles qui se
développent, les banlieues s’étirent le long des axes de communication. L’avancée
de la ville correspond à l’espace périurbain, une zone de transition entre la ville et la
campagne qui comporte une proportion d’espaces agricoles de plus en plus grande à
mesure qu’on s’éloigne de l’agglomération. Mais ses principales activités et le mode
de vie de ses habitants le rattachent à la ville. L’habitat pavillonnaire domine. De
nombreux résidents réalisent de longs trajets pour travailler en ville. D’ici 2030, la
croissance des métropoles dans le monde devrait conquérir 1 million de km² de
terres agricoles, 2 fois la superficie de la France.
b) Des infrastructures spectaculaires.
Les grandes métropoles rivalisent dans le gigantisme des infrastructures. Les
métropoles cherchent à se doter des gratte-ciel les plus élevés du monde, la
verticalité symbolisant leur puissance. Leur skyline se veut impressionnante : la
Défense à Paris, Manhattan à NY, Business Bay à Dubaï, etc. Après l’Europe, les
Etats-Unis, l’Asie orientale, c’est désormais au Moyen Orient (Dubaï, Ryad, Doha)
que les chantiers de gigantesques tours se multiplient. Cette compétition se retrouve
également dans le gigantisme des centres commerciaux.
Etude documentaire : Rénover, réhabiliter, construire, un moyen d’exister sur la
scène mondiale, pp. 40-41.

2) Centres et périphéries : la diversité des quartiers et des fonctions

a) Des centres concentrant les fonctions de commandement.


Les centres des métropoles concentrent les fonctions de commandement des
métropoles : les pouvoirs politiques (sièges de gouvernements, ministères,
assemblées…) ; les équipements commerciaux et culturels (théâtres, musées,
cinémas) à proximité des bâtiments historiques. Dans ces centres ou à proximité, les
quartiers d’affaires rassemblent les activités économiques et financières à grande
échelle (Wall Street dans le CBD (central business district) de New York, Pudong à
Shangai, la City à Londres.

b) Des périphéries diverses.


En fonction de l’étalement, de l’histoire et de l’économie locale, les périphéries
prennent des formes variées.
Les banlieues sont densément bâties en raison de leur proximité des centres. Dans
les métropoles développées, elles sont constituées soit de grands ensembles
d’habitat collectif, soit de lotissements pavillonnaires issus de la périurbanisation. Les
fonctions de ces périphéries sont essentiellement résidentielles et commerciales.

c) De nouveaux centres.
De nouveaux centres apparaissent en réponse à la saturation des centres
villes. La ville devient polycentrique.
Dans les métropoles nord-américaines, des centres urbains périphériques se
développent, les Edge cities, autour de centres commerciaux ou de pôles
technologiques.
C’est aussi le cas des grandes métropoles européennes : des quartiers d’affaires,
des centres commerciaux, des technopôles (Saclay près de Paris) émergent en
banlieue.
Dans les métropoles, émergentes (Dubaï), les aéroports contribuent aux
recompositions territoriales, autour des mobilités à différentes échelles. Pour
désengorger Le Caire, les autorités égyptiennes ont décidé de construire une
nouvelle capitale afin d’accueillir plusieurs millions d’habitants : doc. 3 p. 51. Autre
exemple : Delhi, doc. 2 p. 51

3) Richesse et pauvreté dans les métropoles

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Etude de cas : Mumbai, une métropole fragmentée.

A. Quelle est l’importance des inégalités socio-spatiales à Mumbai ?


Questions pp. 18-19

B. Une recomposition en cours ?


Questions p. 20

C. Bilan et mise en perspective


Exercices p. 21

Mumbai : quelles recompositions pour cette métropole fragmentée ?

p. 19
1 Mumbai est la 1re métropole indienne (70 % des activités financières du pays et 60 % des
sièges sociaux). De fait, avec l’émergence de l’Inde c’est également une ville mondiale au
rôle économique majeur mais aussi avec un rôle culturel non négligeable (Bollywwod).
2 La croissance démographique s’explique par l’exode rural lui-même provoqué par la
métropolisation : la ville attire plus de 1 500 nouvelles personnes chaque jour, ce qui pose
des problèmes de gestion urbaine considérables : très nombreux bidonvilles, gestion des
déchets difficile, approvisionnement en eau, embouteillages…
3 Les slums sont localisés dans tous les interstices urbains et pas dans la seule périphérie.
Certains comme Dhobi Ghat sont situés dans le cœur historique de la ville, d’autres sont
même situés en proximité immédiate du Parc national. Ce sont des lieux de production
essentiels, notamment dans le domaine de la récupération et du traitement des ordures.

p.20
1 Le déplacement des activités est le moyen essentiel trouvé par Mumbai pour relever le défi
de la saturation urbaine : déplacement du port, futur déplacement de l’aéroport, création
d’une ville nouvelle (Navi Mumbai) et aménagement de toute la partie orientale de la ville.
2 Les solutions aux problèmes de transport passent par la création récente d’un métro, mais
aussi par la réalisation d’ouvrage d’art (pont de 22 km) qui permettra prochainement de
décongestionner le centre-ville. Ces préoccupations se doublent de préoccupations
sociales : les métros réservés aux femmes témoignent à la fois de leurs conditions de vie
mais aussi du souci récent mais réel de mieux les prendre en compte…
3 La pollution plastique est très importante dans tous les pays du Sud et plus encore dans
les pays émergents (hausse de la consommation). Il s’agit donc à la fois d’une préoccupation
salutaire mais aussi d’un risque économique : de nombreux bidonvilles retraitaient cette
matière première.

Schéma fléché

Croquis géographique
Mise en perspective
• Mumbai reste une « ville mondiale secondaire ». Elle pointait à la 42e place en 2018, au
même titre que Jakarta, São Paulo ou Le Caire.
• Les fortes densités de population sont au contraire fréquentes dans les métropoles du Sud.
On peut par exemple citer Lima, Manille, ou Delhi.
De même les bidonvilles sont très fréquents et même plus importants qu’à Mumbai : le cas
de Mexico est révélateur de ce phénomène.
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

a) Des métropoles fragmentées.


Les métropoles sont de plus en plus fragmentées. Depuis l’industrialisation du XIXe
siècle, le modèle urbain de la ségrégation (séparation des classes sociales) s’est
substitué à celui de la mixité (mélange des classes sociales) qui prévalait
auparavant. Ce processus s’appuie sur des critères ethniques comme dans les villes
d’Afrique et des Etats-Unis, ou religieux dans les villes du Moyen Orient et d’Asie du
Sud. Mais le critère de différenciation principal est essentiellement social (richesse),
et ce, dans toutes les métropoles.

b) Des populations aisées à l’écart.


Les populations aisées vivent à l’écart des populations pauvres.
Dans les métropoles en développement, ces populations quittent les quartiers
centraux saturés et peu sûrs pour des ensembles résidentiels fermés et sécurisés
des périphéries (gated communities) éloignées : doc. 3 p. 55.
Dans les villes développées, elles se concentrent dans les centres villes marqués par
la gentrification d’anciens quartiers populaires, ou dans des espaces périurbains
constitués d’habitats individuels. Doc. 2 p. 55 La rénovation des quartiers centraux
vise à créer des espaces attractifs, générateurs de richesse et d’une bonne image,
mais elle aboutit à une hausse des prix du foncier. Les plus pauvres ne peuvent plus
se loger au centre et sont remplacés par des couples d’actifs de catégorie
socioprofessionnelle élevée. Les plus modestes sont relégués en périphérie dans
des espaces plus disqualifiés et voient leur temps de transport s’accroître.
Gentrification, de gentry, classe aisée : processus d’appropriation d’un quartier populaire par une
population aisée après des opérations immobilières de rénovation et de réhabilitation qui ont eu pour
effet une hausse de l’immobilier.

c) Des bidonvilles.
Le quart des urbains dans le monde vit dans des bidonvilles. Ce phénomène est
particulièrement visible dans les grandes métropoles en développement (Delhi, Sao
Paulo, Mexico, Lagos, Le Caire, Jakarta, Istanbul). Si les métropoles développées
ont aussi leurs quartiers d’habitat collectif où se concentrent des populations
déshéritées, plus de 90 % des urbains pauvres vivent dans les villes en
développement.

4) Vers un développement durable des métropoles

a) Des préoccupations sociales et environnementales.


La plupart des projets des métropoles des pays développés prennent en compte
l’environnement et tentent d’accroître la part des espaces verts, de promouvoir les
transports en commun et les transports doux, de construire des immeubles et des
habitats plus écologiques. Les éco-quartiers se généralisent : Hudson Yard à NY
est le plus grand éco-quartier américain.

Les autorités s’efforcent aussi de développer la mixité sociale pour lutter contre la
ville fragmentée, par exemple, en relogeant une partie des habitants victimes des
rénovations urbaines.
Dans les pays des Suds, en revanche, les mesures d’éviction des habitats informels
perdurent et les projets environnementaux sont plus ponctuels (quelques exemples
dans les pays émergents).
Etude documentaire : Chicago, une métropole en mutation.

b) Des échelles de gouvernance à adapter.


La gouvernance des métropoles reste difficile : l’étalement urbain dépasse souvent
les limites municipales, limitant la cohésion des politiques publiques. Dans le même
temps, les citoyens réclament une meilleure prise en compte de leur avis
(démocratie participative).

Vous aimerez peut-être aussi