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LA PANDÉMIE DE LA
COVID-19, UN MOMENT DE VÉRITÉ POUR LE POUVOIR
Najib Akesbi
© L'Harmattan | Téléchargé le 17/11/2020 sur www.cairn.info par basma el via CNRST Rabat (IP: 196.64.81.130)
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Najib Akesbi
Économiste, enseignant-chercheur.
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La crise de Covid-19 est un moment de vérité pour
l’économie marocaine, ayant mis en évidence ses problèmes
aigus, et cependant connus depuis assez longtemps. La
crise du « modèle » était bien là, antérieure à celle du
coronavirus, reconnue par l’État et débattue dans la
société. Au fond, l’échec de la stratégie de développement
poursuivie n’est autre que celui des choix fondamentaux
qui ont, tout au long des cinq dernières décennies,
accaparé les ressources du pays et structuré son économie.
Ce sont ces choix qui se sont révélés non pertinents,
contreproductifs et générateurs de multiples effets pervers,
plombant durablement cette économie. Or, ces choix ainsi
que les politiques conduites pour les mettre en œuvre ont
été le fait d’un système politique qui ajoute au déficit de
démocratie celui de l’efficacité. En ce sens, il est devenu un
véritable obstacle au développement du pays.
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Numéro 114 l Automne 2020
Jeux de pouvoirs au Maghreb
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épreuve, elle est aussi un moment de vérité. Ce moment où,
face à elle-même, elle « découvre », concentrée en quelques faits
et chiffres, l’ampleur de ses défaillances et de ses vulnérabilités. En fait,
personne ne découvre rien de nouveau, car l’essentiel des problèmes de
l’économie marocaine, structurels, permanents, récurrents, sont connus
bien avant que ne survienne la crise engendrée par la pandémie. Certes,
l’évidence ne l’était pas pour tout le monde, mais précisément à l’inten-
tion de ceux « qui ne voulaient pas voir », cette crise a produit l’effet d’un
révélateur, une sorte de miroir grossissant qui « zoom » sur cette face
voilée au point de la rendre éclatante, aveuglante.
Nous commencerons par identifier et caractériser ce moment de
vérité qu’est la crise de la Covid-19, avant de prendre du recul, pour
en méditer les fondements et les implications dans des choix cinquan-
tenaires, et dont l’échec a provoqué la crise du « modèle », bien avant
celle générée par la pandémie. Cette contribution propose de revisiter
les choix stratégiques adoptés par le Maroc depuis un demi-siècle et à
ce jour jamais concrètement remis en cause. Ce sont ces choix fonda-
mentaux qui se sont révélés malheureux, infructueux, ce que les faits
et les statistiques ne cessent d’attester depuis deux décennies au moins.
Mais ce sont ces mêmes choix, dont la crise de la Covid-19 a mis en
évidence les fâcheuses conséquences, conduisant par là-même à en
tirer les enseignements, qui s’imposent. Ces décisions et leur conduite
tout au long du dernier demi-siècle resteraient cependant inintelligibles
si l’on ne s’appliquait à les situer dans le cadre du « système de gouver-
nance » qui les a générés et encadrés.
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Dossier Variations
Un « modèle » en crise, face à « la crise » - La pandémie de la Covid-19, un moment de vérité pour le pouvoir
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son ensemble, tant reste forte la corrélation entre l’évolution du PIB
agricole et celle du PIB tout court.
Cependant, le déclenchement de l’épidémie au cours du mois de mars
allait donner une toute autre dimension à une crise agro-rurale aux carac-
téristiques assez connues puisque récurrentes depuis plusieurs décennies.
Pour faire face à l’épidémie, on sait que le Maroc, à l’instar de nombreux
pays européens ou méditerranéens, a opté pour le confinement sanitaire,
lequel, strict et généralisé, est entré en vigueur le 20 mars 2020. Cet arrêt
brutal de toute activité a naturellement provoqué une chute massive de
la production, étendue à la quasi-totalité des secteurs. Les statistiques
des premières semaines publiées par le Haut-Commissariat au Plan,
indiquaient que près de 60 % des entreprises déclaraient « avoir arrêté défi-
nitivement ou temporairement leurs activités », avec en conséquence des chutes
vertigineuses au niveau de la production et de l’emploi3. Le « confine-
ment », entrainant automatiquement une forte baisse de la production,
conduit donc en premier lieu à une crise de l’offre.
Le fait est que, à son tour, cette dernière allait rapidement provo-
quer une autre crise, du côté de la demande. En effet, demander brus-
quement à toute une population de cesser toute activité et de rentrer
chez elle pour se confiner ne pouvait manquer d’avoir un impact sur
les revenus des ménages, conduisant en conséquence à une baisse de la
consommation, et donc de la demande. Mais au Maroc, cet arrêt mas-
sif d’activité a mis à nu le degré de précarité du marché du travail, et
par conséquent l’ampleur de la vulnérabilité de la très grande majorité
de la population.
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dépendante de ses relations avec trop peu de pays, essentiellement
européens. Plus exactement, on sait que les deux premiers partenaires
économiques du Maroc ne sont autres que la France et l’Espagne,
auxquels il faudrait ajouter, à un niveau un peu moindre, l’Italie.
Le fait est que ce sont précisément ces trois pays de « l’arc latin »
qui figurent parmi ceux ayant été le plus durement affectés par la
pandémie. Dès lors, on savait que cette défaillance de la demande
externe allait aggraver celle de la demande interne, notamment en
privant l’économie de précieuses ressources en devises, à commencer
par celles du tourisme et d’une partie des transferts des résidents
marocains dans ces pays.
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les rapports avec l’extérieur, et s’est cristallisée autour du concept de
souveraineté nationale. Alors que ce concept était violemment rejeté
par les gouvernants et leurs soutiens, du jour au lendemain, on décou-
vrait la nécessité, sinon les bienfaits de la « préférence nationale », du
« produire localement ce dont on a besoin », du « consommer maro-
cain », de la sécurité sanitaire, alimentaire, énergétique, voire du besoin
de revoir les accords de libre-échange.
Ce constat a au moins le mérite d’imposer la reconnaissance des
déboires les plus évidents du « modèle »6. Il faut dire que sur le fond,
le débat sur la stratégie de développement du pays avait commencé
depuis bien longtemps. En fait, en dépit d’études et d’analyses de
qualité7 constatant les multiples maux qui plombent l’économie
marocaine, et concluant toutes à la nécessité de repenser les choix de
développement effectués depuis plusieurs décennies au Maroc, c’est
seulement en 2017 que le Roi revient sur le même thème en élargissant
le cadre d’analyse au « modèle de développement » qu’il reconnaît s’être
révélé « inapte à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des
citoyens, à réduire les disparités catégorielles et les écarts territoriaux et à réaliser
la justice sociale »8.
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intérieur.
Relevant de la profession de foi, ce double choix était au fond aussi
un double pari : le premier portait sur la capacité du secteur privé à être
le véritable moteur du développement, par son aptitude à produire de
« l’initiative », à créer et innover, et donc à investir, offrir de l’emploi,
optimiser les conditions de production, distribuer des revenus. Quant
au second, il comptait sur les vertus d’une bonne insertion dans les
chaînes de valeurs internationales, et sur leur capacité à tirer les taux
de croissance vers le haut. Ainsi, rétorquait-on, il n’y avait nul besoin
de « plus d’État » (et donc plus d’impôts) puisqu’il revenait au secteur
privé de prendre en charge la satisfaction des besoins de la société, y
compris ceux à caractère public et de base, tels que l’éducation ou la
santé.
Ces choix seront soutenus par la fameuse « théorie du ruisselle-
ment » qui connaîtra ses heures de gloire dans les années 1980 avec la
« Reaganomics » et dont on sait qu’elle ne servit qu’à justifier les fortes
baisses d’impôts, notamment sur les hauts revenus, et l’extraordinaire
concentration des revenus qui en avait découlé. Même si cette théorie
n’a jamais trouvé d’économistes pour la conceptualiser et la défendre,
elle servira néanmoins à expliquer que l’enrichissement des riches
finira toujours par « ruisseler » et bénéficier aussi aux pauvres.
Toujours est-il que, au Maroc, ces choix-paris resteront immuables
jusqu’à aujourd’hui, traversant les décennies et survivant même au
changement de règne qui s’opère en 1999. Au service de ses choix
stratégiques, et tout au long des cinq décennies précédentes, l’État
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fonctionnels.
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Aujourd’hui, l’économie est gangrénée de toute part par « la rente
et l’entente », avec des secteurs clés contrôlés par des oligopoles, voire
des monopoles, bénéficiaires de privilèges et de passe-droits d’un
autre âge.
Les secteurs d’activités suivants sont, dans le Maroc de 2020 encore,
enserrés dans cette logique de la rente :
Le transport des voyageurs (petits et grands taxis, cars de transport
intra-urbains) ainsi que les marchés de gros, des fruits et légumes
notamment, reposent sur la possibilité d’obtenir un « agrément ».
Celui-ci est octroyé par les autorités politiques, sur la base de critères
opaques.
L’exploitation de la plupart des ressources naturelles, des carrières
de sable à la pêche hauturière, en passant par les eaux minérales, les
forêts, etc.
Les concessions en gestion déléguée de services publics commu-
naux (distribution d’eau, d’électricité, assainissement) dans les grandes
villes du pays ont toutes été accordées par entente directe, loin de toute
procédure d’appel d’offre publique, ni même des moindres règles de
transparence.
Dans le monde rural, des centaines de milliers d’hectares de terres
fertiles, récupérées de la colonisation et confiées à deux sociétés d’État
(Sodea et Sogeta14) ont, par le simple « fait du prince », été « offerts » à
des dignitaires du régime, voire à une certaine clientèle politique, là
encore dans une opacité totale15.
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Nous voulions le privé, nous avons le public !
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surdimensionnées par rapport aux disponibilités hydriques ou demeu-
rées sans aménagements à l’aval pour en valoriser l’eau stockée20, aux
autoroutes fréquentées à moins du quart de leurs capacités21, en pas-
sant par les stations balnéaires « fantômes », les « zones industrielles »
sans industriels, les ports (marinas) et les aéroports déserts ainsi que
le TGV condamné à survivre sous perfusion des finances publiques.
Comment s’étonner dans les conditions de cet apparent « paradoxe »
d’un taux d’investissement élevé mais qui ne génère en réalité ni suffi-
samment de croissance ni assez d’emplois ? Un indicateur illustre bien
ce phénomène de contreperformance avérée. Ainsi, selon l’étude du
Haut-Commissariat au Plan précédemment citée, l’ICOR (Incremental
Capital Output Ratio), qui met en relation le taux d’investissement et
le taux de croissance, atteint 7,2 en moyenne au cours de la décen-
nie 2006-2015, alors qu’il n’est que de 2,9 en Corée du Sud et 3,5 en
Malaisie22. Pire, selon le Rapport annuel 2017 du Conseil économique,
social et environnemental, l’ICOR en question se situerait à 8,58, « soit
un rendement des investissements en termes de croissance deux fois moins élevés que
la moyenne mondiale »23. Autrement dit, alors que dans ces pays, il faut à
peine 3 à 4 points de taux d’investissement pour générer un point de
croissance du PIB, au Maroc, il en faudrait autour de 8 pour obtenir
le même résultat.
L’autre pari majeur portait sur la croissance qui devait être « tirée par
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de 1 point en moyenne chaque année sur la période 2008-201625.
Enfin, ce que nous disent des rapports du Conseil économique,
social et environnemental, est que sur près de 550 000 entreprises
existantes au plan juridique à la fin 2017, à peine 6 324 ont exporté
au cours de l’année en question (soit 0,1%), la moitié n’exportant que
de manière occasionnelle26. Il reste à ajouter que face à ces quelques
6 300 entreprises exportatrices, et selon les déclarations d’un précé-
dent ministre du Commerce extérieur, on compte approximativement
quatre fois plus d’entreprises importatrices que d’entreprises expor-
tatrices, soit quelques 22 000 importateurs pour 5 200 exportateurs27.
Tous ces faits et chiffres convergent vers une conclusion majeure : là
encore, nous sommes pleinement dans l’effet pervers, l’exact contraire
de ce qui était recherché. Le pays se voulait super-exportateur, il est
révélé méga-importateur !
Il nous reste maintenant à méditer un tel échec. Pourquoi cet entête-
ment à perpétuer les mêmes choix qui ont conduit aux mêmes échecs ?
Comment les mêmes causes ont-elles obstinément produit les mêmes
effets ? Plus précisément : comment l’économique s’est-il articulé au
politique pour aboutir à cet état de fait d’une économie dont « l’émer-
gence » est entravée par sa propre « gouvernance » ? Quelle est la res-
ponsabilité du système politique, c’est-à-dire de prise de décision, qui a
fait les choix et mis en œuvre les politiques ayant conduit aux résultats
que l’on sait ? Au fond et pour tout dire : Quelle est sa responsabilité
dans le mal-développement du pays ?
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plans sectoriels, les accords de libre-échange ou encore le « chantier
du règne » qu’est l’INDH28, n’avaient préalablement figuré dans aucun
programme d’aucun parti politique. Tous ces « chantiers » avaient été
décidés dans les arcanes du palais royal et non dans les cabinets minis-
tériels des gouvernements. Ils ont ensuite été mis en œuvre sans être
préalablement validés ni par le gouvernement ni par le Parlement.
Toujours est-il que le « programme du Roi » sera mis en œuvre par
un gouvernement qui n’en maîtrise en réalité ni les tenants ni les abou-
tissants. Il doit gérer tant bien que mal les conséquences de choix aux-
quels il n’avait guère été associé29. Le plus souvent, c’est la monarchie
qui doit annoncer les bonnes nouvelles et présider aux inaugurations,
mais c’est ensuite le gouvernement qui doit gérer les déboires et
affronter les échecs, dans un climat de dilution des responsabilités
déconcertant. À titre d’exemple, le projet du TGV est aujourd’hui mis
en œuvre par un ministre dont le parti avait clairement critiqué son
lancement. Il doit aujourd’hui justifier ce qu’il considérait injustifiable
hier. Il en va à peu près de même des accords de libre-échange, des
plans sectoriels, des privatisations, de la quasi-défiscalisation de l’agri-
culture, de la flexibilité du dirham, etc.
Enfin quand une législature s’achève et que, comme dans tout sys-
tème de démocratie représentative digne de ce nom, le pouvoir exé-
cutif doit rendre compte de sa gestion devant les électeurs, on assiste
au Maroc à une situation surréaliste : d’un côté le Palais, où réside le
véritable pouvoir de la « monarchie exécutive », ne se présentant pas
aux élections, n’a de comptes à rendre à personne. Et de l’autre, le
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remise en cause des choix fondamentaux ayant conduit aux résultats
déplorés. C’est le cas par exemple de tant de « grands chantiers »,
notamment ceux en cours dans les grandes villes du pays, étendant
partout des espaces verts arrosés manuellement par des employés
municipaux à partir du réseau d’eau potable, dans un pays en stress
hydrique avancé. Cependant, qui peut se hasarder de remettre en cause
une politique qui procède d’une « volonté royale » ? Qui peut oser, avec
tout le respect qui lui est dû, dire au Roi qu’il a pu s’être trompé, et qu’il
est temps qu’il change de politique ? Le Roi n’est pas « interpellable » et
aucun mécanisme institutionnel ne permet de lui signifier les erreurs
qu’il peut commettre et encore moins la nécessité de remettre en cause
ses choix lorsqu’ils se révèlent non fructueux.
C’est ainsi que les mêmes expériences plus ou moins malheureuses
peuvent invariablement se suivre et se ressembler, que les mêmes
choix conduisant aux mêmes échecs peuvent se perpétuer. Là réside
fondamentalement cette incapacité « génétique » du système politique
marocain à s’instruire de ses propres erreurs, à corriger ses mauvais
choix, à générer les mécanismes autorégulateurs nécessaires, tirer les
leçons de l’expérience pour avancer, progresser.
La constitution de 2011 n’a guère apporté la réponse appropriée et
tellement nécessaire au problème institutionnel majeure du pays30. Par
la grâce de l’article 49, qui attribue au Conseil des ministres (présidé
par le Roi) le pouvoir de décision en ce qui concerne les « orientations
stratégiques de la politique de l’État », se perpétue le « verrouillage ins-
titutionnel » au profit de la « monarchie exécutive ».
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pour la baisse de prix abusifs parce que « administrés » par des mono-
poles et des oligopoles, mais aussi à crier son rejet de l’économie de
rente, du népotisme et des passe-droits31. Quels qu’aient pu être les
résultats de ce boycott, cette « première » en annonce d’autres à venir,
tant les mêmes causes continueront de produire la même rage dans
les protestations.
Toujours est-il que nous voyons bien que nous ne sommes pas
seulement face à une économie « sous plafond de verre », mais aussi
un système politique qui l’est tout autant. Et c’est ainsi que, objec-
tivement, le système politique peut constituer une véritable entrave
au développement économique du pays32. De sorte que le déficit de
développement du pays n’est au fond que le corollaire de son déficit
démocratique.
Conclusion
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ment de ses échecs pour se corriger, en saisir les causes et en tirer les
conséquences33.
De fait, le futur « modèle de développement » n’aura de chance
d’évoluer favorablement que si, à tout le moins, il s’inscrit dans le cadre
d’un système politique qui conjugue légitimité des choix, plein exercice
des responsabilités et reddition de comptes.
La légitimité ouvre la voie à la responsabilité, laquelle ne va pas
sans redevabilité. Telle est l’équation politique incontournable dont la
résolution devrait ouvrir la voie à l’émergence d’un nouveau modèle de
développement porteur d’espoir. Autrement, les mêmes expériences
plus ou moins malheureuses peuvent invariablement se suivre et se
ressembler, et les mêmes choix conduisant aux mêmes échecs, peuvent
se perpétuer. En somme les mêmes causes peuvent éternellement
produire les mêmes effets. D’où ce terrible sentiment de « tourner
en rond », et de continuer de piétiner désespérément sous le plafond
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de verre.
Notes
1. Souhail Nhaili, « Agriculture : 2020, une année de sécheresse ? », Casablanca, Medias24, 19 février 2020.
2. « Campagne agricole 2019-2020 : la production céréalière en chute libre », Casablanca, TelQuel, 23 avril
2020.
3. Voir Haut-Commissariat au Plan, Principaux résultats de l’enquête de conjoncture sur les effets du Covid-
19 sur l’activité des entreprises. Enquête réalisée entre le 1er et le 3 avril 2020, auprès d’un échantillon de
4 000 entreprises organisées. Disponible : https://www.hcp.ma/Principaux-resultats-de-l-enquete-de-
conjoncture-sur-les-effets-du-Covid-19-sur-l-activite-des-entreprises_a2499.html
4. Soit entre 73 et 110 euros.
5. Note de présentation du Projet de loi de Finances rectificative 2020, ministère de l’Économie et des
Finances, juillet 2020, p. 13.
6. Nous mettons ce concept entre guillemets parce qu’il ne nous apparaît guère approprié, s’agissant de
choix et de politiques qui ont échoué.
7. Voir Cinquantenaire de l’indépendance du Royaume du Maroc (2006) - 50 ans de développement
humain et perspectives 2025, Rabat, janvier 2006 ; Fondation Abderrahim Bouabid – Conseil d’Analyse
Economique, Le Maroc a-t-il une stratégie de développement économique ? Quelques éléments de réflexion
pour un véritable décollage économique et social, Salé, juin 2010 ; HCP, Prospective Maroc 2030, Rabat, 2011.
Disponible : https://www.hcp.ma/downloads/Maroc-2030_t11885.html
8. Disponible : http://www.maroc.ma/fr/discours-royaux/sm-le-roi-prononce-un-discours-louverture-de-
la-premiere-session-de-la-2-eme-annee
9. Cette expression est celle de Mohamed VI, utilisée pour qualifier la monarchie marocaine, lors d’un
entretien accordé au journal Le Figaro, en 2001. Disponible : http://www.maroc.ma/fr/discours-royaux/
interview-accord%C3%A9e-par-sa-majest%C3%A9-le-roi-mohammed-vi-au-quotidien-fran%C3%A7ais-
%C2%AB-le
10. Voir Najib Akesbi, « Économie politique et politiques économiques au Maroc », in Économie politique du
Maroc, Rabat, Revue Marocaine des Sciences Politiques et Sociales, 2017, pp. 49 à 111.
11. Voir Najib Akesbi, « Économie politique et politiques économiques au Maroc », op. cit.
12. Si l’on excepte la Mauritanie ou la Syrie en guerre.
13. Pour des analyses plus détaillées sur l’état et l’évolution de l’économie marocaine, on peut cependant
consulter mes conférences annuelles, présentées dans le cadre de l’Université Citoyenne de HEM (École
des Hautes Études de Management). Voir notamment, « Le modèle de développement en débat » (UC
de Casablanca et Marrakech, février 2018) ; « Où va l’économie marocaine ? L’économie marocaine en
perspective » (UC de Tétouan, Casablanca, Marrakech, Agadir, Fès, janvier-février 2017). Voir aussi, Najib
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Akesbi, « Pourquoi et comment l’économie marocaine s’installe sous le plafond de verre », Casablanca,
Finances News Hebdo, Hors-série n° 36, janvier 2019.
14. Société de développement agricole et Société de gestion des terres agricoles.
15. Voir Najib Akesbi, « Économie politique et politiques économiques au Maroc », op.cit.
16. Banque mondiale et Société financière internationale, Créer des marchés au Maroc – Diagnostic du
secteur privé, Washington, juin 2019, p. 37.
17. Banque mondiale et Société financière internationale, Créer des marchés au Maroc, op.cit., p. 41.
18. Voir les récents rapports de la Banque mondiale (Le Maroc à l’horizon 2040, 2018 ; Créer des marchés
au Maroc, 2019), en plus de récurrentes interventions dans ce sens du Haut-Commissaire au Plan et du Wali
de la Banque centrale.
19. Banque mondiale et Société financière internationale, Créer des marchés au Maroc, op.cit., p. 7 et 17.
20. Entré en service en 1996, le barrage Al Wahda, avec une capacité de 3,8 milliards de mètres cubes,
est le plus grand ouvrage hydraulique au Maroc et le deuxième en Afrique. Il devait notamment irriguer
114 000 ha sur la plaine du Gharb. Or, près de 100 000 ha ne sont à ce jour pas encore aménagés pour en
permettre l’irrigation. Depuis un quart de siècle, des dizaines de milliers d’hectares sont donc irrigables mais
non irrigués, faute d’être aménagés.
21. Voir Naoufel Darif, « Anouar Benazzouz : « Sur les 1 800 km d’autoroutes, 1 000 km ne sont pas
rentables », Casablanca, La Vie éco, 16 janvier 2020.
22. Voir Étude sur le rendement du capital physique au Maroc, Rabat, janvier 2016, p. 14.
23. Conseil économique, social et environnemental, Rapport annuel 2017, Rabat, p. 35.
24. Voir les Rapports annuels et ponctuels sur le commerce extérieur. Disponible : https://www.oc.gov.ma/
fr/publications#wow-book/
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25. Statistiques élaborées par la Direction des Études et des Prévisions Économiques du Ministère des
Finances à partir des données du Haut-commissariat au Plan. Voir DEPF-MF, Rapport économique et
financier, Projet de Loi de Finances 2018, p. 44.
26. Conseil économique, social et environnemental, Rapport annuel 2017, op.cit., p. 35.
27. « Commerce extérieur : Mazouz tire la sonnette d’alarme », Casablanca, Finances News, 17 octobre 2016
28. Initiative Nationale pour le Développement Humain.
29. Le TGV en 2010 ou plus récemment « l’affaire » du maintien de l’horaire d’été en octobre 2018, ou encore
de gestion de la crise de la Covid-19 en 2020, illustrent de manière caricaturale l’embarras, voire le désarroi
de gouvernements de toute évidence sommés de mettre en œuvre des décisions dont ils ne savaient pas
grand-chose.
30. Voir Najib Akesbi, « La dimension économique de la nouvelle constitution à l’épreuve des faits », in La
nouvelle constitution marocaine à l’épreuve de la pratique, Casablanca, La Croisée des Chemins, 2014,
pp. 255 à 283.
31. Voir « Akesbi : Le boycott tourne la page des formes traditionnelles de lutte sociale » (arabe), Hespress,
8 juin 2018.
32. Voir Najib Akesbi, « Quand le système politique entrave le développement économique », Site-In,
5 octobre 2018.
33. Pour une analyse plus focalisée sur l’expérience des deux dernières décennies, voir Najib Akesbi,
« Pourquoi et comment l’économie marocaine s’installe sous le plafond de verre », op.cit.
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Numéro 114 l Automne 2020