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Hocine Malti
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Hocine Malti
Consultant pétrolier 1.
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algérien, une fois l’indépendance acquise. On s’était mis
à rêver que le destin des Algériens était d’être un peuple
heureux et que les revenus du pétrole lui permettraient
d’affronter les affres du sous-développement. Hélas,
les quelques années de trop qu’avait duré la guerre de
libération, en raison de ces découvertes, n’ont été que
le début d’une série de malheurs causés à ce peuple,
causés par l’accaparement de la rente pétrolière par des
dirigeants sans foi, ni loi.
C
’est en 1956, en pleine guerre de libération algérienne,
que l’on a découvert, au Sahara, du pétrole à Edjeleh et
Hassi Messaoud et du gaz à Hassi R’Mel. Il a fallu attendre
six autres années avant que l’Algérie n’accède à l’indépendance. Y
a-t-il relation de cause à effet entre ces découvertes et la durée de
la guerre ? La réponse est malheureusement oui. Ces milliards de
barils de pétrole et m³ de gaz, ont-ils été source de bonheur pour
le peuple durant le demi-siècle d’indépendance que l’Algérie fête
cette année ? Cela reste à prouver. Ils ont, par contre, permis à coup
sûr aux équipes dirigeantes qui se sont succédé à la tête du pays
durant la période d’asseoir et de renforcer leur pouvoir.
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Algérie, 50 ans après
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place depuis les découvertes de 1956 avaient instauré une politique
très protectionniste dans le secteur pétrolier ; de ce fait, n’étaient
présentes au Sahara à l’indépendance en 1962, que des compagnies
françaises, dont l’Etat était l’actionnaire majoritaire, voire unique,
associées sur certains champs à des partenaires étrangers minori-
taires. Cette situation fera de l’exploitation du pétrole et du gaz
sahariens, au lendemain de l’indépendance, une affaire strictement
algéro-française et sera source de conflits quasi-permanents. La plus
grosse concession faite par les Algériens à Evian était celle instaurant
la co-souveraineté dans l’exploitation des ressources pétrolières
sahariennes. A la demande de la partie française, il avait été créé un
organisme mixte de gestion et de contrôle de l’industrie pétrolière,
dénommé Organisme Saharien (OS), au sein duquel les deux pays
étaient représentés par un nombre égal d’administrateurs. Le gou-
vernement algérien avait donc les mains liées pour ce qui est de l’ex-
ploitation du pétrole saharien, tandis que la présence de cet écran
dans les relations avec les compagnies rendait obsolètes certains de
ses pouvoirs régaliens. L’affaire Trapal allait lui fournir le moyen
de briser ce carcan. L’oléoduc à destination de Bejaïa étant saturé,
les entreprises concessionnaires des champs de la région d’Hassi
Messaoud s’associèrent au sein d’un consortium dénommé Trapal,
auquel elles confièrent la tâche de construire un nouveau pipeline
dont le terminal serait le petit port de pêche d’Arzew, à l’est d’Oran.
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Le gaspillage de l’or noir
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projet ne posa pas problème. L’Etat du Koweït accorda un prêt de
30 millions de dollars à des conditions très avantageuses et se porta
garant de l’Algérie auprès de l’ECGD (Export Credit and Garantee
Department) qui, à son tour, couvrait de sa garantie les crédits com-
merciaux proposés par les banques britanniques. Au tout début de
1964, arrivaient au port d’Alger les premiers tubes en provenance
de Grande-Bretagne puis, vers la mi-1966, le terminal d’Arzew, sur
la côte ouest du pays, recevait les premiers barils de pétrole en pro-
venance de Hassi Messaoud.
L’affaire Trapal eut deux conséquences extrêmement impor-
tantes :
– la création de l’outil qui allait gérer la construction et l’exploi-
tation du pipeline, la Sonatrach (Société nationale de transport
et de commercialisation des hydrocarbures) qui vit le jour le
31 décembre 1963 ;
– puis, Trapal ayant soumis le différend à l’arbitrage interna-
tional, le pouvoir algérien mettait à profit cette opportunité pour
demander la remise à plat des dispositions arrêtées à Evian.
La renégociation du volet pétrolier aboutit, le 29 juillet 1965,
à la signature dans la capitale algérienne de « l’Accord d’Alger, por-
tant règlement de questions touchant les hydrocarbures et le développement
industriel de l’Algérie ». La principale disposition de cet accord était
la création d’une association à parts égales, dite « Association coopé-
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commission mixte algéro-française et non pas négocié entre les
partenaires, comme dans toute transaction commerciale. L’accord
d’Alger avait également figé le prix posté du baril de pétrole aux
différents terminaux pétroliers du pays 2.
Comme tout accord, celui du 29 juillet 1965 n’était que le reflet
du rapport de forces existant entre les protagonistes. Il y apparais-
sait clairement que bien qu’indépendante, l’Algérie ne pouvait rien
décider dans le domaine pétrolier sans l’accord de l’ex-puissance
occupante. Le fait de mettre à disposition aux seules compagnies
pétrolières françaises une superficie aussi vaste que celle attribuée à
l’ASCOOP a contribué à décourager d’autres entreprises étrangères
à venir s’installer en Algérie ; de même, en fixant dans un accord
algéro-français, les prix postés sur la base desquels les sociétés pétro-
lières, toutes nationalités confondues, devaient payer leurs impôts,
signifiait que l’industrie pétrolière algérienne continuait d’être
cogérée avec la France.
Cet accord a eu néanmoins des retombées positives puisqu’il
a permis la remise en cause du système d’exploitation du pétrole
et du gaz prévalant jusqu’alors. L’Algérie cessait d’être un simple
percepteur d’impôts ; elle se lançait dans l’aventure industrielle
et rejoignait le groupe, très restreint des pays du Tiers-monde qui
avaient pris directement en mains les opérations d’exploration et
de production de leurs ressources en hydrocarbures. Cette mesure
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commencèrent alors à s’interroger sur l’opportunité de figer, au
bénéfice des seules entreprises françaises, une zone de 180 000 km²
destinée à l’exploration. Ne pouvant, de ce fait, intéresser à la
recherche pétrolière d’autres investisseurs que français, le gou-
vernement lança deux initiatives en direction des Etats-Unis et de
l’Union Soviétique. La première consistait à créer une quinzaine
de sociétés mixtes, en partenariat avec les plus grands noms de
l’industrie pétrolière américaine, qui seraient chargées de cou-
vrir toute la panoplie des services requis par les exploitants. La
seconde était de demander à l’Union Soviétique de dépêcher
en Algérie deux équipes de géologues, géophysiciens et ingé-
nieurs pétroliers qui seraient chargées de proposer la stratégie
à mettre en œuvre pour développer la recherche et la produc-
tion de pétrole et de gaz. Une de ces équipes avait pour mission
de regrouper tous les travaux et études entrepris jusque-là sur
différentes zones sahariennes, d’en faire la synthèse et partant
d’élaborer un plan global d’exploration du Sahara qui permit de
nouvelles découvertes quelques années plus tard. Les travaux de la
seconde équipe étaient focalisés sur le gisement d’Hassi Messaoud,
le but étant d’en augmenter la production qui fut portée, après
quatre années d’études et de réalisations sur le terrain, de
19 millions de tonnes en 1969 à 30 millions en 1972.
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pour l’époque, était d’autant plus important qu’il intervenait à
la suite d’une série de fins de non-recevoir signifiées par d’autres
clients potentiels aux représentants de la Sonatrach qui avaient
fait le tour de l’Europe et essayé, sans succès, de placer des ventes
de gaz. On soupçonnait bien à Alger, mais sans en avoir la preuve,
que ce n’était pas pour des raisons purement commerciales que les
Européens refusaient d’acheter du gaz aux Algériens ; ceci jusqu’au
jour où un haut responsable politique espagnol expliqua, sous le
sceau du secret, à la délégation commerciale algérienne, que son
pays subissait de la part des entreprises et du gouvernement français
des pressions afin de ne pas acheter du gaz en direct à l’Algérie,
mais de passer par le canal de Gaz de France.
Puis, vint le moment où il fallut renégocier l’accord d’Alger. Il
était prévu de faire cela en deux phases : la première, portant sur
les aspects financiers uniquement, devait intervenir dans un délai
de 4 ans, la seconde, plus globale, dans un délai de 5 ans. En avril
1969, le gouvernement algérien déclenchait le processus de rené-
gociation en adressant au gouvernement français un mémoire dans
lequel il indiquait que l’Algérie envisageait d’adopter le système
fiscal en vigueur au sein de l’OPEP et de porter le prix posté de son
pétrole FOB (Franco on board) Bejaïa à 2,65 dollars le baril contre
2,08 dollars qui avait cours jusque-là. Il suspendait, cependant, la
mise en application de la mesure dans l’attente des résultats des
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2,65 comme annoncé précédemment.
L’électrochoc provoqué par cette annonce amenait le président
Georges Pompidou à proposer à son alter ego algérien de passer
à la seconde phase de négociation, telle que prévue par l’accord
d’Alger. Les discussions, tout aussi stériles que les précédentes,
démarrèrent le 5 octobre 1970 et prirent fin le 24 février 1971 par
la nationalisation totale ou partielle des avoirs pétroliers français en
Algérie. Dans un discours mémorable prononcé ce jour-là devant
les cadres de la centrale syndicale UGTA, le président Boumediene
déclarait : «… Nous avons négocié sans cesse de 1969 à 1970. Nous
avons acquis la certitude que les Français ne souhaitaient pas aboutir à une
solution…. Nous avons décidé, aujourd’hui, de porter la révolution dans le
secteur des hydrocarbures. Je proclame officiellement, au nom du Conseil de la
révolution et du gouvernement, que les décisions suivantes sont applicables à
compter de ce jour : 1) la participation algérienne dans toutes les compagnies
pétrolières françaises est portée à 51 % de façon à en assurer le contrôle effec-
tif ; 2) la nationalisation des gisements de gaz naturel ; 3) la nationalisation
du transport terrestre, c’est-à-dire de l’ensemble des canalisations se trouvant
sur le territoire national. »
Devant le refus du gouvernement français et des compagnies
pétrolières de reconnaître la légitimité des mesures de nationalisa-
tions, il prenait, le 12 avril suivant, encore une fois de manière uni-
latérale, une autre décision hautement importante, à savoir que les
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source de revenus de l’Algérie. Elle aurait très probablement pro-
voqué aussi de sérieux troubles sociaux qui auraient – qui sait ? –
pu emporter le régime. C’est une action de la flotte britannique,
soutenue par la CIA qui avait causé en Iran en 1951 la démission
du Dr. Mossadegh, son emprisonnement puis l’annulation par le
Shah de la décision de nationalisation des gisements de l’Anglo ira-
nian oil company. 20 ans plus tard, on n’en était plus à l’ère de la
canonnière ; c’est néanmoins un remake de ce même scénario que
jouait la CFP, avec des moyens autres que militaires. Par ailleurs,
toutes les compagnies touchées par les mesures de nationalisation
décrétaient le boycott du pétrole algérien, menaçaient de traîner
en justice tout client de l’Algérie et de saisir toute cargaison de
pétrole en provenance de « leurs gisements », disaient-elles. C’est
au mois de juin, après 4 mois de tensions, de pressions et de
menaces en tous genres, qu’intervint le premier accord, avec la
CFP précisément, portant règlement du contentieux et incluant
notamment une indemnisation des avoirs nationalisés pour un
montant de 60 millions de dollars. Il fut suivi, en décembre, de
règlements similaires passés avec les autres compagnies, toutes
filiales du groupe d’Etat Elf-Erap. Après 1962, année de l’indépen-
dance politique de l’Algérie, 1971 a été celle où elle a arraché son
indépendance économique. A l’issue de ses huit ans d’existence, la
Sonatrach prenait le contrôle de l’industrie pétrolière algérienne.
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Puis, vint le colonel Chadli Bendjedid qui n’avait été choisi, en
février 1979, par ses pairs de l’armée pour occuper le poste de pré-
sident de la République, ni pour ses compétences intellectuelles,
ni pour son aptitude à gouverner, mais parce qu’il était « l’officier
le plus ancien dans le grade le plus élevé ». Véritable roi-fainéant, nul-
lement intéressé par la gestion de la chose publique, il permit aux
courtisans de s’approprier, par petites touches successives, tous les
leviers du pouvoir. Parmi eux, il en est un, ancien DAF (Déserteur
de l’armée française), le général Larbi Belkheir, secrétaire général
de la présidence ou chef de cabinet suivant les périodes, surnommé
le Cardinal pour son rôle de conseiller de l’ombre, qui finit par
prendre le contrôle de tous les rouages de l’Etat, avec la complicité
de ses autres amis DAF.
Parmi les évènements marquants intervenus dans le secteur
pétrolier, dès le lendemain de l’accession de Chadli Bendjedid à
la présidence de la République, il faut noter le limogeage systéma-
tique par le nouveau ministre de l’Energie, Nabi Belkacem, de tous
les hauts responsables du secteur, dont le seul crime était d’avoir
travaillé avec Belaïd Abdesselam, son prédécesseur dans la fonction.
L’élimination de ces cadres s’est faite de manière brusque et brutale :
pas de préavis et donc pas de passation de consignes aux nouveaux
arrivants, ni de transmission de l’expérience acquise. Elle fut égale-
ment violente, certains ayant vu leurs salaires ou leurs pensions de
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fin à la médiation qu’il menait pour faire libérer les fonctionnaires
de l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran, détenus otages par les
Iraniens depuis plusieurs mois. Devant un tel ignoble chantage, les
Américains renoncèrent à l’achat de gaz à l’Algérie. Il annula éga-
lement les ventes de gaz conclues avec l’Allemagne et les pays nor-
diques, toujours au prétexte que ses prédécesseurs avaient bradé le
gaz. Seuls deux contrats ne furent pas remis en question : celui avec
Gaz de France maintenu pour des raisons politiques 5 et celui avec
l’Italie marqué par un énorme scandale de corruption dans lequel
étaient impliquées des personnalités italiennes et algériennes 6.
Pour « récompenser » le régime Chadli d’avoir fait basculer
l’Algérie dans le camp français, le président François Mitterrand,
en visite à Alger en novembre 1981, concédait un prix spécial sur
l’achat de gaz algérien par la France. Le contrat, signé en février
1982, comportait un prix supérieur de 27 % au prix du marché,
associé à une formule d’indexation qui s’avèrera être un piège. La
mise en application de cette formule ramènera le prix de cession
à un niveau extrêmement bas. Cette baisse de revenus, qui venait
s’ajouter à celle résultant à la chute dramatique du cours du pétrole
et à la corruption entraîneront l’Algérie au bord de la faillite et à
la renégociation de sa dette avec le FMI. Les graves mouvements
sociaux qui s’ensuivirent coûtèrent la vie à 500 jeunes et provo-
quèrent l’avènement de l’islamisme politique.
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propagea à travers le tissu social à une allure exponentielle, encore
plus grande que durant la période Chadli. La raison ? Le nouveau
pouvoir était une alliance entre un homme avide de pouvoir et
d’argent, donc prêt à toutes les compromissions et des généraux,
tout aussi avides de pouvoir et d’argent, dont les mains tâchées de
sang durant la guerre civile à laquelle le pays était en proie depuis
1992, en faisaient des êtres hantés par un désir de blanchiment du
passé. On vit les DAF étendre encore plus leur emprise sur le secteur
des hydrocarbures, mais on vit aussi de nouveaux prédateurs, dont
les frères du président, venir participer à la razzia.
Parmi les scandales retentissants que connut ce secteur, il y eut
celui de la société d’engineering algéro-américaine BRC (Brown
and Root-Condor). Au sein de cette entreprise la Sonatrach avait
pour partenaire la plus grande compagnie pétrolière américaine
Halliburton, dirigée par celui qui deviendra vice-président des Etats-
Unis sous George W. Bush, Dick Cheyney. L’administration améri-
caine utilisa ce tremplin pour réaliser d’énormes profits sur les très
nombreux contrats attribués par les sociétés du groupe Sonatrach à
BRC qui, à son tour, les transférait pour exécution à Halliburton ou
à sa filiale d’engineering pétrolier Brown and Root. De leur côté,
les prédateurs algériens de BRC prenaient de substantielles com-
missions sur chacun de ces contrats. Les ministères de l’Intérieur et
de la Défense nationale confièrent, eux aussi, d’importantes affaires
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en contrepartie d’un pot-de-vin probablement substantiel. Le pot-
aux-roses fut dévoilé quelques mois plus tard quand les Russes infor-
mèrent les Algériens qu’ils étaient espionnés. Le PDG de l’entreprise
fut condamné, à l’issue d’un procès expéditif, pour « intelligence avec
l’ennemi ». En échange de son silence, il écopa d’une peine de prison
relativement légère : il payait ainsi pour le ou les véritables respon-
sables, les hauts gradés de l’armée qui avaient laissé faire.
L’autre acte d’« intelligence avec l’ennemi » dans lequel était
intervenu BRC était la construction, avec l’accord d’Abdelaziz
Bouteflika en personne, d’une base secrète dans l’extrême sud
algérien mise à disposition de l’armée américaine. Scandales, forfai-
tures, guerre des clans, l’affaire BRC avait pris des proportions qui
risquaient d’emporter le régime. Bouteflika décida alors de mettre
fin au jeu de massacre et d’enterrer définitivement le dossier : on
apprit brusquement, que sur ordre du président de la République, le
conseil d’administration de la société avait prononcé sa dissolution !
Ainsi, disparaissait cette compagnie d’engineering, stratégique pour
le pays, qui s’était transformée, depuis l’arrivée de Bouteflika au
pouvoir, en une association de mafiosi et en un bras armé de la CIA,
laquelle contrôlait par ce biais deux secteurs névralgiques algériens,
l’industrie pétrolière et l’armée.
Last but not least, l’élaboration d’une nouvelle loi sur les hydro-
carbures qui, en pratique, cédait les richesses pétrolières du pays
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mondiale reprenait intégralement les dispositions prévues dans
le cadre de cette doctrine. Autrefois fer-de-lance de la lutte des
pays du Tiers Monde contre l’impérialisme américain, l’Algérie
s’alignait ainsi sur la politique des Etats-Unis. Les Etats membres
de l’OPEP firent part de leur désapprobation, certains ministres
allant jusqu’à traiter, en réunion officielle de l’Organisation, l’Al-
gérie de « pays croupion à la solde des Américains ». Mais quelle
était la motivation du président de la République et celle de son
ministre de l’Energie ? Afin d’échapper à l’emprise des généraux,
Abdelaziz Bouteflika cherchait à se placer sous l’aile protectrice
de la première puissance mondiale et était disposé pour ce faire
à toutes les compromissions. L’acharnement de Chakib Khelil à
faire adopter cette loi est plus simple à comprendre : il avait fait
le choix du cœur, il répondait à l’appel de son pays d’adoption
les Etats-Unis. Le feuilleton de cette loi dura 5 longues années, au
cours desquelles elle fut la cause de luttes de clans à l’intérieur du
régime et d’une grève générale décrétée par la centrale syndicale
UGTA. Devant le tollé qu’elle avait soulevé et face à l’opposition
tous azimuts qu’elle avait provoquée, Abdelaziz Bouteflika la gela
en mars 2003, afin d’assurer sa réélection pour un second man-
dat, puis la fit approuver par le parlement en avril 2005, avant d’y
renoncer totalement en 2006, en annulant les dispositions les plus
controversées.
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Notes
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