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Amine Dafir
© Éditions Choiseul | Téléchargé le 17/09/2022 sur www.cairn.info via Université Mohammed VI Polytechnique (IP: 197.230.122.198)
2012/4 n° 63 | pages 73 à 83
ISSN 1620-9869
ISBN 9782362590481
DOI 10.3917/geoec.063.0073
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-geoeconomie-2012-4-page-73.htm
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La diplomatie économique marocaine en Afrique
subsaharienne : réalités et enjeux
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Amine DAFIR
Doctorant en économie internationale à l'université Mohamed V Souissi
(a.dafir@hotmail.com).
Introduction
1. L. Badel, «Introduction», dans «Diplomaties en renouvellement», Les Cahiers Irice, n°3,
2009.
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subsaharienne
2. N. Bayne, S. Woolcock, The New Economic Diplomacy. Decision-Making and Negotiation
in International Economic Relations, 2e éd., Londres, Ashgate, 2007.
3. A. Dafir, «Le Maroc à l’assaut de l’Afrique : rôle de la diplomatie économique», Le Cercle
Les Échos, 29 juin 2012.
La diplomatie économique marocaine en Afrique subsaharienne
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Mohammed VI - et 2009 ce dernier a effectué 21 visites officielles dans 13
pays subsahariens. Ces dernières étaient généralement l'occasion d’inaugurer
des projets de développement et de signer des accords bilatéraux. C'est dans
ce contexte qu' on assiste à l’émergence d’une nouvelle diplomatie des
contrats: diplomatie qui a pour objectif d'instrumentaliser l’appui politique
et économique pour la signature de grands contrats au profit des grands
investisseurs nationaux. D’ailleurs, des dizaines d’entreprises marocaines,
considérées comme étant des « champions nationaux », ont pu trouver une
place parmi les grands investisseurs africains dans le continent.
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Outre la dimension bilatérale, la diplomatie marocaine développe ses
relations avec l’Afrique aussi dans le contexte régional. La stratégie que cette
dernière adopte en Afrique subsaharienne a pour but de dépasser le blocage
de l’Union du Maghreb arabe (UMA) et de rendre visible le Statut avancé
avec l’Union européenne. Ces raisons sont déterminantes dans le choix du
Maroc de s'insérer dans le contexte régional de l'Afrique subsaharienne.
Par conséquent, le Maroc développe une politique de rapprochement avec
l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Néanmoins,
l’accord avec l’UEMOA n’est pas encore entré en vigueur, puis que certains
États de l’Union considèrent que leurs économies ne sont pas encore prêtes
à la concurrence des entreprises marocaines et souhaitent au préalable la
mise en place de mécanismes préférentiels en termes de tarifs et de règles
d’origine.
4. Lors des entretiens avec les conseillers économiques, ils mettent l'accent sur l'absence
de plans d'actions et de moyens budgétaires et matériels.
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(RAM) et son retrait d’Air Sénégal international (ASI), fait évidemment
beaucoup réfléchir les ménagers des entreprises marocaines 5. Il s’agit ici
d’un secteur privé qui se limite à jouer le rôle de bénéficiaire des actions de
la diplomatie étatique.
C'est en cela que réside la différence avec la Turquie, qui a commencé
à développer ses relations diplomatiques avec les pays de l’Afrique
subsaharienne par le biais du secteur privé, en particulier de la confédération
TUSKON. Ainsi, le gouvernement a été poussé à la conquête de nouveaux
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marchés par sa base, incarnée par une nouvelle classe d’entrepreneurs, les
« tigres anatoliens ». La confédération TUSKON prépare actuellement toutes
les visites du président et du ministre du Commerce extérieur turcs. Les
relations diplomatiques de la Turquie avec le continent africain se sont
développées d’une manière assez rapide : en l’espace d’une décennie, Ankara
a triplé le nombre de ses ambassades , ayant pour objectif d'en installer
trente à fin 2012 6.
Ces acteurs privés exercent de plus en plus d’influence dans les processus
décisionnels et deviennent un acteur central de la diplomatie économique
turque 7. C’est une diplomatie qui vise à servir le secteur privé et lui faciliter
la tâche de conquête de marchés étrangers. En contrepartie, les hommes
d’affaires consolideront l’influence mondiale de la Turquie. On parle dans ce
cas d’une diplomatie privée au service de la diplomatie classique du pays et
des intérêts géopolitiques de la Turquie dans le continent africain.
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l’Ouest. Cependant, ces investissements ne se traduisent pas encore par une
augmentation des échanges avec l’Afrique subsaharienne, cela à cause du fait
que les investisseurs marocains n’ont pas une vision globale intégrant leurs
actions d’internationalisation dans le cadre d’une décomposition régionale
des processus productifs.
En termes d’exportations, le solde commercial du Maroc avec l’Afrique
subsaharienne s’est amélioré, passant d’un déficit de près de 7,2 millions
dirhams en 2000 à un excédent de 2,7 milliards en 2010. Néanmoins, les
exportations vers les pays de la région restent dominées par les produits à 79
faible valeur ajoutée, telle que les produits d’origine végétale et minérale.
Par ailleurs, la structure des exportations montre que les multinationales
étrangères installées au Maroc n’ont pas la même vision du marché africain
et restent surtout orientées vers les marchés traditionnels.
Les réalisations économiques de la diplomatie marocaine sont en dessus des
moyens engagés et de la multitude d’actions entreprises. C’est pourquoi le
renforcement de la diplomatie économique est indispensable pour réussir
le pari de l’insertion régionale de l’économie marocaine. Deux aspects sont
fondamentaux au niveau de la stratégie de développement des exportations
et d’accompagnement des investisseurs marocains en Afrique, à savoir
l’accès à l’information et les entraves institutionnelles.
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et en proposant des listes de contacts pour les exportateurs intéressés par
le marché en question. Cette cellule n’est pas dotée de moyens humains
spécialisés et des moyens technologiques afin d’assurer une analyse de
qualité de l’information collectée 8.
De même, les ambassades marocaines en Afrique subsaharienne
n’ont pas de sites Internet et la collecte d’informations sur l’existence de
conseillers économiques au sein de ces ambassades n’est pas une tâche aisée.
Ajoutons à cela que le contact avec les conseillers économiques se fait à
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travers le ministère des Affaires étrangères en passant par les associations
professionnelles, ce qui implique une perte de temps et donc une perte de
plusieurs opportunités 9 au profit de pays concurrents.
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des pays éloignés ou s’internationaliser en Afrique est confrontée à une
multitude de paramètres d’ordre géopolitique, économique ou encore culturel
qu’elle ne maîtrise pas. Tout l’enjeu de la diplomatie économique consiste
à trouver les bons « leviers d’action », à identifier les bons décideurs et à les
influencer dans un sens favorable aux intérêts de cette entreprise, tout en
restant dans un cadre conforme aux valeurs éthiques généralement admises.
C’est qui signifie d'éviter, tant que faire se peut, des pratiques ambiguës,
assimilables de près ou de loin à de la corruption 12.
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Conclusion
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tout en consolidant une influence régionale et en développant la profondeur
stratégique du royaume.
La réussite de la diplomatie économique passe par une nouvelle stratégie
agressive englobant une bonne maîtrise de l’information stratégique, une
diplomatie des contrats et une meilleure communication des success stories
des entreprises marocaines dans la région. Tout l’enjeu de la diplomatie
économique consiste à trouver les bonnes sources d’informations, à
identifier les bons décideurs et à les influencer dans un sens favorable aux
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intérêts économiques du pays. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire
d’intégrer la diplomatie économique dans le cadre d’un dispositif national
d’intelligence économique afin de mieux servir les intérêts stratégiques de
l’entreprise « Maroc ».
La diplomatie économique marocaine en Afrique subsaharienne
Résumé
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Abstract