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PRATIQUES EFFICIENTES
© Armand Colin | Téléchargé le 23/03/2022 sur www.cairn.info par Sylvie FOLCHER via Université d'Orléans (IP: 194.167.30.107)
2015/1 n° 188 | pages 65 à 77
ISSN 0184-7732
ISBN 9782200929626
DOI 10.3917/lfa.188.0065
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-le-francais-aujourd-hui-2015-1-page-65.htm
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Brigitte CARAYON
Hélène FAUCANIÉ
Sandrine LAUX
&
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Françoise MOREL
Université de Montpellier
Laboratoire GRAF
rticle on line
Le Français aujourd’hui n° 188, « « Les concepts de la formation » »
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gestes professionnels des enseignants » (Bucheton et Dezutter, dir., 2008 ;
Bucheton, dir., 2009), du « jeu conjoint des postures des enseignants et des
élèves » (Bucheton et Soulé 2009), de l’importance de « l’atelier dirigé pour
gérer l’hétérogénéité des élèves » (Bucheton et Soulé ibid.), plus récemment
des « gestes didactiques de l’accompagnement de l’écriture » (Bucheton et al.
2014). Nous présenterons d’abord ici les grandes lignes de ces travaux, points
d’appui de nouvelles recherches en cours pour aller plus précisément dans
l’analyse de « l’agir didactique situé » : l’étude de l’action de l’enseignant, ses
prises de décision dans des situations et contraintes précisément identifiées.
C’est une analyse de cas, l’enseignement de l’orthographe lexicale, qui nous
permettra ensuite de mettre à l’épreuve les concepts élaborés pour démêler
l’écheveau complexe de gestes, postures d’étayage, savoirs professionnels,
valeurs, en regard des postures et gestes d’étude des élèves.
2. Une définition plus détaillée se trouve dans : D. Bucheton, L. Brunet et A. Liria, Les
gestes professionnels des enseignants : une architecture de gestes complexes, Actes du 5ème
Colloque international « Recherche et formation : Former des enseignants professionnels, savoirs
et compétences », Nantes, 2005, cédérom.
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Décrire les gestes professionnels pour comprendre des pratiques efficientes
par exemple de toute une gamme de gestes didactiques précis pour faire
corriger l’orthographe d’un texte. Ils ne sont pas identiques sur un brouillon
ou sur un texte définitif.
Le multi-agenda de l’enseignant renvoie à cette architecture complexe
de l’agir de l’enseignant dans la classe. Toujours situé dans un contexte
spécifique, il conjugue de multiples préoccupations. Elles vont de la
construction de savoirs, de techniques, de valeurs, à la gestion de l’autorité
et l’atmosphère générale de la classe en passant par la nécessité de susciter
l’engagement des élèves, soutenir leur attention, favoriser leur parole et
réflexion. S’y ajoutent la mise en œuvre des divers artefacts disponibles
(livres, affiches, cahiers, etc.), la prise en compte de la neige ou du beau
temps, le bruit dans la classe voisine, la disposition des tables, et le tout sans
quitter la pendule des yeux ni compter tous les imprévus (Jean et Etienne
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2009) inhérents à la conduite même de la classe !
Tissage Gestes
didactiques
Gestes d’étude
Faire comprendre
Objets L’ethos
Faire dire Étayage de savoir, Atmosphère Créer et
Faire faire valeurs maintenir
des espaces
dialogiques
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Le Français aujourd’hui n° 188, « « Les concepts de la formation » »
demande des savoirs théoriques communs sur ce que c’est que comprendre
mais en même temps, exige la mise en œuvre de stratégies d’accompagnement
très diverses. Ces gestes didactiques, précis et spécifiques, restent relativement
peu explorés. Ils sont souvent appris par mimétisme par les stagiaires chez
leurs tuteurs et du coup sont peu interrogés. Ils sont plus ou moins efficients
selon l’atmosphère du moment ou le pilotage des tâches.
Le maintien d’une certaine atmosphère passe par une multitude de gestes,
sourires, déplacements, plaisanteries, interpellations ou regards. Par la qualité
et la personnalisation des feedbacks aux élèves, l’enseignant essaie de créer et
de maintenir des espaces dialogiques oraux ou silencieux, heureux ou parfois
orageux. Il a en charge le maintien non de l’ordre mais d’un climat cognitif
et relationnel, d’un ethos qui autorise la singularité de la parole de l’élève
dans l’espace protégé de la classe.
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Le pilotage est la bête noire du débutant. C’est pour lui un souci matériel
constant que de gérer conjointement les diverses contraintes relatives au
temps : la succession des tâches prévues, le programme, les évaluations ; celles
relatives à l’espace et au matériel : les possibilités offertes par la disposition
des tables, affichages, le matériel pédagogique ou technologique disponible.
Le pilotage demande des ajustements très variables selon le type de dispositif
(travail collectif, en groupes, en atelier dirigé, par binômes, dans des classes
à plusieurs niveaux).
Le tissage est une préoccupation assez peu présente chez les novices comme
chez les experts (4 % de leurs gestes professionnels). La métaphore renvoie
à l’idée que le savoir se construit et prend sens d’abord dans le « déjà là ».
Les gestes de tissage traduisent le souci chez l’enseignant de relier l’avant et
l’après de la tâche, le dedans et le dehors de la classe, permettant de faire du
lien avec ce qui a été appris à l’école ou ailleurs, dans les leçons ou travaux
précédents, dans l’expérience personnelle, les lectures. Ces gestes de tissage
sont essentiels pour les élèves « décrocheurs », ou « suiveurs passifs » qui
« font » consciencieusement les tâches sans en comprendre les finalités.
L’étayage (Bruner 1983) est une préoccupation majeure qui s’actualise
en diverses postures. L’étayage manifeste le souci de l’autre, l’empathie
nécessaire pour l’accompagner dans son parcours d’apprentissage. On
observe que, pendant le déroulement de la leçon ou des tâches programmées,
ce souci d’étayage oblige l’enseignant à ajuster et à réorganiser l’ensemble de
ses préoccupations : modifier l’exercice prévu, prendre du temps pour revenir
sur une notion, focaliser l’attention sur un élément problématique du savoir,
le faire repérer, nommer et en même temps maintenir l’engagement des
élèves par toutes sortes de tissages, d’encouragements, parfois de menaces.
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ralentissement du cours, explications ou types de questions et de feedbacks,
etc.). Ils s’y ajustent en modifiant leurs propres postures d’apprentissage. Les
élèves en effet disposent de plusieurs postures pour moduler leur engagement
dans les tâches. Nous les avons, elles aussi, typifiées : posture de refus, pre-
mière, ludique, réflexive, scolaire, dogmatique, que nous ne développerons
pas ici.
La mise en œuvre par les enseignants d’une gamme plus ou moins large
de postures d’étayage est en partie consciente et choisie, en partie sous l’effet
d’habitus non questionnés, ancrés dans l’histoire scolaire des acteurs, leur
culture professionnelle, leurs expériences, leur conception de l’apprentissage,
leurs valeurs, leur rapport au langage, à l’institution : les valeurs et logiques
profondes qui sous-tendent leur engagement envers les élèves (Bucheton,
dir., 2009). Cinq grands types de postures ont pu être identifiés :
- Une posture d’accompagnement : l’enseignant pointe les difficultés, oriente
vers les ressources disponibles, laisse du temps pour la réflexion et la
discussion, évite d’évaluer en « juste », « faux » mais préfère les « peut-
être », « continue d’explorer ». L’atmosphère est détendue, collaborative,
le pilotage tranquille, le tissage multidirectionnel, les objets de savoir en
émergence. Cette posture est la plus difficile pour les enseignants novices
dans l’impatience de tout expliquer. Ils ne supportent ni le silence des élèves
en train de penser, ni le bruit des échanges entre eux.
- Une posture de contrôle : le pilotage synchronique et serré des tâches est
sous le contrôle étroit de l’enseignant qui vérifie, évalue, distribue la parole,
explique les erreurs et les corrige. L’atmosphère est tendue et hiérarchique,
le tissage assez faible, les savoirs sont en actes3 . Ils se manifestent et sont
travaillés dans des tâches qui se succèdent sans commentaires. Les élèves
sont dans le « faire » plus que dans le « penser sur ». Ils peuvent avoir tout
fait sans comprendre ce qu’ils sont en train d’apprendre. Cette posture,
« magistrale », souvent peu efficiente, provoque beaucoup de décrochage
chez les élèves. C’est celle que certains enseignants novices privilégient.
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les élèves viennent d’accomplir. Il est essentiel : « Qu’est-ce qu’on vient de
comprendre, d’apprendre ? », « Comment y est-on arrivé ? », « À quoi ça
va servir ? », « Quel problème a-t-on cherché à résoudre ? ». Le passage est
très délicat, notamment en sciences ou en histoire, dès lors qu’on cherche à
faire écrire le texte du savoir après étude et discussion sur des documents ou
réalisations d’expériences.
- Une posture dite du « magicien », sorte de théâtralisation des situations,
le savoir sort du chapeau ! Une démonstration éblouissante de l’analyse
d’une phrase de Proust, un texte personnel offert : toutes ces « ficelles de
métier », art de la séduction et de l’enchantement fascinent les élèves et
les « capturent ». On est dans le ludique, le cadeau : des moments rares et
privilégiés qui donnent aussi du sens à l’école.
Toutes ces postures ne se valent pas, mais toutes sont nécessaires aux
moments opportuns. L’enseignant expert est celui qui sait circuler sur
l’ensemble d’entre elles. Il est obligé de s’ajuster, de composer avec l’activité
des élèves. Agir dans la classe avec efficience nécessite d’optimiser l’ensemble
de ces postures. On n’y parvient certainement ni du premier coup ni à
tous les coups ! Ces ajustements demandent une professionnalité réfléchie,
la capacité à observer et entendre l’autre, à faire preuve d’empathie. Elle
n’existe qu’en référence à des valeurs, à un projet didactique pour l’élève.
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tâche donnée, de prendre dans l’action, une multitude de petites décisions
de manière rapide et autonome. Ce que nous nommons gestes d’étude 4 .
Ceux-ci sont évolutifs. Ils peuvent être nécessaires à un moment de l’année
puis se révéler contreproductifs plus tard :
1. Didactiques : ils sont la trace, en émergence, des savoirs ou techniques
enseignés.
2. Singuliers et mixtes : chaque élève construit son propre répertoire de
gestes, issus de son expérience, de ses rencontres, de sa culture propre.
3. Incorporés : le geste d’étude est pratique. C’est un concept en actes
(Pastré 1999). Il fonctionne (bien ou mal) sans que l’élève ou l’expert ne
sache toujours dire comment.
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Son souci est de rassurer les élèves pour les empêcher de paniquer. Sa visée
est donc de faire construire aux élèves des gestes d’étude (appelés dans la
classe des « tactiques ») pour leur permettre d’apprendre de manière réflexive
les listes données et ainsi les rendre autonomes dans la rencontre de mots
inconnus. Elle tente aussi de leur faire prendre conscience du capital de
mots qu’ils connaissent déjà.
Nous étudions ici les gestes et postures de l’enseignante A pour comprendre
les raisons de son « efficience ».
Analyse
Le jeu de plusieurs postures d’étayage et gestes didactiques pour
éveiller à la réflexion orthographique
Les postures d’étayage, adoptées parfois conjointement lors de la séance
observée, conjuguent plusieurs formes : accompagnement, enseignement et
contrôle. Elles s’imbriquent ou se succèdent au service de visées didactiques
très précises qui évoluent au cours de la séance.
La posture d’accompagnement est surtout sensible dans les quinze pre-
mières minutes et se traduit par un pilotage spécifique dans le choix des
tâches proposées, leur ordre, leur ancrage dans une durée et des contextes
différents.
Une première tâche est proposée : observer, se souvenir, discuter. La liste
de mots de la semaine est affichée et distribuée. Les élèves l’observent pendant
quelques cinq minutes. Puis s’ouvre, ritualisée, la discussion collective sur
chaque mot. Ils doivent être classés au tableau selon trois axes :
1. On connait déjà ce mot : on justifie où, quand on l’a déjà rencontré.
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au foot jouent sur le côté »).
Le contrat didactique pour les élèves est d’être actifs et inventifs.
L’atmosphère est joyeusement métalinguistique, métacognitive mais aussi
ludique (les inventions mnémotechniques fusent et se partagent) : « frapper il
faut deux P parce que quand on frappe on fait toc-toc ; serrer il faut deux R
sinon ça serre pas » ; ou encore « il faut deux mains pour bien serrer ». Les
élèves rappellent des règles déjà apprises : « brusquement, c’est un adverbe
on dit brusque au féminin et on ajoute -ment ; « répéter, c’est un verbe
à l’infinitif ». Les élèves sont en posture créative et réflexive. Ils jouent à
observer la langue, à s’étonner (ils découvrent soudain l’existence du Y grec
avec le mot polygone dont l’enseignante explique l’origine).
Lors de cette première tâche, le but est de favoriser l’émergence et la
dévolution de savoirs orthographiques en faisant, selon le cas, circuler la
réflexion des élèves sur cinq domaines : i) sémantique ; ii) phonographique ;
iii) syntaxique ; iv) morphologique ; v) étymologique. Il est en effet utile
de faire verbaliser et réemployer de multiples fois les règles nécessaires à
l’autonomie des élèves devant des mots nouveaux. Ces séances permettent
de répéter chaque semaine quasiment toutes les règles d’orthographe lexicale
(et bien d’autres encore) abordées jusque-là une seule fois par an, à l’occasion
d’une leçon spécifique.
Vient ensuite une seconde tâche : le travail de mémorisation des mots
classés difficiles. Le mot est d’abord « photographié » par les élèves puis une
fois qu’il est caché, les élèves le dessinent dans l’espace, l’épèlent et enfin
l’écrivent sur l’ardoise. Trois types de mémoire sont ainsi sollicités, visuelle,
auditive et kinesthésique. Le mot est enfin écrit sur l’ardoise et vérifié.
Dans cette microséquence, l’enseignante est en posture de contrôle. Elle fait
avancer rapidement et collectivement la classe. Les élèves sont dans l’action :
faire, répéter, corriger. Cette activité permet de redonner du pouvoir aux
élèves qui ne subissent plus les difficultés, mais s’entrainent à les repérer, les
sérier, les contourner, les maitriser. La motivation est accrue.
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Le Français aujourd’hui n° 188, « « Les concepts de la formation » »
Contrôle et intégration
En fin de séance, une dictée rapide de dix mots choisis dans la liste de la
semaine précédente permet une évaluation à moyen terme des acquisitions
orthographiques. Quinze minutes, trois fois par semaine, une phrase du
jour est dictée, puis discutée, reprenant certains mots pour intégrer et fixer
en contexte les mots et règles appris.
Bilan
Après deux ou trois mois « d’orthotactique », ce que les élèves considèrent
comme des « difficultés » dans l’orthographe d’un mot s’amenuise. Au bout
de quelques semaines, la classe ne considère plus par exemple que im- dans
important est une difficulté, puisque la règle a été vue plusieurs fois et qu’elle
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est enfin fixée.
Si, chez les deux enseignants, les objets évalués sont les mêmes, les
visées didactiques et les gestes professionnels qui les actualisent diffèrent
profondément. Les résultats obtenus aux évaluations montrent des écarts
importants en faveur de la classe A. En fin d’année, les résultats des élèves
de la classe B (classe témoin) aux tests orthographiques communs sont plus
faibles. Trois élèves de chacune des classes (un bon, un moyen, un faible aux
résultats du test) sont interrogés sur la manière dont ils s’y prennent pour
apprendre les listes de mots7 . Leurs gestes d’étude diffèrent profondément.
Pour les élèves de la classe A, les gestes d’étude appris sont mis en place : ex :
« brusquement, on voit l’adjectif brusque au féminin plus -ment » ; les classes
de mots sont dans l’ensemble reconnues, notamment les verbes, toujours à
l’infinitif dans les listes.
Les élèves de la classe B ont mis au point des stratégies personnelles (des
gestes d’étude) souvent couteuses (« je recopie 5 fois le mot sauf s’il est très
long parce qu’il ne tient pas sur la ligne » ; « je les enregistre sur ma tablette
et je me les dicte » etc. Elles sont parfois inopérantes « je cherche tous les
mots qui sont au singulier et tous ceux qui sont au pluriel », or, dans la liste,
noms et adjectifs sont au singulier et « brusquement » n’est pas un verbe au
pluriel !
7. Une nouvelle liste de mots à apprendre leur est proposée et on leur demande comment
ils s’y prennent pour l’apprendre et quels sont les mots qui leur posent problème.
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apprendre en autonomie et/ou qui bénéficient de l’aide d’un parent et les
autres qui se retrouvent seuls.
Conclusions
Changer les postures des enseignants pour refonder le métier
La pratique de l’enseignante A ouvre la voie vers de nouveaux gestes
professionnels pour refonder le métier enseignant. Leur nouveauté tient
pour l’essentiel au choix de privilégier les postures d’accompagnement qui
offrent aux élèves des espaces et du temps de parole collaborative pour
« penser, apprendre et se construire » (Chabanne et Bucheton 2002 [2012]).
Ce sont les élèves qui construisent leurs « tactiques » propres et non le
maitre qui « fait » une succession de leçons standards, construisant des
« règles » qu’ils devront appliquer. L’enseignante par ses gestes didactiques,
épistémologiquement très pertinents, les oriente, les met sur la piste, valide
les bons choix. L’élève devient auteur du développement de ses compétences,
il s’entraine à les convoquer et à les transférer dans divers contextes. Elles
sont singulières, constituées de bric et de broc, de règles, de souvenirs,
d’inventions partagées. Le but est qu’elles soient efficientes.
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Le Français aujourd’hui n° 188, « « Les concepts de la formation » »
Refonder la formation
La formation des enseignants est aujourd’hui obsolète. Refonder le métier,
le faire évoluer, voire opérer des changements radicaux dans les gestes et
postures d’enseignement nécessite de la repenser profondément.
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l’action, de manière chaque fois singulière, l’ensemble de ces savoirs et
compétences, pour prendre dans la dynamique de l’action partagée avec les
élèves des centaines de microdécisions, improvisées à partir d’un répertoire
personnel de gestes professionnels préconstruits et disponibles.
Le débutant est amené à tisser lui-même l’ensemble de ces savoirs,
juxtaposés, non didactisés, rencontrés brièvement en institut de formation,
peu opérationnels pour un retour réflexif sur la pratique ou l’invention de
réponses ajustées aux urgences de la classe. Il faut alors six ou sept ans au
jeune enseignant – et parfois de belles galères – pour faire son chemin dans
le métier et le comprendre.
Références bibliographiques
• BRISSAUD, C. & COGIS, D. (2011). Comment enseigner l’orthographe aujour-
d’hui ? Paris : Hatier.
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Décrire les gestes professionnels pour comprendre des pratiques efficientes
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Presses universitaires de France, coll. « Psychologie d’aujourd’hui ».
• BUCHETON, D. (dir.) (2009). L’Agir enseignant : des gestes professionnels ajustés.
Toulouse : Octarès.
• BUCHETON, D. et alii (2014). Refonder l’enseignement de l’écriture. Vers des
gestes professionnels plus ajustés du primaire au lycée. Paris : Retz.
• BUCHETON, D. & DEZUTTER, O. (dir.) (2008). Les Gestes professionnels
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• BUCHETON, D. & SOULÉ, Y. (2009). L’Atelier dirigé d’écriture au CP, une
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• CELLIER, M. (2008). Enseigner le vocabulaire à l’école. Paris : Retz.
• CHABANNE, J.-C. & BUCHETON, D. (2002 [2012]). Parler et écrire pour
penser, apprendre et se construire. Paris : Presses universitaires de France.
• JEAN, A. & ETIENNE, R. (2009). L’analyse des imprévus. In D. Bucheton
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© Armand Colin | Téléchargé le 23/03/2022 sur www.cairn.info par Sylvie FOLCHER via Université d'Orléans (IP: 194.167.30.107)
(dir.), L’Agir enseignant : des gestes professionnels ajustés (pp. 93-104). Toulouse :
Octarès.
• PASTRÉ, P. (1999). La conceptualisation dans l’action : bilan et nouvelles
perspectives. Éducation permanente, 139, 13-35.
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