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TERRITORIALE D’INTERVENTION ?
© Association de Recherches et Publications en Management | Téléchargé le 19/01/2022 sur www.cairn.info (IP: 196.121.3.46)
ISSN 0773-0543
DOI 10.3917/g2000.332.0161
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-gestion-2000-2016-2-page-161.htm
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Isabelle BORIES-AZEAU
Maître de conférences
Université Montpellier 1
MRM
Florence NOGUERA
Professeur des universités
Université Paul Valéry
Montpellier 3
CORHIS
Catherine PEYROUX
Maître de conférences
Université Paul Valéry
Montpellier 3
MRM
Accompagnement
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entrepreneurial :
quelle maille territoriale
d’intervention ?
D e nombreux pays ont multiplié les politiques d’aide, d’incitation et de soutien à
la création d’entreprise basée ou non sur l’innovation. Ces initiatives font l’objet
d’évaluations fondées sur de nombreux indicateurs proposés par la littérature pour
classer les pays selon la performance de l’activité entrepreneuriale (Szerb et al. 2013).
Mais ces évaluations nationales ne tiennent pas compte des processus de décentra-
lisation en cours dans de nombreux pays. Alors que les régions et les territoires ont
acquis de plus en plus de compétences en matière de développement économique et
ont déployé de nombreux dispositifs de soutien à la création d’entreprise à l’échelle
territoriale. Ces dispositifs viennent généralement compléter ou adapter les dispositifs
nationaux en la matière.
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recte, formelle ou informelle, l’entre- Une seconde partie détaillera la mé-
preneuriat au niveau des territoires et thodologie de la recherche. Enfin, les
surtout construire un vrai projet territo- principaux résultats de la recherche
rial d’appui au développement local sont présentés et discutés dans une
(Gibb, 1993 ; Pearce et Ayres, 2009). troisième partie.
Ce projet territorial en matière d’entre-
preneuriat, permettrait de construire un
maillage propice à la création d’entre- Territoire et
prise.
entrepreneuriat : un
Dans cette perspective, cet article cercle vertueux ?
propose d’examiner l’impact des
politiques publiques dans le proces- Les interactions entre l’entrepreneur
sus entrepreneurial aux différentes et les acteurs de son environnement
échelles territoriales, d’analyser les sont au centre du processus de
difficultés d’articulation et de coordi- construction territoriale (Ternaux et
nation de ces politiques et de montrer Pecqueur, 2008). Les récents déve-
la nécessité de construire une maille loppements dans la littérature sur le
territoriale pertinente pour créer une concept d’écosystème entrepreneu-
dynamique entrepreneuriale. L’article rial s’accordent à reconnaître que
reprend le concept de maille utilisé de tels écosystèmes sont composés
par les géographes en référence d’acteurs interconnectés sur un terri-
à une partition de l’espace permet- toire donné (Hannachi et Chabaud ;
tant d’appréhender les réalités terri- 2013 ; Isenberg, 2011). L’écosys-
toriales (Grasland, 1998). Il est ici tème entrepreneurial est considéré
mobilisé pour discuter le périmètre sans frontières fixes, mais en perpé-
pertinent des politiques publiques tuel mouvement du fait de l’évolution
entrepreneuriales. des relations entre les membres qui
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à l’échelle de mailles territoriales per- teur régional en termes de moyens,
tinentes. d’organisation, de fonctionnement,
d’objectifs et de cible. Un incubateur
L’accompagnement au en milieu rural aura des finalités et
des moyens différents d’un incubateur
service des porteurs et des
inséré dans un environnement urbain
territoires
et universitaire.
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ment est de créer un environnement chômeurs, avec expérience passée) et
entrepreneurial pour aider les entrepre- régionales (la densité de la population
neurs à développer à la fois leur po- et le nombre de nouvelles entreprises).
tentiel et leur capacité à entreprendre L’appui aux structures d’accompagne-
(Gnyawali et Fogel, 1994). ment permet ainsi d’apporter des ser-
vices aux entrepreneurs pour la créa-
Mais si les ressources territoriales tion d’entreprise dans les territoires ce
apportées par cet environnement sont qui enclenche le cercle vertueux de la
non négligeables, la perception que dynamique entrepreneurial du territoire.
les entrepreneurs ont de cet environ-
nement est tout aussi déterminante car La création et le
elle guide leurs actions et leurs com- management du capital
portements. Pour Verstraete et Saporta
entrepreneurial des régions
(2006), le milieu influence la décision
de créer à travers trois niveaux d’ac-
tion : Le rôle de l’infrastructure dans le déve-
• l’encastrement du créateur dans le loppement de l’entrepreneuriat a été
tissu local et sa proximité avec le largement étudié dans la littérature qui
milieu dans lequel il souhaite entre- s’interroge sur les différences en ma-
prendre qui est souvent aussi le lieu tière d’activités entrepreneuriales entre
d’origine de la famille, les régions (Audretsch et al., 2015 ;
• la capacité du milieu à stimuler Van de Ven, 1993).
l’innovation et l’entrepreneuriat,
• la présence de dispositifs d’appui à L’infrastructure comporte de nom-
la création d’entreprises. breuses dimensions liées à l’appui des
politiques publiques et aux arrange-
Cette acception de la présence d’inte- ments institutionnels, mais aussi des
ractions fortes entre les individus et le dimensions issues de la dynamique
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Accompagnement entrepreneurial : quelle maille territoriale d’intervention ?
des acteurs privés (Van de Ven, 1993). Une large enquête auprès d’entrepre-
Les dimensions qui semblent avoir neurs dans 440 comtés allemands,
les impacts les plus importants sur la montredes corrélations fortes entre le
création d’entreprises innovantes sont capital entrepreneurial et certaines ca-
celles qui favorisent les liens entre les ractéristiques des localités (comme les
acteurs (Audretsch et al., 2015). dépenses de R&D, la densité de popu-
lation, le taux de chômage et la diversi-
Selon Audretsch et Keilbach (2007), té industrielle). Les auteurs concluent à
la capacité régionale à créer de nou- l’existence de différences significatives
velles entreprises, ou le capital entre- entre les régions et à l’importance de
preneurial régional, recouvre « la l’encastrement local du capital entre-
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capacité des régions à générer un preneurial.
comportement entrepreneurial. Cela
inclut non seulement des opportunités Le capital entrepeneurial évolue, se
économiques et sociales mais aussi construit et se développe en fonction
des institutions et un ensemble de des compétences entrepreneuriales
valeurs, de tradition culturelle et des du territoire. Pour Defélix et Mazzilli
habitudes1». (2009), les compétences territoriales
recouvrent « une combinaison de res-
L’entrepreneurialité d’un territoire est le sources géographiquement proches
fruit d’interactions fortes entre un entre- permettant au territoire d’afficher une
preneur et les acteurs du territoire. Les spécialisation compétitive ». Cette
impacts de l’activité de l’entrepreneur définition des compétences territoriales
participent à la création de richesse est déclinée dans le champ entrepre-
d’un territoire en développant une neurial à travers le concept de compé-
nouvelle activité ou en exploitant une tences entrepreneuriales territoriales
innovation et ce faisant, peuvent créer défini comme « l’ensemble des res-
de nouvelles opportunités entrepre- sources matérielles ou immatérielles,
neuriales. Bygrave et Minniti (2000) individuelles ou collectives, activables
mettent en avant l’existence d’une forte d’un milieu donné, fondées sur des
corrélation entre l’apparition de nou- coopérations, des complémentarités
velles opportunités et le nombre d’en- et des spécialisations, permettant de
trepreneurs localisés sur un territoire. créer de la valeur sur un territoire pour
l’ensemble des parties prenantes »
(Noguera et al.,2015).
1 « Itscapacity to generate entrepreneurial beha-
viour in general, and the startup of new firms
It includes not only the set of economic oppor- Le caractère déterminant de l’encastre-
tunities and human capital that is conducive to ment local du capital entrepreneurial
entrepreneurship but also institutions, sets of
values, cultural traditions and the habits ». explique en partie l’échec relatif des
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La maille territoriale individus, qui détermine l’allocation
pertinente pour l’appui à des ressources pour la création de nou-
velles entreprise »2, (Acs et al., 2014).
l’entrepreneuriat
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raît comme non opérant pour l’appui les mailles territoriales prédéfinies
au développement économique en pour l’action publique constituent des
général, et à l’entrepreneuriat en par- relais locaux de la politique publique
ticulier, les auteurs préconisent une nationale (Offner, 2006). L’adéquation
adaptation de l’intervention publique entre territoires pertinents et maillages
au niveau des territoires. simplifiés de l’action publique est, de
l’avis d’Offner (2006), techniquement
En France, les nombreuses réformes et géographiquement non opératoire. Il
territoriales se sont traduites par l’appa- faudrait pour cela allouer les ressources
rition de multiples mailles territoriales et compétences au bon niveau territorial
auxquelles ont été transférées bon en fonction des conditions spatiales de
nombre des compétences de l’Etat (ré- la production de l’offre et de l’exercice
gions, départements, intercommunalités de la demande.
et communes). Ce transfert de compé-
tences s’est traduit par un décalage En matière de structures d’appui, le
entre périmètre institutionnel et péri- rôle des politiques publiques est d’al-
mètre de l’action publique, ce qui induit louer des ressources et de construire
des problèmes de gestion pour les ma- un environnement entreprenant pour le
nagers locaux et de grandes difficultés porteur de projet, mais aussi d’assurer
à répondre aux sollicitations des parties le management des structures d’accom-
prenantes (Hernandez, 2007). pagnement en tant qu’organisations.
Dans cet objectif, les structures de sou-
La question de la maille territoriale et tien doivent être gérées et construites
du maillage du territoire a été abor- sur le modèle entrepreneurial, autre-
dée dans de nombreux travaux de ment dit, en incarnant un certain esprit
géographes (Offner, 2006 ; Vanier, dans leur propre structure organisa-
2002 ; Grasland, 1998). Les mailles tionnelle (Gibb et Manu, 1990).Elles
territoriales représentent un découpage doivent garder une certaine flexibilité
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ritoires entrepreneuriaux, la question nal (voir le numéro spécial de la revue
des différentes échelles d’intervention Small Business Economics, 2008), les
et de leur coordination reste posée. auteurs s’accordent à considérer que
l’entrepreneuriat stimule la dynamique
Nous proposons d’apporter des éclai- économique et la croissance. Sur le
rages sur cette question à travers le cas terrain, on constate que le soutien des
de la région Languedoc-Roussillon. politiques publiques à l’entrepreneuriat
est très présent dans les pays du Nord
comme du Sud à travers notamment
les structures d’accompagnement à la
Méthodologie de la
création d’entreprises. Cependant, la
recherche décentralisation et le transfert d’un cer-
tain nombre de compétences du niveau
Cet article propose d’analyser les national vers le local a entraîné l’appa-
processus d’accompagnement entre- rition d’un empilement des structures à
preneurial aux différentes échelles du différentes échelles administratives et
territoire. Il se focalise sur l’identifica- politiques, ce qui peut nuire à leur effi-
tion des dysfonctionnements liés à la cacité dans l’atteinte des objectifs qui
superposition de différents dispositifs leur sont assignés. Cette superposition
d’accompagnement à de multiples entraîne ainsi une confusion des rôles et
échelles territoriales. Il aboutit à un missions des acteurs de l’accompagne-
questionnement sur le repérage de la ment, ce qui affecte l’efficacité des poli-
maille la plus pertinente pour l’inter- tiques publiques, génère une mauvaise
vention publique dans l’accompagne- utilisation des fonds publics et pose la
ment entrepreneurial, c’est-à-dire celle question de la coordination des actions.
qui favorise des interactions entre
l’entrepreneur et les acteurs locaux du Dans un tel contexte, compte tenu des
développement. Après avoir présenté dysfonctionnements liés à la multipli-
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ritoire français.
Echantillon
Protocole de recherche
L’échantillon interrogé comporte 51 per-
Afin de répondre à cette probléma- sonnes rencontrées dans le cadre d’un
tique de recherche, nous avons choisi entretien individuel semi directif d’une à
de conduire une recherche au sein deux heures environ (voir tableau 1 sur
d’un territoire, la région Languedoc- la page suivante).
Roussillon, particulièrement dynamique
sur le plan de la création d’entreprises Les entretiens ont été conduits sur la
innovantes3. En raison de notre objet base d’une nomenclature regroupant
de recherche, nous avons privilégié six thèmes déclinés en sous thèmes
une recherche qualitative basée sur (voir tableau 2 sur la page suivante).
la conduite d’entretiens auprès d’une
cinquantaine d’acteurs du territoire. Les entretiens semi-directifs ont permis
Il s’agit d’élus, de directeurs et techni- d’identifier des points faibles, des dys-
ciens de structures d’accompagnement fonctionnements et des tensions au sein
à la création d’entreprises innovantes, du territoire étudié.
de chargés de mission d’organismes
consulaires et de collectivités territo- Chaque entretien a fait l’objet d’une
riales. Cette recherche, de type re- retranscription complète. De chaque
cherche-action, permet des interactions entretien nous avons extrait 10 à 15
très fortes entre les chercheurs et leur ter- phrases types représentatives du dis-
rain (Argyris et al., 1985 ; Cappelletti cours pour chaque thème abordé dans
l’entretien. Nous avons ensuite caté-
3 L’incubateur de Montpellier Agglomération,
le BIC, est classé 4ème au top 10 mondial des gorisé les discours par thèmes, sous
meilleurs incubateurs, UBI, 2014. thèmes et idées clés.
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Acteurs institutionnels 19
Acteurs institutionnels politiques 6
Acteurs institutionnels experts 13
Financeurs 2
Structures d’accompagnement
Directeurs 13
Techniciens, chargés de missions 6
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Porteurs de projet 11
Total 51
Thèmes Sous-thèmes
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Carte de répartition des structures sur le territoire de la région Languedoc-Roussillon.
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structures soulignent des inégalités en le financement de la structure elle-
termes de moyens et de compétences même, mais aussi celui des projets
entre les structures ce qui peut générer des créateurs. La dotation financière
des rivalités et des compétitions (3.1.), pour le fonctionnement des structures
un manque de visibilité et d’attractivité dépend des budgets des collectivités
de certains territoires périphériques territoriales et est donc soumise aux dé-
(3.2.) et des insuffisances dans la coor- cisions politiques. Les budgets alloués
dination des les politiques publiques sont généralement fonction de la taille
entre les différentes échelles territo- de la structure, mesurée par le nombre
riales (3.3.). de projets en portefeuille, « Les pépi-
nières sont financées par des fonds pu-
Des inégalités territoriales blics. Plus la pépinière a de l’activité,
plus les budgets sont importants. Les
dans l’allocation des
budgets sont déterminés en fonction de
ressources l’activité économique de la pépinière »
(un directeur). Ainsi, les managers des
En ce qui concerne leurs moyens, les structures ont pour objectif d’augmen-
structures sont généralement financées ter le nombre de projets portés pour
par les collectivités territoriales et pilo- assurer la pérennité de leur structure.
tées par une gouvernance territoriale
locale qui regroupe les directeurs et Ceci induit une concurrence forte entre
les chargés de missions, les élus, les les structures pour attirer les porteurs de
experts et les chambres consulaires. La projets : « Il y a différents objectifs au sein
diversité des parties prenantes de la des structures. Ici, il faut tenir le nombre
gouvernance des structures d’accom- de porteurs de projet. Moi, si je suis un
pagnement apporte des expertises dif- porteur de projet, je ne sais pas à qui
férentes qui permettent une offre élar- m’adresser. Comment arriver à trouver
gie de ressources et de compétences une structure adaptée à mon projet ? »
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mettent de maintenir le plus longtemps de l’accompagnement est l’accès au fi-
possible les projets en portefeuille : nancement. Certaines structures font in-
« Globalement, il faut optimiser l’ac- tervenir les financeurs le plus en amont
compagnement. La durée de maturation possible dans le processus de création.
est souvent trop longue » (un financeur). D’autres, face au risque de donner un
signal négatif au financeur dans le cas
d’un projet encore peu abouti, préfèrent
L’examen de la taille des structures
ne présenter aux investisseurs que des
selon le nombre de créations, indique
projets suffisamment matures. Par ail-
que les structures les plus importantes
leurs, les organismes de financement
se situent dans l’agglomération de
apportent des conseils et des indica-
Montpellier et que les structures excen-
tions sur les critères de sélection des
trées par rapport aux grandes villes
projets qu’ils acceptent de financer. Ce
sont plus petites et accompagnent
processus d’apprentissage de l’exper-
moins de projets de création. D’ailleurs
tise de la structure d’accompagnement
le classement de l’INSEE4, des zones
permet de construire sur le long terme
d’emplois selon les taux de création
des compétences nécessaires au succès
d’entreprise montre que les territoires
des projets de création.
les plus dynamiques se concentrent
autour des grandes agglomérations
Cette relation est largement favorisée
et que les zones les plus excentrées
par la proximité géographique (au
souffrent d’une dynamique moins por-
sens de Torre et Rallet, 2005) car les
teuse et, indirectement, moins créatrice
organismes financeurs se situent dans
d’entreprises (moins de 10 par an).
les grandes agglomérations proches
Nous rejoignons ainsi les conclusions
des métropoles de la région. « Les pro-
de la littérature qui établissent un lien
jets que nous finançons viennent le plus
4 Roger RABIER - Insee Languedoc-Roussillon, souvent de la structure d’accompagne-
Sirène de 1993 à 2006 ment de l’agglomération, car les char-
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pour les financeurs » (un directeur). sources matérielles et humaines faibles.
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une petite structure il nous faut être très rité entre structures. Mais on constate sur
réactifs » (un directeur). le terrain qu’il n’en est rien, chaque struc-
ture tentant de garder ses porteurs. « Il
D’autres structures, au contraire, doivent y a une concurrence entre les structures
mettre en place des critères de sélection d’accompagnement. Il y a parfois des
pour ne retenir que les meilleurs. « On problèmes d’orientation, certaines pépi-
ne prospecte pas, on nous envoie les nières n’ont pas le réflexe de réorienter
projets » (un directeur). Ce sont souvent les porteurs de projet » (un expert).
les structures situées dans des zones pé-
riphériques qui doivent déployer beau- Certains projets peuvent être co-accom-
coup de moyens pour attirer les por- pagnés par deux structures. Cepen-
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teurs de projets ce qui amène parfois à dant, même dans ce cas, les difficultés
accepter des projets non matures. « Il y d’affichage et de communication sont
a un manque de lisibilité sur le territoire réelles : « Nous avons un problème
entre les structures, les collectivités les d’affichage et de visibilité de notre
organismes consulaires…, souvent les travail de pré-incubation par rapport à
porteurs de projet ne savent pas à qui nos instances politiques. A qui appar-
s’adresser » (un expert). tient le projet ? »(un directeur).
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tiques publiques territoriales dans le Par ailleurs, le manque d’objectifs
but du développement économique quantifiés et d’outils freine toute éva-
de leurs territoires. Pour ce faire, elles luation de l’efficacité des structures
offrent des ressources et des compé- ce qui peut être dommageable pour
tences aux créateurs d’entreprises les finances publiques. Ainsi certaines
mais aussi à plus long terme pour la structures sont jugées peu efficaces :
construction d’un territoire entrepre- « Il y a un manque d’efficacité de cer-
nant (Audretsch et Keilbach, 2007). taines structures, 95% des entreprises
se créent en dehors des pépinières » ;
Le territoire apparaît ainsi comme un « Nous sommes des contractuels de
construit social « par essence ouvert, la fonction publique. L’idéal serait de
nourri par les échanges et les rela- développer des structures privée/pu-
tions et emboîté dans un ensemble blique pour introduire beaucoup plus
d’autres espaces qu’il influence et qui d’objectifs de rentabilité et d’efficacité
l’influencent réciproquement » (Leloup des structures » (Un expert).
et al., 2005). Le pilotage public des
structures amène des difficultés de fonc- Les évolutions législatives récentes ont
tionnement des structures : lourdeurs fortement renforcé l’échelon régional qui
administratives dans les procédures de apparaît comme le plus légitime dans
financement et délais de réaction trop les politiques de développement écono-
longs par rapport aux besoins des en- mique. Ce changement d’échelle s’est
trepreneurs. Il s’ensuit des divergences traduit sur le terrain par un renforcement
temporelles entre les élus locaux et les de la région en tant que collectivité terri-
structures elles-mêmes, entraînant une toriale et du pouvoir des élus régionaux
opposition stéréotypée public/privé. (Michelet, 2013). Certains acteurs des
structures évoquent le fort pouvoir de
« Ce sont les élus qui fixent les la Région et des élus régionaux dans
orientations stratégiques. Nous la répartition des budgets de soutien
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ritoires. Mais la question de l’articulation circulation entre les différentes échelles
au sein des échelons territoriaux, notam- territoriales. Le succès du dévelop-
ment en ce qui concerne leurs domaines pement de l’entrepreneuriat dans un
d’intervention respectifs en matière d’en- territoire s’appuie ainsi sur la qualité
trepreneuriat, reste posée. des coopérations entre les acteurs du
développement territorial. L’implication
du porteur de projet dans un réseau lui
permet d’obtenir des ressources et des
Conclusion compétences nécessaires, de nouer
des alliances et des coopérations
Les apports de cette recherche s’ins- source de compétitivité.
crivent dans le courant de la littérature
qui s’interroge sur le rôle de l’environ- Ce résultat renvoie aux débats des
nement et de l’infrastructure dans le chercheurs en sciences politiques qui
processus entrepreneurial. Ce courant s’interrogent sur « l’optimum dimen-
montre que les déterminants de l’entre- sionnel » et sur « la maille universelle »
preneurialité d’un territoire sont structu- (Meny, 1990, cité par Offner, 2006).
rels (démographie, infrastructures de la
connaissance, immobilier et coûts de En matière d’appui à l’entrepreneuriat,
construction, culture entrepreneuriale…) le maillage est à définir afin que les
et individuels (Florida, 2002 ; Au- logiques concurrentielles s’effacent au
dretsch et Keilbach, 2007 ; Wagner et profit d’une dynamique collaborative.
Sternberg, 2004 ; Szerb et al., 2013). Le découpage territorial prendrait alors
en charge l’organisation des interfaces
Le premier résultat fort de cette re- et offrirait une grille de lecture des inter-
cherche permet de mettre en avant le férences entre échelles géographiques
niveau de maille pertinent d’interven- (Offner 2006). Se dessinerait ainsi une
tion pour construire un territoire entre- spécialisation des territoires avec une
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Gestion 2000 2 3 mars-avril/mai-juin 2016
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travers les discours des personnes inter- En effet, la multiplication des interven-
rogées. D’une part, la constitution d’un tions en faveur de l’entrepreneuriat liées
guichet unique, sorte de poste d’aiguil- aux différentes politiques territoriales
lage, pour orienter les entrepreneurs entraîne de fait une concurrence intra-
dans différents sites d’hébergement régionale forte aussi bien en termes de
adaptés aux attentes de l’entrepreneur moyens que de « marché ».
et aux ressources et compétences dispo-
nibles. Cela suppose au préalable un Les implications opérationnelles de cette
renforcement des structures en termes recherche concernent les acteurs des
de ressources matérielles et humaines. politiques publiques en charge de l’ap-
pui à l’entrepreneuriat. Dans le cadre
D’autre part, une certaine spécialisa- régional, de nombreuses actions sont
tion des structures sur le territoire régio- développées au niveau local. Elles favo-
nal. Certaines structures peuvent alors risent une proximité avec les probléma-
proposer des services spécifiques dans tiques locales spécifiques, mais n’offrent
la création d’entreprises dans l’agricul- pas toujours les compétences variées
ture, la cosmétique, le médical ou la nécessaires aux porteurs de projets.
mécanique automobile. Cette spéciali-
sation permettrait par ailleurs d’impli- Compte tenu d’une certaine inégalité
quer des acteurs privés localement des territoires en termes de potentiel
situés, dans l’accompagnement des entrepreneurial, il appartient à l’action
porteurs de projets. publique d’identifier chaque potentiel
spécifique pour adapter les mesures,
Un autre résultat de cette recherche sans forcément transposer et dupliquer
indique que le potentiel entrepreneu- le modèle entrepreneurial local le plus
rial, du fait de facteurs structurels liés performant. A travers le développe-
à la démographie, à la situation géo- ment des transferts de compétences,
graphique, diffère selon les territoires des échanges de bonnes pratiques
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Accompagnement entrepreneurial : quelle maille territoriale d’intervention ?
sur la base des spécificités de chaque Bakkali, C, Messeghem K, Sammut S, 2010, « Les
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