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COMPLEXITÉ ET PERCEPTION DES EFFETS SOCIOÉCONOMIQUES DE

L’ENTREPRENEURIAT SOCIAL : CAS DES ENTREPRISES SOCIALES


AU SUD DU MAROC

Ilias Majdouline, Jamal Elbaz

De Boeck Supérieur | « Projectics / Proyéctica / Projectique »

2017/2 n°17 | pages 41 à 62


ISSN 2031-9703
ISBN 9782807391314
DOI 10.3917/proj.017.0041
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-projectique-2017-2-page-41.htm
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Complexité et perception des effets socioéconomiques de l’Entrepreneuriat Social

COMPLEXITÉ
ET PERCEPTION DES EFFETS
SOCIOÉCONOMIQUES
DE L’ENTREPRENEURIAT
SOCIAL : CAS DES
ENTREPRISES SOCIALES
AU SUD DU MAROC
Ilias Majdouline
Professeur associé, Universiapolis Université Internationale d’Agadir
Courriel: ilias@e-polytechnique.ma

Jamal Elbaz
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Professeur habilité, Université Ibn Zohr
Courriel: j.elbaz@uiz.ac.ma

très peu de recherches nous avons réalisé une


RÉ SUM É ont analysé l’impact social étude empirique sur les
et économique des entre- entreprises sociales au
L’entrepreneuriat social prises d’ES (Pärenson, Sud du Maroc. Les résul-
(ES) est un concept 2011 ; El Ebrashi, 2013 ; tats obtenus montrent une
émergent qui a suscité Jiao, 2011). L’objectif de perception globalement
l’intérêt aussi bien des cet article est d’explorer positive des effets socio-
chercheurs que des déci- la perception des impacts économiques des pro-
deurs et des porteurs de socioéconomiques de l’ES jets d’ES, ce qui confirme
projets. Malgré l’abon- par les entrepreneurs les travaux d’autres cher-
dance des travaux trai- au sein des entreprises cheurs dans le domaine.
tant la thématique d’ES, sociales. Pour ce faire,

Mots-clés : entrepreneuriat social, impact socio-économique, Maroc, secteur des


produits de terroir, étude qualitative, complexité

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ILIAS MAJDOULINE, JAMAL ELBAZ

little research has ana- an empirical study on


ABSTRACT lyzed the social and eco- social enterprises in the
nomic impact of social South of Morocco. The
Social entrepreneurship enterprises (Pärenson, results show a generally
(SE) is an emerging con- 2011, El Ebrashi, 2013, positive perception of the
cept that has aroused the Jiao, 2011). The objective socioeconomic effects of
interest of researchers of this article is to explore ES projects, which con-
as well as decision-mak- the perception of socio- firms the work of other
ers and project owners. economic impacts of SE by researchers in the field.
Despite the abundance of entrepreneurs in Morocco.
work on SE themes, very To do this, we conducted

Keywords: social entrepreneurship, socio-economic impact, Morocco, local products


sector, qualitative study, complexity

INTRODUCTION
L’entrepreneuriat social (ES) est un concept émergent qui a suscité l’intérêt
aussi bien des chercheurs que des décideurs et des porteurs de projets (Mair,
2010). L’intérêt pour l’ES n’a pas cessé de croitre comme l’indique le nombre
d’articles, de conférences et de séminaires qui lui sont consacrés (Dacin, Dacin
et Matear, 2010 ; Hemingway, 2005 ; Short, Muss et Lumpkin, 2009 ; Tracey et
Jarvis, 2007 ; Zahra, Gedajlovic, Neubaum et Shulman, 2009 ; Urban, 2008).
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Dans la littérature, l’entrepreneuriat en tant que processus est caracté-
risé par sa complexité comme l’ont évoqué plusieurs chercheurs à cause de
la transversalité du phénomène relevant de l’économique, du managérial et
de l’anthropologique et du social (Julien, 2008 ; Marchesnay, 2008). Ainsi, par
analogie, nous pouvons dire que l’entrepreneuriat social est un phénomène de
nature complexe, car il recouvre plusieurs dimensions et il implique plusieurs
aspects sociaux, économiques et anthropologiques (Uygur et Marcoux, 2013).
Cependant, malgré l’abondance des travaux traitant la thématique d’ES,
nous ne disposons pas de suffisamment de recherches empiriques sur l’im-
pact social et économique des entreprises d’ES (Pärenson, 2011 ; El Ebrashi,
2013 ; Jiao, 2011).
Pour combler le manque de recherches empiriques sur l’impact d’ES, nous
chercherons à répondre à la question de recherche suivante :
–– Comment les impacts socioéconomiques (positifs ou
négatifs) des entreprises sociales sont-ils perçus par les
dirigeants de ces entreprises ?
Pour répondre à cette question, nous allons adopter une démarche explo-
ratoire en ciblant les projets d’ES dans le sud du Maroc. Nous nous baserons
sur un guide d’entretien administré aux porteurs de projets pour cerner la
perception des impacts socio-économiques de ces projets.

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Complexité et perception des effets socioéconomiques de l’Entrepreneuriat Social

Dans les sections suivantes nous allons présenter une revue de littérature
sur les concepts d’ES et de ses impacts socioéconomiques. Ensuite, nous dis-
cuterons des principaux résultats issus de notre travail, de ses limites ainsi
que des implications théoriques et pratiques de notre recherche.

REVUE DE LA LITTÉRATURE
SUR L’ENTREPRENEURIAT SOCIAL
L’entrepreneuriat constitue un champ de recherche fertile qui a engendré
plusieurs notions théoriques et pratiques (Brechet et Schieb-Bienfait, 2011 ;
Lievre et Rix, 2011). Dans ce cadre, l’entrepreneuriat social (ES) est devenu
l’un des concepts émergents ciblés par les chercheurs ces dernières décen-
nies (Short, Muss et Lumpkin, 2009). Sur le plan théorique, l’entrepreneuriat
social a donné lieu à de nombreuses tentatives pour le définir et le cerner. À
titre d’exemple, pour Zahra, Gedajlovic, Neubaum et Shulman, (2009) l’entre-
preneuriat social concerne « les activités et processus entrepris pour décou-
vrir, définir et exploiter les opportunités afin d’accroître la richesse sociale
par la création de nouvelles entreprises ou la gestion des organisations exis-
tantes de façon innovante ». Ainsi, les entreprises d’entrepreneuriat social
sont des organisations dont le but est de connecter leur mission sociale avec
l’action entrepreneuriale (Oster, Massarsky et Beinhacker, 2004 ; Tracey et
Phillips, 2007), ce qui les différencie des entreprises collectives de l’écono-
mie sociale et solidaire qui ont principalement une mission sociale (Fraisse,
Gardin, Laville, Petrella et Richez-Battesti, 2015).
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Dans cette optique, l’entrepreneuriat social renvoie à la professionnalisa-
tion croissante des organisations de l’économie sociale et solidaire existantes
ou émergentes qui adoptent une démarche entrepreneuriale et des outils
formels de gestion pour mieux répondre aux besoins sociaux et à une plus
grande échelle (Dardour, 2012).
À cet égard, pour distinguer entre l’ES et l’entrepreneuriat classique, il y a
lieu de noter que l’entrepreneuriat social se caractérise par la priorité expli-
cite donnée à sa vocation sociale. L’entreprise sociale cherche à répondre
aux besoins sociaux exprimés sous forme d’intérêt général ou collectif qui ne
peuvent pas être satisfaits parfois ni par le secteur privé, ni par le secteur
public. Pour l’entrepreneuriat classique, l’objectif principal est la recherche
du profit financier en prenant en considération les besoins du client-consom-
mateur, de l’actionnaire ou du producteur. L’ES peut constituer également
une activité complémentaire d’une entreprise classique (Zahra, Gedajlovic,
Neubaum et Shulman, 2009).
Sur le plan conceptuel, il existe des divergences liées aux approches
concernant l’ES. Alors que le modèle européen est axé sur l’entreprise sociale
et distinguée par une approche collective proche de la perspective d’écono-
mie sociale et solidaire (Fayolle et Matlay, 2010 ; Bacq et Janssen, 2011), la
vision américaine met en exergue plutôt l’entrepreneur social, innovant, qui
développe des activités marchandes mises au service d’une mission sociale

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ILIAS MAJDOULINE, JAMAL ELBAZ

(Dees et Anderson, 2006 ; Bornstein, 2004 ; Short, Muss et Lumpkin, 2009).


Par ailleurs, les entreprises d’ES dans les pays en voie de développement sont
assimilées à des agents de changement qui « permettent aux populations
pauvres… de s’intégrer dans le processus de développement économique et
social » (Mair et Marti, 2007, p. 493).
Sur le plan théorique, les tentatives des chercheurs pour modéliser et
conceptualiser l’ES ont été nombreuses. Certains travaux se sont inscrits dans
la perspective communautaire (Cornwall, 1998), d’autres se sont basés sur la
théorie institutionnelle (Dart, 2004), la théorie de structuration et du capital
social (Mair et Marti, 2006), et la théorie de réseau social (Peredo et Chrisman,
2006). Cependant, il y a lieu de noter le faible nombre des recherches mobi-
lisant les théories du management stratégique comme la théorie des res-
sources et compétences ou celle du leadership (Short, Muss et Lumpkin, 2009).
Sur le plan méthodologique, la majorité des travaux portant sur l’ES ont
mobilisé des approches qualitatives ou des études de cas sur les réussites de
« entrepreneurs sociaux » (Sharir et Lerner 2006 ; Van Slyke et Newman 2006)
ce qui a poussé des auteurs comme Short, Muss et Lumpkin (2009) à inci-
ter les chercheurs dans leurs travaux futurs en ES à utiliser également des
approches quantitatives. Par conséquent, nous pouvons dire que malgré l’in-
térêt croissant que lui porte la recherche académique, l’ES constitue encore
une thématique émergente (Cohen et Winn 2007) et un champ disciplinaire qui
est encore dans le processus d’établissement de sa légitimité institutionnelle
(Short, Muss et Lumpkin, 2010).
Par ailleurs, malgré l’abondance des travaux traitant la thématique d’ES,
nous ne disposons pas de suffisamment de recherches empiriques sur l’im-
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pact social et économique des entreprises d’ES (Pärenson, 2011 ; El Ebrashi,
2013 ; Jiao, 2011). Parmi les recherches ciblant l’impact d’ES, figure celle de
Salamon, Wojciech Sokolowski & Associates (2004) et Kerlin (2009). Tout en
fournissant la première évaluation quantitative des organisations de la société
civile à travers le Projet Johns Hopkins, Salamon, Wojciech Sokolowski &
Associates (2004) se sont principalement focalisés dans leur recherche sur​​
des organisations à but non lucratif, dont l’activité ne correspond pas entière-
ment avec celle des entreprises d’ES. Malgré ces initiatives fragmentées pour
analyser cette thématique (Kerlin 2009, 2010 ; Salamon, Wojciech Sokolowski
& Associates, 2004), la recherche quantitative existante n’utilise pas des don-
nées qui permettent une analyse empirique détaillée des leviers et des impacts
de l’ES (Lepoutre, Justo, Terjesen et Bosma, 2013). Par conséquent, il existe
un besoin pour des recherches sur les leviers et les impacts de l’ES comme
le préconise la revue de littérature établie par Short, Muss et Lumpkin (2009).

L’évaluation de l’entrepreneuriat social


et de ses impacts socioéconomiques
Mesurer les impacts socio-économiques de l’ES est lié à la notion d’évalua-
tion de ces projets (leurs indicateurs de performance, leur degré de réussite,
taux d’échec). Perret (2009), définit l’évaluation des entreprises d’ES comme
un processus de formation de jugements de valeurs sur une organisation, un

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Complexité et perception des effets socioéconomiques de l’Entrepreneuriat Social

programme ou une activité dans une perspective opérationnelle (rendre des


comptes, se mobiliser, apprendre collectivement, aider à la prise de déci-
sions). Ainsi, cette notion d’évaluation renvoie à la fonction socioéconomique
des organisations de l’ES qui ont pour objectif d’être productrices de biens et
services tout en participant, par les innovations sociales qu’elles révèlent, à la
construction de l’intérêt général.
Souvent évoqué comme instrument d’autoévaluation, d’autodiagnostic
et d’aide à la décision pour les associations et les entreprises d’ES, le bilan
sociétal permet de vérifier la responsabilité d’une organisation sur son ter-
ritoire, l’adéquation entre les valeurs affichées et la réalité des pratiques, et
de conduire une réflexion stratégique (Perret, 2009 ; Richez-Battesti, Trouvé,
Rousseau, Eme et Fraisse, 2008). Il est construit autour de 450 questions arti-
culées en neuf domaines : produits-services, gestion économique, innovation,
organisation du travail, gestion des ressources humaines, acteurs internes
de l’entreprise, environnement humain social et institutionnel de l’entre-
prise, environnement biophysique, finalités-valeurs-éthique (Richez-Battesti,
Trouvé, Rousseau, Eme et Fraisse, 2008).
Un consensus semble toutefois s’en dégager concernant les limites res-
senties par les acteurs de l’ES face aux méthodes de gestion et aux outils
comptables classiques (Eme, Fraisse et Gardin, 2000 ; Bouchard et Dumais,
2001 ; Tessier, 2002 ; Short, Muss et Lumpkin, 2009). Les dimensions écono-
miques de l’ES est plus facile à entreprendre que les dimensions sociales dans
les démarches d’évaluation (Fraisse, 2007 ; Neamtan, 2001 ; Tardif, Tessier et
Patry, 2002). Par conséquent, analyser le bilan comptable, les ratios d’endette-
ment-capitalisation, les rapports coûts-bénéfices et même les mesures d’im-
pacts économiques, font plus facilement l’objet d’un large consensus que le
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recours au bilan sociétal, la mesure des externalités positives ou des impacts
intangibles tels que la démocratie et l’empowerment (Demoustier, 2001 ;
Lévesque, 2002). Étant donné leur nature, les entreprises d’ES cherchent à
atteindre une bonne performance sociale et organisationnelle dans les dimen-
sions mesurées par le bilan sociétal (MacLean et MacKinnon, 1999 ; Elorriaga,
2001). Les retombées sociales sont difficilement séparables du mode de fonc-
tionnement des entreprises d’ES. On peut identifier deux dimensions, dis-
tinctes mais complémentaires, sur lesquelles se base l’évaluation de l’ES :
la dimension organisationnelle et la dimension d’utilité sociale (Bouchard
et Fontan, 1998). Les outils classiques inspirés des théories de gestion et de
l’économie sont difficilement adaptables à la dimension organisationnelle de
l’ES (Richez-Battesti, Trouvé, Rousseau, Eme et Fraisse, 2008). Pour cette rai-
son, les concepts de productivité et d’efficience doivent intégrer le facteur
« social » qui permet aux entreprises d’ES d’être performantes.
Dans cette perspective, les entreprises d’ES peuvent atteindre une plus
grande production de biens et services par facteur de production, du fait de
la contrainte de distribution limitée ou de non-distribution (Enjolras, 2000),
et une meilleure qualité de service du fait de la forte mobilisation des res-
sources humaines à l’atteinte des objectifs (Hay, 1990). La co-production du
service par le producteur et l’usager (Bélanger et Lévesque, 1991), ainsi que
le contrôle démocratique de l’organisation par les utilisateurs de ces services
garantissent l’efficience de l’organisation et assurent un équilibre entre la

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ILIAS MAJDOULINE, JAMAL ELBAZ

maximisation des revenus et la maximisation des extrants (Enjolras, 1999).


Dans le domaine des services aux personnes et aux collectivités, l’accumula-
tion étant immatérielle, la qualité et l’effet de service seraient de meilleures
représentations de la richesse produite (Gadrey, 2003).
Si les notions de productivité et d’efficience peuvent être utiles au plan du
contrôle interne de l’organisation, elles ne tiennent cependant pas compte
de l’environnement externe. Ainsi, des externalités négatives (pollution, chô-
mage, etc.) et positives (l’apprentissage, consolidation de liens sociaux) ne
sont pas toujours prises en considération en tant que conséquences d’une
augmentation de la productivité ou de l’efficience interne de l’organisation.
Par conséquent, l’évaluation d’ES devrait intégrer également la dimension
d’utilité sociale des effets de l’économie sociale, des impacts de ses activités
(Richez-Battesti, Trouvé, Rousseau, Eme et Fraisse, 2008). L’ES engendre éga-
lement des bénéfices collectifs utiles à la société, comme la contribution au
développement de la démocratie, le soutien à une citoyenneté active, l’amé-
lioration de la qualité de vie, la préservation de l’environnement, l’emploi et
la culture (Toupin, 2001 ; Patenaude, 2001 ; Saucier, Beaudry et Denis, 2002).
Sur la base des points précédents, nous résumons les deux perspectives
du bilan sociétal et d’utilité sociale qui peuvent servir à analyser les impacts
d’ES dans le tableau suivant :

Bilan sociétal Utilité sociale


Type Interne Interne et externe
d’évaluation
Niveau de L’organisation. Le programme et l’organisation.
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l’évaluation
Objet de Faire évoluer le modèle de Résultats immédiats et effets
l’évaluation gouvernance pour combiner directs, voire rendement.
valeurs et pratiques : Dimension stratégique, effets à
instrument d’aide à la décision. terme et performance sociale.
Outils et Questionnaire et entretiens. Questionnaire. observation
méthode participante, entrevues, groupes
d’évaluation de discussion.
Types Diversifiés, majoritairement Diversifiés et plus qualitatifs.
d’indicateurs quantitatifs en lien avec
l’organisation.
Critères Absence de normes Pas d’évaluation de l’écart à la
d’évaluation préconçues. norme, mais la prescription peut
se confondre avec la norme.
Pas de référence à la norme,
mais repérage d’indicateurs
spécifiques dont on vérifie la
mise en œuvre.
Source : Adapté de Richez-Battesti, Trouvé, Rousseau, Eme et Fraisse, 2008
Tableau 1. Mesure d’impacts d’ES

46 projectique / projectics / proyéctica – n° 17


Complexité et perception des effets socioéconomiques de l’Entrepreneuriat Social

Quelles perspectives pour l’évaluation


de l’entrepreneuriat social ?
Souvent, la demande d’évaluation émane du financeur des projets d’ES dans
l’objectif de rendre des comptes et c’est généralement le programme financé
qui est évalué et non l’organisation d’ES (Short, Muss et Lumpkin, 2009 ;
Richez-Battesti, Trouvé, Rousseau, Eme et Fraisse, 2008 ; Perret, 2009). Les
résultats immédiats et les effets directs, voire les rendements, sont évalués
à travers des critères quantitatifs mesurés en interne par le personnel. Dans
certains cas, une partie de l’évaluation doit être réalisée par un expert exté-
rieur. Dans cette logique administrative, pour une même activité, les indica-
teurs peuvent varier d’une année à l’autre (Perret, 2009).
Dans le cadre d’évaluation d’ES, l’autre perspective évoquée est celle de
l’utilité sociale. À cet égard, la demande d’évaluation est plus souvent interne
à l’organisation, portée par les salariés et les administrateurs. L’évaluation
sort d’une logique strictement administrative : le programme et l’organisa-
tion sont évalués conjointement. Elle est généralement réalisée en interne par
les salariés et les administrateurs, dans le cadre d’une démarche mettant en
avant la performance sociale de l’organisation dans une visée stratégique.
L’évaluation des entreprises d’ES peut également s’inspirer de la mesure
de performance globale basée sur les principes des trois piliers (Triple bot-
tom line) du développement durable alliant l’aspect économique social et
environnemental (Elkington, 2004 ; 2006). Il y a lieu également de s’impré-
gner de la notion de blended value dans l’évaluation de la performance des
organisations d’ES comme le préconisent plusieurs chercheurs (Emerson,
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2003 ; Bacq, Janssen, Kickul, 2016) afin de mieux mesurer l’atteinte des
objectifs sociaux, économiques et financiers (Mair et Marti, 2006 ; Spence et
Rutherfoord, 2001).
Dès lors, notre revue de littérature a mis en évidence la complexité d’établir
des modèles d’évaluation des projets ES ainsi que le manque de recherches
ciblant la perception des impacts de l’ES (Lepoutre et al, 2013 ; Short, Muss et
Lumpkin, 2009). Par conséquent, nous rappelons notre question de recherche
formulée comme suit :
–– Comment les impacts socioéconomiques (positifs ou
négatifs) des projets d’ES sont-ils perçus par les entre-
preneurs sociaux ?
Pour simplifier notre démarche méthodologique et devant la présence
de plusieurs parties prenantes (porteurs de projets, pouvoirs publics, orga-
nismes facilitateurs, associations, banques, intermédiaires, décideurs), nous
avons décidé de nous focaliser principalement sur l’analyse des impacts per-
çus d’ES par les propriétaires d’entreprises sociales.

proyéctica / projectics / projectique – n° 17 47


ILIAS MAJDOULINE, JAMAL ELBAZ

MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE
L’entrepreneuriat social est une activité qui, par définition, constitue un
remède aux maux sociaux qui ne sont pas résolus de manière adéquate par
l’État, la société civile, ou le marché. Ainsi, nous pourrions nous attendre à
une présence accentuée de l’entrepreneuriat social dans les zones de préca-
rité sociale (caractérisées par la pauvreté, la dégradation de l’environnement,
les conflits armés, l’analphabétisme…), des défaillances de l’enseignement et
des services sanitaires et sociaux (Lepoutre, Justo, Tersjen et Bosma, 2013).
À cet égard, le Maroc en tant que pays en voie de développement constitue
un terrain de recherche adapté à notre problématique de recherche. Les pre-
mières initiatives d’ES au Maroc ont démarré en 1990 avec le développement
des projets associatifs, qui ont connu un essor important, caractérisé par une
participation féminine considérable (British council, 2014). En outre, l’initiative
nationale de développement humain (INDH) a donné un nouvel élan aux pro-
jets d’ES depuis le début des années 2000.
En 2013, l’Office du développement de la coopération (ODCO) dénombrait
11 492 coopératives regroupant 432945 adhérents, le tout réparti sur 22 sec-
teurs et 117 branches d’activité. Selon les données du haut commissariat au
plan (HCP), 89385 associations ont été recensées en 2012, avec 15 millions
d’adhérents qui ont bénéficié d’un financement de 8,8 milliards de MAD en
2007. Cela témoigne du dynamisme que connait l’activité liée à l’ES au Maroc
du fait des incitations publiques et privées visant à le promouvoir.
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Le contexte de recherche :
l’entrepreneuriat social dans la filière
des produits de terroir au sud du Maroc
Notre choix a porté sur des entreprises d’ES qui commercialisent les pro-
duits de terroir au sud du Maroc pour répondre à notre question de recherche.
Les produits du terroir jouent aujourd’hui un rôle important dans le dévelop-
pement local et durable au Maroc. Ces produits protègent l’environnement,
assurent des emplois stables et améliorent le niveau de vie de la commu-
nauté (Ministère de l’agriculture et de la pêche, 2014). Dans cette perspective,
le Maroc accorde une importance particulière au secteur des produits de ter-
roir. À ce titre, la valorisation des produits du terroir répond au second pilier du
plan Maroc vert1 dans le but de créer des emplois, engendrer la valeur ajoutée
en faveur des petits agriculteurs et permettre à ces agriculteurs un meilleur
accès aux marchés nationaux et internationaux.
Dans la région du Sud où nous avons mené notre recherche, le centre
régional d’investissement (CRI) a lancé des appels à projet qui s’inscrivent
dans le cadre de développement, commercialisation et valorisation des six
filières des produits du terroir : argan, safran, rose, miel, cactus et les dattes.

1. Cf. <http://www.agriculture.gov.ma/pages/la-strategie>

48 projectique / projectics / proyéctica – n° 17


Complexité et perception des effets socioéconomiques de l’Entrepreneuriat Social

Les subventions offertes par le conseil régional ont été investies dans les
rubriques suivantes :
–– Equipements des unités de transformation du cactus et
des dattes ;
–– Equipements des unités d’extraction du miel et de l’huile
d’Argan ;
–– Equipements des unités de distillation de l’eau de rose ;
–– Equipement des unités de conditionnement ;
–– Moyens de promotion et de communication ;
–– Certification et labellisation.
L’objectif de ces financements est d’apporter une aide financière aux porteurs
de projets à travers un fonds de 9 millions de MAD (environ 800 000 euros) dédié
au développement et valorisation des produits du terroir dans le cadre d’encou-
ragement de l’entrepreneuriat social dans les milieux rurales et enclavés. Le
centre régional d’investissement a décidé de faire appel à d’autres partenaires
(Ministère de l’Agriculture, INDH, Association SMD Initiative, Association migra-
tions et développement et d’autres), ce qui a permis de mobiliser des fonds sup-
plémentaires de l’ordre de 58 millions de dirhams (environ 5 500 000 euros). Les
porteurs de projets n’ont contribué qu’à la hauteur de 13 % du financement de
leurs entités (CRI, 2016). Selon les données du CRI, trois appels à projets ont été
lancés et plus de 140 dossiers ont été examinés, le nombre total des projets qui
ont été financés a été estimé à 60 entreprises d’ES bénéficiaires dont 13 socié-
tés, 41 coopératives et 6 groupements d’intérêt économique (GIE).
Pour mener l’évaluation des projets, une vingtaine de visites ont été effec-
tuées par les responsables du CRI et ses partenaires (ministère et associa-
tions). Nous avons assisté à quelques visites qui nous ont permis de mieux
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connaître les activités des coopératives et des sociétés. À travers les données
fournies par le CRI, nous avons pu déduire plusieurs constats liés aux impacts
socioéconomiques de l’ES, notamment :
●● Il y a lieu de noter une amélioration progressive des investis-
sements entre 2009 et 2012 qui ont passé d’environ 11 mil-
lions de dirham (1 million d’euros) à 30,7 millions de dirham
(3 millions d’euros) comme le montre la figure ci‑dessous :

Source : CRI (2016)


Figure 1. Evolution du chiffre d’affaires (DH)

proyéctica / projectics / projectique – n° 17 49


ILIAS MAJDOULINE, JAMAL ELBAZ

●● Suite au financement des projets d’ES, une diminution des


ventes en vrac en faveur de l’usage d’emballage pour les
produits vendus a été observée (Cf. Figure 2). En effet, il y a
eu une convention conclue entre l’association Agrotech et
l’agence C’PUB de communication qui a permis de conce-
voir différents types d’emballages pour le compte des
propriétaires de projets d’ES. Ainsi, ces derniers ont pu
vendre leurs produits emballés alors qu’avant ils les ven-
daient en vrac ;

Source : CRI (2016)


Figure 2. Evolution des modes de vente

●● L’octroi des subventions pour les projets d’ES a permis


de moderniser les modes de transformation et de valo-
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risation des différents produits de terroir, ce qui a généré
des externalités positives en termes de création d’em-
ploi. L’évolution de nombre d’emploi est représentée par
la figure suivante :

Source : CRI (2016)


Figure 3. Evolution de nombre d’emploi

●● Nous pouvons constater une évolution à travers la créa-


tion de nouvelles structures organisationnelles, telles que

50 projectique / projectics / proyéctica – n° 17


Complexité et perception des effets socioéconomiques de l’Entrepreneuriat Social

les Groupements d’Intérêt Economique (GIE de Sobbar Ait


Baamrane, GIE de Safran de Taliouine, GIE de Argane de
Chtouka Ait Baha) et la génération de nouvelles unions des
coopératives (miel et cactus d’ait baha). Aussi, d’autres
structures émergentes ont été initiées pour la constitution
de nouveaux GIE, c’est le cas de la filière datte à Zagora et
la filière rose à Kalâat M’gouna (CRI, 2016) ;
●● Dans la moitié de ces projets d’ES, au moins 10 femmes
participent à la gestion et à la production, tandis qu’au
sein de 16 % de ces organismes, le personnel est consti-
tué de 10 à 30 femmes. En outre, les unions contiennent
un total de 434 adhérentes. Cette participation féminine
permet d’intégrer les femmes dans le marché de travail,
de les rendre plus autonomes et leur offre une source de
revenu pour leurs familles. Tout cela contribuerait éven-
tuellement à minimiser le taux de pauvreté dans ces
régions rurales (CRI, 2016) ;
●● Une vingtaine des coopératives féminines ont certifiées
leurs produits de terroir selon les normes d’Agriculture
Biologique ce qui leur donne un accès plus large au mar-
ché international (CRI, 2016) ;
●● Presque 80 % des organismes ont déjà profité des ses-
sions de formations portant sur l’usage des matériels de
production, les approches de développement des produits
de terroir, le montage de projets, les techniques de fabri-
cation de certains produits dérivés tel que les savons et les
confitures (CRI, 2016).
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Méthodologie de collecte des données
Notre démarche adoptée est de nature qualitative étant donné son effica-
cité dans le cadre de recherches exploratoires (Charreire et Durieux (1999).
À l’image de recommandations de plusieurs chercheurs comme Quivy et
Campenhoudt (1995), Baumard, Donada, Ibert et Xuerb (1999) et Demers
(2003), la méthode de recueil utilisée dans notre étude est l’entretien semi-
directif. Pour ce faire, nous avons élaboré un guide d’entretien qui contient les
questions adressées aux porteurs de projets (Figure 4).
Au niveau de la réalisation des entretiens en tant que principal outil
de collecte d’informations, plusieurs critères sont à prendre en compte. Il
s’agit de déterminer quels types de personnes à interviewer, le nombre d’in-
terviewés (échantillon), la sélection du lieu ou l’interview doit s’effectuer,
les axes de l’entretien et comment les données seront collectées (Griffee,
2005). Selon Luton (2010), la personne à interviewer doit posséder une expé-
rience liée au domaine étudié et des connaissances directes. Ainsi, nous
avons mené des entretiens en face-à-face avec 10 porteurs de projet d’ES. Il
s’agit principalement de gérants ou de propriétaires d’entreprises sociales
(Cf. Tableau n°2).

proyéctica / projectics / projectique – n° 17 51


ILIAS MAJDOULINE, JAMAL ELBAZ

Partie 1: Présentation de la personne interviewée


1. Pouvez-vous vous présenter?
Partie 2: Impacts économiques du projet d’ES
1. A votre avis, quels sont les impacts économiques de votre entre-
prise sur le plan individuel?
2. A votre avis, quels sont les impacts économiques de votre entre-
prise sur le plan collectif (région, communauté, etc.)?
3. Comment arrivez-vous à évaluer ces effets ?
Partie 3: Impacts Sociaux du projet d’ES
1. A votre avis, quels sont les impacts sociaux de votre entreprise ?
2. A votre avis, quels sont les impacts économiques de votre entre-
prise sur le plan collectif (région, communauté, etc.)?
3. Comment arrivez-vous à évaluer ces effets ?
Partie 4: Impacts négatifs de l’ES
1. A votre avis, peut-il y avoir des impacts négatifs de l’ES ?
2. Si oui, lesquels ?

Figure 4. Guide d’entretien

Interviewé(e) Sexe Fonction Type d’entreprise Produits


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commercialisés
A H Président de Coopérative Dates
coopérative
B F Présidente de Coopérative Terroir
coopérative
C F Directrice d’union Union des Argane
coopératives de
femmes
D H Gérant Société Roses, huiles
E H Président de Coopérative Huiles issues
coopérative du Terroir
F H Président de Coopérative Huiles issues
coopérative du Terroir
H H Gérant Entreprise Terroir
I H Propriétaire de Société à Safran
société responsabilité limitée
J H Président de Coopérative Huiles
cooperative
K F Gérante Société Cactus, terroir

Tableau 2. Caractéristiques des personnes interviewées

52 projectique / projectics / proyéctica – n° 17


Complexité et perception des effets socioéconomiques de l’Entrepreneuriat Social

Nous constatons la présence de femmes présidentes et gérantes de société


d’ES du fait qu’une grande partie de ces entreprises sont constituées de struc-
tures qui recrutent et mobilisent une main-d’œuvre majoritairement féminine.
Une grande partie des personnes interviewées appartient à des coopératives
opérant dans la production et dans l’exportation des dates, miel, safran et
autres variantes extraites des produits de terroir.
Dans les recherches qualitatives la taille de l’échantillon est justifiée par la
recherche de la plus large diversité des réponses, et non par la seule repré-
sentativité statistique des individus (Patton, 2002). Sur le plan théorique, on
peut considérer que la taille optimale de l’échantillon est atteinte lorsque
toute nouvelle investigation n’apporte objectivement plus rien de nouveau
sur le plan du contenu (principe de saturation des données) (Morse, 1995 ;
Jones, 2000).
En ce qui concerne la conduite des entretiens, nous avons suivi les
consignes de Savenye et Robinson (1996) qui préconisent que le chercheur
devrait enregistrer les entretiens dans leur totalité et de ne pas imposer ses
propres perceptions et son interprétation des propos de la personne inter-
viewée. Les entretiens ont été menés durant la période allant de Mars 2016 à
Septembre 2016. Chaque entretien a duré en moyenne 45 minutes.
Lors des entretiens, les personnes interrogées se sont exprimées libre-
ment sur les sujets abordés. Les enquêteurs ont pris soin de ne pas inter-
rompre les propos des interviewés afin de leur permettre de terminer leurs
réponses avant de passer à la prochaine question. Les interviewés n’ont pas
tous accepté d’être enregistrés et de publier leurs déclarations. Pour y remé-
dier, certains entretiens ont été effectués tout en notant les réponses des
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interviewés par écrit. Par la suite, les transcriptions de ces entretiens ont été
montrées aux interviewés pour qu’ils les valident.

Analyse des données


Logiquement, la phase suivante des études qualitatives, concerne le traite-
ment des données et l’analyse du contenu des réponses. Les données doivent
être analysées en permanence au cours des études qualitatives, de la concep-
tualisation à la phase de collecte des données et dans l’interprétation (Savenye
et Robinson, 1996). En effet, Miles et Huberman (1994) définissent l’analyse
qualitative comme étant composé de « trois flux simultanés (…) : la réduction
des données, la présentation des données, et la conclusion/vérification (p. 10).
La réduction des données concerne le choix, le tri, la transformation des
données dans les textes écrits ou les transcriptions. Ce processus se pour-
suit après le déroulement de l’entretien et dans lequel le chercheur décide
quelles données doivent être extraites des textes codés. Bardin (2007) défi-
nit le codage comme une transformation du texte par découpage, énuméra-
tion et agrégation et qui permet d’aboutir à une représentation du contenu par
des caractéristiques du texte. Le choix de la méthode de codage est donc très
important face à de tels problèmes inhérents à l’analyse des études qualita-
tives. De notre part, l’analyse des données recueillies s’est effectuée en utili-
sant la technique d’analyse thématique de contenu exposée par Allard-Poesi,

proyéctica / projectics / projectique – n° 17 53


ILIAS MAJDOULINE, JAMAL ELBAZ

Drucker-Godard et Ehlinger (1999), Voynnet Fourboul (2004) et Bardin (2007).


Après chaque entretien, des passages de texte ont été identifiés et codés,
selon leur description des effets d’ES, par les chercheurs. Ainsi, des thèmes
ont pu être analysés à partir des retranscriptions des conversations avec les
interviewés.

ANALYSE DES RÉSULTATS


DU GUIDE D’ENTRETIEN
Les principaux résultats obtenus sont synthétisés dans le tableau suivant :

Catégories Thèmes Fréquences*


Impacts Amélioration du niveau de vie 9
économiques Combattre la pauvreté 5
de l’ES Créer de nouvelles opportunités 9
Réduire le chômage 5
Générer du profit et de la richesse 3
Permettre aux porteurs de projets de bénéficier de 3
réseaux commerciaux nationaux et internationaux
Impacts Assurer l’autonomie 5
sociaux de Désenclaver les populations des régions éloignées 3
l’ES Intégrer les porteurs de projets dans la société 4
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Permettre aux porteurs de projet de mieux s’instruire 3
et apprendre
Permettre aux porteurs de projets de se valoriser 4
(empowerement)
Permettre aux porteurs de projets d’améliorer leurs 5
connaissances

* nombre d’interviews dans lesquels le thème a été mentionné


Tableau 3. Présentation des thèmes issus des entretiens réalisés

Les thèmes mentionnés par les personnes interviewées ont été classés en
2 catégories : impacts économiques d’ES et impacts sociaux d’ES. Cette dis-
tinction n’est pas forcément dichotomique du fait que ces impacts sont inter
liés puisqu’un impact économique peut également avoir des répercussions
sociales. Notre objectif principal est de mettre en évidence la perception des
entrepreneurs de ces impacts en priorité plus que d’analyser la causalité ou le
lien qui peut exister entre les impacts sociaux et économiques de l’ES.
Ce qui émane de ces résultats est une perception globalement positive des
impacts économiques et sociaux de l’ES. La majorité des interviewés nous a
confié qu’elle a été impliquée dans ces projets d’ES dans le but de créer un
changement positif pour leur communauté et servir l’intérêt collectif de leur
région.

54 projectique / projectics / proyéctica – n° 17


Complexité et perception des effets socioéconomiques de l’Entrepreneuriat Social

Les impacts économiques ont été souvent mentionnés dans les interviews
menés (amélioration du niveau de vie : citée dans 9 interviews, créer de nou-
velles opportunités : mentionnée dans 9 interviews, réduire le chômage : citée
dans 5 interviews). Selon les interviewés, l’amélioration du niveau de vie cor-
respond à l’amélioration des conditions de vie du personnel impliqué dans
l’ES. La création de nouvelles opportunités est liée aux nouvelles possibili-
tés que génère l’ES en nouveaux marchés et transactions notamment à l’ex-
portation. En effet, en rejoignant des coopératives de commercialisation et de
production, des producteurs individuels trouvent plusieurs débouchés à leur
production, alors que seuls, sans encadrement ni contact avec la clientèle ces
producteurs ne pourront pas profiter de telles opportunités. La réduction du
chômage est une conséquence directe de l’ES du fait que les coopératives et les
sociétés d’ES emploient un effectif important dans les régions du Sud, notam-
ment des femmes au foyer ce qui leur offre une source de revenu ­inespérée.
Les impacts sociaux sont également cités par les interviewés. Il s’agit
de l’autonomie et l’acquisition de connaissances (mentionnés dans 5 inter-
views) ainsi que la valorisation personnelle/empowerement (mentionnée dans
4 interviews). À cet égard, plusieurs interviewés ont évoqué le fait que la créa-
tion et la fondation d’entreprises sociales a constitué un moyen efficace pour
les créateurs/fondateurs de devenir indépendants et autonomes (posséder
leur propre affaire, ne pas dépendre d’aides d’autrui, se sentir libre…). Ainsi,
l’ES constitue un moyen d’émancipation sociale qui permet aux porteurs de
projets de se valoriser et d’avoir une certaine position sociale dans la com-
munauté. Selon les propos de certains interviewés (D et H), l’ES leur a permis
de se sentir « membres actifs » dans la société et le fait de créer des entre-
prises leur a permis d’aider d’autres personnes et de servir la communauté
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et la région.
L’ES a permis également d’améliorer les connaissances et l’expérience
des personnes interrogées. Cela semble évident du fait que la création d’en-
treprise implique la mise en œuvre de plusieurs procédures administratives
dont la gestion nécessite de l’expérience et du savoir-faire. Les interviewés se
réfèrent également au savoir-faire et aux compétences acquises pour com-
mercialiser leurs produits, assister à certains événements nationaux et inter-
nationaux (salons, foires, expositions) et également aux programmes d’aides
à l’alphabétisation du personnel, surtout les femmes membres des coopéra-
tives de produits de terroir (safran, argane, dates…).
Cependant, si la perception des impacts d’ES est en général positive, il n’en
reste moins que l’ampleur de ces effets touche en priorité les fondateurs/créa-
teurs d’entreprises sociales. En effet, selon les propos d’un gérant de société :
« Les coopératives bénéficiaires des fonds dans le cadre des programmes et
des subventions ont une chance d’être connues, mais la personne qui béné-
ficie plus de cette aide est le président ou la présidente. Cette personne a la
possibilité de se déplacer et d’améliorer ses connaissances et de rencontrer
d’autres gens ».
Selon les interviewées la mesure de performance selon le tryptique du
triple bottom line (économique, environnemental et social) n’est pas adoptée
à cause du contexte dans lequel ces entrepreneurs travaillent qui imprégné
par l’esprit « associatif ». Pour la présidente de coopérative (Madame B) avoir

proyéctica / projectics / projectique – n° 17 55


ILIAS MAJDOULINE, JAMAL ELBAZ

des indicateurs de performance financière est indispensable pour mesurer la


rentabilité et l’évolution des coopératives mais elle a du mal à trouver des indi-
cateurs sociaux et environnementaux adaptés pour son activité. Par ailleurs,
un gérant nous a confié que « notre entreprise sociale est gérée avant tout
comme une association… La recherche du profit reste un objectif important
en théorie mais c’est la finalité sociale qui prime ». Pour cette raison la majo-
rité des interviewés n’ont pas mentionné des effets/externalités négatifs de
l’ES, même si quelques gérants nous ont admis que la gestion d’entreprises
sociales est loin d’être une tâche facile ni fluide.

DISCUSSION DES RÉSULTATS


ET IMPLICATIONS DE NOTRE
RECHERCHE
Les résultats obtenus démontrent que l’investissement dans les projets d’ES a
eu des retombées positives sur les plans sociaux et économiques. Par consé-
quent, nous pouvons dire que la majorité des externalités liées aux projets
d’ES ont été positives, ce qui constitue une confirmation des recherches anté-
rieures sur l’impact de l’ES (Kerlin 2009, 2010 ; Salamon, Wojciech Sokolowski
& Associates, 2004 ; Lepoutre, Justo, Tersjen et Bosma, 2013).
En outre, la gestion collective des produits de terroir au sein des orga-
nisations d’ES joue un rôle fondamental dans le développement durable des
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régions rurales. Sur le plan écologique, il semblerait que les producteurs ont
pris conscience de préserver l’environnement à travers les formations et les
campagnes de sensibilisation. Sur le plan économique, ces organisations ont
créé des emplois générateurs de revenu au profit de la population rurale ce
qui a stimulé l’économie locale affaiblie par la sécheresse. Sur le plan social,
ces petites structures permettent à certaines femmes membres de coopé-
ratives de suivre les cours d’alphabétisation. Nos résultats constituent donc
une confirmation des recherches effectués précédemment sur l’ES en relation
avec la notion du développement durable (El Ebrashi, 2013).
Nous constatons dans le cas des entreprises sociales analysées une analo-
gie avec les résultats présentés par Boncler et Hlady-Rispal (2004) au niveau
de leur recherche sur les projets d’entrepreneuriat solidaire. En effet, les
entreprises sociales marocaines analysées donnent une grande importance
aux services à la collectivité (la région) à laquelle elles appartiennent. Dans
cette perspectives, ces entreprises adoptent un entrepreneuriat collectif dans
la mesure où elles dépendent de plusieurs parties prenantes institutionnelles
(Collectivités locales, aides du CRI, subventions gouvernementales, aides
d’associations). Ces parties prenantes qui jouent un rôle intrinsèque au niveau
du développement et de l’évolution de l’ES imposent leur vision quant à l’orien-
tation, la stratégie et la mesure de performance. Cela a contribué à donner un
élan aux projets d’ES, mais il a également généré une vision « idéaliste » de
l’ES comme remède à tous les maux de la société.

56 projectique / projectics / proyéctica – n° 17


Complexité et perception des effets socioéconomiques de l’Entrepreneuriat Social

Lors des entretiens, les personnes interrogées ont trouvé des difficultés
à préciser leur perception des impacts sociaux de l’ES alors que la finalité
sociale était une priorité absolue pour elles. Cela témoigne du manque d’indi-
cateurs objectifs dédiés aux impacts sociaux de l’ES. Par contre la dimension
économique des entreprises sociales était plus facile à cerner par les inter-
viewés ce qui semble confirmer les résultats de plusieurs recherches précé-
dentes sur l’ES (Fraisse, 2007 ; Urban, 2007).
Même si la performance environnementale n’est pas mesurée, plusieurs
interviewés ont signalé quelques effets de l’ES sur la dimension environne-
mentale. À cet effet, plusieurs gérants (A, D, E, F, H) ont évoqué le fait que le
développement d’entreprises sociales a eu des répercussions positives sur la
gestion de la biodiversité et les ressources naturelles de la région du Sud (les
arbres d’arganier). Selon ces interviewés, l’apparition d’entreprises sociales
a permis de mieux organiser les activités de ramassage, collecte, traitement
et commercialisation des produits de terroir alors qu’auparavant, la gestion
de ces opérations se faisait de façon anarchique sans aucun respect des exi-
gences environnementales sur la préservation des ressources naturelles.
D’après plusieurs interviewés, la création d’entreprises sociales est éga-
lement impulsée par l’envie de préserver un patrimoine culturel des popu-
lations de la région du Sud. Il serait difficile de quantifier objectivement la
richesse culture de ces activités en général, et encore moins sur le plan indi-
viduel de chaque projet d’ES. Cependant, nous estimons que la dimension
culturelle, économique et sociale doit être intégrée dans la mesure de per-
formance globale des entreprises sociales. Pour cela, nous proposons dans
la figure suivante, un modèle d’évaluation des impacts socioéconomiques de
l’ES que nous espérons développer dans des recherches prospectives sur la
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même thématique :

Dimension Dimension Dimension


environnementale sociale économique

-Biodiversité - Préservation de -Création


- Préservation la culture locale d’emploi
des - Citoyenneté - Profit, rentabilité
ressources - Valorisation - Croissance
naturelles.. - Intégration dans - Opportunités
la société… d’affaires…

Figure 5. Modèle d’évaluation des impacts socioéconomiques de l’ES

Sur le plan pratique, le développement des organisations d’ES exige


une maîtrise de la dimension commerciale qui peut intégrer aussi bien les

proyéctica / projectics / projectique – n° 17 57


ILIAS MAJDOULINE, JAMAL ELBAZ

principes du développement durable, que les particularités commerciales


caractérisant les produits du terroir. Les entreprises d’ES doivent se différen-
cier des concurrents par la mise en place d’une stratégie marketing adaptée.
Cependant, derrière le dynamisme socioéconomique apparent que
dévoilent les résultats obtenus, se cache un nombre d’obstacles qui entravent
la réalisation des objectifs d’ES : il s’agit de la défaillance en matière de ges-
tion et de commercialisation des produits à laquelle s’ajoute l’existence d’un
marché atomisé et de l’analphabétisme qui caractérise une partie non négli-
geable de ces populations (CRI, 2016). D’où la nécessité pour ces petites orga-
nisations d’œuvrer pour la certification de leurs produits et services dans le
but d’accéder aux marchés extérieurs, de développer leur label éthique et de
stimuler la création d’associations et de réseaux dans les différentes filières
de production et de commercialisation. En définitive, la survie et le dévelop-
pement de ces activités demeurent étroitement liés à la préservation des pro-
duits de terroir. La modernisation des processus et la recherche marketing
peuvent en faire une activité à très forte valeur ajoutée, notamment sur des
marchés d’exportation.
Sur le plan théorique, notre recherche constitue une tentative pour com-
bler le manque de travaux empiriques cherchant à analyser la perception des
impacts d’ES. Nos résultats préliminaires confirment en général les postu-
lats de la littérature et des recherches établies sur l’ES et l’économie sociale
et solidaire (Kerlin 2009, 2010 ; Salamon, Wojciech Sokolowski & Associates,
1999 ; Lepoutre, Justo, Tersjen et Bosma, 2013). À cet égard, les résultats de
notre recherche démontrent que l’ES contribue à résorber le chômage, à amé-
liorer les conditions de vie des populations rurales, à combattre la pauvreté
et à inciter à l’alphabétisation. Ces résultats permettent de mieux documen-
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ter le processus par lequel l’ES affecte les porteurs de projets et leurs com-
munautés.
Cependant, il y a lieu de signaler certaines limites relatives à notre
recherche. La thématique d’évaluation d’impacts d’ES est assez complexe et
notre approche ne se prétend pas être complète ni concluante. Nos résultats
sont liés à la perception des impacts d’ES « visibles », alors que les exter-
nalités des projets d’ES sont diverses, multidimensionnelles et conditionnés
par de nombreux facteurs. Nous estimons qu’il faudrait penser à établir des
démarches longitudinales d’évaluation des impacts d’ES portant sur différents
types d’entreprises sociales. Cela pourra constituer un point de départ pour
d’autres recherches similaires ou des études comparatives pour déterminer
les similarités et les différences entre le contexte marocain et celui d’autres
pays au niveau des projets d’ES.

RÉFÉRENCES
Allard-Poesi, F., Drucker-Godard, C., Ehlinger, S. (1999), Analyses de représentations et de leurs
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58 projectique / projectics / proyéctica – n° 17


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Ilias MAJDOULINE. Titulaire d’un Doctorat en Sciences de Gestion de l’Université


de Nancy 2 et de plusieurs certifications internationales, Ilias MAJDOULINE
est Directeur de l’Ecole Polytechnique d’Agadir et Vice-Président aux Affaires
Académiques à l’Université Internationale d’Agadir. Il a également le statut de
professeur invité dans plusieurs établissements en France, en Pologne et au
Luxembourg.

Jamal ELBAZ est professeur habilité à l’université Ibn Zohr (Maroc), membre
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de l’équipe de recherche en économie de transport technologie d’information et
logistique (ERETTLOG) et consultant en logistique et gestion de projet. Ses axes
de recherches portent sur l’entrepreneuriat et les pratiques environnementales
et sociales en Logistique et SCM. Il a publié des articles dans des revues
internationales et des chapitres d’ouvrages collectifs sur ces thématiques.

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