Vous êtes sur la page 1sur 22

22.

L'INTERACTION PARENT-NOURRISSON

Serge Stoléru, Serge Lebovici


in Serge Lebovici et al., Nouveau traité de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent

Presses Universitaires de France | « Quadrige »

2004 | pages 319 à 339


ISBN 9782130545576
DOI 10.3917/puf.diatk.2004.01.0319
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/nouveau-traite-de-psychiatrie-de-l-enfant-et-de-
l---page-319.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour Presses Universitaires de France.


© Presses Universitaires de France. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


22
L'interaction parent-nourrisson
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
SERGE STOLERU
SERGE LEBOVICI

La notion d'interaction parent-nourrisson. connan depuis une quinzaine d'ann~ un d6ve-


loppement considerable. Auparavant, selon Ie modele theorique pr6valent, le ~~ suivait
des lignes de developpement (libidinal, cognitif, moteur, etc.) et ces processus de develop-
pement etaient soumis a }'influence des parents. A present, Ia notion d'interaction conduit
a considerer egalement les effets qu'exerce en retour le bebe sur ses parents et, par Ia mente,
Ia maniere dont i1 influence a son tour, de maniere active, les soins qu'il r~it. Cette dyna-
mique apparait done comme un enchainement de processus bidirectionnels qui evoqueilt le
modele d'une spirale traqsactionnelle [Lewis M. et Rosenblum L.~ 1'974]. Cette notion de
spirale - et non de cercle - indique qu'avec le temps les processus d'interaction se d6ve-
loppent. Ainsi, Ia conception du developpement psychologique de l'enfant s'est eilrichie.
La notion d'epigenese interactionnelle [Cosnier J., 1984] rend compte du fait que le deve-
loppement du be~- et des parents- est en partie induit par les processus d'interaction
parent-nourrisson.
On distingue souvent l'etude des interactions comportementales, celle des interactions
affectives et celle des interactions fantasmatiques. Ces distinctiofi!i sont en grande partie dues
au fait que, aux Etats-Unis, Ia majorite des chercheurs ont, en partie sous l'iitfluence de
la theorie de l'attachemenfde J. Bowlby [1978], base leur methodologie sur les aspects direc-
tement observables et mesurables des interactions (interactions comportementales); inver- ·
sement, en Europe, notamment en France et en Suisse [Lebovici S., 1983; Kreisler L. et .
Cramer B., 1981], les chercheurs et les c}iniciens, sous !'influence de la theorie psychanaly-
tique, ont concentre leurs efforts sur la recherche de la dynamique fantasmatique orpni-
sant les interactions directement observables. Depuis quelques annees, apparaissent des
tentatives d'integration de ces deux approches [Stoleru S. eta/., 1985; Cramer B. et Stem
D.N., 1989; Maury M. et al., 1989). Simultanement, l'ancienne classification des interac.:
tions perd une partie de son interet. Peut-etre serait-il plus clair de distinguer d'une part
/es modalites interactives, c'est-a-dire les cana.UX a travers lesquels l'interaction s'effectue
et, d'une part, /es systemes interactifs, representes a l'interieur de chaque partenaire par:
1 I son organisation fantasmatique : interactions fantasmatiques ; 2 I ses affects: interac-
tio~ affectives ; 3 I ses cognitions : i1 y a, tres precocement, des interactions cognitiv~
·!'

320 Serge Stoleru, Serge Lebovici

[Hartup W.W.,1985]; 4 I son corps et sa physiologie: ii y a, on I' observe de plus en plus


clairement, des interactions psychophysiologiques [par exemp!e, Bleichfeld B. et Moely B.E.,
f984]. De plus, il serait faux de penser que les interactions entre les systemes restent neces-
sairement a l'interieur d'un meme systeme, et que, par exemple, ce sont forcement, terme
a terine, les affects d'un partenaire qui interagissent avec les affects de !'autre. Au contraire,
Ies interactions se font de maniere « intersystemique » : ainsi, par exemple, les affects du
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
nourrisson influencent les fantasmes matel'11els. Enfm, il est important de noter que, a l'inte-
rieur de chacun des partenaires, les systemes interactifs sont eux-memes en interaction; par
exemple, les affects de Ia mere interagissent avec ses fantasmes ; chez le bebe, Ies affects
interagissent, par exemple, avec Ie debut de l'activite cognitive.

La constitution du lien mere-nouveau-ne

Selon Klaus et Kennel [1976], ii existe chez Ia mere, dans les premieres heures apres
l'accouchement, un 6Ult psycho-affectif particulier def'missant une « periode sensible» au
cours de laquelle Ia constitution du lien mere-nouveau-ne - ou bonding - peut s'etablir
de maniere optimale. Klaus et Kennel, et de nombreuses autres etudes [Kennel J .H. et al.,
1974; Hales D.J. et al., 1977; Grossmann K. et al., 1977; De Chateau P., 1976; Leifer
A. eta/., 1972], soutiennent que Ia prolongation des temps de contact et d'interaction mere-
hebe au cours des premieres heures et des tout premiers jours suivant Ia naissance conti-
nue a avoir des effets positifs plusieurs mois ou meme plusieurs annees plus tard sur Ia qua-
lite de Ia reiation mere-bebe et sur le developpement de !'enfant (par exemple, realisation
effective plus frequente des projets d'allaiter au sein, meilleure.interaction pendant l'allai-
tement). L'etude d'O'Connor eta/. [1980] mit en evidence une mt>indre frequence de mau-
vais traitements chez Ies nourrissons pour lesquels avait ete mise en a:uvre Ia pratique du
rooming-in que chez les bebes sans rooming-in. On entend par rooming-in le fait que le
nouveau-ne reste dans Ia chambre de l'accouchee au lieu d'8tre dans une nursery. Cepen-
dant, Siegel eta/. n'observerent pas cet effet [1980].
Certains auteurs, par exemple Golc,iberg [1983], mettent en doute cette theorie et critiquent
Ia methodologie des etudes slir lesquelles elle est fondee. En outre, !'.etude de Siegel eta/.
[1980] tente de quantifier le degre de !'influence du contact mere-bebe precoce et prolan-
gee sur le comportement maternel et sur le comportement du bebe. ll en ressort que Ie contact
precoce et prolonge a une influence tres limitee: il explique 2,5 OJo de Ia variance du com-
portement materne14 mois apres 1a naissance et 3,2 OJo de la variance du comportement du
. nourrisson a !'age de 12 mois.
· Malgre ces critiques et ces restrictions, il reste que les travaux de Klaus et Kennel ont favo-
rise dans de nombreuses maternit~ des changements institutionnels allant dans Ie sens d'une
prolongation des contacts mere-nouveau-ne. La pratique dll « rooming-in » est ainsi deve-
nue beaucoup plus courante.

L 'interaction en situation d'a/laitement

Au cours de l'allaitement- une des toutes premieres situations interactives -,de mul-
tiples modalites de communication peuvent etre utilisees : Ie regard mutuel, le « dialogue
L 'interaction parent - nourrisson 321

tonique », le «holding», le contact et le toucher, Ia parole et les vocalisations, ainsi que


les experiences gustatives et olfactives du beb6.
Les postures respectives de Ia mere et du b6be ei leur ajustement reciproque, ou dialo-
gue tonique, ont ete particulierement etudiees. Au cours de l'allaitement au sein de fem-
mes primipares, Cukier-Hemeury et a.l. [1979] diStinguent ainsi des « postures ajustees ayant
abouti a un repas detendant )), ny a alors un ajustement postural tel qu'existe pour 1a mere,
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
.comme pour le b6be, Ia possibilite d'une detente musculaire contemporaine de 1a satisfac-
tion de zones corporelles sp6cifiques. De plus, il y a dans cesr cas possibilite d'enrichir 1a
situation interactive grAce a des echanges tactiles (caresses de la. mere, contact de 1a main
du bebe avec le sein de 1a mere), des echanges de regards, des sourires. Le deuxieme type
regroupe les « postures'ajustees au prix d'un effort de Ia mere. Repas satisfaisant pour
I' enfant». L'ajustement de Ia bouche et du sein est alors adequat, mais au prix d'une pos-
ture inconfortable et de tensions musculaires chez 1a mere. Le troisieme type est appele « pos~
ture8 non ajustees inefficaces ». Les postures des deux partenaires sont alors telles que 1a
tetee et !'insertion du mamelon sont menacees d'interruption a!'occasion des moindres mou-
vements de 1a mere ou du b6b6.
Le b6b6 participe activement a cet ajustement postural et a 1a definition de ces types selon
qu'il se niche activement contre sa mere, tourne 1a tete vers le sein, tete de maniere regu-
liere, ou invcrsement rejette Ia tete en arriere, ourinterrompt frequemment sa tetee. Ce dia-
logue tonique evolue pour chaque couple mere-b6be, et souvent, apres une periode de trois
ou quatre jours, Ia situation, apres des difficultes initiales, evolue harmonieusement.
Des observations d'allaitement au biberon ont egalement permis.de defmir plusieurs types
d'interaction. Uzine [1975] decrit ainsi des meres rigides et crispees, tenant le b6be a une
telle distance qu'elles evitent le contact peau a peau. Elles ne semblent ni tenir compte des
expressions d'affects de leurs b6bes (sourires, detente corporelle, cris), ni respecter les sus-
pensions de l'activite de succion. Enes paraisseilt ne pas percevoir les signaux du beW, ou
ne pas les prendre en compte, ou les interpreter de maniere erronee. .
Un deuxieme type de mere parait percevoir les signaux de !'enfant, mais ne pas pouvoir
y repondre, ou tentent d'y r6pondre de maniere incoherente et inefficace: changements brus-
ques. et frequents de la· position du beb6, incapacite de trouver les gestes apaisant les pleurs,
recours a des gestes trop appuyes ou au contraire a peine perceptibles 'pour !'enfant.
Un troisieme type de mere adopte une position confortable; le b6b6 est blotti contre elles,
le contact ·peau a peau est realis6. La communication est enrichie par les paroles de 1a mere,
par sa senst'bilite et par !'adequation de ses reponses aux signaux de !'enfant, avec un res-
pect des temps de pause et du rythme du beb6.

Le contact peau apeau et /e dialogue tonique

La description precedente des interactions pendant l'allaitement illustre Ia notion de dia-


logue tonique, due a Wallon et d6veloppee par Ajuriaguerra [1%2]. Elle designe !'ensem-
ble des echanges mediatises par Ia maniere dont I'enfant est tenu, soutenu, maintenu par
le parent, et Ia maniere dont le beb6 y repond; il y a ainsi une veritable interaction entre
les postures des partenaires et done entre le ton'us musculaire de chacuD. d'eux. Detente cor-
porelle globale ou partielle, raidissement localise ou generalise peuvent affecter l'un et/ou
l'autre partenaire.
322 Serge Stoleru, Serge Lebovici

Le hebe est un partenaire actif, des Ia naissance, dans ce dialogue tonique. L'~helle de
Brazelton [1984], qui comporte un item intitule « cuddliness », noologisme anglais dont
!'homologue francais est « cilinite », montre que certains nouveau-nes· paraissent davan-
tage rechercher le contact, et, lorsqu'ils sont tenus dans les bras, se moulent et se blottis-
sent eontre l'examinateur, et presentent une d6tente corporelle. A l'autre extreme, d'autres
nouveau-nes, ou Ies memes a d'autres moments; se raidissent, voire repoussent 1'~­
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
nateur.
a
Les contacts peau peau constituent une modalit6 interactive souvent intimement liee au
dialogue tonique. Des les minutes suivant !'accouchement, on observe fr6quemment Ia mere
toucher le corps de son nouveau-ne, d'abord du bout des doigts, puis, apl.'es quelques minu-
tes, le caresser avec !'ensemble de Ia main. Apres quelques semaines, les contacts peau a
peau s'enrichissent, a certains moments, d'un caractere Iudique [Candilis-Huisman D., 1990].
L'ontogenese des comportements de tendresse concerne notamment celle de l'embrjlllse-
ment [de Ajuriaguerra J. et Casati I., 1985] ; parfois des six mois et m@me avant, fr6quem-
a
ment vers 7-8 mois, les nourrissons repondent I'adulte qui leur tend les bras, en tendant
a leur tour les bras. I1s commencent aussi a prendre !'initiative de cette forme d'appel et
c'est vers 11-12 mois que, portant leurs bras a Ia rencontre du partenaire, ils peuvent com-
p16ter leur reponse par l'etreinte, plus ou moins coloree par !'emotion. Casati decnt les pre-
mices du baiser chez le nourrisson [1987]; le baiser complet, analogue a celu1 de l'adulte,
devient fr6quent assez tardivement entre 9 et 22 mois. Landau [1989] a 6tudie Ia survenue
de troiS comportements d'affection (donner un baiser, enlacer Ie cou, et caresser) chez des
a
g~ns. observes dans leur environnement habitue! 2, 4, 7 et 11 mois. Les nourrissons
appartenaient a des milieux socioculturels divers : families urbaines, kibboutz, pouponniere,
families bedouines. Les comportements d'affection mentionnes furent notes pour Ia pre-
miere fois lors de I' observation faite a 7 mois et survinrent alors chez moins de 45 OJo des
nourrissons. A 11 mois, i1s s'observerent chez pres de 60% des nourrissons et leur fr6quence
6tait en moyenne trois fois plus grande qu'a 7 mois. A 7 mois, ces comportements 6taient
adresses exclusivement (100 %) a Ia mere chez les nourrissons de families urbaines alors que
les pourcentages correspondants 6taient de 80 % pour les families bedo~Pnes et 33 % pour
les kibboutz. A 11 mois, quel que soit le milieu, l'eventail dell personnes auxquelles ces com-
portement& s'adressaient s'6tait elargi. Mais, dans tous ces milieux, Ia mere restait Ia per-
sonne a qui Ie plus de comportements affectueux 6taient destines. Enim, deux tiers des
comportement& affectueux des nourrissons susciterent une r6ponse analogue et/ou une
reponse vocale de Ia part de Ia personne a qui avait ete destine le comportement du hebe.

La communication par le regard

La communication par Ie regard a, des Ies premieres semaines de Ia vie, une importance
majeure. Au cours de l'allaitement, ausein ou au biberon,Ies nourrissons, des Ia deuxieme
semaine, fJXent le visage de leurs meres pendant une .fraction significative de Ia t6tee
[Gough D., 1%2]. Le regard de Ia mere vers le bebe semble encore augmenter sa tendance
a Ia regarder. La rencontre des regards, ou regard mutuel, appele egalement dialogue a:il
a a:il, induit tres souvent des affects tres marques chez les meres. C'est souvent lorsqu'elle
prend conscience du regard que lui adresse son hebe que Ia mere le reconnait en tant que
L 'interaction parent - nourrisson 323

personne, et, dans I'etude de Robson [1967], les meres, lorsqu'elles 6voquaient leurs senti-
ments positifs vis-a-vis des b6bes, associaient frequeDiment ces sentiments au regard de leurs
nourrissons.
La communication par le regard est en fait soumise a des variations tres importimtes d'un
couple mere-nourrisson a I' autre. Certains nourrissons recherchent activement le regard;
d'autres ont t~ce a detourner les yeux. Les memes variations s'observent chez les meres.
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
Les cris des nourrissons

• Les cris constituent, pour les jeunes nourrissons,l'une de leurs principales modalit6s de
communication. Souvent ressentis comme stridents et p6nibles, ils ont en fait une fonction
indispensable: il n'est que d'imaginer ce que serait la tAche des parents si ce moyen de com-
a
munication n'existait ~· Ds devraient, presque en permanence, veiller eux-memes s'assurer
du confort du b6b6, chercher a savoir s'il a faim, s'il est souill6, etc.
Pour J. Bowlby, qui utilise comnie critere, dans 1a d6finition de l'attachement, 1a dista,nce
spatiale niere-b6b6, les cris sont un comportement favorisant 1a restauration de leur proxi-
mit6 et sont done un facteur de l'attachement [Bowlby J., 1969].
n existe des diff6rences individuelles consid6rables d'un b6b6 al'autre en ce qui concerne
Ia frequence des cris et la facilit6 avec laquelle ils peuvent etre apais6s. Dans certains cas,
extremes par leur frequence et leur dur6e, les cris ont pu etre invoqu6s dans le determinisme
de s6vices.
L'analyse des cris au moyen d'un spectrographe sonique a permis de distinguer trois types
[Truby H.M. et Lind J., 1965]: le cri (ou phonation) fondamental(e) a une fr6quence de
a n
200 600 Hz eta une intensit6 r6guliere dans le temps. n'est pas }'expression d'un. etat
de d6tresse majeure. Un deuxieme type, appele dysphonation, est caract6ris6 par son tim-
bre rauque et rude. Le troisieme type est appel6 hyperphonation, car il correspond un son a
particulierement aigu et sifflant. Des adultes a qui il est demand6 d'identifier l'origine de
cris entegi$tr6s au magnetophone r6pondent de maniere correcte .dans 48 o/o des cas pour
des cris de naissance, 63 % pc)ur des cris de douleur, 68 % pour des cris de faim, 85 % pour
des cris de plaisir [Wasz-Hackert 0. eta/., 1968]. Les meres peuvent reconnaitre les cris
de leurs b6bes au milieu des cris d'autres nourrissons, et semblent meme 6lectivement r6veil-
16es par ceux de leur b6b6 [Formby D., 1967]. Les cris indUisent une augmentation de la
chaleur cutan6e des seins des femmes qui allaitent [Vuorenkoski V. eta/., 1969].
P.S. Zeskind et B.M. Lester ont montr6 que.des adultes pouvaient distinguer les cris de
nourrissons « a risque)). (en }'occurrence porteurs de complications pr6- ou postnatales) des
cris de b6bes exempts de ces facteurs de risque. Les cris des premiers etaient davantage per~
comme grbi~ts, maladifs, g6n6rateurs de malaise [1978]. Les cris de prematur6s suscitent
chez les adultes des reactions v6getatives plus intenses et des affects plus negatifs que les
cris d'enfant aterme [Frodi A.M. eta/., 1978]; Les cris atype d'hyperphonation ont une
valeur particuliere en tant qu'indicateurs d'un etat de souffranl!e chez les Iiourrissons por-
teurs de facteurs de risque et devraient alerter 1'6qulpe p6diatrique [Lester B.M. et Zeskiii.d
P.S., 1981].
ll existe deux « pies de fr6quence » des cris. L'un des pies est ultradien: les cris sont par-
ticulierement frequents en rm d'apres-midi et le soir [Rebelsky F. et Black R., 1972] et cela
324 Serge Sto/eru, Serge Lebovici

a et~ observ~ de !'Age d'une semaine a neuf mois. L'autre pic est developpemental: Ia fr~-.
quence des cris augmente ~&alement de Ia naissance a6 semaines, puis d~oit. Cette evo-
lution est influen~ par les modalit~ de r~nse de Ia mere. La r~~ et la promptitude
des r~ponses apport~es par Ia mere favorisent le d~lin de la frequence et de la duroo des
cris ainsi que l'utilisation croissante d'autres modalit~ de communication par le MM [Bell
S.M. et Ainsworth M.D.S., 1972]. Cependant, F.O.A. Hubbard et M.H. van IJzendoom
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
[1987] ont refait la m&ne ~de que Bell et AinsWorth et ont abouti a des r'~ultats oppo-
s~ : lors du suivi, les nourrissons qui avaient r~ initialement Ia r~ponse Ia plus prompte
a leurs cris pleuraient plus que ceux dont les meres avaient r~pondu apres un d~lai plus
prolonge.
U.A. Hunziker et R.G. Barr [1986] ont montr~, au cours d'un essai contrOl~, que le fait
de porter le b~M deux heures suppl~meD.taires par jour, dans les bras ou dans une « poche-
kangourou ») entre les Ages de 3 et 12 semaines, conduisait a une r~duction de 40 a 50 o/o
des pleurs, une augmentation de l'~tat de vigilance et I' elimination presque complete du pic
de frequence survenant vers 6 semaines. Ces r~tats sont en accord avec diverses obser-
vations anthropologiques.

Le longage

La parole est utilisoo par les meres souvent des les premiers instants de leur relation avec
leur Mbe. A cette ~riode n~o-natale, Ia motricit~ des b~~ parait parfois entrainOO par la
parole de Ia mere et synchronisoo avec elle [Condon W.S. et Sander L.W., 1974]. cepen-
dant, ces r~tats n'ont pas et~ retrouv~ par Dowd et Tronick [1986] qui, en outre, criti-
quent Ia methodologie de Condon et Sander.
Ferguson [1964] a mis en ~dence, dans six cultures, un ensemble de modifications du
langage maternel qu'il a appel~ «baby talk»(« parler-MM »). Ce « parler-b~b~ »de Ia
mere est, par exemple, caract~ par une simplification de Ia syntaxe et Ia transformation
de certains mots (« toutou », « minou », « pupuce »). De plus, Ia prosodie du -Iangage
maternel, c'est-a-dire I' ensemble des phmomenes d'intonation, est modifi~ [Snow C., 1972].
Le timbre de la voix est caractms~ par une majoration des aigus. La vitesse des modifica-
tions du timbre est ralentie, ce qui produit le caractere chantonnant des vocalises mater-
nelles. Ces aspects particuliers du timbre de Ia voix maternelle sont s~alement accentu~
avec les Mb~s d'environ 4 mois. dans le contexte d'interactions en face a face. Les pauses
entre les paroles matemelles sont plus longues que dans le discours entre adultes.
La n~petition des « phases vocales maternelles », d~fmies par Stern [1977] comme des
vocalisations qui semblent continues aux oreilles de l't:i.dulte, est tres frequente. Dans une
interaction de je.u banale avec des b~~ d'environ 6 mois, Stem observa que les deux tiers
des phrases vocales ~taient ~ses a plusieurs reprises, le plus souvent deux ou trois fois.
La duroo m~diane des vocalisations matemelles s'accroit avec !'Age du nourrisson.
L'allongemerlt des pauses, Ia fr6quence des r~tions et Ia breve duroo des phrases vocales
semblent particulierement propices aux acquisitions linguistiques du nourrisson.
Ce langage matemel s'integre a diverses situations concretes d'interaction mere-no~n.
Ainsi, Josse et.Robin [1983] ont ~di~ le langage matemel au cours de Ia situation de
change. Ces auteurs se sont surtout centr~s sur ·1e contenu, les themes du langage
L 'interaction parent - nourrlsson 325

matemel. Tis mettent en evidence combien Ia ·nature des themes maternels depend des com-
portements du bebe. Ainsi, au cours des deux premiers mois, les themes relatifs aux mani-
festations physiologiques, notamment digestives, du bebe representent 16 OJo de tous les
themes, alors qu'a 9 mois cette proportion est tombee a 2 f1/o ; inversement, le comporte-
ment moteur et/ou manipulatoire du bebe, qui ne correspondrait qu'a 7 f1/o des themes a
2 mois, constitue 20 f1/o des themes a 9 mois.
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
La conception de I' acquisition du langage a ete profondement modifiee par Ia prise en
·compte des processus d'interaction parent-nourrisson. Aujourd'hui, l'apprentissge du Ian~
·gage est considere comme etant en partie celui du dialogue. Pour Bruner [1983], !'acquisi-
tion du langage est meme encore plus fondamentalement ~asee sur les processus d'interaction
mere-nourrisson. Selon cet auteur, Ia mere et le bebe sont des Ia naissance engages dans des
« tiches realisees conjointement ». Avec le temps, la structure de ces tiches realisees con-
jointement (allaitement; jeu; exploration d'un objet, etc.) s'enrichit d'une serie de conven-
tions, et Ia structure de ces tiches, parce qu'elle implique que les deux partenaires admettent
certaines conventions, pourrait modeler celle de la grammaire initiale. Le developpement
ontogenetique des tiches realisees conjointemerit contribuerait alors au dechiffrage et a Ia
maitrise du code de Ia grammaire par l'enfant. S'il en est bien ainsi, il devient necessaire
de comprendre }'acquisition par I' enfant des regles gouvernant Ia realisation des tiches r~­
lisees conjointement, avant de pouvoir comprendre }'acquisition de Ia grammaire.
Jusqu'a present, nous avons decrit de maniere analytique les modifications du langage
maternel, puis nous les avons rep~ dans leur contexte interactif concret et global, a l'aide
de l'exemple de Ia situation de change. Mais nous n'avons pas aborde Ia liaison, seconde
par seconde, entre les comportements langagiers de Ia mere et du nourrisson. Deux etudes
de nourrissons Ages de 3 a 4 mois [Stern D.N. eta/., 1975; Anderson B. et al., 1977] ont
montre que les vocalisations simultaneesdes deux partenaires predominent sur l'alternance
de leurs vocalisations. Inversement, a l'ige de 9 mois, c'est-a-dire avant le langage parle,
les nourrissons sont capables de participer avec leurs meres a des echanges vocaux marques
beaucoup plus par l'alternance que par des vocalisations simultanees [Jasnow M. et Feld~
stein S., 1986].

La reciprocite da~ /'interaction parent-nourrisson

La qualite d'une sequence d'interaction est determinee non seulement par ce que fait ou
dit Ia mere ou par les comportements du nourrisson, mais aussi par le type de rapport, par
Ia nature du lien dynamique qui unit leurs signaux et communications respectifs. Pour
Greenspan et Liberman [1980], on peut ainsi distinguer: 1 I des compoi:tements ou signaux
de Ia mere qui se rapportent aux signaux du nourrisson et paraissent, aux yeux de l'obser-
vateur, correspondre au va:u ou au besoin exprimes par le beW (par exemple, le bebe tend
les bras vers Ia mere, et celle-ci le prend dans les bras) ; 2 I des reponses qui se rapportent
au comportement du bebe mais vont a l'encontre du va:u ou du besoin qui, aux yeux de
l'observateur, sont exprimes par le bebe (le bebe tend les bras et Ia mere s'eloigne du bebe);
3 I des reponses qui semblent ne pas avoir de relation avec le comportement du bebe (Ia
mere regarde fixement dans le vague). Les memes categories s'appliquent aux reponses du
bebe aux signaux de sa mere. L'utilisation de ces categories permet de preciser le type de
lien au sein des chaines interactives plus ou moins tongues.
326 Serge Stoleru, Serge Lebovici

Vadaptation reciproque des deux partenaires s'exprime 6galement selon Ia dimension tem-,
porelle. Brazelton et al. [1975] ont ainsi n1ontr6 que le belle et Ia mere d6crivent des « cycles
d'interaction » avec une alternance de phases de disponibilit6 et de repli de Ia part du belle.
Ces cycles sont bien mis en 6vidence par 1'6tude de s6quences d'interaction en face.a face:
le p6b6 est assis dans un siege de type « baby-relax » tandis que Ia mere se tient en face de
lui. L'interaction est 6tudi6e au moment ou Ia mere n'a pas de tiche sp6cifique a eff~er
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
Qanger, nourrir) et peut se consacrer a jouer avec le belle. La disponibilit6 ou le repli du
b6b6 se manifestent notamment dans Ia direction de son regard par rapport a Ia position
de Ia mere, par I' orientation de sa tete, par i•expression de son visage et ses vocalisations.
Dans les cas d'interaction ha.rinonieuse. on observe aussi le meme caractere cyclique dans
les communications adress6es par Ia mere au belle, avec une synchronisation entre les·deux
partenaires, et ceux-ci paraissent alors etre vmtablement ensemble. Dans les cas de mau-
vaise synchro~tion, l'observateur ressent !'impression' d'une dysrythmie.
Stem [1974; 1981] a pr6cis6 Ia structure temporeJie de !'interaction en face a face avec
des beb6s de 3 a 4 mois. Le jeu est une structure hi6rarchisee ou des unit6s de comporte-
ment 616mentaires se combinent pour former des unit6s d'un niveau sup6rieur. Quatre
niveaux sont d6crits. Le premier est celui des « actes » de Ia mere et du beb6. Le « r6per-
toire » d'actes maternels est fait de vocalisations, de gestes, de sourires et autres expressions
du visage, de hochements de Ia tete, etc. ns sont tres caract6ristiques de !'interaction avec
un b666. Nous avons d6crit ci-dessus le « parler-bebe » maternel; de plus, les mimiques ont
souvent un aspect caricatural. Ces modifications ont pour effet de renforcer !'attention du
nourrisson. n· y r6pond par un r6pertoire d'actes du type sourires, regards, vocalisations,
mouvements.
Le niveau d'int6gration imm6diatement sup6rieur est celui des p6riodes d'attention
mutuelle. Ce sont les p6riodes pendant lesquelles le nourrisson regarde Ia mere sans d6tourner
les yeux. Elles sont sous !'influence du niveau des stimulations que Ia mere adresse au belle.
Si ce niveau augmente exagerement, le belle d6toumera les yeux, ce qui oonstitue pour lui
son principal moyen de r6guler les afferences d'excitation. Si le niveau de.stimulation est
trop faible, !'attention du belle diminue, et il semble rc;chercher ailleurs une source d'int6-
ret plus grande. Pour que le jeu puisse se poursuivre, Ia mere ajuste en permanence le niveau
de ses stimulations. n en r6sulte que 1'6tat de vigilance et d'attention du b6b6 se situe dans
une fourchette optimale au sein de laquelle il manifeste une disponibilit6 et son r6pertoire
interactif. ·
Le troisieme niveau est celui des « jeux )) (games), smes d'6pisodes d'attention mutuelle
au cours d~uels l'adulte utilise un ensemble r6p6titif de comportements, avec simplement
des variations mineures au cours de chacun des 6pisodes d'attention mutuelle. Une mere
peut par exemple approcher de maniere rapide son visage de celui du bebe en ponctuant
ce mouvement de vocalisations et de sourires, puis, au moment ou le belle d6toume les yeux
a cau~ du surcroit d'excitation joyeuse, se rejeter en arriere. pour reprendre ensuite le meme
jeu lorsque le b6b6 la regardera a nouveau.
Le quatrieme niveau est celui de I'ensemble des differentes s6quences de jeux. n se carac-
t6rise notamment par ses modalit6s de debut Qequel des deux partenaires semble amorcer
Ia· sequence de jeu? et de quelle maniere ?) et ses modalit6s de terminaison.
Le jeu mere-nourrisson peut aussi etre envisage comme une methode d'6tude permettant
une comprehension plus profonde de la dynamique de Ia relation des deux partenaires. La
L 'interaction parent - nourrisson 327

s~uence d'interaction est alors con~e et dechiffree comme un « texte » manifeste recou-
vrant un contenu latent. Les seances d'autovideoscopie* au cours desquelles Ia mere observe
· un enregistrement magnetoscopique d'une sequence de jeu et Ia commelite sont a cet egard
eclairantes.
a
Freud avait.illustre cette utilisation du jeu propos. d'un bebe qui, au cours de sa deuxieme
a n
annee, trouvmt plaisir repeter une s~uence oil jetait une bobine, qui lui etait ensuite
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
restituee. Ce jeu trouvait sa contrepartie fantasmatique dans Ia dynamique separation-
reunion que !'enfant vivait alors dans Ia relation a sa mere.

L 'interaction affective

Quel est le contenu de Ia communication parent-nourrisson? Les eiudes portant sur des
interactions entre des meres et leurs bebes d'environ 6 mois 6nt m!)ntre que ce contenu n'est
guere fait ici de pensees et de representations se rapporiant a des objets exterieurs au cou- ·
ple parent-hebe, mais est constitue essentiellement d'emotions et d'affects des deux parte-
a
naires. Precisons cependant que, partir de Ia fm de Ia premiere annee, !'importance des
objets ext~eurs au couple parent-bebe devient de plus en plus grande.
Les affects du bebe connaissent, au cours du developpement, un processus de differen-
ciation vers !'apparition de sentiments de plus en plus nuances. Au cours des toutes pre-
mieres semaines, les etats emotionnels du nouveau-ne paraissent osciller le long d'une
dimension plaisir et resolution des tension~ d'une part, et'tension et detresse d'autre part.
Les criS et les pleurs sont alors le mode d'expression et de communication majeur des affects.
A partir de deux mois et demi environ, une nouvelle modalite d'expression affective s'epa-
nouit pleinement : Ia reponse par le sourire au visage humain - et cela pour tout visage,
qu'il s'agisse de celui d'une personne familiere ou de celui d'un etranger, pourvu que le visage
soit presente de face et en mouvement. Ce phenomene du (( sourire social », qui est contem-
porain d'un ensemble de modifications (augmentation rapide de la duree d'eveil par vingt:
quatre heures, modifications electroencephalographiques, maturation rapide du regard) a
·ete appele par Rene Spitz« premier organisateur » [1965]. L'apparition du sourire social
semble jouer un r8le tres enrichissant dans !'interaction en induisant chez les parents le sen-
timent d'etre reconnus et valorises par l'enfant; celui-ci parait « entralner » les parents dans
K l'etat de gr4ce » qu'il semble alors connaitre.
Une autre expression affective caracteristique du deuxieme trimestre de la vie est Ia sur-
prise: la mere y repond souvent en mimant elle-meme une expression caricaturale de sur-
prise: yeux ecarquilles, levres dessinant un (( 0 )). .
La reaction de detresse ou d'angoisse devant l'arrivee d'une personne incori.nue- ou
angoisse de l'etranger- se manifeste pleinement vers l'dge de 7-~ mois. 11 s'agit d'une reac-
tion affective nouvelle, contrastant avec le sourire social adresse aux personnes familieres
comme aux inconnus. Pour Spitz, il s'agit du deuxieme organisateur [1965], et cette reac-
tion manifeste Ia deception et l'angoisse du bebe de ne p~ avoir sa mere, plut8t que Ia remi-
niscence ou !'anticipation d'une situation dangereuse avec un etranger. Pourtant cette
reaction peut se manifester meme si Ia mere est presente ; elle est renforcee, il est.vrai, par

• L'autovideoscopie est Ia confrontation d'un sujet avec une bande magn~oscopique oil il a ~c! enregistrc!.
328 Serge Stoleni, Serge Lebovlci

l'absence.de la mere. Pour Emde [191JO],la reaction de d~esse devant l'~anger suppose
que le nourrisson anticipe une situation de d~laisir en rapport avec !'apparition d'une per- ·
sonne inconnue.
D.N. Stern a observe un phenomene qu'il a appele affect attunement, accordage affec-
tif [1984: 1989]. D ne s'agit pas li simplement d'une harmonie gen6rale entre les etats affec-
tifs des deux partenaires, mais.d'une notion bien precise. Stern en donne I'eiemple suivant:
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
« Un nourrisson de 9 mois frappe de la main un jouet de consistance douce, d'abord avec
une certaine colere, puis, progressivement, avec plaisir, exuberance, et humour. D adopte
un rythme regulier. La mere adopte aussi ce meme rythme et dit "kaaaaaaa-bam, kaaaaaaa-
bam", Ie "bam" coincidant avec Ie coup sur Ie jouet, et le "kaaaaaaa" ai:compagnant le
moment ou le bras du b6b6 s'eleve puis reste suspOOdu en l'air, moment plein de suspense,
avant de frapper le· jouet » (4).
D est important de noter qu'il ne s'agit pas d'une simple imitation du comportement du
bebe par la mere. Celle-ci utilise une autre modalite (la voix, dans cet exemple) que celle
par laquelle le nourrisson s'exprime (le geste, dans cet exemple). L'« appariement >>mere-
nourrisson est dit intermodal ou transmodal. L'appariement ne porte pas exactement sur
le comportement de !'enfant, mais plut8t sur le vecu interne de celui-ci. C'est precisement
Ie car~ctere transmodal de l'accordage affectif qui nous montre que le referent de ce phe-
nomene n'est pas le comportement« externe » mais l'eprouve interne.
Un groupe de meres interrogees par Stern a !'issue d'une sequence de jeu avec leur nour-
risson donnerent comme raisons aux ~isodes d'accordage le d6sir d'« atre avec le b6b6 »,
de << partager », de « participer », de « rejoindre » le bebe. Stem a appele « communion
interpersonnelle » cette fonction de I'accordage affectif. Pour Stern, cette communion inter-
personnelle va jouer un r8le important dans la reconnaissance par le nourrisson du fait que
les ·etats affectifs internes sont des experiences qui peuvent atre partagees avec autrui.
Selon Stern [1989], les conduites d'accordage peuvent atre observees des les premieres
interactions mere-nourrisson. Mais c'est vers 9 mois environ que l'accordage affectif est plei-
nement develop¢, car c'est vers cet ige que les b6b6s « decouvrent qu'ils ont une psyche
et que d'autres personnes ont des psyches ~arees » (211). De la r6sulte le fait que les con-
duites maternelles d'accordage signalent a !'enfant que telle ou telle de seS exp6rieJ1ces vecues
a ete per~ par sa mere.
Selon Stem (1989); l'accordage affectif a des implications cliniques: dans chaque dyade
existe une configuration precise et particuliere d'exp6riences vecues par le b6b6 et qui font
· I' objet d'un accordage maternel et, inversement, d'exp&iences qui n'en font pas !'objet;
a cette configuration correspondent, du point de vue du bebe, des parties' communicables
de son monde subjectif et d'autres qui peuvent devenb; per~es par lui comme privees et
idiosyncrasiques.
Malatesta et al. etudient egalement la maniere dont les affects du bebe s'integrent peu
a pen dans Ie contexte des interactions precoces [1982; 1986]. Ces auteurs etudient la << socia-
lisation des emotions », c'est-a-dire le proCesSUS de developpement par lequelles emotions,
considerees comme des pheno,menes initialement psychobiologiques, sont progressivement
integrees dans les communications entre partenaires interactifs. Ds montrent, en etudiant
des b6b6s de 3 a 6 mois, que cette socialisation des emotions s'observe tres precocement;
selon eux,l'expressivite emotionnelle du nourrisson commence bien avant Ia im de la pre-
miere annee a subir des influences maternelles pour qu'elle se module et devienne appro-
L 'iriteraction parent - nourrisson 329

priee a Ia culture environnante, aux exigences fllJ)liliales, et au sexe du nourrisson. Mala-


testa et a/. ont observe que les ·mm-es jouent ce r6le de socialisation de !'emotion notam-
nient pendant les periodes de jeu en face a face. Dans cette situation d'interaction, en codant
seconde par seconde les expressions d'affects apparaissant sur le visage des meres, Mala-
testa et al. observerent que 25 OJo des changements d'expression du visage matemel surve-
naient en reponse a, un changement d'expression du visage du nourrisson. 35 % des
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
changements d'eipression du visage chez les meres etaient « apparies » aux changements
d'expression du nourrisson, c'est-a-dire les refletaient eft miroir; alnsi, les expressions d'inte-
ret chez le nourrisson tendaient a susciter des expressions d'interet chez 1a mm-e; des expres-
sions de joie du hebe tendaient a susciter des expressions de joie chez.Ia mere. Cependant,
65 % des expressions matemelles etaient differentes des expressions du nourrisson.
De plus, il est desormais possible de commencer a analyser la direction des influences au
· seln de !'interaction mm-e-nourrisson, c'est-a~dire de specifier quels sont les effets du nour-
. risson sur sa mere ou reciproquement [Kenny, 1979]. Appliquant ces techniques d'analyse
a l'etude des interaetions affectives, Malatesta eta/. {1986] observerent que plus les meres
a
exprimaient des mimiques de joie et d'interet au cours de leur interaction en face face avec
leurs bebes de 5 mois, et plus les nourrissons exprimaient les memes types d'affect au cours
d'interactions enregistrees 2 mois et demi plus tard. lnversement, pour les mimiques de sur-,
prise et de colere, 1a direction de l'effet allait dans le sens « nourrisson vers mere »: plus
de telles expressions etaient observees chez les nourrissons 8: 5 mois, et plus elles s'expri-
maient, 2 mois et demi plus tard, chez leurs meres.
Dans ce m@me travail, Malatesta et al. montrm-ent que plus grande etait la reactivite de
1a nrlniique maternelle (defmie ici comme la frequence des changements d'expression du
visage de 1a mere survenant dans la seconde suivant le changement d'expression du nour-
a
risson) face leurs bebes de 2 mois et demi, plus Ies bebes manifestaient des mimiques posi-
a
tives (interet, joie, surprise) l'ige de 5 mois. Reciproquement, la direction des effets
s'observait aussi dans le sens inverse: plus les nourrissons exprimaient d'emotions positi-
ves a l'ige de 2 mois et demi, plus les mm-es se montraient reactives dans leurs r6ponses
mimiques observees 2 mois et demi plus tard.

L 'Interaction p~re-nourrisson

Apres avoir ete longtemps quelque peu negligee, !'interaction pm-e-nourrisson est abon-
damment etudiee depuis une douzaine d'annees. Cet interet pour !'interaction pm-e-
nourrisson est a rapprocher des changements recents du r6le du pm-e dans la famille nucleaire
occidentale [Hmstel F. et Delaisi de Parseval G., 1990]. On admet generalement que, paral-
lelement a !'augmentation au cours des dernim-es decenmes du pourcentage des mm-es qui
travaillent, de plus eJ1 plus de pm-es partagent avec leur conjointe les soins aux.nourrissons.
a
Cependant, i1 existe une grande variabilite d'un pere I'autre dans !'implication dans les
soins aux bebes et cela en fonction de facteurs psychologiques et sociaux [Hurstel F., 1985].
De plus, malgre ces changements recents, les peres restent, en moyenne et globalement, beau-
coup moins impliques que les meres dans les soins aux nourrissons [Kotelchuck M., 1976].
Enfm, plusieurs etudes, basees sur !'observation directe a domicile, n'ont pas mis en evi-
dence que, compares a des peres dont Ia conjointe etait mere au foyer, les peres dont la
330 Serge Stoleru, Serge Lebovici .

conjointe travaillait etaient plus impliqlies dans les soins aux bebes [Stuckey M.F. et a/.,
1982; Zaslow M. et al., 1986].
Une etude portant sur les reactions affectives des pa-es a Ia naissance de leurs bebes, rea-
lisee chez des sujets vivant dans de bonnes conditions sociales et familiales et dont les bebes
etaient exempts de problemes medicaux, a decrit leur exaltation, leur fierte, !'idealisation
de leurs bebes, leur plaisir a les manipuler [Greenberg M. et Mol'li$ N., 1974]. D'autres
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
observations font inversement etat de quelqueS cas de psychoses de 18 paternite ou de d6pres-
sion patemelle au cours du post-pattum [Brudal L., 1984].
L'interaction pa-e-nourrisson est, d'une part, directe, d'autre part, indirecte a travers
!'interaction et Ia relation du pere avec Ia mere.
L'etude de !'interaction pa-e-nourrisson directe montre que, comme !'interaction mere-
nourrisson, elle est caracterisee par Ia reciprocite et des phenomenes de r6gulation mutuelle
[Yogman M., 1982]. Mais !'interaction pa-e-nourrisson est nettement plus« physiqUe »,plus
stimulante pour le bebe. Les peres recourent plus souvent que les meres a des « jeux tacti-
les » qu'a des « jeux visuels ». De telles differences s'observent des Ia im du premier mois
et se retrouvent entre 8 et 24 mois [Power J.G. et Parke R.D., 1983].
De meme, les nourrissons se comportent differemment selon qu'ils sont en interaction
avec leurs meres ou avec leurs pa-es. Leur excitation avec les pa-es se manifeste par des yeux
particulierement ouverts et brillants, et des cycles intera.Ctifs plus amples dans leurs oscil-
18tions [Brazelton T.B., 1979]. Ces observations sont bien entendu denvees de !'analyse d'un
groupe d'interactions pa-e-nourrisson, et ne peuvent pretendre s'appliquer a tous les cas indi-
viduels. Pour Kestenberg·et al. [1982],les rythiDes moteurs differents de 18 mere et du pa-e
constituent pour le jeune nourrisson des marques l'aidant a distinguer s~ parents~
Par ailleurs, leS peres entrent en interaction de maniere differente avec leurs gar~ns et
avec leurs filles. Des Ia naissanci:, leur interaction est en moyenne plus riche sur le plan vocal.
et tactile avec leurs gar~ons qu'avec les rilles.
De telles differences s'observent egalement plus tard: les pa-es se montrent plus stimu-
lants avec leurs fils Ages de 3 semaines et de 3 mois, sous Ia forme de contacts physiques,
de regards, et de !'utilisation de jouets [Parke R.D., 1981].
Le pere joue un r8le dans le developpement des capacites des no:urrissons a entrer en inter-
action avec des personnes inconnues. Les bebes de 5 mois qui beneficient de maniere habi-
tuelle de temps d'interaction avec leurs peres entrent en interaction plus facilemerit, et avec
davlmtage de manifestations de plaisir, avec une personne inconnue d'eux. Cette difference
n'apparait que pour les.bebes de sexe masculin. De meme, a 1 an, les nourrissons parais-
. sent avoir des manifestations d'angoisse de l'etranger d'autant n'loins intenses que leurs peres
sont plus impliques dans leur education et dans les soins qu'ils r~oivent [Kotelchuk M.,.
cite in Parke R.D., 1981]. Bridges et a/. [1988] ont egalement retrouve qu'a l'ilge de
12-13 mois le comportement des nourrissons avec leui:s pa-es etait correle de maniere signi-
ficative avec leur interaction avec une personne inconnue; en revanche, aucune coirel.ation
significative ne fut mise en evidence entre leur interaction avec leurs meres et leur interac-
tion avec une personne inconnue.
.Enim !'interaction pere-nourrisson est un facteur favorisant le developpement cognitif
des gar~ons [Pedersen F.A. et al., 1979], alors que Ia meme influence a ete montree pour
!'interaction mere-nourrisson en ce qui eonceme les iilles.
£'interaction parent- nourrisson 331

L 'interaction triadique pere-mere-nourrisson

Les etudes portant sur Ia triade pere-mere-nourrisson sont rares et recentes [Fivaz-
Depeursinge E., 1987; Lemaire J.G. et Fivaz E., 1989]. Parmi les methodes d'etude, figure
_notamment « le jeu a trois», au cours,duquelles parents sont assis sur-des chaises placees
a egale distance d'une table sur laquelle le b6be est installe dans un siege de type « baby-
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
relax ». Cette table peut pivoter de telle sorte que le « baby-relax » peut etre oriente vers
un parent ou vers l'autre, ou dans la position intermediaire entre les deux precedentes. La
consigne propose aux parents que l'un d'eux, puis l'autre -l'ordre est choisi par les parents
- joue avec le bebe, et enrm que les deux parents jouent avec le bebe (Corboz A. eta/.,
1989).
E. Fivaz envisage Ia triade familiale a travers !'approche systematique et concentre son
attention sur le developpement de l'autonomie du bebe en tant que fonction essentielle du
systeme triadique. Elle se r6fere au modele de l'encadrement- « framing »de Fogel (1977];
ce modele vent rendre compte, par exemple, de l'asymetrie de !'attention visuelle de Ia mere
et du hebe au· cours d'interactions en face a face: « Ia mere regarde le bebe quasi constam-
ment, qu'illui rende son regard ou non, de maniere ace que des qu'il s'oriente vers t:lle
il retrouve le contact visuel. ( .•. ) le bebe, -lui, alteme vers elle et loin d'elle (...) » (p. 59).
E. Fivaz applique le modele de l'encadrement aux interactions triadiques. Elle distingue deux
positions fonctionnellement differentes: 1 I dans Ia position tiers/parent-hebe, l'un des
parents encadre Ia dyade formee par I' autre parent et le hebe; 2 I dans Ia position couple
parental/hebe, les deux parents forment une dyade encadrante, tandis que le hebe repr6-
sente un sous-systeme encadre.

Perturbations de /'interaction mere-nourrisson

Le champ des perturbations de !'interaction mere-:nourrisson est extrl:mement vaste. Divers


aspects de ces perturbations sont traites dans d'autres partieS de cet ouvrage (Nouvelles
approches de l'autisme, 71; L'enfant premature, 109; Le nouveau-ne en dei:resse vitale, 110;
Meres toxicomanes et leurs bebes, 114; Le syndrome freto-alcoolique, 115; Le syndrome •
hypotonique, 113; Psychotherapies du nourrisson, 126; La clinique psychosomatique du
nourrisson, 116; La carence des soins matemels et ses effets, 148).
On pent envisager les perturbations de }'interaction mere-nourrisson de plusieurs points
de vue. Un premier point de vue, que l'on pourrait qualifier d'ethologique, consiste a etu-
dier des caracteristiques precises de !'interaction et a evaluer leurs alterations quantitatives
ou qualitatives. Ainsi, ont ete decrits l'exces et le manque de stimulation des jeunes nour-
rissons par leurs meres [Stem D.N., 1981] .. De m!me, on a considere ci-dessus les altera-
tions de Ia synchronie interactive [Brazelton T.B., 1975], celles de l'a~rdage affectif [Stem
D.N., 1984], celles du dialogue tonique en situation d'allaitement [Cukier-Hemeury F. et
a/;, 1979]. En fait, toutes les caracteristiques des interactions etudiees ci-dessus presentent
des variations pathologiques. Leur identification par le c!infcien est essentielle au diagnos-
. tic, ou au depistage, ou a Ia Pt-evention des pathoiogies en psychiatrie du riourrisson [4lbovici
s., 1989]. . '
Le deuxieme point de vue est etiologique et epidemiologique : il consiste a etudier les
332. Serge S(o/eru, Serge Lebovtci

perturbations des interactions en pr~ce d'un ou plusieurs facteurs de risque. Ces facteurs
de risque peuvent eux-memes l!tre surtout lies a !'enfant (presence d'un handicap sensoriel,
par exemple) ou aux parents (psychopathologie parentale) ou aux deux (dysmaturite, par
exemple). La connaissance de ces facteurs de risQue. a des implications essentielles sur le plan
de Ia prevention. '
Le troisieme point de vue est nosologique: il consiste a etudier les perturbations interac-
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
tives caracteristiques des diverses pathologies rencontrees en psycliiatrie du nourrisson, telles
que Ia depressiondp nourrisson, ou les pathologies psychosomatlques [Kreisler L., 1989 a;
Kreisler L., 1989 b). Nous presentons ci-dessous, a titre d'illustration, des exemples de per-
turbations interactives.
Parmi Ies facteurs de risque, Ia prematurite est frequemment a l'origine d'une souffrance
psyehologique chez les parents, anxieux, culpabilises, et blesses narclSsiq~ement. La sepa-
ration d'avec leur hebe accentue encore leur anxiete et leur sentiment de culpabilit6, en meme
temps qu'ils se sentent depossedes de leur& r6les parenta'ux. De plus, il arrive frequemment
que les « comt*ences » et les conduites neonatales soient perturbees chez les prematures,
augmentant enoore Ies sources de dysfonctionnement de )'interaction. Souvent, ils sont hyper-
reactifs ou, a )'inverse, apathiques, avec ceperi.dant des prematures se situant en position
intermediaire. La regulation de leurs etats de Vigilance et leurs capacites d'entrer en inter-
action sont generaiement plus faibles que celles des nouveau-nes a terme. Ainsi, Ia commu-
nication et !'interaction sont-elles generalement plus difficiles a etablir et moins gratifiantes
qu'avec les bebes a terme [Goldberg S. et al., 1980].
La prematurite n'est cependant qu'un facteur de risque et, dans Ia majorite·~ cas~ )'inter-
action mere-nourrisson evolue de maniere harmonieuse. La guidance parentale et.Jes nou-
velles pratiques institutionnelles des. services de neonatalogie, visant a ne pas' prolonger
indOment Ia separation parent-nourrisson, devraient Cflnstituer d'efficaces mesures de pre-
vention. Le facteur pronostique majeur, en cas de prematurite, est en effet Ia'qualite de
l'interaction,mere-nourrisson [Sameroff A.J. et Chandler M.J., 1975].
~ dysmaturite, ou retard de croissance intra-uterin, est egalement un facteur de risque.
H. Als et al. [1976] ont mis en evidence que le nourrisson dysmature a davantage de diffi-
cultes a maintenir un etat de vigilance calme et attentif, le plus propice a !'interaction;
lorsqu'il est tenu dans Ies bras, son ajustement postural est moins aise; il se montre plus
• difficile a apaiser. .
L'existence de difficultes familiales majeures dans l'enfance des meres (placement avant
I'Age de 16 ans, dislocations.familiales diverses) constitue un facteur de risque tenant ici a
Ia mere; il a ete montre [Pawlby S.J. et Hall F., 1980] que ces meres avaient avec leurs nour-
rissons une moins grande richesse dans )'interaction, et cela sur le plan des contacts physi-
ques, des sourires, du jeu et de Ia maniere de les tenir. A I'ige de 24 mois,le developpement
langagier de leurs bebes etait moins bon. Ces resultats ont une valeur d'un point de vue sta-
tistique; cependant, en raison de Ia variabilite interindividuelle; on ne peut pas emettre de
pronostic concernant le comportement maternel individuel simplement en se basant sur Ia
presence d'antec&tents de difficultes familialeS majeures dans l'enfance.
La depression maternelle est 'un autre facteur de risque de perturbations interactives. Field
et al. [1990] ont etudie )'interaction en face a face de meres dCprimees et de meres' non depri-
mees (temoins) avec leurs nourrissons Ages de 3-4 mois. Comparees aux meres non depri-
mees, les meres deprimees presenterent de maniere plus prolongee une attitude designee
L 'interaction parent - nou"isson 333

« expression. de colere/malmene le bebe » et une autre attitUde designee· « se retire de


l'echange interactif »; inversement, les comportements de jeu furent observes de maniere
plus breve chez ces meres que chez les meres temoins. En ce qui conceme les bebes, ceux
de meres deprimees presenterent de maniere plus prolongee un etat de « protestation )) et
de maniere plus breve un comportement de« jeu ».A l'echelle de la dyade, les dyades ou
la mere etait deprimee presenterent de maniere plus prolongee la combinaison de compor-
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
tements « colere/malmene (chez la mere) - protestation (chez le nourrisson) » et la com-
bfuaison « se retire de l'echange - ne regarde pas vers sa mere »; inversement le
comportement de jeu simultane chez la mere et le bebe etait plus bref dans ces dyades que
dans les dyades temoins. Les resultats de J.F. Cohn eta/. [1990] vont dans le m@me sens.
Comparees a des meres temoins, au cours d'interactions en face a face avec des nourris-
sons llges de 2 mois, les meres deprimees et ne travaillant pas manifesterent davantage
d'affects et d'attitudes de type « negatif )) : colere, tristesse, irritation, intrusivite, et desin-
ter@t. Une telle difference ne s'observera pas chez les meres. deprimees qui travaillaient. En
ce qui conceme les bebes, une reduction des expressions d'interet se manifesta_seulement
chez les bebes des meres qui ne travaillaient pas.
D'autres perturbations ont ete observees dans les dyades ou la mere est psychotique
[Lamour M., 1989]. Les perturbations suivantes, sans etre constantes, sont caracteristiques.
On note un evitement du regard de la part de Ia mere; du cOte du nourrisson, s'observe
une hypovigilance visuelle, qui peut evoluer vers un evitement 'du regard. Sur le plan du dia-
logue tonique, il y a de la part de la mere une altemance chaotique de rapprochements cor-
porels et de mises a distance; le bebe reagit souvent par une hypotonie. La tolerance
matemelle vis-a-vis de l'activite motrice est faible et le nourrisson reagit par une ~eduction
de celle-ci. Les interactions vocales sont egalement appauvries ; enrm la dimension ludique
est extr@mement reduite. ·

Le rOle des representations maternel/es dans /'interaction mere-nourrisson

Main et al. [1985] ont observe, dans 73 OJo des dyades, une concordance entre le modele
d'attachement matemel, etudie grllce a une interview structuree portant sur la relation de
la mere avec s~ propres figures d'attachement, et le type d'attachement de l'enfant a sa
mere, directement observe grllce ala« Strange situation » d'Ainsworth et al. [1978]. Cro-
well et Feldrn@ [1986] ont montre, de m@me, que le modele d'attachement des meres a leurs
propres meres influenr;ait leur comportement avec leur enfant de 3 ans lorsque celui-ci etait
face a une tache cognitive: les meres dont l'attachement etait silr (secure attachement)
aidaient plus leurs enfants que les meres dont l'attachement etait preoccupe {preoccupied
attachment) ou que les meres non attachees a leurs figures parentales (detached). Haft et
Slade [1989], etudiant les interactions de meres avec leurs bebes d'environ un an, ont montre
que la prevalence des episodes d'accordage affectif etait plus elevee chez les meres dont l'atta-
chenient etait silr que chez celles dont l'attachement etait mal assure (insecure).
Ces recherches recentes, bien que limitees a !'influence des representations matemelles
conscientes, se rapprochent cependant de !'etude des interactions fantasmatiques.

I
334 Serge Sto/eru, Serge Lebovici

Representations et interactions fantasmatiques

Depuis que J. Bowlby a propose une revision dechirante de Ia theorie de Ia genese de Ia


representation de I' objet et a defmi Ia relation interactive a partir de l'attachement, les spe-
cialistes ont decnt, comme on l'a vu, Ies interactions comportementales, affectives et fan-
tasmatiques [Lebovici S. et Stoleru s., 1983].
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
ll faut d'abord nous attacher a decrire Ia genese des representations mentales pour prC-
ciser Ia nature et I' organisation des interactions fantasmatiques: pour Freud Ia representa-
tion de I'objet nait,de l'absence des soins et d'une relative rupture dans l'unite du nouveau-ne
et des soins maternels. L'enregistrement des traces mnesiques des experiences de satisfac-
a
tion des besoins permet alors, grilce Ia r6activation des zones ero~nes auto-Crotiques,
d'halluciner Ia satisfaction, done le plaisir. Freud pouvait Ccrire t « Le sein (ou du moins
sa representation) nait de l'absence du sein. »
Bowlby a propose que I' on puisse defmir un modele interne de travail (internal working
model) pour decrire Ies representations de l'attachement. Comme on le sait, l'attachement
a ete etudie d'abord dans le paradigme de Ia « strange situation » (situation etrange) pro-
pose par M. Ainsworth [1978]: il s'agit d'etudier le comportement d'un enfant dans une
situation de laboratoire lorsqu'il est ilge d'un an; cet enfant reste d'abord avec sa mere en
presence d'un etranger et joue avec elle; Ia mere le quitte et!J.e laisse avec l'etranger; elle
revient; on etudie specifiquement le comportement de l'enfant a l'egard de sa mere lors de
son retour et on defnnt ainsi trois types d'attachement: defiant (A = 37 OJo), comtant
(B = 50 %), ambivalent (C = 13 %). M. Main et al. ont observe, dans 73 %des dyades,
a
une concordance entre le modele d'attachement matemel, etudie griee une interview struc-
turee portant sur Ia relation de Ia mere avec ses propres figures d'attachement, et le type
d'attachement de l'enfant a sa mere, tel qu'il est defmi dans Ia strange situation [1985]. Pat
ailleurs le modele d'attachement des meres a leur propre mere influence leur comportement
a
avec leurs enfants de trois ans, lorsque celui-ci est appele des tiches cognitive& [Crowel
.J .A. et Feldman S.S., 1986] : les meres dont l'attachement etait silr et confiant. aidaient mieux
a
leurs enfants que les meres non attachees leurs figures parentales. W.L. Haft et A..S. Slade
[1989] ont montre que Ia prevalence des episodes d'accordage affectif etait plus elevee chez
les enfants dont l'attachement etait confiant. ·
Du.c6te des enfants, l'attachement confiant s'observe chez des enfants qui plus tard seront
plus silrs d'eux en entrant a l'ecole: Des travaux dont on pourra trouver Ia trace dans le
a
numero de l'Infant Mental Health Journal [1991], consacre John Bowlby, tendent d'ail-
leurs a montrer qu'il y a comme une continuite qui mene de l'attachement des parents a
a
l'attachement du hebe: c'est ce que les auteurs americains tendent appeler Ia transmis-
sion intergeneratiouelle. On verra plus loin que cette definition nous parait tres insuffisante.
·Pour le montrer, rappelons d'abord les elements 4~une theorie coherente de Ia genese de
Ia representation de I' objet matemel chez le hebe [Stem D., 1985]: Ia precocite remarqua-
ble des representations des soins maternels chez le hebe a ete signalee dans de nombreux
travaux. On se rappelle que Bowlby decnvait le fait que le·be~ tendait les bras vers sa l)lere
comme un heritage phylogenetique du comportement d'agripPement chez le singe; ce qui
est plus remarquable, c'est que des six semaines I' enfant qui tend les bras vers Ia mere le
fait aussi sans Ia voir mais en l'entendant, autrement dit il associe dans 5a sensorialite le
vu et l'entendu. On peut dire qu'li partir de sa sensorialite brute, tres differente du systeme
L 'interaction parent - nourrisson. 335

perceptif de l'adulte, associee a des emotions« vitales », le bebe construit son Soi ou sa
conscience de !'organisation d'une continuite de vie psychique qui n'eSt pas differente de
ce qu'il ressent au uiveau de son corps. Mais il est aussi possible de dire que des trois mois
!'enfant associe aces rudiments de son Soi les debuts d'une experience interpersonnelle: ces
interactions tendent a se re¢ter, sans se reproduire, mais de fa~n analogue, ce qui tes con-
duit a s'associer a des «. eventualites )) qui deviennent des « evenements )) dans le cadre d'un
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
veritable scenario : celui-ci permet de savoir ce que seront « apres coup » les constructions
de Ia psychanalyse.
Interactions hannonisees, c'est-a-dire interactions entre le noyau du soi et les actions des
autres conduisent des le deuxieme semestre de Ia premiere annee de Ia vie non seulement
au fonctionnement interpersonnel mais intersubjectif, au moment oil le bebe pr@te des inten-
tions a I' objet permanent dont iJ sait qu'il s'agit de sa mere (ou d'un autre partenaire), autre-
ment dit ~~~regime des representations mentales s'est maintenant fait jour.
Bien entendu le mot representation risque d'@tre dans !'esprit du lecteur trop proche de
Ia notion de figuration: lorsqu'il utilisait Ie mot Vorstellung, Freud voulait parler d'une pen-
see, d'une image..La representation maternelle apparait done comme \ID modele qui selon
les psychanalystes fonctionne d'abord dans l'inconscient pour se symboliser ensuite dans
des mots. .
Nous croyons que representation de choses et representation de mots et acces a Ia symbo-
lisation du langage ne sufflsent pas a decrire le systeme interactif ep voie de developpement.
C'est ici que nous proposons Ia description des interactions fantasmatiques:
1 I La mere qui donne ses soins y inclut en effet !'enfant imaginaire et !'enfant fantas-
matique: ·
- !'enfant imaginaire est celui qui natt avec son desir de grossesse. Celui-ci, relativement
tardif dans notre civilisation, est programme et plut8t rare (1,87 par femme en France).
L'enfant imaginaire nait apres Ia periode de transparence psychique du premier trimestre
. de Ia grossesse. La jeune femme imagine alors un enfant qu'elle donne a son conjoint; elle
espere un sexe; elle a peur qu'il ne soit mal forme: elle le voit a l'echographie et a notre
epoque connatt son sexe avant !'accouchement dans les trois quarts des cas. Le choix du
prenom, lorsqu'il n'est pas defmi par le code culture!, conduit a des discussions qui deja
engagent l'avenir de !'enfant: ce prenom sera celui d'un grand-pere adore, d'un parent mort
trop t8t, d'un amour secret, etc. ;
- !'enfant fantasmatique est. celui du desir de maternite et du desir d'enfant: il remonte
a un passe lointain, celui des conflits infantiles devenus inconscients. Comme sa mere, Ia
future grand-mere, Ia jeune femme 'veut donner un enfant au grand-pere matemel ..
A l'egard de l'epouse de ce dernier elle contracte une dette de vie puisque Ia naissance
de !'enfant signifie a celle-Ia qu'elle a saute une generation et qu'elle n'aura plus de bebe.
Ainsi le nouveau-ne sera-t-il souvent le support des'faritasmes qui concement les grands-
parents maternels. Un certain nombre d'enfants sont victimes de sevices de ce fait.
Autrement dit Ia mere porte dans ses bras !'enfant de Ia realite vis-a-vis duquel elle est
certainement ambivalente, mais aussi !'enfant imaginaire et !'enfant fantasinatique. Toute
·sa vie psychique s'inscrit dans ces soins maternelS. De ce point de vue, nous. serous d'accord
avec J. Laplanche [1989]lorsqu'il indique qu'en donnant ces soins, Ia mere transmet sacul-
ture et le produit de sa sexualite infantile et inconsciente. C'est ce qui lui permet de pre-
senter Ia theorie de Ia seduction generalisee qui est, bien entendu, essentiellement chargee
du narcissisme maternel.
336 Serge Stoleru, Serge Lebovici

2 I De son oo~ « l'enfant investit sa mere avant que de Ia percevoir. » [Lebovici S., 1960].
Mais ces representations naissantes se chargent de toute Ia vie fan~tique dont Ia nais-
sance a ete decnte de fa~ns diverses par les psychanalystes. Reprenons Ia formule de
M. Pi'ilol-Douriez (1984): « l'affect est en faim de representations » et l'allegorie de Wm-
nicott (1971): I' enfant qui regarde sa mere voit d'une part ses prunelles, d'autre part sa mere
qui le regarde. C'est-a-dire que sa mere voit son enfant en traitl de regarder qu'elle Ie
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
regarde: ainsi s'etablit un jeu infini de miroirs, d'ombres, de reflets, en un mot de fantasmes.
Pour des recherches cliniques sur Ia pathologie interactive du developpement [Sameroff A.
et Emde R., 1989], nous croyons qu'il faut mettre en lumiere le jeu des interactiorui fan-
tasmatiques, c'est-a-dire faire parler des parents de leur enfant imaginaire.
1 I Cet enfant imaginaire et fantasm~J,tique est plus facile a connaitre par !'exploration
du fonctionnement preconscient des parents : l'enfant imaginaire est ainsi porteur d'un destin
qui est en verite transgenerationnel, comme on l'a vu plus haut: il est charge d'un mandat
familial qu'il va atre oblige de realiser et qui est precise a travers « l'arbre de vie des
parents » [Byng-Hall J., 1991] et son « genogramme »: on comprend ainsi que, nous don-
nons un sens plus imperatif, mais plus porteur de Ia vie fantasmatique des parents, a Ia
1

notion de tranSmission intergenerationnelle.


2 ·I Le hebe ne peut parler de lui : c'est son comportement en face de ce que font et disent
ses parents qui va exprimer sa vie fantasmatique naissante. Tel est ce hebe qui, agrippe au
regard de sa mere, n'entend pas ses vocalisations; tel autre hypotonique tombe de ses bras
et ne se redresse qu'en ~ vigoureusement un doigt de sa mere; tel autre repond au decou-
ragement matemel par une attaque vigoureuse de ses seins, etc. Autrement dit les echan-
ges font comprendre Ia genese de Ia vie mentale de l'enfant. '
3 I Mais, pour penetrer ces interactions fantasmatiques il faut que leur observateur ait
une attitude empathique, qu'il comprenne et ressente en mente temps Ia nature' des echan-
ges entre les protagonistes de la dyade ou de Ia triade. Roy Schafer [1990] propoiie que cette
empathie soit qualifiee de generative et R. Emde [1991] Ia qualifie de metaphorisante.
C'est ici que se rejoignent, sans que l'on vise a une reelle «transduction», les theories
de !'auto-organisation du systeme nerveux et celle de Ia vie mentaie naissante,

:mFERENCES

AINSWORTH M.D.S., BLBHAR M.C., WATERS BLBICHFEI.D B., MOELY B.E. (19114), ~hy­
E., WALL S. (1978), Patterns of attachment: a siological responses to an infant cry : comparisons
psychological stud)' of the strange situation, Hllls- of groups of women in different phases of the mater-
~e. NJ, Erlbaum. · nal cycle; Developmental Psychology, 20, 1082-1091.
ALS A., TRONICK E., ADAMSON L. lind BRA- BOWLBY J. (1969), A,ttochment et perte, vol. l:
ZELTON T.B. (1976), The bebavior of the full-term Attachment, trad. fr. Kalmanovitch J., Paris, PUF,
but underweight newborn infant, Dev. Med. Child 1978.
Neurol., 18, 590-602. BRAZELTON T.B., TRONICK E., ADAMSON L.,
ALS H. et WISES. (1975), Early motber-infant reel-·
ANDERSON B., VIETZB P., DOKECKl P. (1977), procity, .in Parent-In/ant interaction, Ciba Founda-
Reciprocity in vocal interactions of motbers and tion Symposium 33 (new series), Amsterdam,
infants, Child Development, 48, 1676-1681. Elsevier Scientific Publishing Company.
BELL S.M. et AINSWORTH.M.D.S. (1972), Infant BRAZELTON T.B. (1979), Behavioral competence
crying and maternal responsiveness, Child Dev., 43, of the ne\vbom infant, $eminars In Perlnatology, 3,
1171-1190. 42. .
L 'interaction parent - nourrisson 337

BRAZELTON T.B. (1984), The neonatal behavio- DOWD J.M., TRONICK E.Z. (1986), Temporal
ral assessment scale, Londres, Blackwell. coordination of arm movements in early infancy: Do
BRIDGES L., CONNELL J., BELSKY J. (1988), infants move in synchrony with· adult speech? ChOd
Similarities and differences in infant-mother and Development, 57, 762-776.
infant-father interaction in the strange sitUation: A EMDE R.N. (1980), Towards a psycl1-oanalytic
component process analysis, Developmen/al Psycho- theory of affect. II. Emerging models of emotional
logy, 24,, 92-100. development in infancy, in Greenspan S.I., Pollock
BRUDAL L. (1984), « Paternity Blues » and the G.H. (eds); The Course of life, vol. I, us Depart-
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
father-child relationship, in Call J.D., Oalenson E. ment of Health and Human Services, DHHS Publica-
Tyson R.L. (eds), Frontiers in Infant Psychiatry, tion n• (ADM) 80-786.
vol. 2, New York, Basic Books.
FERGUSON C. (1964), Balby talk in six languages,
BRUNER J.S. (1983), Le dheloppement de /'enfant.
American Anthrop(}logy, 66, 114-130.
Savoir faire, savoir dire, Pliris, PUF.
FIELD T., HEALY B., GOLDSTEIN S.,
CANDIUS-HUISMAN D. (1990), L'enfant createur
OUTHERTZ M. (1990), Behavior-state matching
de liens. Place et.r6le du bebe dans les interactions
. prl!coces, Dialogue, n• 108, 13-23. and synchrony in mother-infant interactions of non-
CASATI I. (1987), Pr6mices du baiser chez le nour- depressed versus depressed dyads, Developmental
risson au cours de Ia pJ"e!]liere annee, Psychiatrie de Psychology, 26, 7-14. ·
l'enfant, 30, 85-104. FIVAZ-DEPEURSINGE E. (1987), Alliances et
COHN .J.F., CAMPBELL S.B., MATIAS R., misalliances dans /e dialogue entre adulte et blbl.
HOPKINS J. (1990); Face-to-face interactions of La ctJ1T11111111ipztion prlcoce dans Ia famil/e, Neuchi-
postpartum depressed and nondepressed mother- tel, Paris, Delachaux et Niestl~.
infant pairs at 2 months, Devefopmenlal Psychology, FOGEL A. (1977), Temporal organization in
26, 16-23. mother-infant face-to-face interaction, in Schaffer
CONDON W.S., SANDERS L.W. (1974), Neona- H.R. (ed.), Studies in mother-Infant interaction,
tal movement is synchronized with adult speech : Londres, Academic Press.
interactional participation and language acquisition, FORMllY D. (1967), Maternal recognition of
Science, 183, 99-101. infant's cry, Dev. Med. Child Neurol., 9, 293-298.
CORBOZ A., FORNI'P ., FJVAZ E. (1989), Le jeu FRODI A.M., LAMB M.E., LEAVITT L.A.,
a trois entre pere-mere et bebe : une methode DONOVAN W.L. (1978), Father's and mOthers' res-
d'analyse des interactions visuelles triadlques, Neu- ponses to infants' cries and smiles, Infant Behaviour
ropsychiatrie de l'enfance et de I'adolescence, 37. and Development, 1, 187-198.
23-33. GOLDBERG S., BRACHFELD S. et DIVITTO B.
COSNIER J. (1984), Observation dlrecte des interac- (1980), Feeding, fussing and play. Parent-infant
tions precoces, ou les bases de l'epige!Wse interaction- interaetion in the frrst year as a· function of prema-
nelle, Psychiatrie de l'enfant, 27, 107-126. turity and perinatal medical problems, in Field T .M.,
CRAMER B., STERN D.N. (1988), Evaluation des Goldberg S., Stem D., Sostek A.M., High-risk llifant
changements relationnels au cours d'une psychoth~­ and chi/dre(), adult and peer ·interactions, New York,
rapie breve mere-nourrisson, in Cramer B. (ed.), Academic Press. ·
Psychiatrie du blbl. Nouvelles fronti~res. Paris, GOLDBERG. S. (1983), Parent-infant bonding:
Eshel. Another look, Child Development, 54, 13S5-1382.
CROWELL J.A., FELDMANN S.S. (1988), GOUGH D. (1962), The v~l behaviour ofllifants
Mothers'· internal models of relationsl!ips and chil- in the first few weeks of life, Proceedings of the
dren behavioral and develapmental status.: a study Royal Society of Medicine, 55, 308-310.
of mother-cblld interaction, ChUd Development, 59, GREENBERG M. et MORRIS N. (1974), Engross-
1273-1285. ment : the newborn lmpaet upon the father, Ameri-
CUKIER-HEMEURY F., LUINE I. et DE AJU-
RIAGUERRA J. (1979), Les postures de l'allalte-
can Journal of Orthopsychiatry, 44, 520-531.
GREENSPAN S.I, et LIEBERMAN A.F. (1980),
ment au seln chez Jes femmes prlmipares, Psychiat.
enfant, 22, 503-518. Infants, mothers and their interaction. A quantita-
DE AJURIAGUERRA J., et CASATI I. (1985), tive clinical approach to developmental assessment,
Ontogenese des comportement& de. tendresse: In Greenspan S.l., Pollock O.H. (eds), The course
I. Etude de l'embrassement (etrelnte) a partir clu pat- of life, vol. I, us Departement of Health and
tern << tendre les bras », Psychiatr. enfant, 28, Human . Services, DHHS Publication n• (ADAM)
325402. 80-786.
DE AJURIAGUERRA J., ANGELERGUES R. GROSSMANN K., THANE K., GROSSMANN
(1962), A propos de l'reuvre de Henri Wallon, K.E. (1981), Maternal tactual contact of the newborn
L'Evolution psychiatrlque, 27, 13-25. after various conditions of mother-infant contaet,
DE CHATEAU P. (1976), Neonatal-care routines: Developmental Psychology, 17,.158-169. ·
Influences on matemal and Infant behavior and on HAFT W.L., SLADE A. (1989), Affect attunement
breast-feeding (thesis), Umea University (Sweden), and maternal attachment : a pilot study, Infant Men-
Medical Dissertations, NS, n• 20. tal Health Journal, 10, 157-172.
338 Serge Stoleru. Serge Lebovici

HALES D.J., LOZOFF B., SOSA R., KENNEL LAMOUR M. (1989), Les nourrissons de parents
- J .H. (1977), Defining the limits of the maternal sen- psychotlques, In Lebovici S. et Weil-Halpem F.
sitive period, Developmental Medkine and Child (eds.), Psychopathologie du b4b4, Paris, PUP.
Neurology, 19, 454461. LANDAU R. (1989), Mfect and attachment: Kis-
HARTUP W.W. (1985), Relationships and their sing, hugging and Pattios as attachment behaviors,
significance in cognitive development, in Hinde R., Infant Mental Health /OUI'!I/ll, 10, 59-69.
Perret-Clermont A.N., Stevenson-Hide J. (eds), LEBOVICI S., en coUab. aVec STOLERU S. (1983),
Social relationships and cognitivt development, Le nourrlsson, Ia mh'e et le psychanalyste, Paris, Le
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
Oxford, Clarendon Press. Centurion.
HUBBARD F.O.A., VAN UZENDOORN l\4.H •• LEBOVICI S •. (1989), La psychiatrie du nourrisson
(1987), Maternal1inresponslyene and Infant crying: et Ia pathologie des interactions precoces, in Lebo-
a critical replication on the Bell and Ainsworth study, vici S. et Weil-Halpem F. (eds); Psychopathologie
du b4b4, Paris, PUP.
In Tavecchio L.N. and villi Ijzendoom M.H. (eds), LEIFER A., LEIDERMAN P., BARNETT C.,
Attac{lment in social networks, North Holland, WILLIAMS J. (1972), Effects of mother-Infant
Elsevier. &eparatlon on maternal attachment behavior, ChUd
HUNZIKER U.A., BARR R.G. (1986), Increased Dev., 43, 1203-1218. ' .
carryilig reduces infant crying : a randomized LEMAIRE J.-0., FIVAZE. (1989), L'organisation
controlled trial, Pediatrics, 71, 641-648. familiale et Ia psychopathologie du b6bt!, in Lebo-
HURSTEL F. et DELAISLDE PARSEVAL G. vici S. et Weill-Halpem F. (eds), Psychopathologle
(1990), Mon fils, ma bataille, in Delumeau J. et du b4b4, Paris, PUP.
Roche D. (eds), Hlstoire des plres et de Ia patemlt4, LESTER B.M. et ZESKIND P.S. (1981), A blobe-
Paris, Larousse. havioral Pl'fSI)ective on crying in early Infancy, in
HURSTEL F. (1985), Les changements dans Ia rela- Fitzgerald H.E., Lester B.M. and Yogman M.W.
tion pCre-nourrisson en France: qui sont les ~ qui (eds), Theory and research in behavioral pediatrics,
« paterltent » ?, Neuropsychiatrle de l'enfance et de _ New York, Plenum.
l'ado/J!Scence, 33, 85-88. LEWIS M. and ROSENBLUM L. (eds), The effect
JASNOW M., FELDSTEIN S. (1986), Adult-like ~f the Infant on his caregiver, New York, W'lley.

temporal cbaracteristlc:s of motller-lnfant vocal inter- LBziNE I. (1975), Observations sur le couple m~e­
actions, Child Developpment, 51, 154-161. enfant au cours des premieres eXperiences a11mentai-
JOSSE D. et ROBIN M. (1983), 'A propos du res, Psych/at.' enfant, 18, 15-146.
contenu du langage maternel, Psychiatrie til! l'etjfant,
MAIN M., KAPLAN N., CASSIDY J. (1985), Secu-
rity of attachment in Infancy, children, and adult-
26, 99-140. hood : a move to the level of representation, in
KENNEL J.H., JERAULD R., WOLFE H., CHES- Bretherton I., Waters E. (eds), Growing points of
LER D., REGER N.C., McALPINE D., STEFFA attachment theary and research, SRDC Monographs,
N. et KLAUS M.H. (1974), Maternal behaviour one 49 (6), serial n° 209.
year after early and extended post-partum contact, MALATESTA C.Z., GRIGORYEV P., LAMB C.,
Dev. Med. Child Neurol., 16, 172-119. ALBIN M., CULVER C. (1986), Emption sociali-
KENNY D.A. (1979), Correlation and causality, zation and expressive development in' preterm and
New York, W'lley. fuJI-term Infants, Child Development, 51, 316-330.
KESTENBERG J.S., MARCUS H., SOSSIN K.M., MALATESTA C.Z., HAVILAND J.M. (1982),
STEVENSON R. (1982), The development of pater- Learnlns display rules : The soci8Hzatil)n of emotion
nal attitudes, in Cath S.H., Ourwitt A.R., Ross J.M. expression in lnfanqy, Child Develapment, 63,
(edS), Father and child. Developmental and clinical 991-1003. '
perspectives, Boston, Little, Brown and Company. MAURY M., VISIER J.P., MONTAONER H.
KLAUSS M.H. and KENN)3L J .H. (1976), Mater- (1989), Interet d'une approche integrc!e, psycblatrl-
na/Infant bonding: the Impact of early separation que et ethologlque des Interactions ll!itre le b6be et
or loss offamily develapment, Saint Louis, Mosby. sa mbre et de leurs dysfonctlonnements, In. Lebovici
KOTELCHUCK M. (1976), The Infant's relationship S., Mazet P., Visier 1..-P. (eds), L'l!valuation des
to the father: Experimental evidence, in Lamb M.E. interactions entre le b4b4 et ses partenalres, Paris,
(ed.), The role of the father In child development, Eshel.
New York; Wiley. O'CONNOR S., VIETZE P.M., SHERROD K.B.,
SANDLER H.M., ALTEMEIER W.A. (1980),
KREISLER L. et CRAMER B. (1981), Les bases cli-
~educed inc!dence of parenting~ following
niques de Ia psychiatrie du nourrisson, Psychiatrle roomJns-in, Pediatrics, 66, 116-182. .
de /'enfant, 24, 233-263. PARKE R.D, (1981), Fathers, Cambridge, Harvatd
KREISLER L. (1980 a), La ~ression du nourris- University Press. ·
son, in Lebovici S. et Well-Halpern F. (eds), Psycho- PAWl.BY S.J., HALL F. (1980), Early Interactions
-Patholagie du b4b4,_ Paris, PUP. and later language development of children whose
KREISLER L. (1989 b), L'expression somatlque mothers come from disrupted fainilies or origin, in
dans Ia psychopathologie du nourrisson, in Lebovici Field T.M., Goldberg S., Stern D.,ISostek A.M.
s. et Well-Halpern F. (eds), Psychopathologie du (eds), High-risk Infants and children, aduli and peer
b4b4, Paris, PUF. interactions, New York, Academic Press.
L 'interaction parent - nourrissi:m 339

PEDERSEN F.A., RUBINSTEIN J.L. and YAR- STERN D.N. (1981), ~l'e'(Jnjant. Les premreres
ROW L.J. (1979), Infant development in father- relations; Bruxelles, Pierre Mardaga.
absent families, The Journal of Genetic Psychology, STERN D.N. (1984), Affect attunement, in Call
135, 51-61. J.D., Oalenson E., Tyson R.L. (eds), Frontiers In
POWER T.O. et PARKE R.D., (1983), Play as a Infant Psychiatry, vol. 2, New York, Basic Books.
context for early learning : laboratory and home STERN D.N. (1989), Les interactions affectives, in
analyses, In Sigel I.E., Laosa L.M. (eds), The family Lebovici S. et Well-Halpern F. (eds), Psychopatho-
as a learning environment, New York, Plenum. logie du WW, Paris, PUF.
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info par Silvia Alcalde (IP: 81.0.42.140)
REBELSKY F. et BLACK R. (1972), Crying in STOLERU S., MORALES-HUET M., ORINSH-
Infancy, The Joumal of Genetic Psychology, 121, POUN M:F. (1985), De !'enfant fantasmatique de
49-57. Ia grossesse a l'inteiaction mere-nourrisson;Psychla-
ROBSON K.S. (1967), The role of eye-to-eye con- trle de /'enfant, 28, 441-484.
tact in maternal-infant attachment, Journal of Child STUCKEY M.F., McGHEE P.E., BELL N.J.
Psychology and Psychiatry, 8, 13-25. (1982), Parent-child interaction: The influence of
SAMEROFF A,.J. et CHANDLER M.J. (1975), maternal employment, Developmental Psychology,
Reproductive risk and the continuum of caretaking 18, 635-644.
casualty, In Horowitz F .D., Hetherington E.M., TRUBY H.M. et LIND J. (1965), Cry sounds of the
Scarr-8alapatek S., Siegel O.M. (eds), Review of newborn Infant, in Lind J. (ed.), Newbom In/ant
child development research, vol. IV, Chicago, Uni- cry, Acta l>aediatrica Scandinavia, suppl. 163.
versity of Chicago Press. VUORENKOSKI V., WASz-HOCKERT 0., KOI-
SIEGEL E., BAUMAN K.E., SCHAEFER E.S., VISTO E. and LIND J. (1969), The effet of cry sti-
SAUNDERS M.M., INGRAM D.D. (1980), Hospi- mulus on the temperature of the lactating breasts of
tal and home support duting infancy: iinpact on primiparas : ·a thermographic study, Experiment/a,
maternal attachment, child abuse and neglect, and 25, 1286-1287.
health care utilization, Pediatrics, 66, 183-190. WASZ-HOCKERT 0., LIND J., VUORENKOSKI
SNOW C. (1912), Mother's speech to children lear- V., PARTANENT. and VALANNE E. (1968), The
ning language, Child Development, 43, 549-564. infant cry, Clinics in Developmental Medicine, 29,
SPITZ R.A. avec Ia collab. de COBLINER W.O. Spastics International Medical Publicetinns, Laven-
(1965), De Ia naissance d Ia parole. La premiere ham Press, England. ·
ll1l1l4e de Ia vie, trad. fr., Paris, PUF, 1968. YOOMAN M. (1982), Observations on the father-
STERN D., J~ J., BEEBE B., BENNE'IT S.L. infant relationship, In Cath S.H., Ourwitt A.R.,
(1975), Vocalising in union and in alternation: Two Ross J .M. (eds), Father and child. Developmental
modes of communication within the mother-infant and dink:al perspectives, Boston, Little, Brown and
dyad, Annals of the New York Academy of Scien- Company. .
ces, 263, 89-100. ZASLOW M., PEDERSEN F. SUWALSKY J.,
STERN D.N., HOFER L., HAFT W., DORE J. RABINOVICH B. and CAIN R. (1986), Fathering
(1984), Affect attunement: A descriptive account of during the infancy period : lmplicatioiiS of the
the intermodal communication of affective states bet- mother's employment· role, In/ant Mental Health
ween mothers and Infants, In Field T., Fox N. (eds), Joumal, 7, 225-234.
. Social perception In infants, Norwood, NJ, Ablex. ZESKIND P.S. et LESTER B.M. (1978), Acoustic
STERN D.N. (1974), The goal and function of features and auditory perceptions of the cries of new-
mother-infant play, J. Am. Acad. Child Psychlatr., borns with prenatal and perinatal complications,
13, 402-421. Child Dev., 49, 580-589.
STERN D.N. (1977), The infant's stimulus wbrld
during social inteiaction : A stady of caregiver beha-
viours with particular reference to repetition and
timing, in Schaffer H.R. (ed), Studies on Interaction
In Infancy, London, Academic Press.

Vous aimerez peut-être aussi