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ÉDITORIAL

Françoise de Barbot

Érès | « Contraste »

2020/1 N° 51 | pages 7 à 10
ISSN 1254-7689
ISBN 9782749266893
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-contraste-2020-1-page-7.htm
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Éditorial
Françoise de Barbot

L
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e numéro que nous vous proposons aujourd’hui diffère de ceux
auxquels nos lecteurs sont habitués. Peu de cas cliniques, pas
d’articles provenant du terrain, pas de témoignage, il se veut
didactique : le comité de rédaction a souhaité faire le point sur les
troubles du neurodéveloppement. Pourquoi un tel choix ?
Nous avons assisté depuis la fin du siècle dernier à un bouleversement
dans la conception des troubles observés chez certains enfants et, par
conséquent, dans les types de prise en charge proposés. Lorsque nous
considérons le paysage actuel, nous constatons que :
– l’autisme est passé du domaine de la psychiatrie à celui du
handicap et a fait l’objet de divers textes parlementaires et de
recommandations de la Haute Autorité de santé ;
– alors que le dsm 3 était considéré avec suspicion, comme le reflet
d’une approche américaine peu compatible avec notre culture,
le dsm 5 est aujourd’hui une référence incontournable ;
– de nouvelles structures se sont multipliées, comme les centres de
ressources : ils répondent à la demande (entre autres) de diagnos-
tics plus précis, grâce à des examens devenus « neuropsycho­
logiques » ; quant aux « plateformes » qui se mettent aujourd’hui

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Contraste 51 � Les troubles du neurodéveloppement

en place, elles doivent faciliter un dépistage et des prises en charge


plus précoces ;
– l’utilisation de technologies de pointe, en évolution permanente,
participe systématiquement aux consultations diagnostiques ;
– « le diagnostic génétique » est recherché dans de nombreuses
pathologies ;
– enfin, des méthodes de type aba prennent la place de thérapies
se référant à la psychanalyse.
Ce nouveau paysage correspond à un changement dans la représen-
tation de certaines pathologies de l’enfant. À côté du modèle psycho-
dynamique a émergé un nouveau modèle, neurodéveloppemental :
celui-ci relie de nombreux troubles observés chez les enfants à des
dysfonctionnements cérébraux. Cette évolution répond, bien entendu,
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aux progrès des neurosciences qui, avec l’aide de nouvelles technologies
comme les irm fonctionnelles, ont permis de mieux comprendre le
fonctionnement du cerveau. D’autre part, le développement cérébral
est de mieux en mieux connu : existence de réseaux neuronaux pré­­
cablés (avant la naissance) qui vont se développer, se modifier, régresser
ou s’enrichir, en fonction des rencontres avec l’environnement, myéli-
nisation progressive des fibres nerveuses jusqu’à l’âge adulte, etc. Des
étapes ont été identifiées. Elles conditionnent le développement de
l’enfant, sur les plans cognitif et comportemental. Les études réalisées
dans ce domaine ont permis de définir des normes selon les âges et le
trouble est alors conçu comme un écart à la norme, écart durable, ce
qui le différencie d’un simple retard.
Plusieurs facteurs nous semblent avoir favorisé l’ampleur des change-
ments observés dans les pratiques. Tout d’abord l’action des associations
de parents. Souvent malmenés au siècle dernier, ou du moins isolés
et ignorés dans leurs revendications, les parents se sont regroupés en
associations. Ils ont fait entendre leur voix et ont mobilisé les pouvoirs
publics. Ils se sont saisis des avancées scientifiques qui leur permettaient
de se dégager des modèle anciens et qui leur ont paru porteuses d’espoir.
Parallèlement les médias ont largement diffusé les idées nouvelles et

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la société s’est passionnée pour des domaines qui semblaient offrir un


champ infini de possibilités : que l’on pense à la génétique qui exerce
aujoud’hui une véritable fascination ! Enfin, les politiques d’intégration
scolaire favorisent la demande de bilans et de pédagogies adaptées aux
« troubles spécifiques », démarche qui commence à se diffuser et dont
on ne peut que souhaiter qu’elle se généralise.
Cependant bien des notions restent floues pour nombre de profession-
nels de terrain. « Que recouvre le terme de cognition ? » demandait
l’autre jour une psychologue de la vieille école. Question qui, d’ailleurs,
ne manque pas de pertinence tant ce terme a changé de significa-
tion depuis les années 1990… Quant à la « plasticité cérébrale » , elle
permettrait, selon certains, de réparer le cerveau grâce à des rééduca-
tions intensives : on comprend les espoirs que suscite cette notion,
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mais une absence de nuance dans sa présentation – ne pas en évoquer
les limites par exemple – ne peut que conduire à des déceptions. Les
« examens neuropsychologiques », eux aussi, suscitent beaucoup de
confusions. Des psychologues cliniciens rapportent que les demandes
qu’ils reçoivent sont fréquemment celles de « bilans neuropsycho­
logiques », comme si ceux-ci étaient les seuls pertinents aujourd’hui,
ou parce que les médecins prescripteurs ne font pas la différence entre
les diverses approches ? Et l’on voit circuler des comptes rendus inti-
tulés « neuropsychologiques « qui ne comportent qu’un wisc (Wechsler
Intelligence Scale for Children) !
Nous avons donc cherché à répondre de façon précise à un certain
nombre de questions :
– qu’entend-on par « neurodéveloppement » ?
– quels sont les troubles du neurodéveloppement ? Nous en
examinerons un certain nombre : troubles du développement
intellectuel (tdi), troubles du spectre autistique (tsa), troubles
du développement des coordinations (tdc ou tac), troubles du
déficit d’attention avec ou sans hyperactivité (tda/h), troubles
des apprentissages, troubles de la communication sociale. Dans le

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Contraste 51 � Les troubles du neurodéveloppement

cadre de ce numéro, nous n’avons pu être exhaustifs : les troubles


du langage seront seulement évoqués ;
– quels examens pour comprendre le fonctionnement d’un enfant,
parvenir à un diagnostic, orienter une prise en charge ? Nous
nous attarderons sur l’examen neuropsychologique, omniprésent,
et sur l’étude du comportement adaptatif.
Ces bilans, établis à partir de tests standardisés, ne devraient pas faire
oublier que, derrière les chiffres, il y a un enfant et que tout examen
(neuro)psychologique est une rencontre avec celui-ci. De même que
toute action de rééducation. Et, dans une approche épigénétique,
comment ne pas penser que les premières rencontres du bébé avec
son environnement humain jouent un rôle dans son développement ?
Plutôt que d’opposer approche neurodéveloppementale et approche
psychodynamique, ne serait-il pas temps de reconnaître leur nécessaire
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complémentarité ?

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