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Catherine Barthélémy
Érès | « Contraste »
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Résumé
L’autisme est un trouble du neurodéveloppement qui altère dès les premiers mois
de vie de l’enfant ses fonctions de communication sociale et d’adaptation à l’en-
vironnement. Grâce à des pratiques cliniques d’observation à l’aide de techno-
logies d’analyse dynamique du comportement du bébé (vidéo, eye-tracking), il
est possible de déceler très tôt des anomalies fines des ajustements réciproques
chez le bébé autiste. Celles-ci seraient liées à des anomalies, anténatales, du
développement et du fonctionnement de base des réseaux nerveux du « cerveau
social ». Ces systèmes neuronaux sont, avant l’âge de 4 ans, doués d’une « plasti-
cité » maximale. Le médecin de famille et les professionnels de la petite enfance
ont un rôle majeur dans la détection précoce du trouble pour orienter l’enfant
et sa famille vers des équipes pluridisciplinaires spécialisées et la mise en route
rapide d’un programme d’interventions individualisées, globales et coordonnées.
Mots-clés
Neurodéveloppement, troubles du spectre autistique, repérage précoce,
programme d’intervention.
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L
es critères de définition clinique de l’autisme, que l’on appelle
désormais « trouble du spectre de l’autisme », font consensus au
niveau international (dsm5, 2015 ; oms, 1993). Les particula-
rités comportementales caractérisant les enfants atteints ont été, dès
les premières descriptions publiées par Léo Kanner (1943) et Hans
Asperger (1944), regroupées en deux dimensions : le trouble des
interactions sociales et de la communication, aloneness, d’une part, la
pauvreté et la rigidité du répertoire des actions et des pensées, sameness,
d’autre part. À cette deuxième dimension se sont récemment ajoutées
les réactions atypiques et paradoxales aux stimulations sensorielles.
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L’approche clinique neurofonctionnelle du très jeune enfant permet de
revisiter la sémiologie de ce syndrome, d’éclairer finement les particula-
rités sensori-motrices et émotionnelles qui altèrent, le plus souvent dès
la naissance, les ajustements anticipés du bébé avec son partenaire et les
synchronisations. Rapidement une « insuffisance relationnelle » avec
véritable « dyspraxie sociale » s’installe et désorganise les acquisitions
dans tous les domaines : comportementaux, cognitifs et socio-émotion-
nels. Ces dysfonctionnements de la communication et de l’adaptation
sont d’intensité variable d’un individu à l’autre et souvent associés à
d’autres troubles du développement (déficience intellectuelle, hyper
activité, maladie génétique, épilepsie). C’est en raison de cette diversité
des situations cliniques que l’on parle de « spectre de l’autisme ».
Les écarts de développement du bébé, ses particularités de fonctionne-
ment sont le plus souvent ressenties de manière très juste par les parents.
Le médecin de famille et les professionnels de la petite enfance ont un
rôle majeur dans la détection précoce du trouble pour orienter l’enfant
et sa famille vers des équipes pluridisciplinaires spécialisées et mettre
en route rapidement un programme d’intervention (Stratégie nationale
pour l’autisme au sein des troubles du neurodéveloppement, 2018).
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dement dès 2-6 mois chez des bébés diagnostiqués plus tard avec
autisme (Jones et Klin, 2013). Dans les travaux sur la communication
préverbale et le « mamanais », les échanges vocaux ont été analysés
à partir de films. La comparaison avec des bébés au développement
normal met en évidence des décalages temporels, des « désynchro-
nisations » qui altèrent les premières « conversations » (Mahdhaoui
et coll., 2011). La comparaison avec des enfants au développement
normal et avec retard sans autisme permet de les décrire, dès le
deuxième semestre de vie. Ce déclin fonctionnel semble spécifique
de l’autisme (Saint-George et coll, 2011). On peut parler de trouble
de l’orchestration multimodale des interactions sensori-motrices et
socio-émotionnelles réciproques.
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des réseaux nerveux est couplée à une approche neuro-chimique avec
repérage et étude fonctionnelle de substances chimiques-clés impliquées
dans la régulation de l’activité cérébrale dédiée : il en est ainsi du chlore
et des récepteurs gaba (Hadjikhani et coll., 2015) et de l’ocytocine
(Andari et coll., 2010). Des pistes sont en cours d’exploration pour le
développement de médicaments, car à ce jour il n’existe pas de traite-
ment pharmacologique qui guérisse l’autisme.
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se forment et s’organisent. Des indices de « risque d’autisme » sont
objectivés. Sans attendre le diagnostic, les praticiens sont engagés
maintenant, selon les recommandations internationales, à mettre
en œuvre au plus vite un projet global d’intervention adapté et
personnalisé, co-élaboré avec la famille, au sein duquel les approches
éducatives, rééducatives et thérapeutiques se complètent et se poten-
tialisent (has, 2012 ; 2018).
Bibliographie
apa. American psychiatric association. 2013. Diagnostic and Statistical
Manual of Mental Disorders, dsm-5, Arlington, us, American Psychiatric
Association.
Andari, E. ; Duhamel, J.-R. ; Zalla, T. et coll. 2010. « Promoting
social behavior with oxytocin in high-functioning autism spectrum
disorders », Proc. Natl. Acad. Sci. usa, 107 (9), p. 4389-4394.
Asperger, H. 1944. Die Autistischen Psychopathen im Kindesalter,
Archiv für psychiatrie und nervenkrankheiten, 117, p. 76-136.
Barthelemy, C. (sous la direction de). 2019. Dossier Autisme, La
revue du praticien, 69, p. 737-758.
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bonne pratique.
Haute Autorité de santé (has). 2018. « Trouble du spectre de l’au-
tisme. Des signes d’alerte à la consultation dédiée en soins primaires »,
Recommandation de bonne pratique.
Jones, W. ; Klin, A. 2013. « Attention to eyes is present but in decline
in 2-6-month-old infants later diagnosed with autism », Nature, 504,
p. 427-431.
Kanner, L. 1943. « Autistic disturbances of affective contact », Nervous
Child, 2, p. 217-50.
Mahdhaoui, A. ; Chetouani, M. ; Cassel, R.S. et coll. 2011.
« Computerized home video detection for motherese may help to study
impaired interaction between infants who become autistic and their
parents », Int. J. Methods Psychiatr. Res., 20, p. 6-18.
Organisation mondiale de la santé (oms). 1993. cim10/icd10
10e révision de la classification internationale des troubles mentaux et des
troubles du comportement, tr. fr., Genève, oms, Paris, Masson.
Perrin, J. ; Le Menn-Tripi, C. ; Maffre, T. ; Barthélémy, C. 2014.
Les entretiens de psychomotricité. Les entretiens de Bichat, Paris, p. 1-12.
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