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Faire travailler ensemble tous les acteurs de l'inclusion ?

Présentation du dossier
Marie Toullec-Théry, Teresa Assude, Jean-Michel Pérez
Dans La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation 2012/1 (N° 57), pages 7
à 11
Éditions INSHEA
ISSN 1957-0341
ISBN 9782912489975
DOI 10.3917/nras.057.0007
© INSHEA | Téléchargé le 23/07/2023 sur www.cairn.info par Thibaut Bouchet-Gimenez (IP: 93.22.36.248)

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Dossier
Faire travailler ensemble
tous les acteurs
de l’inclusion ?
Présentation du dossier
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Marie Toullec-Théry
CREN, Université de Nantes & IUFM des Pays-de-la-Loire
Teresa Assude
ADEF, Aix-Marseille Université
Jean-Michel Perez
LISEC, Université de Lorraine

E
n posant cette question Faire travailler ensemble tous les acteurs de l’inclusion ?
ce dossier veut poursuivre, élargir et approfondir les échanges qui s’étaient
engagés à l’occasion des Troisièmes journées d’études internationales École et
Handicap, organisées à Nantes en mars 2011 par l’Institut français d’éducation (IFE),
l’université de Nantes (CREN), l’IUFM des Pays-de-la-Loire et l’université de Provence
(UMR, ADEF).
C’est à un réseau de chercheurs, fondateur en 2007 de l’Observatoire des pratiques
sur le handicap - Recherche et intervention scolaire (Ophris), que revient l’initiative
de ces journées. Par une approche interdisciplinaire, ce réseau associe didacticiens,
linguistes, psychologues, sociologues, chercheurs en sciences de l’éducation,
professionnels de l’enseignement, du secteur médico-social et de la santé. Le choix
de développer un réseau tient notamment à la complexité de l’objet de recherche
qui conduit à s’intéresser, d’une part à l’identification des difficultés d’apprentissage
de ces élèves, à leurs besoins éducatifs particuliers, et d’autre part aux pratiques de
scolarisation existantes – ou à construire – sur les plans didactique, pédagogique et
institutionnel. Les membres de cet observatoire s’intéressent en effet à la scolarisation
des élèves handicapés du point de vue des disciplines et des pratiques scolaires.
Deux des questions essentielles abordées sont les suivantes : quelles sont les
pratiques scolaires et disciplinaires qui facilitent l’inclusion des élèves handicapés ?

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Quels sont les représentations et les liens entre les différents acteurs pour créer
des conditions favorables à cette inclusion ?
En organisant des occasions d’échanges, Ophris vise également à stimuler la réflexion
par la mise en regard d’approches diverses sur le plan conceptuel et méthodologique,
ainsi qu’à contribuer à la coordination de travaux menés sur le handicap à l’école.
Cette approche plurielle est à l’œuvre dans ce dossier. Les auteurs, d’abord,
appartiennent à des horizons différents : ils sont enseignants-chercheurs, doctorants,
professeurs, inspecteurs, acteurs du monde associatif. Ils parlent donc de leur place
spécifique et font converser résultats de recherches et savoirs d’expérience. Les
échelles d’analyse, ensuite, sont variées et s’ouvrent à des expériences internationales,
nationales et locales.
Lors de ces Troisièmes journées, notre intention était d’interroger ce que la notion
d’inclusion, introduite en France par la loi du 11 février 2005, modifie dans les
systèmes éducatifs et chez les acteurs en jeu, dans leurs épistémologies et leurs
pratiques de terrain. Notre hypothèse est, en effet, qu’un système inclusif ne peut
s’opérer sans la mobilisation d’une pluralité d’acteurs, sans une « une organisation
conçue en commun par l’équipe éducative » (Plaisance, 2009, p. 27). Nous avons
donc focalisé notre attention sur les liens, les relations et les tensions entre les
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divers acteurs engagés dans la scolarisation des élèves en situation de handicap
que sont enseignants, Auxiliaires de vie scolaire (AVS), éducateurs spécialisés,
parents, etc.
Dans ce dossier thématique, il s’agit maintenant de poursuivre le travail amorcé lors de
ces journées et d’ouvrir ainsi des pistes de réflexions structurelles, organisationnelles,
didactiques et pédagogiques. Des termes comme collaboration, partenariat, actions
communes, co-explicitations y sont donc centraux. Nous nous proposons donc au
fil des articles :
- de mettre au jour et d’analyser les politiques institutionnelles en matière d’inclusion,
leurs logiques et leurs répercussions sur les conceptions, mais aussi les pratiques
effectives relatives au travail partenarial ;
- d’identifier la nature et la diversité des réseaux d’acteurs, les synergies qui se sont
constituées, mais aussi les obstacles rencontrés ;
- d’explorer pour mieux comprendre les pratiques coopératives effectives mises
en place par les acteurs et leurs contraintes. Nous cherchons ainsi à déceler les
facteurs qui rendent l’inclusion possible, qui l’interrogent ou la freinent.

Une première partie s’intéresse aux approches comparatives internationales, elle


regroupe deux contributions (D’Alessio, Delsarte) qui interrogent le partenariat
sous ses aspects politique et structurel. L’analyse des systèmes éducatifs, en
Belgique et en Italie, fait apparaître des aspects structurels singuliers et donc des
modalités d’organisation partenariale et collaborative contrastées. La cartographie
qui est dressée amène en effet à repérer des systèmes éducatifs s’organisant
dans un continuum allant d’un pôle privilégiant une filière unique accueillant
l’ensemble des élèves (l’Italie est un système qui représente bien ce choix)
jusqu’à un pôle marqué par des formes d’organisation à plusieurs filières où
l’école ordinaire côtoie l’enseignement spécialisé ou intégré (la Belgique). Ainsi

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Éric Plaisance évoque-t-il un continuum qui va « d’une logique de filières séparées
à une logique de complémentarité en fonction de leurs besoins [des enfants ou
adolescents en situation de handicap] et de leurs évolutions » (Ibid., 2009, p. 6).
Cette approche internationale conduit donc à considérer les modes de coopération
et de partenariat comme déterminés fortement par le choix structurel du système
éducatif mis en place.

Une seconde partie, interroge les enjeux du concept d’inclusion dans ses dimensions
historique, sociologique, éthique et dans son opérationnalisation. Cinq textes y sont
regroupés (Chauvière, Ebersold, Benoit, Lesain-Delabarre, Leboiteux) et un mini-
dossier (Plaisance), rassemblant les interventions de cinq acteurs de terrain qui se
sont exprimés lors d’une table ronde mise en place lors du colloque. Nous ciblons
ici plus spécifiquement les questions complexes et actuellement profondément
remodelées du travail partenarial. En effet, en posant que tout enfant en situation de
handicap est de droit un élève, la France opère, avec la loi de février 2005, un passage
qui se veut radical, refondant l’organisation historique à deux filières séparées pour
en privilégier une seule (M. Chauvière). La question de la scolarisation et donc des
savoirs se trouve au cœur de cette transformation.
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Mais s’il n’y a plus qu’une seule filière en droit, dans les faits il en existe encore
plusieurs aujourd’hui : celles des structures de l’Éducation nationale (générales et
spécifiques) et celles des structures du secteur sanitaire et social. Elles dépendent
d’ailleurs toujours de deux ministères différents : celui de l’Éducation nationale et
celui de la Santé. Il y a donc dès lors un véritable hiatus structurel dans le système
éducatif français.
Dans ces conditions, la question du partenariat reste problématique : construite
anthropologiquement, culturellement et institutionnellement dans des finalités et
objectifs différents voire contradictoires, elle peut devenir source d’ambivalence chez
les agents des institutions, cristallisée dans la question des identités professionnelles
respectives.
Les différents textes de cette partie, dans cette perspective de réforme à la fois
politique, structurelle et pédagogique, questionnent l’organisation partenariale tout
autant qu’ils repèrent dans les pratiques la présence, l’absence ou les obstacles de
ces mises en œuvre. Ainsi, pour Ebersold, il s’agit de collaborer pour travailler au
devenir de la personne. Ce « devenir de la personne » est appréhendé chez Benoit
par la question scolaire en tant qu’organisation interactive permettant l’accès à
des savoirs outils, condition sine qua non de l’exercice d’une citoyenneté future.
Lesain-Delabarre privilégie une réflexion sur les partenariats « familles-école » et
met l’accent sur le caractère plus ou moins égalitaire du partenariat, alors que la
non symétrie de la relation était fondatrice jusqu’alors de leurs rapports.

La troisième partie rassemble sept textes et fait une incursion dans les pratiques
collaboratives effectives qui mettent en jeu des enseignants, des éducateurs spécialisés,
des enfants ou adolescents en situation de handicap. Les entrées sont plurielles : elles
ciblent tant les pratiques professorales, la mobilisation de gestes spécifiques, le travail
avec des auxiliaires de vie scolaire, que les contrastes de deux mondes professionnels

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(les enseignants et les éducateurs) qui pensent de manière singulière leur sens du
métier. Ces contributions tentent alors d’analyser les pratiques in situ et questionnent
les complémentarités, les formes d’entendement, les intercompréhensions, les
co-actions de ces professionnels, mais aussi leurs formations.
Il est ainsi postulé que la scolarisation de plus en plus fréquente d’élèves en situation
de handicap dans les classes ordinaires modifierait la forme scolaire, souvent pensée
jusqu’alors comme plutôt homogène, et entraînerait une diversification des situations
de travail. Voit-on alors des spécificités, des évolutions dans les pratiques des
professionnels qui accueillent ces enfants ou adolescents ? Perçoit-on l’émergence
de formes partenariales qui s’avèrent innovantes ?
Odier-Guedj & Gombert décrivent et étudient deux dispositifs de scolarisation
pour des élèves rencontrant de troubles de la communication orale et écrite, mis en
œuvre au Canada et en France. Elles y pistent les gestes pédagogiques de conduite
de classe, notamment au travers des gestes de guidance et les évolutions de ces
gestes. Assude, Perez & Tambone poursuivent cette même direction de travail et
étudient les effets des pratiques professorales sur les actions et les apprentissages
mathématiques d’élèves scolarisés en Clis, à partir de sept séances construites par des
enseignants et des chercheurs. Ils centrent ici leur étude didactique spécifiquement
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sur les consignes et les effets de leur simplification.
Deux textes étudient ensuite les pratiques conjointes entre enseignants et auxiliaires
de vie scolaire – cette dernière fonction étant également évoquée chez Leboiteux
et plusieurs reprises dans le mini-dossier coordonné par Plaisance. Les auteurs
montrent que ce système bicéphale dissymétrique provoque parfois des brouillages
de territoires et d’espaces de parole entre les acteurs (Toullec-Théry & Brissiaud) et
peuvent même devenir concurrents (Nédélec-Trohel, Joffredo-Lebrun & Magnen).
La co-construction des savoirs professionnels est ensuite abordée via une approche
originale de co-analyse de l’activité comme élément de compréhension de l’activité
des professeurs (Grimaud). L’autoconfrontation devient alors un mode de coopération
entre professeurs et chercheurs. La question de la formation émerge ici très nettement.
Les collaborations entre enseignants et éducateurs spécialisés sont spécifiquement
étudiées dans les deux derniers textes du dossier (Amaré & Martin-Noureux ;
Horvais), qui cherchent à montrer comment l’un et l’autre systèmes peuvent tirer
partie de leurs expériences respectives pour féconder leurs propres pratiques. La
réciprocité et la reconnaissance sont alors de mise.

Ce dossier, organisé autour des travaux d’une pluralité d’acteurs à propos des
questions relatives aux situations de handicap, permet d’interroger les prescriptions
formulées dans la loi de 2005. Son principal apport est de permettre des émergences
de possibles au-delà de ce seul cadre législatif. Sans cela, le risque existe de réduire
la dimension inclusive à celle non résolue de la dimension intégrative.
Notre ambition est de prolonger ce travail de diffusion des pratiques et des recherches.
De nouvelles rencontres poursuivent le débat et font émerger de nouvelles questions
et controverses autour de la scolarisation des élèves en situation de handicap.
Ainsi notre prochain colloque questionnera-t-il le rapport des pratiques inclusives avec
les savoirs scolaires dans leurs dimensions paradoxales, contradictoires, mais aussi

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dans leurs perspectives. D’une part, il s’agira de relever les paradoxes structurels
d’un double système, les contradictions entre les possibilités offertes par la loi et
les pratiques qui perdurent malgré ces changements. D’autre part, il s’agira de
s’appuyer sur ces paradoxes et contradictions pour mettre en évidence ces petits
pas du quotidien qui s’obstinent à montrer les chemins de l’inclusion.

Référence
Plaisance (É.), « Scolariser les élèves en situation de handicap : pistes pour la
formation », Conférence de consensus 2008, Recherches et Formation, n° 61,
2009, p. 11-40.
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