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Imago, identifications et identités trans à l’adolescence

Johanna Velt
Dans Revue française de psychanalyse 2022/2 (Vol. 86), pages 277 à 287
Éditions Presses Universitaires de France
ISSN 0035-2942
ISBN 9782130835110
DOI 10.3917/rfp.862.0277
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 09/10/2023 sur www.cairn.info via Université Toulouse 2 (IP: 193.50.45.191)

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Imago, identifications et identités trans


à l’adolescence
Johanna VELT *
54 rue Gioffredo, 06000 Nice – veltjohanna1@gmail.com

Article reçu le 16.08.2021 – accepté le 22.11.2021


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TITLE – Imago, identifications and trans-identities in adolescence
ABSTRACT – In this article I look at the imagos and identifications in a young adolescent
girl who identifies herself as transgender. Based on the clinical material, I will explore in
this young girl the imago of an anal mother which underpins and fixes her mode of functio-
ning. I will put forward the hypothesis that she has incorporated the mother’s hatred
towards her own deformed body and hatred of the sexual body, in a fusional and undiffe-
rentiated family functioning, an incorporation linked to the imago-based register. A link
will be established between this imago-based functioning and trans-identities in relation
to the question of the difference between the sexes. I will then go on to show how therapeu-
tic work, inaugurated by an enactment of removing masks during the pandemic opened
up a space of transitionality permitting a deconstruction of the imago and the representa-
tion of fantasies and identifications, bearing witness to an enrichment of psychic
functioning.
KEY WORDS – imago, adolescence, transgender, sexual identity, identification,
enactment.

Le cas de Marion
La rencontre avec une très jeune adolescente qui se présente comme trans-
genre nous a donné l’occasion de réfléchir aux enjeux de la construction de l’iden-
tité sexuelle à l’adolescence sous l’angle des imagos et des identifications.
Marion, 12 ans, vient en thérapie depuis quelques mois pour phobie scolaire.
Elle a des attaques de panique et refuse encore parfois d’aller en cours, malgré un
changement d’établissement. Elle était harcelée par une camarade très proche.
Lors de la prise de rendez-vous, la mère s’était inquiétée de l’orientation sexuelle
de sa fille, qui semblait le copié-collé de sa filleule qui avait fait son coming-out.

* Psychiatre, pédopsychiatre et psychanalyste, inscrite à l’Institut de psychanalyse de


Paris.

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Marion a une présentation androgyne et s’habille en noir ; elle dit d’ailleurs


que cela reflète bien son humeur « pas ouf ! » [en verlan = « pas fou »]. Je fais sa
connaissance et celle de ses parents par masques interposés, Covid oblige. La mère
présente une malformation congénitale très visible, qui m’interpelle d’emblée
comme une figuration de castration. Par hasard, j’aperçois son visage démasqué
quelques semaines après, dans la cage d’escalier. Elle paraît très différente de ce
que j’avais imaginé.
Lors de la séance suivante, le discours de Marion ronronne de manière assez
creuse et plaquée : elle décrit la mauvaise camarade, Rose, qu’elle croyait
connaître, mais qu’elle ne connaissait pas, qui cache son jeu, etc. D’une manière
intuitive, je décide d’enlever brièvement mon masque et de lui dire que finalement
on ne s’était pas vraiment présentées l’une et l’autre et que si elle le voulait, elle
aussi pouvait me montrer son visage… que j’ai trouvé étrange. Comme pour la
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mère, j’avais rempli les blancs et j’étais surprise de découvrir son vrai visage. Par
la suite, Marion devient beaucoup plus vivante et associative en séance. Invitée à
dire ce qui vient sans trier ses pensées, elle ose enfin exprimer ses centres d’intérêt,
qu’elle croyait dénués d’intérêt pour moi, l’analyste-mère. Il s’agit notamment de
jeux de rôles en ligne avec ses amis virtuels, qu’elle n’a jamais rencontrés qu’en
visio. Elle s’était tout de même demandé s’il ne pouvait pas s’agir de prédateurs
sexuels adultes. Dans ses jeux, dits « cosplay », il est très important d’incarner
visuellement un personnage que l’on choisit et pour cela il faut se déguiser, un peu
en personnages de mangas avec des tenues et du maquillage extravagants.
Elle me raconte aussi des rêves comme celui-ci, effrayant et récurrent : elle
est dans une salle noire avec ses parents. Il y a des marionnettes qui jaillissent de
boîtes colorées, comme des diables. Ces diables menaçants pourraient bien être
des imagos archaïques terrifiantes, qui émergent peu à peu à travers ses dessins ou
son discours. Marion dessine beaucoup, chez elle, au collège, ou en séance, seule
ou avec moi par le jeu du Squiggle (Winnicott, 1971a). Elle produit des monstres :
requins, fantômes, araignées, etc. L’aspirateur d’un dessin animé plutôt inoffensif
la terrifiait petite, me dit-elle, comme s’il voulait l’aspirer, et elle a aussi très peur
du noir, encore maintenant, et elle met une veilleuse pour dormir et s’endort très
difficilement, parfois avec le téléphone à l’oreille, bercée par les musiques et la voix
d’un ami. Mais ce qui l’obsède, ce sont les yeux. Elle en dessine partout, parfois
uniques ou par paires, en noir ou en rouge, souvent avec des cils en forme de
piques et une larme de sang. Elle dit souvent que ces yeux la regardent. Une fois,
elle dessinera des yeux qui surmontent une jeune fille pourvue d’un bandeau noir
sur les yeux et dont le tracé des membres inférieurs s’arrête aux genoux… parce
qu’elle a « la flemme » de finir. Elle refusera d’en dire plus.
Au fil des semaines, Marion finit par venir seule au cabinet. Parallèlement,
elle m’apprend que sa camarade Rose est non seulement sa meilleure amie depuis
l’enfance, mais aussi la fille d’une amie de sa mère. En fait, elles faisaient toujours
tout à quatre, entre filles. Par ailleurs, la mère de Marion avait cessé son activité
professionnelle à sa naissance.
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Pendant quelque temps, la thérapie semble s’installer tranquillement, même


si Marion se plaint souvent de crises d’angoisse dont je remets mentalement en
cause l’existence puisque l’entourage ne semble pas les remarquer. Puis je reçois
un message inquiet de la mère à propos d’idées suicidaires. Les parents se sont
aperçus que Marion se scarifiait sur le haut des cuisses, le père l’ayant lui-même
examinée. La famille vit relativement en vase clos (accentué par la pandémie).
Malgré la possibilité de se rendre au collège en présence, Marion a du mal à
sortir de chez elle et son absentéisme s’accentue. Si elle évite de sortir, c’est selon
elle parce qu’elle a peur d’être attaquée, kidnappée dans la rue, voire violée, et
peut-être même par son père et l’un de ses frères (avec lesquels elle reste paradoxa-
lement collée en ne sortant pas de chez elle). Elle se rappelle alors un rêve un an
auparavant : il y avait un attentat terroriste et son père l’offrait aux terroristes. Il
la trahissait au lieu de la protéger.
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Un jour, elle vient à sa séance et me dit qu’elle a encore fait une crise
d’angoisse en cours, juste avant sa séance avec moi. Heureusement sa prof, positi-
vement investie, lui a parlé à la fin de l’heure :
Marion : « J’étais joie… enfin je ne sais pas si ça se dit… j’étais heureux !
Thérapeute : Heureux ?
M : Oui, heureux.
T : Pas heureuse ?
M : Non, heureux. Oui, je suis un garçon en ce moment. »
Les semaines précédentes, elle avait abordé d’une manière générale et allusive
la question de l’identité sexuelle, des préférences sexuelles et des transgenres, en
précisant qu’évidemment sa mère n’y comprenait rien. Moi-même, je m’étais
perdue dans les différentes appellations. M. lève le voile (le masque ?) et me dit
qu’elle est transgenre et plus précisément « gender fluid », c’est-à-dire « tantôt
garçon tantôt fille, c’est fluide ». Elle me parle alors de son frère, Marin, de deux
ans son aîné, qu’elle maquille et auquel elle pose du vernis.
T : « Comme entre sœurs ? »
M, agacée : « Pourquoi serait-ce féminin de se maquiller et de mettre du
vernis ? »
Le déni de la différence des sexes est farouche et je ne tente aucunement de
l’aborder frontalement. Puis Marion me reparle du livre qu’elle est en train de lire,
Raphaële avec un E : c’est l’histoire d’une sœur et d’un frère qui vivent ensemble.
Ils décident d’adopter un orphelin, déjà adolescent, Raphaël. Mais il y a un qui-
proquo et l’orphelin est une orpheline, Raphaële avec un E. La « sœur » (la mère
adoptante) est furieuse et rejette Raphaële. D’ailleurs, la sœur parle beaucoup et
Raphaële aussi, alors elle n’est pas contente. « Moi aussi, je parle beaucoup »,
constate-t-elle. Mais le « frère » (le père adoptant), lui, n’est pas trop déçu que
Raphaële soit une fille.
Marion me détaille toutes les humiliations de la « sœur » envers Raphaële :
elle dort dans un petit cabanon en dehors de la maison. Le couple serait déçu du
sexe de l’enfant « car » ils avaient besoin de quelqu’un pour les aider à la ferme.
« Un garçon, c’est quand même plus costaud, ça soulève plus de choses. » La
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« sœur » avait préparé la chambre du fils attendu. Marion se la représente très


bien : bleue (je m’étonne !), avec un lit plein de peluches.
T : Des peluches ? Mais, ce n’est pas un ado qui était attendu ?
M : Si. J’imagine des doudous plein le lit, comme chez moi.
Et d’énumérer ses doudous… dont un qu’elle a échangé avec son frère : un
chien d’aveugle. Elle n’en voulait surtout pas ! Elle aime bien passer du temps avec
lui dans sa chambre. Il lui raconte sa journée, avec ses copains, et leurs nombreuses
bêtises lors de leurs soirées. Marin et ses copains boivent de l’alcool et se lancent
des défis stupides comme de sauter d’un balcon et d’atterrir dans des cactus.
T : Des bêtises de garçons ?
Marion a alors un sourire ravi, car elle retrouve un souvenir d’enfance avec
joie : elle avait un très bon ami qui jouait beaucoup avec elle et ses copines aux
Barbies. Il était en marge des autres garçons.
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Quelque temps après, les crises d’angoisse ont diminué, Marion peut retour-
ner plus facilement en cours et m’énumère ses matières préférées, il y en a beau-
coup en fait, preuve d’un redéploiement de ses investissements. Elle en apprécie
une tout particulièrement : les sciences de la vie et de la Terre… à part les cours
sur le corps humain, non, ça, ça ne lui plaît pas trop ! Tous ces trucs sur la diges-
tion, c’est un peu « dégueu ». Et elle a envie d’intégrer le club audiovisuel. Avec
un ami gay, ils vont tourner un petit film, dont voici le scénario. Il s’agit d’une
bande d’amis adolescents qui se retrouvent dans un monde où tout a disparu. Les
rues sont désertes, les amis se demandent si tout le monde est mort. (On peut
penser au premier confinement !) Mais il y a un renversement et on s’aperçoit à la
fin que ce sont eux qui sont morts, et puis non, que ce n’était peut-être qu’un
rêve. Le personnage principal semble être d’abord une certaine Garance, puis c’est
Eddie… un(e) transgenre. Une fille qui a un prénom de garçon et qui se sent
garçon. Eddie et Garance ont tout un tas de caractéristiques assez différentes :
« Eddie est introvertie, androgyne, non conformiste… alors que Garance est vive,
joyeuse, bonne élève et bonne camarade, et très “fifille”… un peu moi quand j’étais
petite fille. Et Eddie, c’est un peu moi maintenant. Bon, c’est normal, on met un
peu de soi dans les personnages qu’on invente ! Mais c’est pas un copié-collé ! »,
dit-elle.

Discussion
Selon Paul Denis (1996), Freud a très peu utilisé le terme d’imago, et celle
qu’il repère la plus précocement individualisée est celle que Freud appelle « l’image
mnésique de la mère » :
« Avant tout, l’homme est en quête de l’image mnésique de sa mère, image
qui le domine depuis les débuts de son enfance » (Freud, 1905d/2006).
Pour Paul Denis, l’idée de domination et celle de fixation sont spécifiques de
l’imago. Cette fixation est majeure dans le cas de Léonard de Vinci et du féti-
chisme, mais également chez la fille. Il lui faut l’abandonner pour que l’évolution
du psychisme puisse se poursuivre.
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Il considère l’imago comme « une représentation fixée qui joue dans l’incon-
scient un rôle particulier de prototype puissant et contraignant, pesant sur notre
destin psychique, et rassemblant des caractéristiques issues des relations précoces
aux deux parents à la fois ». Le registre imagoïque est donc « un registre différent
de celui où les représentations organisent le fonctionnement pulsionnel, figurent
des objets substituables les uns aux autres, ou se combinent pour former des
“instances”, ensembles fonctionnels de représentations, certes liées entre elles, mais
qui n’ont pas le caractère monolithique des imagos ». Pour lui, ces deux régimes,
imagoïque et représentationnel, s’opposent, mais peuvent alterner. Le registre ima-
goïque associe imagos, excitation et répression et le jeu des représentations y est
limité par la prédominance d’une imago tandis que l’autre registre – plus évolué–
associe instance, pulsions, refoulement et le jeu des représentations y règle
l’ensemble du fonctionnement psychique.
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Chez Marion, il nous a semblé que prévalait une imago maternelle toute-
puissante anale qui la contrôle : les diables du rêve, les monstres de ses dessins et
surtout les yeux qui la surveillent, des yeux menaçants avec des piques, noirs ou
rouges, et du sang qui coule.
François Ladame (1983) rappelle que l’adolescence est le temps fondamental
de l’orientation sexuelle de l’enfant et, avec Freud, qu’« il appartient à la psychana-
lyse non pas de décrire ce qu’est la femme – tâche irréalisable –, mais de rechercher
comment l’enfant à tendance bisexuelle devient une femme » (Freud 1933a [1932]/
1995). Tout comme Denis qui met l’accent sur la fixation de l’imago chez la fille,
Ladame affirme que la fillette traverse une période pré-œdipienne très longue
– plus que le garçon – avec un attachement exclusif à la mère, avant d’aborder la
situation triangulaire œdipienne et de changer d’objet. La mère, phallique, prévaut
largement sur le père, guère plus qu’un rival gênant. Dans les premières identifica-
tions, l’identification fondamentale est celle à la mère active et omnipotente, qui
inflige inévitablement des blessures narcissiques à l’enfant, simplement du fait qu’il
dépend d’elle. Dans les toutes premières relations mère-fille, tout se passe comme
si l’emmaillotage narcissique réciproque prenait nettement le dessus sur la compo-
sante sexuelle érotique des investissements, à l’encontre de ce qui se passe entre
une mère et son bébé garçon. Pour Ladame, les risques d’achoppement du déve-
loppement féminin et du désir sexuel se situent au stade anal : « Le stade anal
s’accompagne d’une recrudescence de l’omnipuissance qui enveloppait la toute
première relation, mais infiltrée maintenant des pulsions sadiques, des pulsions
d’emprise et de dépossession, de destruction et de mort […] Combien de fillettes,
à cause de la qualité et de l’intensité particulières de la relation pré-anale, n’ont-
elles pas cédé au refoulement des pulsions agressives et sadiques, abandonnant
corps et sexe au contrôle de Mère, qu’on ne saurait ne pas aimer ? »
Pour ne pas ajouter la rivalité à la maîtrise dans le même objet – la mère –
en s’appuyant sur le père, la fillette a comme seul recours la répudiation de ses
propres désirs. Cet achoppement engage la fille devenant adolescente à une répres-
sion plus forte que le garçon de ses pulsions sadiques-anales, à leur infléchissement
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sur soi et à leur projection-déliaison. Au pire, il aboutit à un divorce entre l’identi-


fication primaire à la mère active dispensatrice de tout (identification narcissique)
et l’identification féminine secondaire ou œdipienne, entre le courant narcissique
et le courant pulsionnel, érotique et agressif.
Marion a longtemps été dans une fusion avec sa mère – qui s’était arrêtée de
travailler pour elle et non pour ses aînés, des garçons –, une fusion gémellaire
puisque mère et fille fréquentaient un autre couple mère-fille intensément, Rose et
sa mère. Cette double fusion a explosé à l’adolescence. La mère de Marion semble
extrêmement présente et active dans sa vie, ce que Marion vit positivement de
façon consciente… mais elle se sent constamment sous le regard des yeux de
l’imago terrifiante avec ses piques, son sang et son rouge et noir, couleurs de la
mort et de la destruction, et également couleurs du diable, qui revient en rêve.
Nous percevons précisément chez Marion un intense investissement pré-
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œdipien de la mère, une répression des pulsions sadiques et un retournement sur
soi : la soumission au sadisme de Rose, le scénario avec Raphaële sadisée par sa
mère adoptive, les scarifications sur les cuisses, la jeune fille aux yeux bandés et
sans jambes – doublement castrée. On voit poindre le scénario œdipien : Raphaële
est aimée du père adoptif et elle est en rivalité avec la mère. La répression et le
retournement sur soi dominent au début de la thérapie, témoins de la soumission
de Marion à une imago de mère anale.
Par ailleurs, Eglé Laufer (1989), dans une communication sur l’homosexualité
à l’adolescence, développe l’idée, à travers la cure d’une jeune femme, que celle-ci
avait eu recours à une expérience homosexuelle afin d’aimer son propre corps à
travers l’expérience d’être aimée par une autre femme. Elle souligne s’être ainsi
rendu compte de l’étendue du rejet et de la haine que la patiente portait à son
propre corps sexuel et y rattachait les passages à l’acte d’automutilations. Nous
subodorons cette haine du corps chez Marion, qui se dit « tantôt fille, tantôt
garçon, ça dépend, c’est fluide », et lorsqu’elle se scarifie, de façon concomitante
ou non à des idées suicidaires. Nous pouvons faire l’hypothèse que la patiente
d’Eglé Laufer hait son corps précisément parce qu’il n’a pas été suffisamment
investi, ou de façon problématique, par la mère et qu’elle n’a pas pu expérimenter
une relation d’homoérotisme ou d’homosexualité primaire suffisamment bonne.
Chez Marion, la question de l’investissement de son corps sexuel nous paraît
complexe.
À l’occasion d’un agir de Marion (refus de se lever du lit), je reçois sa mère
à sa place. Agir en miroir de ma part ? La mère débarque au cabinet après un long
chemin, me prend au dépourvu et provoque en moi une sidération de pensée…
Me suis-je moi-même soumise à la mère en identification avec Marion ? La mère
me décrit alors exactement les mêmes symptômes hystéro-phobiques que sa fille…
ou vice-versa, comme des crises d’angoisse sur le trajet pour emmener ses enfants
chez leurs psys respectifs. « On est fusionnels », me dit la mère, en parlant de son
mari et ses enfants. Et de déclarer fièrement qu’à chaque fois que son fils cadet les
quitte, même pour une banale course, il dit « Je t’aime » à chaque membre de la
famille, contraignant chacun et surtout Marion à la même déclaration en retour.
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Elle se dit également hypocondriaque tout en évitant les rendez-vous médi-


caux. Elle a passé son enfance chez les médecins et ne veut plus avoir affaire à
eux. Ces consultations incessantes étaient centrées sur son infirmité congénitale
très invalidante, appareillée par une prothèse pour un temps. Cet échange avec la
mère nous laisse supposer une identification très importante de Marion à sa mère,
identification que nous qualifierions plutôt d’incorporation. Marion est sa mère
au lieu que d’être comme sa mère. C’est tout l’enjeu du processus d’adolescence
de cette jeune fille.
Ladame (1983) parle de l’« effroi du “je deviens ma mère”, qui doit s’effacer
devant la distanciation symbolique, “je deviens comme ma mère” ». Nous faisons
l’hypothèse qu’un des aspects de rejet ou de haine de son corps est une incorpora-
tion de la haine de la mère pour son propre corps malformé. Ce peut être égale-
ment une incorporation de la haine du corps sexuel de la mère qui valorise
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clairement le fonctionnement familial fusionnel indifférenciant, l’incorporation
étant plus du registre imagoïque que représentationnel.
Le rapprochement avec la filleule de la mère homosexuelle et la solu-
tion « transgenre » pourrait se comprendre alors comme une tentative d’échapper
à la mère anale tout en la ménageant pour ne pas la perdre.
Il s’agit peut-être aussi pour Marion d’échapper à des fantasmes incestueux
liés au frère et au père que l’on retrouve à travers ses fantasmes de viol, son rêve
d’offrande sacrificielle par le père à des terroristes, et le scénario avec un couple
fraternel incestueux dans Raphaële avec un E.
Philippe Gutton (1997) nous rappelle que la sexualité humaine évolue en deux
temps séparés par la période de latence et que la puberté impose une discontinuité
incontournable et non différable, et de citer Freud : « C’est seulement lorsque
s’achève le développement sexuel, au moment de la puberté, que la polarité de la
vie sexuelle vient à coïncider avec celle du masculin et du féminin » (Freud, 1923e/
1991). Gutton précise que « la découverte génitale progressive du but de la pulsion
découle de la complémentarité des sexes qui caractérise le fonctionnement libidinal
à la puberté ». Pour lui, l’adolescence « contraint à une élaboration de l’identité
génitale et d’un objet adéquat, c’est-à-dire suffisamment dégagé des interdits inces-
tueux, avec lequel les relations sexuelles sont maintenant possibles ». Or c’est peut-
être là que le bât blesse : Marion n’était justement pas encore en mesure de se
dégager du fonctionnement fusionnel jusqu’à présent. Le recours à l’indifférencié
du transgenrisme fait office de défense face à ses fantasmes incestueux vis-à-vis
du père et du frère.
La solution transgenre pérennise aussi pour Marion un fantasme de complé-
tude où elle n’aurait pas à traverser le mouvement structurant d’adolescence de
chercher un objet de l’autre sexe pour se compléter dans la relation sexuelle.
On peut également supposer que l’arrivée de la puberté, avec la naissance des
seins, la ménarche, etc., soit vécue par Marion comme une perte, la perte du corps
sexuellement indifférencié de l’enfant, ce qu’elle peut dénier en étant « gender
fluid », ni fille ni garçon, ou transgenre dans son scénario imaginaire avec le per-
sonnage d’Eddie notamment. Car cette notion de transgenre ou de « gender fluid »
contient le paradoxe de pouvoir être les deux sexes ou de n’en être aucun !
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Selon Alessandra Lemma (2018), qui reçoit beaucoup d’adolescents et de


jeunes adultes transgenres à la Tavistock & Portman Clinics, il existe un large
spectre toujours mouvant d’identités sexuelles et de genre. Or l’expérience subjec-
tive du genre et le processus d’adolescence sont tous deux caractérisés par la flui-
dité et l’incertitude (Fausto-Sterling, 2012). Les jeunes transgenres peuvent être
pris dans des mouvements confusionnels très forts et la large gamme des identités
de genre leur permet d’en endosser plusieurs « juste pour voir », jusqu’à éprouver
un sentiment d’intégration de soi plus affirmé. L’incertitude est remplacée par la
certitude d’une identité de genre qui peut être nommée et reconnue par autrui et
apporte réconfort et soulagement. Ainsi Marion m’a-t-elle énuméré avec grand
intérêt dernièrement les innombrables drapeaux colorés LGBT (lesbiennes-gays-
bisexuels et transsexuels), renvoyant à des catégories de genres et d’orientation
sexuelle tout aussi variées : arc-en-ciel, rose-violet-bleu, blanc-bleu-rose, rose-
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jaune-bleu, vert-blanc-violet, etc. Sur internet, dans ses jeux de « cosplay », elle
transforme son avatar à loisir et adopte ainsi plusieurs identités virtuelles, éven-
tuellement transgenres.
Dans une société moderne où le corps semble être transformable à loisir, se
cataloguer « trans » paraît donner une explication toute prête à certains patients
et pérennise le fantasme que transformer leur corps va effacer leur douleur psy-
chique, poursuit Lemma. On pourrait faire l’hypothèse que ces patients transgen-
res sont renvoyés à une imago archaïque combinée des deux parents puisqu’ils
auraient les deux sexes et fonctionnent en deçà de l’acceptation de la différence
des sexes.
André Green (1973), dans « Le genre neutre », rapporte le fantasme de neu-
tralité (« puisque je ne peux tout avoir ou tout être, je n’aurai et ne serai rien ») à
une manifestation d’obéissance à une mère omnipotente.
Ainsi, selon nous, Marion est bien en proie à une imago à laquelle elle se
« soumet comme un personnage extérieur », et elle « cherche à s’y soumettre ou à
la contrer, à la retrouver ou à l’éviter, à s’y sacrifier ou à la détruire », pour
reprendre Denis (1996) : l’imago de la mère anale.
La thérapie de Marion s’est engagée avec tout un travail de déconstruction
de l’imago et de mise en représentations.
Dans un enactment, j’ai retiré mon masque pour proposer à Marion un visage
vivant, avec ses grâces et ses défauts, peut-être le visage d’une mère contenante,
disponible et malléable au lieu d’un masque chirurgical impénétrable, qui pourrait
pérenniser le masque de cire de l’imago. Ce lever de masques est selon moi sous-
tendu par le contre-transfert de base défini par Catherine Parat (1976), pendant
du transfert de base chez l’analyste et qui lui permet de tirer intuitivement les
nuances appropriées à tel ou tel patient. Ce double courant transférentiel et contre-
transférentiel est un courant régressif où les vécus affectifs et les échanges préver-
baux occupent la première place, il est en lien avec la relation primaire mère-bébé.
Lever le masque non seulement promeut la mise en représentation des éprouvés
de Marion, mais aussi les valide ainsi que la mère valide les éprouvés du bébé et
son sentiment d’exister par sa fonction miroir (Winnicott, 1971b). Mon geste
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Imago, identifications et identités trans à l’adolescence 285

montre à Marion qu’elle peut se sentir seule et perdue à la fois dans sa relation à
Rose, mais aussi dans le monde froid de ses jeux vidéo, peuplé par des avatars…
des figurations imagoïques ?
Jan Abram (2021) soutient que les conditions sanitaires liées à la pandémie
de Covid-19 peuvent faire vivre au patient d’entrer dans le cabinet de l’analyste
« avec un revolver chargé » (notre traduction) : l’analyse à distance et/ou l’utilisa-
tion de masques ne lui permettraient plus d’attaquer l’objet dans ses fantasmes
inconscients sans craindre de l’endommager ou de subir des représailles par ce
même objet. Elle se réfère à l’article de Winnicott sur l’utilisation de l’objet (1969).
Par ailleurs, pouvoir attaquer l’objet, c’est pouvoir tuer l’imago, ce que Jean Gili-
bert (1969) pointe dans la constitution du processus d’individuation. Nous
pensons que l’espace thérapeutique a permis cette attaque de l’objet non seulement
par le lever de masques, mais par un travail de transitionnalité : le positionnement
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de l’analyste, sa neutralité, sa contenance, son écoute, son retour qui promeut
l’investissement de la vie psychique – contrairement à l’imago –, et sa facilitation
à la mise en symbolisation.
Dans la suite de sa thérapie, Marion a pu déployer sa vie psychique de
manière beaucoup plus souple et variée, amenant rêves et fantaisies diurnes à
travers ses lectures ou les séries ou films qu’elle affectionne, et ses dessins avec moi
(squiggles) ou seule en ma présence, dans une associativité et une introspection
assez étonnantes pour son jeune âge.
Comme le souligne Denis, le travail de l’analyste avant d’être interprétatif est
d’abord un travail de promotion de la mise en représentations, ce dont Marion se
saisit très bien puisqu’elle veut être actrice, scénariste et réalisatrice et m’offre la
primeur de ses scénarii !

Conclusion
Nous pouvons nous demander avec Nicolas Evzonas et Laurie Laufer (2019)
si, dans un contexte de politiquement correct et d’activisme qui a déstigmatisé et
émancipé le transgenrisme, l’analyste peut encore questionner les identités trans
sans être accusé de normativité, et s’il est encore possible aujourd’hui d’explorer
les forces inconscientes qui surdéterminent les identifications transgenres de la
même façon que n’importe quelle autre identification typique ou atypique. Selon
nous, ce questionnement ouvre précisément un espace potentiel d’élaboration de
l’identité sexuelle.
Par ailleurs, nous pouvons également interroger ces identifications chez
Marion à l’instar de Raymond Cahn (1989) qui, sans les sous-estimer pour autant,
considère que les conduites et les choix d’orientation sexuelle à l’adolescence ont
une dimension d’essais et d’erreurs et sont donc potentiellement réversibles.
Ajoutons à cela qu’il ne nous paraît pas de notre tâche de favoriser telle ou
telle destinée en termes de genre ou d’orientation sexuelle, mais de simplement
promouvoir le passage du fonctionnement psychique d’un registre imagoïque à un
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registre représentationnel, de permettre aux patients de se déprendre d’une imago


terrifiante et de « restaurer les parents œdipiens » (Laufer, 1981), comme nous
avons tenté de l’esquisser à travers le cas de Marion.

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TITRE – Imago, identifications et identités trans à l’adolescence


RÉSUMÉ – Dans cet article, nous nous proposons de questionner les imagos et les identi-
fications chez une jeune adolescente se revendiquant comme transgenre. À partir de la
clinique, nous déploierons chez cette jeune fille l’imago d’une mère anale qui sous-tend et
fixe son fonctionnement. Nous ferons l’hypothèse d’une incorporation de la haine de la
mère pour son propre corps malformé et de la haine du corps sexuel dans un fonctionne-
ment familial fusionnel et indifférencié, incorporation en lien avec le registre imagoïque.
Nous mettrons en lien ce fonctionnement imagoïque et les identités trans, au regard du
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questionnement de la différence des sexes. Puis nous montrerons comment le travail théra-
peutique, inauguré par un enactment de lever de masques en période de pandémie a ouvert
un espace de transitionnalité permettant une déconstruction de l’imago et une mise en
représentations de fantasmes et d’identifications, témoin d’un enrichissement du fonction-
nement psychique.
MOTS-CLÉS – imago, adolescence, transgenre, identité sexuelle, identification, enactment.

TÍTULO – Imago, identificaciones e identidades trans en la adolescencia


RESUMEN – Proponemos en este artículo interrogar a los imagos y las identificaciones
en una joven adolescente que se reivindica como transgénero. A partir de la clínica, mos-
traremos en la joven el imago de una madre anal que sustenta y fija su funcionamiento.
Avanzaremos la hipótesis de la incorporación del odio a la madre por su cuerpo deforme
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y del odio al cuerpo sexual en un funcionamiento familiar fusional e indiferenciado, incor-
poración vinculada al registro imagoico. Relacionaremos el funcionamiento imagoico y
las identidades trans, bajo el enfoque de la diferencia de sexos. Luego veremos de qué
manera el trabajo terapéutico, iniciado por un enactment de quitarse las mascarillas en
plena pandemia va a abrir un espacio de transicionalidad que posibilita la decontrucción
del imago y la puesta en representación de fantasías e identificaciones, testigo del enrique-
cimiento del funcionamiento psíquico.
PALABRAS CLAVES – imago, adolescencia, transgénero, identidad sexual, identificación,
enactment.

Toute référence à cet article doit être indiquée comme suit : Velt J. (2022). Imago, identifica-
tions et identités trans à l’adolescence. Rev Fr Psychanal 86(2) : 277-287

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