Vous êtes sur la page 1sur 14

La psychanalyse à l’épreuve du réel.

Contre vents et
marées, tenir le cadre
Carine Khouri Naja
Dans Revue française de psychanalyse 2021/4 (Vol. 85), pages 975 à 985
Éditions Presses Universitaires de France
ISSN 0035-2942
ISBN 9782130828587
DOI 10.3917/rfp.854.0975
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)

Article disponible en ligne à l’adresse


https://www.cairn.info/revue-francaise-de-psychanalyse-2021-4-page-975.htm

Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s’abonner...


Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info.

Distribution électronique Cairn.info pour Presses Universitaires de France.


La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le
cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque
forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est
précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
Pixellence - 28-07-21 10:37:06 - (c) Humensis
RE0196 U000 - Oasys 19.00x - Page 973 - BAT
Revue francaise de psychanalyse - 2021 - 4 - Dynamic layout 0 × 0

RUBRIQUES
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)
Pixellence - 28-07-21 10:37:06 - (c) Humensis
RE0196 U000 - Oasys 19.00x - Page 974 - BAT
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231) Revue francaise de psychanalyse - 2021 - 4 - Dynamic layout 0 × 0

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)
Pixellence - 28-07-21 10:37:06 - (c) Humensis
RE0196 U000 - Oasys 19.00x - Page 975 - BAT
Revue francaise de psychanalyse - 2021 - 4 - Dynamic layout 0 × 0

Technique psychanalytique

La psychanalyse à l’épreuve du réel.


Contre vents et marées, tenir le cadre
Carine KHOURI NAJA *
Beyrouth, Liban 961.3.355265 – carinenaja@gmail.com

Article reçu le 31.08.2020 – accepté le 07.10.2020


© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)
TITLE – Psychoanalysis and the demands of external reality. Come hell or highwater,
stick to the frame
ABSTRACT – When external reality breaks into the setting, what means does the analyst
have to face the situation: suspend the treatment or reconsider the setting to preserve it
from the deadly barrage and ward off the aggressions of external reality? Covid-19, like
war, or analysands with narcissistic fragilities and pervasive destructiveness, have the parti-
cularity of leading the analyst to look at the frame and reflect on the transference/counter-
transference modalities that are mobilized. The analyst thus has the possibility, if not the
duty, to reconsider the setting in order to offer patients a tailor-made support that permits
the activation of the function of representation. The challenge is not to lose sight of the
frame, while listening to one’s intuitiveness and creativity. Is not psychoanalysis above all
an art, to use Winnicott’s words?
KEY WORDS – analytic frame, transference, countertransference, Covid-19 epidemic, war,
extreme situations in psychoanalysis.

Pandémie, contamination, mort et confinement, la crise planétaire suscitée


par la Covid-19 fait vaciller nos repères, questionne nos acquis, ne laissant per-
sonne indemne, les psychanalystes moins que quiconque. L’autre, par sa présence,
constitue désormais une menace potentielle. Lorsque le réel fait effraction dans le
cadre, de quels moyens dispose l’analyste pour faire face à la situation : suspendre
la cure ou repenser le dispositif pour le préserver de la déferlante mortifère et
parer aux agressions du réel ?
Mais pourquoi se pencher sur les moyens de protéger le cadre analytique lors
de circonstances exceptionnelles, imprévisibles ? Pourquoi cette réflexion person-
nelle, lancinante, si ce n’est le rapport que nous, Libanais, entretenons avec
l’imprévu. Nous évoluons dans un environnement où l’accidentel, l’impromptu est

* Psychanalyste, docteur en psychologie, membre de l’UTRPP de l’Université Sorbonne


Paris-Nord.

Rev Fr Psychanal 85(4) : 975-985


Pixellence - 28-07-21 10:37:06 - (c) Humensis
RE0196 U000 - Oasys 19.00x - Page 976 - BAT
Revue francaise de psychanalyse - 2021 - 4 - Dynamic layout 0 × 0

976 Carine Khouri Naja

la règle, pris par « l’imprévisibilité d’un espace-temps à la merci de l’inattendu


traumatique – la guerre » (Khair-Badawi, 2011, p. 1036). Rappelons, à juste titre,
la guerre du Liban qui a duré quinze ans, de 1975 à 1990, ainsi que les nombreux
épisodes sanglants de guerre civile, sans oublier le dernier traumatisme en date,
l’explosion du port de Beyrouth du 4 août 2020 qui a détruit la ville, coûté la vie
à 200 personnes, fait 6 000 blessés et laissé quelque 300 000 sans-abris. Mon intérêt
d’analyste, tout fondé soit-il quant au cadre confronté aux épreuves du réel, ne
trouve-t-il pas là sa principale justification ?
Je tenterai d’illustrer ma réflexion à partir de trois cas de figure spécifiques :
le cadre face à la pandémie de la Covid-19, à la guerre, et dans certaines cures
d’analysants limites qui ont la particularité de questionner le cadre. Le cadre maté-
riel serait-il indispensable ou le cadre interne de l’analyste pourrait constituer,
dans certaines situations spécifiques, un aménagement permettant à la cure de se
dérouler ?
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)
Lorsque la guerre s’en prend au cadre
Les psychanalystes libanais ayant continué à exercer pendant la guerre du
Liban témoignent des difficultés qu’ils trouvaient à préserver le cadre malmené
par le réel. Afin de maintenir leur pratique, ils ont eu à repenser le dispositif,
choisissant le plus souvent de privilégier la relation analytique plutôt que de
s’arrêter « à l’idée d’un espace-temps étriqué lorsque le cadre devenait inacces-
sible » (ibid., p. 1036).
Marie-Thérèse Khair Badawi se souvient de séances où, assise dans son fau-
teuil d’analyste, elle entendait le brondissement des bombes, les éclats d’obus sur
les murs des immeubles d’à-côté, les voisins se précipiter dans les escaliers pour
rejoindre l’abri, alors que son patient, toujours allongé sur son divan, continuait
à parler et à évoquer ses fantasmes. Elle se souvient de séances ayant dû se dérou-
ler dans un cadre géographique différent de celui habituel, à une période où les
bombardements ne cessaient pas, des semaines durant, et son analysant qui conti-
nuait, malgré tout, à parler, à parler comme si rien n’avait changé… « Ni l’adresse,
ni l’espace, ni les murs, ni le temps, ni le cadre tout entier. La réalité extérieure
n’existait pas. Rien n’existait à part moi. Moi comme objet d’investissement du
tout maternel, paternel, protecteur… S’il y avait un agir par rapport au cadre
spatial, externe, il n’y en avait pas au regard de la continuité interne que je pouvais
lui assurer » (ibid., p. 1036). Elle se sentait, dit-elle, porteuse du cadre, représentant
à elle seule le cadre. « La matrice protectrice c’était moi, mais aussi ce que je
faisais de ce lien entre lui et moi. Ce que je faisais de la rencontre : la relation
psychanalytique. Ce que je faisais de l’interrelation de l’échange analytique de cette
rencontre entre moi, analyste, et lui, analysant. Sans confondre l’investissement
transférentiel et ma personne. »
À en croire Khair-Badawi, lorsque le cadre est inaccessible, sa matérialité
spatio-temporelle est transposée sur la personne de l’analyste qui « n’est plus le
Pixellence - 28-07-21 10:37:06 - (c) Humensis
RE0196 U000 - Oasys 19.00x - Page 977 - BAT
Revue francaise de psychanalyse - 2021 - 4 - Dynamic layout 0 × 0

La psychanalyse à l’épreuve du réel. Contre vents et marées, tenir le cadre 977

gardien du cadre objectif, mais devient le cadre lui-même. Là où l’analyste se


trouve. C’est l’articulation de la relation transféro-contre-transférentielle qui va
organiser la situation » (ibid., p. 1038).
Alain Gibeault, au terme de son travail de réflexion sur la violence et la
destructivité, évoque « le recours nécessaire à des variations de la technique et du
cadre (psychothérapique, en face à face, psychodrame analytique, psychothérapie
en couple, travail en équipe psychiatrique) pour les analysants qui ne pourraient
pas supporter la régression narcissique sur le divan sans se désorganiser » (2001,
p. 18). Les aménagements du dispositif ont pour finalité de faciliter la fonction de
représentation. L’activité interprétative, qui constitue l’essentiel du travail analy-
tique, ne devrait être abandonnée quelles que soient les phases difficiles de la
cure, toutefois « les modifications techniques éventuelles (le passage de la position
allongée à la position assise, l’augmentation de la fréquence des séances et de leur
durée jamais leur raccourcissement les réponses aux coups de téléphone et aux
lettres des analysants) n’ont qu’un seul et unique but qui est de maintenir le
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)
pouvoir d’une parole libératrice par l’interprétation ».
Gibeault fait ainsi la distinction entre le cadre (ou site analytique) et le proces-
sus analytique (ou situation analysante) en ce sens qu’il estime que « le site ne
comprend pas seulement le cadre matériel (fréquence et durée des séances), mais
également le dispositif (divan ou face à face, jeu psychodramatique), la position de
l’analyste avec son contre-transfert, sa théorie et les représentations sociocultu-
relles de la psychanalyse dans une conjoncture donnée et enfin la règle fondamen-
tale avec son paradoxe constitutif » (Donnet, 2001, p. 237). « Le site définit à la
fois la géographie d’un lieu relatif à une dimension structurelle et l’histoire possible
qu’il autorise. De ce point de vue, le cadre – ou site analytique – s’appuie sur
l’importance d’un tiers virtuel qui engage autant l’analyste que le patient pour que
soit possible le processus analytique » (Gibeault, 2018, p. 7).
À partir de là, comment définir le cadre analytique, tout en sachant que la
représentation que nous en avons n’est pas immuable, loin de là ? À en croire
André Green, « aux Américains du nord, on reprochera l’orthopédie analytique,
une normativité oppressive ; aux Anglais le maternage abusif, le désir de faire du
bien ; aux lacaniens la rationalisation de l’échec, la culture du désespoir ; aux non-
lacaniens une partie des reproches faits aux Anglo-saxons, alors que pour ces
derniers, les analystes français sont sadiques » (1990, p. 321).

Qu’est-ce que le cadre analytique ?


Sigmund Freud aborde l’instauration et la fonction du cadre dans « Sur
l’engagement du traitement » (Freud, 1913c/2005, p. 80) et en définit les modalités
temporelles comme suit : la durée de la cure, la fréquence des séances et la durée
de celles-ci. La durée globale est liée au rythme propre du sujet, au pas du marcheur
selon ses termes, et se trouve être non décidable d’avance ; il refuse de se prononcer
sur une durée temporelle toute faite et inscrit la cure dans un temps sur mesure.
Pixellence - 28-07-21 10:37:06 - (c) Humensis
RE0196 U000 - Oasys 19.00x - Page 978 - BAT
Revue francaise de psychanalyse - 2021 - 4 - Dynamic layout 0 × 0

978 Carine Khouri Naja

La fréquence des séances devrait être suffisante pour pouvoir suivre les événements
de la vie psychique du sujet et le processus psychanalytique qui se déroule entre les
deux protagonistes, permettre à l’analyste de marcher du même pas que le patient
et d’en épouser le rythme. Freud commence par déterminer la durée de la séance
à une heure fixe pour tous les sujets, tout en soulignant qu’il serait possible de
l’adapter au rythme propre de chacun.
En outre, le cadre est constitué de plusieurs cadres solidaires composant ses
diverses dimensions : l’énonciation des règles qui régissent cette rencontre, le cadre
temporel (rythmicité, durée, scansions), le cadre matériel et technique (le lieu, les
règles, l’utilisation des médiations, les méthodes), le cadre psychique et le cadre
théorique (les référents théoriques de la pratique). Il se compose de ce qui relève
de l’analyste, de son aspect contenant, étayant et de ce qui relève de l’analysant.
Il doit avant tout répondre aux besoins fondamentaux de celui-ci, permettre la
possibilité de tout processus créatif afin d’assurer la sécurité et la parole du sujet.
Pour Bleger (Bleger, 1979, p. 265), la fusion primitive avec la mère serait le
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)
cadre initial grâce auquel va se construire le Moi différencié du sujet. Le cadre
constitue ainsi la partie la plus primitive de la personnalité, « l’élément fusionnel
Moi-corps-monde, de l’immuabilité de laquelle dépendent la formation, l’existence
et la différenciation (du Moi, de l’objet, de l’image du corps, de l’esprit, etc.) ».
Le Moi et le non-Moi se construisent à partir des relations stables, de la présence-
absence de la mère, des relations qui apportent gratification et frustration. La
permanence, la sécurité et la continuité du cadre apportées par la mère sont inté-
riorisées progressivement par l’enfant ; le cadre serait ainsi le non-Moi et l’identité
dépendrait de la manière de gérer ou de maintenir le non-Moi. Toute relation
présentant des caractéristiques de durée, de normes et d’attitudes constitue un
cadre correspondant à un non-Moi, dépositaire de la partie psychotique de la
personnalité partie non-différenciée et non-dissoute des liens symbiotiques primi-
tifs présente chez tout individu. Le cadre se trouve être à la fois « délimitation de
l’image du corps » et « noyau de base de l’identité », il constitue un étai à la
personnalité, « un récepteur de la symbiose » (ibid., p. 265) et permet à l’individu,
comme le fait le bébé en prenant appui sur sa mère, de développer son Moi.
Bleger distingue cadre et processus au sein de l’institution psychanalytique.
Le processus, objet d’étude, d’analyse ou d’interprétation, est un ensemble de
variables constituées d’un certain nombre de phénomènes ou de comportements.
« Le cadre constitue un non-processus, se définit par l’ensemble des constantes à
l’intérieur duquel le processus (les variables) a lieu […] le cadre est, et n’admet
aucune ambiguïté » (ibid., p. 263). Il est impossible d’explorer un processus sans
maintenir les mêmes constantes, autrement dit sans avoir de cadre. Celui-ci est
idéalement normal dans le sens où il parvient à être maintenu sans failles ni rup-
tures de la part des protagonistes.
Si le cadre est indispensable à l’enclenchement et au déroulement du processus
analytique, si sa construction ne peut se réaliser qu’à partir de la mise en place
d’un certain nombre de règles, ériger celles-ci en un système amènerait toutefois à
Pixellence - 28-07-21 10:37:06 - (c) Humensis
RE0196 U000 - Oasys 19.00x - Page 979 - BAT
Revue francaise de psychanalyse - 2021 - 4 - Dynamic layout 0 × 0

La psychanalyse à l’épreuve du réel. Contre vents et marées, tenir le cadre 979

figer le processus psychanalytique, notamment dans certaines situations spéci-


fiques telles que la guerre, la pandémie de la Covid-19 et certaines situations
limites. Faut-il croire que la capacité de rêverie, l’écoute flottante de l’analyste
pourraient être compromises par les réaménagements de cadre ?

Le cadre analytique dans les situations limites


de la psychanalyse
Vincent est un analysant qui m’a amenée à me pencher longuement sur la
question du cadre analytique (Khouri Naja, 2016). Âgé d’une trentaine d’années,
il consulte pour une dépression sévère survenue à la suite d’une rupture sentimen-
tale. Au bout de la deuxième année de son analyse, il effectue une plongée régres-
sive intense, expérimente une souffrance dont il ne soupçonnait même pas
l’existence et développe des phénomènes de dépersonnalisation, un isolement gran-
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)
dissant et des angoisses paranoïdes. Il ne sort plus de la maison, m’appelle en
pleine nuit pour me dire qu’il erre dans les rues sans trop savoir où il est, ni où
aller, manifeste une grande agressivité vis-à-vis de moi. Il régresse dangereusement,
touche le fond sans se battre et se sent glisser vers un monde irréel, fantasmatique.
À cette période, il prend l’habitude de me bombarder de messages de manière
intensive, offensive et répétitive, des messages qui m’agressaient durant la journée,
mais surtout la nuit, de sorte que j’avais l’impression de le porter comme une mère
porte en elle son fœtus en gestation. Vincent se nourrissait de mon énergie, de ma
vitalité, de mes pulsions de vie. Longtemps, j’ai pensé lui demander de cesser
d’envoyer des messages et de se limiter au temps qui lui est imparti, mais une
intuition que je choisis d’écouter me disait, au contraire, l’importance de maintenir
ce lien transférentiel dont il avait tant besoin, vu son incapacité à emporter fantas-
matiquement le cadre. Résonnait continuellement en moi sa litanie :
« Tu ne comprends pas que dès que je franchis le seuil de ton cabinet, tout le
« bon » dont je fais le plein chez toi et avec toi disparaît, s’écoule, se perd. Je suis
tel un récipient sans fond, où rien ne dure 1… »
C’est dans cet état d’esprit que je ressentis l’urgence de repenser le cadre, de
le réaménager afin d’accueillir les messages de Vincent comme faisant partie inté-
grante de sa cure. J’énonçai alors clairement la nouvelle règle, à savoir qu’il pour-
rait désormais m’envoyer des textos et partager avec moi les affects qu’il avait du
mal à contenir, textos auxquels je ne répondrai pourtant pas en dehors des séances,
mais que nous pourrions reprendre en séance s’il le désire.
Au bout de quelques années, l’échange diminue jusqu’à quasiment disparaître,
caractéristique propre à l’objet transitionnel lequel, ayant servi sa cause, finit par

1. En séance, Vincent s’exprime dans sa langue maternelle, l’arabe, dans laquelle il n’y a
pas de distinction entre la deuxième personne du singulier et du pluriel (tu/vous) ; tandis que
dans ses messages, il m’écrit en français et me tutoie, se permettant ainsi d’esquisser un mouve-
ment de rapprochement, une familiarité, protégé par l’usage du français, langue secondaire,
acquise, et par conséquent nettement moins pulsionnelle que la langue maternelle.
Pixellence - 28-07-21 10:37:06 - (c) Humensis
RE0196 U000 - Oasys 19.00x - Page 980 - BAT
Revue francaise de psychanalyse - 2021 - 4 - Dynamic layout 0 × 0

980 Carine Khouri Naja

tomber dans la désuétude. Vincent était dans une demande inconsciente d’aména-
ger sur la scène analytique une sorte d’espace transitionnel, ébauche de bon objet
intériorisé ayant pu affleurer lorsque la cure était déjà bien avancée et que la
relation transférentielle avait pu démentir l’imago maternelle abandonnique qui
fut la sienne.
Au fur et à mesure que sa cure avançait, Vincent amorçait une lente remontée,
progressive, pénible, mais désormais possible. Le réaménagement du cadre a été
effectué en réponse à son besoin vital de contenance, afin de lui signifier que
l’analyste est à même de l’accompagner entre les séances, prête à le contenir à
travers sa rêverie maternelle, pour emprunter des termes bioniens. Tout se passait
comme si j’avais entendu sa demande de contenance extrême et que j’y avais
répondu à travers le cadre, la tissant dans les modalités de celui-ci, comme les
mailles d’un filet prêt à accueillir le funambule s’il lui arrivait de tomber, de glisser
de ce fil ténu sur lequel il se déplaçait.
Pourtant, je m’étais longtemps demandé s’il fallait repenser le cadre ou m’en
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)
tenir au dispositif initialement prévu, au nom d’une manipulation à éviter.
Périlleuse manœuvre dans laquelle je m’étais trouvée engagée et à laquelle j’ai été
à nouveau renvoyée avec la pandémie de la Covid-19 et l’imposition du confine-
ment : fallait-il suspendre les séances ou repenser le cadre, en ne cédant évidem-
ment rien à la rigueur analytique ?
Bion préconisait l’aptitude à tolérer l’inconnaissable en soi-même ou dans la
relation à l’autre. J’ai été amenée avec Vincent à laisser advenir de l’inconnu, de
l’insolite, les moments analytiques se succédant quelque peu à mon insu.
Confronté aux analysants limites, à la folie privée, l’analyste en vient souvent à se
demander comment être et non plus seulement comment écouter, car c’est toute
sa personne qui est engagée dans le transfert. L’enjeu consiste à intégrer les élé-
ments et espaces transitionnels dans le cadre tout en veillant à ne pas entériner
d’acting-out.
Roussillon souligne « la nécessité d’un cadre temporel standard, uniformisé
[…] qui se donnerait comme une figure surmoïque » (1991, p. 267), tout en respec-
tant le rythme propre de l’analysant. Il est supposé réaliser au mieux l’harmonisa-
tion d’un étayage sur mesure. Or il existe des cures dans lesquels le cadre manque
à jouer le rôle d’un étayage externe à l’organisation temporelle rythmique de l’ana-
lysant. L’un des deux temps de l’investissement ou de l’intériorisation du rythme
transitionnel manque à avoir pu s’organiser de manière suffisamment étayante.
Deux types de solution se présentent alors à l’analyste : agir sur le cadre en aména-
geant certains éléments temporels sans menacer le caractère psychanalytique de la
situation (allonger les séances, modifier leur espacement, etc.) ou interpréter,
plutôt reconstruire à partir de ce qui se joue autour des paramètres du cadre et du
type de traumatisme que le patient a pu connaître. Le fait que l’analyste respecte
le rythme interne du sujet permet à celui-ci de se recentrer et de requalifier son
rapport à lui-même.
Avec Vincent, j’ai été amenée à revoir le cadre afin de respecter son rythme
interne, tout en poursuivant, avec lui, la reconstruction de son récit de vie. Le
Pixellence - 28-07-21 10:37:06 - (c) Humensis
RE0196 U000 - Oasys 19.00x - Page 981 - BAT
Revue francaise de psychanalyse - 2021 - 4 - Dynamic layout 0 × 0

La psychanalyse à l’épreuve du réel. Contre vents et marées, tenir le cadre 981

réaménagement du dispositif n’a pas menacé le travail analytique, loin de là. Avec
l’imposition de la quarantaine, j’ai pris le parti de repenser une fois de plus le cadre
analytique et d’opter pour les séances téléphoniques, tout en veillant à préserver
constamment l’analytique, consciente – autant que faire se peut – des écueils jalon-
nant une telle démarche.

Le cadre analytique à l’épreuve de la Covid-19


Confrontée à la violence de la pandémie, et dans l’urgence de gérer la situa-
tion de crise, j’ai dû puiser tant dans mon expérience d’analyste que dans mon
histoire personnelle – de Libanaise ayant connu les aléas de la guerre. Les séances
téléphoniques pourraient-elles constituer un aménagement potentiel, un pied de
nez fait au réel, afin de permettre à la vie fantasmatique de suivre son cours ? J’ai
fait le choix de ne pas suspendre les cures de mes analysants et de leur proposer
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)
plutôt de poursuivre leurs séances au téléphone. J’ai opté pour les appels vocaux,
vu que j’estime qu’ils reproduisent mieux le cadre classique que ceux par vidéocon-
férence. Posant l’appareil sur mon fauteuil avec le haut-parleur, je me laissais aller
à l’écoute des patients, leur demandant de choisir, eux aussi, un endroit calme
où ils pourraient parler tranquillement et confortablement, sans être interrompus.
Toutefois, comme le souligne Guy Lavallée (2020), « nous sommes avec le télé-
phone dans un dispositif divan/fauteuil majoré encore plus privatif, plus frustrant
du côté de l’analyste qui ne voit plus rien du patient ; la situation analysante est
alors plutôt symétrisée ».
Par ailleurs, toute rencontre est régie par un code social ; la spécificité de la
société libanaise consiste dans l’extrême personnalisation des rapports sociaux,
d’où l’écueil d’un anonymat fort difficile pour l’analyste exerçant au Liban. À en
croire M. Chamoun, « dans les pays à proxémie chaude, la nature de la sociabilité
en général, et du lien interpersonnel en particulier, place le psychanalyste devant
un ensemble de problèmes qui ne se posent pas ou qui se posent autrement en
d’autres lieux » (1998, p. 63). L’enjeu consiste à respecter les normes de la situation
analysante, « entre un type de rapport qui rassure par son aspect contenant sans
être fusionnel et le rapport qui met à distance par un artifice qui risque de signifier
le rejet ». C’est dire toute l’importance – et la tâche souvent délicate – qui incombe
à l’analyste afin de maintenir l’anonymat et la neutralité bienveillante.
Ces considérations se trouvent d’autant plus pertinentes lorsqu’il s’agit de
séances téléphoniques, où l’analyste, privé du dispositif matériel classique, a fonda-
mentalement besoin de maintenir le cadre et se trouve partagé entre une distance
à entretenir et une contenance à offrir à l’analysant dépourvu de ses repères habi-
tuels, tant matériels – le divan, le décor familier du cabinet –, que des éléments
sous-tendant la relation transféro-contre-transférentielle – la présence de l’ana-
lyste, le timbre de sa voix, le rythme de sa respiration, ses mouvements, son
parfum, etc.
Pixellence - 28-07-21 10:37:06 - (c) Humensis
RE0196 U000 - Oasys 19.00x - Page 982 - BAT
Revue francaise de psychanalyse - 2021 - 4 - Dynamic layout 0 × 0

982 Carine Khouri Naja

L’analyste a ainsi à effectuer des réajustements afin de raccorder la neutra-


lité indispensable pour le maintien de la cure, notamment lors des questions
quelque peu personnelles de la part des analysants, questions qu’ils n’auraient
habituellement pas posées dans un cadre classique. L’instauration des séances
téléphoniques semble inciter, dans un premier temps, l’analyste à compenser
son absence physique par une verbalisation quelque peu plus accrue qu’à
l’accoutumée, à offrir au sujet déboussolé la bienveillance qui lui fait défaut,
jusqu’au moment où le cadre est bien mis en place, et que la cure peut
reprendre son cours habituel.
Pourtant, la fragilisation du cadre et la menace d’interruption de la communi-
cation (problèmes de réseau ou de téléphone) fatiguent, à n’en pas douter, l’ana-
lyste. Selon Sylvie Reigner, « dans les circonstances ordinaires, la menace
d’interruption existe, mais elle est tenue à distance par le cadre, censé être le plus
possible protecteur et contenant […]. La fatigue serait un effet de l’effort à mainte-
nir ou à reconstruire un cadre interne protecteur, alors même que le cadre extérieur
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)
ne l’est plus ou l’est moins, et que nous nous en sentons, pour une part, respon-
sables » (Reigner, 2020). L’analyste se sentirait-il coupable d’une forme de mégalo-
manie, du fait d’avoir été brusquement investi du pouvoir de changer le dispositif,
de le réinventer ? Culpabilité en rapport avec une « identification aux fondateurs,
voire à Freud lui-même » ?
Ceci expliquerait-il de ce fait notre désir d’écrire et de théoriser ? Pour ma
part, il m’a été très vite important de penser et d’écrire au cours de cette période
où le cadre était malmené. Écrire pour réfléchir, pour me pencher sur le dispositif.
J’avais déjà ressenti la même urgence de mettre en mots mes pensées en réaména-
geant le dispositif avec Vincent, le besoin de publier des articles, la nécessité de
participer à des colloques, des conférences, de partager en d’autres termes mon
expérience avec la communauté analytique. « L’examen de notre contre-transfert
est le lieu d’une fonction tiercéisante qui est sous l’obligation constante d’inventer
et d’incarner du tiers » (Gougoulis, 2018, p. 22).
Pour en revenir au cadre pendant la pandémie de Covid-19, même lorsqu’il
était maintenu – les séances téléphoniques n’ont pas été adoptées avec
l’ensemble des patients –, il n’était classique qu’en apparence. La Covid-19
infiltrait insidieusement le dispositif : la poignée de main, bannie, venait rappe-
ler aux protagonistes le danger qui guette, la distanciation était de mise – le
fauteuil de l’analyste plus reculé qu’à l’habitude –, le divan, aseptisé, ne portait
plus la trace des séances passées et des parfums des analysants, mais avait des
relents de désinfectants, de gels hydroalcooliques de tous genres. La posture
des patients était plus figée qu’à l’habitude, ils ne s’allongeaient plus avec la
même désinvolture, leurs corps raidis se crispaient sur le divan sur lequel,
jusqu’à il y a peu, ils se vautraient confortablement. La poignée de porte,
surface de contamination par excellence, était évitée et nombreux étaient ceux
qui laissaient à l’analyste le soin d’ouvrir la porte en fin de séance. La routine
analytique en a indéniablement pris un coup…
Pixellence - 28-07-21 10:37:06 - (c) Humensis
RE0196 U000 - Oasys 19.00x - Page 983 - BAT
Revue francaise de psychanalyse - 2021 - 4 - Dynamic layout 0 × 0

La psychanalyse à l’épreuve du réel. Contre vents et marées, tenir le cadre 983

Parmi les analysants, il y a ceux pour qui l’enfermement renvoyait aux ter-
reurs d’anéantissement, aux angoisses destructives, à la descente aux enfers où
sévissait la mauvaise mère archaïque. Et puis il y a ceux qui en sont venus à
appréhender la levée du confinement qui les livrerait au monde cruel et sans pitié,
ceux-là mêmes pour qui la quarantaine aura constitué un retour inespéré au cocon
protecteur, une plongée délicieuse dans le ventre maternel duquel ils auraient été
extirpés trop tôt, trop vite. Le matériel clinique induit par la pandémie a manifeste-
ment été très riche et nous donnera encore beaucoup à réfléchir.

Conclusion
Devrions-nous envisager de réaménager le cadre en toutes circonstances
(guerres, intempéries, grèves des transports, etc.), quels que soient les analysants,
en dépit de leurs aménagements psychiques et de leurs problématiques propres ?
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)
Évidemment pas. Et pourtant… Lorsque le cadre est mis à l’épreuve par le réel,
lorsque le processus psychanalytique est malmené et mis en danger, l’analyste
dispose de la possibilité, sinon du devoir de repenser le dispositif, afin d’offrir aux
patients un étayage sur mesure qui permette l’enclenchement de la fonction de
représentation ; l’enjeu étant de ne pas perdre de vue le cadre, tout en étant à
l’écoute de son intuitivité et de sa créativité. Winnicott incitait les analystes à agir
de façon intuitive tout en étant analystes de façon stricte. Il comparait la situation
de l’analyste à celle de l’artiste, s’acharnant à clamer que la psychanalyse est un
art, que « la pulsion créative est synonyme de vie, d’être vivant, de se sentir réel
et en bonne santé psychique » (1971, p. 97).
Dans les situations où le cadre est pris d’assaut par le travail du négatif,
notamment dans des contextes de guerre, de pandémie et dans certaines situa-
tions limites de la psychanalyse, l’analyste a la responsabilité de repenser le
cadre afin d’être à même d’élaborer le traumatisme psychique. Son contre-
transfert, ou plus précisément le travail de contre-transfert, peut alors faire
fonction de cadre lorsque ce dernier est en proie aux agressions du réel morti-
fère, à la destructivité psychique, mais toujours dans le souci de préserver
l’éthique analytique. Le défi qui se pose à l’analyste consiste à mettre en place
un dispositif propice au déroulement du processus analytique et à l’écoute du
transfert, tout en veillant à ne pas basculer dans un accompagnement thérapeu-
tique où l’empathie, virant à la sympathie, viendrait entraver l’écoute flottante
et menacer la neutralité bienveillante.
Toutefois, quoi que l’on puisse dire, le cadre classique demeure, à n’en pas
douter, un élément de sécurité indéfectible, un pilier infaillible contre lequel l’ana-
lyste pourra toujours s’appuyer. Je me souviens encore, à la fin de la période de
confinement, de ma hâte à le retrouver, à pouvoir me laisser aller à une totale
disponibilité psychique à l’abri de sa structure, pleinement en mesure de permettre
à la cure de se dérouler, à la régression de se faire…
Pixellence - 28-07-21 10:37:06 - (c) Humensis
RE0196 U000 - Oasys 19.00x - Page 984 - BAT
Revue francaise de psychanalyse - 2021 - 4 - Dynamic layout 0 × 0

984 Carine Khouri Naja

Références bibliographiques
Bleger J. (1979). Psychanalyse du cadre psychanalytique. Dans Kaës R., Missenard A.,
Kaspi R., et al. Crise, rupture et dépassement : 257-275. Paris, Dunod.
Chamoun M. (1998). Du familier vers l’inconnu : à propos de la rencontre analytique en
pays d’Orient. Rev Fr Psychanal 62(1) : 63-74.
Freud S. (1913c/2005). Sur l’engagement du traitement. OCF.P, XII : 161-184. Paris, Puf.
Gibeault A. (2001). Violence, représentation et élaboration. Psychanalyse et psychose 1 :
5-20. Centre de psychanalyse et de psychothérapie Évelyne et Jean Kestemberg (ASM
13), Paris.
Girard M. (2020). L’asymétrie et le semblable. Dans Réactions aux conférences de la SPP
sur la clinique du confinement, 1er mai 2020.
Gougoulis N. (2018). Le tiers institutionnel, un espace d’accueil des enjeux de situations
de crise. Psychanalyse et psychose 18 : 15-34. Centre de psychanalyse et de psychothé-
rapie Évelyne et Jean Kestemberg (ASM 13), Paris.
Green A. (1990). La folie privée. Paris, Gallimard.
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)
Khair Badawi M.-T. (2011). Être, penser, créer : quand la guerre attaque le cadre et que
le transfert contre-attaque. Rev Fr Psychanal 75(4) : 1035-1043.
Khouri Naja C. (2016). Folie privée, destructivité et aménagement du cadre. Dans Folie
privée, folie psychique. Colloque Interpsy Rio de Janeiro, Brésil, 2016.
Khouri Naja C. (2016). Aux prises avec la destructivité : modalités transféro-contre-trans-
férentielles et aménagements du cadre. Carnet psy 195(1) : 34-41. En ligne sur Cairn.
Lavallée G. (2020). Lettre de Guy Lavallée. Dans Réactions aux conférences de la SPP sur
la clinique du confinement, avril 2020 [site SPP].
Reigner S. (2020). L’enfant et l’analyste à distance. Réactions aux conférences de la SPP
sur la clinique du confinement, avril 2020 [site SPP].
Roussillon R. (1991/2014). Paradoxes et situations limites de la psychanalyse. Paris, Puf,
« Quadrige ».
Winnicott D. W. (1971). Jeu et réalité. Paris, Gallimard.

TITRE – La psychanalyse à l’épreuve du réel. Contre vents et marées, tenir le cadre


RÉSUMÉ – Lorsque le réel fait effraction dans le cadre, de quels moyens dispose l’ana-
lyste pour faire face à la situation : suspendre la cure ou repenser le dispositif pour le
préserver de la déferlante mortifère et parer aux agressions du réel ? La Covid-19, à l’instar
de la guerre, ou encore des analysants ayant des fragilités narcissiques et une destructivité
prégnante, aura eu la particularité d’amener l’analyste à se pencher sur le cadre et à réflé-
chir aux modalités transféro-contre-transférentielles mobilisées. L’analyste dispose ainsi de
la possibilité, sinon du devoir de repenser le dispositif, afin d’offrir aux patients un étayage
sur mesure qui permette l’enclenchement de la fonction de représentation. L’enjeu étant
de ne pas perdre de vue le cadre, tout en étant à l’écoute de son intuitivité et de sa
créativité. La psychanalyste n’est-elle pas avant tout un art, selon les termes de Winnicott ?
MOTS-CLÉS – cadre analytique, transfert, contre-transfert, épidémie Covid-19, guerre,
situations limites de la psychanalyse.
Pixellence - 28-07-21 10:37:06 - (c) Humensis
RE0196 U000 - Oasys 19.00x - Page 985 - BAT
Revue francaise de psychanalyse - 2021 - 4 - Dynamic layout 0 × 0

La psychanalyse à l’épreuve du réel. Contre vents et marées, tenir le cadre 985

TÍTULO – El psicoanálisis a prueba de lo real. Contra viento y marea, proteger el


encuadre
RESUMEN – Cuando lo real irrumpe en el encuadre, ¿De qué medios dispone el analista
para hacer frente a la situación: suspender la cura o repensar el dispositivo para preser-
varlo de la invasión mortífera y bloquear las agresiones de lo real? La Covid-19, como la
guerra o como los analisantes con fragilidades narcisistas y una destructividad agobiante,
habrá tenido la particularidad de llevar al analista a interrogarse sobre el encuadre y
reflexionar sobre las modalidades tranfero-contratransferenciales movilizadas. El analista
dispone pues de la posibilidad, si no ya del deber de repensar el dispositivo, para poder
brindar a los pacientes un apoyo a medida que le permita poner en marcha la función de
representación. El reto es no perder de vista el encuadre, estando a la vez a la escucha de
lo intuitivo y de la creación. ¿El psicoanálisis no es ante todo un arte, de acuerdo con lo
términos de Winnicott?
PALABRAS CLAVES – encuadre analítico, transferencia, contratransferencia, epidemia
Covid-19, guerra, situaciones límites del psicoanálisis.
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)
Toute référence à cet article doit être indiquée comme suit : Khouri Naja C. (2021). La
psychanalyse à l’épreuve du réel. Contre vents et marées, tenir le cadre. Rev Fr Psychanal
85(4) : 975-985

Vous aimerez peut-être aussi