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Bernardo Tanis
Dans Revue française de psychanalyse 2021/4 (Vol. 85), pages 953 à 971
Éditions Presses Universitaires de France
ISSN 0035-2942
ISBN 9782130828587
DOI 10.3917/rfp.854.0953
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 27/11/2023 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 86.229.21.231)
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ABSTRACT – This text throws light on the fundamental importance of the infantile in
clinical and theoretical psychoanalysis. The infantile may be understood in psychoanalytic
experience as the original expression of psychic reality, of the unconscious dimension of
human subjectivity. The infantile is concerned with the modes of registration of what
Freud calls Erlebnis, “infantile experiences”. In clinical psychoanalysis, the issues related
to the efficacy of these registrations will always be operative, their force will always be
present and living, along with their potential for metabolization and symbolization. The
infantile emerges as a current and living representative of the search for a creative and
reparative experience of everything that could not be experienced as continuity of being,
as potential expression, as creative tension. The transformation of the relationship to the
infantile involves facilitating a reorganization, a resignification, so that something new can
emerge. Whether the source of disillusionment or inspiration, it will always be a reference.
KEY WORDS – infantile, memory, temporality, infantile sexuality, setting.
L’infantile, dans toute sa richesse et sa complexité, est une des choses aux-
quelles Freud a donné un nom. C’est l’une des principales découvertes freudiennes
et comme Virginia Ungar – avec qui je suis en total accord – nous l’indique dans
son introduction à ce Congrès, « sans la notion d’infantile, la psychanalyse n’exis-
terait tout simplement pas ».
L’infantile est un marqueur identitaire de l’être humain ; nous, psychana-
lystes, nous occupons et traitons de cette dimension psychique. L’infantile ne
* PhD en Psychologie clinique. Membre titulaire de la Société brésilienne de psychanalyse de
São Paulo (SBPSP) et de l’Association psychanalytique internationale (IPA). Président de la SBPSP.
concerne pas que les analystes d’enfants, et il n’est pas non plus superposable à
l’enfance ou aux phases de développement. Distinct de l’infantilisme comporte-
mental, l’infantile – toujours sexuel selon la perspective freudienne présentée dans
les Trois essais sur la théorie sexuelle (1905/1929b) – peut être appréhendé dans
l’expérience psychanalytique comme expression princeps de la réalité psychique,
de la dimension inconsciente de la subjectivité humaine. Les importantes contribu-
tions des générations d’analystes post-freudiens ont enrichi notre compréhension
de l’infantile et de la complexité des formes et contenus à travers lesquels se mani-
feste dans notre clinique l’impact de l’infantile sur le contre-transfert.
L’infantile obéit à une surdétermination causale, non linéaire, ouverte à la
contingence et à l’incertain. Loin d’être une mémoire photographique du passé ou
de comportements enfantins chez l’adulte, l’infantile vise les modes d’inscription
de ce que Freud appelait Erlebnis, « vécus infantiles ».
La thèse centrale est la suivante : pour le sujet, dans la clinique psychanaly-
tique et au-delà des préférences pour ce modèle théorico-clinique, les enjeux
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concernant l’efficacité de ces inscriptions, leur métabolisation et symbolisation pos-
sible ou non, et sa force pulsionnelle vivante au temps présent, seront toujours vifs.
Ici réside donc la validité de la matrice freudienne fondatrice de notre champ.
L’infantile est actuel, comme l’a si bien formulé Scarfone (2014) dans son
beau rapport au Congrès des Psychanalystes de Langue Française (CPLF).
L’infantile se révèle et se déploie, comme une source créative ancrée dans la dimen-
sion pulsionnelle sublimatoire et transitionnelle, qui donnera lieu à la construction
d’une expérience culturelle et symbolique. De la même façon, il est aussi à l’origine
d’une souffrance et d’un malaise en lien avec les blessures – témoins de la rencontre
avec autrui –, le traumatique et la pression de la compulsion de répétition. Héritier
des vicissitudes d’une trame œdipienne singulière, il s’exprime aussi dans la névrose
infantile présente dans le champ transférentiel.
Comment vous présenter, dans un bref écrit, une notion impliquée dans la
clinique et la théorie psychanalytique aux multiples facettes, qui marque l’origine
et le destin du sujet ? Elle est présente dans les premières théorisations freudiennes,
dès les souvenirs-écrans, dans les rêves, ainsi que dans la sexualité infantile, liée
aux théories de la névrose. L’infantile est un objet de refoulement qui donne forme
et existence à la névrose de transfert, en montrant sa présence vivante au présent.
Cette notion a été enrichie par les contributions post-freudiennes, une approxima-
tion des temps de l’infans, et des expériences antérieures à l’acquisition du langage
(Ferenczi, Klein, Winnicott, Bion, Lacan), gagnant à chaque fois plus de com-
plexité à partir de la reconnaissance de la dimension traumatique-pulsionnelle des
vécus des premiers temps de notre existence.
Pour mieux me faire comprendre, des plus jeunes de nos lecteurs surtout,
j’aimerais illustrer mon propos par une heureuse image que l’écrivain Italo
Calvino place en épigraphe de son beau livre Les villes invisibles (1972/2013).
Marco Polo est adroitement sondé par le puissant Kubilaï Khan sur l’importance
des pierres qui soutiennent un pont. Marco Polo affirme que l’important n’est pas
telle ou telle pierre, mais l’arc qu’elles forment ; il lui dit alors : « Pourquoi me
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parles-tu des pierres ? La seule chose importante, c’est l’arc » (p. 96). Marco Polo
répond sagement : « Sans les pierres, il n’y a pas l’arc. » L’infantile est arc et
pierres.
La notion de l’infantile peut être comprise dans sa dimension psychanalytique
à partir des perspectives originales et complexes de la psychanalyse sur la mémoire
et la temporalité, ainsi que sur la puissance de l’infantile sexuel dans son contexte
relié à la constellation œdipienne et pré-œdipienne.
Au cours des dernières décennies, l’emphase, justifiée et reconnue dans l’étude
de l’irreprésentable, la figurabilité, du pictogramme et de l’archaïque, ainsi que les
études sur le rapport mère-bébé et sur l’observation des bébés, a rapproché l’infan-
tile d’une perspective de développement, de processus continus, et de l’enfance.
Tout ceci, comme l’a remarqué Green, a pu contribuer à obscurcir la dimension
originale de l’infantile freudien, sa singularité hétérochronique et la différence avec
une psychologie du développement. Nous mènerons plus loin une réflexion
détaillée sur ce sujet important.
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Si les analystes disposent de modèles métapsychologiques ouvrant sur des
théorisations différentes du psychique, ils s’accordent néanmoins sur la question
explicite ou implicite de l’infantile. De la même façon, le transfert entretient une
relation pertinente avec l’ensemble des irruptions que l’infantile rend possibles ou
détermine. Je n’évoque pas ici seulement le transfert comme cliché répétitif d’une
forme prédéterminée, lecture simplificatrice trop souvent réalisée pour proposer
de nouvelles modalités de compréhension de la situation analytique, mais en tant
qu’élément central d’un magma pulsionnel inconscient, plus ou moins structuré,
qui bouleverse et modèle le champ de la relation analytique. L’infantile apparaît
comme le carrefour inconscient incontrôlable de tout processus analytique, par
lequel il est indispensable de transiter.
Étant donné son lien avec l’histoire et les Erlebnis individuels, l’infantile fut
l’objet de lectures réductrices, abordé comme fragment positiviste, représentant
d’idées qui proposeraient la récupération ou reconstruction d’un passé historique
« tel qu’il était », considérant le modèle freudien comme s’il était une archéologie
d’une matière morte, en ignorant son présent vivant dans la situation analytique,
comme Florence Guignard nous l’a montré (1994) magistralement, soulignant la
vitalité de l’infantile chez l’adulte et la plus ou moins grande élaboration de
l’infantile chez l’analyste.
Des lectures intrigantes et provocatrices ont surgi sur les différents continents.
Voici l’exemple du livre polémique La construction de l’espace analytique, de Serge
Viderman (1970/1990), psychanalyste français, qui travaille de façon très intéres-
sante et non moins polémique sur la place de l’histoire et de la reconstruction en
analyse. Il dit :
« Il est légitime de parler d’une histoire du sujet, car il se révèle dans une
situation et une approche si spécifique (situation analytique et champ de transfert)
qu’il est possible, et pertinent, de questionner l’objectivité à partir des construc-
tions dans la réalité psychique à laquelle l’espace analytique nous donne accès,
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Motivé par mon expérience clinique et mes recherches, j’ai écrit une thèse en
1993 consacrée à une ample investigation sur ce sujet, intitulée : Mémoire et tempo-
ralité : Sur l’infantile en psychanalyse, publiée plus tard dans un livre (Tanis, 1995).
En 1994, la Revue française de psychanalyse lance un numéro spécial, « L’enfant
dans l’adulte », invitant à une réflexion sur l’infantile dans l’adulte, avec des
travaux fort intéressants, parmi lesquels celui de Brusset (1994) et de Guignard
(1994).
Nous avons beaucoup appris avec Melanie Klein (1975) et sa profonde péné-
tration dans l’univers inconscient infantile, la richesse du fantasme inconscient et
la dynamique des premiers temps de la constellation œdipienne, ainsi que des
angoisses et défenses des premiers temps de la formation du moi. Il arrive aussi
que nous – avec les analysants non névrotiques – n’arrivions pas à concevoir la
naissance du moi sans lien avec l’autre, comme plusieurs modèles freudiens le
font remarquer : confusion de langues (Ferenczi, 1949), holding et transitionnalité
(Winnicott, 1965, 1971/2005), rêverie (Bion, 1933/1967 ; 1962/1991), implantation
de signifiants énigmatiques (Laplanche 1987/1992), traumatisme narcissique iden-
titaire (Roussillon, 1990), intersubjectivités (Mitchel et Aron, 1999), théories asso-
ciées (Berenstein et Pujet, 1997). Ces modèles expriment et développent des idées
spécifiques sur la façon dont l’intersubjectif est saisi ; certains le considèrent selon
une perspective duale ; d’autres, comme Green (1995, 2003), soulignent dans
l’intersubjectivité sa dimension de tierceité, qui nécessairement tient compte de la
dimension troisième œdipienne, de même que la structure triadique du signe for-
mulée par Charles Peirce (1991).
L’infantile émerge comme cette mémoire active et actuelle aux multiples
facettes d’une Erlebnis infantile marquée par la rencontre pulsionnelle avec le
propre corps (autoérotisme) et celui d’autrui. D’ailleurs, et comme dirait Green,
il se présente à la psyché depuis les formes de représentation les plus élaborées
jusqu’à celles de plus grande expressivité affective et moindre représentation sym-
bolique. Au cours de sa vie, Freud a développé un gradient d’objets psychiques
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l’infantile, avec tout son investissement pulsionnel, ordonne le champ et provoque
des effets contre-transférentiels chez l’analyste.
L’infantile s’active dans l’association libre, dans le transfert sur l’analyste, le
cadre et le transfert sur le langage ; il peut adopter la forme d’un acte et des
phénomènes d’enactment réciproques.
Pour approfondir le débat sur l’infantile et en revenant au pont, aux pierres
et à l’arc, je vais choisir, dans cette deuxième partie de mon exposition, des élé-
ments, toujours partiels, que je considère comme des fondements :
– Mémoire, temporalité et histoire ;
– L’infantile, le sexuel et les questions de genre ;
– Le dispositif analytique, le transfère et les conditions de symbolisation ;
– L’infantile et la créativité.
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de l’humain et de la culture, comme Freud tenta de le décrire dans Totem et tabou
(1913[1912-1913]/1991b) et avec l’idée de Urphantasien. Le recours aux mythes
témoigne, dès les premières lueurs de l’humanité, de la nécessité de construire un
récit individuel et collectif autour du mystère qui enrobe l’origine. N’oublions
cependant pas que Freud traite de l’importance initiale de l’acte.
L’illustre écrivain israélien Amos Oz analyse, dans l’introduction de son petit,
mais fascinant livre, L’histoire commence, dix débuts de nouvelles et romans de
grands auteurs de la littérature universelle : Kafka, Gogol, García Márquez, Tche-
khov, Agnon, entre autres. Oz se demande : « Mais, finalement, qu’est-ce qu’un
commencement ? Peut-il exister, en théorie, un commencement approprié pour
chaque récit ? N’y a-t-il pas toujours commencement latent avant le commence-
ment ? » (1999/2007, p. 17).
Sans doute existe-t-il une tendance de la psyché vers un ordre temporel, un
avant et un après, qui obéit à une chronologie. Chronos : temps circulaire grec, et
aussi judéo-chrétien linéaire, qui parle d’un commencement (origine) mythique et
d’un destin. En fait, que ce soit dans l’utopie nostalgique d’une origine perdue ou
dans celle messianique d’une totalité ou complétude promise, la croyance de base
reste la même : il y avait ou il y aura un présent comme résidence privilégiée de
l’être. Les deux orientations peuvent donc converger vers une expérience circulaire
et cyclique du temps, et elles contribuent à une approche imaginaire du temps et
des enfants.
La flèche du temps est inexorable pour notre conscience, notre corps et nos
vies. Alors que l’hétérogénéité des objets psychiques est présente dans le transfert
qui, théorisé depuis Freud, correspondra aussi à une hétérochronie (Green, 2000),
c’est-à-dire à un complexe réseau mnémotechnique irréductible à une seule moda-
lité de fonctionnement temporelle. Les différences de régimes temporels des pro-
cessus primaires et secondaires, le modèle régressif du rêve, l’après-coup et la
dimension pulsionnelle qui obéit au désir et à la compulsion de répétition sont
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par Laplanche, qui a contribué à transformer ce concept en une spécificité fran-
çaise. Ce mécanisme ne doit pas être confondu avec un fantasme rétrospectif. Si
on le caractérise de façon sommaire, il correspond à un réaménagement a poste-
riori du potentiel inscrit en T1 à partir d’un second moment T2 ; il conserve un
lien avec les premières idées sur les deux époques traumatiques déjà ébauchées
dans Esquisse d’une psychologie scientifique (Freud, 1950 [1895]/1991a).
Tous deux, avant et après coup, sont présents aussi bien dans la clinique que
dans la pensée freudiennes.
J’aimerais souligner un troisième registre, en rapport avec les deux précédents,
mais qui a sa spécificité : l’introduction de l’événement et de l’actuel comme
élément temporel. Je m’inspire de Pujet (2005), Bleichmar (2006) et Scarfone
(2014) et de ma propre expérience clinique.
C’est le temps d’Éon, temps d’ouverture à l’inconnu (Pujet, 2005). Il est écrit
de façon indélébile dans l’impact de la rencontre avec autrui, qui ouvre les possibi-
lités d’altérité et de création, mais qui contient aussi un potentiel traumatique lié
à la souffrance du contact avec l’inattendu, qui peut lui-même être source d’aliéna-
tion, de soumission masochiste à un narcissisme destructeur. C’est l’ouverture au
champ du transfert et à ses avatars.
Cette ouverture à de nouvelles perspectives coïncide avec la perte de références
au passé, le surgissement de l’incertitude, et la peur de l’inconnu.
Ici, mémoire, temporalité et infantile manifestent leur force de transformation
sur la scène analytique.
« La “révolution copernicienne” de l’histoire aura donc consisté, chez Benja-
min, à passer du point de vue du passé comme fait objectif à celui du passé comme
fait de mémoire, c’est-à-dire comme fait en mouvement, fait psychique aussi bien
que matériel. La nouveauté radicale de cette conception – et de cette pratique –
de l’histoire, c’est qu’elle part, non des faits passés “eux-mêmes”, cette illusion
théorique, mais du mouvement qui les rappelle et les construit dans le savoir
présent de l’historien » (Didi-Huberman, 2000, p. 103).
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bolisation où s’articulent le couple pulsion-objet, l’intrapsychique et l’intrasubjec-
tif. On doit ajouter un vecteur supplémentaire : l’actualité d’un temps historique
dans un monde en mutation parallèle au développement économique, social et
culturel que nous connaissons. Lorsque Agamben (2009) parle du contemporain,
il dénonce l’illusion d’être à l’unisson avec son temps, un rapprochement avec la
sensation d’opacité constitutive. Je considère fort important que la psychanalyse
actuelle recherche l’incidence de ce quatrième axe, à partir de la clinique psycha-
nalytique.
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et nos interventions cliniques. Ce déplacement nous conduit à porter une attention
particulière aux dimensions identificatrices et à la place de la culture dans la
construction de la sexualité humaine, déjà présente chez Freud, ainsi que nous
l’avons signalé plus tôt.
Dans son approche freudienne, l’infantile serait plus lié au fantasme qu’à
l’objet et, par conséquent, il serait autoérotique, régi par le fantasme, par l’incon-
scient. D’un autre côté, les études de genre ont aussi joué un rôle dans la compré-
hension grandissante des rôles et des caractéristiques sociales attribués à ce qu’on
appelle homme et femme, sous certains contextes historiques, politiques et
culturels.
Cette recherche tient compte de la dimension politico-historique des marques
négatives attribuées aux femmes et remet en question son idée d’identité féminine
dont le référent est le masculin. En plus, elles ont eu une grande importance dans
la dépathologisation de l’homoérotisme.
En psychanalyse, on peut dire que la voie de la psychosexualité est un mouve-
ment empli de montages, de resignifications, et d’articulations dont les sources se
situent dans différents secteurs de la vie psychique et corporelle, avec une forte
influence culturelle et idéologique qui invite à s’intéresser à ce qu’on peut appeler
la constitution de l’identité sexuelle et de genre. Laplanche (2007/2014) insiste sur
l’importance d’intégrer le débat sur le genre à notre champ ; il soutient que le
genre serait attribué par assignation. L’assignation indique la priorité de l’autre
dans le processus identificatoire (un processus n’est pas ponctuel, et ne se limite
pas à un acte unique). Il convient de signaler que les débats sur le genre (motivés
par les œuvres de Monique Wittig, Gayle Rubin, Judith Butler et récemment Paul
Preciado) ont encouragé en psychanalyse la nécessaire recherche sur des notions
centrales telles que la diversité et la différence. On peut penser que la première
obéit à la thématique des genres et à leurs formes changeantes, ainsi qu’aux carac-
téristiques culturelles et d’époque, alors que chez la deuxième la différence opère
symboliquement dans le champ du réel et nécessite une opération complexe et
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genre que le corps, le sexe n’échappe pas à l’activité symbolique et qu’il ne nous est
pas accessible en deçà de l’ordre de la représentation. Le moment délicat est celui où
la théorie se fait idéologie, quand le performatif finit par se convaincre de la magie
de son propre pouvoir et que le langage se croit seul au monde (2015, p. 1716-1717).
Nous voyons toute la complexité présente dans le champ théorique ; nous
savons que la clinique est notre boussole, mais pour qu’elle ne nous indique pas
toujours la même direction, tel un dé pipé, il nous faut être attentifs aux débats
de l’époque. S’il n’est pas nécessaire de fusionner avec son époque, je crois que
cette attention nous permet de maintenir une écoute alerte et d’actualité, libre de
tout préjugé.
Je ne peux m’étendre sur ce sujet, dont l’actualité clinique et théorique est
grande ; je signalerai cependant la nécessité d’accorder de l’importance au débat
sur la multiplicité des champs au sein desquels les questions de la différence et du
symbolique s’organisent. Ces questions sont pertinentes pour penser l’infantile
dans la psychanalyse contemporaine.
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maîtrise (handling) du cadre et du lieu de jeu et de l’action, lorsque tout ne peut
être représenté, et Bleger (1967) a identifié le cadre comme réservoir d’aspects
psychotiques de la personnalité.
Green propose une double perspective pour le cadre : une matrice active, le
noyau de l’action analytique, et une configuration externe et variable (présentielle,
sur divan, avec un nombre de séances, et travail dans les institutions) comme
matrice protectrice.
Mais de quoi s’agit-il quand l’on parle du cadre interne de l’analyste ? Alizade
(2002), dans une intéressante réflexion, nous invite à penser que l’institutionnalisa-
tion de la psychanalyse et la peur de contamination par d’autres disciplines ont
peut-être produit un contrôle excessif de ce qu’il a été convenu de nommer cadre.
Cette emphase sur l’aspect externe du cadre semble avoir défini un cadre type.
Alizade avance donc l’idée d’un cadre interne implicite de la règle de libre associa-
tion, la régulation des processus psychiques qui émanent des configurations
internes de l’analyste, la capacité d’empathie et perméabilité chez l’analyste, son
propre inconscient et le développement de sa capacité créative dans l’art de la
cure. Travailler avec et en silence, sous la condition non formalisable des affects ;
l’auteur accorde à ce cadre interne un statut théorico-existentiel, où l’analyste
pourrait trouver une sorte de spontanéité éthérée.
Je crois qu’il peut être utile de travailler avec l’idée du dispositif analytique,
qui me semble plus élastique et riche que l’idée du setting ou cadre, d’après notre
clinique actuelle, où l’infantile s’étend dans d’autres directions. Il serait trop long
de développer une pensée concernant ce travail, mais j’ébaucherai quelques idées
pour les lecteurs, à partir d’un dialogue avec des réflexions de René Roussillon
(2005) et ma perspective autour de l’infantile.
Roussillon consacre quelques chapitres de son Manuel de la pratique clinique
en psychologie et psychopathologie (2012b) à éclairer son approche du dispositif
analysant : en même temps que le dispositif a pour fonction de produire des objets
symboliques – ainsi que d’autres dispositifs culturels –, sa singularité permet une
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pas seulement conçue comme défense (acting), mais aussi comme modalité de
communication et expression d’une dimension traumatique pulsionnelle aux liai-
sons précaires et non symboliques.
On peut penser que si le cadre classique s’adaptait bien au modèle de symboli-
sation du rêve, l’idée du dispositif peut contenir de façon élargie la dimension de
l’acte et du jeu, si présents dans la clinique d’analysants non névrotiques.
L’infantile et la créativité
Une des réussites de la psychanalyse réside dans la possibilité de transformer
un sentiment négatif de solitude, marques de certaines configurations de l’infantile,
en une expérience dans laquelle la solitude se manifeste comme fondement de la
singularité et par la capacité de revenir vers l’autre. L’infantile peut contenir en
lui une réserve potentielle, résistance aux forces d’un narcissisme négatif qui favo-
rise la déconnexion.
Lorsqu’on parle de transformation et de création, l’idée freudienne de subli-
mation émerge, à propos de laquelle plusieurs analystes ont exprimé les difficultés
théoriques qu’elle pose.
La théorie de la sublimation implique, dans ses différentes versions – autant
dans la première, en conservant son énergie, mais en changeant la finalité et l’objet
de la pulsion (Freud, 1908/1986b) que dans la deuxième, centrée sur l’emprise
d’Éros (Freud, 1930[1929]/1986a) –, un mouvement destiné à produire des objets
culturels généralement partageables. Il faut dire que la culture occupe une place
centrale dans les destins de la sublimation, et on peut d’ailleurs ajouter que ces
productions ont une valeur symbolique qui leur permet d’être partagées et appré-
ciées par les autres.
Dans le travail avec mes analysants, j’ai pu constater que cette capacité sym-
bolique et créative était au début fort déficiente. L’intérêt principal portait sur les
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perspective contemporaine de l’infantile. Dans l’espace de cet autre, l’analyste peut
parfois ouvrir une brèche qui, si elle n’est pas vécue comme un vide ou une intru-
sion, ouvre à son tour une relation avec l’altérité.
Quand l’on travaille avec des processus de symbolisation et de création, le
processus analytique ne rend pas seulement conscient l’inconscient, il produit éga-
lement des expériences culturelles sans précédent. Jurandir Freire Costa (2000), en
reprenant la contribution de Winnicott sur les idées de culture et la gestion du
malaise, affirme :
Quand il parle de « la localisation de l’expérience culturelle dans la psyché », il sou-
ligne ce qui semble être, en même temps, banal et inusuel. La culture n’est pas quelque
chose d’extérieur au « substrat » du sujet et elle n’est pas non plus étrangère à la
pulsion. De la même manière, son but principal n’est pas d’interdire aux pulsions
d’accéder à la vie ou à la réalité mentale consciente. C’est l’endroit où interagissent
le symbolique et le pulsionnel. C’est une partie intégrante de la subjectivité, soit
comme des règles générales de pensée, de désirs ou de jugements, soit comme un
moyen où la pulsion trouve des objets de satisfaction et où elle est confrontée aux
pulsions de l’autre. Les pulsions ont besoin, en particulier, de créativité, elles ont
besoin de « jeu », du jeu ou d’une aire intermédiaire afin de ne pas devenir un marais,
condamné à disparaître par évaporation.
Bien des analysants ont dépouillé la culture et le social d’un espace de créa-
tion, un espace ludique et potentiel. Il en résulte dans une large mesure que,
comme l’illustrent ces précédents items, et, sous certains aspects, les cultures des
grandes villes globalisées ont aussi perdu ces caractéristiques, favorisant l’aliéna-
tion de l’autre. L’infantile, lorsqu’il est accueilli par le dispositif analytique en
présence de l’analyste, permet le déroulement du jeu transitionnel, en favorisant
l’émergence du créatif de vie, où le pulsionnel et le culturel s’associent et expriment
de façon créative un potentiel mis sous silence dans d’autres contextes.
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cela nous permet de le comparer avec l’idée « d’expérience » (Erfahrung). Je garde
les termes en allemand, car ils marquent l’usage freudien et aussi la caractérisation
qu’établit Walter Benjamin, ce qui, je crois, est très significatif pour notre domaine.
Erfahrung contient la racine fahren, qui fait allusion au mouvement de croiser,
voyager. Nous sommes sur le territoire de la sédimentation narrative, base de
l’accumulation temporelle et générationnelle de traditions qui s’actualisent dans
les mythes, les légendes et les proverbes qui relient les générations. Ils comprennent
une dimension imaginaire, mais cela sert de contexte et de support à la dimension
symbolique. Erlebnis, en revanche, réfère plus à l’instant à l’expérience individuelle
singulière, moins connectée à la communauté des hommes. Alors, comment situer
l’infantile dans cette dialectique du vécu et de l’expérience, depuis la perspective
psychanalytique actuelle et l’époque qu’il nous est donné de vivre ? Beaucoup
de nos analysants ont rapporté des expériences, sensations, fantasmes et pensées
intolérables liés à la pandémie de Covid-19.
La dimension temporelle s’est vue totalement éclipsée par un actuel omnipré-
sent, absolu. Des incertitudes concernant l’avenir et un passé qui devient lointain :
un présent roi, absolu, un événement difficilement métabolisable. Cela évoque des
conditions essentielles de la constitution subjective, antérieures à la naissance de
la pensée et dominées par l’urgence du besoin. On perçoit les résonances avec
l’infantile et sa mise au jour « à fleur de peau ». Les rêves se sont intensifiés,
maintes fois ils nous ont fait penser à une sorte de travail d’extraction minière,
d’exploitation de ressources d’un autre temps pour lutter contre les défis d’une
actualité écrasante. On rêve pour pouvoir métaboliser, représenter, pour fortifier
ce qui pourrait être des anticorps psychiques faisant face à la toxicité d’une expé-
rience écrasante et menaçante.
Les scénarios de l’isolement social nous ont placés comme analystes face aux situa-
tions régressives qui comprenaient des angoisses de forte intensité durant des moments
de solitude ou, parfois, une présence invasive et insupportable de l’autre. On est plus
en contact avec nous-mêmes, avec notre corps, avec nos fantasmes. Pour certains, cette
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Il y a eu, malgré l’urgence et le début rapide des analyses à distance, un surgisse-
ment créatif dans le contexte de certaines analyses, une transformation naissante
en relation avec l’infantile et le commencement d’une ouverture marquée par la
réappropriation des aires de la personnalité, qui jusque-là ne semblaient pas exister
en raison de la force des clivages défensifs imposés.
Si Winnicott nous dit que l’analyse se déroule à l’intersection de deux aires
de jeu, celle de l’analyste et celle de l’analysant, on peut donc signaler une autre
image qui nous parle de la solitude partagée. En effet, nous vivons des angoisses
et des risques inhérents aux ressemblances et aux superpositions du monde avec
nos analysants. De la même façon qu’on a souligné l’importance de l’autre dans
la constitution de l’infantile, l’analyste, à la place de cet autre, peut ouvrir une
brèche qui, si elle n’est pas ressentie comme absence ou intrusion, ouvre une nou-
velle voie de rencontre avec l’altérité et la réalité toute-puissante dans un présent
étouffant.
L’analyse a le potentiel de connecter l’individu à son histoire et à l’histoire
des générations précédentes, à sa propre culture, en élargissant et en resignifiant
le champ de l’Erlebnis, en restaurant et en établissant un temps collectif, symbo-
lique, où le nouveau et l’ancien obéissent non à une logique de soumission ou de
subordination, mais à un mouvement critique. Tout cela peut être débiteur d’une
troisième perception du temps dans le contexte de l’analyse : Kairos, temps juste,
temps qui donne du sens, temps de vertige, mais aussi de réorganisation de la
subjectivité, atteignant ainsi le statut de l’Erfahrung (expérience) partagée.
L’infantile n’émerge pas seulement comme résistance, mais comme invitation
à la recherche d’une expérience créative et réparatrice (néogenèse) de ce qui n’a
pu être expérimenté comme continuité d’être, comme expression potentielle du
self, comme élan créatif, et qui, à cause de l’incapacité ou l’inadéquation de l’objet
primaire, a dû être refoulé ou clivé.
Transformer le rapport à l’infantile ne signifie pas l’éliminer, mais permettre
une réorganisation, une resignification afin que le nouveau puisse advenir. Source
de désillusion ou d’inspiration, il sera toujours une référence.
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tout ce qui n’a pu être expérimenté comme continuité de l’être, comme expression poten-
tielle, comme poussée créative. La transformation de la relation à l’infantile signifie per-
mettre un réaménagement, une resignification, afin que le nouveau puisse advenir. Source
de désillusion ou d’inspiration, il sera toujours une référence.
MOTS-CLÉS – infantile, mémoire, temporalité, sexualité infantile, cadre.
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una experiencia creativa y reparadora de lo que no pudo ser experimentado como continui-
dad de ser, como expresión potencial, como impulso creativo. Transformar la relación con
lo infantil significa permitir una reordenación, una resignificación para que lo nuevo pueda
advenir. Fuente de desilusión o inspiración, nunca dejará de ser referencia.
PALABRAS CLAVES – infantile, memoria, temporalidad, sexualidad infantil, encuadre.
Toute référence à cet article doit être indiquée comme suit : Tanis B (2021). L’infantile : ses
multiples dimensions. Rev Fr Psychanal 85(4) : 953-971