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FANTASMES ORIGINAIRES ET SURMOI : LA PHYLOGENÈSE

Denise Braunschweig

Presses Universitaires de France | « Revue française de psychosomatique »

2021/2 n° 60 | pages 153 à 164


ISSN 1164-4796
ISBN 9782130828426
DOI 10.3917/rfps.060.0153
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-francaise-de-psychosomatique-2021-2-page-153.htm
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Texte historique
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DENISE BRAUNSCHWEIG

Fantasmes originaires et surmoi :


la phylogenèse1

Les thèses phylogénétiques de Freud ont rencontré de vives oppositions


de son temps, mais plus encore ces dernières années. On leur reproche à
la fois leur biologisme et leur inexactitude biologique ; en bref leur
manque de scientificité. Cette contestation, de nature narcissique, néglige
le fait que, pour un Freud passionné de découverte et pour qui tout dit,
fût-il délirant, contient sa part de vérité, la psychanalyse, avec la rigueur
expérimentale de ses méthodes et ses lois propres fondées sur ce que le
langage – séances d’analyse codifiées, et culture humaine des plus étendues
– révèle, est incontestablement une science. Ainsi, ce que d’aucuns nom-
ment aujourd’hui avec condescendance, voire mépris, « mythes scienti-
fiques » constitue pour Freud (même quand il les présente d’abord
modestement comme des hypothèses ou, s’agissant de la pulsion de mort,
comme une spéculation) des réalités psychiques qui fondent et déterminent
l’humain.
La causalité psychique phylogénétique est, en conséquence, structurale,
organisée par les sédiments de la préhistoire déposés dans le ça, et opposée
à l’étiologie ontogénétique dont la psychanalyse dite génétique (ou encore
« psychologie du moi ») forme le pôle complémentaire. Rien de mental –
ni de vital sans doute – ne subsiste sans opposition, oscillation, équilibre.
La négation (le négatif), nous apprend Freud, est au cœur des opérations
de pensées. Les philosophies, résumées par Hegel, définissent comme dia-
lectique la marche même de la pensée.

1. Publication originale ; Braunschweig, D. (1991), Revue française de psychanalyse, vol. 55, n° 4, Paris,
Puf, p. 1251-1263.

Rev. fr. psychosom., 60/2021


154 Denise Braunschweig

Mais l’aspiration à la domination narcissique, la fascination par l’illusion


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de l’unité induisent des constructions théoriques où le conflit est, soit sim-
plifié : bon/mauvais objet (M. Klein et ses successeurs), soit ramené à une
causalité finalement univoque : le stade du miroir (Lacan), la séduction
généralisée (Laplanche) ou encore la transmission transgénérationnelle
inconsciente qui s’apparente aux options précédentes et attire nombre de
psychanalystes actuels. Loin d’être à récuser, et à condition de n’être pas
généralisé de façon totalitaire, chacun de ces points de vue doit pouvoir
trouver accueil dans la complexité de la pensée psychanalytique freu-
dienne dont le mérite demeure de ne s’être jamais fermée à l’enrichis-
sement.

NÉVROSES ET ORIGINES DE LA FAMILLE HUMAINE

Dans sa XXIIIe Conférence d’introduction à la psychanalyse, prononcée


à Vienne pendant l’hiver 1916-1917, Freud s’exprime ainsi :

« … tout ce qui nous est raconté au cours de l’analyse à titre de fantaisies, à


savoir le détournement d’enfant, l’excitation sexuelle à la vue des rapports
sexuels des parents, la menace de castration ou, plutôt, la castration, il est
possible que toutes ces inventions aient été jadis, aux phases primitives de la
famille humaine, des réalités, et qu’en donnant libre cours à son imagination
l’enfant comble seulement, à l’aide de la vérité préhistorique, les lacunes de la
vérité individuelle. J’ai souvent eu l’impression que la psychologie des névroses
est susceptible de nous renseigner plus et mieux que toutes les autres sources
sur les phases primitives du développement humain. »

Cette idée se fait toujours plus assurée au long de l’œuvre. Assurance


qui sous-tend la tranquille réponse de Freud aux détracteurs des thèses
avancées dans Totem et tabou (1912) :

« la biologie peut n’être pas d’accord, ce que j’énonce je l’ai appris de l’incon-
scient des hommes. C’est la découverte des phénomènes de transfert qui lui
fournit ces certitudes ».

Les Cinq psychanalyses, dont la publication s’échelonna de 1905 à 1918,


furent toutes complètement rédigées avant la fin de l’hiver 1914-1915.
Quatre des cas rapportés sont représentatifs de la diversité clinique des
Fantasmes originaires et surmoi : la phylogenèse 155

névroses et chacun d’eux met l’accent – sans toutefois exclure les autres –
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sur l’un des grands fantasmes originaires, ainsi dénommés précisément en
1915 (« Un cas de paranoïa qui contredisait la théorie psychanalytique de
cette affection »). Dora illustre le fantasme de séduction et son utilisation
inconsciente par l’hystérique à rencontre de sa culpabilité masturbatoire.
La phobie infantile du petit Hans confirme les hypothèses formulées par
Freud au cours des années 1905-1908 quant à l’angoisse de castration du
garçon en raison de ses désirs incestueux et de l’excitation érotique génitale
qui leur est liée. L’ambivalence à l’égard du père (castrateur) apparaît ici
à l’évidence ainsi que son déplacement sur un animal phobogène (toté-
mique). Cette observation, complétée par l’analyse de l’Homme aux rats
(1907-1908) confirme, dans l’élaboration de Freud, ce qu’il nomme à
l’époque le « complexe paternel », formule employée en particulier pour
qualifier le transfert de ses disciples (Jung et Ferenczi entre autres). Une
longue note de l’« Homme aux rats » se termine ainsi : « Le fait que l’on
forme généralement les mêmes fantasmes concernant sa propre enfance,
indépendamment de ce que la vie réelle y apporte, s’explique par l’unifor-
mité des tendances contenues dans ce complexe… Il appartient essentielle-
ment au complexe nodal de l’enfance que le père y assume le rôle de
l’ennemi dans le domaine sexuel… » Le soubassement clinique apte à
fonder l’audace de Totem et tabou est déjà en place.
Quant à l’analyse de l’« Homme aux loups » à laquelle ne manquent ni
le fantasme de séduction, ni le fantasme de castration, l’objet central de la
polémique que comporte cet exposé est le fantasme de scène primitive. Et
Freud de conclure : « Nous ne pouvons absolument pas nous figurer en
quoi consiste un tel “savoir”, nous ne disposons à cet effet que d’une seule
mais excellente analogie : le savoir instinctif— si étendu – des animaux. Si
l’homme possède lui aussi un patrimoine instinctif de cet ordre, il n’y a
pas lieu de s’étonner de ce que ce patrimoine se rapporte tout particulière-
ment aux processus de la vie sexuelle… » « Le rôle important des trauma-
tismes de la petite enfance serait de fournir à l’inconscient un matériel qui
le préserverait de l’usure lors de l’évolution subséquente. » Cette dernière
proposition prendra toute sa portée dans L’homme Moïse et la religion
monothéiste (1939) : la mémoire d’un événement est conservée par son
oubli.
Les citations qui précèdent montrent que, dès les années 1900-1915,
Freud avait une opinion précise, bien qu’encore assez timidement expri-
mée, de l’origine phylogénétique des contenus de l’inconscient primaire
(le complexe nodal des névroses). Le meurtre du père primitif, en réponse
à la castration (ou la mort) qui sanctionnait le désir incestueux des fils,
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conduisit à l’interdit – propre à l’espèce humaine – de l’inceste (la loi). Cet


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interdit découle pour Freud d’une réalité préhistorique qui rend compte
en dernier ressort de l’aptitude au transfert et à la névrose dont l’étiologie
serait toujours sexuelle. Et, de fait, quand Freud compare ces schèmes
mnésiques organisateurs à l’instinct des animaux, il nous apparaît à l’évi-
dence que le caractère remarquablement fixe, prédéterminé, impératif de
ce dernier concerne très généralement des comportements dont le but,
proche ou lointain, n’est autre que la conservation de l’espèce, la reproduc-
tion. La transmission génétique, phylogénétique, de cet instinct (des migra-
tions spectaculaires de certains animaux aux modes divers mais spécifiques
d’accouplement et d’élevage de la progéniture de chaque espèce de grands
mammifères) ne nous fait guère problème, même si nous en recherchons
la cause lointaine dans les grands bouleversements climatiques, géogra-
phiques, géologiques de notre planète. Nombre d’auteurs, prêts à accepter
la thèse darwinienne de l’évolution des espèces se refusent cependant à
l’étendre à l’apparition de l’espèce humaine. Il est vrai que la complication
qui résulte de l’ajout d’un appareil psychique représente une mutation
majeure. Freud, à la recherche d’une causalité psychique, mais aussi d’une
détermination non religieuse au sentiment inconscient de culpabilité à
l’œuvre dans la psychopathologie, a de cette évolution élaboré une théorie
d’une cohérence rigoureuse : suite à un traumatisme originaire (et plu-
sieurs fois répété) lié à l’ambivalence primordiale envers le père, l’interdit
de l’inceste s’est installé de façon absolue. L’instinct sexuel visant l’objet
primaire (la longue maturation postnatale du petit d’homme accentue
l’attraction réciproque entre la mère et l’enfant) se trouvant interdit par
une instance d’essence paternelle, le Surmoi, cet instinct se transforme en
pulsion, produit d’un travail psychique, qui, de ce fait portera toujours en
elle-même « le germe de son insatisfaction », donc de la constance de sa
poussée « toujours en avant », et du progrès de l’espèce humaine vers
l’intellect en passant par le langage (l’insatisfaction pulsionnelle ayant pour
effet l’accroissement de la culpabilité).
Chaque enfant, entre son père, sa mère, ses frères ou des substituts de cet
environnement revit, selon des modalités diverses, l’histoire de la famille
humaine ; cependant, les variations individuelles parfois très larges sont
compensées, nous dit Freud à propos de 1’« Homme aux loups », par le
schéma phylogénétique : bien que dans ce dernier cas les menaces de
castration eussent été prononcées par des femmes, « en fin de compte, c’est
de la part du père qu’il en vint à redouter la castration. Sur ce point
l’atavisme triompha des circonstances accidentelles de la vie »… « Et plus
notre patient, au cours de l’évolution de sa névrose obsessionnelle infantile,
Fantasmes originaires et surmoi : la phylogenèse 157

refoulait sa sensualité, plus il devait lui sembler naturel d’attribuer à son


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père, véritable représentant de l’activité sensuelle, ces mauvaises inten-
tions. » Il est ainsi précisé que le fantasme de castration par le père n’est
pas originaire en tant que contenu représentatif mais qu’il prend forme à
l’âge du conflit œdipien, vécu par tout enfant en son temps, d’une manière
que déterminent les traces mnésiques phylogénétiques inconscientes
propres à son espèce. Le vécu individuel des « traumatismes » coutumiers
de la petite enfance est cependant nécessaire pour qu’accèdent à la figura-
tion les scènes typiques, dénommées fantasmes originaires et dès lors acces-
sibles à l’analyse du refoulé secondaire.

AU FONDEMENT DE LA STRUCTURE MENTALE ET DE L’ANALYSABILITÉ :


LE SURMOI

La trace phylogénétique du meurtre du père apparaît ainsi comme la


racine du sentiment inconscient de culpabilité, condition tant de la névrose
que de la pensée, la base également des matrices fantasmatiques qui
donnent lieu au cours de l’enfance à l’élaboration des scènes : primitive,
de castration, de séduction. Ces dernières combinent à la fois le désir et la
défense qui s’y oppose ; elles donnent alors lieu à des constructions trans-
féro-contre-transférentielles dans un procès où, comme le souligne M. Ney-
raut (1974, Le transfert) le débat porte sur l’attribution de la faute : « À
qui la faute ? » Mais cette problématique, mentalement la plus évoluée,
définit pour Freud lui-même le champ des névroses de transfert, seul justi-
ciable d’une thérapeutique psychanalytique rigoureuse.
Ce qui précède tente de ramasser en quelques phrases l’histoire du che-
minement complexe de toute une pensée, celle de Freud, qui obéissait à sa
propre logique conceptuelle et affective, démarche, la mienne, forcément
simplificatrice. La fonction maternelle, au niveau de l’histoire de l’humani-
sation, y paraît caricaturalement négligée. Pourtant, à quelques reprises, la
mère est désignée par Freud comme étant, par ses tendres soins, spéciale-
ment quand ils concernent les zones érogènes, la première séductrice de
l’enfant (garçon ou fille), activité à laquelle n’est vraiment reconnu un rôle
dans la structuration mentale que par l’interdit du désir qu’elle suscite,
interdit paternel, la qualité du surmoi féminin restant pour Freud incer-
taine.
De son temps déjà, certains de ses disciples, reportant dans le pré-Œdipe
de l’histoire individuelle l’origine d’une pathologie qui dépassait le cadre
158 Denise Braunschweig

des névroses et qu’ils souhaitaient cependant atteindre et traiter avaient


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mis en cause ce jugement. Dès lors, le précoce et le primaire vécus par
l’enfant avec les fixations que ceux-ci imprimaient, intéressèrent bien
davantage ces psychanalystes qu’un originaire lointain conçu par eux
comme mythique. M. Klein fut une pionnière dans l’extension de la pra-
tique psychanalytique aux enfants et aux psychotiques. Elle exerça une
grande influence sur l’évolution du mouvement psychanalytique. Là où,
en effet, la structuration mentale est défaillante la référence dominante au
père ne suffît plus car le complexe dit nucléaire des névroses, déterminant
l’organisation d’un surmoi œdipien et des fantasmes originaires, se trouve
mis en défaut. Ainsi, là où le père se révèle insuffisant dans la pratique (et
dans la théorie), la mère (imaginaire et réelle) prend sa place dans la
théorisation de la causalité psychique. On peut généralement constater, me
semble-t-il, que là où la pathogenèse est surtout rapportée à la relation
précoce mère-enfant, là aussi se trouve acceptée la théorie de la pulsion
de mort. Celle-ci ne serait-elle donc pas chez Freud, en 1920, quand elle
se formule comme spéculation, hypothèse, l’aboutissement d’un certain
nombre d’efforts thérapeutiques décevants. Imputés à la compulsion de
répétition dont divers exemples « Au-delà du principe de plaisir » illustrent
la puissante action (au-delà du transfert), ils s’avèrent déterminés par
l’existence d’une pulsion de mort antagoniste de la libido. Cette tendance
au retour à l’état antérieur, à l’inanimé, ne serait-elle pas une manière
pour Freud lui-même d’exprimer sur un mode à distance l’autre fantasme,
dit originaire mais évoqué séparément, du bienheureux séjour dans le
corps maternel dont le sujet a la nostalgie, mais où l’avant-vie se condense
avec la mort.
Il est vrai, comme le fait remarquer R. Barande (1967, « La pulsion de
mort comme non-transgression de l’inceste ») qu’une telle interprétation
de l’action mortifère de la compulsion de répétition peut s’entendre comme
refus d’envisager le désir génital, triangulé, œdipien, seul réellement inces-
tueux pour l’auteur. Il semble négliger le fait que lors des manifestations
qui évoquent une désorganisation liée à la pulsion de mort la structure
œdipienne et l’investissement génital de l’objet de la pulsion ne se signalent
que par leur défaut. Par contre, les commentaires de R. Barande et ses
citations extraites de « L’inquiétante étrangeté » (1919), le « Thème des
trois coffrets » (1913), ainsi que de ce qui concerne le tabou et la nostalgie
de Rome, confirment l’idée que la pulsion de mort est pour Freud l’expres-
sion régressive théorisée d’un désir marqué par une haine vécue par
l’enfant à l’égard du bébé qui le suit dans l’imaginaire ou dans le réel. Les
fantasmes inconscients ne sont ni la pulsion, ni le désir mais le mode selon
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lequel les processus primaires parviennent à les représenter (déplacés,


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condensés, symbolisés) en fonction de schèmes propres à notre espèce.
Mais pour R. Barande, et en fait pour I. Barande aussi, le psychisme se
développe chez l’homme en raison de sa néoténie, tandis que pour Lacan
c’est l’impuissance motrice due à la prématuration, qui conditionne l’alié-
nation du sujet, sa captation imaginaire et la relation paranoïaque au sem-
blable qui caractérisent l’être humain. Ni les uns ni l’autre ne considèrent
comme fondateur le meurtre du père (pour Lacan c’est un mythe génial
mais seulement un mythe). Quand I. Barande commente Moïse et le mono-
théisme (1984, « L’assassinat de Moïse comme immolation de l’instinct de
mort ») c’est pour démontrer que cette œuvre presque terminale disqualifie
le tournant théorique de 1920.
Pourquoi ne pas admettre plutôt comme structural ce balancement de
la théorie freudienne à partir de 1919-1920 entre ce qui, dans l’hypothèse
phylogénétique de l’origine de la conscience (meurtre primitif du père),
renvoie au père et ce qui, dans l’origine traumatique de la vie (théorisée
de son côté par Rank comme traumatisme de la naissance), tendance au
retour à l’avant-vie, pulsion de mort, renvoie à la mère. Malaise dans la
civilisation (1930) et l’Abrégé de Psychanalyse (1938) tiennent compte des
deux filiations, coexistence nécessaire pour comprendre psychanalytique-
ment un champ extensif de la pathologie mentale au-delà de la névrose,
au-delà du transfert.
Après 1920, Ferenczi qui n’admettait pas la pulsion de mort récusa à sa
façon le rôle de la sexualité infantile spontanée dans l’étiologie névrotique.
Il revendiquait l’innocence de l’enfant et attribuait à des agents pervertis-
sants externes l’intrusion en lui de l’excitation érotique. L’un de ces agents
était pour Ferenczi la « Confusion de langue entre adultes et enfants »
(1932). Cet article, publié un an avant sa mort reprend et conclut en
quelque sorte l’évolution de l’auteur quant à la théorie et à la technique
de la psychanalyse. En très bref : l’enfant parle le langage de la tendresse
et ne réclame qu’elle, l’adulte exprime le langage de la passion, c’est-à-
dire de la sexualité. Ainsi il traumatise et « séduit » l’enfant ; l’analyste doit
exercer une action réparatrice par des manifestations de tendresse, ou en
tout cas en renonçant à interpréter comme sexuel œdipien tout le matériel
transférentiel.
Freud, bien entendu, s’opposait à de telles assertions qui contredisaient
ses idées sur le polymorphisme pervers de l’enfant, point de vue auquel il
avait adhéré depuis son abandon de la théorie de la séduction (septembre
1897). Mais ce différend, en apparence impersonnel, laisse percevoir un
aspect ambivalent de la relation transféro-contre-transférentielle des deux
160 Denise Braunschweig

hommes. En janvier 1930, Ferenczi fait à Freud deux reproches (Jones,


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1969) : 1/ pourquoi n’a-t-il pas été plus gentil avec lui au cours de leur
commun voyage en Sicile en 1910 ; 2/ pourquoi ne pas avoir pendant ses
quelques semaines d’analyse pendant l’automne 1914 interprété sa haine
refoulée. Ces deux reproches montrent que les positions prises par
Ferenczi après 1920 dans ses écrits s’éclairent d’être considérées en fonc-
tion des affects d’amour et de dépit inspirés à l’auteur par son analyste.
Freud, en effet, écrit à Jung en septembre 1910 parlant de Ferenczi : « Mon
compagnon de voyage… a une attitude infantile à mon égard. Il m’admire
sans discontinuer… Il s’est comporté de façon trop réceptive et passive, a
tout laissé faire pour lui comme une femme, et mon homosexualité ne va
quand même pas jusqu’à l’accepter comme tel. » En 1937, quatre ans après
la mort de Ferenczi, Freud écrit « Analyse avec fin, analyse sans fin », long
commentaire désabusé sur les difficultés à mener certaines analyses à leur
fin avec succès, mais aussi tentative de répondre en se justifiant au second
reproche de Ferenczi. Or il souligne justement dans cet article, comme
obstacle majeur à la guérison, le refus de la féminité dans les deux sexes
(la castration) et l’inacceptation de l’interprétation de la soumission chez
l’homme comme passivité homosexuelle.
En 1914, précédant de quelques mois la courte mais intensive psychana-
lyse de Ferenczi, « Pour introduire le narcissisme » avait été publié. Jones
écrit à ce sujet (1961, La vie et l’œuvre de Freud, t. II, p. 325) : « Freud
appuie sa conception du narcissisme sur les manifestations de la mégalo-
manie… Il y a aussi l’état hypocondriaque que Freud avait dû étudier de
très près au cours de ces dernières années en tentant de venir en aide à
son ami Ferenczi, gravement victime de cette infortune… Par là il put
élargir la théorie de la libido en étendant aux organes internes l’idée des
zones érogènes confinées dans certaines parties de la surface corporelle. »
Jusqu’à quel point Freud avait-il pu, conscient de la projection narcissique
de son ami, douloureuse de n’être assortie en retour que d’un « Mon cher
fils » (assez ambigu car explicité par l’excessive dévotion et la sensibilité
maladive de son correspondant) interpréter le transfert paternel, ou paren-
tal, de Ferenczi sans le blesser ? De plus, si dans son amour pour Freud,
Ferenczi avait projeté son idéal du moi, le premier, intervenant comme
instance surmoïque, s’était opposé au désir de Ferenczi d’épouser au lieu
de la mère, son ancienne maîtresse devenue veuve, la fille aînée de celle-
ci, plus attrayante mais plus proche aussi d’un choix d’objet incestueux.
Un tel conflit Idéal du Moi/Surmoi n’était-il pas, dans le transfert, une
actualisation du conflit narcissisme/érotisme si mal toléré par Ferenczi.
Fantasmes originaires et surmoi : la phylogenèse 161

Si je me suis attardée plus que nécessaire à l’évocation de ces avatars


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pénibles de l’histoire de la psychanalyse, c’est qu’ils m’ont paru illustratifs
d’oppositions toujours actuelles dans le monde psychanalytique.
Consciente de schématiser à l’extrême un trajet théorique considérable je
pense à quelques étapes de la pensée de J. Laplanche :
1/ 1970, Vie et mort en psychanalyse : la pulsion de mort si elle n’est
pas déniée, n’est plus vraiment antagoniste de la pulsion de vie, toutes
deux appartenant aux pulsions sexuelles, l’autre polarité psychique étant
l’autoconservation (fonctionnelle celle-ci). Et déjà le surgissement de la
sexualité auto-érotique chez l’enfant résulte de l’excitation traumatique
issue de la sexualité adulte.
2/ 1984, « La pulsion et son objet-source ; son destin dans le transfert »
(in La pulsion pour quoi faire ?, colloque de I’APF). Une citation de ce
texte résume assez bien la position de l’auteur : « C’est parce que les gestes
autoconservatifs de l’adulte sont porteurs de messages sexuels inconscients
pour lui et immaîtrisables pour l’enfant, qu’ils produisent, sur les lieux dits
érogènes, le mouvement de clivage et de dérive qui aboutit éventuellement
à l’auto-érotisme. Mais le véhicule obligé de l’auto-érotisme, ce qui le sti-
mule et le fait exister, c’est l’intrusion puis le refoulement des signifiants
énigmatiques apportés par l’adulte. » Un exemple de cette genèse présumée
de l’inconscient se trouve à la page précédente : « Le sein est une zone
érogène majeure de la femme, qui ne peut pas ne pas jouer comme telle
dans la relation à l’enfant. Que me veut ce sein qui me nourrit mais aussi
qui m’excite ; qui m’excite à s’exciter ? Que veut-il me dire, qu’il ne sait
pas lui-même ? » Ne reconnaît-on pas dans cette interrogation, rendue plus
concrète par l’illustration de Laplanche, la courbe supérieure du schéma
lacanien du sujet de l’inconscient (1966, « Subversion du sujet et dialec-
tique du désir dans l’inconscient freudien ») : Che vuoi ? Que me veut ce
grand Autre dont la mère occupe d’abord la place et qui, à l’occasion,
peut prendre l’aspect d’un monstre « obscène et féroce », figure du Surmoi.
Proche de Lacan aussi cette conception de l’inconscient constitué de
« signifiants originaires, traumatiques » résultant du fait « que le monde
adulte est entièrement infiltré de significations inconscientes et sexuelles,
dont l’adulte lui-même ne possède pas le code ». Laplanche, pas plus que
Lacan, ne tient compte de l’existence du préconscient. Sans doute pourrait-
on faire droit à la théorie du signifiant et du message énigmatique de
l’adulte, son langage est en effet constamment porteur d’affects et de pas-
sion non-dits mais articulés dans le préconscient, à condition de conserver
162 Denise Braunschweig

à l’inconscient primaire son contenu de traces mnésiques phylogénétique-


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ment transmises et informées par les expériences vécues par chaque
individu.
3/ 1986, Laplanche publie dans la revue Études freudiennes, numéro
consacré à la séduction en psychanalyse, un article intitulé : « De la théorie
de la séduction restreinte à la théorie de la séduction généralisée. » Évo-
quant Ferenczi, l’auteur s’exprime ainsi : « Nous voyons dans son article
« Confusion de langue entre les adultes et l’enfant » une véritable préface
à la théorie de la séduction généralisée. » Et Laplanche d’élargir cette théo-
rie à la confrontation de l’enfant avec le « monde adulte » qui constitue
pour lui la véritable situation originaire, car, dit-il : « On peut, à la rigueur,
et quelles que soient les distorsions qui en résultent, devenir, sans famille,
un être humain, mais non sans cette confrontation. »
4/ 1987, sortie du livre Nouveaux fondements pour la psychanalyse, qui
donne une pleine extension et une application « généralisée » à tous les
points de vue défendus précédemment. La même année, Études freu-
diennes (n° 29) suite aux discussions de l’année précédente, publie une
lettre adressée à Conrad Stein par J. Laplanche qui précise sans aucune
ambiguïté sa position contre toute référence freudienne à la phylogenèse,
il écrit : « … je désavoue ouvertement la conception freudienne des fan-
tasmes originaires… il ne s’agit pas d’un élagage propre à mon dernier
texte dans sa volonté d’aller à l’essentiel, mais d’une position délibérée et
ancienne… Je suis foncièrement opposé à tout recours au mythe dans le
freudisme : fantasmes originaires phylogénétiquement transmis, mythe de
la horde, du meurtre du père, etc. La clef du rapport de séduction origi-
naire doit permettre d’étudier dans leurs particularités les différents types
de séduction. » À relire l’article de référence de J. Laplanche et J.-B. Ponta-
lis « Fantasme originaire, fantasmes des origines, origine du fantasme », on
peut constater que la prise de position ouvertement revendiquée par J.
Laplanche en 1987 était déjà déductible de ce texte ancien.
Penser comme le propose Laplanche que la source de la pulsion c’est
1’« objet-source », « signifiants énigmatiques » ou messages émis à leur insu
par les adultes entourant l’enfant et que la pensée naîtrait du besoin de
théoriser l’énigme pour la maîtriser, me semble dénaturer gravement la
théorie freudienne de la pulsion et de son ancrage dans le corporel. Pour
Freud la pulsion est exigence de travail imposée au psychisme du fait de
son origine somatique.
Est-ce une protestation narcissique, de nos jours assez largement parta-
gée (cf. Freud, 1917, « Une difficulté de la psychanalyse ») qui, acceptant
d’une part la « division du sujet » (ou plus simplement que le moi n’est pas
Fantasmes originaires et surmoi : la phylogenèse 163

maître chez lui), refuse d’autre part que sa pensée, consciente, précon-
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sciente, inconsciente, puisse être de quelque façon biologiquement déter-
minée. L’hypothèse qui découle des constructions de Freud sur la
phylogenèse implique en effet, comme lui-même en acquit la certitude,
que l’espèce humaine s’est distinguée des autres à partir du meurtre d’un
père, haï et aimé, dont le souvenir a été refoulé et qui, entretenu par la
culpabilité inconsciente (« Les criminels par sentiment de culpabilité »,
1916), a été répété. L’interdit de l’inceste, conséquence de la tendance à
répéter le meurtre, garantit la durabilité de l’espèce.
DENISE BRAUNSCHWEIG

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RÉSUMÉ – Cet article survole l’histoire du concept d’originaire, au sens de la phylogenèse,


depuis Freud et dans le mouvement psychanalytique. Il reprend les fondements de la théorie
freudienne sur le sujet (le transfert dans la situation analytique) et quelques exemples
d’opposition-résistance à ce concept, dont J. Laplanche est actuellement le plus explicite des
représentants.

MOTS-CLÉS – phylogenèse, meurtre du père, surmoi, séduction, Freud, Ferenczi, Laplanche,


interdit de l’inceste, espèce humaine.

ABSTRACT – This article sketches out the history of the concept of the originary, in the
phylogenetic sense, in the psychoanalytic movement from Freud onward. The foundations
of the Freudian theory of the subject (transference in the analytic situation) are examined,
along with some examples of opposition and resistance to the concept, Jean Laplanche being
its most explicit critic in recent times.

KEYWORDS – phylogenesis, murder of the father, superego, seduction, Freud, Ferenczi,


Laplanche, incest taboo, human race.

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