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AUTOMUTILATIONS TRANSITOIRES À L'ADOLESCENCE

Albert Louppe

Presses Universitaires de France | « Revue française de psychanalyse »

2001/2 Vol. 65 | pages 463 à 475


ISSN 0035-2942
ISBN 2130519040
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-francaise-de-psychanalyse-2001-2-page-463.htm
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Automutilations transitoires à l’adolescence

Albert LOUPPE

Comment chacun traitera-t-il ce nouveau pouvoir


de destruction et même de mort, ce pouvoir qui ne
venait pas compliquer les sentiments de haine de la
petite enfance ? C’est comme si l’on mettait du vin
nouveau dans de vieilles outres.
D. W. Winnicott 1.

Dès l’introduction de son texte sur l’adolescence, Winnicott insiste sur les
enjeux de la destructivité, au point de l’inclure dans la définition théorique
qu’il en donne. Dans une réflexion sur les rituels d’initiation, Philippe Jeam -
met en souligne la dangerosité et le fréquent marquage sur le corps. Il nous
rappelle qu’ils entrent en résonance avec la violence du risque qu’ils recou-
vrent. « Il est difficile de penser que les motivations des adultes qui appliquent
les épreuves rituelles ne correspondent pas à des désirs des adolescents »2 et la
violence exercée sur leur corps par certains groupes d’adolescents comme
signe d’appartenance l’illustre fréquemment. À ce nouveau pouvoir de des-
truction dont parle Winnicott répond parfois chez l’adolescent la violence des
automutilations qu’il s’inflige, face à la menace de désorganisation qui
l’anime. Si ces automutilations peuvent prendre un caractère dramatique, je
me limiterai ici à des situations d’automutilations transitoires et tempérées,
venant émailler le parcours de l’adolescent.

I / ERWAN ET SES ÎLOTS DE RÉSISTANCE MASOCHIQUE

Enfant, Erwan ne supportait ni la séparation ni l’absence, il attendait sa


mère à la fenêtre de la maison. Un jour où elle était sans doute plus en retard
que d’habitude, il part à sa recherche et se perd. Terrorisé, sidéré au bord de

1. D. W. Winnicott, 1969, p. 258.


2. P. Jeammet, 1983, p. 365.
Rev. franç. Psychanal., 2/2001
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la route, il est recueilli par un routier qui le ramène chez lui. Folle
d’inquiétude, sa mère le punit de sa fugue sans prendre conscience de la déme-
sure de son angoisse.
L’adolescence venue, il rencontre une jeune fille dont il s’éprend profon-
dément. Elle le quitte, il plonge dans la dépression et l’angoisse, sombrant
dans des conduites addictives fortement teintées d’impulsions suicidaires.
C’est au décours d’un épisode de dépersonnalisation qu’un médecin qui le
recueille me l’adresse en urgence. Quelques mois plus tard, partiellement
apaisé, Erwan met fin à nos rencontres, non sans m’avoir demandé s’il pou-
vait revenir me voir « au cas où ». Quelques années plus tard, après la nais-
sance d’un premier enfant, Erwan me téléphone. Empêtré dans des difficultés
sexuelles, il veut faire une analyse, sur les conseils de son amie. Il ne conçoit
pas d’aller rencontrer quelqu’un d’autre.
En le revoyant, je m’étais dit que les six années passées n’avaient pas atté-
nué son aspect d’adolescent fragile. Je retrouvais ce même sentiment d’être un
pied dans la vie, un pied à côté. Proche de sa compagne et de son enfant, il ne
pouvait leur exprimer son attachement, s’en tenant à une attitude en faux-self,
teintée d’angoisse et de troubles identitaires. Rapidement, nous nous mettons
d’accord pour des rencontres en face à face, reportant à plus tard la décision
d’un éventuel cadre divan/fauteuil.

L’angoisse de séparation dans le transfert

Il nous faudra attendre presque un an pour que resurgisse l’angoisse de


séparation dans le transfert. Erwan arrive à sa séance dépité, angoissé,
déprimé et en colère : « J’ai perdu mon portefeuille avec ma carte d’identité, je
l’ai laissé sur un banc où je me suis assis en attendant l’heure de la séance. Je
devais partir en Angleterre demain, comment vais-je faire ? » Cet acte manqué
rendant impossible son départ, alors que s’annonçaient les vacances, entrait
en résonance avec une remarque que je m’étais faite quelques jours aupara-
vant : rien ne semblait marquer une quelconque angoisse à l’annonce de mes
vacances d’été. Le vacillement identitaire que ressentait Erwan nous y rame-
nait en creux.
L’angoisse était là, mais en marge des séances. Il ne pouvait venir me voir
sans être pétri d’une tension, d’une douleur ou d’une souffrance à peine
passée ou tout juste à venir. Elle se déployait dans le trajet qui l’amenait à sa
séance et qu’il organisait de manière à en souffrir : départ trop tardif, obli-
gation de dernière minute, bus manqué... Et pourtant, il était toujours à
l’heure. Derrière les conduites fortement connotées de masochisme c’était bien
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d’angoisse dont Erwan me parlait. « Angoisse - dehors - assis dans la rue -


perte d’identité » : ce début de séance me ramenait maintenant au souvenir de
sa dépersonnalisation d’adolescent et de sa détresse d’enfant devant la sépara-
tion, telle qu’il me les avait racontées quelques années auparavant.
Erwan se faisait mal avant et après les séances pour ne pas souffrir pen-
dant les séances. Le thème du départ impossible laissait entrevoir la proximité
de l’angoisse de séparation à la pensée de mon départ. La référence à la perte
d’identité et le recours au retournement : « Je devais partir », signaient les
défenses narcissiques mises en œuvre.
L’interprétation de cette exigence radicale de maintenir la douleur hors
du cadre de nos rencontres aura pour effet la réintégration progressive en
séance de ses comportements masochiques, qu’il retournera insensiblement en
attaques du cadre, sur le mode d’une analité expulsive mal élaborée, non sans
lien avec des souvenirs lointains d’épisodes encoprétiques infantiles. À la dou-
leur masquée bordant le cadre se substituait une jouissance sadique et secrète
à m’inclure dans des scénarii d’agression et d’emprise. C’est en contre-point
d’un scénario sadomasochique qu’il pouvait à présent reconnaître que nos
séparations étaient pour lui difficiles, voire douloureuses, à la fois source
d’affects d’angoisse et de violence.

Le temps de l’automutilation

L’émergence et la reconnaissance de ce plaisir sadique en séance amènera


Erwan à revenir sur un épisode tenu secret lors de nos rencontres, sept ans
plus tôt. « Un soir où ma mère n’était pas là, adolescent, j’ai décidé de ne plus
souffrir d’elle. Je me suis fait mal. » Il me fait alors le récit de ses mutilations
successives. De morsures en griffures, de griffures en coupures, Erwan
s’agressait, dans une escalade où l’effraction de son enveloppe corporelle
n’avait de cesse que le sang coule. L’apaisement venait alors et il pouvait enfin
dormir. Pendant plusieurs mois, Erwan avait eu recours à ces mutilations,
nécessaires à sa survie psychique, îlots de résistance masochique contre
l’effondrement dépressif.
« Ne plus souffrir d’elle, me faire mal. » Tout autant qu’un retournement
sur la personne propre, il s’agissait de l’indice d’un mouvement de régression
narcissique où, face à la séparation inhérente à l’adolescence, s’effaçaient les
limites entre lui et l’autre, entre la représentation et l’acte. L’intensité de la
douleur qu’il s’infligeait, était à la mesure de l’urgence devant la dépersonnali-
sation. Dans une quête d’identité minimum, à la fois la plaie et le couteau, la
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victime et le bourreau, Erwan retrouvait malgré tout, dans le « Je me suis fait


mal », le « Je suis » d’un sentiment d’existence.
Ce mouvement de la cure est proche de ce que décrit Moses Laufer1 dans
l’évolution des thérapies avec les grands adolescents où le transfert inclut la
solution morbide inconsciemment employée pour résoudre un trouble identi-
taire. Du corps au cadre analytique, Erwan avait déplacé la gestion maso-
chique de l’angoisse de séparation. L’investissement douloureux des limites du
cadre psychothérapique lui permettait de maintenir un espace où penser, dans
le même mouvement qui l’avait amené à ses automutilations : attaques d’une
enveloppe corporelle lui permettant d’éviter la confrontation à la détresse et à
la perte de représentation.
C’est au décours de ce travail d’élaboration qu’il se souviendra que
l’apparition de ces conduites avait suivi de peu l’acceptation par ses parents
de son souhait de vivre dans une chambre de bonne, deux étages au-dessus de
l’appartement familial. « C’est aussi bien, on n’en peut plus », lui avaient-ils
dit dans un énoncé signant à la fois leur souhait d’une séparation réelle et leur
effondrement devant ses difficultés d’adolescent qu’ils ne parvenaient plus à
contenir.
La rencontre de son désir d’autonomie, de sa crainte de la séparation, de
la violence à peine contenue à l’égard de ses parents, et de l’énoncé parental
avait eu valeur de télescopage entre le fantasme et la réalité, venant ébranler
une topique psychique déjà fragilisée. André Green2, dans Le travail du néga-
tif, décrit la mise en œuvre de la négativité quand la perception (l’énoncé
parental) rencontre une représentation inconsciente (le scénario sadique) en
court-circuitant le travail de liaison des représentations préconscientes. Ce
télescopage donnait à la perception de l’énoncé une valeur de réalisation hal-
lucinatoire de désir et exposait Erwan à l’effondrement de son organisation
narcissique.

Le temps du double narcissique

La fin du premier temps de nos rencontres pendant son adolescence avait


coïncidé avec l’arrêt de ses conduites d’automutilations. Il avait à l’époque
massivement investi des rêveries diurnes, au moment de l’endormissement. Il
s’imaginait musicien ou comédien, jouant sur scène, adulé par son public. Il se
noyait dans le regard d’une jeune fille dans la salle, nouant silencieusement, au

1. M. Laufer, 1986.
2. A. Green, 1993, p. 261.
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milieu du bruit et de l’agitation, une relation amoureuse passionnelle. Dans le


miroir de ce regard, il retrouvait un sentiment d’élation et de bien-être. Il rede-
venait, me disais-je alors, his majesty, the baby, le roi de la scène et le bébé de sa
mère, dans une relation narcissique sans limite. L’opposition entre l’apaisement
de la relation narcissique et le bruit et l’agitation renvoyant à la scène primitive,
illustrait le clivage fonctionnel entre le courant sexuel et le courant narcissique
devenus inconciliables, sous la pression de la poussée pulsionnelle.

Le temps de la masturbation

Ce n’est que dans ce second temps de notre rencontre, quelques années


après, qu’il « avouera » m’avoir quitté lorsqu’il avait intuitivement perçu com-
bien ses rêveries narcissiques excluaient toute représentation de réalisation
sexuelle. Il le rapportera après coup à l’absence de toute activité masturba-
toire pendant la première partie de son adolescence, à laquelle succédera une
époque de masturbation compulsive, venant gommer le vécu dépressif. Il
s’était appuyé sur la disparition de ses sentiments dépressifs pour mettre fin à
nos rencontres. « C’est drôle, vous quitter devant la honte de la masturbation
et revenir vous voir, six ans plus tard, pour des difficultés sexuelles. » Ce n’est
que tardivement dans son analyse qu’il y reconnaîtra une stratégie défensive
contre un transfert homosexuel naissant.

II / LE VÉCU D’ÉTRANGETÉ D’ISABELLE

À l’histoire d’Erwan répond l’histoire d’Isabelle. Dans le même contexte


d’effondrement, ils useront, avec un tempo différent, des mêmes processus
psychiques face à leurs difficultés à vivre l’adolescence. À la fois proches, ils
sont pourtant profondément éloignés, nous y reviendrons.
Isabelle vient me consulter au décours d’une hospitalisation, pour un état
dépressif de l’adolescence. Elle a été hospitalisée quelques jours au CHU pour
une tentative de suicide grave. Lors des premières consultations se déploie
toute la massivité d’un idéal démesuré. Isabelle ne pouvait accepter d’autre
destin que celui d’être une championne de karaté, épousant sans distance
l’idéal de ses parents. Après quelques mois de thérapie avec une psychothéra-
peute du CMPP, au moment où s’amorce avec angoisse une problématique de
séparation, tant fantasmatique que réelle avec ses parents, c’est une évolution
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critique qui alerte, non sans raison, sa thérapeute. Isabelle s’inquiète : elle ne
se reconnaît plus.
Elle demande à me revoir ponctuellement, en présence de ses parents, avec
l’accord de sa thérapeute. Lorsque je la rencontre, Isabelle me raconte qu’elle
s’est mise à sucer son pouce de façon compulsive. Dans le même temps, elle se
sent « habitée par une petite fille à l’intérieur d’elle qui lui parle », induisant un
vécu d’envahissement de la pensée. Enfin, elle est l’objet d’impulsion à
s’automutiler. Entre cette dimension régressive du suçotement, cette inclusion
d’un double envahissant et ses conduites compulsives d’automutilation, Isa-
belle se sent désarçonnée, honteuse, voire dépersonnalisée.
C’est sur ce dernier symptôme que se fixera sa mère. « Quand Isabelle
m’a appris ça, j’ai été envahie par l’angoisse et la peur. Je ne la reconnaissais
plus, je ne la comprenais plus. » La mère, ne s’y trompant pas, mettra bien
dans le symptôme que lui présentait sa fille, le sens d’une altérité encore irre-
présentée, témoin d’une rupture de la continuité jusque-là indéfectible entre
elles. Sur le fond d’une communauté d’inquiétante étrangeté partagée, le
symptôme de sa fille ne pourra céder que dans un mouvement de « préoc-
cupation » pour Isabelle. « Il me faut faire avec l’idée que c’est quelqu’un
d’autre, pour pouvoir la comprendre », me dira-t-elle avec de profonds senti-
ments dépressifs, qui suscitaient en moi des représentations de dépression du
postpartum. S’étayant sur ce mouvement d’élaboration maternelle de la sépa -
ration, Isabelle renoncera rapidement à ses symptômes et reprendra le cours
de sa thérapie.

III / TROIS MODALITÉS DE TRAITEMENT


III / DE LA SÉPARATION À L’ADOLESCENCE

Isabelle et Erwan avaient chacun évoqué le débordement par l’angoisse, à


l’annonce par leurs parents de la séparation à venir, en en devinant le carac-
tère définitif et inéluctable. Pour ces deux adolescents, la séparation était
davantage rapportée à un abandon, un lâchage ou un épuisement des parents,
en réponse à leurs pulsions agressives et à leur désorganisation pesant sur la
vie familiale, qu’à un processus naturel inhérent à la succession des généra-
tions. C’est sur ce « perçu-éprouvé actuel »1 d’une séparation traumatique que
l’un et l’autre mobiliseront les ressources défensives contre l’effondrement
dépressif.

1. C. et S. Botella, 2001.
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Le corps comme objet

L’adolescence est confrontée au conflit entre le corps érotique de la


période de latence, construit sur le fond des théories sexuelles infantiles et des
fantasmes originaires, et la rencontre avec un corps sexué rendant possible la
réalisation sexuelle génitale. L’évitement nécessaire des émois de tendresse
envers les parents, maintenant trop proches d’une réalisation incestueuse se
redouble de la rencontre sexuelle avec un autre, lui-même objet de ses propres
fantasmes, venant confronter l’adolescent à la déception et à la désidéalisation.
Comme le souligne Évelyne Kestemberg, il « s’instaure à partir de la
puberté une sorte de perte d’une partie de soi-même, en même temps qu’une
perte des identifications antérieures dans la mesure même où le conflit œdi-
pien ne peut plus jouer au niveau de la sexualité infantile, mais s’exerce avec
un corps qui peut réaliser les vœux œdipiens, et par conséquent implique un
danger intensivement et actuellement présent »1.
Cette recherche de nouveaux objets d’amour sur le fond d’un mouvement
de régression narcissique ramène l’adolescent sur la voie qui conduit de l’auto-
érotisme à l’amour d’objet, celle de son propre corps. « ... L’individu en cours
de développement, qui pour acquérir un objet d’amour rassemble en une unité
ses pulsions sexuelles travaillant auto-érotiquement, prend d’abord soi-même
comme objet d’amour, avant de passer de celui-ci au choix d’objet d’une per -
sonne étrangère. »2
Comme l’illustre la fréquence des atteintes à la peau, des tatouages au
piercing et aux automutilations, ce remaniement de l’investissement du corps
est marqué par la destructivité et l’agression. Les rituels d’initiation de
l’adolescence, d’un point de vue culturel, présentent ce double aspect. « Il n’y
a pas de rite initiatique en effet qui ne soit émaillé de risques à encourir et au
cours desquels l’adolescent n’ait à payer de son corps. »3 De ce point de vue,
les rituels propres à la culture rejoignent le mouvement psychique de
l’adolescent et l’organisent.
Pris dans la tourmente de la poussée pulsionnelle et du mouvement
régressif, il s’agit pour l’adolescent, davantage que d’un simple changement
d’objet, d’un mouvement de retrouvailles avec un objet, qui va croiser la
haine dans son procès, telle que l’évoque Freud : « La haine, en tant que rela-
tion à l’objet, est plus ancienne que l’amour. »4 La constance du jeu avec les

1. É. Kestemberg, 1962.
2. S. Freud, 1993, p. 283.
3. C. Chippaux, 1990.
4. S. Freud, 1988, p. 184.
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limites et la résistance du corps, au-delà de la haine décrite par Freud dans la


naissance de l’objet, n’est pas sans évoquer la position de Winnicott sur
l’utilisation de l’objet. La destructivité y joue un rôle essentiel dans
l’appréhension de la réalité et l’instauration d’une relation d’amour véritable
avec l’objet. Entre amour et agression, l’adolescent joue avec son corps, use
de son corps comme objet, nécessité pour se tourner vers les relations amou-
reuses et l’exercice d’une sexualité génitale, au prix du renoncement progressif
à l’omnipotence. Pour paraphraser Winnicott : c’est la destruction de
l’objet/corps qui place celui-ci en dehors de l’aire du contrôle omnipotent du
sujet. De ces diverses manières, l’objet/corps développe sa propre autonomie,
et (s’il survit) apporte sa contribution au sujet selon ses propriétés propres1.
Canestrari2, à partir d’une étude sur la relation qu’ont les adolescents avec
leur corps, confirme cette hypothèse, évoquant « une tentative thérapeutique
naturelle consistant à utiliser le corps propre comme objet extérieur d’amour
et de haine dans l’attente d’une substitution adéquate ». On retrouve cette
problématique de la survie dans d’autres aspects des jeux dangereux de
l’adolescence. Le jeu actuel du foulard ou les apnées prolongées parfois
fatales, entre l’exercice d’une omnipotence et d’une quête de limites venant la
borner, l’illustrent abondamment dans leurs excès.
Tant pour Isabelle que pour Erwan, la nécessaire prise en compte de la
réalité d’un corps, sexué et apte à la réalisation sexuelle, en contrepoint du
remaniement du principe de réalité, cosubstantive de la séparation avec les
objets œdipiens et redoublée de la séparation dans le réel, passait par une des-
tructivité agie sur le corps. L’intensité du mouvement régressif mobilisé par la
séparation réelle avec leurs parents, l’écart narcissico-pulsionnel insurmon-
table et la rupture du sentiment de continuité qu’elle engendrait, rendaient
d’autant plus fragiles les figurations souvent précaires de la destructivité
envers le corps, la précipitant vers une expression agie sur le corps.

Le double narcissique

Tant pour Erwan que pour Isabelle, le vacillement identitaire prendra le


masque d’un sentiment d’étrangeté, sans que l’un ou l’autre puisse trouver en
dehors du creuset familial, les investissements narcissiques propres à soutenir
un sentiment de continuité de leur identité. L’instauration d’un double vien-
dra constituer une butée sur le chemin de la régression narcissique. Comme le

1. D. W. Winnicott, 1969, p. 237.


2. R. Canestrari, 1980.
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souligne Catherine Couvreur, « face à l’expérience inéluctable de l’altérité de


l’objet, de la différenciation – d’identité et de génération – comme à celle de
l’ambivalence, le sujet crée un double, identique mais déjà autre, garant nar-
cissique et/ou persécuteur »1.
L’investissement de la figuration du musicien, redoublée de son double
féminin pour Erwan, de la « petite fille à l’intérieur » pour Isabelle, rem-
plissait cette fonction médiatrice des figures du double, entre angoisse
d’anéantissement et angoisse de castration, entre investissement narcissique
et investissement objectal, au service d’un moi adolescent potentiellement
désorganisé.
Cette présence du double répondait en creux au manque d’investissement
d’un groupe de pairs, venant alimenter en représentations la vie psychique de
l’adolescent. Les rêveries d’Erwan étaient éclairantes sur ce point. Il s’agissait
pour lui d’être reconnu par le public pour se sentir exister et appartenir au
groupe dont il devenait le leader. Le sentiment d’existence et d’appartenance
acquis ou retrouvé, Erwan se fondait dans la relation narcissique imaginaire
avec la femme élue dans le groupe. L’investissement de la jeune fille se redou-
blait de l’investissement du groupe comme une image maternelle. Tant pour
Erwan que pour Isabelle, l’appartenance à un groupe viendra mettre au
second plan la relation avec leur double interne.

L’investissement auto-érotique

Comme le rappelle André Green : « Primordialement, la pulsion auto-


érotique est pulsion apte à se satisfaire elle-même, en l’absence comme en la
présence de l’objet, mais indépendamment de lui. »2 Cette indépendance de la
satisfaction vis-à-vis de l’objet, soulignée par Freud, entre en résonance avec
l’ambiguïté de l’adolescent dans la problématique dépendance/indépendance
dans son lien à ses objets d’amour. Cette rencontre fraye la voie du recours
privilégié à la satisfaction auto-érotique, face à la montée pulsionnelle. Les
conduites auto-érotiques secondaires n’en portent pas moins la marque de
l’objet, par la resaisie sur le corps propre de la relation à l’objet.
Cette resaisie n’est pas sans indices du style de la relation à l’objet.
L’écoute d’Isabelle laissait ainsi entrevoir, dans le plaisir perceptible du
suçotement, la trace d’expériences structurantes avec ses objets œdipiens. De
son côté, Erwan dans la recherche d’emprise sur l’objet contenue dans ses

1. C. Couvreur, 1995, p. 21.


2. A. Green, 1983, p. 112.
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472 Albert Louppe

conduites masturbatoires compulsives, n’allait pas sans susciter des représen-


tations, dans le contre-transfert, de relations infantiles marquées par la froi-
deur et dureté.
Mettre l’accent sur les similitudes entre Isabelle et Erwan dans la gestion
de la situation traumatogène de la séparation à l’adolescence ne doit pas en
effet nous faire perdre de vue les différences significatives dans la tonalité des
défenses pourtant voisines mises en œuvre. La séparation à l’adolescence est
indissociable d’un processus d’individuation et nombre d’auteurs parlent d’un
deuxième temps du processus de séparation-individuation. La qualité des
mouvements régressifs et la possibilité d’un étayage sur une sexualité infantile
structurante, à l’adolescence, sont les héritiers du premier temps de ce mouve-
ment d’individuation.
Pour Isabelle, les défenses mises en place restent au contact d’une sexua-
lité infantile au service de la différenciation avec l’objet : la petite fille inté-
rieure reste vive et recherche le plaisir, le suçotement est agréable, la violence
au corps reste au plus près de la castration. En quelque sorte, l’érotique est
investi et s’il y a renoncement pulsionnel, c’est au service d’un gain narcis-
sique, comme l’illustre son investissement de l’idéal du moi passant par les
activités sportives. Pour Erwan, nous sommes dans une autre configuration :
l’investissement érotique des formations défensives est moindre : le double est
désexualisé, la violence au corps est plus destructrice et quand l’érotisation
prend le pas, elle se met avant tout au service de la continuité avec l’objet nar-
cissique, et non au service du renoncement, marquant la proximité des traits
de perversion défensive contre la dépression.

IV / LE TEMPS DE L’ÉLABORATION

Ses automutilations d’adolescent restaient une énigme pour Erwan. Après


le temps du silence et le temps de l’aveu, viendra le temps de l’élaboration.
Quand Erwan revenait sur sa période de mutilation, il me donnait le sen-
timent de réinvestir autant l’acte que la représentation. Le premier temps de
l’élaboration fantasmatique de l’automutilation en portera la marque. Sur le
fond de l’investissement de représentations d’action et d’emprise sur son
corps, ce sont des fantasmes de dévoration qui lui viennent : représentations
d’un corps maternel mutilé, malmené et pillé oralement de ses contenus. Le
travail de transformation du souvenir de l’automutilation en un fantasme de
dévoration passait par l’investissement de la représentation d’une action
d’incorporation proche du souvenir de ses automutilations ; mordre et dévo-
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Automutilations transitoires à l’adolescence 473

rer, et d’une représentation d’objet incorporé, le corps maternel en lieu et


place de son propre corps. Le fantasme de dévoration recouvrait cette double
polarité de représentations décrites par Michèle Perron Borelli 1, qui le consi-
dère comme le fantasme inaugural de toute formation fantasmatique ulté-
rieure. Le travail d’élaboration de ses conduites automutilatrices s’étayait, à
partir du déplacement de son corps propre sur le corps de sa mère, sur un
même amalgame de destructivité et d’amour, mode primaire de relation à
l’objet.
Quelques mois plus tard, Erwan enrichit le souvenir de ses automutila -
tions et se fait plus précis : « Quand j’y repense maintenant, c’est le jeu avec
la goutte de sang qui était important. Je pouvais la faire disparaître en l’ava-
lant, la faire réapparaître en rouvrant ma blessure. » Le déplacement de
l’investissement du souvenir, de l’action de mordre à la perception de la
goutte de sang, venait infléchir le travail d’élaboration. Erwan jouait mainte -
nant avec des représentations de présence et d’absence de ce nouvel objet se
détachant du fond de la blessure. La maîtrise par l’incorporation laissait la
place à la maîtrise de l’absence, dans l’équivalence d’un jeu de la bobine ins-
crit sur le corps propre.
C’est par le déplacement sur le corps de l’autre de cette problématique
présence/absence, qu’il reviendra à la sexualité génitale, dont les difficultés
l’avaient amené à revenir me voir. Au cours d’un rapport sexuel, Erwan a
revécu un sentiment d’étrangeté qui lui était autrefois familier : « J’ai soudain
pris conscience que dans la sexualité, je crois toujours que la femme a un pénis.
Quand je ne le vois pas devant, je l’imagine derrière, quand je ne le vois pas
derrière, je l’imagine devant. Il m’échappe toujours et est pourtant toujours
là. » Ce passage du jeu de présence/absence à la prise en compte de la défense
contre la perception de l’absence par l’illusion de la présence viendra inaugurer
un long détour par des représentations de manque et de castration. Un
souvenir viendra ponctuer ce travail d’élaboration. À l’âge de 11 ans, pendant
une absence douloureusement vécue de sa mère, une fillette exhibera son sexe
devant lui, venant nouer la détresse de l’absence de sa mère, l’excitation
sexuelle, et l’angoisse de castration à la vue du sexe de la fillette. « Ce n’est pas
tant l’absence de ce pénis que je redoute, que l’absence de la femme, que
l’absence de ma mère. » Le « ça en plus » d’angoisse et de sidération ressenti
par Erwan à la vue de l’absence de pénis de la fillette, viendra alors entraver le
travail de sexualisation et de génitalisation, destin naturel de l’angoisse de sépa-
ration. L’absence de fantasmes masturbatoires dans la première partie de son
adolescence et l’impuissance relative de l’âge adulte semblait en témoigner.

1. M. Perron-Borelli, 1994.
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474 Albert Louppe

Dans un troisième temps, c’est le souvenir de la fascination par la cou-


pure et l’écoulement du sang, vécu dans un climat de transe, qui va prendre le
devant de la scène dans les évocations des automutilations d’Erwan. Négatif
de la perception refusée sur le corps de l’autre, la blessure s’instaurait, avec un
sentiment d’élation, comme l’équivalent d’un sexe féminin sur le corps propre.
Cette appropriation fantasmatique s’accompagnait du retour du souvenir
oublié de ses fantasmes de mutilations sexuelles et de castration d’adolescent.
Erwan retrouvait ainsi toutes ses difficultés d’adolescent devant la bisexualité,
oscillant entre le sentiment d’impuissance d’être ni homme ni femme, et le fan-
tasme d’omnipotence d’être homme et femme à la fois.
Il est difficile d’évoquer l’adolescence sans parler du corps, tant sont intri-
qués les modifications corporelles et le processus de séparation/individuation.
Freud affirmait en 1923, dans « Le moi et le ça » que le moi est avant tout
corporel1. Dans une note de 1927, ajoutée à l’édition anglaise avec l’accord de
Freud, il est précisé que « le moi est finalement dérivé de sensations corpo-
relles, principalement de celles qui ont leur source dans la surface du corps ».
A contrario, toute modification du corps infléchit le fonctionnement du moi, à
l’image de l’âme qui se resserre au trou étroit de la molaire, et le passage
de l’adolescence est un moment fécond de ces relations corps/psyché.
L’automutilation transitoire s’inscrit dans les apories de ces relations, quand
les figurations du rapport ambivalent au corps viennent à manquer.
C’est sur cette dialectique « corps et âme » que s’étayent nombre de
rituels d’initiation de l’adolescence. Si la violence de ces rituels est à la mesure
de la violence du rapport corps/psyché, la place prépondérante qu’y prend la
différence des sexes illustre qu’elle est bien l’enjeu essentiel du mouvement
psychique chez l’adolescent. Un rituel chez les Poro, au Libéria est un
exemple particulièrement significatif, dans sa crudité même, de la violence des
enjeux de la bisexualité à l’adolescence : « Les prépuces séchés, cuits par une
matrone responsable, sont mangés par les filles excisées, alors que leurs clito-
ris et leurs nymphes sont mangés par les garçons circoncis. »2 Ce rite est, dans
le champ de la différence des sexes, très proche du repas totémique décrit par
Freud dans Totem et tabou : « Dès lors, ils parvenaient, dans l’acte de
consommer, à l’identification avec lui, tout un chacun s’appropriant une
partie de sa force. »3
C’est sur le corps propre de l’adolescent que peut se rejouer la difficulté
de faire la part du désir hostile d’arracher les organes sexuels de l’autre, ou

1. S. Freud, 1991, p. 270.


2. C. Chippaux, 1990, p. 576.
3. S. Freud, 1998, p. 361.
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Automutilations transitoires à l’adolescence 475

de se les incorporer. C’est sur cette question que va déboucher Erwan, dans
le parcours qui le conduira de la séparation avec ses parents à une appro-
priation de la sexualité génitale, en passant par l’élaboration de ses conduites
automutilatrices...
Albert Louppe
108 bis, avenue du Sergent-Maginot
35000 Rennes

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